Rapport + INSTITUT NATIONAL » e RECHERCHES De ARCHÉOLOGIQU-ES PRÉVENTIVES Diagnostic

+ Avril-Juin 2007

DRAC-SRÀ

Gilles LEROUX t 0 SEP. Ml

COURRIER ARRIVEE PLOUFRAGAN-TREGUEUX

. . 3 ¿¿s;- Section «Le SABOT-LA CRAREE» Rocade d'agglomération • :.V"'- • de Saint-Brieuc '> Cî&i • fi; (Bretagne - Grand Ouest)

Diagnostic archéologique

Dates d'interventions : 26.03.07 - 11.06.07

N° de prescription : S RA 2006/092

N° INSEE des communes : 22215 et 22360

N° de projet INRAP : DA 05 016801

INRAP - Direction interrégionale Grand Ouest - CS 67737 - 35577 CESSON-SEVIGNE - Tél. : 0223300040 /Tax : 0223360050

Siège social : 7 me de Madrid 75008 PARIS - Tel 01 40 08 80 00 - Fax 01 43 87 18 63 - N° SIRET 180 092 264 00019 - APF 73? /

22H INSTITUT NATIONAL DE RECHERCHES ARCHEOLOGIQUES PREVENTIVES

Direction interrégionale Grand Ouest

Rapport de Diagnostic Mars - Juin 2007

Gilles LEROUX,

avec la collaboration d'Arnaud DESFONDS, et Hervé MORZADZEC

PLOUFRAGAN-TREGUEUX Section «Le SABOT-LA CRAREE» Rocade d'agglomération de Saint-Brieuc

N° arrêté : 2006/092 DA 05 016801 SOMMAIRE

Fiche signalétique Générique de l'opération Résultats

INTRODUCTION

1 - Cadre administratif de l'opération

2 - Cadre géographique

3 - L'environnement archéologique

4 - Présentation des méthodes employées

5 - Présentation des principaux résultats

I - LE SITE ANTIQUE DE PLOUFRAGAN, Rue des Bosses

1 - L'organisation générale du site

2 - Les bâtiments

3 - Les découvertes mobilières

4 - La chronologie du site

II - LE SITE DE TREGUEUX, Bourgneuf

L 'organisation générale du site

CONCLUSION

ANNEXES :

Etude du mobilier céramique, par Françoise LABAUNE-JEAN (Inrap) RESULTATS

Côte d'apparition des vestiges : 0,20 m à 0,70 m sous le sol actuel Chronologie : Protohistoire et Antiquité Nature des vestiges immobiliers : solins de pierres (fondations), fossés, fosses, trous de poteaux Nature des vestiges mobiliers : fragments de poteries, objets métalliques

Notice sur la problématique de la recherche et les principaux résultats de / 'opération :

L'intervention archéologique sur le premier tronçon de la rocade d'agglomération de Saint-Brieuc, touchant les communes de Ploufragan et Trégueux, a été motivée par la proximité de plusieurs mégalithes caractéristiques de la période du Néolithique final sur le premier tiers occidental du tracé, d'une part, par une topographie présentant plusieurs éperons naturels fortement marqués et relativement faciles à barrer et donc propices à des installations humaines caractéristiques de la Préhistoire ou de la Protohistoire, d'autre part. Ces particularités du relief se retrouvent à cheval sur les communes de Trémuson et Ploufragan, de part et d'autre de la vallée du Gouët. Enfin, ce diagnostic est réalisé dans un secteur géographique relativement peu touché, jusque là, par les interventions archéologiques ; il pourrait donc faire office de test grandeur nature pour la périphérie de l'agglomération briochine. Les 4 kilomètres qui constituent la première tranche des travaux de la rocade, entre Le rond-point du Sabot et l'échangeur de la Crarée ont fait l'objet d'une procédure de diagnostic archéologique tout à fait classique. Ainsi les 35 hectares de l'emprise de la route ont demandé l'ouverture de 253 tranchées, soit une ouverture à 5 %, ce qui correspond à la prescription du Service régional de l'archéologie. La méthode employée a été celle des tranchées interrompues disposées sur plusieurs lignes en quinconce, réalisées à l'aide d'une pelle mécanique munie d'un godet lisse de 3 m de large (Figure 2). Les résultats archéologiques se limitent à trois points de découvertes de nature différentes. Un premier indice relevant d'une fréquentation du secteur de la Rue des Bosses, en périphérie orientale de la commune de Ploufragan, au cours de la période du Bronze final, se résumant à la découverte mobilière d'une petite meule dormante en grès et d'un tesson de poterie à décor digité. Le second point correspond à un probable habitat antique de type villa matérialisé par des bâtiments dont on a mis au jour les fondations, ainsi qu'un réseau parcellaire périphérique. Ces vestiges constituent la découverte la plus importante de nos travaux. Enfin, un second site antique a été localisé sur la commune de Trégueux, au lieu-dit Bourgneuf, sous la forme d'un réseau fossoyé enceignant une série de fosses circulaires peut- être liées à l'exploitation du fer. Toutefois, nous n'avons vu que l'extrémité orientale du site, sur une surface d'environ 2000 m2, le reste du site ayant été probablement oblitéré par le développement de l'exploitation agricole du hameau. INTRODUCTION

1 - Cadre administratif de l'opération

Notre opération de diagnostic archéologique s'inscrit dans le cadre du projet de construction de la Rocade d'agglomération de Saint-Brieuc qui devra à terme délester la route nationale 12 dont le trafic routier actuel est saturé. Il concerne en fait la partie la plus méridionale d'une route qui comptera à terme 16 kms, entre le rond-point du Sabot, commune de Ploufragan, et l'échangeur de la Crarée, commune de Trégueux. L'aménageur et notre interlocuteur sur le terrain a été la Direction des Infrastructures et des Transports, Service Etudes Routières du Conseil général des Côtes d'Armor.

2 - Cadre géographique

La section routière dont nous avons la charge traverse une zone de plateau située à 4 kms au sud de la ville de Saint-Brieuc, partagée entre les bassins versants du Gouëdic et de l'Urne. Ce secteur est limité vers le sud-est par la vallée encaissée de l'Urne qui rejoint la mer à ; tandis que dans sa partie occidentale, ce plateau est entaillé par deux talwegs importants dont l'un donnera naissance vers l'aval à la rivière du Gouëdic. Les altitudes plafonnent à 140 m au rond point du Zoopôle de Ploufragan et oscillent autour de 130 m par ailleurs (Figure 1).

La géologie de notre secteur d'étude correspond essentiellement à des terrains cristallins issus de l'orogenèse hercynienne (granités) pour ce qui concerne la commune de Ploufragan, et de l'orogenèse cadomienne pour la partie touchant la commune de Trégueux, autour de la Crarée. Ces formations sont marquées par des affleurements ponctuels de roches filoniennes de l'ère primaire, principalement des filons de dykes doléritiques. Ce sont justement ces affleurements qui ont été utilisés par les populations du Néolithique pour construire leurs allées couvertes des Croix et de l'Argantel ou du menhir du Sabot, sur la commune de Ploufragan.

Les recouvrements de terre végétale sont relativement égaux sur l'ensemble du tracé puisque leur épaisseur varie entre 0,40 m et 0,60 m. Les niveaux les plus faibles, de l'ordre de 0,20 m, se retrouvent sur les filons de microgranite, localisés entre les talwegs des ruisseaux de l'Argantel.

3 - L'environnement archéolosique

L'environnement archéologique de notre secteur d'étude se limite à l'inventaire de trois monuments mégalithiques. Deux d'entre eux sont inscrits à l'Inventaire des monuments historiques : il s'agit du menhir du Sabot (inscription par arrêté du 1er septembre 1966) et du dolmen de la Couette (classement par liste de 1889). Le troisième, le dolmen de l'Argantel, ne bénéficie pas de cette inscription, mais il fait l'objet d'un soin particulier de la part de la municipalité de Ploufragan. Ces vestiges montrent, non seulement, une concentration remarquable, mais aussi une grande proximité avec le projet routier. Cet état de fait constitue 'mai&uiM-...™l

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Figure 1 : Localisation du tracé de la section de la future rocade d'agglomération de St Brieuc, objet du diagnostic archéologique au printemps 2007, sur la carte IGN au 1 /25000 ème. assurément une des raisons essentielles de la prescription de diagnostic de la part du Service régional de l'archéologie. Malgré cette présence rapprochée des mégalithes, aucune trace de présence néolithique, appartenant notamment à un habitat, n'a pu être enregistrée sur la future emprise routière.

4 - Présentation des méthodes employées (Photos 1, 2, 3)

La méthode de recherche retenue pour appréhender la surface des 35 hectares qui nous était proposée a d'abord été celle de la réalisation de lignes de tranchées interrompues disposées en quinconce sur toute la largeur de l'emprise. Celles-ci ont été réalisées au godet lisse de 3 m de large. Au total, ce sont exactement 253 tranchées qui ont ainsi été ouvertes, pour une surface de 15100 m2, soit 5% de la surface totale du projet (Figure 2 ; Figures 3 a, b, c, d). Ce taux d'ouverture, relativement modeste, s'explique par le fait que l'emprise d'origine et référence, comptabilise les raccordements et bretelles du réseau routier existant qui n'ont pas été pris en compte. De plus, le nombre des points de découvertes est resté très faible, ce qui limite d'autant la multiplication éventuelle, dans le cas d'une recherche approfondie, de creusements de larges vignettes. De manière systématique aussi, nous avons recherché et atteint les niveaux du sous- sol, après enlèvement complet de la terre végétale et de ses interfaces. Enfin, le détecteur de métaux a été utilisé en vain sur le site antique de la rue des Bosses, commune de Ploufragan.

5 - Présentation des principaux résultats

Le bilan des nos recherches se résume à la détection de trois indices de sites qui présentent des modes de révélation différents. Deux d'entre eux sont localisés sur la commune de Ploufragan. Il s'agit tout d'abord de la trace d'une fréquentation de l'âge du Bronze final à l'ouest de la rue des Bosses (Figure 3b) ; son intérêt est quasi nul dans la mesure où cette découverte n'a généré aucune structure particulière ; il peut s'agir d'un lambeau de vieux sol lessivé par l'érosion et accroché ponctuellement par la pelle mécanique - le site éventuel se développant alors hors emprise. Le mobilier découvert se rapportant à cette occupation, se limite à une meule dormante en grès et un fragment de poterie comportant un décor digité. Il s'agit ensuite de la présence parfaitement attestée, cette fois, d'une probable villa antique à l'est de la même rue des Bosses (Figure 3b). Cet ensemble est matérialisé par une série de tronçons de fossés montrant un plan sans doute orthogonal, qui semblent encadrer des fondations de murs dessinant une suite de pièces quadrangulaires. Quoique son état de destruction soit relativement avancé, puisque les parties des bâtiments ne conservent au mieux qu'une assise de moellons, l'intérêt du site est réel dans la mesure où sa typologie, à savoir un probable bâtiment principal à galerie sur lequel viennent se greffer deux ailes perpendiculaires, reste peu connue dans cette partie de l'Armorique. Enfin, le troisième indice concerne à nouveau un établissement gallo-romain qui se matérialise principalement par un réseau fossoyé incluant une série de fosses circulaires dont le remplissage, de scories de fer notamment, laisse envisager une activité artisanale liée au fer sur le site. Toutefois, l'intérêt de la découverte est fortement contraint par sa destruction quasi totale, occasionnée par la mise en place de l'exploitation agricole moderne de Bourgneuf (Figure 3d). Les Croix Ploufragan

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Trégueux

Rouault

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Le Grand Clos

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Les Rocher«

Limite communale

1000m Tranchée de diagnostic

Figure 2 : Localisation des tranchées de diagnostic sur le plan parcellaire au 1/10 000 ème, partagées entre les communes de Ploufragan et Trégueux. Figure 3a : Implantation des tranchées archéologiques sur le plan cadastral (Commune de Ploufragan, 1 ère partie). 200m

Figure 3b : Implantation des tranchées archéologiques sur le plan cadastral et figuration des sites archéologiques (Commune de Ploufragan, 2ème partie et Trégueux, 1 ère partie).

Figure 3d : Implantation des tranchées archéologiques sur le plan cadastral et figuration des faits archéologiques (Commune de Trégueux, 3ème partie). Photo 1 : Vue aérienne de l'impact du diagnostic archéologique sur l'emprise de la future déviation de St Brieuc, entre le rond-point du Sabot (arrière-plan) et la Rue des Bosses (premier-plan), Commune de Ploufragan. Les bâtiments d'une probable villa antique se développent devant le bâtiment agricole. Photo 2 : Autre vue aérienne des sondages archéologiques, après rebouchage, réalisés dans la partie orientale du projet routier, entre la route départementale 700 et le rond-point de la Crarée (arrière-plan). Photo 3 : Vue aérienne des tranchées de sondages réalisés au niveau du rond-point de la Crarée. Certaines section de l'emprise ont nécéssité jusqu'à 6 lignes de tranchées, nécéssaires pour atteindre les 5%. I - LE SITE ANTIQUE DE PLOUFRAGAN, Rue des Bosses

1 - L'organisation générale du site (Figure 4)

La présence du site est matérialisée par un ensemble de fossés orthogonaux semblant s'organiser autour d'un ensemble bâti. On distingue relativement bien une série de petits fossés dédoublés sur le flanc oriental de cet établissement (tranchées 72, 80, 81, 75) (Figure 5). Leurs gabarits sont relativement modestes (1 = 0,50 m à 1 m ; p = 0,30 m à 0,80 m). Leur multiplication a pu répondre à une hydromorphie prégnante à cet endroit, que nous avons constatée et comme l'attestent encore les fossés de drainage modernes dans le reste de la parcelle (tranchée 76). Un fossé rectiligne, présent dans la tranchée 65 (Figures 4 et 5), orienté est-ouest et au remplissage indéniablement antique, semble venir encadrer les bâtiments dans leur angle nord-ouest. Ces éléments semblent répondre à une orientation en relation avec les quatre points cardinaux. L'ensemble se développe (dans les limites de l'emprise routière) sur une superficie maximale d'un hectare, tandis que les bâtiments occupent, quant à eux, une superficie proche de 1200 m2 (espaces de cour compris). La position topographique du site correspond à un rebord de plateau idéalement affecté à l'est qui offre un réchauffement diurne plus rapide. Celui-ci plafonne à 132 m d'altitude. Le corps de bâtiment, quant à lui, se place entre les courbes de niveaux de 128 m et 129 mN.G.F. Localement, le sous-sol est constitué de granités dont la surface est suffisamment friable pour provoquer la formation d'une arène qui a facilité nos travaux de décapage. La couverture de terre végétale est relativement faible et oscille entre 0,20 m et 0,30 m. L'emprise des bâtiments campe dans une parcelle qui n'a pas connu de phase de labour profond ; ceci explique certainement l'état de conservation des bâtiments antiques, à savoir une absence totale d'éboulis (si ce n'est quelques résidus pierreux dans les angles des murs) et un arasement quasi-complet au dessus des fondations des murs. Le site a donc probablement été l'objet d'un épierrement systématique depuis un laps de temps qu'il nous est impossible d'évaluer. Le moindre labour moderne lui aurait certainement été fatal. Au contraire, aujourd'hui encore, les stigmates de cet épierrement était perceptible sur les limites de la parcelle sous la forme de dépôt de petits moellons de grès.

2 - Les bâtiments (Figures 5 et 6)

La zone d'emprise de l'ensemble des bâtiments du site antique de la Rue des Bosses (précisons que le toponyme «les Bosses» est certainement en rapport avec la présence ponctuelle mais récurrente d'affleurements de boules de dolérite semble occupée un replat naturel propice à la construction, à moins aussi qu'il ne s'agisse d'un terrassement volontaire. En l'absence de décapage intégral qui offrirait évidemment une vision complète de cet ensemble, nous sommes en mesure de distinguer, éventuellement, trois corps de bâtiments emprise de la route

Fondations de murs antiques Extension probable de la zone construite dans l'emprise routière Empierrement antique

Extension probable du réseau fossoyé antique dans l'emprise routière Structures fossoyées antiques Fossés modernes ou de datation indéterminée

Figure 4: Plan général du site antique de la Rue des Bosses, Commune de Ploufragan. répondant, tout comme les fossés, aux orientations des quatre points cardinaux. Il s'agit, tout d'abord, d'un bâtiment allongé, orienté selon l'axe est-ouest, présent dans la tranchée 77, pour lequel on reconnaît au moins cinq salles quadrangulaires, terminé vers l'est par une pièce formant une légère avancée vers le sud ; ensuite l'amorce, vers l'ouest, d'une petite salle quadrangulaire, présente à la jonction des tranchées 77 et 78 ; enfin d'un probable autre corps de bâtiment, peut-être orienté cette fois selon l'axe nord-sud, mais qui n'a pu être dégagé, il se présente cependant sous la forme d'empierrements présentant des caractéristiques semblables aux ensembles décrits ci-dessus. Il occupe la totalité de la tranchée 66.

Description des bâtiments (Figure 6 et Photos 4 à 13)

Le premier corps de bâtiment correspond donc à une enfilade de salles plutôt rectangulaires orientées selon l'axe est-ouest. Dans les limites de notre décapage (tranchée 77), ces vestiges se développent au moins sur une vingtaine de mètres et offrent la possibilité d'identifier, de manière globale ou partielle, cinq pièces (salles 1, 2, 3, 4, 5). Deux développements vers le nord sont également possibles, mais cela reste plus hypothétique. Nous l'avons dit, l'état général des vestiges est relativement mauvais, mais du fait justement de l'absence d'éboulis, leur lecture en est d'autant plus aisée. Le gabarit de ces fondations est très régulier avec 0,80 m de largeur. Elles sont composées essentiellement de petits blocs de grès souvent jetés pêle-mêle dans une tranchée de fondation que nous n'avons pas étudiée. L'apparition des vestiges s'étant faite directement sous le labour et au niveau des fondations, il est logique que nous n'ayons pu reconnaître le moindre sol en place. S'il devait en être autrement, ce pourrait être à l'emplacement des salles 4 et 5 dont nous n'avons pas dégagés les quelques blocs de grès et de tuiles qui parsèment leurs intérieurs. En règle générale, nous avons tenu à préserver l'intégrité physique du site, dans la mesure où les vestiges étaient suffisamment évidents, afin aussi de ne pas contrarier une éventuelle étude plus approfondie des vestiges.

A ce stade de la recherche, l'étude du phasage chronologique reste aléatoire. En nous en tenant aux seuls faits, on peut simplement constater des différences d'utilisation de matériaux qui peuvent trahir des phases de construction distinctes et successives. Nous notons par exemple l'utilisation systématique de gros blocs de dolérite sur la section de fondation Ml ; ceux-ci sont déposés de manière équidistante tous les 2,50 m à 3 m (Photo 6). Cet agencement s'arrête brusquement au contact de la fondation M4. La fondation M2 qui lui est parallèle ne comporte, au contraire, qu'un seul bloc de même nature. On retrouve cette configuration sur l'amorce de la petite pièce dégagée, vers le sud-ouest, appartenant au corps de bâtiment n°2. Les portions de fondations M3 et M5 possèdent la particularité d'être recouvertes d'arène granitique qui a pu faire office de stabilisateur à la fondation elle-même. Ceci ne se retrouve nulle part ailleurs. Si l'on considère que ces deux fondations se greffent sur la fondation M4 qui n'est constituée que de petits blocs de grès, on peut raisonnablement penser que M 3 et M5 lui sont postérieurs (Photo 10). Il s'agit du seul élément de chronologie relative que nous ayons noté. Nous notons aussi que la partie orientale de M3 possède encore une première assise de blocs de granité équarris (Photos 11 et 12). D'autres assises semblent encore en place, au point de contact des salles 4 et 5, sur les fondations M7 et M8, mais il s'agit cette fois de petits moellons de grès (Photo 9). Cette différence de matériaux employés dans l'amorce de l'élévation des murs semble confirmer l'hypothèse de phases de construction différentes. Le corps de bâtiment n° 2 (peut-être baptisé ainsi arbitrairement, mais cette numérotation demeure un passage obligé pour la description spatiale des faits) n'a été vu que partiellement et correspond à l'amorce d'une pièce peut-être de plan carré. Le gabarit et la composition de sa fondation, notamment la présence régulière des boules de dolérite qui viennent vraiment asseoir la construction, la rapproche de la fondation de Ml. Il pourrait éventuellement s'agir d'une tour d'angle de 4 m de côté ; de toute façon son emprise reste forcément réduite au regard des tranchées négatives en murs qui cerne ce bâtiment. Son orientation est conforme à un plan orthogonal de l'établissement antique.

Pour ce qui concerne l'hypothétique troisième corps de bâtiment, il prend la forme d'un empierrement présent sur la totalité de la tranchée 66. Pour des raisons de délais de réalisation du diagnostic, nous n'avons pu le dégager convenablement, mais de toute évidence, ses caractéristiques sont identiques à ce que nous avons mis au jour dans les tranchées 77 et 78. Il pourrait constituer, ou du moins, participer à l'aile orientale de l'ensemble bâti antique.

Que ce soit dans la zone bâtie ou même dans l'emprise du système fossoyé, nous n'avons pu reconnaître d'élément concret qui permettrait d'identifier avec assurance la nature de cet ensemble. Les éléments propres à des thermes, tels que traces de chauffe ou présence combinée de tubuli ou de pilettes d'hypocauste, ou bien même de mortier de tuileau, restent absents.

A notre avis, nous nous trouvons en présence d'un petit établissement agricole de type villa dont les différents corps de bâtiments sont organisés autour d'une cour. La façade du bâtiment principal semble orientée face au sud. Quant au domaine lui-même, et bien que nous n'ayons aucun élément susceptible de le définir spatialement, il pourrait bénéficier d'une position topographique intéressante avec des terres orientées face au sud-est, c'est-à-dire l'orientation qui offre le réchauffement diurne le plus rapide.

3 - Les découvertes mobilières

Les découvertes mobilières, à l'image de l'état de conservation du site restent extrêmement limitées. Elles se résument à 27 tessons de poterie, un fragment de récipient en verre et un fragment d'objet de bronze.

4 - La chronologie du site (cf. Annexe)

L'examen de cette céramique montre une occupation probable entre la fin du 1er siècle et le Ile siècle après J.-C. A priori, il n'y a pas de différence réelle entre le mobilier de l'aile nord (tranchée 77) et celui de la probable aile orientale (empierrement non fouillé de la tranchée 66). | Figure 5 : Plan resserré des structures liées à l'établissement gallo-romain de la Rue des Bosses, Commune de Ploufragan. zone d'empierrement non fouillée

Limite de décapage Salle? Salle?

M2

Salle 4 \ \ Salle 1 % \

\ M7

\Salle5

blocs de grès

blocs de parement en granit

blocs de dolérite en fondation

arène granitique damée

numérotation des fondations de murs

Figure 6 : Plan pierre à pierre des fondations de murs appartenant à l'établissement gallo-romain de la Rue des Bosses, Commune de Ploufragan (échelle 1 /50 ème). Photo 4 : Vue d'ensemble des bâtiments antiques, prise de l'Est. Au premier plan, le sol de la salle 4 est recouvert d'un éboulis pierreux qui empêche de bien distinguer les limites des fondations des murs M1 et M6.

Photo 5 : Vue d'ensemble du bâtiment principal de la villa antique mis au jour Rue des Bosses, prise de l'ouest. Au premier plan, la salle 1,1a pièce la plus importante de parsa superficie, est limitée parles murs M1,M2 et M4. Photo 6 : Vue oblique rapprochée de la salle 1. On notera la présence régulière de gros blocs de dolérite dans la fondation du mur M1 dont la fonction était de renforcer celle-ci.

Photo 7 : Vue oblique rapprochée de la salle 2. Son espace est délimité par les fondations des murs Ml, M4, M6 et M5. Les trois premières sont uniquement constituées de petits blocs de grès. Le dessus de la dernière possède un glacis d'arène granitique. Photo 8 : Le second plan du cliché correspond à la salle 4 dont l'espace est partiellement occupé par un amas de petits blocs gréseux et de fragments de tegulae. Photo 9 : Vue oblique de l'angle sud-ouest de la salle 5, dégagé à la jonction de la salle 4. Les éléments des murs M1,M7 et M8 sont ici matérialisés par des parements de petits moellons degrés présentant au moins une arête rectiligne. Ces derniers correspondent vraisemblablement à une des premières assises des murs eux-mêmes. Le sol de cette salle n'a pas été atteint. Photo 10: Vue rapprochée du mur M4 qui sépare les salle 1 et 2. S'il est sans doute contemporain du mur M2 au regard de sa facture, en revanche, il est clair que le mur M3 lui est postérieur. Celui-ci se résume à une assise de blocs de granite équarris. Photo 11 : Vue oblique des murs accolés M2 et M3. La fondation du premier est composé de pierraille gréseuse, tandis que le second possède encore, vers l'est, une assise constituée d'un double parement de blocs de granité équaris. Photo 12: Détail de l'extrémité orientale du mur M3 matérialisé par deux parements de blocs de granité équaris. Photo 13: Détail du petit empierrement présent dans l'angle nord-ouest de la salle 2. Il pourrait correspondre au calage d'un poteau. II - LE SITE ANTIQUE DE TREGUEUX, Bourgneuf

L'organisation générale du site (Figure 7)

Les faits archéologiques qui constituent l'indice de site de Bourgneuf, sur la commune de Trégueux, correspondent à un ensemble de structures fossoyées vu partiellement. L'aspect lacunaire de l'information ne facilite évidemment pas la compréhension des vestiges. Nous pensons être en mesure de distinguer les bribes d'un parcellaire orthogonal au sein duquel ont été creusées des fosses. Ceci est particulièrement net dans la parcelle 2283. Ces vestiges sont présents dans les tranchées 182, 188, 189, 177 et 178 ; par contre, les autres tranchées n'ont pas livré de vestige, ce qui signifie que l'extension du site est probablement exclue vers le nord et l'est. Ainsi le fossé F.9 (tranchée 182), mais surtout les tronçons de fossé F. 10 (tranchée 182), F.16 (tranchée 188) et F.26 (tranchée 189) constituent selon toute vraisemblance le marqueur d'une partition spatiale orientée nord-sud appartenant à un établissement qui a probablement vu son plus grand développement vers l'ouest, au-delà du chemin vicinal de Bourgneuf. La mise en place progressive de l'exploitation agricole a sans doute occasionné la destruction irréversible des vestiges. Trois autres fossés perpendiculaires et parallèles (F.27 et F.28 présents dans la tranchée 189) participent à la formation d'au moins deux lots dont le plan est peut-être quadrangulaire. La clôture de ceux-ci n'est pas assurée sur le côté oriental. Le lot septentrional montre la particularité d'un regroupement de fosses circulaires (F.11, 12, 13, 14, 15, 36) possédant un profil en cuvette et un remplissage marqué par les traces d'une activité artisanale en rapport avec le travail du fer, à savoir charbons de bois, scories de fer, argile rubéfiée provenant de la destruction de fours. L'intérêt du site se trouve fortement limité par le seul fait de son oblitération par le développement de l'exploitation agricole du hameau. Figure 7 : localisation et plan des structures liées à l'établissement gallo-romain de Bourgneuf, Commune deTrégeux. CONCLUSION

Au terme de notre opération qui consistait concrètement en une première approche du potentiel archéologique sur les communes de Ploufragan et Trégueux, nous comptabilisons au total trois indices de sites, dont un seul paraît conserver une certaine intégrité physique. En effet, l'indice de site n° 1 correspond simplement à ce qui ressemble au reliquat d'un campement d'un groupe de population de la fin de l'âge du bronze ; quant au troisième (indice d'établissement antique au Bourgneuf, sur la commune de Trégueux), il semble avoir été oblitéré et détruit par la mise en place de l'exploitation agricole moderne du hameau du même nom. Nous constatons aussi que la présence pourtant rapprochée des monuments mégalithiques dans le premier quart de l'emprise routière qui nous était proposé, sur la commune de Ploufragan, n'a pas engendré de découvertes particulières. Les habitats forcément liés à ces vestiges n'ont pas été accrochés. En définitive, seul l'établissement antique mis au jour Rue des Bosses, à Ploufragan, mérite une attention particulière. En effet, et malgré un état d'arasement avancé, puisque seules les fondations semblent encore conservées, nos travaux exploratoires ont permis de déterminer la présence conjuguée d'une construction constituée de trois corps de bâtiments organisés autour d'une cour ouverte vers le sud, ainsi que d'un ensemble fossoyé faisant probablement office de limite de propriété foncière à ce que nous considérons comme une petite villa gallo-romaine. Il se trouve aussi que la largeur de la future emprise routière, 80 m à cet endroit, offre la possibilité d'étudier une part non négligeable de cette entité archéologique. ANNEXES :

- Etude du mobilier, par Françoise LABAUNE-JEAN, Inrap PLOUFRAGAN Rue des Bosses Mobilier (F. Labaune) Juillet 2007

PLOUFRAGAN « Rue des Bosses » Étude du mobilier

(F. Labaune-Jean, INRAP Grand Ouest)

Cette étude concerne l'ensemble du mobilier mis au jour en mai-juillet 2007 dans le cadre de la campagne de sondages d'évaluation du potentiel archéologique sur le lieu-dit « Rue des Bosses », sur la commune de Ploufragan, réalisée sous la direction de Gilles Leroux.

1. Données générales. Pendant la période de post fouille, une journée a été consacrée au travail sur le matériel. Les interventions effectuées comprennent : Le lavage des tessons le comptage et l'inventaire détaillé de chaque lot. l'enregistrement de ces données sous forme de fiches (FMPro5 type inventaire micro musée). (cf tableau ci-joint). l'étude complète des objets identifiables et des données relatives à l'ensemble des céramiques. le conditionnement normalisé de l'ensemble du mobilier selon les normes en vigueur en Bretagne (avec listing d'archivage).

Les données chiffrées permettent d'établir la liste suivante du mobilier, réparti dans 2 secteurs de sondage.

Total : 27 tessons de récipients en céramique 1 fragment de récipient en verre

2. Étude du lot céramique par contexte

Les 27 tessons sont issus de deux zones de sondage, conservées pour cette présentation.

Aile Nord Ce secteur a livré 16 tessons de céramique et un fragment de verre. L'aspect des pâtes permet de les répartir en deux lots. Le premier regroupe 10 tessons dont l'aspect est caractéristique des productions antiques, avec des fragments de récipients en céramique commune claire, commune sombre tournée et amphore. Ces derniers possèdent une pâte fine que l'on rencontre généralement pour les amphores gauloises de type 4 en usage à partir du Ile siècle après J.-C. Le second lot comprend 6 tessons correspondant à des productions plus récentes. La pâte brun rouge à surface brun noir se rencontre pour des pots à cuire et des marmites en usage aux XVe et XVIe siècles. Le fragment de bord présent correspond certainement à cette seconde forme, dotée d'une lèvre éversée en méplat oblique assez large. Ce type de pâte est certainement à rattacher aux productions des ateliers de Lamballe.

Aile Est Les onze tessons recueillis ici semblent tous attribuables à la phase antique. Ils comprennent un tesson de panse d'assiette en sigillée dont la pâte et l'engobe sont rattachables aux productions des ateliers de Gaule du Sud. S'y ajoutent trois tessons en céramique commune sombre tournée, un tesson en commune claire. Le mobilier amphorique est illustré par 4 tessons dont la pâte brune est comparable aux productions des ateliers du Centre Ouest (Gauloise 5 à pâte brune), en usage à la fin du 1er siècle et durant PLOUFRAGAN Rue des Bosses Mobilier (F. Labaune) Juillet 2007 les trois premiers quarts du Ile siècle après J.-C. Un autre tesson d'amphore possède une pâte attribuable aux productions d'origine ibérique sans précision de forme possible. Enfin, le lot comprend un petit fragment de bord à lèvre arrondie placée dans le prolongement de la panse verticale pouvant appartenir soit à une production de l'Age du Fer soit à un récipient de transition 1er siècle avant J.-C. - début du 1er siècle après J.-C. Cependant le fragment est trop petit pour une identification certaine.

Archivage et inventaire : 1 cagette normalisée type Allibert réf. 21010.

tranchée Cér. Cér. Cér. Autre Datation Cagette Proto. antique moderne Aile Nord — 10 6 1 frag, GR et 1 verre moderne Aile Est 1 ? 10 1 Total 1 ? 20 6 - - -

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