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RAYON LASER

teur Butch Trucks. Avec ces types-là, c’est toujours une histoire de famille. « Already Free » a été enregistré à la maison, entre Chickenfoot deux parties de pêche et deux barbecues. Edel music Du blues du terroir fait main, illuminé par le Les ex Van Halen Michael Anthony (basse) et Sammy Hagar (chant), (guitare) et jeu de slide de Derek, qui a fait craquer Eric le batteur des « Red Hot » Chad Smith ont décidé de s’associer. Ce « All star band » présente Clapton dernièrement. Le puissant Yonrico une sorte de « big rock » à l’ancienne, certes moins exubérant que celui de Van Halen, mais Scott laisse volontiers les baguettes à un typiquement US. La marque inimitable de Mr Hagar n’est pas étrangère au résultat final. Mr cousin ou beau-frère, allez savoir ? Tyler Satriani dont l’adaptabilité n’est plus à prouver a laissé de côté la virtuosité au profit de riffs Greenwell . Count M’butu saupoudre de simples (en apparence seulement, car son toucher le place vraiment au-dessus des autres). Mr Anthony reste comme à son subtiles percussions les grooves profonds habitude le bassiste discret qui assure son rôle sans trop en faire. Quant à Mr Smith, il suffit d’écouter ce superbe charley disco de cet album. Un vrai bonheur. Autant mar - sur Avenida Revolution , cette rythmique syncopée typique bourrée de nuances sur Soap On A Rope , ou bien la subtile ballade quée par le vieux blues que par les quarts Learning To Fall pour se laisser séduire. Un pur bonheur ! Rares sont les associations de musiciens hors pair qui fonctionnent. de ton des vocalises du chanteur Nusfrat Ali Les virtuoses ont trop souvent tendance à sombrer dans les méandres de la technicité au détriment de la qualité du « song wri - Khan ou encore l’approche modale de John ting ». Mais avec Chickenfoot, aucun danger. Nous parlons bien ici de vraies chansons, accrocheuses, bien structurées et écou - Coltrane – deux maîtres que Derek reprend tables par le commun des mortels. Le groupe possède tous les atouts pour décoller d’ici peu et casser la baraque bien au-delà souvent sur scène –, la musique du DTB est des sphères du hard rock. Ou bien vous avez réellement du chou-fleur dans les oreilles… Laurent Bendahan pleine de grâce et de spiritualité. Christophe Rossi

Ben Harper & Relentless7 vous méprenez pas, son jeu a toujours été Marmaduke Duke White Lies for Dark Times très inspiré par la « black music », et « Piety Duke Pandemonium (Part II Of Cristal Records A Trilogy) Street » est tout empreint d’une ferveur reli - Ada Global/Naïve gieuse. En fait, le bon John a tout simple - ment craqué sur la beauté et la pureté du gospel, musique religieuse qui a donné naissance, en se désacralisant, au blues, au rhythm’n blues, à la et au rock’n’roll, et par d’autres voies au . Scofield paie donc son tribut à cette grande musique, qu’il interprète à sa manière, avec son toucher si caractéristique, épaulé par dans le groupe d’, un des Exit les Innocent Criminals, place aux une section rythmique qui sonne avec d’au - autres all-stars où on l’a vu, en tournée l’été Relentless 7, ces trois musiciens qui avaient thentiques accents de la Nouvelle-Orléans, dernier. Le maître de la polyrythmie est déjà œuvré sur le précédent album de Ben berceau de toutes ces musiques séminales particulièrement dans son élément sur le Harper. Cette fois-ci, la collaboration est évoquées plus haut. George Porter Jr, le titre Raju . Colaiuta est devenu au fil des Ce side project, véritable ovni musical com - pleinement assumée, et à l’écoute de l’al - bassiste des Meters, et le batteur Ricky années un incontournable requin des stu - posé de () et JP Reid bum, on imagine sans peine le plaisir que Fataar (plus Shannon Powell, complice dios californiens, mais cet album nous rap - (Sucioperro), ne laisse pas indifférent… De ces quatre-là ont pris à jouer ensemble. d’Harry Connick Jr.) nous font chalouper de pelle qu’il est aussi un très grand batteur prime abord, c'est la dégaine des deux Loin des ambiances mélancoliques aux - bonheur, et la voix douce-amère de Jon live. Ceux qui pensent que la fusion aurait zigotos qui interpelle, à savoir un mélange quelles l’artiste nous avait habitués, il a Cleary et celle gorgée de soul de John tendance à s’enfermer dans ses clichés entre Antoine de St-Exupéry, Jack choisi de revenir à quelque chose d’un peu Boutté nous donnent envie de remercier le seront agréablement surpris par ce disque l'Eventreur et Zorro (si, si !). Pour ce qui est plus rock, qui lui va à merveille. À noter aux Seigneur pour toute cette merveilleuse où la présence de est aussi des compositions, difficile de faire plus taré, drums Jordan Richardson , qui envoie musique. Alléluia ! Christophe Rossi pour beaucoup dans le résultat final. les deux dandys mixant toutes leurs influen - grave… Plus électrique, la musique de Ben Jean-Baptiste Perraudin ces, qu'elles soient électro, , rock ou Harper semble aussi plus sereine. John Mc Laughlin- afro… Mais au-delà de ce « tohu bohu » Manuella Fall sonore, le bien nommé Duke Pande- Five Peace Band Live monium ne manque pas pour autant de Universal Chick Corea Productions tubes, pour preuve les fabuleux Rubber The groupe fusion de la fin de l’année pas - Lover , Kid Gloves et Skin The Mofo (sic ). En sée n’est malheureusement pas venu jouer résulte un disque aux allures un peu fou - en France. Voici un double-CD live pour se traques mais aux richesses insoupçonnées. consoler. Quand on découvre les noms sur À écouter encore et encore et encore et l’affiche, ça fait peur : Chick Corea, John Mc encore… Du très beau travail ! Laughlin, Kenny Garrett (ces trois-là ont en Jean-Noël Wilthien commun d’avoir joué avec Miles Davis), Christian Mc Bride et Vinnie Colaiuta . Oui, Derek Trucks Band Justin Adams mais les all-stars, si il n’y a pas un vrai tra - Already Free Sony Music & Juldeh Camara vail de fond sur un projet musical, ça peut Tell no lies parfois être décevant. Ici, le Five Peace Toujours au sud (lire chronique de John Real World/Harmonia Mundi John Scofield Band tient toutes ses promesses, grâce aux Scofield), Derek Trucks nous envoie de L’Anglais Justin Adams est connu comme Piety Street deux supers compositeurs que sont Mc bonnes vibrations de son bayou de Floride, guitariste (notamment avec Robert Plant) et Emarcy/Universal Jazz Laughlin et Chick Corea ( Hymn to non loin de la terre natale des Allman comme producteur (Tinariwen), mais il est L’Evangile selon Sco ! Le guitariste aurait-il Andromeda ). Le jeu de Vinnie est splendide Brothers Band, dont ce jeune surdoué est le aussi chanteur, pianiste et bassiste ; le été soudainement touché par la grâce ? Ne et à mon avis bien plus à propos ici que guitariste, et par ailleurs le neveu du bat - Gambien Juldeh Camara chante, joue du 6 2 2 Juin 2009 ° N Également sur nos platines… tique d’une période faste du jazz où se d’ailleurs reçu le prix de la critique disco - retrouvaient sur une même scène Lester graphique de notre confrère américain Young, Roy Eldridge, Dizzy Gillespie et Modern Drummer . Un grand musicien Depeche Mode bien d’autres. Jamais réédité jusqu’alors, s’invite chez vous : laissez-le entrer ! Sounds of The Universe Mute Records ce cru 1955 est de très grande qualité, Philippe Légaré ménageant des espaces nuancés pour Survivants de la vague new wave du les solistes (les « ballads medleys »), Mayday début des années 80, Depeche Mode revient sur le mais aussi des solos survoltés (« the Hervé-Georges Torcheux devant de la scène. Le trio anglais est désormais complé - [email protected] Challenges »). Cette année-là, trois bat - té par le batteur autrichien Christian Eigner qui avait par - riti (sorte de violon peul à une corde) et teurs œuvraient en alternance au sein ticipé à la compil « The Singles 86-98 » et collaboré à l’é - du kologo (banjo africain à deux cor - de cette tournée : Gene Krupa , Buddy criture de plusieurs titres. Inspiré et toujours aussi per - des), et a collaboré avec de nombreux Rich ou bien ici Louie Bellson . Le pion - fectionniste, le groupe tente un retour gagnant avec cet groupes africains (Ifang Bondi, Zubop, nier de la double grosse caisse est dans album ambitieux, gorgé de sons électro novateurs. Une Seckou Keita Quartet…). Avec « Tell no une forme éblouissante, tant dans son bonne surprise. Manuella Fall lies », les deux musiciens unissent leurs accompagnement ( Lester Leaps in ) talents et réussissent un album dans qu’en solo ( Ow !). Ce double-CD permet Umberto Pagnini lequel le mélange entre rock-blues et aussi d’entendre quelques extraits Done Latine Cristal Records musique africaine coule de source, sans inédits d’une autre séance du JATP avec jamais faire “collage“. Autour d’eux, Shelly Manne. Incontournable. JBP Connu pour ses méthodes de batterie et Cela fait un moment que le batteur Salah Dawson Miller (percussions), Mim sa haute technicité à la double pédale, Umberto Pagnini dirige sa formation, Suleiman (chœurs) et Billy Fuller (basse) Sveti Hervé-Georges Torcheux est aussi un mais là, il a voulu rendre hommage aux voix féminines apportent leur contribution à un album Where I Come From compositeur inspiré et un batteur aux qu’il affectionne. Marcia Maria, Niuver Navarro, Maria Firma Video Entertainment inc. aussi beau qu’intelligent. multiples facettes. Avec l’aide de son Tejada, Viviane Moscatelli et Elisabeth Caumont sont donc Thierry “Fantobasse” Menu complice de longue date, le pianiste /flû - les Done Latine qui personnalisent chacune des composi - tiste/arrangeur Jean-Batispte Delavaux, tions du batteur. Des plages courtes, de beaux arrange - Lester Young, Ben Hervé-Georges a concocté « Mayday », ments, des rythmes chaloupés (grâce à Marc Bertaux à la Webster Roy Eldridge un album très éclectique aux influences basse et aux baguettes du leader) et des solistes aguerris Dizzy Gillespie jazz-rock, latino, voire néo-classiques (Alfio Origlio, Laurent Meyer, Alain Debiossat, Sylvain J.A.T.P. Live at Carnegie Hall aux accents de progressive. Très axés Gontard…) pour un disque qui préfigure l’été à écouter Lonehill Jazz seventies, les titres de l’album sont sans compter. Laurent Bataille riches en harmonies, ambiances et métriques complexes, et rehaussés de Bell X-1 Sur cet album, tout l’univers musical du belles mélodies très souvent accrocheu - Blue Lights On The Runway batteur serbe virtuose Marko Djordjevic ses. Les mix et le mastering made in HGT Belly Up Records s’offre à nous sans retenue, et l’on ne sont très réussis, mettant en valeur les peut que succomber aux mélodies balka - arrangements, l’omniprésence de la Avec « Blue Lights On The Runway », nisantes de notre drummer leader qui flûte traversière et de l’orgue Hammond Bell X-1 nous invite dans un voyage intimiste aux sonorités signe là toutes les compositions. L’instru- de Delavaux donnant une touche très folk et électro, le tout mâtiné d'une pop renversante d’ef - mentarium est riche : trombone, trom - particulière à l’album. Les titres sont ficacité… Le moins que l'on puisse dire, c'est qu'il y a de pette, piano, contrebasse, basse élec - brillamment servis par le jeu de batterie l'âme dans leur musique, et pas la moindre ; soit la ren - trique, guitare, harmonica, synthétiseur, très acoustique d’Hervé, jeu qui n’est contre délicieuse entre Beck, Air, Eels et les Talking Heads. Initiées par Norman Granz, ces jam-ses - voix… Et bien entendu la batterie coloris - pas sans nous rappeler des Cobham, Les pistes se succèdent avec grâce et volupté, toutes habi - sions virent le jour après la Seconde te et mélodique de Marko nous envoûte Phillips, ou Bozzio, influences marquan - tées par une magie tout bonnement divine. C'est avec plai - Guerre mondiale. Granz venait de créer au gré de cette odyssée artistique ! La tes de ce batteur-pédagogue. Un mélan - sir que l'on se laisse entraîner dans leur univers, le sourire le jazz-spectacle où les stars du swing et musique de notre hôte se trouve à la croi - ge subtil et quelquefois envoûtant se aux lèvres et la tête dans les étoiles : un très beau voya - du bop se livraient des « battle » sans sée de la fusion, du jazz et de la world dégage de cet album. Les nostalgiques ge… Jean-Noël Wilthien merci. En tout cas pour la forme, car les music, avec le folklore de l’Europe de des années 70 se replongeront musiciens n’étaient pas dupes. Critiqué l’Est, latent. On se plaît à fredonner les sans doute avec délice dans cet univers Wig a Wag pour cet aspect show-bizz (au détriment thèmes des 12 plages de cet album varié si particulier, j’invite les autres à le Ni Zo Waw Prod/Faune Box de la musicalité), le JATP reste embléma - en tempi, nuances et ambiances qui a découvrir. Alain Gozzo Après douze ans d’existence, trois cent juin 1977 cinquante concerts et près de trente mille disques vendus, Wig a Wag a choisi d’autoproduire son cin - Cette année-là… quième album. Loïc Chavigny et Morgane Ji (voix), Cyrille Bonneau et Mickaël Cozien (vents), Philippe Collas (claviers), Boston Patrick Raffault (accordéon), Jérôme Séguin (basses) et Karl Boston Lairet (batterie et sampler) nous proposent onze titres origi - Epic naux (huit chansons et trois instrumentaux), dans lesquels se Mené par le guitariste Tom Scholz et le chanteur Brad Delp, le groupe Boston mêlent instruments traditionnels et rythmiques actuelles, connaît un succès phénoménal à la fin des années 70 avec son premier album sonorités bretonnes et influences africaines, le tout étant éponyme. L’album se vendra à plus de 17 millions d‘exemplaires et s’impose sur les playlists des radios rock du homogénéisé par le savoir-faire et la personnalité du groupe. monde entier. Aux States, le groupe remplit les stades alors que quelques mois plus tôt il était parfaitement inconnu. Bref, pour reprendre les termes utilisés par de nombreux Il faut dire que la recette est très efficace avec un rock parfaitement calibré, une production particulièrement soi - confrères de la presse sur lesquels je m’aligne (comme dit la gnée, et un songwriting diablement efficace. Le drumming est assuré avec brio par John “Sib” Hashian qui a rem - tumeur), un très bon album de “world celtique“… placé quelques années auparavant Jim Masdea. Sib quittera le groupe après le second album “Don't Look Back”. Thierry “Fantobasse” Menu 6 2 2 ° Juin 2009 N