UNIVERSITÉ LYON 2 INSTITUT D’ÉTUDES POLITIQUES DE LYON

PARK51 : L’INSTRUMENTALISATION D’UN PROJET D’ÉDIFICE URBAIN ÉRIGÉ EN SYMBOLE POLITIQUE

JACQUELIN Coline Mémoire de séminaire : Mots et symboles en politique Année universitaire 2011/2012 Sous la direction de : Monsieur Denis BARBET Mémoire soutenu le 6 Septembre 2011

Jury de Soutenance : Messieurs Denis Barbet et Vincent Michelot

Table des matières

Remerciements . . 5 Introduction . . 6 Partie première : pourquoi la « polémique » ? un projet ambitieux dans un contexte historique et politique particulier . . 11 I – Juillet 2009 : vers la concrétisation d’un projet . . 11 A. Une volonté affichée de promouvoir le dialogue interculturel au sein d’un établissement aux multiples activités . . 11 B. L’évolution du projet . . 12 C. De la légitimité juridique et institutionnelle du projet Park51 . . 17 II – Apres l’urss et le déclin du communisme, la construction d’un nouvel ennemi pour les états-unis : l’islam . . 21 A. Les Etats-Unis en crise d’identité : la construction d’un « autre » comme ennemi facilite la définition d’un « soi » . . 21 B. Le contexte de la « Guerre contre la Terreur » suite aux attentats du 11 septembre 2001 : une politique de « containment » voire de « roll back » face à l’Islam ? . . 23 C. Le rapprochement fait entre l’Islam et les terroristes des attaques du 11 septembre 2001 conduit à une analogie entre Islam et terrorisme . . 25 III – Un débat ancré dans un contexte politique particulier . . 31 A. Mai 2010 : le début de la polémique et la naissance d’une chef de file de l’opposition au projet . . 31 B. Une polémique relayée par les importants réseaux « anti-Obama » dans le cadre d’un processus de dé-crédibilisation du Président . . 34 C. Les élections de mi-mandat à l’automne 2010 : l’instrumentalisation du projet à des fins électorales . . 39 Partie seconde : les éléments de la construction d’un symbole politique . . 47 I – La symbolique du « 11-septembre » : comment une date est devenue le référent mémoriel d’un évènement . . 47 A. Les attentats du 11 septembre 2001 au World Trade Center : la preuve de la véracité du « Choc des Civilisations » de Samuel Huntington ? . . 47 B. Le « 11-Septembre » : un jour, un mois, « pas d’année »…, une date à forte connotation mémorielle . . 50 C. « » : la sacralisation du site des attentats . . 54 II – Entre relecture de l’histoire et instrumentalisation du passé . . 58 A. Le 11 septembre 2001 comme nouveau « Pearl Harbor » . . 58 B. La réappropriation du passé par des acteurs aux argumentaires radicalement opposés : l’exemple de la Shoah . . 61 C. La construction d’un climat de peur qui rappelle la période du Maccarthysme . . 65 III – Le processus discursif : un élément omniprésent et puissant dans la construction de la portée symbolique du projet . . 70 A. La récurrence du terme « musulmans modérés », ou l’expression latente d’une connotation péjorative de l’adjectif « musulman » . . 70 B. L’utilisation de la rhétorique des croisades contre les « barbares » . . 71 C. De la « Cordoba House » au projet Park51 : une « Méga mosquée » à « Ground Zero » ou un « centre communautaire » dans le Lower ? Un enjeu de dénomination central au sein du débat . . 74 Conclusion . . 79 Annexes . . 82 Annexe n°1 . . 82 Annexe n°2 . . 83 Annexe n°3 . . 97 Annexe n°4 . . 98 Annexe n°5 . . 99 Annexe n°6 . . 101 Annexe n°7 . . 104 Annexe n°8 . . 108 Annexe n°9 . . 108 Annexe n°10 . . 109 Annexe n°11 . . 111 Annexe n°12 . . 113 Bibliographie . . 115 *Articles de revues, périodiques . . 115 *Articles en ligne . . 116 *Forums Internet . . 125 *Images . . 126 *Ouvrages . . 126 *Sites Internet, Blogs . . 127 *Vidéos, emissions de radios . . 128 Résumé et mots-clés . . 131 Remerciements

Remerciements En premier lieu, je remercie Monsieur Denis Barbet, mon directeur de recherche, pour l’apport des cours du séminaire « Mots et Symboles en Politique », ainsi que pour sa disponibilité, son soutien et ses conseils. Je remercie également Monsieur Vincent Michelot pour avoir accepté de faire partie de mon jury de soutenance, ainsi que pour sa disponibilité, son soutien et ses conseils. Je voudrais remercier Monsieur Julien Fragnon pour ses conseils de lecture. Je remercie également chaleureusement l’ensemble de mes camarades de séminaire pour la bonne ambiance et l’esprit d’entraide qui y régnaient ; pour leurs conseils et leur soutien. Je souhaite remercier tout particulièrement Johan, sans qui ce mémoire ne serait pas ce qu’il est. Merci de me supporter au quotidien, me rassurer, me conseiller, m’écouter…, merci pour l’intérêt que tu as montré pour mon travail, et merci de croire en moi. Je tiens à remercier précieusement mes trois camarades de promotion et amies, Anaïs Chatagnon, Doriane Dessolins et Stéphanie Lakehal pour - outre leurs précieux conseils - leur soutien indéfectible et leur écoute ; ce mémoire leur doit beaucoup ! Merci à mes deux autres tiers, ma sœur Prune, et mon frère Antoine, pour leur soutien et tout ce qu’ils ont fait pour moi. Un clin d’œil particulier à mon frère à qui j’ai beaucoup pensé en rédigeant cette partie sur le « 11-Septembre » dans la mémoire collective (« Tu es né un 11 septembre ?! Mon pauvre ! »…) ; je crois que tu vas devoir encore supporter ces réflexions un bout de temps ! Merci à ma mère, mon père, Philippe, Catherine, Françoise, mes grands-parents et tous les autres…pour leur aide et leur soutien. Et enfin, merci à mes amis d’avoir cru en moi, merci pour leur soutien, leurs encouragements et l’intérêt qu’ils ont porté à mon travail malgré nos domaines d’études/de travail si divers. Merci et pardon à tous ceux que je n’ai pas cités mais je me rattraperai de vive voix, il faut que je laisse place au mémoire !

Jacquelin Coline - 2011 5 PARK51 : L’INSTRUMENTALISATION D’UN PROJET D’ÉDIFICE URBAIN ÉRIGÉ EN SYMBOLE POLITIQUE

Introduction

Au cours du deuxième semestre 2009 naît à New-York le projet de la « Maison Cordoba », qui deviendra quelques mois plus tard le projet Park 51. L’idée est de construire dans le quartier du Lower Manhattan un centre interculturel en lieu et place d’un bâtiment désaffecté partiellement détruit lors des attentats du 11 septembre 2001 au World Trade Center. Ce projet naît du partenariat entrepris par un homme d’affaire, Sharif El-Gamal, qui a acheté le site en juillet 2009, et un couple formé par Daisy Khan, la présidente de l’O.N.G. ASMA (American Society for Muslim Advancement) qui œuvre pour le dialogue et la compréhension entre les musulmans d’Amérique et le reste de la population, et son mari Feysal Abdul Rauf, l’imam soufi de la mosquée New-Yorkaise Masjid Al-Farah et Président de l’organisation « Cordoba Initiative » qui officie dans le domaine du dialogue interculturel et inter-cultuel au niveau international. Mais ce qui n’est à priori qu’un projet d’édifice urbain et culturel se retrouve soudain en mai 2010, dix mois après sa naissance, au cœur d’une vive polémique, un des éléments du débat portant sur le fait que, outre de nombreuses autres activités, il est prévu que le centre comprenne une salle de prière musulmane. D’autre part, on lui reproche sa trop grande proximité avec ce qu’on nomme singulièrement le site de « Ground Zero ». En réalité, ce projet est souvent présenté dans des discours politiques, des médias etc. - bien qu’à tort -, comme une « mosquée », « à » « Ground Zero ». Ainsi, on remarque d’emblée que le débat intègre des confusions rhétoriques et des éléments faisant partie de la symbolique ancrée dans la mémoire collective ; c’est pourquoi j’ai décidé d’en faire mon sujet de mémoire tant il y a, à mon sens, d’éléments se rapportant aux mots et aux symboles dans le domaine du et de la politique, au sein de cette polémique. Ce qui m’a frappée et interpellée, c’est qu’il n’est pas rare que des éléments au caractère religieux provoquent des débats mais ce projet en particulier a déchaîné les passions pendant plusieurs mois au Etats-Unis ; j’ai alors souhaité tenter de comprendre pourquoi, et si cela n’était du qu’à une problématique liée à la question de l’Islam aux États-Unis, ou s’il n’y avait pas d’autres éléments d’explication et d’autres enjeux qui rentraient en compte. Comme pour chaque débat, il m’a semblé essentiel de s’intéresser au contexte politique et historique dans lequel celui-ci prenait place, aux réelles motivations des différents acteurs de la polémique et aux enjeux que celle-ci représentait pour chacun, ainsi qu’à la forme de la polémique elle-même, sa construction, son évolution… Dès lors, l’objet de ce mémoire n’est pas de se demander s’il y a effectivement une montée de l’islamophobie aux États-Unis qui pourrait expliquer le rejet virulent de ce projet par une partie de la population Américaine, mais de tenter de démontrer en quoi la polémique qui existe autour du projet de centre interculturel Park51 est la conséquence de l’instrumentalisation d’un élément, utilisé comme un symbole par une pluralité d’acteurs, dont les processus discursifs ont pour but la construction d’une peur, au nom d’intérêts dépassant la seule question interreligieuse. L’angle sous lequel j’ai choisi d’analyser la polémique autour de ce projet m’a alors amenée à cette problématique : en quoi la polémique autour du projet Park51 est-elle le fruit de l’instrumentalisation d’un projet d’édifice urbain érigé en symbole politique ? En effet, mon travail a comme axe central d’essayer de saisir les enjeux de cette polémique, non

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pas d’exposer comme un catalogue les arguments favorables et défavorables au projet, mais de tenter de comprendre pourquoi cette polémique est née, s’est développée et a évolué, autrement dit de saisir les raisons, les enjeux, les différentes causes du débat, puisque je vais tenter de montrer que celui-ci est complexe et loin d’être mono-causal. Tenter également de comprendre comment, c’est-à-dire par quels procédés cette polémique s’est construite et entretenue et quels sont les éléments qui ont contribué à l’instauration de ce débat. Comme je l’ai dit, mon but tout au long de ce mémoire est de tenter de souligner et d’expliquer la complexité de la polémique dite Park51 car, d’après moi, toute polémique porte en elle des tenants et des aboutissants toujours plus complexes que ce que l’on peut imaginer de prime abord. Ainsi, je vais tenter de montrer que c’est l’enchevêtrement de plusieurs facteurs et éléments parfois diamétralement opposés qui ont conduit à l’instauration de ce débat et que, s’il s’agit d’une polémique où des arguments d’ordre religieux reviennent souvent sur le devant de la scène, c’est en fait loin de n’être qu’une question d’islamophobie. Bien que ce soit un sujet polémique – et bien que j’ai un avis personnel sur le sujet - j’ai fait en sorte d’adopter un regard et une démarche dans mon travail des plus objectifs, même si je suis consciente qu’une objectivité absolue dans un travail de recherche et d’analyse est de l’ordre de l’utopie, n’importe quel individu ne pouvant se défaire totalement de ses préjugés, visions du monde, de son expérience personnelle inscrite dans son subconscient ; malgré cela, j’espère avoir au mieux évité l’écueil de faire un mémoire sur la question du bien-fondé de ce projet, ce qui n’est pas le but de ce travail de recherche qui est au contraire d’analyser comment et pourquoi est née cette polémique, et dans quel but et de quelle manière chaque acteur y jouant un rôle y a contribué. Le titre de mon mémoire laisse malgré tout entrevoir la ou les conclusions auxquelles je suis parvenue puisque, comme j’essaie de le démontrer, selon moi - que l’on soit ou non en faveur de ce projet - il paraît indéniable de dire qu’il a été, et est encore avant tout l’objet d’une instrumentalisation, qu’on lui a attribué une portée symbolique qui sert des buts et intérêts aussi divers qu’antagonistes. En effet, un grand nombre d’acteurs extrêmement différents joue un rôle dans cette polémique et cela montre encore une fois sa complexité : des acteurs faisant à priori partie d’un même « groupe » (familles de victimes des attentats, membres d’une même communauté religieuse telle que l’Islam, membres de même tendances politiques etc.), n’ont pas les mêmes prises de positions quant à ce projet et, si c’est le cas, justifient parfois leurs positions de manières diamétralement opposées. Néanmoins, on retrouve deux grandes tendances à savoir d’un côté ce qui relève de la construction symbolique d’une peur, à des fins diverses mais servant les intérêts de ceux qui contribuent à l’édification de cette peur, et de l’autre l’édification d’un projet comme symbole d’une certaine image des États-Unis dont l’essence serait basée sur la tolérance. De ce fait, l’angle d’analyse que j’ai choisi, à savoir celui de la polémique en elle-même, m’amène à traiter et analyser particulièrement les arguments et stratégies discursives des opposants au projet, mais cela me conduit inévitablement à évoquer certains arguments et certaines stratégies discursives de ceux qui y sont favorables et qui au contraire défendent le projet Park51 face à la polémique soulevée. Il importe à ce stade de définir précisément ce que j’entends par « symbole politique ».

Jacquelin Coline - 2011 7 PARK51 : L’INSTRUMENTALISATION D’UN PROJET D’ÉDIFICE URBAIN ÉRIGÉ EN SYMBOLE POLITIQUE

Tout d’abord, un symbole peut être défini comme un « Signe figuratif, être animé ou chose, qui représente un concept, qui en est l’image, l’attribut, l’emblème. »1, ou encore comme « Ce qui représente autre chose en vertu d'une correspondance analogique . »2. Ainsi, je vais expliquer en quoi le projet Park51 est, dans le cadre de cette polémique, devenu plus qu’un simple projet urbain en servant à figurer diverses représentations dans l’inconscient collectif, tant dans le processus de construction d’une peur que dans celui de l’imaginaire de tolérance et de ce qui ferait l’essence des États-Unis. Ensuite, pourquoi parler de symbole politique ? Il convient ici de s’attarder sur la signification accordée au terme « politique » dans ce contexte. En effet, ce mot correspond à des définitions différentes selon qu’il est au genre masculin ou féminin. Comme l’explique Marcel Gauchet, d’une part la politique est « le pouvoir par représentation. » ; en d’autres termes, la politique correspond aux représentants dans une société qui détiennent une partie du pouvoir (gouvernement, Président de la République, Congrès aux États-Unis…) ou qui ont cela pour dessein (partis politiques par exemple). En revanche, le politique correspond de manière plus générale à ce qui concerne l’opinion publique et la société, son identité collective, la cohérence de la collectivité. Dès lors, lorsque je parle de « symbole politique », j’intègre ces deux notions : d’une part le fait que le projet Park51 a été érigé en symbole au niveau de la politique et par ses acteurs, mais également au plan du politique, au sens où cette symbolique qu’on lui a attribuée trouve aussi ses racines dans la société en elle-même, que ce projet est devenu un symbole politique au sens où il ne représentait pas seulement quelque chose en rapport avec la politique et la représentation du pouvoir, mais a bien servi d’élément figuratif dans une polémique qui concernait la vie de la collectivité. Concernant la chronologie de mon travail, il faut là encore établir une distinction. Ainsi, en ce qui concerne l’analyse de la polémique à proprement parler j’ai basé l’ensemble de mes recherches sur une période allant de la naissance du projet en juillet-août 2009, au 31 juillet 2011 ; en effet, bien que la polémique ne soit toujours pas totalement close, le fait de travailler sur un sujet d’actualité m’imposait de me fixer une limite jusqu’à laquelle étudier son évolution, ne pouvant clore la rédaction de ce mémoire la veille de son rendu. De plus, il est probable qu’entre le moment où je rendrai ce travail et celui où je le soutiendrai devant un jury, il y ait encore eu des évolutions et de nouveaux éléments dans cette polémique. Néanmoins, face aux changements importants qu’a connus le projet en ce début d’année 2011, j’ai choisi – d’une manière certes arbitraire mais que j’ai souhaité la plus pertinente possible – de limiter mes recherches au 31 juillet 2011, afin de pouvoir tout de même intégrer le maximum d’éléments liés à l’évolution. Mais pour analyser et comprendre cette polémique, il était nécessaire que j’inscrive mon travail de recherches et d’analyses dans un cadre chronologique plus large puisqu’il fallait que je revienne sur des éléments antérieurs, indispensables à la compréhension des débats autour de Park51 et des différents éléments qui rentrent en compte dans ces débats. En effet, la construction d’un symbole est un processus complexe qui ne se fait pas que dans le temps présent, mais intègre aussi des éléments de la mémoire collective et de l’inconscient collectif qui trouvent leurs racines dans des évènements et des constructions symboliques antérieures. Dès lors, certains éléments de mon travail prennent en compte une analyse que l’on peut dater d’à partir de la fin de la Guerre Froide. Enfin, il me semble important d’apporter quelques éléments de précisions.

1 « Symbole », in Dictionnaire Larousse, [en ligne], [page consultée le 6 août 2011] < http://www.larousse.fr/dictionnaires/ francais/symbole/76051 > 2 « Symbole », in Le Petit Robert de la langue française, 2012, < http://robert.bibliotheque-nomade.univ-lyon2.fr/pr1.asp > 8 Jacquelin Coline - 2011 Introduction

Tout d’abord sur le fait que j’emploie dans ce mémoire la plupart du temps la dénomination Park51 pour évoquer le centre communautaire dont le projet a vu le jour durant l’été 2009 : comme je l’explique dans ce mémoire, la dénomination du centre est précisément un des enjeux importants dans le débat mais pour rendre la rédaction et la compréhension plus aisée j’ai fait le choix d’adopter le nom qui est la dénomination officielle à l’heure actuelle et qui me semblait dès lors la plus neutre. Néanmoins, il est important de préciser que l’appellation officielle a changé au cours de la période d’analyse que couvre mon travail mais, encore une fois dans un souci de clarté, j’ai fait le choix délibéré d’employer la majeure partie du temps – sauf précisions - la dénomination officielle à l’heure du bouclage de la rédaction de ce mémoire bien que, de ce fait, l’appellation Park51 puisse paraître dans certains cas anachronique. D’autre part, il convient de préciser ce que j’entends par l’expression « processus discursif », employée à plusieurs reprises. Ainsi, cette expression n’englobe pas simplement les processus par lesquels des acteurs cherchent à convaincre, persuader simplement par les mots et le langage parlé, mais inclut également l’ensemble des éléments du langage dans une acceptation plus large, c’est-à-dire les images, les symboles visuels etc., puisque le langage peut se définir comme la « capacité, observée chez tous les hommes, d’exprimer leur pensée et de communiquer au moyen d’un système de signes vocaux et éventuellement graphiques ; Tout système structuré de signes non verbaux remplissant une fonction de communication. »3, mais aussi comme « tout ce qui sert à exprimer des sensations et des idées. »4. Dès lors, le processus discursif englobe, dans l’emploie que j’en fais dans ce mémoire, l’ensemble des éléments visant à communiquer une idée, de manière vocale ou non, écrite ou non, pouvant prendre des formes diverses allant du discours oral à la caricature, en passant pas l’association d’images ou de sons. Une dernière précision tient au fait que mon mémoire aille un peu au-delà des 80 pages requises : en effet, j’effectue dans ce travail plusieurs analyses de caricatures, de slogans… et il m’a semblé beaucoup plus pertinent de les insérer directement dans mon travail de rédaction plutôt que les joindre en annexe, auquel cas il aurait été plus fastidieux de se rendre compte de ce que j’analysais, ce qui explique que cela ait fait augmenter en conséquence le nombres de pages. J’ai choisi de traiter mon sujet en deux parties. En premier lieu, je vais ainsi présenter une partie que l’on pourrait qualifier de plus « macro-centrée », dans laquelle j’analyse le contexte historique et social dans lequel est née et s’est développée cette polémique autour du projet Park51, éléments qui sont indissociables de cette dernière, et indispensables à sa compréhension. Puis dans un second temps, j’ai choisi de développer une partie plus « micro-centrée », dans laquelle je m’intéresse d’avantage au processus discursif, à la symbolique et aux représentations mémorielles etc. (symbolique attribuée aux évènements du 11 septembre 2001 et par la suite au site de « Ground Zero ») ; de ce fait, je vais également tenter de montrer à quel point la dénomination du centre interculturel engage une véritable lutte d’interprétation de part et d’autre et est un des éléments majeurs dans le rôle que joue la rhétorique dans ce débat.

3 « Langage », in Dictionnaire Larousse, < http://www.larousse.fr/dictionnaires/francais/langage/46165 > 4 « Langage », in Médiadico, < http://www.dico-definitions.com/dictionnaire/definition/15809/Langage.php > Jacquelin Coline - 2011 9 PARK51 : L’INSTRUMENTALISATION D’UN PROJET D’ÉDIFICE URBAIN ÉRIGÉ EN SYMBOLE POLITIQUE

« Just because people oppose something doesn’t make them bigots or haters. It is how they express their opposition that defines whether they are bigots/haters or not. »5

5 « Le simple fait que les gens s’oppose à quelque chose ne fait pas d’eux des fanatiques ou des gens haineux. C’est la manière dont ils expriment leur opposition qui définit s’ils sont fanatiques/ haineux ou non ». Commentaire d’un internaute suite à un article sur la polémique autour du projet « Park 51 » ; disponible sur : Shinto shrine near Pearl Harbor’, in Japan Probe, < http://www.japanprobe.com/2010/08/17/shinto-shrine-near-pearl-harbor/ > 10 Jacquelin Coline - 2011 Partie première : pourquoi la « polémique park51 » ? un projet ambitieux dans un contexte historique et politique particulier

Partie première : pourquoi la « polémique park51 » ? un projet ambitieux dans un contexte historique et politique particulier

I – Juillet 2009 : vers la concrétisation d’un projet

A. Une volonté affichée de promouvoir le dialogue interculturel au sein d’un établissement aux multiples activités Avant toute chose et pour éclaircir les différentes références qui sont faites au projet dans ce mémoire il faut souligner qu’à l’origine le projet Park51 se nommait « Cordoba House » ou « Maison Cordoba », mais a ensuite pris le nom plus neutre de l’emplacement du projet, pour des raisons qui seront expliquées par la suite. Ainsi, le site du futur centre Park51, s’il voit le jour, se trouve entre le 45 et le 51 de l’avenue Park Street dans le Lower Manhattan. Cet emplacement a été acheté en juillet 2009 par un businessman, Sharif El-Gamal, Chef de la Direction et Président du Conseil d’Administration de l’entreprise immobilière « Soho Properties », dans le but de transformer ce lieu en un complexe de copropriétés. Mais l’imam Feysal Abdul Rauf et la femme de celui-ci, Daisy Khan, ont alors pris contact avec cet entrepreneur et l’ont convaincu de s’associer à eux pour faire de cet ancien immeuble abandonné un centre interculturel ; ce bâtiment était auparavant une usine de vêtements et de chaussures, la « Burlington Factory », partiellement détruite sous l’effet de l’effondrement des « Twins Towers » le 11 septembre 2001, et dès lors inexploitable et plus en activité depuis cette date. Si l’emplacement a été acheté par l’investisseur Sharif El-Gamal, ce projet est avant tout celui de l’imam Feysal Adul Rauf, qui entend construire ce centre interculturel dans la continuité des actions de l’organisation « Cordoba Initiative » dont il est le président et qui a pour but principal de favoriser le dialogue interreligieux. Celui-ci, après les nombreuses actions qu’il a mises en place dans ce but au sein de son organisation, a eu l’idée de la construction d’un centre communautaire interculturel nd musulman sur l’exemple du « 2 Street Y », un centre communautaire interculturel juif basé dans l’Upper East Side de Manhattan depuis 1874. Ainsi, la « Cordoba House » devenue Park51 part d’abord d’une volonté de fournir un site de prière pour les musulmans dans le Lower Manhattan car, comme l’affirment beaucoup de soutiens au projet mais surtout les promoteurs de celui-ci, les musulmans Jacquelin Coline - 2011 11 PARK51 : L’INSTRUMENTALISATION D’UN PROJET D’ÉDIFICE URBAIN ÉRIGÉ EN SYMBOLE POLITIQUE

dans ce quartier sont obligés de prier dans les rues et n’ont pas de conditions décentes pour pratiquer leur culte ; car s’il est vrai qu’il existe des mosquées à Manhattan, Sharif El- Gamal explique par exemple que beaucoup de musulmans travaillent dans ce secteur et qu’à l’heure de la prière du déjeuner ils n’ont pas le temps de se rendre dans les autres mosquées, et qu’il leur faut dès lors un lieu approprié. Cet argument est également avancé par Feysal Abdul Rauf ou encore Amina Meer, qui s’occupe de la promotion du projet. Mais ceux-ci insistent sur le fait que, si Park51 doit effectivement abriter un lieu de prière pour la communauté musulmane du Lower Manhattan, l’ambition est également véritablement de construire un centre interculturel « islamique dans son essence mais également un endroit où les musulmans, à travers leurs actions, pourraient montrer aux gens qui [ils] sont. »6 Comme l’explique Amina Meer : Park51 sera un centre communautaire vibrant, reflétant le spectre des diverses cultures et traditions, servant la ville de New-York avec des programmes dans le domaine de 7 l’éducation, des arts, de la culture et des loisirs. En effet, d’après la volonté de Feysal Abdul Rauf et des autres initiateurs du projet, le centre devrait se composer, outre d’une salle de prière pour les musulmans, d’une galerie d’art qui accueillerait différentes expositions, d’un espace de jeux voire de soins pour enfants, d’une salle de cours de cuisine, de salles de spectacles, d’espaces de soutien scolaire pour les adolescents, d’un terrain de basket, d’une piscine et d’un centre de bien- être.8 Les initiateurs du projet ont également évoqué un mémorial dédié aux victimes des attentats du 11 septembre 2001. Dès lors, la volonté affichée des initiateurs du projet est de pouvoir à la fois faire en sorte que les Musulmans de Manhattan puissent pratiquer leur culte comme tout autre croyant, mais aussi et surtout de promouvoir le dialogue et la compréhension mutuelle entre les différentes cultures et religions qui se côtoient à Manhattan, tout en développant la culture, les arts, le sport ou encore l’éducation. Comme le résumait Feysal Abdul Rauf à un journaliste qui lui demandait pourquoi il tenait autant à ce centre, les initiateurs du projet disent vouloir « empêcher un autre « 11-Septembre » »9 en favorisant la compréhension mutuelle.

B. L’évolution du projet Depuis l’achat du terrain et l’exposition du projet à l’été 2009 jusqu’à aujourd’hui, la conception de ce que devrait être Park51 a évolué, en même temps qu’intervenaient des changements dans la répartition des responsabilités des principaux initiateurs du projet. En effet, l’imam Feysal Abdul Rauf, outre son ambition de construire ce centre interculturel musulman, fait aussi l’objet de critiques visant sa personnalité même, et non simplement son statut d’initiateur du projet ; il est ainsi au centre de débats, de rumeurs

6 ‘Sharif El-Gamal tells his story on Park51’, in Park 51, < http://park51.org/2011/01/video-sharif-el-gamal/ > 7 MEER (Amina), ‘Park 51: why here?’, in Park 51,< http://park51.org/2011/01/park51-why-here/ > 8 MEER (Amina), ‘Park 51: why here?’, in Park 51,< http://park51.org/2011/01/park51-why-here/ > 9 ‘The People Behind The Mosque’, in Youtube from CBS, 26 septembre 2010, < http://www.youtube.com/watch? v=G68Jd5WqyZ4&feature=player_embedded > 12 Jacquelin Coline - 2011 Partie première : pourquoi la « polémique park51 » ? un projet ambitieux dans un contexte historique et politique particulier

et de controverses : alors que certains le présentent comme un « imam cosmopolite »10 promoteur de paix et de tolérance religieuse, d’autres voient en lui un islamiste caché qui jouerait un double-jeu. Les premiers soulignent le fait qu’il prône le dialogue entre les peuples et les religions depuis des années, tant dans la mosquée Masjid Al-Farah de New-York au sein de laquelle il officie, qu’au sein de son organisation « Cordoba Initiative » fondée en 2003. Comme le souligne un article du JDD : L’imam Feisal est soufi et prêche contre la violence religieuse depuis plus de vingt ans dans une mosquée où se croisent des musulmans de différentes origines, à dix rues de Ground Zero. Soutenu par le maire de , Michael Bloomberg, l’imam, vêtu à l’occidentale, a même été chargé par le FBI de coacher 600 de ses agents sur l’islam. 11 En effet, Feysal Abdul Rauf né en 1948 au Koweït et arrivé aux États-Unis dans les années 1960 avec ses parents est, depuis la Présidence du conservateur Américain George W. Bush – et encore aujourd’hui sous l’administration démocrate de Barack Obama – régulièrement mandaté par l’administration Américaine pour des voyages dans le « monde arabe » afin d’œuvrer au dialogue entre les peuples. Il a, de plus, reçu le prix annuel de « l’Alliance pour la Prévention et la Résolution des Conflits Internationaux et pour la Construction de la Paix »12, ainsi que celui du « Centre Inter-cultuel James Park de New- York »13 en 2006. D’autres au contraire affirment qu’il n’est pas l’homme tolérant, promoteur de paix et de dialogue interculturel et interreligieux pour lequel il voudrait se faire passer. Invitée sur le plateau d’une émission de Fox News le 4 août 2010, la bloggeuse Pamela Geller a ainsi déclaré que « [l’imam Feysal Abdul Rauf] a des liens avec le terrorisme. »14, perpétrant alors des accusations extrêmement graves, cependant partagées par d’autres, lui reprochant notamment de faire de son projet une forme de chantage en insinuant que s’il ne voyait pas le jour, cela pourrait entraîner de nouvelles attaques terroristes15. Mais les plus grandes attaques auxquelles il doit faire face proviennent de ceux qui s’insurgent contre des propos qu’ils qualifient « d’anti Américains » et de « soutien au terrorisme », que l’imam aurait tenus le 30 septembre 2001 dans une interview sur CBS. La première à relayer ces propos est la bloggeuse Pamela Geller qui rapporte sur son blog une partie de l’interview accordée par Feysal Abdul Rauf au journaliste Ed Bradley : […] – (Bradley) : Êtes…êtes-vous d’une quelconque manière en train de suggérer que les États-Unis ont mérité ce qu’il s’est passé ? - (F.A. Rauf) : Je ne dirais pas que les États-Unis ont mérité ce qu’il s’est passé, mais que les 10 CAMBANIS (Thanassis), « Feisal Abdul Rauf, imam cosmopolite », in , in Courrier International, N °1036, 9 au 15 septembre 2010, page 20 11 GENESTE (Alexandre), « Le nouvel ennemi de la droite républicaine », in Le JDD, 14 août 2010, < http://www.lejdd.fr/ International/USA/Actualite/Le-nouvel-ennemi-de-la-droite-americaine-213854/ > 12 < http://www.aicpr.org/ > 13 < http://www.interfaithcenter.org/awards.asp?y=2006 > 14 ‘Pamela Geller on The O'Reilly Factor’, in Youtube, 4 août 2010, < http://www.youtube.com/watch?v=KhBZeGL3- HI&feature=player_embedded > 15 Cf.« Iman Feisal Rauf super-héros ou maître chanteur ? », in Bivouac-id, 26 septembre 2010, < http://www.bivouac-id.com/ billets/video-iman-feisal-rauf-super-heros-ou-maitre-chanteur/ > Jacquelin Coline - 2011 13 PARK51 : L’INSTRUMENTALISATION D’UN PROJET D’ÉDIFICE URBAIN ÉRIGÉ EN SYMBOLE POLITIQUE politiques des États-Unis ont servi d’accessoire au crime qu’il s’est passé. - (Bradley) : OK. Vous dites que nous sommes un accessoire ? - (F.A. Rauf) : Oui. - (Bradley) : Comment ? - (F.A. Rauf) : Parce que nous avons été un accessoire à de nombreuses, à de nombreuses morts d’innocents dans le monde. En fait, c’est…, dans le sens le plus direct, Oussama Ben Laden a été construit par les États-Unis. […] 16 Certains des opposants au projet Park51 utilisent ainsi des arguments « ad hominem », c’est-à-dire qu’ils discréditent Feysal Abdul Rauf en tant que personne dans le but de décrédibiliser le centre qu’il veut mettre en place.17 Cependant, si ces propos peuvent de prime abord interloquer, il faut souligner que, d’une part lorsque le journaliste demande à Feysal Abdul Rauf s’il suggère que les États- Unis méritent les attaques du 11 septembre 2001, on ne connaît pas les paroles prononcées auparavant par l’imam qui ont amené Ed Bradley à lui poser cette question ; et il s’avère que malgré de nombreuses recherches, je n’ai pas réussi à trouver l’intégralité de l’interview pour savoir justement quel avait été le début de la conversation, ne trouvant systématiquement que ce passage tronqué de l’interview. D’autre part, on remarque que lorsqu’il parle des États-Unis, Feysal Abdul Rauf emploie le pronom personnel « nous », ce qui peut alors amener à remettre en questions les accusations de ses détracteurs qui se basent sur ses propos pour l’accuser d’anti-américanisme et de soutien au terrorisme, puisqu’il s’inclut dans la nation Américaine. En outre, de nombreux soutiens de l’imam au premier rang desquels sa femme Daisy Khan ont insisté sur le fait que ces propos étaient loin d’être une justification des attentats du 11 septembre 2001, ou des paroles visant à accuser les États-Unis d’en être responsables ; en effet, Daisy Khan explique qu’il faut prendre en compte l’ensemble de l’interview, et que son mari, dans le court extrait que l’on peut trouver sur Internet, cherche en fait à donner une certaine analyse historique et à essayer de faire en sorte de comprendre les racines du terrorisme islamiste ; elle soutient qu’il tentait simplement d’expliquer comment les États- Unis avaient en quelque sorte permis la montée en puissance d’Al Qaeda et d’Oussama Ben Laden, notamment pendant l’invasion soviétique de l’Afghanistan en soutenant les talibans et ainsi le radicalisme islamique, mais qu’en aucun cas il ne cherchait à justifier les attaques. Mais, comme le soulignent certains, il semble difficile en Occident de s’interroger sur le terrorisme, sur ses racines, sans d’emblée dire que les terroristes sont des « barbares irrationnels », sans être accusé par des mouvements populistes de vouloir le légitimer. Cependant, c’est justement en en comprenant les racines et les motivations, comme l’explique par exemple la spécialiste Louise Richardson, que l’on pourra démonter les pièges idéologiques de cette « guerre psychologique », rendant plus « facile » la lutte antiterroriste. Pascal Boniface la rejoint sur ce point en déclarant (en 2006) que « si demain on mettait fin 18 à l’existence de Ben Laden, le terrorisme ne s’arrêterait pas pour autant » …

16 GELLER (Pamela), ‘911 Mega Mosque Imam: ‘I don’t believe in religious dialogue’…cue up the Daisy Khan lies’, in Atlas Shrug, 27 mai 2010, < http://atlasshrugs2000.typepad.com/atlas_shrugs/2010/05/911-mega-mosque-imam-i-dont-believe-in- religious-dialogue-cue-up-the-daisy-khan-lies.html > 17 Cf Annexe n°8 18 BONIFACE, Pascal, « Islam et mondialisation », in Dailymotion, Forum de Fès –Une âme pour la mondialisation-, 2006 < http://www.dailymotion.com/video/x3iqvs_pascal-boniface-islam-et-mondialisa_news > 14 Jacquelin Coline - 2011 Partie première : pourquoi la « polémique park51 » ? un projet ambitieux dans un contexte historique et politique particulier

Enfin, les détracteurs de Feysal Abdul Rauf lui reprochent son obstination à vouloir que son centre interculturel soit situé à l’emplacement prévu initialement, à deux blocs d’immeubles du site des attentats du 11 septembre 2001. En effet, pour apaiser les tensions, certains proposent de maintenir le projet mais de choisir un autre emplacement, moins polémique c’est-à-dire situé plus loin du site dit de « Ground Zero », mais Feysal Abdul Rauf – ainsi que son épouse Daisy Khan - refuse, arguant que cela serait au contraire une victoire de ceux qui présentent l’Islam comme une menace, et que ce serait une réelle défaite pour la promotion du dialogue interreligieux. De plus, il explique que depuis plusieurs années l’immeuble sert de lieu de prières à des musulmans qui s’y rendent, faute de place dans d’autres lieux de culte,19 et que cela n’a jamais fait l’objet de débats. Ils sont soutenus par divers acteurs qui clament que c’est un faux argument et que jamais il n’y aura de « bonne distance », s’interrogeant sur la limite de celle-ci : « 10, 20, 100 kms ? », « cinq, douze blocs ? »20. Néanmoins, ce refus a entraîné des tensions entre les différents acteurs à l’origine du projet. Ainsi, Sharif El-Gamal, qui est avant tout un homme d’affaire, souhaitait apaiser les tensions de plus en plus vives en choisissant un autre lieu pour le centre communautaire afin de ne pas perdre son investissement dans l’emplacement de Park51. En effet, un des détracteurs particulièrement virulent de l’imam Feysal Abdul Rauf est le pasteur d’une petite communauté de chrétiens intégristes de Gainesville, en Floride, nommé Terry Jones. ème Celui-ci a créé la polémique peu avant le 9 anniversaire des attentats du 11 septembre 2001, en annonçant qu’il allait brûler, le jour du 11 septembre, des exemplaires du Coran – responsable selon lui des attentats de 2001 aux Etats-Unis -, et considérant que l’Islam est une religion de haine et de violence, que « l’Islam est diabolique » (« Islam is of the Devil »), comme l’assène le titre du livre21 qu’il a écrit et devenu le slogan de ses soutiens. Bien que ce pasteur ne représente qu’une communauté composée d’une cinquantaine de personnes uniquement, et qu’il soit jusqu’ici quasi-inconnu, ses déclarations ont été très fortement relayées dans la presse Américaine mais aussi mondiale, lui conférant une visibilité internationale à lui, ainsi qu’à sa « communauté religieuse » nommée « Dove World Outreach Center » ( « Centre Colombe pour aider le monde »). Il est tout d’abord intéressant de s’attarder sur le nom de la communauté du pasteur Jones, qui évoque d’emblée la recherche de la paix, en particulier avec le symbole de la colombe ; pourtant, derrière ce nom se cache un profond intégrisme (oppositions virulentes à l’avortement, dénonciation de l’homosexualité comme un immense pêché, violentes diatribes contre l’Islam, et volonté d’une application extrêmement rigoriste des « enseignements de la Bible »). Après avoir créé un soulèvement international suite à ses déclarations sur sa volonté d’autodafé, Terry Jones a finalement annoncé la veille du 11 septembre qu’il renonçait à ce projet, en déclarant que ce revirement était du à sa rencontre avec l’intermédiaire de Feysal Abdul Rauf, l’imam Mohammed Musri, qui, selon lui, lui aurait certifié que l’emplacement du projet de centre interculturel, de « mosquée » selon Terry Jones, serait revu. Mais ces déclarations ont aussitôt été démenties par Mohammed Musri comme par Feysal Abdul Rauf, ravivant les menaces d’autodafé du pasteur Jones si le projet n’était pas déplacé. Il semble tout de même légitime de s’interroger sur les réelles motivations de Terry Jones ; en effet, il représente un groupe ultra-minoritaire en Amérique, et c’est un euphémisme, qui était 19 Selon l’Université de Columbia, il y aurait entre 600 000 et 700 000 musulmans à New-York (source : « L’Amérique et l’Islam : entre intégration et rejet », in Courrier International, n°1036 du 9 septembre 2010 20 SIMON (Marie), « Pourquoi la « mosquée de Ground Zero » fait polémique », in L’Express, 18 août 2010, < http:// www.lexpress.fr/actualite/monde/amerique/pourquoi-la-mosquee-de-ground-zero-fait-polemique_913068.html > 21 JONES (Terry), Islam is of the Devil, Creation House, 176 p. Jacquelin Coline - 2011 15 PARK51 : L’INSTRUMENTALISATION D’UN PROJET D’ÉDIFICE URBAIN ÉRIGÉ EN SYMBOLE POLITIQUE

totalement inconnu jusqu’à ses déclarations annonçant sa volonté de brûler des exemplaires du Coran : ceci semble donc être une opération de communication pour se faire connaître et tenter d’étendre son influence et ses idées, ce qui a en partie fonctionné, du moins quant à sa renommée vu l’intérêt porté par les médias du monde entier. Mais, au-delà de ce qui apparaît comme une première « stratégie médiatique », il semble qu’il se soit également servi du projet de Feysal Abdul Rauf comme opportunité pour justifier ses menaces et ses actes ; sa « marche-arrière » le 10 septembre 2010 suite à une soi-disant acceptation par Feysal Abdul Rauf que le projet soit déplacé, puis le fait qu’il mette finalement ses menaces à exécution le 20 mars 2011, se justifiant ensuite entre autre en disant que le projet Park51 était une provocation et que Feysal Abdul Rauf n’avait pas respecté son soi-disant engagement. Il semble bien que le projet Park51, au-delà des oppositions initiales que pouvait y avoir le pasteur Jones du fait de son intégrisme religieux et de ses positions vis-à-vis de l’Islam, ait tout de même été instrumentalisé par le pasteur, s’en servant comme prétexte pour servir ses propres intérêts, à savoir accroître sa renommée et celle de sa « communauté », et provoquer une hausse du rejet de l’Islam et de la perception des Musulmans comme provocateurs et menaçants pour l’Amérique. Et si la volonté de Feysal Abdul Rauf de ne pas choisir un autre lieu pour son projet n’a pas changé, il apparaît que les nombreuses critiques faites par rapport à la localisation, et notamment le scandale provoqué par Terry Jones aient eu un impact sur l’évolution du projet puisqu’elles ne semblent pas étrangères aux dissensions apparues au sein des initiateurs et promoteurs du projet, et à l’évolution de la hiérarchie dans la répartition des rôles pour mener à bien le projet, et une possible évolution dans ce que le centre – s’il voit le jour – sera, par rapport à la volonté initiale du couple Feysal Abdul Rauf/Daisy Khan. Ainsi, le 15 janvier 2011, Sharif El-Gamal a annoncé avoir fait appel à un autre imam, Abdallah Adhami, pour s’occuper de l’aspect religieux du projet, déclarant en même temps que l’imam Feysal Abdul Rauf continuerait à faire partie du projet mais aurait un rôle moindre que celui qu’il avait jusqu’alors. Mais depuis, les tensions se sont encore accentuées, d’abord après un scandale impliquant Abdallah Adhami seulement trois semaines après sa nomination après que celui-ci a tenu des propos homophobes. Et, au mois de juillet 2011, il semble que le partenariat entre le couple Rauf/Khan et Sharif El-Gamal se soit définitivement rompu ; en effet, comme l’explique Andrea Stone dans un article publié sur le site Internet Islamophobia Today : Rauf et sa femme Daisy Khan […] ne sont plus affiliés à « Park 51 ». […] Les tensions avec Gamal – il dit qu’il a « invité » Rauf a rejoindre le projet et non l’inverse – ont précipité le départ de l’imam. Le mois dernier, Rauf a effectué une tournée nationale pour promouvoir un centre séparé, moins centré sur le caractère musulman, qui inclurait toutes les religions. 22 Ainsi, les polémiques autour du centre semblent bien avoir fait céder l’imam Feysal Abdul Rauf et sa femme, malgré les discours que Daisy Khan continue à tenir comme lorsqu’elle déclarait que « [son mari et elle] ne [sont] pas tant attachés à la localisation mais plutôt à la vision [qu’ils ont] [du centre] » et que « [leur] rêve est toujours bien vivant. ».23

22 STONE (Andrea), ‘As 9/11 Anniversary Approaches, ‘Ground Zero Mosque’ Developer Hopes No Return Of Media Circus’, in Islamophobia Today, 26 juillet 2011, < http://www.islamophobiatoday.com/2011/07/26/as-911-anniversary- approaches-ground-zero-mosque-developer-hopes-no-return-of-media-circus/ > 23 Ibid. 16 Jacquelin Coline - 2011 Partie première : pourquoi la « polémique park51 » ? un projet ambitieux dans un contexte historique et politique particulier

Néanmoins, le couple est à l’heure actuelle incapable de dire comment ils vont récolter les fonds pour leur projet, ni où celui-ci s’établirait.

C. De la légitimité juridique et institutionnelle du projet Park51 Au-delà des oppositions idéologiques concernant le projet, il apparaît également essentiel de s’intéresser à l’aspect juridique et institutionnel de celui-ci, afin de savoir avant toute chose s’il serait légalement possible d’être construit. Ainsi, le 3 août 2010 les autorisations administratives et juridiques de la ville et de l’État de New-York ont donné leur feu vert au projet, rendant légalement possible la construction du centre communautaire. En effet, la « City’s Landmarks Preservation Commission » qui est l’autorité en charge d’attribué ou non le statut d’édifice (entre autre) préservé – ce qui rendrait dès lors impossible sa transformation -, a rendu unanimement un avis défavorable concernant le classement de l’immeuble de l’ancienne « Burlington Factory Coat » en édifice préservé. Avec cet avis, il est alors tout à fait possible pour les nouveaux propriétaires de transformer ce lieu comme ils le souhaitent. En outre, le maire de New-York, Michael Bloomberg, s’est très vite prononcé en faveur du centre, y apportant alors un soutien précieux de par la force de son implication et de par son statut de maire de la ville, mais également d’homme de confession juive, ce qui donnait encore plus de crédit au discours de Feysal Abdul Rauf prônant le dialogue interreligieux ; le jour même de l’obtention du vote de la City’s Landmarks Preservation Commission, favorable au projet alors appelé « Cordoba House », Michael Bloomberg s’exprimait à ce propos dans un discours long d’un peu plus de sept minutes, dans lequel il déclarait : Nous sommes venus ici à « Governors Island» pour nous établir à l’endroit où les premiers colons ont posé un pied à la Nouvelle Amsterdam, et où les germes de la tolérance religieuse ont été plantés pour la première fois. […] Cela rend New-York spéciale, différente et forte. […] Nos portes sont ouvertes à tous – tous ceux qui ont un rêve et la volonté de travailler dur et de respecter les règles. New-York a été construite par des immigrés […], par des personnes venant de plus d’une centaine de pays différents parlant plus de 200 langues, et pratiquant toutes les religions. Nous ne sommes certainement pas toujours d’accord avec chacun de nos voisins […] mais nous reconnaissons qu’être New-Yorkais signifie vivre avec ses voisins dans le respect et la tolérance mutuelle. C’est exactement cet esprit d’ouverture et d’acceptation qui a été attaqué le « 11- Septembre ». […] De toutes nos précieuses libertés, la plus importante doit sans doute être la 24 liberté du culte que nous souhaitons. […]. On remarque d’emblée la référence au passé et à la construction même de la ville de New-York, faisant appel à la mémoire collective de ses habitants et plus généralement des Américains quand il évoque « Governors Island », le lieu qu’il a choisi pour prononcer son discours ; en effet, cette île aux abords de Manhattan est particulièrement symbolique dans l’Histoire des Etats-Unis puisqu’elle fut un des bastions de l’armée Américaine au tout début de la guerre d’Indépendance. Cela donne plus de crédit et de force à son discours, puisqu’il rappelle aux auditeurs qu’ils sont tous eux-mêmes là car leurs ancêtres y ont émigré,

24 ‘Mayor Bloomberg Discusses the Landmarks Preservation Commission Vote On 45-47 Park Place’, in Youtube, [en ligne], 3 août 2010, [page consultée le 17 juillet 2011] < http://www.youtube.com/watch?v=kXm_fUDfJZQ > Jacquelin Coline - 2011 17 PARK51 : L’INSTRUMENTALISATION D’UN PROJET D’ÉDIFICE URBAIN ÉRIGÉ EN SYMBOLE POLITIQUE

remémorant probablement dans l’inconscient collectif les causes de cette émigration, à savoir l’impossibilité de pratiquer en paix leur religion…Le but recherché ici est de faire en sorte que chaque New-Yorkais s’identifie au moins quelques instants aux Musulmans qui, selon Michael Bloomberg, subiraient également une entrave au libre exercice de leur culte et une discrimination si on leur refusait le droit de construire cette « mosquée ». De plus, il insiste sur le fait que New-York serait « spéciale », à part : il joue alors sur la tradition de tolérance de cette ville pour appeler les habitants à ne pas faire défaut à cette réputation ; il use d’arguments d’autorité historique et d’un raisonnement qualifié « d’éthique » par Patrick Charaudeau, puisqu’il pose en principe d’action le fait que les New-Yorkais doivent perpétuer cette tradition de multiculturalisme et de tolérance, donc accepter le projet Park51. La mise en scène du discours contribue également à rappeler cet idéal de tolérance et d’accueil, puisque le maire de New-York est positionné de façon à ce que, juste derrière lui, on aperçoive la Statue de la Liberté sur l’île « d’Elis Island », symbole d’accueil des immigrés puisque c’est par elle que transitaient tous les nouveaux arrivants aux États-Unis. En outre, il souligne que cette ville doit accueillir « tous ceux qui sont prêts […] à respecter les règles. ». Dès lors, il tente de couper l’herbe sous le pied de ceux qui l’accuseraient de laxisme, de ne pas savoir protéger sa ville du danger et d’accepter des comportements ou éléments menaçants, comme pourrait l’être la volonté d’édification du centre culturel de Feysal Abdul Rauf. En précisant cela, il sous-entend qu’il n’accorderait pas son soutien à un tel projet s’il ne respectait pas les règles ou les valeurs Américaines, ce qui a pour but de rassurer les auditeurs, puisqu’il ne se prononce pas seulement à titre personnel mais en tant que maire de la ville, ce qui lui confère un statut d’autorité, une parole à laquelle on accorde alors plus de crédibilité et de confiance. En faisant ensuite explicitement référence au « 11- Septembre », il use d’une stratégie qui lui permet de retourner à son avantage l’analogie négative faite entre cet évènement et le projet au cœur du débat ; en effet, en expliquant que les terroristes s’en sont justement pris à la tolérance au travers de ces attaques, il insinue que ce serait leur infliger une défaite que de construire ce centre interculturel qui représente selon lui l’ouverture à l’autre. Michael Bloomberg poursuit son discours en retraçant brièvement mais de manière hautement symbolique l’Histoire de New-York puisqu’il cite plusieurs évènements relatifs à la lutte pour la liberté de religion, afin encore une fois de tenter de persuader son auditoire que c’est, là aussi, de cela qu’il s’agit en ce qui concerne la « Cordoba House ». Ainsi, il déclare ensuite que : Ce matin, la Commission de Préservation des monuments classés de la ville a unanimement voté en défaveur de l’extension à l’immeuble [où doit se construire la « mosquée »] du statut de monument préservé. […] Mais avec ou sans ce statut, il n’y a rien dans la loi qui interdise aux propriétaires d’y ouvrir une mosquée. […] Le gouvernement n’a pas le droit de dénier ce droit, et s’il le faisait ce serait […] une violation de la Constitution des États-Unis.25 Ici, le maire de New-York se sert de la Constitution Américaine pour appuyer ses propos, affirmant que personne, pas même au plus haut niveau de l’État ne peut interdire ce projet, sans quoi cela représenterait une violation du texte fondateur du pays et une remise en question de la base même des États-Unis d’Amérique. En effet, d’après le premier amendement de la Constitution Américaine, adopté le 15 décembre 1791 dans le cadre de la Déclaration des droits :

25 Ibid. 18 Jacquelin Coline - 2011 Partie première : pourquoi la « polémique park51 » ? un projet ambitieux dans un contexte historique et politique particulier

Le Congrès ne fera aucune loi qui touche l'établissement ou interdise le libre exercice d'une religion, ni qui restreigne la liberté de la parole ou de la presse, ou le droit qu'a le peuple de s'assembler paisiblement et d'adresser des pétitions au gouvernement pour la réparation des torts dont il a à se plaindre. 26 Michael Bloomberg insiste sur ce point, en faisant le cœur de son argumentaire puisqu’il explique alors que quelque soit l’opinion que l’on peut avoir concernant ce projet de « mosquée », rien n’autorise quiconque à s’y opposer et que ce n’est en rien renier la tragédie que représente pour les Américains et les New-Yorkais le « 11-Septembre » : Le site du World Trade Center aura toujours une place spéciale dans notre ville, dans nos cœurs. Mais nous renierions la meilleure partie de nous-mêmes – en tant que New-Yorkais et en tant qu’Américains – si nous disions « non » à cette mosquée dans le Lower Manhattan.27 A ceux qui assènent que cette « mosquée » serait une insulte à la mémoire des victimes des attentats du 11 septembre 2001 et une victoire pour les islamistes, il répond : N’oublions pas que des Musulmans étaient parmi ceux tués le « 11-Septembre » et nos voisins musulmans ont souffert avec nous en tant que New-Yorkais et Américains. […] Nous jouerions le jeu de notre ennemi si nous traitions les Musulmans différemment. Se terrer dans un sentiment populiste serait une victoire pour les terroristes […]. Nous n’honorerions pas [la vie des victimes et de ceux qui se sont battus pour défendre notre pays] en déniant les droits constitutionnels pour la protection desquels ils se sont battus et sont morts. Nous honorons ces vies en défendant ces droits, et les libertés que les terroristes ont attaquées.28 Enfin, il termine en essayant de persuader les plus réticents au projet en déclarant qu’il comprend tout à fait et qu’il est selon lui entièrement légitime de se poser des questions sur les réelles intentions des organisateurs du projet de la mosquée, que certains accusent de provocation voire d’agir pour le compte de réseaux islamistes. Mais il insiste sur le fait que ceux-ci respectent finalement totalement les valeurs et traditions New-Yorkaises et Américaines de tolérance et d’ouverture, en ayant pour projet de favoriser l’inter-culturalité. D’un point de vue personnel, mais également en essayant d’apporter un regard distancié propre à un travail de recherche et d’analyse, ce discours m’est apparu, outre convaincant, comme un exemple de discours politique « réussi », dans le sens où, d’après moi, le locuteur intègre et maîtrise parfaitement les techniques de persuasion propres à un discours politique. Comme je l’ai montré, il s’appuie à la fois sur l’affect de l’auditoire, c’est- à-dire sur ce qu’on appelle le registre du pathos (souvenir du traumatisme des attentats, processus d’identification de l’auditoire…) mais emploie également un argument d’autorité puissant puisque, outre l’aura que lui confère sa fonction, que Patrick Charaudeau nomme l’ethos, il se réfère indirectement à Dieu en insistant sur le droit constitutionnel à la liberté de religion, Constitution associée dans l’inconscient collectif non seulement à la volonté des Pères Fondateurs, mais plus largement à celle de Dieu, puisque les États-Unis seraient une 26 « Constitution des Etats-Unis d’Amérique », in Bibliothèque Jeanne Hersh, < http://www.aidh.org/Biblio/Text_fondat/ US_04.htm > 27 ‘Mayor Bloomberg Discusses the Landmarks Preservation Commission Vote On 45-47 Park Place’, 3 août 2010, < http://www.youtube.com/watch?v=kXm_fUDfJZQ&feature=player_embedded > 28 Ibid. Jacquelin Coline - 2011 19 PARK51 : L’INSTRUMENTALISATION D’UN PROJET D’ÉDIFICE URBAIN ÉRIGÉ EN SYMBOLE POLITIQUE

terre promise. Enfin, il tente d’apparaître comme un homme qui ne se laisse pas dominer par ses convictions personnelles mais qui veut avant tout, que ce soit à propos de ce sujet ou d’un autre, préserver son pays et ses valeurs ; ainsi, alors qu’il est justement attaqué sur le sujet de la préservation des valeurs Américaines, il se réapproprie cet argument en le tournant en sa faveur. Dès lors, Michael Bloomberg dans ce discours parvient à employer des techniques argumentatives de conviction, c’est-à-dire de « pur raisonnement tourné vers l’établissement de la vérité »29 en faisant appel au logos qui implique de faire une démonstration fondée sur la raison, comme lorsqu’il fait référence à la Constitution Américaine et qu’il explique que ce n’est pas une question d’approuver ou non ce projet mais une question de liberté de religion. Mais, dans le même discours, il use également beaucoup des techniques de persuasion qui, d’après Patrick Charaudeau sont systématiques dans les discours politiques ; ainsi, il fait appel au pathos et à l’éthos dans le but de créer un « mouvement émotionnel » de la part de son auditoire, qui devient plus réceptif à ses arguments. Le projet semble alors valide tant au niveau juridique avec le vote du 3 août 2010, qu’au niveau constitutionnel, avec le premier amendement de la Constitution. Mais malgré tout, des oppositions persistent. En premier lieu, Timothy Brown, un ancien pompier New-Yorkais étant intervenu lors des attentats du 11 septembre 2001, a fait appel en mars 2011 de la décision de la « City’s Landmarks Preservation Commission » du 3 août 2010 arguant que celle-ci avait rendu une décision arbitraire influencée par le maire de New-York. Cependant, comme l’explique Colin Moynihan de The New York Times, le juge de la Cour Suprême de Manhattan a définitivement rejeté la demande de Mr Brown en juillet 2011, en indiquant que ce dernier n’avait aucun droit légal de s’opposer à cette décision, sans quoi « chaque officier de police et pompier qui travaillait ce jour là aurait le droit d’intercéder dans le développement de chaque projet à proximité de Ground Zero. »30 En second lieu, certains continuent malgré tout de contester le caractère constitutionnel de ce projet, s’appuyant sur des arguments islamophobes ; ceux-ci mettent en avant ce qu’ils présentent comme des préceptes coraniques (lapidation pour les femmes coupables d’adultère, fatwas…) pour justifier le fait que les libertés constitutionnelles Américaines, donc le premier amendement, ne s’appliqueraient pas à l’Islam car cette religion ne serait pas comme les autres de part son caractère guerrier, haineux et violent ; dès lors, l’Islam ne pourrait prétendre à la liberté de religion prônée par le premier amendement du fait qu’il n’apporterait pas lui-même les libertés requises aux individus le pratiquant et aux autres.

29 CHARAUDEAU (Patrick), « Quand l’argumentation n’est que visée persuasive. L’exemple du discours politique.»,in Burger M. et Martel G., Argumentation et communication dans les médias, Coll. « Langue et pratiques discursives », Éditions Nota Bene, Québec, 2005, 2005, [consulté le 26 janvier 2011] sur le site de Patrick Charaudeau - Livres, articles, publications. http://www.patrick- charaudeau.com/Quand-l-argumentation-n-est-que.html 30 MOYNIHAN (Colin), ‘Fight on Islamic Center Flares Anew as Ex-Firefighter Takes His Case to Court’, in The New York Times, March 15, 2011, < http://www.nytimes.com/2011/03/16/nyregion/16mosque.html?_r=1&emc=tnt&tntemail1=y > 20 Jacquelin Coline - 2011 Partie première : pourquoi la « polémique park51 » ? un projet ambitieux dans un contexte historique et politique particulier

II – Apres l’urss et le déclin du communisme, la construction d’un nouvel ennemi pour les états-unis : l’islam

A. Les Etats-Unis en crise d’identité : la construction d’un « autre » comme ennemi facilite la définition d’un « soi » Pour de nombreux auteurs, il y aurait actuellement aux États-Unis un contexte de méfiance plus ou moins forte envers l’Islam, qui s'expliquerait en grande partie par un besoin permanent pour ce pays de se confronter à un « Autre », dans la mesure où ce serait une nécessité pour eux dans leur processus d’auto-identification et de définition d’eux-mêmes. En premier lieu, comme le théorise Georges Corm dans son ouvrage Orient-Occident, la fracture imaginaire, les U.S.A. n’ont, après la chute de l’U.R.S.S., plus vraiment de véritable ennemi, tout au moins d’adversaire considéré comme principal et présentant une réelle menace pour eux. Devenus superpuissance unipolaire, les États-Unis attirent certes des critiques et font l’objet de l’hostilité d’autres États dans le monde, mais aucun d’entre eux ne constitue une seule véritable et puissante opposition à laquelle ils feraient face. Néanmoins, loin d’être seulement un avantage pour les États-Unis, George Corm explique au contraire que, dans ce contexte, ils connaitraient depuis la fin de la Guerre Froide une crise identitaire, et que les attentats du 11 septembre 2001 leur auraient servi de prétexte à la construction d’un nouvel ennemi aux valeurs soit disant différentes, l’Islam, un « autre » qui leur permettrait alors à nouveau de se définir eux-mêmes, par opposition. En effet, la définition de soi, de ce que l’on est, se ferait systématiquement par opposition à quelque chose de différent, qui nous paraît étranger, et qui nous permettrait de forger ou au moins d’avoir une sensation de conscience de ce qu’est notre propre identité ; sans cela, les contours de celles-ci seraient flous ce qui mènerait à une crise identitaire. Cette théorie serait applicable non seulement aux individus mais à toute autre entité y compris les États. De fait, pendant toute la période de la Guerre Froide les États-Unis auraient connu une période de confiance en se représentant et en pensant être perçus comme les protecteurs du monde libre, tant sur le plan économique que politique, face à la menace de l’U.R.S.S. et de l’ensemble du bloc communiste. Comme l’explique P.V. Jakobsen, « comme dans les années passées, les États-Unis ont la responsabilité d’être les leaders »31. Mais avec l’effondrement de l’empire soviétique, il fallait pour les États-Unis retrouver un « autre » qui leur permettrait de continuer à se percevoir comme tel et à ne pas connaître une remise une question de ce qu’ils pensent être leurs valeurs et leur identité à préserver. Ainsi, Condoleeza Rice alors Conseillère à la Sécurité Nationale des États-Unis déclarait au début des années 2000 que « les U.S.A. trouvaient extrêmement difficile de définir leurs intérêts nationaux en l’absence du pouvoir soviétique. »32 George Corm évoque la construction par les États-Unis d’une fracture imaginaire qu’il y aurait entre l’Orient et l’Occident, et plus particulièrement entre l’Islam et l’Occident, dont ils s’investissent alors une nouvelle fois de la mission de protecteurs face à cette menace. 31 JAKOBSEN (Peter Viggo ), ‘Coercive Diplomacy’, in COLLINS (Alan), Contemporary Security Studies, New-York, Oxford University Press, 2007, p.206 32 C.Rize, citée par Rutland (P) et Dubinsky (G), in ‘US foreign policy in Russia’, in US Foreign Policy, Oxford University Press, 2008, p.258. Jacquelin Coline - 2011 21 PARK51 : L’INSTRUMENTALISATION D’UN PROJET D’ÉDIFICE URBAIN ÉRIGÉ EN SYMBOLE POLITIQUE

L’auteur explique que l’image de ce nouvel ennemi aurait commencé à peine quelques années après l’effondrement de l’U.R.S.S., avec notamment la première théorisation importante de ce soit disant nouveau danger par Samuel Huntington et sa théorie du « Choc des Civilisations ». D’abord marginalisée, elle se serait peu à peu développée dans les cercles intellectuels, de dirigeants, et au sein même de la population, atteignant son apogée avec les attentats du 11 septembre 2001. Une autre théorie, celle de Barry W. Lynn (Directeur de « l’American United for the Separation between Church and State », un groupe qui milite pour la séparation des Églises et de l’État, pour la neutralité de ce dernier en ce qui concerne les questions cultuelles), avance également que la polémique autour du projet Park51 s’inscrirait dans un contexte plus général de nécessité pour les États-Unis de définir une menace que construirait « un autre », aussi flou soit-il. Ainsi, il soutient qu’il y aurait une tendance régulière aux États-Unis, à savoir que ceux-ci auraient une tradition affichée de tolérance mais connaitraient en fait des cycles longs d’une cinquantaine d’années, qui les pousseraient à se tourner à chaque nouveau cycle vers une « minorité », un ensemble d’individus qui ne correspondraient pas aux valeurs Américaines et qui constitueraient une menace selon eux. Barry W. Lynn explique que ce fut par exemple le cas durant la Guerre Froide, la « minorité » étant constituée par les communistes puisque ceux-ci faisaient partie du camp ennemi soviétique. Et, comme George Corm, Barry W. Lynn écrit que, suite à la fin de la Guerre Froide et du cycle de la menace communiste, les États-Unis seraient entrés dans un nouveau cycle et auraient comme nouveau combat la lutte contre la menace islamiste. En effet, on peut considérer que le cycle de la menace communiste a duré une cinquantaine d’années, de la seconde moitié des années 1940 à quelques années après la fin du bloc communiste ; en effet, même si ces derniers n’étaient plus une menace directe, ils étaient encore dans l’inconscient collectif « l’ennemi ». Un exemple qui peut paraître trivial mais qui n’en est pas moins représentatif est par exemple le fait que dans les films Américains des années 1990, les « méchants » étaient la plupart du temps des russes. Puis, en même temps que ce qui constituerait le nouveau cycle le « méchant russe » à laissé la place au « dangereux islamiste ». Enfin, dans l’ouvrage collectif Islam, médias et opinions publiques, déconstruire le « choc des civilisations » , le chercheur et auteur Emran Qureshi publie un chapitre intitulé « USA, la nouvelle Guerre Froide entre « Islam » et « Occident » ». Il y décrit en effet ce qui pour lui a remplacé la Guerre Froide entre les U.S.A. et l’U.R.S.S., à savoir ce qu’il nomme « la construction d’un ennemi musulman », dans le but de crée une nouvelle Guerre Froide. Ainsi, il explique qu’il y aurait depuis la chute de l’ennemi soviétique une volonté croissante, dans les milieux conservateurs mais aussi au sein de la droite chrétienne et évangéliste, de créer un amalgame entre les musulmans islamistes et l’ensemble des musulmans, dans le but d’un regain de patriotisme, face à la menace d’un nouvel ennemi. Pour Emran Qureshi, cela passe en grande partie par les discours, tant dans les médias que dans les cercles politiques ou religieux, et il cite par exemple Pat Robertson, le baptiste ultra conservateur fondateur du très conservateur et évangéliste réseau CBN (« Christian Broadcasting Network »), mais aussi la chaîne de télévision conservatrice Fox News, contrôlée par l’influent Rupert Murdoch –magnat de la presse également à la tête du New York Post ou encore du Wall Street Journal -. Ainsi, pour E. Qureshi, « ce qui n’était […] que des idées et des idéologies marginalisées se sont disséminées et ont trouvé un public réceptif [...] [car] en période de changement radical […], ces idéaux […] rencontrent une réceptivité qu’ils n’auraient pas eu autrement. » La fin de l’affrontement avec l’U.R.S.S. communiste a alors, à travers un processus discursif de grande ampleur, marqué l’avènement d’un nouvel ennemi, l’Islam, puisque l’auteur explique que face à la

22 Jacquelin Coline - 2011 Partie première : pourquoi la « polémique park51 » ? un projet ambitieux dans un contexte historique et politique particulier

peur et au sentiment d’être assiégé par des éléments mettant en péril la société dans laquelle on vit, se développe un besoin de désigner, et par ailleurs souvent de construire un bouc-émissaire qui devient le nouvel ennemi. L’identification précise de la menace, la désignation claire d’un ennemi est paradoxalement nécessaire pour se sentir plus en sécurité puisqu’à même de lutter contre cet ennemi que l’on a cerné et sur lequel on peut alors concentrer sa lutte. Dès lors, on remarque que de nombreux auteurs se rejoignent, malgré des différences dans leur théorie, sur le fait qu’il y aurait effectivement un réel contexte de méfiance, voire de peur envers l’Islam, qui trouverait racine dans la nécessité pour les États-Unis d’avoir en permanence un « Autre » par rapport auquel se définir via un processus d’opposition. Néanmoins, que l’on soit ou non d’accord avec ses théories, on peut se demander pourquoi cet « Autre » semble bien à chaque fois être l’Islam et les musulmans ? Cette question pourrait à elle seule faire l’objet d’un grand développement sur des racines multi- causales, mais le journaliste Chris Hondros donne, de son point de vue, un premier élément d’explication en écrivant dans L’Express : Pour mémoire, dans l'épopée mythique du Mayflower, cette « arche de Noé » qui amena sur les rives du Nouveau Monde un échantillon d'Européens persécutés à cause de leurs opinions ou de leur religion, on comptait des chrétiens, des juifs, mais aucun musulman. Quatre siècles plus tard, l'Islam apparaît toujours comme un élément complètement étranger et indésirable […]. 33

B. Le contexte de la « Guerre contre la Terreur » suite aux attentats du 11 septembre 2001 : une politique de « containment » voire de « roll back » face à l’Islam ? Le climat de menace permanente dans lequel vivent les Américains après le 11 septembre 2001 crée un contexte favorable à la mise en place de politiques sécuritaires et induit une certaine redéfinition de la politique étrangère des États-Unis. En effet, l’administration Bush met très rapidement en place ce qui va être nommé la « War On Terror » ou « Guerre contre la Terreur », définie comme une vaste lutte internationale pour tenter d’éradiquer le terrorisme. Mais, s’il existe plusieurs catégories de terrorisme, en ce sens où l’on peut distinguer le terrorisme nationaliste de groupes comme E.T.A., le terrorisme dit criminel comme en Colombie avec le Cartel de Medellin etc., cette « Guerre contre la Terreur » se focalise en réalité sur le terrorisme confessionnel et plus particulièrement islamique ; dès lors, cette « Guerre contre la Terreur » semble plus s’apparenter à une « War On Islamic Terror(ism) ». Il apparaît alors légitime de se demander si cette guerre n’est en fait pas un prétexte pour tenter de contenir voire d’affaiblir au maximum la menace que constituerait « l’Autre », tel que défini auparavant, c’est-à-dire l’Islam. En effet, il apparaît que les États-Unis semblent s’être appuyés sur cette guerre pour développer la vision de l’Islam comme nouvel ennemi, pour mettre en place une construction sociale de la soi-disant menace à travers notamment un important processus discursif. En effet, notre vision du monde et la façon dont nous percevons les « Autres » sont en partie façonnés par ces processus discursifs mis en place par les acteurs les plus

33 HONDROS (Chris), « Obama face à la peur Américaine de l’Islam », in L’Express, 9 septembre 2010 < http://www.lexpress.fr/ actualite/monde/amerique/obama-face-a-la-peur-americaine-de-l-islam_918127.html > Jacquelin Coline - 2011 23 PARK51 : L’INSTRUMENTALISATION D’UN PROJET D’ÉDIFICE URBAIN ÉRIGÉ EN SYMBOLE POLITIQUE

puissants, qui ont la capacité d’imposer via leur soft power34 leur propre vision du monde, ou du moins celle qu’ils souhaitent voir partagée par l’opinion publique. Cette théorie est notamment développée par les penseurs de ce qu’on appelle L’École de Copenhague, et plus précisément par Ole Waever et son concept de sécurisation : par ce terme, Ole Waever exprime l’idée que « des acteurs puissants utilisent la rhétorique sécuritaire (« speech- act ») pour convaincre une audience spécifique de la nature existentielle d’une menace. »35. Ces acteurs, en fonction de leurs intérêts, seraient dès lors en mesure de faire d’un groupe d’individus, d’un phénomène etc. une menace considérée comme importante par l’opinion publique, voire d’établir une hiérarchie des menaces ; en d’autres termes, la sécurisation signifie que, même si dans les faits tel ou tel phénomène (climatique, économique, sanitaire…) ne constitue pas le danger le plus imminent pour une société, il peut apparaître comme tel après avoir fait l’objet d’une construction sociale. Ainsi, il semblerait que les néoconservateurs de l’administration Bush aient contribué à créer une vision binaire du monde qui s’exprime notamment à travers la « War On Terror » et la rhétorique qui l’accompagne. La menace islamiste serait alors plus une construction sociale réalisée par ceux qui en ont le pouvoir et qui en voient l’intérêt – tout au moins dans la présentation de l’intensité de la menace, puisqu’on ne peut évidemment nier l’existence réelle de réseaux de terroristes islamistes tel qu’Al Qaeda, qui constituent un danger non inventé -, plutôt qu’une menace avérée. Outre l’opinion publique Américaine, cette idée de terrorisme islamiste comme première menace mondiale semble plus globalement s’être installée dans l’opinion publique occidentale. La politicienne néerlandaise et somalienne Ayaan Hirsi Ali connue pour ses prises de positions radicales contre l’Islam qu’elle considère comme violent, allant même jusqu’à comparer l’Islam radical au nazisme, n’hésite par exemple par à asséner que « [la civilisation occidentale] n’est pas indestructible [et qu’elle] doit être activement défendue. ». Cela rappelle alors le temps de la Guerre Froide où l’Occident, mené par les États-Unis, luttait contre le « monde communiste » qui menaçait les valeurs occidentales, période durant laquelle les Américains appelaient à tout faire pour contenir (politique de « containment ») voire faire reculer (politique de « roll-back ») cette menace. Dès lors, si la « War On Terror » semble bien stigmatiser l’Islam, peut-on pour autant en conclure que c’est l’unique et réel but de cette guerre, ce qui induirait une guerre menée sur fond d’islamophobie – qui se serait particulièrement développé suite aux attaques terroristes du 11 septembre 2001 - ? En réalité cela s’avère beaucoup plus complexe et, s’il est impossible de savoir avec certitude ce qui serait advenu sans ces attaques, on peut tout de même dire que la « Guerre contre la Terreur » trouve ses racines dans des explications bien plus diverses que la seule peur de l’Islam et, parmi elles, ont peut souligner la volonté et les intérêts de la nouvelle administration mise en place avec l’élection de George W. Bush à la Présidence des États-Unis. Les néoconservateurs tels que Dick Cheney ou encore Donald Rumsfeld souhaitaient par exemple un renforcement du pouvoir exécutif, qu’ils ont obtenu en justifiant sa nécessité dans le nouveau contexte de la « War On Terror » ; par ailleurs, ces derniers étaient extrêmement critiques envers la politique d’intervention de Bill Clinton et souhaitaient augmenter les moyens attribués à la Défense et aux intérêts nationaux, ce que leur a permis cette guerre avec une augmentation substantielle du budget accordé à la Défense ; enfin on peut évoquer la guerre en Irak, justifiée par le contexte de cette « Guerre 34 « Capacité d’avoir ce que vous voulez par l’attraction plutôt que par la coercition ou des paiements. Quand nos politiques sont vues comme légitimes dans les yeux d’autres, notre soft power est amélioré. » (Joseph Nye) 35 EMMERS (Ralf), ‘Securitization’, in COLLINS (Alan), Contemporary Security Studies, New-York, Oxford University Press, 2007, p.113 24 Jacquelin Coline - 2011 Partie première : pourquoi la « polémique park51 » ? un projet ambitieux dans un contexte historique et politique particulier

contre la Terreur » - alors même que Saddam Hussein n’avait aucun lien avec le terrorisme islamiste -, mais que les néoconservateurs souhaitaient depuis plusieurs années afin de renverser le leader Irakien. Considérant tous ces éléments, on s’aperçoit en réalité que la « War On Terror » est motivée par des raisons bien plus complexes qu’une simple volonté d’endiguer la « menace islamiste ». Néanmoins, on s’aperçoit que la peur de l’Islam a bien été instrumentalisée à travers des manœuvres politiciennes afin de masquer ces autres raisons, créant dès lors un cercle vicieux puisque renforçant dans l’opinion publique - Américaine notamment – cette vision de l’Islam comme une menace, et créant un climat anxiogène de suspicion vis-à-vis des Musulmans.

C. Le rapprochement fait entre l’Islam et les terroristes des attaques du 11 septembre 2001 conduit à une analogie entre Islam et terrorisme Il règne aujourd’hui dans l’imaginaire collectif Américain – mais pas seulement – une certaine analogie entre Islam et terrorisme, et ceci particulièrement depuis les attaques terroristes du 11 septembre 2001. Ce schéma mental « Islam = menace terroriste » s’est en effet globalement construit en deux phases : la première associant l’Islam aux attentats puisque ceux-ci ont été perpétrés au nom de l’Islam d’après leurs responsables ; la deuxième associant la religion musulmane au terrorisme islamiste en général, en faisant des attentats du 11 septembre 2001 un exemple - au sens où d’autres attaques pourraient avoir lieu - du danger et de la menace que représenterait l’Islam en lui-même. On trouve tout d’abord aux États-Unis des arguments qui induisent cette analogie entre Islam et terrorisme de manière plutôt implicite – consciente ou non-. On peut évoquer en premier lieu ceux pour qui le projet, c’est-à-dire la construction d’un édifice ayant un lien avec l’Islam, serait un affront aux victimes des attentats du 11 septembre 2001 et à leurs proches, argument qui conduit de fait à une analogie entre Islam et terrorisme islamiste. Si cette analogie n’est pas forcément empreinte d’une islamophobie que l’on pourrait qualifier de « volontaire » ou du moins réellement consciente, mais doit plus au choc et/ou à la douleur du souvenir des attentats du 11 septembre 2001, elle n’en est pas moins dangereuse pour la construction sociale de la vision de l’Islam ; de plus, cet argument d’affront aux victimes est souvent instrumentalisé par des individus s’opposant à tout projet en lien avec l’Islam, ce qui ne fait que renforcer le lien fait dans l’imaginaire collectif entre Islam et terrorisme. L’argumentaire est basé sur l’affect, instrumentalisé par les opposants qui opèrent une analogie entre l’Islam et le terrorisme islamiste, alors même que des musulmans sont morts dans les attentats du World Trade Center de Manhattan en 2001. Ainsi, l’accent est mis sur le fait que tous les terroristes kamikazes des attentats du 11 septembre 2001 étaient Musulmans, qu’ils ont commis ces attaques au nom de l’Islam d’après des vidéos qu’ils avaient enregistrées, et qu’elles ont été revendiquées par l’organisation terroriste islamiste Al Qaeda. Hormis les discours de responsables politiques ou religieux, ou encore de responsables d’associations de familles de victimes, on trouve également cet argument relayé en masse par une partie de l’opinion publique, Américaine mais aussi dans de nombreux autres pays,

Jacquelin Coline - 2011 25 PARK51 : L’INSTRUMENTALISATION D’UN PROJET D’ÉDIFICE URBAIN ÉRIGÉ EN SYMBOLE POLITIQUE

notamment via Internet - avec parfois un caractère islamophobe plus ou moins latent –. Sur un forum d’un site favorable à l’organisation S.I.O.A. on peut par exemple lire : « ce proget [sic] est inaceptable [sic] c’est une offence [sic] délibérée aux victimes.j’espere [sic] que les americains [sic] ne vont pas laisser faire cela. » (le grenade, le 7 juin 2010 à 18:34 )36 Un autre internaute commentait ainsi : « Ce projet indécent, de très mauvais gout, insulte les morts tombés avec les tours ainsi que les sauveteurs qui ont tentés [sic] d’aider ceux pris au piège de ces tours infernales. Ceux qui autorisent ce projet ont déjà oublié les morts innocents …..J’ose croire qu’ils ne se vanteront pas d’être “américains”, car même les étrangers européens ou autres ont souffert de voir des innocents périr dans cet acte de guerre sournois et très lâche. Que vos morts innocents dorment dans la paix. Que leur famille [sic] ne soient pas blessées une seconde fois en voyant s’élever une mosquée, emblème religieux de victoire, sur les cendres de Ground Zero. Que l’Amérique continue ses manifs. Respectons ces familles qui ont terriblement souffert. PRIONS que cette mosquée rejoigne les oubliettes à jamais. » (DEBOIS, le 7 juin 2010 à 20:47 )37

La photo ci-dessus est particulièrement représentative de l’association qui peut être faite entre l’Islam et les attentats du 11 septembre 2001, et par là même entre Islam et terrorisme. En effet, on y voit une femme brandir une pancarte sur laquelle on peut lire « Ne glorifiez pas les meurtriers de 3 000 [personnes] ; pas de mosquée « victoire du 11- Septembre ». Par ces phrases on voit bien que cette personne, comme beaucoup d’autres, considère que le projet Park51, du fait qu’il comporte une salle de prière musulmane – ou du fait qu’une partie de la population pense que c’est une mosquée –, serait un signe de capitulation face aux organisateurs des attentats et face aux islamistes et au terrorisme en général ; ce serait même une « glorification » de leurs actes. Mais la construction d’un monument ayant un lien avec l’Islam, même si c’était une mosquée, constitue t’il en soi une glorification des responsables des attentats et des terroristes islamistes ? On ne peut répondre de manière affirmative que si l’on considère – même inconsciemment- que la

36 Forum : http://www.bivouac-id.com/billets/une-organisation-porte-atteinte-a-sioa-stop-islamisation-of-america-en-le- classifiant-groupe-de-haine/ > 37 Forum : < http://www.bivouac-id.com/billets/une-organisation-porte-atteinte-a-sioa-stop-islamisation-of-america-en-le- classifiant-groupe-de-haine/ > 26 Jacquelin Coline - 2011 Partie première : pourquoi la « polémique park51 » ? un projet ambitieux dans un contexte historique et politique particulier

religion musulmane et ses lieux de cultes représentent une menace, que la pratique de l’Islam a un lien avec le terrorisme. Si on trouve des arguments qui induisent cette analogie entre Islam et terrorisme plus implicitement – de manière consciente ou non - comme on a pu le voir par exemple avec l’argument consistant à dire qu’une moquée près de Ground Zero était une insulte aux victimes du fait que les attentats ont été commis par des musulmans, certaines analogies sont beaucoup plus violentes et directes, et clairement islamophobes. Dans un article du quotidien Le Monde, le journaliste Sylvain Cypel cite une scène s’étant déroulée à Temecula en Californie, décrite dans The New York Times, au cours de laquelle des membres du « Tea Party » ont manifestés devant la salle de prière de la communauté musulmane de la ville et des alentours (environ 150 familles), en brandissant des pancartes sur lesquelles on pouvait lire que « les mosquées sont des monuments au terrorisme ». D’autres encore, dans le Tennessee, ont également manifesté contre l’élargissement d’une mosquée pour en faire un centre communautaire, sous prétexte que ces édifices religieux seraient des « camps d’entraînements pour terroristes ». On vient bien alors l’amalgame fait entre Islam et terrorisme, et à quel point les images de propagande montrant des mosquées puis des camps d’entraînements terroristes au Moyen-Orient ou en Asie Centrale ont marqué l’imaginaire collectif, à quel point le processus discursif et l’association symbolique d’images peuvent avoir un impact fort. Mais il ne faut pas omettre de souligner que, si pour certains ces analogies sont devenues de réels référents mémoriels plus ou moins conscients, d’autres, bien que cela n’exclut pas une part de racisme latent, feignent d’y croire pour en convaincre les autres, à des fins personnelles et politiques. Dans le processus d’association de l’Islam au terrorisme, on retrouve des procédés divers parmi lesquels les discours faisant des comparaisons directes, comme le décrit Fernanda Santos dans un article publié dans The New York Times 38. Elle y rapporte les propos d’un évangéliste, Bill Keller (homonyme du rédacteur un chef du quotidien Américain The New York Times), s’exprimant à propos du projet Park51. La journaliste souligne dans son article le lien inéluctable fait par l’évangéliste entre les musulmans et le terrorisme : Il nomme les potentiels fidèles de la mosquée coupables de terrorisme par association, en disant que ce sont « leurs frères musulmans [qui] ont projeté des avions contre les tours du World Trade Center et ont tué 3 000 personnes. Par ailleurs, on trouve également une propagande importante visant à associer Islam et terrorisme, propagée par le biais de spots télévisuels ou mis en ligne sur Internet ; je développerai et analyserai ici deux exemples. Disponible en ligne, la première vidéo de propagande a cependant été rejetée notamment par les grandes chaînes de télévision Américaines CBS et ABC, CBS faisant valoir que la vidéo ne « correspondait pas à [ses] standards ». Dans cette vidéo39 d’une minute, un maximum d’éléments de propagande anti Park51 sont réunis. Ainsi, elle est montée comme une bande-annonce de « blockbuster » Américain, avec des images chocs entrecoupées de quelques courtes phrases, sur fond de musique angoissante et avec les commentaires d’une voix-off au ton tout aussi grave et alarmant. Dès les premières

38 SANTOS (Fernanda), ‘From the Other Side of Ground Zero, Anti-Muslim Venom’, in The New York Times, 5 septembre 2010, < http://www.nytimes.com/2010/09/06/nyregion/06mosque.html > 39 ‘Kill the Ground Zero Mosque TV Ad’ < http://littlegreenfootballs.com/article/36746_The_Mega- Mosque_Hate_Video_Rejected_by_NBC_and_CBS > Jacquelin Coline - 2011 27 PARK51 : L’INSTRUMENTALISATION D’UN PROJET D’ÉDIFICE URBAIN ÉRIGÉ EN SYMBOLE POLITIQUE

secondes, apparaît le mot Jihad, xénisme qui d’emblée vise à provoquer un sentiment de peur chez le spectateur. Puis, on voit des hommes en armes, enturbannés, visiblement dans des camps d’entraînement - qui évoquent Al Qaeda et le terrorisme islamiste -, images ème immédiatement suivies de celles du 2 avion s’écrasant contre les tours du World Trade Center, ce procédé ayant pour but de jouer sur l’affect des Américains voyant ces images, traumatisés par les attentats du 11 septembre 2001, et pour qui les islamistes sont les « ennemis n°1 ». En fond, la voix-off explique « qu’ils » ont déclaré la guerre [avec cet attentat], « qu’ils » ont célébré la mort de 3 000 Américains. Ce « ils », pronom indéfini, est alors employé de façon pernicieuse puisque l’on entend également en accompagnement des images des « Allah Akbar » (« Dieu est le plus grand »), qui font automatiquement penser à l’Islam ; et on ne sait donc pas réellement qui ce pronom personnel englobe : les terroristes et responsables de l’attentat ? Les islamistes ? Les musulmans ?...En effet, un peu après on aperçoit des images de ce que l’on peut supposer être des musulmans (du fait du but de la vidéo de propagande), sautant de joie et en liesse, alors que la voix-off décline que « pendant que nous [les Américains] versons des larmes, « ils » se réjouissent. » On peut supposer sans trop extrapoler que le montage de ces images de Musulmans (en tout cas perçus comme tels) en fête après les images chocs de l’attentat et cette phrase a pour but d’associer dans l’inconscient collectif les musulmans aux attentats du World Trade Center le 11 septembre 2001. En outre, tout de suite après une image apocalyptique du site de cet attentat, on voit apparaître à l’écran la coupole d’une grande mosquée, accompagnée d’un commentaire expliquant « qu’ils » veulent construire une méga-mosquée de 13 étages à Ground Zero (là encore la succession des deux images a d’autant plus d’impact sur le spectateur), avec en fond sonore une musique patriotique Américaine que l’on entend lors des enterrements de soldats morts au combat par exemple. Celle-ci peut rappeler à la fois les victimes de l’attentat, mais aussi symboliser la guerre et donc la résistance à l’ennemi, ce qui est confirmé par la voix-off qui explique que « cette ‘mosquée’ est un monument [symbolisant] « leur » (là encore le recours au pronom indéfini permet de ne pas déterminer et citer clairement l’ennemi tout en insinuant qui il peut être) victoire et que c’est une invitation à la guerre. » On voit bien alors l’instrumentalisation de ce qui est désigné comme une « mosquée » pour sous-entendre qu’elle serait la victoire des ennemis dont on ne sait plus vraiment s’ils sont les islamistes ou bien les Musulmans qui apparaissent comme associés de toute façon de par leur religion à la menace terrorisme. Puis la vidéo se termine sur un appel à rejoindre le combat pour « tuer » (« Kill the mega mosque » qui peut aussi être traduit par « empêcher ») la mosquée de Ground Zero. Le champ lexical et le domaine de la guerre est alors fortement présent, tant par les mots que par les images. En conclusion de cette publicité de propagande, la voix-off déclare que « Nous serons entendus. » Les auteurs usent ici d’un procédé populiste, et par ce « nous » semblent désigner non seulement les opposants à la « mosquée » qui se considèrent comme protecteurs de la nation, mais aussi une certaine partie des Américains, le « nous » pouvant être entendus comme les « non- musulmans ».

ème 40 Dans la 2 vidéo créée et diffusée par « Secure Freedom Radio», on retrouve encore une fois de nombreux éléments faisant de manière plus ou moins implicite, à travers les images et le montage, une analogie entre Islam et terrorisme. « Secure Freedom Radio » se décrit comme un programme permettant aux citoyens Américains de savoir au mieux comment se protéger et lutter pour la sécurité nationale et internationale grâce aux conseils et aux interventions de « spécialistes » tels que des hommes politiques ou des militaires

40 Secure Freedom, ‘No mosque at Ground Zero’, < http://www.lemonde.fr/international/article/2010/08/13/les-musulmans- americains-s-inquietent-de-la-fin-du-ramadan-le-11-septembre_1398805_3210.html > 28 Jacquelin Coline - 2011 Partie première : pourquoi la « polémique park51 » ? un projet ambitieux dans un contexte historique et politique particulier

haut-placés, des journalistes, des experts etc. (le leader de « Civil Rights » Niger Innis, l’ancien directeur de la CIA James Woosley ou encore Newt Gingrich figurent parmi les intervenants). Il est écrit dans la présentation sur leur site officiel que « [les auditeurs] peuvent compter sur Secure Freedom Radio pour les tenir informés [des menaces] » et pour leur dire « comment les faire échouer ». Ainsi, dans une de leurs vidéos, ils appellent à rejoindre le mouvement contre la « mosquée de Ground Zero », et usent pour cela dans leur message d’une minute d’analogies entre Islam et terrorisme. Les techniques de persuasion employées sont singulièrement les mêmes que dans la vidéo précédente (voix- off et musique angoissante comme dans une bande-annonce, images et phrases chocs…) ; au milieu de la séquence, on aperçoit une photo de Feysal Abdul Rauf avec, sur sa gauche, l’image de la coupole d’une mosquée dans laquelle on aperçoit les tours jumelles du World Trade Center à Manhattan en feu, le jour des attentats du 11 septembre 2001. Cette image sert d’une part à dénoncer ce projet et faire en sorte que les spectateurs s’engagent contre, mais surtout, l’association visuelle très claire entre la coupole d’une mosquée et les tours en feu induit clairement une analogie entre le terrorisme et l’Islam, symbolisé par la coupole ; en effet, ce n’est pas une image de Ben Laden, d’Al Qaeda ou d’hommes en armes encagoulés qui est associée aux symboles des attentats, mais bien celle d’une mosquée. Puis, tout de suite après de nouvelles images des tours en flammes, on voit un attroupement d’hommes que l’on suppose être Musulmans en train de brûler un drapeau Américain, puis un second attroupement regardant des hommes ayant été pendus, mais que l’on ne devine que par leurs pieds dans le vide, ce qui rend l’image encore plus frappante et efficace, faisant associer au spectateur Islam et violence, barbarie, avant de montrer l’effondrement des « Twin Towers ». Par le montage de ces images et les symboles utilisés, la vidéo associe donc de manière implicite, mais pour autant très forte, Islam et attentats du 11 septembre 2001, et Islam et terrorisme, faisant craindre « qu’ils » recommencent. Il est alors important de souligner à quel point la maîtrise de la rhétorique et des symboles constitue une arme puissante pour faire passer un message, une idée, et donc son importance dans le domaine du politique – comme de la politique - ; ainsi, l’impact de ces vidéos dans l’inconscient et la mémoire collective est bien plus efficace et convaincant que si les opposants avaient simplement assené « Les musulmans sont des terroristes ». Là, les spectateurs sont beaucoup plus touchés par le choc des images, des symboles, puisque cela joue sur leur affect et leurs émotions, des schémas inconscients se construisant alors dans leurs imaginaires, ce qui permet de les convaincre plus aisément. Une autre image symbolique forte est celle du logo de S.I.O.A. (« Stop Islamization of America ») qui se décrit sur son site Internet officiel comme « une organisation de droits de l’Homme, dédiée à la liberté de parole, de religion, et aux droits individuels […] ». Là encore, on voit toute l’importance de la rhétorique puisqu’à y regarder de plus prêt, on s’aperçoit que cette organisation est bien loin de l’image qu’elle décrit dans ces quelques mots. Le nom même de S.I.O.A. (« Stop à l’Islamisation de l’Amérique »), ébranle sérieusement la soit disant défense de la liberté de religion ! Cette organisation dirigée par la bloggeuse « d’Atlas Shrugs » Pamela Geller et le Président du groupe « Jihad Watch » Robert Spencer, s’est vue refuser la déposition de son appellation par l’organisme en charge du contrôle de cela d’après « l’ U.S. Trademark Application N°77940881 relatif à ‘Stop Islamization of America’ » : Le nom pour lequel la demande a été faite fait référence de manière désobligeante aux Musulmans car, par définition, cela implique que la conversion ou la conformité à l’Islam est quelque chose qui doit être stoppée ou amenée à cesser. L’appellation proposée est également dépréciative pour

Jacquelin Coline - 2011 29 PARK51 : L’INSTRUMENTALISATION D’UN PROJET D’ÉDIFICE URBAIN ÉRIGÉ EN SYMBOLE POLITIQUE les Musulmans car, en prenant en compte la nature des services proposés [par l’organisation] (« fournir des informations concernant, comprenant et empêchant le terrorisme »), cela implique que l’Islam est associé à la violence et à des menaces. 41 On voit bien dès lors l’association faite entre Islam et terrorisme, dénoncée par des organismes officiels de contrôle ; et cette analogie est particulièrement flagrante, non seulement dans le nom et certains propos officiels de l’organisation S.I.O.A., mais aussi dans son logo42 :

Ce logo est très représentatif, d’une part de la propagande anti-Islam faite par cette organisation et, d’autre part, de l’association entre Islam et « 11-Septembre » et plus largement entre Islam et terrorisme. En effet, dans ce qui est simplement le logo de cette organisation – par ailleurs très active dans la propagation de préjugés extrêmement négatifs envers la religion musulmane – on retrouve une multitude d’éléments visuels faisant appel à l’inconscient collectif de manière très violente. En premier lieu, on est tout de suite frappé par les quatre lettres S, I, O, A qui représentent l’acronyme de l’organisation, parmi lesquelles seul le I est penché ; et sous ce I, on peut voir les deux tours jumelles du World Trade Center, disparues dans les attentats du 11 septembre 2001. Par ailleurs, la forme de la lettre I et le fait qu’elle soit penchée rappelle elle-même la forme d’un bâtiment qui serait

41 < http://sioaonline.com/?p=112 > Pamela Geller a néanmoins déclarée sur ce même site que, malgré cette décision, l’organisation continuerait à être appelée ainsi en montrant en guise de légitimité le nombre d’inscriptions à S.I.O.A. 42

30 Jacquelin Coline - 2011 Partie première : pourquoi la « polémique park51 » ? un projet ambitieux dans un contexte historique et politique particulier

en train de s’écrouler ; enfin, le fait que le I soit l’initiale « d’Islamization » peut ainsi faire penser à l’Islam et est dès lors clairement associé, de par leur image en coin, au souvenir des « Twins Towers » (tour jumelles du World Trade Center), accentué par le rappel de leur effondrement via le I penché. Ensuite, sur chacune des lettres on aperçoit des tâches rouges qui évoquent le sang, comme celui qui a coulé lors des attentats du 11 septembre 2001 ; et si l’on observe attentivement chaque lettre43, on peut distinguer au milieu de la barre centrale du A ainsi qu’en haut de sa barre latérale gauche, deux fois le même visage, celui d’un homme vraisemblablement de type moyen-oriental. De plus, dans la partie qui relie le I et le A, on aperçoit ce qui ressemble à la partie supérieure d’une mosquée. En outre, au milieu de la lettre O, on voit une étoile, plus grosse et dont la couleur blanche est plus appuyée que celle des autres en arrière plan ; cette étoile peut faire penser à un des symboles de l’Islam – bien que ce ne soit pas un symbole officiel, présent dès le début de l’Histoire de l’Islam -, l’étoile à cinq branches que l’on retrouve par exemple sur le drapeau de nombreux pays musulmans (Pakistan, Algérie, Maroc, Tunisie, Mauritanie, Chypre du Nord etc.). L’étoile à cinq branches est par ailleurs une des plus courantes comme symbole de l’Islam, ces cinq branches représentant d’après certaines interprétations les cinq piliers de la religion musulmane (la « shahâda » ou profession de foi, le « salât » ou les cinq prières quotidiennes, le « zakât » ou aumône, le jeûne du Ramadan, et le « hadj » ou pèlerinage à la Mecque). Enfin, en arrière-plan on aperçoit le drapeau Américain qui vise à souligner le caractère patriotique de l’organisation S.I.O.A., mais qui, grâce à sa disposition, évoque également d’autres éléments. En effet, le fait qu’il ne soit qu’en arrière-plan de l’ensemble des éléments que l’on vient de décrire – à savoir les lettres « tâchées de sang », les images de mosquée, de visages…- rappelle que l’Amérique est en danger du fait de l’Islam ; de plus, l’étoile que l’on retrouve dans la lettre O et qui évoque l’Islam est en-dessous des étoiles du drapeau Américain, et l’effet visuel du fait qu’elle soit plus grosse et moins effacée que les autres fait que l’on peut avoir la sensation qu’elle les « dominent », qu’elle en prend le dessus ; ainsi, c’est comme si l’Islam prenait le dessus sur l’Amérique, l’envahissait, comme s’il y avait une « islamisation » comme cherche à le faire croire S.I.O.A. On voit bien alors qu’il y a un fort processus conduisant à une analogie entre la religion musulmane et les attaques terroristes du 11 septembre 2001, conduisant inévitablement dans l’inconscient collectif à un lien plus ou moins conscient fait entre Islam et terrorisme.

III – Un débat ancré dans un contexte politique particulier

A. Mai 2010 : le début de la polémique et la naissance d’une chef de file de l’opposition au projet C’est en mai 2010 que la polémique autour du projet Park51 - pourtant initié avant mais n’ayant jusque là pas provoqué de remous particulier, étant même quasiment inconnu de tous - a véritablement éclatée.

43 Cf. annexe n°3 Jacquelin Coline - 2011 31 PARK51 : L’INSTRUMENTALISATION D’UN PROJET D’ÉDIFICE URBAIN ÉRIGÉ EN SYMBOLE POLITIQUE

Ainsi, le 6 mai 2010, une bloggeuse nommée Pamela Geller publie un article sur son blog « Atlas Shrugs » intitulé « Une méga-mosquée avance dans l'ombre de la mort et de la destruction du World Trade Center par l'islam. »44. Il faut savoir que Pamela Geller est la présidente d’une organisation nommée S.I.O.A. (Stop Islamization of America) mais était jusque-là, tout comme son organisation, une inconnue pour la plupart des Américains. Elle est depuis devenue en quelques mois voire quelques semaines le symbole de l’opposition au projet Park51. Comme l’explique Alexis Buisson sur le site Rue89, celle-ci crie à la menace d’une islamisation de l’Amérique alors que le Pew Research Center ne recense que 0,6% de Musulmans parmi la population Américaine ; mais elle est néanmoins pour certains « celle qui délivrera l’Amérique de la charia. »45 En effet, dans son post du 6 mai 2010, elle s’en prend dans des termes très violents et porte des accusations graves envers les intentions des initiateurs de ce qu’elle appelle « la mosquée géante de Ground Zero ». Dans sa longue diatribe, elle décrit ce projet comme une provocation volontaire d’un Islam conquérant et n’hésite pas à diffuser de fausses informations. Ainsi elle écrit : Qu’est ce qui pourrait être plus insultant et humiliant qu’une mosquée monstre dans l’ombre des immeubles du World Trade Center réduit à néant par les attaques islamistes ? […] Qu’est ce qui ne va pas avec ces gens ? N’ont-ils pas de cœur ? D’âme ? […] Cela démontre bien la nature de l’Islam. [Ce projet] est une domination islamiste et expansionniste. Cette localisation n’est pas un accident. […] C’est écœurant. […] Khan a dit que son groupe espérait que la construction du projet commencerait le jour du 10ème anniversaire des attaques du « 11-Septembre ». 46 Alexis Buisson explique alors que les propos de la bloggeuse, qui auparavant passaient quasiment inaperçus, sont, depuis ce post extrêmement accusateur et à la rhétorique frappante, relayés par de très nombreux médias Américains et par Internet, ainsi que par des personnalités politiques médiatiques tel que le conservateur ancien président de la Chambre des Représentants Newt Gingrich ou encore l’ex-candidate à la Vice-présidence des États-Unis Sarah Palin. D’après le journalisteEric Boehlert de Media Matters for America (organisation qui analyse le contenu des médias conservateurs Américains), cité par Alexis Buisson, « il est indéniable qu'elle joue un rôle important dans la controverse autour de la « mosquée de Ground Zero ». »47

44 GELLER (Pamela) ‘ Monster Mosque Pushes Ahead in Shadow of World Trade Center Islamic Death and Destruction ’, in Atlas Shrug, 6 mai 2010, < http://atlasshrugs2000.typepad.com/atlas_shrugs/2010/05/monster-mosque-pushes- ahead-in-shadow-of-world-trade-center-islamic-death-and-destruction.html > 45 BUISSON (Alexis), « La bloggeuse islamophobe que les médias Américains s’arrachent », in Rue89, 15 octobre 2010, http://www.rue89.com/2010/10/15/la-blogueuse-islamophobe-que-les-medias-americains-sarrachent-171186 46 GELLER (Pamela) ‘ Monster Mosque Pushes Ahead in Shadow of World Trade Center Islamic Death and Destruction ’, in Atlas Shrug, 6 mai 2010, < http://atlasshrugs2000.typepad.com/atlas_shrugs/2010/05/monster-mosque-pushes-ahead- in-shadow-of-world-trade-center-islamic-death-and-destruction.html > 47 BUISSON (Alexis), « La bloggeuse islamophobe que les médias Américains s’arrachent », in Rue89, 15 octobre 2010, http:// www.rue89.com/2010/10/15/la-blogueuse-islamophobe-que-les-medias-americains-sarrachent-171186 32 Jacquelin Coline - 2011 Partie première : pourquoi la « polémique park51 » ? un projet ambitieux dans un contexte historique et politique particulier

Le principal argument de Pamela Geller est de dire que « cette mosquée n’est pas une question de liberté de religion. C’est une question de suprématie Islamiste. »48 En effet, pour elle l’Islam constitue une menace très importante pesant sur les États-Unis – et plus largement sur l’Occident – en tentant de s’imposer au monde, et elle assène que le projet Park51 serait une « mosquée de la victoire » pour les islamistes qui ont délibérément choisi ème de construire cet édifice à ce moment là (à une date proche du 10 anniversaire des attentats du 11 septembre 2001) et à cet endroit précis (près, ou plutôt selon elle à « Ground Zero ») comme symbole éminent de la réussite de « l’islamisation ». Le lundi 16 août 2010, Pamela Geller a ainsi lancé une campagne d’affichage anti Park51 sur les bus New-Yorkais proclamant « Pourquoi ici ? », en référence à la localisation du projet, insinuant alors qu’il serait bien trop près du site de « Ground Zero », insinuation appuyée par la courte flèche reliant d’une part l’image du deuxième avion prêt à percuter une des « Twin Towers » derrière laquelle on devine l’autre tour en feu, et d’autre part l’image de simulation de ce à quoi doit ressembler le futur édifice abritant le projet Park51. En outre, la légende accompagnant l’image représentant les attentats du 11 septembre 2001 qualifie ceux-ci « d’attaques du Jihad », alors que le bâtiment du projet Park51 est qualifié de « méga-mosquée » et on a rajouté sur sa façade un croissant de lune et une étoile à cinq branches, qui représentent dans l’imaginaire collectif, y compris Musulman, deux symboles de l’Islam.

Pamela Geller est ainsi rapidement devenue la personnalisation du mouvement anti Park51 pour la plupart des opposants au projet. En l’espace de quelques mois, elle est passée du statut de quasi-inconnue à celui d’icône de la lutte contre la « méga-mosquée de Ground Zero ». Récemment, un journaliste lui tenait ces propos : Vous êtes la force conductrice contre ce qui a été appelé la mosquée de Ground Zero, la mosquée radicale qui a été planifiée pour Ground Zero à New York. […] Donnez nous des nouvelles, nous n’en avons pas beaucoup entendu parler dans les médias, essaient-ils toujours de construire cette mosquée ? 49 Invitée sur tous les plateaux, dans les émissions de radios, présidant de nombreuses manifestations et meetings, elle s’est rapidement constituée en une véritable force pour le mouvement luttant contre la « méga-mosquée ». En effet, le fait pour ce mouvement d’avoir un réel leader, d’être incarné par une personne à la notoriété forte et immédiatement identifiée en tant que tel est un véritable atout ; le camp des opposants peut dès lors d’autant mieux s’organiser, s’identifier en tant que groupe qui se reconnaît en Pamela Geller, autour des thèmes phares qu’elle aborde (défense de l’Amérique et de ses valeurs, union autour d’un ennemi, d’une menace…). 48 GELLER (Pamela), ‘Mayor Bloomberg Submits, Sanctions 911 Mega Mosque’, in Big Government, 30 mai 2010 http:// biggovernment.com/pgeller/2010/05/30/mayor-bloomberg-submits-sanctions-911-mega-mosque/ 49 Vidéo ‘Levant & Geller on Aqsa Parvez, Freedom From Jihad Flotilla’, < http://www.youtube.com/watch?v=LDLV- JwxbzU > Jacquelin Coline - 2011 33 PARK51 : L’INSTRUMENTALISATION D’UN PROJET D’ÉDIFICE URBAIN ÉRIGÉ EN SYMBOLE POLITIQUE

La force qu’elle insuffle au mouvement provient d’une part d’un certain argument d’autorité : plus est elle médiatisée et reconnue en tant que leader du mouvement contestataire, plus ses propos sont relayés et écoutés par les opposants au projet Park51 ; de ce fait, chacun de ses argumentaires et de ses tribunes a d’autant plus de chance de frapper les esprits, d’autant plus de pouvoir de persuasion qu’ils sont prononcés par elle et non par un inconnu ou par une multitude d’acteurs différents sans que l’un face office de réel leader à qui l’on pourrait se fier. D’autre part, ce fait justement d’avoir un leader connu et reconnu donne aux opposants au projet un avantage que n’ont pas forcément ses défenseurs qui - mis à part Feysal Abdul Rauf et sa femme Daisy Khan mais qui sont les initiateurs du projet – n’ont eux, pas de réels leaders. En effet, une multitude d’acteurs éminents défendent ce projet, des représentants politiques aux représentants religieux en passant par des défenseurs de la liberté de religion etc., mais aucun ne s’est véritablement imposé comme leader du « camp des pour », ce qui ne permet pas de s’unir autour d’un personnage qui serait l’incarnation des arguments portés par ce camp. Ainsi, la défense du projet se fait de manière plus floue et dispersée, ce qui porte atteinte à la capacité de rassemblement des partisans du projet Park51 et à leur efficacité ; comme dans un contexte d’élection politique, l’identification de l’opinion publique à une personne en particulier joue un rôle important. Mais cela peut expliquer également pourquoi ce n’est pas une personnalité politique qui endosse ce rôle de leader, notamment du côté des partisans du projet ; bien que Michael Bloomberg n’hésite pas à le défendre sans revenir sur ses propos, endosser le rôle de leader pourrait s’avérer dangereux pour lui politiquement, puisque son électorat est plutôt défavorable au projet50, et qu’en règle générale les Démocrates sont relativement plus favorables au projet que les Républicains51 (même s’il ne faut pas tomber dans une ligne de démarcation Démocrates/Républicains aussi simpliste concernant ce projet) ; le processus d’identification à Michael Bloomberg serait alors sans doute beaucoup plus difficile à se faire pour les partisans du projet Park51. De même, Barack Obama en tant que Président de la République se mettrait d’une part terriblement en danger politiquement en se posant en leader du projet (d’où ses propos extrêmement prudents depuis la première polémique), risquant de froisser une partie de l’électorat démocrate pour les élections de mi-mandat de 2010 (et à plus long-terme pour les élections présidentielles de 2012) ; et d’autre part, le débat risquerait de voir se déplacer son curseur sur une sorte de « référendum » pour ou contre lui, s’éloignant du réel sujet. Ainsi, aucune personnalité ne sort réellement du lot dans le camp des partisans, car la position de leader est non seulement « vécue » (Pamela Geller a fait en sorte d’acquérir la notoriété dont elle jouit aujourd’hui mais ce sont aussi les médias, en grande partie, qui l’ont propulsée sur le devant de la scène), mais aussi « voulue » (il faut « accepter » d’endosser ce rôle et s’en donner les moyens).

B. Une polémique relayée par les importants réseaux « anti-Obama » dans le cadre d’un processus de dé-crédibilisation du Président

52 Dans un article du journal Américain The Nation , le journaliste Gary Younge explique qu’après les attentats du 11 septembre 2001, un climat d’islamophobie se serait développé, avec une tendance raciste et xénophobe grandissante à l’intérieur même du 50 Cf. annexe n°7 51 Cf. annexe n°7 52 YOUNGE (Gary), ‘Islamophobia, European-Style’, in The Nation, 23 septembre 2010, < http://www.thenation.com/article/154978/ islamophobia-european-style > 34 Jacquelin Coline - 2011 Partie première : pourquoi la « polémique park51 » ? un projet ambitieux dans un contexte historique et politique particulier

Parti Républicain ; pour Gary Younge, cette tendance aurait été croissante et dès lors particulièrement accrue à l’époque de la campagne des dernières élections présidentielles Américaines en 2008, particulièrement après l’intronisation de Barack Obama comme candidat du parti Démocrate. Dès lors, le mot « musulman » serait devenu une insulte, et le journaliste explique que des insinuations quant à la réelle appartenance religieuse du futur Président des États-Unis ont commencé à se développer, certains « l’accusant » d’être Musulman, et n’hésitant pas, comme stratégie visant à le décrédibiliser, à mettre en avant son deuxième prénom Hussein - à sonorité arabe et connotation musulmane -, ainsi que d’autres éléments, réels ou fictifs, de sa vie qui pourraient le relier à l’Islam, comme le fait que son père était de confession musulmane, ou encore qu’il a étudié en Indonésie, pays où l’on trouve le plus grand nombre de Musulmans au monde. Selon un sondage Newsweek publié dans le Figaro le 17 juillet 2008, 26 % des Américains croient que Barack Obama a été élevé comme un Musulman, 39 % pensent qu'il a étudié dans une école islamique et 12 % qu'il a prêté serment au Sénat sur le Coran. Une enquête du Pew Research Center citée dans le même article révèle que 10 % des Américains pensent qu’il est un « musulman caché », (et le pourcentage est de 16 % parmi les évangéliques et 19 % parmi les électeurs ruraux). Un groupe de citoyens Américains appelés les « Birthers », mouvement qui a vu le jour durant la campagne des élections présidentielles Américaines de 2008, se sert de ces idées-reçues pour appuyer son argumentation - tout en continuant à alimenter les rumeurs concernant le Président et donc à les renforcer -. En effet, pour ce groupe dit des « Birthers », l’élection de Barack Obama serait illégitime puisque selon leurs dires celui-ci ne serait pas né sur le territoire Américain comme l’exige la Constitution Américaine pour accéder à cette fonction. L’article 2 - qui concerne le pouvoir exécutif -, section 1 de cette Constitution affirme que : Aucune personne autre qu’un citoyen né aux États-Unis, ou un citoyen des États- Unis au moment de l’adoption de cette Constitution, ne pourra être éligible à la fonction de Président. 53 Or, pour les « Birthers », Barack Obama – qui est né dans l’État de Hawaï donc sur le sol Américain comme l’atteste son certificat de naissance –, ne serait en fait pas né là où il le prétend et aurait fourni un faux certificat de naissance. C’est pour cette raison que les adeptes de cette théorie sont appelés les « Birthers », en référence à leur obsession du lieu de naissance soit disant inventé du Président Américain, et à leurs multiples demandes afin d’obtenir le certificat de naissance de ce dernier, qui l’a rendu public. Néanmoins, les « Birthers » continuent de prétendre que celui-ci est un faux et mettent en place des campagnes de propagande - largement relayées notamment sur Internet et parfois soutenues de manière plus ou moins claire par des personnalités influentes telles que Donald Trump - afin de tenter de convaincre qu’Obama ne serait d’une part pas « vraiment » Américain car pas né sur le sol des Etats-Unis et, d’autre part, avec cet argument ils propagent également l’idée que celui-ci ne serait en réalité pas chrétien mais musulman, tout comme son père. Les « Birthers » insistent également sur l’expression « natural born citizen » employée dans l’article 2, section 1 de la Constitution, en l’interprétant de manière radicale ; pour eux, les pères fondateurs ont voulu par cette formule désigner les personnes non seulement nées sur le sol Américain, mais également nées de deux parents eux-mêmes citoyens Américains.54 Ceci est une interprétation faite de cet article de la Constitution mais

53 Constitution des Etats-Unis d’Amérique, http://www.usconstitution.net/const.html#A2Sec1 54 Cf. annexe n°2 Jacquelin Coline - 2011 35 PARK51 : L’INSTRUMENTALISATION D’UN PROJET D’ÉDIFICE URBAIN ÉRIGÉ EN SYMBOLE POLITIQUE

ils s’en servent pour rappeler le fait que le père de Barack Obama était Kényan et, qu’en conséquence, même si Barack Obama était bien né à Hawaï il ne pourrait prétendre à la fonction de Président des États-Unis. La dé-crédibilisation du Président par la mise en avant de l’argument selon lequel il ne serait pas Américain, et de surcroît musulman se fait via des réseaux puissants et des méthodes diverses. Ainsi, outre le mouvement des « Birthers » qui conteste avant tout la constitutionnalité de son élection et donc son droit effectif à être Président des États-Unis, de nombreuses manœuvres « anti-Obama » s’appuyant sur sa soi-disant foi musulmane sont relayées sur Internet, mais aussi par de puissants groupes médiatiques, parmi lesquels « News Corporation » du magnat de la presse Rupert Murdoch. En effet, la chaîne de télévision Américaine conservatrice « Fox News » est régulièrement critiquée pour ses prises de positions qui seraient dénuées de neutralité à la défaveur de l’administration Obama ; mais la chaîne s’est également vue pointée du doigt par ceux qui dénoncent des insinuations douteuses au sujet du Président Américain. En plus d’avoir été critiquée pour avoir largement relayé la rumeur selon laquelle Barack Obama aurait étudié dans une école coranique, un exemple frappant s’il en est concerne la polémique suscitée suite à des propos tenus en direct sur la chaîne par la journaliste Liz Trota durant les élections présidentielles de 2008. Ainsi, en mai 2008, alors candidate à l’investiture démocrate pour les élections présidentielles face à Barack Obama, avait eu la maladresse de déclarer – alors qu’Obama était donné favori et que certains demandaient à Mme Clinton de se retirer de la course à l’investiture en sa faveur – qu’elle restait notamment parce que durant la campagne de 1968, le candidat démocrate Robert Kennedy avait été assassiné, propos à la suite desquels Mme Clinton s’est excusée, ses paroles ayant été perçues comme un sous-entendu que Mr Obama pourrait l’être aussi. Et c’est justement en commentant cette polémique que la journaliste Liz Trota a déclaré le 25 mai 2008 que « certains voyaient [dans ces propos] la suggestion que quelqu’un pourrait abattre Ossama »55…son confrère à ses côtés sur le plateau la reprenant aussitôt pour lui signaler sa bévue et rectifier « Obama » au lieu « d’Ossama » [Ben Laden]. Il me semble important de souligner qu’il ne faut bien entendu par chercher des interprétations xénophobes ou du moins « anti-Obama » dans chaque lapsus, les deux noms ayant effectivement une consonance proche, mais ce qui a alors beaucoup choqué une partie de l’opinion publique et de la classe politique est l’enchaînement immédiat qu’a fait la journaliste en se reprenant, puis en déclarant en riant « Ossama, Obama, […] enfin les deux si nous pouvions ! ». Ces propos montrent la violence des attaques qui peuvent être portées à l’encontre de Barack Obama, surtout lorsque l’on sait à quel point Oussama Ben Laden était haï de la plupart des Américains, comme personnification des attentats du 11 septembre 2001 et comme « visage » du terrorisme et de « l’Islam menaçant ». L’analogie entre Oussama Ben Laden et Barack Obama témoigne alors du processus discursif parfois extrêmement violent visant à décrédibiliser ce dernier. Ce processus communicationnel passe aussi par l’image et la caricature, très largement employées. A titre d’exemple, j’ai choisi de développer la polémique créée par la Une du 21 juillet 2008 – en pleine campagne présidentielle aux États-Unis - d’un journal Américain…The New-Yorker. En effet, s’il est connu pour être un journal satirique et si l’on y voit souvent des caricatures, cette Une a d’autant plus surpris et fait débat qu’elle a été publiée non pas par un journal hostile à Barack Obama, mais par un quotidien plutôt considéré comme ayant une tendance démocrate.

55 « Fow News jokes about killing Obama », 25 mai 2008, < http://www.afrik.com/article14397.html > 36 Jacquelin Coline - 2011 Partie première : pourquoi la « polémique park51 » ? un projet ambitieux dans un contexte historique et politique particulier

Caricature en première page du journal Américain The New-Yorker, 21 juillet 2008 Sur ce dessin, on peut voir au premier plan Michelle et Barack Obama dans ce qui apparaît comme étant « le bureau ovale » ; alors que Barack Obama y est habillé d’une manière qui évoque la religion musulmane (turban, djellaba), sa femme, qui d’ordinaire arbore un carré lisse, porte ici une coupe « afro » rappelant ses origines Africaines, et est vêtue d’un treillis militaire, une kalachnikov à l’épaule. En arrière plan, on aperçoit un portrait du leader d’Al-Qaeda Oussama Ben Laden, au dessus de la cheminée dans laquelle brûle le drapeau des États-Unis. Enfin, la représentation du couple Obama poing contre poing fait référence à une photo du couple faisant un « fist bump » (nom donné à cette expression gestuelle) lors d’un meeting de campagne (cf. ci-dessous), et comparés à des « poings de terroristes menaçants » par un journaliste de Fox News (qui s’est par la suite excusé de ses propos). A la vue de cette caricature, on ne peut qu’y « lire » une vision du couple Obama comme des « étrangers » (rappel insistant sur l’Afro-Américanité de Michelle Obama), musulmans et menaçants (vêtements des deux personnages, kalachnikov), et à la solde des islamistes, constituant un potentiel danger pour le pays (portrait d’Oussama Ben Laden, drapeau Américain en feu) s’ils arrivaient à la Maison-Blanche, autrement dit si Barack Obama devenait Président des États-Unis.

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« Fist bump » du couple Obama en meeting durant la campagne présidentielle de 2008 Même si cette caricature a été publiée par le journal The New Yorker, considéré comme ayant une ligne éditoriale plutôt « de gauche » et favorable au Parti Démocrate, et malgré les explications des éditorialistes de ce journal après la polémique déclenchée par cette Une, la caricature a provoqué de très vives réactions et un profond malaise dans la classe politique et dans les médias, comme au sein de la population, révélant ainsi la sensibilité de la question de la religion de Barack Obama et des idées-reçues qu’il y a derrière cela, à savoir un risque de laxisme voire d’aide aux islamistes - comme une invasion de l’intérieur, en plein cœur de la Maison-Blanche - s’il était musulman. En effet, si on peut tout de même la considérer comme « de mauvais goût », les responsables de The New Yorker ont très vite cherché à se justifier face à la polémique que cette Une a créée, en expliquant qu’ils avaient voulu, non pas caricaturer le couple Obama, et le candidat à la Présidence comme un islamiste, mais au contraire dénoncer, en les caricaturant, les amalgames, accusations et analogies douteuses qui étaient relayés par certains sur Barack Obama, comme l’explique la journaliste Constance Jamet dans un article du quotidien Le Figaro. Cette caricature est en effet la Une d’un numéro de The New Yorker sur « Les politiques de la peur », et l’éditeur du journal, David Remnick, a, en vain, tenté de justifier le dessin du caricaturiste Barry Blitt en déclarant que : [L’] idée était de [s’] en prendre aux mensonges et aux distorsions concernant le couple Obama. […] Nous avons tous entendu ces contre-vérités sur leur prétendu manque de patriotisme, leur faiblesse face au terrorisme... et nous avons tenté de mettre toutes ces images sur une couverture. […] Ce n'est pas une satire des Obama mais une satire des rumeurs et des mensonges à leur encontre. Néanmoins, l’ampleur de la polémique suscitée et le fait que cette image ait, finalement, beaucoup servi les « anti-Obama » et ceux qui tentent de le décrédibiliser en jouant la carte de l’instrumentalisation de ses croyances et pratiques religieuses, le fait que cette caricature ait été relayée en masse par les mouvements « anti-Obama » montrent à quel point la question de sa religion est un élément clé dans l’argumentaire de ses adversaires qui l’instrumentalisent. Mais le fait que la question de la religion de Barack Obama provoque de tels débats, ou plutôt le fait de savoir ou non s’il est musulman montre bien une crainte de l’Islam et des préjugés vis-à-vis de la religion musulmane, John Fitzgerald Kennedy n’ayant jamais été attaqué de manière aussi frontale, violente, et avec une telle ampleur concernant son

38 Jacquelin Coline - 2011 Partie première : pourquoi la « polémique park51 » ? un projet ambitieux dans un contexte historique et politique particulier

catholicisme dans un pays de tradition protestante – même si on peut, il est vrai, souligner que la protestantisme comme le catholicisme font tous deux partie de la religion chrétienne -. Dès lors, on comprend tout l’intérêt politique qu’il peut y avoir à stigmatiser l’Islam, dans le but de voir diminuer la popularité de Barack Obama, et plus généralement du camp démocrate dont il est la figure de proue, la personnalisation.

C. Les élections de mi-mandat à l’automne 2010 : l’instrumentalisation du projet à des fins électorales Comme évoqué auparavant, il est clair dès lors que si pour certains le racisme et l’islamophobie sont une réalité et s’ils croient en l’obédience musulmane de Barack Obama, l’analogie faite entre le Président Américain et l’Islam, et souvent de manière plus ou moins cachée entre le Président, l’Islam et « donc » le terrorisme, est le fruit d’une construction via un processus discursif important, dans un but majoritairement politique qui dépasse les clivages religieux et la xénophobie. Et même si ces procédés peuvent être très choquants et doivent être dénoncés et combattus pour lutter contre la banalisation de propos ou d’analogies racistes, il est important de ne pas tomber dans la vision simplificatrice de n’y voir que de l’islamophobie afin de comprendre la complexité de ce processus et de le souligner, pour saisir les enjeux et les réelles motivations des argumentaires de chacun. Ainsi, durant la campagne électorale des élections de mi-mandat, les différents mouvements politiques cherchant à rependre le Congrès aux Démocrates, à leur en faire perdre la majorité, se sont encore une fois beaucoup appuyés sur des critiques visant le Président Obama en tant que personnification du Parti Démocrate. En tant qu’incarnation de ce parti puisqu’il en est le leader, toute attaque le décrédibilisant affaiblit en même temps son camp politique ; et, comme il a été développé plus haut, il est d’autant plus facile de le déstabiliser sur un sujet concernant la religion, et l’Islam en particulier, que ses adversaires ont beaucoup instrumentalisé, et tenter d’accentuer ce climat de peur autour de la religion musulmane présentée comme une menace que Barack Obama serait moins à même de contrer, voire comme un danger qu’il pourrait favoriser, en témoignent les insinuations faites quant à ses liens avec l’Islam, les groupes terroristes etc. Dès lors, le fait que le projet Park51 soit devenu un des thèmes clés de la campagne amène à se questionner sur les réels enjeux des débats qui ont eu lieu autour de ce projet durant la campagne des élections de mi-mandat et à voir que, derrière les discours officiels, il apparaît que les différents acteurs se sont appropriés ce qu’ils ont eux-mêmes construits comme un thème phare de la campagne, afin d’en tirer des bénéfices politiques. Ainsi, les opposants politiques aux Démocrates ont pu bénéficier de la pression populaire de mouvements tels que les « Minutemen ». Ceux-ci sont un ensemble de citoyens dont le nombre est difficile à chiffrer, qui ne font pas partie d’une organisation ou d’un parti politique ni d’un groupe de pression particulier, mais qui se définissent eux-mêmes et se retrouvent sous l’appellation de « Minutemen », en référence aux hommes des treize colonies Américaines - à l’époque de la Guerre d’Indépendance - organisés en milices, et qui étaient nommés ainsi de par leur formation et leur capacité à être « prêts en deux minutes » pour aller au combat. Ce terme de « Minutemen » est par la suite devenu un symbole de patriotisme et de protection de la nation aux États-Unis, d’où la récupération de ce nom à l’heure actuelle. En effet, ces Américains qui se font actuellement appeler de la sorte pensent que leur patrie est en danger et qu’ils se doivent de la protéger, c’est pourquoi ils organisent des rassemblements, des manifestations, des campagnes de lutte

Jacquelin Coline - 2011 39 PARK51 : L’INSTRUMENTALISATION D’UN PROJET D’ÉDIFICE URBAIN ÉRIGÉ EN SYMBOLE POLITIQUE

contre des projets gouvernementaux…Hostiles à l’administration Obama, ils voient en elle le risque d’un déclin de l’Amérique pour de nombreuses raisons (réforme du système de santé, politique étrangère, État trop interventionniste etc.) mais, un des thèmes qui est également au cœur de leur combat pour préserver les Etats-Unis est l’immigration, la peur d’une « invasion » étrangère, et surtout la peur de la « menace islamiste » depuis que Barack Obama est au pouvoir ; ainsi, la propagande et les campagnes de calomnie réalisées autour du Président des États-Unis ont un impact non négligeable sur ces « Minutemen » dont la plupart pensent que Barack Obama représente un danger de par le lien qu’il aurait avec l’Islam. Dans une vidéo56 que l’on peut visionner sur Internet, on voit par exemple une femme, lors d’une manifestation à l’occasion d’une confrontation entre John McCain et Barack Obama, déclarer qu’Obama veut faire des États-Unis un pays musulman, qu’il aurait pour dessein de construire un « nouvel ordre mondial », basé sur l’Islam ; en arrière- plan on aperçoit un homme portant une pancarte sur laquelle il est fait référence au second prénom de Barack Obama, Hussein. Ainsi, lors du déclenchement de la polémique Park51, les opposants politiques ont pu notamment s’appuyer, comme base sur le terrain sur ces « Minutemen », en accentuant la propagande présentant ce projet comme une menace ou une provocation islamiste, renforçant les convictions de ces derniers quant au danger existant pour la nation Américaine, et créant ainsi un cercle vicieux alimentant la polémique et la propagande au sein de la population grâce à ces groupes. Il faut toutefois nuancer le rôle des « Minutemen » qui, s’ils ont pu contribuer à la diffusion de la propagande anti Park51, ne représentent qu’une part relativement faible de la population ; il ne faut pas leur accorder un rôle plus grand qu’ils n’ont eu ou ont pu avoir, ni surestimer leur représentation dans la population Américaine. Le renouvellement des membres siégeant au Congrès Américain se fait pour partie tous les 2 ans, le mardi suivant le premier lundi de novembre ; les élections qui tombent deux après les présidentielles, c’est-à-dire au milieu du mandat du Président Américain qui dure 4 ans sont appelées élections de mi-mandat (« mid-term elections »). Le premier tour des dernières élections de représentants au Congrès ont dès lors eu lieu le 2 novembre 2010. Les « mid-terms » sont souvent considérées comme cruciales car elles se déroulent, comme leur nom l’indique, à la moitié du mandat du Président en exercice et apparaissent alors comme un test pour celui-ci et le camp politique qu’il représente, elles revêtent ainsi de manière générale un enjeu important ; mais les élections de 2010 ont été particulièrement marquées par l’émergence d’un mouvement, le « Tea-Party ». Ce mouvement n’est pas en soit un parti politique, mais plutôt une tendance qui a commencé à se développer au cours de l’année 2008 durant la campagne présidentielle et avec l’élection à la présidence Américaine de Barack Obama, ainsi que dans le contexte d’explosion de la crise économique de l’époque. Plusieurs groupes relativement hétéroclites ont alors commencé à se fédérer en un mouvement, un rassemblement, qu’ils ont choisi de dénommer de la sorte en référence au Tea Party de Boston le 16 décembre 1773, célèbre épisode de l’Histoire des États-Unis durant lequel une cinquantaine d’Américains menés par Sam Adams jetèrent à l’eau la cargaison de thé d’un navire Britannique pour protester contre le fait qu’ils considéraient que le Roi d’Angleterre faisait payer beaucoup trop de taxes aux colons Américains, qui n’étaient en outre pas représentés au sein des institutions britanniques. Cet évènement est ainsi inscrit dans la mémoire collective Américaine à la fois comme un élément de la lutte pour l’indépendance du pays - et est dès lors considéré comme un symbole de patriotisme -, mais également comme un rejet de « l’État tout- puissant », d’un État trop investi dans l’administration du pays, notamment en ce qui

56 ‘Minutemen protest Obama/Mc Cain event’, 16 août 2008, < http://www.youtube.com/watch?v=ks6xvFNHNvc > 40 Jacquelin Coline - 2011 Partie première : pourquoi la « polémique park51 » ? un projet ambitieux dans un contexte historique et politique particulier

concerne l’économie et les finances, avec trop de taxes ; l’appellation du mouvement du « Tea-Party » actuel fait d’ailleurs également référence aux initiales de « Tax Enough Already » (« Déjà assez de taxes ») ; on peut alors souligner les symboles rhétoriques et ceux faisant appel à la mémoire collective des Américains du Tea Party de ce début de ème 21 siècle. En effet, comme évoqué auparavant, ceux-ci sont peu à peu apparus et se sont organisés en « Tea Parties » locaux durant l’année 2008, les États-Unis et le monde étant alors en pleine crise financière. Suite à l’élection de Barack Obama, un démocrate, à la Présidence de la République, ils ont connu une ascension et un succès médiatique très important, se présentant en protecteurs de l’Amérique, luttant contre l’intervention selon eux exagérée de l’État et contre les mesures de l’administration Obama, telles que la volonté d’augmenter les taxes, de réformer le système de santé, présentant alors une vision très libérale tant au niveau politique (le gouvernement étant dénoncé comme un problème), financier, qu’économique (il faut laisser faire le marché, plutôt que l’État qui ne sait pas gérer…). Leur succès et leur ascension rapide reposent en grande partie sur l’adoption d’une rhétorique populiste, basée sur le « nous-contre-les ‘‘autres’’ ». Néanmoins, il serait réducteur de décrire le « Tea Party » uniformément comme un groupe raciste, comme l’explique Matt Taibbi dans un article publié dans Rolling Stones. Pour lui, ce mouvement est plutôt un assemblement hétéroclite de « crackers », c’est-à-dire de « fous » un peu perdus et qui tombent dans la propagande populiste57. Ainsi, pour lui le « Tea Party » inclut : […] non seulement des adeptes d’un libertarisme extrême très loin de ce qu’étaient les « Tea Parties » originaux de Ron Paul, mais aussi des défenseurs du droit au port d’armes, des fondamentalistes chrétiens, des pseudo-milices comme celle du « Oath Keepers » (un groupe de policiers et de militaires professionnels qui ont juré de désobéir aux ordres « inconstitutionnels ») et des Républicains qui ont simplement perdu foi en leur parti. C’est une erreur de classer le Tea Party comme rien d’autre qu’un mouvement uni et cohérent. 58 C’est pourquoi il est primordial de toujours replacer un discours, un argumentaire, dans le contexte communicationnel qui le caractérise, en d’autres termes de prendre en compte l’auditoire auquel l’argumentation s’adresse, le type de support par lequel elle est transmise (discours, médias télévisuels, journaux, affiches etc.), l’instant T auquel elle a lieu, étant donné que cela en détermine l’enjeu et permet d’apprécier si l’argumentaire est réellement représentatif de l’opinion du locuteur, ou s’inscrit dans une stratégie plus large etc. Cependant, il est vrai que les « tea baggers » se sont servis de la couleur de peau, des origines et des insinuations sur la religion de Barack Obama durant les « mid-terms ». Dès lors, le projet Park51 a constitué pour eux une « brèche » idéale dans laquelle s’engouffrer pour créer un débat sur le terrain populiste qu’ils utilisent très largement, en se servant de ce projet pour raviver la peur plus ou moins latente de l’Islam et les souvenirs du traumatisme des attentats du 11 septembre 2001 afin d’élargir leur électorat potentiel dans le but de faire entrer des « tea baggers » (membres du « Tea Party) au Congrès pour porter leurs idées et tenter de les faire traduire dans des lois. Pour exemple, le candidat républicain au poste de gouverneur de l’Etat de New-York, Rick Lazio, a mené la majorité de sa campagne autour de la question de ce qui était encore appelé à l’époque la « Cordoba House », aujourd’hui devenue Park51, pour des raisons qui seront expliquées par la suite ;

57 Cf. l’annexe n°1 58 SANTELLI (Rick), ‘Tea and Crackers’, in Rolling Stones, 15 octobre 2010 Jacquelin Coline - 2011 41 PARK51 : L’INSTRUMENTALISATION D’UN PROJET D’ÉDIFICE URBAIN ÉRIGÉ EN SYMBOLE POLITIQUE

même si cela concernait directement les habitants de l’État de New-York et donc que l’on pouvait s’attendre à ce que, plus qu’un candidat d’un autre État, il parle de ce sujet lors de sa campagne, on peut tout de même s’interroger sur le fait que le projet Park51 en ait été le thème central : était-ce une demande, une attente de la part des citoyens de l’État de New-York, ou bien ceux-ci n’avaient-ils pas d’autres sujets de préoccupations (l’économie, la santé, des questions sociales…) mais se sont vus « imposer » ce thème, Rick Lazio déplaçant volontairement le curseur du débat avec ses adversaires sur ce thème précis, créant alors un thème de préoccupation majeure, un débat important, et obligeant son adversaire à se positionner également là-dessus et à délaisser d’autres thèmes de campagnes ? On peut supposer qu’il s’est alors servi d’un projet afin d’orienter la campagne des élections de mi-mandat en sa faveur, voyant dans ce projet de construction urbaine un moyen d’emmener le débat sur d’autres terrains (patriotisme, sécurité nationale…), qu’il considérait comme lui étant favorables et sur lesquels il pourrait plus facilement décrédibiliser son adversaire. Dans un mini-reportage du journaliste Matt Lauer de la chaîne Américaine NBC – durant laquelle il interview Sharif El-Gamal à propos du projet Park51 -, le journaliste débute son sujet par une référence aux élections de mi-mandat, expliquant que beaucoup de débats de campagne ont porté sur des sujets importants tels que les taxes, les dépenses ou encore le système de santé. Mais il ajoute que « parfois la substance peut être éclipsée par un symbole, comme « Ground Zero », presque 10 ans après les attaques du « 11- Septembre ». »59. Puis, commence son sujet et son interview de Sharif El-Gamal. Le début de ce mini-reportage exprime clairement l’idée selon laquelle le projet Park51 a été un des sujets majeurs de la campagne électorale des élections de mi-mandat durant laquelle il explique qu’on a pu assister à un combat entre le Président Barack Obama et Sarah Palin, soutenue par le Tea Party. Le terme « éclipsés » qu’il emploie à propos des « sujets importants » montre bien l’idée que pour lui, le projet Park51 a été un symbole instrumentalisé au détriment d’autres sujets durant les élections.

Affiche représentant Barack Obama en kamikaze islamiste, mafieux, bandit mexicain et homosexuel, Grand Junction (Colorado), 13 octobre 2010

59 ‘Sharif El-Gamal on NBC’, in Park 51, 26 novembre 2006, < http://park51.org/2010/11/video-nbc-person-of-the-year/ > 42 Jacquelin Coline - 2011 Partie première : pourquoi la « polémique park51 » ? un projet ambitieux dans un contexte historique et politique particulier

Cette affiche m’a semblé particulièrement révélatrice du climat ambiant dans la classe politique, alors que la polémique au sujet du projet Park51 était au plus haut. En effet, elle montre bien que, si les origines ou encore le deuxième prénom de Barack Obama sont bien utilisés par une partie de la classe politique ou des médias afin de l’associer à l’Islam et de le décrédibiliser, il s’agit en grande partie d’une manœuvre politique et d’instrumentalisation. En effet, si pour certains il s’agit réellement de racisme et d’islamophobie, pour d’autres – qui peuvent par ailleurs être xénophobes dans le même temps -, il s’agit avant tout d’une mesure de communication afin de discréditer le Président durant l’ensemble de son mandat, dans le but d’une victoire des Républicain aux prochaines élections Présidentielles, mais aussi durant les élections de mi-mandat, où il s’agissait pour les Républicains et le nouveau mouvement du « Tea Party » de tout faire pour faire basculer le Sénat à la défaveur du clan Démocrate, incarné par le Président Obama. Or, il se trouve que cette immense affiche à été placardée le 13 octobre 2010 (à trois semaines des élections du 2 novembre), dans une ville du Colorado, et a visiblement été commandée par des responsables locaux du « Tea Party », même s’ils n’ont pas souhaité s’exprimer là-dessus, car l’on sait qu’elle a été dessinée par un artiste connu pour sa contribution à ce mouvement, Paul Slover. Ainsi, on distingue sur cette caricature Barack Obama grimé en ce qui apparaît comme un kamikaze islamiste, turban sur la tête et ceinture d’explosifs autour de la taille – ce qui permet de l’associer encore une fois à l’Islam et au terrorisme -, mais ce n’est pas le seul aspect frappant de cette image. On voit en effet le Président représenté comme ce que le dessinateur a voulu faire correspondre à un homosexuel, afin de dénoncer la « dérive des mœurs » qu’entraînerait la politique sociétale de Barack Obama, notamment le « risque » de voir s’étendre la législation favorable au mariage gay ; mais le Président est également représenté comme un mafieux et un bandit mexicain, ces deux caricatures visant à l’accuser de malhonnêteté ou encore de mauvaise gestion des finances et de l’économie. Ces derniers éléments sont accentués par le fait qu’en plus du slogan « Vote DemocRAT » - qui joue sur un jeu de mot associant les Démocrates à des « rats » -, soient dessinés en bas de l’image des rats portant les inscriptions EPA (« Environmental Protection Agency »), I.R.S. (« International Revenu Service », l’administration chargée de la collecte des impôts), et FED (« Federal Reserve Board of Governors in Washington DC »), la Banque Centrale des États-Unis ; ces trois organismes étant alors décrédibilisés, accusés par la caricature d’être à la solde des Démocrates – dont l’incarnation est le Président Obama -, et inefficaces. S’il n’y a pas de lien officiel entre le Tea Party » et le Parti Républicain, certains des membres de ce dernier se sont appuyés sur les « tea baggers » pendant les élections, une partie du camp républicain voyant dans ce mouvement une manière de contrecarrer les ambitions démocrates. On peut par exemple évoquer le cas de Sarah Palin, candidate républicaine à la Vice Présidence des États-Unis lors des élections de 2008 au côté de John McCain. Celle-ci apparaît en effet comme une des figures de proue de soutien au mouvement du « Tea Party », participant à un grand nombre de leurs « rallys », ou réunions, rassemblements, et ceci particulièrement durant les élections de mi-mandat en 2010. De plus, elle s’emploie depuis plusieurs mois à s’exprimer à propos des thèmes chers aux « tea baggers », fustigeant la politique du gouvernement et se montrant très critique envers Barack Obama ; comme le souligne le journaliste Josh Anderson60, on distingue alors une stratégie visant à rester sur le devant de la scène politique après y avoir été propulsé de manière soudaine lors des élections présidentielles de 2008, et un moyen de préparer

60 ANDERSON (Josh), « Sarah Palin courtise le mouvement « Tea-Party » », in L’Express, 8 décembre 2010, < http:// www.lexpress.fr/actualite/monde/amerique/sarah-palin-courtise-le-mouvement-tea-party_847366.html > Jacquelin Coline - 2011 43 PARK51 : L’INSTRUMENTALISATION D’UN PROJET D’ÉDIFICE URBAIN ÉRIGÉ EN SYMBOLE POLITIQUE

une éventuelle candidature à l’investiture républicaine pour succéder à Barack Obama à la Maison Blanche en 2013 (date de l’entrée en fonction du Président élu). Les anciens députés républicains Ron Paul ou encore Dick Armey sont également de fervents soutiens du mouvement du « Tea Party ». Enfin, durant les élections de mi-mandat, plusieurs candidats républicains ont obtenu et se sont appuyés sur le soutien officiel de ce mouvement : c’est le cas, entre autres, de Sharron Angle dans le Nevada, Christine O’Donnell dans le Delaware, ou encore Ken Buck dans le Colorado. Mais il s’avère que ces trois candidats ont finalement échoué à remporter l’élection ; ainsi, si on ne peut pas pour autant affirmer que leur défaite tient uniquement au fait qu’ils aient été affiliés au « Tea Party », il faut néanmoins souligner que le parti républicain a assez rapidement pris conscience que la stratégie d’alliance avec ce mouvement pouvait également grandement les desservir, les « tea baggers » étant vus comme trop extrêmes par une grande partie de la population. C’est pourquoi ils tentent de s’en détacher autant que possible. Cependant, les Républicains ont eux aussi développé une instrumentalisation du projet Park51 pendant la campagne des élections de mi-mandat, tout comme le « Tea Party » ; en faisant en sorte qu’une partie non négligeable des débats engagés durant la campagne soient orientés sur ce sujet, ils se sont servi et ont alimenté la peur provoquée par ce projet afin d’engranger des voix, cette stratégie étant relayée par les médias pro-Républicains. Le Président Barack Obama ayant soutenu le projet, ses opposants républicains ont ainsi fait en sorte de le décrédibiliser en tentant d’imposer ce projet comme un débat prioritaire puisqu’il concernerait la sécurité nationale et la préservation des valeurs Américaines. Dès lors, cela a effectivement semblé avoir un certain impact sur la campagne des démocrates et sur les prises de positions de Barack Obama ; comme l’explique un article publié dans L’Express, le 13 août 2010 à l’occasion d’un dîner avec des responsables religieux musulmans pour « l’iftar » (repas de rupture du jeûne lors du mois du Ramadan), le Président Américain a déclaré : En tant que citoyen et en tant que Président, je crois que les Musulmans doivent bénéficier du droit de pratiquer leur religion comme n'importe quel autre ressortissant de ce pays. Cela inclut le droit de construire un lieu de culte et un centre communautaire sur une propriété privée dans le bas de Manhattan dans le respect des règlements et du droit local. 61 Mais il est a très vite et fortement nuancé ses propos dans la presse, suite à la réaction des opposants au projet et aux attaques des Républicains, certains l’accusant d’être « pro- Musulman ». Il a alors affirmé ne pas s’être exprimé « sur le bien-fondé de prendre la décision d'installer une mosquée là-bas […] mais seulement sur le droit de le faire »62. En effet, la polémique déclenchée après ses propos – le républicain Newt Gingrich a par exemple déclaré que le Président flattait l’Islam radical - montre que la construction sociale d’une peur concernant la soit disant religion du Président et son instrumentalisation autour du danger que représenterait l’Islam semble fonctionner, l’obligeant à être particulièrement prudent sur tous les sujets ayant un lien avec l’Islam.

61 SIMON (Marie), « La mosquée de New-York et le « double langage » de Barack Obama », in L’Express, 16 août 2010, < http://www.lexpress.fr/actualite/monde/amerique/la-mosquee-de-new-york-et-le-double-langage-de-barack- obama_912777.html > 62 SIMON (Marie), « La mosquée de New-York et le « double langage » de Barack Obama », in L’Express, 16 août 2010, < http:// www.lexpress.fr/actualite/monde/amerique/la-mosquee-de-new-york-et-le-double-langage-de-barack-obama_912777.html > 44 Jacquelin Coline - 2011 Partie première : pourquoi la « polémique park51 » ? un projet ambitieux dans un contexte historique et politique particulier

Mais une des choses les plus intéressantes à observer, et des plus révélatrices à mon avis, est le fait que, depuis la fin des élections de mi-mandat, on parle beaucoup moins du projet Park51, tout particulièrement dans les médias qui sont pourtant en règle générale le relais des débats politiques. Que ce soient des journaux ou magazines tels que The New- York Times, The New Yorker, The Atlantic, The Nation, The Washington Post etc., tous n’évoquent plus que rarement ce projet, alors qu’ils y consacraient durant la campagne plusieurs articles par semaine. Je me suis ainsi abonnée à des « alertes » dans différents journaux Américains qui m’envoyaient un email avec le lien de l’article dès qu’ils publiaient sur ce sujet, pour lequel j’avais indiqué des mots-clés (Park51, « Cordoba House », Feysal Abdul Rauf…) en la présence desquels je souhaitais être alertée. Alors que durant les mois d’octobre et novembre je recevais plusieurs alertes par semaine – et alors que j’ai fait des recherches dans les archives de certains journaux pour consulter les articles concernant ce sujet dans les mois précédents -, je n’en ai, depuis la fin de la campagne jusqu’à ce jour, reçues que moins d’une dizaine…Cela montre à quel point ce sujet occupe moins l’actualité et les débats politiques. Le 20 septembre 2010, un lecteur réagissant à un article au sujet du projet Park51 déclarait : « Je crois que nous nous éloignerons finalement de tout ce débat de « mosquée » une fois que quelque chose d’autre attirera notre attention. »63, expliquant par la suite que tout cela n’était qu’un instrument politique utilisé par les Républicains pour être élus [au Congrès]. En réaction au même article, un autre lecteur commentait le 2 décembre 2010 : « Maintenant que les élections sont terminées, maintenant que Rush Limbaugh est passé à autre chose, où sont les protestataires [qui étaient jusque là] devant la mosquée du 11- 64 Septembre ? Partis ? […] » . On voit bien alors que même dans une partie de l’opinion publique Américaine, ce sentiment d’instrumentalisation du projet à des fins politiques existait, pendant même les élections. En outre, si sur Internet on trouve encore un nombre assez important de vidéos de propagande, de tribunes etc. s’opposant au projet Park51, il est particulièrement révélateur de noter qu’encore une fois, depuis la fin de la campagne des élections de mi-mandat, il n’y plus que peu ou prou d’appels à des rassemblements, manifestations d’hostilité au projet Park51 - ou bien ceux-ci sont fait par des groupes très minoritaires et ne touchent qu’une quantité infime d’Américains - ; la seule véritable tentative de mobilisation faite contre le projet Park51 toujours présente est celle menée par les organisations telles que S.I.O.A. ou « Freedom Speech », mais leurs actions sont bien moins relayées par la presse ou des personnalités politiques. En outre, les actions de ces organisations, comme on a pu le voir auparavant, relèvent pour beaucoup d’un véritable mouvement islamophobe et sont, par conséquent, moins tributaires du contexte politique à court terme. Ce phénomène témoigne bien là d’une instrumentalisation du projet durant la campagne des « mid-terms », puisque cette retombée de l’attention politique et médiatique n’est pas due à un abandon du projet qui est bien toujours d’actualité pour ses défenseurs… Une question que l’on peut se poser est de savoir si ce projet va de nouveau réapparaître dans les débats de manière importante avec la prochaine élection présidentielle Américaine de 2012 ; en effet, malgré le fait que Sharif El-Gamal et le couple Feysal Abdul Rauf/ Daisy Khan aient rompu leur partenariat, ce qui met de fait totalement en

63 ‘Shinto shrine near Pearl Harbor’, in Japan Probe, < http://www.japanprobe.com/2010/08/17/shinto-shrine-near-pearl-harbor/ > 64 ‘Shinto shrine near Pearl Harbor’, in Japan Probe, < http://www.japanprobe.com/2010/08/17/shinto-shrine-near-pearl-harbor/ > Jacquelin Coline - 2011 45 PARK51 : L’INSTRUMENTALISATION D’UN PROJET D’ÉDIFICE URBAIN ÉRIGÉ EN SYMBOLE POLITIQUE

suspend la construction du centre communautaire musulman comme il a été vu auparavant, la bloggeuse Pamela Geller continue de véhiculer de fausses informations concernant ce sujet, affirmant que la « méga moquée de Ground Zero » est toujours en projet et appelant ème à de grands rassemblements, notamment le jour du 10 anniversaire des attaques du 11 septembre 2001… Enfin, il est primordial de souligner que, malgré le fait que le projet Park51 apparaisse bien comme ayant fait l’objet d’instrumentalisations politiques pendant la campagne des élections de mi-mandat, il ne faut pas pour autant en conclure qu’il existe une ligne de délimitation claire et infranchissable entre Républicains – qui seraient contre - et Démocrates – qui seraient pour- sur ce sujet : la prise de position tranchée du maire républicain de New- York, Michael Bloomberg, en faveur du projet, ou bien celle du chef de file des Démocrates au Sénat, Harry Reid, pour qui le projet Park51 est « un coup de poignard dans le cœur » comme il l’a publié sur son compte Twitter, montrent bien que le débat et la polémique autour de ce projet sont bien plus complexes que cela, et ne se résument pas à des enjeux concernant la politique. Ainsi, il apparaît indéniable que la polémique qui s’est développée autour du projet Park51 n’est pas indépendante du contexte historique, social et politique aux États-Unis à ce moment-là, tant au moment de son déclenchement en mai 2010 que tout au long de son développement depuis lors. Mais, si comme je l’ai déjà souligné auparavant, il semblait trop simpliste de ne voire cette polémique qu’à travers le prisme de l’islamophobie, il apparaît tout aussi réducteur de n’en faire qu’une construction faite uniquement dans la cadre de la politique telle que définit lors de l’introduction, de ne voir dans cette polémique qu’une manœuvre politicienne dont les tenants et les aboutissants résident uniquement dans les élection de mi-mandat et, à plus long terme, dans les prochaines élections présidentielles qui impliquent de décrédibiliser l’actuel Président. En réalité, si ces éléments sont essentiels à la compréhension de ce qui joue autour du projet Park51, il est cependant nécessaire d’en saisir les racines plus profondes, qui ont certes joué un rôle dans les argumentaires et les méthodes de persuasion utilisés dans la sphère de la politique pour tenter de faire de Park51 un évènement - terme qui sera approfondi par la suite -, mais qui se sont également inscrites dans l’imaginaire collectif bien avant le début de la polémique. Dès lors, il convient de s’interroger sur le rôle qu’à joué l’imaginaire collectif forgé avant même l’instrumentalisation du projet Park51 dans le développement de la polémique autour de ce dernier. Ce n’est qu’en tentant d’analyser l’imbrication de ces différents éléments que l’on peut comprendre pourquoi et comment s’est développée cette polémique, la manière dont elle a été socialement construite et pourquoi cette construction semble avoir fonctionné. Pour cela, après s’être penché sur le contexte, il apparaît indispensable d’étudier de manière plus poussée les divers procédés qui ont contribué à la construction du projet Park51 en un symbole politique, au cœur desquels la rhétorique et l’appel à la mémoire collective ont été deux éléments clé.

46 Jacquelin Coline - 2011 Partie seconde : les éléments de la construction d’un symbole politique

Partie seconde : les éléments de la construction d’un symbole politique

I – La symbolique du « 11-septembre » : comment une date est devenue le référent mémoriel d’un évènement

A. Les attentats du 11 septembre 2001 au World Trade Center : la preuve de la véracité du « Choc des Civilisations » de Samuel Huntington ? Après les attentats du 11 septembre 2001 perpétrés par des terroristes islamistes, le Président Américain alors en exercice, G.W.Bush a prononcé à de nombreuses reprises des discours positifs envers l’Islam et les Musulmans. Il a mis en place une stratégie communicationnelle visant à contrecarrer l’idée selon laquelle la « War On Terror » déclarée par les États-Unis serait une guerre contre l’Islam, une guerre des civilisations, probablement dans le but d’obtenir le soutien d’autres États, de l’ONU, et de ne pas s’attirer une hostilité encore plus grande des pays musulmans, dans un contexte où les États- Unis étaient déjà beaucoup critiqués pour leurs hégémonie mondiale et leur arrogance. Par exemple, G.W. Bush déclarait quelques temps après les attentats que « la foi musulmane est basée sur la paix, l’amour et la compassion. […]. L’opposé exact de ce que prône Al Qaeda. »65 Lorsque l’on entend ou lit ces propos, il semble bien qu’en apparence le Président des États-Unis lui-même rejetait toute idée d’un « Choc des Civilisation ». Mais dans les faits, comme l’explique le journaliste Gary Younge, les discours officiels ne correspondaient pas au climat de méfiance voire de peur accrue qui s’est développé aux États-Unis envers les Musulmans, et aux conséquences que cela a eu sur les Américains musulmans eux-mêmes. Dans un article publié dans The Nation, il expose ainsi des chiffres visant à dénoncer cela : Cette sensibilité officielle correspond bien peu à la façon dont les Musulmans ont été traités par l’Etat. Immédiatement après les attaques du 11-Septembre, de vastes arrestations de personnes majoritairement originaires de pays musulmans ont résulté en « détention préventive » d’environ 1 200 d’entre eux, surtout des hommes, des « interrogatoires volontaires » de 19 000, et un programme d’enregistrement spécial [dans les fichiers des services en charge

65 G.W. Bush, cité par YOUNGE (Gary), ‘Islamophobia, European-Style’, in The Nation, 23 septembre 2010, < http:// www.thenation.com/article/154978/islamophobia-european-style > Jacquelin Coline - 2011 47 PARK51 : L’INSTRUMENTALISATION D’UN PROJET D’ÉDIFICE URBAIN ÉRIGÉ EN SYMBOLE POLITIQUE de la lutte contre le terrorisme] pour plus de 82 000. Pas une seule adhésion idéologique au terrorisme n’a émergé de tout cela. 66 Néanmoins, Gary Younge ne cite pas ses sources donc, comme toute affirmation sans preuve surtout lorsqu’il s’agit de données chiffrées, il faut les considérer avec prudence. Cependant, même si je n’ai pas réussi à trouver la confirmation exacte de ces chiffres, d’après le croisement de différentes informations que j’ai pu lire dans des articles de médias considérés comme « sérieux », il semble que les évènements qu’il relate soient fondés. Dans le même article, il évoque également d’autres chiffres frappants, dont il cite les sources cette fois ci : En 2006, bien avant le brouhaha à propos du projet Park51, la soit disant « mosquée de Ground Zero », une enquête du Pew [Research Institute] montrait que les Musulmans étaient moins bien vus aux États-Unis qu’en Russie, en Grande-Bretagne ou en France, alors que dans le même temps, un sondage de l’institut Gallup révélait que 39 % des Américains étaient en faveur de mesures mettant en place pour les Musulmans – y compris les citoyens Américains – le fait de devoir porter une identification spéciale. Dès lors, les discours officiels et les faits apparaissent extrêmement contradictoires, et il semble que les attentats du 11 septembre 2001 aient bien provoqué une réaction de vive hostilité envers les Musulmans. Mais était-ce véritablement le résultat d’un réel « Choc des Civilisations » et d’une incompatibilité entre l’Islam et l’Occident – ou plus particulièrement les États-Unis -, et de ce fait la preuve de la véracité de la thèse d’Huntington ou, au contraire, cela n’a-t-il pas été interprété de la sorte justement parce que cette thèse a tout de suite été remise sur le devant de la scène et présentée alors comme visionnaire ? Cela n’a-t- il pas été accentué par le fait que cette situation et la crédibilité nouvelle accordée à la théorie du « Choc des Civilisations » servaient les intérêts d’acteurs divers et puissants comme on a pu le voir avec l’exemple des néoconservateurs? En effet, après les attaques terroristes du 11 septembre 2001, on voit très vite se mettre en place une rhétorique manichéenne centrée sur le « nous » contre « eux » (le bien/ le mal, le monde civilisé/les barbares…) ; à travers cette rhétorique, les acteurs qui l’utilisent établissent une dichotomie marquée, une vision du monde et de la « Guerre contre la Terreur » comme un choc entre deux parties antagonistes qui laisse à penser que les attentats auraient eu lieu à cause de la nature même des terroristes et précisément contre la nature des cibles, c’est-à-dire pour une raison de « Choc des Civilisations ». Comme le note Pierre Mélandri, dès le matin du 12 septembre 2001, le quotidien Le Monde publiait un article sur son site Internet intitulé « La prédiction de Samuel Huntington : le début d’une grande guerre » ; puis, quelques heures plus tard, on pouvait lire sur le site un entretien de Samuel Huntington accordé au journal. Ceci est très révélateur de ce qui allait devenir pour beaucoup la vision commune après les attentats du World Trade Center de New-York en 2001, c’est-à-dire que ces attaques seraient la preuve de la validité de la théorie de Samuel Huntington développée 5 années auparavant dans son ouvrage Le Choc des Civilisations (The Clash of Civilizations and the Remaking of World Order). Selon lui, il y aurait dans le monde différentes « civilisations » différenciées par des caractéristiques immuables, qui amèneraient inévitablement à un choc entre elles dans les années à venir. Dans un premier temps en 1993, Samuel Huntington (directeur de l’Institut

66 YOUNGE (Gary), ‘Islamophobia, European-Style’, in The Nation, 23 septembre 2010, < http://www.thenation.com/ article/154978/islamophobia-european-style > 48 Jacquelin Coline - 2011 Partie seconde : les éléments de la construction d’un symbole politique

des Études Stratégiques à l’Université d’Harvard) a publié un article intitulé « Le Choc des Civilisations ? » dans lequel il expose une théorie qu’il développe en 1996 dans un ouvrage. Dans ses travaux, il essaie de démontrer que l’ordre bipolaire de la Guerre Froide a laissé place à un ordre multipolaire organisé autour de ce qu’il appelle sept ou huit « civilisations », profondément antagonistes à cause de grandes divisions basées sur des caractéristiques au changement très improbable : histoire, langues, traditions et, surtout, religions ; en effet, il y aurait une crise globale d’identité qui ferait que les gens se réfugient dans la religion qui leur fournirait des réponses. Ces « civilisations », et surtout la « civilisation occidentale » et la « civilisation islamique », seraient les plus à même d’entrer en guerre afin de devenir la « civilisation » dominante. Après avoir été vivement critiquée, cette théorie a fortement gagné en importance et en crédibilité suite au 11 septembre 2001, puisque ce qu’il s’était passé semblait marquer le réel commencement du « choc » prédit par Samuel Huntington ; en effet, les attentats ont conduit à la « War On Terror » qui dans l’inconscient collectif est apparue non seulement comme une « simple » réaction à ces attaques mais aussi comme une illustration d’une guerre entre deux « civilisations ». Ainsi, ces attentats qui ont touché un des plus grands symboles des États-Unis ont été perpétrés par des kamikazes musulmans justifiant leurs actes par des motivations religieuses. De plus, il y a eu suite à cela quelques réactions de sympathie envers les terroristes dans le « monde musulman ». En outre, comme l’a avancé Bernard Lewis, le fait que la cible ait été les États-Unis montrerait que ces attentats ne trouveraient pas racine dans un sentiment d’humiliation car, si cela avait été le cas, les terroristes auraient attaqué l’Europe qui a un important passé colonial. Enfin, il semble que c’était vraiment la nature des cibles qui était visée, Ben Laden lui-même déclarant une guerre aux États-Unis dans le but d’imposer les « valeurs islamiques ». En conséquence, la « War On Terror » est apparue non seulement comme une réaction à un évènement particulier, mais plus largement comme le début de la guerre prédite par Samuel Huntington. Pour exemple, dans un article datant d’août 2010 et publié dans Le Monde, Ayaan Hirsi Ali soutient également qu’il existe bien un « Choc des Civilisations » tel que décrit par Huntington, reflétant le monde « tel qu’il est, et non tel que nous aimerions qu’il [soit] ». Elle explique que malgré les discours de certains tendant à voir dans certains débats (« mosquée de Ground Zero », interdiction des minarets en Suisse, interdiction de la burqa et du niqab en France…) de simples problèmes de tolérance religieuse, le problème serait en fait bien l’Islam lui-même, incompatible selon elle avec les valeurs Occidentales. Elle réfute ainsi l’existence d’un « Monde Unique » tel que le laisseraient à penser les propos du Président Barack Obama dans son discours du Caire en 2009. Celui déclarait alors que « […] l’Amérique et l’Islam ne sont pas contradictoires et ne doivent pas rivaliser. Au contraire, ils partagent des principes communs. » Cependant, parler de « Choc des Civilisations » dès le lendemain des attentats sans même avoir le recul nécessaire pour connaître leur(s) cause(s) réelle(s) montre bien que ces conclusions hâtives reposent sur des hypothèses et une vision du monde préexistantes. En fait, une analyse plus subtile mène à une conclusion plus complexe. En premier lieu, comment parler de « civilisations » alors que les délimitations établies par Samuel Huntington font qu’elles regroupent des pays très différents dans une même « civilisation » (ex : l’Iran chiite, l’Arabie Saoudite sunnite wahhabite…) ? De plus, E. Neumayer et T. Plumper expliquent que les États-Unis sont plus à même d’être attaqués que d’autres pays occidentaux et que la probabilité est plus grande que les terroristes soient Afghans que Malaisiens, pour souligner le fait que des explications sociales ou politiques sont à prendre en considération. Enfin, il apparaît que la rhétorique manichéenne est utilisée

Jacquelin Coline - 2011 49 PARK51 : L’INSTRUMENTALISATION D’UN PROJET D’ÉDIFICE URBAIN ÉRIGÉ EN SYMBOLE POLITIQUE

tant par les États-Unis que par leurs adversaires tels qu’Al Qaeda, ce qui montre qu’en réalité ceci sert les intérêts de deux puissants groupes d’acteurs qui ont politisé des différences culturelles ou religieuses pour gagner en puissance. En conséquence, si un certain nombre de facteurs semblent de prime abord appuyer la thèse du « Choc des Civilisations », il apparaît avec le recul que cet affrontement dans le cadre de la « War On Terror » n’est pas une guerre entre « civilisations » ; en effet, les différences ethniques, culturelles et religieuses ne mènent pas en elles-mêmes à des conflits mais sont en réalité instrumentalisées à travers des processus discursifs ayant pour but de permettre à des acteurs de poursuivre leurs intérêts.

B. Le « 11-Septembre » : un jour, un mois, « pas d’année »…, une date à forte connotation mémorielle « C’est aux mass media que commençait à revenir le monopole de l’Histoire. Il leur appartient désormais. Dans nos sociétés contemporaines, c’est par eux et par eux seuls que l’évènement nous frappe, et ne peut pas nous éviter. »67 Par ces phrases, l’historien Pierre Nora semblait, trente ans avant les faits, décrire ce qu’il s’est passé avec les attentats du 11 septembre 2001 aux États-Unis. Dans un article de la revue ¿ Interrogations ? Julien Fragnon explique ainsi que « le 11 septembre comprend, dans un même mouvement, un évènement et la commémoration de cet évènement. Evènement en train de se réaliser et déjà commémoré. » Une grande partie de la planète ayant assisté en direct à une partie des attentats, le discours médiatique a été submergé par la profusion des émotions, de l’affect, du pathos, à travers l’incrédulité des témoins et des témoignages d’horreurs recueillis sous le choc, au détriment d’analyses par des experts, de discours plus distanciés et rationnels. Il convient à ce stade de définir ce qu’on entend par « évènement ». Paul Ricoeur, cité par J. Fragnon, en donne une définition dans l’un de ses ouvrages : Au plan narratif, l’événement est ce qui en survenant, fait avancer l’action : il est une variable de l’intrigue. Sont dits soudains les événements qui suscitent un revirement inattendu […]. D’une façon générale, toute discordance entrant en compétition avec la concordance de l’action vaut événement.68 Pour le sociologue Roger Bastide, l'événement, c'est : Ce qui « advient » à une certaine date et dans un lieu déterminé. », définition qui reste ambiguë. En effet, « l'événement se distingue de l'accident […] qui arrive d'une manière contingente ou fortuite, qui aurait pu ne pas se produire ; tandis que l'événement peut être parfois prédit à l'avance, attendu comme un effet nécessaire à partir d'un certain enchaînement des causes ou de conditions préalables. [Il] ne se confond pas avec le « fait » […] historique [qui] a un sens plus large ; le fait est bien « ce qui advient » […] mais il n'est pas une donnée de l'expérience, il est construction de l'esprit du savant, construction qui finalement tue l'événement, dans ce qu'il a d'unique, d'inattendu, de singulier, pour en faire l'expression superficielle de régularités, donc de répétitions, plus profondes.

67 P. Nora, « Le retour de l’événement » in J. Le Goff et P. Nora, Faire de l’histoire. I Nouveaux problèmes, Paris, Folio, 1974, p. 287. 68 P. Nora, « Le retour de l’événement » in J. Le Goff et P. Nora, Faire de l’histoire. I Nouveaux problèmes, Paris, Folio, 1974, p. 287 50 Jacquelin Coline - 2011 Partie seconde : les éléments de la construction d’un symbole politique

R. Bastide ajoute que : L'événement paraît pris dans une double postulation : celle de l'homme surpris par son « avènement », traumatisé par lui, ou qui en savoure au contraire la spécificité, la particularité, et la nouveauté ; celle du savant qui, tout en reconnaissant que la durée ne peut être qu'une « série d'événements », n'a de cesse de les repenser pour discerner derrière leur discontinuité la logique de leur succession. Un évènement est ainsi pour lui un fait qui se distingue par sa singularité et son importance, et qui est alors mis en relief et intégré dans la mémoire collective s’il touche l’ensemble d’un groupe social. Mais le sociologue ajoute que : Si l'événement n'est pas « construit » à l'opposé du fait (historique), du moins est-il « choisi » dans l'écoulement des choses parce qu'il sort de l'uniformité et qu'il touche notre sensibilité ou notre intelligence. Il n'y a d'événement que pour l'homme et par l'homme ; c'est une notion « anthropocentrique », non une donnée objective. J. Fragnon explique que c’est tout un processus d’accumulation de récits et d’images qui ont très rapidement, voire immédiatement, présenté les attentats du 11 septembre 2001 comme « un évènement inédit et fondateur [lui conférant] une valeur historique […] sans le recul de l’explication historienne ». Cette journée - et ce qui s’y est passé - est alors tout de suite devenue un évènement, alors même qu’elle se déroulait ; en effet, une partie ème ème de cet « évènement » s’est déroulée en direct (le 2 avion s’écrasant sur la 2 tour, l’effondrement des « Twins Towers », les premiers témoignages des survivants sortant tout juste du lieu de l’attentat à New-York…). De plus, la symbolique du World Trade Center (même s’il n’a pas été le seul site touché par les attentats) – représentant la puissance économique Américaine et plus largement l’hégémonie des États-Unis sur le monde -, de même que les premières estimations du nombre de morts (des dizaines de milliers), alors même que le monde entier assistait à « l’évènement » en direct, sont tout un ensemble d’éléments clés qui ont justement fait de ces attentats un « évènement historique», alors même qu’il n’était pas terminé. Comme l’explique J. Fragnon, l’emploi de références bibliques pour désigner ou parler des attaques terroristes du 11 septembre 2001 renforce l’impact que cet évènement a dans l’imaginaire collectif. Dès le 12 septembre, on peut lire dans Le Figaro, que « l’apocalypse terroriste s’abat sur New-York et Washington »69 ; Le Nouvel Observateur parle lui des « quatre avions de l’apocalypse »70, évoquant alors les quatre chevaliers de l’Apocalypse présents dans le Nouveau Testament et qui préfigurent le début de la fin du monde. Le journal Libération parle lui aussi d’un « paysage d’apocalypse »71 et cite une New- Yorkaise déclarant que « […] l’Amérique va disparaître » et demandant à Dieu de bénir les Américains72, ce qui laisse penser au jugement dernier.

69 Le Figaro, 12 septembre 2001 70 « Les chevaux de Manhattan », in Le Figaro, 17 septembre 2001 71 « L’effet Pearl Harbor », in Libération, 12 septembre 2001 72 « Apocalypse au cœur de l’Amérique », in Libération, 12 septembre 2001 Jacquelin Coline - 2011 51 PARK51 : L’INSTRUMENTALISATION D’UN PROJET D’ÉDIFICE URBAIN ÉRIGÉ EN SYMBOLE POLITIQUE

De plus, on assiste alors à un processus discursif construisant l’image d’un « 11- Septembre » comme l’avènement d’un « monde nouveau »73, après « l’apocalypse » et la « fin du monde ». Ce registre sémantique s’avère particulièrement présent lors des premiers jours suivants les attentats. Le journaliste Jean-Marie Colombani, cité par J. Fragnon, assène ainsi que l’on ne peut que constater qu’un « siècle nouveau est avancé »74 ; mais on ème 75 ème 76 parle aussi « [d’inauguration] du 21 siècle » , de « fin tardive du 20 siècle » , ou encore de « nouvelle ère de l’Histoire du monde »77. En outre, J. Fragnon souligne que la proximité temporelle avec l’an 2000 renforce le processus de construction du « 11-Septembre » comme début d’une nouvelle ère, puisqu’il ème ème devient dans l’imaginaire collectif le « vrai » début du 21 siècle et du 3 millénaire. Enfin, l’auteur explique que l’instrumentalisation de l’Histoire au travers d’analogies entre les attentats du 11 septembre 2001 et d’autres « grands évènements » de l’Histoire, à fort impact sur la mémoire collective, contribue grandement à faire du « 11-Septembre » une date symbolique, point qui sera développé dans ce mémoire par la suite. Le « 11-Septembre » correspond ainsi à la définition de l’évènement par P. Ricoeur, pour qui : La structure, en tant que phénomène de longue durée, devient par le récit condition de possibilité de l’événement. […] La description des structures en cours de récit contribue ainsi à éclaircir et à élucider les événements en tant que causes indépendantes de leur chronologie. Le rapport est d’ailleurs réversible ; certains événements sont tenus pour marquants dans la mesure où ils servent d’indices pour des phénomènes sociaux de longue durée et semblent déterminés par ceux-ci […]. Les attentats du 11 septembre 2001, comme cette définition et les éléments d’explications apportés ci-dessus le montrent, semblent constituer à la fois une rupture avec un passé révolu, et le début d’une nouvelle ère. C’est pourquoi tous ces éléments ont fait que, peu à peu, la précision de l’année des attentats, comme du lieu, a disparue, que très vite l’expression « 11-Septembre » est devenue synonyme « d’attentats du 11 septembre 2001 aux États-Unis » dans l’inconscient collectif non seulement des Américains mais du reste du monde, et que cette expression s’est transformée en un nom propre comportant un tiret et une majuscule (en anglais « 9/11 ») - dans un processus d’antonomase que l’on peut définir comme une « figure de style consistant à transformer un nom propre en un nom commun et inversement »78 -. Selon un sondage cité par J. Fragnon79, 30 % des Américains auraient oublié l’année des attentats du 11 septembre 2001, alors que 95 % d’entre eux se souviendraient qu’ils ont eu lieu un

73 Jacques Julliard, « L’innommable », in Le Nouvel Observateur, n°1923 74 Jean-Marie Colombani, « Nous sommes tous Américains », in Le Monde, 13 septembre 2001 75 « Frapper fort, viser juste », in Le Figaro, 14 septembre 2001 76 N. Khouri-Dagher, « Une guerre du IIIème millénaire », in Le Monde, 14 septembre 2001 77 « Guerre contre l’Occident », in L’Express, n°2619 78 « Antonomase », in Le Petit Larousse Illustré, Paris, Editions Larousse, 2011, 1952 pages 79 Sondage publié par le Washington Post le 9 août 2006 : « 30 % des Américains ont oublié l’année du 11 septembre », in Libération , 10 août 2006 52 Jacquelin Coline - 2011 Partie seconde : les éléments de la construction d’un symbole politique

onze septembre, ce qui montre toute la portée symbolique qui a été construite autour de cette date devenue un chrononyme, autrement dit un nom propre de temps. Néanmoins, il convient de souligner le caractère ethnocentriste de cette vision du monde et de l’Histoire faisant du 11 septembre 2001 une « césure », le début d’une nouvelle ère, comme l’explique J.Fragnon. En effet, si l’Occident – et notamment les États- Unis - était relativement pacifié depuis la fin de la Guerre Froide, il n’en était pas du tout ainsi pour le reste du monde, en témoignent les nombreux conflits en Afrique, Asie, Amérique Latine…mais aussi en Ex-Yougoslavie par exemple. De plus, en accaparant dans la mémoire collective la date du « 11-Septembre » comme faisant référence uniquement au 11 septembre 2001 et aux évènements qui se sont déroulés ce jour-là aux États-Unis, en en faisant « un évènement ne [pouvant] être nommé, autrement que par un élément temporel brut, sans valeur ajoutée interprétative »80 c’est comme si les États-Unis et leurs « alliés » effaçaient d’autres évènements s’étant déroulés un 11 septembre, et instituaient alors une hiérarchie dans l’importance des évènements, plaçant les attentats de 2001 sur le sol Américains au sommet de cette hiérarchie. L’illustration suivante du dessinateur Plantu exprime parfaitement cette idée :

Paru dans Le Monde du 12 septembre 200381 On y voit deux tours, l’une en flammes, l’autre sur le point d’être percutée par un avion. De prime abord et si l’on regarde ce dessin sans vraiment y prêter attention, il est plus que probable que l’on pense immédiatement que cela représente une illustration du moment ème où un avion a percuté la 2 tour du World Trade Center le 11 septembre 2001 ; mais 80 Julien Fragnon, « Le 11 septembre réécrit l’Histoire », in ¿ Interrogations ?, n°1, été 2006 81 Dessin de Plantu, in Le Monde, 12 septembre 2003, tiré de FRAGNON (Julien), « Quand le 11-Septembre s’approprie le onze septembre. Entre dérive métonymique et antonomase », in Mots Les langages du Politique Jacquelin Coline - 2011 53 PARK51 : L’INSTRUMENTALISATION D’UN PROJET D’ÉDIFICE URBAIN ÉRIGÉ EN SYMBOLE POLITIQUE

à y regarder de plus près, on se rend compte qu’il s’agit en fait d’une caricature visant à dénoncer le fait que ces attentats et la symbolique qui leur est attribuée aient occulté tous les autres 11 septembre (et plus généralement d’autres évènement importants dans le monde). Ainsi, la tour au premier plan porte l’inscription « Chili, 1973 », et dans la foule au premier plan on voit deux hommes en armes, celui de gauche représentant l’ex Président Chilien Salvador Allende derrière lequel on devine à droite une foule de manifestants. En effet c’est en 1973, le 11 septembre justement, que le président Allende a été victime d’un coup d’État puis s’est officiellement suicidé, mettant fin au régime socialiste Chilien et marquant le début de la dictature de Pinochet. Cela constitue dès lors un évènement majeur dans l’Histoire du Chili (selon des rapports officiels, on estime que 2279 personnes sont décédées, victimes de la dictature de Pinochet, que près de 30 000 ont été torturées et que 130 000 ont été arrêtées ou détenues sur ordre d’organismes gouvernementaux), mais pas seulement puisque cela a eu de nombreuses répercussions dans d’autres régions du monde (on estime à entre 250 000 et 1 millions le nombre d’exilés ou d’expulsés du Chili durant la dictature), parmi lesquels les États-Unis qui sont soupçonnés d’avoir aidé les putschistes, voire d’être à l’origine du coup d’État, afin de ne pas laisser s’installer un régime socialiste qu’ils percevaient comme une menace en pleine Guerre Froide. Sur l’avion qui s’apprête à frapper la deuxième tour, on peut lire « USA », et en bas à gauche on voit des badauds qui regardent dans le ciel, l’air abasourdi en voyant l’avion qui va s’encastrer dans la tour. Dès lors, Plantu vise à montrer par cette caricature que le 11 septembre 2001 a « fait s’effondrer » le 11 septembre 1973, les USA, représentés par l’avion, ayant imposé « leur » évènement, leur hiérarchisation de l’importance des faits, occultant de la mémoire collective l’importance qu’a eu la chute de Salvador Allende ; on peut également émettre l’hypothèse que l’inscription « USA » sur l’avion tend à signifier une possible responsabilité de ces derniers dans le coup d’État contre Salvador Allende le 11 septembre 1973, rappelant que les États-Unis ne sont pas que les victimes du « 11- Septembre » mais peuvent aussi, ou ont été, agresseurs eux-mêmes. On trouve cependant de nombreuses dénonciations de cette « appropriation mémorielle », comme dans l’hebdomadaire Marianne, où l’on a pu lire que : Le « 11#Septembre » a investi tout l’espace symbolique disponible pour un autre évènement survenu ce jour-là. En cela, le processus métonymique est absolu : non seulement il présente la date de l’évènement comme l’évènement lui-même, mais il privatise cette dénomination en discréditant sa référence à d’autres évènements survenus à une même date. 82 Il y a bien alors une totale subjectivité qui induit un processus de hiérarchisation idéologique.

C. « Ground Zero » : la sacralisation du site des attentats Depuis les attentats du 11 septembre 2001, on assiste à l’élaboration d’une sacralisation du site des attaques au World Trade Center. Ainsi, bien que les attentats aient également ème touché le Pentagone et qu’un 4 avion se soit écrasé en Pennsylvanie, ce site en particulier est considéré par la plupart des Américains – et même au-delà - comme unique, inviolable, intouchable ; comme sacré83. En effet, est considéré comme tel ce « qui appartient à un domaine séparé, interdit et inviolable (par opposition à ce qui est 82 « Chili. Rendez-nous le 11 septembre ! », in Marianne , 8-14 septembre 2003, p. 46 83 Cf. annexe n°7 54 Jacquelin Coline - 2011 Partie seconde : les éléments de la construction d’un symbole politique

profane) et fait l'objet d'un sentiment de révérence religieuse. » et qui par conséquent est « digne d'un respect absolu, a un caractère de valeur absolue. »84. L’emplacement de ce qui était, avant les attentats du 11 septembre 2001, le World Trade Center semble bien depuis être considéré comme tel dans l’inconscient collectif. Mais comment expliquer ce phénomène puisque comme le souligne Kenneth E. Foote, tous les lieux frappés par des drames collectifs ne sont pas forcément considérés comme sacrés ? Pourquoi le même processus de sacralisation ne s’est pas produit également sur les autres sites touchés lors des attaques terroristes de 2001, ou même lors de l’attentat sur le même site du World Trade Center en 1993 ? En réalité, il s’avère que c’est la combinaison de plusieurs éléments à forte connotation symbolique qui a conduit à l’élaboration d’une telle représentation de ce site dans l’inconscient collectif. En premier lieu, un élément non négligeable est le fait que les attentats du 11 septembre 2001, de l’écrasement du second avion dans la tour Sud à l’écroulement des deux tours, aient été vécus en direct à la télévision par des millions de téléspectateurs – à la différence des autres avions détournés s’étant écrasés -, marquant profondément les esprits et associant de manière puissante dans la mémoire collective ces attentats au site du World Trade Center, beaucoup plus qu’aux autres attaques ayant eu lieu le même jour. Mais au-delà de ce choc émotionnel vécu en direct et des images du World Trade Center en flammes symbolisant dans la mémoire collective l’ensemble des attaques, d’autres éléments rentrent en compte. Nous n’avons rien d’autres que quelques centimètres de peau et quelques morceaux d’os. Ground Zero est le cimetière de mon fils. 85 Les paroles de cette mère d’une victime des attentats des Tours Jumelles du 11 septembre 2001 montrent l’attachement et la représentation symbolique du site des attaques à Manhattan dans l’inconscient collectif - en particulier celui des familles de victimes et encore plus celles à qui les corps n’ont pas pu être restitués -, comme lieu de mémoire et de recueillement pour honorer leurs morts, puisqu’ils n’ont pas de sépultures où reposeraient leurs proches sur lesquelles se recueillir. Cela peut apparaître comme compréhensible car, sans s’attarder sur des explications psychiques, rituelles etc. on peut dire que toutes les victimes (qu’elles soient juives, chrétiennes, musulmanes, voire même athées…), faisaient partie de sociétés dans lesquelles il est de coutume de se voir restituer le corps des défunts pour procéder à un enterrement, inhumation…sans lequel on a l’impression que la victime n’a pas pu être pleinement honorée, ce qui rend le processus de deuil plus difficile. Ceci explique également pourquoi le site de l’ancien World Trade Center a un impact symbolique plus fort que le lieu où le vol 93 s’est écrasé en Pennsylvanie ou encore la partie du Pentagone dans laquelle est venue s’encastrer un des avions ; ces deux autres sites n’ont pas la même portée symbolique : contrairement aux victimes du World Trade Center, les corps des victimes des autres attaques ont pu être restitués aux familles, et le lieu de leur mort n’est alors pas devenu leur « cimetière ». En effet, comme l’explique Gérôme Truc, près de la moitié des personnes mortes au World Trade Center le 11 septembre 2001 n'ont jamais été identifiées et leurs corps ont alors été réduits en poussière, contribuant à faire

84 « Sacré, ée », in Le Petit Robert de la langue française, 2012, < http://robert.bibliotheque-nomade.univ-lyon2.fr/pr1.asp > 85 Joyce Boland, in Financial Times, 13 août 2010, citée par Keith Olbermann in ‘Keith Olbermann Special Comment: There Is No ‘Ground Zero Mosque’’, in Park 51, le 16 août 2010, < http://park51.org/2010/08/keith-olbermann-special- comment-there-is-no-ground-zero-mosque/ > Jacquelin Coline - 2011 55 PARK51 : L’INSTRUMENTALISATION D’UN PROJET D’ÉDIFICE URBAIN ÉRIGÉ EN SYMBOLE POLITIQUE

de ce site un « lieu de mémoire plutôt que de mort ». Dès lors, le site du World Trade Center est « à la fois un vaste chantier […] en constante évolution depuis près de 10 ans, et le site éternel des attentats du 11-Septembre […] »86, ceci en faisant un charnier puisque « la poussière créée par l’effondrement du World Trade Center [contrairement à l’attentat de 1993] […] fut assimilée non seulement aux déchets provenant de la destruction des tours, mais également aux restes matériels des corps des personnes mortes. »87 […] jusqu’à ce que tu retournes à la terre, dont tu as été tiré ; car tu es poussière, et tu retourneras à la poussière. 88 C’est pour Gérôme Truc cette idée de poussière, présente dans la Bible comme le montre la citation ci-dessus et ayant donc une symbolique religieuse, qui fait que « cette contamination du sol par une poussière inextricablement mêlée de restes humains »89 explique le statut de « terre sacrée » qu’a acquis l’ancien site du World Trade Center. En outre, le professeur et auteur Américain André Aciman ajoute qu’au-delà du caractère religieux associé à la symbolique d’immense cimetière que revêt ce site, un autre élément rentre en compte, celui de la destruction même des tours. Quelques jours après les attaques de 2001, il écrivait une chronique dans The New York Times dans laquelle il exprimait cette idée : […] Et peut-être est-ce là le plus douloureux dans la chute du World Trade Center. Pas seulement qu’il y ait eu autant de milliers de morts mais que les immeubles eux-mêmes soient morts et qu’en mourant, ils aient fait disparaître une part de la ville, une part du paysage et par conséquent une part de nous-mêmes – cette part qui […] sait qui elle est par la manière dont elle marque la terre qui l’entoure. 90 Mais il ajoute également qu’au-delà de cette symbolique s’inscrivant dans le temps court, les bâtiments ont aussi une fonction inconsciente et symbolique très forte dans le temps long. Il explique ainsi que : Nos bâtiments […] possèdent quelque chose que nous n’avons pas. Ils ont la longévité et l’intemporalité forgées dans chacun des piliers d’acier. Ils sont bâtis dans un seul but : nous survivre, porter témoignage, nous donner l’illusion suprême que nous pouvons nous projeter dans les générations futures. […] Les fils ne devraient pas mourir avant leurs pères. Nos monuments ne devraient pas s’écrouler avant ceux qui les ont construits. 91 Ainsi, il apporte un autre élément d’explication quant au fait que le Pentagone n’ait pas la même portée symbolique, puisqu’au-delà du fait que le nombre de victimes ait été moindre (189 morts, 2763 au World Trade Center), ces dernières – bien qu’elles comprennent 86 TRUC (Jérome), « Ground Zero entre chantier et charnier », in Raisons politiques, janvier 2011, n°41, p.33-49, www.cairn.info/revue-raisons-politiques 87 Marita Sturken, citée par TRUC (Jérome), « Ground Zero entre chantier et charnier », in Raisons politiques, janvier 2011, n°41, p.33-49, www.cairn.info/revue-raisons-politiques 88 (Genèse 3, 19) 89 TRUC (Jérome), « Ground Zero entre chantier et charnier », in Raisons politiques, janvier 2011, n°41, p.33-49, www.cairn.info/ revue-raisons-politiques 90 ACIMAN (André) « Nos bâtiments possèdent quelque chose que nous n’avons pas », in « La décennie Ben Laden », Le Monde, Hors Série juillet-septembre 2011, p. 25 91 Id. op. 56 Jacquelin Coline - 2011 Partie seconde : les éléments de la construction d’un symbole politique

également les passagers du vol AAL 77 – sont perçues comme des militaires contrairement aux victimes civiles du World Trade Center ; en outre, le Pentagone continue « d’exister », n’a pas disparu en s’écroulant comme les « Twin Towers ». Par conséquent, le Pentagone ne revêt pas dans l’inconscient collectif de caractère sacré et cela peut être un élément d’explication par rapport au fait qu’il y ait, depuis plusieurs années, une salle de prière pour les musulmans y travaillant, où ceux-ci viennent prier tous les vendredi sans que cela provoque de polémique – ni même que cela soit su par la très grande majorité des Américains -, alors que cette salle se trouve à seulement 80 miles de l’endroit où le Pentagone à été percuté par l’avion détourné. Enfin, un élément déterminant consacrant la sacralisation du site du World Trade Center est précisément le nom par lequel il est communément désigné depuis les attaques terroristes du 11 septembre 2001, à savoir « Ground Zero ». Cette expression est utilisée pour désigner un grand nombre de choses, et a de multiples définitions mais certaines font, plus que d’autres, l’unanimité. Ce terme peut tout d’abord désigner l'endroit précis sur le sol où a lieu n'importe quelle explosion , mais aussi « l'emplacement de l' épicentre d'un tremblement de terre »92 ou de « tout autre désastre faisant beaucoup de dégâts »93. Dès lors, on remarque son aspect connoté péjorativement, faisant référence à une catastrophe. De plus, le terme de Ground Zero est la plupart du temps défini en premier lieu comme faisant référence au point d’impact, au centre d’une explosion nucléaire planifiée ou ayant eu lieu.94 Dès lors, Photographies aériennes de la ville japonaise de Nagasaki avant et après le bombardement atomique du 9 août 1945 .il est intéressant de noter que ce nom désigne la cour centrale du bâtiment du Pentagone , car cette dernière était considérée comme susceptible d'être la cible prioritaire d'un éventuel bombardement nucléaire ennemi pendant la Guerre Froide. Mais ce terme est également associé – et l’était surtout jusqu’aux attentats du 11 septembre 2001 - aux attaques nucléaires perpétrées par les États-Unis au Japon en 1945 sur les villes d’Hiroshima et de Nagasaki, ce qui fait dire à certains que c’est une « ironie de l’Histoire » car, alors que jusqu’en 2001 l’emploi du terme « Ground Zero » renvoyait dans la mémoire collective – mais dans une proportion beaucoup moins importante – à l’explosion nucléaire d’Hiroshima - la première des deux villes touchées - elle fait surtout référence aujourd’hui, pour la majorité des gens aux États-Unis ou ailleurs, à l'ancien emplacement du World Trade Center à New York … Néanmoins, l’emploi du terme « Ground Zero » pour désigner l’ancien emplacement du World Trade Center de New-York fait l’objet de plusieurs critiques ; outre le fait que certains pointent du doigt « l’ironie de l’Histoire » en référence aux bombardements nucléaires d’Hiroshima et de Nagasaki, de nombreuses voix se sont élevées contre l’argument selon lequel on ne pouvait construire de « mosquée » à, ou près de « Ground Zero », soulignant tout d’abord le caractère subjectif de la délimitation de cette zone : alors que pour certains elle s’arrête au simple emplacement des anciennes « Twin Towers », pour d’autres elle s’étend bien au-delà dans le quartier de Manhattan. De plus, le caractère sacré qui est alors attribué à cette zone et le fait que son étendue varie selon l’appréciation de chacun sont critiqués dans le contexte de la polémique autour du projet Park51, du fait notamment qu’à côté de l’emplacement du projet que certains fustigent pour être sur la zone « sacrée » de Ground Zero, on trouve de nombreux établissements non seulement profanes, mais loin

92 « Ground Zero », in Wikipédia, < http://fr.wikipedia.org/wiki/Ground_zero > 93 Ibid. 94 ‘Ground Zero’, in The Oxford Essential Dictionary of the U.S. Military , 2002, Oxford University Press et ‘Ground Zero’, in US Department of Defense Dictionary of Military and Associated Words , 2003 Jacquelin Coline - 2011 57 PARK51 : L’INSTRUMENTALISATION D’UN PROJET D’ÉDIFICE URBAIN ÉRIGÉ EN SYMBOLE POLITIQUE

d’être en adéquation avec un lieu qui serait sacré, tels que des clubs de strip-tease ou des sex-shops… Enfin, toujours dans le cadre de cette polémique, certains rétorquent aux opposants au projet assénant que ce serait une provocation de construire un édifice musulman sur ce lieu, que techniquement, toutes les églises Américaines ont été construites sur des terres sacrées des Indiens d’Amérique qu’ils ont massacrés…

II – Entre relecture de l’histoire et instrumentalisation du passé

A. Le 11 septembre 2001 comme nouveau « Pearl Harbor » Les attentats du 11 septembre 2001 constituent « une agression comme les États-Unis en avaient rarement subie depuis l’attaque japonaise de Pearl Harbour, en 1941. »95 Voilà ce qu’on pouvait lire dans le journal Le Monde, deux jours après les attaques. Ainsi, très rapidement après les attentats, ces derniers ont été largement comparés au bombardement de la base militaire Américaine de Pearl Harbor le 7 décembre 1941. En effet, jusque là cette attaque constituait un des plus grands traumatismes dans la mémoire collective de la population Américaine ; pour resituer les choses, en 1941, alors que la Seconde Guerre Mondiale avait débuté en Europe, les États-Unis n’étaient encore pas militairement impliqués dans le conflit mais étaient dans un climat de tension avec l’Empire du Japon, à cause notamment de la politique expansionniste de celui-ci et de son occupation d’une partie de l’Indochine et de la Chine, suite à quoi les États-Unis – suivis pas d’autres pays – mirent en place en embargo sur le pétrole et l’acier et un gel des avoirs Japonais aux U.S.A.. Ces derniers possédaient une flotte de guerre dans leur base navale de Pearl Harbor, dans l’État d’Hawaï, et ne s’étaient pas préparés à une attaque étant donnée leur non-implication dans le conflit mondial. Mais le matin du 7 décembre 1941, l’Empire du Japon décida d’attaquer par surprise la plus grande base navale Américaine, dans deux vagues de bombardements aériens qui furent plus de 2 400 morts du côté Américain, provoquant un immense traumatisme dans l’opinion publique et toutes les sphères de la société Américaine, et une profonde incrédulité de la part des dirigeants et des responsables militaires qui virent leur puissance profondément remise en question ; les États-Unis s’engagèrent alors dans le conflit mondial au côté des Alliés, le Japon étant une puissance de l’Axe. Cet évènement a profondément traumatisé les Américains, restant dans l’inconscient collectif comme la ème tragédie la plus importante de leur Histoire au 20 siècle. Par conséquent, les attaques terroristes du 11 septembre 2001 ont très vite remémoré à la plupart des Américains ce précédent traumatisme, de par des similitudes entre les deux évènements, mais également en conséquence d’une rhétorique importante utilisée par les cercles décisionnaires Américains et les médias, afin de contribuer à renforcer l’importance accordée aux attentats du 11 septembre 2001 en les comparant à ce qu’il s’était passé à Pearl Harbor. En effet, parvenir à construire une analogie puissante entre les évènements du 7 décembre 1941 et ceux du 11 septembre 2001 permettrait alors de justifier, ou au moins

95 « La fin d’un rêve », Le Monde, 13 septembre 2001 58 Jacquelin Coline - 2011 Partie seconde : les éléments de la construction d’un symbole politique

de rendre plus facile l’acceptation de mesures en réponses aux attentats du 11 septembre 2001, comme soixante ans auparavant ; en effet, la population ne s’était pas opposée à l’entrée en guerre des Etats-Unis, y voyant une nécessité pour la sécurité du monde et surtout de la nation, et connaissant un regain de patriotisme suite à l’humiliation subie, d’où une volonté de se remettre du choc de la prise de conscience subite de leur vulnérabilité. Dès lors, après l’attaque de Pearl Harbor en 1941, il s’est développé aux États-Unis un sentiment exacerbé de méfiance envers les Japonais, face à la crainte d’un « ennemi de l’intérieur », alors que dans le même temps les Allemands ou les Italiens ne subissaient pas les mêmes préjugés, bien que le nazisme et le fascisme soient ardemment combattus : cela montre le traumatisme et l’importance dans l’inconscient collectif de « Pearl Harbor », et l’hystérie collectives et les préjugés envers les Japonais qui s’ensuivirent (suite au 7 décembre 1941, de nombreux décrets ont été pris contre les Japonais pour leur interdire l’accès à certaines zones par exemple, ou encore pour leur faire quitter le sol Américain ; de nombreux « nisei »96 ont été réformés de l’armée sans raison valable etc.). Ainsi, comme en 1941, les États-Unis alors considérés comme la première puissance mondiale ne s’attendaient absolument pas à être frappés de nouveau et avec une telle ampleur en plein cœur du symbole de leur puissance militaire (Pentagone), économique et financière (World Trade Center)…et sur leur propre sol. Ces éléments ainsi que le nombre de morts (2402 le 7 décembre 1941 à Pearl Harbor, 2996 lors des attentats du 11 septembre 2001), ont alors très vite rappelé l’attaque de Pearl Harbor en 1941, ce qui a été utilisé et accentué par les dirigeants Américains, dans le but de voir la population soutenir leurs décisions. Comme en 1941, l’Amérique traumatisée a alors connu un regain de patriotisme et une volonté de se relever et de réparer cette humiliation exposée aux yeux du monde. Pour le politologue américain Robert Kagan, dans une contribution au journal Le Monde, il s’agit de « venger le jour d’infamie »97, celui-ci reprenant une phrase prononcée par le Président Roosevelt après l’attaque de Pearl Harbor. Ce procédé métaphorique ne fait pas une analogie directe avec l’attaque de Pearl Harbor en 1941 mais joue sur la mémoire collective et l’affect, puisque cette citation fait appel aux émotions de tous ceux qui ont pu entendre ou lire ce célèbre discours et en est d’autant plus efficace pour renforcer la comparaison dans l’inconscient collectif. Dans un écrit fictif daté de 1951 mais écrit en 2010, Michael Haltman imagine que, dix ans après les attaques de Pearl Harbor, les Japonais tenteraient de bâtir un temple impérial près du site des bombardements98. Il propose alors aux lecteurs de remplacer tous les mots et les références à Pearl Harbor par la date du 11 septembre 2001 et ce qui s’y rapporte. Par cette technique, il cherche lui aussi à jouer sur les émotions du lecteur mais va plus loin que la simple comparaison au détour d’une phrase ; il laisse d’abord ses lecteurs ressentir les émotions qu’ils auraient pu avoir si son écrit n’avait pas été fictif et provoquer en eux un sentiment de rejet, avant de les amener à transposer ces mêmes sentiments dans le contexte du débat provoqué par le projet Park51.

96 ème « Nisei » : Japonais dits de « 2 génération », c’est-à-dire nés à l’étranger, en l’occurrence aux Etats-Unis, de parents Japonais 97 « Venger le jour d’infamie », Le Monde, 13 septembre 2001 98 HALTMAN (Michael), « Japan to build an Imperial Temple on land adjacent to Pearl Harbor », in Examiner.com, 9 juillet 2010, < http://www.examiner.com/homeland-security-in-national/japan-to-build-an-imperial-temple-on-land-adjacent-to-pearl-harbor > Jacquelin Coline - 2011 59 PARK51 : L’INSTRUMENTALISATION D’UN PROJET D’ÉDIFICE URBAIN ÉRIGÉ EN SYMBOLE POLITIQUE

En outre, le 16 août 2010, le très conservateur politologue Américain Rush Limbaugh, dans son émission de radio « The Rush Limbaugh Show » faisait également une analogie avec Pearl Harbor pour tenter de décrédibiliser Park51 ; en usant d’une question rhétorique en interrogeant les auditeurs sur leur réaction si on avait voulu construire un temple « Hindou » (même s’il a rectifié son erreur quelques jours plus tard) à Pearl Harbor, il espérait ainsi leur rappeler le traumatisme de cet épisode de l’Histoire Américaine afin de provoquer les mêmes sentiments de patriotisme et de volonté de défense de la nation face au projet Park51. Les critiques et railleries qu’a essuyées Rush Limbaugh après avoir fait référence à l’Hindouisme montre l’ignorance de certains acteurs pourtant très présents dans ce débat, et qui contribuent à propager des idées-reçues alors qu’eux-mêmes se basent parfois sur des certitudes qui ne sont parfois que des clichés. En effet, même si certains Japonais sont Hindous, la religion majoritaire au Japon n’est pas l’Hindouisme mais le Shintoïsme. On peut tout d’abord s’interroger sur la pertinence de cet argument : en effet, certains expliquent que l’analogie entre « Pearl Harbor » et le « 11-Septembre » est totalement infondée puisque les attentats du 11 septembre ont été perpétrés au nom d’une religion, alors que les attaques de Pearl Harbor ont été commanditées par un pays, ce qui rendrait absurde une comparaison entre les deux évènements. Néanmoins, il faut tout d’abord rappeler que l’Islam n’est pas un « tout » homogène mais comporte de nombreux schismes. D’autre part, il est important de se replacer dans le contexte de l’époque, afin de ne pas tomber dans une analyse biaisée par un angle de vue « présentiste ». Il convient alors de rappeler qu’en 1941, le Shintoïsme était la religion d’État au sein de l’Empire du Japon, également imposée à d’autres pays tels que la Corée, la Mandchourie, Taïwan…, que l’on obligeait à construire des temples shintoïstes dans lesquels la population était sommée de se rendre. Dès lors, le Shintoïsme se confondait avec la politique du Japon, donnait son aura et sa légitimité à l’Empereur à qui chacun devait obéir et, par ce biais, chaque membre de l’Empire était lié à la religion shintoïste ; agir pour l’Empire était agir au nom du Shintoïsme. On peut alors avancer que les attaques de Pearl Harbor en 1941 ont également été menées au nom d’une religion. En outre, alors que de nombreux opposants au projet Park51 maintiennent qu’il aurait été – et qu’il serait – inconcevable pour les Américains d’imaginer la construction d’un édifice religieux en lien avec le Japon près de Pearl Harbor, il s’avère que cet argument est totalement erroné puisqu’il existe d’ores et déjà des temples shintoïstes et hindous près de ce site. Dans un article de Bob Jones, celui-ci explique qu’il existe, outre plusieurs autres édifices, un temple shintoïste, le « Kothira Jinsha Shinto Shrine » à seulement dix minutes à pieds du site de Pearl Harbor. Cet édifice a vu le jour en 1920 et était alors un site de prières, puis est devenu un site d’entraînement aux arts martiaux et d’activités culturelles suite à l’engagement du Japon auprès de l’Axe durant la Seconde Guerre Mondiale. A la suite des attaques de Pearl Harbor le 7 décembre 1941, le temple a fermé et les responsables religieux y officiant ont été renvoyés au Japonais, mais à la fin de l’année 1947 des adhérents ont recommencé à s’y rendre pour prier avant que des officiers fédéraux de Washington ne confisquent le temple. L’affaire a alors été portée en justice devant la Cour Fédérale en 1950, aboutissant en 1952 au droit pour les leaders shintoïstes de revenir. Il y a bien eu une opposition forte quant à ce temple et aux activités religieuses des shintoïstes près de Pearl Harbor, mais, contrairement au projet Park51, celle-ci n’a pas été instrumentalisée et n’a pas provoqué de polémique semblable. Néanmoins, la présence de ces édifices religieux à Pearl Harbor est peu connue par les citoyens Américains, de par le fait justement qu’il n’y ait jamais eu de réelle polémique

60 Jacquelin Coline - 2011 Partie seconde : les éléments de la construction d’un symbole politique

autour de leur édification, mais aussi du fait de la désinformation qui existe à ce propos, ce qui explique la force que revêt tout de même l’analogie faite par les opposants au projet Park51 entre le « 11-Septembre » et « Pearl Harbor ». De plus, face à ceux qui tentent de faire connaître l’existence de ces édifices près de Pearl Harbor, leurs opposants tentent de contrecarrer leurs arguments en s’appuyant sur l’élément de la distance ; ainsi, ils rétorquent que s’il existe des édifices hindous et shintoïstes près de Pearl Harbor, ils seraient bien plus loin du site des attaques que ne le serait la « mosquée » du site du World Trade Center. Ces temples ne seraient alors pas un affront à la mémoire des victimes ou un signe de victoire ou de « reconquête » de la part des Japonais. Mais, dans un article intitulé ‘Ground Zero mosque: how close is too close?’, Michael Humphrey souligne qu’alors qu’on polémique sur la distance entre Park51 et le site dit de Ground Zero, personne ne s’offusque des églises baptistes construites à Hiroshima, parfois très près du « Ground Zero », le lieu précis de l’impact de la bombe nucléaire. En outre, il souligne que « la distance entre Ground Zero [à New-York] et le « siège » d’Al Qaeda, où les attaques ont été planifiées, est d’environ 6 000 miles [soit environ 9 600 kms]. »99… Il apparaît alors que l’analogie faite entre « Pearl Harbor » et le « 11-Septembre » est sujette à de nombreux débats, mais a permis à de nombreux acteurs de mettre en place des mesures servant leurs intérêts, dès les premières semaines suivant les attentats du 11 septembre 2001 (« War On Terror » avec la guerre en Afghanistan puis en Iraq, « Patriot Act » etc.) ; toutefois, il convient d’être précautionneux et de ne pas systématiquement adopter un angle d’analyse partant du principe que tout est construction sociale par le fait d’instrumentalisation, puisque, si la comparaison avec l’attaque du 7 décembre 1941 a bien été renforcée à travers des processus discursifs et de manière volontaire, il semble malgré tout qu’elle ait commencé à se faire d’elle-même dans l’inconscient collectif de l’opinion publique Américaine immédiatement après les attaques. Néanmoins, son accentuation permet effectivement également aujourd’hui aux différents acteurs prenant part au débat concernant le projet Park51 d’appuyer leurs argumentaires, que ce soit dans un sens ou dans un autre : on voit bien dès lors l’importance que peut avoir l’interprétation d’un évènement historique, et en quoi l’usage et la relecture du passé peuvent constituer de puissants arguments.

B. La réappropriation du passé par des acteurs aux argumentaires radicalement opposés : l’exemple de la Shoah Un puissant procédé de charge mémorielle est également utilisé avec la référence à cette période de l’Histoire, mais qui peut faire s’interroger sur l’appropriation et la relecture d’évènements historiques par des acteurs, et l’instrumentalisation qui peut être faite du passé puisque, tant des opposants que des acteurs favorables au projet se servent de comparaisons avec la Shoah pour jouer sur l’affect de leur interlocuteurs afin de donner plus de crédibilité et d’adhésion à leurs argumentaires. Dans un article publié dans The New York Times au début du mois de Septembre 2010, la journaliste Laurie Goodstein cite l’imam Abdullah T. Antepli, l’aumônier musulman de l’université de Duke aux États-Unis, qui s’exprimait après un voyage en Pologne et en Allemagne avec d’autres leaders musulmans Américains ainsi qu’un rabbin. Le but du voyage de ces différents leaders religieux était d’étudier l’Holocauste et la période qui

99 HUMPHREY (Michael), ‘Ground Zero mosque’: How close is too close?’, in True/Slant, 27 juillet 2010, < http://trueslant.com/ michaelhumphrey/2010/07/27/ground-zero-mosque-how-close-is-too-close/ > Jacquelin Coline - 2011 61 PARK51 : L’INSTRUMENTALISATION D’UN PROJET D’ÉDIFICE URBAIN ÉRIGÉ EN SYMBOLE POLITIQUE

l’avait précédé, d’essayer de comprendre les évènements qui avaient pu conduire à cela. De retour de ce voyage, Abdullah T. Antepli exprimait alors ses craintes quant au climat d’islamophobie plus ou moins latente qui règne pour lui actuellement aux États-Unis, ravivé selon lui par la polémique qui s’est développée autour du projet Park51. Il déclarait alors que « certains propos tenus [par les gens] autour de la controverse de la mosquée [le projet Park51] sont très similaires à ce que les médias Allemands disaient à propos des Juifs dans les années 1920 et 1930 », ajoutant que « c’est très effrayant »100. L’imam établit dans cet article une analogie entre la période qui a précédé la Shoah durant laquelle les Juifs d’Europe se sont vus de plus en plus stigmatisés, accusés d’être une menace, d’être inférieurs de par leur religion - époque durant laquelle de nombreux clichés et idées-reçues ont été véhiculés dans l’opinion publique à travers la propagande notamment médiatique (affiches, tracts, films etc.) -, et ce qu’il dit ressentir en ce moment aux États-Unis vis-à-vis des Musulmans. Ainsi, il exprime son sentiment qu’il y aurait un climat ambiant aux États- Unis dont il faudrait se méfier, un danger latent dans la société Américaine qui, si on n’y prête pas plus attention et si on le laisse se développer pourrait avoir des conséquences extrêmement négatives sur la cohabitation entre les cultures et les religions, et sur l’avenir des Musulmans aux États-Unis. Pour lui, les médias Américains relaient des discours de haine, de rejet vis-à-vis des Musulmans - on peut penser aux discours de Glenn Beck, de Sarah Palin, Pamela Geller et bien d’autres -, et il met en garde contre cela ; il se sert d’une analogie entre l’évènement sans doute le plus présent dans la mémoire collective de très nombreuses nations, un moment de l’Histoire qui est présenté comme la plus grande ème tragédie du 20 siècle puisqu’il s’agit de la tentative d’extermination d’une religion et de tous ses croyants. Il ne pouvait trouver d’analogie plus forte puisqu’elle fait appel de manière particulièrement puissante à l’affect, aux émotions de la plupart d’entre nous et est extrêmement présente dans la mémoire collective, renvoyant à des images et à des symboles très forts. Avec cette comparaison, il espère alerter sur ce qu’il pense qu’il pourrait se passer si ce climat ne s’apaisait pas, et faire en sorte que, par le rappel de l’Histoire et des erreurs du passé, celles-ci ne soient pas commises à nouveau. Le rabbin David Saperstein, Directeur du « Centre d’Action Religieuse pour la Réforme du Judaïsme », rejoint l’imam Abdullah T. Antepli dans son argumentaire et dénonce également la stigmatisation des Musulmans et de l’Islam ; il compare ainsi les obstacles nde auxquels ils sont confrontés à ce qu’ont subit les Juifs avant et pendant la 2 Guerre Mondiale, et alerte et appelle la population à ne pas laisser une telle situation se reproduire, ce qui risquerait d’être le cas si on permettait aux opposants au projet Park51 d’empêcher celui-ci d’aboutir. Dans un article de The New York Times, la journaliste Laurie Goodstein rapporte des propos du rabbin qui déclarait en 2010 à propos de la polémique autour du projet de Feysal Abdul Rauf : Nous [les Juifs] savons ce que c’est quand des gens se sont attaqués à nous physiquement, se sont attaqués à nous verbalement, et que d’autres sont restés silencieux. Cela ne peut pas se passer ici en Amérique en 2010. 101 Le journaliste et membre du « Council of Foreign Relations » (« Conseil des Affaires Etrangères ») William Mc Gurn établit quant à lui une comparaison directe, non pas entre le climat ambiant de méfiance qu’il y aurait envers l’Islam et celui qui régnait envers les Juifs 100 - GOODSTEIN (Laurie), ‘American Muslims Ask, Will We Ever Belong?’, in The New York Times, 5 septembre 2010 < http://www.nytimes.com/2010/09/06/us/06muslims.html > 101 GOODSTEIN (Laurie), ‘Concern is Voiced Over Religious Intolerance’, in The New York Times, September 7, 2010, < http://www.nytimes.com/2010/09/08/us/08muslim.html?ref=opinion > 62 Jacquelin Coline - 2011 Partie seconde : les éléments de la construction d’un symbole politique

dans les années 1930, mais en se servant d’une polémique précise qui a eu lieu concernant un édifice catholique devant être construit prêt du camp d’extermination d’Auschwitz, en y comparant la polémique autour du projet Park51 afin d’étayer son argumentaire et de créer une sorte de « jurisprudence historique » pour défendre son point de vue. Dans un article écrit la veille de la décision rendue par la City’s Landmarks Preservation Commission concernant l’accord ou non de statut de monument protégé au bâtiment où doit se construire le futur centre interculturel, il souligne qu’il est important de tenter de comprendre le déchaînement de passions qu’il provoque, au-delà du seul aspect juridique ; pour cela il compare alors cette polémique à une autre qui a eu lieu dans les années 1980, à propos de l’installation d’une congrégation de religieuses carmélites – membres de l’ordre religieux catholique du Carmel -, dans un bâtiment abandonné près de l’ancien camp d’extermination d’Auschwitz. Pour William Mc Gun, la similarité de ce cas avec l’actuelle polémique autour de la « Cordoba House » est ainsi frappante : Pour les Juifs, Auschwitz est un symbole de la Shoah, et la présence d’un couvent leur apparaît comme une volonté de christianiser un lieu de souffrance juif. […] Beaucoup de Catholiques, pas seulement en Pologne [pays dans lequel se trouve Auschwitz], ne pouvaient pas comprendre comment des nonnes implorant le pardon de Dieu et priant pour l’âme des défunts pouvaient offenser qui que ce soit. 102 Pour lui, il y a ainsi une similarité entre la symbolique attribuée au site d’Auschwitz et le caractère sacré que lui accordent les Juifs de part l’importance de la Shoah dans la mémoire collective, et celle attribuée au site de « Ground Zero » par les New-Yorkais et les Américains, suite à ce qu’ils considèrent comme la plus grande tragédie qu’ait connue leur nation. En outre, au-delà de cette simple analogie, il apporte un autre élément d’explication et d’analyse plus critique, en expliquant que les proportions qu’ont prises chacune de ces deux polémiques sont dues en grande partie, non seulement aux différences de religions, mais aussi et surtout à l’interprétation de l’Histoire que produisent chacune des parties opposées ; pour lui, l’intensité des débats provient de la relecture de l’Histoire que chacun se fait d’un évènement. En cela, l’analyse de William Mc Gurn me semble particulièrement pertinente puisqu’il met en exergue un élément effectivement primordial, à savoir la vision subjective que l’on se fait de l’Histoire en fonction de son histoire personnelle et du contexte historique et social dans lequel on vit ; il est effectivement nécessaire de comprendre que différents individus n’auront pas la même lecture d’un évènement, puisque celle-ci intègre une part importante de construction sociale. William Mc Gurn se sert alors de cette analogie et de l’analyse qu’il en a faite pour exposer et justifier ensuite son point de vue concernant le projet de centre interculturel près du site des attentats du 11 septembre 2001. Il explique ainsi que dans le débat concernant la congrégation carmélites, c’est « la sagesse » et l’intervention du Pape Jean-Paul II qui a permis d’apaiser les tensions : celui-ci, voyant que la présence des nonnes ne faisait qu’attiser les tensions – bien que leur volonté première soit le contraire -, leur demanda finalement de quitter le bâtiment controversé pour en intégrer un autre, considéré comme neutre, bien qu’il ne partage pas les positions des opposants à la présence des carmélites. William Mc Gurn explique alors en quoi il considère cette décision comme la meilleure qui

102 MC GURN (William), ‘WTC Mosque, Meet the Auschwitz Nuns’, in The Wall Street Journal, 3 août 2010, < http:// online.wsj.com/article/SB10001424052748704271804575405330350430368.html Jacquelin Coline - 2011 63 PARK51 : L’INSTRUMENTALISATION D’UN PROJET D’ÉDIFICE URBAIN ÉRIGÉ EN SYMBOLE POLITIQUE

était à prendre, afin d’appuyer son propre point de vue sur la polémique Park51 et les décisions qui devraient selon lui être prises par les responsables. Il écrit alors que : De leur propre point de vue, les nonnes pensaient qu’elles faisaient seulement le bien. Elles devaient avoir un titre légal leur permettant d’être installées là où elles étaient [comme les propriétaires du projet Park51]. Et il est vraisemblable qu’elles n’auraient jamais été forcées de partir par les autorités locales étant donné qu’elles insistaient pour rester [encore une fois comme Feysal Abdul Rauf et ses collaborateurs]. 103 Il explique qu’il y alors une leçon à retenir de ce débat passé, et selon lui similaire, pour les décisions à prendre concernant la « Cordoba House » : Même ceux qui sont favorables à ce nouveau centre islamique peuvent sûrement comprendre pourquoi certains sentiments des Américains sont heurtés par l’idée d’une mosquée à l’endroit où des terroristes islamistes ont tué 2 700 innocents […], après moins d’une décennie. D’un autre côté, le maire Michael Bloomberg a raison à propos de la loi : notre liberté de religion ne signifie rien si elle ne s’applique pas à tous. […]. Mais toutes les questions sensibles ne peuvent – et ne doivent – pas être réduites à une question de légalité. […] Avoir le droit de faire quelque chose ne signifie pas que c’est la bonne chose à faire. 104 Pour William Mc Gurn, même si les intentions de Feysal Abdul Rauf sont louables, il doit néanmoins selon lui accepter le fait que la meilleure chose à faire serait de déplacer le projet, considérant l’importance symbolique que représente le site de « Ground Zero » pour les Américains, même si lui ne le perçoit pas de cette manière et n’est pas dans une démarche de provocation. Le recours à une analogie entre deux sites érigés en symboles d’évènements profondément ancrés dans les mémoires collectives - la Shoah pour les Juifs et les attentats du 11 septembre 2001 pour les Américains -, permet ainsi à l’auteur de cet article de faire gagner son argumentaire en crédibilité, puisqu’il ne se contente pas de comparer les deux débats, mais justifie sa prise de position en s’appuyant sur ce qu’il considère comme un « précédent historique ». D’autres encore jouent sur l’affect et l’émotion provoqués, tant par la Shoah que par les attentats du 11 septembre 2001 – deux évènements faisant appel à une multitude de sentiments -, en créant des analogies entre les acteurs, volontaires ou non, de ces évènements. Pour illustrer cela, deux cas sont particulièrement frappants de par l’usage qu’ils font de l’analogie avec la Shoah dans leurs argumentaires, tous deux défavorables au projet Park51, mais en faisant un usage de la mémoire de l’Holocauste pourtant totalement différent, l’un jouant sur l’émotion et appelant au respect de la douleur des familles des victimes, l’autre étant beaucoup plus extrême et s’en prenant plus directement aux concepteurs du projet. En effet, d’une part Abraham. H. Foxman, le Directeur de la « Ligue Nationale Anti Diffamation » (A.D.L.), une O.N.G. ayant pour but la lutte contre l’antisémitisme et les discriminations, se sert également de la mémoire de la Shoah pour s’opposer au projet de centre de Feysal Abdul Rauf. Pour lui, les familles des victimes des

103 MC GURN (William), ‘WTC Mosque, Meet the Auschwitz Nuns’, in The Wall Street Journal, 3 août 2010, < http:// online.wsj.com/article/SB10001424052748704271804575405330350430368.html 104 Ibid. 64 Jacquelin Coline - 2011 Partie seconde : les éléments de la construction d’un symbole politique

attentats du 11 septembre 2001 ainsi que ceux qui ont survécus aux attaques terroristes sont comme les survivants de l’Holocauste, déclarant que « leur peine les amènent à prendre des positions que d’autres pourraient caractériser d’irrationnelles ou de fanatiques. »105. Avec cette comparaison et cette déclaration, il tente d’attirer la sympathie envers les familles des victimes et joue pour cela sur le registre de l’émotion. Il tente d’établir une analogie qui amènerait l’opinion publique et les responsables politiques à assimiler la douleur des familles des victimes à celle qu’ont pu connaître les Juifs suite à la Shoah ; en faisant appel à un évènement aussi ancré dans la mémoire collective, et pour lequel il existe une certaine forme de culpabilité plus ou moins consciente de l’Occident pour ne pas y avoir mis fin plus tôt, Abraham H. Foxman espère convaincre qu’on ne peut faire vivre aux familles des victimes ce qu’elles considèreraient comme un non-respect envers leurs proches défunts, de la même manière qu’il aurait été inconcevable de faire revivre la douleur de la Shoah aux familles des victimes ou aux survivants. Le conservateur Newt Gingrich se sert lui aussi de la mémoire de la Shoah pour donner plus de crédit à son opposition au projet Park51, mais de manière totalement différente ; en effet, plutôt que de jouer sur l’émotion en établissant une analogie entre les victimes de deux évènements, il place au contraire son argumentaire du côté du sentiment d’indignation voire de haine que peut provoquer le souvenir du nazisme : il n’hésite pas alors à comparer l’Islam à ce totalitarisme en expliquant que l’Islam, tout comme l’idéologie nazie, à pour dessein de s’imposer au monde en allant jusqu’à la violence, comme en témoignent les attentats du 11 septembre 2001. L’ensemble de ces exemples, qui ne sont pas exhaustifs des analogies plus ou moins directes que l’on peut trouver entre les attentats du 11 septembre 2001 et l’Holocauste, montre que l’Histoire, si elle semble à priori être objective puisque rapportant des faits, doit en réalité être étudiée et analysée avec précaution car la façon dont elle est enseignée, transmise, porte systématiquement une part plus ou moins importante de subjectivité en fonction du contexte social, de la position des locuteurs…S’il ne faut pas tomber dans une paranoïa totale et remettre en question toute l’Histoire telle qu’elle nous a été enseignée, il faut néanmoins avoir le recul nécessaire pour pouvoir distinguer les relectures flagrantes de celle-ci, ou comment le passé peut parfois être instrumentalisé.

C. La construction d’un climat de peur qui rappelle la période du Maccarthysme « Le premier pas pour remporter la victoire dans ce choc des civilisations est de comprendre 106 la façon dont la partie adverse mène son combat » . Ces propos d’Ayaan Hirsi Ali interviennent dans un de ses articles publié dans Le Monde, dans lequel elle développe une image de l’Islam comme une religion usant de la fourberie, et reprenant l’idée selon laquelle cette religion tenterait une invasion sinueuse, une sorte de guerre avec l’Occident, pas forcément frontale mais qui en serait justement plus dangereuse si l’on ne s’en méfie pas. Elle assène ainsi que, depuis 30 ans, l’Arabie Saoudite aurait investi au moins 2 millions de US$ pour faire de la propagande et propager une version fondamentaliste de l’Islam, dans les pays musulmans, mais aussi dans le reste du monde. Cela appuie l’argumentaire employé par certains sur le financement soit disant douteux du projet Park51 ; ils propagent 105 HERTZBERG (Hendrick), ‘Zero Grounds’, in The New Yorker, August 16, 2010, < http://www.newyorker.com/talk/ comment/2010/08/16/100816taco_talk_hertzberg > 106 ALI (Ayaan Hirsi), « Illusion d’un monde unique, les nouveaux symptômes du choc des civilisations », in Le Monde, 25 août 2010 Jacquelin Coline - 2011 65 PARK51 : L’INSTRUMENTALISATION D’UN PROJET D’ÉDIFICE URBAIN ÉRIGÉ EN SYMBOLE POLITIQUE

ainsi l’idée que les promoteurs du projet, estimé à un coût d’environ 100 millions de US $, seraient totalement incapables de réunir seuls, du moins de manière transparente, la somme nécessaire, et certains opposants comme le très conservateur Newt Gingrich font entendre qu’ils seraient aidés par des organisations islamistes ou terroristes, ou des pays ennemis tels que l’Iran. Pendant les élections de mi-mandat à l’automne 2010, le candidat républicain Rick Lazio est allé jusqu’à faire de la question du financement « occulte » et « suspect » du projet Park 51 son principal thème de campagne. Mais cet argument apparaît vite comme totalement farfelu puisque les promoteurs ont justement beaucoup de mal à financer le projet et que, d’autre part, absolument aucune preuve – pas même le moindre élément suspect - n’a jamais été apportée pour appuyer ces accusations. D’autres reprennent le même argumentaire basé sur la présentation de l’Islam comme une religion sournoise et fourbe, qui tenterait de s’imposer au monde à travers une stratégie furtive constituée d’éléments envahissant peu à peu l’Occident pour l’attaquer « de l’intérieur », et expliquent que le projet Park51, est un élément de cette stratégie. Ayann Hirsi Ali est une des personnes développant l’idée que l’Islam est une religion sournoise et que ses fidèles ont – et ont toujours eu - pour stratégie d’imposer leur présence et de cette façon de conquérir peu à peu des territoires en y instaurant des monuments marquant et imposant leur présence, notamment à travers l’édification d’édifices religieux ; le projet Park51 fait pour elle partie de cette stratégie. De nombreux acteurs partagent ce point de vue et appuient leur argument sur l’exemple de la ville de Cordoue et de sa mosquée-cathédrale. En effet, il y a actuellement un conflit autour de cet édifice religieux, singulier par le fait qu’il ait un double statut religieux. Pour comprendre cela, il est nécessaire de faire un bref rappel historique. En 711, les Musulmans conquirent la ville de Cordoue, marquant le début de l’occupation Maure du Sud de l’Espagne aussi appelée « Al Andalus », période qui s’étend jusqu’en 1492, date de la reprise par les Rois d’Espagne de la ville de Grenade dans le cadre de la « Reconquista » ; dès lors, pendant près de 800 ans, l’ensemble de la péninsule ibérique est sous domination ème musulmane, et Cordoue devint jusqu’au 11 siècle la capitale de l’Espagne musulmane. ème A la fin du 8 siècle, l’émir Ommeyade Abd-El-Rahmane conclut un accord avec les Chrétiens pour partager la basilique Saint Vincent qui devint alors un lieu de culte où, tant les Catholiques que les Musulmans venaient prier et se recueillir ; puis, face à la croissance du nombre de Musulmans, l’émir décida de racheter aux Catholiques leur partie de l’édifice qui fut alors une mosquée à part entière, agrandie à de nombreuses reprises. La ème mosquée redevint à nouveau un édifice religieux catholique au 13 siècle, à la suite de la reconquête de la ville de Cordoue par les Chrétiens qui, sous Charles Quint, firent construire une cathédrale au cœur de l’ancienne mosquée. Aujourd’hui, cet édifice est officiellement une « mosquée-cathédrale » d’après l’appellation définie par l’UNESCO, mais fait l’objet de batailles autour de son nom et de son statut religieux. Ainsi, pendant une dizaine d’années jusqu’à sa mort en 2010, l’imam Andalou Mansur Abdussalam Escudero fit plusieurs requêtes auprès du Pape dans le but de faire de cet édifice un temple œcuménique, au regard de son passé particulier et multiconfessionnel ; sa volonté de prolonger l’héritage de coexistence des religions est partagée par d’autres acteurs tels que Monseigneur Romeron un catholique converti depuis à l’Islam. Néanmoins, plusieurs voix s’élèvent contre cela pour des raisons diverses ; la visite du Pape Benoît XVI en novembre 2010 pour « lutter contre la sécularisation et la diminution de la pratique catholique en Europe » a ravivé les tensions. Certains diocésains s’insurgent en effet contre le fait que cet édifice soit toujours appelé « mosquée-cathédrale » ce qui est pour eux une aberration et une tentative

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masquée de nouvelle « invasion » de l’Islam ; ils s’appuient sur plusieurs messages de Ben Laden et d’Al Qaeda ces dernières années, appelant à faire de nouveau de ce monument une mosquée à part entière, provocation implicite qui s’appuie sur la mémoire collective Espagnole et Européenne en désignant un symbole de l’occupation Maure. De ce fait, plusieurs acteurs accusent les Musulmans de vouloir s’infiltrer de nouveau en Espagne et d’y imposer leur religion, arguant alors que la « mosquée-cathédrale » doit redevenir simplement une cathédrale et ne plus accueillir les Musulmans dans le cadre de l’exercice de leur culte. C’est notamment la revendication exprimée par le révérend Manuel Montilla Caballero ou encore par l’évêque de Cordoue Demetrio Fernandez, qui ne sont cependant pas soutenus par les autorités locales, au premier rang desquelles le maire de Cordoue Andrès Ocana. Malgré cela, on voit bien les divisions qui existent autour de cet édifice et les arguments de ceux qui réfutent le terme de mosquée, s’appuyant bien souvent sur une rhétorique péjorative envers l’Islam, en donnant une image de religion conquérante, comme le font Ayann Irsi Ali et d’autres dans le cadre de la polémique Park51. Enfin, il faut souligner que l’ensemble de cet argumentaire visant à présenter l’Islam comme une menace d’invasion s’appuie sur le champ lexical de l’infiltration discrète et sournoise de l’ennemi pour amplifier la peur : on peut évoquer les expressions « djihad furtif », « charia rampante », ou encore « fourberie », employées à de très nombreuses reprises dans les discours de Newt Gingrich notamment. Pendant la Guerre Froide et le Maccarthysme, les mêmes expressions de « fourberie », « d’infiltration furtive » et de « menace rampante » des « Rouges » communistes étaient également employées. Ainsi, le fait de décrire un ennemi qui s’infiltre peu à peu contribue à renforcer le sentiment de peur et de dangerosité de ce dernier, comme l’explique le journaliste Thomas Deltombe lorsqu’il écrit que « perpétuellement menacés, nous le serions de manière diffuse par un ennemi d’autant plus inquiétant qu’il n’est pas facilement identifiable. »107 Il s’est alors développé aux États-Unis un climat de peur, voire de paranoïa chez certains, percevant tout ce qui est en lien avec la religion musulmane comme une menace. Un article du journal Le Monde daté du 11 août 2010 expliquait que « le mouvement anti- mosquée aux États-Unis ne se limite pas au seul projet près de Ground Zero »108, de nombreux groupes, associations, personnalités politiques…cherchant à ce que ces édifices religieux soient perçus comme des éléments de la « stratégie d’infiltration » de l’Islam.Il s’avère en effet que l’on recense un nombre relativement important d’autres attaques ou oppositions contre des salles de prières musulmanes aux États-Unis ; on présente par exemple des chiffres tels que 1 200 mosquées en 2001 sur le sol Américain contre 1 900 en 2010, certains pointant du doigt ce qu’ils qualifient alors de prolifération , mais en réalité, beaucoup de ces soi-disant « mosquées » sont en fait de petites salles annexes de commerces de quartiers, des locaux aménagés…qui servent de salles de prière, d’après des enquêtes menées par le Pew Research Center. Il n’y a donc pas depuis le 11 septembre 2001 de multiplication massive du nombre de Musulmans et de leurs lieux de cultes, contrairement à l’image que certains tentent de faire passer au sein de l’opinion publique. Parmi eux, on peut citer par exemple les PAC qui sont des organisations privées dont le but est d’aider ou de décrédibiliser des élus, d’encourager ou de dissuader certaines lois.Le « National Republican Trust Political Action Committee » est un PAC fondé en septembre 2008 qui n’est officiellement pas affilié au G.O.P. (« Grand Old Party », surnom donné au Parti Républicain) et qui se décrit comme une organisation indépendante dont

107 Tiré de « L’ennemi invisible », in DELTOMBE (Thomas), L’islam imaginaire, Paris, La Découverte, 2007, p.269 108 CYPEL (Sylvain), « Les manifestations d’hostilité aux mosquées se multiplient aux Etats-Unis », in Le Monde, 11 août 2010 Jacquelin Coline - 2011 67 PARK51 : L’INSTRUMENTALISATION D’UN PROJET D’ÉDIFICE URBAIN ÉRIGÉ EN SYMBOLE POLITIQUE

le but est d’aider à promouvoir les valeurs Américaines et de supporter les candidats aux élections fédérales, au Congrès, au Sénat ou dans la course à la Présidence qui partagent les « valeurs Américaines ». C’est ce PAC qui est notamment à l’origine de la vidéo « Kill the Ground Zero Mosque » évoquée auparavant. Une ultime stratégie communicationnelle pour montrer la « fourberie » du projet Park51 et son caractère provocateur - donc ayant d’autres visées que celles qu’il prétend avoir -, est l’usage depuis plusieurs mois d’une véritable tentative de désinformation voire de calomnie, arguant que Feysal Abdul Rauf aurait fixé la date d’ouverture du centre le 11 septembre 2011, ce qui est considéré comme une véritable déclaration de guerre par certains. J’ai lu quelque part que l’inauguration était prévue pour le 11 septembre, tout un symbole, la maison blanche est parfaitement au courant du projet et l’approuve, une destitution est plus que nécessaire et urgente sinon adieu l’Amérique et adieu l’occident. (Djurdjura le 10 juil 2010 à 0:35)109 Ce commentaire posté sur un forum Internet est très révélateur de la stratégie de propagande mise en place autour de la date supposée de l’ouverture du centre interculturel Park51 ; on remarque les propos de l’internaute qui dit avoir « lu quelque part » l’information selon laquelle l’inauguration devrait avoir lieu un 11 septembre, et qui ajoute que « la maison blanche est parfaitement au courant […] et l’approuve » (on ne sait pas ici si c’est lui qui se prononce ou bien s’il l’a également « lu quelque part »). On comprend que cette personne n’a en aucun cas vérifié l’information, ne se rappelant même pas de la source, et on imagine bien qu’il ne doit pas être le seul à se laisser influencer par la propagande ainsi menée, qui porte ses fruits. Ainsi, Alisyn Camerota, présentatrice sur la chaîne Américaine Fox News, tenait elle- même des propos illustrant son ignorance du sujet et la force de persuasion des « on- dit » menés dans cette campagne de propagande. En effet, le 19 juillet 2010 alors qu’elle co-présente une émission abordant le sujet du projet Park51, elle déclare que l’imam Feysal Adul Rauf aurait « apparemment dit des choses dans le passé qui seraient anti Américaines »110. Alors qu’elle a une responsabilité d’information puisqu’elle tient ces propos sur une des chaînes les plus importantes du pays, elle se permet de tenir un discours approximatif qui va être vu et entendu pas des milliers de personnes, alors qu’elle-même ne semble se baser que sur des choses qu’elle aurait entendues sans avoir vérifié ses informations d’une quelconque manière. Et cela semble se confirmer par la suite puisqu’elle déclare à deux reprises que la date d’ouverture de la « mosquée » est prévue pour le 11 septembre. Encore une fois, on voit à quel point la campagne de désinformation a un impact puisque, même dans des médias importants, de fausses informations sont relayées ; et cette information d’une soi-disant ouverture du centre le 11 septembre est un élément de propagande extrêmement important et donc beaucoup utilisé puisque cela est vraiment perçu comme une ultime provocation du fait de l’importance symbolique que revêt la date ème du 10 anniversaire des attentats du 11 septembre 2001. La bloggeuse Pamela Geller n’hésite alors pas à tenter de diffuser cette information à une échelle la plus importante possible, comme lorsqu’elle écrit que :

109 Forum : http://www.bivouac-id.com/billets/une-organisation-porte-atteinte-a-sioa-stop-islamisation-of-america-en-le- classifiant-groupe-de-haine/ > 110 ‘Why is Fox pushing a falsehood to fuel outrage over NYC Muslim community center?’, in Media Matters for America, 20 juillet 2010, < http://mediamatters.org/research/201007200004 > 68 Jacquelin Coline - 2011 Partie seconde : les éléments de la construction d’un symbole politique

Les autorités New-Yorkaises violent le protocole pour construire une méga mosquée à Ground Zero […], enlevant chaque obstacle pour accélérer le processus, dans le but que sa date d’ouverture soit le 11 septembre 2011, le jour ème 111 du 10 anniversaire des attaques terroristes. Mais en réalité, ceci est totalement faux et a été démenti à maintes reprises par Daisy Khan puisque l’ouverture du centre, s’il voit le jour, est prévue d’ici trois à cinq ans. En outre, les fonds nécessaires à la construction du centre sont loin d’avoir été récoltés puisque de l’aveu même de Sharif El-Gamal, seulement 4 millions US$ avaient été récoltés en février 2011. Ainsi, l’ensemble de ces éléments et de ces méthodes de propagande ne sont pas sans rappeler l’attitude des médias Américains aux États-Unis pendant la période du Maccarthysme. En effet, au début des années 1950 on a assisté à ce que certains ont nommé une véritable « chasse aux sorcières » vis-à-vis des communistes dans un contexte de Guerre Froide. Cela a débuté en 1950 lorsque le sénateur Américain Joseph McCarthy a prononcé un discours dans lequel il affirmait que des communistes étaient infiltrés au sein même du Gouvernement, déclenchant une véritable vague de paranoïa qui dura 4 ans jusqu’en 1954, date à laquelle le sénateur est déchu de son poste. Néanmoins, durant les 4 ans qu’a duré cette période, on a vu se développer aux États-Unis un climat de peur croissant envers les communistes, accusés de tenter d’infiltrer le pays en s’introduisant dans les cercles politiques, médiatiques, artistiques…afin de faire de la propagande. Dès lors, de nombreuses campagnes de propagande ont été mises en place afin de décrédibiliser les communistes et de tout faire pour créer un climat de paranoïa au sein de l’opinion publique afin de faciliter et de justifier des mesures sécuritaires prises par le Congrès. Cette propagande s’est faite à travers des campagnes de désinformation, la diffusion de fausses informations pour alarmer la population, l’usage d’une rhétorique manichéenne visant à faire percevoir « l’ennemi communiste » comme dangereux, sournois et fourbe, d’où l’attention toute particulière qu’il faudrait avoir afin de ne pas les laisser s’infiltrer. Néanmoins, si la propagande, la méfiance vis-à-vis des Musulmans, les campagnes de désinformation menées par certains groupes rappellent par certains aspects le Maccarthysme, ces éléments ne vont pour autant pas jusqu’au point que cette période à atteint ; en effet, c’était une autre époque et on ne peut faire une comparaison totale, ne serait-ce qu’en raison des discriminations officielles vécues par les communistes au début des années 1950 ou encore des procès menant à des exécutions comme dans le cas des époux Rosenberg. Enfin, comme pendant la période du Maccarthysme, tous ceux qui n’adhèrent pas à ces discours et idées, ou qui soutiennent des projets considérés comme menaçants sont dénigrés et accusés de n’être pas assez patriotiques, voire soupçonnés d’être eux-mêmes des menaces. Même si on ne peut pas parler de « chasse aux sorcières » comme à l’époque, il est difficile, notamment pour les personnalités politiques, des élus, de clairement se positionner en faveur du projet Park51, au risque d’être accusés par leurs adversaires d’être « Un-American »112 et de perdre une partie de leur électorat, voire d’être associés à cette soi-disant menace. Un exemple intéressant est celui d’un des deux seuls représentants musulmans au Congrès Américain qui, interrogé sur sa position par rapport au projet Park51, s’est contenté de répondre de manière gênée et expéditive que ses collègues en 111 GELLER (Pamela), ‘Mosqueing Ground Zero at Warped Speed’, in Human Events, 13 juillet 2010, < http:// www.humanevents.com/article.php?id=38031 > 112 HABERMAN (Clyde), ‘Putting ‘Un-American’ in Perspective’, in The New York Times, March 21, 2011 < http:// www.nytimes.com/2011/03/22/nyregion/22nyc.html?_r=2&emc=tnt&tntemail1=y > Jacquelin Coline - 2011 69 PARK51 : L’INSTRUMENTALISATION D’UN PROJET D’ÉDIFICE URBAIN ÉRIGÉ EN SYMBOLE POLITIQUE

charge de la ville de New-York sauraient bien mieux répondre à cette question et s’exprimer sur ce sujet que lui. Bien sûr, il ne s’agit pas ici d’affirmer que tout Musulman soutient ou doit soutenir par principe le projet, il est tout à fait possible d’être Musulman et pour autant de s’opposer au centre Park51, c’est une question complexe qui ne se résume pas à l’obédience religieuse de chacun comme vise à le montrer ce mémoire. Mais, la réponse évasive et gênée de ce représentant à la Chambre des députés laisse supposer que, le fait que lui-même soit musulman l’a sûrement mis dans une situation complexe dans laquelle une partie des « anti Park51 » auraient probablement instrumentalisé sa réponse, quelle qu’elle soit. Même si cela reste des suppositions, il est possible de se dire que s’il avait soutenu le projet, on l’aurait accusé d’être associé au « complot islamiste » ; mais dans le cas contraire, sa réponse aurait tout autant pu être instrumentalisée et présentée comme la preuve que le projet Park51 est une menace si même un Musulman – qui serait alors un « musulman modéré » - s’y oppose…

III – Le processus discursif : un élément omniprésent et puissant dans la construction de la portée symbolique du projet

A. La récurrence du terme « musulmans modérés », ou l’expression latente d’une connotation péjorative de l’adjectif « musulman » Une partie de mon travail a consisté à analyser l’importance de la rhétorique et notamment des récurrences des expressions « d’Islam modéré» ou de « musulman(s) modéré(s) » : pourquoi employer « systématiquement » le qualificatif modéré ? Cela induit implicitement qu’il y aurait un Islam radical, et des Musulmans extrémistes. Même si cela est le cas, comme pour toutes les religions, une analyse de discours montre que l’occurrence du terme modéré est très fréquente, et que l’on parle en revanche peu ou prou de « judaïsme modéré », de « catholicisme modéré ». Cela conduit à des analogies simplificatrices, associant par ce processus Islam et extrémisme dans la mémoire collective, les termes « Islam » ou « Musulman » sans qualificatif de modéré induisant une peur, les Musulmans devant se justifier d’être modérés. Dans un article publié dans la revue Foreign Policy, Steven A. Cook dénonce ainsi le « mythe de l'Islam modéré ».113 Selon lui : Il est impossible de se mettre d’accord sur une définition opérationnelle du mot « modéré » […] Il y a un argument […] qui prétend que si on donnait plus d’audience aux voix de la modération, les idéologies extrémistes […] recruteraient moins d’adhérents. Bien que cela semble raisonnable, bonne chance à qui tente de la définir. […] Comme les critères qui caractérisent « un modéré » sont follement différents, les responsables politiques tournent en rond quand ils essaient de déterminer qui est un modéré, digne de soutien, et qui

113 COOK (Stephen A.), « Le mythe de l'Islam modéré », in ForeignPolicy, juin 2008, < http://www.objectif-info.com/ index.php?id=1072 > 70 Jacquelin Coline - 2011 Partie seconde : les éléments de la construction d’un symbole politique

ne l'est pas. Le modéré de l'un est le radical de l'autre, et le modéré d'une autre personne n'est qu'un dindon de l'Occident. 114 En effet, modéré signifie « n’être pas exagéré, excessif ; être moyen en intensité ou en quantité. » ou encore « faire preuve de mesure, être éloigné des extrêmes. »115 Stephen A. Cook souligne à quel point le terme de « Musulman » ou « d’Islam modéré » est flou et peut, dès lors, être instrumentalisé via des stratégies discursives, voire conduire à un cercle vicieux. Ainsi, il semble que de nombreux Musulmans soient heurtés par ce qualificatif qui conduit inconsciemment à une représentation négative de l’Islam sans précision de modération, et cet usage rhétorique est d’autant plus dangereux qu’il ne définit pas quelque chose de précis, mais fait totalement appel à la subjectivité de chacun concernant la modération - qui peut de plus varier selon le contexte -. Dès lors, il m’a semblé pertinent de tenter d’analyser la perception que les Musulmans pouvaient avoir de ces formules rhétoriques, en quoi cela les affectait ou non et quelle(s) explication(s) ils trouvaient à cela. L’analyse de nombreux échanges sur des forums Internet a été la méthode de recherche qui m’a semblé la plus pertinente et appropriée – considérant principalement le fait qu’il m’aurait été impossible de faire une enquête de terrain suffisamment représentative dans le temps qui m’était imparti -. Il est important de préciser que les forums ayant servi pour mon analyse sont des forums francophones, mais, après réflexion, cela ne m’est pas apparu comme un biais fondamental dans mon travail qui porte avant tout sur un sujet Américain, étant donné que tout au long de la lecture de mon corpus il m’a semblé que le qualificatif de modéré était autant utilisé par les médias, les personnalités politiques…français ou francophones qu’Américains ; il ne me semble pas de ce fait trop m’avancer ou extrapoler en émettant l’hypothèse que le ressenti des Musulmans doit être singulièrement le même qu’ils soient Américains ou non, quant à l’usage de ces expressions. Ainsi, l’analyse de différents forums montre à quel point ce qualificatif de modéré semble heurter de nombreux Musulmans, en témoignent par exemple les très nombreux sujets de discussions et de débats lancés à ce propos sur Internet, et les nombreux commentaires d’indignation quant à ces expressions que l’on peut y recenser.116 Enfin, il est également important de porter une attention particulière aux locuteurs qui emploient ces termes, et dans quel contexte ils les emploient puisque comme l’explique notamment Patrick Charaudeau, le contexte discursif doit être pris en compte puisqu’il influe sur la rhétorique employée. Ainsi, comme on a pu le voir, les expressions de « Musulmans » et « d’Islam modéré » semblent d’autant plus menaçantes en ce qui concernent la représentation que l’opinion publique peut se faire des Musulmans, étant donné qu’elles sont utilisées, tant de manière volontaire et stratégique, qu’inconsciemment, sans arrières pensées à priori islamophobes ; elles sont même parfois utilisées par les Musulmans eux- mêmes, ce qui montre l’ancrage de ce qualificatif dans l’inconscient collectif.

B. L’utilisation de la rhétorique des croisades contre les « barbares » Très rapidement après les attaques terroristes du 11 septembre 2001, le champ sémantique de l’invasion barbare, du grec barbaros, « étranger » et signifiant dans le langage 114 Ibid. 115 « Etre modéré », in Dictionnaire Larousse 116 Cf. Bibliographie, « Forums Internet » Jacquelin Coline - 2011 71 PARK51 : L’INSTRUMENTALISATION D’UN PROJET D’ÉDIFICE URBAIN ÉRIGÉ EN SYMBOLE POLITIQUE

contemporain « qui agit avec cruauté, sauvagerie »117 fait son apparition dans les discours politique, des médias…Ainsi, comme l’explique Julien Fragnon dans la revue ¿ Interrogations ?, ces attentats apparaissent comme la continuité de ce qui serait, dans l’inconscient collectif, la position de l’Occident en tant que cible perpétuelle de la menace que constitue l’Orient. P. Bruckner écrit ainsi que « […] le Mur de Berlin […] était en fait une sorte de Mur d’Hadrien contemporain […] »118. De même, le lendemain des attaques, on pouvait lire dans Le Figaro : « quand d’autres barbares s’attaquèrent à un autre empire. ». En outre, J. Fragnon explique que l’on assiste à une multiplication des références à un ennemi invisible qui renvoient inconsciemment aux stéréotypes sur la « fourberie de l’Arabe » comme dénoncés par E. Saïd dans son ouvrage L’Orientalisme, l’Orient créé par l’Occident. Il cite par exemple Le Nouvel Observateur qui titrait dans un de ses articles « Attaque imparable, ennemi invisible »119. L’auteur E. Qureshi explique dans le chapitre « USA, la nouvelle Guerre Froide entre « Islam » et « Occident » » dans ouvrage collectif que de nombreuses voix aux États-Unis, notamment dans le milieu des médias et des cercles politiques conservateurs Américains, s’élèvent de plus en plus contre l’Islam, qui menacerait les États-Unis de devenir une « nation assiégée » par ce qu’ils considèrent comme un ennemi prêt à les envahir pour imposer sa domination. En effet, le 3 août 2010, jour du vote devant se prononcer sur l’autorisation de construire un centre tel que proposé dans le cadre du projet Park51, un groupe de manifestants contre le projet a employé le terme de « citadelle islamique »120 pour désigner le futur centre. Mais il est intéressant de souligner que cette rhétorique des croisades est non seulement utilisée de manière récurrente par les cercles conservateurs et la droite chrétienne aux États-Unis, mais également par ceux qu’ils désignent comme leurs ennemis ; Ben Laden, entre autres, désignaient régulièrement les Américains comme des « Croisés » qui tenteraient de conquérir de manière violente et sanglante le reste du monde, et notamment le « monde musulman ». Ainsi, il importe de préciser ce qu’on entend par le terme « croisade ». A l’origine, les Croisades était le « nom donné aux expéditions ème ème militaires entreprises du 11 au 13 siècle par les Chrétiens d’Occident à l’instigation de la papauté qui leur fixa pour but la délivrance des Lieux Saints occupés pas les Musulmans. » 121, ce qui permet de comprendre pourquoi les islamistes comme Ben Laden ont également usé de cette rhétorique. Mais c’est aussi plus généralement une « expédition militaire faite dans un dessein religieux. »122. Enfin, ce terme désigne également dans le langage contemporain une « vive campagne menée pour créer un mouvement d’opinion. »123. On voit alors que la rhétorique des croisades est très présente chez ceux qui voient entre « l’Islam » et « l’Occident » une incompatibilité irréversible et menant de fait à un conflit, ou qui cherchent à faire percevoir la situation comme telle, se servant alors de ce discours comme un élément fondamental dans leur processus de persuasion et d’ancrage d’une certaine vision du monde dans l’imaginaire collectif. Ainsi, le chercheur Emran Qureshi, lui-même auteur de l’ouvrage The New Crusades, Constructing the Muslim 117 « Barbare » in Dictionnaire Larousse 118 P. Bruckner, « Les prophéties de Hollywood », ibid 119 « Attaque imparable, ennemi invisible », Le Nouvel Observateur, op. cit., p.67 120 CYPEL (Sylvain), « Les manifestations d’hostilité aux mosquées se multiplient aux Etats-Unis », in Le Monde, 11 août 2010 121 « Croisade », in Dictionnaire Larousse 122 Id.op. 123 Id.op. 72 Jacquelin Coline - 2011 Partie seconde : les éléments de la construction d’un symbole politique

Enemy dans lequel il analyse et dénonce ce phénomène, explique qu’outre les discours politiques et la propagande médiatique, un nombre croissant d’ouvrages est édité depuis quelques années ayant pour thème et argumentaire le fait que l’Islam mènerait une véritable croisade contre l’Occident et les États-Unis et constituerait alors un danger de première importance (E. Qureshi cite par exemple l’ouvrage de R. Spencer, le directeur de « Jihad Watch », The Politically Incorrect Guide To Islam (and the Crusades)). Dès lors, on comprend tout l’intérêt que peut avoir cette rhétorique des croisades qui permet de justifier une résistance (même par la guerre qui est alors considérée comme « juste », de « légitime défense ») ; d’où, d’après les partisans de cet argumentaire, une résistance justifiée contre tout ce qui semble constituer une tentative d’invasion de l’Islam, comme la « mosquée de Ground Zero ».

Affiche d’un film de propagande réalisé par les organisations S.I.O.A. et A.F.D.I. Cette affiche d’un film de propagande réalisé par les organisations S.I.O.A. et AFDI (« American Freedom Defense Initiative », une autre organisation radicale souvent associée à S.I.O.A. dans ses projets), est frappante et illustre bien le message d’invasion par les barbares que ces organisations veulent faire passer : au-dessus des images des « Twin Towers » en feu qui émeuvent le spectateur, particulièrement Américain en lui rappelant ce qui est présenté comme la pire tragédie de l’Histoire du pays, on voit le titre du film, à savoir « La mosquée de Ground Zero, seconde vague des attaques du « 11-Septembre » ». Le message est alors on ne peut plus clair : le projet Park51 est une provocation ultime des terroristes islamistes pour frapper de nouveau l’Amérique, et s’il aboutit cela représentera une menace terrible pour le pays puisque ce projet serait en fait inscrit dans une stratégie globale d’invasion et d’attaque des États-Unis par l’Islam, stratégie dont ont fait partie les attentats du 11 septembre 2001, mais dont ferait tout autant partie le projet à l’initiative de Feysal Abdul Rauf. C’est exactement le discours tenu dans ce film de propagande diffusé

Jacquelin Coline - 2011 73 PARK51 : L’INSTRUMENTALISATION D’UN PROJET D’ÉDIFICE URBAIN ÉRIGÉ EN SYMBOLE POLITIQUE

pour la première fois en février 2011 dans le cadre d’un séminaire à Washington consacré à l’élaboration d’une stratégie pour stopper l’évolution du projet. On note également un recours croissant au xénisme, c’est-à-dire l’emploi de mots nde étrangers qui visent à amplifier la peur (comme pendant la 2 Guerre Mondiale avec des mots tels que « hara-kiri », « kamikaze »), ici on emploie les mots de « charia », « jihad »… car l’inconnu effraie. En outre, il y a quelques mois, le fils de Billy Graham, le pasteur évangélique le plus influent des USA, a déclaré que le projet Park51 ne devait pas voir le jour car selon lui : Ils [les Musulmans] revendiqueront comme territoire islamique tout le secteur qu’ils traverseront à pied. Ils finiront par déclarer territoire islamique tout le quartier du World Trade Center. Mais, il me semble nécessaire de souligner que, contrairement à d’autres éléments liés à la problématique interreligieuse et à l’Islam, ce projet et les oppositions qu’il suscite ou a suscitées, ne font pas vraiment l’objet d’un débat à l’échelle mondiale ; que contrairement à ce qu’il s’est passé pour d’autres évènements (comme la loi sur la burqa/niqab en France qui fait l’objet de menaces, de chantages et de tentatives de « marchandages » dans l’affaire des otages français enlevés par AQMI par exemple), là, ni Al Qaeda, ni Ben Laden ou d’autres islamistes n’ont vraiment exprimé de revendications par rapport au projet Park51, ou de menaces en cas de non aboutissement de celui-ci, ce qui met à mal l’argumentaire de la tentative de provocation et d’invasion islamiste à travers cette éventuelle construction…

C. De la « Cordoba House » au projet Park51 : une « Méga mosquée » à « Ground Zero » ou un « centre communautaire » dans le Lower Manhattan ? Un enjeu de dénomination central au sein du débat On assiste dans le cadre de la polémique autour du projet de Feysal Abdul Rauf à une désinformation au travers de l’utilisation du nom de ce projet. Ainsi, une analyse au moins succincte des différentes appellations est un travail important à effectuer puisque les mots que l’on emploie, les dénominations, la façon dont on « dit l’autre » traduisent la représentation que l’on s’en fait, ou que l’on veut que nos interlocuteurs s’en fassent. Tout d’abord, il faut rappeler qu’avant de prendre le nom officiel de Park51, relatif à la localisation du projet, celui-ci devait porter le nom de « Maison Cordoba » : ceci relève de la connotation mémorielle liée à la ville de Cordoue, que F.A. Rauf, l’initiateur du projet, a souhaité associer à son projet. En effet, il présente ce dernier comme un lien entre les différentes religions et l’érige en symbole de tolérance en l’associant à la ville de Cordoue, présentée comme la ville symbolique du dialogue et de la coexistence pacifique entre Chrétiens, Juifs et Musulmans, en référence à l’époque de l’occupation Maure du Sud de l’Espagne. Mais là encore, on peut nuancer cette présentation que certains dénoncent comme une relecture idéalisée de l’Histoire, arguant qu’il y avait en réalité bien plus de tensions entre les différents cultes que ne le présentent l’Histoire officielle. Ceci a d’ailleurs entraîné de nombreux débats à l’origine de l’abandon de l’appellation. Ainsi, devant la vive controverse que soulevait le nom de « Cordoba House », qui renvoyait les différents acteurs aux diverses interprétations de l’Histoire et donc visions qu’ils avaient de cette ville et de la symbolique qui lui est fréquemment attribuée, les acteurs à l’initiative du projet ont accepté de changer la dénomination du futur centre en Park51, en référence à sa localisation dans New-York comme il a été expliqué auparavant. Le 16 août 74 Jacquelin Coline - 2011 Partie seconde : les éléments de la construction d’un symbole politique

2010 dans une émission sur la chaîne de télévision Américaine , le commentateur Keith Olbermann soulignait, à l’attention notamment de l’opposant au projet Newt Gingrich, que « le propriétaire du projet Sharif El-Gamal a changé le nom ; ils ont déjà fait un compromis. »124, avant de citer des propos d’El-Gamal rapportés par le Financial Times : Nous l’appelons Park51 à cause des violentes réactions au nom Cordoba House. […] Cela sera un endroit ouvert à tous les New-Yorkais et ce nom est très représentatif de New-York. 125 Cet ainsi dès la mi-août de l’année 2010 que la « Cordoba House » est devenue Park51. Mais dans le même temps, en plus d’un débat sur la dénomination officielle, on assistait, et cela continue, à un débat et à une véritable guerre des mots autour de l’appellation officieuse. « Nos critiques nous appellent la Mosquée de Ground Zero. Nous sommes Park51 »126. Ainsi, sur le site officiel de Park51 les initiateurs du projet insistent sur le fait que le centre n’est pas une mosquée mais bien un centre communautaire musulman, ce qui montre qu’ils ont saisi tout l’enjeu de la dénomination de celui-ci, et surtout comment leurs adversaires s’en servent d’arme dans le débat, comme le montre cette citation. Néanmoins, cette rhétorique semble fonctionner, puisque cette dénomination est très utilisée dans le débat et qu’elle semble s’inscrire de manière croissante dans l’inconscient collectif lorsque l’on évoque le projet. En effet, même des acteurs soutenant Park51 ont fini par intégrer cette rhétorique. Parmi eux, Michael Bloomberg qui est pourtant un des plus grands défenseurs du projet parle le plus souvent de « mosquée » lorsqu’il évoque Park51. Un autre exemple est celui de l’imam Abdullah T. Antepli, l’aumônier musulman de l’université de Duke : cité par Laurie Goodstein dans un article du quotidien The New York Times, il parle de la « controverse de la mosquée ». Cependant, ce dernier exemple peut être nuancé. Le fait qu’il parle de « controverse de la mosquée » peut faire penser qu’il conçoit ici d’utiliser le terme « mosquée », bien que cela n’en soit pas une, dans le sens où c’est aussi justement en partie parce que l’on parle de « mosquée » qu’il y a une controverse ; en d’autres termes, l’expression « controverse de la mosquée » peut-être perçue comme une critique vis-à-vis de l’emploi du terme mosquée, comme s’il voulait montrer l’absurdité de ce terme. On peut cependant s’interroger sur la ou les raisons pour lesquelles certains, opposants au projet ou non, utilisent l’appellation de « mosquée » pour désigner Park51. En effet puisque cela n’en est pas une, comment est née cette dénomination ? En réalité, il s’avère que ce centre communautaire a la particularité d’être d’essence musulmane, au sens où il y aurait une salle de prière dédiée aux pratiquants de cette religion. Dès lors, les opposants au projet se sont très vite servis de cette particularité pour engager une campagne de désinformation et contribuer à diffuser des idées-reçues sur ce que serait Park51. Mais le fait qu’il y ait un espace cultuel dédié à l’Islam n’en fait pas pour autant une mosquée qui, à la différence d’un centre communautaire – même musulman -, est un édifice purement religieux, à caractère sacré, consacré au culte musulman. Ainsi, dans une émission de CBS, Scott Pelley déclare même que « la mosquée près de Ground Zero est un fait. La question

124 - ‘Keith Olbermann Special Comment: There Is No ‘Ground Zero Mosque’’, in Park 51, le 16 août 2010 < http:// park51.org/2010/08/keith-olbermann-special-comment-there-is-no-ground-zero-mosque/ > 125 Sharif El-Gamal, 13 août 2010, in Financial Times 126 ‘NYChildren Exhibit: Let's Open Park51's Doors to the World!’, in Park 51, < http://park51.org/video/ > Jacquelin Coline - 2011 75 PARK51 : L’INSTRUMENTALISATION D’UN PROJET D’ÉDIFICE URBAIN ÉRIGÉ EN SYMBOLE POLITIQUE

est de savoir si le centre communautaire va suivre. »127. Par cette phrase, il sous-entend dès lors qu’au contraire de ceux qui qualifient le projet Park51 de mosquée, voulant en faire une menace, ce projet mettrait en réalité fin au fait que pour l’instant le bâtiment de l’ancienne « Burlington Coat Factory »est abandonné et a pour seule activité d’être le lieu de prière non officiel de Musulmans n’ayant pas d’autres sites pour prier ; l’aboutissement du projet Park51 permettrait alors de mettre fin à cette situation en encadrant ces prières et en contrôlant ce qui se passe réellement dans ce lieu. Mais malgré cela, et même si les initiateurs du projet comme certains de leurs défenseurs tentent de dénoncer cette appellation erronée et son instrumentalisation, comme lorsque Amina Meer tente d’expliquer que « ce n’est pas une mosquée. C’est un centre communautaire non-confessionnel avec une espace de prière musulman. »128, le poids des mots s’avère extrêmement puissant et certains opposants au projet continuent de faire de cet enjeu de dénomination un de leurs arguments les plus forts. Ainsi, dans la majorité des cas, les opposants à la construction du centre emploient le terme de mosquée pour le désigner. En outre, les personnalités les plus médiatiques n’hésitent pas, lors de discours ou de publications de textes, d’articles qui s’adressent à un large public, à réitérer les occurrences du mot « mosquée », ce qui souligne leur volonté d’ancrer cette image en tant qu’association d’idées avec Park51 dans l’inconscient collectif. Sarah Palin par exemple, soutien du « Tea Party » et farouchement opposée à Park51 n’emploie jamais cette appellation officielle – ni la précédente de « Cordoba House » - ou l’expression de centre communautaire, mais met systématiquement en avant le lien avec l’Islam qu’a Park51, soit en le qualifiant de mosquée, soit en employant les termes de « centre islamique ». Le 18 juillet 2010, elle a ainsi posté plusieurs messages au cours de la journée sur son compte du réseau social Tweeter, réitérant ses demandes aux New-Yorkais et aux « Musulmans pacifiques » de rejeter la « mosquée de Ground Zero », employant dans chacun de ses messages le terme de mosquée. Sur sa page Facebook, elle a également employé à de très nombreuses reprises le mot « mosquée » en référence à Park51. Les réseaux sociaux permettant de toucher un large public, elle est consciente que de multiplier les références à la « mosquée de Ground Zero » sur ceux-ci est un moyen d’ancrer cette appellation dans les esprits de manière plus efficace. Un autre exemple frappant de l’instrumentalisation de la dénomination du projet Park51 est celui de Pamela Geller et de son organisation S.I.O.A. En effet, celle qui a lancé la polémique autour de ce projet l’a fait avec un article publié sur son blog dans lequel elle évoquait une « mosquée monstre »129. Ainsi, depuis le début de la polémique, la bloggeuse ne se contente pas d’employer systématiquement le terme de « mosquée » mais l’associe en plus à des termes symbolisant la peur, évoquant la menace ou l’invasion ; l’expression qu’elle a le plus fréquemment employée, tant dans ses discours ou articles sur son blog que sur ses affiches de propagande est celle de « méga mosquée » : quelques uns des articles publiés sur son blog s’intitulaient par exemple ‘Mayor Bloomberg Submits, Sanctions 911 Mega Mosque’, ‘World’s Leading Scholar on Islam in the West and Islamic Anti-Semitism, Bat Ye’or, On 911 Mega Mosque’, ‘Attendance Mandatory At 911 Mega Mosque At Ground Zero June 6th’ ou encore ‘Free Citizens’ Permit Cancelled To Protest 127 ‘The People Behind The Mosque’, in Youtube from CBS, 26 septembre 2010, < http://www.youtube.com/watch? v=G68Jd5WqyZ4&feature=player_embedded > 128 MEER (Amina), ‘Park 51: why here?’, in Park 51, < http://park51.org/2011/01/park51-why-here/ > 129 GELLER (Pamela) ‘ Monster Mosque Pushes Ahead in Shadow of World Trade Center Islamic Death and Destruction ’, in Atlas Shrug, 6 mai 2010, < http://atlasshrugs2000.typepad.com/atlas_shrugs/2010/05/monster-mosque-pushes- ahead-in-shadow-of-world-trade-center-islamic-death-and-destruction.html > 76 Jacquelin Coline - 2011 Partie seconde : les éléments de la construction d’un symbole politique

911 Mega Mosque’, ces 4 articles ayant été publiés sur le blog « Atlas Shrugs » a seulement 3 jours d’intervalles… De plus, malgré le fait que depuis la fin des élections de mi-mandat de 2010 la polémique Park51 soit grandement retombée, et que le projet soit mis entre parenthèses depuis le départ de Feysal Abdul Rauf, on a pu voir que des organisations telles que la S.I.O.A. persistaient dans leur campagne de propagande. On ne peut que le supposer, mais il apparaît néanmoins légitime de se demander si le fait que le projet provoque aujourd’hui peu ou prou de polémique au sein de la classe politique ne contribue justement pas à la radicalisation du vocabulaire de Pamela Geller concernant l’appellation de Park51. En d’autres termes, alors que son organisation s’appuyait déjà énormément sur l’enjeu de dénomination du projet pour le décrédibiliser, on peut se demander si cette radicalisation de la symbolique des termes employés n’est pas une stratégie visant à effrayer et à maintenir le débat, qui risquerait de totalement retomber si l’opinion publique devenait consciente de la situation actuelle du projet. Ainsi, depuis plusieurs semaines, ce que Pamela Geller appelait déjà la « méga mosquée de Ground Zero » est devenue la « Mosquestrosity » : la sonorité de ce terme fait immédiatement penser - outre à une mosquée -, à un monstre, à quelque chose de terrifiant et menaçant, voire même de visuellement choquant, puisqu’il sonne comme le terme « atrocity » (« atrocité » en français). Un autre élément très important dans cet enjeu de dénomination est la situation géographique précise de Park51. En effet, la localisation du projet est, comme on a pu le voir, au centre de nombreux débats. C’est pour cela que sa dénomination, lorsqu’il est associé à « Ground Zero » constitue un enjeu de premier plan. En effet, on peut s’interroger sur le fait que ce projet soit très souvent présenté comme étant sur le site de « Ground Zero » alors qu’il est en fait à deux blocs d’immeubles : le caractère sacré associé à ce site dans l’inconscient collectif joue ici un rôle majeur. Ainsi, de par la symbolique extrêmement forte dont est empreint « Ground Zero », le fait de faire penser à l’opinion publique que le projet imaginé par Feysal Abdul Rauf serait situé à l’intérieur de cet espace « sacré » - d’autant plus si on est parvenu à diffuser l’idée que ce projet serait une mosquée - fait que les interlocuteurs vont être beaucoup plus réceptifs aux arguments s’opposant au projet que s’ils avaient à l’esprit que la « sacralité » de « Ground Zero » était respectée. Michael Humphrey explique dans son article ‘Ground Zero mosque: how close is too close?’ que « le centre est communément appelé par des opposants « la mosquée de Ground Zero » [‘the mosque at Ground Zero’] » insistant sur le fait « qu’il y a ce « de » [« at »] » et que « pour un mot de deux lettres, cela porte un tel coup dur [au projet]. »130 Il souligne alors le préjudice que cause la propagation par divers supports (discours, articles de presse, « on-dit » etc.) d’une dénomination, et, à travers elle, d’une fausse information. Pour lui, c’est la raison pour laquelle la localisation du projet est instrumentalisée à travers l’usage de la rhétorique le concernant, dans le but « d’enflammer les passions » puisque, selon Michael Humphrey, personne - quelle que soient ses positions politiques ou idéologiques - n’accepterait une mosquée sur le site, mais que les positions de l’opinion publique seraient différentes si on présentait le projet comme proche ou à côté du site du World Trade Center. Il est intéressant de noter que Michael Humphrey emploie le terme de « mosquée » faisant lui-même une erreur de dénomination et propageant alors de fausses informations sur le projet, tombant précisément dans ce qu’il tente de pointer du doigt, à savoir l’impact de la dénomination et des abus volontaires ou non de langage. Cela montre la complexité de la dénomination du projet, mais également à quel point la 130 HUMPHREY (Michael), ‘Ground Zero mosque’: How close is too close?’, in True/Slant, 27 juillet 2010, < http://trueslant.com/ michaelhumphrey/2010/07/27/ground-zero-mosque-how-close-is-too-close/ > Jacquelin Coline - 2011 77 PARK51 : L’INSTRUMENTALISATION D’UN PROJET D’ÉDIFICE URBAIN ÉRIGÉ EN SYMBOLE POLITIQUE

propagande et la stratégie établies par les opposants au projet autour de cet enjeu de dénomination semble fonctionner, car même les acteurs y étant favorables finissent par adopter de manière inconsciente leur rhétorique à ce propos, et contribuent alors à renforcer involontairement les propos de leurs adversaires. Pourtant, le bâtiment de l’ancienne Burlington Coat Factory se trouve bien entre le 45 et le 51 Park Street, à deux blocs d’immeuble de l’ancien site du World Trade Center. La dénomination du projet est donc un enjeu majeur dans cette polémique et est extrêmement instrumentalisée. De plus, elle comporte comme on a pu le voir un double aspect : celui de savoir si c’est une « mosquée » ou un « centre communautaire » et celui de sa localisation. Ces deux éléments rendent alors la question de la dénomination d’autant plus complexe, complexité que l’on peut observer notamment dans les médias à priori plutôt neutres politiquement en règle générale ainsi que sur la question de Park51. Ainsi, il est intéressant de noter qu’un journal tel que The New York Times, dans la grande majorité de ses articles traitant de ce sujet, employait le terme de « mosquée » ou de « centre musulman/islamique » pour évoquer Park51, tout en ne se référant que peu ou prou à une soi-disant localisation à « Ground Zero », mais en évoquant dans la majorité des cas la « mosquée » « à deux blocs de Ground Zero », « près du World Trade Center », ou encore « près de Ground Zero ». Ceci est aussi valable pour d’autres médias, de la presse écrite ou télévisuelle, considérés comme relativement impartiaux. Même au-delà de la presse Américaine, un quotidien tel que Le Monde fait preuve, comme The New York Times, d’une certaine confusion quant à la dénomination, évoquant très souvent une « mosquée » « à deux pas de Ground Zero », « près de Ground Zero », ou encore « à proximité de Ground Zero ». Cela montre bien la confusion qui règne autour de ce qu’est réellement le projet Park51, et dans quelle mesure l’instrumentalisation de sa dénomination a joué et joue toujours aujourd’hui un rôle majeur dans la polémique.

78 Jacquelin Coline - 2011 Conclusion

Conclusion

Ainsi, d’un projet urbain et culturel est née une polémique, très rapidement récupérée par des acteurs divers, tant au niveau des opposants que des défenseurs du projet, et ceux-ci n’ont de ce fait pas tous les mêmes raisons – explicites ou implicites - de s’y opposer ou de le soutenir, d’où le développement de différents argumentaires. Malgré tout, à travers le nombre d’arguments avancés et tous les processus discursifs adjacents, on retrouve un même fil conducteur, à savoir l’édification d’un projet d’édifice urbain en un symbole politique, tel que défini dans l’introduction. En effet, si les opposants au projet vont des réseaux, organisations ou simples citoyens islamophobes aux personnalités politiques ou médiatiques susceptibles d’en retirer un quelconque avantage personnel, tous ont comme point commun de s’appuyer sur une base commune à leurs argumentaires, à savoir la construction d’une peur – de l’Islam, d’une perte des valeurs Américaines… - figurée par le projet Park51. De même, alors que les soutiens au projet viennent eux er aussi d’horizons divers (défenseurs du 1 amendement de la Constitution Américaine sur la liberté de religion, militants pour la tolérance et le dialogue inter-cultuel, personnalités là encore susceptibles de bénéficier de retombées positives pour leur prise de position…), tous s’appuient en premier lieu sur le droit inaliénable à la liberté de culte pour défendre ce projet. Il apparaît bel et bien faux et simpliste de ne voir cette polémique que comme le reflet d’une montée de l’islamophobie au sein de la société Américaine, même s’il est vrai que le débat autour du projet Park51 semble bien avoir émergé tout d’abord pour des motifs islamophobes. En effet, Pamela Geller et son organisation S.I.O.A., ainsi que l’ensemble des organisations la soutenant telles que « Jihad Watch », tentent depuis des années d’encourager un rejet de l’Islam en présentant cette religion et tout ce qui s’y rapporte comme une menace grandissante ; l’article qu’a publié Pamela Geller le 6 mai 2010 sur son blog, à l’origine du déclenchement de la polémique, apparaît donc bien motivé par une volonté de se servir de n’importe quel prétexte en rapport avec la religion musulmane pour crier à la tentative d’invasion islamique. Il n’y a donc pas, derrière la polémique Park51, uniquement une récupération politique en vue d’en faire un symbole. Cependant, si cela semble vrai dans les tous premiers temps, voire les tous premiers jours de la polémique, le projet de centre communautaire est très rapidement devenu un symbole instrumentalisé y compris pas les réseaux islamophobes qui, voyant l’ampleur que ce sujet prenait, ont très vite compris que Park51 pouvait être l’élément fédérateur qui donnerait un souffle nouveau et une crédibilité supplémentaire à leur combat. Dès lors, alors que jusque là ces réseaux, parmi lesquels la S.I.O.A., dénonçaient et s’attaquaient à une multitude d’éléments en lien avec l’Islam, ils ont très vite après le début de la polémique concentré leur attention et leurs attaques, leurs campagnes de propagande etc. sur ce projet en particulier, devenu le symbole de toutes les autres oppositions. En effet, une victoire dans cette bataille autour de la construction ou non du projet constituerait dès lors bien plus qu’un nombre important de succès moindres (fermeture de petites salles de prières, opposition à la construction d’autres édifices religieux…) puisque Park51 a été érigé en symbole de la lutte contre l’islamisation. En outre, il est très difficile de croire que Pamela Geller, qui suit le projet de très près, ne soit pas au courant des évolutions de celui-ci, du fait

Jacquelin Coline - 2011 79 PARK51 : L’INSTRUMENTALISATION D’UN PROJET D’ÉDIFICE URBAIN ÉRIGÉ EN SYMBOLE POLITIQUE

que Feysal Abdul Rauf et sa femme Daisy Khan émettent toujours le souhait de construire un centre tel qu’ils l’avaient imaginé au départ (mais à un autre endroit qu’au 45-51 Park Street) mais qu’ils se sont totalement dissociés du projet Park51 qui - bien qu’il n’était pas une mosquée – n’a même plus pour ambition d’être un centre culturel comportant une salle de prière musulmane. Ainsi, le fait que Pamela Geller et des organisations telles que « Stop Islamization Of America » ou « Jihad Watch » continuent de mener des campagnes de propagande et d’opposition virulente contre Park51, sans avoir changé leurs discours et leurs arguments, si ce n’est dans un sens encore plus radical et violent, montre bien qu’ils instrumentalisent ce projet devenu le fer de lance de leurs campagnes islamophobes ; en effet, comme je l’ai développé dans la partie traitant de Pamela Geller comme chef de file des opposants au projet, il est d’autant plus efficace d’avoir une figure représentant un mouvement et, de la même manière, le fait d’avoir un élément fédérateur dans une lutte, un combat politique, une polémique etc. apporte une force supplémentaire. En effet, la lutte contre l’Islam que mènent Pamela Geller et certains xénophobes Américains a trouvé dans ce projet un élément sur lequel concentrer l’ensemble des peurs de l‘opinion publique en faisant en sorte que ce soit l’image menaçante de cette « méga mosquée » qui apparaisse dans l’inconscient collectif à l’évocation du phénomène « d’islamisation ». Sans élément symbolique et fédérateur, la campagne de persuasion est plus diffuse et de ce fait plus longue et/ou plus laborieuse. Un autre exemple que la construction d’un élément fédérateur constitue un enjeu important, est le fait que le leader néerlandais du parti populiste d’extrême-droite P.V.V. Geert Wilders ait, depuis plusieurs mois, fait du projet Park 51 un cheval de bataille. Il soutient et n’hésite pas à s’afficher régulièrement avec Pamela Geller et dans des manifestations anti « Ground Zero Mega Mosque » ; au-delà de leur islamophobie partagée, comment expliquer que le leader d’un parti politique d’un tout autre pays, qui n’est à priori pas concerné par cette polémique s’investisse autant dans ce débat autour d’un édifice construit dans un pays et sur un continent qui n’est pas le sien, et dont ses concitoyens n’avaient pour la plupart jamais entendu parler ? On peut alors supposer sans extrapoler que, d’une part la récupération politique de ce sujet dans son propre pays lui permet de tenter de persuader que la menace islamiste est partout, que si elle un telle menace est présente aujourd’hui aux États-Unis, cela peut être le cas très rapidement aux Pays-Bas si l’on ne fait rien. Il importe de plus de noter que d’autres organisations inspirées de la S.I.O.A. se sont développées à travers le monde, notamment la S.I.O.E. (« Stop Islamization Of Europe ») dont Geert Wilders est une des figures principales. D’autre part, le leader du P.V.V., qui n’était vraiment connu jusqu’alors qu’aux Pays-Bas, a pu trouver dans la lutte contre le projet Park51 un intérêt personnel visant à acquérir une plus grande renommée et influence. La lutte contre ce projet, même par des acteurs aux motivations islamophobes est donc bien également une instrumentalisation politique si l’on considère ce terme comme se référant au politique. Néanmoins, on peut se demander si le succès de Pamela Geller dans sa rhétorique et sa campagne de propagande va perdurer. En effet, le fait par exemple que, le 11 septembre 2011, le centre ne soit pas ouvert comme la rumeur propagée par les réseaux islamophobes l’a laissé penser va-t-il faire se craqueler l’argumentation basée sur la désinformation ? L’opinion publique ne va-t-elle pas s’interroger sur les discours tenus jusque-là par Pamela Geller, ou celle-ci va-t-elle trouver de nouveaux arguments ? De la même manière, le fait que le projet Park51 ne soit aujourd’hui plus le projet sur lequel la polémique avait débuté, et le fait qu’il semble pour l’instant être dans une impasse

80 Jacquelin Coline - 2011 Conclusion

permettent d’avoir de nouveaux éléments pour tenter d’analyser l’instrumentalisation politique du projet. En effet, s’il s’avérait que la polémique vienne à être relancée dans les cercles politiques, et par conséquent médiatiques, à l’approche des élections présidentielles de 2012, cela montrerait bien une nouvelle fois qu’il y a réellement une instrumentalisation politique du projet. Néanmoins, ces conclusions n’empêchent pas de se poser un certain nombre de questions : en effet, le jour de la soutenance de ce mémoire, les États-Unis seront à 5 jours ème de la commémoration du 10 anniversaire des attaques terroristes du 11 septembre 2001. On peut imaginer à quel point l’émotion sera vive dans le pays, pour ce qui est pour la majorité des Américains le souvenir de ce qu’ils considèrent comme le jour qui a fait changer ème l’histoire de leur pays, à peine entrés dans le 21 siècle. Dès lors, même si le projet Park 51 n’a émergé qu’au deuxième semestre de l’année 2009, ne peut-on pas se demander si cela n’était encore pas trop tôt, trop proche de cette commémoration - elle aussi symbolique - des 10 ans du « 11-Septembre » ? Se pose alors toute la question de l’équilibre entre légalité et légitimité et, derrière cela, la question complexe de la cicatrisation des grandes blessures de l’Histoire, la question de savoir s’il existe une durée au-delà de laquelle un évènement doit faire l’objet d’une reconsidération dans sa manière de l’appréhender. Ainsi, il me semble tout de même important de conclure sur le fait que, si pour la majorité des acteurs – quelles que soient leurs opinions et prises de positions - Park51 a fait l’objet d’une instrumentalisation dans le but d’en faire un symbole politique, il faut néanmoins évoquer ceux – bien que minoritaires – pour qui la défense ou la lutte contre ce projet est, certes un symbole politique au sens du politique qui concerne la vie des citoyens, mais est néanmoins dénuée de volonté d’instrumentalisation. Parmi eux, certains proches de victimes des attentats du 11 septembre 2001 pour qui la construction d’un tel édifice – voire de tout bâtiment – sur ce qu’ils considèrent comme le site où reposent leurs morts est inconcevable, simplement du fait de leur douleur, sans aller au-delà de cela.

Jacquelin Coline - 2011 81 PARK51 : L’INSTRUMENTALISATION D’UN PROJET D’ÉDIFICE URBAIN ÉRIGÉ EN SYMBOLE POLITIQUE

Annexes

Annexe n°1

.Caricature illustrant le caractère hétéroclite du mouvement du « Tea Party »

Caricature de Victor Juhasz 131 Cette caricature parue dans Rolling Stones , vise à dénoncer l’absurdité du mouvement du « Tea-Party ». En effet, on y voit un « savant-fou » créer une sorte de Frankenstein qui incarne un « tea bagger » (membre du Tea Party), et qui symbolise ce mouvement en général. L’illustrateur cherche à montrer que ce mouvement est une construction, un groupe de personnes hétéroclites rassemblées par l’instrumentalisation d’acteurs qui se servent de ce mouvement pour servir leur propre intérêt.

131 SANTELLI (Rick), ‘Tea and Crackers’, in Rolling Stones, 14 octobre 2010 82 Jacquelin Coline - 2011 Annexes

Ainsi, le personnage créé a une jambe habillée d’un treillis militaire, porte une arme à feu –symbolisant les défenseurs du droit au port d’armes-, une chemise à jabot rappelant les pères fondateurs et ceux qui se décrivent aujourd’hui comme leurs héritiers, se disant partisans d’un libertarisme extrême « tel que l’auraient voulu » les pères fondateurs. De plus, le personnage porte une casquette de supporter d’une équipe de sport, est bedonnant et rougeaux, symbolisant alors de manière caricaturale les classes populaires Américaines. En outre, il tient à la main une Bible et est observé par un homme de foi au regard perfide, symbolisant les évangélistes fondamentalistes. Pour finir, le personnage créé a d’ores et déjà un regard et une expression faciale emplis de colère, pour montrer le caractère protestataire des « tea baggers ».

Annexe n°2

Article de propagande du mouvement des « Birthers » concernant l’Article 2, Section 1 de 132 la Constitution à propos de l’éligibilité à la Présidence des États-Unis The Logical analysis of a Natural Born Citizen and the clear and compelling evidence that Barack Hussein Obama, II is not a natural born citizen. What is a Citizen? Before defining what a natural born citizen is and how one acquires this status, it is important to understand what a generic citizen is and why a country bestows citizenship upon the members of a society. A citizen is a member of a particular nation who has been given certain rights, privileges, and immunities that are not given to people of other nations. Such rights include voting in elections, receiving a passport, and in some countries can include owning property. A privilege nations extend to citizens is holding elected office and some countries extend immunities to their citizens by preventing them from being extradited to face criminal charges in other countries. Countries do not extend citizenship solely to grant rights, privileges and immunities to people. Citizenship is granted with the expectation of allegiance given to the country bestowing the benefits of citizenship. Countries demand that this allegiance be observed by its citizens and also impose obligations both civil and military. In times of crisis, nations need to draw upon its citizens to establish a loyal force to defend its borders and claims. In all times, nations, use the taxation of its citizens, both individuals and corporations to insure its treasury is adequately funded to meet its needs. These obligations are duties that its citizens must fulfill and that it cannot impose upon aliens and foreigners. The most basic definition of a citizen is one who is a member of a particular nation and is entitled to receive rights, privileges and immunities from that particular nation that are not bestowed upon people of other nations in exchange for their allegiance in performing certain obligations not expected of people of other nations when called upon to do so. Merriam Webster dictionary defines a citizen as “a person owing allegiance to and entitled to the protection of a sovereign state.” Black’s Law dictionary defines a citizen as “a person who owes allegiance to, and may claim reciprocal protection from, a government.” 132 < http://thebirthers.org/misc/logic.htm > Jacquelin Coline - 2011 83 PARK51 : L’INSTRUMENTALISATION D’UN PROJET D’ÉDIFICE URBAIN ÉRIGÉ EN SYMBOLE POLITIQUE

The Current Methods of Becoming a US Citizen Throughout the history of the of America there have been only three major classes of citizens: original, naturalized and born. On April 19, 1775, the United States of America entered into armed revolt against the tyrannical rule of the English King. On that date, these freedom fighters ceased being subjects of Great Britain and became Americans. July 4, 1776 was merely the date when the second Continental Congress declared to the world its intentions that had already been manifested on the battlefields. From April 19, 1775 until September 17, 1787, those that remained or who came to the 13 original states and who were naturalized by the laws of those states during that time were classified as original citizens in the Constitution. This classification of citizenship no longer exists in the present day United States. A naturalized citizen is a very specific class of citizen whose existence is defined in our Constitution and laws. Naturalization is the process by which aliens declare their intent to be a member of the United States. Setting forth the rules of naturalization is a constitutional function of Congress under Article I. Since 1790, the Congress has enacted naturalization laws, which determine how a foreign national transforms into a national of the United States. A naturalized citizen is equal to in status as any other class of citizen except those of the natural born citizen class, and only for the expressed purpose of Article II, Section1. The last method and the most common way to become an American citizen is simply to be born a citizen. The United States has always had two principles that determine if a person is born a citizen of the United States. … the United States recognizes the U.S. citizenship of individuals according to two fundamental principles: jus soli (right of birthplace) and jus sanguinis (right of blood). From the office of Citizenship and Immigration Services Historically jus sanguinis is the oldest principle used to determine citizenship. It was so prior to the Fourteenth Amendment in the majority of the states when the States themselves were sovereign and created the rules to determine who was a born citizen of that State and by extension of the Nation. Some States extended citizenship to people born within those States (jus soli), while other States granted citizenship to the children of citizens of those States (jus sanguinis.) Each State placed restrictions upon who could be granted citizenship based upon birth. These restrictions were based upon one’s status and race. Some states discriminated against the race of a person, other states discriminated against one’s status as a freeman, bondservant or slave regardless of race, and some states restricted citizenship based upon a combination of both statuses. The term jus sanguinis describes a person born of parents who are citizens and jus soli describes a person born in the country. Persons who are born only under the principle of jus sanguinis are called a “consanguineously born citizens,” and their claim of citizenship is based on inheritance. . On the other hand persons who claims their citizenship based solely on the principle of jus soli are called “native born citizens” and these persons’ claims are based on the geographical location of their birth. Both principles are equal in making one a born citizen.Being a born citizen extends to them one particular immunity not given to naturalized citizens, in that born citizens are immune from involuntarily renouncing their citizenship. A naturalized citizen can have his citizenship revoked for several reasons, but under current law, born citizens must walk into a US Embassy abroad and in front of the Consul renounce their citizenship. The only two methods of obtaining US citizenship today are defined as Naturalization and Birth. Of the birth method of obtaining citizenship there are two principles recognized

84 Jacquelin Coline - 2011 Annexes

under our law. These are jus soli, which is based on the place of birth, and jus sanguinis which is based on the parents. We are now able to refer to the Euler diagram below called “Methods of Citizenship” in determining the ways to be considered a US citizen today. (If you are unfamiliar with Euler diagrams, the large circle and the space not occupied by either naturalized or born citizens does not indicate that there is any other type of citizen. The large circle is used to collect the two methods of becoming US citizens in one location called US Citizen so to separate them from other citizens such as a citizen of the world or a citizen of Rome.)

Methods of Citizenship From this diagram, we are able to make nine logical statements concerning general citizenship in the United States. ∙ All naturalized citizens are citizens of the United States. ∙ All born citizens are citizens of the United States. ∙ All born citizens are not naturalized citizens. ∙ All naturalized citizens are not born citizens. Jacquelin Coline - 2011 85 PARK51 : L’INSTRUMENTALISATION D’UN PROJET D’ÉDIFICE URBAIN ÉRIGÉ EN SYMBOLE POLITIQUE

∙ All Born citizens under the principle of jus soli are citizens of the United States. ∙ All born citizens under the principle of jus sanguinis are citizens of the United States ∙ All born citizens under both the principles of jus soli and jus sanguinis are citizens of the United States. ∙ Not all born citizens under the principle of jus soli are born citizens under the principle of jus sanguinis. (i.e. children born in the US to alien parents) ∙ Not all born citizens under the principle of jus sanguinis are born citizens under the principle of jus soli. (i.e. children born to US parents overseas) The Reason for a “natural born citizen” in Article II, Section 1 of the US Constitution No person except a natural born citizen, or a citizen of the United States, at the time of the adoption of this Constitution, shall be eligible to the office of President; neither shall any person be eligible to that office who shall not have attained to the age of thirty five years, and been fourteen Years a resident within the United States. Article II, Section 1 Permit me to hint, whether it would be wise and seasonable to provide a strong check to the admission of Foreigners into the administration of our national Government; and to declare expressly that the Commander in Chief of the American army shall not be given to nor devolve on, any but a natural born Citizen. John Jay, July 25, 1787 To understand whom the future Chief Justice John Jay wanted to exclude from being Commander in Chief we need to examine the definition of Foreigner. Using the three most authoritative dictionaries, we can see who should be excluded and for what reason. We can then start to arrive at a definition of a “natural born citizen,” that meets this requirement. MerriamWebster Dictionary - “a person belonging to or owing allegiance to a foreign country.” Oxford English Dictionary – “One who is a subject of another country than that in which he resides. A resident foreign in origin and not naturalized, whose allegiance is thus due to a foreign state.” Blacks Law Dictionary - “A person who is not a citizen or subject of the state or country in which mention is made, or any one owing allegiance to a foreign state or sovereign” What all of these definitions have in common with the word citizen is allegiance. The target of the allegiance is different between a foreigner and a citizen. Since the reason for this prohibition of the admission of Foreigners into the office of Commander in Chief, is to prevent the military from being used by non-American powers against the Republic. Jay recommended and the framers agreed that this person must have a natural allegiance that is total and absolute to the Nation and to no any other nation or potentate. We can look at the citizenship types from the diagram above and make some logical statements of both methods (naturalized and born) of being a citizen in light of allegiance. These statements are made with reliance on generally known and accepted facts. Naturalized Citizens are not considered for President because of the following observations that could allow the admission of Foreigners into the Administration holding the post of Commander in Chief. All naturalized citizens were citizens of another country at one point before naturalization. All naturalized citizens renounce the former allegiances and take an oath of allegiance to the United States, but not all naturalized citizens are honest taking the oath of allegiance. 86 Jacquelin Coline - 2011 Annexes

Some countries send their nationals into a targeted country to become citizens for the purpose of facilitating the affairs of their country of origin. These “citizens” are not acting as registered agents of their former countries, but are acting as de facto spies for that country. However, because they took the oath of allegiance they are not considered enemy agents or spies they are considered traitors. This does not mean that all naturalized citizens are disloyal or have ulterior motives for coming to America. It simply means that allowing naturalized citizens to be President opens the possibility of a Foreigner acting under foreign influence. It is understood by the vast majority of American citizens that naturalized citizens are ineligible to be President of the United States and further discussion of this method of becoming a citizen is not necessary. At this point discussion will be based solely on the method of citizenship called Born Citizen. As stated above there are two legal principles at work in determining if one is a born citizen. Refer to the Euler diagram below called “Principles of Born Citizenship”

Principles of Born Citizenship Not all Born Citizens are considered for President because of the following observations that could allow the admission of Foreigners into the Administration holding the post of Commander in Chief. All born citizens owe allegiance to the United States. Not all born citizens under jus soli have complete and sole allegiance to the United States from birth, and some may be considered foreigners. Some born citizens, especially those born to alien parents inherit citizenship via jus sanguinis from their parents’ native countries.

Jacquelin Coline - 2011 87 PARK51 : L’INSTRUMENTALISATION D’UN PROJET D’ÉDIFICE URBAIN ÉRIGÉ EN SYMBOLE POLITIQUE

It is possible for a born citizen US citizen to be born with citizenship in three distinct countries. These citizenships can come from the country of birth via jus soli, and the country of the father and the country of the mother via jus sanguinis. Not all born citizens under jus sanguinis have complete and sole allegiance to the United States from birth, and some may be considered foreigners. Some born citizens overseas receive citizenship in the country of birth via jus soli. Some born citizens overseas receive citizenship from a non-US citizen parent via jus sanguinis. All born citizens under both jus soli and jus sanguinis from both US citizen parents have complete and sole allegiance to the United States from birth, their allegiance cannot be claimed by another country. No other country can grant citizenship via jus soli. No other country can grant citizenship via jus sanguinis. Naturalized citizen parents have renounced their former citizenships to become naturalized American citizens and can no longer pass on jus sanguinis citizenship of their former country as an automatic birthright. We can now say with certainty that the term “a natural born citizen” is a person who is born owing to only one country his or her complete and undivided national allegiance. It is only to this individual that the Constitution of the United States of America entrusts the office of President and the responsibilities of Commander in Chief to, there is no other. A natural born citizen is a refining subset of that group of citizens called born citizens. Refer to figure labeled, “The Unification Principles of Natural Born Citizen.“

88 Jacquelin Coline - 2011 Annexes

The Unification Principles of Natural Born Citizen At the time of the drafting and ratification of the United States constitution, there was one and only one definition that combined both principles of jus soli and jus sanguinis into a definition of natural born citizen. “The citizens are the members of the civil society; bound to this society by certain duties, and subject to its authority, they equally participate in its advantages. The natives, or natural-born citizens, are those born in the country, of parents who are citizens. As the society cannot exist and perpetuate itself otherwise than by the children of the citizens, those children naturally follow the condition of their fathers, and succeed to all their rights. The society is supposed to desire this, in consequence of what it owes to its own preservation; and it is presumed, as matter of course, that each citizen, on entering into society, reserves to his children the right of becoming members of it. The country of the fathers is therefore that of the children; and these become true citizens merely by their tacit consent. We shall soon see whether, on their coming to the years of discretion, they may renounce their right, and what they owe to the society in which they were born. I say, that, in order to be of the country, it is necessary that a person be born of a father who is a citizen; for, if he is born there of a foreigner, it will be only the place of his birth, and not his country.” Emmerich Vattel, Law of Nations, § 212. Of the citizens and natives Vattel’s definition of what a natural born citizen is was first codified into American Common Law in the Supreme Court decision of THE VENUS, 12 U. S. 253 (1814) “Vattel, who, though not very full to this point, is more explicit and more satisfactory on it than any other whose work has fallen into my hands, says ‘The citizens are the members of the civil society; bound to this society by certain duties, and subject to its authority, they equally participate in its advantages. The natives or indigenes are those born in the country of parents who are citizens. Society not being able to subsist and to perpetuate itself but by the children of the citizens, those children naturally follow the condition of their fathers, and succeed to all their rights.’" This definition was echoed by Congressman John A. Bingham, who is considered the architect of the Fourteenth Amendment. Although the congressman said this concerning the Civil Rights Act of 1866, this definition was not replaced by the Fourteenth Amendment. “I find no fault with the introductory clause, which is simply declaratory of what is written in the Constitution, that every human being born within the jurisdiction of the United States of parents not owing allegiance to any foreign sovereignty is, in the language of your Constitution itself, a natural born citizen; but, sir, I may be allowed to say further, that I deny that the Congress of the United States ever had the power or color of power to say that any man born within the jurisdiction of the United States, and not owing a foreign allegiance, is not and shall not be a citizen of the United States.” John A. Bingham, (R-Ohio) US Congressman, March 9, 1866 This definition has been again codified into American Common Law through the case of MINOR V. HAPPERSETT

Jacquelin Coline - 2011 89 PARK51 : L’INSTRUMENTALISATION D’UN PROJET D’ÉDIFICE URBAIN ÉRIGÉ EN SYMBOLE POLITIQUE

The Constitution does not in words say who shall be natural-born citizens. Resort must be had elsewhere to ascertain that. At common law, with the nomenclature of which the framers of the Constitution were familiar, it was never doubted that all children born in a country of parents who were its citizens became themselves, upon their birth, citizens also. These were natives or natural-born citizens, as distinguished from aliens or foreigners. Some authorities go further and include as citizens children born within the jurisdiction without reference to the citizenship of their parents. As to this class there have been doubts, but never as to the first. For the purposes of this case, it is not necessary to solve these doubts. It is sufficient for everything we have now to consider that all children born of citizen parents within the jurisdiction are themselves citizens. The words "all children" are certainly as comprehensive, when used in this connection, as "all persons," and if females are included in the last, they must be in the first. That they are included in the last is not denied. In fact, the whole argument of the plaintiffs proceeds upon that idea. Unanimous opinion of the court. MINOR V. HAPPERSETT, 88 U. S. 162 (1874) The definition of a natural born citizen written by Vattel and recounted by both Congressman Bingham and the Supreme Court, was what the Framers of the Constitution wanted when the wrote and ratified Article II, Section 1. There can be no other definition that provides the strong check that John Jay urged Washington to incorporate into the Constitution to guard against those who could have allegiances to a foreign power from being Commander and Chief of our armed forces. Until we as a nation change the Constitution this is the only standard we can use to call someone an Article II natural born citizen. Using available material the Framers of Constitution and the architects of Article II, section 1 had on hand, authoritative statements made by one of the architects of the Fourteenth Amendment, and the Supreme Court decisions both before and after the ratification of the Fourteenth Amendment, allows us to create a natural born citizen matrix.

The Fourteenth Amendment does not make one born in the United States “a natural born citizen,” it only makes them a “born citizen.” All persons born or naturalized in the United States, and subject to the jurisdiction thereof, are citizens of the United States and of the state wherein they reside. Fourteenth Amendment, Section 1, Clause 1

90 Jacquelin Coline - 2011 Annexes

The Fourteenth Amendment was ratified to insure that no state could or would deprive the newly freed slaves or their children the rights of citizenship. This can be seen in the remaining text of Section 1. No State shall make or enforce any law which shall abridge the privileges or immunities of citizens of the United States; nor shall any State deprive any person of life, liberty, or property, without due process of law; nor deny to any person within its jurisdiction the equal protection of the laws.Fourteenth Amendment, Section 1, Clause 2 This Amendment did not nor does it alter the principle of jus sanguinis. The principle of jus sanguinis has been established by the States before the Constitution and codified into national law since 1790. The freed slaves were not US citizens at the time they were freed and could not have passed US Citizenship to their children. This amendment extended the principle of jus soli uniformly across the nation, hence the term ‘born … in the United States’ appears in the Fourteenth Amendment. The plain words of this section cannot be ignored. There is no term “natural born” anywhere to be found. The reason it is not found is because there are the two methods of citizenship that are joined by a logical ‘or,’ which treats both methods as being equal. What they are equal to is the most generic term citizen. This is the one concept all American citizens share, whether we are a naturalized citizen, a born citizen under the principle of jus soli, a born citizen under the principle of jus sanguinis, or a natural born citizen under both principles of jus soli and jus sanguinis, we are all citizens of the United States. The most disputed term in the Fourteenth Amendment is the term, ‘subject to the jurisdiction thereof.’ From the civil rights act we find the words, “That all persons born in the United States and not subject to any foreign power, excluding Indians not taxed, are hereby declared to be citizens of the United States.” We can clearly see that just two years later the phrase, “not subject to any foreign power, excluding Indians not taxed,” was replaced with the phrase, ‘subject to the jurisdiction thereof.’ Clearly this did not change the essence of meaning, as the most complete and reliable definition we have closest to the ratification of the Fourteenth Amendment is from Senator Lyman Trumbull, the Chairman of the Senate Judiciary Committee who was instrumental in drafting the citizenship clause of the Fourteenth Amendment. Senator Trumbull clearly and succinctly states the meaning of ‘subject to the jurisdiction’, "What do we mean by 'subject to the jurisdiction' of the United States? Not owing allegiance to anyone else. That is what it means ... It cannot be said of any (one) who owes allegiance ... to some other government that he is 'subject' to the jurisdiction of the United States." It is not our intention to expand this paper into other current topics, the explanation of “subject to the jurisdiction” is only to reinforce the fact that at the time of the Fourteenth Amendment the general sentiment was that US citizenship carried with it a complete allegiance to the United States. The phrase ‘subject to the jurisdiction’ has been interpreted differently then what the Amendments architects originally said in the case of Wong Kim Ark. This is a landmark case in citizenship. It is not our intention to take this into the topic of immigration; however it is necessary to examine this decision as it relates to the specifics of a natural born citizen. There is one statement in the decision of Wong Kim Ark that seems to add unnecessary confusion to the term a “natural born citizen.” “The child of an alien, if born in the country, is as much a citizen as the natural born child of a citizen, and by operation of the same principle." Justice Horace Gray Wong Kim Ark Case, 169 U.S. 649 (1898)

Jacquelin Coline - 2011 91 PARK51 : L’INSTRUMENTALISATION D’UN PROJET D’ÉDIFICE URBAIN ÉRIGÉ EN SYMBOLE POLITIQUE

There are historical factors that need explanation. But first let’s simply look at the logic of what Justice Gray is saying. He is saying the principle (singular) that both a native born and natural born share is the same. We know that a “natural born citizen” is a citizen that has two principles to claim citizenship with, jus soli and jus sanguinis. On the other hand, a “native born citizen” has to satisfy only one principle, jus soli to be granted citizenship. It is the principle of jus soli that is the same principle that a “natural born citizen” shares with a “native born citizen” in making them a citizen of the United States, so what Justice Gray stated is correct. This is proven by applying the same statement to a born citizen born overseas by a citizen under the principle of jus sanguinis. If Justice Gray had said, “The child of a citizen, if born out the country, is as much a citizen as the natural born child of a citizen, and by operation of the same principle" this would hold true, but the singular principle would not have been jus soli, but rather jus sanguinis. See diagram “Shared principles of born citizens and natural born citizen.”

Shared principles of born citizens and natural born citizen The historical factors that need to be considered at the time of Justice Gray’s opinion are, the right to confer the birthright principle of jus sanguinis was limited to the father. This right was not extended to women until 1934 and was upheld as late as 1961 in the case of Montana v. Kennedy (366 U.S. 308). Therefore, the citizen parent that Justice Gray is speaking of is the father. The law in effect at that time of his ruling, Revised Statutes of 1878, also gave the mother instant citizenship if she were an alien married to a US citizen, making both parents US citizens. This decision has not altered the integrity or meaning of the definitions of a natural born citizen from Vattel, Congressman Bingham remarks or the Minor v. Happersett decision concerning the necessity of parents plural for conferring upon a native-born citizen the status of natural born citizen. It is also obvious that from the accepted law and definition of a natural born citizen at the time of the ruling, Wong Kim Ark would never qualify as natural born citizen and future concerns about Article II, Section 1 were never addressed by the Court as these concerns were not germane to the issue in front of the court, which was general citizenship under the Fourteenth Amendment. We can now update our original Euler diagram to include natural born citizens as a proper subset of Born Citizens.

92 Jacquelin Coline - 2011 Annexes

How does this effect Barack Hussein Obama, II and his sworn declaration of being a natural born citizen? Primarily is the issue of the Certificate of Live Birth that Barack Hussein Obama, II is secreting from the American public is of major concern because it deprives the public of the information needed to determine if he is telling the truth, or lying about his natural born citizen status. Unlike the COLB, which is short hand for Certification of Live Birth, the Certificate of Live Birth has the necessary information to either quickly determine the natural born status of the child or can easily point to further documentation needed to conclude this determination. The key pieces of information contained in the Hawaiian Certificate of Live Birth are the place of birth of the child and the place of birth for both parents. (See photo called Hawaiian Long Form from August 5, 1961) If either the father or mother were born overseas, then the next piece of evidence required to validate the “natural born citizen” claim would be proof of American citizenship of the parents of the parent born overseas. This can be either in the form of a naturalization certificate or birth certificates of the parents of the parent born overseas proving they were able to transfer jus sanguinis, birthright citizenship to the parent of the child requiring confirmation of his or her claim. Jacquelin Coline - 2011 93 PARK51 : L’INSTRUMENTALISATION D’UN PROJET D’ÉDIFICE URBAIN ÉRIGÉ EN SYMBOLE POLITIQUE

Hawaiian Long Form from August 5, 1961 Putting aside the issue of what constitutes a legal Certificate of Live Birth for proving natural born status under Article II, Section 1. If we take the information found in Barack Hussein Obama, II’s “Fight the Smears” website we discover the following

Obama is claiming to be a native citizen of the United States of America. This means he is claiming a status of ‘a Born Citizen’ under the principle of jus soli. It is interesting to note that he is not claiming a natural born status, as required by Article II. Leave it as it is for now.

94 Jacquelin Coline - 2011 Annexes

On the same page, we see from FactCheck.org, Barack Hussein Obama, II admitting his father was a British subject at the time of his birth. Furthermore the cite states that his birth was governed by the British government through the British Nationality Act of 1948.

This Act conferred the title of British subject upon Barack Hussein Obama, II. Under Section 5 of this Act, citizenship is passed from father to child. 5. (1) Subject to the provisions of this section, a person born after the commencement of this Act shall be a citizen of the United Kingdom and Colonies by descent if his father is a citizen of the United Kingdom and Colonies at the time of the birth: Provided that if the father of such a person is a citizen of the United Kingdom and Colonies by descent only, that person shall not be a citizen of the United Kingdom and Colonies by virtue of this section unless— (a) that person is born or his father was born in a protectorate, protected state, mandated territory or trust territory or any place in a foreign country where by treaty, capitulation, grant, usage, sufferance, or other lawful means, His Majesty then has or had jurisdiction over British subjects; or Note: Barack Hussien Obama, Sr. was in fact born in Kenya a British Protectorate and crown colony. At one time Hawaii was a British Protectorate, (1794–1843), in which the British Crown had jurisdiction of British Subjects. If you have any doubts please look at the flag of Hawaii. Either of these provisions fulfills the requirements of subsection 5 of the British Nationality Act. Regardless if his birthplace was Kenya or Hawaii Barack Hussein Obama, II is a British Subject. His father’s birth was in a British Colony or his birth if in Hawaii which was at one time a British Protectorate. (b) that person's birth having occurred in a place in a foreign country other than a place such as is mentioned in the last foregoing paragraph, the birth is registered at a United Kingdom consulate within one year of its occurrence, or, with the permission of the Secretary of State, later; or

Jacquelin Coline - 2011 95 PARK51 : L’INSTRUMENTALISATION D’UN PROJET D’ÉDIFICE URBAIN ÉRIGÉ EN SYMBOLE POLITIQUE

Note: While subparagraph (a) makes this irrelevant, we have had neither a statement from Obama, II stating this option was not exercised, nor do we have independent confirmation from an authoritative source denying this. Using the information contained on his website, we can accurately produce a natural born citizen matrix for him to see if he is in fact an Article II, natural born citizen.

Using both the law and logic it can now clearly be seen that Barack Hussein Obama, II is not a natural born citizen as required to hold the office of President of the United states of America and be the Commander in Chief of its armies as required under Article II, Section 1 of the Constitution of the United States of America. He does not meet the full and complete description of a “natural born citizen,” which is a citizen who has unity of citizenship at birth to one and only one country via by both Jus soli (place) and Jus sanguinis (the parents,) who is born in the country to two citizens of the country. Such a citizen can only have his allegiance claimed by one country. A natural born citizen cannot evade civic or military obligations by repatriating himself or herself to another country since a natural born citizen does not have dual or multiple citizenships by birth. A natural born citizen who gives his or her allegiance to another country during a time of war cannot justify it by saying he or she is a spy or a patriot for some other country for which he or she also has citizenship via birth. Such a person is simply a traitor to his or her natural born country. Obama’s refusal to release his long form Certificate of Live Birth from Hawaii, his manipulation of facts, his own statements can only lead a reasonable person to believe that he intentionally has lead the United States of America into a Constitutional Crisis. However, this can now be resolved by the state court of the State of Arizona, if there is one sheriff, one prosecutor, one judge, one state representative loyal to the Constitution, because on December 13, 2007 at 3:01 PM Mountain Time, Barrack Hussein Obama, II fraudulently filed a sworn affidavit in his own hand that declared himself to be a natural born citizen of the United States of America, and that he has fulfilled the requirements under the Constitution. The landmark case of Clinton v. Jones, 520 U.S. 681 (1997) has set the precedent that a sitting President is not immune from prosecution for acts committed before taking office.

96 Jacquelin Coline - 2011 Annexes

The question now is can America find one honest public servant in Arizona who believes in the supremacy of the US Constitution. If we can find officers of the court loyal to the Constitution then Chris Matthews will really get a tingle up his leg when he sees Obama in the pink underwear issued to him by Sheriff Joe Arpaio. Barack Hussein Obama II is NOT an Article II Natural Born Citizen of the USA!

Annexe n°3

Jacquelin Coline - 2011 97 PARK51 : L’INSTRUMENTALISATION D’UN PROJET D’ÉDIFICE URBAIN ÉRIGÉ EN SYMBOLE POLITIQUE

Logo de la S.I.O.A.

Annexe n°4

98 Jacquelin Coline - 2011 Annexes

Simulation de l’aspect extérieur du futur projet Park51

Annexe n°5

Jacquelin Coline - 2011 99 PARK51 : L’INSTRUMENTALISATION D’UN PROJET D’ÉDIFICE URBAIN ÉRIGÉ EN SYMBOLE POLITIQUE

Affiche de promotion d’un regroupement organisé par la S.I.O.A. Thursday, July 14, 2011 September 11th Freedom Rally at Ground Zero NY Judge Gives Ground Zero Mosquestrosity the Nod: Last Legal Challenge Removed 133

AFDI/SIOA 9/11 Freedom Rally: Stand Against Ground Zero Mosque, and Durban III, Stand for America Yahoo Politics NEW YORK: The human rights organization American Freedom Defense Initiative (AFDI) will be hosting its second annual 9/11 Freedom Rally on September 11 at 3pm at Park Place and West Broadway. Free citizens are coming from all over the U.S. to attend the rally. “It is crucial to stand for freedom on this tenth anniversary of the heinous 9/11 jihad attacks,” said AFDI Executive

133 « Rallye de la liberté du 11-Septembre AFDI/SIOA à Ground Zero, Oui à la liberté, Non au Jihad furtif » 100 Jacquelin Coline - 2011 Annexes

Director Pamela Geller. “We must show the jihadists we are unbowed in the defense of freedom. As a judge yesterday dismissed a suit by a New York firefighter challenging the construction of the mosque, the last legal hurdle blocking it has been removed. But we are not giving up. It is time for free citizens to make a stand.” AFDI and its Stop Islamization of America (SIOA) program are encouraging all Americans to stand against the Islamic supremacist mega-mosque at Ground Zero and the anti-Semitic Durban III conference that will be held in at the same time, and for American values on the tenth anniversary of the worst attack ever on American soil. The confirmed list of speakers includes 9/11 family members Alexander and Maureen Santora, who lost their firefighter son Christopher; Sally Regenhard, whose son Christian was killed on 9/11; Nelly Braginsky, who lost her son Alexander; and others. Other speakers include former U. S. Ambassador to the United Nations John Bolton (video message); German MP René Stadtkewitz, leader of Germany’s Freedom Party; the courageous ex-Muslim human rights activist Wafa Sultan; war hero and North Carolina Congressionalcandidate Ilario Pantano; former prosecutor and bestselling author Andrew C. McCarthy; popular radio host Joyce Kaufman; Darla Dawald, National Director of the Patriot Action Network; James Lafferty of the Virginia Anti-Sharia Taskforce (VAST); Coptic Christian activist Joseph Nassralla; Iraqi ex-Muslim Paul Gaynos; and others. Hosting the rally are Pamela Geller, publisher of the acclaimed AtlasShrugs.com blog, executive director of AFDI and SIOA, and author of Stop the Islamization of America: A Practical Guide to the Resistance (WND Books); and AFDI/SIOA associate director Robert Spencer, the bestselling author and director of Jihad Watch. Building the Ground Zero mosque is not an issue of religious freedom, but of resisting an effort to insult the victims of 9/11 and to establish a beachhead for political Islam and Islamic supremacism in New York. Cordoba Initiative board member imam Feisal Abdul Rauf is an open proponent of Sharia, Islamic law, a system that denies the freedom of speech, the freedom of conscience, and the equality of rights of all people before the law. Given the thousands of triumphal mosques that have been built on the cherished sites of conquered peoples throughout Islamic history, the mosque leaders’ claim that this mosque would be understood differently by Muslims worldwide lack foundation. The Durban III conference follows upon two previous conferences that scapegoated and demonized the state of Israel in service of Islamic jihad and Islamic supremacist interests. The rally will defend Israel against the defamation to which it will be subjected at this conference. It will also call upon the city to remove roadblocks to the reconstruction of St. Nicholas Greek Orthodox Church, which was destroyed on 9/11 and since then mired in bureaucratic red tape that has prevented its rebuilding – in stark contrast to the help Mayor Bloomberg and other city officials have given to the Ground Zero Mosque project. AFDI/SIOA is one of America’s foremost organizations defending human rights, religious liberty, and the freedom of speech against Islamic supremacist intimidation and attempts to bring elements of Sharia to the United States.

Annexe n°6

Jacquelin Coline - 2011 101 PARK51 : L’INSTRUMENTALISATION D’UN PROJET D’ÉDIFICE URBAIN ÉRIGÉ EN SYMBOLE POLITIQUE

Post de Pamela Geller sur son blog « Atlas Shrugs », ayant véritablement lancé la polémique autour du projet Park51134 Monster Mosque Pushes Ahead in Shadow of World Trade Center Islamic Death and Destruction

A rendering of the mosque presented to Manhattan's Community Board 1 Financial District Committee. One might think that the Muslim community might be capable of some sensitivity, considering what a manically sensitive bunch they are about everything. Every time there is a jihad attack (which is happening with increasing frequency), they start wailing on us infidels about Muslim sensitivities and anticipatory and imaginary affronts and insults. What could be more insulting and humiliating than a monster mosque in the shadow of the World Trade Center buildings brought down by Islamic attack? Worse still, the design is a mockery of the World Trade Center building design. Islamic jihad took down those buildings when they attacked, destroyed and murdered 3,000 people in an act of conquest and Islamic supremacism. What better way to mark your territory than to plant a giant mosque on the still-barren land of the World Trade Center? Sort of a giant victory lap. Any decent American, Muslim or otherwise, wouldn't dream of such an insult. It's a stab in eye of America. What's wrong with these people? Have they no heart? No soul? Back in December, Joan Brown Campbell, director of the department of religion at the Chautauqua Institution in upstate New York and former general secretary of the National Council of Churches of Christ U.S.A. , who is a supporter of Imam Feisal, acknowledged the possibility of a backlash from those opposed to a Muslim presence at ground zero. But, she added: “Building so close is owning the tragedy." 134 GELLER (Pamela) ‘ Monster Mosque Pushes Ahead in Shadow of World Trade Center Islamic Death and Destruction ’, in Atlas Shrugs, 6 mai 2010, < http://atlasshrugs2000.typepad.com/atlas_shrugs/2010/05/monster-mosque-pushes-ahead-in- shadow-of-world-trade-center-islamic-death-and-destruction.html > 102 Jacquelin Coline - 2011 Annexes

This best demonstrates the territorial nature of Islam. This is Islamic domination and expansionism. The location is no accident. Just as Al-Aqsa was built on top of the Temple in Jerusalem. And what about the Hagia Sophia, the ancient cathedral of the church of Constantinople, one of the great buildings of the world, the grandest church in Christendom at that time and for 1000 years thereafter -- and now a mosque? The Aya Sofya mosque -- they didn't change the name, just Islamified it. How disgusting. The only Muslim center that should be built in the shadow of the World Trade Center is one devoted to expunging the Koran and all Islamic teachings of the prescribed violent jihad and all hateful texts and incitement to violence. The only center in the heart of the WTC should be devoted to a Vatican II for Islam. That is the only kind of Islamic center that would be appropriate, though it probably wouldn't last two minutes without being bombed by devout Muslims. THE OUTRAGE CONTINUES, as Imam Feisal Abdul Rauf, founder of the Cordoba Initiative, talks about his proposal to convert the now-shuttered Burlington Coat Factory on Park Place, two blocks from Ground Zero, into a mosque.

"No Mosque at Ground Zero" wrote : NMGZ: It's been a while since there's been anything to report on the "Ground Zero" Mosque. We, of course, knew that the silence did not mean the proposed mosque had been forgotten; not a chance. There intention was to sneak it through. "There's nothing like it," said Imam Feisal Abdul Rauf, adding that facilities will be open to all New Yorkers." Ya think? This "D'wah Center" will cast a rude shadow over Ground Zero reminding everyone of those murdered on 9-11. SHAME on you, Mayor Bloomberg! BY Joe Jackson and Bill Hutchinson DAILY NEWS WRITERS NY Daily News A proposal to build a mosque steps from Ground Zero received the support of a downtown committee despite some loved ones of 9/11 victims finding it offensive.

Jacquelin Coline - 2011 103 PARK51 : L’INSTRUMENTALISATION D’UN PROJET D’ÉDIFICE URBAIN ÉRIGÉ EN SYMBOLE POLITIQUE

The 13-story mosque and Islamic cultural center was unanimously endorsed by the 12- member Community Board 1's financial district committee. The $100 million project, called the Cordoba House, is proposed for the old Burlington Coat Factory building at Park Place and Broadway, just two blocks from the . "I think it will be a wonderful asset to the community," said committee Chairman Ro Sheffe . Imam Feisel Abdul Rauf , who helped found the Cordoba Initiative following the 9/11 attacks, said the project is intended to foster better relations between the West and Muslims. He said the glass-and-steel building would include a 500-seat performing arts venue, a swimming pool and a basketball court. "There's nothing like it," said Rauf, adding that facilities will be open to all New Yorkers. Daisy Khan, executive director of the American Society for Muslim Advancement and a member of the Cordoba Initiative's board, said donations are being sought to pay for the construction. Khan said the project has received little opposition. "Whatever concerns anybody has, we have to make sure to educate them that we are an asset to the community," Khan said. Khan said her group hopes construction on the project will begin by the 10th anniversary of the 9/11 attacks. Once built, 1,000 to 2,000 Muslims are expected to pray at the mosque every Friday, she said. No one at last night's meeting protested the project. But some 9/11 families said they found the proposal offensive because the terrorists who launched the attacks were Muslim. "I realize it's not all of them, but I don't want to have to go down to a memorial where my son died on 9/11 and look at a mosque," said retired FDNY Deputy Chief Jim Riches - whose son Jim, a firefighter, was killed on 9/11. "If you ask me, it's a religion of hate," said Riches, who did not attend last night's meeting. Rosemary Cain of Massapequa, L.I., whose son, Firefighter George Cain, 35, was killed in the 2001 attacks, called the project a "slap in the face." "I think it's despicable. That's sacred ground," said Cain, who also did not attend the meeting. "How could anybody give them permission to build a mosque there? It tarnishes the area."

Annexe n°7

Sondages d’opinion sur le projet Park51

104 Jacquelin Coline - 2011 Annexes

Polls showed that the majority of Americans, New York State residents, and New York City residents opposed building the center near Ground Zero; more Manhattanites support building the center. Les sondages montrent que la majorité des Américains, des résidents de l’État de New- York, et des résidents de la ville de New-York sont opposés à la construction du centre près de Ground Zero ; plus d’habitants de Manhattan supportent la construction du centre. The majority of Americans were opposed to the mosque/Islamic center, The New York [86] Times reported in July 2010. By a margin of 54%–20%, American adults were opposed to a mosque being built near Ground Zero, a national Rasmussen Reports poll [120][121] found that month. Furthermore, according to an August 10–11 Fox News poll, 64% of Americans (a majority of each of Democrats (56–38%), Republicans (76–17%), and Independents (53–41%)) thought it would be wrong to build a mosque and Islamic cultural [122] center so close to Ground Zero, and 30% felt it would be appropriate. La majorité des Américains était opposée à la mosquée/centre Islamique, comme le reportait The New York Times en juillet 2010. Par une majorité de 54% à 20%, les adultes Américains étaient opposés à ce qu'une mosquée soit construite près de Ground Zero, comme le rapportait un sondage Rasmussen Reports ce mois. De plus, selon un sondage Fox News des 10 et 11 août, 64% des Américains (une majorité tant de Démocrates (56%-38%) que de Républicains (76%-17%) et d'Indépendants (53%-38%)) pensaient qu'il serait mal de construire une mosquée et un centre culturel islamique si près de Ground Zero, et 30% considéraient que cela était inapproprié. A CNN poll conducted August 6–10 found that Americans opposed the Park51 project [123][124] by a margin of 68%–29%. A majority of each of Democrats (54–34%), [124] Republicans (82–17%), and Independents (70–24%) were opposed. An Economist / YouGov national poll taken the week of August 19, 2010 confirmed these findings. Overall, this poll found that Americans opposed the Park51 project by a margin of 57.9%–17.5%, with 24.5% undecided on the question. Democrats (41.0–28.0%), Republicans (88.3–1.7%) [125] and Independents (57.6–21.3%) were opposed to the project according to this poll. Un sondage CNN conduit du 6 au 10 août a abouti à la conclusion que les Américains étaient opposés au projet Park51 par une majorité de 68% contre 29%. Une majorité de Démocrates (54% contre 34%), de Républicains (82% contre 17%), et d’Indépendants (70% contre 24%) y était opposée. Un sondage national Economist/YouGov réalisé la semaine du 19 août 2010 a confirmé ces données. Globalement, ce sondage a montré que les Américains étaient opposés au projet Park51 par une majorité de 57.9% contre 17.5%, et 24.5% d’indécis sur la question. Les Démocrates (41% contre 28%), les Républicains (88.3% contre 1.7%) et les Indépendants (57.6% contre 21.3 %) étaient opposés au projet selon ce sondage. In addition, by a margin of 52%–31% New York City voters opposed the construction, [23][126][127][128] according to a Quinnipiac University Poll carried out in June 2010. At the same time, 46% of Manhattanites supported it, while 36% opposed it. Opposition was [23][24] strongest in Staten Island , where 73% opposed it while only 14% supported it. [129] A higher percentage of Republicans (82%) than Democrats (45%) opposed the plan.

Jacquelin Coline - 2011 105 PARK51 : L’INSTRUMENTALISATION D’UN PROJET D’ÉDIFICE URBAIN ÉRIGÉ EN SYMBOLE POLITIQUE

En outre, une majorité de 52% contre 31% de votants de la ville de New-York était opposée à la construction selon un sondage de l'université de Quinnipiac réalisé en juin 2010. Au même moment, 46% des habitants de Manhattan y étaient favorables, quand 36% s'y opposaient. L'opposition était plus forte à Staten Island où 73% étaient contre quand seulement 14% étaient pour. Un plus fort pourcentage de Républicains (82%) que de Démocrates (45%) y était opposé. A Marist Poll taken July 28 – August 5 showed a similar city-wide margin of registered voters against it (53%-34%, with 13% unsure), although those in Manhattan supported it, [22][130] reversing the figures: 53% to 31%, with 16% unsure. A updated Marist poll in September 2010 showed that support for Park51 had grown, with 41% in favor and 51% opposed. Support among African Americans, liberals, Democrats, and residents of [131] had increased. Manhattanites remained supportive. Un sondage Marist réalisé du 28 juillet au 5 août montrait qu'une majorité de votants inscrits à travers toute la ville était contre (53% contre 34%, avec 13% d'incertains), bien que ceux de Manhattan y soient favorables, renversant les chiffres : 53% pour et 31 % contre, avec 16% d'incertains. Une mise à jour de ce sondage en septembre 2010 montrait que le soutien à Park51 avait augmenté, avec 41% d'opinions favorables et 51% d'opinions défavorables. Le soutien parmi les Afro-Américains, les libéraux, les Démocrates, et les résidents du Bronx avait augmenté ; les habitants de Manhattan y restaient favorables. State-wide, by a margin of 61%–26% New Yorkers opposed the mosque's construction at that location, according to another poll in August 2010, by Siena Research Institute , [132][133][134] whose poll question wording was criticized by a writer at Slate magazine. [135] A majority of both Republicans (81%) and Democrats (55%) were opposed to it, [134] as were conservatives (85%), moderates (55%), and liberals (52%). Among New [133][134][136] York City residents, a margin of 56%–33% opposed it. A travers tout le pays, une majorité de 61% contre 26% de New-Yorkais était opposée à la construction d’une mosquée à cet endroit, selon un autre sondage en août 2010 réalisé par l’Institut Siena Research, dont la formulation des questions du sondage a été critiquée par un écrivain au magazine Slate. Une majorité de Républicains (81%) et de Démocrates (55%) y était opposée, comme l’étaient les conservateurs (85%), les modérés (55%) et les libéraux (52%). Parmi les résidents de New-York, une majorité de 56% contre 33% y était opposée. Some polls tried to gauge public opinion of Muslims' right to build Park51 near ground zero. The Quinnipiac University poll of New York State residents released August 31, 2010 found a 54–40 percent majority of voters agreeing 'that because of American freedom of [25] religion, Muslims have the right to build the mosque near Ground Zero'. A Fox News national poll taken August 10–11, 2010 found that 61% felt that the project developers had a right to build a mosque there (a majority of Democrats (63–32%), Republicans (57–36%), [26] and Independents (69–29%). The Economist /YouGov poll taken the week of August 19, 2010 concurred that Democrats (57.5–24.9%) and Independents (62.3–25.2%) believed Muslims had a "constitutional right" to build a mosque at the site, but found that Republicans (31.8–53.2%) did not believe that Muslims had such a right. The poll found that 50.2%, overall, supported the constitutional right to build at the site, 32.7% were opposed [125] and 17.1% had no opinion. 106 Jacquelin Coline - 2011 Annexes

Certains sondages essaient de sonder l’opinion publique sur le droit des Musulmans à bâtir Park51 près de Ground Zero. Le sondage de l’Université de Quinnipiac réalisé sur des résidents de l’Etat de New-York et publié le 31 août 2010 a révélé qu’une majorité de 54 % contre 40 % de votants était d’accord avec le fait qu’à cause de la liberté de religion Américaine, les Musulmans ont le droit de construire une mosquée près de Ground Zero. Un sondage national de Fox News réalisé les 10 et 11 août 2010 révélait que 61 % avaient le sentiment que les développeurs du projet avaient le droit de construire une mosquée à cet emplacement (une majorité de Démocrates (63% contre 32%), de Républicains (57% contre 36%) et d’Indépendants (69% contre 29%)). Le sondage The Economist/YouGov réalisé la semaine du 19 août 2010 confirmait que les Démocrates (à 57.5% contre 24.9%) et les Indépendants (à 62.3% contre 25.2%) pensaient que les Musulmans avaient un « droit constitutionnel » de bâtir une mosquée sur ce site, mais montrait que les Républicains (à 53.2% contre 31.8%) ne pensaient pas que les Musulmans avaient un tel droit. Le sondage montrait que 50.2%, en globalité, supportaient le droit constitutionnel de construire sur ce site, que 32.7% y étaient opposés et que 17.1% étaient sans opinion. The Economist/YouGov poll also noted that 52% of Americans believe that "Muslims should be able to build mosques in the United States wherever other religions can build houses of worship", as opposed to 34% who believe that "there are some places in the United States where it is not appropriate to build mosques, though it would be appropriate to build other houses of worship" and 14% who believe "mosques should not be permitted [125] anywhere in the United States." Le sondage The Economist/You Gov note également que 52 % des Américains croient que « les Musulmans doivent être en mesure de construire des mosquées n’importe où aux Etats-Unis où les autres religions peuvent bâtir des lieux de cultes », contre 34 % qui pensent que « il y des lieux aux États-Unis où il n’est pas approprié de construire des mosquées, bien que cela le soit de construire d’autres lieux de culte » et 14 % qui pensent que « les mosquées ne doivent pas être autorisées à être construites aux Etats-Unis. ». D'après l'ensemble de ces sondages, plusieurs grandes tendances se dégagent. En premier lieu, on remarque qu'alors que la majorité des Américains semble opposée au projet Park51, la tendance se réduit chez les New-Yorkais, et s'inverse lorsque l'on considère l'opinion des habitants de Manhattan ; autrement dit, ceux qui sont à priori les principaux concernés puisque le projet doit se construire dans leur quartier y sont majoritairement favorables alors que ce sont ceux qui ne seront pas directement concernés par le projet, du moins en ce qui concerne leur lieu d'habitation qui s'y opposent! On voit dès lors que ce projet soulève un débat qui va bien au-delà de la polémique autour d'un simple projet d'édifice urbain mais a une portée symbolique pour l'ensemble des Américains qui ont un avis sur une construction qui peut être parfois à plusieurs milliers de kilomètres de chez eux. De plus, le fait que le projet soit près de Groud Zero apparaît comme un des éléments qui jouent en la défaveur du projet dans l'opinion publique Américaine, soulignant encore la portée symbolique de ce site, et par conséquent celle qui est attribuée au projet Park51. En outre, bien qu'il soit trop simpliste d'établir une ligne de fracture claire quant au soutien ou non au projet entre les différentes tendances politiques, on remarque que les Démocrates et surtout les Indépendants y sont globalement bien plus favorables que les Républicains. On ne peut cependant émettre que des hypothèses à la simple lecture de ces sondages pour expliquer cela : réelles opinions politiques ou stratégie de partis dans un contexte politique (les élections de mi-mandat) particulier?

Jacquelin Coline - 2011 107 PARK51 : L’INSTRUMENTALISATION D’UN PROJET D’ÉDIFICE URBAIN ÉRIGÉ EN SYMBOLE POLITIQUE

Pour finir, il importe de souligner l'importance que les Américains semblent attribuer à leur Constitution car lorsque l'argument de la liberté de religion établie par le 1er amendement en 1791 est invoqué, une majorité d'Américains se déclarent alors favorable au respect du texte constitutionnel, bien qu'on constate malgré tout une réticence non négligeable quant à la construction de mosquées aux Etats-Unis.

Annexe n°8

Brève chronologie de l’évolution du projet - Juillet 2009 : Acquisition du site de l’usine désaffectée « Burlington Coat » par le promoteur Sharif El-Gamal - Printemps-automne 2010 : Campagne électorale pour les élections de mi-mandat - 6 mai 2010 : Publication sur le blog « Atlas Shrugs » de l’article « Une méga-mosquée avance dans l'ombre de la mort et de la destruction du World Trade Center par l'islam. » par Pamela Geller, et développement de la polémique - 3 août 2010 : La « City’s Landmarks Preservation Commission » donne son feu vert à la réalisation du projet Park51 - 13 août 2010 : Lors de « l’iftar » (repas de rupture du jeûne du Ramadan) avec des responsables religieux, déclarations de Barack Obama sur « le droit de construire un lieu de culte et un centre communautaire sur une propriété privée dans le bas de Manhattan dans le respect des règlements et du droit local. », avant que le Président ne cherchent à modérer ses propos suite à la polémique déclenchée. - 13 août 2010 : Changement de l’appellation officielle du projet en Park51, au détriment de Cordoba House - Début novembre 2010 : Élections de mi-mandat aux États-Unis - 15 janvier 2011 : Annonce par Sharif El-Gamal du remplacement de Feysal Abdul Rauf par l’imam Abdallah Adhami pour la future salle de prière musulmane du projet Park51 - Début février 2011 : Limogeage de l’imam Adhami - Mars 2011 : Appel de Timothy Brown auprès de la Cour Suprême de Manhattan quant à la décision de la « City’s Landmarks Preservation Commission » du 3 août 2010 - Juillet 2011 : Rejet de la demande d’appel de Timothy Brown - Juillet 2011 : Rupture du partenariat entre Sharif El-Gamal et Feysal Abdul Rauf ; le couple Feysal Adul Rauf/Daisy Khan se retire du projet Park51 - 11 septembre 2011 : Appel à un rassemblement « anti Park51 » à l’initiative de la S.I.O.A.

Annexe n°9

108 Jacquelin Coline - 2011 Annexes

Carte figurant l’emplacement du projet Park 51 (anciennement « Cordoba House ») par rapport au site du World Trade Center 135

Annexe n°10

Définitions clés - Affect :État affectif élémentaire - Analogie : Ressemblance établie par l'imagination (souvent consacrée dans le langage par les diverses acceptions d'un même mot) entre deux ou plusieurs objets de pensée essentiellement différents - Arguments d’autorité : L'argument d'autorité consiste à invoquer une autorité lors d'une argumentation , en accordant de la valeur à un propos en fonction de son origine plutôt que de son contenu - Argument ad hominem : L'argument ad hominem ou argumentum ad hominem est une locution latine qui désigne le fait de confondre un adversaire en lui opposant ses [] propres paroles ou ses propres actes . Il sert fréquemment à discréditer des arguments sans les discuter en raison de la personne qui les présente. - Autodafé : Action de détruire par le feu (surtout employé lorsqu’il s’agit de livres) - Barbare : Étranger, pour les Grecs et les Romains et, plus tard, pour la chrétienté. Qui n'est pas civilisé. Cruel, sauvage.

135 HUMPHREY (Michael), ‘Ground Zero mosque’: How close is too close?’, in True/Slant , 27 juillet 2010, < http://trueslant.com/ michaelhumphrey/2010/07/27/ground-zero-mosque-how-close-is-too-close/ > Jacquelin Coline - 2011 109 PARK51 : L’INSTRUMENTALISATION D’UN PROJET D’ÉDIFICE URBAIN ÉRIGÉ EN SYMBOLE POLITIQUE

- « Charia » (ou Sharia) : Loi canonique de l'islam - Chrononyme : Nom propre de temps - Comparaison : Rapport établi explicitement (par comme, tel, plus, moins…) entre un objet et un autre dans le langage ; figure de rhétorique qui établit ce rapport - « Containment » : (« Endiguement » en français) Stratégie visant à stopper l'extension d’une zone d'influence - Conviction :Acquiescement de l'esprit fondé sur des preuves évidentes; certitude qui en résulte - Croisade :Expédition entreprise au Moyen Âge par les Chrétiens coalisés pour délivrer les Lieux saints qu'occupaient les Musulmans. Tentative pour créer un mouvement d'opinion dans une lutte - Ethos : Qui relève l’image du locuteur et sa capacité d’identification, et donc d’adhésion à ses idées qu’il va réussir à susciter - Ethnocentrisme : Tendance à privilégier le groupe social, la culture auxquels on appartient et à en faire le seul modèle de référence - Euphémisme : Expression atténuée d'une notion dont l'expression directe aurait quelque chose de déplaisant, de choquant - Évènement : Fait qui se distingue par sa singularité et son importance, et qui est alors mis en relief et intégré dans la mémoire collective s’il touche l’ensemble d’un groupe social - « Ground Zero » : Terme couramment utilisé pour désigner le site des attentats du World Trade Center de Manhattan le 11 septembre 2001 - Hindouisme :Religion brahmanique pratiquée en Inde - « Iftar » : Repas qui est pris chaque soir par les Musulmans au coucher du soleil pendant le jeûne du mois de ramadan - Inconscient/imaginaire collective : Concept qui s'attache à désigner les fonctionnements humains liés à l' imaginaire qui sont communs ou partagés et qui influencent et conditionnent les représentations individuelles et collectives - Islamophobie : Hostilité contre l'islam et les musulmans - « Jihad » (ou Djihad) : Effort qui doit se comprendre dans le sens "lutte" ou "combat" mais ne désigne pas forcément ni prioritairement une action physique. A l'origine ce terme désigne un "effort sur soi" - La politique : Représentants dans une société qui détiennent une partie du pouvoir (gouvernement, Président de la République, Congrès aux Etats-Unis…) ou qui ont cela pour dessein (partis politiques par exemple) - Latent : Qui demeure caché, ne se manifeste pas mais qui est susceptible de le faire à tout moment - Le politique : Ce qui concerne l’opinion publique et la société, son identité collective, la cohérence de la collectivité - Logos : Qui repose sur la démonstration et la raison - Mémoire collective : Souvenir ou ensemble de souvenirs, conscients ou non, d’une expérience vécue et/ou mythifiée par une collectivité vivante de l’identité de laquelle le sentiment du passé fait partie intégrante

110 Jacquelin Coline - 2011 Annexes

- Métaphore : Procédé de langage qui consiste à employer un terme concret dans un contexte abstrait par substitution analogique, sans qu'il y ait d'élément introduisant formellement une comparaison - Néo-conservatisme : Courant intellectuel remontant aux années 1970, prépondérant dans l’entourage de George Bush sur la politique étrangère. Il trouve son origine dans le raidissement d’une partie des universitaires et intellectuels face à « une crise de l’ordre moral et politique de la société américaine » et émerge avec la pratique reaganienne de la politique étrangère. Les néoconservateurs croient en la supériorité du modèle américain et militent pour un « prosélytisme démocratique dans le monde ». Cela se combine avec l’idée de puissance : la puissance militaire américaine doit assurer sa domination et sa pérennité - Pathos : Sentiments et émotion que l’on tente de susciter chez l’auditoire - Persuasion : Action d’amener quelqu’un à croire, à penser, à vouloir, à faire quelque chose, par une adhésion complète (sentimentale autant qu'intellectuelle). - Polémique : Débat vif ou agressif - Profane : Ce qui est étranger à la religion - Propagande : Action exercée sur l'opinion pour l'amener à avoir certaines idées politiques et sociales, à soutenir une politique, un gouvernement, un représentant - Question rhétorique :F igure de style qui consiste à poser une question [ n'attendant pas de réponse, cette dernière étant généralement évidente - Rhétorique : Art de bien parler ; technique de la mise en œuvre des moyens d'expression (par la composition, les figures) - « Roll-back » :(en français « refoulement) Doctrine qui vise à refouler et non plus simplement à contenir la progression d’un phénomène, d’une idéologie.... - Sacré : Qui appartient à un domaine séparé, interdit et inviolable et fait l'objet d'un sentiment de révérence religieuse - « Sécurisation » : Concept utilisé en théorie des relations internationales et en particulier par les Critical Security Studies pour insister sur la façon dont certains objets, thèmes ou entités sont constitués en tant qu'enjeux de sécurité requérant des mesures spécifiques et parfois extraordinaires afin de les défendre - Shintoïsme : Religion officielle du Japon jusqu'en 1945; polythéisme animiste se traduisant souvent par l'exaltation de l'empereur et de la nation japonaise - Symbole : Ce qui représente autre chose en vertu d'une correspondance analogique - Terrorisme : Emploi systématique de la violence pour atteindre un but politique - Xénisme : Procédé rhétorique basé sur l’emploi de mots étrangers visant à amplifier une peur

Annexe n°11

Glossaire des sigles et termes utilisés

Jacquelin Coline - 2011 111 PARK51 : L’INSTRUMENTALISATION D’UN PROJET D’ÉDIFICE URBAIN ÉRIGÉ EN SYMBOLE POLITIQUE

- 1er amendement (de la Constitution Américaine) : Relatif à la liberté de religion, de la presse et d’expression (ratifié le 15 décembre 1791) « Le Congrès ne fera aucune loi pour conférer un statut institutionnel à une religion, qui interdise le libre exercice d'une religion, qui restreint la liberté d'expression, ou de la presse ; ou restreignant le droit du peuple de s'assembler paisiblement, ou de réclamer au gouvernement une réparation de faute ». - « Al Andalus » : Nom donné à la période de la conquête de territoires espagnols par les Maures après l’effondrement du royaume wisigothique de Tolède en 711 et qui a perdurée jusqu’en 1492, date de la reddition de Grenade - Article 2, Section 1 (de la Constitution Américaine) : Article relatif au fait que le Président des États-Unis d’Amérique doit être né sur le sol Américain - « Atlas Shrugs » :Nom du blog de Pamela Geller - City’s Landmarks Preservation Commission : Commission municipale chargée entre autres de se prononcer sur le statut des édifices de la ville - « Cordoba House » : Nom officiel attribué en premier lieu au projet de centre culturel de Feysal Abdul Rauf jusqu’en août 2010 - « G.O.P. » (« Grand Old Party ») : Surnom du Parti Républicain aux États-Unis - « Maccarthysme » : Période de l’Histoire des États-Unis dont le nom est inspiré du sénateur McCarthy qui en est à l’origine et qui correspond - entre 1950 et 1954-, à une véritable « chasse aux sorcières » contre les communistes - Mid-terms/Elections de mi-mandat :Elections aux États-Unis où l'ensemble des sièges de la Chambre des représentants , 33 ou 34 des 100 sièges du Sén at et plusieurs législatures ou gouverneurs d'états américains sont renouvelés. Ces élections interviennent à la moitié du mandat du président des États-Unis d'où leur nom. - « Minutemen » : Terme devenu un symbole de patriotisme et de protection de la nation aux États-Unis, d’où la récupération de ce nom à l’heure actuelle par des Américains qui se font appeler de la sorte pensant que leur patrie est en danger et qu’ils se doivent de la protéger ; ils organisent des rassemblements, des manifestations, des campagnes de luttes contre des projets gouvernementaux…Hostiles à l’administration Obama, ils voient en elle le risque d’un déclin de l’Amérique pour de nombreuses raisons (réforme du système de santé, politique étrangère, « trop d’Etat » etc.), mais, un des thèmes qui est également au cœur de leur « combat » pour préserver les Etats-Unis, est l’immigration, la peur d’une « invasion » étrangère, et surtout, la peur de la « menace islamiste » depuis que Barack Obama est au pouvoir - Mouvement des « Birthers » : Aux États-Unis, mouvement cherchant à « prouver » que l’élection de Barack Obama à la Présidence serait caduque du fait qu’il ne serait pas né sur le sol Américain ; ils réclament ainsi son « vrai » acte de naissance, d’où leur nom - «Nisei » : Nom donné aux enfants des premiers émigrants japonais, nés à l'étranger — principalement au Canada , États-Unis et en Amérique latine . - PAC (Political Action Committee) : nom communément utilisé aux États-Unis pour désigner une organisation privée dont le but est d'aider ou au contraire de gêner des élus, ainsi que d'encourager ou de dissuader l'adoption de certaines lois - Park51 : Nom officiel du projet de centre culturel à partir d’août 2010 - S.I.O.A. (« Stop Islamization of America ») : Organisation islamophobe présidée par Pamela Geller et Robert Spencer visant à empêcher « l’islamisation des Etats-Unis »

112 Jacquelin Coline - 2011 Annexes

- «Tea baggers » : Membres du Tea Party - «Tea Party » : Mouvement politique Américain hétéroclite et contestataire, né dans le contexte de la crise économique et financière de 2008 au moment de l’élection de Barack Obama à la Présidence des États-Unis, qui s'oppose entre autres à l'État fédéral - Théorie du « Choc des Civilisations » : Théorie popularisée par Samuel Huntington dans les années 1990 et selon laquelle le monde serait divisé en 7 ou 8 civilisations amenées à s’affronter de par leurs divergences culturelles - «Twin Towers » : Surnom donné aux deux tours du World Trade Center de Manhattan détruites dans les attentats du 11 septembre 2001 - «War on Terror »/« Guerre contre la Terreur » : Guerre lancée par Georges W. Bush suite aux attentats du 11 septembre 2001 et suivie par plusieurs pays dans le but de « vaincre le terrorisme »

Annexe n°12

Glossaire des principaux acteurs cités - ADHAMI Abdallah : Imam ayant été brièvement nommé pour remplacer Feysal Abdul Rauf comme futur imam de la salle de prière de Park51, avant d’être renvoyé suite à un scandale. - BLOOMBERG Michael : Actuel maire de New-York ; ouvertement favorable au projet Park51 - BROWN Timothy : Ex-pompier de la ville de New-York ayant participé aux secours lors des attentats du 11 septembre 2001 au World Trade Center ; celui-ci a fait appel de la décision du 3 août 2010 de la City’s Landmark Preservation Commission quant au projet Park51 mais a perdu - EL-GAMAL Sharif : Promoteur propriétaire du site de l’ancienne Burlington Coat Factory devant accueillir le futur centre Park51 - GELLER Pamela : Bloggeuse et co-présidente de l’organisation islamophobe S.I.O.A. devenue chef de file du mouvement anti Park51 et considérée comme à l’origine de la polémique - GINGRICH Newt : Politicien Américain conservateur et ancien président de la Chambre des Représentants ; fervent opposant au projet Park51 - JONES Terry :Pasteur Américain intégriste ayant provoqué un scandale en brûlant un exemplaire du Coran - KHAN Daisy : Épouse de Feysal Abdul Rauf, elle préside l’association ASMA qui œuvre pour le dialogue entre les musulmans Américains et le reste de la société, et est à l’origine avec son époux du projet de centre culturel - OBAMA Barack : Actuel Président des États-Unis, il a été un des acteurs centraux de la polémique Park51, de manière plutôt subie, faisant l’objet d’attaques du fait du soutien qu’on lui prête quant à ce projet

Jacquelin Coline - 2011 113 PARK51 : L’INSTRUMENTALISATION D’UN PROJET D’ÉDIFICE URBAIN ÉRIGÉ EN SYMBOLE POLITIQUE

- PALIN Sarah :Candidate à la Vice Présidence des États-Unis en 2008, elle est actuellement un fervent soutien du mouvement du Tea Party et farouchement opposée au projet Park51 - RAUF Feysal Abdul : Imam soufi Américain à l’origine du projet de centre culturel Park51 - SPENCER Robert :Président de l’organisation islamophobe « Jihad Watch », il est avec Pamela Geller un vif opposant au projet Park51

114 Jacquelin Coline - 2011 Bibliographie

Bibliographie

*Articles de revues, périodiques

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- DEUDNEY (Daniel) et MEISER (Jeffrey), ‘American Exceptionalism’ in US Foreign Policy, Oxford University Press, 2008, pp. 24-42 - DUMBRELL (John), ‘America in the 1990s: searching for purpose’, in US Foreign Policy, Oxford University Press, 2008, pp. 88-103 - EMMERS (Ralf), ‘Securitization’, in COLLINS (Alan), Contemporary Security Studies, New-York, Oxford University Press, 2007, pp. 109-125, ISBN : 978-0-19-928469-6 - GEISSER (Vincent), « Les « bons » et les « méchants » : la fabrique médiatique des héros et antihéros musulmans », in GEISSER (Vincent), La nouvelle islamophobie, Paris, Editions La Découverte, 2003, pp. 51-56, ISBN : 2-7071-4060-0 - HUNTINGTON (Samuel), The Clash of Civilizations and the Remaking of World Order, Touchstone Books; New Ed edition, 1998, 368 p., ISBN : 978-0684819877 - JAKOBSEN (Peter Viggo), ‘Coercive Diplomacy’, in COLLINS (Alan), Contemporary Security Studies, New-York, Oxford University Press, 2007, pp. 225-247 - KENNEDY-PIPE (Caroline), ‘American Foreign Policy After 9/11’, in US Foreign Policy, Oxford University Press, 2008, pp. 401-419 - LUTZ (Brenda et James), ‘Terrorism’, in COLLINS (Alan), Contemporary Security Studies, New-York, Oxford University Press, 2007, pp. 289-310 - MERNISSI (Fatema), « Les Frontières neuves de l’empereur, Introduction à l’édition Américaine », in MERNISSI (Fatema), Islam et Démocratie, Albin Michel, 2010, pp 7-27, ISBN : 978-2-2261-9147-2 - RICHARDSON (Louise), What terrorists want, Random House Trade Paperback Edition, New-York, 2006, 312 p., ISBN : 978-1-4000-6481-6 - ROBIN (Corey), La peur, Histoire d’une idée politique, Paris, Armand Colin, 2006, 366 p., ISBN : 2-200-34562-3 - ROE (Paul), ‘Societal Security’, in COLLINS (Alan), Contemporary Security Studies, New-York, Oxford University Press, 2007, pp. 164-181 - ROGERS (Paul), ‘Global Terrorism’, in US Foreign Policy, Oxford University Press, 2008, pp. 357-373 - QURESHI (Emran), « Etats-Unis : la nouvelle Guerre Froide entre ‘Islam’ et ‘Occident’ », in Islam, médias et opinions publiques. Déconstruire le « choc des civilisations », ouvrage collectif, Mars 2006, L’Harmattan, pp.95-104 - SAUL (Richard), ‘American Foreign Policy During the Cold War’, in US Foreign Policy, Oxford University Press, 2008, pp. 63-87

*Sites Internet, Blogs

- A.D.L. (Anti Diffamation League: Fighting Anti-semitism, Bigotry and Extremism) (site officiel) < http://www.adl.org/ > Jacquelin Coline - 2011 127 PARK51 : L’INSTRUMENTALISATION D’UN PROJET D’ÉDIFICE URBAIN ÉRIGÉ EN SYMBOLE POLITIQUE

- American Society for Muslim Advancement (site officiel) < http://www.asmasociety.org/about/b_dkhan.html > - Atlas Shrugs (Blog de Pamela Geller) < http://atlasshrugs2000.typepad.com/ > - Constitution des Etats-Unis d’Amérique < http://www.usconstitution.net/const.html#A2Sec1 > - Constitution des Etats-Unis d’Amérique < http://www.aidh.org/Biblio/Text_fondat/US_04.htm > - Cordoba Initiative (site officiel) < http://www.cordobainitiative.org/ > - Ground Zero < http://groundzero.nyc.ny.us/home.html > - Media Matters For America (site officiel) < http://mediamatters.org/ > - Park 51 (site officiel) < http://park51.org/ > - Pew Research Center (site officiel) < http://pewresearch.org/about/ > - Religious Action Center Of Reform Judaism < http://www.rac.org/ > - S.I.O.A. (site officiel) < http://sioaonline.com/ > - Tea Party (site officiel) < http://www.teaparty.org/ > - The Birthers (site officiel) < http://www.birthers.org/ > - The National Republican Trust Political Action Committee (site officiel) < http:// nationalrepublicantrust.com/ >

*Vidéos, emissions de radios

- ‘Atlas VLOGS from the Beach’, in Youtube, [en ligne], 23 août 2006, [page consultée le 29 juillet 2011] < http://www.youtube.com/watch?v=7TG7DTOkU-s > - BONIFACE, Pascal, « Islam et mondialisation », in Dailymotion, [en ligne], Forum de Fès –Une âme pour la mondialisation-, 2006, [page consultée le 17 juin 2011] 128 Jacquelin Coline - 2011 Bibliographie

< http://www.dailymotion.com/video/x3iqvs_pascal-boniface-islam-et-mondialisa_news > - ‘Fow News jokes about killing Obama’, [en ligne], 25 mai 2008, [page consultée le 18 juillet 2011] < http://www.afrik.com/article14397.html > - ‘Geert Wilders - 911 Speech at Ground Zero Mosque Site NYC New york’, in Youtube, [en ligne], 11 septembre 2010, [page consultée le 28 novembre 2010] < http:// www.youtube.com/watch?v=sbestwVMBcI > - ‘Imam Feisal Abdual Rauf 60 minutes interview with Ed Bradley Sept 30, 2001’, in Youtube fron Fox News, [en ligne], 30 septembre 2001, [page consultée le 15 mars 2011] < http://www.youtube.com/watch?v=CHKV9GbjFko > - ‘Keith Olbermann Special Comment: There Is No ‘Ground Zero Mosque’’, in Park 51, [en ligne], le 16 août 2010, [page consultée le 29 juillet 2011] < http://park51.org/2010/08/keith-olbermann-special-comment-there-is-no-ground-zero- mosque/ > - ‘Kill the Ground Zero Mosque TV Ad’, [en ligne], [page consultée le 17 juin 2011] < http://littlegreenfootballs.com/article/36746_The_Mega- Mosque_Hate_Video_Rejected_by_NBC_and_CBS > -‘Levant & Geller on Aqsa Parvez, Freedom From Jihad Flotilla’, [page consultée le 23 juillet 2011] < http://www.youtube.com/watch?v=LDLV-JwxbzU > - ‘Mayor Bloomberg Discusses the Landmarks Preservation Commission Vote On 45-47 Park Place’, in Youtube, [en ligne], 3 août 2010, [page consultée le 17 juillet 2011] < http://www.youtube.com/watch?v=kXm_fUDfJZQ > - ‘Minutemen protest Obama/Mc Cain event’, 16 août 2008, [page consultée le 19 juillet 2011] < http://www.youtube.com/watch?v=ks6xvFNHNvc > - ‘NYChildren Exhibit: Let's Open Park51's Doors to the World!’, in Park 51, [en ligne], [page consultée le 29 juillet 2011] < http://park51.org/video/ > - ‘Pamela Geller on The O'Reilly Factor’, in Youtube, [en ligne], 4 août 2010, [page consultée le 29 juillet 2011] < http://www.youtube.com/watch?v=KhBZeGL3-HI&feature=player_embedded > - ‘Rush likens NYC Islamic center to building a Hindu temple next to Pearl Harbor’, in MediaMatters for America, [en ligne], 16 août 2010, [page consultée le 07 juillet 2011] < http://mediamatters.org/mmtv/201008160016 > - Secure Freedom, ‘No mosque at Ground Zero’, in « Les musulmans américains s'inquiètent de la fin du ramadan, le 11 septembre », in Le Monde, [en ligne], 13 août 2010, [vidéo consultée le 14 juillet 2011] < http://www.lemonde.fr/international/ article/2010/08/13/les-musulmans-americains-s-inquietent-de-la-fin-du-ramadan- le-11-septembre_1398805_3210.html > Jacquelin Coline - 2011 129 PARK51 : L’INSTRUMENTALISATION D’UN PROJET D’ÉDIFICE URBAIN ÉRIGÉ EN SYMBOLE POLITIQUE

- ‘Sharif El-Gamal on NBC’, in Park 51, [en ligne], 26 novembre 2006, [page consultée le 29 juillet 2011] < http://park51.org/2010/11/video-nbc-person-of-the-year/ > - ‘Sharif El-Gamal tells his story on Park51’, in Park 51, [en ligne], [page consultée le 29 juillet 2011] < http://park51.org/2011/01/video-sharif-el-gamal/ > - ‘The People Behind The Mosque’, in Youtube from CBS, [en ligne], 26 septembre 2010, [page consultée le 29 juillet 2011] < http://www.youtube.com/watch?v=G68Jd5WqyZ4&feature=player_embedded >

130 Jacquelin Coline - 2011 Résumé et mots-clés

Résumé et mots-clés

En mai 2010, un article posté sur Internet par une bloggeuse jusque là quasi inconnue, Pamela Geller, est très vite et massivement relayé par l’ensemble des grands médias Américains, voire étrangers, et déclenche ainsi une polémique nationale autour de ce qui n’était alors qu’un projet d’édifice urbain parmi d’autres. En effet, ce projet a pour particularité d’être un centre culturel comportant une salle de prière musulmane mais, surtout, il doit être construit à deux blocs d’immeubles du site des attentats du 11 septembre 2001 au World Trade Center, autrement appelé « Ground Zero ». Dès lors, ce mémoire s’interroge sur les enjeux de cette polémique au sein de laquelle s’entremêlent une multitude de symboles et de procédés rhétoriques, et tente alors d’analyser dans quelle mesure et pour quelle(s) raison(s) ce projet a été instrumentalisé par de multiples acteurs aux intérêts divers. On May, 2010, Pamela Geller, an almost unknown blogger, posted on her blog “Atlas Shrug” an article about a project of community center in New-York, swiftly broadcast by American media. In fact, this project has the particularity of being an intercultural center in which there will be a room dedicated to Muslims, for their prayers. But above all, this project must be located near “Ground Zero”, that is to say the former site of the terrorist attacks on September, 11 2001 against the World Trade Center. That is why this work of research and analysis aims at understanding the stakes of the polemic caused by this project in which lots of symbols and discursive process appear; consequently, this work tries to analyze how far and for what reason(s) this project has been instrumented by a lot of different people with various interests. Mots clé : 11-Septembre ; 11 septembre 2001 ; Barack Obama ; Feysal Abdul Rauf ; « Guerre contre la Terreur » ; « Ground Zero » ; Islam ; islamophobie ; « Maison Cordoba » ; mosquée ; mouvement des « Birthers » ; Pamela Geller ; Park51 ; Pearl Harbor ; symbole(s) politique(s) ; rhétorique ; Tea Party ; terrorisme ; World Trade Center. Key-words: 9/11 ; september, 11 2001 ; Barack Obama ; “Birthers” ; Cordoba House ; Feysal Abdul Rauf ; “Ground Zero” ; Islam ; islamophobia ; mosque ; Pamela Geller ; Park51 ; Pearl Harbor ; political symbols ; rhetoric ; Tea Party ; terrorism ; “War On Terror” ; World Trade Center.

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