La lettre du Chemin des Dames Bulletin d’information édité par le Département de l’ / Printemps 2010 18

Peintre et sculpteur, François Mayu fait œuvre Le 16 avril de mémoire Dominique Grange/ Tardi et tout le programme

Document La Chanson de née avant l’offensive du Chemin des Dames © Coll. privée Jean-Daniel Destemberg Un document inédit révèle une version de la Chanson de Craonne élaborée avant même le début de l’offensive du Chemin des Dames en avril 1917. Jusqu’alors, les traces écrites les plus anciennes du célèbre texte avaient été relevées dans des correspondances datant d’août 1917 interceptées par le contrôle postal. 2 / actualité 16 avril / 3 Le 16 avril, sans casque et sans arme Le programme de la journée du 16 avril “Des lendemains qui saignent” 2010 sur le Chemin des Dames. Quatre par Dominique Grange et Jacques Tardi rendez-vous à Craonne, et Oul- Les rendez- ches-la-Vallée-Foulon. “Dans les champs d’herbe verte vous La guerre était tapie Chaque 16 avril, date anniversaire du début de l’offensive du L’aube Chemin des Dames, au printemps 1917, le Département de l’Aisne Sa gueule grande ouverte Rendez-vous à 5h15, organise une grande journée d’hommage à tous les morts, blessés et Et les voilà sans vie devant l’hôtel de ville disparus de la Grande Guerre, sans distinction de pays. Cette mani- de Craonne. festation est reconduite depuis 2007. En plein cœur de l’été Randonnée du souvenir. Durée : 3h30, haltes La journée débute au petit matin, à l’heure où des dizaines de milliers Ils avaient pris la route commentées comprises. d’hommes furent engagés dans la bataille. Le rendez-vous est fixé Et les voilà tombés à 5h15 devant la mairie de Craonne pour une marche d’une durée Se munir de chaussures de 3h30, ponctuée de haltes commentées. Les randonneurs, jusqu’à Petits morts du mois d’août…” de marche, passages plus de 1000 selon les éditions, empruntent l’un des multiples che- difficiles. mins que devaient suivre les soldats lancés à l’assaut du plateau. La Scène des premiers jours de la Grande Guerre première halte se fait à l’heure H, 6 heures. Quelques fusées illumi- L’après-midi dans une chanson de Dominique Grange. La chan- nent alors les pentes du Chemin des Dames et font entendre leur teuse, auteur, compositeur, interprète, appartient à “Les lendemains qui détonation dans le silence de l’aube. cette longue lignée de poètes et créateurs (voir dans saignent”, Dominique En raison de la pente, certains passages de la marche sont difficiles. ce numéro l’interview de François Mayu) dont le par- Grange et Tardi Il est donc recommandé de se munir de chaussures de randonnée et cours artistique vient un jour à la Grande Guerre ; Dominique Grange. Début du spectacle, absolument déconseillé d’amener une poussette. souvent parce qu’il y a, rangée dans l’armoire fami- © Photo Jean-Pierre Verney. 18h30 précises, liale, la trace d’un grand-père… église de Craonne. A l’arrivée, une collation est proposée aux randonneurs. Les commen- taires au cours de la marche sont assurés par Noël Genteur. Pierre-Elisée Grange, né en 1873, était médecin ma- Tardi, son compagnon, s’est associé à elle et le dis- Accès gratuit dans 16 avril 2009, au pied du Chemin des Dames, jor de 2e classe au 3e régiment de Zouaves. Photo- que est devenu un livre-CD intitulé Des lendemains la limite des places En soirée, une marche plus courte et plus facile permet de rejoindre le Noël Genteur rapporte quelques témoignages de combattants. graphe, il a laissé un volumineux témoignage de ses qui saignent. Le dessinateur a dessiné, mais égale- disponibles. cimetière militaire de Craonnelle. Départ devant la mairie de Craonne Archives F.-X. Dessirier. années de guerre constitué de plus de 300 clichés ment prêté sa voix à cette œuvre, plaçant entre les à 20h45. Restauration possible sur plaques de verre. Pierre-Elisée était le grand- chansons quelques mots évoquant l’abîme. à Craonne. père de Dominique. Avec Tardi, dit Dominique Grange “nous avons en Craonnelle : des voix corses dans le cimetière illuminé A 14-18 et à la guerre en général, Dominique Grange commun d’avoir eu quatre grands-pères combat- Le soir tants de 14-18. Ils n’ont pas eu le loisir d’en par- a consacré dix chansons : trois textes personnels et Départ à 20h45 de l’hôtel ler publiquement. Cette guerre a été affreuse, mon sept reprises de refrains et couplets célèbres, com- de ville de Craonne. C’est au cimetière militaire français de Craonnelle que s’achèvera la sollicités font partie du groupe Academia di a musica e di l’arte. grand-père médecin racontait comment il plongeait me ceux de la Chanson de Craonne ou du Déserteur Randonnée du souvenir. journée du 16 avril. A l’arrivée de la marche du soir, à partir de 22 heu- les mains dans les entrailles de soldats blessé, qu’ils de Boris Vian, conçus comme des hymnes pacifistes Arrivée au cimetière res, la nécropole sera illuminée au moyen de 2 000 bougies réparties au n’avaient plus figure humaine. Personne n’y croyait, > Veillée au cimetière militaire de Craonnelle à partir de 22 heures. ou qui le sont devenus. Elle a enregistré. Jacques militaire français de pied de chacune des stèles. Cette mise en lumière, déjà réalisée en 2008 et ils n’oubliaient jamais” (1). Craonnelle. et 2009, crée une atmosphère propice au recueillement et à l’écoute. Durée : 1 heure. Un groupe de chanteurs corses entonnera a capella des chants de l’Ile Les deux artistes ont adapté Des lendemains qui sai- gnent à la scène. Face au public Dominique chante, de Beauté en souvenir de tous les hommes - sans distinction d’origine La nuit - qui furent précipités dans les combats de la Grande Guerre. Après les accompagnée au piano par Philippe Mira et à la chants basques en 2008, les sonneurs bretons en 2009, un hommage contrebasse par Nathanaël Malnoury, Jacques lit des Illumination du cimetière est ainsi rendu cette année aux Corses et à la Corse. Les chanteurs textes et ses dessins sont projetés sur un écran. de Craonnelle et chants Ce spectacle à deux voix est une condamnation sans corses. De 22 heures à appel de la guerre. Et il se joue “sans rappel”, pré- 23h. Quatuor de l’Academia di a musica e di l’arte. DR. cise Dominique Grange. Toute la journée 1 - Citée par Véronique Mortaigne, quotidien Le Monde, édition du 11 décembe 2009. A la Caverne du Dragon, Musée du Chemin des Dames, en libre accès, A 18h30 précises à l’église de Craonne. Durée 1h15. exposition Les fantômes Entrée gratuite, dans la limite des places disponibles. du Chemin des Dames. Pour ne pas perturber le spectacle, la porte de l’église Regard photographique sera fermée pendant son déroulement. de Gérard Rondeau. Lire pages 4 et 5.

Illumination du cimetière, le 16 avril 2009. Archives F.-X. Dessirier. 4 / exposition Gérard Rondeau / 5 “Les Fantômes du Chemin des Dames” … enfin au Chemin des Dames ! L’exposition “Les Fantômes du Chemin des Dames. Le presbytère d’Yves Gibeau”, création du photographe Gérard Rondeau, sera pré- sentée à la Caverne du Dragon, musée du Chemin des Da- mes, du 16 avril au 15 novembre 2010. Derniers livres publiés

Gérard Rondeau avec des collégiens > Ouvrage sur la d’Anizy-le-Château Marne, 2008. visitant la carrière de > Chroniques Braye-en-Laonnois dans le cadre de l’atelier d’un portraitiste, photo de la Caverne du éditions du Seuil, Dragon. Février 2010 2006. © F.-X. Dessirier. > Hors Cadre, éditions de la Réu- nion des Musées Nationaux, 2005. > Missions - Mé- Le Chemin des Dames en constitue le thè- du photographe rémois qui avaient déjà été même de son auteur. Nourrie d‘archives, elle decins (jusqu’au me central, mais elle n’y avait jamais été pré- exhibées à l’Historial de Péronne, à l’espace est née de 15 ans d‘amitié entre Gérard Ron- bout) du monde, sentée ! A partir du 16 avril, l’exposition que Paul Rebeyrolle d’Eymoutiers et, pour une deau et Yves Gibeau, l‘auteur de l’ouvrage éditions du Seuil, Gérard Rondeau consacre au Chemin des partie d’entre-elles, à Dormans. Allons z‘enfants. Elle suit les traces de l’écri- 2005. Dames et à son infatigable arpenteur, l’écri- vain-journaliste fasciné par la guerre de 14-18 Près de 60 tirages, noir et blanc, dessinent un vain Yves Gibeau, sera enfin visible à domicile, qui a inlassablement parcouru les lieux de la > Voyages au beau parcours mémoriel et sensible au Che- pourrait-on écrire. guerre, collectionné les souvenirs, depuis son Bénin, éditions min des Dames. “Les Fantômes du Chemin domicile, le presbytère de Roucy (Aisne) L’Arganier, 2004. C’est la Caverne du Dragon, Musée du Che- des Dames” a été conçue comme une photo- min des Dames qui exposera les prises de vue biographie subjective et passionnée, de l’aveu À partir de 1981, Gérard Rondeau a accom- > Les Fantômes pagné Gibeau dans ses pérégrinations. Puis du Chemin des au-delà de sa mort, en 1994, il a continué de Dames – Le Sur le Chemin des Dames. © Gérard Rondeau photographier sa maison agonisante, les lieux Presbytère d’Yves “Mon bureau, un fourre-tout, plutôt.” Yves Gibeau, Roucy, Aisne 1988. © Gérard Rondeau tant de fois arpentés, son univers balayé par Gibeau, éditions les traces de la guerre, pour tenter “de trouver du Seuil, 2003. l‘ultime fantôme du Chemin des Dames.” Rondeau voyageur Ses compagnonnages artistiques sont nombreux. Ainsi, > Antonin Artaud Le travail du photographe nous fait partager pendant de longues années, Gérard Rondeau a accom- à Ville-Evrard, l‘intimité de l’homme, de l‘écrivain et l‘univer- Des Galeries nationales du Grand Palais à à la pagné le peintre Paul Rebeyrolle et parcouru avec le éditions Le temps salité de la guerre. Il nous invite surtout à em- National Gallery de Jakarta, du Mois européen de la romancier Yves Gibeau les champs de bataille de la Pre- qu’il fait, texte boîter le pas de tous les marcheurs du Chemin Photo à Paris au Festival de la Luz à Buenos-Aires, du mière Guerre mondiale. Avec le Quatuor Ysaÿe, il a visité d’Alice Becker- des Dames, depuis les fantassins des guerres Musée de l’Elysée à Lausanne au Martin-Gropius-Bau à les grandes scènes du monde. Avec l’écrivain Bernard Ho, 2002. Berlin, sans oublier Sarajevo : en de nombreuses villes passées jusqu‘aux chercheurs de mémoire Franck, il a inventorié les rues d’une vie. > Rebeyrolle ou le du monde, Gérard Rondeau présente des expositions actuels. journal d’un pein- personnelles. Rondeau voyageur évolue dans un monde en noir et Un livre Les Fantômes du Chemin des Dames. blanc, il emprunte des chemins sans fin, joue avec les tre, éditions Ides Le Presbytère d’Yves Gibeau, publié aux Edi- Le photographe choisit des projets au long cours : il ex- mots, les jeux d’ombre et les silences, il assemble des et Calendes, 2000. tions du Seuil en 2003, accompagne l’expo- plore les coulisses des musées pendant vingt ans, chro- histoires et restitue des mondes en souffrance. sition. nique la vie à Sarajevo durant le siège, dresse un por- Auteur de nombreux ouvrages, sur le Bénin, les cathé- trait du Maroc contemporain dans un dialogue au-delà drales de France, les capitales baltes, le Tour de Fran- du temps avec la peinture et les dessins de Delacroix. A partir du 16 avril 2010, exposition en ce… il compose des livres et des expositions ressem- Pendant quinze ans, il accompagne les missions de Mé- accès libre à la Caverne du Dragon, Musée blant à des journaux intimes, à des romans. du Chemin des Dames aux jours et horaires decins du Monde dans le monde entier. Grand portrai- d’ouverture de l’établissement. tiste régulièrement sollicité par Le Monde depuis plus Gérard Rondeau a été élu meilleur artiste plasticien Rens. 03 23 25 14 12 de vingt ans, il a constitué une très grande collection de de l’année lors de la cérémonie des Globes de Cristal www.caverne-du-dragon.fr portraits de peintres et d’écrivains contemporains. 2007. 6 / récit - 16 avril entretien / 7

Récit d’un 16 avril 1917 au Chemin des Dames. Entre “Il ne m’est pas possible le bois de Beaumarais et , le 208e RI perd d’y être un simple passant” 1 200 hommes en deux jours. Depuis qu’il a rencontré le Chemin des Dames, François Mayu en a fait la source d’inspiration exclusive de son travail d’ar- Corbeny tiste. Fasciné par cette “muraille infran- chissable” dont il arpente régulièrement morte les pentes, il en rapporte une mémoire qu’il assemble et peint en son atelier parisien.

Dans la plaine à l’est du bois de Beaumarais, février 2009. plaine © Damien Becquart/Conseil général de l’Aisne

Le 8 avril 1917, les soldats du 208e est gris et pluvieux. A 6 heures du matin, le succès est compromis : nos vagues tom- régiment d’infanterie arrivent dans les tran- précédées par un violent barrage d’artillerie, bent dans notre propre barrage ; elles ont chées de la corne nord-est du bois de Beau- les vagues d’assaut des 5e et 6e bataillons à supporter à la fois le feu des mitrailleuses marais. C’est le secteur d’attaque attribué du 208e RI s’élancent dans la plaine longue ennemies et celui de notre artillerie et, pour François Mayu à l’unité pour la grande offensive de prin- d’environ 3 kilomètres qui s’étend devant comble de malheur, elles vont tomber sur sur le Chemin temps. Le 208e Régiment appartient à la 2e Corbeny. “Elles conforment tout d’abord des fils de fer insuffisamment détruits” (1). des Dames. DR. division d’infanterie. Déjà très éprouvé dans leur vitesse de marche à celle du barrage Les survivants se terrent dans les trous d’obus, la Somme en 1916, il a subi, en février 1917, roulant. Mais de nombreuses mitrailleuses d’autres qui ont pénétré dans les tranchées de lourdes pertes lors de l’attaque allemande ennemies se révèlent. Devant le tir infer- allemandes se retrouvent isolés. “Le champ de Maisons de Champagne. nal de mitrailleuses, il devient impossible, de bataille est transformé en un vaste cime- La Lettre du Chemin des Dames - Vous avez sur la journée, parfois un week-end. Au bout LCDD - Quel(s) lieu(x) du Chemin des Dames (1) sous peine de compromettre l’assaut, de tière” . Dans la nuit, l’ordre de repli est don- un parcours professionnel diversifié - cofon- de deux ans, j’ai commencé à créer des affectionnez-vous, quels lieux sont sources continuer à avancer lentement à la vitesse né. A la date du 18 avril, le Journal de mar- dateur d’une agence de communication, pho- peintures, des sculptures faites du matériau, d’inspiration pour vos œuvres ? “Corbeny du barrage ; d’elles mêmes, les unités d’as- che du bataillon indique les pertes suivantes : tographe puis peintre-sculpteur. Qu’est ce qui violent, que sont les éclats d’obus. F.M. - Pour mes peintures, c’est incontes- saut prennent le pas de course pour essayer 1 198 officiers ou soldats tués, blessés, por- vous a poussé à cette reconversion profes- (3) LCDD - Pourquoi le Chemin des Dames plu- tablement le contrebas du plateau, que ce a vu la mort de franchir la distance, malheureusement tés disparus . “Corbeny a vu la mort du sionnelle ? e (2) tôt qu’un autre champ de bataille - comme soit du côté sud ou nord. Selon l’heure et e considérable qui sépare la ligne française de 208 RI”, écrit André Zeller . du 208 ”. la ligne allemande. A partir de ce moment, François Mayu - Effectivement, avec ma Verdun où a été blessé votre grand-père ma- le temps, le plateau du Chemin des Dames Odon Gaillard, 22 ans, tué dans la plaine femme, nous avions créé une agence de ternel ? émerge de la nuit, de la brume. Je viens sou- reçoit une citation à titre posthume. Griè- communication en 1979. Au bout de 20 ans vent faire des photographies depuis le bas. (1) e F.M. - Parce que tout est là. Et plus qu’ailleurs. “Reconstitué tant bien que mal” , Plan de l’attaque du 208 RI. André Zeller. DR. vement blessé, ce soldat est demeuré d’activité, nous avons ressenti une certaine Vers Ostel, vers Braye-en-Laonnois, vers e Pour moi le Chemin des Dames symbolise le 208 a pour mission d’avancer de plusieurs jours, à quelques mètres des lassitude et même de la saturation. Le mon- tout 14-18 : la guerre de position, l’offen- 100 mètres toutes les 2 minutes pour lignes allemandes, dans le réseau de fil de de la communication est très artificiel. > sive de 1917, les refus s’emparer des villages de Corbeny, de de fer barbelé, selon le texte de l’hom- Je souhaitais trouver un mode d’expression d’obéissance, les muti- Berrieux puis de Saint-Erme. Tout cela mage militaire. De cette position, “mal- différent, je souhaitais peindre. En réalité, neries… Verdun renvoie en environ 7h30 ! Le bombardement gré ses souffrances”, il a consigné quo- je peignais déjà mais ce que je faisais était davantage à 1916. De des lignes adverses débute le 9 avril. tidiennement “ses impressions” dans pour ainsi dire vide de sens, décoratif certes, plus, je n’ai pas connu Pendant sept jours les obus français “son carnet de route”. C’est au moment joli, mais vide de sens. frappent les positions allemandes. où il tentait de regagner les lignes fran- mon grand-père. Mais, les Allemands ripostent, occa- çaises qu’une balle mortelle l’a atteint. Il Cette période de changement d’activité a été sionnant des pertes importantes dans repose dans la nécropole de . celle d’une remise en question. J’ai souhaité les rangs français où l’on comprend prendre du temps. vite que l’offensive ne se présente pas Et comme, depuis l’enfance, j’étais marqué sous les meilleurs auspices, d’autant Yves FOHLEN par 14-18, un tel bouleversement, un évé- que les conditions météorologiques nement si incompréhensible pour moi, qui obligent à reporter plusieurs fois l’at- me touchait profondément, je me suis rendu taque. sur les champs de bataille de cette guerre. 1 - Historique du 208 e Régiment J’avais planifié un voyage d’une semaine, de Le 15 avril, le commandant Le Dantec, d’Infanterie, Paris, Librairie Chape- e e la Somme à Verdun. Et c’est sur le Chemin chef du 5 bataillon du 208 RI, parti lot, sans date. en reconnaissance pour étudier le sec- des Dames que j’ai ressenti la plus forte émo- teur d’action de son groupe, disparaît, 2 - ZELLER André, “Dialogues avec tion. Je suis resté interdit. Cette rencontre Chemin des Dames tué par un obus, avec tous les calques un Lieutenant”, Paris, Plon, 1971, avec le Chemin des Dames a été un hasard. 17 - 2007 - Huile et barbelés. de l’attaque. Son corps est retrouvé le 349 p. J’ai ramassé quelques fragments d’obus. 16 avril dans une tranchée. 3 - Site Internet SGA Mémoire des Ensuite, il a fallu un long temps de mûrisse- L’ordre d’attaque parvient dans l’après- hommes : JMO 208e RI 26 N714/13. ment. Je suis revenu fréquemment au Che- midi du 15 avril. Le 16 avril, le temps min des Dames, parfois des allers-retours 8 / entretien François Mayu / 9

François Mayu sur le Chemin des Dames. DR.

Chemin des Dames 31 - 2008 - Huile.

Oulches-la-Vallée-Foulon. C’est pour moi A présent comment le définir ? Un territoire Un travail d’artiste ? Je ne sais F.M. - Je travaille selon mon désir ne doivent pas devenir quelque chose de F.M. - C’est une vraie question. Mais je ne une vision très forte, celle d’une muraille de mort… et de vie. A ce propos, je dois dire pas… du moment. Souvent, c’est une figé. Pour l’assemblage, je les prépare puis veux pas témoigner pour les témoins de infranchissable. que j’ai d’abord été choqué par l’idée qu’un période après l’autre. J’ai besoin j’effectue la soudure à l’arc. Enfin, je travaille 14-18 mais plutôt exprimer quelque chose Center Parcs allait être construit là, près de LCDD - Vos sculptures réalisées de peindre, je peins. Un mois. avec un socleur pour les présenter. autour de cette histoire. Et puis, ce sont Plus que tout, j’aime marcher dans les l’. Qu’est-ce que ça faisait là ? Mais, à partir de fragments d’obus repré- Puis, j’ai besoin d’assembler, de plutôt les personnes qui voient mon travail champs, fouler ce terrain, aller dans la fo- Dans la réalisation d’une pièce, c’est finale- à la réflexion, même si le passé est si fort, sentent des corps d’êtres humains. Les marteler. Mais quand je peins, je qui pourront juger si j’en témoigne ou pas. rêt de Vauclair, retrouver les stigmates des ment le temps de préparation qui est le plus il faut arrêter de vivre dans le passé seule- corps des soldats meurtris aux combats baigne dans la ferraille, la matière Certes, je suis un relais, à partir du moment tranchées. important : il s’étire sur des semaines, voire ment. C’est bien qu’un nouveau public soit du Chemin des Dames ? est toujours présente, mon atelier où je travaille sur le Chemin des Dames. des mois. Et puis, une fois assemblée, je ne amené à découvrir ce qu’est le Chemin des n’est pas grand ! D’ailleurs, c’est un Mais un relais parmi d’autres : les historiens, Un jour, j’ai retrouvé à proximité d’une creute F.M. - Non, pas seulement. Ma visée est plus suis pas toujours convaincu de la pièce. Je la Dames. Il y a un travail d’histoire à entre- atelier en vitrine, dans le XVe arrondis- les lieux comme la Caverne du Dragon qui des fragments de partitions musicales alle- large. En peinture, c’est effectivement l’image, démonte, je la désassemble, je réassemble. prendre toujours, un travail d’éducation. sement de Paris. Des gens s’arrêtent transmettent, qui expliquent, qui relatent. mandes, dont les paroles étaient en écriture fascinante pour moi, du plateau. En sculpture, La phase finale, de soudure, est très courte. gothique. Pour moi, ce sont d’incroyables ce n’est pas un soldat qui est représenté mais par hasard. C’est intéressant de voir LCDD - Vos tableaux et sculptures ont pour LCDD - Qui sont vos acheteurs ? témoignages de vie. Ailleurs, un manche de un « corps meurtri », un corps universel sans ce que mon travail réveille en eux : LCDD - Vous parlez d’engagement artistique titre “Chemin des Dames” suivi d’un numéro. brosse à dent, un bouton…Tous ces bouts nationalité ni origine. Il n’y a pas de volonté ils me parlent d’un grand-père, d’un et de la nécessité de témoigner. Pouvez-vous F.M. - Ma clientèle va de 27 à 70 ans… Les Ces intitulés résultent-ils d’une démarche d’objets, associés à une vie, je les oppose de représentation militaire ou guerrière. Ce arrière grand-père. Ils sont touchés par expliquer cet engagement et de quoi est fait personnes sont d’abord séduites par une particulière ? aux fragments d’obus que je ramasse, té- sont des corps meurtris… mais debout. le matériau. Ces rencontres sont belles, votre témoignage ? forme puis par la dimension émotionnelle du dans l’échange. matériau que j’utilise. Il n’y a pas d’âge pour moignages de destruction et de mort. F.M. - Ma démarche n’est pas celle de consti- F.M. - J’associe mon travail au fait de témoi- LCDD - Pourquoi debout ? être touché. Je travaille à présent aussi sur tuer une série. L’important pour moi est que LCDD - Comment travaillez-vous cette ma- gner d’une phase de notre Histoire, d’un LCDD - L’ensemble de vos œuvres a pour des figures plus abstraites encore et sur le l’origine de l’œuvre soit signifiée. Et puis, je F.M. - Au début j’ai travaillé sur des gi- tière particulière que sont les éclats d’obus, lieu. Engagé dans une association d’accom- thématique commune le Chemin des Dames. mélange de matériaux : acier et terre cuite. Quelle est votre relation avec ce territoire ? serais incapable de donner un titre à mon sants. Et puis, en évoluant dans ma corrodés ? Que voulez-vous créer par l’as- pagnement en soins palliatifs, il m’est ap- travail. J’ai pris le parti de l’honnêteté, de la technique (la soudure à l’arc), j’ai pu semblage de ces éclats ? paru manifeste que du fait de l’utilisation de LCDD - Vous allez continuer ? F.M. - J’éprouve un attachement profond simplicité, de parler de ce qui me touche. élever les personnages même si je tels matériaux, une part de mon travail devait F.M. - D’abord, je les ramasse quand je viens F.M. - Oui, je ne m’imagine pas travailler sur au Chemin des Dames, à tout ce qu’il re- crée encore quelques corps allon- être reversée au profit de cette association. ici. Je ne fouille jamais. Ensuite, je procède autre chose. présente. C’est aussi un lieu d’échanges, de Je travaille sur le Chemin des Dames, donc gés. Un passé, un présent, c’est ce que je sou- relations humaines ; les rencontres avec des je donne ce nom à mes œuvres. Ce n’est à un léger nettoyage à l’eau, au séchage. haite exprimer par mon travail. Plutôt que de Certains me disent : “il faudrait de la cou- agriculteurs, des citadins sont toujours sin- pas une tentative d’appropriation mais un Puis chaque pièce est martelée, en prenant LCDD - Pourquoi travaillez-vous témoignage, je parlerais de transmission, de leur”. Ca viendra peut-être… soin de conserver un peu de rouille (signe gulières, souvent passionnantes. Il ne m’est souhait qu’on en connaisse la provenance. deux disciplines si différentes, rôle de passeur. pas possible d’y être un simple passant. Et Les éclats d’obus qui font la matière de peinture et sculpture ? L’une du temps et couleur, tonalité particulière). Je j’ai besoin de venir au Chemin des Dames, mes sculptures sont ramassés par moi, au complète-t-elle l’autre ou n’applique en revanche aucun traitement, LCDD - Est-ce que, comme Paul Ceylan, vous un besoin viscéral. Lorsque, de Paris, j’ap- Chemin des Dames uniquement. Ensuite, est-ce plutôt une manière de aucun vernis. Si ces fragments s’oxydent, vous interrogez : “qui témoigne lorsque les Propos reccueillis par proche du Chemin des Dames, je ressens je les sélectionne, je recherche des formes multiplier les angles d’ap- cela fait partie de l’histoire de la pièce. Elles témoins ne sont plus là ?” Anne BELLOUIN et Caroline CHOAIN une sorte d’émulation. particulières. Ce travail fait partie de l’œuvre. proche, la recherche ?

Chemin des Dames 29 - 2008 - Huile.

Chemin des Dames - 2008 - Eclats d’obus - Socle acier.

Chemin des Dames 78 - 2009 - Eclats d’obus - Socle acier. 10 / page d’archives document inédit / 11

Cette peinture (aquarelle ?), datée de 1918, a été acquise récem- ment par les Archives départementales de l’Aisne. La Chanson de Craonne

chantée avant même “Campagne l’assaut du 16 avril ? contre l’Allemagne Peinture de dimension Il existe une version de la Chanson de Craonne antérieure à toutes 1914, 1917” 32 x 21,5 cm. celles que l’on connaissait. Elle figure dans un carnet appartenant © Archives départementales au soldat François Court, versé, le 12 avril 1917, dans un déta- François Court a laissé un de l’Aisne e bref récit de sa participation chement de renfort du 273 RI en position devant le Chemin des à l’offensive du Chemin des Dames. Le texte que ce fantassin a transcrit porte le titre “Chanson Dames. moderne les sacrifiés” et s’achève sur cette mention de date et de “Arrivé en renfort du D[éta- chement ?] R[éserve ?] à la lieu : “chanson cré[é]e le 10 avril 1917 sur le plateau de Craonne”. 15e Comp[agnie] le 12 avril, à la 1e st° [section] parti le 14 au camp Bouriez, passant par est à plus d’un La Chanson de Craonne B[e]aurieux le Moulin Rouge, titre un document historique exemplaire de l’éla- nous sommes restés 2 jours. boration d’un discours contemporain de la Pre- Parti le 16 avril au jour j au mière Guerre mondiale et de sa promotion rapide matin pour Craonnes ren- en véritable “lieu de mémoire” (1). forcé le 6e B[ataillon] qui a A l’origine, simple valse composée en 1911 par fait l’attaque ensuitt[e] conti- Charles Adhémar Sablon et René Le Peltier, nuer la poursuite, en cas de ce succès populaire que fut la chanson Adieu débandade le rassemblement m’amour donna lieu à de multiples appropria- devait être à Mi Fontaine. Le tions par les poilus, dès l’année 1915 (2). Produit jour j et le jour j plus un nous d’une tradition orale, diffusée dans les tranchées avons essuyés chaque jour et adaptée au gré de l’évolution des combats et un bomba[r]dement terri- du front, elle devint successivement - et de fa- bles, mettant hors de com- çon non exhaustive - la Chanson de Lorette, celle bat 40 h[ommes] de notre Un “cirque volant” de Verdun et de Vaux en 1916, avant d’être, en Comp[agnie]. L’attaque ayant 1917, le cri désespéré des combattants du Che- échoué nous avons passés min de Dames. C’est incontestablement dans jusqu’au 22 avril, un jour Les Archives cette ultime version qu’elle connut la plus grande dans les cagnat un jour au au pied de la montagne e postérité. tranchées de 3 ligne. Le 22 départementa- au matin nous avons été rele- Réalisée par un artiste allemand dont le nom Ce document est un précieux témoignage du Pister les traces vés par la 10e armée, le 249e les figure en bas à droite de la feuille (1), elle repré- passage d’unités aériennes allemandes à prenait nos mêmes positions sente un campement provisoire d’aviation. Le pendant la guerre et de leur organisation. de ce document dans cette attaque, dans notre peintre a joué subtilement sur les lavis. La ville secteur nous avons fait 700 Les Archives départementales La peinture bleue de la partie arrière de l’appa- Pour autant, la Chanson de Craonne reste une haute de Laon se distingue à l’arrière-plan. En prisonniers du 20e Prussiens, sont un service public ouvert reil peut amener à penser qu’il s’agirait d’une source historique complexe à appréhender : sa revanche, d’autres éléments attestent une réali- de la fameuse garde impé- à tous. Elles ont pour missions escadrille rattachée au “Jagdgeschwader Num- première édition date de 1920 et ne donne accès sation hâtive : des traits de crayon préparatoires riale. Nous avons passés par de contrôler, collecter, conser- mer II”, le groupe de chasse numéro II, sur- qu’à une version aboutie, voire figée (3), de ce qui sont encore visibles (sur certains personnages, François Court © Coll. privée le Moulin Rouge, B[e]aurieux, ver, classer et communiquer nommé “Berthold” du nom du commandant de est avant tout un document de l’oralité, multiple des mécaniciens). Jean-Daniel Destemberg , Merval, la Ferté [Fère] les archives publiques produi- cette unité, Rudolf Berthold. Mais 18 escadrilles et malléable. Les historiens sont donc réduits à tes dans le ressort du dépar- en Tardenois, Breny, Neuilly St Il est probable que le terrain d’aviation repré- de chasse, rattachées à la VIIe armée alleman- “pister” les traces de ce monument mémoriel du tement. Front, Dammard, Vandrest, la senté soit installé au Nord de Laon, à proximité de, sont également présentes dans la région de Chemin des Dames dans une documentation qui pièce versée à ce dossier, un carnet de guerre Ferté sous Jouarre, Bussier- de l’emplacement des voies de chemin de fer, Laon à cette période. s’avère aléatoirement accessible. Récemment, comme il en existe sans doute beaucoup d’autres Des archives privées (familia- res, la Chapelle-sur-Chézy, les même si la butte dessinée ne correspond pas en s’appuyant sur les archives du contrôle postal, encore inconnus, permet toutefois de proposer les, associatives, d’entrepri- Surnommées “le cirque volant” par les Britan- Caquetons, la Bosse.” tout à fait à la réalité. Guy Marival a pu repérer des traces de la version l’idée d’une nette antériorité de la Chanson de ses…), intéressant l’histoire niques, ces unités avaient pour spécificité de du département, peuvent leur de Craonne dans les correspondances datant Craonne par rapport à la date jusqu’ici L’orthographe original, même L’artiste était certainement officier de l’aviation s’installer très rapidement sur un lieu et de lever être confiées en don ou en du milieu du mois d’août 1917 (4). Une nouvelle avancée. fautif, a été respecté, à l’ex- ou en tous les cas bon connaisseur de celle-ci, le camp tout aussi rapidement comme l’illus- > dépôt. Pour enrichir les fonds, ception des mentions figurant en témoigne le luxe de détails : les deux appa- trent la structure légère et le sol non aménagé. les Archives procèdent à l’ac- entre crochets. reils figurés, certainement des avions de chasse Par ailleurs, les couleurs très vives des avions, quisition de documents isolés, Albatros DIII ou DV, les numéros de tente qui qui permettaient aux pilotes de s’identifier en 1 - Antoine Prost, “Verdun”, dans Pierre Nora dir., Les lieux de mémoire, II, La nation, Paris, Gallimard, Quarto, telle l’œuvre présentée ici. correspondent aux emplacements de chaque combat aérien, et le nez de certains avions, de 1997, t. 2, p. 1755-1780 : Pierre Nora évoque la version de Verdun de cette chanson. avion, les pilotes étant logés dans les châteaux couleur rouge, expliquent aussi ce sobriquet. 2 - Guy Marival, “La Chanson de Craonne. De la chanson palimpseste à la chanson manifeste”, dans Nicolas aux alentours. Offenstadt dir., Le Chemin des Dames. De l’événement à la mémoire, Paris, Stock, 2004, p. 350-359. 3 - Cette première édition figurait dans l’ouvrage de George Bonnamy,La Saignée, Paris, 1920, p. 135. (1) - Le document porte les inscriptions suivantes : “Georg Reiser, August (août) 1918, Laon”. 4 - Plus précisément, il s’agit de trois lettres interceptées le 16 août 1917 par le contrôle postal de Noisy-le-Sec Pour le moment, aucune information n’a pu être trouvée concernant cet artiste. et écrites par des soldats du 89e R.I. 12 / document inédit la Chanson de Craonne / 13

Ce carnet appartient à un ensem- Tanche en Champagne (dpt. de l’Aube), où transcription qu’il fait - voir notamment l’in- > ble d’effets personnels renvoyés à il connaît une période de repos et d’instruc- version des termes “grève” et “crève” dans La chanson dans le carnet de François Court la famille, après la mort du soldat François tion, avant d’être envoyé, à la fin du mois de le dernier refrain - laissent penser qu’il n’est Court, le 7 août 1917 en Belgique : quelques juin sur le front de Belgique. que le réceptacle d’une chanson qui, déjà, courriers, photos et cartes postales, son li- circulait. On peut donc accorder un crédit La version de la chanson que François vret militaire et sa trousse de couture, un raisonnable à la datation que propose ce do- Court a pris soin de transcrire dans son rasoir, deux pipes et le Guide du soldat dans cument. carnet, intitulée “Chanson moderne : Les ses foyers, le tout accompagné d’un certifi- sacrifiés”, est agrémentée d’une mention cat d’inhumation daté du 27 novembre 1917 de lieu et de date : “Chanson cré[é]e le 10 Une version complète et indiquant l’emplacement de sa sépulture avril 1917 sur le plateau de Craonne”. Celle- Outre la précocité de sa datation, l’intérêt dans le cimetière militaire de Linde à Hoogs- ci s’avère particulièrement intéressante car de cette transcription est également d’offrir tade (Belgique) (6). elle place l’élaboration de la Chanson de un exemple d’une version “complète” de Chanson moderne Inversion des termes Craonne avant même le début de l’offen- la chanson, composée de quatre couplets, sive du Chemin des Dames. François Court du refrain, et d’un refrain final. Le deuxième Les sacrifiés “grève” et “crève” lui-même ne fut présent dans le secteur de couplet, absent de la version devenue classi- l’Aisne qu’entre le 12 avril et le 9 mai 1917 ; que, est comparable à celui présent dans la Parmi les différents documents, plusieurs mais le 273e RI, auquel il appartient, était Chanson de Lorette, transcrite par Jean Du- feuilles portent des notes personnelles, mar- en place depuis le début du mois de février chesne en février 1917. De même, le refrain que d’une volonté de témoigner de “Ma vie er 1917. En outre, les quelques erreurs de final, conservé, lui, dans la version classique 1 Couplet militaire” ou encore de la “Cam- et empreint d’un antimilitarisme qui pagne contre l’Allemagne 1914, fait de la guerre une affaire de classe 1917”. Plus notable est l’attention, sociale, est également présent dans Lorsqu’au bout de huit jours voire le goût, que semble porter le carnet de François Court. Son le repos terminé François Court aux chansons : témoignage s’avère donc particu- outre la Chanson de Craonne, le Nous allons reprendre lièrement précieux en ce qu’il nous carnet accueille également, dans les les tranchées donne accès à une version intermé- pages suivantes, une chanson inti- diaire et vivante de cette Chanson Notre place si utile tulée Les civils sur le front, raillant de Craonne, où les vers sont en- le décalage entre l’attitude “fanfa- Car sans cela, core incertains et maladroits, reflets ronne” des civils et le dur quotidien l’on prend la pile, d’une oralité que la transcription de des poilus. Sur trois feuilles volan- ce jeune paysan de dix-neuf ans n’a C’est bien fini, on en a assez tes, une autre chanson, plus légère pas complètement lissée. celle-ci, intitulée Tout le long de sa Personne ne veut plus chemise. Dans sa matérialité, celle d’un car- marcher net parvenu aux parents de ce jeune François Court était originaire du Et le cœur bien gros, presque “mort pour la France”, cette trans- département de l’Allier (6) ; fils de dans un sanglot cription donne également accès à cultivateur, il est né le 11 décem- l’un des aspects qui firent proba- L’on dit adieu au cuistot bre 1897. Appelé dans les premiers blement le succès de cette Chanson jours de janvier 1916, à tout juste Même sans tambour, même de Craonne : la relation paradoxale dix-huit ans, il a combattu à Verdun sans trompette entre la douce mélancolie de la mé- avec le 40e régiment d’infanterie, lodie et la violence nue de ses pa- Hélas on part en baissant avant d’être versé, le 12 avril 1917, roles. la tête dans un détachement de renfort du 273e régiment d’infanterie en position devant le Chemin des Da- mes. Il participa donc à l’offensive Par Antoine DESTEMBERG Refrain du 16 avril, engagé sous le plateau et Jean-Daniel DESTEMBERG de Craonne, “adossé au ressaut”, [email protected] immédiatement au nord de Craon- Adieu la vie, adieu l’amour, (7) nelle . François Court, dans le bref Adieu toutes les femmes récit qu’il a laissé de sa participation à l’offensive, intitulé “Campagne Antoine Destemberg est agrégé d’his- contre l’Allemagne 1914, 1917” (lire La couverture du carnet dans lequel François toire, attaché temporaire d’enseigne- page précédente), évoque l’échec de l’at- Court a transcrit les paroles de la chanson. ment et de recherche à l’Université taque, son engagement propre dans la ba- © Coll. privée Jean-Daniel Destemberg de Versailles-Saint-Quentin-en-Yve- taille, “un jour dans les cagnas, un jour dans lines, Laboratoire de médiévistique les tranchées de 3e ligne”, jusqu’à ce qu’il occidentale de Paris (UMR 8589 - soit, avec ses camarades, relevé par le 249e Université Paris 1/CNRS). RI, le 22 avril. Le régiment gagne alors le cantonnement de Nogent-l’Artaud, puis, au Le Docteur Jean-Daniel Destemberg début du mois de mai, le camp de Sainte- est administrateur national du Sou- venir français et Délégué général pour le département de l’Allier.

5 - Cet ensemble appartient à la collection privée de Jean-Daniel Destemberg. 6 - Sur le parcours de François Court voir, Jean-Daniel Destemberg, Les chemins de l’histoire, 1914- 1918. La Marne, Verdun, le Chemin des Dames, Thionne, Ed. du Signe, 1996, p. 147-154. © Coll. privée Jean-Daniel Destemberg 7 - J.M.O. du 273e régiment d’infanterie (1er janvier-24 octobre 1917), 26 N 735/5. 14 / document inédit la Chanson de Craonne / 15

C’est pas fini, c’est pour toujours Au refrain De cette guerre infâme C’est à Craonne, sur le 3e Couplet plateau Qu’on y laissera sa peau Deux mois de tranchées, deux mois de souffrance Car nous sommes tous des condamnés Mais on garde l’espérance Nous sommes sacrifiés Car peu[t-]être, ce soir la relève, Que nous attendons sans trêve 2e Couplet Bientôt dans la nuit, avec le silence On voit quelqu’un qui s’avance Nous voilà parti avec sac au dos C’est un officier de chasseur à pied Nous pouvons dire adieu au repos Qui vient pour nous remplacer Car pour nous, la vie est dure Doucement sous la pluie qui tombe C’est terrible, je vous le jure Les petits chasseurs viennent A Craonne là-haut l’on va (vont) chercher leurs tombes nous descendre Sans même pouvoir nous défendre (Au refrain) Car si nous avons de très bons canons 4e Couplet Les boches répondent à leur façon C’est malheureux de voir sur Forcés, obligés de nous terrer les grands boulevards Attendant l’obus qui viendra Tant de bourgeois qui font nous tuer la foire Si pour eux la vie est rose Pour nous ce n’est pas la même chose

© Coll. privée Jean-Daniel Destemberg © Coll. privée Jean-Daniel Destemberg 16 / document inédit à lire / 17

Au lieu de se cacher, tous ces embusqués Feraient mieux de monter aux tranchées LOEZ André, ARCHIVES DEPARTEMENTALES Les refus de la guerre. Une histoire des mutins, DU NORD (Collectif), Pour défendre leur bien car Paris, Gallimard, Coll. Folio Histoire, 2010, 690 p. Guide des sources de la guerre 1914- nous n’avons rien 1918 dans le Nord, Après avoir soutenu sa thèse d’Histoire exacte des mutineries, tant les sources les Nous autres pauvres purotins Villeneuve d’Ascq, PU du Septentrion, contemporaine à Montpellier en 2009 sur sous-estiment, cependant, ses recherches 2009, 606 p. Tous nos compagnons sont les mutins et les mutineries de 1917, André les réévaluent à la hausse et en donnent étendus là Loez la publie ici sous le titre plus large des une vision enrichie. Les Archives départementales, qui abri- refus de la guerre. tent les archives publiques, proposent Pour défendre le bien, de ces La variété des échelles proposées contribue des répertoires voire des guides de sour- faignants là. Son travail renouvelle en profondeur l’ap- grandement à cette richesse. Passer du ces pour aider les lecteurs dans leurs proche de cette question : il ne s’agit plus noyau d’incidents localisés près du Chemin recherches. L’entreprise des Archives dé- seulement de comprendre les mutineries des Dames au halo de faits sur l’ensemble partementales du Nord est originale : elle comme le résultat mécanique de la lassitude du front et, au-delà, à la résonnance de Dernier refrain inventorie ses propres archives 14-18, ou de la colère de soldats déçus par l’échec l’événement très loin dans le pays permet de mais également toutes celles disséminées de l’offensive du Chemin des Dames, mais mieux en saisir la portée. dans des dépôts en France ou à l’étran- de les étudier au regard de l’ensemble des Ceux qu’on le pognon, ceux là Par-delà l’étude des multiples modalités des ger : “ce Guide des sources se propose phénomènes d’évitement de la guerre, exis- reviendrons refus de la guerre et des événements que de recenser les documents relatifs à cette tants dès 1914, que les mutineries prolon- ceux-ci engendrent, l’ouvrage réenvisage le guerre, où qu’ils soient et tant pour le Car c’est pour eux, l’on grève gent et amplifient dans le contexte d’une an- premier conflit mondial dans sa durée, son “Nord libre” que pour le “Nord occupé”. [sic] née 1917 non réductible à la seule offensive extension, sa nouveauté et les extraordinai- Pour faciliter l’accès à tous les publics, d’avril-mai 1917. C’est bien fini car les trouf- res difficultés qu’il représente pour ses ac- la présentation est thématique (“armée fions L’analyse des mécanismes de l’obéissance teurs. et opérations militaires”, “vie des civils”, qui se mettent en place au début du conflit “libération et après-guerre”…) et ce sont Vont tous se mettre en crève Cette somme dresse un portrait affiné des éclaire d’un jour nouveau ces mutineries : d’abord les sources concernant le Dépar- [sic] soldats de la Grande Guerre : soldats-ci- “On comprend dès lors en quoi la déso- tement du Nord dans son ensemble, puis toyens au statut ambigu, ni militaire ni civil, C’est à votre tour messieurs béissance ultérieure des soldats ne relève celles qui concernent des communes spé- hommes qui se vivent engagés dans un nou- les gros pas d’une “démotivation” passagère et vite cifiques qui sont cataloguées. On y croise veau “métier” ; hommes surtout qui n’ont surmontée, mais révèle que d’autres choix les fonds des ministères, ceux des préfec- De monter, sur le plateau pas d’autres perspectives que l’obéissance, et d’autres conduites sont devenus possibles tures, du Sénat, des tribunaux de grande passive : “(…) plus que des raisons de faire Vous qui voulez tous la guerre et pensables, en raison d’une inflexion des instance, des communes, mais aussi des son devoir (…) on trouve des moyens de cadres sociaux et symboliques de l’obéis- fonds d’archives allemands, belges, bri- Payez là, de votre peau tenir (…)” (p. 89-90). Parmi ces hommes sance engagée dès la fin de l’année 1914.” tanniques, canadiens. La présentation certains vont refuser la guerre, de manière (p. 55-56) de chacun fait l’objet d’une notice com- massive et sous des formes diverses. plète, les adresses étant référencées en Chanson cré[é]e Recours aux témoignages, aux archives fin d’ouvrage. Les fonds iconographiques le 10 avril 1917 militaires dont celles du contrôle postal, et cinématographiques y apparaissent, sur le plateau de Craonne ouvrages historiques, sociologiques et phi- de même que les travaux universitaires losophiques… l’étude impressionne par le ou la presse. Un outil de travail important volume de documentation qu’elle interroge. qu’Annette Becker, professeur à Paris X- Elle se lance sur une piste jusqu’alors quasi Nanterre en charge de la préface, qualifie inexplorée : celle des mutins. Qui sont-ils et d’“exemplaire”, tant il va permettre “d’af- comment se mutinent-ils ? Les précédents finer encore (…) nos réponses aux inter- travaux se focalisaient sur la crise, l’interpré- rogations sur les nouveautés du conflit tation que l’on pouvait en faire - elle fut ainsi qui ont bouleversé les contemporains et majoritairement considérée comme une qui sont toujours les nôtres.” sorte de maladie dont il fallait débarrasser l’armée - et l’intensité de sa répression. André Loez met l’accent sur les acteurs : leur nombre, âge, profil sociologique, les formes © Coll. privée Jean-Daniel Destemberg de leurs refus et le coût de leurs actions. L’orthographe original, même fautif, a été respecté, Ce faisant, jamais il ne renonce à rappeler à l’exception des mentions figurant entre crochets. la complexité et les limites de l’analyse. S’il est difficile de prétendre à une quantification 18 / site Mémorial virtuel / 19 Mémorial virtuel : p lus de 46 000 noms Morbihannais et Au cours de l’année 2009, 6 000 noms de combattants tombés au Chemin des Dames ont été ajoutés dans la base de données du Mémorial virtuel du Chemin des Dames. Après le Finistère et le Morbihan, le travail de recensement se poursuit avec les dépar- Finistériens tements d’Ille-et-Vilaine et des Côtes-d’Armor. Pierre L’Eide en juillet 1916 La grande majorité des 3 000 Morbi- posant avec sa croix de guerre. hannais et Finistériens dont les fiches 46 256 combattants morts ou blessés mor- tout de même dans les cimetières du Chemin (2) - On entend par Français les combattants Les principaux sont dans la base de données du tellement au Chemin des Dames sont recen- des Dames où leur sépulture porte la men- engagés dans l’armée française. Parmi-eux, (1) Chemin des Dames ont été recrutés sés sur le Mémorial virtuel du Chemin des tion “soldat inconnu”. D’autres, parmi ces on recense à ce jour des hommes nés en régiments du dans leur département, mais peu se Dames. Ce chiffre progresse quotidiennement hommes classés “sans sépulture connue”, Belgique, au Canada, au Chili, en Espagne, trouvaient, au moment de leur dis- notamment grâce aux contributions d’inter- ont vraisemblablement été transférés dans le aux Etats-Unis, en Italie, au Luxembourg, Finistère et leur parition, toujours affectés dans leur nautes souvent en parenté avec un combat- caveau familial après le rapatriement de leur aux Pays-Bas, au Portugal, en Roumanie, régiment de recrutement ou un régi- tant, ou simplement généalogistes amateurs, dépouille à la demande de la famille dans les en République Argentine, en Suisse, etc ; de ville de garnison : ment issu de leur département. passionnés de la Grande Guerre et du Che- années 1920/1930. même pour les combattants “allemands”, min des Dames. “britanniques” et “italiens”. Sur les 1 614 Finistériens que re- e Parmi ces soldats, on compte 30 882 Fran- 19 régiment d’infanterie de Brest / cense le Mémorial virtuel du Chemin En passant par la Bretagne… e çais (2), 14 327 Allemands, 1 036 Britanniques, Caroline CHOAIN 219 régiment d’infanterie de Brest / des Dames : 1 492 sont répertoriés e 1 Italien et 10 dont l’armée d’appartenance Près de 3 000 combattants bretons ont à ce 118 régiment d’infanterie de Quimper dans les Archives départementales et Landerneau / Le 318e régiment d’in- de leur département de naissance n’a pu être établie. Ces chiffres demeurent jour été identifiés et leurs noms intégrés au relativement peu élevés compte tenu du total Mémorial virtuel du Chemin des Dames. Il fanterie de Quimper et Landerneau / qui conservent leurs fiches matricu- e des pertes enregistrées par les pays engagés s’agit de soldats originaires des départements 2 régiment d’infanterie coloniale de les, mais seuls 304 sont tombés alors re e dans les combats de 1914-1918 dans le sec- du Finistère et du Morbihan. Brest / 86 régiment d’infanterie ter- qu’ils appartenaient encore à un régi- Le 1 classe e teur du Chemin des Dames. Ils progressent ritoriale de Quimper / 87 régiment ment ayant comme garnison une ville Ce recensement a été effectué à partir de la e lentement en suivant des impératifs de véri- d’infanterie territoriale de Brest / 286 du Finistère. De même, sur les 1 270 base de données “SGA/Mémoire des Hom- Pierre L’Eide fication des informations. Sur les 30 - 882fi régiment d’infanterie territoriale de morbihannais recensés : 1 171 ont mes” (www.memoiredeshommes.sga.defense. Quimper / 32e régiment d’infanterie été recrutés dans ce département du ches de combattants français, 14 251 ont pu gouv.fr), laquelle totalise pour le Finistère Le 1re classe Pierre L’EIDE du 53e régiment coloniale de Brest / 3e bataillon du sud Bretagne, mais seuls 206 sont être contrôlées et enrichies avec les données 21 193 fiches de combattants morts pour la d’infanterie coloniale, natif de Guengat (Fi- 116e régiment d’infanterie de Morlaix. morts dans l’un des régiments de ce disponibles sur le site Internet “SGA/Mémoire France, et 23 537 pour le Morbihan. nistère), tué à l’âge de 22 ans, le 16 avril secteur. Cette situation est courante. des Hommes”, et parfois même complétées à 1917 à 7 heures, à Ailles. Lors de la Première Guerre mondiale, partir des informations consultables dans les Le travail de collecte et d’intégration au site pour reconstituer les unités décimées fiches matricules conservées dans les servi- Mémorial des noms de combattants nés en Inhumé au cimetière militaire de Cerny-en- dans les combats, les autorités mi- ces d’archives départementales ou grâce aux Bretagne se poursuit actuellement avec les Laonnois, tombe n° 182. Les principaux litaires ont procédé à des réaffecta- extraits d’actes de naissance et de décès ac- départements des Côtes-d’Armor et d’Ille-et- tions fréquentes et massives d’un cessibles dans les mairies. Vilaine. régiments du régiment à l’autre. 8 095 combattants français sont recensés Pour inscrire ou compléter une fiche rendez- Pierre L’EIDE en avril 1917, quelques jours avant son décès. Plus de la moitié des combattants na- “sans sépulture connue”, les corps n’ayant vous sur www.memorial-chemindesdames.fr Morbihan et leur tifs du Finistère et du Morbihan inven- pu être identifiés ou retrouvés à la suite de er toriés sont “sans sépulture connue” : leur décès. Certains d’entre eux reposent (1) - Au 1 février 2010. ville de garnison : 696 pour les premiers et 962 pour les Pierre L’EIDE et la 3e compagnie du 53e RIC. Photos aimablement communiquées par Guy OLIVIER. deuxièmes. 62e régiment d’infanterie de Lorient / Parmi ceux dont le corps a pu être 116e régiment d’infanterie de Vannes identifié, 176 sont inhumés -au ci et Auray / 262e régiment d’infanterie metière militaire de Pontavert, 161 de Lorient / 316e régiment d’infante- à celui de Cerny-en-Laonnois, 132 à rie de Vannes et Auray / 85e régiment celui d’Ambleny, 122 à et d’infanterie territoriale de Vannes / 113 dans la nécropole militaire de 88e régiment d’infanterie territoriale . de Lorient / 285e régiment d’infanterie territoriale de Vannes / 288e régiment Les journées les plus meurtrières ont d’infanterie territoriale de Lorient / 28e été sans conteste les 16 et 17 avril régiment d’artillerie de campagne de 1917 ainsi que les 5 et 6 mai 1917, Vannes / 35e régiment d’artillerie de dates des premier et deuxième as- campagne de Vannes / bataillon de sauts de l’offensive Nivelle. 398 Fi- fusiliers marins de Lorient. nistériens et 329 Morbihannais ont été tués au cours de ces quatre jours. Lors de l’offensive allemande du prin- temps 1918, 89 combattants du Fi- nistère et 98 originaires du Morbihan sont tombés le premier jour de l’atta- Pierre L’EIDE que, le 27 mai. lorsqu’il était au 116e RI. 20 / agenda Chemin des Dames

Fort de Condé Caverne du Dragon Abbaye de Vauclair

Biennale - Du 15 mai au 15 juillet, biennale Exposition - Rondeau [lire en pages 4 et 5]. Manifestations et animations proposées d’art contemporain au Fort de Condé, 13 à Vauclair par l’Association des Amis de Nuit des Musées - Le 15 mai, ouverture en artistes internationaux sous le parrainage Vauclair (sauf mention contraire). nocturne jusqu’à 1 heure du matin. de Arnaud d’Hauterives, Secrétaire perpé- tuel de l’Académie des Beaux Arts. Fort de La Malmaison - Avril Rens. auprès du musée. Exposition le 3 avril, “Vauclair au milieu Spectacle - “La légende de Balthazar”, de ses sœurs axonaises” par Jacques proposé par la MJC de la Vallée de l’Aisne, Visite de la Caverne du Dragon - En visite Philippot. à 20 heures les 4, 5, 6,10, 11 et 12 juin. guidée exclusivement (1h30). 30 minutes entre les départs. Conférence le 3 avril, à 14h30, “Les Visites du Fort - En avril et mai, ouvert de Cisterciens, pionniers du développement 9h30 à 12 heures et de 13h30 à 17h30, Avril : du mardi au dimanche, de 10 à 18h durable” par Claude Beaufort. visites à 14 heures et 16 heures. En juin, Rencontre samedi 24 avril, à 20h30, Mai, juin : tlj de 10 à 18h. (Certains jours, juillet et août fermeture à 18h30. avec Alain Brugiroux globe-trotter, auteur ouverture prolongée jusqu’à 19 heures, de “La Terre n’est qu’un seul pays”. Contact - 03 23 54 40 00 rens. auprès du musée). Randonnée dimanche 25 avril, fête de la Fort de Condé - 02280 Chivres-Val. Juillet et août : tous les jours de 10 à 19h. randonnée pédestre [organisée par le www.fortdeconde.com CDRP de l’Aisne]. Ouvert les jours fériés. Rens. : Caverne du Dragon, Musée du Mai Chemin des Dames, RD 18, Chemin des Exposition 1er et 2 mai, “La ruralité Dames, Oulches-la-Vallée-Foulon. se dévoile, miniatures agricoles”. 03 23 25 14 18 Exposition 23 et 24 mai, “Les orchidées et www.caverne-du-dragon.fr les hommes”, par Michel Guilbert. Juin Exposition du 5 au 27 juin, “J.-B. Riomet, botaniste axonais”, par le Musée des Papillons de Saint-Quentin, Nelly et Daniel Léger. Coin photo AG le 19 juin, à 10 heures, assemblée générale de l’Association des Amis de Vauclair. Fête de la musique le 20 juin [organisée par la Communauté de communes du Chemin des Dames]. Musique et chant le 27 juin, à 20 heures, “Baïbars”, spectacle [organisé par le CRT]. Pratique - Visites guidées sur RDV 03 23 22 43 02. Le week-end de 14h à 18h30 : exposition permanente “Ces vies à Vauclair”. Lire - Jacques Philippot a récemment pu- blié - à compte d’auteur - un ouvrage sur Vauclair, dans lequel il restitue l’essentiel des connaissances accumulées, depuis 45 ans, sur l’ancienne abbaye de la vallée de l’Ailette. Un site Cistercien, Vauclair fait également ressortir la véritable passion de son auteur, membre actif de l’Association des Amis de Vauclair, pour le monastère fondé en 1134. Une passion semblable animait, au mitan De l’hiver... au Printemps sur le Chemin des Dames. des années 60, la poignée d’hommes qui se mobilisèrent pour assurer la sauvegarde e

© Damien Becquart/CG02 des vestiges de la 15 fille de Clairvaux.

La lettre d’information du Chemin des Dames est éditée par le Département de l’Aisne Numéro 18 - Printemps 2010. Directeurs de la publication : Yves Daudigny, Philippe Mignot / Rédacteur en chef : Damien Becquart / Comité de rédaction : Damien Becquart, Anne Bellouin, Caroline Choain, Yves Fohlen / Mise en page : Christian Jomard / Assistante : Karine de Backer. Contributions : Antoine et Jean-Daniel Destemberg (la Chanson de Craonne), Aude Rœlly, Archives départementales de l’Aisne (Page d’archives). Renseignements et abonnement (gratuit) auprès de la mission Chemin des Dames /Familistère de Guise - [email protected] / Imprimerie : Alliance Impressions / Tirage 7 000 exemplaires. Prochaine édition (juillet 2010)