MON Ch VILLAGE l�09

Ch A&t> MON VILLAGE

par JUSTIN DUTRAIVE Secrétaire perpétuel honoraire de l'Académie de Villefranche Membre de l'Académie de Mâcon

LYON 1978

A la mémoire de mes ancêtres :

" Il n'est qu'un travail pour les hommes :

Arracher quelque chose si peu que ce soit à la

destruction et à l'oubli. "

G. Duhamel -

I. CHARENTAY MON VILLAGE PRÉAMBULE

A MES LECTEURS

Après la parution et l'excellent accueil de "Jadis en Beaujolais", il m'est agréable de présenter un second ouvrage : " Charentay mon village qui au- ra lui aussi un accent de terroir. Dans les archives départementales, municipales, curiales, dans les regis- tres paroissiaux, dans les journaux d'époque, une gerbe énorme de documenta- tion de fond a pu être constituée dont vous ne choisirez que les fleurs. Ce livre, je l'ai écrit avec d'autant plus de joie que c'est l'histoire de mon village natal. J'y suis né il y a 88 ans et je me suis proposé d'en ressusciter le passé. Ma famille y est enracinée depuis l'ombre des siècles. Ne trouve-t- on pas dans le polyptique de Saint Paul en 1246 à une époque où l'on ne parlait que le bas-latin un " Petrus de la Treva devant 4 deniers, une coupe de fro- ment et une quarte et demie de vin pur pour la partie qu'il a acquise près de Brouilly, de la petite ferme constituant une métairie de bonne terre. "

Un témoin important de notre passé, le Château d'Arginy, sera absent de cet ouvrage : j'en ai longuement parlé dans "Jadis en Beaujolais".

C'est pour la même raison que vous ne trouverez pas les biographies :

- de Monsieur Raymond BILL lARD, homme de lettres, auteur de nombreux ou- vrages sur la vigne et le vin, habitant sa propriété de Charron - 1869 - 1956.

- de Madame de Sermezy, femme sculpteur, une des rares femmes membre de l'Académie de , décèdée à Charentay en 1850.

- et de , Maréchal de Camp né au Château d'Arginy en 1640, blessé mortellement au siège de Londonderry - Irlande - en 1689.

Par contre, cet ouvrage s'enrichit d'un article original de Madame R. LESCUYER-MONDESERT qui aime se réchauffer au feu du passé, sur le patois de Charentay que seules quelques personnes âgées parlent encore. Je la remercie de sa participation et des commentaires permettant une lecture plus facile du conte d'Emile de Villié où les héros sont justement des habi- tants de Tsarinto.

Je dédie cet ouvrage au respect de mes ancêtres et à la sympathie de mes compatriotes de Charentay ; ce nom plusieurs fois modifié au cours des siècles (Carentos - Villa Carentahia - Charenthahie - Hiarentay - Cherentay) ne provient-il pas d'un mot celtique "carentos" signifiant amitié ?

II. CHARENTAY DANS LES SIÈCLES

LA PRÉHISTOIRE

Dans la région qui nous intéresse, il n'y eut ni fouilles, ni recherches, tous les objets trouvés le furent par le seul effet du hasard ; la famil iarité avec la terre, la nature et l'étude du paysage sont des vertus premières pour l'arché- ologue. Toutefois, un de nos compatriotes, Monsieur Mjgnier, décèdé vers 1956, fut un passionné de la préhistoire ; sa collection de pierres taillées , de silex et de pointes de flèches est exposée au Musée de la Faculté de Médecine de Lyon.

Je me bornerai à donner ci-dessous quelques témoignages de cette période méconnue.

Foyers

D'après CI. Savoye (1), les travaux de rectification de la route d' à Bellevi lie (sommet de la montée de la Moutonnière) ont mis à découvert, à l'en- trée du Bourg de Charentay, cinq foyers que nous pouvons rapporter à l'époque du fer. Ces foyers, d'un diamètre d'1 m 20, avaient la forme d'un croissant, dont la convexité aurait été tournée en bas. Ils contenaient des charbons, des os d'animaux d'espèces actuelles : boeuf, mouton et porc principalement, puis des fragments de vases. Plusieurs de ces vases auraient pu être extraits entiers si par avidité, les ouvriers, espérant trouver un trésor, ne les avaient bri- sés avec empressement ; l'un d'eux contenait les cornes d'un jeune taureau. Un des foyers a donné une lamelle de fer. Le minerai de fer affleure du res- te à la surface du sol à peu de distance de ces foyers. La poterie à pâte noirâtre est faite au tour et très dure. La forme des bords se rapproche déjà de la céramique gallo-romaine, mais la présence de bande- lettes et de chevrons sur le col des vases se rapporte à une époque antérieure.

Des débris de poterie

En 1923, en creusant une réserve d'eau, près du Bourg, il a été trouvé à 1 m 50 de profondeur dans un mince dépôt de sable fin, au milieu d'alluvions modernes d'inondation, deux petits débris en poterie. Ces débris n'avaient rien de particulier, ils provenaient d'une amphore de moyenne grandeur. A cette profondeur, on peut suivant certains archéologues, observer des horizons de l'âge du bronze ou des temps celtiques, étant entendu que dans la plaine de la Vallée de la Saône, les débris de la Civilisation Romaine sont en- fouis à une profondeur moyenne de un mètre. (or un mètre correspondrait à 1 .500 ou 1 .800 ans).

- (1) - Beaujolais préhistorique 1897. Les manches d'outils

Trois manches d'outils qui appartiennent à la Période de la Tène, ont été découverts dans ces dix dernières années non pas en profondeur, mais à mê- me le sol au milieu des pierrailles : l'un à Monternot, les deux autres à Vuril. Ces diverses trouvailles sont un indiscutable témoignage de l'occupation de Charentay il y a 2500 ans et plus. Ces manches étaient percés au moyen d'une pierre beaucoup plus dure que le silex de carrière : la quartzite ou par une corne de renne. L'outil était fixé par de la poudre de terre cuite pétrie d'huile et coincé par deux ou trois petits morceaux de fer. L'un de ces outils était une alène que nos lointains ancêtres utilisaient pour coudre leurs vêtements de peaux ; ils se vêtissaient surtout de peaux de renne parce que c'était la plus souple. Ils apprêtaient le cuir aussi pour confectionner des casques, des pourpoints et des cuirasses de guerriers. Depuis le 1 Verne millénaire, nous le savons, ils cousaient en- semble des peaux de bêtes destinées aux voiles des bateaux.

Les fonds de cabanes

Des traces de foyer dans une vigne située entre le cimetière et le Sancil- Ion attestent le séjour de l'homme préhistorique dans ce coin le plus sain de la vigne, d'autant plus qu'une source abondante, décelée par les fonda- tions d'une maison édifiée récemment était pour les habitants de la plus gran- de utilité. Ces foyers sont formés d'un magma de cendres et de terres brûlées. Tout autour, on rencontre sur une cinquantaine de mètres des tegulae frag- mentaires brisées par des outils de culture.

- Les ammonites et les belemnites étaient nombreuses en bordure du lac bres- san vers l'altitude de 235 à 240 mètres dans le flanc de la colline de Monternot, mais ils deviennent rares.

- Le bloc erratique de Chêne date vraisemblablement de l'époque de Halls- tadt ou de la Tène. Mais qu'était-il au juste ? Etait-ce une pierre phallique ? Etait-ce une pierre sépulcrale ? Ou était-ce une pierre limitrophe séparant les deux provinces éduennes et ségusiaves ? Nous ne le saurons jamais. En avril 1943, l'Administration du Gaz et de l'Electricité de avait l'intention de faire sauter ce vieux témoin de l'époque néolythique pour éta- blir à sa place un transformateur. J'alertais aussitôt deux académiciens de mes amis pour demander s'il é- tait possible d'épargner cette curiosité naturelle qui mérite plutôt d'être mi- se en évidence. Cette demande fut acceptée avec bienveillance. Le Maire de Charentay re- cevait le 28 avril une réponse mentionnant que la compagnie était toute dispo- sée à modifier l'emplacement prévu. Ce qui fut fait. Ainsi, notre petit menhir que nous aimerions voir orner un coin du parking du Bourg de Charentay continuera à défier les siècles.

NOS ANCÊTRES LES GAULOIS

En Gaule, comme dans la plupart des provinces du monde romain, chaque domaine portait son nom propre, nom sous lequel il était inscrit au cadastre et qui avait été formé de celui du propriétaire. Ainsi à Charentay, Arginy vient de Argeniacus, du nom du premier proprié- taire gallo-romain Argenius ; Chapoly vient de Capoliacus, Vury de Vuriacus, Sermezy de Sermeziacus etc.. le suffixe acus signifiant le lieu.

Mais le nom de Charentay est tout à fait étranger à cette règle parce que Charentay existait bien des siècles avant l'occupation romaine. Selon le pro- fesseur Joseph Descroix, à l'époque de la Tène, c'est-à-dire cinq siècles a- vant notre ère, il n'y avait dans toute notre région que trois agglomérations : Béligny, Charentay et avec son enceinte de pierres qui était un lieu d'assemblée.

Dans le brouillard de l'histoire, on parle indifféremment des Gaulois et des Celtes. Qu'étaient ce donc que les Celtes ? Depuis environ mille ans avant notre ère, peut-être plus, le domaine des Celtes s'étendait à presque tout le continent européen et la Gaule n'en était qu'une partie. L'histoire et la Civilisation des Gaulois ne sont qu'un chapitre de l'histoire et de la Civilisation des Celtes.

Les Romains, au demeurant, appelaient Galli les Celtes qu'ils fussent de Gaule proprement dite, d'Italie ou d'Espagne. Il n'existait pas d'Empire Cel- tique. Ces envahisseurs se greffaient aux populations autochtones et conser- vaient cependant leur indépendance, leur langage, leur personnalité et leur ca- ractère propre. Ne voit-on pas encore de nos jours cette survivance chez les dix mille nomades, gitans ou bohémiens, qui continuent à circuler sur nos rou- tes sans s'attacher à aucune région ? Ces populations errantes venant d'un territoire mal défini entre la Baltique et la Mer Noire, ayant traversé le Rhin et poussant leurs troupeaux vers le Sud où la température était plus clémente, car des dizaines de siècles avant, Cha- rentay ou ce qui deviendra Charentay n'était que steppes, rencontrèrent, ici- même, une source abondante qui n'a jamais tari au cours des siècles ; là, ils décidèrent de se fixer en raison des paturages engraissés par l'humidité du climat et purent nourrir de nombreux bestiaux qui procuraient le bien-être aux habitants devenus les propriétaires du sol. Dans cette zône où convergeaient tous les courants civilisateurs, les pre- mières communautés se sont installées en plein air édifiant des habitations légè- res qui n'ont pas laissé de traces. Certes, ils n'étaient pas nombreux comme l'étaient toutes les tribus de l'é- poque, peut-être une vingtaine, parents ou amis ; ami , en langue celtique = "carantos" qui vient du grec Xapis qui veut dire grâce et qui signifie amitié, d'après de Juberville, le Garantes celte est devenu dans les premiers siècles Carenthia, puis le Charentay actuel.

Il faut convenir que ces peuplades antérieures aux Eduens et aux Ségusia- ves, nos propres ancêtres, étaient de forts mauvais cultivateurs qui ne s'adon- naient aux travaux des champs que tout juste ce qu'il en fallait pour subvenir aux besoins de leur existence.

Pendant les deux siècles qui suivirent la conquête, une paix précaire la "pax romana" fit suite aux combats qui avaient nécessité huit années pour l'écrase- ment de la Gaule. Mais les Romains, trop confiants, avaient retiré leurs troupes de la rive gau- che du Rhin et en avaient négligé les fortifications. Ils ne se doutaient pas que les Barbares : Francs, Huns, Vandales, Goths, Wisigoths, Ostrogoths, Bur- gondes, chassés par des peuplades venus de l'est, constituaient pour eux une ceinture menaçante.

LES INVASIONS

En 256, les Francs passent le Rhin, suivis pendant 3 siècles de toutes ces peuplades armées venues surtout des rives du Danube et de la Baltique, brû- lant 70 villes en Gaule. Descendant la vallée de la Saône et du Rhône jusqu'à Cimiez, ils envahirent tout ce territoire fertile, Carentahia ne fut certainement pas épargnée et dans ce brassage de peuples si divers, les Maures compris, qui, depuis 732 y demeurèrent en grand nombre plusieurs siècles, il n'est guère pos- sible de déterminer si notre propre race est latine, germanique ou burgonde.

Les Invasions barbares n'ont pas apporté, selon certains historiens, un trouble bien profond dans l'organisation romaine et dans le mode de culture du sol. Le Colonat, c'est-à-dire le métayage subsiste ; aucun texte ne parle de le supprimer. Répondant aux besoins de l'époque, il devait être respecté. La loi des Burgondes reproduit la plupart des lois romaines du Code de Théodose(l). Des invasions pacifiques avaient déjà précédé les invasions violentes.

- (1) Le premier document faisant mention de la culture à moitié fruit est un Cartulaire de Charlemagne soumettant à la dime ceux qui possèdent des bénéfi- ces éccléssiastiques et qui les cultivent à moitié fruits . (Livre 1 , cap. CL VI 1). Frégédaire rapporte que les Burgondes furent invités par les Romains à s'é- tablir dans nos régions. Ils s'y installèrent en qualité de colons sous condition de payer à leurs maîtres le tiers des fruits. En 406, quelques tribus des environs de Mayence envahirent notre région. Leur succès fut de courte durée. Ecrasés par Aétius en 454, ils virent leur royaume conquis par les Francs en 534. Quelle fut la transformation rurale de l'invasion burgonde? On ne le sait pas. La loi Gombette qui fut signée à Ambérieu en Dombes, au pays des Ambarres, parle bien d'un partage des terres, les Burgondes auraient eu la moitié des enclos et des jardins, les deux tiers des terres labourées, les forêts restant en commun. Mais ils ne jouissaient tous que d'une liberté imparfaite. Le sort des colons au Moyen Age ne paraît pas avoir été très heureux. Dans notre région, les ab- bés de Cluny durent souvent prendre leur défense contre les sires de Beaujeu.

En 732, les Sarrazins venant d'Espagne, remontant la vallée du Rhône , a- vaient inondé de leurs armées le Beaujolais, pillant, saccageant, ruinant toutes les églises et les monastères des lieux où ils avaient pénétré. L'église de Saint Georges de Reneins datant de 737, n'est-elle pas une réfec- tion de l'église initiale ?

Les Arabes qui avaient incendié totalement la ville d'Autun construite en bois le 25 août 732 furent battus sur le Plateau de Langres par les troupes de l'évè- que Ebbons et obligés de se retirer sur les rives de la Saône. Mais, reniant les préceptes du Coran, buvant du vin et mangeant du porc, les imans et les ma- rabouts ne leur permirent pas de regagner l'Afrique où ils auraient créé le scandale.

C'est aux Arabes, du 8èrne ou lOème siècle, que l'on doit la plus grande par- tie des travaux d'irrigation de nos prairies. Perthuis et barrages de nos petits ruisseaux étaient la continuation des travaux qu'ils avaient réalisés en Espagne.

En 887, avaient fait irruption les Burgondes dans la région au point que Blitzaire, abbé de Tournus, en dût fortifier le château.

Plus tard, en 928, 935 et 937, les Hongrois désolèrent le Beaujolais et les provinces avoisinantes.

C'est alors que le Roi de France ému de pitié pour son peuple tant opprimé lui dépêcha un Cadet de Flandre à qui il octroya tous les droits de suzeraineté afin de réprimer les désordres occasionnés par les invasions ennemies si sou- vent répétées. De là vient que les armoiries du Comté de Flandre sont conformes à celles de Beaujeu dont le cri de guerre est : "Flandres". Ainsi naquit le Beaujolais. Les Tards-Venus

Pendant la seconde moitié du XI Vè siècle, le Beaujolais fut parcouru en tous sens par des bandes anglo-saxonnes. Dès 1360, trois grandes "routes" (troupes) venant d'Auvergne, passant en Bourgogne, traversèrent le Nord du Beaujolais "causant si grands dommages que nul homme n'aurait pu subsister" Ecoutons Froissard : "La terre de Beaujeu pour ce temps que je parle était si foulée, si grevée et si remplie de Routiers de tous les côtés que nul n'o- sait issir (sortir) de sa maison et que les habitants ne savaient à qui se fier, ni qui tenir pour bon français. " 1 1 fallut l'épée de Duguesclin pour rendre un peu de tranquillité.

La Royauté fit ensuite parfaitement respecter ses frontières et parmi les Invasions modernes, nous voudrions évoquer ici rapidement les séquelles de guerres plus récentes qui ont vu de nouveaux envahisseurs fouler notre sol : en 1814 - 1815 et en 1940.

Les Autrichiens à Charentay en 1814 et 1815

L'occupation éphémère du Beaujolais en juin 1940 n'a pas été sans précédent dans notre histoire régionale. En effet, il y a 125 ans, des troupes autrichien- nes ont également occupé Charentay.

Rappelons brièvement les circonstances qui amenèrent cette invasion : l'Europe coalisée contre Napoléon avait au cours de l'année 1813 fait reculer les débris de la Grande Armée jusqu'au Rhin. Le 21 Décembre, les troupes alliées traversaient le Fleuve. Tandis que le plus fort contingent marchait sur Paris, l'Armée du Sud traversait la Suisse, prenait Genève le 29, pénétrait en Franche-Comté et dans la Vallée de la Saône. Le 1 1 Janvier 1814, cette armée occupait Bourg en Bresse. A l'annonce de cette nouvelle, les Sous-Préfets de Villefranche et de Trévoux prescrivaient à tous les pontonniers stationnés sur la rive gauche de la Saône d'amener les bacs et bateaux sur la rive droite dans le but de retarder la marche de l'ennemi. Cependant, celui-ci s'emparait de Macon et envoyait des détachements dans le Beaujolais non point tant pour conquérir le pays que pour y faire des réqui- sitions et lever des contributions. Des détachements étaient installés à Saint Jean d'Ardières, à Broui I ly-Chavanne et à Charentay. Une dépression de ter- rains située vers Jasseron, face à Charentay a conservé longtemps le nom de "tranchée des Autrichiens". Mais au bout de quelques temps, les Autrichiens se replièrent sur Mâcon. Le Sous-Préfet de Villefranche établit des gardes de sûreté composées de douze fusiliers par commune. Le 12 février, Gustave de Damas surprenait à Beaujeu un parti ennemi et lui tuait sept hommes. Néanmoins de nouveaux détachements autrichiens descen- dirent la plaine de la Saône jusqu'à Villefranche. Charentay était occupée. Le Général Pannetier venu de Lyon avec 4.500 baïonnettes et le 13ème Cui- rassiers, culbutait tous ces détachements et reprenait notre région. Des com- bats eurent lieu à Charentay sur le Plateau de la Pilonnière où l'on découvrait, il y a 50 ans un cimetière d'Autrichiens (vers la Croix Revin). Cette victoire n'eut malheureusement pas de lendemain. Les troupes françaises étant rappelées à Lyon, les troupes ennemies reprirent Mâcon le 8 mars et Belleville le 10. Le Maréchal Augereau qui commandait l'Armée de Lyon, pressé d'agir par Napoléon, se décida de renvoyer vers le Nord ses deux divisions. La division Pannetier s'installa à Villefranche, la division Musnier remontant la vallée de la Saône, reprit la Maison Blanche le 11 mars et livra bataille devant Mâcon. Elle y subit un échec grave et exténuée dût se replier sur la Croisée de Belle- ville. Le pont de Saint Jean d'Ardières fut détruit et des grandes gardes furent installées tout le long de l'Ardières. Après quelques jours d'inaction, les Autrichiens, forts de 45.000 hommes, se décidèrent à aborder l'Armée française. Le 17 mars, notre grand'garde de Cercié fut bousculée et l'ennemi s'en vint le soir même occuper Charentay, Odenas, le Château de la Chaise et la Varenne. Comme en 1940, les maisons que les habitants avaient quittées furent pillées ou détériorées.

Bataille de Saint Georges. L'Armée française s'était repliée afin de pouvoir livrer combat avec toutes ses forces. Ce combat eut lieu le lendemain 18 mars et porta le nom de Bataille de Saint Georges. Les positions françaises s'étendaient sur environ sept kilomètres. Elles par- taient du vieux château de Marzé entre Montmerle et Saint Georges, pour attein- dre la route d'Arnas à Beaujeu. Le Maréchal Augereau se tenait à Arnas avec le 13e Cuirassiers. Le but de l'ennemi qui était commandé par le Prince de Hesse et dont les forces étaient le triple des nôtres allait être de contourner notre gau- che par Néty et Saint Julien, Les Rues afin de couper la retraite de nos troupes sur Lyon et les enfermer entre ses bataillons et la Saône. Si ce plan réussissait, Augereau et toute son armée étaient faits prisonniers. L'attaque autrichienne se déclancha entre huit heures et neuf heures du côté de Marzé et du Chevalier puis sur toute l'étendue des lignes. Elle fut violente surtout devant Saint Georges et au Plateau de Longsard où l'ennemi parvint à s'installer un instant et d'où il fut repoussé ensuite avec de grosses pertes. Les Français purent toute la journée et au prix de gros efforts maintenir leurs positions. Mais vers les 4 heures de l'après-midi, l'infanterie adverse ayant contourné la ligne de combat vers Saint Julien, pût déboucher au Sud-Ouest d'Arnas. L'ennemi étant sur le point de réaliser son plan, Augereau comprit le danger et donne à nos troupes, vers 5 heures, l'ordre de retraite. Celle-ci protégée par la brigade Ordonneau s'effectuera par Villefranche, Anse jusqu'aux Chères. Au cours de cette bataille de Saint Georges, l'ennemi perdit 2.000 hommes, tués, blessés ou prisonniers. Nos pertes furent d'environ un millier d'hommes.