2012 ISSN 1961 - 7313 Bulletin de la Société Française d’Orchidophilie de Lorraine–Alsace http ://www.sfola.fr/

Chez J.-M. BERGEROT 12, rue du Grand Verger 54000 NANCY Tél: 03 83 28 00 34

de Lorraine-Alsace

La SFO-LA est affiliée à la S.F.O. (Association régie par la loi de 1901 et agréée par le Ministère de l’Ecologie, du Développement et de l’Aménagement durables) Siège national : 17, Quai de la Seine – 75019 PARIS Sommaire

Le mot du Président 2 Composition du bureau 3 Mots croisés 4 Le coin du cartographe 5 cernua, une orchidée qui se plaît les pieds dans l’eau 16 Escapades germano-autrichiennes 20 Escapades vosgiennes 24 Sortie du 1er mai 2011 – Mont de Sigolsheim et Grasberg 28 Abbé G. Jeanbourquin, un orchidophile passionné 32 Photos couleur 39 Petite histoire d’Hammarbya paludosa (L.) O. Kuntze en France 41 Erasanthe henrici, représentant d’un nouveau genre malgache 66 Bal(l)ade pour une polonaise 68 Exotic’Infos 72 Programme des activités 2012 3ème de couv.

Illustrations Photos : Sauf mention contraire, les photos sont des auteurs des articles. Dessins : 1ère de couverture : Frédéric Rexer.

Photo de couverture : Neotthiante cucullata ; Augustow ; 30/7/2010 - Ph. David Prusa  Article p. 68

1 Le mot du Président

Le temps exceptionnellement chaud, sec et ensoleillé du printemps dernier n’a pas été sans avoir des répercussions sur la végétation en général et les orchidées en particulier. Les températures plus élevées qu’à l’accoutumée ont entraîné un développement plus rapide et la floraison précoce de certaines espèces. Sur d’autres, le dessèchement du sol a eu des effets délétères en provoquant leur flétrissement précoce avant qu’elles n’aient terminé leur croissance. Dans ce dernier cas, des réper- cussions sont à prévoir l’année prochaine puisque, dans ces conditions d’aridité, beaucoup de plantes n’ont pu reconstituer suffisamment de réserves dans leurs racines tubéreuses ou leur rhizome. Ces dérèglements pourraient se reproduire dans l’avenir, et sans doute s’amplifier, puisque nous sommes incontestablement dans une période de réchauffement climatique. Les études semblent mon- trer, malgré le scepticisme de certains, qu’il est à mettre en rapport avec les gaz à effet de serre d’origine humaine. Certes, la Terre, au cours de son histoire, a connu de nombreux changements climatiques importants que l’on explique par les variations de l’activité solaire et de l’inclinaison du globe ainsi que par le volcanisme. Mais les modifications actuelles sont trop rapides pour qu’on puisse les attribuer simplement à des causes naturelles. Toujours est-il que de nombreuses sorties ont dû être annulées et, tout naturellement, elles ont été, pour la plupart, reconduites cette année.

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À la SFO-LA, il y a des adhérents qui pratiquent la culture des orchidées exotiques et peut- être d’autres qui souhaiteraient s’y adonner. J’ai souvent regretté, ici ou au cours des assemblées générales, que nous ne leur proposions pas d’activités spécifiques et que les articles qui leur étaient consacrés dans notre bulletin soient trop rares. Peine perdue, mes appels n’ont pas été entendus. De même, quand on constate l’engouement du grand public pour les orchidées, il est déplorable que nous n’ayons pour ainsi dire pas mené d’actions envers lui. Certes, nous avons bien proposé une séance de conseils de culture il y a quelques années mais, surpris par l’affluence, nous avons eu du mal à nous organiser. Si nous n’avons pas renouvelé l’expérience, c’est tout simplement parce que le jardin botanique a repris l’activité à son compte. Et ce qui devait arriver arriva… Fin novembre, j’ai appris par la presse qu’une nouvelle associa- tion venait de se créer. Elle souhaite rassembler les amateurs, organiser des réunions mensuelles, intervenir dans les jardineries et participer à des expositions, autrement dit, toutes choses que nous aurions été capables de proposer nous-mêmes si des volontaires avaient bien voulu se manifester… À notre actif, il y a tout de même les expositions auxquelles nous avons participé, que nous avons organisées et que nous organiserons encore comme celle qui se tiendra à Mirecourt du 21 au 23 septembre prochain. Dans la capitale de la lutherie française, les orchidées seront tout naturellement associées à la musique. Nous aurons besoin d’aide tout au long de la manifestation, mais également pour le montage ainsi que pour le démontage, et nous espérons que vous serez nombreux à nous apporter votre concours.

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Le Conseil d’Administration vous souhaite de joyeuses fêtes de fin d’année et vous présente, ainsi qu’à ceux qui vous sont chers, ses meilleurs vœux de bonne et heureuse année en espérant que les orchidées continuent à vous apporter beaucoup de satisfactions.

Jean-Marie Bergerot

1 2 Composition du bureau

Président : Jean-Marie BERGEROT, 12 rue du Grand Verger, 54000 NANCY courriel : [email protected]  03 83 28 00 34

Vice-président : poste vacant

Secrétaire : Henri MATHÉ, 3 rue de Guebwiller, 68840 PULVERSHEIM courriel : [email protected]  03 89 48 21 03

Secrétaire-adjoint : Patrick PITOIS, 60 rue de Honolulu, 88600 BRUYERES courriel : [email protected]  03 29 50 14 83

Trésorière : Monique GUESNÉ, 6 rue de l'Echo, 54370 MAIXE courriel : [email protected]  03 83 70 80 42

Trésorier-adjoint : Jean-Louis BARBRY, 6 rue de Mirecourt, 88130 HERGUGNEY Courriel : [email protected]  06 88 82 48 72

Comité de rédaction : Directeur de la publication : J.-M. Bergerot. Conception et mise en page : H. Mathé. Comité de lecture : J.-M. Bergerot, M. Guesné, H. Mathé.

Envoi des articles : Henri Mathé (voir coordonnées ci-dessus).

Publication annuelle gratuite réservée aux adhérents de la SFO-LA.

Avis aux auteurs

Toute personne, membre de la SFO-LA ou non, peut proposer un article en vue de publication dans notre bulletin. Le comité de rédaction se réserve le droit : - d’accepter ou de refuser les articles qui lui seront proposés, - de proposer aux auteurs les modifications qu’il jugerait nécessaires, - de choisir, en fonction de leur qualité et de la place disponible, les illustrations jointes aux articles. En tout état de cause, la publication d’un article reste sous l’entière responsabilité de son auteur et n’implique en rien que la SFO-LA cautionne les opinions émises par l’auteur.

La reproduction des articles publiés n’est autorisée qu’après accord écrit.

1 3 Jeu Mots croisés – Jean-Marie Bergerot

I II III IV V VI VII VIII IX X XI XII 1

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Horizontalement Verticalement 1. Qui se flétrissent sur la plante sans se I. Procédé de reproduction conforme des détacher. plantes. 2. Pins de montagne. Produit en même temps que II. Conifère sud-américain. Dans la dent. le gruyère. III. Celle des vents n’a pas d’odeur. Participe. 3. Telle une pelouse de haute altitude. Sans Ville du Liberia. quoi. IV. Dont la pollinisation s’effectue dans la fleur 4. Prélevées. Ordinateur. fermée. 5. Sur des cadrans. Possessif. En sourdine. V. Article arabe. Goutte de liquide organique. Lettre de l’alphabet arménien. Dans le bâtiment. 6. Sels présents dans la lie du vin. Rappeur. VI. Isolé. Extrémité de l’appareil. Le repaire de 7. Telle une réussite éclatante. Nessie. 8. Proche de l’unau. La Terre déifiée. VII. Jeu vidéo. De Lesseps a percé celui de Préposition. Suez. Fin de participe. 9. Ville de Palestine. Commune du Var (2 mots). VIII. Poètes anciens sur le retour. Période de 10. Partie centrale d’un bouclier. Appareil de temps. gymnastique. IX. Viens au monde. Lévrier. 11. Cerveau moyen. X. Soutien d’un navire en construction. Contrat 12. Perte de la sensibilité locale ou générale. pouvant être passé avec ERDF. XI. Réitère une question à l’envers. Article espagnol. XII. Concomitants.

1 4 Le coin du cartographe

Alain Pierné *

Cet article se propose de faire le point sur la ANACAMPTIS CORIOPHORA / Menace pour cartographie des orchidées alsaciennes en cette l’espèce (voir article complet in bulletin SFO-LA année 2011 et encourager la recherche pure car 2006) s’il est évidemment intéressant d’aller sur les Rappelons que l’espèce, disparue dans le Haut- bons « spots », en jargon d’aujourd’hui, c’est une Rhin, a été redécouverte dans le Bas-Rhin à toute autre récompense que de découvrir une Dossenheim-sur-Zinsel en 2000 à la suite d’une nouvelle station ou d’en redécouvrir une an- étude d’impact pour un futur aménagement rou- cienne, faisant ainsi à la fois progresser la con- tier et observée en 2001 lors d’une prospection naissance des espèces et leur protection : SFO-LA. - recherche des espèces rares avec évaluation Depuis, peu d’évolution dans cette station qui de leur statut actuel, abrite de 3 à 5 pieds seulement, malgré un ac- - nouvelles stations et mise à jour par communes cord officieux avec l’exploitant (précisons que la pour les autres espèces plus fréquentes, grâce à recherche dans un pré de fauche reste délicate la prospection de secteurs méconnus (Val-de- et peut être contreproductive par le piétine- Villé et Alsace bossue notamment) et de milieux ment occasionné). favorables mais souvent négligés en fin de sai- L’annonce d’une demande de mesures compensa- son (forêts à épipactis en juillet-août). toires à la LGV du tunnel de Saverne a laissé Je rappelle ici que le cartographe peut, sur planer un espoir début 2011 : les sites de Dos- simple demande, fournir les informations confi- senheim et Neuwiller-lès-Saverne ont été pro- dentielles nécessaires pour prospecter un sec- posés à la Société de Génie Civil concernée, le teur ou rechercher une espèce (données histo- site acquis devant être ensuite confié au Con- riques notamment, c’est-à-dire avant 1980). servatoire des Sites Alsaciens. A cet égard, je recommande la consultation de la Mais en août 2011, l’aménagement foncier et nouvelle cartographie en ligne sur le site web de agricole avec inclusion d’une liaison routière Sa- la SFO-LA qui indique : verne-Bouxwiller vient d’être décidé par le Con- - d’une part les carrés et communes de présence seil général. La présence de parcelles à orchi- pour chaque espèce (au delà de 1980), dées et d’oiseaux rares nicheurs serait prise en - d’autre part sur simple clic toutes les espèces compte : les parcelles seraient dans la mesure d’orchidées observées sur le carré de réfé- du possible préservées. Un responsable local du rence. CSA me précise qu’elles sont heureusement à Ainsi ce ne sont pas moins de 175 « nouvelles » l’écart du futur périmètre routier. stations qui ont été signalées en 2011 (inédites A suivre donc… ou redécouvertes). ANACAMPTIS PALUSTRIS / Une dernière sta- Les espèces rares en Alsace : tion Il ne sera pas question ici d’espèces introduites Connu du Bas-Rhin depuis les années 1850 et comme Ophrys aymoninii à Bouxwiller/Bas-Rhin considéré comme encore commun dans les an- et Gymnadenia rhellicani/austriaca au Hohneck nées 1950, il ne subsiste plus que dans un seul et Grand Ballon/Haut-Rhin. site protégé par le CSA, à Rossfeld. A chaque fois que cela est possible, la situation Dans cette localité, la population est fluctuante alsacienne est comparée à celle des régions et de 60 pieds en 1975 à 4 en 1985 puis près de 50 pays voisins (länder allemands et cantons suisses en 1996 et 0 à 12 dans les années 2000 à 2011). essentiellement). N. B : H = mention d’herbier

5 Il était présent dans les secteurs de : partie du site de Kruth par le CSA (avec notam- - Strasbourg : Citadelle et glacis (1880), Ost- ment Dactylorhiza maculata et D. majalis). wald (H1903 et 1963), Illkirch-Graffenstaden N. B. : Une ancienne flore la signalait en Haute- (H1903, encore cité en 1966 avec 1 pied). Saône à Château-Lambert, et à ma grande sur- - Krautergersheim : 1968 et 1980 avec quelques prise, dans le Bas-Rhin à Grendelbruch (lieu-dit pieds, Blaesheim (redécouverte en 2005 d’un Hohbuhl). pied, sans suite), Hindisheim (H1898, l’indication Signalons enfin que si elle est abondante en 2005 correspond à Blaesheim), Geispolsheim Bade-Wurtemberg, l’espèce a disparu du Bene- (sur le site CSA du Lottel, vu de 1974 à 1980, lux. non revu depuis 1985). - Benfeld : cité dès 1860, (H1907 et H1951), EPIPACTIS HELLEBORINE subsp. MINOR / Herbsheim (H1897 et H1948-50, commun de Une population importante et de nouvelles sta- 1947 à 1950, non revu après 1964), Witternheim tions (H1904, 1 pied en 1975). La floraison de cet Epipactis helleborine tardif - Sélestat : 1932, Muttersholtz (H1906), Oh- a débuté plus tôt que d’habitude en 2011, avec nenheim (de 1858 à 1974 avec H1858 et H1954) les premiers pieds en tout début de floraison où il est signalé comme abondant en 1956 ! Hil- dès mi-juillet. senheim (H1913, 1969 à 1984, de 4 à 20 pieds Des prospections communes avec Christian Dir- cités). wimmer de l’AROS puis un relevé exhaustif par A noter, une station isolée à Jebsheim (1932). ce dernier des populations, assez nombreuses Absente du nord-est de la France et même du cette année, ont permis de mieux cerner le nord de la Suisse, l’espèce est par contre moins taxon et sa variabilité et d’en découvrir de nou- rare en Bade-Wurtemberg avec une belle popu- velles stations grâce aux conseils avisés du fo- lation dans le marais d’Ichenheim notamment restier local Laurent Fassel, membre de la SFO- (plus de 200 pieds les années favorables). LA : - secteur de La Petite–Pierre (Bas-Rhin) : CORALLORHIZA TRIFIDA / De nouvelles sta- Wimmenau avec plus de 80 pieds ; tions Wingen-sur-Moder avec plus de 30 pieds ; Wei- Après la redécouverte récente d’une station terswiller avec 50 pieds. vosgienne en 2008 à Rochesson (bulletin SFO- - secteur d’Oberhaslach (Bas-Rhin) : LA 2009) qui s’ajoute au site bien connu des Still, 3 stations dont 1 nouvelle importante avec Rochires de Gérardmer, dans ce même départe- 200 pieds cumulés sur les 3 sites et Niederha- ment, visité en 2005 (Bulletin SFO-LA 2006) et slach, 2 nouvelles stations avec 20 pieds. la découverte de nouvelles stations alsaciennes à Enfin, un comptage personnel à Osenbach (Haut- Orbey-Lapoutroie (Haut-Rhin) en 2006 qui Rhin) a révélé 15 pieds. s’ajoutent aux sites classiques de l’étang du De- Quant à la station de Wangenbourg-Engenthal vin proche et de Stosswihr (cf. épipogon), l’es- (Bas-Rhin), avec 2 pieds seulement en 2011, elle pèce, difficile à repérer toutefois, paraît moins mériterait un meilleur suivi du fait des milieux rare. favorables et de sa proximité avec la Moselle. En effet, en 2011, une prospection commune Une première conclusion s’impose : la présence avec des responsables du Parc des Ballons a en Alsace d’une importante population de ce permis de découvrir 3 nouvelles populations sur taxon entre le 15 juillet et le 15 août ! le site du Surcenord visité déjà en 2005 (Bulle- Une sortie commune avec des membres de tin SFO-LA 2006), en compagnie de Listera cor- l’AROS et de la section AHO du Bade- data. Wurtemberg a permis en août 2011 de mieux Par contre, les recherches menées en 2010-2011 cerner cette population et de la comparer avec sur l’ancien site haut-rhinois de la Werschmatt le « nouveau » taxon, Epipactis moratoria décrit à Kruth et la station vosgienne de Vagney (FC de par Riechelmann et Zirnsack en 2008 (cf. site Gerbamont) ont été vaines ; elles auront permis Internet AHO Bayern-Epipactis moratoria). cependant de faire avancer la protection d’une La situation de notre taxon a considérablement évolué depuis mon article récent (in bulletin 6 SFO-LA 2011) où je signalais déjà l'embarras de et 4 en 2009 (Bulletin SHN de Montbéliard nos voisins d'Outre-Rhin. 2010), l’espèce n’est pas réapparue depuis mal- Dans un premier temps, après la découverte gré des recherches régulières. d'une nouvelle sous-espèce dite moratoria en En Lorraine, une seule station, aujourd’hui dispa- Grêce (in JEO décembre 2009), les populations rue, a été signalée en Meurthe-et-Moselle, à découvertes en Bade-Wurtemberg ont été bap- Allondrelle-la-Malmaison, non loin de la station tisées moratoria (in JEO avril 2011). Dans un luxembourgeoise de Walferdange, (in bulletin second temps, dans un tout récent article (in Ferrantia 111 de 2010). Il faut dire que les 7 JEO décembre 2011), c'est la sous-espèce minor pieds observés lors de la sortie botanique de qui est reconnue. L'article compare, avec ta- 1892 ont tous été récoltés ! bleaux et mesures à l'appui, des populations L’espèce serait présente dans le département allemandes, françaises (Wimmenau et Weiters- des Vosges avec une observation non confirmée willer - 67) et grecques et conclut que toutes à Belbriette près de Xonrupt-Longemer et une ces populations doivent être rapportées à la ancienne mention dans la forêt de Noiregoutte à sous-espèce minor. Rochesson. Quoi qu’il en soit, l’important est de mieux cer- De même, une observation « non communiquée » ner et recenser cette population d’Epipactis (sic) dans le secteur du Ventron (Haut-Rhin) helleborine tardif présent essentiellement dans reste à vérifier… les Vosges du Nord. N. B. : L’épipogon est plus « répandu » en Bade- Wurtemberg (cf. carte de répartition sur le site EPIPOGON APHYLLUM / Une espèce capri- web Floristischen Kartierung Baden-Wurtem- cieuse berg) notamment en forêt d’Hüfingen avec plu- - en Alsace : sieurs centaines de pieds les bonnes années (in Rare et épisodique, dans le Haut-Rhin unique- bulletin SFO-LA 2007). ment, avec 2 stations où il se maintient en Une remarquable population a également été nombre à Stosswihr. Rappelons que ce biotope découverte le 19 juillet 2000, en Suisse voisine fragile bénéficie d’un Arrêté de Protection de près de Balstahl, dans le canton de Soleure (plus Biotope, et reste interdit d’accès sauf autorisa- de deux cents pieds les années favorables). tion de la commission scientifique de la Réserve du Frankenthal-Missheimlé) et en petit nombre GYMNADENIA ODORATISSIMA / Une station à Pfaffenheim avec un maximum de 24 pieds en unique 2007 (13 pieds en 2011). L’espèce se maintient sur le site du Rangenberg Malgré des recherches régulières à Masevaux de Dorlisheim (Bas-Rhin) où elle a été suivie (quelques pieds en 2007 au dessus d’Houppach), depuis 1946 par Roger Engel notamment. Malgré Osenbach (Borne jaune près du Firstplan – indi- des demandes réitérées et d’après de récentes cation historique), Soultzeren (quelques pieds en informations (com. pers.), la commune ne sou- 2005 au Murbachmatt), Stosswihr (lac de haite pas classer la colline en Réserve naturelle Fischboedle), Wihr-au-Val (4 pieds découverts régionale et préfère la gérer elle-même. Signa- en 2006 au Mittelbuehl) et Wintzenheim (Fon- lons que le site renferme par ailleurs une belle taine des dames - indication historique), l’espèce population d’orchidées (cf. infra Communes). n’a plus été revue en ces lieux. Deux mentions Bas-Rhin imprécises restent à vérifier : vallée de la Lu- Historiquement, Gymnadenia odoratissima était celle derrière Winkel et Eguisheim (derrière les présent dans les rieds ello-rhénans et dans les châteaux), indication qui renvoie certainement à collines sous-vosgiennes. celle de Wintzenheim. Sites des rieds : Benfeld, Daubensand, Eschau, - régions limitrophes : Herbsheim (site CSA actuellement), Illkirch- Il en est de même dans le Territoire de Belfort Graffenstaden, Rossfeld (site CSA) avec une proche : redécouverte à Lepuix au Saut de la planche de l’herbier Strasbourg de 1937 et de Truite en 2008 (Bulletin SHN de Montbéliard l’herbier Engel de 1971. 2009) et toujours sur la même commune dans le Sites des collines : Barr, avec une planche de bois des Sombres Mousseux avec 1 pied en 2008 1892 de l’herbier de Strasbourg et l’indication 7 300 m (un site CSA dans ce secteur), Molsheim, stations historiques sont du côté lorrain : La Mutzig (planche de 1828, annotée Dreispitz), Bresse (lac de Lispach), Gérardmer (Haies- Nordheim, Rosenwiller (au Katzenberg près du Griselles, les Xettes, le Grand étang et les site CSA), Scherwiller, Wolxheim (à la Zorn). Hautes-Vannes), Liézey (vers le Rain de la Haut-Rhin Cagne), Xonrupt-Longemer (Belbriette) et enfin L’espèce n’a pas été retrouvée dans sa dernière une indication sibylline à Varzeney (peut-être le station au Blochmont de Kiffis où elle a été si- lieu-dit « les Vazenés » près de la Chaume Fran- gnalée de 1913 à 1988 (dernière observation par cis sur le ban de Gérardmer). M. Rohmer) avec une planche de l’herbier Engel Quant aux données mosellanes des Vosges du de 1971. Le site a été plusieurs fois prospecté Nord, les recherches menées depuis 1946 par ces dernières années, mais sans succès. Roger Engel et Henri Mathé n’ayant rien donné, Excepté une station plus au nord au Florimont une nouvelle prospection avec l’accord et la col- d’Ingersheim, bien connue des botanistes (avec laboration du Parc reste à mener… une planche d’herbier de Strasbourg de 1929), Il faut constater pour finir une nette chute de elle était surtout présente dans le Sundgau, en l’effectif de la station de La Bresse (de 100 à plaine à Blotzheim, Huningue et sur collines du une dizaine) qu’on retrouve ailleurs en France où Jura alsacien à Lutter, Riespach, Willer. l’on a constaté le même effet de pic en 2000, L’espèce est présente sur 2 stations lorraines (année de la découverte dans les Vosges), suivi notamment à Villouxel (Vosges in bulletin SFO- d’une baisse des effectifs, aggravée par une LA 2011) et redécouvert plus récemment à fréquentation incontrôlée des botanistes. Seuls Pargny-sous-Mureau (Vosges in Willematia un pâturage extensif et approprié d’une part et 2009). Il est bien connu en Haute-Marne (52) à une fermeture de l’accès durant la saison de Aujeurres notamment (in bulletin SFO-LA floraison d’autre part pourront redynamiser la 2006). station et en assurer la pérennité. Abondant en Bade-Wurtemberg, surtout autour Signalons une fois de plus que l’espèce est mieux du lac de Constance, l’orchis odorant se main- représentée (surtout au nord du lac de Cons- tient en Suisse frontalière non loin du Jura al- tance) et mieux protégée en Bade-Wurtemberg. sacien en plusieurs endroits, notamment à Soy- hières, Undervelier, Seleute et surtout Dittin- HERMINIUM MONORCHIS / Une station gen. unique L’espèce se maintient également sur un site HAMMARBYA PALUDOSA / La pression des unique à Dorlisheim (Bas-Rhin) : citée dès 1829, botanistes avec une planche d’Issler de 1935 et suivie par Après les prospections intensives de 1999-2000 Roger Engel et alii depuis 1946. qui ont permis la redécouverte de l’espèce en Même remarque (cf. supra) quant à la pérennité août 2000 sur la commune vosgienne de La du site : il aurait été préférable que la protec- Bresse (cf. article in Orchidophile 145 en 2001), tion s’inscrive à travers le CSA dans un réseau des prospections ont été reprises, en 2010 et de sites avec des objectifs communs. 2011, eu égard aux données anciennes, notam- ment celles de Godron, de Godfrin & Petitmengin Bas-Rhin : (cf. documents historiques accessibles sur le L’espèce était présente en plaine et surtout sur site SFO-LA). les collines. Les sites prospectés, avec leurs lieux-dits, sont En plaine : à Geispolsheim et à Strasbourg (avec répertoriés ci-dessous afin d’encourager des une planche de 1831) dans le secteur Forêt de recherches renouvelées car la petitesse de la Geisau et Neunhof) et une observation sans plante, son biotope particulier et son caractère suite sur l’île du Rohrschollen. de plante à éclipses, liés aux conditions clima- Sur collines : à Achenheim, Hangenbieten, Ho- tiques, rendent toute prospection difficile et hengoeft (site CSA), Mundolsheim, Mutzig avec non concluante, en cas d’échec. une planche Engel de 1949 (station encore abon- Excepté une ancienne donnée inédite de 1873 dante en 1970 autour du fort et revue jusqu’en au Lac Blanc d’Orbey (Haut-Rhin), toutes les 1975), Rosenwiller (site CSA), Saverne. 8 tions, dans le sud du land, entre le Kaiserstuhl Haut-Rhin : (Ihringen, Bickensohl, Achkarren…) et Istein. Excepté Wettolsheim au Kahlenberg et Affen- buck avec une planche d’herbier de 1872 (site LIPARIS LOESELII / L’espoir d’une redécou- CSA), l’espèce était présente uniquement dans verte le Sundgau. Considérée comme officiellement disparue Elle était citée en plaine à Blotzheim, Huningue, d’Alsace (ou plutôt non observée depuis long- Mulhouse (Tannenwald) avec une planche de temps), l’espèce peut encore être redécouverte 1845 et Riedisheim et surtout dans les collines sur ses sites historiques, qui ont bénéficié d’une du Jura alsacien à Ferrette, Oltingue, Winkel, protection accrue des milieux palustres ou même Lutter et Lucelle (La Verrerie). Ces deux der- découverte du fait de la renaturation de la nières localités, vainement prospectées, ne sem- bande rhénane et des îles du Rhin. blent plus guère favorables à la plante. Rappelons que liparis était présent mais Absent de Lorraine, il est cependant connu à d’apparitions épisodiques de 1953 à 1981 et tou- Aujeurres (52) et dans quelques stations du jours en petit nombre avec un maximum de 15 Doubs, notamment à Dambelin (25) près de pieds. Pont-de-Roide. Dans le Bas-Rhin : LIMODORUM ABORTIVUM - Wissembourg : signalée par Schultz dès 1854 L’espèce était historiquement présente en Al- l’espèce a été retrouvée en juillet 1953 par Ro- sace, mais très rare, citée uniquement dans le ger Engel dans le marais d’Altenstadt. Haut-Rhin dès 1836 par Kirschleger dans les Il y est revu en 1954 puis, après une éclipse de collines boisées du Jura alsacien et au Kaisers- 5 ans, de 1959 à 1975, mais plus revu depuis tuhl allemand (cf. infra) : 1977, le site étant signalé comme détruit par - à Mulhouse (dans le bois du Tannenwald en assèchement et embroussaillement dès 1979. 1844), Après classement en ZNIEFF puis en APPB, dès - à Lucelle (1852) et Kiffis (1852), sans autre 1987, sur plus de 700 ha, la gestion du marais précision. d’Altenstadt a été confiée (pour 470 ha) au CSA L’espèce reste rare dans les régions proches de qui lance dès l’automne 2011 un programme de l’Alsace et pays voisins : gestion active avec ouverture du milieu, pâtu- - en Lorraine : le limodore est présent surtout rage extensif par des bovins et étrépage (déca- en Meuse et Meurthe-et-Moselle. Dans les page superficiel de la végétation avec les ra- Vosges, signalons une donnée historique au bois cines) qui laisse l’espoir d’un retour de liparis de la Haronière, canton de Chatel (Mougeot comme cela a été le cas ailleurs en France, no- 1845). Il est absent de l’est de la Moselle. tamment en Lorraine (cf. infra). - en Franche-Comté : il a disparu du Territoire - Rhinau-Daubensand : Recherché en vain dans de Belfort (non retrouvé au bois de la Miotte au les années 1950, il est trouvé en 1962, revu en dessus de Belfort). Dans le Doubs, il n’a pas été 1964 (photo Engel in Orchidées sauvages retrouvé dans le bois de Bondeval, près de d’Alsace et des Vosges), non revu après 1973. Montbéliard (cf. SHN de Montbéliard 1995). On A rechercher dans les bras morts du secteur le retrouve vers Pont-de-Roide, puis Besançon et rhénan de Rhinau. Vuillafans (2003). - Autres observations historiques : Strasbourg - en Suisse : rare dans le nord du pays, il existe (Citadelle et Pont-de-Pierre), années 1849-62 ; cependant dans le canton du Jura près de Délé- Robertsau en 1954 et 1960 (4 pieds) mais le site mont, où le limodore se maintient dans une li- est signalé comme disparu par comblement du sière à Soyhières. Egalement présent à Courge- pré marécageux ; Sundhouse en 1932 et Hague- nay, près de Porrentruy, où une quinzaine de nau, station signalée dès 1779 par Gmelin. plantes d’apparition régulière se développe sous L’espèce y était encore présente en 1912 (Flore le couvert d’une ancienne pinède. de France de G. Rouy). - en Allemagne : rare dans le Bade-Wurtemberg, il est présent uniquement, avec de belles popula- 9 Dans le Haut-Rhin : En conclusion, à l’image du marais de Pagny-sur- Trouvée en 1890 à la pisciculture de Huningue Meuse, gardons l’espoir d’une réapparition en par G. Muller (in Mantz, 1913), l’espèce est à Alsace… nouveau signalée dans le secteur de Rosenau en 1957 et Village–Neuf en 1965 (cf. photo in Or- OPHRYS ELATIOR ET NEOTINEA USTULATA chidées sauvages…) où elle est présente jusqu’en AESTIVALIS / Une année bien sèche 1981 date à laquelle la zone a été partiellement asséchée par l’installation d’un transformateur - Haut-Rhin EDF. Malgré des prospections ultérieures (avec La sécheresse 2011 n’a, une fois de plus, pas l’autorisation du comité de gestion de la Petite permis d’observer Ophrys elatior dans le sec- Camargue Alsacienne), elle n’a pas été retrouvée teur frontalier de Village–Neuf et Rosenau où il dans les secteurs du Grand Marais et du Kirche- avait été observé dès 1981 puis suivi par Engel nerkopf, pourtant protégés depuis 25 ans grâce et Mathé, avec un record de 600 pieds en 1995 à une forte mobilisation d’associations natura- (in L’orchidophile n° 123, 1996). La même fluc- listes transfrontalières. En effet, c’est à la tuation entre années favorables et années suite de nombreuses menaces (station sèches avait déjà été signalée côté allemand à d’épuration, gravats divers, incendies dans le Istein et Steinenstadt par Gumprecht (in die marais et enfin installation d’un transformateur) Orchideen n° 31, 1980) avec un record de 2 000 que s’est créée, en 1986, sous l’appellation PCA pieds en 1985. la première réserve naturelle d’Alsace sur 120 Signalons que Neotinea ustulata subsp. aestiva- ha avec depuis 2006 extension à 920 ha englo- lis , toujours présent uniquement à Fessenheim, bant l’île du Rhin de Kembs. a subi le même sort avec quelques pieds en 2011 au lieu des 400 répartis (les bonnes années cela En Lorraine : va de soi) sur 2 stations, la station sur pelouse Le liparis est signalé sur 3 sites du CSL : sèche et en lisière forestière de la découverte - Ippling (Moselle) : un marais alcalin de 4 ha de juillet 1997 par Engel et Mathé (in aux portes de Sarreguemines qui a failli dispa- l’Orchidophile 136, 1999 ) d’une part et surtout raître sous un projet touristique. Signalé dans le la station voisine gérée et « ouverte » par le département par Barbiche dès 1882, le liparis a CSA, gestion qui a permis de doubler la popula- été redécouvert en 1982. tion et de voir apparaître parallèlement d’autres Le marais abrite une petite population de liparis espèces d’orchidées ! avec 49 pieds en 2004 et 10 actuellement (in L’espèce, présente plus au nord du côté allemand Willematia 2009, bulletin de Floraine en ligne). dans le Lilienthal d’Ihringen, doit être recher- - Pagny-sur-Meuse (Meuse) et Foug (Meurthe- chée les bonnes années sur la bande rhénane et et-Moselle) : les îles du Rhin au sud de Marckholsheim. Il s’agit d’un marais alcalin de 40 ha à la gestion Tous les espoirs restent d’ailleurs permis puis- exemplaire : grâce au programme initié en 1987 qu’on a trouvé Ophrys elatior en 2006 sur l’île du par le CSL (avec pâturage tournant par des che- Rhin de Kembs dans une prairie CSA (A. Pierné) vaux de la race Konik Polski - 13 actuellement - ainsi que la variété basiliensis d’Ophrys apifera fauche, débroussaillement et étrépage) le liparis en 2010 plus au nord à Niffer toujours sur ter- est apparu deux ans après environ (in G. Parent, rain CSA (Cécile Billard CSA), observation con- Flore lorraine, bulletin SHN de la Moselle 1996) firmée en 2011. Il s’agit d’une nouvelle variété L’espèce n’avait jamais été signalée auparavant décrite en 2003 à Birsfelden, près de Bâle en selon l’auteur. L’effectif est passé de 12 pieds Suisse (in Orchid review, vol. 112). C’est une en 1992 à 1 800 pieds en 2003 et plus de 1 000 première pour le Haut-Rhin en tout cas. Il faut actuellement (in bulletin SFO-LA 2005). signaler que la variété flavescens , très proche, - Vittoncourt (Moselle) : Connu et étudié depuis a déjà été observée en 1923 à Romanswiller 1882, (avec l’indication Faux-en-Forêt), c’est un (Bas-Rhin) et dans le Territoire-de-Belfort tout marais de 25 ha au sud de Metz, protégé et proche, à Bermont. géré depuis 1984. L’espèce n’a plus été revue - Bas-Rhin malgré un biotope et une gestion appropriés. 10 Des recherches systématiques jusqu’en 2011 Avec la collaboration active de membres de n’ont pas permis non plus de retrouver l’espèce l’AROS et de la SFO-LA, la cartographie s’est dans le secteur de Plobsheim où Ophrys elatior a enrichie de plus de 170 nouvelles stations sur 3 disparu dans les années 1990 à la suite de la secteurs : le Val-de-Villé, l’Alsace bossue et le création du golf du Kempferhof (cf. photo de Jura alsacien. Roger Engel datée de 1981 in Orchidées sau- LE VAL-DE-VILLÉ / Bas-Rhin. Des milieux en- vages…) avec encore 1 pied en 1995 (M. Rohmer). core préservés. Cependant, l’observation en 2011 d’une centaine Grâce à la collaboration de Christian Dirwimmer de pieds d’Ophrys elatior (com. Pers. Georges de l’AROS et Hubert Jaeger, responsable local Riehm et Michel Rohmer) dans le Taubergiessen d’Alsace Nature, soucieux de mieux protéger (en face de Rhinau), NSG (Naturschutzgebiet) leur cher Val-de-Villé, la cartographie s’est en- allemand bien connu des orchidophiles locaux, richie de plus de 20 nouvelles données sur les laisse augurer d’une découverte de l’espèce sur carrés LU74, LU75 et LU65. la bordure rhénane bas-rhinoise. Entre la plaine de Sélestat et les hauteurs du Champ du feu, on trouve en effet une petite ORCHIS PALLENS / Une espèce qui a fait cou- enclave encore préservée, alternant prairies ler beaucoup d’encre humides, prairies de fauche, lisières forestières Le « cas » d’Orchis pallens fera l’objet d’un ar- et talus, pelouses montagnardes, s’étageant ticle ultérieur plus complet : entre 200 et 650 mètres avec 10 nouvelles es- - historique de sa présence à Osenbach, pèces d’orchidées (Anacamptis morio, Cephalan- - problèmes rencontrés (jusqu’aux tentatives de thera longifolia, Coeloglossum viride, Dactylor- destruction répétées en 2007 et 2008 qui ont hiza maculata et majalis, Gymnadenia conopsea, fait l’objet de procès-verbaux de gendarmerie Listera ovata, Neotinea ustulata, Orchis mascula et d’un compte rendu en mairie !) et Plathanthera chlorantha) sur 8 communes - moyens de préserver et renforcer sa popula- bas-rhinoises (Breitenbach, Chatenois, Hoh- tion réduite à 2 pieds en fleurs en 2011 sur le warth, Neubois, St–Pierre-Bois, Thanvillé, site classique au lieu de 21 en avril 2007 avant Triembach-au-Val, Urbeis). les actes de vandalisme ! Le site le plus remarquable reste le Climont, sur Bien que 2 sites proches et confidentiels exis- le ban d’Urbeis, avec des prés tourbeux à linai- tent non loin, l’avenir de l’espèce reste bien grettes, pédiculaires et 6 espèces d’orchidées compromis avec 8 pieds fleuris en tout et pour et où Coeloglossum viride est à rechercher. tout en 2011 (com. pers. E. Schilling) au lieu de Des contacts ont été pris et des initiatives en- 10 à 40 pieds les précédentes années, notam- gagées pour que ces sites soient pris en compte ment en 1995. et préservés : l’un d’eux a même failli devenir un Je remercie ici surtout Etienne Schilling (SFO- parking pour le rallye automobile d’Alsace ! LA) qui suit l’espèce assidûment. Si la station alsacienne reste la seule du nord- L’ALSACE BOSSUE / Bas-Rhin. Les confins de est de la France, Orchis pallens est absent du l’Alsace. quart nord-ouest de la Suisse mais reste plus Secteur peu connu et peu visité, il renferme abondant au sud-est du Bade-Wurtemberg, pro- pourtant pas moins de 18 espèces d’orchidées à tégé dans de nombreuses NSG et dans le canton Weyer sur le site CSA et réserve des sur- voisin suisse de Schaffhouse (in bulletin SFO- prises : 22 espèces d’orchidées sur l’ensemble LA 2011) . du secteur dont plusieurs stations d’Anacamptis Signalons pour finir une observation citée par morio et Platanthera bifolia. Issler dans le Sundgau, dans le secteur de Kiffis Grâce aux données transmises par Pascal Hol- (Haut-Rhin). veck (CSA-ONF), les carrés LV50, LV51, LV52, LV53, LV60, LV61 et LV62 sont désormais mieux Pour une meilleure couverture de la région : représentés avec 22 communes bas-rhinoises prospection de secteurs et de milieux mécon- renseignées (Ne sont pas prises en compte les nus. données mosellanes proches) : Altwiller, Bust, Durstel, Drulingen, Eywiller, Gunstett, Harskir- 11 chen, Herbitzheim, Hirschland, Kirrberg, Kes- Oberlarg, Raedersdorf, Sondersdorf et Aspach- kastel, Mackwiller, Oermingen, Ottwiller, Rims- le-Bas. dorf, Sarre-Union, Sarrewerden, Siewiller, Silt- N. B. : à noter la découverte à Moernach d’un zheim, Thal-Drulingen, Voellerdingen,Weyer. pied de la variété rosea et à Oberlarg sur la N. B. : La forme verte d’Epipactis purpurata magnifique crête frontalière du rocher du Cor- découverte à Ferrette (Haut-Rhin) (cf. article beau avec la présence de 2 pieds « panachés ». de J.-F. Christians sur les variétés d’Epipactis En conclusion, l’espèce semble bien représentée purpurata in Bulletin SFO-LA 2010) a même été puisque présente sur chaque commune (Bieder- retrouvée à Siewiller non loin du site de Rauwil- thal excepté) de ce secteur déjà botaniquement ler, déjà connu de Roger Engel. Des pieds de très riche (nombreuses stations de Spiranthes cette forme ont également été trouvés dans un spiralis, stations uniques en Alsace pour Gentia- second secteur du Jura alsacien à Courtavon, au na verna, Alyssum montanum et Athamanta cre- sein d’importantes populations d’Epipactis pur- tensis et stations de Gentiana germanica, G. purata. ciliata et G. cruciata), avec une grande diversité S’ajoutent à ces données déjà importantes de d’orchidées à Winkel notamment où existent 22 nombreuses stations inédites dans le secteur de espèces (forêt et pelouses dont plusieurs sites Marmoutier-Wasselonne (Bas-Rhin) ainsi que des CSA). réactualisations (stations d’avant 1980) : il Dans le cadre de l’actualisation des ZNIEFF s’agit, dans les carrés LU77, LU78, LU79, LU87 dans le Sundgau, de nouvelles zones sont et LU88, de Allenwiller, Birkenwald, Cosswiller, d’ailleurs à l’étude s’appuyant notamment sur ces Dangolsheim, Dinsheim, Haegen, Marlenheim, données. Oberhaslach, Romanswiller, Singrist, Still, Ur- matt, Wangen, Wangenbourg-Engelthal, Wasse- LA COUVERTURE CARTOGRAPHIQUE DE lonne, Westhoffen. L’ALSACE

LE SUNDGAU / Haut-Rhin. Un secteur riche et LES CARRÉS : mieux prospecté. La région est découpée arbitrairement en 112 Le milieu forestier, souvent peu dégradé, occupe carrés de 10 km de côté selon le quadrillage dans le Jura alsacien une vaste surface) ; il ré- UTM (Universal Transverse Mercator). La mé- serve alors bien des surprises. thode a le mérite de mieux visualiser la pré- Des prospections, intensives il est vrai, avec J.- sence des orchidées en Alsace et de situer rapi- F. Christians surtout, mais aussi Patrick Pitois et dement une commune, mais reste arbitraire et Jean-Paul Cartier (tous trois membres de la pas toujours pertinente : SFO-LA) ont permis au fil des années d’avoir - ainsi les carrés en limite de région, côté lorrain une bonne couverture des carrés frontaliers LU et franc-comtois par exemple, sont moins impor- 65, LU66, LU75 , LU76, LU85 et LU86 avec de tants avec parfois une seule commune et ne peu- nombreuses découvertes de Spiranthes autom- vent être comparés avec des carrés « presti- nalis (in Bulletin SFO-LA 2006), ainsi que Cepha- gieux » à plusieurs communes plus favorables lanthera damasonium et rubra, d’Epipactis atro- Ex. : le carré LT85 avec Biederthal uniquement rubens, E. helleborine, E. leptochila, E. micro- et le carré LU61 avec Osenbach, Orschwihr, phylla et même E. muelleri ! Westhalten, Lautenbach… soit 8 communes en Mais c’est avec Epipactis purpurata que les re- tout ! cherches ont été les plus fructueuses : 12 nou- - de plus, certains carrés du Centre-Alsace sont velles communes, en 2011, dans des hêtraies à cheval sur les 2 départements et rendent calcaires et pessières sombres entre 500 et toute statistique difficile. 800 mètres avec de belles populations de 10 à Quoi qu’il en soit, sur les 112 carrés de la dition, 150 pieds (cf. forêt de Courtavon), souvent en tous sont occupés par 1 à 33 espèces touffes de 4 à 12 tiges, caractéristiques de d’orchidées. l’espèce. Ces communes haut-rhinoises sont 10 carrés renferment plus de 20 espèces et 15 Bettlach, Courtavon, Durlinsdorf, Koetslach, carrés moins de 5 espèces. Levoncourt, Liebenswiller, Liebsdorf, Moernach, 12 Précisons ici que la date butoir retenue est Carrés en progression, voire nette progression. 1980 : pour les observations antérieures à cette Plusieurs facteurs sont à prendre en compte : date, l’espèce est considérée comme non revue, - une meilleure prospection de secteurs mécon- voire disparue. nus souvent grâce à un contact local ; Haut-Rhin : carrés de plus de 20 espèces = c’est le cas des carrés LT67, 68, 69 dans le LT59, LT65, LT75, LT86 et LU61. Sundgau par exemple (avec un progrès de 4 à 15 Le « record » est le carré LU61, comprenant espèces, 6 à 14…) notamment Osenbach, avec 33 espèces d’orchi- - une mise en réserve des sites et un suivi insti- dées et pour le Sundgau le carré LT75 corres- tutionnel avec gestion appropriée et inventaire pondant au secteur de Winkel avec 25 espèces exhaustif : MU19 par exemple (secteur (épipogon non revu). Gambsheim-Offendorf) de 5 à 15 espèces et Bas-Rhin : carrés de plus de 20 espèces = LU78, LT87 (secteur de Saint-Louis) de 6 à 17 espèces LU87, LV70, LV71, LV80, LV81 ,MV02, MV13. et LV80 où de nombreuses espèces sont appa- Les carrés les plus riches sont LU87, secteur de rues sur le Batsberg de Bouxwiller depuis sa Dorlisheim avec 26 espèces et LV81, secteur de mise en Réserve naturelle régionale en 1989 et Weiterswiller avec 25 espèces. grâce à la gestion CSA. - des secteurs qui bénéficient avec le temps LES COMMUNES d’une renaturation (bordure rhénane et îles du Le niveau le plus pertinent pour la cartographie Rhin), doublée par ailleurs d’une meilleure con- reste toutefois celui du ban communal qui est le naissance des milieux : carrés LU90, 91, 92 par plus représentatif et le mieux exploitable sta- exemple (îles du Rhin de Fessenheim à Kembs) tistiquement avec 904 communes pour la région. qui passent respectivement de 4 à 12 espèces, 0 Haut-Rhin à 6 et 8 à 17 ! Avec 3 525 km² de superficie pour plus de 750 Carrés en recul, voire en net recul. 000 habitants soit une densité de 212 hab. D’autres facteurs interviennent, déjà évo- /km², c’est le plus petit des 2 départements qués dans le livre de Engel et Mathé : alsaciens. À noter qu’il s’agit d’une densité - industrialisation et urbanisation qui se sont moyenne, celle-ci variant, pour la France, de 15 poursuivies dans le secteur de Mulhouse et du hab./km² en Lozère à 21 000 hab. /km² à Paris ! bassin potassique : carrés LT78, 79 et LU70 qui Sur les 377 communes, 221 sont citées au moins passent de 17 à 3, 5 à 1, 4 à 1 seule espèce ! 1 fois soit 60 %. - agriculture intensive et assèchement des La commune la plus riche reste Osenbach avec zones humides qui se poursuivent : carrés LU95 29 espèces d’orchidées dans le fameux carré (secteur d’Herbsheim ), MU04, MU05 (secteur LU61 ! d’Erstein) avec 8 espèces non retrouvées et 1 Bas-Rhin seule station d’Anacamptis palustris à Rossfeld Avec 4 755 km² de superficie pour plus de 1 (site CSA). Dans ces carrés, seule la gestion 090 000 habitants soit une densité de 229 hab. conservatoire a permis de limiter les dégâts. /km², c’est le plus grand des deux départements Il en a été de même en Petite Camargue alsa- alsaciens. cienne où le pire a été évité : carré LT97 de 17 à Sur les 527 communes, 300 sont citées au moins 15 espèces . 1 fois soit à nouveau 60 %. La commune la plus riche est Dorlisheim avec 25 Carrés non prospectés avec peu de données his- espèces dans le carré LU87. toriques Enfin, s’il est tentant de revisiter les carrés et EVOLUTION DE LA CARTOGRAPHIE / Résul- communes favorables, certains secteurs n’invi- tats et analyse. tent guère, à tort, à la prospection. Carrés les plus riches (cf supra) Citons quelques carrés avec leurs communes de Il s’agit de secteurs bien connus et suivis histo- référence en guise d’appel à des explorateurs en riquement, objets de véritables « pèlerinages » herbe… : orchidologiques, qui n’ont pas connu d’impor- Haut-Rhin tantes variations. Dans le Sundgau : 13 - LT56 : Friesen , Ueberstrass, Hindlingen (1 Bergfeld D., 2009. Epipactis helleborine subsp. espèce), moratoria, neu für Baden-Wurttemberg. JEO, - LT57 : Chavannes, Dannemarie, Altenach, 41 (3/4) : 519-528. Valdieu-Lutran, Retzwiller, Mertzen, Strueth, Bergfeld D. & Berlighof N., 2011. Vergleichende Magny, Montreux-Jeune, Ballersdorf, Untersuchungen von Epipactis helleborine subsp. Gommersdorf (1 espèce, 5 non revues). minor in Baden-Württemberg, Griechenland und Dans la Harth : Elsass. JEO, 43 (4) : 501-526. - LU70 : Ungersheim, Reguisheim, Meyenheim, Christians J.-F., 2008. Découverte et redécou- Ensisheim, Raedersheim (1 seule espèce, 4 non verte dans le Sundgau alsacien d’Epipactis pur- revues), purata var. rosea et Epipactis muelleri. Bull. - LU82 : Wolfgantzen, Widensolen, Andolsheim, SFO-LA 2008 : 28. Forstschwihr, Bischwihr, Appenwihr, Biesheim, Christians J.-F., 2010. Sortie Orchis pallens du Urschenheim, Durrennetzen (1 espèce, 6 non 1er mai 2009 à Schaffhouse (CH). Bull. SFO-LA revues). 2010 : 10-11. Bas-Rhin Christians J.-F., 2010. Epipactis purpurata lusus La liste serait longue vu le nombre de communes rosea, une orchidée fantomatique. Bull. SFO- du département. Citons simplement : LA 2010 : 38-42. Dans le Kochersberg, les carrés LU98 autour de Engel R. & Mathé H., 2002. Orchidées sauvages Furdenheim (2 espèces), LU99 autour de Dur- d’Alsace et des Vosges, éd. du Griffon. ningen (3), MV00 autour de Wintershouse (1). Guesné M., 2007. Sortie SFO-LA du 23-7-2006 Dans l’Alsace bossue, les carrés LV50 à Goer- à Hüfingen (Ge). Bull. SFO-LA2007 : 30. lingen et Kirrberg (1), LV60 à Rauwiller (2). Guesné M., 2007. Sortie SFO-LA du 18-6-2006 Dans l’Outre-Forêt et le secteur d’Haguenau, le à Aprey (52). Bull. SFO-LA 2007 : 26. carré MV21 autour de Hatten (2 espèces) et Guesné M., 2004. Compte rendu de la sortie MV00 autour de Wintershouse (1). orchidophile du 29-5-2003 en Côte-d’Or et Des journées de prospection seront organisées Haute-Marne. Bull. SFO-LA 2004 : 29. en 2012… Guesné M., 2005. Compte rendu de la sortie du 18-7-2004 à Pagny-sur-Meuse. Bull. SFO- Conclusion LA 2005 : 28. « Il ne faut pas se leurrer », ainsi que le disait Guesné M., 2005. Compte rendu de la sortie du déjà Roger Engel dans sa cartographie de 1986, 18-7-2004 sur l’Ile du Rhin et en Petite Ca- cette cartographie n’est pas un état définitif et margue. Bull. SFO-LA 2005 : 33. encore moins exhaustif : c’est « une base qui Krippel Y. & Colling M., 2010. Notes floristiques ; reste à compléter, à corriger, à améliorer en Observations faites au Luxembourg (2008- souhaitant que les futures additions soient plus 2009). Ferrantia, Bull. Soc. Nat. Luxemb., 111 : nombreuses que les retraits… » 12-32. Le cartographe actuel espère avoir en partie au Muller S., 2009. Compléments 2008 à l’atlas moins exaucé ce souhait et encourage toutes les communal des plantes protégées de Lorraine - bonnes volontés à poursuivre dans cette voie Willematia : 10-14. tracée par d’autres orchidophiles avant nous… Pierné A., 2011. La situation actuelle d’Epipactis helleborine subsp. minor. Bull. SFO-LA 2011 : Bibliographie 23-25. Antonopoulos Z., Bergfeld D. & Tsisfti S., 2011. Pierné A., 2006. Contribution à la connaissance Epipactis helleborine subsp. moratoria, a new d’Anacamptis coriophora. Bull. SFO-LA 2006 : 8- subspecies for the flora of Grece - JEO, 43 (1) : 14. 85-98. Pierné A., 2006. Sortie Corallorhiza trifida du Bailly C. & Vadam J.-C., 1991. Sur quelques or- 5-6-2005. Bull. SFO-LA 2006 : 24. chidées forestières du bois de Bondeval Pierné A., 2007. Découvertes et redécouvertes (Doubs). Bull. Soc. Hist. Nat. Pays de Montbe- de stations de Spiranthes spiralis. Bull. SFO-LA liard : 121-124. 2007 : 35-40.

14 Pierné A., 2010. Cartographie des orchidées NDLR : Signification des sigles utilisés d’Alsace - Bull. SFO-LA 2010 : 29-31. Pierné A., 2011. La situation actuelle d’Epipactis AHO : Arbeitskreis Heimischer Orchideen helleborine subsp. minor - Bull. SFO-LA 2011 : AROS : Association Régionale des Orchido- 23-25. philes de Strasbourg Pitois P., 2009. Sortie-prospection Corallorhiza CSA : Conservatoire des Sites Alsaciens trifida du 1/6/2008. Bull. SFO-LA 2009 : 16-17. CSL : Conservatoire des Sites Lorrains Thiery François, 2006. Notes floristiques. Bull. JEO : Journal Europäischer Orchideen Soc. Hist. Nat. Pays de Montbeliard : 86. LGV : Ligne à Grande Vitesse Schwegler S. & Matthies D., 2003. A new vari- NSG : Naturschutzgebiet = zone naturelle pro- ety of Ophrys apifera Huds. var. basiliensis. tégée Orchid review (112) : 214-216. ONF : Office National des Forêts SFO-LA : Société Française d’Orchidophilie de Lorraine-Alsace. SHN : Société d’Histoire Naturelle ZNIEFF : Zone Naturelle d’Intérêt Ecologique, Faunistique et Floristique

Solution des mots-croisés

Horizontalement : 1. MARCESCENTES. 2. AROLLES. AISY. 3. RASE. SINON. 4. CUEILLIES. PC. 5. OC. SA. SD. PEH. 6. TARTRATES. RR. 7. TRIOMPHALE. 8. AÏ. GE. EN. 9. GAZA. LE LUC. 10. UMBO. AGRES 11. DIENCEPHALE. Epipogium aphyllum 12. ANESTHESIE. Osenbach – 26/07/2009 Ph. André Hasenfratz Verticalement :

I. MARCOTTAGE. * 3, rue du village – 68140 Hohrod II. ARAUCARIA. DN.

III. ROSE. RI. ZUIE.

IV. CLEISTOGAMES.

V. EL. LARME. BNT.

VI. SEUL. AP. LOCH.

VII. CS. ISTHME. EE.

VIII. SEDEA. LAPS.

IX. NAIS. SLOUGHI.

X. TIN. CRAE.

XI. ESOPER. EL.

XII. SYNCHRONISER.

15 Spiranthes cernua (L.) Rich., une orchidée qui se plaît les pieds dans l’eau

J.-F. Christians *

En me promenant un jour au rayon des fleurs plus parfumées et un peu plus grandes plantes vivantes d’un magasin d’aquariophilie que chez l’espèce type. Son nom provient bien approvisionné, je suis tombé sur une d'une ville du même nom, située dans le sud- orchidée « aquatique » : Spiranthes cernua est de la Pennsylvanie. également nommée spiranthe penché. Une espèce semblable, Spiranthes odorata « Orchidée » et « aquatique » : de prime (Nutt.) Lindl. (= Spiranthes cernua var. abord, ces deux mots ne semblent pas aller odorata (Nutt.) Correll) vit du sud du New ensemble… et pourtant, le vendeur m’a Jersey à la Floride, toujours dans le nord- assuré que cette plante, quoique peu est des Etats-Unis, le long de la côte courante, est utilisée comme plante atlantique. Morphologiquement très proche d’aquarium pour la décoration de fond. du spiranthe penché, son épi spiralé atteint jusqu’à 90 cm de haut et porte jusqu’à 60 fleurs blanches au labelle marqué de crème, Origine et synonymes : très parfumées et un peu plus grandes que celles de S. cernua. En dehors de son port En Amérique du Nord, le genre Spiranthes bien plus robuste, sa floraison est aussi plus comprend environ 25 espèces. Spiranthes tardive. cernua, le spiranthe penché, est originaire On peut le voir en culture dans certains de la moitié est des Etats-Unis, ainsi que du jardins botaniques comme celui de Canada. Il atteint sa limite sud dans le nord l’université de la ville de Bâle, en Suisse. de la Floride et l’est du Texas. Loin d’être véritablement aquatique, cette orchidée se Le nom de S. odorata est quelquefois utilisé développe à l’état naturel dans des fossés, erronément pour désigner S. cernua ‘Chadd’s au bord de lacs, ou dans des prairies et des Ford’ dans le commerce. pannes humides et sablonneuses au pH neutre à légèrement acide. Dans son pays Description : d’origine, on le nomme «Nodding lady’s tresses». Ce nom si poétique compare Notre « Nodding lady’s tresses » est une l’inflorescence spiralée de l’orchidée à une plante vivace qui produit des rosettes de chevelure tressée. L’épithète « nodding » se feuilles lancéolées, de 5 à 8 cm de long. Elles traduisant par « penché » fait référence sont d’un vert foncé et légèrement aux fleurs qui sont un peu inclinées le long de brillantes, en forme de capuchon à la l’axe central de l’inflorescence. Il fleurit à pointe (feuilles cucullées). partir de septembre dans le nord jusqu’à La hampe florale atteint 50 cm de hauteur. novembre, plus au sud. Elle est garnie de feuilles bractéiformes qui engainent la base de la tige. Légèrement Spiranthes cernua ‘Chadd’s Ford’, une pubescente, celle-ci se termine par une sélection horticole, est le plus répandu dans inflorescence spiralée portant jusqu’à 70 le commerce : c’est lui que l’on peut se fleurs blanc pur, inclinées et disposées sur procurer le plus facilement. Ce trois rangs. Les trois rangées tournent en possède une inflorescence plus fournie, des

16 hélice autour de l’axe central pour se réunir peut-être une des raisons pour laquelle au sommet. cette plante est si peu présente chez les Avec ses dimensions et sa triple rangée de collectionneurs. N’ayant pas trouvé suffi- fleurs, le spiranthe penché fait figure de samment d’information, j’ai décidé de tester géant par rapport à nos deux espèces plusieurs méthodes : européennes S. aestivalis et S. spiralis ! Ses fleurs blanches et tubulaires sont de - en aquarium structure identique. Le labelle, relativement translucide, prend C’est en aquarium que j’ai tout d’abord un aspect cristallin. Les sépales et les cultivé Spiranthes cernua, sur les conseils pétales supérieurs sont retroussés vers le du vendeur auprès duquel j’ai acheté la haut, accentuant ainsi l’effet « bouclé » de plante. Il faut l’installer plutôt en avant- la floraison. Les bractées dépassent les plan, en évitant que d’autres plantes à ovaires. Les fleurs sont parfumées et grandes feuilles comme les Anubia ou les diffusent une légère odeur sucrée en Echinodorus ne lui cachent la lumière. Le journée, assez proche du parfum de S. mélange de culture prêt à l’emploi pour spiralis. Après floraison, les ovaires gonflent plantes d’aquarium peut convenir, car il est pour se transformer en capsules à trois assez pauvre en engrais. Il faut prendre loges contenant d’innombrables graines très garde aux poissons herbivores comme les fines. cichlidés, car les feuilles de l’orchidée sont assez fragiles. De plus, la plante possède peu Le système racinaire de ce spiranthe n’est de racines et se déterre donc facilement. pas très fourni. Les racines sont peu Dans ces conditions, le spiranthe poussera nombreuses et assez épaisses. sans difficulté (le vendeur avait raison !) en produisant de larges feuilles, pour peu que la température de l’eau avoisine au moins les 22°C. Cependant, la trop grande profondeur de plantation l’empêchera de fleurir.

- en pot à l’intérieur

Après une année de culture comme décor de fond, j’ai décidé de sortir la plante de l’aquarium pour tester sa culture en pot. Comme pour la plupart de mes plantes insectivores, j’ai confectionné un mélange de tourbe blonde auquel j’ai ajouté du sable de quartz et de la perlite pour l’alléger. En composant le mélange, il faut bien veiller à humidifier la tourbe avant de remplir le pot de plantation, car la tourbe sèche n’absorbe pas du tout l’eau versée à l’arrosoir ! Même si les racines sont peu nombreuses, il faut utiliser un pot d’au moins 15 cm de

diamètre afin que ces dernières puissent se Culture : développer librement. Le pot doit baigner

toute l’année dans quelques centimètres Dans la littérature concernant les orchidées d’eau non calcaire. On peut utiliser une exotiques, on retrouve peu d’informations soucoupe ou un cache-pot pour maintenir le concernant la culture des spiranthes. C’est substrat humide. Du printemps à l’automne,

17 l’orchidée apprécie de passer la belle saison (l’eau se trouve à environ 10 cm sous la à l’extérieur, sur un rebord de fenêtre ou surface de la tourbe). dans le jardin. La plante supporte sans Le spiranthe ne m’a pas déçu : il a passé le problème plusieurs heures de soleil direct premier hiver sans encombre, recouvert par jour, mais dans ce cas, il faut bien veiller seulement par quelques branches de sapin à ce qu’elle ne manque jamais d’eau. En hiver, pendant les mois les plus froids de l’hiver. La garder le pot à température ambiante et température descend régulièrement sous les dans un endroit très lumineux suffit, par -10°C dans cette région de l’Alsace, et il exemple sur un rebord intérieur de fenêtre. n’est pas rare que les pics de froid Cultivé ainsi, le spiranthe penché pourra atteignent -15°C en janvier et février. déjà fleurir après une à deux années de Durant l’hiver 2009-2010, la plante a même culture, en automne. Les feuilles auront affronté deux nuits consécutives à -22°C, aussi une morphologie assez différente de la sans aucun dommage ! Je peux donc me culture en aquarium : moins larges elles risquer à qualifier cette orchidée comme seront aussi plus épaisses. Chez moi, la étant relativement rustique. plante a fleuri l’année suivant l’installation en Chaque printemps, la plante redémarre sans pot. problème, pour terminer sa croissance et fleurir l’automne suivant. Un bon compromis entre les deux méthodes Bien entendu, S. cernua peut également être de culture précédentes est le paludarium. Ce cultivé en serre froide. type de décor est assez délicat à réaliser et nécessite une certaine connaissance dans ce Parmi ces différentes techniques, je pense domaine. Une fois réalisé, l’ensemble permet que la meilleur façon de le cultiver reste le de maintenir et de cultiver des espèces maintien en pot, en intérieur ou en serre aussi bien aquatiques que terrestres, et froide. Sa floraison tardive est souvent même épiphytes. Pour le spiranthe installé compromise par les premières gelées dans ce type de décor, l’avantage est de automnales, tandis que l’immersion en pouvoir recréer un milieu humide avec de la aquarium l’empêche de fleurir. hauteur, permettant ainsi d’apprécier sa floraison. A la plantation, utiliser le même Floraison : mélange de culture qu’en pot. A l’état naturel et suivant la latitude où la - au jardin plante pousse, la floraison intervient d’août à octobre. Le bourdon a été Après plusieurs années de culture en pot et observé dans la nature et semble polliniser de rempotages successifs, la plante a fini cette orchidée. En plus de l’embryon par s’étoffer et j’ai décidé d’en tester une résultant de la fécondation, il se forme des partie à l’extérieur durant toute l’année. embryons d’origine asexuée. Pour cela j’ai placé au printemps un éclat de En culture, la floraison est assez tardive et S. cernua en pot, celui-ci enterré dans une débute chez moi à partir de fin septembre modeste tourbière artificielle réalisée dans en extérieur. Lors de la culture en pot, la le jardin de mes parents, me servant à floraison est à peine plus précoce. D’assez maintenir plusieurs plantes insectivores bonne tenue, elle se poursuit plus d’un mois. rustiques. Le jardin se situe au pied du Jura Pendant ce temps, les feuilles basales se alsacien près de Ferrette, vers 400 m dessèchent tandis qu’une nouvelle rosette d’altitude. La tourbière est exposée en plein apparaît à côté de la hampe en fleurs. soleil et le sol est constitué uniquement de L’inconvénient lorsqu’elle est cultivée au tourbe blonde maintenue humide toute jardin, c’est que les fleurs gèlent bien l’année, et retenue par une bâche à bassin souvent avant que la plante ne fane.

18 Multiplication : fleurs parfumées et sa longue floraison devraient inciter davantage les orchido- Malgré une croissance annuelle lente, la philes à le cultiver. plante a la particularité de se propager végétativement en formant plusieurs Bibliographie : rosettes secondaires : en effet, une partie Beauséjour S., 2008. Les orchidées indigènes du de ses racines restent proches de la surface Québec/Labrador. Les éditions Natives, 174 p. et donne facilement naissance à de nouvelles Bergerot J.-M., 2005. « Orchidées 2004 ». Bull. Soc. Franç. Orchidophilie Lorr. Als. : 45-48. plantules autonomes. Brown P. M. & Folsom S., 2005. Wild Orchids Après la floraison automnale ou au of Florida. University Press of Florida, 409 p. printemps, on peut replanter individuel- Keenan P. E., 1998. World Orchids Across lement ces rejets ou les grouper par deux ou North America, A Botanical travelogue. Portland, trois afin d’obtenir une floraison dans les Cambridge,Timber Press Inc., 321 p. meilleurs délais. Un éclat isolé met du temps Roguenant A., Raynal-Roques A., Sell Y., à reprendre et ne fleurit généralement pas 2005. Un amour d’Orchidée. Le mariage de la avant deux à trois années de culture. Choisir fleur et de l’insecte. Belin, 479 p. de préférence des rosettes déjà bien formées pour cette opération. La plantation se fait toujours dans le même * 26, avenue du Mont-Blanc substrat (tourbe blonde et sable, voir 69140 Rillieux-la-Pape perlite) et se réalise de préférence en pot final, en faisant attention à ne pas trop perturber le système racinaire lors de la division, car ces dernières sont assez fragiles (un peu comme pour les Disa). Terminer le rempotage en arrosant un peu le dessus du pot afin de tasser le substrat, puis placer l’ensemble dans une coupelle d’eau de pluie.

Parasites et maladies :

Je n’ai jamais eu d’attaques parasitaires sur mes plantes hormis quelques pucerons sur les hampes en boutons. On s’en débarrasse assez facilement à la main, avant que les fleurs ne s’ouvrent. Si le problème persiste, on peut utiliser un traitement à base de savon noir. En serre froide, un manque d’aération peu aussi causer une attaque de botrytis, bien que la plante y soit peu sensible.

Même si le spiranthe penché n’est pas aussi spectaculaire que d’autres orchidées exotiques, c’est une plante agréable à cultiver, qui a sa place au sein de toute collection. Sa culture identique aux plantes insectivores, son faible encombrement, ses

19 Escapades germano-autrichiennes 18-19-20 juin, 5 et 31 juillet 2011

Patrick Pitois *

À Paul Ilhat1 que nous réservera la « saison bruniana » 2012 ? Les 18, 20 et 21 juin dernier, Alain Pierné Pour nous consoler donc, au départ de (que je remercie pour sa relecture atten- Munster (68), nous avons pris la route tive) et moi avons fait une sortie préparée jusqu’à Wallgau (Bavière), notre lieu par lui – à partir d’informations d’Henri d’hébergement où nous sommes arrivés en Mathé et Jean-Marc Haas – en Bavière fin d’après-midi, sous une pluie continue (Allemagne) et au Tyrol (Autriche) voisin. durant tout le trajet. Cela ne nous a pas Avant de retrouver mon guide le matin du empêchés le soir de déguster la cuisine samedi 18 juin, comme je passais par le col locale, dans une auberge du village. Le de la Schlucht, j’ai fait un « petit crochet » lendemain matin, dimanche 19 juin, sous un dans le secteur du Grand Ballon à 6 heures ciel plus clément (averses éparses), nous 30, afin de voir en pleine floraison le petit entamons notre tournée de prospection, qui dernier de la famille des ×Pseudorhiza bru- débute par une recherche de Malaxis niana, H58, qu’André Hasenfratz venait de monophyllos (commencée en fait la veille découvrir la veille (après H57 que j’avais sous la pluie), un des buts du voyage. Nous trouvé l’avant-veille, dans le même secteur). naviguons ainsi entre les secteurs de En cette année 2011, ce sont les seuls nou- Garmisch-Partenkirchen (Bavière) et de veaux hybrides observés, ce qui n’est pas si Reutte (Tyrol), sans trouver cette orchidée. mal, compte tenu des mauvaises conditions Précisons ici que le genre Malaxis comprend météorologiques (sécheresse persistante environ 200 espèces, présentes quasiment depuis janvier) : très peu de Dactylorhiza toutes sous les tropiques. Seule une espèce maculata sont visibles par rapport à une (ou deux, comme il va être dit) existe en année normale (Pseudorchis albida et Europe, celle précitée. Rare et connue Traunsteinera globosa s’en sortent beaucoup notamment chez nos proches voisins mieux) et de nombreuses plantes ont avorté allemands, autrichiens, italiens et suisses, en début de croissance (dont plusieurs elle est en revanche absente de France. hybrides des années précédentes, comme D’aspect verdâtre, la plante a une assez H42, ayant stoppé net sa progression au grande feuille basale obovale (comme son stade du bourgeon floral, puis ayant « pourri nom l’indique), parfois deux, et une tige sur pied » et disparu). Décidément, les jusqu’à une trentaine de centimètres de années se suivent et ne se ressemblent pas : hauteur, portant une grappe de très petites fleurs, assez espacées, au labelle tourné vers le haut. Elle affectionne les talus humides ou les milieux tourbeux à mi-ombre 1 Cet article est dédié au botaniste Paul Ilhat, (en sous-bois clair ou en lisière forestière), décédé le 18 août 2011, dont j’ai pu apprécier à jusqu’à près de 2 000 m d’altitude. L’espèce partir de 2005 la compétence, alliée à une grande voisine est Hammarbya paludosa (rare convivialité, auquel je dois – ainsi qu’à son épouse également mais présente en France, en Denise – de nombreuses observations dans le particulier dans une station du département Jura (39), son département d’adoption, des Vosges), plus difficile à dénicher (en notamment d’Orchis spitzelii et de Spiranthes tourbières acides seulement) car tout aussi aestivalis (que j’ai découverts grâce à eux). verdâtre et de taille moyenne plus petite.

20 Notons que selon certains auteurs, dont croît dans le nord de l’Europe (Allemagne et Pierre Delforge, le genre monospécifique pays scandinaves notamment). Hammarbya n’a pas lieu d’être, la plante Quittant Ettal, nous terminons cette étant alors rattachée par eux au genre voi- journée au pied du Zugspitze (point culmi- sin sous le synonyme de Malaxis paludosa. nant de l’Allemagne, à 2 962 m d’altitude, mais dont le massif déborde en Autriche). Vers la gare du téléphérique menant au sommet, en lisière forestière, nous recher- chons sans succès Botrychium virginianum (plante alliée des fougères, Ophioglossacée rare en Europe, absente en France), sur indication d’Henri Mathé qui avait observé là quelques pieds en 1988. Comme au premier soir, nous nous consolons dans une auberge toute proche, avec d’autres plats (et bois- sons !) typiques. Prairies humides d’Ettal – 19 juin 2011 Le lendemain, lundi 20 juin, nous prenons déjà la route du retour, mais avec des Si nous ne trouvons pas le malaxis à une pauses salutaires au programme. La première feuille ce jour-là, un menu de choix nous d’entre elle, sur indication de Jean-Marc attend l’après-midi : les vastes prairies Haas, s’effectue à Stockach (Tyrol, nord-est humides d’Ettal (Bavière, nord de Garmisch- de St. Anton), le long d’un chemin de randon- Partenkirchen) qui mériteraient à elles née en lisière forestière, à 1 200 m seules qu’on leur consacre au moins une jour- d’altitude. Pour se mettre en bouche, nous née. Protégé depuis 1982, ce marais immense voyons d’abord quatre pieds de Gymnadenia de 159 hectares renferme entre autres odoratissima forme alba, et deux autres un Dianthus superbus, Gentiana pneumonanthe peu plus loin, tous en début de floraison, et G. utriculosa, Primula farinosa et Swertia voisinant avec quelques pieds types (aux perennis. Là, nous pouvons admirer par cen- fleurs rosâtres), Dactylorhiza fuchsii, taines Dactylorhiza traunsteineri et Hermi- Epipactis atrorubens et G. conopsea. Et nium monorchis, voisinant avec D. fuchsii, D. dans le talus herbeux et humide le long du majalis (en toute fin de floraison), Gymnade- chemin, nous dénichons enfin quelques pieds nia conopsea, G. odoratissima, Platanthera bien visibles de Malaxis monophyllos (ouf, bifolia et P. chlorantha. Une des vedettes nous ne rentrerons pas bredouilles !), lui incontestables de l’endroit est toutefois D. aussi en début de floraison. Je terminais un ochroleuca (côtoyant son proche parent D. article du précédent bulletin de la SFO-LA incarnata), dont les nombreux pieds aux (2010)2 en disant qu’il me restait à voir fleurs jaune pâle sont normalement en pleine (entre autres) G. odoratissima à fleurs floraison vers les 20-25 juin ; mais cette blanches : c’est désormais chose faite. Pour- année, avec la même sécheresse persistante suivant notre route, nous poussons jusqu’au ayant frappé la région, les plantes ont nord-ouest du lac de Constance (Bodensee), poussé en avance et nous les trouvons en fin près de Karsee (Bade-Wurtemberg, Allema- de floraison, voire en fruits. Quelques pieds gne), où nous prospectons une dernière sont néanmoins encore bien fleuris. Une station à orchidées, le site protégé de autre vedette des prairies d’Ettal est Pedi- Ruzenweiler, petite zone tourbeuse de cularis sceptrum-carolinum, lui-aussi présent pente. Nous y trouvons Epipactis palustris en ici par centaines. Cette pédiculaire sceptre, Scrophulariacée de grande taille et aux 2 P. Pitois, 2010.- « La saison du blanc ». Bull. de la fleurs jaunes, également absente de France, SFO-LA 8 : 14-15.

21 début de floraison, Gymnadenia conopsea et de rose toutefois). Puis nous rejoignons en G. odoratissima (tous « normaux » !) quasi- fin de matinée Stockach, où nous attend une ment en pleine floraison, ainsi que Liparis belle surprise : une quarantaine de G. odora- loeselii en fin de floraison. Cette station est tissima sont visibles… dont une trentaine à également connue pour héberger Spiranthes fleurs blanches ! Si les pieds sont globale- aestivalis, mais nous y sommes trop tôt. En ment en fin de floraison, quelques-uns outre, l’hybride G. odoratissisma x S. aesti- restent fort présentables, voire en milieu de valis aurait été observé là, entre autres par floraison. Et nous retrouvons (outre les Jean-Marc Corbeil, mais cette découverte autres plantes déjà citées en ce lieu) une demande confirmation. quinzaine de Malaxis monophyllos, cette fois en pleine floraison, dont un pied sur une por- tion de talus à nu, voisinant avec quelques Goodyera repens en boutons. Après la pause déjeuner, nous nous dirigeons vers le lac de Constance, non sans un nouvel arrêt impromptu à un passage de col (Hochtannbergpass, à 1 679 m d’altitude, au nord de Lech). Les pelouses aux abords sont également pâturées, mais nous voyons néanmoins de très nombreux Gentiana pur- purea et Veratrum album, côtoyant quelques orchidées vues au précédent col (plus Pseu- dorchis albida, ce qui m’incite à rechercher un ×Pseudorhiza, sait-on jamais…). Enfin, nous arrivons en fin d’après-midi sur la sta- tion à spiranthes déjà nommée, près de Karsee. Effectivement, en plus des orchi- dées déjà vues le 20 juin avec Alain, nous trouvons neuf pieds de Spiranthes aestivalis Pedicularis spectrum-carolinum en début de floraison (d’autres étant sans doute à venir). Ettal – 19 juin 2011

Cette deuxième escapade sitôt terminée, Qu’à cela ne tienne. Je propose une quin- nous pouvons déjà songer à la troisième : zaine de jours plus tard à mes « compères » ainsi, le dimanche 31 juillet en début de Bertrand Gerber et André Hasenfratz de matinée, je retrouve Claudine et Jean-Marc retourner entre Bavière et Tyrol, et de pas- Haas, Henri Mathé et Alain Pierné. Par ser au retour par cette station à spiranthes. l’autoroute allemande, nous nous dirigeons Donc, le mardi 5 juillet, nous démarrons aux vers le massif du Taunus. Au cœur de celui- aurores pour rejoindre le site de Stockach ci, entre Coblence et Wiesbaden, aux envi- précité. En chemin, nous faisons un arrêt rons de Katzenelnbogen (Land de Rhénanie- impromptu au Flexenpass (col à 1 773 m Palatinat), nous visitons une hêtraie calcaire d’altitude, au-dessus de la ville de Lech, du à environ 300 m d’altitude (prospectée en nom de la rivière passant aussi à Stockach), 2005 par un couple d’orchidophiles alle- où peu d’orchidées s’offrent à nous en cette mands, Katja et Uwe Grabner, que nous zone de pâtures. Parmi les Dactylorhiza remercions pour leurs indications), où Epi- alpestris (?), D. fuchsii, Gymnadenia conop- pactis peitzii est connu. Selon les auteurs, la sea, Listera ovata et Traunsteinera globosa, plante – autogame –, découverte et décrite nous voyons un pied de G. odoratissima aux récemment (1997), est également nommée E. fleurs presque blanches (avec des nuances leptochila var. peitzii (par P. Delforge en

22 2004), E. leptochila subsp. peitzii ou encore commence à voir ce jour-là), est composée E. muelleri var. peitzii. Nous trouvons une de petites feuilles, couvertes de papilles vingtaine d’exemplaires, croissant en pieds blanchâtres sur leur face supérieure isolés – ce qui est habituel –, dont l’allure (tournée vers le ciel). En France, où elle est générale fait plutôt penser à E. leptochila protégée sur le plan national, la plante (forme des feuilles, port des fleurs – photo semble avoir disparu (stations très ci-dessous), mais également à E. muelleri si anciennes ; une seule observation assez l’on examine de près le périanthe et le récente, en 1974). En Europe, elle est labelle. Quoi qu’il en soit, cette orchidée à l’unique représentante du genre Salvinia, floraison assez tardive (certains pieds sont comprenant une dizaine d’espèces (principa- encore largement en boutons) est connue lement sous les tropiques), toutes aquati- uniquement de ce secteur du Taunus. Nous ques. Hormis cette rareté, nous retrouvons voyons aussi à proximité quelques E. E. helleborine en fruits, le long du chemin purpurata (en boutons) et E. helleborine (en d’accès aux étangs (ainsi que de très nom- fruits), cotoyant Cephalanthera damasonium breux moustiques, particulièrement vora- (en fruits). ces !). L’heure étant avancée, nous rattra- pons l’autoroute du retour, non sans quelques difficultés d’approche sur ce réseau routier particulièrement dense ; heureusement, une grande et haute enseigne « Erotik » (!), repérée un peu plus tôt, nous remet dans le droit chemin, si j’ose dire.

Ainsi s’achèvent ces escapades germano- autrichiennes en trois temps. Puissent-elles donner des idées à nos amis orchidophiles, les distances restant raisonnables. Ainsi, au départ de Colmar, par l’autoroute suisse, la station à Malaxis monophyllos de Stockach se rejoint en 4 h 30 de route environ (sans compter les pauses), en respectant les limi- tations de vitesse cela va de soi.

* 60, rue de Honolulu, 88600 Bruyères.

Sitôt le déjeuner consommé, nous filons Références bibliographiques : vers le sud par l’autoroute. Quittant celle-ci, Delforge P. 2005. Guide des orchidées entre Mannheim et Karlsruhe, nous nous d’Europe, d’Afrique du Nord et du Proche- rapprochons du Rhin, aux environs de Orient, 3ème édition, Delachaux et Niestlé, Russheim (Rhénanie-Palatinat), dans une Paris, 640 p. réserve naturelle protégée (« Naturschutz- Fitter R. et al., 2007. Guide des fleurs gebiet » - NSG) dénommée « Russheimer sauvages, 7ème édition, version française Altrhein ». En ce milieu de zones humides Delachaux et Niestlé, Paris, 352 p. (déjà prospecté par Henri en 2004, avec Prelli R., 2002. Les fougères et plantes Pascal Holveck et Claude Jérôme) com- alliées de France et d’Europe occidentale, prenant notamment des étangs, nous voyons Belin, Paris, 432 p. en bordure de l’un d’eux une belle population Site internet (informations complémen- de Salvinia natans. Cette fougère flottant à taires pour Epipactis peitzii) du couple la surface de l’eau, sans véritables racines, à Grabner, en allemand : http://www.grabner- fructification globuleuse tardive (que l’on orchideen.com.

23 Escapades vosgiennes

Patrick Pitois *

Constatant que les Vosges (88) étaient Pour être complet, j’ai également pros- régulièrement citées dans plusieurs de mes pecté un autre fond humide vosgien le 2 juin, précédents articles, mais de manière dispa- à Girmont-Val-d’Ajol, près de Remiremont. rate, j’ai donc choisi de regrouper ici des Là aussi, D. incarnata était cité sous ré- observations personnelles d’orchidées faites serve, mais ma recherche n’a pas permis de exclusivement dans mon département confirmer sa présence, d’autant plus que le d’origine, à commencer par l’une des plus biotope ne m’a pas paru favorable à l’espèce. récentes, et non des moindres. En revanche, j’ai vu de nombreux D. maculata (en pleine floraison) et D. majalis (quasiment Le 3 mai 2011, André Hasenfratz, Alain défleuris), ainsi que Platanthera chlorantha Pierné et moi-même nous sommes rendus (en début de floraison) dans les prés voisins. dans une prairie humide ayant belle allure, située à Vomécourt (près de Rambervillers), Pour revenir au secteur de Rambervillers, où nous avons constaté la présence en nom- je suis allé, ce même 30 mai, sur une colline bre de Dactylorhiza majalis et d’Orchis calcaire dominant la ville, constituée de morio (dans les parties les plus sèches). Lors prairies et de vergers privés, afin de de ma deuxième visite le 30 mai suivant, j’ai compléter mes observations entamées d’abord vu quelques pieds de D. maculata. l’année précédente (2010). Là encore, quel Mais surtout, dans la partie la plus humide plaisir de voir aussi près de mon domicile, au (marécageuse) de la prairie, j’ai compté neuf fil de mes visites d’avril à juin, pas moins de pieds de ce qui était sans l’ombre d’un doute dix espèces d’orchidées : Anacamptis pyra- D. incarnata, cette observation confirmant midalis (très nombreux), Dactylorhiza ma- la découverte faite par Michel Stoecklin et culata (assez nombreux), Himantoglossum Christophe Aubry (Association FLORAINE) hircinum (assez nombreux), Listera ovata en juin 20101 et qui nous a conduit en ce lieu. (très nombreux), Ophrys apifera (une petite Voir cette espèce à une trentaine de population), O. fuciflora (assez nombreux) – kilomètres de chez moi m’a procuré un grand et quelques hybrides entre eux –, Orchis plaisir, d’autant plus qu’il semble bien s’agir anthropophora (deux pieds), O. mascula (as- de l’unique station actuellement connue du sez nombreux), O. militaris (six pieds) et département des Vosges (les années Platanthera bifolia (assez nombreux). Cerise passées, j’avais vu l’espèce notamment à sur le gâteau, j’ai également vu deux lusus Lorquin – 57 – et à Gambsheim – 67 –). Sinon, d’A. pyramidalis : le premier, découvert le 27 l’espèce est peu représentée dans les deux mai 2010, avait une hampe florale divisée sur départements lorrains voisins de la le haut (donc à «deux têtes » : observation Meurthe-et-Moselle (54) et de la Meuse déjà faite en 2006 à Gambsheim – photo ci- (55), mais est davantage présente dans le après) ; le second, trouvé le 23 mai 2011, quatrième département lorrain, la Moselle portait des fleurs toutes non résupinées, (57). donc aux labelles tournés vers le haut. Et sur une parcelle isolée (complètement dis- jointe de la colline précitée) de la même commune, j’ai pu voir fin mai 2009 de nom- 1 Willemetia n° 65, août 2010, « Le coin des breux D. majalis et surtout, un pied de Coe- découvertes ». loglossum viride (quelques pieds seulement

24 les bonnes années), dont c’est ici la seule camptis pyramidalis, Cephalanthera damaso- station connue de la plaine vosgienne (en nium, Neottia nidus-avis et Orchis militaris, montagne, la plante est connue uniquement à ainsi qu’Himantoglossum hircinum, Listera La Bresse – près de Gérardmer – sur le ver- ovata, Ophrys fuciflora et Platanthera bifo- sant lorrain du Hohneck). lia. Lors de ma première visite en 2005, j’avais également observé, dans un autre secteur de la même commune, d’assez nom- breux Dactylorhiza maculata (côtoyant les espèces précitées, sauf O. militaris).

Un peu plus loin vers l’ouest, près de Neufchâteau, dans l’ancienne carrière de Coussey (gérée par le CSL), j’ai découvert en mai puis juin 2008 un site hébergeant une très importante population d’Epipactis atro- rubens et de nombreux A. pyramidalis, Gym- nadenia conopsea, E. helleborine, Listera ovata et Ophrys insectifera. S’y ajoutent, en plus petite quantité, Cephalanthera damaso- nium, C. rubra, D. maculata, H. hircinum, O. apifera et O. fuciflora (et l’hybride entre ces deux derniers). Mais surtout, j’ai pu admirer le 16 juin 2008 un probable hybride (rare) entre A. pyramidalis et G. conopsea 2 (×Gymnanacamptis anacamptis) , non revu Plus près encore de chez moi, se trouve la depuis. Parmi les centaines d’E. atrorubens, prairie humide communale du Fihis à Biffon- un lusus rosea a été observé en boutons par taine, gérée par le CSL. Découvrant le site Jean-Christophe Ragué (CSL) fin mai 2006, en mai 2007, j’y ai observé une petite popu- mais n’a pas été revu depuis, ni en boutons, lation d’Orchis morio et, parmi les très ni fleuri ; pour ma part, j’ai vu plusieurs nombreux Dactylorhiza majalis, un pied à pieds aux feuilles et aux tiges très violacés fleurs blanches (var. alba, assez rare), revu et, le 27 juin 2011, un pied hypochrome. les deux années suivantes. S’y ajoutent D. Assez proche de Coussey, sur la commune maculata (et quelques hybrides avec D. ma- de Villouxel, se trouve l’unique station lor- jalis), ainsi que Platanthera bifolia. D’autres raine connue (une autre observation sur la prairies humides explorées en mai 2008 et commune voisine de Pargny-sous-Mureau 2009 à Brouvelieures et Vervezelle (près de attend confirmation) de Gymnadenia odora- Bruyères) m’ont permis de voir des popula- tissima, dont une trentaine de pieds côtoie tions importantes de D. majalis (dont un pied de nombreux G. conopsea (et des plantes aux fleurs d’un rose très pâle) et O. morio, intermédiaires), ainsi qu’Epipactis palustris. plus quelques pieds de Listera ovata et O. Toujours dans le secteur de Neufchâ- mascula. teau, deux pelouses calcaires gérées par le CSL présentent aussi de l’intérêt : sur la Dans l’ouest vosgien, si la recherche de première, dite du Potelon, à Attignéville, j’ai Cypripedium calceolus avec Alain Pierné le vu en juin 2005 de nombreux A. pyramidalis, 22 mai 2011 à Domjulien (entre Mirecourt et dont quelques pieds de la var. alba. Sur la se- Vittel), où la plante aurait été observée il y a quelques années par un agent ONF, s’est 2 P. Pitois, 2009.- « Découvertes 2008 », Bull. de avérée vaine, nous avons néanmoins pu voir la SFO-LA 6 : 7-9. (en sous-bois et pelouses) de nombreux Ana-

25 conde, dite du Coteau de la rivière, à Auti- (c’est presque un pléonasme !) ayant des gny-la-Tour, le 1er mai 2010, j’ai observé de allures de D. wirtgenii (lui-même taxon sujet très nombreux Orchis morio (dont, là aussi, à controverses), vu dans le département quelques pieds de la var. alba). voisin de la Haute-Marne (52), à Germaines. Sur ce coteau, Dactylorhiza sambucina a été Sur la même station, deux autres Dactylor- vu il y a quelques années par Monique hiza viennent jouer les « trouble-fête » (il y Guesné, mais il s’agit probablement d’une a de l’introgression dans l’air !), D. maculata implantation « accidentelle » (ou d’une ten- et D. majalis. tative d’introduction ?), la plante n’ayant pas été revue depuis (ma recherche de ce 1er mai Une autre tourbière à La Bresse héberge, n’a rien donné, bien qu’en ayant la localisation elle, un véritable « trésor », Hammarbya exacte), en ce milieu à priori peu favorable à paludosa (très rare en France et protégé sur l’espèce. Les autres orchidées recensées le plan national). Mais depuis sa redécou- plus tard dans la saison sur ce site sont Hi- verte en 2000 (une centaine de pieds alors) mantoglossum hircinum, Ophrys aranifera (= par Henri Mathé et Alain Pierné, cette sphegodes, à confirmer), O. fuciflora, O. plante minuscule régresse d’année en année, insectifera, Orchis anthropophora, O. mili- le milieu se refermant. De plus, la station taris et O. morio. extrêmement fragile souffre de son piéti- nement excessif par de prétendus botanis- Aux confins sud-ouest du département, à tes amateurs de raretés. Lors d’une visite Lironcourt, on peut visiter l’unique station début août 2010, dans le seul espoir (resté connue à ce jour de Spiranthes spiralis en vain) de trouver l’espèce en des zones plus Lorraine (dans la station de Bitche – 57 – ouvertes de la tourbière, je n’ai pu que cons- l’apparition de l’espèce est aléatoire, avec tater au passage les dégâts occasionnés : les deux pieds trouvés en août 2005, non revus deux seuls pieds que j’ai vus étaient dé- depuis). Depuis sa découverte en octobre truits, manifestement à la suite d’une re- 2005 (fructifiée) par Jean-Christophe cherche aussi vaine qu’obstinée menée dans Ragué et Didier Arseguel (CSL, gestionnaire les jours précédents par un petit groupe du site, propriété communale), la plante s’est d’« orchidophiles ». Donc, de grâce, laissons avérée très présente, puisque les bonnes l’endroit retrouver sa tranquillité, d’autant années, environ 300 pieds sont observables plus nécessaire qu’il s’agit de l’unique station (pour ma part, j’en ai compté 285 fin août actuellement connue du massif vosgien (tous 2007). Plus tôt dans la saison, la même départements confondus), et même du Grand station contient Anacamptis pyramidalis, Est : les seules autres stations connues en Gymnadenia conopsea, Himantoglossum France sont situées vers le Massif central hircinum, Ophrys apifera, O. fuciflora, ou le Massif armoricain. De surcroît, il serait Orchis anthropophora, O. militaris (plus leur utile à mon sens d’y remettre en place un hybride), O. morio et O. purpurea (soit dix pâturage bovin (pratiqué à proximité), de espèces en tout). Notons encore qu’en cette manière raisonnée cela va de soi, afin de année 2011, les spiranthes étaient précoces, rouvrir le milieu. puisque j’en ai dénombré une cinquantaine (de début à milieu de floraison) le 4 août. Deux belles stations à Corallorrhiza tri- fida (plus une troisième à La Bresse, les Les Hautes-Vosges, toujours dans le seules actuellement connues en Lorraine) même département, apportent aussi leur lot méritent également le détour dans le dépar- de richesses aux orchidophiles. Ainsi, la tement des Vosges : la première, sur les tourbière de Jemnaufaing à Rochesson (gé- hauteurs de Gérardmer, gérée par le CSL, rée par le CSL), près de Gérardmer, que j’ai en héberge une centaine de pieds les bonnes découverte début juin 2007, recèle une po- années (un peu plus de cent pieds comptés le pulation de Dactylorhiza « problématiques » 31 mai 2011, malgré la sécheresse générali-

26 sée), côtoyant Dactylorhiza maculata, au Références bibliographiques : moins aussi nombreux. La seconde, sur les Bournerias M., Prat D. et al. (collectif de hauteurs de Rochesson, en forêt de Noire- la Société Française d’Orchidophilie), 2005. goutte, contient pas loin de 150 pieds (j’en ai Les Orchidées de France, Belgique et compté plus de 130 le 12 juin 2008) les bon- Luxembourg, 2ème édition. Biotope (collection nes années, dont un nouveau lusus à triple Parthénope), Mèze, 504 p. labelle déniché par Laurent Godé, du Parc Ferrez Y. & al., 2001. Atlas des plantes Naturel Régional de Lorraine, le 30 mai 2011 rares ou protégées de France-Comté. So- (après les trois découverts le 5 juin 2005 à ciété d’Horticulture du Doubs et des amis du Orbey – 68 – lors d’une sortie SFO-LA). Ob- Jardin botanique. Naturalia Publications, servons ici que dans cette même forêt de Turriers, 310 p. Noiregoutte, Epipogium aphyllum a été ob- Muller S., 2006. Les Plantes protégées de servé vers la fin du XIXème siècle, mais n’a Lorraine – Distribution, écologie et pas été revu depuis. Mes recherches per- conservation. Biotope (collection Parthé- sonnelles, ces dernières années, en plusieurs nope), Mèze, 376 p. endroits à priori favorables de la forêt (y Prelli R., 2002. Les fougères et plantes compris, plus tard dans la saison, sur la sta- alliées de France et d’Europe occidentale. tion à C. trifida de Rochesson) sont restées Belin, Paris, 432 p. vaines à ce jour. Le même E. aphyllum aurait été trouvé à Xonrupt-Longemer par Jean- Marc Corbeil en 2001, mais en l’absence de photos et les recherches ultérieures étant restées vaines, cette « découverte » attend toujours une confirmation.

Ainsi s’achève cette évocation (partielle !) des richesses orchidologiques du départe- ment des Vosges. Et bien qu’ayant passé sous silence le reste de la flore vosgienne, je ne résiste pas au plaisir de citer une fougère, Polystichum braunii. Cette espèce très rare en France, protégée sur le plan national, est connue uniquement en Midi-Pyrénées (Ariège – 09 – et Haute-Garonne – 31 –) et dans nos Lusus de Corallorrhiza trifida, proches départements des Vosges, de la Rochesson 30 mai 2011 Haute-Saône (70) et du Haut-Rhin (68, dé- couverte récente). Ainsi, j’ai pu observer la ph. Laurent Godé, PNR Lorraine plante le 27 septembre 2008, avec Alain Pierné, en deux stations situées à Saint- Maurice-sur-Moselle, versant vosgien du Voir également, en page 39 : Ballon d’Alsace. Epipactis atrorubens lusus rosea, Coussey, 23 mai 2006 (photo Jean-Christophe Ragué, * 60, rue de Honolulu, 88600 Bruyères. CSL)

27 Sortie du 1er mai 2011

Patrick Pitois *

À Madeleine Selig1 impeccablement autour des plantes), nous pouvons admirer cette année de nombreux En ce dimanche 1er mai, sous un soleil Himantoglossum hircinum (Orchis bouc) et bienveillant, quatorze orchidophiles se re- Ophrys fuciflora (Ophrys bourdon) bien trouvent en milieu de matinée au parking de fleuris, cette deuxième espèce formant la nécropole de Sigolsheim (68), point de parfois de belles touffes, pour la plus départ de cette sortie programmée pour la grande joie des photographes. journée. D’emblée, une première bonne sur- Après cette mise en bouche, nous nous prise nous attend, mitonnée par l’un des rendons derrière la nécropole, sur l’une des participants, Robert Selig. Peu auparavant, parcelles de la colline de Sigolsheim gérée celui-ci est parvenu, avec l’aide d’un ami pho- par le Conservatoire des Sites Alsaciens tographe naturaliste, Charles Metz, à sen- (CSA). Outre les deux orchidées déjà citées, sibiliser la personne chargée de l’entretien une belle population d’Orchis simia (Orchis de ce cimetière militaire national (géré par singe) s’offre à nos yeux. Si plusieurs pieds le Ministère de la Défense et des Anciens sont déjà passés, car ayant démarré leur Combattants), à propos des orchidées pous- croissance avec une quinzaine de jours sant en son enceinte, entre les rangées de d’avance par rapport aux dates habituelles pierres tombales. Jusqu’à l’an dernier en- (je reviendrai plus loin sur ce phénomène), core, la pelouse était tondue au « sabot d’autres sont en pleine floraison et en par- deux »2 (ceux parmi les lecteurs ayant fait état. Peu après, en bordure d’un chemin effectué leur service militaire national, au carrossable, Alain Pierné – mon « copilote » temps où il était obligatoire, comprendront pour cette sortie, que je remercie pour sa l’expression), les orchidées susceptibles de relecture attentive du présent article – pousser là n’ayant donc aucune chance. Grâce attire notre attention sur plusieurs touffes à l’intervention de Robert, et avec l’aimable d’Isatis tinctoria (autrefois utilisé en collaboration de la personne entretenant les teinture, d’où son nom scientifique ; nom lieux (que l’on peut féliciter d’avoir réalisé là commun : Pastel des teinturiers), de la fa- un véritable travail d’orfèvre, en tondant mille des Brassicaceae. Puis nous nous diri- geons au nord-ouest, vers la partie fores- 1 Le présent article est dédié à Madeleine, tière de ce qui est dénommé « Mont de Si- décédée le 28 décembre 2010, épouse de Robert SELIG, présent à cette sortie. golsheim » – alt. 402 m – sur les cartes au 2 L’expression « sabot deux » se réfère à la tonte 1/25 000 de l’IGN (Institut Géographique incontournable de la chevelure (parfois bien National). fournie) des appelés au service militaire En chemin, nous visitons deux autres par- obligatoire (suspendu depuis 1997), dans les premiers jours de leur incorporation. Le rasoir celles gérées par le CSA. La première hé- électrique utilisé, muni d’un sabot, recouvre les berge au début de la saison une petite po- ciseaux et « calibre » une coupe impeccable, ne pulation d’Ophrys araneola (Ophrys petite laissant dépasser que deux millimètres de cheveux (ou trois avec un « sabot trois », etc.) araignée), normalement en pleine floraison sur le crâne des conscrits. vers les 15-20 avril, dont un pied a encore un

28 fleuron sommital présentable. L’hybride de être complet, il subsiste au cœur de la cette espèce avec O. fuciflora est égale- réserve un « exclos » (parcelle ment observé. Ajoutons-y une autre petite expérimentale), mais où la petite population population, cette fois de Dictamnus albus de ces deux orchidées me paraît diminuer (Fraxinelle), genre monospécifique de la d’année en année. famille des Rutaceae, protégé régionale- Cette parenthèse refermée, passée la ment. Après avoir remarqué en passant les petite déception du jour, nous parvenons à nombreuses feuilles de Gymnadenia conopsea l’orée de la forêt sommitale de chênes pu- (Orchis moucheron) à venir, dont un pied bescents (Quercus pubescens), chênes avec son inflorescence en boutons, la subméditerranéens des versants ensoleillés seconde parcelle ne présente aucun intérêt, calcaires : pour commencer, à l’ombre de l’un en raison d’une végétation envahissante, d’eux, nous attend à nouveau O. simia. Quel- composée notamment des nombreux rejets ques dizaines de mètres plus loin, parmi les d’arbres avoisinants et du tapis de Geranium pieds types de cette espèce, trois de la var. sanguineum (Géranium sanguin). Ce dernier alba ont été vus en 20104, mais aucun n’est est certes « esthétique » lorsqu’il est fleuri, réapparu cette année. En s’enfonçant davan- mais il « s’installe » rapidement et son tage dans la forêt, par un sentier étroit de feuillage étouffe malheureusement d’autres plus en plus embroussaillé au fil des ans plantes connues auparavant en nombre sur la (comme l’ensemble de ces bois), et donc colline de Sigolsheim. Ainsi, en dépit des obligatoirement en file indienne, nous obser- nombreuses paires d’yeux scrutant le ter- vons quelques autres pieds de cette orchi- rain, aucun Ophrys insectifera (Ophrys mou- dée. Là nous attend également la deuxième che) ne peut être déniché, alors qu’il est bonne surprise de la journée : en tête de censé être visible sur ladite parcelle à cette colonne, nous débusquons, à moins de deux période. Soit dit en passant, le même phé- mètres en retrait du sentier, un reptile bien nomène d’embroussaillement peut être cons- connu sur la colline de Sigolsheim5 (outre le taté plus avant dans la saison, sur les crêtes célèbre lézard vert occidental, Lacerta bili- vosgiennes, notamment dans la réserve natu- neata, protégé régionalement), une coronelle relle du Tanet-Gazon du Faing (88), où les lisse (Coronella austriaca) enroulée sous un « collègues » de ce géranium, tout aussi es- rayon de soleil perçant la « canopée ». Le thétiques mais invasifs, se nomment là – silence et l’absence de tout mouvement entre autres – Calluna vulgaris (Callune) et brusque étant immédiatement requis, les Vaccinium myrtillus (Myrtille commune, plus proches du reptile profitent de son connue également sous l’appellation régionale immobilité pendant une longue minute (l’un de « brimbelle »), lesquels ne laissent aucune de nous, Daniel Danzer, le filme au cames- chance de survie aux nombreux Dactylorhiza cope ; en revanche, aucun appareil photo maculata (Orchis tacheté) et Pseudorchis albida (Orchis miel) autrefois présents en Pseudorchis albida) dans les Hautes-Vosges 3 ces lieux (bruniana , où te caches-tu ?). Pour (France) ». L’Orchidophile 183 : 269-278 (1ère partie) et 184 : 31-41 (2nde partie). 4 P. Pitois, 2010.- « La saison du blanc ». Bull. de la 3 ×Pseudorhiza bruniana est l’hybride entre ces SFO-LA 8 : 14-15. deux espèces. Lire, entre autres : A. Pierné & al., 5 Y. Sell & al., 1998.- L’Alsace et les Vosges – 2009-2010.- « Suivi d’une population de l’hybride Géologie, milieux naturels, flore et faune. ×Pseudorhiza bruniana (= Dactylorhiza maculata × Delachaux et Niestlé, Paris, 352 p.

29 n’est à portée de main), avant qu’il ne ré- m, point convergent de trois communes), agisse enfin à notre présence et ne se dé- dominant la vallée de Munster (68) et hé- place dans les taillis, nous permettant de bergeant une importante population de Dac- constater qu’il mesure largement plus d’un tylorhiza sambucina (Orchis sureau) – exclu- mètre. Après cette heureuse rencontre – sivement à fleurs jaunes –, dont l’essentiel peut-être pas au goût de tous, mais ce rep- est sur la commune de Soultzbach-les-Bains tile, habituellement très discret (de sur- (68). Mais l’avance générale des floraisons croît, rare et protégé nationalement), ne se de quinze jours, déjà évoquée plus haut, a laisse pas facilement observer –, nous sor- fait que les plantes se trouvaient au mieux tons de la forêt et retournons tranquille- de leur forme vers le quinze avril, alors qu’à ment vers le parking de la nécropole, par l’un la date habituellement normale de ce 1er mai, des chemins carrossables d’accès, voyant au elles étaient complètement « grillées », d’où passage de nouveaux H. hircinum et O. simia. la décision prise quasiment en dernière mi- Midi ayant largement sonné, nous nous nute, de remplacer cette visite par celle du installons alors sur un coin de pelouse à côté Grasberg. J’avais un instant songé, comme des voitures, pour pique-niquer, de manière solution alternative, aux D. sambucina d’une royale (pas besoin pour cela d’être allé à station (où l’on peut voir, contrairement au Buckingham Palace deux jours auparavant, au Stauffen, également des pieds à fleurs rou- mariage de « Kate » et « Willy ») : un nou- ges) en contrebas du Grand Ballon, point veau venu au sein de la SFO-LA résidant culminant – 1 424 m – du massif vosgien. Une dans le secteur, Guy Thomas, nous sort de sa visite que j’y ai faite une dizaine de jours camionnette deux tables et des bancs, auparavant a ruiné cet espoir : les plantes excusez du peu ! J’en profite pour débou- avaient également démarré leur floraison cher une bouteille de blanc d’Arbois (j’aurais une quinzaine de jours plus tôt qu’en temps pu aussi choisir un vin d’Alsace, mais comme normal et étaient quasiment toutes j’apprécie tout autant les vins du Jura, et « grillées » elles aussi, sous l’effet conjugué histoire de taquiner un peu nos amis alsa- du froid au petit jour (avec des gelées blan- ciens, majoritairement présents…), pour ches) la semaine ayant précédé ma visite, et arroser dignement ce 1er mai qui se trouve du temps exceptionnellement chaud et sec être mon jour anniversaire. constaté depuis de nombreuses semaines Après cette pause déjeuner, nous repre- avant la sortie, responsable de cette préco- nons les véhicules pour nous déplacer vers la cité (le traditionnel muguet – Convallaria seconde colline à orchidées de la journée, majalis – du 1er mai avait lui-aussi commencé celle du Grasberg (au sommet de laquelle – à fleurir bien plus tôt). alt. 341 m – se trouve un autre cimetière Arrivés donc au Grasberg (également en militaire, allemand celui-là), située à une partie géré par le CSA), je laisse Alain nous douzaine de kilomètres de Sigolsheim et piloter, car il connaît mieux que moi les lieux partagée entre les communes de Bergheim et y a effectué dans les jours précédents et de Rorschwihr, au nord-est de Ribeauvillé une reconnaissance. Après avoir admiré, (toujours dans le département du Haut- devant la place de parking, une petite popu- Rhin). Le programme initial de la sortie, ou- lation d’Orobanche sp. (famille des Oroban- tre la colline de Sigolsheim, prévoyait une chaceae), nous profitons dans une parcelle visite vers le sommet du Stauffen (alt. 898 en sous-bois clair des nombreux pieds bien

30 fleuris, en avance comme il se doit, de Ce- Ainsi se conclut cette belle journée phalanthera damasonium (Céphalanthère à (l’orage qui a couvé dans le lointain depuis le grandes fleurs). Puis, après avoir aperçu à matin, semble décidé à éclater vers la Forêt nouveau la fraxinelle déjà nommée (à quasi- Noire et les crêtes vosgiennes), au terme de ment une centaine de mètres sous le sen- laquelle les participants restés se séparent, tier) et vainement recherché sur le versant repus mais prêts à en découdre de nouveau sud Orchis anthropophora (Orchis homme en « Orchidoland ». J’ai dit repus ? Assuré- pendu) connu ici, mais ayant souffert du ment non pour notre sympathique couple même embroussaillement constaté à Sigols- venu de sa lointaine contrée d’Argonne (par- heim, nous pouvons voir néanmoins de nom- tie Lorraine, département de la Meuse), breux pieds d’O. militaris (Orchis militaire), Martine et Daniel Danzer. Ils ont l’habitude, dont une forme alba (peu fréquente, der- vu le déplacement conséquent qu’ils ont à nière bonne surprise de la journée) et quel- faire pour venir en Alsace ou dans les ques rares pieds (toujours à cause de la vé- Hautes-Vosges, de rester deux jours sur gétation invasive) d’O. fuciflora. S’y ajoutent place. Comme ils prennent la route du retour une poignée d’Orchis morio (Orchis bouffon) le lendemain lundi, nous les invitons à aller encore en bon état – ils fleurissent habi- découvrir en matinée la forêt d’Heiteren tuellement assez tôt dans la saison – et plu- (68), proche de leur lieu d’hébergement, sieurs Coeloglossum viride (Orchis gre- propriété du Consistoire protestant de nouille) en boutons ou en début de floraison Colmar (y compris plusieurs clairières (que nous n’aurions pas vu une année normale, steppiques gérées par le CSA). De nombreux à cette date). Orchis purpurea (Orchis pourpre) et O. La visite au Grasberg achevée, plusieurs simia – et quatre hybrides entre eux (Orchis membres du groupe nous quittent. Ceux res- ×angusticruris), repérés les jours précé- tés (dont l’auteur), toujours sous la conduite dents par d’autres « mordus » – les y atten- d’Alain, se rendent dans une prairie humide dent, ainsi que la fraxinelle. Mais surtout, (presque sèche en l’occurrence) elle aussi est là présent le rare Adonis vernalis gérée par le CSA, située sur la commune de (Adonis de printemps, de la famille des Ra- Bergheim, mais au-delà de la voie rapide nunculaceae), protégé régionalement, dont (N83) allant vers Sélestat (67), donc quasi- c’est la seule station connue d’Alsace (la ment à la limite départementale avec le Bas- plante est alors en fruits, car fleurissant Rhin. Ici, une importante population de Ge- plus tôt dans la saison). Nous leur communi- ranium palustre (Géranium des marais, pro- quons bien entendu toutes informations uti- tégé régionalement) s’offre au regard, ayant les (P.-S. : Daniel, la forêt est vaste, n’oublie vaillamment résisté à la sécheresse, contrai- pas la laisse ! – les lecteurs « initiés » com- rement à Dactylorhiza majalis (Orchis de prendront). mai), assez présent ici habituellement, mais dont deux pieds seulement sont trouvés (l’un * 60, rue de Honolulu, 88600 BRUYERES. ayant triste mine). Précisons que le site est géré surtout pour un papillon rare, Maculinea Voir photos de Guy Thomas en page 39. teleius (Azuré de la sanguisorbe), protégé au niveau national.

31 Abbé Georges Jeanbourquin (1904 – 1996) Un orchidophile passioné

Christophe Boillat *

1. Introduction village et celui-ci répondit : « C’est une orchi- dée ! Qu’as-tu fait mon ami ? Il ne fallait pas la Ecrire une biographie au sujet de l’abbé cueillir. Les orchidées sont les plus belles Georges Jeanbourquin est pour moi un plaisir fleurs. »2 qui ravive de beaux et bons souvenirs. En effet, Il passa le début de sa scolarité dans son vil- l’ayant côtoyé à quelques occasions dans sa mai- lage natal. Puis il partit au collège Montalem- son de Saint-Brais, je garde toujours de lui le bert à Maîche où il se rendait à pied à chaque côté attachant et passionné d’un homme qui a rentrée scolaire (environ 25 km). Il commença aimé la nature et qui désirait transmettre sa ses études en vue de la prêtrise au collège de flamme pour son amour des orchidées. St-Maurice en Valais. Il quitta St-Maurice pour En cherchant un peu sur Internet et ailleurs, Fribourg, où il fit sa théologie (1926 - 1929) et j’ai très vite remarqué, que quasiment rien à Lucerne (1929 - 1930), termina à Soleure n’avait été écrit sur sa vie. Cela a été d’autant (1930 – 1931) où il fut ordonné prêtre le 5 juil- plus intéressant et passionnant pour moi de let 1931. Il célèbra sa Première Messe le 12 chercher et de glaner des renseignements rela- juillet 1931 dans son village natal des Bois en tant la vie de notre abbé des orchidées. Avec l’église paroissiale. l’aide de son neveu Maxime, j’ai pu récolter avec Les postes paroissiaux qu’il occupa sont les sui- précision tout ce qui touchait à sa biographie. vants : vicaire à Porrentruy (1931 – 1938), curé C’est la première partie de cet article. Dans un à Saint-Brais (1938 – 1952), puis Develier (1952 second temps, j’aborde ce qui faisait vivre – 1968) et pour terminer à Bourrignon (1968 – notre homme avec son ministère presbytéral et 1973). ses violons d’Ingres. Il s’est avéré intéressant Il prit sa retraite en 1973, et s’installa dès lors d’inventorier et de comparer l’orchidoflore de sur les hauts de Saint-Brais3 où il se construisit notre canton au travers des deux ouvrages que une petite maison avec un jardin toujours bien notre auteur à écrit en les mettant en réso- fleuri et une serre pour y cultiver quelques nance avec deux autres livres contemporains de orchidées. la vie de l’abbé. Je termine par quelques anec- dotes qui ne manquent pas de saveurs, de par- 3. Ses amours fums et de couleurs tout orchidophiles. Peut-on qualifier l’abbé Jeanbourquin d’huma- 2. Biographie1 niste ? Aux vues de ses nombreuses activités, il nous est possible de répondre par l’affirmative Georges Jeanbourquin, fils d’Alcide et de Ma- à cette question. Il faut savoir également qu’à rie-Dionyse Froideveaux, est né le 24 mai 1904 l’époque où l’abbé exerçait son ministère, dans dans le petit village des Franches-Montagnes les paroisses où il fut envoyé, le prêtre était dénommé Les Bois. Il est le fils aîné de la fa- une personnalité au village. De ce fait, notre mille, ses frères et sœurs sont : Elisabeth, abbé toucha à tout, ce qui devait sans aucun Ernest, Rémy et Joseph. Ses parents étaient doute lui plaire. agriculteurs. C’est au mois de mai 1912 que Il est connu pour avoir fait du théâtre et écrit notre abbé, alors encore enfant, découvrit sa une pièce, intitulée « Photo-radar », qui est une première orchidée à l’épi presque noir. Il l’emmena pour la présenter à l’instituteur du 2 Captivantes orchidées, Abbé Georges Jeanbourquin, p. 13 3 Ces notes historiques sont tirées d’entretiens avec 1 Les indications biographiques sont dues à l’aimable dé- Maxime Jeanbourquin et de : vouement de Maxime Jeanbourquin, neveu de l’abbé. Je le http://www.diju.ch/f/notices/detail/2900/Georges+Jeanb remercie par la même occasion, de son aide précieuse. ourquin 32 comédie en un acte (1951). Précédemment, et sa collection d’orchidées exotiques. Dans le (1938), il avait composé une autre pièce en trois village de Saint-Brais, où il demeura dès sa tableaux avec chants : « Le mystère de Noël ». retraite, il était possible d’admirer ses orchi- Gymnaste avéré et moniteur, il fut nommé dées dans la serre construite de ses propres membre d’honneur de la SFG4 Les Bois en 1938. mains. Dans le jardin attenant à sa petite mai- Il était également philatéliste et c’est là qu’il son, nous pouvions y découvrir, certes, un jardin exerçait sa minutie. Grand amateur de musique, potager, mais le plus admirable à ses yeux, il aimait jouer du piano et de l’orgue. Mais cela c’étaient les plantes de notre contrée qu’il avait ne s’arrêtait pas uniquement à jouer de ces réussi à faire pousser dans des biotopes amé- instruments. Il avait également pris le temps de nagés. Un petit étang de ce côté-là pour les composer « Salve Regina » (messe à quatre voix plantes des marais, une rocaille pour des mixtes avec orgue / 1947), motets religieux à plantes plus xérophiles de ce côté-ci, un petit quatre voix mixtes (1949). Pour la petite his- talus séchard pour quelques orchidées, quelques toire, c’est l’abbé Jeanbourquin, curé de St- arbres pour apporter un peu d’ombre et créer Brais, qui forma en 1938 un chœur d’enfants un milieu forestier. Il était membre des socié- « La Schola ». Devenus grands, ces enfants tés d’orchidophiles suisse, française et alle- vinrent renforcer le chœur d’hommes qui ne mande. comptait guère qu’une dizaine de chanteurs. Le Chœur Sainte-Cécile de Saint-Brais, dirigé 4. Contribution à la connaissance de jusqu’en 1952 par l’abbé Jeanbourquin, était né !5 l’orchidoflore du Jura suisse Toujours dans la paroisse de Saint-Brais, il construisit la chapelle dédiée à Notre-Dame du L’abbé G. Jeanbourquin s’est beaucoup promené Vernois ; il se fit maçon et charpentier. Lors de pour rechercher les orchidées de notre région son ministère dans la paroisse de Develier, il jurassienne. Au gré de son ministère presbyté- mit en œuvre la réfection de l’église paroissiale. ral qui l’a conduit en Ajoie, aux Franches- Avec ce chantier, des fouilles furent effec- Montagnes, dans la vallée de Delémont, il a pu tuées dans l’enceinte de l’église auxquelles ainsi circuler au travers du pays pour approcher notre abbé contribua. A la suite de cela, il écri- ces magnifiques fleurs. Ce parcours serait in- vit un petit opuscule sur l’histoire de l’église de complet si nous omettions les crêtes du Chas- Develier.6 Autres passions qui l’animaient, seral, ainsi que le Clos du Doubs. Pour se rendre c’étaient le goût de la sculpture sur bois et les compte de sa contribution à la connaissance de travaux de menuiserie. Mais avant tout, c’était l’orchidoflore du Jura, au travers de ses deux un homme de la nature. Apiculteur à ses heures, livres, il nous est nécessaire de prendre en con- le violon d’Ingres qui lui réchauffait le plus son sidération deux autres ouvrages écrits, l’un en cœur a été la botanique. Mentionné ci-dessus, 1933 (Flore de Porrentruy / Jules Bourquin) et c’est très tôt qu’il fut intéressé par les fleurs l’autre en 1970 (Répertoire des plantes vascu- et le règne végétal. Ayant écrit deux ouvrages laires du Jura bernois / Charles Krähenbül).7 Le sur les orchidées du Jura (Cf. bibliographie), il tableau donné en annexe nous permettra de aimait, par la même occasion, photographier les percevoir les confirmations de présence et plantes qu’il rencontrait accompagné par son l’apport orchidologique auxquels il a participé chien « Philos ». Aujourd’hui toutes ces diaposi- activement. tives sont entreposées au Musée d’Histoire Naturelle de Porrentruy. Attenant au Musée de Porrentruy, nous pouvons visiter le jardin bota- Je commencerai par trois remarques préalables nique et ses serres. Dans ces dernières, nous au sujet du tableau : pouvons encore admirer sa collection de cactus - Dans les ouvrages mentionnés la nomenclature varie. C’est pour cela que la liste des espèces présentées est tirée de la nomenclature de 4 Société Fédérale de Gymnastique l’association AGEO, association qui cartographie 5 Bulletin Paroissial N° 25, octobre 2007 / Doyenné des Franches-Montagnes. les orchidées suisses (Cf. sites Internet). 6 Develier et son église, Abbé Georges Jeanbourquin, Ed : Le Pays, 1995. 7 Cf. bibliographie. 33 - En face de certains taxons des « ? » expri- Mon frère Vincent et moi avons quelques perles ment le doute quant à la détermination des ces du caractère truculent, pittoresque et bien plantes et/ou certains de ces taxons n’étaient trempé de l’abbé des orchidées. C’est d’ailleurs pas encore répertoriés lors de la parution des sous ce vocable qu’il aimait qu’on le surnomme. ouvrages mentionnés. C’était lors d’une visite de courtoisie dans sa - Le total de quarante-huit (48) est la somme petite maison de St-Brais, que nous faisions en de tous les taxons d’orchidées découverts par général entre Noël et Nouvel An. Nous prenions ces trois botanistes (Bourquin J., Krähenbühl C. toujours le temps de préparer quelques diapos et Jeanbourqin G.). des découvertes que nous avions faites durant l’année écoulée. Cette année-là, nous présen- En observant le tableau, ce qui saute au regard, tions quelques photos de notre séjour en Corse. c’est l’augmentation des découvertes faites par L’écran posé par ses soins et le projecteur l’abbé entre la parution de son premier ouvrage branché, nous pouvions commencer. A la pre- et son second opuscule. Nous passons de vingt- mière diapo, il ne pouvait s’empêcher de faire cinq à trente-sept espèces. Une autre consta- une remarque. Aux diapos suivantes, il se levait, tation intéressante, c’est le fait qu’il confirme se mettait à côté de l’écran et expliquait, ar- la présence de certaines espèces au cours des gumentait ! Après chaque commentaire, il venait années, citées dans les livres de Bourquin et se rasseoir et continuait de discuter. Mais dès Krähenbühl. Nous retrouvons vingt-deux es- que la diapo suivante apparaissait à l’écran, il se pèces communes découvertes et mentionnées relevait aussitôt, et continuait ses explica- dans ces quatre ouvrages. Aujourd’hui nous les tions : « Tu vois, Christophe, là, le cadrage est retrouvons encore sur le terrain, et c’est ré- bon ; tu as bien réussi. » ou encore « C’est re- jouissant. L’abbé Jeanbourquin découvre deux grettable d’avoir cadré ta photo ainsi, j’aurais espèces d’Epipactis, E. leptochila et E. muelleri. fait plutôt ainsi. » A chaque diapositive un C’est d’ailleurs aujourd’hui pour l’une d’entre commentaire fusait. Donc pendant toute la pro- elle, Epipactis muelleri, une plante relativement jection, il faisait le va-et-vient entre sa chaise rare8. Je termine par une plante que l’abbé ne et l’écran. Ce qui est également important de mentionne pas : il s’agit de Pseudorchis albida. savoir, c’est qu’il n’avait jamais vu la plupart des En effet, nous trouvons dans le second ouvrage orchidées que nous lui présentions (en l’occur- de l’abbé, en pages 210-213, des photographies rence celles de Corse). Il ne les connaissait de Nigritella nigra 9, ces plantes côtoyant Pseu- qu’au travers d’ouvrages et de revues de dorchis albida sur la crête du Chasseral. C’est l'époque (1990) mais les reconnaissaient toutes surprenant qu’il ne l’aie pas trouvé. Aujourd’hui sans aucune hésitation. au Chasseral nous pouvons trouver deux nigri- Au terme de la projection, il allait chercher une telles, N. austriaca et N. rhellicani, qui bonne bouteille de vin et quelques biscuits secs, n'étaient pas séparées à l'époque et que l'on nommés « tampons » par notre hôte, qu’il nous nommait indifféremment Nigritella nigra, ainsi invitait à grignoter entre deux gorgées de vin. que Dactylorhiza fuchsii, Gymnadenia conopsea, Et là, les discussions allaient bon train sur les Orchis mascula, Platanthera bifolia et cloran- orchidées de notre Jura suisse. Lors de ces tha, Traunsteinera globosa mais aussi beaucoup partages, il ne livrait que très peu les stations d’autres plantes alpines affectionnant la roche qu’il affectionnait et qui recelaient des orchi- calcaire. dées. Par exemple il nous disait : « Ah ! Champs Brochet dans le Clos du Doubs, il y a de magni- fiques Gymnadenia odoratissima. La première 5. Petites histoires fois que je suis allé sur le site, c’est grâce au parfum de ces fleurs que j’ai pu les découvrir ! » En rentrant, nous recherchions sur la carte le lieu-dit, et essayions de trouver le biotope.

Autre anecdote cocasse : lors de nos visites 8 Je vous invite à visiter le site suivant : http://www.filago.ch dans sa petite maison sise dans le village de 9 Au vu des photos, c’est Nigritella (Gymnadenia) austriaca Saint-Brais, il était nécessaire de s’habiller qui est représentée. 34 chaudement. Il y avait bien une cheminée dans quelques fois, plus particulièrement alors qu’il la pièce où nous nous tenions pour la projection, était déjà bien avancé en âge. A chaque ren- mais en fait, nous n’avons vu que rarement du contre, il émanait de cet homme le désir de feu dans celle-ci (Saint-Brais est à 1 000 m persévérer dans la quête des orchidées. Son d'altitude et c'était l'hiver). Ce qu’il faut savoir sourire malicieux et ses yeux rieurs donnaient à également, c’est qu’il avait une collection impor- son visage la bonhomie de ces personnages qui tante d’orchidées exotiques qu’il entreposait savent avoir un regard philosophe sur les évé- soigneusement dans une serre de son jardin. nements de la vie. Homme de la terre avant Mais en hiver sa serre n’était pas assez chauf- tout, il savait contempler et admirer les mer- fée, ce qui fait que certaines de ses orchidées veilles de la Nature. Cet homme enflammé par prenaient place dans sa petite maison pour les orchidées a pu, au cours de ces années de qu’elles ne gèlent pas. passion, écrire deux ouvrages qui, aujourd’hui Il a eu l’occasion de faire la connaissance encore, font référence dans la littérature bo- d’Erich Nelson, quand ce dernier résidait à tanique de notre région jurassienne. Puissent Chernex-sur-Montreux, pour l’aider à la déter- ces quelques lignes rendre hommage à cet mination d’un Dactylorhiza qu’il avait découvert homme qui a tant aimé le Jura. dans une tourbière des Franches-Montagnes.10 Là aussi il aimait raconter cette rencontre qui Je tiens à remercier en particulier Maxime avait été exceptionnelle à ses yeux ainsi que les Jeanbourquin, neveu de l’abbé, qui m’a permis échanges qui ont suivi. de réaliser cet article et qui m’a autorisé à scanner quelques-unes des photos familiales 6. Conclusion concernant son oncle. L’une d’entre elle illustre cette biographie. Par la même occasion, Homme de foi de par son ministère presbytéral j’adresse un merci sincère aux relecteurs et auprès des paroisses où il fut envoyé, l’abbé des correcteurs pour leur aide et conseils avisés. orchidées, comme aimait le surnommer amica- lement ses paroissiens, fut un personnage haut Dédicace de G. Jeanbourquin à l’auteur de en couleur, truculent, passionné, humaniste, ouvert à la culture musicale et aux arts de la scène, voilà des qualificatifs qui correspondent bien à l’archevêque11 des orchidées. Personnage bien sympathique et attachant malgré son ca- ractère bien trempé, il savait transmettre sa passion de la nature et plus particulièrement la passion des orchidées. Au travers de ses ou- vrages sur les orchidées du Jura suisse, il a su transmettre aux générations futures d’orchidophiles le plaisir de chercher, de dé- couvrir et de photographier les orchidées de ma région. J’ai eu le bonheur de le rencontrer l’article.

10 Orchidées du Jura, Abbé Georges Jeanbourquin, p. 58.

Dans son premier ouvrage il nomme cette plante Dactylor- hiza immaculata. Il est intéressant de noter qu’un point d’interrogation « ? » souligne cette détermination. Dans son second ouvrage il nomme cette plante Dactylorhiza ochro- leuca. Aujourd’hui connaissant le biotope en question, je qualifierais cette plante sous le vocable de D. fuchsii albi- nos. Mais ce biotope remarquable recèle d’autres richesses, en particulier dans le genre Dactylorhiza. Bibliographie et sites Internet

11 « Archevêque » des orchidées était un autre qualificatif BOURQUIN J., 1933. Flore de Porrentruy ; Ed. que ses confrères lui donnaient. Le Démocrate, Delémont ; 186 p. 35 DOMINE J.-M., 1996. Homélie d’enterrement http://www.filago.ch de l’abbé G. Jeanbourquin. http://www.mjsn.ch/BOTA/presentation/serre DUSAK F., 1998. Abbé Georges Jeanbourquin, _succulents.html L’Orchidophile, N° 134 p. 214. http://books.google.ch JEANBOURQUIN G., 1938. Le mystère de Noël, pièce en trois tableaux, avec chants. JEANBOURQUIN G., 1947. Salve Regina , * 15, rue des Lignières – CH-2926 Boncourt messe à 4 voix mixtes avec orgue. JEANBOURQUIN G., 1949. Motets religieux à 4 voix mixtes ; Ed. A. Frossard. JEANBOURQUIN G., 1951. Photo-radar, comé- die en un acte. JEANBOURQUIN G., 1979. Orchidées du Ju- ra ; Ed. Transjuranes, Porrentruy ; 106 p. JEANBOURQUIN G., 1989. Planey-Saint-Braix. Glanures historiques et notices ; Ed : Le Franc- Montagnard, Saignelégier ; 127 p. JEANBOURQUIN G., 1989. Captivantes orchi- dées ; Ed. Le Franc-Montagnard, Saignelégier ; 239 p. JEANBOURQUIN G., 1995. Develier et son église ; Ed : Le Pays, Porrentruy ; 118 p. KRAHENBUL C., 1970. Répertoire des plantes vasculaires du Jura bernois ; Ed. ADIJ, Mou- tier.

http://www.ageo.ch http://www.diju.ch/f/notices/detail/2900/Geo rges+Jeanbourquin Photos ci-contre : Haut : Epipactis leptochila – Boncourt

Bas : Epipactis muelleri - Glovelier

ESPECES

1979 1989

KRAHENBUHL 1970

J. J. BOURQUIN 1933

G. JEANBOURQUIN G. JEANBOURQUIN G. C.

Aceras anthropophorum (L.) W.T.AITON X X X Anacamptis pyramidalis (L.) RICH. X X X X Cephalanthera damasonium (MILL.) DRUCE X X X X Cephalanthera longifolia (L.) FRITSCH X X X X

36 Cephalanthera rubra (L.) RICH X X X X An- Coeloglossum viride (L.) HARTM. X X X X nex Corallorrhiza trifida CHÂTEL. X e Cypripedium calceolus L. X X X

Dactylorhiza fuchsii (DRUCE) SOÓ X X X X

Dactylorhiza incarnata (L.) SOÓ subsp. incarnata X X X X Dactylorhiza maculata (L.) SOÓ ? ? ? ? Dactylorhiza majalis (RCHB.) P.F.HUNT & SUMMERH. X X X X

Epipactis atrorubens (HOFFM. ex BERNH.) BESSER X X X X

Epipactis helleborine (L.) CRANTZ X X X X Epipactis leptochila (GODFERY) GODFERY X

Epipactis microphylla (EHRH.) SW. X X

Epipactis muelleri GODFERY X

Epipactis palustris (L.) CRANTZ X X X X Epipactis purpurata SM. X X X X

Epipogium aphyllum SW. X

Goodyera repens (L.) R.BR. X X

Gymnadenia conopsea (L.) R.BR. X X X X Gymnadenia odoratissima (L.) RICH. X X X

Herminium monorchis (L.) R.BR. X X

X X X Himantoglossum hircinum (L.) SPRENG.

37

ESPECES 1989 1979

KRAHENBUHL 1970

J. J. BOURQUIN 1933

. .

G. JEANBOURQUIN G. JEANBOURQUIN G. C Limodorum abortivum (L.) SW. X X

Listera cordata (L.) R.BR. X X X

Listera ovata (L.) R.BR. X X X X

Neottia nidus-avis (L.) RICH. X X X X

Nigritella austriaca (TEPPNER & E.KLEIN) DELFORGE ? ? ? ?

Nigritella rhellicani TEPPNER & E.KLEIN ? X ?

Ophrys apifera HUDS. X X X X

Ophrys araneola RCHB. X X X

Ophrys holoserica (BURM.f.) GREUTER X X X X

Ophrys insectifera L. X X X X

Ophrys sphegodes MILL. ? ?

Orchis coriophora L. X X

Orchis mascula (L.) L. subsp. mascula X X X X

Orchis militaris L X X X X

Orchis morio L. X X X X

Orchis purpurea HUDS. X

Orchis ustulata subsp. aestivalis (KÜMP.) KÜMPEL & MRKVICKA ? ? ? ?

Orchis ustulata (L.) L. subsp. ustulata X X X X

Platanthera bifolia (L.) RICH. X X X

Platanthera chlorantha (CUSTER) RCHB. X X X

Pseudorchis albida (L.) A.LÖVE & D.LÖVE X

Spiranthes spiralis (L.) CHEVALL. X X X

Traunsteinera globosa (L.) RCHB. X X X

TOTAL : 48 32 42 25 36

38

Ph. 2

Voir article p. 20 Ph. 1 Ph. 3 Ph. P. Pitois

Ph. 1 : Malaxis monophyllos - Stockach – 5/7/2011

Ph. 2 : Salvinia natans - Russheim - 31/7/2011

Ph. 3 : Dactylorhiza ochroleuca - Ettal – 18/6/2011

Epipactis atrorubens lusus rasea  Coussey – 23/5/2006

Ph. J.-C. Ragué, CSL

Voir articles p. 24 et p. 28

 Ophrys fuciflora (Sigolsheim) Ph. G. Thomas, PNR Lorraine

 Le Grasberg (sous- bois à Cephalanthera damasonium)

39

Anacamptis palustris Rossfeld (67) – 25/5/2007 Ph. A. Hasenfratz Voir article p. 5

Spiranthes cernua var. odorata J. B. de Bâle – 23/4/2011 Ph. J.-F. Christians Voir article p. 16

1 2 3

Neottianthe cucullata Erasanthe henricii Augustow (PL) – 30/7/2010 Ph. D. Karadjoff Ph. D. Prusa Voir article p. 66 Voir article4 p. 68 5

40 Petite histoire d’Hammarbya paludosa (L.) O. Kuntze en France

Henri Mathé *

« J’ai coché sur la Flore de l’Abbé Coste 75 genre monospécifique2 et prend alors son nom espèces. Une seule n’a pas de croix, le Malaxis. actuel d’Hammarbya paludosa (L.) O. Kuntze. C’est une minuscule plante aquatique, invisible à Etymologie : un œil profane, tant il la confondrait avec tout Le nom de genre Hammarbya vient de Hammar- autre quelconque brin d’herbe. Les fleurs, ver- by, village suédois proche d’Uppsala, où Linné dâtres, ont à peine quelques millimètres et le possédait une résidence d’été. tout n’est guère plus long que l’index. Mais L’adjectif spécifique, paludosa, est dérivé du puisque l’avant-dernière Orchidée a été trouvée, latin paludosus qui signifie marécageux. il faudra bien mettre la main sur la dernière ! » J. Poucel - 1942 II) La découverte en France

Lors de recherches historiques sur les Celle-ci a eu lieu en Loire-Atlantique, en premières mentions des orchidées d’Alsace (ar- l’an 1800. ticle à paraître), j’ai mesuré la difficulté à éta- James Lloyd, dans sa Flore de l’Ouest de la blir la date précise depuis laquelle on pouvait France de 1844, signale qu’elle a été trouvée à considérer cette espèce singulière comme par- cette date par M. Hectot aux tourbières de La tie intégrante de la flore régionale. Cela m’a Verrière (ou du Gesvres), près de Nantes, dans amené à me poser la même question à l’échelle les marais de l’Erdre. Ceci est confirmé par E. nationale et donc à explorer les publications Gadeceau dans un article3 du Bulletin de la So- anciennes et actuelles relatives aux régions où ciété des sciences naturelles de l’Ouest de la Hammarbya paludosa aurait été signalé au fil France en 1895 : « C’est à la Verrière que la des ans. Malaxis paludosa fut trouvé, pour la première fois en France, par Hectot, en l’an 1800… » I) Repères historiques et nomencla- turaux

L’espèce apparaît pour la toute première fois, sous le nom d’Ophris bifolia palustris, dans l’ouvrage Phytogeographia d’un botaniste an- glais, Leonard Plukenet, paru en 1691. Le basionyme1 de l’espèce est Ophrys paludosa, Marais de l’Erdre donné en 1753 à la plante par Carl von Linné, à la D’autres mentions antérieures, fort contes- page 947 de son Plantarum. tables, signalant l’espèce en région parisienne et En 1800, le botaniste suédois O. P. Swartz dé- en Dauphiné sont discutées au § 4. place le taxon dans le genre Malaxis (Kongl. Ve- C’est donc bien la dernière année du XVIIIème tensk. Acad ; Nya Handl. Ser. 21 : 235). siècle qui marque la découverte de la plante en Le binôme Malaxis paludosa (L.) Sw., se retrouve France. dans la plupart des ouvrages du XIXème siècle et même par la suite. L’espèce est désignée, par O. Kuntze, en 1891 2 (Revis. gen. pl. 2 : 665) comme type d’un nouveau Certains en contestent l’opportunité et plaident en faveur d’un maintien du synonyme valide Malaxis palu- dosa (L.) Sw. 3 Les marais de l’Erdre près Nantes et le Malaxis 1 Nom originel d’une description valide de taxon. paludosa Sw., vol. 5, p. 45. 41 P = présent Grenier Coste Camus Jacquet Seité OFBL4 Atlas SFO X = disparu 1855 1906 1929 1995 (-30) 2001 (-20) 2005 (- 20) 2010 (-30) Alsace Bas-Rhin P P X Aquitaine Landes P P X Bretagne Côtes d’Armor P P P P Finistère P P P P P P Morbihan P P X X Ile-de-France Yvelines P X X X Lorraine Moselle P P X X Vosges P P P P P P Massif Central Aveyron P P P X X Cantal P P X Corrèze P P P Creuse P Haute-Vienne P P P P Lozère P P P P P P Nord Somme P P P X Normandie Manche P P P X Orne P P X X Pays de Loire Indre-et-Loire P P X X Loire Atlantique P P P P P P P Mayenne P P P X X Dans le demi-siècle qui a suivi, l’espèce fut trou- J’ai été aidé dans ma quête par de nombreux vée en plusieurs endroits de l’est de la France botanistes et organismes locaux qui ont aima- (Bas-Rhin, Moselle, Vosges) par F. W. Schultz blement répondu à mes interrogations et que je puis en région parisienne par A. de Jussieu. remercie vivement ici. Je me suis attaché à rechercher, par départe- ment, les premières indications de l’espèce dans III) La découverte dans les régions les différentes régions françaises où elle a été françaises au moins une fois mentionnée par le passé, mais aussi les dates de sa disparition présumée ou, Les listes ou cartes de répartition dé- souhaitons-le, provisoire tant il est vrai que, partementale, avec indication de présence pas- dans le domaine naturaliste tout particulière- sée ou actuelle, sont assez variables selon les ment, l’absence de preuve n’est pas preuve de sources. Le tableau ci-dessus répertorie les l’absence. Je n’ai cependant pas voulu faire un départements, classés par zone géographique et catalogue exhaustif de toutes les stations histo- non administrative, où l’espèce fut signalée dans riquement connues ! quelques travaux traitant du sujet.

Il faut bien sûr tenir compte des critères choi- sis par les auteurs pour établir ces listes. Ainsi, la plante peut être signalée par tel auteur dans 4 Les Orchidées de France, Belgique et Luxembourg. 42 un département où elle a disparu alors que tel En plus des départements nommément cités, autre, considérant que l’observation est trop Camus indique les régions Alsace et Lorraine ancienne, ne l’y mentionnera pas. sans plus de précisions. Compte tenu du statut Ce tableau ne tient pas compte des erreurs ou de l’espèce à l’époque, j’ai attribué ces mentions informations douteuses (voir § 4). régionales aux départements du Bas-Rhin et de Pour les ouvrages récents, j’ai indiqué la période la Moselle, respectivement. Dans l’édition origi- prise en compte antérieurement à la date de nale de 1908, sont cités : « Mayenne, Loire- publication. Inférieure, Morbihan, Orne, Manche, Landes, Vosges, Lorraine. » Remarques : Les indications de 1929 se retrouvent peu ou Dans l’article de F. Seité, l’espèce est signalée prou dans la Grande Flore en couleurs de G. Bon- disparue du département du Haut-Rhin, ce qui nier (1912-1935). résulte probablement d’une erreur d’impression. La carte disponible sur Tela Botanica (mise à Bien qu’une mention existe en Alsace du sud, j’ai jour 27/5/2009) mentionne l’espèce présente considéré que l’article faisait référence au dé- actuellement dans le Bas-Rhin et le Haut-Rhin, partement du Bas-Rhin. ce qui est une erreur. Celle éditée par On pourra s’étonner que Coste ne cite pas les l’Inventaire National du Patrimoine Naturel, départements alsaciens et lorrains où la pré- dépendant du Muséum National d’Histoire Natu- sence était attestée depuis longtemps, mais relle, sur le site inpn.mnhn.fr est à peu près n’oublions pas que l’Alsace et la Moselle étaient semblable à celle de l’OFBL mais la présence alors allemandes et les flores allemandes de dans le Cantal est bien trop ancienne et nécessi- l’époque en font bien mention : « Zwischen Moos terait une révision. in Torfsümpfen u. torfigen Wiesen des Vogesen- La présence erronée dans le Haut-Rhin est re- sandsteins » (J. St. Himpel ; Flora von Elsass- produite dans l’OFBL de 2005 mais non dans Lothringen, p. 268 ; 1891) l’édition de 19985. Le tableau précédent montre bien, par le nombre de départements où elle a maintenant disparu, la fragilité de cette plante turficole6 et surtout des biotopes particuliers auxquels elle est strictement inféodée. Ceux-ci, variables selon les régions, regroupent les zones engor- gées des tourbières acides oligotrophes à sphaignes (Oxycocco palustris-Ericion tetralicis Nordhagen ex Tüxen 1937 ou Elodo palustris- Sparganion Br.-Bl. & Tüxen 1943 ; Bretagne) et les landes tourbeuses humides des bas-marais (Rhynchosporion albae Koch 1926 ou Caricion lasiocarpae Van den Berghen 1949, plus rare- ment Molinion caeruleae Koch 1926 ; Vosges, Belgique), alliances les plus souvent citées pour cette espèce. Les phytosociologues s’accordent pour mettre l’accent sur le caractère pionnier de la plante qui affectionne les zones de tourbe nue ou à faible recouvrement herbacé et sup- porte mal la concurrence d’autres espèces végé- Herbier Roger Engel Herbier de l’Université de Strasbourg (STR) tales.

5 La station vosgienne redécouverte en 2000 ne se trouve qu’à 500 m de la limite du Haut-Rhin d’où pro- bablement l’erreur de l’édition 2005. 6 Plante localisée dans les zones de tourbières. 43 On note cependant quelques apparitions ou re- Quelques départements du Bassin aquitain (la découvertes, encourageantes pour la pérennité station récemment découverte dans le Béarn est de cette espèce que l’on a pu qualifier exceptionnelle de par sa situation en extrême d’orchidée la plus rare de France7 ! limite méridionale de l’aire de répartition euro- Sur la carte ci-après, j’ai fait la syn- péenne, voire mondiale, de l’espèce) et du Bassin thèse des mentions départementales confirmées parisien se singularisent par leur situation en de l’espèce, depuis sa découverte en France. terrains sédimentaires plus récents, où des ma- Trois entités géographiques apparaissent net- rais et landes acides peuvent néanmoins se pré- tement : le Massif armoricain (Bretagne et senter localement. Basse-Normandie) ; le Massif central (Auvergne Je présente ensuite les informations que et Limousin) ; le Massif vosgien (Alsace et Lor- j’ai pu recueillir dans les 33 départements, clas- raine). sés selon leur région administrative, dans les-

Carte des départements français où la présence d’Hammarbya paludosa a été avérée.

A l’exception des régions montagneuses de la quels Hammarbya paludosa s’est fait remarquer Corse et des Pyrénées, trop méridionales pour ou a été pris pour un autre, sans m’attarder sur cette relique glaciaire à répartition boréo- la richesse relative des stations car ce n’est pas alpine, la carte de répartition de l’espèce épouse le but de cet article. Pour des raisons évidentes presque celle des massifs cristallins de l’ère de préservation de l’espèce, la précision géogra- Primaire, ce qui n’est pas surprenant pour une phique se limite aux données communales en ce espèce acidiphile. On pourrait même s’étonner qui concerne les observations récentes. qu’elle n’ait jamais été observée dans l’est du Par contre, je donne le maximum de pré- Massif central ! cisions sur la localisation des stations anciennes, présumées disparues, car ces indications pour- raient s’avérer utiles pour des (re)découvertes 7 Les effectifs qui m’ont été communiqués par divers futures, dans la mesure où le milieu n’a pas été correspondants permettent d’évaluer la population fondamentalement modifié. française, autour de 2010, à 200 individus, répartis sur seize stations abritant de 1 à 50 pieds. Cela re- présente une chute de 75 % par rapport à 2000 qui fut sans doute une année exceptionnelle. 44 Alsace aux environs de Bitsch, derrière Niederbronn et le Jaegerthal ». Département du Bas-Rhin : L’incertitude subsiste donc sur la date de dé- Dans sa Flore d’Alsace de 1852, Frédéric Kir- couverte de l’espèce en Alsace, que l’on peut schleger cite un botaniste allemand du XVIIIème situer malgré tout entre 1826 et 1836 ! siècle, du nom de J. A. Pollich, qui a fait paraître La station d’Obersteinbach apparaît dans la en 1777 une flore du Palatinat. S’intéressant Flore vogéso-rhénane (F. Kirschleger ; T. II, p. particulièrement aux plantes d’Alsace, Kirschle- 93 ; 1870) ainsi que dans la Liste des Orchidées ger repère dans cet ouvrage les plantes décou- de la Haute-Alsace (E. Mantz ; 1913) et est tou- vertes par l’auteur « dans la partie vosgienne jours citée dans la Flore d’Alsace (E. Issler ; des montagnes du Palatinat », parmi lesquelles 1965), mais celle-ci reprend majoritairement Malaxis paludosa ! Mais il ne semble pas que des indications antérieures à la Seconde Guerre cette précision géographique puisse concerner mondiale, sans doute obsolètes à l’époque de sa les stations alsaciennes de Niederbronn et parution. Obersteinbach ni même les stations mosellanes Elle était peut-être encore présente en 1939 si de Sturzelbronn ou Haspelscheidt, trop méri- l’on en croit le Dr Poucel : « M. Joessel m’avait dionales. signalé une tourbière en Alsace, où j’aurais eu D’ailleurs, selon une publication de 1810 (J.-L. A. des chances assez sérieuses. Mais cet emplace- Loiseleur-Deslongchamps ; Notice sur les ment était situé à peu près entre la ligne Magi- plantes à ajouter à la flore de France), l’espèce not et la ligne Siegfried10 » ! n’existait pas en France à cette époque8, si ce Il doit cependant y avoir confusion avec une n’est dans l’ancien département napoléonien de tourbière lorraine voisine (Erbsentahl) où Joes- l’Ourthe, région actuellement belge, où la plante sel a effectivement été le dernier à récolter la venait d’être découverte près de Malmédy9. plante en 1922 (Bulletin de la Société Botanique En 1826, F. Kirschleger signe un article intitulé de France, Vol. 106 - p. 109 ; 1959). « Liste des plantes les moins communes de l’Alsace et des Vosges » (in Nouvelle description historique et topographique des deux départe- ments du Rhin) où Malaxis paludosa n’apparaît pas. La première mention de l’espèce en Alsace se trouverait dans une obscure publication intitulée Description de Niederbronn et de ses eaux mi- nérales à l’usage des médecins et des malades qui les fréquentent (J. Kuhn ; 1835) où le Ma- laxis paludosa est signalé, à tort, comme « es- pèce nouvelle pour la flore française », sans indication de date précise. Or, si l’ouvrage se veut limité aux environs de Niederbronn, la loca- lisation du Malaxis se trouve à Bitche, en Lor- raine, d’après des indications de F. Schultz. Les observations de Schultz sont reprises, mais cette fois parfaitement localisées, dans le Pro- drome de la Flore d’Alsace que publie F. Kir- schleger en 1836. L’espèce y était alors notée Roger Engel, grand spécialiste de l’orchidoflore « en quantité dans les lx. vaseux et marécag. alsacienne pendant plus de 50 ans, l’a recherché assidûment dans le secteur et dans les stations

8 Cette affirmation est erronée compte tenu des informations dont j’ai déjà fait part sur le pays nan- tais. 10 J. Poucel ; A la découverte des Orchidées de 9 Fabri et al., Dumortiera 33, p. 10 ; 1985. France, p. 177. 1942. 45 lorraines proches, à partir de 1946, sans jamais Auvergne l’y retrouver. Département du Cantal : Département du Haut-Rhin : Trouvé dans l’Aubrac cantalien (Deux-Verges Un spécimen provenant du Lac Blanc, daté du près de Chaudes-Aigues, sur les pentes du Puy 15/9/1873 est connu (Herbier L. Quélet – Coll. de la Tuile vers 1 250 m) par l’Abbé J. Soulié le Muséum Cuvier, Montbéliard - ph. p. 45). 31/8/189912 (Antonetti et al. ; Atlas de la flore Il s’agit de l’unique référence pour ce départe- d’Auvergne, 2006 et comm. pers. de C. Bernard). ment ! Cependant, une donnée d’herbier de Frère Jo- seph Héribaud (herbier du diocèse de Saint- Aquitaine Flour) mentionne, le 12/9/1898, « Deux-Verges, Puy de la Tuile près de Saint-Rémy », ce qui en Département des Landes : ferait l’inventeur de l’espèce dans ce départe- Découvert par le Dr J.-A. Guillaud au bord de ment (CBN du Massif central). l’étang de Léon vers 1880 (Bulletin de la société La dernière observation est un exemplaire linnéenne de Bordeaux11, p. 35 ; 1991). Encore d’herbier prélevé le 13/9/1919 par l’abbé Soulié observé dans cette même station en 1939 (J. à Jabrun (« tourbières vers le puy de la Tuile ») Poucel – dessin ci-après) et, en très petit et conservé à l’herbier de Montpellier. nombre, jusqu’en 1980 (1978 par G. Dussaussois, l’Orchidophile n° 41 ; 1980 par P. Grocq, comm. Bretagne pers. SFO Aquitaine). Département du Finistère : Découvert par Charles Piquenard, à la tourbière du Yunélez le 25/8/1897 (Bulletin de la Société des sciences naturelles de l’Ouest de la France T. 7 – Extraits et analyses - p. 56 ; 1897). Trouvé également le lendemain avec E. Gadeceau en bordure de la forêt du Rusquec.

Département des Pyrénées-Atlantiques : La découverte récente de la plante, en 2008, est confirmée par la SFO Aquitaine. L’inventeur Ph. F. Séité – in Les tourbières de Bretagne ; 2007 de la station, où 1 pied était visible le 20/8/2008, ne souhaite pas donner pour l’instant plus de précisions à son sujet.

11 « C’est vers 1880 que le Docteur J. A. Guillaud, chargé de cours d’Histoire naturelle à la Faculté mixte de médecine et de pharmacie de Bordeaux, 12 « presque sur le chemin à peine tracé qui va du découvre Hammarbya à Léon. » village des Angles à Deux-Verges. » 46 Cependant, ce botaniste écrit en 189813 : « J’ai d’oiseau. Grâce aux annotations contenues dans appris à la fin de l’année dernière que ce même le carnet d’herborisation de Delalande, qui m’ont Malaxis existait dans une autre localité du Fi- aimablement été fournies par le Muséum nistère, le Marais du Cragou, toujours dans la d’Histoire Naturelle de Nantes (comm. pers. M.- chaîne d’Arrès. M. R. Ménager l’y avait recueilli, L. Guérin), il est possible de préciser les lieux de il y a quelques années, dans une station tout à récolte de l’espèce dans cette zone : fait analogue à celles qui se rencontrent le long - « 28 août 1843 Sévérac - Malaxis paludosa, de la chaîne d’Arrès et des Montagnes Noires, marais du petit rocher, abondant. J’ai pu en c’est à dire en compagnie de Spiranthes aestiva- recueillir 56 échantillons. lis, Lycopodium inundatum, etc. ». La première - 26 août 1844 - marais du petit rocher en observation de l’espèce dans le département Sévérac et Téhillac - Malaxis paludosa, 60 pourrait donc se situer au début des années échantillons, en fleur, dans le même lieu que 1890. l’année dernière. Présumé disparu de Bretagne au cours de la - 28 août 1844 - marais de Valory en Saint- décennie 1980, il a été retrouvé, en plusieurs Dolay - Malaxis paludosa, 54 échantillons lieux des monts d’Arrée, dès 1990 à l’issue de trouvés sur une surface de 7 pieds de long recherches ciblées dans ses milieux de vie natu- et 2 pieds de large. » rels. Donc les deux premières parts pourraient pro- Toujours présent en 2010 dans sept stations venir de Loire-Atlantique14 (44) mais la part regroupant une centaine d’individus. MHNN.B.010082.138 récoltée le 28 août 1844 provient bien du Morbihan (56). En l’absence de Département du Morbihan : précisions analogues sur la récolte de Rostaing La littérature indique que la plante a été trou- de Rivas, je retiendrai le 28/8/1844 comme vée par l’abbé Delalande aux « marais de Valory date de première observation de l’espèce dans en St-Dolay et du Petit-Rocher en Théhillac ». le département. Ceci apparaît dès 1844 en p. 257 de la Flore de La dernière observation aurait été faite par E. la Loire-Inférieure de J. Lloyd puis en 1852 en Gadeceau en 1886, « au pied de la tour d’Elven », p. 597 de la Flore du Morbihan de J.-M. Le Gall. bien que le département soit encore cité dans la L’herbier du Muséum d’Histoire Naturelle de Flore de France de G . Rouy en 1912 (T. XIII, p. Nantes détient effectivement une planche 220). (MHNN.B.010082.138) datée du 28/8/1844 montrant l’espèce récoltée par Delalande « près Département des Côtes-d’Armor : de Saint-Dolay ». Deux autres planches indi- Trouvé par R. Corillion & H. Des Abbayes le 7 quent la localité « Sévérac », l’une août 1955, en bordure de la forêt de Lorge. (MHNN.B.010190.133) en septembre 1841 par (Bulletin de la Société botanique de France Vol. Rostaing de Rivas, collecteur de Delalande, et 103, p. 485 et comm. pers. de l’inventeur à F. l’autre (MHNN.B.010082.136) le 28/8/1843 par Seité). Delalande lui-même. Une autre planche conser- Cette unique station de Gausson à subsisté jus- vée au MNHN (Herbarium Musei Parisiensis - qu’en 1997 mais n’a plus été revue depuis (Philip- P02051142), issue de l’herbier Lloyd et datée du pon et al. ; La Flore des Côtes d’Armor, p. 471 ; 21/7/1868, porte la mention ambiguë « Sévérac 2006). (Morb.) ». Un examen attentif de la topographie des lieux montre en effet que la limite dépar- Centre tementale du Morbihan et de la Loire-Atlantique passe précisément à mi-chemin des localités de Département d’Indre-et-Loire : St-Dolay et Théhillac (56) et de celle de Sévé- Découvert par E.-H. Tourlet à Saint-Benoît-la- rac (44), qui ne sont distantes que de 5 km à vol Forêt le 31/8/1889 comme en atteste une

13 Bulletin de la Société des sciences naturelles de l’Ouest de la France T. 9 ; Extraits et analyses, p. 19 ; 14 Cependant le marais du Petit-Rocher est nommé- 1899 ment cité dans La Flore du Morbihan de Le Gall. 47 planche de son herbier (TOU008881) conservée central), station qui, par ses 50 pieds, est alors à l’Université de Tours. la plus riche de France. La plante est indiquée (RRR) dans cette même station dans son Catalogue raisonné des plantes Limousin vasculaires d’Indre-et-Loire (p. 504) en 1908 : « Saint-Benoist, landes bordant la forêt de Chi- Département de la Haute-Vienne : non, dans le vallon du Châtellier, entre le village En 1927, le botaniste E. Simon évoquait dans un de ce nom et la grande route de Chinon à article16 la possibilité de présence de l’espèce Tours ! ». dans le centre-ouest de la France, plus précisé- Non revu depuis lors dans cette zone malgré la ment dans les départements de la Haute-Vienne subsistance de milieux favorables (comm. pers. mais aussi de la Creuse, de la Vendée et de la F. Botté) Charente-Maritime : « On comprend aisément que la présence du Malaxis dans la Loire- Ile-de-France Inférieure et en Gascogne laisse espérer sa possibilité dans les landes de la Gâtine et du Département des Yvelines : Bocage vendéen, puisque les facteurs humidité Trouvé à l’étang du Cerisaie (Saint-Léger) par A. et température y sont sinon les mêmes, du moins de Jussieu en juillet 1835 et disparu 10 ans plus à peu près intermédiaires… On explorera peut- tard. (Cosson E . & Germain de Saint-Pierre E. ; être aussi avec fruit les landes de Montendre et Flore des environs de Paris, 2ème éd. ; 186115). de Bussac dans la Charente-Inférieure… J’ai la Deux exemplaires d’herbier correspondent pré- conviction que les hauts plateaux du Limousin, cisément à ces dates : Etang des Cerisets, D. vers Ambazac, La Courtine ou les Millevaches, Pervillé, juillet 1835-P01777623 et W. de livreront tôt ou tard notre Orchidée, lorsqu’elle Schoenefeld, 5/8/1845-P01777642. y aura été spécialement recherchée ». L’avenir Une tentative infructueuse de réintroduction a lui donnera raison vingt ans plus tard : « Décou- été effectuée en 1880 (G. Arnal ; Les plantes verte en 1949 par M. Cruveillier, M. Grison et M. protégées d’Ile-de-France, p. 85). Malabre, en Haute-Vienne, sur la commune de Nedde, station retrouvée en 1998 et encore Languedoc-Roussillon présente en 1999 (M. Cruveillier) » (Brugel et al. ; Plantes et végétation en Limousin – p. 333 ; Département de la Lozère : 2001). Encore observé par M. Cruveillier le Découvert le 9/9/1897 par l’abbé Coste sur 15/8/1998 dans une station de la commune voi- l’Aubrac, entre Bonnecombe et St-Laurent-de- sine de Beaumont-du-Lac (Chloris®, CBN du Muret (Herbier de Montpellier). Une douzaine Massif central). de pieds étaient encore visibles le 15/8/1990 L’espèce a par ailleurs été observée par Rallet dans ce secteur de l’Aubrac lozérien où la zone et Kerhoas en 1969 sur la commune de Comprei- tourbeuse qui les abritait a fini par s’assécher gnac17. partiellement suite à la plantation de résineux à proximité (comm. pers. C. Bernard). Département de la Corrèze : Toujours présent en Margeride (quelques indivi- Trouvé le 7/9/1996 par Eric Brugel (commune dus au Lac de Charpal – F. Dabonneville) en 2010 de Tarnac, non loin de la Haute-Vienne, aux mais aussi au Mont-Lozère (Le Pont-de-Monvert – abords du plateau de Millevaches pressenti par 15/9/2008 Emeric Sulmont ; CBN du Massif E. Simon). Dans cette même station, une hampe florale a été revue en 1999 par E. Brugel et une autre le 29/8/2006 par E. Hennequin du CREN 15 « Cette plante a été découverte en 1835, à Limousin (Chloris®, CBN du Massif central). l’herborisation dirigée par M. Adr. De Jussieu, dans l’étang du Serisaye ! près Rambouillet, où elle était très localisée et très peu abondante. Depuis 1845, on 16 A propos d’une plante rare ; Revue Scientifique du l’a vainement cherchée à cette même localité, d’où Limousin n° 342, p. 89-92. elle a très probablement disparu à la suite du dessè- 17 17ème session extraordinaire de la Société bota- chement de l’étang. » nique de France, p. 11 ; 1969. 48 Département de la Creuse : découverte de l’espèce à Bitche « il y a plus de Une station conséquente de 31 hampes florales trente ans » (Archives de la flore de France et a été trouvée le 9/8/2006 par Guillaume Doucet d’Allemagne, p. 240 ; 1842-1869). à Saint-Pardoux-Morterolles (Chloris®, CBN du La dernière observation aurait été faite à Massif central). l’Erbsenthal en 1922 (Les plantes protégées de Revue en 2009 (3 hampes) par M. Mady et G. Lorraine ; S. Muller ; 2006). L’espèce est cepen- Doucet. dant encore évoquée en 1938 en ce lieu : « Il est encore trop tôt pour rechercher dans ses Lorraine sphaignes humides et trompeuses le très rare Malaxis paludosa » (Société d’histoire Naturelle de la Moselle, n° 35 à 39, p. 81)

Département des Vosges : Trouvé à Liezey par F. Schultz19 avant 1834 puisque J.-B. Mougeot en fait alors mention dans les Annales de la Société d’émulation du dépar- tement des Vosges (p. 616). Cette station a per- duré jusqu’en 1986 (R. Cézard). Encore présent en 2010 (une quinzaine de pieds - comm. pers. J.-C. Ragué), dans une autre station (La Bresse) connue au moins depuis août 1862 (une planche de l’herbier Mantz conservé à Strasbourg en montre 4 pieds) et redécouverte le 7/8/2000 (Mathé et Pierné ; L’Orchidophile n° 145 ; 2001). Ph. H. Mathé Remarque : on trouve à la p. 1087 du tome 3 de La Bresse - 2000 Phytographie encyclopédique ou flore de Département de la Moselle : l’ancienne Lorraine et des départements circon- Trouvé aux environs de Bitche par F. voisins, publié en 1805 par R. Willemet, la men- Schultz : « Cette jolie orchidée avait déjà été tion d’Ophrys paludosa, sans aucune localisation signalée en 1820 près de Deux-Ponts et ni observateur. Rien ne permet d’affirmer qu’il d’Haspelscheidt par M. Schultz, qui l’a retrouvée s’agit là d’une observation précoce de l’espèce en 1833 dans les marais entre Forbach et Sar- dans l’est de la France car l’ouvrage reprend reguemines ». (J. J. J. Holandre ; Nouvelle flore nombre d’indications anciennes, parfois erro- de la Moselle, 2ème éd., p. 702 ; 1842). C’est en nées. fait à Saint-Avold que F. Schultz a retrouvé l’espèce comme il le précise lui-même, revendi- Midi-Pyrénées quant fermement au passage18, en août 1856, la Département de l’Aveyron : La première indication est un exemplaire d’herbier daté du 28/9/1893 : « Landes des 18 « De pareilles indications ne m’étonnent pas dans un Vialettes, tourbière près de la route de Ségur ouvrage où plusieurs découvertes que j’ai faites à Bitche, pendant un séjour de plus de vingt ans dans (Aveyron), E. Simon » (Herbier de Montpellier). cette ville et de pénibles recherches faites pendant Retrouvé le 10/8/1894 sur les monts du Lévezou 30 ans dans ce pays, ainsi qu’aux environs de Sarre- guemines, de Forbach etc., sont attribuées à des jeunes gens qui n’étaient pas encore nés lorsque rants, mais il est pénible de le voir dans un livre pu- j’avais déjà signalé mes trouvailles. Quoiqu’il soit blié par un savant aussi estimable que M. Godron. » toujours désagréable de se voir enlever de cette 19 « J’ai déjà dit, dans ces Archives, p. 240, que j’ai façon, ce que l’on a gagné par de pénibles travaux et trouvé le premier cette plante à Liézey, dans les des privations de toutes sortes, on n’y fait pas atten- Vosges granitiques, et que je l’y ai montrée à MM. tion quand cela se fait dans les ouvrages des igno- Jacquel et Billot, qui ne l’avaient jamais trouvée. » 49 (entre Viarouge et Salles-Curan - 850 m) par rue des marais de la Trappe, et qui a été re- l’Abbé J. Soulié (comm. pers. Christian Bernard trouvée en septembre dernier par M. Focet, et Herbier de Montpellier). avoué à Alençon et très zélé botaniste ». (Le- Les dernières observations ont été faites en tacq in Bulletin de la Société Linnéenne de Nor- 1972 (Viarouge - comm. pers. C. Bernard & G. mandie, Ser. 6, Vol. 4, p. XLIV ; 1910-1911). Fabre) et 1974 (J.-L. Menos – Cartographie des Elle est encore notée en 1934 « derrière le Mo- orchidées de l’Aveyron, p. 14). nastère de la Grande-Trappe » (G . Lémée ; Sur quelques phanérogames nouvelles pour le terri- Basse-Normandie toire du Perche ; Bulletin de la Société Lin- néenne de Normandie Sér. 8, Vol. 7, p. 102 ; Département de l’Orne : 1935). Selon la littérature, il a été découvert à La Une nouvelle station est découverte vers 1880 à Trappe20 en 1855 par P.-M. Lubin-Thorel (Al- Beaufai par R. Ménager (SBF 101, op. cit.), et phonse de Brébisson ; Flore de la Normandie ; encore une autre le 28/7/1897, à Gandelain par 1859 et Bulletin de la Société des sciences na- Letacq (Sur le Malaxis paludosa Sw. observé à turelles de l’Ouest de la France T. 7, p. 56 ; Gandelain (Orne) et sur quelques plantes trou- 1897). vées dans les marais de Mont-Souprat, Le Cependant, Auguste Chevallier rapporte : « Dans Monde des Plantes, VII, n° 96, p. 188 ; 1897), l’Orne la plante a été recueillie en plusieurs lo- lequel y observera la plante jusqu’en 1921 (Bull. calités entre 1850 et 1910 » (1954 ; Bull. de la Soc. Sc. Nat. Ouest, 4e Sér. T. III, p. 6 ; 1923). Société Botanique de France, vol. 101, p. 139). L’emplacement exact de la station est donné, en La première preuve physique semble être une 1897, par H. Léveillé dans les Suppléments à la planche d’herbier du MNHN (P01777596) issue Flore de la Mayenne (p. 151) : « dans le maré- de l’Institut botanique de Caen et datée des 6 cage près du moulin de Buhéru au-dessous de et 7 août 1854, qui contient la note suivante : l’ancien étang du Gué Roncin sur Gandelain ». Il « Cette plante a été trouvée en 1854 dans le semble avoir encore été observé en plusieurs marécage tourbeux, nommé la commune des endroits, aux environs de La Trappe, par Gaston Barres, à la Trappe. Herborisation avec Mes- et Jeanne Moreau entre 1950 et 1980 d’après sieurs Duhamel prof. à Camembert, Mellion des informations de la SFO Normandie pharm. à Noirmoutier qui en ont fait une bonne (http://sfo.normandie.fr). récolte ». Boisduval, qui est sans doute l’auteur du texte précédent, relate une herborisation Département de la Manche : faite en août 1861 à Notre-Dame-de-la-Trappe : Les premières dates pour ce département sont « Mais la meilleure localité est un marais très rappelées en 1954 dans un article du Bulletin de petit, appelé marais des Barres, à 1 kilomètre à la Société Botanique de France (vol. 101, p. 140) : peine du cloître : c’est là que l’on trouve le Ma- « Plus à l’ouest encore, dans la Manche, le Ma- laxis paludosa, dans de petites rigoles vaseuses, laxis a été signalé en deux localités : Besnou ; recouvertes à peine de quelques centimètres Flore de la Manche, 1882, p. 307, la signale à d’une eau presque stagnante, à reflet roussâtre. Menton, région d’Avranches (ce Menton n’est J’ai essayé souvent de cultiver cette jolie petite pas mentionné sur les cartes locales) ; enfin, L. Orchidée… J’en ai rapporté environ une quaran- Corbière récolta la même plante, dans la Manche taine de pieds vivants, que je cultive maintenant aussi, en marais de Gorges vers 1885 ». dans la vase même extraite des rigoles de ces Il est de fait noté « RRRR. Tourbières de Men- marais, et j’espère pouvoir en présenter l’année ton, sur le Sphagnum » en 1884 (Mémoires de la prochaine quelques beaux exemplaires à la So- Société Académique du Cotentin Tome IV). ciété » (1861 ; Société Botanique de France, vol. La station du marais de Gorges est bien indi- 8, p. 535). quée, par l’auteur même de sa découverte, en L’espèce y était présente en septembre 1910 : 1886 (L. Corbière ; Nouvelles herborisations aux « Malaxis paludosa, Sw., que l’on croyait dispa- environs de Cherbourg et dans le Nord du dé- partement de la Manche ; Bulletin de la Société 20 Commune de Soligny-la-Trappe. 50 Linnéenne de Normandie Sér. 4 Vol. 1, p. 117; même localité « Baie de la Verrière ». Et lorsque 1886-1887). M. Lloyd, au milieu de ses récoltes de commen- Un exemplaire daté du 29/7/1886, récolté par çant, la présenta à M. Hectot : C’est mon orchi- Louis Corbière, apparaît dans son herbier dée de l’an huit ! s’écria-t-il vivement » (Bulletin (CHE000827). de la Société des sciences naturelles de l’Ouest Le marais de Gorges est la seule station du dé- de la France T. 5, p. 45 ; 1895). partement subsistant en 1905. (L. Corbière ; La Présent à Sucé-sur-Erdre jusqu’en 1999 où il fut flore du Cotentin ; Congrès de l’association apparemment retrouvé (après quelques années française pour l’avancement des sciences, p. 97 ; d’absence ?) en juillet 2011, d’après une obser- 3 au 10 août 1905). vation publiée sur le site de Tela-Botanica. Le département est encore cité dans la Flore de France de G. Rouy en 1912 (T. XIII, p. 220). Département de la Mayenne : La date la plus ancienne pour ce département se trouve dans un numéro du Bulletin de la Société Linnéenne de Normandie (Sér. 8 Vol. 4 n° 10 - p. 72 ; 1931), en note de bas de page : « Cette Orchidée, signalée par Letellier à la Sourdière- du-Bois en 1861, n’y a jamais été retrouvée ». L’observation faite deux ans plus tard au Boulay, sources de l’Ornette, est bien mieux documen- tée, par l’inventeur même : « Partis d’Alençon, le 2 juillet 1863, le Dr Prévost, un étudiant et moi, nous suivîmes la route de Bretagne jusqu’à la Lacelle et prenant à gauche nous atteignîmes le signal des Avaloirs (417 mètres). De là, nous descendîmes un peu au hasard la première vallée qui se présentait à nous à travers la forêt de Multonne. Bientôt la vallée s’élargit, les bois disparaissent et vous avez sous les yeux une vaste prairie tourbeuse à l’entrée… C’est dans le haut de cette prairie que nous avons trouvé le Malaxis paludosa… Déjà même quelques fleurs étaient ouvertes, et nous faisaient vivement regretter d’être venus un mois trop tôt » (Bulle- tin de la Société Botanique de France T. XII, p. 132 ; 1865). Pays de la Loire Une localisation encore plus précise de la station est fournie par Hector Léveillé, en 1895, dans Département de Loire-Atlantique : découvert sa Petite Flore de la Mayenne : « Landes tour- en 1800 par Hectot à La Verrière, dans les ma- beuses derrière et au-dessus du moulin du Four- rais de l’Erdre près de Nantes. (J. Lloyd ; Flore neau, près du champ de tir, en revenant vers le de l’Ouest de la France ; 1844). bois et vers le moulin, au pied du mont des Ava- Une relation plus détaillée de cette découverte loirs, à 1 800 mètres de la gare ». est faite par E. Gadeceau : Il est effectivement rappelé, en 1956, dans le « Le Malaxis paludosa n’est pas mentionné par Bulletin de la Société Botanique de France (vol. les Flores françaises de De Candolle (1815), 103 - p. 485) que la plante fut trouvée le Duby (1828), Loiseleur (1828). Cependant cette 2/7/1863 par M. Letellier à la tourbière du plante avait été trouvée par M. Hectot. Les Fourneau (Massif des Avaloirs ; Pré-en-Pail), échantillons qu’il avait recueillis restèrent dans précisant même que « la station recelait en 1863 son herbier parmi les inconnus, jusqu’au jour où plusieurs milliers de pieds de Malaxis ». M. Lloyd retrouvait la plante en août 1836, à la 51 La redécouverte de la station de Pré-en-Pail est voisin d’Etinchun21, je suis resté en panne et, la confirmée par l’abbé A.-L. Letacq, guide d’une route n’étant pas praticable, je suis rentré à excursion botanique en date du 6/7/1897 : Bray par les prairies tourbeuses des bords de la « Le Malaxis paludosa Sw., découvert au Four- Somme. Fatigué, je me suis assis sur un monti- neau en 1887 par notre collègue M. Ménager, cule (carex et cladium) et, là, mon attention a était le but principal de la visite à Pré-en-Pail ; été attirée par une araignée qui tissait une toile nous l’y avons trouvé en bon état et en quantité sous mes pieds pour ainsi dire. Un petit épi mi- suffisante pour que chacun puisse en emporter nuscule, jaunâtre, se trouvait servir de point de plusieurs échantillons » (Bulletin de la Société départ à l’araignée… et cet épi appartenait au Linnéenne de Normandie Sér. 5, Vol. 1 ; 1897). Malaxis – un peu tardif cette année. J’ai pu en La station de Pré-en-Pail a subsisté jusqu’à la garder quelques brins. Qu’est devenue cette veille de la seconde guerre mondiale : « En 1922, station, labourée peu après par les obus ? » M. Allorge n’en aperçut que trois pieds, et moi- Selon le CBN de Bailleul, cette mention est dou- même un seul en 1931, malgré des recherches teuse et, de fait, il est difficile de savoir à par- multipliées » (G. Lémée, Les Bruyères à tir de ce texte de quel Malaxis (paludosa ? loe- Sphaignes du Massif de Multonne : Etude phy- selii ?) parlait ce botaniste de renom, bien que le togéographique ; Bulletin de la Société Lin- Dr Poucel l’attribue clairement à Hammarbya néenne de Normandie Sér. 8 Vol. 4 n° 10, p. 72). paludosa. La plante y est notée présente jusqu’en 1938 Quelques indices sont troublants et pourraient dans Flore et végétation du Massif Armoricain aller dans le sens du Liparis loeselii, pour des (H. des Abbayes ; Tome I - p. 1153 ; 1971) et raisons : « disparue depuis 1938 » dans La Flore de la - morphologique : l’épi de la plante est noté Mayenne (C. David et al. ; 2009). jaunâtre, et non verdâtre ; Malgré tout, un exemplaire d’herbier plus récent - écologique : le marisque (Cladium mariscus) est conservé au MNHN : l’étiquette indique un croît de préférence dans les marais alcalins prélèvement (2 parts) de H. Laurence daté du où il cohabite souvent avec Liparis loeselii ; 16/8/1939 (Herbarium Musei Parisiensis - - phénologique : la floraison est qualifiée de P02222804). tardive ; or l’offensive de la Somme a com- mencé le 1er juillet 1916 et, de fait, le récit Picardie de d’Alleizette date de ce mois, à une pé- riode où Liparis loeselii est généralement Département de la Somme : déjà fleuri alors qu’Hammarbya paludosa ne Le doute exprimé quant à l’existence de l’espèce l’est pas encore. dans le Catalogue des plantes de France, de Cependant, une planche d’herbier conservée à Suisse et de Belgique de E. G. Camus en 1888 a Clermont-Ferrand (CLF061333) montre claire- été levé dans la Flore descriptive et illustrée de ment une part de Malaxis paludosa comportant 5 la France de H. Coste en 1906 (tome 3ème, p. échantillons (détermination confirmée par le 406) et dans la Flore de France de G. Rouy en Conservateur des Herbiers de Clermont- 1912 (T. XIII, p. 220) mais aucun indice supplé- Ferrand) récoltés ce jour-là par Ch. d’Alleizette. mentaire ne vient étayer ces indications. Par L’espèce a donc bien existé un temps dans ce contre, la mention qui apparaît dans un autre département mais l’observation rapportée ci- ouvrage de E. G. Camus en 1929 (Iconographie dessus est la seule qui soit certifiée. des Orchidées d’Europe et du Bassin méditer- ranéen, p. 427), semble corroborer l’observation suivante de C. d’Alleizette, rapportée par le Dr Poucel (in A la découverte des Orchidées de France - p. 177) : « 1916. L’offensive de la Somme. J’étais à Bray- sur-Somme. Un beau jour, étant allé au Q.G. 21 Erreur de transcription : le nom réel est Etinehem, comme l’indique la planche d’herbier correspondante. 52 IV) Les données douteuses ou erro- Sphagnum) nous a livré une curieuse orchidée à nées deux bulbes superposés séparés par un inter- valle, du type Malaxis paludosa (une seule cap-

sule mûre surmontait la tige) : La plante laissée La première mention de l’espèce en en place devra être réexaminée dans l’avenir » France pourrait se trouver dans un ouvrage inti- (Bulletin de la Société d’Histoire Naturelle de la tulé Démonstrations élémentaires de botanique Savoie ; N° 129). vol. 2 de M.A.L. Claret de Fleurieu de La Tou- La station du marais de La Table recelant une rette & François Rozier, paru en 1796, où les belle population de Liparis loeselii, cette men- auteurs signalent (p. 661) la présence d’un tion est par conséquent jugée erronée par les Ophrys paludosa « dans les prairies maréca- 22 responsables de la cartographie départementale. geuses de Dauphiné ». A noter que cette indi- De telles erreurs de détermination impliquant cation n’apparaît pas dans l’édition de 1773 du ces deux espèces voisines se retrouvent fré- même ouvrage mais qu’elle est reprise dans le quemment au XIXème siècle, dans bon nombre de Système des Plantes de C. von Linné Vol. 4 de régions. 1805 et le Linné françois Vol. 4 de 1809.

Liparis loeselii Hammarbya paludosa Dessins Y. Fuchs

Les botanistes locaux contactés à ce sujet dou- Aquitaine tent de ces informations, pour le moins vagues, et une confusion entre Ophrys paludosa et Département de la Gironde : Ophrys loeselii est probable même si les deux Cité dans une ancienne flore (Ch. des Moulins) taxons sont nettement différenciés dans les aux environs de la Teste, assurément par confu- ouvrages cités en référence. sion avec Liparis loeselii qui y est connu depuis Peut-être s’agit-il d’une station de Savoie, dé- le milieu du XIXème siècle. Contrairement à ce partement qui apparaissait encore sur la carte dernier taxon, il n’est nullement question de répartition nationale de l’espèce dans le fas- d’Hammarbya dans le Catalogue Raisonné des cicule Une répartition des Orchidées sauvages Plantes Vasculaires de la Gironde, en 2005. de France de P. Jacquet en 1988. Sa présence dans le département n’est donc pas En effet, l’espèce aurait été soupçonnée précé- retenue par la SFO Aquitaine. demment, hors période de floraison

(29/9/1981), dans un marais de la vallée des Bretagne Huiles (nord-est de La Rochette) par R. Fritsch :

« Dans un marais perché près La Table, une Département d’Ille-et-Vilaine : Phragmitaie claire avec mousses humides (pas de L’espèce y est citée « très rare » dans le Sup-

plément à la Flore de la Mayenne (H. Léveillé, p. 22 L’ancienne province du Dauphiné correspondait 151 ; 1897). Cette indication fait peut-être ré- alors aux départements de la Drôme, de l’Isère et férence à une station située au lac de Murin des Hautes-Alpes. 53 indiquée, la même année, dans un Bulletin de la Dans l’édition de 1799 du même ouvrage (p. Société des sciences naturelles de l’Ouest de la 465), il fait l’observation suivante : « Il paroît France (Tome 7, p. 103 – C. Piquenard ; Cata- que Tournefort, Vaillant, Dalibard et plusieurs logue des plantes vasculaires spontanées du autres Botanistes ont pris l’Ophrys Loeselii pour département d’Ille-et-Vilaine) en note de bas de celui ci que je n’ai pas encore rencontré. On peut page : « Malaxis paludosa Sw. a été trouvé au lac s’y tromper à la vérité, attendu que ces deux Murin, près Massérac (Lloyd), non loin des li- espèces ont beaucoup de rapports entre elles ». mites de l’Ille-et-Vilaine ». Les marais jouxtant Par la suite, l’Ophrys paludosa est traité de fa- le lac se trouvent pour partie en Ille-et-Vilaine çon variable dans les ouvrages de botanique : et pour partie en Loire-Atlantique. Par consé- En 1805, dans la Flore française vol. 3 de J.-B. quent, sans plus de précisions sur la localisation de Lamarck et A.-P. de Candolle, on trouve le exacte de la station découverte par Lloyd, le commentaire suivant concernant Malaxis loeselii : doute peut subsister. « Cette plante diffère, par sa hauteur trois fois plus grande et sa tige trigone et non pentagone, Franche-Comté de la Malaxis paludosa, que quelques auteurs ont faussement indiquée comme indigène des envi- Département de la Haute-Saône : rons de Paris ». ZNIEFF « Etang du Grand Arfin, tourbière des En 1812, F.-V. Mérat affirme : « L’O. paludosa L. Couas et prairies environnantes », sans date, ne vient pas aux environs de Paris » (Nouvelle d’après l’INPN – MNHN. flore des environs de Paris). La base de données du Conservatoire Botanique National de Franche-Comté ne connaît pas l’espèce. Le CBN de Franche-Comté m’a confir- mé que cette information était erronée par suite probablement d’une erreur de saisie ou de transcription d’un code informatique.

Île-de-France

Dans cette région, l’incertitude porte principa- lement sur l’observation éventuelle de l’espèce avant 1835. Dès le début du XVIIIème siècle, Sébastien Vail- lant signale dans son Botanicon Parisiense un Ophrys bifolia bulbosa, à Episy dans l’actuelle Seine-et-Marne. En page 146 de l’édition de 1727, il précise : « Je ne croy pas que la plante d’Epysi soit celle de Plukenet qui a une vingtaine de fleurs à son épi. Sa fleur n’a point d’Eperon. C’est un vray Ophris. Fleurit en juillet ». A la fin du siècle, J. L. Thuillier écrit, sous Ophrys paludosa : « Tige peu garnie de feuilles, et à cinq angles saillants ; feuilles radicales hé- rissées d’aspérités vers leur sommet ; lèvre du nectaire entière ; fleurs d’une couleur verdâtre, Une planche d’herbier du MNHN (P01777621), comme toute la plante. Se trouve dans les prés à étiquetée « Env. de Paris, St léger, juillet 1835, Buc23. Fleurit en mai et juin24» (1790 ; Flore des trouvé par Pervillé » et léguée au Muséum par le environs de Paris, p. 258).

24 La description de la plante pourrait correspondre à Hammarbya paludosa, mais la période de floraison est 23 Localité des Yvelines répertoriée par le CBNBP. aberrante. 54 Dr Mérat en 1851 contient des notes qu’il me localité » (F.-V. Mérat, Nouvelle flore des envi- semble intéressant de reproduire ici (les ? si- rons de Paris, 1838). gnalent des mots difficilement lisibles) : « L’Ophrys paludosa L. a été, non pas trouvé, Note de M. Mérat sur l’Ophrys paludosa : mais retrouvé en 1835 à l’herborisation de M. de « M. Pervilé a trouvé cette année 1835 à Jussieu, par M. Pervilé, dans l’étang du Cerisaie l’herborisation de St Léger, de M. A. de Jussieu, (et non Serisaie) ; car Vaillant le signalait déjà l’ophrys paludosa à l’étang du Cerisaie. On en a de son temps (Ophris n°3, p. 126 du Botanicon) » eu (?) une vingtaine de pieds. (F.-V. Mérat, Revue de la flore parisienne ; On croit que cette espèce est celle indiquée par 1843). Vaillant sous le nom d’ophrys bifolia bulbosa n° Il est fort probable que la plante observée par 146, et pour laquelle il indique la planche 247, Vaillant à Episy était Liparis loeselii mais il n’est fig. 2 de Plukenet, qui est celle indiquée par pas exclu qu’il ait pu récolter Hammarbya palu- Linné (Suecia 1341). dosa en un autre endroit. Il n’indique pas où elle se trouve, ni s’il l’a trou- En tout état de cause, seule l’observation de A. vée lui-même, ce qu’il fait ordinairement pour les de Jussieu est certifiée et les incertitudes de plantes rares. la nomenclature prélinnéenne amènent à prendre Il ajoute seulement, dans le premier article, qu’il les indications précoces avec beaucoup de cir- ne croit pas que la plante d’Epysi soit celle indi- conspection (G. Arnal - comm. pers.). quée de ( ?) Pluk. qui serait alors l’O. loeselii, la Les dates publiées par l’INPN – MNHN corres- seule qu’on puisse confondre avec elle et qui se pondent à de telles données discutables (1799) trouve en plusieurs endroits des environs, ou des reprises d’indications anciennes (Jean- quoique assez rare encore. pert ; 1911). A. de Jussieu m’a écrit (?) que l’O. paludosa se trouvait dans l’herbier de Vaillant, mais il pour- Languedoc-Roussillon rait l’avoir reçu d’ailleurs, car ordinairement il indique le jour où il a trouvé une plante rare. Département des Pyrénées-Orientales : 8 février 1836 ». Signalé en 1864 par Louis Companyo dans son Une annotation en marge précise : « l’été de Histoire naturelle du département des Pyré- 1835 a été fort (?) chaud et l’étang presque nées-Orientales, T. 2, à la p. 653 : « Habite les desséché ». prairies humides qui bordent la Désix dans le Note de A. de Jussieu : vallon de Rabouillet ». Mais l’auteur, qui indique « le malaxis paludosa se trouve dans l’herbier la même écologie et la même phénologie que pour Vaillant sous le nom de Ophrys palustris radice Liparis loeselii, dit lui-même : « Ces deux plantes repente Tourn. 437 Bifolium palustre Parkins. ont une si grande ressemblance, qu’on les con- Il y a 2 échantillons d’Angleterre venant de Par- fondrait, si les fleurs ne venaient en aide pour kinson. les distinguer ». 1 autre sans origine indiquée, coll. (?) à part est L’information est démentie de façon acerbe en probablement celui qui a été trouvé en France 1879 par E. M. J. Jeanbernat & E. Timbal- par Vaillant lui-même et auquel se rapporte plus Lagrave dans Le Massif du Laurenti : Pyrénées spécialement l’étiquette ci-dessus. françaises. Géographie, géologie, botanique : Tous les trois sont identiques entre eux et avec « Cette espèce n’a jamais été observée dans les les échantillons trouvés à St Léger ». Pyrénées… indication de pure fantaisie… » et il Ces commentaires de de Jussieu semblent vali- n’en est nullement fait mention dans la Flore des der la découverte d’Hammarbya paludosa en Pyrénées-Orientales de G. Gautier en 1898. région parisienne par Vaillant, ce qui apparaît Cette opinion m’a été confirmée par J.-M. Le- dans les ouvrages ultérieurs de Mérat : win : en l’absence de toute preuve physique et au « Vaillant paraît la mentionner dans son Botani- regard des nombreuses erreurs relevées dans con, sous le n°3, au mot Ophrys. On en trouve l’ouvrage de Companyo, l’espèce doit être exclue effectivement un échantillon dans son herbier, du département. déposé au Jardin du Roi, mais sans indication de

55 La présence ancienne de l’espèce est indiquée, à CBNBI indiquent que cette mention ne doit pas tort, dans l’Inventaire des plantes protégées en être prise en compte : « Nous considérons France (p. 136). toutes les données d’Hammarbya paludosa comme douteuses ou erronées dans nos 3 ré- Nord-Pas-de-Calais gions du NW de la France25… la donnée IFFB est à écarter » (CBN Bailleul). Département du Pas-de-Calais : Marais de Merlimont (cité en 1942 par le Dr Pays de la Loire Poucel in A la découverte des Orchidées de France, p. 176) et Ambleteuse : « Bas-fonds à Département de la Sarthe : gauche de la route de Wimereux à Ambleteuse. La plante aurait été trouvée au marais du Breil Excessivement rare (Massart) » (cité en 1913 par Manceau (Bulletin de la société d’agricul- par A. M. Giard ; Faune et Flore de Wimereux, p. ture, sciences et arts de la Sarthe 2ème série 150). Tome XVIII ; 1865). Ces informations sont douteuses selon le CBN Cette affirmation est mise en doute par A. Gen- de Bailleul qui y voit de probables confusions til dans un Inventaire général des plantes vascu- avec Liparis loeselii et n’intègre pas Hammarbya laires de la Sarthe, publié dans un autre numéro paludosa dans la flore locale. Liparis loeselii est de la même revue : effectivement un élément bien connu de la végé- « Dans une note, Manceau a indiqué incidemment tation des pannes d’arrière dunes des régions de Malaxis paludosa au Breil, probablement par Berck-Merlimont ou d’Ambleteuse. suite d’une erreur de synonymie. Je possède en effet en herbier un échantillon de Liparis loeselii Basse-Normandie Rich., recueilli par Manceau au Breil, vers cette époque. Le Malaxis paludosa Sw. n’a pas été si- Département du Calvados : gnalé autrement dans la Sarthe – A exclure » Un Ophrise paludosa (sic) est signalé « Des ma- (Bulletin de la société d’agriculture, sciences et rais », en p. 79 de la Flore du Calvados de H. F. arts de la Sarthe, 2ème série Tome XXVI, p. A. de Roussel en 1796. C’est très probablement 307-308 ; 1893). une nouvelle confusion avec Liparis loeselii qui a L’erreur de détermination est confirmée par ce existé dans ce département. même botaniste en 1925 : « La plante des maré- Dans l’Annuaire des cinq départements de la cages du Breil, qui n’existent plus, était le Lipa- Normandie de 1895, A.-L. Letacq détaille la ris loeselii Rich., comme l’attestent l’échantillon flore de l’Orne et des départements limitrophes et l’étiquette de Manceau, conservés dans mon (Considérations sur la géographie botanique du herbie » (Bulletin de la société d’agriculture, département de l’Orne) : Malaxis paludosa est sciences et arts de la Sarthe, Vol. 50 à 51, p. indiqué dans l’Orne et la Mayenne et clairement 84). inconnu du Calvados (« mais il manque au Calva- Voir aussi, plus haut, la discussion sur le Calvados. dos… Gymnadenia albida, G. odoratissima, Ma- laxis paludosa… », p. 280) ainsi que de Haute- Picardie Normandie (Seine-Inférieure et Eure, p. 272) et de la Sarthe (p. 270). Par contre, il n’est pas Département de la Somme : exclu de la Manche, sans y être toutefois indi- Signalé à Saint-Quentin (C. M. Grenier & D. qué explicitement. A. Godron ; Flore de France tome 3ème, p. 276 ; 1855 et A. Bautier ; Flores partielles de la Haute-Normandie France comparées ; 1868). Mention dont je n’ai eu aucune confirmation et qui semble bien être Département de l’Eure : de nouveau une confusion avec Liparis loeselii, Le site de l’INPN fait référence à un inventaire botanique effectué en 1983 par L. Delvosalle, 25 Mes recherches concernant la Somme montrent (Inventaire de l’institut floristique franco- que tel n’est pas le cas. belge). Les contacts que j’ai eu avec l’IFFB et le 56 présent dans les « marais sablonneux des dunes sait en 1870 les principales menaces pour la de Saint-Quentin-en-Tourmont » (Eloy de Vicq & flore indigène, dont le Malaxis : Blondin de Brutelette ; Catalogue raisonné des - emprise routière, fauche des bords de plantes vasculaires du département de la routes et des fossés, Somme ; 1863). Le département est cité, avec - défrichement des landes, bois et marais doute, par E. G. Camus dans son Catalogue des pour la mise en culture, plantes de France, de Suisse et de Belgique, en - amendement, élimination des espèces « inu- 1888. tiles », augmentation de la productivité agri- Seule l’observation de C. d’Aleizette en 1916 cole, doit être retenue. - curage et rectification des cours d’eau, - récoltes excessives par les botanistes, Rhône-Alpes - introduction d’espèces exogènes. Il proposait aussi des mesures de protection Département de l’Ardèche : comme la création de zones-refuges ou de jar- Indiqué en 1999 à Montselgues (CREN Rhônes- dins botaniques, prémonitoires de nos actuels Alpes d’après un fichier SFO) mais jamais ob- conservatoires botaniques, mais aussi des ac- servé en ce lieu par les botanistes du CREN. tions pédagogiques comme le retour de L’examen des fiches de cartographie originales l’enseignement de la botanique à l’école ! montre que celle faisant référence à Hammar- La plus importante cause de régression bya paludosa n’est pas fiable et n’indique, en de l’espèce a été indubitablement la disparition tout état de cause, qu’une possibilité de pré- de ses milieux de vie. Dans de nombreuses ré- sence (J.-P. Mandin ; Société Botanique gions, la plante, strictement inféodée à un bio- d’Ardèche). Selon G. Scappaticci, il pourrait tope très spécifique et fragile, n’a pas survécu s’agir d’une confusion avec une station lozé- au drainage, à l’exploitation puis à la mise en rienne voisine (comm. pers.). culture des tourbières où elle prospérait autre- Orchidée à exclure de la flore ardéchoise. fois. Dès le XIXème siècle, ces changements en- vironnementaux, qui se sont considérablement V) Causes de disparition accélérés après 1950, sont pointés du doigt : « Lorsqu’on dessèche ou défriche les marais, ou lorsqu’on enlève les Sphagnum, le Malaxis palu- dosa disparaît avec les Sphagnum. Je l’ai vu dis- paraître de cette façon, depuis 30 ans, de plus de cent localités où il abondait autrefois, et on finira bientôt par le détruire entièrement. » (F. Schultz ; Archives de la flore de France et d’Allemagne, p. 240 ; 1856). « Depuis plus de trente ans l’étang du Serisaye a été desséché et mis en culture, de magnifiques moissons ont remplacé le Malaxis qui ne se trouve plus que dans les herbiers de rares élèves et contemporains d’Adrien de Jussieu. Le Malaxis paludosa est perdu et bien perdu pour la Extraction de la tourbe en Corrèze Flore parisienne, c’est une plante devenue au- au début du XXème siècle jourd’hui historique et presque légendaire. » (Emile Deyrolle ; Le Naturaliste vol . 1 & 2, p. Dans un article26 que l’on pourrait quali- 271 ; 1879). fier de visionnaire, un botaniste normand expo-

26 M. Bertot – De la convenance et de l’utilité des Bulletin de la Société Linnéenne de Normandie Sér. 2 jardins botaniques dans les localités secondaires ; Vol. 6, p. 439-443 ; 1870-1872. 57 Cette évolution était déjà pressentie par les formées en champs labourés. » Plus radicaux anciens botanistes, comme Emile Gadeceau qui, encore furent l’ennoyage de stations pour créer en 1895, dresse le bilan suivant27 : des plans d’eau ou la transformation de cer- « Terminons par quelques remarques relatives à taines tourbières en décharges ! l’aire de dispersion de Malaxis paludosa. Le même sort a été réservé progressivement à Lloyd, nous l’avons vu, énumère plusieurs locali- la station landaise de l’étang de Léon, détruite à tés de cette rare orchidée dans l’Ouest de la la fin du XXème siècle par assèchement de la France ; Cosson et Germain la notent comme tourbière à des fins agricoles et cynégétiques. disparue des environs de Rambouillet (Seine-et- L’unique station d’Indre-et-Loire a disparu suite Oise), où elle avait été découverte par A. de à des plantations diverses, à l’eutrophisation, à Jussieu, en 1835 ; Camus la cite avec doute dans la création d’étangs de pêche mais surtout aux la Somme ; Kirschleger mentionne plusieurs lo- récoltes excessives28 (J.-P. Amardeilh & J.-C. calités dans les Vosges ; Corbière, dans sa ré- Roberdeau – comm. pers.). cente et excellente Flore de Normandie, lui en attribue trois dans ses limites ; enfin, la plus Une autre cause réside en effet dans les méridionale de toutes les stations françaises prélèvements inconsidérés effectués par les connues et probablement de celles d’Europe, est botanistes dans certaines stations afin de réali- l’étang de Léon, dans les Landes. Il est à ser des planches d’herbiers. F. Schultz, celui-là craindre que le défrichement croissant des même qui déplorait la disparition de l’espèce tourbières restreigne de plus en plus l’aire du dans les tourbières de l’est de la France, ne Malaxis ». faisait pas moins commerce d’exemplaires d’herbiers ! En 1856, il propose le Malaxis palu- dosa dans une de ses centuries29, laquelle est tarifée au prix de 25 francs ! En 1897, H. Léveillé fait le commentaire suivant concernant la station de Pré-en-Pail : « Station fort riche autrefois mais apauvrie (sic) par l’inventeur lui-même et par l’abus des centu- ries30 ». En 1942, le Dr Poucel, collectionneur des orchi- dées de France, rencontrait pour la première fois l’espèce au bord de l’étang de Léon, dans les Landes : « D’abord un échantillon trop jeune, nourrisson imperceptible. Puis 4 autres sujets adultes en parfait état, leurs fleurs de quelques millimètres bien reconnaissables. Je n’en re- cueille que deux pour ne pas appauvrir la sta-

28 L’herbier Tourlet contient une planche de 22 échantillons prélevés le même jour (10 sept. 1889) 15/08/1910 - Vosges du Nord dans cette station ! Herbier Emile Issler 29 Contrairement à une idée répandue, une centurie Fondation Suisse d’Orchidées désignait à l’époque un ensemble d’au moins 100 parts Une communication personnelle de C. Bernard à d’herbiers d’espèces différentes et non nécessaire- propos de l’Aveyron corrobore ce fait : « Dispa- ment 100 plantes d’une même espèce. Cependant, une ru depuis, car les tourbières et landes tour- centurie pouvait regrouper jusqu’à 1 000 échantillons beuses du Lévezou ont été drainées et trans- de plantes, parmi lesquels un grand nombre d’échantillons d’une même espèce puisque, dans les sociétés d’échanges, chaque abonné recevait le même 27 Bulletin de la Société des sciences naturelles de lot de parts. l’Ouest de la France T. 5, p. 49. 30 Supplément à la Flore de la Mayenne, p. 151. 58 tion ». Ce qui représente tout de même 40 % de sciences naturelles de l’Ouest de la France (T. la population ! 7, p. 56), à propos de la station normande de La Un commentaire de C. Bernard à propos des Trappe : « Les visites nombreuses de botanistes stations aveyronnaises abonde dans ce sens : reçues par cette riche localité firent bientôt « Donné comme parfois abondant à l’époque (XIXème disparaître la rarissime Orchidée ». siècle), et de ce fait, très (trop !) récolté ». Que ce soit en Lozère (lac de Charpal) ou dans Certes, les herborisations du passé n’ont finale- les Vosges (station de la Bresse), le piétinement ment eu que peu d’impact sur le maintien général (les troupeaux de bovins n’étant pas seuls en de l’espèce et les parts d’herbier restent des cause !) induit par des visites surabondantes témoins indispensables à la connaissance scien- contribue à l’amenuisement de ces stations. tifique d’une situation floristique révolue. Il est Rappelons que ce taxon est protégé au niveau clair cependant que les récoltes destinées aux national en France (annexe 1 de l’arrêté du 20 sociétés d’échange ou des prélèvements con- janvier 1982). Une enquête effectuée sous joints de 8 à 10 plantes dans une même station, l’égide de la SFO a abouti en 2009 à une propo- comme le montre la planche d’herbier de la page sition de classement du taxon dans la catégorie précédente ne pouvaient qu’amoindrir, à terme, EN (pour Endangered = En danger : taxon con- les populations. fronté à un risque très élevé d’extinction à l’état sauvage) sur la liste rouge régionale31 des ▼ Lac de Lispach Ancienne station vosgienne de l’espèce orchidées de France, établie selon les critères de l’UICN. Sans rentrer dans les détails (le lec- teur pourra prendre connaissance des nombreux critères, précis mais complexes, sur le site www.uicn.fr), cette proposition est motivée par le critère suivant qui s’applique à Hammarbya paludosa dans notre pays : « Population estimée à moins de 2 500 individus matures, présentant un déclin continu, constaté, prévu ou déduit du nombre d’individus matures et ne comportant pas de sous-population estimée à plus de 250 individus matures ». Cela fait référence autant à l’effectif total du taxon, qu’à son potentiel de reproduction ou au déclin de sa population sur une période de 30 ans. L’évolution négative des populations d’Hammarbya paludosa en France au cours des dix dernières années pourrait même faire envisager son reclassement dans la caté- gorie CR (Critically endangered = En danger cri- tique d’extinction : taxon confronté à un risque extrêmement élevé d’extinction à l’état sau- vage), qui ne concerne actuellement aucune or- chidée de France métropolitaine (comm. pers. P. Feldmann) !

Il convient également d’évoquer les phé- Si les prélèvements physiques n’ont nomènes d’évolution naturelle des tourbières guère cours de nos jours, la surfréquentation dont la lenteur n’a cependant rien à voir avec les des stations par des botanistes ou autres pho- causes d’origine anthropique, bien plus rapides tographes friands d’un cliché rare devient un et dévastatrices car souvent irrémédiables ! problème crucial, mais qui ne date pas d’aujourd’hui. Pour preuve ce commentaire de 31 1897, paru dans un Bulletin de la Société des Ce terme, à prendre au niveau mondial, renvoie au territoire français métropolitain. 59 En l’absence d’intervention extérieure, les mi- siècle y apparaissent nettement, d’où une cer- lieux tourbeux sont soumis aux aléas clima- taine stabilité pendant cette période, alors que tiques, aux perturbations hydrologiques, à le déclin de l’espèce dans la seconde moitié du l’atterrissement et à la dynamique de la végéta- XXème siècle est patent. La Bretagne reste, par tion qui mènent, à terme, à la fermeture du mi- l’importance de ses populations, le bastion lieu et au boisement. Le déclin des effectifs d’Hammarbya paludosa en France. La survie de la constaté dans plusieurs populations françaises station de Loire-Atlantique, qui aura subsisté depuis le début des années 2000 (dans un rap- pendant deux siècles, est remarquable quand port de 1 à 4 !), qui est en partie la conséquence tant d’autres stations françaises n’ont pas ré- du caractère de plante à éclipses de l’espèce, ne sisté à quelques dizaines d’années d’agressions peut que s’avérer préoccupant car un nombre diverses. Bien rares en effet sont celles qui ont réduit d’individus dans une station, en diminuant « soufflé leurs cent bougies » ! les possibilités de reproduction et de brassage De même, certaines stations du Finistère, de la génétique au sein de la population, compromet la Lozère et des Vosges ont perduré jusqu’à nos pérennité de la station. Ajoutons à cela le faible jours dans des départements qui ont conservé taux d’ovaires fécondés chez Hammarbya palu- une certaine ruralité. dosa, évalué entre 5 % (Seité 2001) et 20% L’expérience a montré que des prospections (Claessens 2010), que la biologie particulière de systématiques dans les tourbières peuvent l’espèce semble cependant compenser par la aboutir, avec un peu de chance, à la découverte, production de bulbilles à l’apex des feuilles, ou la redécouverte dans ses stations histo- mode de reproduction végétative par clonage riques, de cette plante discrète et capricieuse, des individus qui semble relativement efficace. comme ce fut le cas en Bretagne, dans les Les actions d’entretien et de restauration visent Vosges ou dans les Pyrénées-Atlantiques. à enrayer l’eutrophisation, l’envahissement par les espèces ligneuses, et permettre à une flore Des informations de dernière minute me per- herbacée peu concurrentielle de se réimplanter, mettent de conclure sur une note plus opti- rétablissant ainsi une grande biodiversité floris- miste : l’été 2011 semble avoir été favorable à tique mais aussi faunistique. Outre une bonne Hammarbya paludosa en Lozère, où les gardes gestion hydrologique, les pratiques agro- du Parc National des Cévennes ont découvert de pastorales traditionnelles (étrépage superficiel, nouvelles stations et comptabilisé 215 pieds fauche, pâturage extensif), qui favorisaient les dans le département (comm. pers. F. Dabonne- plantes pionnières comme Hammarbya paludosa, ville). un renforcement des populations par culture ex Prélude à une remontée des effectifs de situ ou une restauration des milieux de vie de la l’espèce dans un avenir proche ? plante font partie des stratégies mises en œuvre de nos jours dans les plans de sauvegarde des tourbières, comme le préconise une étude du Conservatoire Botanique National de Brest32. Les cartes données en annexe font le bi- lan des observations de l’espèce à différentes dates. Chacune d’elles prend en compte les ob- « - Malaxis, malaxis, tu as beau te cacher, servations sur une période de 50 ans en arrière, je t’aurai… sauf celle de 2010 pour laquelle je n’ai retenu Et je l’ai eu. Victoire ! voilà Malaxis ! que les mentions avérées pendant les 10 années Te Deum laudamus ! » précédentes. Les efforts de prospection, dans J. Poucel 1942 des biotopes encore naturels et favorables à la plante, entre les milieux des XIXème et XXème

32 Plan de conservation en faveur du malaxis des ma- rais (Hammarbya paluudosa (L.) Kuntze) en Bretagne.

A. Lieurade. CBN Brest, 2009. 60 Remerciements à toutes les personnes qui, d’une Bibliographie : manière ou d’une autre, m’ont aidé dans mes recherches : Livres : P. Amardeilh (SFO) ; M. André (CBN Franche- ABBAYES (DES) H., 1971. Flore et végétation du Comté) ; P. Antonetti (CBN Massif central) ; G. Massif Armoricain ; Tome I. Arnal (CSRPN Ile-de-France) ; S. Audouard ANTONETTI PH., BRUGEL E., KESSLER F., BARBE (Société Linnéenne de Bordeaux) ; C. Bernard J. P. & TORT M., 2006. Atlas de la flore (Société Botanique du Centre-Ouest) ; F. Blan- d’Auvergne. Conservatoire botanique national du chard (CBN Sud-Atlantique) ; F. Botté (Société Massif central, 984 p. Botanique Ligérienne) ; T. Bousquet (CBN ARNAL G., 1996. Les plantes protégées d’Ile-de- Brest) ; P. Burnel (SFO Normandie) ; L. Chabrol France. Biotope (Collection Parthénope), Paris, (CBN Massif central) ; F. Dabonneville (SFO 349 p. Languedoc) ; T. Delahaye (SFO Rhônes-Alpes) ; BESNOU L., 1882. Flore de la Manche. P. Delforge (Les Naturalistes Belges) ; F. Dusak BONNIER G., 1990. La grande flore en couleurs (SFO Ile-de-France) ; O. Escuder (INPN- de Gaston Bonnier ; vol. 4. Belin, Paris. MNHN) ; P. Feldmann (Commission scientifique BOURNÉRIAS M., PRAT D. et al., 2005. Les Or- SFO) ; B. Gerbaud (SFO Aquitaine) ; A. Gévau- chidées de France, Belgique et Luxembourg, 2ème dan (SFO Rhône-Alpes) ; M.-L. Guérin (MHN éd. Biotope, Mèze (Collection Parthénope), 504 p. Nantes) ; G. Haan-Archipoff (Herbiers de BREBISSON (DE) A., 1869. Flore de la Normandie. Strasbourg) ; C. Hauguel (CBN Bailleul) ; M. BRUGEL E., BRUNERYE L., VILKS A., 2001. Plantes Hoff (Société Botanique d’Alsace) ; P. Jacquet et végétation en Limousin – Atlas de la Flore (SFO Rhône-Alpes) ; F. Jouandoudet (CREN vasculaire. CREN du Limousin, Ed. Saint-Gence. Aquitaine) ; J. Koenig (SFO Auvergne) ; J.-M. CAMUS E. G., 1888. Catalogue des plantes de Lewin (SFO Roussillon) ; A. Lieurade (CBN France de Suisse et de Belgique, Paris. Brest) ; J.-P. Mandin (Société Botanique CAMUS E. G., 1929. Iconographie des Orchidées d’Ardèche) ; T. Pain (SFO Ile-de-France) ; B. d’Europe et du Bassin méditerranéen. Lecheval- Pascault (CREN Rhône-Alpes) ; Y. Peytoureau lier, Paris. (Société Botanique du Centre-Ouest) ; A. Pierné COSTE H., 1901-1906. Flore descriptive et illus- (SFO Lorraine-Alsace) ; J.-C. Ragué (Conserva- trée de la France ; vol. 3. Paris. toire des Sites Lorrains) ; J.-C. Roberdeau (SFO CANDOLLE (DE) A.-P. ET LAMARCK (DE) J.-B., Centre-Loire) ; J. Saintenoy-Simon (Association 1805. Flore française ; vol. 3. pour l’Etude de la Floristique asbl) ; G. Scappa- CLARET DE FLEURIEU DE LA TOURETTE M. A. L., ticci (SFO Rhône-Alpes) ; P. A. Schäfer (Her- ROZIER F., 1796. Démonstrations élémentaires bier de Montpellier) ; F. Seité (Naturaliste Bre- de botanique ; vol. 2. tagne) ; S. Sprunger (Fondation Suisse COMPANYO L., 1864. Histoire naturelle du dé- d’Orchidées) ; C. Surand (SFO Centre-Loire) ; C. partement des Pyrénées-Orientales, 2. Roux & G. Thébaud (Herbiers de Clermont- COSSON E. & GERMAIN DE SAINT-PIERRE E., Ferrand) ; F. Thiery (SFO Franche-Comté) ; B. 1861. Flore des environs de Paris. Masson & fils, Toussaint (CBN Bailleul). Paris. Remerciements à Serge Muller, du laboratoire DANTON P. & BAFFRAY M., 1995. Inventaire des de phytoécologie de l’Université de Metz, pour Plantes protégées en France. A.F.C.E.V., Mul- ses informations concernant l’Alsace et la Lor- house ; Nathan, Paris, 294 p. raine ainsi que pour sa relecture de l’article. DAVID C. et al., 2009. La Flore de la Mayenne. Toute donnée complémentaire dont je n’aurais Siloë, Nantes. pas eu connaissance est la bienvenue. DURFORT J. et al, 2007. Les tourbières de Bre- tagne. Collection Les cahiers Naturalistes de Bretagne. FCBE. Editions Biotope, Mèze, 176 p. * 3 rue de Guebwiller, 68840 Pulversheim DUSAK F. & PRAT D. (coords), 2010. Atlas des [email protected] Orchidées de France. Biotope, Mèze (Collection Parthénope) ; MNHN, Paris, 400 p.

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Vosges - L’Orchidophile n° 145 ; SFO-Paris. 1931 : LEMEE G., Les Bruyères à Sphaignes du 2001 : SEITE F. & DURFORT J., Hammarbya massif de Multonne : étude phytogéographique - paludosa dans le massif armoricain - Bulletin de la Société Linnéenne de Normandie, L’Orchidophile n° 149 ; SFO-Paris. Sér. 8, Vol. 4., n° 10. 2005 : Catalogue Raisonné des Plantes Vascu- 1935 : LEMEE G., Sur quelques phanérogames laires de la Gironde – Mémoires de la Société nouvelles pour le territoire du Perche - Bulletin Linnéenne de Bordeaux Tome 4 ; SLB - Bor- de la Société Linnéenne de Normandie, Sér. 8, deaux. Vol. 7. 2009 : FELDMANN P. & PRAT D., Evaluation des 1938 : Société d’histoire Naturelle de la Mo- risques d’extinction des orchidées de France : selle, n° 35 à 39. application de la méthode de la Liste Rouge de 1954 : CHEVALLIER A., A propos de la disparition l’UICN au niveau national - L’Orchidophile n° du Malaxis paludosa dans le N.-O. de la France 183 ; SFO-Paris. et de quelques autres espèces en voie de dispa- 2011 : LIEURADE A., THOMASSIN G., Hammar- rition dans les tourbières et marais du N.-O. bya paludosa (L.) Kuntze dans le Massif armori- Bulletin de la Société Botanique de France, vol. cain : état des lieux en 2009 et proposition d’un 101 : 139-141. plan de conservation – ERICA n° 24 : 9-22. 1956 : CORILLION R., Sur deux localités nou- velles de Malaxis paludosa Sw. (Orchidacées) en Sites Internet : Bretagne. Bulletin de la Société Botanique de http://books.google.fr France, vol. 103 : 484-485. http://gallica.bnf.fr 1959 : ENGEL R. & KAPP E., Bulletin de la Socié- http://archiv.org. té Botanique de France, vol. 106. http://biodiversitylibrary.org 1969 : 17ème session extraordinaire de la Société http://www.tela-botanica.org Botanique de France. http://inpn.mnhn.fr 1980 : DUSSAUSSOIS G., Hammarbya paludosa http://sonneratphoto.mnhn.fr (L.) Kuntze et Gennaria diphylla (Link) Parl., deux http://orchid.unibas.ch précieuses orchidées de la flore française - http://herbier.u-strasbg.fr L’Orchidophile n° 41. http://herbiertourlet.univ-tours.fr 1981 : Bulletin de la Société d’Histoire Naturelle de la Savoie, N° 129 – Novembre 1981.

63

Annexe 1

Récapitulatif historique de la présence d’Hammarbya paludosa en France.

Région Département Première observation Dernière observation33

Bas-Rhin 1830 ? 1939 ? Alsace Haut-Rhin 1873 1873

Landes 1880 ? 1980 Aquitaine Pyrénées-Atlantiques 2008 2010

Auvergne Cantal 1898 1919

Côtes-d’Armor 1955 1997

Bretagne Finistère 1890 ? 2010

Morbihan 1844 1886

Centre Indre-et-Loire 1889 1908 ?

Ile-de-France Yvelines 1835 1845

Languedoc-Roussillon Lozère 1897 2010

Corrèze 1996 2006

Limousin Creuse 2006 2009

Haute-Vienne 1949 1999

Moselle 1820 1922 Lorraine Vosges 1833 ? 2010

Midi-Pyrénées Aveyron 1894 1974

Manche 1881 ? 1905 ? Basse-Normandie Orne 1850 ? 1980 ?

Loire-Atlantique 1800 1999 Pays de Loire Mayenne 1861 1939

Picardie Somme 1916 1916

33 Les dates indiquées sont parfois issues d’ouvrages reprenant des données antérieures à leur année de parution. Il est alors difficile de dater précisément la dernière observation de l’espèce. 64

Annexe 2

Cartes de répartition d’Hammarbya paludosa en France.

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66 Erasanthe henrici, représentant d’un nouveau genre malgache

Dominique Karadjoff *

L’observation de la morphologie ainsi que les simultanément. Enfin on remarquera un très dernières études ADN ont permis à Phillip J. grand éperon. Devant ces critères il était Cribb, Johan Hermans et David L. Roberts licite de pousser plus loin les investigations de resituer Aeranthes henrici, une des plus afin de savoir où situer réellement cette belles orchidées malgaches dans un nouveau plante dans la grande famille des orchidées genre sous le nom d’Erasanthe henrici. malgaches. Ainsi, en dehors de ces différen- Aeranthes henrici a été décrit pour la pre- ces morphologiques, une étude ADN menée mière fois par Rudolph Schlechter en 1925. par Micheneau (2005) sur les séquences Classé parmi les Aeranthes sans doute en génétiques ITS et MatK indiquent que A. raison de la couleur blanc vert des fleurs, henrici est proche génétiquement des gen- cette nouvelle espèce a été nommée henrici res Beclardia, Cryptopus et Oeonia et en l’honneur du grand botaniste français qu’inversement, il est éloigné du genre Ae- Henri Perrier de La Bathie, auteur de la ranthes qui est lui même proche des Jumel- Flore de Madagascar (1939-1941). lea, grande famille malgache. Il était donc devenu nécessaire de reclasser A. henrici, Le genre Aeranthes comprend 48 espèces ce qui a été fait en 2007 avec la création du principalement originaires de Madagascar, nouveau genre Erasanthe. Sont alors décrits des Mascareignes et des Comores, deux deux taxons, Erasanthe henrici forme typi- espèces étant localisées en Afrique (Zim- que et E. henrici subsp. isaloensis du sud- bawe) : A. africana J. Steward et A. parkesii ouest malgache. G. Will. Le genre est caractérisé par des racines fines ramifiées, des feuilles assez Erasanthe henrici (Schltr.) P.J. Cribb, J. épaisses et surtout des fleurs plus ou moins Hermans, D.L. Roberts Andansonia (2007) translucides allant de la couleur blanche à la L’origine du nom de genre Erasanthe pro- couleur verte. L’éperon est en général court vient de l’anagramme du nom Aeranthes, et chaque pollinie est attachée à un visci- genre nouveau monotypique comprenant les dium propre. deux sous-espèces citées. Une étude récente menée par Phillip Cribb,  La forme typique Johan Hermans et Daniel Roberts (Andanso- nia 2007) s’est intéressée au cas de Plante épiphyte, acaule. Feuilles oblancéolées L’Aeranthes henrici R. Schltr. (1925) qui ne de 3 à 4 cm de large sur 15 à 20 cm de long, semblait pas correspondre aux critères bords ondulés. Racines charnues. morphologiques des Aeranthes. En effet, on note chez ce dernier des racines épaisses, Hampe florale naissant à la base de la tige, peu nombreuses, des feuilles oblancéolées pendante, portant de 3 à 7 fleurs blanches aux bords ondulés et une inflorescence à de grande taille. Une bractée brune de 1,5 hampe pendante, un peu comme dans le cm recouvre la naissance de chaque pédicelle genre Aerangis, donnant naissance à des qui avec l’ovaire mesure 4 cm. Fleur blanche fleurs de très grande taille qui s’ouvrent au labelle vert dans sa partie proximale,

66 sépale médian linéaire aigu et étroit de 9 cm par mètre, le feu finit par les détruire au fil sur 1,3 cm. Sépales latéraux larges à leur des années. Là, accrochés à la cime des ar- base de 2 cm, acuminés, étroits, aigus et bres, plusieurs Erasanthe henrici survivent, falciformes de 10 cm sur 1 cm ; pétales plus certains portant des capsules bien grosses, courts également étroits et falciformes de espoir de graines et de perpétuation de 6,5 cm sur 1 cm ; labelle de 7 à 8 cm de long l'espèce si leur biotope survit ? sur 3,5 cm de large, denticulé, fimbrié sur L’espèce est déclarée en voie de disparition ses bords, très finement acuminé en son sur toute l’île. Cependant quelques tentati- extrémité. Colonne de 1 cm ; éperon long et ves de culture in vitro et de culture de mé- fin de 12 cm. ristèmes lui donneront peut-être une On trouve E. henrici au nord et nord-est deuxième vie en milieu protégé, en alimen- d’Antananarivo jusqu’à Antsirana, en épi- tant le commerce d’orchidées et en évitant phyte sur les arbres de la forêt humide du ainsi la surcollecte sauvage encore actuelle- plateau, entre 800 et 1 000 m d’altitude. ment de mise.

La plante fleurit en mars-avril à Madagascar, Culture en septembre-octobre en culture en Europe Je cultive E. henrici sur plaque d’écorce avec (photo p. 40). succès. Surtout en raison de sa hampe flo-  Erasanthe henrici subsp. isaloensis rale pendante, il est placé en serre chaude plutôt en hauteur. Il apprécie une bonne Diffère de l’espèce typique par un pédicelle luminosité sans excès ; je le pulvérise d’eau et un ovaire plus courts, des fleurs plus pe- de pluie tous les jours en période de chaleur, tites, triangulaires, une colonne plus longue moins souvent en hiver. Je lui donne des et un éperon plus court. On la trouve uni- engrais dilués dans l’eau d’arrosage une fois quement dans les gorges du massif de l’Isalo par semaine, sauf en hiver. Sa floraison au sud-ouest d’Antanarivo sur la route de semble quand même indexée à un bon enso- Tuléar. leillement à l’année, ce qui a été le cas cette Protection année.

En 2005, avec mon ami malgache d’adoption, Bibliographie Alain Petit Jean m'a fait découvrir les lam- Cribb P, Hermans J., Roberts D. L., 2007. beaux de forêt primaire du plateau du Tam- Erasanthe (, Epidendroideae, Aeran- pokets au nord-ouest d'Antananarivo sur la gidinae), a new endemic orchid genus from Mada- route de Mahajunga. La savane était brûlée gascar, Adansonia, sér. 3. 29 (1). sur des dizaines et des dizaines de kilomè- Cribb P., Hermans J., 2009. Field guide to the tres, à perte de vue, et la désolation sem- orchids of Madagascar, Kew publishing. blait partout. En fait, nous étions en pleine période de culture sur brûlis. Le problème Hermans J. & C., Du Puy D., Cribb P., Bosser J., de cette méthode de culture, c’est qu’elle 2007. Orchids of Madagascar, second edition, est totalement incontrôlée, mais heureuse- Kew publishing. ment des lambeaux de forêt primaire survi- * 6A, avenue Clémenceau – 54150 Briey vent dans des petits vallons à l'abri des flammes des feux de brousse quoique, mètre

67 Bal(l)ade pour une polonaise

Monique et José Guesné *

Ma première rencontre avec Neottianthe cucullata remonte à 2007, dans le numéro 173 de l’Orchidophile. Un article de Ryszard Plackowski nous la présentait au travers d’une étude sur son écologie en Lettonie. Elle me fut remise en mémoire début 2011 lorsque mon ami David Prusa, orchidophile tchèque, me présenta ses vœux. En effet, elle figurait en bonne place sur sa carte ! Il n’en fallut pas plus pour me donner l’envie d’aller la voir. David l’ayant photographiée en

Pologne, cela me parut plus réalisable, la Pologne et la Slovaquie étant limitrophes. Neottianthe cucullata Swiss Orchid Foundation at the Herbarium Jany Renz Neottianthe cucullata est une orchidée eu- rasiatique tempérée dont le territoire David, sollicité et fidèle à sa gentillesse, m’envoya s’étend de la Baltique au Japon. Localisée et donc les coordonnées de la station, celle-ci se rare, elle figure sur plusieurs listes rouges trouvant dans le nord-est de la Pologne, près d’espèces en voie de disparition. L’est de la d’Augustow, non loin de la frontière lituanienne, à Pologne semble être sa limite de répartition. environ 950 km de Bratislava. Sa floraison s’étale de juillet à août, dans un habitat de mi-ombre à ombre sur substrats La période la plus propice pour la voir étant fin acides, humides et profonds, en particulier juillet - début août, d’après David, et vu les dans les forêts primaires de résineux. conditions climatiques de cette année 2011, la On la trouve au nord-est de la Pologne, en balade en Pologne se fera du 11 au 19 juillet avec Lituanie, Lettonie, Ukraine, Biélorussie, une visite sur la station d’Augustow programmée Russie et Japon. Sa présence en Hongrie le 13 juillet. demande à être confirmée. Nous avons quitté Bratislava le 11 juillet au matin C’est une plante grêle, de 10 à 40 cm de et avons fait un premier arrêt à Varsovie. Nous y haut, présentant 2 feuilles basilaires oppo- avons vu nos deux premières orchidées, de sées. L’inflorescence, lâche, est formée de 3 splendides gravures dans la vitrine d’un à 30 fleurs. La fleur, rose à rougeâtre, pré- bouquiniste de la vieille ville ! sente un casque formé des sépales et des pétales rassemblés . Le labelle est profon- dément trilobé et dirigé vers l’avant. Le lobe médian, linguiforme, plus large et plus long que les lobes latéraux, est de couleur blanc à rosé avec quelques petites taches plus fon- cées. L’éperon est bien développé, descen- dant et arqué vers l’arrière. La plante est munie de 2 tubercules ovoïdes.

Cypripedium harrisianum Cypripedium stonei

68 Après une journée de visite dans cette ville pondait parfaitement aux photos et c’est donc magnifique et une bonne nuit de repos, c’est plein d’espoir que nous sommes repartis à la le 13 juillet au matin que nous prenons la recherche de notre jolie polonaise. direction d’Augustow. Augustow se trouve dans la voïvodie de Po- Ici encore, beaucoup de Goodyera repens et dlachie, créée le 1er janvier 1999 suite à une d’Epipactis atrorubens puis, le long du chemin, loi réorganisant le découpage administratif juste en limite des arbres, une dizaine de pieds du pays. D’une superficie de 20 180 km², les d’une orchidée fanée. J’ai immédiatement pensé réserves naturelles y couvrent le tiers du qu’il s’agissait bien de Neotthiante cucullata, les territoire. Elle a été consacrée poumon vert conditions climatiques ayant été, ici aussi, plus de la Pologne par l’UNESCO. Peu fréquen- que difficiles. Nous avons donc stoppé nos tées par les touristes, les forêts y ont recherches et repris le chemin d’Augustow. conservé leur caractère quasi primaire. Il nous restait cependant une petite chance, le La station de Sucha Rzeczka se trouve à 15 parc national de Wigry près de Suwalki à une km environ d’Augustow. Les indications de quarantaine de kilomètres. Nous nous y rendrons David devraient nous permettre de la trou- donc le lendemain. ver sans problème mais les bornes de pierre Le parc national de Wigry fut créé en 1989. Il jalonnant la route forestière nous ont ce- couvre une superficie de 15 075 ha incluant plus pendant réservé une surprise. de 9 000 ha de forêt. Situé dans la partie nord de Nous nous sommes arrêtés à la première la forêt d’Augustow, son histoire géologique est borne 148 trouvée et, bien que marquée par la dernière glaciation. Dix-huit l’environnement ne corresponde pas complè- espèces reliques de l’époque glaciaire y ont été tement aux photos de David, nous avons en- identifiées. trepris d’explorer le chemin forestier qui C’est dans ce parc qu’en 2003 une expérience de menait au canal. réintroduction de Neotthiante cucullata a été Nous y avons découvert Goodyera repens et engagée à partir de plantes prélevées sur la Epipactis atrorubens en début de floraison station d’Augustow. ainsi qu’une jolie pyrole Chimaphila umbellata. Quatre sites avaient été sélectionnés pour cette expérience en fonction principalement de la nature du sol et de la situation géographique qui devait permettre d’assurer aux plantes l’approvisionnement nécessaire en humidité mais également un abri discret. Le site définitif choisi, les plantes furent transférées durant la dernière quinzaine du mois d’août 2003. En 2004, 24 de ces plantes avaient refleuri mais seules 8 d’entre elles portaient des graines. A l’automne 2004, 26 nouveaux pieds E. atrorubens Chimaphila umbellata furent introduits sur le site. Augustow – 13/07/11 Malgré tous nos efforts, nous n’avons pas Dans ce même parc, une étude a été menée de trouvé Neotthiante cucullata. J’ai donc 1998 à 2003 sur une station existante montrant pensé qu’elle n’était tout simplement pas une fluctuation importante de la population. La encore en fleur car le biotope où nous nous météorologie, d’après cette étude, pourrait expli- trouvions lui convenait bien... quer en partie ces fluctuations, un hiver froid Ne sachant pas où menait la route, nous suivi d’un été sec pouvant entraîner une baisse avons rebroussé chemin. Quelques centaines notable des effectifs. de mètres plus loin, surprise ! nous décou- C’est sous une fine pluie que nous arrivons à vrons une autre borne numérotée 148. En Krzywe, l’un des points d’accès au parc. La effet, ces bornes portent un numéro diffé- personne de l’accueil ne parle pas anglais mais rent selon la direction prise, 147 d’un côté comprenant que nous souhaitons avoir un et 148 de l’autre. Cette fois le site corres- renseignement, nous fait signe d’attendre et 69 revient quelques instants plus tard accom- pagnée de l’un des employés du parc. Après lui avoir expliqué, en anglais, la raison de notre présence, il me regarde, incrédule, et me demande de répéter ma question... Il me répond alors : Neottianthe cucullata... Yes, we have but it’s TOP SECRET !

Je m’attendais un peu à cette réponse, cette orchidée figurant dans le livre rouge des es- pèces en voie de disparition en Pologne… Je me lance dans de nouvelles explications : nous venions de France, avions constaté que les plantes étaient fanées sur la station Nous prenons la route le lendemain 15 juillet, pour d’Augustow et espérions pouvoir la voir à 3 jours, direction Malbork afin de visiter son Wigry... magnifique château, classé au patrimoine mondial L’incrédulité fit place alors à l’étonnement de l’UNESCO, puis Gdansk, Sopot et les environs. puisqu’il n’avait pour ainsi dire jamais vu de La pluie nous accompagne pendant une partie du français faire un tel déplacement... trajet qui, bien que relativement court, nous Nous sommes restés un vingtaine de minutes prend plus de temps que prévu. Nous avons eu avec lui, il m’a alors confirmé qu’il y avait 2 l’occasion de constater que la Pologne est le stations de N. cucullata dans le parc, l’une paradis des cigognes. En effet, les nids sont très naturelle, l’autre découlant bien de nombreux et il n’est pas rare d’y voir 4 petits ! l’expérience de réintroduction menée depuis 2003. Malheureusement pour nous, l’accès en est strictement réservé aux scientifiques qui continuent de suivre leur évolution.

Avant de nous quitter, il nous a remis un fascicule sur le parc où figure, bien évidem- ment, cette petite orchidée ainsi qu’un plan de la région qui nous permettra dans l’après- midi de partir à la découverte de sites ne figurant sur aucun guide.

Au sortir de l’accueil, c’est une pluie bat- Château de Malbork tante qui nous attend mais nous avons notre arme secrète : de magnifiques capes de pluie, souvenir d’un séjour dans les Dolomi- C’est à Piasky, petit bourg situé à quelques tes. Nous partons donc sans crainte en ba- centaines de mètres de la frontière de l’enclave lade dans la forêt à la recherche des cas- territoriale russe de l’oblast de Kaliningrad, que tors qui, eux aussi, décideront de nous faire nous verrons nos dernières orchidées : 2 pieds de faux-bond ! Goodyera repens, découverts par hasard en bordure d’un chemin forestier alors que nous Après la pluie, le soleil ! Mais nous restons allions en bord de mer Baltique pour y tremper cachés sous nos capes car les moustiques nos pieds. sont féroces. C’est par la découverte d’une maison traditionnelle et d’étonnantes ruches que nous terminons notre visite.

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Je conclurai cet article par un petit clin d’œil à l’un de nos sympathiques adhérents et amis, Michel Rohmer, qui a eu l’occasion de voir Neottianthe cucullata sous d’autres cieux : c’était fin août 1993, sur les pentes du Fuji Yama, dans une forêt de grands pins établie sur une coulée de lave du 18ème siècle (biotope classique) à côté d’un parking, lors d’une excursion botanique dans le cadre d’un congrès où il avait donné une conférence. Il n’avait malheureusement pas emporté ce jour-là son appareil photo.

Remerciements à David PRUSA pour ses informations et ses photos.

Bibliographie et documentation : Plackowski R., 2007 – Neottianthe cucullata (L.) Schltr., une orchidée menacée en Lettonie – L’Orchidophile n° 173 : 117-121. Retour sur Bratislava le 19 juillet au soir Delforge P., 1994 – Guide des orchidées après une dernière nuit à Cracovie et la vi- d’Europe, d’Afrique et du Proche-Orient, 2ème éd. site de l’ancienne mine de sel de Wieliczka Delachaux & Niestlé, Lausanne, Paris, 480 p. classée, elle aussi, au patrimoine mondial de Krzysztofiak L. – Rapport sur la mise en œuvre l’UNESCO. du projet de protection active d’espèces en péril d’orchidées près de la forêt d’Augustow. Par acquit de conscience cependant, alors En polonais : même que je rédigeais cet article, j’ai expé- Krzysztofiak A. & L., Romański M. : Czynna dié à David 2 photos de l’orchidée fanée ochrona gatunków storczykowatych w rejonie découverte à Augustow. David s’est montré Puszczy Augustowskiej. Krzywe koło Suwałk : formel : pour lui il ne s’agissait pas de Neot- Wigierski Park Narodowy. Sur www.wigry.win.pl thiante cucullata mais probablement d’une Wodkiewicz M. – La dynamique des populations de platanthère bien que les feuilles me parais- Kukuczka kapturkowatej, Neottianthe cucullata sent différentes de celles que nous trouvons (L.) Schlechter dans le parc national Wigierski. chez nous. En polonais : Dynamika populacji kukuczki kaptur- Il a ajouté que, vu les conditions climatiques kowatej Neottianthe cucullata (L.) Schlechter w de cette année 2011, il est probable que les Wigierskim Parku Narodowym. Sur www.astn.pl Neottianthe se sont faites plus discrètes et En anglais : Individual fates of Neottianthe qu’il était très difficile de les voir tant cucullata in Wigierski national park, NE qu’elles n’étaient pas en fleur. Poland. Sur www.zbi.ee Arrivés trop tôt ? trop tard ? Notre balade pour une polonaise est donc une œuvre ina- http://orchid.unibas.ch chevée tout comme le fut pour Chopin sa http://fr.poland.gov.pl mazurka en fa mineur opus 68 n°4... toute http://fr.wikipedia.org modestie et comparaison mises à part bien http://www.wigry.win.pl sûr ! http://www.astn.pl http://www.zbi.ee Aussi, c’est avec l’aimable autorisation de David Prusa que peuvent être publiées dans * 6, rue de l’Echo – 54370 Maixe. notre bulletin les photos en couleur de cette magnifique petite orchidée !

71 Exotic’Infos

Monique Guesné

Expositions 2012 en quelques Quelques livres : dates :  Lexiguide des orchidées - collectif – Ed.  Fondation Eugène Napoléon Paris (75) - Elcy – 23/03/2011 20/01 au 22/01/12 - FFAO  Les Coelogynes – Elisabeth & Jean-  Vitry-le-François (51) – 10/02 au 12/02/12 - Claude George – Ed. Belin – 05/2011 AAOE  Les orchidées de Madagascar – Jean  Abbaye de Vaucelles (59) – 15/03 au Bosser & Marcel Lecoufle – Ed. Biotope – 19/03/12 06/2011  Pavillon Joséphine Strasbourg (67) - 16/03  Les orchidées – Marcel Lecoufle – Ed. au 19/03/12 - AROS Artémis – 09/2011  Commanderie d’Alden Biesen Bilzen (B) -  Les orchidées – Pascal Descouvrières – 06/04 au 09/04/12 Ed. Solars – 10/09/2011  Mirecourt (88) - 21/09 au 23/09/12 – SFO-LA  Encyclopédie essentielle des orchidées – Iris Schmidt – Ed. Komet – 10/2011  Encyclopédie des orchidées tropicales - Pascal Descouvrières – Ed. Ulmer – 27/10/2011  Le traité des orchidées – collectif – Ed. Rustica – 11/2011

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Programme des activités 2012

Les sociétaires qui souhaiteraient prendre part à l’une ou l’autre des activités suivantes sont priés de se faire connaître au préalable auprès de la personne responsable et dont les coordonnées figurent ci- dessous. Faites-le suffisamment tôt car les dates des sorties pourront être avancées ou reculées en fonction de l’état de la végétation qui dépend des conditions météorologiques.

 Dimanche 29 janvier : Assemblée Générale au Centre socio-culturel de Saverne (67) 10 h 00 : AG statutaire 12 h 30 : repas 14 h 30 : présentations diverses et galette J.-M. BERGEROT : [email protected] ou 03 83 28 00 34

 Date à déterminer : Conseils de culture au Jardin Botanique à Villers-lès-Nancy (54) J.-L. BARBRY : [email protected] ou 06 88 82 48 72

 16 au 19 mars : Participation à l’exposition d’orchidées de l’AROS à Strasbourg (67) J. et V. SOUVAY : [email protected] ou 03 83 25 90 68

 Saison 2012 : Le cartographe de l’Alsace organisera des prospections dans les « carrés » encore dépourvus de données (voir la nouvelle cartographie sur http://www.sfola.fr). Le contacter pour définir avec lui les secteurs et les dates de prospection. A. PIERNÉ : [email protected] ou 03 89 77 22 10

 Dimanche 29 avril : Les orchidées du Stauffen le matin et du Zinnkoepfle l’après-midi (68) La montée au Stauffen requiert des participants une bonne forme physique : marche de plus d’une heure et dénivelé de l’ordre de 400 m. P. PITOIS : [email protected] ou 03 29 50 14 83 après 19 h

 Dimanche 20 mai : Cypripedium calceolus à Moloy (21) M. GUESNÉ : monique.guesné@free.fr ou 03 83 70 80 42

 Lundi 28 mai : Les orchidées de la Côte de Delme et de Bacourt (57) H. BAILLET : [email protected] ou 03 87 23 74 68

 Dimanche 17 juin : Les orchidées du marais de Pagny-sur-Meuse et du Thillot (55) M. GUESNÉ : monique.guesné@free.fr ou 03 83 70 80 42

 Dimanche 24 juin : Les orchidées et plantes alpines calcicoles du Chasseral, sommet du Jura suisse (1 600 m). 2 h 30 à 3 h de route depuis Mulhouse. Possibilité d’arriver la veille et de loger sur place (http://www.chasseralhotel.ch/Fr/indexframe_Fr.htm). Ch. BOILLAT : [email protected]

 Dimanche 5 août : Recherche d’Epipactis helleborine subsp. minor dans le secteur d’Oberhaslach (67) A. PIERNÉ : [email protected] ou 03 89 77 22 10

 21 au 23 Septembre : Exposition organisée par la SFO-LA à Mirecourt (88) Plus d’informations dans la feuille de liaison d’avril prochain mais réservez dès maintenant ces dates car nous aurons besoin d’aide. M. GUESNÉ ou J.-L. BARBRY : voir coordonnées ci-dessus.

« L’abbé aux orchidées » dans sa serre de Saint-Brais. Courtoisie de Maxime Jeanbourquin. Article p. 32