Cimetière de (version corrigée)

Réflexion sur les deux tombes de poilus et visite du cimetière de Morigny le lundi 23 novembre 2020

Etaient présents, MM : Alain Eudeline, maire ; Marie-Thérèse Cuëff, membre de l’association ; Jacky Brionne.

Monsieur le maire, après avoir reçu un courrier de l’association des anciens combattants de Percy- en-Normandie (17 et 19/10/2020), nous avait convoqué afin d’étudier ce qu’il pourrait être fait sur les deux sépultures de poilus dont les corps ont été transférés dans le cimetière de Morigny. Les deux tombes ont été installées sur le flanc du monument aux morts de la commune, à sa droite lorsqu’on est en face.

La première renferme le corps d’Albert, Alcime Deschamps, soldat, mort à Lyon (Rhône) où il était en traitement, mort du 13, transféré le 19 et inhumé dans le cimetière communal le 20 octobre 1919 (RC ADCA 1 G 974/2) ; et la deuxième celui d’Ernest, François, Joseph Duval, mort (+ 1918) à l’ambulance 5/69 à Attichy (Oise) des suites de ses blessures à l’âge de 21 ans, dont le corps a été transféré pour être inhumé dans le cimetière communal le 23 mars 1921 (RC ADCA 1 G 974/2).

L’une et l’autre de ces sépultures sont marquées par une croix de fonte militaire : la première sous la forme d’un drapeau tricolore sur sa hampe traversée par un fusil et la deuxième par une croix en U « Pro Patria » avec un faisceau tricolore.

Je suis surpris de constater qu’une plaque en inox a été vissée dans la croix de fonte « Pro patria » celle-ci révélant l’épitaphe d’un très jeune enfant : Gérard Dedieu /1933-1934. Il s’agit de : Gérard, Léon, Georges Dedieu, fils de Jules et d’Angèle Duval, né le 27/12/1933, baptisé le 29 suivant, décédé au domicile de ses parents à la Saulnerie, et inhumé le 9/7/1934, à l’âge de 6 mois (son parrain avait été Julien Dedieu, son frère aîné et sa marraine : Léontine Duval, tante maternelle).1

1 C’était l’abbé Baloche, administrateur de Morigny et curé de Sept-Frères qui avait présidait les deux cérémonies du baptême et d’inhumation de l’enfant à Morigny.

La fixation de la plaque s’est faite après le 29 avril 2007, date du dernier cliché que j’avais fait. Je suggère à monsieur le maire d’en savoir davantage sur les faits de cette fixation de plaque. Est-ce une simple plaque mémorielle retirée de la sépulture de l’enfant où il y a-t-il eu ré-inhumation du corps de l’enfant dans la sépulture d’Ernest Duval et si oui qui a donné l’ordre ? Les conséquences, dans cette dernière hypothèse seraient plus grandes. En effet, les corps des deux soldats dans le prolongement immédiat du monument aux morts leur donne ce caractère spécifique des « morts pour la » sur des terrains concédés par la commune. La tombe est à nouveau fleurie, il y a donc une démarche mémorielle actuelle.

Quels sont les solutions :

La restauration des croix de fonte militaires est possible. Il y a un artisan à proximité qui pourrait s’y intéresser. Il s’agit d’art fer et forge de Saint-Aubin-des-Bois : http://www.fer-art-forge.fr/

Courriel : [email protected]

Ces deux croix sont peintes façon argentique comme cela était la façon la plus courante de faire. D’autres solutions existent notamment par l’emploi du Rustol-Owatrol.

Le Rustol-owatrol est un liquide type vernis gras, de faible viscosité, à base de résines de type alkyde et d’huile végétale dans un solvant. Propriétés • Antirouille incolore à grand pouvoir mouillant. Chasse l’air et l’humidité du support. • Applicable directement sur la rouille. • Forme un film protecteur, isolant et souple. • Base d’accrochage pour tous types de supports. • Utilisation facile, sans sablage ni ponçage. • Additif pour peintures, lasures, vernis glycérophtaliques et alkydes- uréthanes. • Rend les peintures antirouille. Facilite leur application et améliore leur accroche. • Donne une plus grande souplesse du film. • Décoratif : conserve l’aspect rouillé des supports tout en les protégeant. Destination • Intérieur - Extérieur. • Métaux ferreux et non ferreux, plastiques, verre, bois,… • Sous-couche avant peintures et vernis.

La croix de fonte ajourée est fragile. Il serait nécessaire de l’épauler avec une jambe d’appui à l’extrémité filetée en haut pour être bloquée en utilisant un écrou dans un libre passage ou un collier de serrage, par exemple, et l’autre extrémité scellée dans le bloc support de granit. Cela empêchera la croix d’osciller au vent.

Les soldats étant « morts pour la France » les emplacements concédés selon la loi, sous réserve qu’il n’y ait pas eu d’autres inhumations, la commune pourrait probablement bénéficier d’une aide de la part de Villedieu intercom. L’estampille du Souvenir français peut être appliquée. La région Normandie apporte elle-aussi des aides financières dans le cadre de la sauvegarde du patrimoine funéraire. Le dossier est accessible sur le site de la région. Mais il est impératif de savoir ce qui a été exactement fait sur la tombe d’Ernest Duval. Le médaillon du « Souvenir français » pourra être appliqué dès que nous saurons précisément ce qui a été fait sur la tombe d’Ernest Duval.

Le cimetière en général :

Nous en profitons pour faire le tour du cimetière de Morigny. Celui-ci est organisé autour de l’église.

Clôtures :

Le cimetière est clos par un simple et court grillage (1 mètre maximum), dont les piquets sont scellés dans le chapeau du muret de soutènement, d’ouest au sud puis ensuite par une simple haie de charmille ou haie bocagère, du sud au nord. Les entrées :

On y accède par deux entrées : un grand portail métallique à deux vantaux, doublé d’un portillon en PVC pour les piétons, au nord-ouest. Le grand portail n’est pas verrouillé. La deuxième entrée, réservée aux piétons, a été pratiquée en plein sud. Celle-ci a été aménagée dans le cadre de l’accessibilité par la création d’une rampe inclinée, à l’extérieur, et d’une allée plane en droite ligne jusqu’à la petite porte latérale sud.

Les cheminements et l’accessibilité :

La circulation dans le cimetière se fait au moyen d’une large allée de contournement du site, l’allée transversale méridionale et une plus étroite allée périphérique de l’église elle-même. Les allées sont gravillonnées et fort chargées de gravier ainsi que les intertombes contemporaines.

Le lotissement :

Le cimetière est loti en quatre carrés : plein-sud (sud-ouest et sud-est) ; septentrion (lotissement contemporain) ; plein ouest (du sud-ouest au nord-ouest). Le nord ne possède plus de tombes matériellement signalées.

Le carré des enfants :

Ils semblent avoir été regroupés, pour certains au nord-ouest du carré ouest.

Equipement patrimonial commun :

La croix du cimetière se dresse au sud-ouest de l’église. Le carré loti autour d’elle contient une grande partie des tombes anciennes. Certaines d’entre-elles ont un réel intérêt pour l’art et l’histoire locale. Ce carré ainsi que celui du sud-est, et l’ouest ont retenu l’attention de la municipalité qui a fait faire des plants visant à valoriser le cimetière en occupant des surfaces stériles. Le monument aux morts a été dressé en face du portail d’accès à l’église, sous la tour-clocher- porche. Il n’y a malheureusement pas d’archives le concernant.

Equipement commun :

Le site a été pourvu d’un jardin du souvenir disposé au chevet de l’église. Il se compose d’un puits à cendres ; d’une stèle où un cartel (2019) a été appliqué et d’un columbarium à trois cases (vide). Je suggère à monsieur le maire que le cavurne, récemment accidenté, et vide de toute urne, actuellement disposé au sud-est du cimetière puisse être rapproché du jardin du souvenir. L’intervention pour sa remise en état pourrait être l’occasion de son déplacement et je propose qu’à la suite de cela, le Conseil municipal délibère pour y fixer géographiquement les futurs cavurnes. L’aménagement, bien que réalisé sur une surface enherbée manque d’harmonisation végétale. Je suggère que le pied de mur de l’église puisse être souligné par des plants d’hortensias, ces végétaux hydrophiles apporteraient du volume et faciliteraient l’intégration du jardin du souvenir. Il n’y a pas d’espace de dispersion au sens strict du terme. Cet espace dédié aux cendres pourrait bénéficier de la pose d’un banc (banc de ville) afin d’y suggérer le repos et faciliter le recueillement des usagers du cimetière.

Le cimetière n’est pas équipé d’ossuaire2, ni de caveau d’attente (non obligatoire).

Un point de confort d’alimentation en eau courante.

Végétalisation du cimetière :

Le cimetière de Morigny fait l’objet de plantations. La municipalité a pris la décision de supprimer l’usage des pesticides. Elle a fait appel, il y a deux ans, à l’entreprise LBS « Le Bellaie services » de Vire-Normandie https://www.lbs-paysagiste-vire.fr/ une entreprise adaptée à l’emploi de personnel handicapé. Je constate l’emploi de plants suivants (monsieur le maire me remet les fiches de chacune d’elle :

Arabette du Caucase (Corbeille d’argent) Tapissante Fleurs blanches Gazon d’Espagne Persistante Rose

2 Devenu non obligatoire depuis 2015 puisque les municipalités ont la faculté d’envoyer au crématorium les restes exhumés dans le cadre des exhumations administratives. Lilas de terre (crucianelle) Couvre-sol Rose à mauve Bergenia cordifolia Persistante Rose Pachysandre Couvre-sol Tapis vert et fleurettes Alysse des roches (Corbeille d’or) Rocaille Jaune (mellifère) Pervenche mineure Couvre-sol rampant Bleue-violette Campanule Couvre-sol (touffe) Violette Renouée rampante (Polygonum) Très tapissante Rouge Cataire (Herbe aux chats) famille des menthes Touffe compacte Violette Ibéris (Corbeille d’argent) Touffe compacte Blanche

Les effets bénéfiques se remarquent. C’est l’une des premières choses que je vois en entrant dans le cimetière par le sud.

Statistiques des inhumations :

Les années 1820-1822, 1918-1919 sont des années d’épidémie.

1820 5 1916 3 1925 2 (+ 1 transfert) 1821 7 1917 5 1926 3 1822 9 1918 3 1927 0 1970 1 1919 6 1928 3 1971 1 1870 3 1929 2 1972 3 1871 0 1930 0 (1 transfert) 1973 1 1931 1974 1 1914 4 1932 8 1975 1 1915 8 1976 5

Quelques inhumations complémentaires :

1822 (10/11) : corps de Marie, Françoise Curevel, originaire de , domicilée à Morigny depuis plusieurs années, décédée âgée de 72 ans, ancienne religieuse au couvent des Ursulines de Vire ;

1870 (10/8) : corps d’Aimable Tostain, maire, natif du 20/6/0805, décédé le 9/8/1870 ; 1919 (5/3) : corps de Léa, Delphine , en religion, sœur sainte-Adèle, morte au couvent de , transféré à Morigny ;

1919 (20/10) : corps d’Albert, Alcime Deschamps, soldat, mort à Lyon, en traitement, transféré le 19/10 mort du 13/10 ;

1921 (23/3) : corps d’Ernest, François, Joseph Duval, mort à l’ambulance 5/69 d’Attichy (Oise) des suites de ses blessures, âgé de 21 ans ;

1944 (13/6) : corps d’un aviateur anglais porteur de la médaille de saint-Benoît, tombé par accident le 11/6/1944 ;

1944 (27/6) : corps de Marcel Bertrand, 18 ans, résidant chez ses parents à Morigny, tué par une bombe d’avion à Landelles le 25/7/1944 ;

1957 (29/7) : corps de Pierre Loisel, fils d’Henri, décédé en Algérie, au combat le 19/5/1957 à Aïn- Kechera à l’âge de 22 ans.

Registre des concessions :

Ouvert suite à la circulaire du 25 mai 1924

Quelques faits glanés :

1841 (20/9) : plainte du maire à propos de la vente d’herbe organisée par les fabriciens de Morigny.

1843 (3/10) : faire sortir les moutons de monsieur le maire dedans le cimetière avec la promesse qu’ils n’y rentreront (plus) jamais.

1893 (31/3) : testament de Victoire, Mélina Thomas épouse de François, Auguste Morel, propriétaire, laquelle charge son légataire universel de la faire inhumer convenablement ; de faire célébrer trois services dont deux dans les deux semaines qui suivront sa mort et un au bout de l’an ; chacun des deux premiers services sera suivi d’une distribution de cinquante kilos de pain aux pauvres de Morigny.

Archives :

Les archives communales ont été déposées en 2006 et 2014 aux archives départementales de la sous la cote : 115 ED. Le livre paroissial de Morigny qui était tenu à jour par le curé jusqu’en 1932 a été égaré et n’a pas été remis aux archives diocésaines.

Jacky Brionne

25/11/2020