CONCLUSIONS MOTIVEES

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ENQUETE PUBLIQUE SUR LES TRAVAUX D’ENTRETIEN ET DE RESTAURATION SUR LE BASSIN VERSANT DE LA LIVENNE (Charente Maritime)

Contexte du dossier

La Livenne, affluent de la Gironde, prend sa source dans la commune de Montlieu-La-Garde au sud du département de la Charente-Maritime. Le Syndicat d’Aménagement Hydraulique de la Livenne (SIAHL) a élaboré un programme pluriannuel d’entretien et de restauration du réseau hydrographique du bassin versant afin de se conformer à la législation sur les cours d’eau et de rétablir, en particulier, la continuité écologique. Ce programme s’inscrit ainsi dans le prolongement de la Directive Cadre Européenne sur l’Eau de 2000 qui impose aux Etats membres de prendre les dispositions nécessaires pour atteindre le bon état de l’eau en 2015. Cet objectif est repris par la Loi sur l’Eau et les Milieux Aquatiques adoptée en en 2006. Dans le secteur géographique et hydrographique concerné par la présente enquête, le Schéma Directeur d’Aménagement et de Gestion des Eaux (SDAGE) Adour-Garonne a été approuvé le 1er décembre 2009. Le bon état de l’eau figure à la date de rédaction du présent rapport (novembre 2016) dans les objectifs du SDAGE Adour-Garonne 2016-2021. Les orientations du SDAGE sont déclinées dans le Schéma d’Aménagement et de Gestion des Eaux (SAGE) « Estuaire de la Gironde et milieux associés » approuvé par arrêté inter préfectoral du 30 août 2013.

Textes applicables

La Directive Cadre a été transposée par différents textes intégrés dans le code de l’environnement, notamment les articles L.214-1 à L.214-6 qui instituent un régime d’autorisation et de déclaration des installations, ouvrages, travaux, aménagements et

2 activités, repris dans une nomenclature du même code, susceptibles d’avoir une incidence sur la qualité ou sur le libre écoulement des eaux et sur les milieux aquatiques. En application de l’article L.214-17-1 du même code, la Livenne a été classée comme cours d’eau prioritaire pour restaurer la circulation des poissons migrateurs dans un délai de cinq ans. Le code de l’environnement (article L.211-7) prévoit par ailleurs que les collectivités territoriales et leurs groupements, ainsi que les syndicats mixtes créés en application de l’article L.5721-2 du code général des collectivités territoriales sont habilités à utiliser les articles L.151-36 à L.151-40 du code rural et de la pêche maritime pour entreprendre l’étude, l’exécution et l’exploitation de tous travaux, actions, ouvrages ou installations présentant un caractère d’intérêt général ou d’urgence dans le cadre du Schéma d’Aménagement et de Gestion des Eaux, et visant (notamment) : - L’entretien et l’aménagement d’un cours d’eau, canal, lac ou plan d’eau, y compris leurs accès - La protection et la restauration des sites, des écosystèmes aquatiques et des zones humides.

Contenu du projet

Les opérations programmées sur une période de cinq ans seront effectués dans la partie du bassin versant située dans le seul département de Charente-Maritime (à l’exclusion donc de la partie aval située dans le département de la Gironde) et concerneront le territoire des quatorze communes suivantes : Montlieu-la-Garde, , , , , Soumeras, Coux, , , Salignac de Mirambeau, , , , Mirambeau, toutes situées dans la communauté de communes de Haute Saintonge dont le siège est à . Les travaux d’entretien du cours d’eau consistent en des opérations de débroussaillage, d’abattage et d’élagage et elles seront effectués sur cinq ans afin d’améliorer la qualité paysagère, l’écoulement des eaux, la continuité sédimentaire, de réduire l’érosion et d’augmenter la biodiversité du milieu.

Six de ces quatorze communes (Corignac, Jussas, Chepniers, Souméras, Courpignac et Chamouillac) donneront lieu, outre l’entretien du cours d’eau et de ses rives, à des travaux ponctuels d’aménagement et de restauration d’ouvrages existants. Ces différents travaux et aménagements présentent les caractéristiques principales suivantes :

Plantations : Elles seront effectuées sur un linéaire total de 800 m après accord passé avec les propriétaires riverains.

Installation de clôtures : Elles seront implantées sur le site de Chepniers (rives pâturées par des ovins) et sur le site du Moulin de Poton à Corignac.

Les principales caractéristiques des travaux d’amélioration de la continuité écologique pour chaque site sont résumées ci-dessous :

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Site du seuil de Corignac : amélioration de la continuité écologique par modification de l’échancrure avec maintien de la répartition entre le bief et le cours mère.

Site du Moulin de Poton : restauration de la continuité écologique en recréant une connexion entre le bief et le talweg et création d’une passerelle pour la circulation des engins agricoles.

Site « Buses SNCF » : suppression du passage busé et mise en place d’une passerelle.

Site « Buses du Pas de la Perche » : suppression du passage busé et mise en place d’une passerelle.

Site « Pont du Moulin de Combes » : condamnation de l’arche rive droite, comblement de la fosse de dissipation, séparation des deux arches par un merlon.

Site « Protection de berges Cronier » : récupération au profit du SIAHL des enrochements illégalement installés par les propriétaires riverains et restauration de la berge.

Site « Pont du Gât » : enlèvement des aménagements en bois, recharge granulométrique et comblement de l’anse d’érosion.

Site « Pont aval du Moulin de l’Hôpital »: comblement de la fosse de dissipation par recharge granulométrique.

Site « Seuil fixe de Chepniers » : dépose de l’ouvrage bétonné, restauration des berges et recharge granulométrique.

Site « buse tôle ondulée Chez Piconnet » : suppression du passage busé, mise en place d’une passerelle et comblement de la fosse de dissipation.

Site « Pont chez Piconnet » : recharge granulométrique et comblement de l’anse d’érosion.

Site « Gué de la Luque » : suppression du gué en béton, mise en place d’une passerelle, comblement de la fosse de dissipation et de l’anse d’érosion.

Rubriques : elles résultent de la nomenclature des installations, ouvrages, travaux et activités figurant à l’article R.214-1 du code de l’environnement. On constate que les opérations relatives au site du Moulin de Poton relèvent de la procédure d’autorisation (rubriques 3.1.2.0, impact sur le profil en long et le profil en travers du cours d’eau > 100m et 3.1.5.0, impact négatif sur les frayères >200m²) alors que les autres opérations relèvent de la procédure de déclaration. Les travaux d’entretien courant ne relèvent pas de cette nomenclature.

En application de l’article L.214-4 du code de l’environnement, l’adoption du projet, qui contient des opérations relevant de la délivrance d’une autorisation, est soumise à une enquête publique menée conjointement avec l’enquête prévue pour la déclaration d’intérêt général (article L.211-7 et R.214-88 du code de l’environnement).

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A cet effet, un commissaire enquêteur a été désigné par le Président du Tribunal Administratif de Poitiers par décision E16000103/86 du 6 juin 2016. L’enquête publique a été ouverte par un arrêté préfectoral du 5 juillet 2016 et s’est déroulée du 12 septembre au 14 octobre 2016. Les conclusions motivées du commissaire enquêteur sur ce programme d’actions pluriannuel qui doit faire l’objet d’une déclaration d’intérêt général et d’une demande d’autorisation préalable sont présentées ci-après.

Conclusions motivées du commissaire enquêteur.

Sur l’enquête

L’enquête s’est déroulée dans de bonnes conditions matérielles et après la mise en place d’une information par voie de presse et d’affichage conforme aux dispositions de l’article R.123-11 du code de l’environnement. Le dossier que pouvait consulter le public contenait les différentes informations énumérées à l’article R.123-8 du même code.

Quatre personnes se sont présentées lors de la permanence tenue par le commissaire enquêteur dans la mairie de Chepniers le 12 septembre et une personne dans la mairie de Corignac le 29 septembre. En revanche il n’y a pas eu de présence du public lors de la permanence en mairie de Soumeras le 14 octobre. Cinq observations au total ont été consignées dans le registre tenu à la disposition du public pendant toute la durée de l’enquête en mairie de Chepniers et une observation a été consignée sur le registre en mairie de Corignac. Sur les six observations, on décompte une approbation d’ensemble du programme et une approbation pour un site particulier de travaux. Une observation fait état de l’inquiétude d’un riverain par rapport à l’impact des travaux projetés sur sa propriété et une autre observation met en cause l’opportunité de la destruction d’un ouvrage hydraulique.

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Deux observations enfin expriment, l’une une demande d’information, l’autre une remarque purement formelle sur le dossier. La participation du public a donc été limitée, mais effective. Elle ne fait pas apparaître d’opposition globale au programme du Syndicat. Il convient d’ajouter que des élus de plusieurs communes appartenant au périmètre de l’enquête (Chamouillac, Corignac, Chepniers, Souméras, Jussas) se sont présentés à l’occasion des permanences et se sont entretenus de manière informelle avec le commissaire enquêteur sur différents aspects de l’enquête, sans exprimer d’opposition globale au projet. A l’issue de l’enquête, et conformément à l’article R.123-18 du code de l’environnement, les observations inscrites sur les différents registre ont été consignées par le commissaire enquêteur dans un document de synthèse remis au président du SIAHL en date du 21 octobre 2016 au siège du Syndicat à Montendre. Les éléments de réponse du président du SIAHL reçus le 3 novembre 2016 par courrier électronique puis par courrier postal, soit dans le délai de quinze jours fixé à l’article R.123-18 du code de l’environnement, ont été intégrés au rapport d’enquête et ont fait l’objet, le cas échéant, de commentaires de la part du commissaire enquêteur.

Le commissaire enquêteur considère au total que l’enquête publique a contribué positivement à l’information et à la participation du public.

1- Sur l’intérêt général du projet

Il résulte de l’article L.211-7 du code de l’environnement que la déclaration d’intérêt général est une procédure qui permet à un maître d’ouvrage public d’intervenir pour des travaux présentant un caractère d’intérêt général ou d’urgence dans le cadre du Schéma d’Aménagement et de Gestion des Eaux (SAGE). Les collectivités publiques ne peuvent en effet intervenir au moyen de deniers publics sur des propriétés privées. La déclaration d’intérêt général, d’une validité de cinq ans renouvelables, est donc un préalable indispensable à l’intervention du maître d’ouvrage. Au regard de la mise en œuvre de cette procédure, le commissaire enquêteur prend en considération les éléments suivants : - Le projet s’inscrit dans le cadre de l’article L.211-7 du code de l’environnement. - Le Syndicat Intercommunal d’Etudes et d’Aménagement Hydraulique de la Livenne est habilité au titre de cet article à porter un projet présentant un caractère d’intérêt général dans le cadre du SAGE.

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- Le projet respecte les engagements pris pour atteindre les objectifs de la Directive Cadre sur l’Eau et est conforme aux orientations du SDAGE Adour Garonne, au regard notamment la restauration des fonctionnalités des milieux aquatiques. - La Livenne est un cours d’eau non domanial. - Le nombre de propriétaires riverains qui devraient entretenir le cours d’eau et ses rives est élevé (supérieur à cinquante). - Le maître d’ouvrage devra pénétrer sur les propriétés privées des riverains. - Le maintien de l’alimentation des biefs situés à Corignac ou Chepniers pour l’agrément de personnes privées ne génère pas de coût supplémentaire, ne portera pas atteinte au débit du cours mère et permettra la reconstitution de ce dernier à Corignac. - Le coût du projet est établi sur des bases détaillées et les sources de son financement public sont précisées. - L’intérêt général du projet n’est contesté par aucun des participants à l’enquête.

Sur la base de ces considérations et du rapport d’enquête qui précède, des observations du public et des réponses apportées par le maître d’ouvrage à mon document de synthèse, je donne un

AVIS FAVORABLE

A la déclaration d’intérêt général pour les travaux d’entretien et de restauration sur le bassin versant de la Livenne proposés par le Syndicat Intercommunal d’Aménagement Hydraulique de la Livenne.

2- Sur la demande d’autorisation

Le code de l’environnement prévoit des procédures d’autorisation et de déclaration pour les installations, ouvrages, travaux et activités entraînant des modifications du niveau ou du mode d’écoulement des eaux. Les travaux d’entretien et de restauration programmés sur le bassin versant de la Livenne ont fait l’objet d’une demande au Préfet du département de Charente-Maritime, ce programme comportant, comme il est dit plus haut, des travaux soumis à autorisation pour ce qui

7 concerne le site du Moulin de Poton (rubriques 3.1.2.0, impact sur le profil en long et le profil en travers du cours d’eau > 100m et 3.1.5.0, impact négatif sur les frayères >200m²) alors que les autres opérations relèvent de la procédure de déclaration. L’adoption du projet, qui contient des opérations relevant de la délivrance d’une autorisation, a été soumise à ce titre à une enquête publique. Le dossier d’enquête publique prévu par la règlementation faisait notamment apparaître les points positifs suivants : - Compatibilité du programme d’actions avec le SDAGE Adour-Garonne, en particulier par l’amélioration de la continuité écologique et la restauration d’une répartition des débits plus naturelle - Amélioration de la situation actuelle dans le périmètre Natura 2000 « Landes de Montendre » par l’entretien des cours d’eau et de la ripisylve, conformément au document d’objectifs du site - Réalisation des travaux en dehors des périodes de reproduction des poissons - Mise en place d’indicateurs de suivi de la qualité biologique et physico-chimique des cours d’eau - Mise en place de moyens de surveillance et d’intervention pendant les travaux.

Il convient de considérer toutefois les points suivants :

- Le programme d’intervention est limité au seul département de la Charente-Maritime alors même qu’une partie non négligeable du cours de la Livenne se poursuit dans le département limitrophe de la Gironde, d’une part, et que les techniciens que j’ai interrogés marquent leur préférence pour une intervention de l’aval vers l’amont d’autre part. Les responsables du Syndicat m’ont indiqué que les contacts qu’ils entretiennent avec les autorités compétentes de Gironde permettent d’envisager la mise en place, à un terme qui ne peut toutefois être fixé, d’un programme comparable dans ce département. L’application de la compétence Gestion des Milieux Aquatiques et Prévention des Inondations (GEMAPI) contenue dans la loi de modernisation de l’action publique territoriale du 27 janvier 2014 devrait à mon sens favoriser et accélérer ce processus.

- La présence d’une station d’épuration dans la commune de Chepniers à proximité d’un ouvrage destiné à être détruit a fait l’objet d’une observation du public relative à l’éventualité d’un risque d’inondation de la station en cas de forte crue. Les précisions techniques apportées par le maître d’ouvrage et exposées en détail dans mon rapport écartent clairement ce risque

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La mise en balance de ces différents éléments fait ressortir à mon sens que les éléments positifs du dossier l’emportent nettement sur les points négatifs.

Sur la base de ces considérations et du rapport d’enquête qui précède, des observations du public et des réponses apportées par le maître d’ouvrage à mon document de synthèse, je donne un

AVIS FAVORABLE

A la demande d’autorisation présentée pour le programme de travaux d’entretien et de restauration sur le bassin versant de la Livenne

Fait à Saint-Palais-sur-Mer Le 10 novembre 2016

Michel Hourcade Commissaire enquêteur

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ANNEXES

- Observations transmises au pétitionnaire (procès-verbal de synthèse) - Réponses du pétitionnaire - Avis de la FPPMA 17 - Délibération du conseil municipal de Corignac

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