Trimestriel - Centre universitaire d’enseignement du journalisme - N˚ ISSN 0996-9624 - 3 € Décembre 2016 > n° 119

GCO Dernières cabanes avant travaux

Depuis plus de quarante ans, le projet d’autoroute divise la terre et les gens. Aujourd’hui sa réalisation paraît inéluctable. Une solution en trompe-l’œil

errière l’étendard de Des-Landes que les familles du qualifiée en « boulevard urbain », NEWS D' l’intérêt général, le centre strasbourgeois. Mais pas l’A35 restera un axe chargé. Quel- Grand contournement facile d’enraciner la lutte dans une les que soient les promesses de Centre ouest de se Alsace où le compromis est une « douceurs paysagères » vantées universitaire Ddonne pour objectif de déconges- culture des plus anciennes. par le constructeur-concession- d’enseignement tionner l’A35, une des autoroutes Même en érigeant le grand hams- naire Vinci, l’usage de la voiture, du journalisme (CUEJ), les plus encombrées de . ter en mascotte, il sera difficile de et ses corollaires, dioxyde de car- Université de Un engorgement d’autant plus revenir sur l’avancée du GCO. Les bone et particules fines, restera un Strasbourg. problématique que le trafic pé- expropriations sont programmées problème tant que de véritables 11 rue du nètre au cœur même de l’Euro- et les indemnisations ont com- solutions alternatives ne seront Maréchal-Juin métropole, frôlant la gare et iso- mencé. Les paysans sont divisés. pas imposées. La promesse d’un CS 10068 67046 lant des quartiers entiers. Certains se satisfont des négocia- « bus express » a fait long feu : il Strasbourg Mais à chaque grand projet son tions des syndicats agricoles, le ne le sera pas tant que ça, entre It- Tél : 03 68 85 83 00 lot d’opposants. Surtout quand il remembrement étant même une tenheim et Strasbourg, où la voie cuej.unistra.fr est relancé quarante ans après sa aubaine face aux vicissitudes des qui lui est réservée pourra aux www.cuej.info genèse, à la faveur, notamment, marchés agricoles. Les autres sont heures de pointe être empruntée DIRECTRICE DE d’un retournement politique. vent debout contre un projet qui par d’autres véhicules. LA PUBLICATION Ces 24 kilomètres de bitume détruit l’harmonie du paysage et Au bout du compte, le GCO, pre- Nicole Gauthier faucheront quelque 300 hectares leur outil de travail. mière autoroute payante d’Alsace, de terres agricoles du Kocher- L’intérêt réel du projet peut être semble contourner les véritables ENCADREMENT sberg, les plus fertiles d’Alsace. questionné. S’il permettra d’éloi- enjeux environnementaux et de Laurence Des manifestations ont lieu, mais gner du centre-ville les poids mobilité. Confirmant ce que Ro- Defranoux, peinent pour le moment à fédé- lourds en transit, il ne réduira pas land Ries, le maire de Strasbourg, Nicole Gauthier, rer une véritable résistance. Les radicalement la circulation dans définissait jadis comme une « so- Daniel Muller, opposants rêvent d’attirer aussi la quatrième agglomération la lution en trompe-l’œil ». Stéphanie Peurière bien les zadistes de Notre-Dame- plus polluée de France. Même re- Joris Bolomey RÉDACTEURS EN CHEF Joris Bolomey, Guillaume Reuge

ICONOGRAPHE Nina Zeindlmeier Le Kochersberg sous emprise 4

« On n’est pas des Bretons » 6 CHEF D’EDITION Benoît Collet Les irréductibles de 8 RÉALISATION Simone Ahrweiler, Alexis Boisselier, Six idées reçues sur le tracé et l’environnement ...... 10 Joris Bolomey, Sarah Bos, Benoît Le grand hamster en a vu d’autres 13 Collet, Alexis De Azevedo, « Tous ces fruitiers vont être arrachés » 14 Guilhem Dubernet, « Seulement trois hectares sur cent » 15 Peter Eßer, Fanny Guiné, Anna Manceron, Maxime Maréchal, Léa Le consensus politique se brise le long du tracé 16 Picard, Guillaume Reuge, Donovan Des passages piétons sur l’A35 18 Thiebaud, Nina Zeindlmeier Petites mesures pour gros bouchons 19

Le chat du Bienwald en sursis 20 PHOTO DE UNE Joris Bolomey Un « appel d’air » pour l’intérim 22 INFOGRAPHIE Dix ans de revue de presse 24 Donovan Thiebaud

2 < NEWS D’ILL n° 119 - DÉCEMBRE 2016 Brumath Hoerdt

Pfettisheim Lampertheim A 355 Griesheim-sur-Souffel A 35

Stutzheim

N 4 Osthoffen Ober- Achenheimschaeffols- heim STRASBOURG

Ernolsheim Kolbsheim -Bruche

Duppigheim

A 35 Tracé GCO Cabanes anti-GCO

Autoroutes et nationale Diffuseurs d’autoroute

Viaducs Péages d’autoroute A 35 Tranchée couverte Installation possible de l’aire de service

Zones de bouchons Aéroport

Terriers du grand hamster d’Alsace Réserve de biodiversité

NEWS D’ILL n° 119 - DÉCEMBRE 2016 > 3 Le Kochersberg sous emprise Fin 2016, cinq commissaires enquêteurs ont identifié les terres à exproprier sur le tracé du GCO. Près de 1000 propriétaires sont touchés.

a mairie d’Innenheim res, la commissaire enquêtrice se leur parking, mais pas ici ! Nous est calme en cet après- dit démunie. « Excusez-moi. C’est sommes expropriés de force et on midi de novembre. très procédurier, on va dire. » ne nous laisse que les miettes. Il Marie-Rose Eschbach, Près d’un millier de personnes est hors de question que je renvoie sexagénaire aux yeux seront expropriées de tout ou les documents que l’enquête par- Lvifs, est la première personne partie de leur terrain, via un acte cellaire exige », proteste un grand convoquée à rencontrer la com- de cessibilité. Acte inattaquable costaud de 40 ans qui a du mal à missaire chargée de la perma- depuis que le Conseil d’Etat a si- retenir sa colère en découvrant le nence de l’enquête parcellaire gné la Déclaration d’utilité publi- projet d’une aire de services. du Grand contournement ouest que du GCO en 2008. Etonnam- DUP Déclaration « Il me reste 73 mètres, (GCO). Sa pile de documents ment, Marie-Rose Eschbach n’est d’utilité sous le bras, elle explique de sa pas opposée au GCO, car « on ne publique. C’est j’en fais quoi ? » voix rauque aux accents alsa- peut pas être contre tout ». Sur les le document Le registre d’enquêtes est em- ciens ne pas tout comprendre à propriétaires rencontrés dans qui officialise, pli de doléances : « Il me reste la procédure. « C’est mon mari les permanences, à peine un sur au nom de 73 mètres, j’en fais quoi ? » Ou qui s’occupait de tous ces papiers. deux est vent debout contre le l’intérêt général, encore : « Je refuse le projet actuel le projet. Il Il est décédé en projet, qui divise permet les qui ne tient pas du tout compte février, mainte- « On ne nous laisse la région depuis expropriations du plan initial. Personne n’en nant je suis seule quarante ans. légales. veut du GCO. » La commissaire à m’en occuper. » que les miettes. » Danny Hoff- doit faire remonter ces plain- Du 24 octobre au mann, professeu- tes au concessionnaire Arcos, 14 novembre, ils étaient cinq à re de français à Strasbourg, pos- une filiale de Vinci créée pour tenir des permanences dans les sède des terres à Duttlenheim, construire le GCO. Pour autant, villages, le long des 24 kilomè- la commune la plus touchée. elle ne laisse pas d’illusion à ses tres du projet. Mandatée par la Presque 100 hectares vont y être interlocuteurs : Vous pouvez ins- préfecture, cette « enquête par- grignotés par le futur échangeur. crire que vous êtes contre le pro- cellaire » (pour « parcelle » de « Je ne suis ni contre le projet, ni jet et les expropriations, mais cela terrain) est une des dernières contre les expropriations. Les ne changera rien », lâche-t-elle à étapes du projet. Elle vise à dé- bouchons sont une réalité à Stras- trois frères et sœurs. La remar- terminer à qui appartiennent bourg », précise-t-elle, en jetant que les laisse sans voix. les 300 hectares de terres fertiles un œil aux plans cadastraux affi- Les expropriés vont tous perce- accaparées par le futur chantier chés dans le hall de la mairie. voir des compensations finan- dans le Kochersberg. Devant le Tous ne sont pas aussi légalistes. cières, calculées en fonction de la désarroi de certains propriétai- « Qu’ils le fassent à Vendenheim, nature du terrain saisi. Les terres 2003- 2008 2016 2017 Automne 2006 2017

Etude d’impact Déclaration Enquête Acte de Déboisement et et mesures d’utilité publique parcellaire, cessibilité et début des compensatoires forages et expropriations travaux fouilles

4 < NEWS D’ILL n° 119 - DÉCEMBRE 2016 Le Kochersberg sous emprise

Joris Bolomey / CUEJ

agricoles ont plus de valeur que conséquences du futur chan- Le Kochesberg défense de leur profession. Une les autres. Les indemnisations, tier. Depuis le début de l’enquête est considéré démarche de négociation enta- comme l’une des qui montent jusqu’à 12000 euros parcellaire, l’emploi du temps de plaines les plus mée il y a longtemps avec Vinci, l’hectare, ont commencé. Les Dominique Métreau est chargé, fertiles d’Europe. qui déplaît aux opposants les plus agriculteurs vont également re- entre les négociations des points On y cultive le virulents. cevoir une indemnisation fixe de franchissement, inhérents aux tabac, le maïs, Dominique Métreau s’en défend : à titre professionnel, y compris infrastructures, et les tractations le chou… « C’est injuste de dire que les agri- ceux qui ne sont que locatai- avec Vinci sur la taille de l’aire de culteurs ne pensent qu’à eux. Ils res. La Chambre d’agriculture service. Il enchaîne les réunions perdent leur outil de travail. Il refuse de communiquer son dans tout le Kochersberg. L’es- n’est pas illégitime qu’ils négocient montant, mais assure qu’il est sentiel de son travail concerne des compensations. » « le même pour tous ». Certains les remembrements. ont plus à perdre qu’un bout A cause de l’autoroute, des par- Tractations entre de parcelle : « Je suis embêtée celles vont être coupées en deux le monde rural et Vinci pour l’exploitant à qui je loue la par les voies rapides, d’autres Et cela fait longtemps que le terre… Vous savez s’il existe des vont disparaître. Il faut réor- monde agricole négocie. « De- suites foncières ou d’autres so- ganiser le reste en limitant les puis dix ans, la Société d’aména- lutions pour le fermier qui perd conflits. « Nous ne sommes plus gement foncier et d’établissement son outil de travail ? », demande dans les années 1960, où les re- rural (Safer) anticipe les remem- Danny Hoffmann. La commis- membrements provoquaient des brements en constituant un stock saire enquêtrice répond, gênée : violences. Aujourd’hui c’est entré de parcelles dans les communes « Je ne sais pas. Ce n’est pas l’ob- dans les mœurs. Un remembre- concernées. Ces achats doivent jet de mon travail. » Et de couper ment ne coûte plus la place du éviter l’envol des prix de ces terres court au débat : « Je peux juste maire ! », tempère Dominique fertiles et proches de Strasbourg », vous dire que l’entrée en fonction Métreau, avant d’ajouter : « Les analyse Christian Dirwimmer, de l’autoroute est prévue pour agriculteurs sont acquis à la cau- responsable du Bas-Rhin pour janvier 2020. » se du remembrement, c’est même la Safer. Cette dernière vend ses une de leurs exigences au titre des parcelles à la Socos, filiale de Des agriculteurs présents compensations environnementa- Vinci en charge des acquisitions depuis le Néolithique les. » foncières pour le GCO. Son rôle d’interface entre les Partagés sur le GCO, les agri- Malgré les contreparties, cer- porteurs du projet et le public est culteurs se retrouvent dans la tains continuent d’afficher leur plutôt ingrat. « La présence des mécontentement. Sylvain Metz, agriculteurs dans le Kochersberg opposant de toujours et président date du Néolithique », parade de l’Association de défense de la Dominique Métreau, responsa- Danny qualité de vie, est venu manifes- ble du service gestion et terri- Hoffmann ter devant la permanence de l’en- toire à la Chambre d’agriculture pointe sur les quête parcellaire de Kolbsheim du Bas-Rhin. Les agriculteurs documents par un froid saisissant. Il semble sont les premiers concernés par l’emplacement résigné : « Cette enquête annonce de sa parcelle, le GCO et son lot d’expropria- lors de l’enquête l’imminence des travaux. Le rou- tions. Qu’ils soient propriétaires publique à leau compresseur est en marche. »

ou locataires, ils subissent les / Cuej Nina Zeindlmeier Duttlenheim. Guillaume Reuge

NEWS D’ILL n° 119 - DÉCEMBRE 2016 > 5 Benoit Collet / Cuej « On n’est pas des Bretons » Cabanes, concerts, manifestations… Les opposants à l’autoroute multiplient les actions. Jusqu’ici, ils n’ont pas réussi à fédérer.

es flammes dans la nuit. la fête », explique Hugo Cordier. Hugo Cordier, isole le sol de la cabane. Dany Ce samedi 5 novembre, Étudiant en histoire, il est venu l’un des six Karcher, maire de Kolbsheim courageux qui Dsept militants écologis- en train depuis Strasbourg avant ont passé la depuis 2001, est venu manifester tes sont réunis à la cabane anti- d’enfourcher son vélo à travers nuit du 5 au son soutien avec de la soupe à la GCO de Kolbsheim. Construite champs. Autour du feu, les dé- 6 novembre saucisse. L’homme de tous les en septembre 2014 au bord de la bats sont vifs. Mouvement éco- dans la cabane combats contre le GCO garde le D45, cette structure de bois et logiste, féminisme, les militants anti-GCO de sourire malgré le début du son- Kolbsheim. de tôle est une des sept qui ma- s’empêchent cependant d’évo- dage des sols : « J’aime bien nous térialisent l’opposition au projet quer le revenu de base pour ne comparer à David contre Goliath. d’autoroute. Pour la sixième fois, pas s’écharper. Je dis ça parce que c’est David qui les jeunes écologistes s’y instal- a gagné. » lent le temps d’une nuit. « On David contre Goliath A travers diverses initiatives, organise toujours ces occupa- Quelques parties de tarot plus les opposants cherchent encore tions dans des périodes où il fait tard, six d’entre eux, quatre gar- un moyen d’enrayer le projet. un peu froid. On ne veut pas pas- çons, deux filles, resteront dor- « Depuis six mois, voire un an, ser pour des jeunes qui viennent mir malgré les cinq degrés. Du on a vraiment le sentiment que profiter du beau temps pour faire foin fourni par un agriculteur la mobilisation grandit », affirme

6 < NEWS D’ILL n° 119 - DÉCEMBRE 2016 Simon Baumert, candidat écolo- permanente du terrain avec la alsacien ». « On n’est pas des Bre- giste qui a obtenu 9,26% à la lé- création d’une Zone à défendre tons ! s’exclame Dany Karcher. gislative partielle de Strasbourg, (ZAD), comme à Notre-Dame- Eux ont brûlé les portiques de lui aussi présent cette nuit-là. En des-Landes. Malgré des contacts l’écotaxe, nous on voudrait qu’ils avril et en septembre, deux fes- avec les « zadistes » opposés à soient mis en marche. C’est à se tivals ont eu lieu sur le tracé du l’aéroport du Grand-Ouest, le demander si l’Alsacien n’adore pas GCO, à l’initiative de deux col- terrain semble moins propice qu’on lui botte les fesses. » La ré- lectifs d’habitants, la Réserve des Bishnoï qu’en Loire-Atlantique pour gion, longtemps allemande, pro- Bishnoïs et les Fédinois contre le L’un des deux une occupation de longue durée. testante et marquée par les guer- collectifs GCO. Ces événements ont ras- d’habitants « Une ZAD ne peut pas réussir à res, est rompue aux compromis. semblé à chaque fois entre 1000 anti-GCO tire Strasbourg, explique Philippe Su- « Pour preuve, l’Eurométropole et 2000 participants. « Le souci, son nom d’une bra, professeur à l’Institut fran- est un des seuls cas de figure où c’est qu’on ne parle pas assez de communauté çais de géopolitique et spécialiste la gauche et la droite passent une nous. Ce qu’il nous faudrait, hindoue de l’aménagement du territoire. alliance pour gérer une grande c’est une pointure de la musique, connue pour Cela suppose une opposition lo- agglomération, souligne Richard ses tendances explique Guillaume Bourlier, écologistes. cale forte que la ZAD viendrait Kleinschmager, chercheur sur numéro un des Bishnoïs. On a renforcer. L’en- la politique al- du mal à en trouver pour le mo- vironnement s’y sacienne. Même ment. » Entre morceaux d’électro prête très mal. « C’est à se demander s’il ne faut pas lui et numéros de cabaret, une soi- En périphérie si l’Alsacien n’adore donner trop d’im- rée anti-GCO a aussi été organi- de Strasbourg, pas qu’on lui botte les portance, le pro- sée le 14 octobre au Molodoï, la on a des champs fesses » testantisme a la salle de concert strasbourgeoise. ouverts, alors culture du contrat, Un moyen d’attirer les jeunes, qu’à Notre-Da- contrairement au encore peu représentés dans la me-des-Landes c’est du bocage. christianisme, qui a une vision mobilisation. Le GCO est un peu l’anti Notre- plus hiérarchique. » Car malgré la visite en octobre Dame-des-Landes. » À la cabane de Kolbsheim, la de Yannick Jadot, juste avant plupart rêvent de ZAD mais qu’il ne remporte la primaire « Culture du contrat » aucun ne veut prendre la res- écologiste, les enjeux du conflit Au-delà de la question géogra- ponsabilité de mener l’installa- peinent à dépasser les frontières phique, l’idée de la ZAD ne fait tion. « Personnellement, je ne sais de l’Alsace. Le mouvement pâtit pas consensus. « Si on se montre pas comment on fait une ZAD, de l’absence de figure politique trop agressif, on risque de faire avoue Hugo Cordier. Mais par- majeure à sa tête. Le 15 octo- fuir les gens, objecte Guillaume fois je me prends à rêver que No- bre, un rassemblement contre Bourlier. Notre lutte n’est pas ré- tre-Dame-des-Landes finisse, et le GCO a réuni entre 2 000 et servée aux zadistes. » Plus que la que les zadistes viennent ici nous 3 000 opposants. Un chiffre très confrontation directe, les voies soutenir. » Au petit matin, deux loin des dizaines de milliers de légales sont privilégiées par les gendarmes passent s’assurer du personnes mobilisées le 8 octo- opposants au projet (lire ci-des- bon déroulement de l’occupa- bre contre l’aéroport de Notre- 3204 sous). « Puisque l’Etat a signé un tion, et questionnent les mili- Dame-des-Landes, dans l’ouest personnes contrat de concession avec Vinci, tants sur leur volonté de rester de la France. avaient signé c’est un combat juridique », argu- une nuit de plus : « Non, demain la pétition mente Jean-Marie Wilhelm. on travaille. » L'éventualité d’une ZAD anti-GCO le Cette posture légaliste s’explique Alexis Boisselier Inaudibles, certains manifes- 21 novembre. pour beaucoup par un « esprit et Sarah Bos tants envisagent de radicaliser le mouvement. « On est trop gentil. Pour être écouté, il faut faire du bordel. » Deux engins de sondage Des recours en justice pour bloquer le GCO géothermique appartenant à Ar- Contre le GCO, l’association Alsace Nature a La fragmentation de l’habitat du grand hamster, cos, filiale de Vinci, ont été en- entrepris plusieurs actions en justice. Un recours au engendrée par la construction de l’autoroute, dommagés dans la nuit du 27 au tribunal administratif de Strasbourg a été déposé le violerait la directive « Habitats faune flore ». En 28 octobre à Vendenheim. Des 12 septembre pour contester la validité du contrat 2011, la Cour de justice de l’Union européenne actes dénoncés par le collectif de concession, signé entre l’Etat et Vinci en janvier avait condamné la France pour insuffisance des GCO non merci. « Nous nous 2016. L’association pointe des divergences entre mesures de protection du grand hamster. Alsace présentons de temps en temps sur le contrat et les termes du projet déclaré d’utilité Nature estime aussi que Vinci n’a pas rempli les sites avec des panneaux pour publique en 2008. L’affaire pourrait être renvoyée toutes les conditions imposées par la directive sur dire que nous ne sommes pas devant le Conseil d’Etat. l’évaluation des incidences environnementales des d’accord, mais d’ici à saboter du Alsace Nature conteste aussi le contrat de grands projets publics et privés. Ces recours ne sont matériel, non », assure son porte- concession devant la Commission européenne. pas suspensifs. parole Jean-Marie Wilheim. Res- Pour l’association, celui-ci viole deux directives. A. B. te la possibilité de l’occupation

NEWS D’ILL n° 119 - DÉCEMBRE 2016 > 7 Caroline Ingrand-Hoffet, 41 ans Une pasteure écologiste Les irréductibles

ucune société n’est propriétai- dire à des agriculteurs comment ils Are de la terre. » C’est en citant doivent vivre ? Je ne veux pas me de Kolbsheim Karl Marx que Caroline Ingrand- mettre mes paroissiens à dos. » Hoffet, pasteure de Kolbsheim, Pourtant, pour la pasteure, poli- Le village de 850 habitants est un bastion de la résistance au a ouvert le culte, le 2 octobre, tique et religion ont un lien fort. GCO. Rencontre avec trois meneurs. face à des catholiques, des pro- Fille d’un pasteur élu socialiste, et testants et des militants verts petite-fille d’une pasteure mem- athées. Pour la première fois, la bre du PS, la quadragénaire prend pasteure a pris position contre la question électorale à cœur. Elle le GCO, à l’appel de Guillaume voudrait inciter ses paroissiens à Bourlier, président du collectif voter, et à ne pas donner de voix anti-GCO Les Bishnoïs. aux extrêmes, qui « proposent une Pour elle, l’engagement est une vision contraire à ce qu’on peut lire évidence. Elle interprète la Bible dans la Bible ». Ce que le prési- comme un appel à respecter la dent de l’Eglise protestante avait nature et à la protéger. « La fête lui-même préconisé dans une des récoltes est un culte de recon- lettre officielle adressée à tous ses naissance envers la nature. Il était pasteurs à l’occasion des régiona- facile de la lier à cette cause. Je les, en décembre 2015. ne me suis pas sentie courageuse Sa prise de position a fait des de faire ça, parce que dans cette remous au sein de l’Eglise pro- commune, il y a un réel consensus testante en Alsace. L’institution contre le GCO. » s’est jusque-là gardée de prendre Née à Mulhouse, Caroline In- parti dans le conflit contre Vinci. grand-Hoffet a fait ses études de Interpellée par son inspecteur Dany Karcher, 60 ans théologie en Suisse et a été in- ecclésiastique, la pasteure se fluencée par l’association Oeku questionne sur sa participation Eglise et Environnement qui à la mobilisation. « Entre ma hié- Un maire prône un christianisme sensible rarchie que je ne voudrais pas pro- à l’écologie. Officiant à Kolbsheim voquer, et les militants écologistes pugnace et depuis six ans, parfois virulents envers la religion, elle a éprouvé des difficultés à j’ai l’impression de marcher sur ette année, pour mes 60 ans, aborder ces problématiques dans des œufs. » Une prochaine action Cmes amis m’ont déguisé en des villages marqués par l’agri- devrait en tout cas avoir lieu, à Abraracourcix. » A la tête du vil- culture intensive. « Ici, je ne peux laquelle se joindra Caroline In- lage gaulois de Kolbsheim depuis pas dire le quart des prêches pré- grand-Hoffet, si elle parvient à mars 2001, Dany Karcher in- conisés par l’association, parce que trouver le juste milieu entre agir carne le combat contre le Grand c’est mal perçu. Et moi qui viens de et ne pas diviser. contournement ouest. « Je suis la ville, de quel droit je vais venir Sarah Bos mobilisé depuis que je suis maire. Ma première réaction n’a pas tout de suite été d’être contre, mais j’ai 6 rapidement été un adversaire de hectares de ce projet. Le temps de m’informer prairies humides disparaitront et de comprendre les enjeux. » dans la Dès que le dialogue s’engage sur commune de le GCO, son flegme apparent Kolbsheim à disparaît. C’est alors un homme cause du GCO. mordant qui se tient devant nous. Un discours fouillé, rodé, débute. A grands coups de Powerpoint, il cherche à informer et surtout à convaincre, passionné par l’envie de sensibiliser son interlocuteur sur son combat. Un rôle d’éduca- teur qui colle parfaitement à cet agrégé de génie mécanique, actuel-

Sarah Bos / Cuej lement professeur à .

8 < NEWS D’ILL n° 119 - DÉCEMBRE 2016 Les irréductibles de Kolbsheim

Le village de 850 habitants est un bastion de la résistance au Jeu de mots GCO. Rencontre avec trois meneurs. en alsacien sur le panneau d’entrée de Kolbsheim : « Vinci, rentre chez toi » . Maxime Maréchal / Cuej Eric Grunelius, 59 ans Un châtelain amer

’est un projet vieux de qua- de famille : « Notre château, Crante ans, un projet à l’in- les personnes se l’approprient.

Maxime Maréchal / Cuej verse du courant. » Il en faut peu Il est ouvert à tous. Ça ne nous à Eric Grunelius pour se lan- concerne pas seulement nous, « Si à Kolbsheim des personnes sont cer dans une diatribe contre le tous les Kolbsheimois sont tou- pour le GCO, elles sont très discrè- Pétition GCO. Cigarette après cigarette, chés, même au-delà. C’est un tes. Notre village fait partie des plus Plusieurs ce quinquagénaire charismati- endroit unique dans la région. » combatifs. » Le maire est fier de re- personnalités que exprime son incompréhen- Ce touche-à-tout, réalisateur, telles que présenter l’épicentre de la lutte, de Charlotte de sion. « Aberrant, épouvantable, photographe, se sent impuis- voir affichés les nombreux slogans Turckheim démodé » : autant de qualificatifs sant face au colosse Vinci. « Je « Tous unis contre le GCO » sur et José Bové qui expriment sa ranœur envers ne me fais pas trop d’illusions. les façades. Mais la faiblesse de la ont signé une le GCO. J’espère surtout des aménage- contestation sur le terrain afflige ce lettre ouverte Le château de Kolbsheim, ins- ments sur le plan de base. Pour Kolbsheimois pure souche. Lui est à la ministre crit à l’inventaire des monu- l’instant, ils nous ont pris pour prêt à multiplier les actions mais de la Culture ments historiques depuis 1972, des idiots. Depuis les plaintes en demandant il assure qu’il refusera toujours que la propriété a été érigé en 1704. Ses jardins déposées, ils ont décidé quelques la violence dans sa bataille. « Ça du château de en terrasse à la française et son aménagements paysagers pour ne veut pas dire que je ne suis pas Kolbsheim reste parc à l’anglaise s’étendent sur cacher l’autoroute mais c’est in- déterminé. Je suis prêt à faire de la intacte. trente hectares. signifiant. » désobéissance civile. » Fier de son patrimoine, le châte- En parcourant son domaine, N’est-il pas usé par ses quinze lain ne comprend pas qu’un tel l’homme au manteau long et ans de lutte ? Le sexagénaire projet se fasse. « Il faut quand au chapeau vissé sur la tête, concède : « Cette mobilisation, même se rendre compte qu’une s’arrête sur un endroit sensible. ça me fatigue. Parfois, j’ai envie autoroute va passer à 500 mètres C’est dans la partie basse de la d’arrêter le combat et me repo- de ce site protégé, pire encore, un propriété qu’un viaduc se tien- ser. » Et de reconnaître, résigné : pan va passer par la partie natu- dra sur 480 mètres de long et « Je ne suis qu’une poussière relle de notre parc. Ça dénature 17 mètres de haut. Ce masto- face à Vinci. » Mais chez Dany le concept spécifique du site. » donte frôlera le toit du moulin Karcher, l’abattement ne dure Tous les étés, Eric Grunelius industriel du XIXe siècle. « C’est jamais très longtemps, et il pro- faisait les quatre cents coups hallucinant, c’est fou qu’on ne met : « Attention ! Le GCO n’est dans cet immense terrain de préserve pas une telle bâtisse. pas comme un chapiteau qu’on jeu avec son frère, Jean-Marie. La famille qui vit actuellement peut démonter quand bon nous Entre parties de chasse, chahu- dedans n’a pas d’autres solutions semble, on ne pourra pas faire teries, les anecdotes s’empilent, que de partir. Mais les histoires marche arrière et ce sera grave. la nostalgie aussi. La mutila- de vie, c’est le cadet des soucis de Quand il sera là, j’aboierai. » tion de ce patrimoine l’effraye. l’Etat. » Alexis De Azevedo Mais c’est plus qu’une histoire A.D.A.

NEWS D’ILL n° 119 - DÉCEMBRE 2016 > 9 Peter Eßer / Cuej Peter Six idées reçues sur le tracé et l’environnement

« La circulation sur l’A35 est l’une Pollution, bruit, des sources importantes de dégradation la pollution de l’air à Strasbourg » des milieux Chambre de commerce et d’industrie ux abords de l’A35, les vé- sées par l’Organisation mondiale naturels et Ahicules rejettent plusieurs de la santé. Cette année, Stras- types de polluants: les particu- bourg a été classé comme la 4e physiques… les fines (PM10 et PM2.5), le ville la plus polluée de France.

dioxyde d’azote (NO2) et l’ozo- Actuellement, les particules fines Cinq villages ne. Depuis dix ans, la pollution (PM10) sont mesurées à environ de l’air a nettement diminué 22 μg/m3 sur Strasbourg. Les sont concernés selon Emmanuel Rivière, di- normes européennes établissent recteur adjoint de l’Association la limite annuelle à 40 μg/m3. en priorité. pour la surveillance de la pol- En revanche, l’OMS préconise lution atmosphérique en Al- de ne pas dépasser 20 μg/m3. Pro et anti sace (Aspa) : « C’est grâce aux Pour les PM2.5, des nanoparti- normes européennes sur les voi- cules très dangereuses, la valeur avancent leurs tures, à l’amélioration générale de l’OMS est dépassée dans toute Le GCO est censé des moteurs et aux politiques l’Eurométropole avec 13 μg/m3, arguments. apporter une des collectivités territoriales. » au lieu de 10 μg/m3. solution aux Mais ce n’est pas suffisant. L’ob- Le 23 novembre, le Parlement Contre- embouteillages et diminuer la jectif, pour les spécialistes de européen a adopté une directive pollution de la pollution atmosphérique, est qui demande des plafonds plus expertise. Strasbourg. d’atteindre les valeurs préconi- ambitieux pour les polluants.

10 < NEWS D’ILL n° 119 - DÉCEMBRE 2016 « Le GCO provoque la disparition de 30 à 40 hectares de surfaces boisées » Alsace Nature « Le GCO et la requalification de l’A35 vont permettre de réduire la pollution de l’air à Strasbourg » ix ou quarante hectares ? En Chambre de commerce et d’industrie D2008, la destruction d’une dizaine d’hectares était annoncée dans la déclaration d’utilité publi- ans l’agglomération de té du trafic routier. Pour l’Aspa que. Le GCO devait se connecter DStrasbourg, la pollution de comme pour ce collectif, le GCO à l’A35 vers par un l’air est responsable de 148 dé- et la requalification actuelle de jeu de bretelles. Mais en 2014, les cès anticipés chaque année et de l’A35 en boulevard urbain ne ré- services de l’Etat ont fortement huit mois de vie perdus, d’après soudront rien. « Strasbourg souf- modifié le tracé initial. Au final, le rapport du Haut conseil de la fre de sa situation géographique, le tronçon principal, en deux fois santé publique publié en 2012. dans une cuvette, peu de pluie, des deux voies, sera directement relié Le Dr. Thomas Bourdrel a fondé vents modérés. Une autre source à l’A4, dirigée sur Paris. le collectif Strasbourg Respire de pollution supplémentaire se La forêt du Grittwald, 213 hecta- en 2014. Il réunit médecins et développera dans le Kochersberg, res, à Vendenheim, sera écornée citoyens préoccupés par la pollu- même si elle sera moindre », se- par les travaux de l’échangeur tion de l’air : « Les particules fines lon Thomas Bourdrel. D’autres nord. La Sanef, la société conces- PM2.5 sont extrêmement cancé- alternatives doivent être envisa- sionnaire de l’A4 en charge de rigènes, elles provoquent des ac- gées pour diminuer la pollution cette partie de l’échangeur, se cidents vasculaires cérébraux, de de fond de Strasbourg. Avec le veut transparente : « 12 hectares l’asthme et présentent un risque projet «Ville respirable en cinq vont être déboisés, estime Yann pour le cerveau et le fœtus. » ans », l’Eurométropole s’est en- Baron, responsable des opéra- Selon ce radiologue, ces nano- gagée en ce sens en 2015. tions. Avec les autres travaux particules sont mal prises en Une analyse que confirme le dirigés par Vinci, on ne doit pas compte par les méthodes de plan de protection de l’atmos- dépasser les 20 hectares. » mesures actuelles, des méthodes phère, présenté par le préfet à Pointant du doigt ces modifica- désuètes: « Les nanoparticules Strasbourg en 2014 : « Il faudrait tions, les collectifs de contesta- sont très dangereuses et on ne les diviser par deux les émissions du tion estiment que 30 à 40 hec- dose pas correctement car les ins- trafic routier pour envisager un tares de forêt pourraient être truments de mesure prennent en retour sous les valeurs limites affectés. « On englobe aussi les compte leur masse, qui est infime, à une brève échéance. » Or, les parties isolées qui ne commu- et non leur nombre. » chiffres les plus optimistes com- niqueront plus avec le massif », Pour l’instant, les PM2.5 sont muniqués par la CCI font état détaille Maurice Wintz, vice- comptabilisées uniquement dans d’un report de trafic de seule- président d’Alsace Nature. Mais l’air ambiant (pollution de fond) ment 10% sur le GCO. Pas assez pour Frédéric Guérin, de l’Office de Strasbourg et non à proximi- pour réduire la pollution. national des forêts, l’impact reste tout de même mesuré : « Si on prend le massif de qui est annexe, on est entre 5 et 10% « Il y aura des nuisances sonores de déforestation. » Des passages pour la faune et de nouvelles pour des lotissements situés à moins plantations doivent être réalisés de 80 mètres de l’infrastructure » par le concessionnaire pour limi- Alsace Nature ter la dénaturation du site.

ur ce point, Alsace Nature et passées 60 dB(A) le jour et 55 couverte de 300 m de long est SSocos, filiale de Vinci, sont dB(A) la nuit. Dès 2006, un ex- finalement envisagée, accompa- sur la même ligne. L’autoroute pert en acoustique avait estimé gnée d’une semi-couverture de passera à 80 mètres du lotisse- que « la voirie projetée aussi part et d’autre (200 m à l’ouest ment du Matterberg, à Venden- proche de certaines habitations et 160 m à l’est). Ce qui devrait heim, commune la plus peuplée. était une erreur » et préconisait diminuer les nuisances sonores Le maire, Philippe Pfrimmer, dé- d’éloigner le GCO de certains mais pas les supprimer. nonçait le « sacrifice » de sa ville, immeubles. Sa proposition n’a dans une lettre en avril dernier. pas été retenue par la com- (1) Articles L.571-9 et L.571-10 du code Selon la loi (1), les nuisances mission car elle impliquait de de l’environnement et décrets d’application sonores ne doivent pas dé- lourds travaux. Une tranchée n°95-21 et 95-22 du 9 janvier 1995.

NEWS D’ILL n° 119 - DÉCEMBRE 2016 > 11 « Le projet viendra couper six corridors écologiques et deux réservoirs de biodiversité » Alsace Nature

n 2014, l’État et la Région ont tions ou des agriculteurs sont Eadopté le schéma régional de censés contribuer à leur mise en cohérence écologique (SRCE). place. Mais rien ne se fera au mè- Son but : concilier la préserva- tre près, suppose Maurice Wintz, tion de la nature et le développe- vice-président d’Alsace Nature. ment des activités humaines. Il Au final, Vinci choisira peut être identifie des réseaux, les trames lui-même où seront ces haies… » vertes, comprenant des réser- Les projets publics doivent juri- voirs de biodiversité (prairies, diquement « prendre en comp- boisements) et des corridors te » le SRCE. Vinci s’est engagé à écologiques (haies) qui permet- le respecter, à sa manière : « 61 tent d’assurer des connexions. passages de petite et grande faune Selon le schéma alsacien, il y a sont prévus », avance Jean-Luc bien six corridors écologiques et Fournier, directeur de la com- deux réservoirs de biodiversité munication chez Vinci. coupés par la future autoroute. En l’absence de zones préci- Problème, ces corridors n’exis- ses à renaturer, la marge de tent pas encore sur le terrain. manœuvre est plus large pour le « Les collectivités, des associa- constructeur. Katanski

« Le projet est susceptible, en traversant des cours d’eau, de perturber leurs conditions Le grand d’alimentation ou d’écoulement » Alsace Nature hamster

es 24 kilomètres du GCO tra- risque est limité : « La couche en a vu Lverseront neuf cours d’eau et de lœss est très importante au deux canaux. Philippe Ackerer, niveau du tracé, il y a une imper- directeur de recherche en hy- méabilisation naturelle, analyse d’autres drogéologie au CNRS de Stras- Sophie Schmitt. Nous ne sommes bourg, s’inquiète d’un potentiel plus dans les années 1970, aucune drame : « La nappe est proche du route n’est réalisée sans récupéra- Chassé il y a 50 ans, protégé sol à cet endroit. Si un accident se tion des eaux de ruissellement ou depuis les années 1990, produit, il y aura contamination bassins d’assainissement. » si le système de protection est mal Pour les eaux de surface, seule le grand hamster est fait. » la Bruche doit faire l’objet d’une En 1970, un camion de 13 000 attention particulière. « Honnê- aujourd’hui en voie de litres de solvants s’était renversé tement, je pense que Vinci fera disparition en Alsace. Si de sur la commune de , au son travail concernant les eaux, sud de Strasbourg. Plus de qua- concède Maurice Wintz. Ce n’est nombreuses associations rante ans après, « la contamina- pas l’enjeu essentiel du projet. » tion à la source est encore très Une enquête publique doit avoir craignent le GCO, l’impact supérieure à la normale ». lieu bientôt pour vérifier que la du projet autoroutier sur le Mais d’après l’Aprona (obser- loi sur l’eau est respectée. vatoire des nappes d’Alsace), le Fanny Guiné rongeur est incertain.

12 < NEWS D’ILL n° 119 - DÉCEMBRE 2016 st-ce vraiment le GCO temps et la distance des recher- contre le GCO à l’heure actuelle. qui portera le coup fa- ches s’allongent et le risque de J’attends de voir. » tal au grand hamster ? se faire croquer par un renard Pour Alsace Nature, en revan- Petit mammifère venu augmente. « Depuis des années, che, vent debout contre le GCO, Edes steppes de l’Europe de l’Est, j’élève des grands hamsters pour tout dialogue avec Vinci est le rongeur, aussi appelé hams- effectuer des relâchers dans le exclu. L’association alsacienne ter d’Europe ou hamster com- 19 Bas-Rhin, explique Jean-Paul privilégie les discussions avec mun, est arrivé en Alsace il y a communes Burget, ancien soigneur au zoo les agriculteurs. Ces derniers plus de 10 000 ans. Attiré par alsaciennes de Mulhouse. Mais si rien n’est peuvent être subventionnés par le sol lœssique favorable à la abritaient le fait en parallèle, ça revient à les l’Etat s’ils décident de laisser du construction de son terrier, il grand hamster envoyer à l’abattoir. En trente blé sur pied, non cultivable mais en 2012. Elles y a élu domicile et n’en a plus étaient 329 il y a ans, le nombre de hamsters a été favorable au grand hamster. bougé, d’où son nom de grand quarante ans. divisé par 10, de 4000 à 400. » « La crainte avec le GCO, c’est hamster d’Alsace. Il a même le Pour ce passionné qui se bat surtout la fragmentation et la droit à son pseudonyme local, aussi en Afrique contre le mas- destruction du territoire du Kornferkel, le « petit cochon des sacre des éléphants, le GCO grand hamster », déclare Rudy céréales ». En voie d’extinction ne portera pas le coup fatal au Dreyer, de l’association Apele dans l’Hexagone et en Europe grand hamster. Le tracé auto- de . L’infrastructure occidentale, le grand hamster routier ne passe routière pourrait gambade encore par milliers en pas à et « Dire que c’est le GCO en effet disperser Europe de l’Est et en Asie. , qui va tuer le grand les populations de les communes hamster, c’est faux. hamsters. « Cela Son problème, où il est encore Ce qui le tue, c’est entraîne un isole- c'est la nourriture présent en nom- le maïs » ment génétique et Empoisonné jusque dans les bre. « Il détruira donc des risques années 1970 par les agriculteurs surtout des de consanguinité, alsaciens pour préserver leurs champs de maïs », ajoute Jean- estime Caroline Habold. Les cultures, le mammifère est pro- Paul Burget. Le président de terriers ne seront pas touchés, tégé depuis 1993 par la direc- Sauvegarde faune sauvage négo- mais il pourrait y avoir des effets tive européenne Habitat faune Directive cie des mesures compensatoires en cascade. » flore. « La chute de population pour la faune et avec Vinci. L’entreprise a évoqué Si les conséquences du GCO sur du grand hamster a d’abord une ferme d’élevage qui pourrait le grand hamster sont difficiles à Katanski la flore : été causée par cette extermina- http://cbnbp. voir le jour à la fin des travaux. estimer à l’heure actuelle, la dis- tion massive », souligne Caro- mnhn.fr/cbnbp/ Mais ce qu’espère Jean-Paul parition progressive du rongeur line Habold, écophysiologiste à biodiversite/ Burget, c’est que « Vinci achète dans le paysage alsacien rensei- textes/detail/ l’Institut pluridisciplinaire Hu- directive.htm des terrains pour maintenir des gne sur l’état de l’environnement. bert Curien (CNRS/Université cultures de blé ou de luzerne. On « Le grand hamster est un maillon de Strasbourg). aurait enfin du long terme. » Le de la chaîne alimentaire, conclut Mais le mammifère n’était pas GCO, sauveur du grand hams- Caroline Habold. C’est une espèce sauvé pour autant. En un siè- ter ? « C’est terrible à dire mais bio-indicatrice. S’il disparaissait, cle, le rongeur a perdu 21% de c’est peut-être la dernière solu- l’écosystème irait mal. » sa masse corporelle à cause des tion. Moi, je ne suis ni pour, ni Maxime Maréchal pluies hivernales de plus en plus fréquentes. Surtout, la mono- culture de maïs, qui remplace Carte d’identité du grand hamster peu à peu le blé et la luzerne, est très défavorable au Kornferkel. « Dire que c’est le GCO qui va IDENTIFICATION tuer le grand hamster, c’est faux, affirme Jean-Paul Burget, prési- NOM SCIENTIFIQUE : Cricetus Cricetus dent de l’association Sauvegarde NOM COMMUN : Grand hamster 400 NOM ALSACIEN : Kornferkel, « petit cochon faune sauvage. Ce qui le tue, c’est terriers de grand le maïs. » hamster sont des céréales » Espèce solitaire, le rongeur recensés en hiberne au mois d’octobre. Alsace, en 2016. DESCRIPTION Lorsqu’il se réveille en avril, il reprend ses virées nocturnes TAILLE : 30 centimètres pour se nourrir. Seul problème : POIDS : entre 200 et 500 grammes le maïs n’est pas semé à cette ESPÉRANCE DE VIE : 2 ans période de l’année, contraire- PRÉDATEURS : renard, chien, chat, buse, fouine ment au blé et à la luzerne. La SIGNE DISTINCTIF : protégé depuis 1993

nourriture se fait plus rare, le Guiné / Cuej Fanny Maxime Maréchal,

NEWS D’ILL n° 119 - DÉCEMBRE 2016 > 13 Nina Zeindlmeier / Cuej Nina Zeindlmeier « Tous ces fruitiers seront arrachés » Thibaut Diemer, 27 ans, est maraîcher à Kolbsheim. Pour sauver ses parcelles expropriées il s’oppose fermement à la construction du GCO.

l tient une bouteille de jus de Thibaut Diemer « Ils iront chercher ailleurs, soupi- du bruit et de la pollution. Plus pomme des deux mains, com- a investi dans re-t-il, dépité. Pour un céréalier, il jamais, je ne trouverai un endroit cette serre, où Ime un sommelier qui présente il cultive des est plus facile de vendre sa récolte. préservé comme ça. » son meilleur vin. Sur l’étiquette, légumes. Mais moi, je dépends des particu- la silhouette de Kolbsheim : liers qui viennent au magasin de la « Mettre le feu » le château d’eau, l’église Saint- ferme. » Ce sont surtout les pro- Partout dans le village, des affi- Léger, le château du XVIIIe siècle. duits transformés que ses clients ches anti-GCO sont placardées, « Quelle coïncidence. Ici, on voit apprécient: les fruits séchés, les sur des clôtures et les murs des où passera le GCO », explique jus et les confitures. « On crée de maisons. « Tout le monde dit être Thibaut Diemer en dessinant une la valeur ajoutée ici .» contre mais les gens n’agissent ligne imaginaire pour esquis- Au début de sa jeune carrière, pas », s’agace Thibaut Diemer, ser le projet d’autoroute. Ce jus l’agriculteur a investi dans une qui se sent seul et impuissant est l’un des nombreux produits grande serre qui trône sur une face à « l’armée », comme il ap- qu’il fabrique. Il y a deux ans, le colline à quelques pelle Vinci. Admi- maraîcher a repris l’exploitation mètres de la ferme. « Je voulais vivre nistrateur des Jeunes familiale à Kolbsheim. Pendant Il y cultive entre de mon métier. » agriculteurs du Bas- les travaux du GCO, il ne pourra autres de la salade, Rhin, un syndicat pas exploiter 30% de ses terres 2 des aubergines, des agricole, il milite. et perdra définitivement trois heures par tomates et des oignons. Il a re- Les médias locaux le présentent quarts de ses vergers. semaine, cruté des employés et acheté du comme porte-parole contre le c’est le temps terrain. Il a déposé un dossier GCO. Le calme apparent du Une carrière contrariée que consacre d’installation avec un plan quin- jeune homme se change en co- Jus de pomme, de quetsche, Thibaut Diemer quennal à la Chambre d’agricul- lère. « On aurait dû mettre le feu. pour lutter de mirabelle, de cerise, de rai- contre le GCO. ture. « À l’époque, personne ne Faire des blocages et encore plus sin : Thibaut Diemer aligne ses m’a parlé du GCO, se souvient-il. de manifestations ! » produits dans son hangar. « Ce Je me suis construit quelque chose Les indemnisations que les sous- sont tous les fruits qu’ils vont ar- sur le long terme et maintenant ils traitants de Vinci lui proposent racher. » Une vigne prend deux vont me compliquer la vie. » Thi- ne l’intéressent pas. Il refuse ans pour porter des grappes, un baut Diemer a toujours eu une même de les évoquer. L’avenir, il pommier quatre à cinq ans pour vision claire de son projet pro- ne le voyait pas comme ça. « Je avoir des pommes. Sans arbres, fessionnel. « Kolbsheim, avec ses voulais vivre de mon métier, à Thibaut Diemer n’aura pas de terrasses de la Bruche, ses vergers fond, et déjà ça commence à être fruits pendant plusieurs années et et ses vignes, est magnifique. Je ne difficile. C’est dommage. » sans fruits il n’aura pas de clients. veux pas d’une autoroute qui crée Nina Zeindlmeier

14 < NEWS D’ILL n° 119 - DÉCEMBRE 2016 « Seulement trois hectares sur cent » Denis Fix, 40 ans, est cultivateur et éleveur à Pfettisheim. Il a décidé de ne pas s’opposer au GCO. Pour lui, les expropriations ne sont pas le vrai problème.

ans sa ferme de cent hec- mation, il espère finir l’année D’après lui, une grande révolte tares, Denis Fix produit prochaine. Depuis huit ans, il n’aurait de toute façon rien Ddu maïs, du blé, de l’orge, est aussi conseiller municipal changé : « C’est de la politique. du bois et élève des porcs et des de Truchtersheim. Des activi- Ils établissent leurs priorités. » Il poules. Il a déjà eu deux vies. Di- tés devenues finalement plus se dit toutefois satisfait des né- plômé d’une école d’ingénieur au importantes que l’agriculture. gociations menées par la Cham- Val-de-Reuil, en Normandie, il a Et que le GCO. bre d’agriculture, qui négocie au repris la ferme de ses parents en nom des exploitants avec Vinci. raison des problèmes de santé Pas un résistant Le montant des indemnisations de son père, il y a quinze ans. Pour lui, le GCO aura des consé- varie selon la qualité de la terre, Il s’est installé à Pfettisheim en quences plutôt faibles : « Ils vont 10 000 le maximum est de 12 000 euros 2001. Il vend ses œufs et ses co- nous prendre trois hectares sur euros, par par hectare. « La Chambre d’agri- hectare, c’est le chons directement à sa ferme, cent. On ne va pas en mourir », culture a très bien négocié pour Nina Zeindlmeier / Cuej Nina Zeindlmeier dédommage- au marché et via une coopéra- lâche l’agriculteur en haussant ment proposé à nous jusqu’ici. Maintenant, c’est tive. Des salariés occasionnels les épaules. Il étale un plan sur Denis Fix. à nous de nous débrouiller. » et des voisins donnent parfois la table qui montre le tracé de un coup de main. la nouvelle auto- Une troisième vie ? Ses parents habitent « Le débat du route. Les secteurs À Pfettisheim, les exploitants encore à la ferme, concernés sont mar- discutent entre eux. Denis Fix dans une grande pour ou contre, qués de différentes en connaît un qui va perdre et vieille maison à c’est du passé. » couleurs. Le grand presque toutes ses terres. La colombages, avec le chantier sera là où commune de Truchtersheim grand-père, 102 ans, sont les arbres, les propose aux exploitants expro- Roxane, le chien bâtard, et plu- porcheries, les serres. Même s’il priés un remembrement. Une sieurs chats. « L’enthousiasme du est contre le GCO, Denis Fix ne solution soutenue par beau- début a disparu. C’est parfois un fait pas partie des résistants. « Je coup, même si certains auraient boulot dur », avoue l’exploitant. ne suis pas d’humeur optimiste préféré qu’on leur prenne plus mais pragmatique. 300 hectares de terrain et être dédommagés. Plusieurs activités de terres agricoles supprimés, Denis Fix, lui, préfère récupé- Avec sa famille, il a choisi d’ha- c’est un espace équivalent à cinq rer ses trois hectares perdus biter « dans le coin », pas sur son fermes. Mais pour moi, le débat Denis Fix est ailleurs : sa troisième vie, en lieu de travail. Pour cet homme à du pour ou contre, c’est du passé. aussi pompier tant que pompier, n’a pas encore et conseiller la franche poignée de main, il est Ils sont en phase de travaux, les municipal. commencé. important de séparer la vie pri- sondages sont en cours. » Simone Ahrweiler vée de son travail sur la ferme. Il y loge rarement, bien qu’il y ait une chambre au-dessus de la cuisine. « Il faut pas passer trop de temps avec son boulot, sinon … » Denis Fix ne finit pas sa phrase, mais son regard en dit long. « L’agriculture en France va très mal, explique-t-il. Il y a même un numéro d’urgence pour ceux qui pensent à se suicider. Il y a pas mal d’exploitants qui se battent pour vivoter, particuliè- rement en Alsace. » Pour s’en sortir, Denis Fix a un plan B en tête : quand il n’est pas à la ferme, il s’engage en tant que pompier. « J’ai besoin de ça pour changer d’idées. Je gagne même plus qu’en tant

qu’agriculteur. » Encore en for- Simone Ahrweiler / Cuej

NEWS D’ILL n° 119 - DÉCEMBRE 2016 > 15 Le consensus politique se brise le long du tracé Le GCO a longtemps divisé les élus de l’agglomération. L’opposition est désormais limitée aux villages concernés

lus socialistes, de droite vironnement préconisant un lement attachée à sa réalisation. et du centre au sein de GCO lifté et la requalification Tous les autres s’y opposent. l’Eurométropole, une de l’A35 en boulevard urbain. Les plus remontés ont rejoint écrasante majorité s’ac- le collectif GCO non merci, corde sur la nécessité de Obtenir des concessions comme Luc Huber, maire de Econstruire le GCO. « Les élus de Au sein des groupes eurométro- Pfettisheim. gauche et de droite, à l’exception politains alignés sur la position Malgré leur détermination, des Verts, partagent une culture dominante, des élus comme leurs voix portent peu car ils où les infrastructures et la crois- Paul Meyer ou Anne-Pernelle Syndrome ne font pas partie de l’Euro- sance urbaine sont des objectifs Richardot, du groupe PS, conti- du Nimby métropole. C’est d’ailleurs ce valorisés. Pour un élu, inaugurer nuent de s’opposer opiniâtre- De l’anglais dont se désole Martin Pacou, une nouvelle infrastructure est ment au GCO. Dans Euromé- « Not in my maire d’Ernolsheim-sur-Bru- la preuve qu’il a bien travaillé », tropole pour tous, le groupe du backyard », che : « Je ne peux pas peser sur explique Philippe Subra, univer- 2e vice-président Yves Bur, qui que l’on peut le projet. Ce que je peux faire traduire par sitaire spécialiste de la politique réunit 29 élus étiquetés divers « pas dans mon au mieux pour ma commune des grandes infrastructures. droite, quelques édiles de petites jardin ». c’est obtenir de petites conces- Le groupe des Verts (8 élus) et communes font de la résistance. sions. C’est ça, mon rôle. » En les deux élus FN continuent de Pierre Schwartz, l’adjoint au janvier prochain, cinq villages s’opposer au projet. « Le GCO est maire de Vendenheim, est l’un de la Communauté de commu- le point de divergence entre nous d’eux. Poussé, comme d’autres, nes des Châteaux intègreront et le reste de l’exécutif », recon- par le syndrome du Nimby. l’Eurométropole. Trois sont sur naît Alain Jund, chef de file des Car autour de Strasbourg, la le tracé : Kolbsheim, , écologistes, et vice-président de contestation politique ne s’ex- et Breuschwickersheim. Mais la métropole. Nombre de socia- prime quasiment que dans les leurs élus ne seront pas en me- listes, longtemps contre, ont viré villages concernés par le tracé. sure de faire basculer une ma- de bord en 2013, quand Roland Cinq des 22 maires soutiennent jorité solidement établie, sur un Ries, le maire de Strasbourg a le projet, souvent par résigna- projet, de toute façon déjà acté opéré son « grand retourne- tion. Exception notable, Sophie par l’Etat. ment », se disant influencé par Rohfritsch, députée maire LR Benoît Collet un rapport du ministère de l’En- de Lampertheim, semble réel- et Donovan Thiebaud « C’est du chantage à l’emploi »

our Laurent Gatineau, géographe et moins (dans le cas du GCO financé Comment impliquer les citoyens Pmaître de conférences à l’université par Vinci, NDLR), garantissent l’éven- dans la conception d'infrastructures de Cergy-Pontoise spécialisé dans les tuel déficit de l’opération au partenaire comme le GCO ? infrastructures de transport et le dé- privé. Et, pour que les riverains accep- « Le débat public est déjà une forme veloppement territorial, l’influence des tent les projets, leur rôle est central. » de démocratie participative. On peut élus locaux pour faire accepter le projet Quelle est l’influence des chambres développer le référendum d’initiative autoroutier est déterminant. de commerce et d’industrie (CCI) sur locale mais il faut élargir son périmè- les élus ? tre. Le vrai problème est le respect de la Quelles marges de manœuvre « Pour les chambres de commerce démocratie par les opposants, comme à politique ont les collectivités locales et d’industrie, la fluidité de la circu- Notre-Dame-des-Landes. Le débat pu- sur des projets étatiques comme lation est un facteur de croissance blic bien qu’imparfait donne de bons celui du GCO ? pour les entreprises. Le développe- résultats, l’époque du passage en force « Les élus locaux ont une grande mar- ment c’est de l’embauche donc un gros est révolue. » ge car ils financent de plus en plus levier de pression sur les élus. On Propos recueillis une part des infrastructures. Ou, au peut parler de chantage à l’emploi. » par Benoît Collet

16 < NEWS D’ILL n° 119 - DÉCEMBRE 2016 Le consensus politique se brise le long du tracé

Brumath

Geudertheim Hoerdt Eckwersheim A4 A35 Berstett Vendenheim Pfettisheim Lampertheim Truchtersheim Pfulgriesheim Griesheim-sur-Souffel Souffelweyersheim

Stutzheim Dingsheim Hoenheim E25 Bischheim Hurtigheim Ittenheim Oberschaeffolsheim E25 Wolfisheim A351 Osthoffen Breuschwickersheim STRASBOURG Ernolsheim -Bruche A35 Kolbsheim Lingolsheim Hangenbieten

Ostwald

Illkirch-Graffenstaden A35 Duttlenheim Geispolsheim A352 GCO Eurométropole à 33 au 01/01/2016 Innenheim Eschau Communes « pour » le GCO

Communes « contre » le GCO A35 Communes n’ayant pas données suite à notre demande Benoît Collet, Donovan Thiebaud/Cuej Donovan Benoît Collet,

NEWS D’ILL n° 119 - DÉCEMBRE 2016 > 17 Des passages piétons sur l’A35 Saleté, bruit et pollution : la requalification en boulevard de la partie urbaine de l’A35 pourrait améliorer le quotidien des riverains.

iaduc, pont, chemin de fer… Route de Bru- math, un paysage tout en goudron, béton et Vmétal accueille les arrivants à Schiltigheim. Le long des impo- santes infrastructures, des petits / Cuej Picard Léa immeubles s’alignent. Ici, les ri- verains ont intégré l’autoroute à L’A35 isole nationale Bauausstellung (IBA, Cela commence par la destruction leur quotidien. Jean Sylvain vit certains Expositions internationales d’ar- des viaducs. » quartiers de depuis seize ans rue de l’Em- Strasbourg chitecture) : réunir tous les ac- Une emprise qui se ressent par- branchement, à Schiltigheim. du centre-ville. teurs (collectivités, entreprises, ticulièrement rue de à la Son appartement donne face à un associations…), pour réfléchir Montagne Verte. L’A35 bouche mur d’une dizaine de mètres : un ensemble à des projets innovants l’horizon, et les voitures qui en assemblage de plaques de béton, sur un territoire sortent déboulent couronnées par les tôles bleues et donné. La pre- « Le problème, à toute allure. Ka- rouges qui séparent l’A35 du vide. mière réunion rine Gemeilsamm, Le bourdonnement des moteurs de travail s’est c'est la pollution : 36 ans, y passe en est permanent. « À force, on tenue le 8 no- en été, on peut la voir vélo pour aller au n’y fait plus attention, assure le vembre, pilotée s'élever du sol… » travail. Elle a vécu sexagénaire. Le problème, c’est la par l’Agence de là jusqu’en 2015, pollution : en été, on peut la voir développement avec ses deux en- s’élever du sol… » et d’urbanisme de l’aggloméra- fants. « Le plus petit a de l’asthme, tion strasbourgeoise (Adeus). explique-t-elle. Ce n’est pas l’idéal Concertation à l’allemande Dans un second temps, il faudra quand il y a des pics de pollu- L’État s’y est engagé en 2008 : la organiser l’appel à projets, trou- tion. » Selon le collectif de mé- partie de l’autoroute A35 détour- 2020 ver les financements et gérer la decins strasbourgeois Respire, le née par le GCO pourra être trans- Date espérée communication. risque d’asthme est de 15 à 30% formée en boulevard. Le projet du début des Comment transformer une plus élevé quand on vit près d’un part du principe que la circulation travaux. autoroute culminant à onze mè- axe routier. sur l’A35 sera réduite à 40 000 tres au-dessus du sol, avec des voitures par jour une fois que le ponts et des bretelles d’accès ? Sacs poubelles percés GCO aura trouvé son rythme de La solution a été imaginée par Plus loin, rue Louise-Scheppler, croisière, contre 155 000 actuel- deux urbanistes strasbourgeois, des vêtements cachés derrière les lement. Il s’inspire de réalisations Micha Andreieff et Michel Mes- buissons s’accumulent à côté de semblables à San Francisco, Séoul selis. Pour eux, la renaissance de sacs poubelles percés. « Ce qui ou Montréal, considérées comme la voirie passe par son démantè- m’énervait le plus quand j’habi- des succès avec une baisse de 20 à lement. « L’A35 empêche l’aména- tais ici, c’était la saleté, soupire 25% de la circulation. gement de son environnement et Karine. Il y a même des gens qui Pour arriver à un tel résultat, isole les quartiers qui l’entourent, abandonnent leurs objets encom- l’Eurométropole a adopté la explique Micha Andreieff. Il faut brants. » Rue de l’Abbé-Lemire, méthode allemande des Inter- faire disparaître cette emprise. on rencontre une chaise de jar-

18 < NEWS D’ILL n° 119 - DÉCEMBRE 2016 din renversée, un matelas aban- donné ou un râteau rouillé. A cela s’ajoutent des passages sou- Petites mesures terrains peu accessibles et des talus herbeux mal entretenus. Avec la requalification, ces ter- pour gros bouchons rains délaissés seront transfor- més en espaces verts le long du Engorgée par les déplacements pendulaires que ne boulevard. Des carrefours à feux règle pas le GCO, l’Eurométropole tente de trouver seront installés là où le boulevard des solutions alternatives. croisera d’autres routes. « Des sec- teurs peu valorisés comme la Plai- eule une petite partie des interurbain. Avec une vitesse ne des Bouchers ou Cronenbourg voitures seront détour- pouvant aller jusqu’à 80 km/h, pourront se développer, grâce à Snées par le GCO, la plu- un temps de trajet garanti de des constructions de logements et part vont continuer à boucher le 40 minutes et une fréquence de de bureaux », affirme Micha An- centre-ville de Strasbourg. Les 10 minutes en heures de pointe, dreieff. 150 déplacements pour le travail y le TSPO est censé constituer millions d’euros comptent pour plus de moitié. une alternative à la voiture. Carrefours à feux engagés par Afin d’inciter les pendulaires, ces En 2020, celui-ci devrait ac- Comme les autres riverains, Sa- l’Etat pour personnes vivant en banlieue et cueillir 12 000 voyageurs par lah El Mekbaoui, 56 ans, qui a requalifier l’A35. travaillant en ville, à renoncer jour. Une voie réservée sur qua- eménagé il y a deux ans au quar- à leur voiture, l’Eurométropole siment tout le trajet permettra de tier de l’Elsau, déplore le man- cherche à améliorer l’offre des passer à côté des embouteillages. que d’attractivité aux abords de modes de déplacement alterna- Pour l’instant, cette voie n’existe l’autoroute : « J’ai voulu profiter tifs. Décryptage. que sur une petite partie de la d’un loyer faible, regrette-t-il. D1004, entre Furdenheim et Entre la mauvaise réputation du • Le TSPO, un bus express. Ittenheim, un aménagement qui quartier et l’autoroute, il n’y a pas Vraiment ? a permis de gagner cinq minutes de commerces, à part des bars. » Le Transport en site propre de sur le temps de trajet. Il décrit un quartier isolé par l’ouest strasbourgeois (TSPO) Si le TSPO réduira le temps de l’A35. « Les gens ne font que pas- est un projet de bus express, trajet pour les pendulaires, le ser. Même les habitants du quar- Avec le TSPO, cofinancé par le département projet risque d’être moins effica- tier prennent leurs voitures pour le trajet entre du Bas-Rhin, la Région, l’État ce que promis. Sur la N4 tout. Le centre-ville n’est accessible et Strasbourg et l’Eurométropole. Initié en entre Ittenheim et Strasbourg, la qu’en tramway. C’est trop compli- devrait être 2008, le projet vise à transfor- voie réservée pourra également qué à pied ou en bus. » réduit à mer la ligne 230 (Wasselonne- être utilisée par d’autres véhicu- Le projet a toutefois une ombre 40 minutes. Strasbourg) du Réseau 67 en car les aux heures de pointe. au tableau, son financement : dans un rapport de février 2016, la Chambre de commerce et d’in- dustrie doute que le budget prévu de 150 millions d’euros couvre « un projet très lourd sur le plan technique ». Même inquiétude du côté des écologistes : « C’est bien d’engager des projets de territoire, mais les moyens financiers sont insuffisants, assure Jean Wer- len, conseiller municipal EELV. D’autant plus que le chiffre de 40 000 véhicules par jour sur le bou- levard serait miraculeux… ». Si le GCO ne détourne pas un nombre suffisant de voitures, le nouveau boulevard sera encombré, et les problèmes persisteront. Malgré tout, les riverains ont de l’espoir : « Je redoute un peu les travaux, avance Salah, mais ça fait plaisir de voir qu’on s’intéresse un peu à nous, et pas qu’au centre-ville. »

Léa Picard Anna / Cuej Manceron

NEWS D’ILL n° 119 - DÉCEMBRE 2016 > 19 20 Le forestier chat estplus grand domestique. quelechat Le chat duBienwald ensursis l’Eurométropole. directeur destransportssem, de Bruno Jan, affirme le train » 25% de passagers en plus dans de 2014à2020,nous espérons métropole. sur leterritoireAlsace del’Euro du Réseau 67etlestrains TER urbains strasbourgeois, lescars nement, lestransports utiliser en principe, avec abon unseul métropole peuvent désormais, usagers. résidents Les del’Euro argument important pour les confort, l’aspect financier est un Outre letemps detrajet etle la cléfinancière ? • L’abonnement uniqueest-il bourgeoise, François Giordani. bains del’agglomération stras des usagers des transports ur me leprésident del’Association bouchons vers Strasbourg », esti car retrouvera se coincé dans les pour desraisons écologiques. duGCO Laconstruction pourrait changerladonne. En Allemagne, leprojet detransformation nationale d’une enautoroute aété suspendu

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NEWS D’ILL n° 119- D’ILL NEWS « À partir d’Ittenheim,« À le « Pour la période la « Pour DÉCEMBRE 2016 ------turer le réseau de bus, notamment bre 2017,il est prévu de restruc l’Eurométropole. des projetspartie envisagés par de l’agglomération fait également Une meilleure du desserte nord pratique », exprime-t-elle. au nord, vers Brumath, serait très bouchons. Un parking relais plus me retrouve souvent dans les pour venir depuis Haguenau et voiture.sa mets « Je 45minutes tins, Sophie Schwob vient ygarer l’Aar Tous à Schiltigheim. les ma le pourcas le parking Rives de ges à l’entrée de Strasbourg. C’est usagers d’éviter lesembouteilla centre-ville pour permettre aux existants sont situés trop près du gares.certaines dixdéjà Les plémentaires est envisagé dans gement deparkings relais sup Selon Bruno Jansem, l’aména Strasbourg ? solution pourlenord de relais,• Les parkings une

Lviatour L locaux inscrivent leprojet pour est avancée. En1996, lesélus enautoroutenale àquatre voies transformer cebout denatio lesannéesDès 1990,l’idée de route àdeuxvoies. pendant 12kilomètres sur une traverser forêt la du Bienwald autoroutier allemand, faut il pour ensuite rejoindre leréseau les jours. Mais Lauterbourg tous sent frontière la à poids lourds, pas dont unquart de 9000 véhicules, mer etla dupes Nord. Environ transfrontalières entre lesAl dans lesliaisons autoroutières chaînonsderniers manquants quart desiècle. C’est l’un des réseaux desdeuxpays, date d’un française, conçu pour relier les allemand frontièretier àla « D’ici septem Bienwald projet ?Ce rou peaula de l’autoroute du e chat forestier eu a-t-il ------l’Eurométropole. relais de dix parkings places dansles Nombre de 4232 frénésie debétonnage que cheznous. » «

C'est lamême - - - construction de l’autoroute, de construction ra beaucoup ànous opposer àla du Bienwald. domestique, habitent forêt la Mais àune heurte vive se il ré premièrela fois àleuragenda. du chat forestier. protégées,espèces notamment del’habitattie denombreuses tion d’une destruction et la par gistes s’alarment dégrada de la naturede la (Bund). écolo Les l’environnement protection etla de l’association allemande pour citoyenssistance descollectifs et mand que du côté français. » particuliers, tant du côté alle de sûr, beaucoup bien aussi mais forestiers, de 12000hectares. Les restier decebois d’une superficie conte Johannes Becker, garde fo de Schiltigheim àReichstett », ex norddans le l’Eurométropole, de rieurs à 3 km sontrieurs à3km toujours ef trajets domicile-travail infé geoise, près detrois quarts des de l’agglomération strasbour développement etd’urbanisme Strasbourg. Selon l’Agence de en urbanisme àl’Université de Arnaud Piombini, chercheur rationnels » toujours les choix des usagers ne sont pas resteflux difficile àprévoir car cité. mie, gain detemps etsimpli avantages enmatière d’écono durables en augmentant les dedes déplacements modes L’État peut promouvoir l’usage à certains arrêts. à long terme, desparkings relais une modification des horaires et, plique dans unpremier temps, plique Bruno Jansem. im Cela fectués envoiture. « Toutefois, l’évolution des tinguer d’un chat permettent de dis grandeet la taille fourrure épaisse ces félins, que la Entre 45et60de Anna Manceron « Nous sommes « Nous , souligne

------En Alsace, ce sont surtout les ha- l’autre côté de la frontière dispa- Bienwald n’a peut-être pas ga- bitants des communes au nord raît de l’agenda politique. gné la bataille, seulement un de l’A35 qui participent aux ma- sursis. Car la nouvelle conces- nifestations contre l’autoroute Des ponts plutôt que sion pour construire le GCO, du Bienwald car ils redoutent des ronds-points accordée au groupe Vinci en une augmentation de la circu- Pour les écologistes, c’est une im- janvier 2016 par les autorités lation. Mais ils sont également Voie portante victoire. « Nous avons françaises, a fait réapparaître le rejoints par les opposants au romaine saisi l’occasion pour établir une sujet. « La construction du GCO GCO, les deux projets routiers L’A35 et la route réserve naturelle protégée dans pourrait entraîner une renais- faisant partie de l’axe nord-sud du Bienwald la forêt du Bienwald », raconte sance du projet de l’autoroute du sur la rive gauche du Rhin. En- suivent l’ancien Ulrich Mohr, militant du Bund. Bienwald », estime Ulrich Mohr. core plus de trafic de transit à tracé d’une voie Avec ce projet écologique à gran- Un premier indice : contraire- Strasbourg signifie plus de tra- romaine. de échelle et financé à la hauteur ment aux prévisions, le Land fic dans la forêt du Bienwald de plusieurs millions par les ne va pas construire des ronds- et réciproquement. « C’est la pouvoirs publics allemands, la points aux intersections de l’ac- même frénésie de bétonnage que réalisation de l’autoroute semble tuelle nationale, mais des ponts. chez nous », déplore Christian repoussée à un futur lointain. Au cas où. Goepp, conseiller municipal de Mais le chat forestier du Peter Eßer Duttlenheim et partisan du col- lectif d’associations GCO non merci. Le Bienwald, chaînon manquant de l’axe nord-sud Un projet aménagé puis abandonné Face à l’opposition, les autori- A65 tés abandonnent l’idée d’une Rheinland autoroute traversant la forêt du -Pfalz Bienwald au début des années 2000. Un nouveau tracé passant en grande partie en lisière du Forêt bois est alors proposé. L’habitat du bienwald Karlsruhe du chat forestier serait beaucoup moins affecté. Mais les nichoirs Lauterbourg de l’engoulevent, un oiseau noc- turne, restent menacés. Avec cette deuxième version, dont A5 les coûts totaux s’élèvent à 80 millions d’euros, les atteintes environnementales ne seraient Alsace A35 que « légèrement moins impor- tantes », admet le ministère de l’Economie, du transport, de Haguenau l’agriculture et de la viticulture du Land de Rhénanie-Palati- Beden-Baden nat. A4 « Le raisonnement des élus pour construire l’autoroute a toujours Baden été la croissance prévisionnelle de circulation, explique Johannes -Württemberg Becker. Mais ces prévisions ne se sont jamais confirmées. » La A5 circulation de 9000 véhicules GCO par jour sur la route nationale ne justifiant pas sa transforma- tion en autoroute, l’augmenta- Strasbourg tion du trafic qu’entraineraît la réalisation du contournement A35 de Strasbourg est un des princi- paux arguments des défenseurs de l’autoroute du Bienwald. O enburg Aussi, quand on croit le GCO abandonné en 2012, le projet de Eßer / Cuej Peter

NEWS D’ILL n° 119 - DÉCEMBRE 2016 > 21 Un « appel d’air » pour l’intérim Une dizaine de filiales de Vinci vont construire le GCO. Le groupe annonce la création de plusieurs milliers d’emplois. Joris Bolomey / Cuej / Cuej Joris Bolomey

a construction du GCO européenne d’investissement. Une pelleteuse filiale de Vinci-Construction, coûtera 553 millions Mais Arcos ne s’occupera pas el- Euravia, mise basée à Toulouse, explique que à disposition d’euros à Vinci. C’est en le-même de la conception et de par Vinci pour les constructeurs « vont devoir tout cas le montant an- la construction du nouvel axe. des diagnostics faire appel à leurs employés déjà Lnoncé aujourd’hui. Pour gérer Afin de faire sortir le projet de archéologiques présents dans l’entreprise mais le projet, la multinationale a terre, le concessionnaire a fait à Vendenheim, également à de nouveaux em- créé une société concessionnaire appel à Socos, autre émanation de part et plois ». d’autre de la RD nommée Arcos qui a remporté de Vinci. Au sein de Socos, ce 226 l’appel d’offre en janvier 2016 face sont une dizaine de filiales de Beaucoup d’intérimaires sur à Eiffage, Bouygues, et un consor- Vinci spécialisées dans le BTP le futur chantier tium composé de NGE, Fayat et et les ouvrages d’art qui mettent Jean-François Tancons, res- du groupe alsaço-lorrain Lin- leurs moyens matériels et hu- ponsable de communication genheld, des entreprises moyen- mains en commun. Certaines chez Dodin-Campenon-Ber- nes de la région. Cette nouvelle de ces entreprises s’occupent nard, estime qu’ils pourront société doit financer les travaux d’études techniques, d’autres de être constitués « jusqu’à 20 % de construction, dont le début est conception et de construction d’intérimaires ». L’entreprise a prévu fin 2017, pour une durée des infrastructures. d’ailleurs « déjà lancé des dé- de deux ans et demi. Le contrat marches et des recherches pour avec l’État prévoit une ouverture « 1000 emplois seront créés par former un réseau de personnel de l’autoroute en 2020 et un fi- an sur les quatre années de pro- intérimaire avec les agences nancement assuré intégralement jet », phases d’études techniques d’intérim alsaciennes ». Pascal par Vinci. Bien que disposant et de travaux réunies, selon la Wespiser, président de Prim’em- des fonds, le groupe a demandé communication de Vinci. Do- ploi, le syndicat des profession- un emprunt auprès de la Banque din-Campenon-Bernard, une nels de l’intérim, pense « que

22 < NEWS D’ILL n° 119 - DÉCEMBRE 2016 le projet va réellement aider En réponse au des intérimaires » et estime magazine de communication La guerre des papiers « qu’une part très importante de Vinci, GCO des intérimaires de travaux pu- non merci a blics va être concernée par cet répondu avec appel d’air » dans le bassin de sa propre Strasbourg. Les autres recrute- publication. ments se feront sous forme de contrats à durée déterminée, contrats « durée de chantier » et en alternance. Le constructeur doit réserver « 7,5% du volume horaire total de main-d’œuvre nécessaire à l’exécu- tion des travaux » à « l’emploi de personnes rencontrant des diffi- non merci GCO cultés sociales ou professionnelles particulières », selon les termes de la convention signée avec n plus de quarante ans, le GCO l’État. Vinci a prévu « 232 000 Ea eu le temps de faire couler heures de main-d’œuvre destinées l’encre, du côté des soutiens com- aux personnes en difficulté pro- me des opposants. Vinci sort son fessionnelle », selon le directeur magazine Liaison(s) en septembre de communication chez Arcos, 2016. Un magazine de communi- Jean-Luc Fournier. Cela corres- cation dont le seul but est de pré- pond à « l’équivalent de 58 em- senter sous un jour favorable son plois temps-plein sur chaque an- projet « à près de 20 000 foyers ». née de chantier ». Des formations GCO non merci y répond avec devraient démarrer « au plus tôt « son cœur et ses tripes » et impri- à l’automne 2017 », afin que les me Béton et biftons son journal de ouvriers en insertion puissent De son côté, quatre pages fait-maison. Les op- « être sur le terrain en mars ou la CCI investit posants y critiquent, parfois à la les affichages avril 2018 » selon le communi- publics. limite de l’insulte, la mégalomanie / Cuej Nina Zeindlmeier cant. Les bénéficiaires pourront d’un projet et la condescendance apprendre à être coffreurs, ter- dont « le constructeur a fait preuve (gco2016tousgagnants.com) mais rassiers, conducteurs d’engins… en réunion publique ». le dossier téléchargeable en faveur Le constructeur a prévu d’assurer de l’autoroute est vieux de quatre les formations lui-même, mais « Un fascicule indéchirable! » ans. La CCI a décidé de renouve- pourrait aussi lancer des appels Liaison(s) vante son projet, qui ler son soutien en novembre 2016 d’offre pour rechercher des pres- sera « une aventure humaine ». grâce à une série d’affiches dans tataires spécialisés. Mais là où GCO non merci voit Strasbourg. Les opposants se sont La multinationale a également « un luxueux magazine », Vinci immédiatement insurgés contre l’obligation d’injecter « 30% du regrette le côté « un peu cheap de « une publicité mensongère » qui montant total des travaux dans l’impression ». Preuve que la com- promet que le GCO « mettra un des entreprises tierces ». Pour munication est le nerf de la guer- terme aux embouteillages ». l’instant, la multinationale n’a re, le groupe a imprimé un tout La campagne était doublée d’un pas eu à faire appel à d’autres nouveau dépliant, beaucoup plus spot radio de dix secondes diffusé entreprises que ses filiales, condensé, un mois à peine après initialement sur France Bleu Al- « hormis quelques bureaux la parution du premier magazine. sace. Là aussi l’accueil a été glacial. d’études environnementaux Un fascicule « réputé indéchirable » Les journalistes de la chaîne ont ou des entreprises de sondages selon le directeur de communi- obtenu son retrait, estimant « que dans le sol », précise Jean-Luc cation, Jean-Luc Fournier, qui la diffusion de ce spot porte atteinte Fournier. Si le constructeur n’a craint sans doute que les riverains à leur travail et à leur crédibilité ». aucune obligation d’avoir re- ne passent leur agacement sur le La publicité est finalement arri- cours à des entreprises locales, document. vée chez Top Music, une station le directeur de communication Le concessionnaire du projet a locale. souligne cependant « que cela néanmoins un allié de taille dans Avec une inauguration de l’auto- entrera en considération pour la lutte : la Chambre de commerce route prévue en 2020, chacun va des questions de coûts. Une en- et de l’industrie, qui milite forte- pouvoir aiguiser ses arguments et treprise locale sera forcément ment en faveur du projet depuis affûter ses armes de communica- mieux positionnée ». des années. L’institution a même tion. Guilhem Dubernet consacré un site internet au projet G.D.

NEWS D’ILL n° 119 - DÉCEMBRE 2016 > 23 Dix ans de revue de presse

Capital, le 31 mai 2012 Roland Ries dans L’Express, le 16 octobre 2008

Le Moniteur, le 18 mai 2016 Rue89 Strasbourg, le 13 septembre 2016

Rue89 Strasbourg, le 22 novembre 2013 France 3 Alsace, le 4 février 2016

France Bleu Alsace, le 29 octobre 2016 DNA, le 2 février 2016

L’Echo Républicain, le 26 octobre 2016

France 3 Alsace, le 27 septembre 2014

Les Echos, le 14 juin 2012 Reporterre, le 22 février 2016