Charte de paysage et d’urbanisme de la Vallée de la Têt et de ses affluents

Le Parc, c’est 64 communes associées au Conseil Général et à la Région avec la participation de l’Europe dans le cadre du programme Leader Le Mot du Président

Le Parc naturel régional des Pyrénées catalanes vous propose à travers les chartes de paysage et d’urbanisme de mettre en valeur la richesse exceptionnelle que constituent les paysages pour nos territoires. Cette action se concrétise par cette démarche qui complète la charte sur cette thématique.

Pendant toute la durée de la réalisation de ces chartes, les collectivités du Parc, les élus des communes et des communautés de communes ont partagé l’histoire de leurs paysages et ses évolutions pour construire ce référentiel.

Que vous soyez habitant, élu du Parc, professionnel de l’aménagement, de l’architecture et du paysage, vous trouverez par l’approche paysagère tout ce qui fait l’identité de notre territoire...

Président du Parc des Pyrénées catalanes Président du Conseil Général des Pyrénées Orienatles COMPOSITION DU COMITE TECHNIQUE Version au format A3 recto-verso

Les Services de l’Etat Nombre de pages : de 1 à 73

Monsieur le Sous-Préfet de l’arrondissement de Prades, DIREN, Madame STEINFELDER et Monsieur DEVERNAY Parc naturel régional des Pyrénées catalanes DDE, Madame POU et Monsieur SASERAS DDAF, Monsieur AUGIER et Monsieur MOURER ONF, Monsieur Jean-Luc MARTIN et Bernard KAZANDJIAN SDAP, Monsieur l’Architecte des Bâtiments de , Commissariat de Massif Pyrénées, Monsieur Paul LAVILLE Charte de paysage et d’urbanisme de Les Chambres Consulaires la Vallée de la Têt et de ses affluents Chambre d’Agriculture, Chambre des Métiers, Chambre de Commerce et d’Industrie, Madame Françoise DELCASSO Les bureaux d’études : Nathalie Dumont-Fillon Architecte-Paysagiste Dplg à Burret (09) Les autres organismes Xavier Daures Architecte Dplg et Urbaniste à Pamiers (09)

CAUE des Pyrénées Orientales, Madame Michèle ORLIAC DEATM, ODIT France Le stagiaire sous la direction du Chargé de mission Urbanisme et Paysage du Parc naturel régional Centre Régional de la Propriété Forestière Nicolas Antoine : Nicolas Pettini, étudiant à l’Institut national d’horticulture d’Angers Service Départemental Restauration des Terrains en Montagne (INH), de mars à septembre 2007. SAFER Languedoc-Roussillon Conseil Général des Pyrénées-Orientales Conseil Régional Languedoc-Roussillon CNFPT –ENACT- Montpellier, Gaëlle AGGERI - Responsable du pôle de Légende. Cliché ou Réalisation NP : Nicolas Pettini compétence «Paysage et espaces verts» Cliché ou Réalisation NDF : Nathalie Dumont-Fillon

Nathalie DUMONT-FILLON Xavier DAURES tél 05 61 03 86 83 fax 05 61 03 86 83 tél 05 34 01 00 15 fax 05 61 67 52 92 [email protected] [email protected] [email protected] 5 et 7 rue des Jacobins 09 100 PAMIERS Le Courtal 09 000 BURRET

- Nathalie Dumont-Fillon et Xavier Daures - Charte de paysage et d’urbanisme de la Vallée de la Têt et de ses affluents - 2007 -  Table des matières

Première partie Le diagnostic page 3

Introduction et présentation générale p 4 A Introduction p 10 B Les éléments communs aux 31 communes p 14 C Les périmètres : la distinction entre cartes et paysages p 15 D L’importance des voies dans la perception des paysages p 16 E La recherche du niveau de sol réel p 20 F Deux axes (route nationale et voie ferrée) p 23 G Le cas des Garroxtes p 24 H Les voies qui se terminent au village et le passage des ponts p 24 I Les paysages agricoles p 29 Figure 1 Routes et glissières, lumières J L’approche des villages p 32 des paysages autour de Conat K Quatre types d’échappées visuelles p 35 L Les mutations (suite) p 38 M Les paysages artistiques et littéraires p 40 N Les portes de la charte p 45 O Randonnées p 48

Deuxième partie La définition des enjeux page 49

Troisième partie Les orientations page 59

Table des figures p 65 Sources p 66 Annexes

Figure 2 Les noms des lieux

- Nathalie Dumont-Fillon et Xavier Daures - Charte de paysage et d’urbanisme de la Vallée de la Têt et de ses affluents - 2007 -  Parc naturel régional des Pyrénées catalanes

Charte de paysage et d’urbanisme de la Vallée de la Têt et de ses affluents

Les bureaux d’études : Nathalie Dumont-Fillon Architecte-Paysagiste Dplg à Burret (09) Xavier Daures Architecte Dplg et Urbaniste à Pamiers (09)

Première partie

Le diagnostic

- Nathalie Dumont-Fillon et Xavier Daures - Charte de paysage et d’urbanisme de la Vallée de la Têt et de ses affluents - 2007 -  Introduction du diagnostic

La charte de paysage de la vallée de la Têt et de ses allfuents est la plus grande des six chartes, Nous insistons ici sur une autre distinction qu’il en nombre de communes et en superficie totale : plus de trente communes conviendra d’établir : certains lieux sont accessibles réparties sur plusieurs vallées, toutes confluentes dans le fleuve principal : physiquement et en voiture, d’autres sont accessibles la Têt. visuellement dans un premier temps, mais parfois de manière large et prégnante au plan du paysage et Sur rendez-vous, il a été possible de rencontrer les élus de chaque des vues, en dehors même d’une pratique spécialisée commune et de préciser ensemble cette notion d’appartenance ou non à la (chasseurs, naturalistes, randonneurs, éleveurs, etc.) vallée de la Têt. Enfin, des randonnés ont été intégrées dans le Précisons que les limites des chartes (fixées il y a longtemps) diagnostic : elles donnent le regard du promeneur, qui bien correspondent à des limites administratives : la limite communale. Il sera entendu peut être conduit à réfléchir aux problématiques de donc nécessaire d’établir une distinction entre le village principal (un la charte paysagère (les paysages d’élevage, la présence des ensemble bâti avec un centre historique en habitat en général groupé ou rivières, etc.). semi-groupé) et ses limites communales, souvent très étendues (de vastes territoires de montagne) et éloignées des cheminements principaux. Par son approche pédestre, le randonneur est attentif à certains éléments du paysage qui échappent parfois à La contrainte fréquemment rencontrée est que plusieurs élus d’autres, par exemple il sera attentif aux plaques de chemins considèrent que leur communes se sont pas du tout concernées par la Têt. comme celle d’ par exemple : afin de connaître les Cela va de pair avec des villages de caractère qui ont leur propre identité distances qui le séparent d’, de , Sansa et et une histoire particulière, éléments qui ne se diluent par facilement dans Prades. un ensemble trop vaste (Nohèdes dans la vallée du Caillan, les communes situées dans la vallée de la Rotja ou de la vallée des Garrotxes, etc.)

Un autre découpage plus opérationnel repose aussi, par ailleurs, sur des massifs montagneux et des repères géographiques connus : par exemple le massif du “” (dont une partie est située hors parc naturel), le mont Madres, ou encore par un découpage d’ensembles de végétation : par exemple la garrigue méditerranéenne, les massifs forestiers des Garroxtes, le fond de vallée de la Têt,...

- Nathalie Dumont-Fillon et Xavier Daures - Charte de paysage et d’urbanisme de la Vallée de la Têt et de ses affluents - 2007 -  Parc naturel régional des Pyrénées catalanes Présentation générale

Fig. 3 Région étudiée Réalisation : N. Dumont-Fillon 2007 de la région étudiée

La carte présentée montre le territoire du parc naturel régional des Pyrénées catalanes :

-dans le département français des Pyrénées-Orientales (66) ;

-la ville de , de Toulouse, de Béziers et de Barcelone.

Il est important de préciser que les périmètres des six chartes de paysage et d’urbanisme, dont celui de la charte présentée ici, ont été définis indépendemment de cette étude, en période de préfiguration du parc naturel régional.

Le regoupement des communes présenté dans cette première phase, le diagnostic, est donc rigoureusement suivi pour cette étude qui n’a pas lieu de les définir différemment.

Figure 3 Présentation de la région étudiée. Carte NDF

- Nathalie Dumont-Fillon et Xavier Daures - Charte de paysage et d’urbanisme de la Vallée de la Têt et de ses affluents - 2007 -  Présentation des six chartes de paysage et d’urbanisme Parc naturel régional des Pyrénées catalanes

Figure 4 Les périmètres et le Charte du Capcir chevelu hydrographique Charte de la vallée de la Castellane

Charte de la vallée du Carol

Charte de la vallée de la Têt et de ses affluents

Charte de la Haute Cerdagne

Charte de la Basse Cerdagne

- Nathalie Dumont-Fillon et Xavier Daures - Charte de paysage et d’urbanisme de la Vallée de la Têt et de ses affluents - 2007 -  Les périmètres des cinq Figures 5 autres chartes

Charte de la vallée du Carol Charte de la vallée Quatre communes de la Castellane Quatre communes -Porté-Puymorens -Porta -Campôme - - -Latour-de-Carol -Molitg-les-Bains -Cattlar

Charte de la Basse Cerdagne 12 Communes

- -Ur -Angoustrine-Villeneuve - - -Sainte-Léocadie -Osséja -Palau-de-Cerdagne -Bourg-Madame -Err -Valcebollère -

Charte du Capcir Charte de la Haute Cerdagne Sept communes Six communes

- -Targasonne -Les Angles -Egat -Formiguères -Font-Romeu-Odeillo-Via --Rieutort -Bolquère - - - -Réal Réalisation : N. Dumont-Fillon 2007 -Caudiès-de-Conflent

- Nathalie Dumont-Fillon et Xavier Daures - Charte de paysage et d’urbanisme de la Vallée de la Têt et de ses affluents - 2007 -  Figure 6 La vallée de la Têt et ses affluents Parc naturel régional des Pyrénées catalanes Carte Nathalie Dumont-Fillon

11 Prades Charte du Capcir Le Caillan

13 12 2 3 4 14 Le Cady Les Garoxtes 6 La Rotja 1 Olette La Têt 5 9 7 8

10 15 16

- Nathalie Dumont-Fillon et Xavier Daures - Charte de paysage et d’urbanisme de la Vallée de la Têt et de ses affluents - 2007 -  Parc naturel régional des Pyrénées catalanes Le nom des 31 communes de la charte :

Corneilla-de-Conflent Figure 7 La vallée de la Têt et ses affluents (extrait de la figure 6) Réalisation : N. Dumont-Fillon 2007 Villefranche-de-Conflent Ria-Sirach Nohèdes Conat (et hameau de Bettlans) 11 PradesUrbanya Py Le Caillan (et hameau de Marians) Vernet-les-Bains -Joncet 13 12 Thuès-entre-Valls 2 3 4 14 Le Cady Olette (et hameau de Evol) Les Garoxtes 6 La Rotja Fontpédrouse 1 Olette Ayguatébia-Talau Railleu 5 Sansa 9 7 (et hameau de Aytua) 8 Oreilla 10 Planès 15 16 Mont-Louis Sauto (et hameau de Fetges) Les principaux repères sur la carte, à partir du centre : Saint-Pierre-dels-Forcats 1-Olette et la vallée de la Têt 9-La Llagonne 2-La rivière de Cabrils (au nord ouest, vers Railleu) 10-Mont-Louis + dont sept communes faisant aussi partie de la charte forestière 3-La rivière d’Evol 11-La vallée du Caillan de territoire : Sansa, Railleu, Ayguatébia-Talau, Canaveilles, La 4-Le torrent de la Font 12-La vallée du Cady Llagonne et Sauto-Fetges. 5-La rivière de Mantet 13-La vallée de la Rotja 6-Le torrent de Saint-Coulgat 14-La rivière de Baillmarsane (vers Serdinya) 7-Le défilé des Graus 15-La Riberole 8-Les gorges de la Carança 16-Le Rec del Moli

- Nathalie Dumont-Fillon et Xavier Daures - Charte de paysage et d’urbanisme de la Vallée de la Têt et de ses affluents - 2007 -  Le diagnostic

A- Introduction. La charte de paysage et d’urbanisme de la vallée de la Têt est un outil qui se fonde sur deux éléments indissociables dans cette première partie : - les témoignages qui traduisent les préoccupations majeures des élu(e)s, toujours rencontré(e)s sur rendez-vous en mairie ; - le diagnostic de l’état existant, porteur des caractères des lieux.

Ce second décrit des éléments existants, à l’échelle des 31 communes, mais le fait toujours en s’intéressant aux évolutions passées et futures. Figure 8 L’aménagement des villages : accès, traversées, accueils. La question des principales mutations qui ont marqué la commune a souvent entraîné la même réponse d’une commune à l’autre, à savoir que les évolutions récentes des paysages sont essentiellement le reflet des changements d’occupation du sol. Ainsi d’une manière généralisée la vallée de la Tet est passée d’une dominante rurale, composée d’espaces cultivés pour l’élevage, l’arboriculture, les jardins vivriers, à Quelques exemples de différences de superficies et de population un paysage de plus en plus forestier, mais aussi résidentiel, voire touristique et péri- (source annuaire des maires 2001) urbain. Oreilla 1 603 hectares 13 habitants en 2001 Le préalable de ce diagnostic pose la question suivante : pourquoi doit-on Souanyas-Marians 481 ha 27 décrire l’ensemble des paysages actuels, de leur accès en voiture ou en train, de Olette-Evol 2 894 ha 351 l’offre touristique, de l’inventaire du patrimoine, du constat d’une population peu Villefranche-de-Conflent 447 ha 228 dense en résidents permanents, du répérage des principales échappées visuelles ou Planès 1 424 ha 27 des paysages attractifs, etc.? Fontpédrouse 6000 ha 126 Vernet-les-Bains 1676 ha 1561 La réponse vient de l’objectif de la charte : le diagnostic n’est pas une fin en Py 5086 ha 110 soi, il est indissociable de la définition des enjeux et des orientations. À ce titre il La Cabanasse 350 ha 622 semble important de souligner l’adaptation nécessaire des acteurs de ce territoire aux Mont-Louis 35 ha 235 habitants enjeux actuels. Le paysage hérité, considéré ici comme un patrimoine, se trouve de nouveau à un tournant de l’évolution des territoires.

- Nathalie Dumont-Fillon et Xavier Daures - Charte de paysage et d’urbanisme de la Vallée de la Têt et de ses affluents - 2007 - 10 En effet l’essouflement d’un certain type d’agriculture, amené à devenir une activité multifonctionnelle où la fonction de production (de biens agricoles) s’oriente vers une gestion Figure 9 L’intérieur durable des territoires et de proximité, qui passe par exemple d’un village : le paysage par les labellisations de qualité. Des filières doivent se remettre quotidien en place et la production de la Rosée des Pyrénées en est un exemple. Figure 10 On constate également une grande mutation des données sociales, avec une course à la recherche de résidents Les variations de la population permanente sont un permanents, l’ouverture à l’urbanisation et à une offre touristique souci réél, à juste titre, de tous les maires et élus grandissante, mais aussi des soucis locaux d’intégration des rencontrés, toujours soucieux de faire vivre leur nouveaux résidents parfois peu renseignés au sujet de la vie village. rurale, ou mal adaptés à la réalité montagnarde. Le tableau ci-dessous retrace quelques évolutions caractéristiques, depuis 1936. Cependant la question de la pérennité des paysages et du cadre de vie se pose bien évidemment là encore. Que feront les acteurs du paysage quand les tissus urbains seront suffisamment présents pour accueillir la population souhaitée, quand les centres historiques auront installé les services de proximité et amélioré l’embellissement par enfouisssement des dernières lignes aériennes, quand les logements personnels auront été restaurés, et toutes les ruines reconverties ou effacées ?

Certains habitants comme certains élus constatent une dynamique d’évolution considérée comme “regrettable” par rapport à un état précédent. La régression des espaces ouverts - ceux travaillés par l’agriculteur - et au contraire la progression des forêts - “qui redescendent” - font partie des thèmes principaux de la vallée de la Têt comme de beaucoup d’autres territoires en France. Le lien avec le territoire et le terroir s’estompe au fur et à mesure que notre société évolue comme actuellement vers le secteur dit tertiaire.

- Nathalie Dumont-Fillon et Xavier Daures - Charte de paysage et d’urbanisme de la Vallée de la Têt et de ses affluents - 2007 - 11 Le diagnostic

Ce qui se nomme couramment «la fermeture des paysages» est étudié par des chercheurs comme Sophie Le Floch, soucieuse de montrer les conséquences sur notre société actuelle (cf. bibliographie). Mais ce phénomène n’est globalement pas récent, et date essentiellement du grand bouleversement de la guerre de 1914-18, puis des périodes de mécanisation de l’agriculture et d’exode rural (à partir des années 1950) . Mais le territoire est aussi marqué par des périodes de “reconquêtes”, que ce soit par l’installation d’agriculteurs, par la résidentialisation ou par les politiques naturalistes qui s’appuient sur un patrimoine naturel, et suggèrent un “entretien” de l’espace ouvert favorable à la biodiversité. Figure 11 L’importance des cours d’eau Reflet en partie de l’histoire, le paysage s’observe parfois avec nostalgie. Qu’allons-nous produire comme nouveaux paysages maintenant que l’activité économique est déconnectée de ses territoires ?

Dans la majorité de la vallée de la Têt, l’enfrichement est très visible sur les terrasses de culture. Bien entendu l’histoire de le démographie montre des territoires qui ont été très peuplés et où la vie rurale occupait les lieux. Il convient toujours de préciser les localisations et les périodes. Parfois la ressource forestière a été jugée en fragilité, notamment lors de l’activité minière, très importante localement, comme nous le rappellent les auteurs du Dictionnaire des Pyrénées, qui développent un chapitre sur le passé du Canigou (les gorges Figure 12 L’art pittoresque des de la Carança au 14e siècle, la forge de l’abbaye Saint-Michel de Cuxa, les célèbres Voyages. forges de Thuès du 16e au milieu 19e siècle). Guide du patrimoine du Lan- guedoc. Corneilla : église Sainte- Marie, vue de Thierry publiée dans les Voyages pittoresques et romantiques dans l’ancienne France de Taylor et Nodier et A. de Cailleux (1837), légende de la page 223.

- Nathalie Dumont-Fillon et Xavier Daures - Charte de paysage et d’urbanisme de la Vallée de la Têt et de ses affluents - 2007 - 12 P r é s e n t a t i o n du relief par communes

Ria-Sirach Le Caillan Villefranche-de-Conflent

Le Cady Corneilla-de-Conflent

Fuilla

Vernet-les-Bains La Têt La Rotja Casteil Sahorre

Py

Mantet

Figure 12 Bis Le relief par communes

Réalisation : N. Dumont-Fillon 2007

- Nathalie Dumont-Fillon et Xavier Daures - Charte de paysage et d’urbanisme de la Vallée de la Têt et de ses affluents - 2007 - 13 B-Les élements communs aux 31 communes

La charte étudiée ici s’appuie sur un axe principal, qui est le fleuve nommé Têt, connu pour sa traversée de la montagne à la mer, c’est-à-dire de sa source à l’ouest (dans le Capcir) à Perpignan puis à Canet plage. Mais certaines parties du paysage, dans des communes très éloignées de la Têt, ne semblent pas former un ensemble homogène. Une des manières d’associer ces territoires éloignés serait de s’appuyer sur la notion de confluences de vallées. Réalisation : N. Dumont-Fillon 2007 La difficulté de l’exercice concerne un chevelu hydrographique très développé.

On sait ainsi que la vallée du Caillan (qui passe à Nohèdes) se jette dans la Têt, de Figure 13 Le profil du village dans le paysage (ex : Vernet- même que le Cady (qui passe notamment à Vernet-les-Bains) ou que la vallée de la Rotja, les-Bains) etc.... On notera ainsi que la région se nomme le Roussillon (la plaine vers Prades) mais aussi le bas Conflent et le haut Conflent, dans le sens de...confluent/confluence.

Certaines personnes mentionnent le terme géographique de cluse pour Villlefranche- de-Conflent. Le resserrement du relief est surtout spectaculaire dans les paysages lorsque l’on descend la route nationale 116 depuis Mont-Louis. On notera dans cette charte qu’outre le découpage en vallées adjacentes au fleuve de la Têt, la relation entre routes et paysages sera essentielle.

Le train Jaune, voire le chemin de randonnée GR 10 pour certaines communes, font aussi partie des cheminements continus de la charte. Outre les vallées et les cours d’eau, ce sont les noms de lieux connus qui auront aussi de l’importance localement : par exemple le Pic du Canigou, le Mont Madres, ou le Pic des Tres Estelles.

Réalisation : N. Dumont-Fillon 2007 Finalement, la notion de paysage va dépasser celle de la géographie : ainsi la route se substitue à la vallée pour l’analyse que nous opérons ici, car elle seule donne la troisième dimension d’un territoire géographique difficile d’accès. On citera par exemple le cas du Figure 14 l’importance du réseau de canaux village de Mantet, qui est accessible en voiture uniquement par Py, mais qui n’est plus situé d’arrosage, ici en vallée de la Rotja contrairement à ce dernier. l’exemple de Serdinya (source Loeillet op. cit.)

- Nathalie Dumont-Fillon et Xavier Daures - Charte de paysage et d’urbanisme de la Vallée de la Têt et de ses affluents - 2007 - 14 C-Les périmètres : la distinction entre paysages et cartes

Ce chapitre établit une distinction entre les données géographiques, lisibles notamment sur les cartes, et les perceptions des paysages sur place, dans l’esprit de la nécessaire différence qu’il faut établir entre la carte et les paysages dans le sens des travaux du géographe Yves Lacoste.

Grâce au Parc naturel régional et à l’ensemble des acteurs du territoire tels que l’Office National des Forêts ou les naturalistes chargés du programme Natura 2000 sur le Madres, les données scientifiques sont nombreuses. En revanche le diagnostic de cette charte n’a pas pour objectif de rassembler toutes les données actuelles - on pourra par exemple se reporter aux autres sources pour les cartes détaillées d’habitats écologiques - mais de mettre en valeur les perceptions (sensibles) des paysages sur le terrain et les évolutions passées ou futures. Figure 15 L’ermitage (Notre-Dame de Vie) L’objectif du diagnostic de cette charte vise également à mettre en lumière certains Sources : Guide du patrimoine (cf. sources) page 86 espaces plutôt que d’autres, en fonction des enjeux locaux ou des observations issues de nos analyses de terrain, qui sont donc liées à notre période d’analyse (à partir du mois d’avril et non pas toute l’année).

Un exemple (cf. clichés figure 17 et 18)

La montagne donne un paysage de relief où les points de vue sont nombreux et où parfois le regard est accroché par un élément caractéristique. Ici il a été nécessaire d’utiliser un téléobjectif pour saisir l’Ermitage Notre-Dame-de-vie, qui n’est d’ailleurs en effet qu’un petit point sur la carte. Mais fort heureusement la carte nomme ce lieu et lui donne donc une existence réelle. Mais en observant cet élément c’est tout son environnement paysager qui est analysé (sommes-nous sur cette montagne ? À quelle altitude ? Dans quelle commune ? etc.)

L’histoire du paysage, les traces des activités, l’aspect monumental peuvent aussi bien entendu faire l’objet de sensibilités personnelles, hélas ne pouvant pas être développées dans ce travail.

Figure 16 Villefranche, Archives personnelles Madame le Maire

- Nathalie Dumont-Fillon et Xavier Daures - Charte de paysage et d’urbanisme de la Vallée de la Têt et de ses affluents - 2007 - 15 D-L’importance des voies dans la perception des paysages

D’une manière générale il est possible de considérer qu’il existe une voie principale, la route nationale 116, qui suit le cours de la Têt de Mont-Louis à Ria (dans la charte) et à Prades (hors parc naturel).

Pour l’automobiliste, les perceptions du paysage global et les possibilités de stationnements au bord de la route sont influencées et limitées par cet accès comparable à un Figure 17 couloir. Il est évident que les deux sens de découverte ne sont pas du tout symétriques. Une situation exceptionnelle dans

Le premier constitue une plongée dans la vallée, par la descente depuis le plateau l’ombre et le creu de de Mont-Louis et le hameau de Fetges, qui en fait correspond à la commune de Sauto. la paroi verticale

Le second concerne, en sens inverse, la montée vers l’ouest depuis la vallée de la Têt et le bas-Conflent à l’est (également nommée la direction des pistes de ski et de l’Andorre).

Bien entendu il existe des alternatives à cette traversée de la charte de paysage et d’urbanisme par une longue voie nationale. Il s’agit des voies secondaires, dont la destination est claire. Ainsi lorsque l’on quitte Prades il est aisé d’emprunter la route qui mène au Canigou par le monument de l’abbaye de Saint-Michel-de-Cuxa, et permet ainsi de rejoindre Vernet- les-Bains et ensuite la vallée de la Têt. Une montagne On précisera plus loin, l’importance de cette entrée dans le parc naturel, notamment extrémement par Vernet-les-Bains en venant de Taurinya et de l’abbaye Saint-Michel-de-Cuxa, donc par le imposante car sud-est à partir de Prades, sans emprunter la nationale principale. monumentale

Dans un relief fortement boisé où les espaces non bâtis sont nombreux, la personne qui considère le paysage de montagne va être à la fois soumise à la notion de stabilité du paysage et à celle, parfois moins perceptible, d’évolution et de mutations.

Si la première notion de stabilité peut être “rassurante” car le paysage, essentiellement Figure 18 rural, se transmet de générations en générations, ainsi que le patrimoine bâti, la seconde est L’Ermitage (Notre-Dame de Vie) néanmoins normale. En effet, les paysages évoluent et connaissent des mutations régulières. À cette notion de changements récents, il faudra associer celle de l’emboitement des échelles. Nous pourrons alors aborder le diagnostic à différentes échelles de temps et d’espace. Clichés NDF 2007

- Nathalie Dumont-Fillon et Xavier Daures - Charte de paysage et d’urbanisme de la Vallée de la Têt et de ses affluents - 2007 - 16 La topographie Parc naturel régional des Pyrénées catalanes

Figure 18 bis Le relief 11 à l’échelle du Parc

Réalisation : N. Dumont-Fillon 2007 La Castellane 4 Source de la carte PNRPC, des altitudes : Le Galbe 10 Dictionnaire des Pyrénées (voir liste des sources) 9 12 La Lladura Le Caillan

La Têt Lac de Matemale

2 L’Aude Le Cady La Rotja La Têt

1

Le Carol

6 5 7 Llivia 8 1-Porta : altitude 1505 m Ribera d’Err 2-Col de Puymorens 1915 m 3 Le Sègre 3-Planès 1540 m 4-Puyvalador 1450 m 5-Saillagouse 1309 m 6-Latour de Carol 1260 m 7-Ur 1180 m La Vanera 8-Py 1020 m 9-Nohèdes 980 m 10- 850 m 11-Mosset 750 m 12-Prades 360 m

- Nathalie Dumont-Fillon et Xavier Daures - Charte de paysage et d’urbanisme de la Vallée de la Têt et de ses affluents - 2007 - 17 Actuellement les villages où les batiments anciens ont été réhabilités, où les crépis sont restés, où les éleveurs sont présents, les prairies de fauche arrosées (par les canaux) et utilisées nous rassurent d’une part car des personnes y puisent leur mode de vie, d’autre part car ces paysages sont encore quelque peu pérennisés. L’objectif de la charte de paysage et d’urbanisme est seulement d’insister sur l’état permanent de variations, mais ne cherche pas à produire des paysages particuliers ou reproduire des images ; elle souhaite plutot montrer que les stabilités nous sensibilisent (cf. les autres chapitres) et qu’il sera nécessaire d’orienter les évolutions en fonction des enjeux et des actions prioritaires.

Des initiatives peuvent inspirer d’autres actions et être soutenues, comme celles des municipalités qui mettent en place des aides concrètes au nom des besoins et projets des hommes et des terres communales : une acquisition foncière d’un verger près de Prades pour faciliter l’installation d’un jeune arboriculteur, une bergerie communale pour fixer un éleveur (par exemple à Ayguatébiau-Talau), à Matemale (charte du Capcir) un vacher salarié, ou encore, mode de vie économique de plus en plus nécessaire, une double activité par personne : deux éleveurs gérants d’un restaurant-épicerie à Py.

Aussi, sachant que toutes les communes ne pourront ou ne souhaiteront pas maintenir le trio de la couronne ager-sylva-hortus (le village entouré de la culture, de la forêt et des jardins), le plus important concerne l’accès au centre ancien, la traversée du tissu bati et mieux encore la possibilité de faire un tour du village (à pied), voire de rejoindre des villages.

Il est important pour se faire, comme le décrivent les autres chapitres de cette charte, de tenir compte du relief, des routes et des points de vue retenus pour aborder un village : selon le cas au même niveau, ou en montée, ou vu par au-dessus après l’avoir traversé (cas de Py comme de La Cabanasse). Ces lieux importants localement pour la marche de proximité doivent faire l’objet d’aménagements des espaces publics. Les enfouissements de lignes sont déjà très fréquents et remarquables, les aires de stationnement peuvent être améliorées, les garages privés soignés, les nouvelles plantations et fleurissements en général actuellement insuffisants. Mais les points d’apports volontaires, les parvis d’église ou de mairie, les places publiques font partie du cadre de vie quotidien.

Figures 19 Les villages Clichés NDF 2007 soumis aux fortes pentes

- Nathalie Dumont-Fillon et Xavier Daures - Charte de paysage et d’urbanisme de la Vallée de la Têt et de ses affluents - 2007 - 18 P r é s e n t a t i o n du relief par communes Urbanya

Sansa Nohèdes

Railleu Conat

Jujols Villefranche Olette Oreilla Ayguatebia-Talau Souanyas La Llagonne Canaveilles Escaro Sauto Mont-Louis Nyer La Cabanasse Thuès-entre-Valls

Saint-Pierre- dels-Forcats Mantet

Fontpedrouse

Planès

Figure 19 bis

Réalisation : N. Dumont-Fillon 2007

- Nathalie Dumont-Fillon et Xavier Daures - Charte de paysage et d’urbanisme de la Vallée de la Têt et de ses affluents - 2007 - 19 E-Du paysage à l’urbanisme et aux villages : la recherche du Une partie du village niveau du sol réel de l’autre côté du pont

La première approche possible concerne l’analyse urbaine, où la présence d’une succession de villages, parfois perchés et difficiles d’accès, est importante pour le diagnostic du paysage.

En effet, ce paysage de montagne place toujours la route en décalage par rapport au paysage qui l’environne. Ainsi la route se trouve souvent au-dessus de villages et de cours d’eau, et tout aussi souvent en-dessous des terrasses, versants boisés, sommets.

Obligée de s’inscrire dans le relief, la route suit des tracés suinueux où l’on a l’impression qu’elle cherche toujours à se remettre au niveau du sol réél. Ainsi le paysage semble rejoindre enfin la route lorsque des villages, des entrées de bourgs, des ponts d’accès permettent enfin de quitter le couloir dominant de la longue nationale 116.

C’est ainsi que l’on se surprend à rechercher le nom du village traversé, afin de mettre un nom sur le parcours, afin de changer d’échelle d’analyse, c’est-à-dire de La route nationale passer de l’échelle du paysage à celle de l’urbanisme.

Plusieurs cas de retours de la route aux niveaux rééls des villages se montrent tout aussi intéressants les uns que les autres. La Têt à Serdinya a) On peut citer en premier lieu l’ascension vers le village : ainsi les routes Réalisation : N. Dumont-Fillon 2007 étroites de la vallée dans les Garroxtes mènent enfin à Sansa, village perché et dominant, lisible soudain auprès de son église qui le domine.

C’est aussi une approche liée à l’art pittoresque, que nous analyserons plus Figure 20. Bloc-diagramme réalisé d’après la loin : celle du village groupé autour d’un monument central. maquette présentée dans l’étude urbaine de Serdinya

D’autres villages s’apparentent à cette ascension : Jujols, d’abord marqué par son église isolée du village. Souanyas, village qui se découvre enfin après avoir suivi une route où les abords très entretenus laissent déjà deviner que le village est habité et que des actifs vivent au village (par exemple les éleveurs).

- Nathalie Dumont-Fillon et Xavier Daures - Charte de paysage et d’urbanisme de la Vallée de la Têt et de ses affluents - 2007 - 20 Extraits de cartes : routes et paysages

Figure 20 bis Routes et perceptions des paysages

Près de Prades, l’importance des ponts de Rià.

Au départ de Mont-Louis RN 116 en jaune Réalisation : N. Dumont-Fillon 2007

- Nathalie Dumont-Fillon et Xavier Daures - Charte de paysage et d’urbanisme de la Vallée de la Têt et de ses affluents - 2007 - 21 Le chevelu hydrographique

Parc naturel régional des Pyrénées catalanes Réalisation : N. Dumont-Fillon 2007 Figure 21 Le chevelu hydrographique à l’échelle du Parc 7 8

9 10

6

2

5 1 4

3

La Castellane : 1-La Llagonne (la Têt) 2-Olette (confluences) 7-Mosset 3-Mantet 8-Molitg-les-Bains 4-Escaro 9-Campôme 5-Vernet-les-Bains (le Cady) 10- (confluence avec la Têt) 6-Villefranche (confluent la Têt/le Cady)

- Nathalie Dumont-Fillon et Xavier Daures - Charte de paysage et d’urbanisme de la Vallée de la Têt et de ses affluents - 2007 - 22 b) Il faut aussi citer le cas, sans doute moins fréquent mais tout aussi spectaculaire, de l’arrivée en contre-plongée. Ainsi Ayguatébia, en venant de Railleu, s’aborde par le haut, où de monumentaux chaos de granit accompagnent d’abord l’automobiliste. On étudiera bien sûr un autre cas remarquable, celui de Mantet caché très loin sous le col de même nom.

Ce dernier exemple montre qu’il n’est pas possible de schématiser simplement les accès : avant de descendre à Mantet il a bien entendu fallu grimper jusqu’au Col, et ceci pendant plusieurs kilomètres à partir du village de Py.

Cela prouve une fois de plus que la route cherche sans cesse à se remettre au niveau du paysage habité, habité à l’échelle de la maison.

Figure 21 bis F- Deux axes : une longue route nationale au sein de la vallée et la Têt et sa proximité Les réseaux avec la ligne ferrée du Train jaune routiers et fer- rés (cliché NP) La route nationale, comme toute route à trafic relativement rapide à certains moments de la semaine, implique une perception de l’espace en général (et des paysages en particulier) cadrée mais partielle. Si le point de vue reste a priori mobile (l’automobiliste est ici peu soumis à l’arrêt, en l’absence de feux de signalisation), il est en fait majoritairement fixé.

En effet, la hauteur de l’oeil est fixée par la position assise du conducteur (comme de Figure 22 Les ses passagers), et de ce fait relativement basse (pour les véhicules ordinaires). Par exemple, espaces publics, un champ de maïs ou de colza occultera la vue d’un automobiliste, contraint à rester sur les stockages la chaussée (à la différence d’un piéton qui pourrait monter sur un talus ou chercher de la hauteur).

Nous avons nous-mêmes cherché les points de vue importants le long de la nationale Figure 23 Les espaces RN 116, et souvent espéré photographier le passage du train jaune qui avance à peu près à publics, les fontaines la même vitesse. Mais les possibilités de stationnements sont en fait rares, et par conséquent insuffisantes. Le paysage perçu de la route est développé dans la charte.

Clichés NDF 2007

- Nathalie Dumont-Fillon et Xavier Daures - Charte de paysage et d’urbanisme de la Vallée de la Têt et de ses affluents - 2007 - 23 G- Le cas particulier des Garroxtes : un triangle de 3 pointes d’accès dont un facilité au nord par Matemale et le Col de Creu.

Ce territoire est relié à Olette et à Mont-Louis mais ses voies routières forment un triangle de routes desservant les quatre villages, ainsi désenclavés par trois entrées/sorties différentes. Le paysage est marqué par le tracé des routes, les villages étant entourés de lacets exceptionnels comparables à des paysages de Madagascar ou de l’Ile de la Réunion. Le vertige et le vide marquent les paysages.

H- Les voies qui se terminent au village ; le passage des ponts

Les voies sans issues sont nombreuses car elles desservent un territoire de montagne où il n’est pas toujours possible voire même utile d’établir des raccordements complets. Dans cette charte de paysage, il convient de se demander si elles sont réellement différentes des autres voies (par exemple la route nationale 116) en terme de perceptions des paysages, et si c’est le cas, de quelle manière ?

1) Le premier constat n’est pas un diagnostic proprement paysager puisque la voie sans issue concerne une vue en plan, parfois appelée “à vol d’oiseau”. Le souci de la personne qui cherche à se diriger vers un lieu accessible par une voie sans issue vise d’abord à reperér le lieu unique de passage (approche géographique). C’est de cette manière que la Figure 24 Les dynamiques perception des paysages se trouve orientée par rapport à une notion d’entrée. Toujours sur un du paysage (cliché voir plan géographique, il s’agit, dans trois cas étudiés d’une vallée, que ce soit la vallée du Caillan, Sources réserves catala- du Cady ou de la Rotja. Mais n’oublions pas que ces entrées sont perceptibles aussi par les nes) autres voies qui les croisent (par ex. entre la nationale et la route de Jujols) et que même dans le cas des routes avec issues, on se trouve toujours orienté dans un sens d’approche.

2) Le deuxième constat n’est pas à rechercher sur la carte mais dans l’approche Figure 25 Les vues vécue de l’automobiliste contraint. Le fait de savoir que la destination est en impasse implique caractéristiques : celle-ci a priori d’avoir choisi spécifiquement le lieu de destination, et de s’attendre lors du premier faite par Nicolas Pettini à Mantet est la même que trajet, à un paysage exceptionnel. Pourquoi ? Car ce paysage et ses villages s’annoncent celle du dépliant de la isolés, peu connus ou peu fréquentés, et seulement abordables par une unique route étroite réserve naturelle aux nombreux virages. Sans doute l’automobiliste perçoit les distances réelles sans rapport avec la réalité qu’il cotoie, au printemps par exemple en imaginant la route inacessible en hiver sous la neige.

- Nathalie Dumont-Fillon et Xavier Daures - Charte de paysage et d’urbanisme de la Vallée de la Têt et de ses affluents - 2007 - 24 Encadré : Les cartes et sources complémentaires

3 8 4 2 Carte de montagne, résumé : 6 1 Les courbes de niveau furent inventées fin 18e siècle pour la profondeur des océans, utilisées pour le relief terrestre vers 1860. Puis mise au point de la stéréophotogrammétrie par vue aérienne après 1925. Cartes d’Etat- major entre 1817-1868 réalisées 7 5 avant l’apparition de l’alpinisme. Figure 25 bis La carte du XVIIIe 1-Olette et la vallée de la Têt 2-La rivière de Cabrils (au nord ouest, vers Railleu) (source Le Dictionnaire des siècle à la confluence des vallées 3-La rivière d’Evol Pyrénées, op. cit.). au niveau d’Olette 4-Le torrent de la Font (près d’Olette) 5-La rivière de Mantet 6-Le torrent de Saint-Coulgat Légende de 1 à 8 proposée 7-Le défilé des Graus par Nathalie Dumont-Fillon 8-La rivière de Baillmarsane (vers Serdinya)

La carte de Cassini peut être consultée librement pour toute la France sur l’Internet htpp://cassini.ehess.fr

- Nathalie Dumont-Fillon et Xavier Daures - Charte de paysage et d’urbanisme de la Vallée de la Têt et de ses affluents - 2007 - 25 Autrement dit, le paysage observé n’est pas différent d’un autre - la perception du paysage de la Castellane serait-elle différente si le col de Jau obligeait à revenir sur ses pas ? à notre avis certainement pas - mais c’est l’observateur qui se montre plus sensible à cette idée forte de sens unique puis de retour par la même route. Le concept de paysage sauvage est renforcé par les conditions difficiles d’accès (par exemple pour rejoindre Urbanya), aussi serons-nous encore plus impressionnés par la montagne monumentale en atteignant Nohèdes, ou par les rocs abondants et l’aspect aride des versants Figure 26 Urbanya pelés vers Conat, Jujols ou Urbanya...ce sentiment est renforcé lorsque l’on sait qu’une grande et la maison de la chasse, partie de ces territoires est classée en réserves naturelles. toujours ouverte aux prome- neurs Enfin, en terme d’équipements et de visite d’un village, sommes-nous également heureux de trouver une épicerie-restaurant à Py, un restaurant en construction à Nohèdes ou des cabines téléphoniques soignées à Jujols (entourée d’un mur de pierres sèches) comme à Les réseaux de fils et poteaux : Mantet (dissimulée dans le mur extérieur d’un bâtiment près de l’église). Tout au long du Train Jaune, une ligne téléphonique Les villages et les hameaux sont en principe observés dans un premier temps de interne de la Sncf est fondée sur de pittoresques poteaux l’extérieur, sauf pour ses habitants.... aux tasses de verres réparties de manière symétrique, à l’allure désuete qui présente un certain charme. Nous sommes ici dans un cas caractéristique de la différence entre cartes et paysages indiquée plus haut. En effet, l’approche d’un lieu habité s’avère en général se montrer bien Contrairement à ce qu’indiquait l’Etude Urbane différente sur place que sur les cartes. L’exemple de Sirach présenté ici est particulièrement en 1998, il ne nous semble pas utile de faire disparaître remarquable. Il confirme qu’une extension urbaine ou même qu’une grande partie d’un village ces éléments originaux. En revanche il est vrai que des ou d’une ville peut être invisible dans le paysage. poteaux seuls subsistent encore en partie et pourraient être supprimés. La forme du village par rapport aux sommets, crêtes ou versants se remarque, tout comme la relation à la rivière : un village est tourné ou non vers ses cours d’eau. De la même manière, l’orientation des maisons en fonction des données climatiques (vents, ensoleillement) donne un caractère de façade aux villages groupés. Nous serons également attentifs à l’orientation de la ligne de faitage des toitures.

Nous remarquons aussi que les cimetières se tiennent à distance du village, souvent isolés du tissu bâti et “tournant le dos” aux routes. C’est le cas notamment de celui de Corneilla- de-Conflent.

Les bâtiments isolés tels que les stabulations ou hangars : quelques hangars à longue toiture retiennent l’attention, ainsi que quelques maisons isolées au centre de leur parcelle. Figure 27 Equipements : noms des arbres à Vernet-les-Bains, cabines téléphoniques et bancs (Urbanya, etc.)

- Nathalie Dumont-Fillon et Xavier Daures - Charte de paysage et d’urbanisme de la Vallée de la Têt et de ses affluents - 2007 - Clichés NDF 2007 26 P r é s e n t a t i o n du relief par communes

Mosset

Charte voisine : Molitg-les-Bains la Castellane

Catllar Campôme

Ria-Sirach

Villefranche-de-Conflent

Corneilla-de-Conflent

Vernet-les-Bains

Figure 27 bis Présentation des communes (sur carte du relief) suite 3 Réalisation : N. Dumont-Fillon 2007

- Nathalie Dumont-Fillon et Xavier Daures - Charte de paysage et d’urbanisme de la Vallée de la Têt et de ses affluents - 2007 - 27 3)- Le passage des ponts

Simples ponceaux sur des ruisseaux qui enjambent une route ou grands ponts connus et ouvrages d’art remarquables, les ponts sont a priori stables dans leur implantation dans le paysage. Ils offrent en général des vues ouvertes disponibles au piéton, dans un cadrage quasi-obligé, le regard attiré par le cours d’eau en contrebas. Ainsi le petit pont de Ria sur la Têt s’ouvre sur un profond paysage de rochers pittoresques, alors que lui-même est un ouvrage d’art d’allure banale, y compris au niveau de son garde-corps.

À Thués, une succession de ponts fait passer la route nationale d’une rive à l’autre, et ce qui est remarquable est l’absence totale de glissières métalliques. La route étant ainsi au contact direct des rives de la Têt (avec des murets de sécurité en pierres), elle semble être née du paysage qui la contient.

Un autre pont mérite qu’on le décrive, c’est celui de l’entrée dans le haut du village de Thuès (en venant de Serdinya). À l’extrémité de ce pont, un utile élargissement de sol (à droite) offre une plateforme accessible au stationnement. Cette utilisation est réelle, nous l’avons nous- mêmes observée sur place, en tant qu’aire d’observation d’un paysage immédiat (les abords) mais éphèmère... des automobilistes s’y arrêtent soudain, à un moment précis justifiant cette halte confortable. Ils sortent de leur voiture et se dressent rapidement, un appareil photo à la main, vers l’objectif situé de l’autre coté de la rive... et ainsi saisissent le bref passage du train Jaune (annoncé par le son typique plus que par la vue) dans une végétation feuillue fournie...

Le pont sur la Têt devient à la fois un lieu de repère (le lieu de rendez-vous entre personnes) et le lieu stratégique de rencontre, une sorte de seuil vers un paysage plus élevé. En même temps, il offre aussi un élargissement sur le bas de ses flancs.. car il est le mur d’appui de jardins et de petits vergers riverains de la Têt… Par ces quelques constats il montre l’importance du franchissement bien sur mais aussi des extrémités de tout pont et des berges avoisinantes.

Figure 28 Voies et paysages (carte postale)

Figure 29 Ponts Réalisation : N. Dumont-Fillon 2007

- Nathalie Dumont-Fillon et Xavier Daures - Charte de paysage et d’urbanisme de la Vallée de la Têt et de ses affluents - 2007 - 28 I- Les paysages agricoles Parc naturel régional des Pyrénées catalanes 1) Les constats Figure 30 Les dominantes de terrasses de culture Comme en vallée de la Castellane, un certain nombre d’acteurs agricoles participent à la mise en valeur des paysages par l’activité d’élevage de «Rosée Réalisation : N. Dumont-Fillon 2007 des Pyrénées».

Un diagnostic récent (Chambre d’agriculture 2006) a mis en valeur les dominantes d’occupation du sol mais aussi les enjeux de forte importance.

L’élevage est intéressant pour la présence d’animaux dans les paysages, les prairies, les clôtures, les paysages de vallées et de bocages ; il faut préserver ces terres découvertes, qui offrent des vues, surtout en hiver, par exemple pour voir un cours d’eau masqué en saison par écrans de végétation;

C’est l’importance des estives qui apparaît en Conflent (carte des enjeux) - au-dessus d’Olette, à Sansa, dans les Garrotxes, à Urbanya, Nohèdes, au nord de Jujols, à Oreilla, et au sud, à Casteil, Py, Mantet, Nyer -vers le pic de la costa Llisa-, Fontperouse vers le pic du géant.

Les enjeux très forts (en rouge sur cette carte) sont localisés à Souanyas et Nyer, en vallée de Rotja et du Cady -à Sahorre, Casteil et Vernet-les-Bains. Les enjeux moyens (en orange) dans la vallée du Caillan à Ria, Conat et Nohèdes, mais aussi Villefranche et Serdinya, ou encore Py et Mantet et enfin, à l’ouest, Canaveilles, Thuès, Talau et Fontpedrouse.

Les DOMINANTES d’occupation des sols, outre les estives citées, sont : un bon nombre de landes - de Villefranche à Aiguatebya - mais aussi dans d’autres vallées ; des prairies irrigables vers Nyer et en Rotja ; beaucoup de parcours -là où sont identifiés les enjeux moyens - ; et aussi ponctuellement : maraîchage, vergers, vignes, prairies sèches, terres arables, pacages...

Source : Chambre d’agriculture Septembre 2006.

Charte de paysage et d’urbanisme - 2007 - 29 2) Les évolutions des paysages agricoles

Quelles furent ces évolutions et quels commentaires en faisons-nous, au-delà de Sur le thème essentiel du lien entre agriculture, paysage et urbanisme, il sera l’interrogation, de la satisfaction ou du regret du phénomène recensé ? Nous proposons nécessaire de s’appuyer sur des travaux déjà en cours au niveau national : publications deux catégories : d’une part les processus réversibles, d’autre part les évolutions du Conseil d’architecture, d’urbanisme et d’environnement, Chambres d’agriculture, non pérennes. bâtiments agricoles (cf. bibliographie), modes de commercialisation, abattoirs, énergies, etc. autant de sujets de travail abordés au cours des entretiens et des réunions. Ainsi un sur-pâturage en vallée de la Rotja, où les sols sont humides, dérangent seulement notre regard pendant quelques semaines en ce moment. Mais ce n’est pas Mais aussi des questions de fond sont importantes pour les deux phases suivantes non plus parce que dans l’avenir ce troupeau ne sera peut-être plus là que nous ne de la charte: faut-il réserver des zones d’activité agricoles, quelles implantations de devons pas y réflechir aujourd’hui, surtout que l’élevage est intéressant sur le plan bâtiments selon le paysage et l’architecture ? la question des surveillances des bêtes humain et paysager, donc loin d’être indésirable ! et des clotures, des canaux, l’agriculteur est d’abord un producteur de biens agricoles avant d’être un «jardinier» du paysage considéré alors comme un bien commun Ce qui n’est pas aisément réversible en revanche, est la déprise agricole, fruit «immatériel», rôle de la maîtrise foncière (et de la SAFER), etc. de l’exode rural, et le changement des pratiques d’élevage se sont accompagnés d’une forte baisse de la pratique du gardiennage des troupeaux en estives et du pâturage Tous ces aspects devront être ordonnés dans la suite du travail afin que soient itinérant. mises en place les actions et décidées en commun à quels endroits. Des avis et pré- Mais le visiteur, notamment lorsqu’il n’a pas connu les situations antérieures, se études peuvent avoir lieu à la demande ; ainsi Jujols souhaite s’étendre en logements satisfait des paysages boisés de feuillus. mais devrait pérenniser l’espace agricole qui entoure son église romane. Cela pose aussi la question du tourisme et du paysage comme ressource et patrimoine. L’abandon des structures pastorales tels que les cortals et les orris, l’enfrichement de nombreuses estives et des terrasses de cultures, l’augmentation de la taille des Enfin, à notre avis les appréciations des paysages dépendent de la connaissance parcelles cultivées, et le pâturage extensif qui en découle favorisent également des états antérieurs (certains apprécient la forét feuillue car ils n’ont pas idée des leur envahissement par les ligneux. Les prairies de fauche ne sont plus à la base de paysages précédents) alors que ce qui est vraiment unanimement très important est l’alimentation des bêtes. La complémentation par un fourrage acheté à l’extérieur et l’aspect des villages et des hameaux. livré par camion, parfois venant d’Espagne, est alors nécessaire en hiver ! L’installation de nouveaux éleveurs (et d’arboriculteurs) est difficile notamment pour des raisons de Les canaux et les terrasses de culture morcellement foncier. Malgré le relief de montagne, la population des villages, plus nombreuse à la fin Et car, de la même manière, nous sommes attentifs aux espaces quotidiens tels du XIXe siècle et presqu’exclusivement liée à l’agriculture, a mis en valeur toutes les que les rues et les emplacements des poubelles, les bancs ou les mobiliers (photo terres exploitables, même sur les penchants abrupts, en construisant de nombreuses Serdinya et photo Urbanya). Le moins réversible concerne en fait la manière dont terrasses de cultures, en recherchant toute la surface utilisable. Bien entendu le réseau les villages ou les villes ont grandi, parfois sur de grandes proportions. Ainsi les des canaux d’arrosage impressionne par la maîtrise de l’eau sur le plan technique et trois «voisinages» (Veinat) de Fuilla n’en forment plus qu’un (limites dissoutes, non l’organisation sociale de son usage. réversibles) même si un soin remarquable est apporté par la municipalité pour la mise en valeur trés réussie de l’église classée. Sur un plan visuel, les canaux traduisent souvent une ligne de niveau, accompagnée d’un chemin. Les prises d’eau, les vannes s’observent dans l’ensemble du paysage Faut-il s’appuyer sur ce patrimoine stable, les églises et leurs clochers visibles communal. L’eau qui coule à ciel ouvert, dans l’organisation urbaine actuelle où souvent de loin, pour recréer un paysage perdu en «requalifiant» les villages (selon le jargon les rivières ou les ruisseaux sont busés sous les routes et les aires de stationnement, est actuel) pour re-produire un paysage remarquable ? Quelles seraient les priorités? une chance et un but d’observation pour le promeneur.

Charte de paysage et d’urbanisme - 2007 - 30 Un motif marquant dans le paysage agricole et pastoral, les cortals

Les cortals sont témoins d’une intense activité passée liée à l’élevage en milieu de moyenne montagne. Érigés par les bergers, ils servaient d’abri pour les troupeaux montés en estive. La déprise agricole d’après guerre et l’évolution des pratiques d’élevage sont responsables de leur abandon. Les cortals sont devenus aujourd’hui des éléments forts du patrimoine pastoral.

L’architecture de ces anciennes bergeries d’altitude combine la pierre sèche, la lauze et le bois (de pin le plus souvent), tous prélevés sur le site même. Les quatre murs, de hauteur variable, sont surmontés d’une toiture en lloses inclinée, à pan unique. D’imposants piliers de pierres, de section carrée, portent la toiture que des poutres en bois viennent également soutenir. Les piliers, en nombre variable (1 à 3 en général), subsistent assez souvent Figure 31 cliché Nicolas Pettini (Cortal près de Jujols). dans les cortals ruinés.

Depuis les dernières décennies, ces prairies subissent de plein fouet l’enfrichement et sont en train de disparaître. Ce phénomène est particulièrement visible autour du cortal Descasate où l’herbe lutte en vain contre l’avancée de la broussaille.

De nos jours, les éleveurs n’ont plus recours au pâturage itinérant ce qui implique la déréliction de nombreuses estives (et donc des cortals qui leur étaient associés). Certains de ces ouvrages restent toutefois utilisés ponctuellement par des éleveurs du Haut-Conflent. C’est le cas du cortal Drapé, érigé à l’Est de Jujols, qui continue à servir d’abri pour le bétail et dont l’état de conservation est tout à fait correct.

Figure 31 bis Dessin présenté dans l’étude d’urbanisme de Serdinya déjà citée (Loeillet Martinez et al.)

- Nathalie Dumont-Fillon et Xavier Daures - Charte de paysage et d’urbanisme de la Vallée de la Têt et de ses affluents - 2007 - 31 J- L’approche des villages par la route qui les dessert montre trois processus directement liés :

- premièrement, l’approche en général par une voie unique (par exemple à Conat, en venant soit de Ria soit de Nohèdes), et souvent dans un seul sens d’arrivée (par exemple à Jujols) donne une ou deux entrées de villages seulement. Dans la suite de l’étude et notamment sur le plan des enjeux et projets, il conviendra donc de s’intéresser en premier lieu à ces abords stratégiques de village.

- deuxièmement, il ne faut pas oublier la différence entre l’implantation du village et la limite communale, difficilement perceptible. Ainsi il est aisé de savoir dans quel village ou dans quel hameau on se trouve, mais beaucoup plus difficile d’identifier le territoire communal entre deux ensembles bâtis.

- troisièmement, la notion de stabilité, de desserte, d’enclavement se pose. Ces villages peu habités ont-ils réussi à grandir ? ont-ils risqué de disparaître ? se sont-ils étalés et si oui dans quelle direction ?

Pour l’observateur du paysage la question de la pérennité d’un village ou d’un hameau se pose : autant les villages traversés, lieux de passage et d’échanges tels que Olette ou Ria-Sirach semblent stables, autant les petits hameaux perchés en hauteur dans un environnement boisé interrogent sur le fait qu’ils soient déjà abandonnés ou non.

À l’échelle de l’habitant ou du visiteur, un village est agréable, semble être une étape intéressante ou non selon des données personnelles subjectives. Certains y trouveront un accueil souhaité, des possibilités de stationnements, de promenades, des échappées visuelles, etc. sans parler des services strictement économiques (qui ne font pas directement l’objet de cette charte).

L’analyse de l’intérieur de certains villages aura lieu plus loin. Pour le moment, il s’agit d’indiquer que la rencontre des villages par la route peut se faire de deux manières :

- soit par une traversée évidente, ainsi Olette ou Ria-Sirach se trouvent inévitablement sur la route d’un automobiliste qui emprunte cette voie.

- Nathalie Dumont-Fillon et Xavier Daures - Charte de paysage et d’urbanisme de la Vallée de la Têt et de ses affluents - 2007 - 32 De Mont-Louis à Ria et Prades

Parc naturel régional des Pyrénées catalanes Réalisation : N. Dumont-Fillon 2007

Figure 32 Quelques relations entre la route et les paysages (voir aussi les textes)

La branche vers Jujols Le changement de rive Le défilé Les alentours Villefranche et les Les ponts de Ria et La descente de Mont-Louis de la Têt au pont de Thuès des Graus d’Olette/Souanyas confluences l’entrée dans le Parc

- Nathalie Dumont-Fillon et Xavier Daures - Charte de paysage et d’urbanisme de la Vallée de la Têt et de ses affluents - 2007 - 33 - soit par une implantation en retrait, telle que Serdinya dont une partie du village n’est pas toujours visible par un automobiliste essentiellement concentré sur l’axe frontal de son regard. Figure 33 L’implantation réussie Enfin, la question de l’approche des villages par les routes pose bien entendu celle des échappées visuelles et des points de vue. par rapport aux points de vue dominants

Réalisation : N. Dumont-Fillon 2007 Le village n’est parfois qu’un point, qu’une couleur : il est un repère comme un sommet enneigé, comme une tour à signal, comme un pont ou un viaduc... Vue de Ria, la crête boisée de Sirach masque le tissu urbain, situé derrière l’église-tour à signal La contrainte de la route départementale est très forte notamment à Ria-Sirach et à Serdinya-Joncet. Un quartier masqué Le Canigou enneigé, L’église de Sirach Le phénomène des perceptions du paysage est commun à d’autres situations, si l’on en par la crête point de repère croit l’analyse d’un paysagiste.

«Accéder à une ville, et plus précisément à un bourg rural en voiture, cela signifie-t-il pour autant comme nous venons de le voir à travers ces exemples, que l’on quitte la campagne environnante, pour passer d’un paysage rural non construit à une ambiance urbaine ? (...) La route permet de circuler «confortablement» dans la campagne, de pénétrer rapidement, parfois trop, dans la ville. En canalisant le regard, la route empêche - par l’attention frontale qu’elle impose - la découverte d’un paysage latéral, urbain ou rural, qui pourrait être significatif.»

Bernard Lassus p. 90 (souligné par nous)

En l’occurrence, toute une partie du village de Serdinya (autour de l’église) et de Sirach (derrière l’église-tour perchée) échappe à l’automobiliste qui les exclue involontairement de son paysage vécu.

- Nathalie Dumont-Fillon et Xavier Daures - Charte de paysage et d’urbanisme de la Vallée de la Têt et de ses affluents - 2007 - 34 K-Nous proposons de travailler sur quatre types d’échappées visuelles : Figure 34 Comparaison 1-les vues lointaines 2-les vues rapprochées ; de superficies très différentes 3-les motifs de paysage «à caractère universel» 4-les vues cadrées, imposées 5-le réseau des tours à signaux

Ces quatre types d’approches sont présentés dans les pages suivantes.

Un autre thème de paysage concerne le réseau des tours à signaux et des églises dominantes sur des crêtes. Ainsi l’église de Jujols, celle de En, celle de Ria, mais aussi la Tour de Goa, etc. communiquent entre elles et à ce titre mettent en valeur le paysage.

En effet, les tours servent de repères, au même titre qu’un château d’eau ou qu’un silo agricole dans un plateau cultivé (en Île-de-France par exemple), mais aussi, à la manière d’une sculpture ou d’un site classé pour ses points de vue pittoresques, marquent l’espace qui les environne.

1-Les vues lointaines

Le panorama n’est plus vraiment un paysage dans le sens où il donne une quantité très importante d’informations. En revanche, il fait la joie du visiteur lorsque celui-ci reconnaît les points de repères importants pour se situer.

Réalisation : N. Pettini 2007 2-Les vues rapprochées

L’exemple de la vallée de la Têt qui se resserre à Thuès-entre-Valls est La carte ci-dessus montre la différence entre un intéressant, puisque le regard, même dominant à partir d’un point de vue perché, est tissu bâti et les limites communales, où la superficie totale contraint. est bien sûr très variable d’une commune à l’autre, celles situées en montagne étant spectaclairement grandes. Ici sur le cliché, il est attiré à la fois par les rares bâtiments et par les voies. La vue cadrée offre parfois une possibilité d’échanges de points de vue comparables : comme pour certains villages remarquables, les photographes sont soumis aux mêmes cadrages pour leurs prises de vues.

- Nathalie Dumont-Fillon et Xavier Daures - Charte de paysage et d’urbanisme de la Vallée de la Têt et de ses affluents - 2007 - 35 En effet, une vue plongeante comparable peut être cadrée à partir du train Jaune : elle montre elle-aussi l’établissement et le coude de la route en contrebas. C’est le cas du cliché présenté page 6 de l’étude du train Jaune réalisée en 1998 par l’agence Urbane de Toulouse.

3 -Des clichés montrent des motifs de paysage au caractère «universel» dans la mesure où ces photographies ont pu être prises n’importe où dans le parc naturel régional.

Bien entendu une terrasse agricole de la vallée de la Castellane ou de la Têt n’est pour le spécialiste qu’une variante de la terrasse d’Ardèche ou des coteaux du Layon.

De même le tracé de la route sineuse, qui sur ce cliché mène on ne sait où, ne permet pas de se repérer dans un paysage particulier.

4-La vue cadrée, imposée :

Les ponts (comme le pont bleu de Cattlar en vallée de la Castellane) en est un bon exemple ; en effet toute personne sur ce pont, bien qu’ayant le choix entre les deux côtés, va prendre en photographie les jardins en terrasses.

On distinguera la vue cadrée de la vue carte postale : le meilleur point d’observation vers un but recherché, ce qui oblige le photographe à se déplacer pour obtenir le bon cadrage. Figure 35 Les vues panoramiques Même si les paysages évoluent selon de nombreux facteurs extérieurs au parc (la vie économique), il est nécessaire de continuer à mettre en place leur meilleure qualité, en raison des labellisations et des protections qui marquent les engagements concrets des acteurs (les élus du parc naturel régional, les labellisations des beaux villages de France, les monuments historiques, les naturalistes des réserves naturelles) et de l’attrait touristique, valeur des Pyrénées et des grands sites tels que le Roussillon, le Canigou, le Mont Madres, etc.

L’architecture a bien changé, on remarque des évocations de Bretagne (le granit), des lloses posées sur les toitures en «pureaux dégressifs» (églises ou maisons comme à Jujols), des matériaux plus récents, intermédiaires entre les formes nouvelles et anciennes (le shingle). On s’attache aux villages par la finesse de l’implantation et le cachet des lieux. Figure 36 Terrasses de culture Clichés NP 2007 - Nathalie Dumont-Fillon et Xavier Daures - Charte de paysage et d’urbanisme de la Vallée de la Têt et de ses affluents - 2007 - 36 Encadré : Les tours à signaux marquent les distances

La Tour de Goa est remarquable car visible de nombreux endroits

Mais lorsque l’on sait qu’en Roussillon, en vallée de la Castellane (la tour Mascarda à Mosset) et en vallée de la Têt, un réseau de tours -Encadré : précisions et d’églises communiquent entre elles en tant que tours à signaux, historique. on entre bien dans une dimension paysagère de cônes de vue IXe au XIe siècle, les signaux réciproques. viennent du littoral (vers l’intérieur) La carte présentée par Annie de Pous et publiée récemment dans un XI et XIIe siècle, rayonnements magazine vendu en kiosque (Terres Catalanes n°47 mars-avril-mai 2007, autour des châteaux comtaux page 83) établit de manière visuelle un paysage dans le sens du géographe XIIIe et XIVe siècles, tous Yves Lacoste : d’une part la carte localise ces tours à signaux, d’autre les signaux centralisés vers Figure 36 bis La Tour de Goa et le part elle montre les points de vue visuels comme autant de couloirs Perpignan. massif du Canigou, dessin NP libres habilement formés entre des versants de reliefs montagneux.

La vallée de la Castellane rejoint la vallée de la Têt aux environs de Prades. Ainsi le château de Paracolls se trouve relié, au-delà de la Têt au sud vers le massif du Canigou, au point majeur de la tour et du château de Saint-Etienne, à l’est de Taurinya et de Clara (carte d’après IGN 2349 ET).

En terme de paysages, c’est donc à distance que l’on remarque le plus les tours à signaux, qui servent de repères dans le paysage lointain mais peuvent aussi être approchées de près (sans voiture) comme à Goa.

Note : la Méridienne

C’est également une approche paysagère qui met en relation des communes du nord au sud de la France, une ligne marquée concrètement par des bornes comme c’est le cas à Mosset.

En tant qu’inscription dans le territoire elle fait aussi l’objet de souvenirs liés à son inauguration en l’an 2000. Le travail du plasticien associé à celui de l’architecte (Paul Chemetov) a nécessité la mise en valeur éphémère des terres de la commune. Figure 37 Le réseau des signaux, source dans le texte ci-contre

- Nathalie Dumont-Fillon et Xavier Daures - Charte de paysage et d’urbanisme de la Vallée de la Têt et de ses affluents - 2007 - 37 L- Les mutations des villages.

Les villages, contrairement aux villes par essence en perpétuel mouvement, semblent être stables dans leur centre historique. Les meilleurs exemples sont Mont-Louis et Villefranche- de-Conflent car leurs limites solides semblent stables. Utilisés au contraire par les forestiers en premier lieu, les campagnes de séries photographiques sont un outil d’appréciation des changements des paysages. De même que les sources anciennes et les gravures pittoresques, les représentations permettent de comparer plusieurs époques. Là encore, le sentiment de stabilité sera mis en exergue, et on sera satisfait de retrouver sur place le pont de Villefranche peint par une artiste anglaise quelques temps plus tôt (cf. figure). Quand aux changements, on sera plus sensibles, par facilité, aux fortes mutations plutôt qu’aux progressives modifications moins éclatantes.

Certains villages, comme Mantet ou Jujols ont peu à peu perdu leurs habitants... jusqu’à leur disparition quasi-totale. Leur population, qui atteignait plusieurs centaines d’habitants dans les années 1900, n’en compte aujourd’hui que quelques dizaines. Les familles étaient bien plus nombreuses à l’époque, les villages tels qu’Ayguatébia-Talau, Olette ou encore Sahorre avoisinaient alors mille habitants. Figure 38 L’art romantique Dans les années 1960, Mantet s’est en effet totalement vidé de ses habitants et ses maisons sont tombées en ruines. Il est aujourd’hui un exemple frappant de village connaissant un renouveau après une période d’abandon. Ce sont les volontés d’installation de quelques acteurs, et la naissance du chemin de grande randonnée GR 10, la création d’une auberge qui lui ont redonné vie.

Jujols est un exemple tout aussi frappant de village totalement restauré après son quasi- abandon dans les années 1960. C’est essentiellement à travers le tourisme que ce village renaît aujourd’hui.

La reprise des villages se fait très souvent dans le respect du bâti. Les maisons sont reconstruites et les ruines réhabilitées dans le souci de conserver l’homogénéité architecturale d’antan. La pierre et la lauze, omniprésentes par exemple à Jujols, offrent un cachet indéniable. Ce sont alors des villages de caractère qui reviennent à la vie, portés par des acteurs locaux pleins d’initiatives.

Figure 38 Bis Les paysages et la géologie, ici à Jujols

- Nathalie Dumont-Fillon et Xavier Daures - Charte de paysage et d’urbanisme de la Vallée de la Têt et de ses affluents - 2007 - 38 La charte de paysage et d’urbanisme de la vallée de la Têt donne globalement un caractère dominant de contact franc, rude, avec les éléments de la montagne et des paysages exceptionnels par la diversité des situations.

Figures 39 Le contact franc avec les éléments du paysage

La Cascade d’enfer Thuès entre Valls

Clichés NDF 2007

- Nathalie Dumont-Fillon et Xavier Daures - Charte de paysage et d’urbanisme de la Vallée de la Têt et de ses affluents - 2007 - 39 L’entrée par la géographie et le paysage, c’est le Roussillon, la plaine arboricole, le Canigou, le Conflent, le Madres, la Têt. Parfois, ces entrées sont autant de prétextes et de hasards à des vraies entrées sur le terrain, liées aux routes. Ainsi en venant de Prades on passe par Saint-Michel-de-Cuxa...et on entre vraiment dans le parc naturel régional...par les hauts de Vernet-les-Bains et ses aménagements de torrents du Cady.

Des villages, comme «suspendus», sont visibles dès le camping de Serdinya- Joncet : dans cette vallée étroite de la Têt, on observe les terrasses de culture, les points clairs qui «bougent» et qui en fait sont des animaux (des moutons), les taches sombres et qui sont des niches à statuettes ou des portes d’abri dans les murettes... enfin, quelques hangars à bêtes et véhicules traduisent la présence d’éleveurs ou d’habitations proches.

M-Les paysages artistiques et littéraires Réalisation : N. Dumont-Fillon 2007

Les paysages pittoresques du XIXe siècle et les représentations artistiques actuelles traduisent un paysage villageois stable. De nombreux tableaux sont exposés Figure 40 Le cas de Mantet : un village calé contre le en mairie, des cartes postales et sources anciennes du début du siècle sont commentées ruisseau et visible après une forte descente depuis le col de et appréciées par leur paysage d’aspect “propre”, paysage témoin d’une valeur agricole même nom. et arboricole d’une plaine irriguée. Ce passage unique, obligé, entraîne une perception du Par nature les élus ne sont pas nostalgiques, mais on voit là tout de même un paysage de type «carte postale» à point de vue unique. Ainsi attachement au passé proche de ces paysages dont on sent bien qu’ils ont radicalement les clichés que nous avons pris, sont déjà ceux choisis par les naturalistes pour la brochure de la réserve naturelle. évolué, dans le sens de la déprise et de l’abandon de leur sociologie rurale fondatrice.

Le recueil “Conflent pittoresque” présente des motifs de paysage importants.

Ces tableaux - gravures et lithographies - sont caractéristique de ce genre artistique pittoresque qui repose sur trois phases : Figure 41 Déjà en déclins, les mines de fer deviennent -le dessin de la trame du paysage des lieux de simples visites touristiques, comme le mon- -le dessin définitif trent ces gravures. Source page 62 -le dessin spécifique, par un artiste spécialisé, des personnages en premier plan.

- Nathalie Dumont-Fillon et Xavier Daures - Charte de paysage et d’urbanisme de la Vallée de la Têt et de ses affluents - 2007 - 40 Le Guide du patrimoine insiste sur l’intérêt porté aux ruines par les peintres lithographes, comme pour l’abbaye de Saint-Michel-de-Cuxa.

Il convient d’être rigoureux sur le terme de paysage. Si l’occupation du sol peut varier (les témoignages et les cartes notamment permettent, à condition d’en consulter au moins deux du même lieu, de constater une évolution), il n’en reste pas moins que le paysage observé en réalité est celui d’aujourd’hui seulement, et non pas une collection d’états antérieurs.

En effet, par l’observation directe, comment deviner qu’un paysage forestier ait pu revêtir d’autres allures auparavant ? La tâche est bien plus difficile que pour une architecture dont il est aisé de reconnaître une ou plusieurs époques grâce au style, aux matériaux, aux savoir-faire, etc.

La question de la date pourrait être importante dans une démarche de restauration des paysages : ce point pourra faire l’objet d’un débat dans la phase qui suit ce seul diagnostic. De plus, les travaux récents des chercheurs en paysage montrent Figures 42 Plans. Ci-dessus, archives municipales de que l’idée d’un paysage local permanent, parfois nommé d’authentique, en tout cas plutôt Villefranche-de-Conflent ancien car d’origine rurale, est jugé positif.

Les paysages qui n’auraient pas nettement changé seraient plus attractifs, notamment dans une politique cherchant à attirer des habitants ou des touristes.

Poursuivons le parallèle avec le bâti d’habitation. Deux catégories seulement permettent une distinction aisée pour les habitants et les visiteurs : la maison dite ancienne, aux murs de pierres ou aux matériaux locaux ; et la maison dite neuve, en tout cas récente et aux murs ou charpentes faits de techniques majoritairement industrielles. N’y a t-il pas, de la même manière, des paysages anciens et d’autres moins âgés ? Comment éviter une échelle de valeur subjective qui désavantagerait les paysages que nous fabriquons de nos jours, parce que les critères d’appréciation ne seraient pas encore acquis ?

Pourtant, les paysages étudiés dans cette charte contournent ce problème, et mieux encore résolvent celui d’imaginer ce qu’ils furent avant. Une partie des paysages en effet offre cette faculté assez rare, celle de superposer plusieurs paysages simultanément, dans un état de palimpseste cher à de nombreux scientifiques (par exemple les archéologues locaux, voir le site de l’Internet en bibliographie).

- Nathalie Dumont-Fillon et Xavier Daures - Charte de paysage et d’urbanisme de la Vallée de la Têt et de ses affluents - 2007 - 41 Ils sont en l’occurrence à la fois des paysages agraires constitués au même endroit de terrasses de cultures et de boisements de feuillus, lorsque ces derniers ont reconquis spontanément des terrains auparavant indispensables à la vie rurale (la mise en valeur de toutes les terres, même en fortes pentes).

Sans doute doit-on les interpréter comme des paysages du passé, des paysages hérités au statut de patrimoine qui subsistent encore car leurs formes sont plus pérennes que leurs usages. Paysages du passé également dans le sens où ils impliquaient une vie villageoise réelle, alors que de nos jours les photos de paysage (et les cartes postales, valorisantes) n’ont pas de difficulté à évacuer volontairement tous les acteurs et personnages (cf. bibliographie : Figure 43 Travail artistique de Marianne Carr au col de Martine Perrot). Mantet (source Monsieur Claude Guisset conservateur, cf. liste des sources en fin de charte) Seul un usage actuel, par exemple récréatif ou pédagogique, pourrait permettre à ce paysage-patrimoine de rejoindre, au même titre qu’une forêt de loisir ou un chemin de randonnée, la catégorie de paysages contemporains. Par exemple, la Méridienne, action artistique de l’an 2000, pourrait s’élargir à Conat ou à Mosset pour intégrer quelques paysages de terrasses de cultures (cf. exemple des terrasses ariégoises dans un cadre artistique).

Une réponse vient par la recherche de paysages comme cadres de vies de bonne qualité. Ce n’est pas le paysage comme seule image de plusieurs états (par exemple du plus cultivé au moins cultivé) qui nous préoccupe maintenant mais la possibilité d’y vivre et ou d’y exercer un travail.

Dans ce sens les voies nouvelles sont aussi importantes que le résultat visuel des extensions urbaines. Des voies desservent-elles des quartiers en raquettes?

Le maillage des voies a t-il été maintenu ? à Ria comme à Serdinya ou encore Olette ou Sauto se pose l’impact du fort trafic de la route nationale : comment s’organisent les Figure 44 Les Ruines qui émergent dans les paysages intersections, les carrefours, les rares ronds points, les contournements ? sont aussi un motif caractéristique de ce genre artisti- que. Guide du patrimoine page 112

- Nathalie Dumont-Fillon et Xavier Daures - Charte de paysage et d’urbanisme de la Vallée de la Têt et de ses affluents - 2007 - 42 La labellisation “Plus beaux villages de France”

Il est vrai que les labels indiqués ici s’appuient sur le caractère historique des villages dans l’esprit d’une remarquable stabilité, le village étant conservé dans une enceinte marquant nettement ses limites.

A ce titre il est évident que les nouvelles limites des villages et leurs nouvelles constructions de villas isolées ou de hameaux altèrent, parfois gravement, le caractère initial du village et son attractivité. Cependant, en géographie humaine, il a été constaté lors d’entretiens ouverts et qualitatifs auprès des habitants, que les Figure 45 L’importance des peupliers d’Italie, visiteurs ne voient que ce qu’ils sont venus voir ; ainsi, ils ne regardent pas ce toujours présents dans les paysages actuels du parc naturel. qui est échappe au pittoresque (cf. travaux menés dans les villages de chaumières Cliché NDF 2007. normandes du marais Vernier).

En fin de compte, nous sommes attentifs, en tant que techniciens, à l’ensemble du bâti et remarquons quelques habitations, par exemple une ancienne ferme reconvertie en logement, que les architectes considèrent comme des “erreurs” qu’il ne faudrait plus renouveler en raison de leur implantation.

Un autre thème important, dans les paysages lointains est celui de la végétation et de son aspect. Sans être nécessairement un spécialiste de l’écologie, un observateur du paysage perçoit des dominantes de couleurs et d’aspects.

Figure 46 Les sites aménagés : les gorges de la Carança. Cliché NP 2007

- Nathalie Dumont-Fillon et Xavier Daures - Charte de paysage et d’urbanisme de la Vallée de la Têt et de ses affluents - 2007 - 43 Le vide, les balcons...

Georges Plaisance, forestier, consacre dans son ouvrage le paysage français, un chapitre spécifique à Ainsi la garrigue, présente par exemple dans la vallée qui conduit vers la montagne. Son approche sensible nous fait penser Urbanya, manifeste sa végétation rase et méditerranéenne qui contraste à diverses routes perchées, comme celle qui conduit à fortement avec des paysages de forêts feuillues. Urbanya, où la notion de «vide» se fait sentir. Il cite Samivel dans «l’oeil émerveillé» (1976 Albin Michel) : Mais les effets de l’écobuage, pratique locale de mise du feu sur la végétation pour rénover les terres cultivées, sont marquants à distance car «Alors de tous ces vides superposés est né le Vide, le couvert semble peu présent. Si l’on ajoute les sommets et les espaces innombrable et bariolé, qui circule comme un fluide d’altitude où parfois les avalanches surgissent en hiver, on sera tenté de autour des hauts écueils du granit, presse, cerne, polit, décrire un paysage comme étant “pelé” et “sec” et on ne sera pas surpris de contient. Le Vide, plein de marées invisibles, de remous, savoir qu’un lieu-dit de Sansa se nomme la “Pelade”. de spasmes, de respirations, si subtil que le rayon issu de la plus lointaine étoile le transperce aisément de part en Bien sûr nous rappelons que la route nationale est limitée par une vue part, si léger que tout le poids de ces espaces accumulés encaissée, car les sommets sont hauts. Par exemple le balcon de Jujols, qui ne saurait courber un brin d’herbe.» (cité page 64). permet de voir la nationale en contrebas (et notamment grâce aux tours de la Bastide à Olette) est insoupçonnable pour l’automobiliste.

Figure 47 Jujols et son implantation sur de fortes pentes Réalisation : N. Dumont-Fillon 2007

- Nathalie Dumont-Fillon et Xavier Daures - Charte de paysage et d’urbanisme de la Vallée de la Têt et de ses affluents - 2007 - 44 N-Les “portes et entrées” de la charte de la vallée de la Têt et de ses affluents

L’entrée par la route nationale 20 se fait par le Col ou par le tunnel du Puymorens, puis l’accès continue par la vallée du Carol. Une autre entrée se fait par le nord depuis le département de l’Aude par la RD 118 d’Axat au col de la Quillane par l’est de Quérigut, jusqu’à Mont-Louis.

Cette route est aussi connue par son histoire liée à Usson, Quérigut (en Ariège) et à Vauban. Après Axat il est aussi possible de prendre une branche vers l’est pour atteindre le col de Jau et entrer dans le Parc par ces communes les plus orientales (dont Mosset).

Dans ces trois cas, l’entrée est directe dans une commune du parc naturel régional (Porta, Porté-Puymorens, Puyvalador, Mosset), alors qu’en venant de Perpignan on atteint , Ille-sur-Têt, Vinça et Prades qui en sont exclus.

De Prades vers le Canigou on entre par Taurinya et Vernet-les-Bains et sommes alors éloignés de la route nationale mais sensibles aux aménagements de torrents dans les hauteurs de Vernet-les-Bains. En revanche le sud du parc est marqué par la frontière du pays et ainsi par l’absence d’entrées.

À la confluence du Cady et du Saint-Vincent, on trouve un village (une ville) connu : Vernet-les-Bains avec les quartiers de Saint-Vincent, Saint-Saturnin et Saint-Clément... et trois massifs dont le Serrat de l’Alzina au niveau de la ville, du nom d’un arbre bien connu : «la colline du Chêne vert» (cf. ouvrage récent de Vernet-les-Bains).

Lorsque l’on entre dans le parc naturel régional, on s’attend à un paysage rural et exceptionnel. L’entrée nord à Mosset par exemple permet de se rapprocher d’un village labellisé pour son originalité. De même lorsqu’on entre par Taurinya et Vernet-les-Bains, la perception visuelle d’un village en pyramide de toitures sur les contours (uniquement des maisons toutes orientées du même coté et placées sur des étages successifs de rues horizontales), dépend nettement de l’accès, et offre ainsi à l’automobiliste cette topographie de cartes postales dans seulement certains cas.

Ainsi si cela fonctionne très bien à Ria comme à Conat, il est au contraire difficile de voir cette forme à Vernet; ainsi la photo présentée page 12 du dernier ouvrage paru semble spectaculaire avec son église et son château dominants le site.

- Nathalie Dumont-Fillon et Xavier Daures - Charte de paysage et d’urbanisme de la Vallée de la Têt et de ses affluents - 2007 - 45 L’approche par le paysage de la route est extrémement fidèle au découpage géographique du territoire. Ainsi la différence entre les deux conflents, le bas-Conflent et le haut-Conflent, est sensible tout au long du parcours de la route. En effet, lorsque l’on emprunte la nationale 116, l’automobiliste est soumis à la manière dont la route plonge dans les paysages et joue avec un relief difficile d’accès.

Dans ce paysage feuillu, fermé, rocheux, les approches puis les traversées de villages sont importants, comme autant de repères mais surtout de manifestation de l’implantation d’une vie sociale.

Comme autant d’entrées de villes successives, depuis Mont-Louis et son pont impressionnant au dessus de la Deveze, qui se jettera peu après dans la Têt, d’abord de : Fetges, village accompagnant la descente vers Olette mais en fait hameau de Sauto, puis de Fontpedrouse, puis d’Olette, de Thuès- entre-Valls, et enfin de Serdinya-Joncet en bas, suivi de peu par Villefranche-de-Conflent.

O-Un découpage géographique (cf. carte page suivante)

Les communes du parc naturel régional situées dans le bas-Conflent selon certaines sources (Histoire du roussillon sur le site de l’Internet http://histoireduroussillon.free.fr) Figures 48 Village de Sauto et de - Les quatre communes de la Castellane : Campôme, Catllar, Molitg les Bains, Mosset ; Fontpedrouse, clichés NP.

- Douze communes : Casteil, Conat-Bettlans, Corneilla-de-Conflent, Escaro, Fuilla, Nohèdes, Py» Ria-Sirach, Sahorre, Urbanya, Vernet les Bains et Villefranche de Conflent ;

- Nathalie Dumont-Fillon et Xavier Daures - Charte de paysage et d’urbanisme de la Vallée de la Têt et de ses affluents - 2007 - 46 Dans le haut-Conflent les paysages sont différents, car les vallées sont plus étroites et profondes (comme pour les gorges de la Carança ou le Col de Creu où une route permet maintenant d’atteindre Railleu et Sansa) et les villages perchés, certains hameaux étant difficilement accessibles.

- Il s’agit d’Ayguatébia, Canaveilles, Caudiès-de Conflent, Fontpédrouse, Jujols, La Cabanasse, La Llagonne, Mantet, Mont Louis, Nyer, Olette- Evol, Oreilla, Planès, Railleu, Saint Pierre dels Forcats, Sansa, Sauto, Serdinya, Souanyas et Thuès-Entre - Valls.

Selon ce découpage, on remarque sur la carte que le Col de Mantet marque le changement de paysage, passant du bas-Conflent (Py) vers le haut-Conflent (Mantet).

Note : selon d’autres sources, la limite se situe à Villefranche-de-Conflent, mais le thermalisme de Molitg-les- Bains et de Vernet-les-Bains marquent le haut-Conflent (cf. Terre romanes)

La localisation des principaux cols et sommets de la charte paysagère indique notamment : Figure 49 Bas et Haut-Conflent -un sommet très connu, qui dépasse largement les limites communales : le Pic du Canigou ; -un sommet qui relie géographiquement toutes les communes situées au nord de la vallée de la Têt, de Urbanya jusqu’à Sansa : le mont Madres ; Le Col de la Perche marque la limite entre Cerdagne et -un col très important localement en raison de la facilité d’accès qu’il offre aux communes des Conflent. Celui de la Quillane entre Conflent et Capcir Garrotxes en venant de Matemale : le col de Creu.

- Nathalie Dumont-Fillon et Xavier Daures - Charte de paysage et d’urbanisme de la Vallée de la Têt et de ses affluents - 2007 - 47 Figures 50 Randonnée Encadré «randonnée» :Gorges et vallée de la Carança (Compte-rendu de terrain par Nicolas Pettini) Estany de Carança, 2261m

C’est au départ du village de Thuès-entre-Valls, à l’altitude de 800 mètres, que débute le sentier très réputé des Gorges de la Carança. Cette vallée emblématique, qui connaît une fréquentation très élevée, a été classée monument naturel au titre de la loi du 2 mai 1930. L’aménagement d’un parking (de 200 places, payant) permet d’éviter tout encombrement du village. Une arche de pierre, sur laquelle est apposé un panneau de mise en garde avertissant les visiteurs de la dangerosité potentielle de l’itinéraire, signale l’entrée des gorges : le randonneur s’engage sur un long itinéraire, où certains passages délicats exigent à la fois de l’assurance et une bonne condition physique. Le sentier qui longe la paroi rocheuse, en rive droite du torrent, bifurque rapidement en deux branches. La plus intéressante est de loin celle qui emprunte la corniche, creusée à même la paroi par les mains de l’homme. Elle permet d’accéder un peu plus loin aux passerelles et aux « ponts de singes » qui accompagnent ponctuellement le randonneur dans les passages délicats ; frôlant les parois, passant d’une rive à l’autre, bondissant de chaos en chaos, il instaure alors un dialogue avec le torrent dont le bourdonnement incessant le suit tout au long de l’itinéraire.

Les gorges s’ouvrent progressivement jusqu’à laisser place, plus haut, à une vallée largement évasée. Le sentier s’élève jusqu’au refuge du ras de la Carança, érigé à une altitude de 1831m sur le territoire communal de Fontpédrouse. Sur une distance d’environ dix kilomètres, ce sont ainsi 1000 m de dénivelé positif que le randonneur aura gravi petit à petit, au prix d’un effort de quatre heures en moyenne. Le refuge est fort bien aménagé, gardé cinq mois de l’année (de mai à septembre) et particulièrement apprécié et fréquenté (il offre une capacité d’accueil de 30 places). De là, le randonneur peut soit rebrousser chemin, soit poursuivre le long du torrent jusqu’à l’Estany de Carança, et plus haut, jusqu’aux étangs Noir et Bleu, logés au pied des Pics de la Vaca. Seul la présence d’un sentier en pointillé, dont le balisage n’est plus assuré, trahit en ces lieux l’empreinte de l’homme.

La géologie explique la configuration particulière de la vallée, évasée en amont (le sol est formé de gneiss) et très encaissée à l’aval (les gorges calcaires). Sur quinze kilomètres et 1500 mètres de dénivelé, l’étagement de végétation est impressionnant et particulièrement didactique. On passe en effet d’une forêt de feuillus luxuriante au départ des gorges, aux pelouses alpines au niveau de l’Estany de la Carança en passant par la forêt de pins à crochets à hauteur du refuge !

La vallée de la Carança est également accessible par le large col Mitjà, véritable passerelle permettant de rallier la vallée adjacente de l’Orry (ou de la Riberole). Cette dernière, moins fréquentée, est tout aussi remarquable que sa voisine. A la belle saison a lieu la transhumance à pieds qui conduit les troupeaux vers les estives. L’accès à la Carança depuis la vallée de la Têt ne peut se faire que par le col Mitjà, les gorges au départ de Thuès étant infranchissables par le bétail…

- Nathalie Dumont-Fillon et Xavier Daures - Charte de paysage et d’urbanisme de la Vallée de la Têt et de ses affluents - 2007 - 48 Parc naturel régional des Pyrénées catalanes

Charte de paysage et d’urbanisme de la Vallée de la Têt et de ses affluents

Les bureaux d’études : Nathalie Dumont-Fillon Architecte-Paysagiste Dplg à Burret (09) Xavier Daures Architecte Dplg et Urbaniste à Pamiers (09)

Deuxième partie

Les enjeux

Charte de paysage et d’urbanisme - 2007 - Les enjeux : introduction

Les enjeux ont été débattus lors des réunions, par série de deux chartes de paysage et d’urbanisme réunies.

Il est proposé de travailler en deux thématiques :

-la première concerne les espaces bâtis

-la seconde s’applique aux espaces non bâtis

Bien entendu, des enjeux sont communs à l’ensemble des espaces, qu’ils soient bâtis ou non.

=> Des tableaux présentés dans les pages suivantes permettent de définir les critères d’importance associés à chaque enjeu étudié.

Des éléments de réflexion qui y figurent sont ceux apparus notamment en réunion.

=> Des résumés des diagnostics, à l’échelle du Parc naturel régional des Pyrénées Catalanes, sont proposés par l’architecte-urbaniste de l’équipe

=> Des textes d’enjeux voire de propositions (amorce de la phase suivante) sont également développés.

- Nathalie Dumont-Fillon et Xavier Daures - Charte de paysage et d’urbanisme de la Vallée de la Têt et de ses affluents - 2007 - 50 Les enjeux pour les espaces bâtis L e s e n j e u x

ordre de priorité (B) et critères d’importance ou valeur

- Fixer les habitants actuels ; l’accueil des nouveaux habitants...... -Important B1 Valeur socio-économique = le logement à l’année, y compris pour les saisonniers

- Suivre un schéma général de développement ...... -Important B1 (même s’il est admis que les PLU sont déjà moins = solliciter des études paysagères de développement, si possible permissifs que les anciens POS) Valeur paysagère et socio-économique, avec les communes voisines pour une entrée paysagère dans le PLU. Valeur Parc naturel

- La qualité des villages et des centres villes : ...... -Important B1 Valeur paysagère et touristique, architecturale, = La poursuite de l’opération des enfouissements de lignes aériennes valeur intercommunale et Parc naturel, = Les espaces publics et la possibilité de faire le tour du village = L’entrée du Parc naturel

- La reconversion de bâtiments existants...... -B2 Valeur patrimoniale, architecture , Parc

- Le respect des formes architecturales...... -B2 Valeur paysagère et touristique, et architect.

- L’économie et l’aménagement de zones d’activité, de sièges d’exploitation agricole, l’emploi et les services de proximité, etc...... -B2 Valeur socio-économique

- La définition des coupures d’urbanisation (un développement contrôlé de l’urbanisation)... -B2 Valeur paysagère et touristique

-

- Nathalie Dumont-Fillon et Xavier Daures - Charte de paysage et d’urbanisme de la Vallée de la Têt et de ses affluents - 2007 - 51 L e s e n j e u x Les enjeux pour les espaces non bâtis (tableau 1)

ordre de priorité (B) et valeur

- L’entrée dans le parc naturel régional ...... -B1 Valeur Parc et valeur paysagère - Les espaces publics et la possibilité de faire le tour du village...... -B1 Valeur Parc, Valeur paysagère et touristique, pédagogique = Les chemins, les accès et dessertes = Renforcer les liens des habitants au territoire => accès physiques, accès visuels, pédagogie = La reconnaissance des paysages importants localement et de leurs usages

- La préservation des espaces “ouverts” agricoles et cultivés les plus fertiles...... -B2 Valeur agricole-économique (Voir la chambre d’Agriculture)

- La définition des coupures d’urbanisation (un développement contrôlé de l’urbanisation)..... -B2 Sources : voir le PLU de Puigcerda sur l’Internet : notion d’urbanisation = Voir coupures vertes agricoles par secteurs (lisières végétales) terminée ; en loi Montagne même une route, une voie ferrée font coupures ;

- La maîtrise foncière, les couronnes agricoles et forestières...... -B1 Valeur agricole-économique,

- L’agriculture ; l’agro-tourisme (la multifonctionnalité de l’agriculture) et la biodiversité...... -B1 Valeur agricole-économique, paysagère et touristique = Voir l’exemple des Balades en estive de la Rosée des Pyrénées

- Les rivières (révéler des lieux que les habitants ne connaissent plus)...... -B1 Valeur socio-économique, paysagère et touristique = Que la collectivité soit gestionnaire (taillis), filière-bois énergie ; Voir Syndicats de rivières

- Les accès et dessertes...... -B1 Valeur socio-économique, et paysagère = Enjeu de plans de circulations dans les villages, et stationnement = traversées de bourgs, échanges entre voies, et stationnements -Les énergies renouvelables...... -B2 Valeur socio-économique, paysagère et touristique

- Nathalie Dumont-Fillon et Xavier Daures - Charte de paysage et d’urbanisme de la Vallée de la Têt et de ses affluents - 2007 - 52 L e s e n j e u x

Les enjeux pour les espaces non bâtis (tableau 2)

-Les énergies renouvelables ...... -B2 Valeur socio-économique, paysagère et touristique Grandes éoliennes : ne pas s’enfermer dans un débat «pour ou contre» mais étude de petits projets avec des études paysagères à l’échelle collective ; Etude de petites éoliennes sans permis.

- La mise en valeur touristique des paysages...... -B2 Valeur paysagère et touristique, architecture, Rôle du Parc

-La maîtrise de la publicité ...... -B2 Valeur paysagère et touristique, architecture, Rôle du Parc = Ma mise en place d’une signalétique

-Les espaces forestiers...... -B1 Valeur socio-économique

-Les plantations (vergers, bords de route, places publiques)...... -B2 Valeur paysagère et touristique

-Les terrasses de cultures et le patrimoine local...... -B2 Valeur paysagère et touristique

-La lecture des paysages et la connaissance de l’environnement de montagne ...... -B3 Valeur Parc, touristique et paysagère et pédagogique (visites guidées, tables d’orientation, etc.)

-La maîtrise des clotûres agricoles et urbaines...... -B1 Valeur agricole-économique, paysagère et touristique

- Nathalie Dumont-Fillon et Xavier Daures - Charte de paysage et d’urbanisme de la Vallée de la Têt et de ses affluents - 2007 - 53 L e s e n j e u x Les chartes de paysage et d’urbanisme, au nombre de six, sont élaborées pour la mise en application de la charte générale, conformément aux prescriptions de celle-ci.

Elles comprennent une large première partie consacrée au diagnostic paysager Le relief général, complété par une série de comptes rendus des rencontres avec les élus communaux, généralement les maires de chacune des communes du Parc, interrogés in-situ et au regard Sur le territoire du Parc, on trouve quatre grandes catégories de paysages urbains, de leur principales préoccupations. découlant en grande partie de caractéristiques locales du relief :

Ces réunions ont permis de faire émerger des constantes dans la problématique de la 1) Les vallées ouvertes : basses Vallées de la Têt, Rotja, Castellane, Cady, Carol gestion communale, au niveau de l’exercice quotidien des décisions d’urbanisme, comme à 2) Le sillon du Conflent et ses vallées hautes connexes celui de la planification, ainsi que, parfois, des interrogations concernant les rapports entre 3) Les plateaux de Cerdagne et du Capcir communes voisines et la cohérence (convergence…) de leurs intérêts. 4) La haute montagne des stations de ski.

Le présent volet traite la partie urbanisée du paysage, et à ce titre aborde les * Les territoires ouverts des parties haute et basse du Parc, séparées par la longue problématiques indiquées sur trois échelles différentes et complémentaires : et encaissée vallée de la Têt, proposent des urbanisations ouvertes, des bourgs en extension et des possibilités variées pour l’accueil de constructions nouvelles. 1) Le domaine bâti et ses composantes à l’échelle du Parc Chacun à leur manière, les terrains de la zone basse semblent assez convoités par 2) La planification et la gestion communales une population nouvelle à la recherche d’alternative résidentielle, ceux de la zone 3) L’immeuble dans son paysage : notre voisin haute semblant plutôt intéresser les investisseurs, français ou espagnols, pour un habitat plus saisonnier, non directement lié à l’emploi local. Chacune de ces approches fait l’objet d’un diagnostic synthétique (à rapprocher du Mais la spécificité de chaque commune reste la règle, comme par exemple à Vernet corps principal du diagnostic de la charte), de la définition des enjeux que l’on propose les Bains, ou Villefranche, dont la vocation touristique ou l’histoire ont produit de retenir, objectifs à poursuivre, puis de l’énoncé des recommandations utiles pour y des formes urbaines particulières. parvenir. * Le sillon du Conflent, de Villefranche à Mont-Louis, ainsi que les parties hautes LE DOMAINE BATI ET SES COMPOSANTES A L’ECHELLE des vallées connexes (depuis Mosset pour la Castellane, Sahorre pour la Rotja, les DU PARC Garrotxes) abritent au contraire des villages entièrement ordonnés par le relief, des compositions urbaines souvent fermées, plus structurées dans leur fonctionnement, leur mode de développement ou de renouvellement. Ce type de village se prête Rappel du DIAGNOSTIC mal à l’extension selon les critères actuels de confort, de lumière et d’espace de l’habitat. La variété des paysages urbains : * L’avènement, assez récent, des stations de ski et de leur habitat associé a produit De nombreux facteurs contribuent à la diversité des paysages urbains rencontrés dans le une forme d’urbanisation spécifique, lié d’une certaine façon au relief, en ce qu’il parc, tant du point de vue de l’organisation urbaine que de la typologie des constructions. occupe exclusivement les zones supérieures des villages initiaux, mais aussi reflétant une économie et un genre de vie entièrement tournés vers l’exploitation Les diversités des sites et des historiques des 64 communes confèrent à chacune d’elles une touristique et la résidence saisonnière. spécificité qui doit être évaluée, et autant que possible prise en compte dans les documents d’urbanisme.

- Nathalie Dumont-Fillon et Xavier Daures - Charte de paysage et d’urbanisme de la Vallée de la Têt et de ses affluents - 2007 - 54 L e s e n j e u x

=> Les climats : ils sont très variés, échelonnés entre Méditerranée et haute - Maçonnerie enduite, de pierre, de briques ou de parpaings. Les enduits sont montagne. Une constante remarquable cependant, l’ensoleillement, dû au système généralement assez clairs, et semblent vouloir reproduire les aspects traditionnels orographique général. fournis par les sables locaux. La traduction urbaine des conditions climatiques se trouve néanmoins pour l’essentiel dans les lieux extrêmes : lutte contre la chaleur et la sécheresse dans la On note cependant en beaucoup de lieux l’absence d’enduit de finition sur des basse vallée de la Têt, lutte contre le froid et le vent en haute Cerdagne ou Capcir. maçonneries qui devraient être protégées (extensions, surélévations en parpaings, aux appareillages d’ailleurs souvent approximatifs, et qui mériteraient bien d’être Mais bien des contre exemples peuvent être invoqués ici, d’autres facteurs cachés…) ayant souvent pris le pas dans la conception des villes, et pour le bâti ancien, et au fil de toutes les évolutions récentes qui cadrent la production neuve. => L’habitat rural lié à l’agriculture : il est en voie de disparition, comme Ainsi du développement très important de l’habitat lié à l’industrie de la neige, les pratiques qui l’ont engendré. Les mutations récentes du monde agricole ont comportant un grand nombre de maisons isolées, de chalets semés dans la montagne, rendu obsolètes la plupart des formes d’exploitations rurales semi autarciques qui qui font de très bonnes résidences secondaires, mais auraient constitué un bien piètre prévalaient sur l’ensemble du territoire du parc, pratiquement jusqu’à la 2ème guerre habitat permanent au temps de la ruralité. mondiale.

=> Les matériaux contribuent évidemment fortement à la composition La mécanisation à condamné les terrasses, forcer à la spécialisation des activités, des paysages urbains. induit le regroupement foncier ou la déprise des terres difficiles. Corrélativement, on Le plus prégnant dans ce domaine est sans doute l’utilisation de la lauze de couverture, peut regretter l’abandon de très nombreux espaces de la vie rurale, lieux et annexes ou de ses produits de substitution, car le relief accidenté procure presque partout de pour tout usage, il y a un grand nombre de ces outils disparus, avec le lien social très nombreuses vues sur les toits, et confère à ceux-ci une importance paysagère qui accompagnait les travaux et les heures de la saison. L’exode rural de la seconde évidente. moitié du siècle dernier a fait le reste, abandonnant peu à peu dans la campagne les granges et grangettes, les orrys, les travails, les lavoirs, les séchoirs etc.. et dans les La lauze, production locale, de remarquables qualités techniques et esthétiques, villages de nombreuses maisons vacantes, ou semi vacantes pour celles ne gardant a longtemps été seule utilisée, avant d’être remplacée par la tuile, plus légère et moins que la partie habitation, abandonnant le rez de chaussée utilitaire. chère, mais dans quelques lieux remarquables elle reste (encore) dominante et attire l’attention. => L’habitat lié à l’industrie ou à la mine : il s’est développé tout au long La problématique de sa réhabilitation est telle que, malheureusement, la charte des XIXe et XXe siècle, période de grande activité minière. Cependant, généralement ne pourra que proposer sa mise en œuvre chaque fois que possible. l’habitat ouvrier produit est resté lié au monde rural qui l’entourait. La substitution lente de la terre cuite à la lauze génère ici et là des variation sensibles du paysage urbain, tel par exemple que la différence radicale entre les deux communes Tout d’abord parce que les ouvriers étaient pour la plupart natifs du pays, mais « voisines » de Py et Mantet, vues du col de Mantet, l’une brique, l’autre pierre. également parce que les salaires de l’époque ne permettaient pas aux familles de vivre sans l’appoint d’un jardin, d’un verger, la conduite de quelques bêtes. En façades, sur l’ensemble du territoire du Parc, trois possibilités principales : Les ouvriers étaient aussi là pour les tâches agrestes qui appelaient des bras, récoltes, fenaisons, dépiquaisons… - Appareillage de pierre sèche, destiné à rester apparent, le plus souvent pour les Ainsi peut on dire que l’habitat de cette fraction nouvelle de la population ne bâtiments utilitaires ruraux. différait pas beaucoup de l’habitat rural traditionnel, sinon qu’il était parfois plus urbanisé, plus dense et rapproché des centres de production, mais jamais détaché de - Appareillage de pierre rejointoyé, soit qu’il ait été conçu tel, soit résultant d’une son environnement, contrairement aux nouvelles formes que prendra l’urbanisation, intervention récente de piquage de l’enduit initial. Se trouve un peu partout au fil après qu’eut périclité l’activité minière, quand le temps vint du développement des rénovations, souvent sur des opérations urbaines intéressant des bâtiments aux résidentiel. appareillages ordonnés.

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=> Les nouvelles formes d’habitat : le récent renversement de la tendance démographique (1980,1990), qui ramène dans les villages, ou à leurs abords, ceux qui quittent la ville, ne constitue en aucun cas un retour à la situation initiale. Il paraît cependant indispensable de proposer les bonnes références pour Les néo ruraux, pas plus que les vacanciers ou les touristes, ne contribuent à restaurer la sauvegarde et la mise en valeur des existants, quand ils constituent un enjeu les rapports à la terre, à l’environnement et à l’habitat qui prévalaient au temps de patrimonial intéressant. l’économie rurale autarcique. Cette remarque ne vaut ici que dans ce qui traduit les nouveaux rapports des On rencontre sur le terrain de très nombreuses positions dans ce sens, et il habitants à leur environnement et à leur habitat : un affranchissement du contexte qui faut noter que cet état d’esprit est en train de se répandre largement, qui doit aider conduit à la déstructuration des paysages, à leur banalisation pour l’environnement à préserver au territoire ce qui fonde son attractivité architecturale et urbaine. immédiat, et au mitage visuel pour le paysage plus large. Les interventions répétées des services de l’Etat, du CAUE, des architectes De même les formes architecturales qui traitent du quotidien et du confort des et autres intervenants, émissions, revues… réaniment ce gout pour le respect et nouveaux habitants, avec des moyens techniques modernes, n’ont rien de commun la valorisation du patrimoine. avec celles qu’avaient forgées de nombreuses générations de ruraux travaillant et vivant de la terre. L’enjeu devient donc aujourd’hui de fixer les bonnes pratiques de cette approche conservatrice, et les outils ne se trouvent pas vraiment dans les Les volumes se sont ouverts, schématisés, dépouillés de leurs annexes documents d’urbanisme. fonctionnelles, l’apparence extérieure et la vue de l’intérieur deviennent valeur d’usage, et le terrain devient le simple support de la maison, à laquelle il procure une Il s’agira d’une part de fixer les objectifs visés, les types d’ouvrage qui situation cadastrale, l’accès, une clôture limite d’appropriation de l’espace, et le cadre doivent être conservés et ceux qui peuvent ne pas l’être, la bonne façon de les de reconstitution d’un environnement urbain plus ou moins transposé. réutiliser et de les préserver, les précautions pour ne pas les dénaturer.

Certes ce constat rejoint celui qu’on peut faire un peu partout en France, mais le D’autre part on peut montrer comment le plus souvent la préservation caractère initial très rural du territoire accentue la perception de ce décalage, ainsi que d’un ouvrage et sa remise en valeur, peuvent faire objectivement partie d’un la destination essentiellement touristique de nombreuses constructions nouvelles. programme de réhabilitation où il trouvera toute son utilité.

LES ENJEUX Enfin il faudra trouver les moyens d’un arbitrage éclairé, statuant sur chaque projet pour évaluer l’importance relative des enjeux, la part qu’on peut Au sujet des constructions neuves, seuls les documents d’urbanisme peuvent faire aux contingences actuelles et celle qu’on doit conserver au patrimoine constituer un cadre en mesure d’en orienter la bonne réalisation, sous les conditions commun. (sur le sujet les recommandations devront distinguer le cas des projets qui seront reprises ci-après, au sujet des conditions d’élaboration des PLU. se trouvant en périmètre protégé, donc sous le contrôle de l’ABF).

La réhabilitation, la rénovation des constructions anciennes suit naturellement le Il s’agit là d’une pratique plus pédagogique que réglementaire, tentant mouvement général de détachement de la ruralité. C’est socialement et techniquement d’intervenir au plus tôt sur les projets, plutôt que de s’en référer au pouvoir de inévitable, puisque les besoins et les moyens des opérateurs ont énormément police du maire. évolués.

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L’entrée dite « paysage » de la procédure devra comprendre entre autre On peut se trouver alors conduit, par exemple pour une commune comportant une phase de réflexion particulière sur ces sujets, éclairée par les intervenants une station touristique, à répondre de façon massive à la demande foncière et à la compétents qui pourront cibler et caractériser ces enjeux au regard des spécificités construction de nouvelles maisons, de nouveaux immeubles ou résidences, hôtels, de la commune. chalets… dans le but louable de générer du développement, en sacrifiant s’il le faut quelques principes importants - économie de l’espace, optimisation des Les axes particuliers : les impacts sur le paysage déplacements, mixité, adéquation à la demande locale, etc.

Les situations communales se trouvent parfois considérablement dépendantes Certes, l’abandon de ces principes pourra ne pas induire de gêne immédiate de leur particularité, géographique, historique, ou simplement affrontées à une mesurable, surtout si le pari économique engagé tient ses promesses, produit de évolution conjoncturelle marquée, susceptible d’influencer lourdement leurs devenirs l’activité, des revenus et autorise de nouveaux équipements. et leurs paysages. Une commune engagée dans cette voie peut alors poursuivre son schéma, doit même le poursuivre, selon la logique de croissance qui est la sienne, les revenus nouveaux Les exemples les plus nets, à ce sujet, sont : escomptés permettant de faire face aux charges nouvelles apparues. -Les communes comportant une station de ski : la difficile recherche d’un équilibre économique, une obligation de croissance… Il y a néanmoins deux gros problèmes : -Mont-Louis et Villefranche : une spécificité incontournable -La croissance ne pourra être infinie (mais on n’a pas de preuves…) -Sainte Léocadie, Palau, Nahuja, Osséja, Estavar, etc. : une pression foncière - Le développement urbain n’est pas réversible (ou très, très difficilement…) ingérable - Mantet, Llo, Evol, Jujols, etc. : des richesses patrimoniales qui condamnent à l’immobilisme La logique économique ne doit pas exclure la logique paysagère (même si le développement, devenu économiquement impératif, ne prend plus en compte que ses Dans différents cas, on constate une sorte de polarisation des regards portés propres besoins fonciers). sur la situation communale et son développement. L’aspect, très impactant bien que conjoncturel, de telle ou telle problématique, peut finir par masquer certains enjeux Les constats si l’exclusion est menée : du développement à long terme, ou même à très long terme. L’attractivité de la commune et son image générale en souffrent. Les équilibres La difficulté principale qui sous tend toute démarche de planification (et évoqués ci-dessus (notamment concernant le type d’habitat produit, son usage et son d’élaboration du PADD), c’est précisément la durabilité des réalisations qu’il accessibilité) sont malmenés. Il n’y a aucune optimisation possible des VRD. Les propose, et la non réversibilité des décisions. charges d’entretien des voies, et les coûts énergétiques des déplacements deviennent vite relativement importants. On peut être conduit à rechercher des effets immédiats, ou au moins pense-t- on visibles à court terme, et proposés comme solutions économiques indispensables Ce type de développement, qui se fonde essentiellement sur une demande à une situation communale présentant des difficultés. saisonnière de résidences secondaires, l’emploi ultra flexible, la persistance du pétrole et de la neige, peut réussir plus ou moins longtemps, et apporter de bonnes réponses aux difficultés conjoncturelles du pays.

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Il reste cependant important d’en mesurer les termes, de contenir l’impact Quant aux communes dont le patrimoine urbain revêt un caractère paysager principalement urbain de cette politique, en gardant à l’esprit que ce dernier particulier, attractif et homogène (Evol, Llo, Mantet…) leur ambition légitime n’est pas réversible, et pourrait se trouver complètement inadapté au futur. est bien entendu la préservation et la valorisation de leur potentiel touristique.

Ceci, essentiellement vrai pour les communes comportant un domaine skiable, Mais il y a une grosse difficulté à valoriser en préservant, puisque dans vaut aussi pour les communes de plaine d’altitude à fort développement résidentiel, presque tous les cas il s’agira de construction nouvelle, sauf à organiser les bien qu’il s’agisse alors d’une situation plutôt subie, et de plus en plus combattue. moyens du développement économique ou de l’exploitation touristique du site dans le bâti existant, et c’est alors la question de l’évolution démographique de Ainsi des communes ont-elles à faire face aux mêmes problèmes techniques la commune qui est posée. et socio-économiques de développement urbain, mais la cause principale en est la demande foncière, par nature diffuse et externe, et ne résultant pas globalement Concevoir et réaliser une ou plusieurs constructions nouvelles doit être d’une politique communale concertée. envisageable pour de telles communes, aussi bien pour de nouveaux bâtiments d’exploitation agricole que pour du logement ou une structure d’accueil et de La plupart des communes ont engagé la révision de leur PLU dans le sens gestion touristique. d’une réduction des espaces constructibles, trop largement établis par les anciens documents. Mais les POS ayant servis cette forte croissance du bâti depuis les années Il est alors bien entendu essentiel de recourir à une méthodologie de 90 n’avaient pas envisagés cette dernière comme un écueil potentiel, et la marche conception qui s’entourera dés le départ de toutes les compétences et avis, arrière dans ce domaine est toujours l’occasion de nombreux dilemmes. concernant aussi bien l’opportunité du projet que son site, son importance ou sa forme La loi SRU, venue en 2000 entre autre pour une gestion plus attentive des conditions du regain démographique des communes rurales, incite ces dernières au Exemples : resserrement et à la densification.

Pour autant, la nature même de la demande résidentielle et de l’habitat -Construction d’une nouvelle unité d’élevage à Mantet : oui, mais à coté de celles produit par le marché local ne correspond pas aux objectifs du développement qui existent déjà, même si les individualités s’affrontent. durable affichés par la loi. Ainsi la suppression des COS qui avait pour intention de favoriser la densification des zones UB existantes, s’est-elle souvent traduite par une -Aménagement de la zone des bains à Dorres : définir des besoins et des principes exploitation « ad limitum » des possibilités réglementaires des parcelles, bourrant avant d’en rechercher les financements, puis faire établir un ou plusieurs projets celles-ci même lorsqu’elles se trouvaient, encore, « en plein campagne ». Résultats : concurrents, soumis aux avis compétents du CAUE, du PARC, de l’ABF par des immeubles à la campagne, dans l’exploitation conjointe de POS généreux et exemple. d’une période de mutation agricole (récession ?...) Mieux vaut en effet ne rien faire que faire « avec les sous qu’on a… »

Pour ces communes néanmoins la question strictement urbaine se résume à -A Llo, la mise en exergue et l’exploitation des bains devrait pouvoir passer par opérer la révision de leur PLU dans les meilleurs délais. un projet à l’architecture en total décalage avec celle du village, s’intégrant par opposition ou tansparence.

- Nathalie Dumont-Fillon et Xavier Daures - Charte de paysage et d’urbanisme de la Vallée de la Têt et de ses affluents - 2007 - 58 Parc naturel régional des Pyrénées catalanes

Charte de paysage et d’urbanisme de la Vallée de la Têt et de ses affluents

Les bureaux d’études : Nathalie Dumont-Fillon Architecte-Paysagiste Dplg à Burret (09) Xavier Daures Architecte Dplg et Urbaniste à Pamiers (09)

Troisième partie

Les orientations

Charte de paysage et d’urbanisme - 2007 - Les orientations

Les orientations de la charte de paysage et d’urbanisme sont une étape importante de ce document-cadre, qui devient ainsi un contrat, support de propositions et non pas seulement d’inventaire comme peut le faire un atlas des paysages ou une étude Une série de tableaux présente les principaux thèmes d’action sur lesquels paysagère. une réflexion paysagère peut se mettre en place.

Bien entendu la charte est élaborée dans le cadre du Parc naturel, et donc rend - La première colonne donne les enjeux de base, qui sont généraux et pourraient réelle l’échelle intercommunale nécessaire au paysage mais aussi à l’urbanisme. Le s’appliquer à toute commune dans un cas comparable. diagnostic a notamment montré que la plupart des villages et hameaux sont visibles - La deuxième colonne indique des actions concrètes en terme de paysage, les uns des autres : l’échelle est celle des points de vue lointains ; cela n’interdit d’architecture ou d’écologie, y compris à plus long terme. pas, néanmoins, des actions plus localisées, par exemple au niveau du patrimoine - La troisième colonne mentionne soit des remarques complémentaires, soit des architectural. lieux qui méritent d’être considérés en priorité, par un rappel de l’analyse.

Trois types d’actions se dégagent dans cette charte : La charte de paysage et d’urbanisme peut également travailler sur des thèmes utiles à l’élaboration des projets communaux, tels que les implantations des futures -les actions concrètes, à court ou moyen terme constructions sur les parcelles en fonction des rues et dessertes, sur l’orientation du -la planification, qui passe par l’élaboration des documents d’urbanisme. Le lien entre bâti, la création de voiries, sur les usages des chemins et des espaces publics, sur paysage et urbanisme est développé en effet dans la partie précédente (les enjeux) et l’histoire des lieux, sur la possibilité de réinvestir des bâtiments existants, etc. dans celle)ci. -la pédagogie, action très dynamique dans un parc naturel régional, mais qui nécessite Dans tous les cas il convient d’orienter l’évolution des paysages à l’échelle une prise en compte du long terme. pluricommunale, c’est-à-dire soit à l’échelle de toutes les communes d’une des six chartes, soit par ensemble de communes sur la base d’une autre association. On La charte est une action publique à caractère incitatif (appuis techniques, voire citera par exemple le projet de la communauté de communes de Capcir, de réaliser financiers) et non pas à vocation dissuasive ou contraignante. Il s’agit donc d’encourager une zone artisanale intercommunale : c’est un excellent moyen en effet de projeter des comportements d’acteurs, soit en les initiant, soit en soutenant des démarches déjà l’avenir souhaitable à l’échelle du paysage. engagées. Il est nécessaire de préciser ici que la charte ne peut donc pas résoudre tous les aspects de la vie communale, mais se recentre sur des axes de paysagement et Il est vrai que certains aspects échappent à la charte, comme par exemple le d’urbanisme forts, si possible en les associant. Ainsi par exemple : souci de la maîtrise foncière par les communes elles-mêmes. Il convient donc de considérer la charte comme un simple outil qui permet au minimum : de porter un -le lien entre l’activité agricole, qui doit être encouragée et soutenue, et le développement diagnostic précis (qui pourra être remis à jour progressivement), de proposer aux maîtrisé des projets communaux ; habitants une meilleure connaissance de leur commune et d’engager le débat sur les ouvertures possibles, et bien entendu de permettre une articulation de plusieurs -l’appropriation des lieux par les habitants, grâce à des actions concrètes (par échelles de connaissance, entre la dimension du parc naturel régional dans son exemple l’ouverture d’un chemin en bord de rivière) ou des supports scientifiques et ensemble (64 communes), celle des communes ou des habitants (en particulier, pédagogiques (par exemple le travail sur la production de photographies). une articulation entre la charte de paysage et d’urbanisme et les documents d’urbanisme). Il semble essentiel de conserver une orientation large, dans laquelle chaque commune puisse choisir ce qui lui convient le mieux, c’est pourquoi des tableaux sont présentés plus loin. En effet, il a été décidé de ne pas choisir une action par lieu précis, mais au contraire de travailler sur les enjeux et principes pour ensuite rechercher les communes intéressées par le projet. Cela offre plus de souplesse pour ajouter ou retrancher des lieux par la suite du temps.

- Nathalie Dumont-Fillon et Xavier Daures - Charte de paysage et d’urbanisme de la Vallée de la Têt et de ses affluents - 2007 - 60 Les orientations

enjeux principes actions lieux • La mobilité des habitants • Offrir aux habitants permanents et aux • Documents d’urbanisme, mixité de loge- • Communes qui élabore une nouveaux habitants une qualité du cadre de ments, zones artisanales de qualité, voir aussi carte communale ou un PLU vie ci-après «Le Tour du village», etc.

• La reconnaissance des paysages • Aménager l’espace public • Favoriser la multifonctionnalité des • Communes touristiques, sites importants sur le plan local et des • Reconquérir les cours d’eau chemins : pour se promener mais aussi pour pittoresques et classés, mais usages • Identifier des cônes de vue relancer des usages (pêche, relance des aussi paysages ordinaires • Révéler des lieux que les habitants ne cressonnières, pédagogie, patrimoine à voir connaissent plus. type ponts ou moulins) et organiser les station- nements, arrêts de bus, etc.

• Maintenir les coupures d’urbanisation et • Concilier différentes fonctions : produc- • Actions en liens avec les agriculteurs, • Territoires agricoles et l’activité agricole non morcelée. tion, écologie, hydraulique, récréatif, etc. contrats de rivières, paysagistes, forestiers, forestiers, etc. rivières, bocage,

• La production d’un paysage touristique • Rétablir des relations physiques, par ex. • Mise en place d’une charte de la signalétique •Les communes traversées par attractif entre les gares et les centres villages • Création d’abri-bus et de mobiliers urbains un axe important • La mise en valeur des villages • Poursuite d’enfouissement de réseaux

• L’orientation de l’évolution des paysages • Travailler à l’échelle du paysage inter- • Création d’un itinéraire du Tour du village • Toutes communes en centre communal Mise en place de documents d’urbanisme, bourg ou pour les hameau • Etablir une planification intercommunale réflexion sur des axes tels que la densité, le • Rétablir des relations visuelles point mort du nombre de logements, etc.

• La reconnaissance de structures paysagè- • Valeurs historiques, archéologiques, éco- • Entretien des bords de rivières, des lisières, • L’exemple des paysages de res et la transmission des patrimoines logiques et paysagères à maintenir voire à replantations de bocoges, vergers, plantes mel- bocage, de vallée et ripisylve, enrichir (notion de patrimoine, y compris lifères pour les abeilles, acquisitions foncières etc. les usages et savoir-faire) • Actions à caractère artistique, photographie, etc.

- Nathalie Dumont-Fillon et Xavier Daures - Charte de paysage et d’urbanisme de la Vallée de la Têt et de ses affluents - 2007 - 61 Les orientations LA PLANIFICATION ET LA GESTION COMMUNALES On ne saurait plus vraiment organiser de nouvelles extensions qui préserveraient, La composition urbaine : aux limites du village, la mitoyenneté, la densité, la continuité du bâti, et la continuité de formes architecturale, de matériaux et de couleurs qui confèrent au Pour ce qui concerne les principales caractéristiques des schémas urbains, village initial toute son attractivité. comme on l’a vu ci-avant, on peut distinguer plusieurs typologies, de création et de développement communal, dont le partage sur le territoire ne recouvre pas exactement Il faut également souligner que, particulièrement dans les zones à fort relief, le découpage des chartes : comme on l’a évoqué ci-avant, l’implantation urbaine d’un village répond à des contingences fortes – topographie, exposition, économie de l’espace et gestion -les territoires ouverts de la basse vallée de la Têt, des accès – ayant généré, souvent autour de l’église et ou d’une place centrale, -les territoires ouverts des Cerdagnes et du Capcir un ensemble occupant son site de manière ordonnée, cohérente et pleine. -les territoires à faible potentiel urbain : Conflent, Garrotxes, hautes vallées de Castellane, L’enchainement des générations, la satisfaction des besoins nouveaux apparus Rotja et Cady au long de l’histoire initiale du village, ont fait que souvent, le site se trouvant -Les stations de ski limité, est quasi totalement occupé, même si certaines constructions du tissu ancien deviennent vétustes et ruines. De même, à l’intérieur de certaines de ces entités, faut-il distinguer les communes selon leur typologie, leur mode propre de développement et leur patrimoine. Ce schéma est notamment celui de quelques unes des plus belles communes du Parc, toujours remarquées par le visiteur : Ria Sirach, Mosset, Nohèdes, Urbanya, Les sujets essentiels à traiter dans ce cadre sont : Jujol, Mantet, Py, Canaveilles, Evol, Prats Balaguer, Ayguatébia, Railleu, Llo, Dorres, Oreilla, Les Angles, …sans parler de Villefranche ou Mont-Louis, cas => La continuité ou la discontinuité du tissu urbain, qu’il faudra envisager au regard particuliers. des différentes études réalisées sur le sujet, notamment celles conduites par le CAUE sur chacune des communes concernées par le grand site du Canigou, et qu’on pourrait On voit bien dans ces cas la difficulté que l’on a de trouver le mode d’extension généraliser. correct, qui proposera de nouvelles possibilités constructives sans nuire à l’intérêt paysager du village. => Les équilibres et des objectifs que les communes souhaitent assigner à leur PADD. => Deux voies sont possibles : => Les axes particuliers que peuvent représenter certaines spécificités : commerciale, touristique, ou reliées à la santé par exemple, et les impacts sur le paysage. A) La construction dans la continuité du bâti, si la topographie s’y prête, si la commune a la maîtrise foncière des terrains, s’il y a un porteur pour le projet, Continuité / discontinuité du domaine bâti : et si celui-ci reste à l’échelle du village. Dans ce cas la commune, assistée des compétences voulues, doit pouvoir s’assurer de la qualité architecturale du projet, Cet aspect du développement communal pose dans de nombreux cas des problèmes y compris lors de l’examen du permis de construire global qu’il suppose. d’évaluation au concepteur du plan de développement durable (PADD). En effet, entrent en jeu des considérations antagonistes, dont la source principale se B) La création d’un hameau nouveau, suffisamment distinct du bourg, mais trouve dans l’évolution radicale des besoins, des moyens et des normes actuelles (normes raisonnablement accessible et viabilisable. Dans ce cas ce sera la vue large dont réglementaires, mais aussi sociologiques et culturelles), qui pratiquement interdisent la il faudra tenir compte au plan paysager, dés la conception du PLU, mais la liberté reproduction des typologies urbaines initiales. architecturale du projet peut alors être meilleure.

Les modèles et pratiques qui ont régit la création et le développement des villages, depuis l’antiquité jusqu’au milieu du XXème siècle, sont très difficilement reproductibles aujourd’hui.

- Nathalie Dumont-Fillon et Xavier Daures - Charte de paysage et d’urbanisme de la Vallée de la Têt et de ses affluents - 2007 - 62 Les orientations

Les liens entre le paysage, l’architecture et l’urbanisme La première étape de l’aménagement urbain concerne l’étude de toutes les possibilités de localisation intéressantes selon divers critères (la déclivité de terrain, l’association au tissu existant, les coupures vertes, etc.) ou au contraire l’affirmation Aucune règle générale ne peut ici être formulée pour un choix entre claire d’un projet qui s’impose. ces deux possibilités (continuité du bâti ou hameau nouveau), tant est grande la diversité des problématiques communales. La deuxième étape est la rédaction du règlement de PLU, pour minimiser les impacts de la construction : une limitation des hauteurs, un contrôle des densités, mais Ainsi, dans une démarche attentive à cette question, les communes aussi des recommandations architecturales…. ces dernière devront toujours rester devront pouvoir s’appuyer sur les études réalisées (par le CAUE notamment), simples et générales, ne viser qu’à garantir une certaine homogénéité d’aspect… et en tous cas dans sa concertation, pour définir les principales caractéristiques paysagères qu’elles donneront à leur PADD. Et si possible avant toute autre La limitation de la hauteur constructible peut être une bonne réponse, mais elle recherche sur le plan foncier. ne donne ni une solution générale, ni une garantie de résultat. En effet, dans certains cas, la concentration vaut mieux que le bâti diffus, et il suffit quelquefois d’une seule Cette préoccupation rejoindra celle consistant, ayant retenu un bureau construction pour prendre une importance très visible dans les paysages. d’études aux compétences paysagères, à lui demander d’établir par priorité une réponse sur le sujet. • Les équilibres :

Dans les principes généraux qui régissent le cadre bâti d’une commune, et son Par ailleurs, s’agissant des communes qui ne connaissent pas ce niveau évolution, quelques équilibres contribuent à déterminer le paysage urbain communal, d’adéquation au site, bénéficiant au contraire d’assez larges espaces potentiels soit directement, soit par un effet secondaire. Parmi ces paramètres, dont on sait bien par – Haute et Basse Cerdagne, Capcir, basse vallée de la Têt – la question de la ailleurs que les valeurs recherchées répondent le plus souvent à des préoccupations « non continuité du tissu urbain ne se pose pas de la même façon. paysagères », quelques-uns peuvent retenir l’attention dans la démarche du PADD :

En revanche, ces communes situées en plaine d’altitude sont très -Le rapport habitat collectif/habitat individuel convoitées, et à la vue de tous dans un paysage ouvert cerné de reliefs : Saint- -Le rapport habitat permanent/résidences secondaires Léocadie, Estavar, Palau, Osséja, Nahuja, Saillagouse, Bolquère, La Cabanasse, -Le bourg centre : restructuration urbaine ou réhabilitation des vacants ? Puyvalador, Real, Matemale, mais aussi Catllar, Fuilla, Corneilla en sont les -L’arbitrage entre pression urbaine et résistance agricole (lié à la vocation principaux exemples. communale) -Le taux de développement communal, et le choix des cibles privilégiées : Pour ces communes, bien que l’on constate souvent une volonté de ne habitat, emploi, commerce, tourisme? pas étendre les zones constructibles existantes, et une démarche de resserrement -La valorisation de l’espace paysager collectif (densité) ou protection des autour du bourg centre pour les nouveaux documents d’urbanisme, il y a lieu situations individuelles (mitage) ? de porter la plus grande attention à l’impact très important qu’une construction -Quel engagement communal dans une démarche pour la maîtrise nouvelle peut avoir dans le paysage large général. foncière ?

On voit bien les impacts sur l’évolution du paysage bâti communal que pourront avoir, à plus ou moins long terme, les orientations prises lors de l’élaboration d’un document d’urbanisme comme le PLU.

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Les perspectives de développement sont très inégales, mais le paysage Quatre pistes de réflexions pour les orientations en terme d’urbanisme reste le bien commun. Les chartes devraient opérer une certaine péréquation paysagère : 1 - Evolution du parc bâti : Vieillissement et obsolescence du parc existant, lequel accueille l’essentiel du - équilibre raisonné des extensions du bâti, en partant des besoins (individuel/ développement local. Par contre, le parc à venir est déjà orienté par le coût du collectif/accession/locatif/groupé/rénové/saisonnier/résidence secondaire, etc.) foncier vers de l’habitat résidentiel, pour une population nouvelle nantie et - au niveau du canton (ou plus facilement de la Communauté de communes) travaillant hors du pays, ou même des RS. Ceci concerne bien sur les communes - et les répartissant harmonieusement dans les différentes communes, selon comportant quelques espaces ouverts. (par exemple Cattlar, Fuilla, Corneilla) des considérations urbaines et paysagères, et non seulement opportunistes. 2 - Evolution de la demande : pression foncière, RS, 2, 3, 4 faces ? Objectif : ne pas augmenter des déséquilibres intercommunaux dangereux, Ici encore plus qu’ailleurs, la création et l’entretien des routes, le stationnement ne pas doublonner, homogénéiser les efforts réglementaires, harmoniser le des véhicules, l’alimentation en eau et l’assainissement, la mise à niveau des développement local en améliorant le niveau identitaire du Parc. équipements auront du mal à suivre une demande nouvelle qui s’enflerait notablement, si la poussée de l’exode urbain devait perdurer, en provenance de Prades, Perpignan ou même Barcelone. Il y a lieu de se poser la question de la Pour cela un outil : Le document d’urbanisme à pertinence de l’ouverture massive à la construction de terrains qui se trouveront composante intercommunale nécessairement livrés à la spéculation immobilière, excluant les accédants locaux, et produisant de l’habitat non structurant. L’activité économique temporaire qui OBJECTIF 1 : en résulte, essentiellement au niveau du secteur construction, ne fera le plus La préservation et la valorisation durables des patrimoines paysagers du Parc sont souvent que masquer une dérive palliative mais finalement coûteuse. d’intérêt collectif, et prévalent sur les intérêts de chaque commune. 3 - La révision des documents d’urbanisme : un système qui, d’une OBJECTIF 2 : manière générale, favorise les démarches d’opportunité, l’opérabilité rapide dans En l’absence de SCOT opposable, tous les nouveaux PLU seront élaborés grâce l’abstraction du long terme. La faible disponibilité de terrains constructibles à une approche intercommunale, soit dans la compétence de la Communauté de conduit les communes à renverser la méthodologie des études de révision, communes lorsque cela est envisageable, soit dans la recherche d’une concertation en partant des opportunités foncières pressenties, et en cherchant à acter leur spécifique définie dans ce but, par un groupe de communes voisines se reconnaissant constructibilité à travers un nouveau zonage, au dépend de toutes les considérations une réciprocité de paysage et une communauté d’intérêt sur ce plan. urbaines, viaires et surtout paysagères. Ce principe a l’avantage de l’efficacité immédiate, permettant une mise en œuvre rapide du nouveau schéma urbain, OBJECTIF 3 : mais corollairement ne correspond à aucun objectif durable. Toutes les études d’élaboration ou de révision des documents d’urbanisme aborderont leur diagnostic sous l’angle paysager par priorité. 4 - Les nouveaux habitants : Dans le Conflent et la Castellane, hors la partie basse (Catllar, vallée de la Rotja..), on constate plutôt une certaine Le contenu de l’étude paysagère inclus les paysages agricoles et les paysages corrélation entre besoins locaux et développement (d’ailleurs assez modéré). forestiers. Mais certaines communes peuvent se trouver affrontées à une demande excessive et destructurante. Les attendus de la promotion immobilière ne comprennent pas les attentions particulières dues au tissu urbain existant, à l’habitat ancien, au respect des paysages et des sites.

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Les actions liées à l’activité touristique et au développement durable

Il faut accompagner la prise de conscience émergente de l’enjeu touristique, du Ces thèmes sont ceux des matériaux, couleurs, poids que pourra représenter le capital paysage dans la balance économique de l’avenir. proportions, rapports pleins/ vides et formes des percements, prise de site, conception de charpente et mode de couverture, La difficulté reste celle de l’évaluation de la valeur exploitable de ce capital, à court, décors, finitions et traitement végétal pour l’essentiel. moyen et long terme, et de l’impact du développement du cadre bâti sur cette valeur. Il faut accueillir des visiteurs pour «vendre le paysage», mais les structures d’accueil ne Au cœur des agglomérations, ils recoupent également vont-elles pas en affaiblir l’attractivité ? les problématiques récurrentes des petites extensions, modifications ou surélévations du bâti existant. Valorisation La réponse contient des termes de mesure et des termes de qualité. ou abolition, les acquis et savoir-faire qui ont produit les formes traditionnelles sont-ils aujourd’hui obsolètes ? Sur le plan de la mesure, quel est le bon compromis entre l’accueil et la préservation ? Ils recoupent également les thèmes dits de « développement durable », notamment au plan des énergies : Les principaux enjeux, mais de taille, demeurent l’harmonisation intercommunale prise en compte du potentiel solaire, de la géothermie, des du développement et, surtout, la maîtrise de ses équilibres démographiques, économiques ressources éoliennes et hydrauliques. et sociologiques. L’ensemble de ces thèmes sera traité dans les cahiers de Sur le plan qualitatif, et c’est là tout d’abord que la charte intervient, en dehors des recommandations associés aux chartes, et proposé de façon préoccupations indiquées ci-dessus et relatives quelque part aux formes architecturales didactique, graphique et en lecture directe utilisable à toutes et urbaines que produira le développement, la charte doit fournir, à tous les opérateurs, fins. le référentiel qui leur permette d’associer leur action à celle du sens commun, plutôt que d’en produire une aberration. Le sens commun s’entend, ici, pour l’action en faveur de la qualité des paysages urbains : respect raisonné du patrimoine, règles de prise en compte des besoins nouveaux et des moyens offerts pour y répondre.

- Nathalie Dumont-Fillon et Xavier Daures - Charte de paysage et d’urbanisme de la Vallée de la Têt et de ses affluents - 2007 - 65 Table des figures

Figure 1 Routes et glissières, lumières des paysages autour de Conat p.2 Figure 2 Les noms des lieux p.2 Figure 3 Situation p.5 Figure 4 Périmètres et hydrographie Carte Nathalie Dumont-Fillon p.6 Figures 5 Les périmètres des cinq autres chartes (sur le fond IGN 25/000) p.7 Figure 6 La Charte de la vallée de la Têt et de ses affluents p.8 Figure 7 La Charte de la vallée de la Têt et de ses affluents p.9 Figure 8 L’aménagement des villages : accès, traversées, accueils p.10 Figure 9 L’intérieur d’un village : le paysage quotidien p.11 Figure 10 Les variations de la population permanente p.11 Figure 11L’importance des cours d’eau p.12 Figure 12 L’art p.12 Figure 12 bis Présentation des communes (sur carte du relief) p.13 Figure 13 Le profil du village dans le paysage (ex : Vernet-les-Bains) p.14 Figure 14 l’importance du réseau de canaux d’arrosage, ici l’exemple de Serdinya (source Loeillet op. cit.) p.14 Figure 15 L’ermitage (Notre-Dame de Vie) Source : page 86 p.15 Figure 16 Villefranche, Archives personnelles Madame le Maire p.15 Figure 17 Une situation exceptionnelle dans l’ombre et le creu de la paroi verticale p.16 Figure 18 Une montagne extrémement imposante car monumentale p.16 Figure bis La topographie du parc naturel régional Carte Nathalie Dumont-Fillon p.17 Figures 19 Les villages soumis aux fortes pentes p.18 Figure 19 Bis Présentation des communes (sur carte du relief) p.19 Figure 20 Bloc-diagramme réalisé d’après la maquette dans l’étude urbaine de Serdinya p.20 Figure 20 bis Routes et perceptions des paysages p.21 Figure 21 le chevelu hydrographique du Parc Carte Nathalie Dumont-Fillon p.22 Figure 22 Les espaces publics, les stockages p.23 Figure 23 Les espaces publics, les fontaines p.23 Figure 24 Les dynamiques p.24 Figure 25 Les vues caractéristiques p.24 Figure 25 bis La carte du XVIIIe siècle p.25 Figure 26 Urbanya p.26 Figure 27 Equipements p.26 Figure 27 bis Présentation des communes (sur carte du relief) suite 3 p.27

- Nathalie Dumont-Fillon et Xavier Daures - Charte de paysage et d’urbanisme de la Vallée de la Têt et de ses affluents - 2007 - 66 Table des figures Figure 28 Voies et paysages p.28 Figure 29 Ponts p.28 Figure 30 Les dominantes de terrasses de culture p.29 Figure 31 cliché Nicolas Pettini (Cortal près de Jujols). p.31 Figure 31 Bis Dessin présenté dans l’étude d’urbanisme de Serdinya (Loeillet et al.) p.31 Figure 32 Les relations entre la route et le paysage p.33 Figure 33 L’implantation réussie par rapport aux points de vue dominants cliché NDF p.34 Figure 34 La différence entre un tissu bâti et les limites communales p.35 Figure 35 Les vues panoramiques p.36 Figure 36 Terrasses de culture p.36 Figure 36 Bis La Tour de Goa et le massif du Canigou, dessin NP p.37 Figure 37 Le réseau des signaux p.37 Figure 38 L’art (source Guide du patrimoine cité) p.38 Figure 38 Bis Les paysages et la géologie, ici Jujols. Source Internet recherches en pédopaysages p.38 Figures 39 Le contact franc avec les éléments du paysage p.39 Figure 40 Plan de Mantet p.40 Figure 41 Déjà en déclins, les mines de fer deviennent des lieux de simples visites touristiques, comme le montrent ces gravures. Source page 62 p.40 Figure 42 Plans p.41 Figure 43 Travail artistique de Marianne Carr au col de Mantet (source Monsieur Claude Guisset conservateur) p.42 Figure 39 Les Ruines qui émergent dans les paysages sont aussi un motif caractéristique de ce genre artistique. Source Page 112 p.42 Figure 45 L’importance des peupliers d’Italie, toujours présents dans les paysages actuels du parc naturel p.43 Figure 46 Les sites aménagés (les gorges de la Carança, cliché NP) p.43 Figure 47 Jujols et son implantation en fortes pentes p.44 Figures 48 Village de Sauto et de Fontpedrouse, clichés NP. p.46 Figure 49 Bas et Haut-Conflent p.47 Figures 50 Randonnée p.48

Sources des cartes : -Rando Editions Carte de randonnées n°8 Cerdagne-Capcir, Font-Romeu - Ax-les-Thermes Echelle 1/50 000 Echelle 1/25 000 carte topographique Top 25 : -Les “Petits” Guides Rando Pyrénées Roussillon. Randonnées en Haut-Conflent “Le Pays des légendes” Sideco 2003 - IGN Font-Romeu Capcir 2249 ET -Les “Petits” Guides Rando Pyrénées Roussillon. Randonnées en Vallée de la Castellane et IGN Bourg-Madame Col de Puymorens Pic Carlit 2249 OT dans le Massif du Madres. Maître d’ouvrage Charte intercommunale Prades Conflent 2002. IGN Bourg-Madame Mont-Louis Col de la Perche 2250 ET -IGN 1974 à l’échelle 1/100 000 Saint-Gaudens Andorre n°71. IGN Prades Saint-Paul-de-Fenouillet 2348 ET -Carte GéoRelief éditée par Media Plus à Toulouse (www.georelief.com) IGN Massif du Canigou 2349 ET intitulée Catalunya Nord par Terra Nostra 2004 (BP 50 à 66 500 Prada).

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- Claude Laporte. 1986. En parcourant le Conflent pittoresque. Revue bimestrielle Conflent n°142-143. Pages consultées : 22 (Vue générale de Prades, avec des peupliers d’Italie), 34 (Les bains de Molitg), 60 (Ambouilla), 62 (mines de fer) 68-69 (Rià) 47 (Jean-Louis Tirpenne), 72 (Villefranche), 86 (l’Ermitage Saint-Pierre, Notre-Dame-de-Vie), 89 (Corneilla), 96 à 109, 110 (Taylor), 112 (Ruines de l’Abbaye de Saint-Martin),124 (Olette), 128-129 (Planès).

- Jean Ribas 1996 L’aventure du Canigou. (dont la brèche dynamitée 1896 article de l’Indépendant, et les étagements de végétation par Adolphe Joanne en 1858).

- André Lévy (dir.) 1999. Le dictionnaire des Pyrénées. Encyclopédie illustrée France-Espagne. Editions Privat. 931 p. (en bibliothèque de l’IUFM de Foix)

- Miquel Perpinyà. Les Mossetans ! L’âme d’une vallée. 2005. édition les Presses littéraires. (en librairies)

- Jean-Claude Flamant et Serge Thierry. Nouvelles Pyrénées, paysans, paysages produits Editions Glénat (en librairie)

- Chambre d’agriculture du Roussillon Etude pour la prise en compte de l’agriculture dans la Charte du PNR. Septembre 2006. 36 p. (disponible sur le site de l’Internet du parc naturel régional).

- Pierre Vidal. Souvenirs d’un touriste. Excursions et ascencions dans les montagnes du massif de Carlit (Cerdagne française).1887. Edité par Lacour en novembre 2006. (en librairies)

- Guy Durbet (Association culturelle de Villefranche-de-Conflent).La belle époque dans les Pyrénées-orientales. Cinq balades patrimoine. Septembre 2001. Photographies de Rose-Maria Soria. (en librairies)

- Marie-Hélène Solère. Les tours à signaux. 15 randonnées patrimoine dans les Pyrénées-orientales. 1992. (en librairies)

-Joëlle Wintrebert. Le canari fantôme. 2005. Editions Balzac (roman). (en librairies)

-Paul Palau et Françoise Demelin. Le train Jaune Editions objectif sud (en librairie)

-Revues trimestrielles de Vernet-les-Bains, mensuel Eldorado Catalan et Terres Catalanes, etc.

-Base de données Sols et Paysages http://www.umr-lisah.fr/Paysages/Asp/PresenteGen.asp -Catalogue d’exposition : Paysages....au-delà de la carte postale. Caue de l’Aude 2005 (commentaires des maires sur des clichés photographiques contemporains). -Article : «Peut-on transformer les résidents secondaires en résidents permanents ? L’exemple de la vallée de l’Ance (Auvergne). Mise en place d’une stratégie de fidélisation des résidents secondaires. «Marie-Hélène Dasse et Bernard Aubert [email protected] Novembre 2000, revue Espaces 176, pp. 22-27

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Quelques autres documents consultés pour l’ensemble des six chartes : Quelques principales sources sur la Toile :

- Aquarelles et étude de Marianne Carr. Projet de mise en valeur du patrimoine. Schéma - Base des monuments historiques (recherche par commune) sur Mérimée préliminaire d’interprétation au Col de Mantet et au refuge de l’Alemany. Document de sur http://www.culture.gouv.fr:80/public/mistral/merimee_fr travail de décembre 1999 (source Monsieur Claude Guisset conservateur de la réserve - Cartes de Cassini sur http://cassini.ehess.fr naturelle de Mantet et de Py) - Autres http://histoireduroussillon.free.fr/Thematiques/ Batiments/Histoire/Megalithes.php - Cassette Vhs “La semaine des foins. Py du 2 au 8 juillet 2001.”Association gestionnaire de http://jeantosti.com/hautconflent/serdinya.jpg la réserve naturelle de Py. Créapolis. http://jeantosti.com/trainjaune/10.jpg http://jeantosti.com/molig/03.jpg - Collectif. De l’eau et des hommes en terre catalane (Numa Broc “La maîtrise de l’eau dans http://jeantosti.com/villages/jujols/jujols3.jpg les Pyrénées Orientales aux XIXe siècle et XXe siècle” pp.219-266, Michel Brunet “La http://www.molitg.com/ guerre de l’eau. Du milieu du XVIIe au milieu du XIXe siècle”, Sylvie Caucanas “Energie - Capture de Sainte-Léocadie sur le site www.sainte.leocadie.fr hydraulique et irrigation en Roussillon du IXe au XVe siècle”, Bertrand Desailly) - Les pédopaysages sur www.umr-lisah.fr/Paysages - Clichés d’Escaro sur le site internet du photographe Noël Hautemanière - Article «Brûlages dirigés dans la réserve naturelle : bienfait ou nuisance ?» La lettre de sur www.hautemaniere.com Nohèdes, n°4, avril 2007 - Article «La ‘Festa del Paller’» (Françoise Démelin, photos Noël Hautemanière) , Terres - Johan Milian. Décembre 2004. Protection de la nature et développement Catalanes, pp. 88-95. territorial dans les Pyrénées. Thèse pour l’obtention du titre de Docteur de - Article : carte d’ Annie de Pous. Terres Catalanes, n°47 mars-avril-mai 2007, page 83. l’Université de Toulouse-Le Mirail, Géographie & Aménagement. Sous la - Loeillet et Martinez et al. Etude de Serdinya. Notamment page 8. direction de Monique Barrué-Pastor (en intégralité sur l’Internet) - Documents sur Villefranche de Conflent : archives personnelles Madame le Maire Claire Sarda-Vergès et Archives municipales. Autres informations :

- Cliché légendé “Souanyas, au dessus d’Olette, en rive droite de la Têt, août 2006” issu du - Sur la différence entre cartes et paysages, voir notamment page 49 et magazine des réserves naturelles catalanes spécial paysages. suivantes, dans : Yves Lacoste. 1990. Paysages politiques. Le livre de poche. 284 p. - Jean-Marie Pérouse de Montclos et Cécile Césari. 1996. Guide du patrimoine : Languedoc- - Définition (rappel) : L’anticlinal est la partie du pli dans laquelleles Roussillon. Editions Hachette Tourisme, 606 p. Corneilla : église Sainte-Marie, vue de Thierry couches s’inclinent en sens opposé. Le synclinal est la partie du pli dans publiée dans les Voyages pittoresques et romantiques dans l’ancienne France de Taylor et laquelle les couches convergent vers la même direction. Nodier et A. de Cailleux (1837), légende de la page 223. Mont-Louis. Relevé Monuments - Sophie Le Floch, ingénieur au Cemagref de Bordeaux, cf. par exemple : Le historiques Popper 1947 (légendé page 299) Ce guide présente aussi Yravals : l’église Saint- Floch Sophie et Devanne Anne-Sophie. 2002. «La notion de ‘fermeture du Fructueux (illustration du retable de Sainte-Marthe) ; Saint-Martin-du-Canigou ; Odeillo paysage’ : trente années de succès sur la scène institutionnelle française». (four solaire) ; Cuxa (chapiteaux) 26 p. Le Floch Sophie et Devanne Anne-Sophie. 2004. D’espace public en espaces ouverts. Exploration bibliographique sur le thème des interrelations entre personnes et entre personnes et environnement physique. Bordeaux, Cemagref, 30 p.

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Centre de documentation du Caue des Pyrénées-Orientales

- Caue, Siparc, Diren, Conseil Général. Le grand site du Canigou, les villages dans leur paysage, à l’échelle du massif. Juillet 2003. Le Caue est chargé de donner des recommandations pour les 40 villages de ce périmètre.

Extraits : approche territoriale sur carte au 1/25 000, 2-5 le patrimoine naturel : forêt de pins Salzmann de la serrat des Garbères, grotte des canalettes, vallon de belloc, trouée d’ambouillet, chaîne du Puigmal et vallées adjacentes, vallée supérieure du Cady, etc. 2-6 les mines et carrières (sur carte : une trentaine, non nommées) 2-7 l’occupation du sol, dont dominante rochers au sommet, forets et landes, mais aussi vergers et vignes autour de Prades 2-8 : une très intéressante carte des limites communales du massif du Canigou, qui comprend sur ses marges nord et est : Prades, Campôme, Ria-Sirach, Villefranche, Fuilla, Escaro, Sahorre, Py, Mantet, mais aussi : Prats de Mollo, , Casteil, Vernet, , etc., et enfin à l’est jusqu’à Amélie les bains, Arles sur Tech, , , Saint-Marsal, Rodès, Boule d’Amont, etc. 2-9 Importance des mas et du bâti dispersé, notamment au nord du massif, de Vernet et Fuilla jusqu’à Prades Chapitre 3 intitulé «perception des paysages et des villages depuis les axes d’entrées et de liaison principaux» (entre villages, à la traversée des villages, ou aux abords des villages)

Chapitre 4 Recommandations : la «première impression» insiste notamment sur les toitures et la structure originelle du village vue de plus haut, comme à Py (où une photo montre l’entrée vue de la route, avec beaux murs de pierres sèches et terrasses ; à l’entrée, Campôme montre ses murs de soutènement en pierre, alignements d’arbres et pont de pierre ; à Corneilla, son aqueduc qui traverse la route ; pour les traversées, l’accès diffère selon la structure historique, un village autour de l’église, autour du château (Ria, Vernet) ou autour des mas agricoles comme à Aytua (hameau d’Escaro), et Fuilla ; ou des ensembles en plusieurs unités, comme à Sahorre. Sur un replat (Fuilla), sur les flancs (Thorrent, Amélie les Bains), étagé autour de la colline (). Pour les extensions, le Caue indique qu’il faut éviter la concurrence, afin que le village domine et que le nouveau bâti ou lotissement soit lisible comme un quartier du village. Dans tous les cas y compris pour l’architecture (matériaux, ouvertures), s’inspirer des modèles locaux.

Le tome 1 aborde la Têt et ses affluents (approche fine par commune, d’où volume très épais), le tome 2 aborde les mêmes thèmes pour le versant est et l’Aspres, le tome 3 pour le versand sud et le Tech. Pour chaque village, des cahiers de photos (portes, matériaux, etc.), des cartes du relief et du village (intéressants cadastres au format A4), des avis pour maintenir l’aspect actuel, améliorer certaines entrées, garder des espaces ouverts (Fuilla) entre les trois villages, soigner les abords de routes ou veiller à ne pas encombrer les espaces libres, instaurer des nuanciers de couleurs.

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Florence Babics architecte du patrimoine, Thierry Viviant paysagiste dplg. Caue. Les plus beaux villages de France en Pays Catalan. Mosset. Plan de rénovation de hameau et village. Janvier 2004. Très belles cartes en couleurs, étude des canaux, nombreuxe croquis et photos de détails d’architecture (encadrement des portes, lintaux....qui nous apprenent à observer !), etc.

NP Des Sources

Centre de documentation du Caue des Pyrénées-Orientales

- Caue, Chambre agriculture, Conseil Général. Conflent, diagnostic de territoire préalable - Guy Durbet. 2003. Les remparts de Villefranche, balade patrimoine. à la mise en place des contrats territoriaux dans le cadre de la loi d’orientation agricole de 1999. Synthèse avril 2000. Intéressante synthèse en trois pointes de triangle avec - Abbé Giralt (curé de Fuilla vers 1896). La vicomté d’Évol et les communes du «hommes» (socio-économique), «milieu naturel» (paysage, crise de l’arboriculture, peu Haut-Conflent, le livre d’histoire, 398 pages, rééditions des années 1896. de maîtrise du foncier, etc.) et «activités» (élevage dynamique, hydroélectricité, etc.) - Yves Hoffmann (textes), Paul Goudin et Robert Orsingher (photographies). - Terres romanes en pays catalan. Cartographie Pays terres romanes en pays catalan, 1991. Font-Romeu, un balcon au soleil. Editions ISO. 2003. Données très intéressantes sur des cartes d’ensemble où figurent les limites de chaque commune, on y lit aisément les données de population, climatiques, les canaux, - Castellnou (collection beaux villages de france) les systèmes aquifères, etc. et des sources anciennes (canaux en 1874). Dominantes : le Granit, globalement de Porta à Sansa (et un peu à Py) et vers Mosset ; les - Chambre des Métiers des Pyrénées-Orientales. Batir, rénover, réhabiliter en schistes de Jujols et de Canaveilles (Valcebollère, Palau, Osseja) et les calcaires (Olette). Pyrénées Roussillon. Tome 1 : la Cerdagne et le Capcir (attention un autre tome Les Gneiss du Casami ou «oeillés» (Fontpédrouse à Souanyas) ; schistes et micashistes est seulement «Aspres»). Dessins de Magdeleine Knyszewski. Extraits : la ferme (Err et Llo). Evolution de la population entre 1861 et 1999 (source Communoscope sur relief doux (Cal Mateu), sur relief faible (Dorres) ou très abrupt (Sauto) ; 1998) avec une baisse forte partout sauf vers Ria et Vernet-les-Bains, Ille-sur-Têt et la production laitière du Capcir : aménagement au rez-de-chaussée des fermes Millas, et à l’ouest du périmètre en Cerdagne et en vallée du Carol : Saillagouse, Sainte- de laiterie, fromagerie et pièce de conservation des fromages. Photos de Ferme Léocadie, Osseja, Palau-de-Cerdagne, Bourg-Madame, Font-Romeu, Egat, Bolquère, Duran à Brangoly, de ferme bien réhabilitée à Ur. Typologie des piliers de granges La Cabanasse, Angoustrine et Enveitg. (au moins six !) ; éléments publics : l’exemple de Dorres.

- CAUE des Pyrénées-Orientales. 1996. Synthèse du Schéma de cohérence de 1996 à la - Parc naturel régional. Avril 2003. Guide pratique des acteurs du patrimoine. 19 demande du SIVOM : étude paysagère de Llo, étude paysagère de Err, étude paysagère p. (sur papier simple) d’Estavar et étude paysagère de Sainte-Léocadie. Commentaire NDF : ces quatre documents sont des originaux au format A3 donc fragiles, qu’il faudrait numériser pour - Extraits : mégalithes étudiés par Pierre Campmajo, qui cite Abelanet 1990 archivage... notons aussi qu’aucune liste globale des études du Caue n’existe actuellement. (bibliographie ?) Ces études montrent très bien la place de la route et des villages en fonction du relief... - EDF, PACT Pyrénées-Orientales. Février 1988. Connaissance de l’habitat - Jean-Marie Rosenstein, Guy Barnades. 1998. «Graus de Canavelle, Oleta, Toès, stations existant, le bâti ancien en Roussillon. (brochure) sous la direction de François thermales d’Antan», revue Terra Nostra, 97, 80 p. Roblin et de Henri Mallac. Conseiller technique de la collection Patrick de Maisonneuve architecte ; bilingue, 216 p. - Jean Bousquet. 1999. Mosset, le vingtième siècle d’un village pyrénéen. 22 p. Contient un chapitre «mutations» des paysages depuis les années 1930, le seigle et (donc) les - Le paysage rural et ses acteurs. Première journée d’étude du Centre de recherches cortals abandonnés en premier lieu. historiques sur les sociétés méditerranéennes. Perpignan 1995 ; études réunies par Aline Rousselle et Marie-Claude Marandet. Presses universitaires de Perpignan et Sources-histoire au présent (article : la maison rurale en Roussillon du IXe au XVe par Aymat Catafau, docteur en histoire, pp. 163 à 191)

- Nathalie Dumont-Fillon et Xavier Daures - Charte de paysage et d’urbanisme de la Vallée de la Têt et de ses affluents - 2007 - 71 Des Sources

Centre de documentation du Caue des Pyrénées-Orientales

Caue. Liaison Villefranche-Casteil par les canaux de la vallée de la Rotja. Parcours d’eau Juin 2001. Beau cahier photos, historique, propositions (mais pas réalisés sur le terrain, notamment pour des raisons juridiques complexes, les risques de noyade dans les grands canaux, comm. personnelle Danièle Orliac) Canal dels Ouils-REc Nou: 957, canal de Sahorre et Thorrent 959 Canal Majou décrit par Abbé Giralt construit en 1287 par des Augustins Canal de Bohère faisait 42 km mais détruit par Aiguat de 1940, travaux de 1830 à 1881.

Caue Parcours d’eau de Villefranche octobre 2000, 33 p. + liaison Olette Mont-Louis septembre 2001 +Olette à Serdinya Juin 2001 +Serdinya Villefranche via Fuiilla juin 2001

Caue L’eau dans le paysage des Pyrénées Orientales, un espace sensible linéaire au fil de l’eau, les bases biologiques et paysagères pour une réflexion départementale

Caue, nombreuses études et conseils par villages, par exemple Enveitg, Err, Bourg-Madame, les Angles «politique générale d’aménagement de la commune» (grande étude A3, elle aussi en original unique, avant création de la Zppaup ) + (nov 2003 Enveitg aménagement d’une mairie, école salle polyvalente autour d’une nouvelle place publique).

Fin de consultation des documents mis à ma disposition par la secrétaire le 26 septembre 2007 à Perpignan (avant déménagement) Note : dans le vocabulaire, on remarque que «animation» correspond à la présence de végétaux et à la distinction entre feuillus et conifères.

- Nathalie Dumont-Fillon et Xavier Daures - Charte de paysage et d’urbanisme de la Vallée de la Têt et de ses affluents - 2007 - 72 Charte de paysage et d’urbanisme de la Vallée de la Têt et de ses affluents

Dossier de restitution réalisé par Nathalie DUMONT FILLON Architecte-Paysagiste DPLG et Xavier DAURES Architecte DPLG et Urbaniste - Février 2008 Crédit photographique : Nathalie DUMONT FILLON, Xavier DAURES et Nicolas PETTINI - Stagiaire au Parc naturel régional des Pyrénées catalanes - Février/ Septembre 2007

Coordination : Parc naturel régional des Pyrénées catalanes - Nicolas ANTOINE, chargé de mission urbanisme et paysage.

Comité de pilotage composé de Christian BOURQUIN, Président du Parc, Grégoire VALLBONA – Maire d’Egat, Vice-Président du Parc et Président de la Commission Aménagement et Urbanisme du Parc, Monsieur Michel GARCIA – Adjoint au Maire de Matemale et Co-rapporteur de la Commission Aménagement et Urbanisme, Madame Simone BAURENS - Déléguée au Parc suppléante – commune de Valcebollère, Monsieur Jean Pierre ABEL – Maire de Bolquère, Monsieur Michel ESTER CCI des Pyrénées Orientales ainsi que Paul MIGNON, Directeur

Avec le soutien technique et financier du Conseil Général des Pyrénées Orientales, du Conseil Régional de Languedoc Roussillon, de l’Europe et du programme LEADER +, de l’Etat et notamment de la DIREN Languedoc Roussillon ainsi que de l’ensemble des partenaires du Parc : DDE 66, DDAF 66, Chambre d’Agriculture 66, ONF 66, RTM 66, CAUE 66, SDAP 66, SAFER Languedoc Roussilllon, Odit France

Le Parc, c’est 64 communes associées au Conseil Général et à la Région avec la participation de l’Europe dans le cadre du programme Leader