Les Nouvelles de l’INHA / Avril 2008 Nouvelles 31

1 Éditorial

2 -3 Galerie Colbert Le CETHA

4 - 7 Le point sur un fonds, un outil, une recherche Otto Freundlich Bernard Dorival

8 - 15 Comptes rendus Percier et Fontaine Le XIXe siècle et l’architecture de la Renaissance Histoire de l’art au XIXe siècle Intérieur de la salle Labrouste Vitrail et arts lors du déménagement des collections des Imprimés vers Actualité de la recherche le site François-Mitterrand. en histoire de l’art italien © Alain Goustard / BnF / EMOC Perspective pour l’histoire de l’art

16 - 18 Éditorial Annonces Goya graveur Au mois d’août 2007, le ministère de la La Bibliothèque de l’École nationale des Louis Marin. Le pouvoir Culture et de la Communication, associé au chartes sera déployée sur 1 000 m2 le long dans ses représentations ministère de l’Éducation nationale, a confié de la rue des Petits-Champs, les services Studiolo à l’architecte Bruno Gaudin la réhabilitation administratifs et les salles de cours de cet Bulletin de l’Association des du quadrilatère Richelieu. Il sera assisté établissement s’installant au 65 rue de Richelieu. historiens de l’art italien dans cette tâche par trois entreprises : Iosis, Bruno Gaudin et ses équipes ont rendu 19 - 23 L’observatoire 1 et le cabinet Casso & Cie. un premier diagnostic sur les enjeux et Du côté de la bibliothèque Bruno Gaudin a réalisé à (avec son défis de cette rénovation. En décembre, Les cartons d’invitation père Henri Gaudin) la rénovation le schéma directeur architectural a été aux expositions complète du musée des Arts asiatiques- proposé au mandataire du maître d’ouvrage, Les catalogues de vente Guimet ; parmi ses autres réalisations, l’Établissement public de maîtrise d’œuvre au catalogue il faut citer l’École d’Art et de Design culturelle (EMOC) et aux partenaires. La Bibliothèque numérique d’Amiens et la Bibliothèque universitaire Il convient de noter ainsi le soin extrême Prêts de la bibliothèque de l’École normale supérieure de Lyon. apporté à la mise en valeur des belles parties Il sera d’abord procédé à la mise en sécurité du de l’architecture du lieu, qu’il s’agisse des 24 - 26 quadrilatère dont les conditions ne sont plus salles de lecture, des galeries, ou des cours et Publications conformes aux normes d’aujourd’hui. À cette des jardins. La mise en lumière et la reprise 27 - 28 exigence technique fondamentale s’en ajoute complète de l’éclairage de ces bâtiments Nouveaux collaborateurs une autre : celle de définir un nouvel avenir historiques sont également remarquables. à l’INHA pour ce magnifique ensemble historique de Quant aux espaces communs de circulation bâtiments où se côtoieront les départements et d’accueil, ils sont totalement repensés, afin spécialisés de la Bibliothèque nationale de de contribuer à une meilleure orientation , la Bibliothèque de l’INHA et la et à un meilleur confort des lecteurs et Bibliothèque de l’École nationale des chartes. de créer un « esprit des lieux » accueillant. Les sept départements spécialisés de la Si la modernisation des fonctionnalités Bibliothèque nationale de France seront essentielles reste évidemment l’objectif de rénovés et modernisés. Ayant atteint sa cette rénovation, on se réjouira de l’attention pleine expansion, la Bibliothèque de l’INHA portée au respect des créations passées. s’étendra sur 10 000 m2, dans la salle Labrouste et sur quatre niveaux des magasins du même Martine Poulain nom, ouverts aux collections et au public. Directrice de la Bibliothèque de l’INHA Galerie Colbert Le Centre d’Histoire et Théorie de l’Art de l’École des Hautes Études en Sciences sociales (CETHA)

Fondé par Hubert Damisch en 1977, le traditionnelle. Cette démarche est à la présentation de la représentation mobilise Centre d’Histoire et Théorie de l’Art de fois critique et constructive, elle aboutit un ensemble d’objets théoriques : le cadre l’École des Hautes Études en Sciences à la production « d’objets théoriques ». et le frontispice, mais aussi l’autoportrait et sociales (CETHA) est un lieu d’échanges Parmi les premiers objets de réflexion à le paysage. Il rejoint ainsi les réflexions de féconds entre l’histoire de l’art et l’ensemble la fois historique et théorique construits Damisch, pour lequel un objet théorique des sciences humaines. Son intitulé renvoie par Hubert Damisch, « le nuage » illustre manifeste son efficacité heuristique dans au propos de son fondateur selon lequel bien cette notion. Dans le dispositif le va-et-vient entre un objet particulier et « on ne saurait faire de l’histoire qu’au expérimental de la perspective mis au les multiples paradigmes théoriques qu’il prix de quelques théories, et de la théorie point par Brunelleschi, le nuage occupe met en jeu. Proche d’une « théorie du qu’au prix de beaucoup d’histoire ». Son une position marginale à partir de laquelle singulier », cette optique se propose de rayonnement international repose sur la il devient possible de défaire l’apparente conserver toute la complexité historique et diffusion et sur les nombreuses traductions naturalité de la machinerie de la perspective anthropologique des œuvres ; les questions des ouvrages de ses membres, ainsi que et des opérations qu’elle permet. soulevées sont en effet d’autant plus sur les liens avec des chercheurs étrangers De son côté, Jean-Claude Bonne s’est fécondes qu’est plus forte la tension entre la régulièrement invités par le centre. Parmi orienté vers une reformulation du statut singularité de l’objet et les bouleversements ceux-ci, il convient de citer Michael Fried, de l’ornement au Moyen Âge. À travers épistémologiques qu’il produit. Rosalind Krauss, Victor Stoichita et Hans la mise au point d’une méthode d’analyse Les travaux conduits collectivement par Belting pour évoquer certains travaux Damisch, Marin, Arasse et Didi-Huberman proches de nos directions de recherche : sur les Annonciations italiennes sont un bon les relations entre l’histoire de l’art, la exemple de cette approche ; si les points de psychanalyse et la théorie du langage ; vue différent, tous partagent la conviction l’épistémologie de l’histoire de que certaines transformations dans la l’art et l’histoire ; l’anthropologie et série des Annonciations de la Renaissance l’archéologie de la modernité. italienne puissent être étudiées comme des Louis Marin et Jean-Claude Bonne ont opérations à portée théorique. Celles-ci été les premiers membres du centre. situent en effet l’Annonciation au croisement Georges Didi-Huberman, Daniel Arasse, de la théorie albertienne de l’Istoria et de la François Lissarrague, Jacques Aumont, théologie de l’incarnation, faisant apparaître Éric Michaud, André Gunthert et moi- un travail pictural engagé dans la paradoxale même les avons rejoints pendant les années mise en forme d’un mystère plutôt que 90. Le CETHA se nourrit d’abord des dans le simple récit d’un événement. relations avec son environnement immédiat Grâce aux recrutements des années quatre- composé par les autres centres de l’École vingt dix, les travaux du CETHA se sont des Hautes Études en Sciences Sociales. diversifiés aussi bien sur le plan des objets Ses interlocuteurs naturels ont toujours que sur celui des méthodes. Hubert été des historiens ouverts à d’autres Hubert Damisch. © Renate Ponsold Damisch a consacré plusieurs ouvrages disciplines, mais aussi des philosophes, formelle des dynamiques de l’ornemental aux conceptions freudiennes de la beauté des anthropologues et des sémioticiens. en connexion avec l’action liturgique, et de l’art, tout en étendant ses analyses à Ces connexions ont été très marquées au il a rendu central ce qui était considéré l’architecture et à la ville moderne. Georges moment de la fondation du centre par les auparavant comme un simple supplément, Didi-Huberman a développé des travaux méthodologies structuralistes, notamment rejouant ainsi, à sa manière, l’opération de importants sur l’épistémologie de l’histoire l’anthropologie structurale, la sémiotique, déplacement inaugurée par Hubert Damisch de l’art en esquissant progressivement une les théories du langage. À ces référents avec le « nuage ». Les recherches conduites nouvelle approche de « l’anthropologie du théoriques, il faut ajouter les approches par Louis Marin autour de l’âge classique se visuel » à partir d’objets appartenant au analytiques freudiennes et lacaniennes, caractérisent par une approche analytique de Moyen Âge et à la Renaissance, mais aussi notamment l’élaboration psychanalytique l’efficacité des systèmes de représentation. à notre modernité la plus récente. Daniel de l’analyse du travail du rêve, mais aussi la Élaborant les outils théoriques susceptibles Arasse a proposé son « histoire rapprochée symptomatologie de la culture et de l’art. de décrire l’inscription du spectateur dans des œuvres » qui, rejetant les catégories Le CETHA se caractérise par une démarche le texte visuel, il parvient à analyser ses générales de l’histoire des styles et les qui, en croisant les disciplines, ne se dispositifs d’énonciation et à faire apparaître démarches réductrices de l’iconologie, limite pas aux questions classiques posées ses enjeux politiques et religieux. Le travail s’attache aux émergences des singularités aux œuvres d’art par l’histoire de l’art accompli par Marin autour des modalités de que seul un regard nourri d’une culture

 Les Nouvelles de l’INHA / n° 31 / avril 2008 historique rigoureuse peut saisir. Éric avec les catégories néo-aristotéliciennes. comme la référence majeure dans Michaud a étudié le rapport entre les Par certains aspects, cette deuxième le domaine de la théorie et de l’histoire de images et les constructions idéologiques, phase des travaux du CETHA témoigne la photographie en France, contribuant notamment aux XIXe et XXe siècles. Il a d’une continuité avec la première, alors ainsi au rayonnement du CETHA. notamment mis en lumière les points de que le domaine des objets étudiés s’est En 2007, Éric Michaud s’est associé au contact entre les théories biologiques considérablement élargi. Les membres programme de recherche qu’Anne Lafont de l’efficacité des images et les théories du CETHA ont participé, par les a engagé au sein de l’INHA sur l’histoire artistiques à l’époque des avant-gardes séminaires qu’ils organisent et par leurs de l’art en France de 1900 à 1940, en et des totalitarismes. Jacques Aumont a publications, aux débats épistémologiques collaboration avec Duke University et poursuivi son travail sur l’esthétique de les plus actuels : la relation entre art et la Scuola normale superiore de Pise. l’image mouvante dans deux directions anthropologie, la question de la temporalité Suivant le principe fondamental propre principales liées, la première, à l’idée des images et de leur historicité, leur à l’EHESS de l’initiation à la recherche warburgienne de migrations (notamment puissance figurale, leur portée politique, par les voies de la recherche elle-même, entre peinture et cinéma), la seconde à la leur capacité de témoigner de l’histoire les membres du centre et ceux qui y notion de « matière » de l’image, où il a aux limites de la figurabilité, les relations sont associés animent des séminaires cherché un renouvellement de la question entre ces enjeux majeurs et les expressions centrés sur leurs travaux en cours destinés du figural posé (à propos d’images de artistiques anciennes et contemporaines. aux doctorants, mais ouverts aussi à de peinture) dans les années 70. François Depuis son installation au sein de l’INHA en nombreux auditeurs libres. Le CETHA Lissarague a considérablement transformé 2002, notre centre a connu un accroissement participe par ailleurs au master Théories l’interprétation archéologique traditionnelle considérable de ses activités scientifiques. et pratiques du langage et des arts de des images de la Grèce ancienne en les Nos doctorants ont participé à la création l’EHESS, en collaboration avec le CRAL situant au croisement des croyances et des de la première revue en ligne d’histoire et (Centre de Recherche sur les Arts et le pratiques, en constituant et en comparant théorie des images, Images Re-vues, dont Langage), avec lequel nous nous sommes des séries iconographiques essentielles à nous accueillons le comité de rédaction et associés en 2006, dans un laboratoire la compréhension de certains aspects de les séminaires annexes. Nous avons organisé commun CNRS / EHESS. Parmi les projets la culture grecque auxquels on ne peut quatre nouveaux groupes de recherches : du CETHA, il convient de signaler le rattacher aucun texte. J’ai développé le Laboratoire des objets théoriques, qui colloque L’histoire de l’art depuis Walter à mon tour un travail sur l’affectivité poursuit la tradition inaugurée par les Benjamin qui se tiendra à l’INHA, les 5 et – dimension largement écartée par les travaux de Hubert Damisch et Louis Marin ; 6 décembre 2008. À partir des réflexions approches iconographiques – et analysé les ACEGAMI (Analyse culturelle et Études de de Benjamin, nous essaierons de cerner formules gestuelles ritualisées de l’affect Genre / Art, Mythes et Images), coordonné les questions nouvelles qui s’ouvrent à dans leurs expressions poétiques, picturales, par Anne Creissels et Giovanna Zapperi ; l’histoire de l’art : l’historicité anachronique religieuses et politiques à l’époque baroque. un groupe de recherche européen : Image, des images, la question du montage et de André Gunthert a étudié les implications dévotion et exégèse visuelle à l’époque moderne, l’image dialectique, la condition actuelle théoriques des dispositifs d’enregistrement sous la responsabilité de Michel Weemans, de la relation entre l’histoire de l’art, de type photographique en le mettant associant le CETHA aux universités l’éthique, l’esthétique et la politique. au service d’une façon nouvelle d’écrire de Leyde, Louvain, Madrid et Séville ; Dans un avenir proche, nous espérons l’histoire de la photographie qui accorde La construction du réel dans l’art contemporain, intensifier encore le dialogue déjà bien une place déterminante aux pratiques et à équipe de chercheurs et de doctorants issue établi avec les responsables scientifiques de l’histoire des techniques. Sylviane Agacinski de la collaboration du CETHA avec l’École l’INHA ainsi qu’avec les collègues dont a entrepris son histoire philosophique de des Beaux-Arts de Lyon, sous la direction les centres de recherche sont installés dans la différence des sexes et des imaginaires de Bernhard Rüdiger et de moi-même. la galerie Colbert, notamment autour des qu’elle implique. Longtemps associés à Depuis 2005, le CETHA accueille en enjeux épistémologiques transdisciplinaires notre centre, Pierre Antoine Fabre a engagé outre le LHIVIC, Laboratoire d’histoire que notre communauté scientifique ses travaux sur le statut de l’image dans les visuelle contemporaine, dirigé par André reconnaît désormais comme majeurs. textes fondateurs de la Compagnie de Jésus, Gunthert, un groupe de recherche consacré Danièle Cohn a développé un important à l’étude des pratiques iconographiques de la Giovanni Careri travail de redécouverte et de mise à jour période contemporaine, en particulier celles Directeur du CETHA/EHESS de la tradition philosophique allemande, et issues des technologies d’enregistrement Patricia Falguière a poursuivi ses travaux sur (photographie, cinéma, vidéo…). Pilotée en l’exposition des objets naturels et artificiels grande partie par les membres du LHIVIC, à l’époque du maniérisme, en relation la revue Études photographiques s’est imposée

 Le point sur un fonds, un outil, une recherche Le fonds d’archives de l’Association des amis de Jeanne et Otto Freundlich

À la mort d’Otto Freundlich en 1943 et l’intermédiaire de revues, en France et en Kosnick-Kloss le rejoint à Saint-Paul-de- selon ses dernières volontés, sa compagne Allemagne. Freundlich est un artiste très Fenouillet où ils s’installent. Durant cette Jeanne Kosnick-Kloss est chargée de veiller engagé qui croit profondément que l’art période, ils vont chercher à rejoindre les sur les œuvres conservées dans son atelier peut changer le monde et les hommes. États-Unis et seront en contact avec Varian rue Henri-Barbusse, à Paris. Avec l’appui En 1930, Otto Freundlich rencontre Fry, responsable à Marseille du Comité de personnalités telles que Marcelle Cahn, Jeanne Kosnick-Kloss qui sera désormais sa américain de secours. Là encore, sans succès. , Jean Arp, André Heurtaux compagne. Tout au long de sa vie, il sera Début 1943, ils s’installent à Saint-Martin- et Henri Valensi, elle fonde en 1957 en relation avec de grands artistes comme de-Fenouillet dans une famille, chez Joseph l’Association des amis d’Otto Freundlich Arp, Delaunay, Derain, Gropius, Kandinsky, et Marie Benassis. Le 23 février 1943, dont l’adresse est celle de l’atelier de Klee, Kokoschka, Picasso, etc. Beaucoup Otto Freundlich est arrêté sur dénonciation. l’artiste. Au décès de Jeanne Kosnick-Kloss le soutiendront dans les moments les plus Il est envoyé au camp de Gurs. Avant en 1966, toutes les œuvres restées dans difficiles. En 1938, Braque, Jean Cassou, de monter dans le train qui l’emmènera l’atelier font l’objet d’une donation au Gleizes, Herbin, Max Ernst et d’autres à Drancy, il dicte quelques mots à une musée de . L’Association des amis personnalités organisent ainsi un événement infirmière de la Croix-Rouge, Mlle Duprez, de Jeanne et Otto Freundlich – tel est son de soutien pour l’anniversaire de ses soixante à l’attention de Jeanne Kosnick-Kloss, nouveau nom – est alors présidée par René ans : la galerie Jeanne Bucher-Myrbor lui où il explique qu’en cas de malheur, il lui Drouin. Edda Maillet, secrétaire générale consacre une exposition, et une souscription lègue l’ensemble de son travail conservé de l’association, accèdera plus tard au titre est lancée pour offrir l’un de ses tableaux dans son atelier de la rue Henri-Barbusse. de conservateur du musée de Pontoise. au musée du Jeu de Paume. Soumis sans Otto Freundlich meurt le 9 mars 1943, Les archives en possession de l’association cesse à de graves difficultés financières, c’est au camp de Lublin-Maidanek, en Pologne. ont été déposées à l’Institut Mémoires souvent grâce à l’appui de son entourage Lorsque le fonds d’archives Freundlich a de l’édition contemporaine (IMEC) immédiat qu’il parvient à vivre et à travailler. été déposé à l’IMEC, il comprenait environ en 2004 par Edda Maillet. Deux ans Il faut citer notamment Hedwig Muschg cinquante grands cartons. Un premier travail plus tard, un projet de mise en valeur qu’il rencontra en 1926 à Paris et qui l’aida de classement sur l’ensemble du fonds du fonds est élaboré grâce à l’action financièrement jusqu’à sa disparition. avait déjà été effectué par Edda Maillet. conjointe de trois institutions : l’Institut Dès septembre 1939, Otto Freundlich est Tous les documents ont été répertoriés ; national d’histoire de l’art (INHA), interné en tant que « ressortissant d’une plusieurs inventaires ont été dressés. Pour l’IMEC et le Centre André Chastel. puissance ennemie ». Il passera par les chaque document original existe une ou Otto Freundlich est né le 10 juillet 1878 camps de Colombes, Blois, Francillon, souvent plusieurs reproductions ; chaque à Stolp (ancienne Poméranie). Fils d’un Marolles, Cepoy, avant d’être libéré au élément est accompagné d’une fiche commerçant aisé de confession juive, il début du mois de mars 1940 et de rejoindre descriptive et informative sur son contenu et abandonne en 1904 ses études et renonce à Jeanne Kosnick-Kloss dans leur atelier son histoire. Mon travail a été de compléter toute formation professionnelle. Sa famille à Paris. Durant cette période, il réitère le classement du fonds, de reconditionner le prive dès lors de tout soutien financier. sa demande de naturalisation française l’ensemble des documents dans des Freundlich s’intéresse à l’histoire de l’art déjà plusieurs fois formulée bien avant matériaux spécifiques à leur conservation, durant des séjours à Berlin et à Munich, la guerre. En vain. Fin mai 1940, il est à puis d’inventorier la majeure partie puis complète sa formation artistique par nouveau interné au stade Buffalo, puis à du fonds, celle touchant Otto Freundlich, de nombreux voyages entre l’Allemagne Bassens en Gironde. Le 20 juin 1940, le dans une base de données pour qu’il et l’Italie. En mars 1908, il arrive à Paris et commandant du camp de Bassens décide puisse être consulté. s’installe dans l’atelier du Bateau Lavoir à de libérer les prisonniers devant l’avancée Ce travail terminé, le fonds se présente Montmartre, où habitaient déjà Picasso et de l’armée allemande. Avec l’aide d’un ainsi. Au total, trente-cinq boîtes Herbin. Il y côtoiera entre autres Braque, ami, Franz Pfemfert, directeur de la revue d’ouvrages et quatre-vingt-deux boîtes , Derain ou encore Max Jacob. Die Aktion, il réussit à atteindre Saint- d’archives complétées par six boîtes À cette époque, il a déjà mis au point une Paul-de-Fenouillet (Pyrénées-Orientales), d’archives grand format. technique particulière de peinture qui où il s’installera dans une chambre d’hôtel Les trente-cinq boîtes d’ouvrages vise à appliquer des plans colorés, nets et en attendant des nouvelles de Jeanne. Ce constituent la bibliothèque d’étude du entièrement constructifs. Il restera ensuite moment sera l’un des plus éprouvants de sa fonds, riche en livres et revues parus fidèle à ce mode de représentation. En vie, où coupé de tous, il souffrira de la faim. notamment durant les années 30. Parmi ces 1911, il peint son premier tableau abstrait. La famille Hurtado, logeant dans le même documents se trouvent : plusieurs travaux Parallèlement à ses recherches artistiques, hôtel, le sauvera en lui donnant chaque universitaires, dont certains entièrement il produit de nombreux écrits qui seront jour un peu de nourriture et en réglant sa consacrés à Otto Freundlich ; des ouvrages pour la plupart publiés, souvent par note d’hôtel. Fin septembre 1940, Jeanne monographiques sur l’artiste ; des catalogues

 Les Nouvelles de l’INHA / n° 31 / avril 2008 Photographie de l’atelier d’Otto Freundlich, rue Henri-Barbusse, à Paris (après la mort de l’artiste), par Maywald, non daté, Fonds d’archives de l’Association des amis de Jeanne et Otto Freundlich, Institut Mémoires de l’édition contemporaine (IMEC).

d’expositions de groupe auxquelles il a Franz Pfemfert, ou encore des numéros biographie et différents manuscrits, participé, dont plusieurs exemplaires du de la revue A bis Z créée en Allemagne en ses carnets de dessins et ses croquis, célèbre catalogue de l’exposition itinérante 1929 par Franz Seiwert. À propos de cette des linogravures, des documents Entartete Kunst, « Art dégénéré » de 1937, dernière, notons que le fonds abrite toute administratifs, des revues et catalogues, où une œuvre d’Otto Freundlich figure en la correspondance entre Franz Seiwert et des catalogues de vente, des documents couverture ; plusieurs ouvrages d’époque Otto Freundlich, qui relate la création de presse, ainsi que des objets et traitant de guerre et de politique ; quelques et l’évolution de cette revue. On y trouve documents divers. Cette très riche partie catalogues d’artistes rendant hommage aussi un exemplaire de Der Rote Hahn, mérite un travail scientifique poussé. à Otto Freundlich. Cette bibliothèque édité par Franz Pfemfert, entièrement La partie du fonds consacrée à l’Association abrite aussi nombre d’ouvrages plus consacré à Otto Freundlich. des amis de Jeanne et Otto Freundlich généraux, dont la plupart ont été acquis par Pour faciliter mon travail, j’ai divisé ce comprend dix boîtes d’archives contenant l’association : plusieurs concernent l’art du fonds en quatre sous-ensembles : une partie, des correspondances, plusieurs documents XXe siècle, des guides et dictionnaires, divers majeure, consacrée à Otto Freundlich, une sur la collection de l’association et ses ouvrages théoriques, un grand nombre de concernant Jeanne Kosnick-Kloss, une autre statuts, et divers dossiers. La partie consacrée catalogues d’expositions consacrés à des portant sur l’Association des amis de Jeanne à Edda Maillet compte quatre boîtes. Parmi artistes tels que Arp, Chaissac, Picasso, etc. et Otto Freundlich, une dernière dédiée elles se trouvent des documents qui ont servi S’y trouvent aussi des catalogues de foires, à Edda Maillet. Dans le cadre du protocole à l’élaboration de son livre Otto Freundlich des catalogues de ventes, divers ouvrages signé par l’IMEC, l’INHA et le Centre André et la France, un amour trahi (2005), tous consacrés au musée de Pontoise, différents Chastel, il a été convenu de se concentrer les inventaires qu’elle a élaborés pour le catalogues d’expositions et ouvrages sur la partie de ce fonds exclusivement fonds, l’ensemble des traces concernant thématiques dont plusieurs traitant de l’art consacrée à Otto Freundlich. Les trois autres ses recherches sur Otto Freundlich, ainsi abstrait et du constructivisme. Un grand sous-ensembles, classés mais non inventoriés, que des documents relatifs à son travail en nombre de revues, parmi lesquelles de restent dans l’attente d’un travail plus rapport ou non avec l’œuvre de l’artiste. nombreux exemplaires de Cahier d’art, approfondi. Pour l’instant, ils se présentent La partie dédiée à Otto Freundlich Abstraction-Création et Cercle et carré. ainsi. La partie sur Jeanne Kosnick-Kloss représente la part majeure du fonds, Outre ces revues bien connues, on trouve la est composée de dix-huit boîtes d’archives. classée dans quarante boîtes. revue Anthologie créée en 1920 par Georges Elles contiennent des correspondances, des Dix-huit de ces boîtes rassemblent la Linze, quelques numéros de la revue Die photographies d’œuvres et d’expositions, correspondance. Parmi ces dernières, Aktion fondée en Allemagne en 1911 par des photographies personnelles, sa seize boîtes concernent la correspondance

 Carte d’identité d’Otto Extrait du manuscrit Freundlich, 1938, « La transformation du monde Fonds d’archives visible (Der Verwandlung der de l’Association des amis de sichtbaren Welt) » par Otto Jeanne et Otto Freundlich, Freundlich, 1921 ou 1924, Institut Mémoires de l’édition Fonds d’archives de l’Association contemporaine (IMEC). des amis de Jeanne et Otto Freundlich, Institut Mémoires de l’édition contemporaine (IMEC).

boîte est consacrée à la documentation sur d’autres artistes, articles de presse, invitations et divers documents, dont deux importants dossiers sur Franz Seiwert et Gaston Chaissac. Une boîte rassemble des cassettes audio et vidéo ; parmi celles- ci, quatre cassettes vidéo concernent Otto Freundlich et une autre des artistes différents ; on y trouve également vingt et une cassettes audio correspondant à de nombreuses interviews de proches d’Otto Freundlich par Edda Maillet, et un cédérom consacré aux Documenta 1 à 9. Une boîte réunit des documents divers appartenant au fonds, mais sans d’Otto Freundlich, qu’il soit scripteur ou boîtes concernent les photographies rapport direct établi avec l’artiste ou qui destinataire. On y trouve des lettres de et représentations des œuvres d’Otto n’ont pu être clairement identifiés. Pour Chaissac, Derain, Varian Fry, Gropius, Freundlich ; les deux premières rassemblent finir, une boîte grand format contient Hélion, Herbin, Kandinsky, Kokoschka, les œuvres de 1909 à 1943, la dernière, plusieurs œuvres : cinq gravures sur bois, Klee, Moholy-Naguy, Picasso, Signac... les œuvres non datées et l’ensemble de un cliché sur cuivre et trois linogravures. La correspondance avec Jeanne Kosnick- la documentation annexe sur les œuvres Si Otto Freundlich est à ce jour reconnu Kloss comporte à elle seule deux boîtes, et quelques photographies d’œuvres en tant que précurseur de la peinture tout comme celle avec Hedwig Muschg. d’autres artistes. Une boîte contient les abstraite, la biographie de l’artiste et la Une boîte contient les correspondances photographies des carnets de croquis et connaissance de son œuvre comportent de scripteurs et de destinataires autres de dessins d’Otto Freundlich, ainsi que encore d’importantes lacunes. Le fonds de qu’Otto Freundlich, mais contemporaines des photographies de revues ou journaux. l’Association des amis de Jeanne et Otto et en rapport avec lui, comme des lettres Une boîte rassemble les photographies Freundlich constitue aujourd’hui une de Franz Seiwert ou de Tristan Remy, d’Otto Freundlich accompagné de documentation fondamentale pour l’histoire tous deux très proches amis. Enfin, une Jeanne Kosnick-Kloss ou de sa famille. de l’art. Le volume des correspondances, le dernière boîte réunit les correspondances de Une boîte concerne les photographies grand nombre de manuscrits conservés et scripteurs anonymes ou non identifiés. de l’entourage d’Otto Freundlich. On la qualité des éléments documentant la vie Sept boîtes sont consacrées aux manuscrits. y trouve aussi des photographies de de l’artiste, offrent d’importantes Parmi elles, cinq contiennent l’ensemble lieux et d’objets divers. Enfin, deux perspectives de recherche, notamment pour des manuscrits complets et leurs copies, boîtes contiennent les documents les années comprises entre 1936 et 1942. rassemblés puis classés de manière photographiques sur les expositions de En outre, ces documents apportent de très chronologique. Une boîte réunit divers l’artiste, classés chronologiquement. précieuses informations sur le contexte documents manuscrits, dont les listes Deux boîtes concernent les articles de artistique de l’époque et sur les différents des œuvres manuscrites et plastiques presse ; ils sont classés par année de parution réseaux nationaux et internationaux établis de l’artiste et les traductions de ses de 1919 à 2001, suivi de ceux qui n’ont dans le domaine de l’art et de la littérature. manuscrits. Enfin, une boîte contient pu être datés. Une boîte est consacrée Mais le travail qui reste à réaliser sur ce les versions publiées des manuscrits et à la documentation des expositions ; fonds demeure considérable dans la mesure quelques uns écrits par d’autres artistes. elle rassemble chronologiquement la où les documents d’archives concernant Une boîte est dédiée aux documents documentation sur différentes expositions, Jeanne Kosnick-Kloss, notamment à partir administratifs et personnels. Elle contient les listes d’œuvres et les courriers échangés, de 1944, ainsi que ceux produits par les des cartes d’identité, des cartes de membre etc. Une boîte contient les photocopies activités de l’Association des amis de à diverses associations professionnelles d’extraits de catalogues et textes sur Jeanne et Otto Freundlich, apportent des (Indépendants, Surindépendants, Association Otto Freundlich, contemporains ou informations capitales, encore inexploitées, des écrivains et artistes révolutionnaires, posthumes. Une boîte rassemble des sur les événements et les dispositifs qui etc.), des documents de guerre (carte cartons d’invitations aux expositions d’Otto éclairent la postérité d’un artiste. de rationnement, sauf-conduit…). Freundlich, classés chronologiquement Dix boîtes dont deux de grand format de 1919 à 2003, suivis de cartes de vœux Charlotte Huguet rassemblent des photographies : trois illustrées par une œuvre de l’artiste. Une Doctorante en histoire de l’art à la Sorbonne, Paris IV.

 Les Nouvelles de l’INHA / n° 31 / avril 2008 Traitement des archives de l’historien de l’art Bernard Dorival (1914-2003)

Dans le cadre du programme « Archives Intérêt historiographique de l’art de la période contemporaine », une Les cahiers de notes de cours de la première convention a été établie entre l’INHA, série présentent un intérêt réel pour tout l’université Paris X-Nanterre et la bibliothèque chercheur travaillant sur les historiens de l’art de lettres de l’École normale supérieure afin Henri Focillon, Louis Hautecœur et Pierre de réaliser l’inventaire du fonds d’archives Lavedan. Du premier, il s’agit de cours sur la Bernard Dorival, en vue de sa valorisation. sculpture romane en Espagne ; du second, de

Historien de l’art et ancien conservateur en Bernard Dorival dans son cours sur l’art contemporain ; du troisième, de chef du musée national d’Art Moderne, à bureau du musée national d’Art conférences sur l’art médiéval. Dans le cadre moderne de la Ville de Paris. Paris, Bernard Dorival avait fait deux premiers © Claude Dorival, droits réservés. d’une approche plus sociologique de l’histoire dons à la bibliothèque de son ancienne de l’art, ces documents permettront d’étudier école, l’École normale supérieure, en 1996 Un premier dossier contient des pièces le système complexe de relations entre un et en 2002. Après son décès en 2003, Claude originales et des copies de documents conservateur critique d’art et le monde des Dorival a complété le fonds en faisant don concernant le travail des époux Delaunay lors artistes à une certaine époque. des cahiers de cours d’histoire de l’art de de l’Exposition universelle de Paris, en 1937, son époux, et d’un dossier regroupant les dans les pavillons de l’Air et des Chemins Intérêt historique hommages qui furent rendus à celui-ci. de fer, ainsi que les archives de recherches Les lettres d’artistes apportent de nouvelles Le fonds, riche et volumineux, couvre toute la de Bernard Dorival à ce sujet. sources et permettent d’étudier plus carrière de Bernard Dorival sous ses différents Deux dossiers contiennent des reproductions précisément l’image de l’art français au cours aspects : « normalien », homme de lettres de papiers officiels concernant les Delaunay des années 1950 et 1960, à travers l’organisation et historien, défenseur et critique de l’art et de lettres d’artistes à Sonia et / ou Robert des expositions évoquées plus haut. On de son temps, mais aussi ami de nombreux Delaunay ainsi que des copies dactylographiées y trouve des documents majeurs sur les artistes français et étrangers du XXe siècle. de correspondances intimes du couple. conceptions des artistes de « l’École de Paris », Un quatrième dossier contient des lettres notamment les réponses de certains d’entre Le fonds autographes de Jean Arp à Sonia Delaunay, eux à un questionnaire envoyé par Bernard Le travail de description de ce fonds a permis ainsi que les copies des réponses de celle-ci. Dorival sur leur formation, les influences qu’ils de déterminer trois séries en fonction des ont subies, etc. Il convient de signaler aussi la contenus et à partir des premiers classements Intérêt du fonds pour la recherche présence d’une lettre de Nicolas de Staël, avec du producteur 1: Intérêt biographique un célèbre jeu de mots : « Très cher Dorival, – Première série : les pièces personnelles et Le fonds constitue une source d’information écrit-il, merci de m’avoir écarté du gang de cahiers de cours de Bernard Dorival importante sur la carrière de Bernard Dorival, l’abstraction avant… ». Seize cahiers contiennent les notes qu’il et notamment sur deux événements majeurs : prit en assistant aux interventions d’Henri l’« affaire Lorjou » et sa démission en 1968, Accessibilité du fonds Focillon, Louis Hautecoeur et Pierre alors qu’il était conservateur en chef du musée La description de ce fonds permet aux Lavedan. Un dossier concerne l’« affaire national d’Art moderne. Les correspondances chercheurs une exploitation aisée de cette Lorjou », artiste qui avait porté plainte contre d’artistes de la deuxième série éclairent aussi masse de documents (neuf cartons). Des le critique d’art qui l’avait traité de « Tartarin le travail de Bernard Dorival, organisateur renvois et des notes sur les fiches descriptives, de la peinture » ; un autre se rapporte d’expositions ou d’événements artistiques notamment pour la correspondance, au dîner organisé en hommage à Bernard (section française de la biennale de Sao Paulo permettent de retrouver différents documents Dorival, après sa démission du musée en 1953 ; exposition New watercolors from traitant du même thème. national d’Art moderne. France, aux États-Unis, en 1962, exposition Le fonds est consultable sur rendez-vous, avec – Deuxième série : les lettres d’artistes Dada au musée national d’Art moderne en l’autorisation de la directrice de la bibliothèque à Bernard Dorival 1966, etc.). Les cartes postales et lettres de l’ENS-Ulm, à Paris. Elle contient 1109 lettres autographes d’artistes amis (Jean-Michel Atlan, Jacques (professionnelles et personnelles) adressées à Busse, François Desnoyer, Maurice Estève, Magali Fenech Bernard Dorival. Certains auteurs sont très Hans Hartung, Ladislas Kijno, Alfred Chargée de l’inventaire bien représentés, notamment ceux de « l’École Manessier, Nicolas de Staël, Edouard de Paris » comme Henri-Georges Adam, Jean Pignon, Pierre Soulages, Maria Elena da 1 Bernard Dorival avait fait un classement minutieux Bazaine (58 lettres), Maurice Estève, Charles Silva ou encore Zao Wou-ki) permettent de préalable à sa donation. Le travail d’inventaire a respecté Lapicque (40 lettres) et Alfred Manessier. préciser nombre de données biographiques en grande partie ce classement, en ajoutant seulement des sous-classements (par ordre chronologique ou – Troisième série : les archives de recherche sur ces artistes, sur leurs carrières, leurs alphabétique, par exemple) à l’intérieur des dossiers, sur les époux Delaunay choix esthétiques, leurs opinions politiques. afin de folioter les documents dans un ordre logique.

 Comptes rendus Percier et Fontaine : Architecture, décoration, théorie

Percier et Fontaine : Architecture, désaccords avec l’Empereur et de créer un des deux peuples, glorifie l’Empereur. décoration, théorie langage cohérent. L’histoire du projet du La deuxième demi-journée, autour du Journées d’études sous la direction palais du Roi de Rome à Chaillot le montre thème « L’iconographie de l’intérieur », sous scientifique de Sabine Frommel avec éclat ; de la résidence impériale à la la direction de Hans Ottomeyer, s’est et Alice Thomine retraite de convalescent, de nombreux dessins ouverte avec une communication sur la EPHE-INHA, 19 et 20 mars 2007 permettent de suivre la genèse du projet formation de Percier à l’École Royale (Bruno Foucart). gratuite de dessin (Ulrich Leben). Au sein Ces journées d’études ont été consacrées à Tandis que Fontaine assume, grâce à son de celle-ci, l’enseignement de Jean-Jacques l’œuvre encore méconnu de ces deux grand sens de la diplomatie, les charges Bachelier, dédié à tous les domaines des architectes et décorateurs, Percier et officielles de représentation, Percier se arts décoratifs, occupe une place importante. Fontaine, qui, sous le Premier Empire, ont consacre avec passion à l’enseignement au Partisan d’un renouveau du naturalisme, contribué de manière décisive au nouvel sein de son école dont l’influence fut il incite ses élèves à recomposer des motifs « âge d’or » de la tradition classique. La décisive, non seulement auprès des jeunes ornementaux et à dessiner d’après gravure, rencontre, qui s’inscrit dans un programme architectes français, mais aussi allemands de façon à leur donner une expérience dans de recherche sur les multiples facettes de (David van Zanten). Son séjour à Rome fut le domaine conceptuel, et particulièrement leur activité et la fortune de leur art tout au une source d’inspiration inépuisable pour ses dans celui du style. Dessinateur prolixe, long du XIXe siècle, en France et en Europe, recherches et ses méthodes de travail : « Je apte à travailler sur le vif ou sur les six était divisée en trois demi-journées. Le me retrouvai dans Rome tout ce que planches de son atelier au Louvre, Percier premier thème abordé « Constructions j’étais… en devenant moi-même tout ce que se distingue nettement du lot commun neuves, projets destinés à la réalisation », je pouvais être ». Les monuments italiens des (Hans Ottomeyer). Son génie créateur sous la direction de Sabine Frommel, visait à XVe et XVIe siècles, soigneusement relevés complexe unit à ses facultés artistiques souligner le rôle éminent conféré à jusqu’aux détails sculpturaux, allaient une connaissance archéologique et l’architecture par Napoléon dès son longtemps nourrir son imagination et celle une démarche d’historien de l’art qui couronnement en 1806, et à montrer qu’en de ses disciples. Les relations tissées avec s’intéresse à l’évolution des formes selon tant qu’instrument privilégié de la d’autres artistes présents dans la ville les catégories de Winckelmann. propagande impériale, elle devait manifester éternelle, et notamment avec l’atelier de Pour la décoration intérieure, ses modèles la gloire et la prospérité de l’Empire à travers David, engendrent de fertiles échanges s’inspirent du style d’Auguste qui, plat, des images monumentales emblématiques. artistiques. Pour Percier, le retour à l’antique délicat et décoratif, est peuplé de figures et Dans cette perspective, l’achèvement du joue un rôle central, déjà sensible dans son d’épisodes mythologiques (dieux de « grand dessein » d’Henri IV – quadrupler la projet du Grand prix de Rome de 1786, l’Olympe, Pégase, griffons, sphinx). cour Carrée, relier le Louvre aux Tuileries et se traduit par un minimalisme – pour À l’instar des artistes de la Renaissance par une grande galerie du côté de la Seine, ne pas dire une sécheresse – formel. italienne, il s’intéresse à la syntaxe, en créant raser les constructions entre les deux Deux projets pour des commanditaires des systèmes cohérents à l’antique. résidences – devint un enjeu politique polonais témoignent de la renommée Le château de la Malmaison montre une telle majeur. L’étude de la chronologie de ce européenne de Percier et Fontaine et de la synthèse entre architecture et décoration, où chantier révèle l’influence des vicissitudes de métamorphose de leurs moyens d’expression forme et signification dialoguent l’expansionnisme napoléonien sur les choix (Waldemar Baraniewski). Si la reconstruction harmonieusement (Bernard Chevallier). architecturaux (Olivier Lefranc). du palais de Stanisław Zamoyski à Zamo Si cette mythologie des intérieurs accuse Parallèlement à l’ouverture de la rue de (1803) relève d’un esprit classique normatif, le clairement la main de Percier, Fontaine est Rivoli, conçue comme une sorte de projet de la résidence Potocki à Krzeszowice l’auteur de la Chapelle Expiatoire, promenade anglaise sur le flanc du jardin des (1819) près de Cracovie, trahit une attitude le monument élevé à Paris à la mémoire de Tuileries, et à la construction de monuments éclectique, embrassant des références issues Louis XVI et de Marie-Antoinette. dans l’espace compris entre le Louvre et le de la Renaissance italienne, des traits français Les cendres royales reposant à Saint-Denis, Palais Royal, ce projet devait métamorphoser et anglais, ainsi que, pour l’église, le langage l’édifice représente, en réalité, un temple de le cœur de Paris et créer de nouveaux liens néo-gothique. Conçu en 1813 comme une l’absence, un lieu de l’apothéose du corps du avec la ville. En prenant ses modèles dans la image de l’alliance entre les troupes françaises roi sous les auspices de la présence divine. Le Renaissance italienne, le règne de Louis XIV et italiennes, le projet d’un monument sur le plan et le caractère de l’édifice, le pathos et de l’architecture française de la fin du Mont-Cenis suscite, en revanche, des dont il est empreint, trahissent l’influence du XVIIIe siècle, Fontaine fait dialoguer réserves de la part de Fontaine (Jörg Merz). Dictionnaire d’architecture de Quatremère tradition et innovation, passé et actualité, De nombreuses propositions, tantôt de Quincy (Jean-Michel Leniaud). Ancien Régime et nouvelle ère. Son talent réalistes tantôt utopiques, proposent une La troisième et dernière demi-journée, de médiateur lui permet de surmonter des pyramide qui, au lieu de célébrer l’entente « Livres, modèles, projets non destinés

 Les Nouvelles de l’INHA / n° 31 / avril 2008 à la réalisation », sous la direction de Jean-Philippe Garric, envisageait l’activité de Percier et Fontaine, comme auteurs, mais aussi, plus largement, comme concepteurs et éditeurs de leurs propres ouvrages. Si leurs trois principaux ouvrages, Palais, maisons et autres édifices modernes de Rome (1798- 1802), Décorations intérieures (1802-1812) et Villas de Rome et de ses environs (1809-1813), ont connu un écho important et durable, ils ont aussi signé plusieurs autres publications remarquables, notamment deux livres destinés à commémorer le sacre de Napoléon et son mariage avec Marie-Louise et, plus tard, un recueil de plans de grandes résidences de souverains comparées au projet pour le palais du Roi de Rome (1833). Cette implication particulière dans le domaine de l’imprimé, pratique assez fréquente chez les architectes de cette période, trouve son origine à la fois dans le séjour romain, qui fournit la matière de deux des recueils mais aussi le modèle d’une pratique graphique artistique, dans la lignée de Piranèse, et dans la pénurie de commandes d’envergure qui e caractérise les dernières années du xviii et renforcer son message, comme l’illustre Pierre François Léonard Fontaine, Vue d’un puits dans le cloître siècle. Réduit à concevoir des ornements le Recueil de décorations intérieures, l’un de San Pietro in Vincoli à Rome, pour des ouvrages de prestige, Percier se des vecteurs de la diffusion du « goût mine de plomb et aquarelle. Dessin préparatoire pour la forgea une réputation d’artiste du livre. néo-classique » (Olga Medvedkova). planche 37 du recueil de Percier Et c’est de manière très artisanale que les Alors que s’estompent les limites entre les et Fontaine, Palais, maisons et autres édifices modernes dessinés deux artistes, avant que leur situation différents genres artistiques, entre la théorie et à Rome, publié à Paris à partir de professionnelle ne se stabilise, conçoivent et la pratique, entre la réalité et l’imagination, 1798. Collection particulière. réalisent leurs deux premiers ouvrages. le jeu des influences croisées, des migrations Les projets inachevés de recueils d’édifices et des réceptions multilatérales nourrissant le italiens de Pierre Adrien Pâris anticipent processus créateur évoque immanquablement ceux de Percier et permettent de les placer le foisonnement spéculatif de la Renaissance dans un contexte plus large, marqué par italienne. Au terme de ces journées d’études l’émergence d’un intérêt pour les s’impose la nécessité d’une étude de fond de architectures domestiques de l’Italie l’œuvre de Percier et de Fontaine afin de moderne (Pierre Pinon). Les deux recueils mieux comprendre l’évolution des méthodes sur l’Italie mettent au jour la vocation de de travail, du langage formel et des Percier et Fontaine à diffuser une « théorie programmes au cours d’une période riche de par l’image » soutenue par un important bouleversements politiques, sociaux et travail graphique (Jean-Philippe Garric). En techniques. Ce travail viendrait, à n’en pas définissant, à partir des édifices italiens, des douter, combler une importante lacune de modèles destinés aux architectes et aux l’histoire de l’art. étudiants contemporains, Percier et Fontaine font la démonstration par l’exemple des Sabine Frommel principes et des méthodes de composition Directeur d´études qui sont au cœur de leur pratique. Histoire de l´art de la Renaissance De là vient le soin apporté à l’édition, EPHE - Sorbonne à l’esthétique du livre qui doit servir

 Le XIXe siècle et l’architecture donné au problème une actualité nouvelle. pour le dôme de Saint-Pierre de Rome. de la Renaissance Parmi plusieurs ouvrages de référence, on peut C’est davantage la première Renaissance Colloque international organisé par citer celui de Ralf Mennekes, Die Renaissance française qui intéresse la génération des peintres le Centre d’études supérieures de la der deutschen Renaissance (2005), ou celui de d’histoire pour les décors de leurs tableaux : Renaissance (CESR) et l’INHA Rosanna Pavoni, Reviving the Renaissance: la communication de Barthélemy Jobert pose Tours, CESR, 30 et 31 mai The Use and Abuse of the Past in Nineteenth- précisément la question de la nature de cette Château de Blois, 1er juin 2007 Century Italian Art and Decoration (1997). « Renaissance » que bien souvent encore l’on La question préliminaire porte sur l’idée que le confond avec le gothique flamboyant. La Ce colloque s’inscrivait dans la XIXe siècle se faisait de la Renaissance. Werner perception de l’architecture renaissante varie continuité de nombreuses manifestations Oechslin, en retraçant l’histoire complexe des avec l’évolution du goût au sein même du XIXe consacrées à la perception de la rapports entre Jakob Burckhardt, historien siècle : Yves Pauwels cite Alexandre Dumas, Renaissance aux siècles suivants. du style, spécialiste de la Renaissance, et qui, visitant Blois, confond dans un grand élan En introduction, Alice Thomine-Berrada a Gottfried Semper, architecte pratiquant d’admiration l’aile Louis XII et l’aile François rappelé que, si les historiens de l’architecture le néo-Renaissance, montre la différence Ier, opposées à « la bâtisse froide et plate de ont beaucoup étudié le néo-gothique, ils ont entre les perceptions et les propositions Mansart » qui « proteste contre le gothique et en revanche trop souvent laissé de côté le « néo- d’un théoricien et celles d’un praticien la Renaissance, c’est-à-dire contre le beau et Renaissance » parce qu’ils étaient plus soucieux adepte d’une « théorie empirique ». l’art ». De fait, la somptueuse villa de Monte de trouver dans l’art de bâtir du XIXe siècle Dans le même esprit, Joëlle Prungnaud Cristo, à Port-Marly, qu’il conçoit avec son les prémices de l’architecture contemporaine s’attache à l’idée de l’architecture Renaissance architecte Hippolyte Durand mélange dans (Henry-Russell Hitchcock ou Leonardo chez les écrivains anglais et français de la fin son décor, éléments flamboyants, motifs issus Benevolo) que d’y chercher, comme le fit Louis du XIXe siècle, dont les réactions face aux de Gaillon ou de Chambord, et formes de la Hautecœur, les racines d’un classicisme français bâtiments de la Renaissance italienne, doivent Renaissance maniériste peut-être empruntées qui serait à la source de celle-ci. Néanmoins, être nuancées. En revanche, Frédérique aux recueils d’Androuet du Cerceau. plusieurs travaux récents publiés en France (par Lemerle montre qu’un peintre néo-classique Comment les architectes eux-mêmes ont-ils Sylvain Bellenger, Bruno Foucart et Françoise comme le Lillois Jean-Baptiste Wicar (1762- perçu la Renaissance ? Certaines publications, Hamon à l’occasion des expositions Félix 1834) est un grand amateur et connaisseur qui accordaient aux modèles de la Renaissance Duban présentées à Blois en 1996, et à l’École de l’art italien du XVIe siècle : il constitue italienne une grande importance, n’ont pas nationale supérieure des Beaux-Arts en 2004 ; une collection de dessins au sein de laquelle été sans répercussions. Jean-Philippe Garric par François Loyer sur l’influence de Palladio ; se détachent un recueil d’architecture, le souligne l’importance du Choix des plus par Françoise Boudon sur la réception de la Libro di schizzo di Michelangelo (qu’il croit célèbres maisons de plaisance de Rome et de ses Renaissance dans les revues d’architecture ; et de la main du maître, alors qu’il est dû à l’un environs de Percier et Fontaine (1809), recueil par Olivier Gabet, dont la thèse est consacrée de ses disciples, Raffaello da Montelupo) formé de perspectives et de plans présentant aux réalisations de la maison Fourdinois) ont et d’authentiques esquisses du Florentin les rez-de-chaussée des villas dans le contexte

Antoine Bourgerie, Château de Chenonceau, lithographie imprimée à Tours vers 1841, Tours, musée des Beaux-Arts.

10 Les Nouvelles de l’INHA / n° 31 / avril 2008 de leurs parcs. Rompant avec la tradition des des sources du Rundbogenstil de Heinrich Histoire de l’art du XIXe siècle jardins français défendue par Jacques-François Hübsch, qui hésite entre les palais florentins du (1848-1914) : bilans et perspectives Blondel, l’ouvrage s’oppose également au goût Quattrocento, le palais Massimo de Peruzzi ou Colloque organisé par le musée d’Orsay, contemporain pour les jardins anglais. Au-delà le palais Sciarra de Pontio, sans oublier Alberti l’École du Louvre, et l’INHA pour de sa dimension pittoresque, ce recueil, qui et Michel-Ange. Dans le cas d’Anvers, analysé le Forum des jeunes chercheurs interprète parfois très librement les œuvres par Piet Lombaerde, la Belgique, qui affirme 13-15 septembre 2007 de la Renaissance et du Seicento, a exercé alors son identité, privilégie une Renaissance une influence durable au sein de l’École des flamande, celle de Hans Vredeman de Vries, Lors de son ouverture, le musée d’Orsay a Beaux-Arts de Paris, contribuant à fonder Pieter Coecke van Aalst ou Cornelis Floris de proposé une nouvelle vision de l’art de la une tradition de l’art du plan et des grandes Vriendt comme on le voit avec le nouvel hôtel deuxième moitié du XIXe siècle et des compositions. L’étude des bibliothèques de ville de Borgerhout (la plus importante premières années du XXe siècle. Vingt ans plus d’architectes fondée par Annie Jacques sur commune de la banlieue d’Anvers), de tard, un colloque international a permis à des l’analyse des catalogues de vente, montre une Léonard et Henri Blomme. Mais le problème spécialistes de tous horizons de souligner les présence non négligeable d’ouvrages du XVIe est encore plus délicat quand il s’agit de principales avancées et les nouvelles perspectives siècle : l’auteur le mieux représenté est sans restaurer ou de restituer. Alberto Grimoldi dans la connaissance de l’art de cette période. conteste Androuet du Cerceau, qui figure montre que l’Italie n’est pas épargnée par L’École du Louvre s’est associée au musée pratiquement dans toutes les bibliothèques dans l’ambiguïté des programmes, alliant fidélité d’Orsay pour concevoir et organiser cette des éditions rares et souvent somptueusement « classique » au palazzo Te de Mantoue, manifestation qui a réuni, en dix sessions, une reliées. Les ouvrages de Serlio, Vignole, Alberti achèvement baroque et modernisation à l’église soixantaine d’historiens de l’art venus d’une et Vitruve viennent ensuite, ce dernier dans Sant’Andrea de Mantoue, invention d’un dizaine de pays différents. Pour éviter la de multiples éditions italiennes ou françaises. style « bramantesco » à Milan. En France, si tentation d’autocélébration, les membres du Le Livre de perspective de Jean Cousin et les les travaux menés par la famille de Biencourt à comité scientifique ont donné carte blanche œuvres de Palladio apparaissent également Azay-le-Rideau restent très cohérents, dans le aux différents spécialistes invités pour organiser en bonne place dans la liste des ouvrages style « des châteaux de la Loire » (Marie Latour- chacune des sessions, ces derniers étant, dans les plus souvent cités. La contribution de Falaise), le cas de Sully, en Bourgogne, étudié leur majorité, des historiens de l’art étrangers, Juliette Jestaz met en valeur le cas particulier par Marianne Métais, est plus complexe. Bien et, à une exception près, tous extérieurs aux de Joseph Lesoufaché (1804-1887), architecte que ce château ait été bâti entre 1573 et 1620, deux institutions organisatrices. bâtisseur d’immeubles haussmanniens et la famille Mac Mahon décide vers 1830 d’une En accompagnement du colloque, l’INHA a auteur entre autres du nouveau château de restauration néo-gothique, avant de s’orienter organisé le « Forum des jeunes chercheurs » Sceaux, qui constitua une très riche collection vers 1870 vers un style néo-Renaissance. destiné à donner à de jeunes docteurs ou de livres, d’estampes et de dessins léguée Que penser alors du travail des restaurateurs doctorants l’occasion de faire connaître leurs par sa veuve à l’École des Beaux-Arts en du XXIe siècle ? Il ne s’agit plus de savoir quelle axes de recherche, inscrits dans la période 1889. On y trouve des traités d’architecture est la nature stylistique de la Renaissance à 1848-1914. La première demi-journée, (Vitruve, Vignole, Serlio), de fortification et imiter, mais de sa date : la plupart des châteaux à l’auditorium de la galerie Colbert, a permis de perspective (Viator, Androuet du Cerceau, de la Loire sont de fait des châteaux du XIXe à dix jeunes chercheurs issus de cinq Marolois, Dubreuil), des recueils de modèles siècle. En charge des prestigieux édifices du universités françaises et de l’École du Louvre d’architecture et d’ornement (Vredeman Loir-et-Cher, Patrick Ponsot pose alors la de poser un certain nombre de questions qui de Vries, Serlio, Androuet du Cerceau), des question : « Quelle Renaissance restaurer ? ». révélaient une mise en cause des typologies monographies de monuments et de jardins, À partir des exemples des châteaux de Blois établies et un intérêt marqué pour les des livres de fêtes, mais aussi de la littérature et de Chaumont, il conclut sagement que la « corbeilles de rébus », selon l’expression du et de la poésie. Mais le style de l’architecte restauration doit être réduite à ce qu’elle est, professeur Jacques Thuillier. Sarah Linford a n’en est pas pour autant typiquement néo- c’est-à-dire un « mal nécessaire ». remis en question les limites de la définition renaissance : ses immeubles parisiens montrent Elle ne peut donc porter que sur le dernier du symbolisme, en particulier dans un une grande sobriété décorative qui ne suffit état. Tout autre option mène au mieux à la contexte anglo-saxon. Guillaumé Peigné pas à motiver la constitution d’une pareille falsification, au pire au vandalisme, et n’est s’est risqué à la proposition d’une nouvelle collection pour des besoins documentaires. donc plus de la restauration. Une visite catégorie, le néo-baroque. C’est sur le La constitution d’une « culture de la du château de Blois, belle conclusion au concept de l’intime que travaille pour sa part Renaissance » passe aussi par l’évolution de colloque, en fut la parfaite illustration. Guénola Stork à propos d’Albert Anker. la représentation des architectures dans les Les actes du colloque, en cours de préparation, Jérémie Cerman a montré comment peuvent publications. Valérie Nègre montre comment seront enrichis de contributions de Bruno être étudiés avec bonheur des objets les différentes techniques de reproduction, Foucart, Wolfgang Sonne, Ornella Selvafolta, nouveaux comme le papier peint Art depuis la gravure au trait sur cuivre, aquarellée Barry Bergdoll et Marc Le Cœur. nouveau, en conciliant l’examen des ou non, jusqu’à la phototypie, en passant méthodes de production et des par la gravure sur acier, la lithographie et Frédérique Lemerle considérations stylistiques. La vitalité des la chromolithographie, accompagnent et Chargée de recherche au CNRS-HDR études sur des formes d’expression artistique permettent une évolution de la réception des Tours, Centre d’études supérieures de la Renaissance rarement envisagées s’est aussi illustrée par modèles italiens de la Renaissance au XIXe Yves Pauwels la communication de Saskia Ooms, sur siècle. On observe notamment comment Professeur d’histoire de l’art moderne l’instantané (Kodak). L’histoire institutionnelle le medium utilisé modifie l’importance Tours, Centre d’études supérieures de la Renaissance de l’art a montré d’importants relative accordée à l’expression de la développements, avec les communications composition d’une part, des matériaux et de Nicolas Buchaniec et de Géraldine de la matérialité des édifices de l’autre. Masson, portant respectivement sur les Ulrich Maximilian Schumann souligne la variété Salons artistiques en province et les

11 conservateurs de musées sous la IIIe Institute, à Los Angeles. La question qui fit l’objet d’une session conçue par Michel République. Confirmant les apports de dominait les interventions : « Quels musées Frizot, directeur de recherche au CNRS. l’histoire et de la sociologie à l’étude du pour quelle histoire de l’art ? », fut C’est enfin à Anne Pingeot, conservateur milieu artistique, Barbara Musetti a livré ses partiellement consacrée à l’analyse du cas que général au musée d’Orsay, que fut confiée la conclusions sur les praticiens italiens au constitue le musée d’Orsay, centrée sur ses session consacrée à la sculpture de la période tournant du siècle, dans le contexte de partis pris de départ, ses regroupements 1848-1914, qu’elle a grandement contribué à l’immigration. L’étude de la réception, par la stylistiques, ses hypothèses de étudier, et plus encore à sauver. critique d’art ou par la production artistique contextualisation (James Cuno, Michael Deux sessions plénières achevèrent ce elle-même, a été enfin illustrée par la Conforti). Des propositions d’évolution de colloque. Confiée à Pierre Vaisse, professeur communication de Cécile Thézelais sur les l’accrochage vers un éclatement de toutes ces honoraire d’histoire de l’art contemporain textes critiques de Charles Morice, et par classifications, dans le sens d’un à l’université de Genève, et intitulée celle de Claire Garcia, qui a montré « hétéroclitisme », furent formulées par « Artiste, carrière, institutions », la première comment la statuaire monumentale publique Werner Hofmann. La session offrit également montra la fécondité de ces questions de l’entre-deux-guerres a repris, au XXe des perspectives plus larges, grâce à une amplement traitées dans ses propres travaux. siècle, les modèles du XIXe siècle. contribution comparatiste d’Uwe Fleckner, Deux communications mirent en jeu des Le colloque comprenait quatre sessions étudiant plusieurs musées parisiens, et à une problématiques touchant à l’architecture : plénières et six sessions simultanées, réflexion étendue à l’ensemble des musées de David Van Zanten se livra à une remise en consacrées aux différents domaines de la région présentant des œuvres du XIXe siècle cause de catégories stylistiques par la production artistique : peinture, sculpture, en France aujourd’hui. À ce sujet, Sylvie confrontation de plans d’architectes de architecture, photographie, arts décoratifs, Ramond, directrice du musée des Beaux-Arts plusieurs générations, alors que Wolf arts graphiques. Il s’est tenu alternativement de Lyon, a pu amener le débat sur la question Tegethoff posait la question d’un style au musée d’Orsay et à l’École du Louvre. des redéfinitions et réévaluations des courants national en architecture à travers les Pascal Griener, professeur à l’université de et figures artistiques. expositions universelles. D’autres points Neuchâtel et spécialiste des questions Les six sessions organisées en fonction des de vue, celui d’une catégorisation des historiographiques, a organisé la première différents domaines de production des arts représentations photographiques (Michel session consacrée à l’histoire du goût et de la visuels avaient été conçues pour permettre Poivert) ou de la remise en question d’une réception. L’ensemble des intervenants qu’il aux historiens de l’art de confronter leurs construction partiellement imaginaire, avait invités ont mis en cause la notion de réflexions sur les évolutions enregistrées dans celle du peintre orientaliste (Christine réception de l’art du XIXe siècle en montrant leur spécialité. Richard Bretell, empêché Peltre), se sont exprimés, ainsi que celui que, loin de se réduire à ce qu’on a pour raisons de santé, avait été remplacé par d’une sociologue, Nathalie Heinich, faisant longtemps entendu par « fortune critique », Richard Thomson, Watson Gordon du statut d’artiste au XIXe siècle l’un elle prend en compte toutes les dimensions Professor of Fine Arts, à l’université de ses objets d’étude. de l’horizon d’attente de l’œuvre, parmi d’Édimbourg, pour présider une session La dernière session, présidée par Michael lesquelles, par exemple, les choix de consacrée à l’histoire de la peinture, autant Zimmermann, professeur, titulaire de la restauration (Cathleen Hoeniger). Les dans le renouvellement de l’étude de ses chaire d’histoire de l’art de l’université marchands (Linda Whiteley) et les aspects techniques ou iconographiques que catholique d’Eichstätt-Ingolstadt, avait collectionneurs (Dianne Macleod) ont été d’un point de vue historiographique. La l’ambition de cerner de nouvelles approches étudiés comme autant de figures section consacrée aux arts graphiques de l’histoire de l’art du XIXe siècle. Ségolène particulières mais essentielles de la réception, réunissait, autour de Stephen Bann, Le Men proposa l’interprétation d’un mais aussi de l’orientation du goût. Ont été professeur d’histoire de l’art à l’université de ensemble de croquis de voyage de Courbet enfin pointées, par Roland Recht et par Bristol, des spécialistes qui s’attachèrent à dans le sens du « culte des images » Dominique Jarrassé, quelques difficultés, interroger les usages, les interprétations et baudelairien. Les rapports entre arts et incompréhensions, voire apories exprimées les fins des images multiples à l’époque de sciences furent revisités par Hubertus Kohle, par les discours produits sur l’art au XIXe l’industrialisation de leur production. C’est par le biais des images hallucinatoires de siècle, qu’il s’agisse des limites, en France, de particulièrement aux échanges Böcklin, alors que d’autres détournements la compréhension de la peinture allemande, internationaux et à leurs enjeux que furent de la fonction directement représentative de cet art hiéroglyphique ou philosophique que consacrées les communications de la section l’œuvre d’art visuel étaient abordés, tant fustigeait Baudelaire, ou de la difficulté à dédiée aux arts décoratifs présidée par sous l’angle de l’assemblage (Maria Grazia modifier ses taxinomies pour une histoire de Kathryn B. Hiesinger, conservateur chargée Messina) que sous celui du détournement l’art confrontée aux arts exotiques. Pascal des Arts décoratifs européens au interprétatif de photographies de paysages Griener a conclu, en se situant dans la Philadelphia Museum of Art. Cette par différents peintres (Ulrich Pohlmann). perspective de Hans Robert Jauss, sur la perspective ne fut pas négligée par les Mystère et équivoque contenus dans des place du spectateur de l’œuvre d’art comme spécialistes d’architecture, qui images « potentielles » suggérées par l’artiste acteur indirect, en constituant l’ultime s’interrogèrent aussi, dans une section dans son œuvre, furent enfin considérés par horizon d’attente. En ce sens, la littérature confiée à Bruno Foucart, professeur émérite Dario Gamboni comme emblématiques de la artistique n’apparaît que comme un beau à l’université de Paris-IV Sorbonne, sur période 1848-1914, à laquelle était reste de tout l’ensemble de la médiation l’évolution de leurs méthodes, en particulier consacrée ce colloque. entre œuvre d’art et spectateur. pour l’étude d’un siècle où l’architecture La deuxième session plénière était confiée à transforme et reflète la société. Thomas Gaehtgens, professeur à la Freie La photographie, dont l’étude bénéficie Claire Barbillon Universität de Berlin, ancien directeur du depuis une vingtaine d’années d’une Directrice des Études à l’École du Louvre Centre allemand d’histoire de l’art de Paris, formidable accélération, parallèlement au Catherine Chevillot et actuellement directeur du Getty Research développement des collections publiques, Conservateur en chef au musée d’Orsay

12 Les Nouvelles de l’INHA / n° 31 / avril 2008 Vitrail et arts au temps des également remarquable par son architecture. Le collatéral sud, entièrement dédié réformes. L’exemple normand dans À Conches-en-Ouche, Michel Hérold a à l’Eucharistie, se fait l’écho des le contexte européen exposé l’histoire de l’ensemble des verrières, controverses sur la présence réelle du Christ Journées d’études organisées par qui fut remarqué dès le XVIIIe siècle par dans l’hostie et sur la messe, à travers des Michel Hérold et Laurence Riviale Pierre Le Vieil dans son Traité de peinture thèmes traditionnels comme la Cène et Hôtel de Région, Rouen sur verre, commenté au XXe siècle par Émile ses préfigures, ou des thèmes beaucoup 29 et 30 novembre 2007 Mâle, puis étudié par Jean Lafond, qui plus nouveaux comme la mise en scène décrypta l’énigme du nom « Aldegrevers » du Christ consacrant les espèces au centre Ces deux journées d’études internationales copié sur un vitrail de l’abside. Retraçant d’un arc de triomphe, réplique d’un dessin ont été organisées par le Comité français l’histoire des restaurations du XIXe siècle, d’Androuet du Cerceau. du Corpus Vitrearum, avec le soutien du Michel Hérold a rappelé le rôle déterminant À Jumièges, Laurence Riviale a montré Conseil régional de Haute-Normandie, du des frères Laumônier qui réalisèrent entre que les thèmes bibliques (Livre de Daniel Conseil général de l’Eure et du Conseil 1850 et 1855 les précieux relevés en grandeur et l’histoire de Suzanne, Livre de Jonas) général de la Seine-Maritime, à l’occasion réelle des vitraux de Conches. et apocalyptiques choisis entre 1569 et de la parution aux Presses universitaires de À travers quatre exemples, Laurence Riviale 1579 étaient ceux-là mêmes repris dans des Rennes du livre de Laurence Riviale, Le a confirmé l’intuition d’Émile Mâle, en pamphlets anti-protestants et que le modèle vitrail en Normandie entre Renaissance et montrant que l’exaltation mariale notable graphique de la Femme vêtue de soleil et du Réforme (1517-1596), et du 40e anniversaire dans les verrières du collatéral nord (entre dragon utilisé dans l’une des baies se trouvait du Service régional de l’Inventaire de 1540 et 1555), dans les thèmes de la Vierge aux dans des opuscules sur l’Apocalypse, parus Haute-Normandie. symboles bibliques et surtout du Triomphe de dès 1546, qui luttaient contre l’hérésie. Le premier jour a été consacré à la visite la Vierge, était plus précisément une dévotion Ce choix graphique s’explique par l’identité d’édifices conservant des verrières illustrant à l’Immaculée Conception, célébrée par les du commanditaire, sans doute le cardinal les thèses de l’ouvrage de Laurence confrères normands du Puy de la Conception de Bourbon, archevêque de Rouen, abbé Riviale, qui considère le vitrail du XVIe et défendue ici contre la Réforme. de Jumièges à partir de 1574, qui fit appel siècle comme le miroir des réactions des en 1578 au célèbre prédicateur Jacques Le commanditaires aux idées de la Réforme Église paroissiale Saint-Valentin, Hongre, auteur des Homélies sur les saintes baie n° 2, Vision de saint Jean, luthérienne et calviniste. Le choix s’est La femme vêtue de soleil et images (1563) pour la réunion de cette porté sur les verrières de l’église Sainte- le dragon, entre 1570 et 1576, abbaye à l’ordre de Chezal-Benoît. Jumièges (Seine-Maritime). Foy, à Conches-en-Ouche, véritables © Michel Hérold La journée s’acheva avec la présentation des « réfutations du calvinisme » selon Émile exceptionnelles collections de vitraux du Mâle, et de l’église Saint-Valentin, à Musée départemental des Antiquités à Rouen Jumièges, édifice paroissiale peu connu, par Nathalie Roy et Michel Hérold.

13 Lors de la deuxième journée, l’hémicycle Le vitrage ne fut pas entièrement remplacé par VIe journée d’études sur l’actualité de l’hôtel de Région à Rouen a accueilli du verre blanc et l’on conserva les vitraux du de la recherche en histoire de des conférences qui ont permis d’élargir la chœur ; des thèmes profanes furent commandés l’art italien de l’Association des réflexion vers d’autres horizons européens. dans d’autres églises. Paradoxalement, c’est Historiens de l’Art italien Après l’intervention d’Alain Le Vern, dans les cantons qui adoptèrent la Réforme Journée d’études organisée par Michel président du Conseil régional et de Dany que le vitrail médiéval demeure. David King Hochmann (EPHE), Véronique Meyer Sandron, directeur du Centre André Chastel rappela que la suppression des monastères (université de Poitiers) (UMR 8150), Marc Venard a présenté les en Angleterre (1536-1541) et les Injunctions INHA, 12 octobre 2007 diocèses de Rouen et d’Évreux au XVIe d’Edouard VI (1547) responsables en grande siècle ; puis Denis Hüe, dans son exposé partie de la disparition de nombreux vitraux, L’Association des Historiens de l’Art intitulé « Le poète, le clerc et le vitrail » sur n’ont pas empêché le remploi de certains italien (AHAI) a organisé sa VIe journée la dévotion conceptionniste à Rouen, a fait panneaux dans des édifices privés. Les comptes d’études consacrée aux travaux, en valoir des éléments inédits, en particulier un de Norwich jusqu’en 1700, font état de cours ou récemment achevés, de jeunes chant royal où l’importance symbolique de dépose de vitrage ; l’iconographie de certaines doctorants. Animée par Michel Hochmann la vitre était manifeste. Catherine Vincent verrières fut modifiée afin de s’accorder au (EPHE) et Véronique Meyer (université a mis en évidence l’importance de la culte protestant, et une conservation sélective de Poitiers), elle a été l’occasion pour le distribution du luminaire, de sa signification encouragée. En dépit d’une période de public de découvrir les centres d’intérêt de dans les édifices cultuels et des critiques dont chômage succédant à une surabondance de dix chercheurs portant sur la peinture et il fit l’objet de la part des Réformés, tous travail due au revitrage en blanc, le métier de l’architecture italiennes et leur rayonnement éléments propres à nourrir la réflexion sur le peintre verrier ne disparut pas et s’adapta à une en Europe du XVe au XXe siècle, qu’il s’agisse vitrail dans la perspective de la Réforme. nouvelle demande de vitraux héraldiques et de de l’Italie (Venise, Rome, Florence…), de la La comparaison s’imposait entre une Cène panneaux illustrant des proverbes. La réforme France, de la Corse ou de la Russie. normande remarquable par l’absence de laudienne ne provoqua pas, en matière de Après l’ouverture de la session par Paola Judas, datée vers 1535 mais très restaurée vitrage religieux, le renouveau que l’on aurait Pacht Bassani, présidente de l’AHAI, Anna au XIXe siècle, et une gravure de Dürer de pu attendre. Zsuzsanna Van Ruyven-Zeman de Benedetti, doctorante à l’EPHE, est 1523, considérée par Panofsky comme le montra enfin comment le vitrail fut toujours intervenue sur le thème d’« Éros magicien seul exemple d’une Cène à onze apôtres et à l’honneur aux Pays-Bas même après la ou la doctrine de l’inspiration dans la pensée par Price comme un manifeste luthérien formation des Provinces unies, les commandes ficinienne ». S’interrogeant sur le rôle du en faveur du commandement johannique de vitraux destinés à orner les anciens édifices dieu face à l’acte créateur, elle a souligné les d’amour mutuel. Dans l’hypothèse de cultuels désormais utilisés par les protestants se rapports de Marsile Ficin avec les artistes l’authenticité de sa composition et en poursuivant toujours, qu’il s’agisse de thèmes de son temps, et a montré comment s’interrogeant sur le sens d’une pareille héraldiques, bibliques, historiques ou moraux. cette doctrine s’attache à la relation entre figuration, Laurence Riviale utilisa cette L’entretien constant des vitraux religieux déjà le sujet et l’objet et comment, en tant nouvelle occurrence pour mieux comprendre existants est également remarquable dans qu’intermédiaire entre l’homme et le monde la tradition iconographique de la Cène : l’église Saint-Jean, à Gouda, aux Pays-Bas. des Idées, l’œuvre fait paradoxalement la présence de Judas, mieux, sa communion, Le caractère international et pluridisciplinaire obstacle à son désir d’ascèse. Dans une était indispensable même dans les Cènes de ces deux journées a permis un véritable communication intitulée « Santa Maria del purement eucharistiques, comme preuve du enrichissement de la connaissance, non Carmine dans la Florence du Quattrocento : libre arbitre, que Luther nie dans son seulement dans le domaine du vitrail, mais aussi un vivier de peintres, de Lorenzo Monaco à De servo arbitrio (1525). Rita Ramberti dans celui de la poésie dévotionnelle et des Filippo Lippi », Cécile Maisonneuve (EPHE) démontra qu’il s’agit là de l’exemple par pratiques cultuelles au XVIe siècle. a remis en question certaines attributions excellence de l’affirmation du libre arbitre grâce à l’étude conjuguée des œuvres et des – question qui rejoint celle de la théodicée – Laurence Riviale pièces d’archives, et s’est intéressée aux d’Augustin d’Hippone au Concile de Trente, CNRS - Centre André Chastel (UMR 8150) liens entre les peintres, les commanditaires en passant par Pomponazzi, Valla et Luther. et la communauté monastique. La visite de l’exposition de photographies de Cécile Beuzelin, doctorante de l’université de l’Inventaire a été l’occasion pour Laurence Tours, retraçant « La fortune de la Légende du Tison de rendre hommage aux travaux de ce roi mort dans l’art italien de la Renaissance », service. Brigitte Kurmann exposa ensuite la s’est arrêtée sur l’iconographie d’un des situation du vitrail à Berne après l’adoption de panneaux de spalliera, exécuté vers 1523 par la réforme zwinglienne en 1528, alors même que Bacchiacca pour l’antichambre du palais l’église collégiale était encore en construction. de Giovanni Maria Benintendi, et a décrit

14 Les Nouvelles de l’INHA / n° 31 / avril 2008 comment ce thème nordique fut utilisé pour d’œuvres d’art réunies sous l’ordre des tsars Perspective pour l’histoire de l’art illustrer un point de vue politique et moral. dans les palais impériaux, Guillaume Nicoud, Il y a bien longtemps que nous attendions Marianna Lora, doctorante à Paris I, doctorant à l’EPHE, s’est intéressé plus en France, dans le domaine de l’histoire a présenté ses recherches sur « L’allégorie particulièrement aux « Peintures italiennes à de l’art, une revue aussi ambitieuse que de l’Immaculée Conception entre Rosso l’Ermitage, de Catherine II à Alexandre Ier ». Perspective. Lancée en 2006, cette publication Fiorentino et Giorgio Vasari ». Montrant que l’intérêt constant que leur généraliste reflète bien l’ouverture de l’INHA À partir de l’étude de peintures et de dessins, porte la cour correspond à une politique aux débats contemporains et ses ambitions elle a montré comment, sous l’inspiration d’acquisition systématique, Guillaume critiques. Cette même largeur de vue se de Rosso, Vasari réalisa des œuvres qui Nicoud a décrit comment ces collections retrouve dans la composition des comités de changèrent le cours de cette iconographie, furent mises en valeur de façon cohérente rédaction, qui permet à la revue de rendre en mettant en évidence les différentes étapes grâce aux aménagements intérieurs compte de l’actualité de la recherche dans les de l’invention du peintre. d’une partie des bâtiments en salles orientations les plus diverses et les plus neuves. Partant des exemples de Léda, et de Vénus muséographiques. Huit numéros sont déjà parus, témoignant de et Mars surpris par Vulcain, Francesca Audrey Giuliani, doctorante à l’EPHE, a étudié l’actualité d’un projet d’envergure qui veut Alberti, doctorante à Paris I, a proposé « L’influence italienne dans l’architecture corse à la fois rendre compte des centres d’intérêt une réflexion sur la notion de comique à du XIXe siècle » et s’est attachée au cas de Paul- de l’INHA et des travaux les plus divers, toutes la Renaissance à travers « les parodies de Augustin Viale (1824-1874), architecte bastiais périodes et zones géographiques confondues ; Tintoret». Elle a souligné la nouveauté de formation romaine qui, de retour en Corse, la dimension internationale est clairement de ces iconographies « étranges », qui devint ingénieur des Ponts et Chaussées, affirmée et les formules éditoriales sont détournent la tradition iconographique puis architecte de Bastia où il érigea divers originales (états de la recherche, débats, …). et les chefs-d’œuvre d’une manière non monuments inspirés de l’architecture romaine. La revue insiste à bon escient sur les aspects caricaturale, selon une démarche qui s’inscrit Comme le montre l’étude de son œuvre et historiographiques de cette spécialité qui avait dans une anti-héroïsation des dieux. des documents d’archives inédits, Viale se cruellement manqué en la matière. L’idée des À partir de documents inédits, dans son tourna peu à peu, malgré lui, vers Paris, au dossiers sur l’histoire de l’art dans un pays intervention consacrée à « l’ingénieur détriment de Pise, Florence et Rome. (la Suisse en 2006, la Grande-Bretagne en 2007, Pompeo Targone (1575-1630), un inventeur Thomas Renard, doctorant en co-tutelle avec un panorama très complet de l’histoire de incompris », Emmanuelle Loizeau, doctorante université de Paris IV-IUAV Venise, a choisi l’histoire de l’art dans ce pays) est nouvelle, à Paris IV, a analysé la carrière européenne de présenter « Les villas romaines de l’Unité et le résultat en est toujours intéressant. de cet artiste, étroitement liée à l’histoire des d’Italie (1870-1922) ». Partant d’un corpus Il n’y a pas si longtemps encore, on pouvait techniques, à l’ingénierie militaire et d’une quarantaine de villas, il a étudié douter qu’une revue française puisse présenter, à la guerre de siège. S’arrêtant sur son rôle comment les bouleversements politiques, comme Perspective l’a fait, les recherches en à Royan, à la Rochelle, et sur ses projets démographiques, économiques, modifièrent cours sur « Genre et histoire de l’art », avec de digue du Fort-Louis, elle a souligné profondément le visage architectural de un double éditorial de l’historienne de l’art et son rôle dans l’affirmation du pouvoir la ville avec l’apparition de nouveaux critique Élisabeth Lebovici et du philosophe royal. Intervenant sur « G.F. Grimaldi et la quartiers hors les murs, mettant en jeu des iconoclaste Yves Michaud. De même qu’un situation du décor palatial romain à la fin styles architecturaux jusqu’alors inédits à numéro récent sur la monographie présentait du Seicento », Isabelle l’Herbette-Jaillard, Rome. Puis il a montré comment les classes des réflexions stimulantes, de même la doctorante à l’EPHE, a analysé comment le dirigeantes tentèrent d’imposer un système discussion s’impose autour des points aveugles modèle de la galerie Farnèse fut retravaillé par de représentation social, en revendiquant de l’histoire de l’art, cette étrange discipline l’artiste et ses collaborateurs en intensifiant l’intégration à la tradition romaine. qui tarde à occuper sa vraie place dans le le caractère analytique et « artificiel » du Ces diverses interventions attestent de la champ des sciences humaines. Si elle souffre dispositif du plafond-pinacothèque, renvoyant variété des approches et des sujets abordés, encore d’un manque de reconnaissance dans à un contexte nouveau, celui de la pratique et de la vitalité des études italiennes en l’enseignement secondaire et si elle fut trop de la collection, et au statut « moderne » France. Elles seront publiées en 2008, dans longtemps isolée et rebelle à toute évaluation du tableau. Puis, à la lumière d’exemples le numéro 14 du Bulletin de l’Association des de ses pratiques empiriques, une page semble contemporains contradictoires, elle a tenté historiens de l’Art italien (AHAI) comme l’a enfin avoir été tournée, – ce dontPerspective de situer les expériences picturales de été la précédente journée d’études publiée témoigne, de façon à la fois érudite et réflexive, Grimaldi, qui s’attacha à maintenir dans le numéro 12 de 2006. critique et prospective. un modèle rhétorique d’organisation du décor, tout en y intégrant une partie des Véronique Meyer Laurence Bertrand Dorléac tensions susceptibles de le dissoudre. Professeur d’histoire de l’art moderne Professeur d’histoire de l’art contemporain Dans l’étude qu’il mène sur les collections à l’université de Poitiers à l’Institut Universitaire de France

15 Annonces

Disparate puntual (Disparate ponctuelle), 1815-1824, épreuve d’essai, eau-forte, aquatinte et pointe sèche sur papier japon, Goya graveur Palais, et celle que le grand couturier 24,7 x 35,3 cm. Bibliothèque de l’INHA, collections Jacques Exposition organisée avec la participation Jacques Doucet offrit à l’université de Paris Doucet, [EM GOYA 44]. de l’INHA et le concours de la BnF en 1918 et qui est aujourd’hui conservée 13 mars - 8 juin 2008 à l’INHA. S’y ajoutent des planches rares Petit Palais-Musée des Beaux-Arts de la Bibliothèque nationale de France, de de la Ville de Paris la Bibliothèque nationale d’Espagne et de diverses institutions étrangères. Francisco de Goya y Lucientes (1746-1828) Environ 210 estampes de Goya sont fut non seulement l’un des plus grands exposées, depuis ses premiers essais de maîtres de la peinture européenne, mais graveur avec des copies d’après Vélasquez, aussi l’un des plus grands graveurs de réalisées en 1778, alors qu’il dessinait des tous les temps. Homme du XVIIIe siècle cartons de tapisseries pour la Manufacture imprégné de la philosophie des Lumières, royale d’Espagne, jusqu’aux ultimes il fut l’incomparable témoin des années Taureaux de Bordeaux (1825), pour lesquels qui comptent parmi les plus sombres de le vieil artiste exilé en France utilise avec l’histoire de son pays, – ce que révèlent ses une liberté étonnante la technique de la estampes plus encore que ses tableaux. lithographie, découverte depuis peu. Et si c’est grâce à la peinture qu’il connut Les célèbres séries des Caprices, des la gloire à la Cour d’Espagne, où il devint Désastres de la Guerre, de la Tauromachie premier peintre du Roi, c’est grâce à la et des Disparates constituent évidemment gravure qu’il put s’exprimer avec le plus l’essentiel du parcours de l’exposition, de force, de conviction et de naturel. qui traite aussi du goût des amateurs Avec l’exposition Goya graveur, le et des collectionneurs français pour les Petit Palais-Musée des Beaux-Arts de estampes de l’artiste et de la diffusion la Ville de Paris rend hommage à cette de celles-ci en France. Les nombreuses partie décisive de son œuvre. Organisée « relectures » dont son œuvre gravé a fait avec la participation de l’INHA, cette l’objet seront représentées par des dessins présentation des plus belles estampes et des estampes d’artistes français qui s’en du maître est l’occasion de découvrir les inspirèrent directement, parmi lesquels épreuves exceptionnelles appartenant à Eugène Delacroix, Édouard Manet et deux collections très prestigieuse : celle Odilon Redon. des frères Dutuit léguée en 1902 au Petit

16 Les Nouvelles de l’INHA / n° 31 / avril 2008 Louis Marin. Le pouvoir dans ses représentations Exposition en hommage à Louis Marin 29 mai-26 juillet 2008 Salle Roberto Longhi, INHA

Philosophe et historien de l’art, Louis Marin (1931-1992) fut l’ami et le collègue de Jacques Derrida, Pierre Bourdieu, Hubert Damisch... L’exposition Le pouvoir dans ses représentations lui rend hommage à l’INHA, en éclairant une question à laquelle il s’est beaucoup intéressé : l’étroite relation entre pouvoir et représentation. Pour Louis Marin, il ne s’agit pas de penser le pouvoir comme un concept qui préexisterait à toute représentation, mais de montrer, au contraire, qu’il prend toujours forme dans des représentations : en ce sens, le pouvoir, c’est la représentation. Selon les termes employés par Louis Marin, la représentation est en effet l’opération qui met « la force en réserve dans les signes », en transformant la force en pouvoir. Les façades des palais, les portraits équestres, les monnaies, les jardins, les cérémonies et les fêtes sont les signes de la force que le Roi se retient provisoirement d’exercer. Substituts de la violence absolue, ces signes du pouvoir assignent aux sujets leur place, déterminant la condition de leur assujettissement entre l’amour et la crainte. Ainsi, dans la fête des Plaisirs de l’île enchantée donnée à Versailles en 1664, le roi magicien offre à ses invités « tous les plaisirs possibles ». Fantasme du pouvoir absolu, comme la définit Louis Marin, la fête royale est un Les Désastres de la Guerre, rituel par lequel le souverain confirme et planche 2, Con razon ó sin ella intensifie son emprise sur l’affectivité de ses (Avec ou sans raison), 1812-1815, épreuve d’état, sujets. Chacun y « marque avantageusement eau-forte, pointe sèche et lavis d’aquatinte, 15,4 x 20,4 cm. son dessein de plaire au Roi, dans le temps Bibliothèque de l’INHA, collections où Sa Majesté ne pensait elle-même qu’à Jacques Doucet, [EM GOYA 50]. plaire ». Mais la fête culmine et se conclut avec un immense feu d’artifice, exhibition Les Désastres de la Guerre, planche 47, Así sucedió menaçante de la force guerrière du roi. (Cela s’est passé ainsi), L’exposition proposera une reconstruction 1812-1815, 3e état, eau-forte, pointe sèche, burin, lavis d’aquatinte et brunissoir. Bibliothèque de l’INHA, collections Jacques Doucet, [EM GOYA 50]. Photographie : Laurent Lecat

17 Studiolo est d’avoir su abriter, des pensionnaires de Revue d’histoire de l’art de l’Académie toutes les tendances de notre discipline et de France à Rome (Villa Médicis) on retrouve cette diversité dans Studiolo. Ainsi, dans le n° 1, une étude à caractère Fondée en 2002, à l’initiative d’Olivier monographique d’Anne-Lise Desmas sur Bonfait, la revue Studiolo est publiée le sculpteur français Pierre de L’Estache par le département d’histoire de l’art de prend place à côté d’un article de Thomas l’Académie de France à Rome. Elle offre Golsenne sur le problème de l’ornement à cette institution un outil dont disposaient chez Carlo Crivelli. Cette richesse et depuis longtemps les autres grands cette diversité éveillent sans cesse l’intérêt centres de recherche implantés à Rome du lecteur et font de Studiolo une revue (les Mélanges de l’École française de Rome, remarquable, qui peut déjà rivaliser avec ses le Römisches Jahrbuch de la Biblioteca aînées de l’École française de Rome ou de la Hertziana). Le chargé de mission pour Biblioteca Hertziana. Louis Marin. Collection l’histoire de l’art, Marc Bayard, en est le particulière, Françoise Marin. © Sophie Steinberger rédacteur en chef et il est assisté d’un comité Michel Hochmann de rédaction franco-italien et d’un conseil Directeur d’études à l’EPHE du dispositif visuel du séminaire que Louis scientifique. Studiolo paraît une fois par an, Marin dirigeait à l’EHESS, en utilisant ses permettant ainsi la publication d’études diapositives dans un montage d’images et de approfondies qui ne trouveraient pas Bulletin de l’Association des historiens textes relatifs aux thèmes qu’il abordait dans facilement leur place ailleurs. de l’art italien son enseignement : le portait du roi, La revue couvre les domaines et les champs les frontispices, les illustrations des Contes chronologiques dans lesquelles s’inscrivent Créée il y a un peu plus de dix ans par de Perrault, les plans de villes et de jardins… les missions du département : l’histoire de Catherine Goguel et aujourd’hui présidée par Une place importante sera impartie à l’art italien et les relations artistiques entre Paola Bassani Pacht, l’Association des historiens ses travaux sur l’utopie, qui était pour la France et l’Italie, de la Renaissance à de l’art italien fait paraître chaque année un lui, comme le montre l’étude inattendue nos jours. Offrant un débouché naturel bulletin qui diffuse les recherches menées qu’il consacra à Disneyland, le lieu du aux travaux des pensionnaires, elle est aussi en France et à l’étranger. Cette revue publie neutre annulant toute contradiction et la ouverte à tous les historiens de l’art. Chaque des études sur l’art, du Moyen Âge possibilité même du conflit. L’entretien numéro contient un dossier thématique, à la période contemporaine, ainsi que les qu’il accorda à France Culture sur ce sujet suivi d’une rubrique « Varia ». Une section actes des journées d’études organisées par sera diffusé dans l’exposition. intitulée « Forum » présente des états de l’Association et, notamment, ceux de la La présentation d’un choix de livres et d’articles la recherche : on peut citer, par exemple, rencontre au cours de laquelle de jeunes en plusieurs langues montrera le rayonnement les études de Philippe Costamagna sur le doctorants sont invités à présenter leurs international croissant de l’œuvre de Louis portrait florentin au XVIe siècle, celles de recherches. Elle comporte également une Marin, ainsi que l’actualité de ses réflexions sur Massimilano Rossi sur les rapports entre importante bibliographie critique, une rubrique la relation entre les images et le politique. Du la peinture et la littérature au XVIIe siècle Bloc-Notes et établit la liste des thèses soutenues 7 au 11 juillet 2008, une partie du 8e Congrès (n°1) et la synthèse de Tomaso Montanari dans le domaine de l’art italien. international de l’association Word and sur cinquante années d’études berniniennes Elle est ouverte aux historiens de toute Image aura pour thème « Louis Marin : l’être (n°3). La dernière partie du numéro est tendance et présente un caractère international, et l’efficacité de l’image » ; elle se déroulera consacrée à des informations générales. avec des articles en anglais en italien et en à l’INHA sous la direction de Charlotte On y trouve également des renseignements français, et permet à de jeunes chercheurs de Schoell-Glass et de Nigel Saint. très utiles sur les recherches en cours ou faire connaître leurs premiers travaux. passées – les travaux universitaires français Le numéro 14 du Bulletin de l’Association des Giovanni Careri, directeur du CETHA-EHESS sur l’art italien entre 1995 et 2000 (n°1) , historiens de l’Art italien sera publié en 2008. Exposition organisée par Giovanni Careri, Xavier Vert, une cartographie de l’histoire de l’art en avec la collaboration de Cléo Pace et de Françoise Marin. Italie (n°2 et 3). Le grand mérite de la Villa Michel Hochmann

18 Les Nouvelles de l’INHA / n° 31 / avril 2008 Du côté de la bibliothèque

Enrichissement des collections L’une des principales missions de la en 1941 avec des menus, Seymour de Ricci des bibliothèques d’art : les cartons Bibliothèque Kandinsky est d’enrichir en 1943 avec des catalogues de vente). d’invitation aux expositions les dossiers documentaires des artistes Celle-ci ne commence vraiment qu’à partir représentés au musée national d’Art de 1900 : la tête de collection couvrant la En juillet 2005, les Nouvelles de l’INHA ont moderne. Les cartons d’invitation période 1842-1899, ne compte en effet que consacré un premier article à la collection représenteraient la moitié de ces dossiers, 150 cartons et livrets. Son accroissement de cartons d’invitation aux expositions de la soit environ 125 000 pièces. Ils sont donnés actuel est d’environ 2 500 pièces par an. Bibliothèque1. Cet article a suscité un assez par les artistes eux-mêmes, par les galeries, La collecte spontanée est complétée par grand nombre de courriers et de réactions, le personnel et des personnes privées. des ensembles originaux de cartons et témoignant d’un vif intérêt pour un sujet Les cartons individuels sont rangés dans les cartes acquis auprès d’artistes (don de encore très négligé. Certaines ventes dossiers individuels, au nombre de 12 000 Ian Hamilton Finlay, 1987 ; Lawrence récentes montrent également que le marché environ, les cartons collectifs dans 3 000 Weiner ; James Lee Byars), de galeries de l’art commence à s’en préoccuper 2. La dossiers collectifs organisés selon diverses (Art & Project, Amsterdam) et d’éditeurs collection de la Bibliothèque s’étant du reste thématiques : mouvements artistiques, (Coracle Press, Londres et Tipperary). notablement accrue, il nous a semblé utile techniques, lieux de conservation, Au département Histoire, Philosophie, de faire à nouveau le point sur la question. thèmes divers (nature, portrait, politique, Sciences de l’homme, les cartons collectionneurs, critiques…). d’invitation sont reçus par dépôt légal Deux collections importantes La Bibliothèque Kandinsky donne la et versés au fonds des Recueils créé par Naturellement, d’autres collections priorité aux artistes présents dans les Léopold Delisle (cote wz). Son catalogage considérables de cartons d’invitation collections du musée, et particulièrement a commencé dans les années 1960, les pièces existent en France. Le 11 mai 2006, la aux artistes vivants, au nombre d’environ étant classées par collectivités ou réparties Bibliothèque de l’INHA a organisé 1 900, mais se documente également sur en 180 thèmes environ (pour ce qui nous une table ronde pour permettre aux les artistes émergents français et étrangers. concerne ici, « art » et « avernissage » responsables de certaines d’entre elles Les plus anciens artistes figurant dans la notamment). Actuellement, 307 musées et de les présenter et de partager leur collection sont nés dans la deuxième moitié 1 057 galeries parisiennes, essentiellement e expérience de ce type de documentation. du xix siècle, de sorte qu’elle conserve pour les périodes 1880-1920 et 1940-1970, Deux établissements étaient représentés : des documents rares sur des artistes peu ont été classés. La cote 4-wz-4470, par e la Bibliothèque Kandinsky (Dominique connus de la première moitié du xx siècle ; exemple, concerne la galerie Georges Liquois et Didier Schulman) du musée cependant, les cartons de la Bibliothèque Petit et renferme 63 pièces datant de 1882 national d’Art moderne /centre Georges Kandinsky sont surtout nombreux à partir à 1967, dont le détail apparaît dans BN Pompidou et la Bibliothèque nationale des années 1950. De ce point de vue, ils Opale Plus. Cependant, la plupart des de France (Marie-Cécile Miessner complètent parfaitement la collection de recueils ne sont pas encore dépouillés. pour le département des Estampes, la Bibliothèque de l’INHA, du moins L’accroissement annuel de la cote wz, tous et Frédéric Manfrin pour le fonds des pour le domaine français. Les dossiers genres confondus, est de 30 000 pièces recueils du département Histoire, individuels sont cotés ap suivi des quatre environ. Le dépôt légal n’étant pas toujours Philosophie, Sciences de l’homme). premières lettres du nom de l’artiste ou parfaitement respecté, surtout pour ce type bv ap suivi de son nom entier. Ils sont de documents, des lacunes peuvent exister. signalés dans le catalogue informatisé de

Paul Signac, musée la Bibliothèque. Les dossiers collectifs À l’INHA et ailleurs du Louvre, sont en cours d’informatisation. Sylvie Roy, chargée d’études documentaires 11 décembre 1963, (don de la Bibliothèque La Bibliothèque nationale de France au musée Galliera, nous a fait part de son centrale des Musées conserve deux collections de cartons et de expérience en la matière. Le fonds d’archives nationaux). livrets dont le principe est très différent. du musée renferme environ 5 000 cartons Au département des Estampes, la cote yd5-1, d’invitation aux défilés parisiens de la fin créée au début des années 1940, regroupe des années 1970 à nos jours, donnés par environ 250 000 pièces réparties en quelque des journalistes de mode et le personnel du 745 boîtes. D’autres cartons d’invitation musée3. Des pièces plus anciennes, remontant e sont rangés dans l’œuvre de chaque artiste jusqu’au début du xx siècle, sont conservées ou dans la documentation cotée yb3-5000. au cabinet des Estampes. Sylvie Roy a joint De nombreux dons ont alimenté la cote l’utile à l’agréable en faisant don à l’INHA yd5-1 (René-Jeanne et Rodo-Pissarro, de 34 cartons des années 1970-2000. Moreau-Nélaton en 1927, Roger Braun Jean Noël Herlin, le plus grand

19 collectionneur privé de ce genre de pièces, de la Bibliothèque de l’INHA est Nous remercions tous ces donateurs nous a aimablement écrit pour nous complémentaire de ses consœurs, et qu’il pour leur grande générosité, sans oublier signaler que sa collection new-yorkaise, n’est pas inutile que plusieurs grandes les galeries et toutes les institutions qui fondée non pas en 1950 comme nous collections continuent de coexister et de adressent régulièrement à la Bibliothèque l’avions écrit, mais en 1973, comprenait en s’enrichir parallèlement. La Bibliothèque leurs cartons d’invitation. Comme promis, septembre 2005 plus de 254 000 documents poursuit donc ses acquisitions. Outre quelques le classement et l’inventaire sommaire répartis sur 200 mètres linéaires, divisés achats (comme cinq cartons illustrés de la des cartons contemporains (postérieurs en quatre séries dont les deux premières, galerie Léonce Rosenberg, datant de 1919 à 1970) est désormais achevé et disponible de loin les plus importantes, concernent à 1921, et un exemplaire du catalogue de en ligne4, de même que l’inventaire des les artistes et les événements artistiques. l’exposition Jorge Camacho tenue à la cartons des artistes antérieurs à 1971. Sa collection, parfaitement rangée et galerie Raymond Cordier du 18 octobre au La collection de la Bibliothèque demandant indexée, dépasse le cadre strict du carton 15 novembre 1962, enrichi d’un dessin original encore à être enrichie et complétée, d’invitation. Outre l’ensemble du matériel de l’artiste dédicacé à Jean Schuster toutes les offres de dons demeurent les de promotion de l’art (cartons mais aussi [cote oe 3]), la Bibliothèque a bénéficié bienvenues et seront chaleureusement affiches, dossiers de presse, catalogues dernièrement de dons importants qui l’ont accueillies ([email protected]). d’exposition, périodiques, photographies, considérablement enrichie (voir tableau). disques…), elle comprend toutes sortes Ces dons représentent environ 20 600 pièces, Jérôme Delatour de documents originaux produits par des datant de 1875 à nos jours, mais Service du Patrimoine artistes (manuscrits, correspondances, principalement des années 1960 à nos enregistrements…). Du reste, elle jours. Ils viennent en partie combler les 1 Jérôme Delatour, « Une collection très spéciale : s’intéresse à tous les arts, y compris le lacunes considérables de la collection pour les ‘‘Cartons verts’’ de la Bibliothèque de l’INHA », Les Nouvelles de l’INHA, n° 22, juillet 2005, p. 7-12. spectacle vivant. La collection de l’INHA les années 1970-1990 et en matière de 2 Un lot de 81 cartons d’invitation et de bulletins de au contraire, pour des raisons historiques photographie. La magnifique collection souscription datant de 1925 à 1945 et provenant et pratiques, ne collecte que les cartons rassemblée par Mechtild Wierer apporte de la documentation de Julien Lévy, estimé entre 10 et 15 000 euros, a été vendu par Sotheby’s le d’invitation relatifs aux arts plastiques. en outre un éclairage sur l’art allemand 29 novembre dernier pour 7 450 euros (lot 298). De ces divers témoignages ressort et autrichien des quarante dernières 3 Cf. Sylvie Roy, « L’invitation au défilé », catalogue de notamment que, chaque collection ayant ses années, ainsi que sur les défilés de mode l’exposition Showtime : le défilé de mode, 3 mars- 30 juillet 2006, musée Galliera, Paris musées, 2006, spécificités, son mode de classement, (Cacharel, Jean-Paul Gaultier, Mila Schön, p. 242-252. ses points forts et ses lacunes, la collection Élisabeth de Senneville, Valentino…) 4 http://www.inha.fr/spip.php?article1496

Date Donateur Nombre de cartons Sujet(s) dominant(s) Date des cartons Georges Valmier, galerie Léonce Rosenberg, 7 juillet 2005 Geneviève Dieuzaide 900 photographie années 1970 à nos jours 3-25 janvier 1921, (achat). 28 septembre 2005 galerie dons réguliers photographie et art contemporains 2005 Baudouin-Lebon en France et à l’étranger A. Metzinger, 3 novembre 2005 Gabrielle Salomon 285 galerie Laage-Salomon 1977-2002 galerie Léonce Rosenberg, 6-31 janvier 1919, (achat). 18 septembre 2006 Bibliothèque centrale 2 796 musées 1875-2003 des Musées nationaux

9 janvier 2007 Mechtild Wierer 15 361 art contemporain (notamment allemand 1961-1997 et autrichien), mode et design

20 février 2007 Francine Szapiro 1 245 art contemporain années 1970-2000 (galerie Saphir, Paris)

juillet 2007 Bibliothèqe Kandinsky 102 galerie Stadler 1955-1996

20 Les Nouvelles de l’INHA / n° 31 / avril 2008 Léon Vaudoyer (1803-1872), Les catalogues de vente au Palerme, magasins de l’Arsenal sur le grand port (1830), catalogue dessin, Paris, Bibliothèque L’ensemble de la collection des catalogues de l’Institut national d’histoire de l’art, collections Doucet, de vente aux enchères de la Bibliothèque catégorie de la Bibliothèque de l’INHA, collections Jacques Doucet, numérique : plans, dessins et relevés d’architecture, est désormais consultable sur le catalogue dessins de la famille commun aux bibliothèques partenaires de Vaudoyer, [OA 718 (179)]. l’INHA, accessible sur internet 1. Ce résultat est l’aboutissement de la « rétroconversion » engagée en 2002, opération qui consistait à informatiser l’inventaire des catalogues de vente consigné dans quarante registres manuscrits2 : plus de 94 000 notices ont ainsi été « rétroconverties ». Actuellement, 162 791 catalogues sont signalés dans le catalogue de la Bibliothèque.

La collection cette importante documentation. La Bibliothèque numérique Les catalogues de vente constituent la Aujourd’hui, chaque volume est inscrit dans Les dessins d’architecture partie la plus ancienne de la Bibliothèque3 ; le catalogue commun selon des normes À la fin de l’année 2007, la Bibliothèque elles font partie du socle constitutif de bien précises. Travail journalier, lourd et numérique a principalement concentré la collection Jacques Doucet. Dès 1897, répétitif, mais nécessaire : plus de 1700 ses efforts de mise en ligne sur les dessins Jacques Doucet avait acheté au baron catalogues de vente ont ainsi été consultés d’architecture et d’ornementation des Jérôme Pichon d’importants lots du XVIIIe en 2007. Les quarante registres que des cotes oa et ms (collections Doucet) siècle, dont la série des catalogues du bibliothécaires consciencieux alimentaient numérisés en 2006. Les dessins peintre, expert et marchand de tableaux, régulièrement à la main pourront désormais préparatoires aux traités d’architecture Jean-Baptiste Pierre Lebrun4. dormir sur leur rayonnage, témoin de Charles‑Etienne Briseux (1680-1754), En 1925, la collection des catalogues d’un mode de traitement dépassé. des plans de François Franque (1710-1793), de vente se monte déjà à 40 000 volumes. des projets et études de trois architectes La Bibliothèque possède huit catalogues Mode d’interrogation de la famille Vaudoyer, de nombreux du XVIIe siècle, environ 1 100 du XVIIIe Dans le catalogue commun, un onglet dessins de Pierre‑Léonard Laurécisque siècle et plus de 18 000 pour le XIXe spécifique en « recherche experte » permet (1797-1860), ainsi que le projet de la siècle. Aujourd’hui la collecte continue ; de cibler la recherche : par date, il est Chaussée d’Antin, entre autres, sont donc la Bibliothèque reçoit en don les catalogues obligatoire de saisir 4 caractères pour l’année aujourd’hui consultables en ligne. de l’Hôtel Drouot ainsi qu’un certain et 4 caractères pour les mois et jour, nombre de catalogues d’études de province. (« Vente 2003 0625 » affiche la liste des ventes Les formations aux ressources Elle est abonnée à ceux de Sotheby’s et françaises et étrangères du 25 juin 2003) ; numériques à l’INHA Christie’s, 1 500 documents sont ainsi par artiste, cela est efficace que si celui-ci Afin de valoriser les services en ligne de la reçus chaque année. Tous les catalogues apparaît dans le titre ; par objet, si celui-ci est Bibliothèque, l’INHA, depuis la rentrée antérieurs à 1932 sont désormais très spécifique et apparaît aussi dans le titre ; 2007-2008, propose à ses lecteurs une consultables sous forme de microfilms5. d’autres critères peuvent être sélectionnés formation à leur utilisation. Les séances ont et faire l’objet d’une recherche croisée lieu à la salle Chastel, galerie Colbert. Le traitement (« Vente mobilier XVIIIe Drouot »6). Les prochaines dates de la formation : La lecture des registres manuscrits témoigne Jeudi 15 mai de 14h à 16 h 30 de l’évolution du signalement des catalogues. Christine Bourlon Au fil des années, les bibliothécaires Dominique Morelon Au programme de chaque séance : inscrivirent méticuleusement les nouvelles Service du Patrimoine – la bibliothèque numérique, son histoire, acquisitions. Le bibliothécaire, de sa belle ses fonds ; utilisation des recueils et des images 1 Georges Valmier, http://www.inha.fr plume, a noté succinctement le contenu du 2 numériques : comment télécharger les données, galerie Léonce Rosenberg, Article de Georges Fréchet dans 3-25 janvier 1921, (achat). catalogue, le nom du collectionneur et le Les Nouvelles de l’INHA, n°16, octobre 2003. comment créer une table lumineuse ; nombre de lots ; le « catalogage » est alors 3 « La collection des catalogues de vente de la – les périodiques en ligne : les titres A. Metzinger, fantaisiste, peu respectueux de la « page de bibliothèque d’art et d’archéologie », Seymour de disponibles en mode plein texte et leur galerie Léonce Rosenberg, Ricci, bulletin de la SABAA, 1930, n°3, p. 12-17. 6-31 janvier 1919, (achat). titre », mais bien plus savoureux, tel ce titre 4 « Lebrun et le commerce de l’art pendant le consultation ; quelques cas pratiques succinct « Bibliothèque parlant d’amour » ou Blocus continental », Revue de l’art, 63, 1984. de recherches par publication, par article ; 5 les qualificatifs des collectionneurs, divers et La cote des microfilms de catalogues de vente – les bases de données en ligne : les bases est mf 35, assortie de l’année ; certaines années variés : « Anastasi, peintre frappé de cécité » riches en ventes donnant lieu à plus d’une bobine, disponibles à l’INHA, leurs contenus, ou « Fournier, qui s’est pendu au bois de la vérification au catalogue est recommandée. la politique d’acquisition ; description des 6 Vincennes ». Il était difficile, on le comprend, L’interrogation par « mots du titre » ne peut bases en histoire de l’art, en archéologie se faire que dans la langue du catalogue. de tirer de ces registres des notices en tout et sur le marché de l’art. point conformes aux pratiques actuelles de La formation est ouverte sur inscription à catalogage ; elles ont l’avantage, en tout cas, l’adresse suivante : [email protected] de donner un accès commode et rapide à Le nombre de place est limité.

21 Henri de Toulouse-Lautrec, Jane Avril, 1899, lithographie au pinceau, impression en quatre couleurs sur papier vélin, 55,9 x 38 cm, Paris, Bibliothèque de l’INHA, collections Jacques Doucet, [EM Toulouse-Lautrec 5].

Prêts d’estampes de Toulouse- Lautrec de la collection Doucet à la galerie Tretiakov, à Moscou

Plus d’un tiers des 229 estampes de Toulouse- Lautrec de la collection Doucet sont actuellement présentées à Moscou, à la galerie Tretiakov1. C’est l’occasion pour le public moscovite d’admirer ces œuvres exceptionnelles, peu présentes dans les collections russes, et pour l’INHA de faire connaître l’un des fleurons de son cabinet d’estampes. Avec d’autres maîtres du XIXe siècle (Goya, Delacroix, Manet, Gauguin, Corot, Millet, Degas, Pissarro…), Toulouse- Lautrec figure en bonne place parmi les artistes achetés par Jacques Doucet dès les débuts de sa collection. L’auteur du catalogue raisonné de l’œuvre graphique de Toulouse-Lautrec, Wolfgang Wittrock2, note pourtant en 1985 que cet œuvre, « 368 estampes, en majorité des lithographies … créé en l’espace de quelque huit ans seulement, n’était pas aussi apprécié et coté à sa mort qu’on serait tenté de le croire aujourd’hui. »3 Jusqu’en 1914, il ne relève que cinq expositions présentant des œuvres de l’artiste, parmi lesquelles deux seulement comportaient des lithographies, et les ventes aux enchères confirment ce même manque d’intérêt. À cette date, la situation change avec la grande exposition, à la galerie Manzi, de 202 tableaux et dessins réunis par Maurice Joyant, ami et exécuteur testamentaire de Lautrec. Jacques Doucet achète donc, dès 1907, la Loïe Fuller et ses quatre planches d’essai ainsi qu’une épreuve d’Au théâtre dédicacée à Alfred Strölin, l’un des principaux marchands et éditeurs d’estampes du Paris d’alors, dont la galerie se trouvait dans la prestigieuse rue Laffitte, épicentre du commerce de l’art. Le 19 mars de la même année, il acquiert à la vente Viau une étude pour l’affiche du Divan japonais 4.On trouve dans les archives de la Bibliothèque un document daté du 16 décembre 1909 portant une liste de 181 planches de Toulouse-Lautrec, qui sont proposées pour une somme totale de 8578 francs. La plupart ont été cochées au crayon bleu, signe probable d’une acquisition globale dont nous n’avons pas d’autre trace5. En septembre 1911, Doucet décide d’affecter un conservateur particulier à son « cabinet

22 Les Nouvelles de l’INHA / n° 31 / avril 2008 d’estampes modernes ». Il fait appel au critique chercher et trouver parmi les connaisseurs … 1 Les plaisirs parisiens. Œuvres graphiques de Toulouse- d’art Noël Clément-Janin, collaborateur les plus capables et les gagner à sa cause ». Lautrec, exposition présentée du 18 février au 18 mai 2008. 2 Wolfgang Wittrock, Toulouse-Lautrec. The complete de journaux et de revues comme Le Figaro, Loys Delteil (1869-1927), le meilleur prints, London, Sotheby, 1985. La Gazette des Beaux-arts, La Revue de l’Art connaisseur de l’œuvre graphique de 3 Wolfgang Wittrock, Les estampes de Toulouse- Ancien et Moderne et L’Estampe et l’Affiche Toulouse-Lautrec et expert de la vente Roger Lautrec dans la collection de la Bibliothèque d’art et d’archéologie Jacques Doucet, p. 33, dans le catalogue (dont il fut le directeur). C’est alors qu’entre Marx, est l’auteur d’une série de catalogues de l’exposition De Goya à Matisse. Estampes du dans la collection La Belle Viennoise, épreuve d’œuvres graphiques de grands artistes fonds Jacques Doucet, Fondation Pierre Gianadda, hors tirage d’une édition particulièrement qu’il publia à partir de 1906 sous le titre Martigny, 14 mars - 8 juin 1992. 4 Ibid. p. 33. luxueuse, sur un très beau papier de Le Peintre-Graveur illustré. Celui consacré 5 Je suis redevable à Simon André-Deconchat qui Chine. Chacune des planches en avait été à Toulouse-Lautrec fit autorité jusqu’à la prépare actuellement une thèse sur la constitution soigneusement revue par l’exigeant Gustave parution du catalogue de Wolfang Wittrock. du Cabinet d’estampes modernes, de précieux renseignements sur cet ensemble. Pellet, ex-collectionneur esthète que la crise Nous conservons, daté de 1913, le bulletin 6 Catherine Méneux, Roger Marx, critique d’art, dans de 1886 avait transformé en éditeur d’art. de souscription de Doucet à ce catalogue, « Roger Marx, un critique auprès de Gallé, Monet, En 1912, ce seront Clownesse au Moulin rouge qui ne paraîtra qu’en 1920. Doucet rencontra Rodin, Gauguin…. », Nancy, musée des Beaux-Arts, musée de l’École de Nancy, 6 mai - 28 août 2006. et La Princesse de Chimay, achetées 1400 francs sans doute Delteil en 1910. En 1911, tous Nancy, 2006, p. 15. au même Pellet ; Dans une brasserie ; deux participent à la création de la « Société 7 Ibid. p. 273. 8 May Belfort au chat noir, de dos ; May Belfort pour l’étude de la gravure française ». Ibid. p. 275. 9 Cf. lettre de Roger Marx à René Wiener, libraire au bar du nouveau cirque ; Petit Matelot ; Une lettre de Loys Delteil à Clément-Janin et éditeur nancéien « Je le [Toulouse-Lautrec] suis Sur le Pont ; May Belfort signée, avec concernant l’achat de planches de Lautrec beaucoup pour une publication à laquelle il faudra la remarque, et May Milton également signée montre bien son rôle de conseiller souscrire : l’Estampe originale, 32 ou 40 planches … » citée par Catherine Méneux. et avec la remarque, – le tout négocié pour en la matière. On peut penser que Doucet 10 Catalogue des estampes modernes composant la 500 francs chez Edmond Sagot, un des grands s’était fixé comme but de réunir l’œuvre collection Roger Marx, Hôtel Drouot, 27 avril-2 mai marchands parisiens d’estampes, concurrent gravé complet d’un certain nombre d’artistes 1914, expert Loys Delteil. 11 Wolfgang Wittrock, Les estampes de Toulouse- de Alfred Strölin. En 1914, les héritiers du dont l’influence lui paraissait déterminante. Lautrec dans la collection de la Bibliothèque d’art et critique d’art Roger Marx (1859-1913) vendent Toulouse-Lautrec était l’un de ces artistes- d’archéologie Jacques Doucet, p. 33, op. cit. 12 une partie de ses collections. « Acteur majeur phares12. La guerre porta un coup d’arrêt C’est la conclusion à laquelle parvient Simon André- 6 Deconchat, à la suite de ses travaux évoqués supra. de la vie artistique des années 1880 à sa mort » , à cette magnifique entreprise et le passage 13 Rappelons que le mécénat de la Fondation Pierre celui-ci s’était montré « un amoureux et un de la Bibliothèque dans le giron de Gianadda a permis de faire restaurer, chaque fois que zélateur passionné de l’estampe sous toutes ses l’université se traduisit par une interruption nécessaire, et de monter dans des conditionnements adaptés, 60 % des estampes modernes. formes »7. Non content de signaler toutes quasi complète des achats pour le cabinet les expositions d’estampes et les parutions de d’estampes. Toutefois, en ce qui concerne recueils, il fit partie de ceux qui ouvrirent à Toulouse-Lautrec, il faut noter le don l’affiche l’intérêt des amateurs d’art. En1892 , très important fait par Maurice Joyant il salua avec enthousiasme les débuts d’affichiste de 415 photographies de tableaux des années de Lautrec8, et c’est peut-être à la demande de 1897 à 1901, toutes prises pour son catalogue celui-ci qu’il écrivit en 1893 la préface de de l’œuvre de l’artiste publié en 1926- L’Estampe originale9. Son exceptionnelle 1927. Ces photographies furent intégrées collection de 1434 estampes ne comprenait à la photothèque constituée par Doucet, pas moins de 182 planches de l’artiste. ensemble qui est actuellement en cours Pour neuf d’entre elles, le catalogue indiquait d’inventaire grâce à une subvention de « fort rare »10. Ce furent celles que Doucet la Getty Foundation. L’encre et le papier sont acheta. Deux d’entre elles, Jeanne Granier des supports fragiles. Les estampes ne peuvent (w. 264) et Yvette Guilbert (w.280) sont les être exposées plus de trois mois à la lumière seuls exemplaires connus, pour deux autres et doivent ensuite regagner sagement leurs on ne connaît aussi qu’un seul exemplaire ; boîtes et leurs tiroirs pour trois ans d’obscurité d’autres sont d’une qualité exceptionnelle, totale. Mais d’ici quelques années, une nouvelle comme l’épreuve du Jockey (w.308 I + II) exposition Toulouse-Lautrec s’appuyant « excellent tirage, inhabituellement fort en sur nos collections est prévue à la Fondation couleurs »11. Wittrock s’interroge sur le « haut Pierre Gianadda13 à Martigny, en Suisse. degré de connaissances dont ses acquisitions font foi » et considère que cela correspond à Dominique Morelon une constante dans la vie de Doucet : « Il sut Service du Patrimoine

23 Publications

Les artistes étrangers à Paris. Le vitrail en Normandie entre Venise en France. De la fin du Moyen Âge Renaissance et Réforme (1517-1596) Du symbolisme au romantisme aux années 1920 Laurence Riviale Sous la direction de Claire Barbillon et Gennaro Toscano Sous la direction de Marie-Claude Chaudonneret

À l’époque moderne, L’ouvrage de Laurence L’École du Louvre Paris fut perçu comme Riviale étudie les organise, depuis l’an un centre artistique de réactions des 2000, en partenariat rayonnement mondial, commanditaires de avec l’Istituto Veneto di « la métropole de l’art » vitraux aux idées de Scienze, Lettere ed Arti, écrivait Théophile la Réforme, depuis des journées d’études Gautier en 1855, la publication des consacrées à la fortune lors de la première thèses de Luther de Venise en France. Exposition universelle. à Wittenberg (1517) Après La fortune de La capitale française jusqu’à l’entrée du la peinture vénitienne a-t-elle toujours fasciné ? A-t-elle été une roi Henri IV à Rouen (1596). Ces réactions des collections royales jusqu’au XIXe siècle destination privilégiée pour « les étrangers » ? peuvent se lire non seulement à travers les en 2002, dont les actes sont parus en 2004, Son pouvoir d’attraction sur les artistes thèmes iconographiques choisis, mais encore les journées d’études des 10 et 11 mai a-t-il été constant et pourquoi ? dans les sources graphiques, dessins ou 2004, sur Venise en France. Du romantisme Publié à l’issue des journées d’études gravures, utilisés comme modèles, certaines au symbolisme ont réuni, selon une organisées par le Centre André Chastel les verrières reprenant des compositions parues approche pluridisciplinaire, des chercheurs 15 et 16 décembre 2005, cet ouvrage vise à dans des pamphlets anti-protestants. autour du regard porté par le XIXe siècle répondre à ces questions en rassemblant La perspective de la Réforme apporte un français sur la cité des Doges et sur sa quatorze contributions d’historiens éclairage nouveau au corpus de vitraux production littéraire, musicale et artistique de l’art autour de trois thématiques normands recensé par les services de depuis ses origines. principales envisagées sur une longue durée : l’Inventaire général. Constamment mise en Ce volume aborde les études historiques la circulation des modèles ; les ateliers rapport avec les événements contemporains, de Pierre Daru sur la Sérénissime, des comme creusets artistiques ; les institutions la pensée religieuse et la littérature du œuvres littéraires (Musset, Sand ou Gautier), officielles comme lieux de formation et temps, la peinture sur verre française, que des analyses sur l’art (Taine, Charles Blanc), de reconnaissance pour les artistes. les Italiens admiraient, retrouve sa véritable mais aussi de nombreuses œuvres plastiques place aux côtés de la peinture de retable. (Canova, Hébert, Ziem, Léopold Robert…) Peter Lang Publishing Group, 2007 et musicales (Liszt, Wagner, Gounod, 15 x 21 cm, broché, 288 pages Presses universitaires de Rennes, 2007 Fauré) toutes en rapport avec Venise. 24 illustrations en noir et blanc 24 x 32 cm, broché, 432 pages Diffusion-distribution : Illustrations en couleur et en noir et blanc Peter Lang AG Diffusion AFPU- Diffusion École du Louvre, 2006 ISBN : 978-3-03911-192-3 Distribution Sodis Collection « Rencontres de l’École du Louvre » 53 euros ISBN 978-27535-0525-4 16 x 24 cm, 324 pages 45 euros Illustrations en couleurs et en noir et blanc Diffusion : la Documentation française ISBN : 2-904187-18-9 56 euros

24 Les Nouvelles de l’INHA / n° 31 / avril 2008 Visible et lisible. Confrontations Du dessein historique à l’action publique. Rodin et le bronze et articulations du texte et de l’image Louis Hautecœur et l’architecture Catalogue des œuvres conservées au musée Rodin Sous la direction de Joana Barreto, Jérémie Cerman, classique en France Sous la direction d’Antoinette Le Normand-Romain Gilles Soubigou et Valentine Toutain-Quittelier Antonio Brucculeri

Le présent ouvrage Ce livre est la première La réalisation de regroupe les grande étude consacrée sculptures en bronze actes du colloque à une personnalité représente une interdisciplinaire remarquable de part essentielle du organisé les 29 et 30 l’historiographie de travail d’Auguste juin 2006 à l’Institut l’architecture française, Rodin, présent à national d’histoire qui fut aussi un haut chacune des étapes de l’art (INHA), fonctionnaire à une de leur production, en partenariat avec époque tragique du processus le CIES Sorbonne, de l’histoire de créateur jusqu’aux le Centre inter-universitaire de recherche en France, Louis Hautecœur (1884-1973), recherches de nouvelles patines. histoire de l’art contemporain (CIRHAC), dont ouvrage majeur, l’Histoire de Pour la première fois, les 455 sculptures en le Centre d’histoire de l’art de la Renaissance l’architecture classique en France (1943- bronze sont répertoriées dans un catalogue (CHAR) et le Centre André Chastel. 1957) a été pendant longtemps l’ouvrage raisonné, qu’il s’agisse des éditions de Texte et image renvoient au lisible et au de référence fondamental sur le sujet. bronze conservées au musée Rodin ou de visible, dont les relations sont étroites et Antonio Brucculeri étudie l’action de celles qui se trouvent partout dans le monde. complémentaires. Comment l’étude Hautecœur dans le champ de l’histoire de Un tel ouvrage était d’autant plus nécessaire des écrits d’artistes et des poètes ainsi que l’architecture, en tant que protagoniste que le suivi de ces fontes n’a pas toujours été leurs lectures peut-elle contribuer de la scène culturelle et administrative rigoureux, notamment du vivant de Rodin. à éclairer l’ensemble de leurs œuvres d’un française de la première moitié du XXe siècle. Classées par ordre alphabétique des titres jour nouveau ? Quelle est la nature Le livre met en évidence l’élaboration et des sculptures, les notices de chaque œuvre des échanges entre texte et image lorsque la vulgarisation par Hautecœur de l’idée comportent un descriptif précis – type leurs frontières se brouillent ? Quelle place d’une architecture classique sans frontières de fonte, fondeur, historique, éditions donner à la typographie ou encore à l’image temporelles, qui permettrait de définir une successives et autres exemplaires connus évoquée par un texte ? S’il est possible identité propre à l’architecture française. dans les collections publiques tant en de lire dans le tableau, lorsque la lettre L’œuvre et le statut de Hautecœur sont France qu’à l’étranger, œuvres en rapport s’affiche directement dans l’image, étudiés dans le contexte des débats de avec celle présentée, bibliographie – et peut-on en revanche prétendre « lire » l’entre-deux-guerres sur la protection des un commentaire retraçant l’histoire de la un tableau comme on lit un texte ? monuments historiques, mais aussi sur sculpture accompagne chaque notice. De quelle manière le discours sur l’œuvre, l’architecture et l’urbanisme contemporains. Ce catalogue est introduit par trois essais : surimposant un texte à une image en Le livre aborde l’action spécifique menée Antoinette Le Normand-Romain étudie accompagne-t-il l’appréhension ? auprès des élites des architectes, que les relations de Rodin (et du musée Rodin) Réunissant les contributions de jeunes Hautecœur n’a jamais cessé de fréquenter avec les fondeurs ; Ruth Butler, présente chercheurs issus de différentes disciplines tout au long de sa carrière. Il ramène ainsi l’histoire de Bernie Gerald Cantor, homme telles que l’histoire, l’histoire de l’art et au débat, toujours ouvert en France, sur les d’affaire américain qui fut le plus grand les études littéraires, cet ouvrage propose enjeux culturels et pédagogiques du métier collectionneur au monde de sculptures de un regard neuf sur la multiplicité des d’historien de l’architecture. La préface Rodin ; maître Régis Cusinberche, avocat échanges qui se tissent entre lisible et de l’ouvrage est de Dominique Poulot. au barreau de Paris, fait le point sur l’état visible, depuis le Moyen Âge jusqu’à du droit qui régit les éditions de bronze. la seconde moitié du XXe siècle. Éditions Picard, 2007 17 × 24 cm, broché, 448 pages Musée Rodin-RMN, 2007 83 illustrations noir et blanc Versions française et anglaise Paris, Nouveau Monde éditions, 2007 Diffusion-Distribution : Éditions Picard 14,5 x 23 cm, 360 pages 23 x 30,5 cm, 824 pages ISBN : 978-2-7084-802-9 Tome 1 : 384 pages ; tome 2 : 440 pages 32 illustrations en noir et blanc 69 euros ISBN : 978-2-84736-272-5 1468 illustrations en noir et blanc et 32 en couleurs Diffusion Sodis Diffusion : Interforum 49 euros ISBN : Musée Rodin : 978-29014-2891-6, RMN : 978-2-7118-4931-4 200 euros les deux volumes

25 Esquisses au fil du pinceau Réceptions de Courbet. Perspective. La revue de l’INHA

Ôoka Shunboku et Tachibana Morikuni Fantasmes réalistes et paradoxes 2007-3 (xixe / xx-xxie siècles) de la démocratie (1848-1871) 2007-4 Genre et histoire de l’art Thomas Schlesser

Parmi les cinquante Cette publication est albums japonais le fruit de la thèse anciens conservés à de doctorat de la Bibliothèque de Thomas Schlesser, l’INHA, collections dirigée par Éric Jacques Doucet, Michaud à l’issue ces deux cahiers de quatre années d’estampes publiés passées à l’INHA. l’un et l’autre à L’ouvrage propose Ôsaka au XVIIIe une nouvelle lecture siècle, illustrent l’étonnante maîtrise de l’interprétation du « maître d’Ornans ». Perspective propose pour son numéro 2007-3 atteinte par les maîtres de l’époque d’Edo De ce dernier, on fixa fort tôt des images en un débat de chercheurs européens avec Werner dans le domaine de la xylographie. pagaille : le démocrate rouge de la Commune, Hofman dont le travail, centré sur la notion Le Soga benran présente, réunies par Ôoka l’amoureux de la nature, le paysan foulant de polyfocalité, a bouleversé la vision de Shunboku (1680-1763), des études exécutées Paris de ses sabots, le bohème alcoolique… l’art européen autour de 1800, en particulier par différents artistes japonais entre le On affecta surtout à son style dit « réaliste » par une série d’expositions marquantes. début du XVIe siècle et la fin du XVIIe siècle. de saisissantes vertus et des dangers potentiels Un état de la recherche sur l’art anglais aux e e Le Unpitsu soga est un recueil d’études qui émanaient d’aspirations sociopolitiques xviii et xix siècles ainsi qu’un article sur « pour s’initier au maniement du pinceau » antagonistes. Pourtant, dans ce concert l’historiographie des arts et des sciences offrent composé par Tachibana Morikuni dissonant, il y avait la projection d’une un vaste panorama des travaux actuels. e (1679-1748). Il s’agit donc, dans les deux obsession commune. Cette peinture éprise Le dossier xx siècle présente des points cas, de livres regroupant des modèles de mimesis, excluant l’imagination, assujettie de vue sur les orientations de l’histoire de destinés aux élèves qui apprenaient à une pure représentation de l’univers l’art moderne et contemporain à travers les l’art du lavis et de l’estampe. sensible, pouvait dire son mot sur le monde : expositions et les ouvrages généralistes Poisson, oiseau, cheval, écureuil, libellule, l’harmoniser ou le désunir, le soigner ou les plus récents. La rubrique Travaux arbre, fleur ou fruit, chacune des images l’achever, lui promettre l’avenir ou le rendre au explore la recherche sur l’art conceptuel que l’on y trouve offre un détail du passé... Cette esthétique qui semblait prendre des vingt dernières années. Avec le numéro monde vivant, élégamment traité, parfois acte de la réalité était en fait une esthétique 2007-4, Perspective interroge l’approche « tracé d’un seul coup de pinceau ». en actes. Ce livre vise ainsi à décrypter la des gender studies en histoire de l’art : L’introduction et les légendes de l’ouvrage généalogie d’un mythe de l’histoire de l’art. un débat public avec Griselda Pollock en sont de Christophe Marquet, la préface est Il relève certaines des facultés fantasmatiques ouvre la livraison. La rubrique Travaux d’Élisabeth Lemirre et l’avant-propos de prêtées aux productions de Courbet sous présente quatre études, de la représentation Dominique Morelon. le Second Empire pour révéler la nature des sexes dans l’Antiquité grecque jusqu’à d’attentes collectives et tempère l’idée selon l’inscription du genre en architecture Éditions Philippe Picquier-INHA, 2007 laquelle l’œuvre et la vie de Courbet seraient contemporaine, en passant par une étude de 19 x 27 cm, 126 pages brochées dans une reliure dépositaires d’une dimension démocratique. la peinture dans la Renaissance italienne, ainsi Illustrations en noir et blanc Diffusion-Distribution Harmonia Mundi Si cette dernière existe, elle procède davantage qu’un panorama des études de genre sur l’art ISBN : 2-87730-9714 des conflits d’opinion que provoquait un art en France autour de 1800. L’état des lieux des 24 euros à la fois puissamment matériel et inintelligible genders studies en Italie, France, Allemagne parmi des contemporains à l’affût du moindre et États-Unis complète cet original dossier. espace d’expression. Le numéro thématique de 2008 sera consacré à la périodisation. Les presses du réel, 2007 Collection « Œuvres en sociétés » ISBN 2-20092183-7 17 x 20 cm, broché, 384 pages Prix au numéro : 19 € 28 illustrations en noir et blanc, Abonnement : Diffusion-distribution Les presses du réel 65 € (particuliers), 75 € (institutions) ISBN : 978-2-84066-204-4 www.armand-colin.com/revue/28/1/perspectives.php 24 euros

26 Les Nouvelles de l’INHA / n° 31 / avril 2008 Nouveaux collaborateurs de l’INHA

Sarah Boyer. Diplômée de l’École du Louvre XXe siècle grâce à l’étude du Comité Paris IV, puis à l’université Panthéon- (« Histoire du dessin »), Sarah Boyer a technique et d’esthétique de la ville de Paris. Sorbonne-Paris I, où, sous la direction de poursuivi son cursus à l’université Paris IV- Dans le cadre d’un Master 2 dirigé par Bertrand Tillier, elle a rédigé un mémoire de Sorbonne sous la direction d’Alain Mérot et M. Barthélémy Jobert, Stéphanie Guilmeau Master 1 sur le peintre catalan Ramon Martí de Catherine Loisel. Elle a consacré son a étudié la Commission du Vieux Paris Alsina. Ces recherches ont abouti à une mémoire de maîtrise à Jean-Robert Ango, et le Casier archéologique et artistique conférence donnée en 2006, à la Fondation dessinateur français actif comme copiste à que celle-ci a commencé à constituer. Apel.les Fenosa à El Vendrell (Barcelone). Rome et à Naples dans le troisième quart Elle entame une thèse de doctorat sous la Encouragée par Elisée Trenc, professeur du XVIIIe siècle. Dans la continuité de ses direction de Claude Mignot autour de la à l’université de Reims, et par Francesc travaux, elle prépare, sous la direction d’Alain personnalité de l’architecte Louis Bonnier. Fontbona, directeur de l’Unité graphique de Mérot, une thèse de doctorat consacrée En 2003, chargée d’inventaires auprès la Bibliothèque de Catalogne, Laura Karp aux copies dessinées des pensionnaires et du Centre des monuments nationaux, a rédigé un mémoire de Master 2 de leur entourage sous la direction de Stéphanie Guilmeau a procédé à l’inventaire sur la gravure en Catalogne entre 1899 Charles-Joseph Natoire entre 1752 et 1775. et au récolement de diverses collections. et 1936. Actuellement, sous la direction Chargée de cours à l’École nationale supérieure Après avoir été monitrice-étudiante au d’Éric Darragon, elle élargit ses recherches des Beaux-Arts depuis octobre 2001, Sarah département des Études et de la Recherche dans le cadre d’une thèse de doctorat. Boyer a également enseigné les techniques du de l’INHA, elle y est chargée d’études Par ailleurs, Laura Karp a participé à dessin à l’université Charles de Gaulle-Lille III et de recherche depuis octobre 2007. des chantiers de fouilles archéologiques en 2005. Monitrice-étudiante à l’INHA pour en Belgique (dans les Ardennes) et en la numérisation des fonds de la Bibliothèque Audrey Jeanroy. Née en 1984, Audrey Argentine (province de San Juan). Depuis centrale des Musées nationaux (BCMN) Jeanroy prépare une thèse de doctorat sur octobre 2007, Laura Karp Lugo est chargée en mai 2005, elle poursuit sa collaboration l’architecte français Claude Parent d’études et de recherche à l’INHA. avec l’établissement en qualité de chargée (né en 1923), « Claude Parent, architectures d’études et de recherche depuis octobre 2007. et expérimentations, 1953-1993 », Fanny Lambert. Conservateur des à l’université François-Rabelais, à Tours. bibliothèques, a rejoint le département de Matteo Gianeselli. Après avoir obtenu Après s’être intéressée aux relations entre la Bibliothèque et de la Documentation en en 2005 une licence en histoire de l’art à architecture et sculpture dans la deuxième juillet 2007, dans le service du Patrimoine. l’université Sorbonne-Paris IV, Matteo moitié du XXe siècle pour son Master 1, Elle est en charge des collections d’archives, Gianeselli a préparé un mémoire de Master « L’hôtel Élysée Palace de Georges manuscrits, autographes et dessins. sur « Andrea Mantegna et la France, Marguerita : le rapport architecture et Ancienne élève de l’École nationale des XVIe et XVIIe siècles » à l’université sculpture en question », sous la direction chartes (ENC), elle y a soutenu en 2006, Picardie-Jules Verne d’Amiens, sous la de Nathalie Bertrand à l’université d’Aix- pour l’obtention du diplôme d’archiviste direction de Philippe Sénéchal. Ce travail Marseille I, elle a commencé en 2006, sous paléographe, une thèse intitulée s’est déroulé en même temps que prenait la direction de Jean-Baptiste Minneart, un La représentation diplomatique française en forme le projet d’exposition que le musée travail de récolement des archives Claude Russie dans la seconde moitié du XVIIIe siècle du Louvre va consacrer à Andrea Mantegna Parent. Analysant, pour son Master 2, les (elle avait obtenu l’année précédente à la rentrée 2008, pour laquelle Matteo différents rapports de force au sein du un DEA, sur le même sujet, à l’École Gianeselli a également rédigé un essai. chantier à travers le programme de l’habitat des Hautes Études en Sciences sociales). Chargé d’études et de recherche à l’INHA individuel, « Les maisons individuelles de Entrée en 2006 à l’École nationale depuis octobre 2007, il prépare actuellement Claude Parent vues à travers les archives supérieure des Sciences de l’Information une thèse de doctorat intitulée « Dans du FRAC Centre : 1952-1973 », elle élargit, et des Bibliothèques (ENSSIB), elle acquiert le sillage de Domenico Ghirlandaio dans le cadre de sa thèse, sa réflexion au le diplôme de conservateur des bibliothèques (1449-1494). Peintres et commanditaires monde de la construction et des médias en mai 2007 (promotion Flora Tristan). à Florence (1475-1525) ». de l’architecture entre 1950 et 1990. Durant sa scolarité à l’ENC, elle a participé Elle est chargée d’études et de recherche au programme d’échange et de collaboration Stéphanie Guilmeau. En poursuivant un à l’INHA depuis octobre 2007. scientifique avec la Russie pour la réalisation cursus à l’École du Louvre, Stéphanie d’un répertoire des collections de livres anciens Guilmeau a préparé à l’université de Paris- Laura Karp Lugo. De nationalité argentine, français conservés dans les bibliothèques de Sorbonne, sous la direction de Bruno Laura Karp Lugo a fait l’ensemble de sa la Fédération de Russie et a effectué dans ce Foucart et de Simon Texier, un mémoire de scolarité en Catalogne, avant de s’installer à cadre, un stage à la Bibliothèque historique Master 1 sur l’esthétique urbaine de Paris Paris en 2002. Elle y a poursuivi ses études publique de Moscou. Lors de sa formation dans les premières décennies du en histoire de l’art à l’université Sorbonne- à l’ENSSIB, elle a été associée à un projet

27 sur la conception de la réserve de la future Elle a intégré l’INHA en novembre 2007, Départs Bibliothèque universitaire des Langues et en qualité de pensionnaire, pour poursuivre Pierre-Yves Belfils, bibliothécaire, Civilisations (BULAC) et a fait un stage et développer avec Jean-Philippe Garric département de la Bibliothèque et de la d’étude portant sur la collection de livres les différents programmes en histoire Documentation ; Éric Peltier, responsable à estampes des XVIe-XIXe siècles conservés de l’architecture et notamment de la section des périodiques au service du au département Histoire de l’art de la la base de données bibliographiques Développement des collections, département Bibliothèque municipale centrale de Moscou sur les livres d’architecture. de la Bibliothèque et de la Documentation ; Isabelle Rollet, chef du service Service Émilie d’Orgeix. a obtenu un doctorat Judith Soria. Après des études littéraires au public et Magasins, département de la en histoire de l’art à l’université Laval à l’université de Caen et à l’université Bibliothèque et de la Documentation. (Québec) sur le thème de la codification Sorbonne-Paris IV, Judith Soria a poursuivi Arrivées du dessin militaire du XVIe au XVIIIe sa formation universitaire par une licence Esther Buitekant, catalogueur Getty, siècle. Par la suite, elle a effectué son et une maîtrise d’histoire de l’art à département de la Bibliothèque et post-doctorat au cabinet des dessins et l’université de Paris I. À cette occasion, de la Documentation ; Almudena Hitier, des estampes du Metropolitan Museum of sous la direction de Quitterie Cazes, elle a bibliothécaire, département de Art où elle a effectué le catalogage des préparé un mémoire sur Les représentations la Bibliothèque et de la Documentation ; traités d’architecture civile et militaire, de la pauvreté volontaire dans la peinture Marie-Caroline Moreau, catalogueur et publié deux collections de dessins italienne des premiers siècles de l’ordre des Getty, département de la Bibliothèque d’architecture de la Renaissance sur la frères mineurs – les XIII e, XIV e et XV e siècles. et de la Documentation. Rome antique et moderne (Bulletin of Son intérêt s’est ensuite porté sur l’art post- the Metropolitan Museum of Art, 2001). byzantin dans les Balkans. Sous la direction Ses recherches portent sur la culture de Catherine Jolivet-Lévy, elle a obtenu un architecturale civile et militaire en Europe Master de sciences historiques, philologiques et dans les colonies d’Amérique à l’époque et religieuses à l’EPHE ; le thème choisi moderne. Elle a publié de nombreux était l’iconographie des peintures murales articles et codirigé plusieurs ouvrages dont de l’église post-byzantine du XVIIIe siècle, Les villes françaises du Nouveau Monde. Saint-Athanase à Voskopojë, en Albanie. Des premiers fondateurs aux ingénieurs En 2007, chargée d’études et de recherche du roi (Paris, Somogy, 1999), Portefeuilles à l’INHA, Judith Soria commence une thèse de plans. Projets et dessins d’ingénieurs de doctorat sur les neuf églises de la ville militaires en Europe du XVIe au XIXe siècle de Voskopojë et de ses environs, lesquelles (Bourges, AD. du Cher/CEHD, 2001), constituent un ensemble d’une grande Atlas militaires européens, XVIe-XIXe siècle cohérence architecturale et iconographique. (Paris, musée des Plans-Reliefs, 2003) et Elle travaille actuellement, en collaboration Vauban. La pierre et la plume (Paris, éditions avec un traducteur, à une édition critique du Patrimoine/éditions G. Klopp, 2007). en albanais du Manuel du Peintre Elle s’intéresse également à l’architecture de Denys de Fourna. du XXe siècle et occupe depuis 2002, le poste de secrétaire générale de la Commission internationale pour la documentation et la conservation de l’architecture du mouvement moderne (Docomomo International) qui regroupe cinquante- Comité de rédaction : Conception graphique : Michel Hochmann (EPHE) Brigitte Monnier quatre pays membres. Elle est, à ce titre, Catherine Limousin Philippe Apeloig corédactrice, avec Maristella Casciato, (Centre Chastel) François Lissarrague Impression : de la revue internationale semestrielle (Centre Louis Gernet) IME. Imprimerie The Docomomo Journal et participe Claude Mignot Moderne de l’Est Directeur de la publication : (Centre Chastel) régulièrement à des publications sur Antoinette Dominique Poulot (CIRHAC) ISSN 1620-7815 l’architecture moderne dans des revues Le Normand-Romain et, pour l’INHA : INHA spécialisées telles que World Architecture, Rédaction : Jean-Pierre Cuzin 2, rue Vivienne 75002 Paris A.R.Q., Continuité : patrimoine Hania Daoud Alain Madeleine-Perdrillat T. : 33 (0)1 47 03 79 01 Alain Madeleine-Perdrillat Jean-Michel Nectoux, F. : 33 (0)1 47 03 86 36 en perspective, the ICAM bulletin. Jean-Michel Nectoux Martine Poulain www.inha.fr

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