Les Adaptations Cinématographiques Des Récits Littéraires D'edgar Poe Par Roger Corman
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Les adaptations cinématographiques des récits littéraires d’Edgar Poe par Roger Corman : vers une définition de la fidélité latente à travers La Chute de la maison Usher, L’Enterré vivant, La Malédiction d’Arkham et Le Masque de la mort rouge Nathan Lagadec To cite this version: Nathan Lagadec. Les adaptations cinématographiques des récits littéraires d’Edgar Poe par Roger Corman : vers une définition de la fidélité latente à travers La Chute de la maison Usher, L’Enterré vivant, La Malédiction d’Arkham et Le Masque de la mort rouge. Sciences de l’Homme et Société. 2019. dumas-02181959 HAL Id: dumas-02181959 https://dumas.ccsd.cnrs.fr/dumas-02181959 Submitted on 12 Jul 2019 HAL is a multi-disciplinary open access L’archive ouverte pluridisciplinaire HAL, est archive for the deposit and dissemination of sci- destinée au dépôt et à la diffusion de documents entific research documents, whether they are pub- scientifiques de niveau recherche, publiés ou non, lished or not. 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Distributed under a Creative Commons Attribution - NonCommercial - NoDerivatives| 4.0 International License Université Rennes 2 – Haute Bretagne UFR Arts, Lettres, Communication – Département Arts du Spectacle Les adaptations cinématographiques des récits littéraires d’Edgar Poe par Roger Corman : vers une définition de la fidélité latente à travers La Chute de la maison Usher, L’Enterré vivant, La Malédiction d’Arkham et Le Masque de la mort rouge de Nathan Lagadec sous la direction de Simon Daniellou Master Recherches en Études Cinématographiques Année universitaire 2018-2019 REMERCIEMENTS Je tiens en premier lieu à adresser mes remerciements à mon directeur de recherches, Simon Daniellou, qui m’a accompagné durant ma dernière année en Master. L’attention et l’intérêt qu’il a portés à mon travail ainsi que ses nombreux et précieux conseils ont été d’un soutien inestimable dans la rédaction de ce mémoire. Sa grande disponibilité ainsi que sa bienveillance m’ont permis de rester motivé et de surmonter chaque étape de ce travail. Je remercie également Jean-Baptiste Massuet et Grégory Wallet, qui m’ont dirigé au début de mon parcours en Master. À travers leurs conseils et leur expérience, ils ont été un véritable soutien lors de mes premiers pas dans la recherche. Mes remerciement vont également à l’ensemble de l’équipe des enseignants- chercheurs du Master Recherches en Études Cinématographiques de l’Université Rennes 2, pour leurs nombreux conseils et la qualité de leur enseignement, mais surtout pour leur accessibilité et leur gentillesse, qui ont permis à notre promotion d’évoluer dans un environnement confortable et stimulant. Je remercie tous mes camarades de promotion et amis, les discussions que nous avons partagées ont grandement apporté à mon travail. Mes remerciements à tous mes proches, à mes parents pour leur soutien constant et leur confiance, sans lesquels il aurait été impossible d’avancer. Enfin, un remerciement spécial à Daphné Merry, pour la confiance qu’elle m’a toujours témoignée ainsi que son soutien au quotidien, qui ont eu raison de tous les moments de doute survenus durant ce travail d’écriture. 2 SOMMAIRE INTRODUCTION………………………………………………………………………………5 PREMIÈRE PARTIE : LE RÉCIT POESQUE À L’ÉPREUVE DU CINÉMA, UNE MÉTAMORPHOSE………………………………………………………………………...…..16 Chapitre I : Le récit poesque, un support problématique à l’adaptation ?..……….….…….18 I.1 – De Poe au « grand imagier », métamorphose du récit poesque………………19 I.2 – Le style sensoriel……………………………………………………………...28 Chapitre II : Caractéristiques et métamorphose du personnage poesque……..…….……...39 II.1 – Matérialisation du personnage littéraire à l’écran et reconfiguration du modèle actantiel………………………………………………………….....….…...40 II.2 – Le problème de la première personne……………………………...…….…..49 DEUXIÈME PARTIE : LA CAMÉRA, UN ŒIL AU SERVICE D’UNE ESTHÉTIQUE CINÉMATOGRAPHIQUE POESQUE…………..………………………………………….….….58 Chapitre III : La mise en image des descriptions comme ouverture sur un univers poesque……………………………………………………………………………….…….60 III.1 – Du narrateur à la caméra : le point de vue……………………….…….……61 III.2 - Filmer le décor : construire un univers visuel poesque……..…..……...…....67 Chapitre IV : Filmer la mort………………………………………….....…………….……74 IV.1 – Le motif de la mort………………………….………...……………….…....75 IV.2 – L’imaginaire et le rêve comme lieux principaux de la mort..………...……..82 3 Chapitre V : Le subconscient à l’écran………………………………..……….…….…….89 V.1 – L’image surnaturelle à travers le prisme du subconscient……...…....……….91 V.2 – Le décor comme projection du subconscient..…………...……..…………....97 TROISIÈME PARTIE : L’ESPRIT POESQUE À L’ÉCRAN…………..……...……..….………….104 Chapitre VI : L’acteur Vincent Price comme centre de gravité des thèmes et motifs poesques………………………………………………………………………………..…106 VI.1 – De l’acteur à l’actant, introduction d’une conception gravitationnelle du corps………………………………………………………………………………106 VI.2 – Les personnages comme doubles de l’acteur……………….…………..…117 Chapitre VII : L’esprit avant la lettre……………………………………….………..……128 VII.1 – Œuvre littéraire et œuvre filmique comme percepts……..………...……..128 VII.2 – L’idée poesque à l’écran………………………………………………….135 CONCLUSION………………………………………………………………………………147 BIBLIOGRAPHIE……………………………………………………………………………153 FILMOGRAPHIE…………………………………………………………………………….160 4 INTRODUCTION Edgar Allan Poe est sans conteste l’un des grands noms de la littérature fantastique, dont les œuvres ont nourri l’imaginaire et la plume de maints auteurs de son Amérique d’origine comme du continent outre-Atlantique. S’il fut plusieurs fois critiqué, notamment par Aldous Huxley qui voyait en lui un écrivain vulgaire qui abusait d’effets poétiques pour donner l’impression d’œuvres raffinées1, Poe est devenu, en France notamment, à travers les traductions de Charles Baudelaire, un écrivain reconnu. En effet, Léon Lemonnier écrit : « C’est en 1845 que l’œuvre de Poe pénétra en France. […] Ainsi […] Poe touchait à la littérature française. Il allait vivifier le roman d’aventure par ses histoires policières et son merveilleux scientifique. Aux conteurs fantastiques, il apportait des thèmes nouveaux2. » Les écrits de Poe ont également inspiré certains auteurs américains plus tardifs comme Howard Philips Lovecraft ou, plus récemment, Stephen King. Ces œuvres ont donc nourri la littérature, mais son influence s’est étendue dans d’autres domaines, comme le cinéma, qui a permis l’émergence de plusieurs adaptations. « Avec Poe, le mécanisme humain est démonté d'une main savante, puis remonté sous nos yeux d'une manière à la fois précise et vivante3 », écrit Léon Lemonnier. Plusieurs réalisateurs, à l’image de l’écrivain, ont démonté et remonté le mécanisme de ses œuvres en en proposant des adaptations cinématographiques. S’ils ne sont pas nombreux – « [...]on compte une dizaine d’adaptations jusqu’en 19604 » – chacun des cinéastes qui ont porté à l’écran un ou plusieurs récits de l’écrivain l’a fait avec une approche, une démarche qui lui est propre, participant à la constitution d’une certaine filmographie poesque5. En comparaison à Stephen King, dont les œuvres ont entraîné de très nombreuses adaptations dès les années 1980, Edgar Poe ne représente pas une aussi grande source d’inspiration pour les adaptations cinématographiques. Cependant, les œuvres de Poe ayant été écrites au XIXe siècle, nous pouvons constater l’existence de propositions cinématographiques basées 1 Aldous Huxley, « From ‘‘Vulgarity in literature’’ », dans Robert Reagan (dir.), Poe: a Collection of Critical Essays, Engelwood Cliffs, Prentice Hall, 1967, p. 31-32. 2 Léon Lemonnier, Edgar Poe et les conteurs français, Paris, Aubier Montaigne, 1947, p. 7. 3 Ibid., p. 25. 4 Gilbert Maggi, « L’épouvante au cinéma IV : à la recherche d’Edgar Poe », Séquences, n° 54, avril 1969, p. 10. 5 Le terme poesque désigne ce qui renvoie à Edgar Poe, à son œuvre. 5 sur celles-ci dès les débuts du cinéma. Ainsi, il est possible de voir comment les œuvres de l’écrivain ont été représentées à l’écran à travers différents courants et différentes pratiques du cinéma. Les traitements des récits de Poe à l’écran sont alors d’autant plus divers qu’ils se sont manifestés dans des époques que plusieurs années d’évolution du cinéma ont séparées. Jean Epstein, par exemple, adapte en 1928 La Chute de la maison Usher, à travers une démarche proche d’un cinéma impressionniste. Il choisit d’inscrire la diégèse de son film dans une époque que l’on peut apparenter, à travers les décors et les costumes, à celle de l’écrivain, pour garder une proximité avec le récit de base. C’est également le choix que fait Roger Corman dans ses huit adaptations réalisées dans les années 1960. Cependant son travail est très différent de la proposition de Jean Epstein, les films du cinéaste américain s’inscrivant dans une démarche commerciale et étant destinés à un public large. Puis, Dario Argento et Georges Romero, dans Deux Yeux Maléfiques (Due Occhi Diabolici, 1990), placent les récits de l’écrivain dans un contexte contemporain, mettant en scène des personnages originaux dont les noms évoquent cependant ceux des personnages de Poe. Le travail des deux cinéastes est alors encore une fois différent de celui d’Epstein et de Corman, puisqu’ils revisitent librement l’œuvre de Poe en inscrivant ses récits dans une époque moderne. Au sein