DISCOURS DE DENIS CONUS, PREFET DU

Cérémonie commémorative de MEILHAN

Dimanche 5 Juillet 2009

Il y a 65 ans, des hommes guidés par un même idéal de liberté et de fraternité menaient ici, le 7 juillet 1944, un combat héroïque et tragique, contre un ennemi supérieur en nombre. Ce combat de David contre Goliath est entré dans la légende, et nous rendons hommage aujourd’hui à tous les braves qui ont écrit, ce jour là, un chapitre du grand livre de la liberté humaine. Cet épisode important de la Résistance militaire gersoise à l’occupation allemande se déroula donc ici, dans ce décor paisible, si peu propice au déchaînement de la violence et de la barbarie. En ces lieux pourtant, 67 maquisards furent tués, 4 victimes civiles abattues, 3 prisonniers fusillés ainsi qu’un maquisard capturé la veille, accroissant le lourd tribut payé par le Gers au cours des deux guerres mondiales. Dans le département, depuis les premiers jours, des hommes et des femmes courageux ont refusé la défaite. Organisant mouvements, réseaux et maquis, ils permettront à de nombreux Gersois de participer aux combats libérateurs et avec l’armée française reconstituée, de rendre à la son rang et sa grandeur. Parmi ces hommes éminents, comment ne pas rappeler la figure exemplaire du docteur RAYNAUD, créateur et chef du maquis de Meilhan. Resté sous surveillance policière, en raison de son activité résistante, il est prévenu à mots couverts par un haut fonctionnaire de Préfecture, qu’il devait se cacher. Désormais, avec son ami DELTOUR, il mène une vie clandestine, changeant fréquemment de refuge. Il se consacre alors entièrement à la mise sur pied de petites unités de l'Armée secrète dans son secteur du Sud-Est du Gers, qui va de la vallée du Gers à celle de la Save. Il compte sur un potentiel de 300 hommes, évoluant vers la formation d'un bataillon. Les parachutages qu'il reçoit les 6 et 12 mai 1944 ne permettront d'armer qu'une partie des effectifs. Aussi, le 6 juin, jour du débarquement allié en Normandie, le docteur ne rassemble-t-il qu'un petit nombre de volontaires, renforcé par le groupe de l'lsle-en-Dodon, emmené par Norbert . Le commandant MARCELIN, ancien officier des hussards de Tarbes, lui est adjoint au titre de conseiller militaire. Depuis le camp de Tachoires où il s'est d'abord installé, le maquis RAYNAUD se livre à des opérations de police et de sabotages. Puis, il se déplace, successivement à , à Saint-Arroman d'où il se porte le 24 ou 25 juin à "Lasseube" entre Meilhan et . Les effectifs grossissent tous les jours, sans pouvoir être armés convenablement. Mais le docteur RAYNAUD, le 3 juillet, a eu la visite du Major américain FULLER, lequel lui a promis un parachutage d'armes. Il pourrait l'attendre si ce n'était la menace d'une attaque du maquis par les Allemands qui lui parvient par des voies diverses. Aussi, dans la journée du 6 juillet, le gros du matériel est-il chargé sur un camion. Les hommes feront mouvement le lendemain. Mais au petit jour, le maquis est cerné sur trois côtés et pris sous le feu de l’ennemi. Le Docteur RAYNAUD, le Commandant MARCELIN, succomberont avec les autres maquisards pour la plupart massacrés. Que de courage et d’abnégation, que de noblesse et de grandeur d’âme, dans le sacrifice de ces hommes jeunes et moins jeunes qui n’hésitèrent pas à donner leur vie pour la libération de la France et la défense de leurs idéaux. Ils étaient la France, celle que nous aimons, celle qui à toute époque fait naître sur son sol des êtres d’exception. Serge RAVANEL, grand Résistant et Compagnon de la Libération, dont l’histoire est liée à celle de notre région, a écrit sur ce sujet des phrases édifiantes, les voici : « Les valeurs de la Résistance n’ont pas surgi du néant. Elles se sont inspirées de notre Histoire. Elles sont le fruit des grands combats de notre société pour les Droits de l’Homme, la liberté, la laïcité, la République. La Résistance les a adoptées et revivifiées. Par son dynamisme et son esprit d’éthique, elle leur a donné une unité. En les propageant, elle a impulsé un nouvel élan de progrès à la société ». C’est pourquoi il convient aujourd’hui de comprendre le sens véritable du message des glorieux combattants de Meilhan. Ce message, c’est la voix universelle de la liberté humaine. C’est le cri de conscience de l’homme qui ne veut pas vivre enchaîné. Ce message, les combattants de Meilhan nous l’ont laissé en héritage. 65 ans après, il nous appartient de l’entretenir et de le transmettre aux générations futures. N’oublions pas cette leçon de liberté et de patriotisme que ces hommes ont écrit en lettres de sang sur cette terre de Gascogne. N’oublions pas le courage de ces jeunes combattants. N’oublions pas cet élan sublime et tragique qui nous dit que la libération de la France exigea le sacrifice des meilleurs de ses enfants. N’oublions jamais les morts de Meilhan. Je vous remercie.