L'acteur Créateur
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Double jeu Théâtre / Cinéma 1 | 2003 L’acteur créateur Sophie Lucet et Jean-Louis Libois (dir.) Édition électronique URL : http://journals.openedition.org/doublejeu/2080 DOI : 10.4000/doublejeu.2080 ISSN : 2610-072X Éditeur Presses universitaires de Caen Édition imprimée Date de publication : 1 novembre 2003 ISBN : 2-84133-207-1 ISSN : 1762-0597 Référence électronique Sophie Lucet et Jean-Louis Libois (dir.), Double jeu, 1 | 2003, « L’acteur créateur » [En ligne], mis en ligne le 06 juillet 2018, consulté le 05 novembre 2020. URL : http://journals.openedition.org/doublejeu/ 2080 ; DOI : https://doi.org/10.4000/doublejeu.2080 Double Jeu est mise à disposition selon les termes de la Licence Creative Commons Attribution - Pas d’Utilisation Commerciale 4.0 International. 00 p1-6.fm Page 1 Mercredi, 12. novembre 2003 5:11 17 00 p1-6.fm Page 2 Mercredi, 12. novembre 2003 5:11 17 Couverture : Cédric Lacherez Tous droits de traduction, d’adaptation et de reproduction, sous quelque forme que ce soit, réservés pour tous pays. issn : 1762-0597 isbn : 2-84133-207-1 © 2003. Presses universitaires de Caen 14032 Caen Cedex – France 00 p1-6.fm Page 3 Mercredi, 12. novembre 2003 5:11 17 DOUBLE JEU THÉÂTRE / CINÉMA L’acteur créateur Sous la direction de Sophie Lucet et Jean-Louis Libois année 2003 · numéro 1 Centre de recherches et de documentation des arts du spectacle Université de Caen Basse-Normandie 00 p1-6.fm Page 4 Mercredi, 12. novembre 2003 5:11 17 Directeurs de la publication Vincent Amiel et Gérard-Denis Farcy (Université de Caen Basse-Normandie). Comité de rédaction Yannick Butel, Pascal Couté, Noël Herpe, Dominique Lauvernier, Jean-Louis Libois, Sophie Lucet et Geneviève Sellier (Université de Caen Basse-Normandie). Comité de lecture Vincent Amiel (Université de Caen Basse-Normandie), Jean-Pierre Berthomé (Université de Rennes 2), Albert Dichy (IMEC), Gérard-Denis Farcy (Université de Caen Basse-Normandie), Jean A. Gili (Université de Paris I), Madeleine Mervant- Roux (CNRS Paris). 00 p1-6.fm Page 5 Mercredi, 12. novembre 2003 5:11 17 Depuis un siècle, théâtre et cinéma interrogent le monde, s’offrant mutuellement des représentations nouvelles, des formes pour réfléchir, des ruptures pour aiguiser l’intelligence, des œuvres pour modifier leurs visions. On ne compte plus les exemples d’enrichissement respectif. Ainsi, plutôt que de juxtaposer théâtre et cinéma, Double Jeu entend éprouver ces deux arts à des hypothèses, des problématiques, des regards qui leur soient communs, interroger l’un avec les concepts de l’autre et réciproquement ; et bien entendu se placer à leur articulation, là où des jonctions et des passerelles sont possibles, là où des frottements se font sentir, là où il y a du jeu. Double Jeu est la revue du CReDAS qui accueille chercheurs permanents et contributeurs occasionnels, afin d’instaurer entre les spécialistes des Arts du spectacle un dialogue aussi fructueux que celui qu’ont engagé depuis un siècle les praticiens et les créateurs. 00 p1-6.fm Page 6 Mercredi, 12. novembre 2003 5:11 17 6 00 avant-propos.fm Page 7 Mercredi, 12. novembre 2003 5:12 17 AVANT-PROPOS Le CReDAS (Centre de recherche et de documentation des Arts du spec- tacle de l’université de Caen Basse-Normandie) a organisé trois colloques en collaboration avec l’IMEC (Institut mémoire de l’édition contemporaine) sur des thèmes fédérateurs des recherches théâtrales et cinématographi- ques : le premier, intitulé Brûler les planches, crever l’écran, s’est intéressé à la question de la présence de l’acteur, le second à La Poétique de la revue – théâtre et cinéma, le troisième à L’Invention et l’Archive 1. Déjà interrogé sur sa présence, l’acteur le sera cette fois dans sa dimen- sion d’auteur. En effet, à trop privilégier le rôle du metteur en scène ou du réalisateur, le xxe siècle a peut-être mésestimé la part de l’acteur dans la représentation. Au-delà de la simple interprétation d’un rôle, celui-ci est fréquemment engagé dans la totalité du processus créatif si bien qu’il sem- ble utile de redéfinir sa véritable fonction : jusqu’où peut-il être considéré comme l’auteur de sa partition, voire de la globalité de la mise en scène ? Comment inscrire cette analyse esthétique dans une perspective historique ? Comment les acteurs évoquent-ils leur implication sur un plateau et quels sentiments les réalisateurs nourrissent-ils à leur égard ? Dans quelle mesure l’acteur est-il doté d’une existence irréductible ? Pour répondre à ces questions, Jean-Louis Libois évoque les relations paradoxales du réalisateur et de son interprète, entre prise de pouvoir et dépossession ; dialectique unissant aussi bien la star et son metteur en scène que le modèle à son Pygmalion quand elle ne s’immisce pas au sein de celui qui, à l’instar d’Orson Welles, détient les deux rôles. Selon Yannick Lemarié, l’acteur établit essentiellement une relation au spectateur qui le fait échapper à l’emprise de l’auteur, l’interprète devenant simple forme. Jean-François Dusigne dresse à son tour un panorama historique qui rap- pelle combien l’acteur de théâtre fut longtemps suspecté de méfiance pour sa propension à singer l’acte divin en même temps qu’il continua de fas- ciner par sa géniale effronterie. Poursuivant cette réflexion historique, Catherine Guillot rappelle que l’acteur fut soumis à une codification de l’expression des passions au cours de la période classique, cette conception servant paradoxalement de sou- bassement à une réflexion sur le geste créateur. Gérard-Denis Farcy évo- que entre autres Talma, un monstre sacré jouissant d’un ascendant et d’une 1. Brûler les planches, crever l’écran : la présence de l’acteur, G.-D. Farcy, R. Prédal (dir.), Saussan, L’Entretemps, 2001 ; La Poétique de la revue – théâtre et cinéma, Actes parus dans la Revue des revues, n° 33, 2002 ; L’Invention et l’Archive, à paraître en 2005 aux éditions de l’IMEC. DOUBLE JEU, no 1, L’Acteur créateur, 2003, p. 7-10 00 avant-propos.fm Page 8 Mercredi, 12. novembre 2003 5:12 17 8 DOUBLE JEU impunité tels qu’il inspira la conception même des futurs drames roman- tiques. Du côté du cinéma, si la Nouvelle Vague a pu faire sienne la quête de la vérité du personnage, elle n’entendait pas pour autant se laisser dépo- sséder de son tout récent et autoproclamé statut d’auteur selon Jean-Lou Alexandre. Choisir des jeunes gens qui vous ressemblent et vous prolon- gent constitue une première réponse de l’auteur à l’acteur ; une autre tient au choix des Bardot, Moreau, Deneuve, toutes stars de leur état. À son tour, Joël Cramesnil évoque l’exemple de la Cartoucherie où l’acteur dédie sa vie tout entière au théâtre, le rêve de la création collective et l’invention d’un nouveau lieu théâtral faisant directement écho à la volonté de dire le monde contemporain. Figure même de l’interprète auteur de l’intégralité de sa partition, Phi- lippe Caubère nous livre ensuite dans le cadre d’un entretien avec Sophie Lucet une confession mêlant le théâtre et la biographie ; la vie devenant le matériau même de l’œuvre. C’est à une autre aventure que Valérie Dré- ville fait référence en évoquant son travail auprès de Vassiliev à Moscou, et notamment le travail liminaire à la création de Matériau-Médée de Hei- ner Müller, et en relatant par le menu l’expérience intime de la voix comme vecteur du sens. À son tour, Virginie Symaniec évoque la condition de l’ac- teur en Biélorussie soviétique où le geste créateur, censuré avant même d’exister, se trouve tout entier symbolisé par les larmes de Viktar Manaev qui, plus que des mots, disent la dimension politique du théâtre. Aussi bien par son corps qui excède toute volonté de scénarisation – tel Buster Keaton commenté par Vincent Amiel – que pour des raisons d’appartenance au genre où il est moins l’objet que le sujet de la mise en scène (ainsi Bruce Lee dans les films de kung-fu analysés par Pascal Couté), l’acteur ne se laisse pas facilement enfermer dans le carcan de l’interprète au service exclusif de son créateur. Pour Gwenaelle Legras, tout aussi ori- ginale se révèle l’appropriation de Catherine Deneuve par André Téchiné qui puise son inspiration dans la star pour mieux la faire choir de son pié- destal. Il en va de même pour James Stewart qui, selon Susan White, traverse les films de Franck Capra, Alfred Hitchcock, et Antony Man en sculptant sa personnalité autant qu’il est sculpté. La notion de geste créateur s’aiguise également au contact de poéti- ques contraignantes : c’est ainsi que Jean Renoir – patron s’il en fut – place l’acteur au centre de sa mise en scène moins pour incarner son personnage que « pour l’atteindre », selon Rose-Marie Godier ; que Samuel Beckett explore, comme le rappelle Annie Pican, les limites mêmes du jeu en impo- sant au comédien de se détacher des modalités du langage quotidien pour aller vers ce point immobile où gît la véritable création ; que Didier-Georges Gabily enjoint les acteurs à trouver l’espace de leur liberté dans l’écriture, si tant est qu’elle refuserait la reproduction naturaliste et la pseudo-conformité 00 avant-propos.fm Page 9 Mercredi, 12. novembre 2003 5:12 17 AVANT-PROPOS 9 au réel pour créer une langue, selon les dires de Pascal Collin. Ce sont enfin les fragments et les ellipses de François Tanguy qui représentent, pour Serge Nail, autant d’invitations à célébrer la fin des grands récits pour retrouver dans les corps, dans les sensations, l’autonomie et la liberté du regard.