SOCIÉTÉ INNOVATION SOCIALE

CAHIER THÉMATIQUE J › LE DEVOIR, LES SAMEDI 19 ET DIMANCHE 20 MARS 2016

UdeM: de la Habitation pédagogie sociale communautaire: pour les habitants nouveau fonds de Parc-Extension d’aide à la rénovation Page J 3 Page J 6

VALERY RIZZO FOOD COOP En 2000, la Park Slope Food Coop a doublé l’espace de son magasin situé dans la rue Union, entre les 6e et 7e avenues à , passant de 500 à 1000 mètres carrés.

PARK SLOPE FOOD COOP Donner du temps pour payer moins cher son épicerie !

Si votre supermarché vous offrait d’acheter rence à l’Université Concordia dans le cadre Le nombre de membres est en revanche si vos aliments moins cher en échange d’une de Transformer Montréal, un événement élevé que certains services ont pu être créés en poignée d’heures par mois de travail béné- consacré à l’entrepreneuriat social et solidaire, parallèle, comme une garderie où les membres J’ai été attiré au départ à pour expliquer la réussite de ce supermarché peuvent déposer gratuitement leurs enfants le vole, acquiesceriez-vous ? Dans le quartier de coopératif dont il est devenu membre en 1975, temps de faire leurs courses. Seuls les retraités, «la Park Slope Food Coop par Brooklyn, à , ils sont près de avant d’en prendre les rênes comme coordon- les gens avec des limitations physiques et les 15 000 à trouver qu’il s’agit d’une bonne nateur général en 1988. « J’ai été attiré au dé- personnes en congé parental sont exempts de l’opportunité d’appartenir part à la Park Slope Food Coop par l’opportu- cette corvée parmi les membres. idée. Portrait de la Park Slope Food Coop, un nité d’appartenir à un lieu où les gens travail- Actuellement, la coopérative, dont le chiffre à un lieu où les gens supermarché coopératif de plus de 40 ans, lent ensemble tout en étant propriétaires, ra- d’affaires dépasse 52 millions de dollars, qui a été à l’avant-garde des mouvements conte M. Zimmerman. Ce n’est qu’après un cer- compte 16 700 membres, dont 14 500 travail- travaillent ensemble tout d’achats locaux et d’approvisionnement en ali- tain temps que la nourriture en elle-même est lent de manière bénévole. « La plus grande dé- devenue importante pour moi. » pense pour un supermarché, c’est la main-d’œu- en étant propriétaires ments biologiques. vre », soulève M. Zimmerman. Les économies S’engager pour pouvoir acheter générées se répercutent directement dans Allen Zimmerman, ancien coordonnateur» ÉTIENNE PLAMONDON ÉMOND Depuis la fondation de la coopérative en une diminution des prix des aliments. La plu- de la Park Slope Food Coop 1973, le concept reste relativement simple : part des produits y sont entre 20 % et 40 % llen Zimmerman a pris en avril pour réaliser ses emplettes à la Park Slope moins chers que dans les supermarchés voi- dernier, à l’âge de 65 ans, sa re- Food Coop, le membre s’engage à donner en- sins, voire presque à moitié prix dans le cas La Park Slope Food Coop a ainsi été à l’avant- traite comme coordonnateur de la viron 35 heures de travail bénévole par année, des aliments biologiques. garde en matière d’achat local et d’aliments bio- Park Slope Food Coop. « Mais la dans 13 plages horaires différentes d’un peu «Nos membres possèdent la coopérative et le logiques, «au moins une décennie avant» que coopérative reste profondément moins de trois heures. Les membres pren- contrôle. Ils ont décidé d’avoir une sélection d’ali- cela soit à la mode, affirme M. Zimmerman. dansA ma vie et dans mon cœur », insiste nent ainsi quelques heures par mois pour être ments fondée sur des principes éthiques plutôt «De plus en plus de gens achetaient des aliments M. Zimmerman, en entrevue téléphonique caissiers, garnir les tablettes, recevoir les li- que sur le profit. C’est une autre façon dont nous biologiques. La coop a compris que c’était la avec Le Devoir depuis New York. vraisons ou effectuer le ménage après la fer- nous distinguons des autres supermarchés», ex- Le samedi 19 mars, il donnera une confé- meture du magasin. plique M. Zimmerman. VOIR PAGE J 2 : ÉPICERIE

Sous-fi nancement en éducation

IR EN AV Des coupes qui freinent L’ S le progrès social. ON NOUS CRÉ J 2 LE DEVOIR, LES SAMEDI 19 ET DIMANCHE 20 MARS 2016 SOCIÉTÉ Les innovations sociales naissent dans les contextes de crises Les innovations sociales destinées aux services aux per- sonnes, tels les centres de la petite enfance et les centres lo- caux de développement, ont connu un essor sans précédent au Québec au cours des dernières années. Les politiques d’austérité pourraient toutefois freiner le mouvement, pré- ANNIK MH DE CARUFEL LE DEVOIR vient Benoît Lévesque, grand expert de l’innovation et de « Autrefois, pour nourrir les individus qui n’en avaient pas les moyens, on a créé la soupe populaire. Désormais, il ne suffit pas de l’économie sociales. simplement s’alimenter. On veut manger de façon saine et différente en privilégiant la production locale », assure Benoît Lévesque, grand expert de l’innovation et de l’économie sociales.

MARIE LAMBERT-CHAN universitaire et l’abandon de la novations sociales ne sont pas thousiasme ou dans la violence l’insertion : en plus de créer des populaire, dit-il. Mais désor- Politique nationale de la re- systématiquement à la merci et la guerre. On ne peut le sa- emplois, on voulait donner une mais, il ne suffit pas de simple- es innovations sociales sur- cherche et de l’innovation, adop- des compressions, car elles ne voir à ce stade-ci. Cependant, formation aux travailleurs ment s’alimenter. On veut L gissent dans tous les sec- tée en 2013 sous le gouverne- sont pas toutes tributaires de une chose est sûre, ce ne sera pour qu’ils puissent être plus manger de façon saine et diffé- teurs d’activité, tant dans le pu- ment Marois mais jamais mise l’État, pas plus qu’elles ne se ré- pas court: une transition, actifs dans la société. » rente en privilégiant la pro- blic que dans le privé. Néan- en application, «ne sont pas des sument à des services. contrairement à une révolution, Aujourd’hui s’amorce la fi- duction locale. D’où la popula- moins, on en trouve une facteurs facilitants» pour stimu- « C’est beaucoup plus large. exige des années et parfois lière de la transition écologique, risation des marchés publics, concentration particulière ler l’innovation sociale. Ce sont des idées, des ap- même des siècles.» «très prometteuse, mais beau- des jardins communautaires dans les services consacrés «C’est grave, car nous sommes proches, des produits ou coup plus difficile, car plus dif- et de l’agriculture urbaine. » aux personnes. Or, s’il y a un désormais dans une économie mêmes des lois — comme la lé- L’économie sociale fuse», précise M. Lévesque. Le professeur vante les mé- domaine qui a souffert des po- de la connaissance, rappelle-t-il. galisation du mariage gai — à en transition «La population est amenée à rites de l’économie sociale à la litiques d’austérité, c’est bien Si on ne fait pas assez de re- travers lesquels nous sommes Benoît Lévesque est couram- changer son mode de consomma- sauce québécoise. «Ce qui fait celui-là, qu’on pense cherche, on se tire dans amenés à nous organiser diffé- ment surnommé le «pape de tion et de production, ainsi qu’à notre force, entre autres, c’est no- aux centres de la petite le pied. Les pays qui remment pour répondre de ma- l’économie sociale» puisqu’il est réduire sa consommation d’éner- tre écosystème où l’aide de l’État enfance, à l’aide à do- réussissent le mieux sont nière plus durable à un besoin le premier à avoir introduit ce gie. On ouvre la porte à l’écono- ne sert pas qu’à soutenir des sec- micile ou aux (dé- ceux qui consacrent plus social », explique celui qui a terme dans le monde de la re- mie de proximité, à l’économie teurs, mais aussi à offrir des ou- funts) centres locaux de 2% de leur PIB à la cofondé le Centre de re- cherche québécoise. Témoin de fonctionnalité, à l’économie tils de développement, comme de développement, recherche et au dévelop- cherche sur les innovations privilégié de l’évolution de circulaire, à l’économie de par- des fonds de financement, du pour ne nommer que pement. Le Québec ne sociales (CRISES) en 1986, la cette sphère qui compte pour tage… Cela signifie que tous les conseil, de la recherche et de la ceux-là. «C’est certain fait guère plus de 2%. toute première organisation plus de 35 milliards du PIB an- services de base sont appelés à formation. Résultat: de telles po- que les coupes de l’État C’est une voie qui pour- scientifique au Canada à étu- nuel du Québec, l’expert es- être redéfinis», explique le lau- litiques transversales favorisent ont une incidence forte Benoît rait nous conduire à dier ce sujet. time qu’«on est au terme d’une réat du prix Marie-Andrée-Ber- un système d’innovation. Et sur les innovations so- Lévesque une forme de sous-déve- Par ailleurs, c’est dans les filière d’innovation qui dure de- trand 2015, récompensant un quand on coupe directement ciales», constate Be- loppement, surtout contextes de crises que nais- puis environ 30 ans». scientifique dont les travaux ont dans un secteur, les effets sont noît Lévesque, professeur qu’ailleurs dans le monde, beau- sent souvent les innovations « Il y a d’abord eu la filière mené au développement d’inno- beaucoup moins ressentis, car le émérite au Département de so- coup demandent d’adopter des sociales. En ce sens, les pro- des services aux personnes vations sociales importantes et modèle repose sur d’autres struc- ciologie de l’Université du politiques de relance plutôt que chaines années seront fasci- créés par des citoyens ou favori- à leur mise en œuvre. tures. Voilà pourquoi l’organisa- Québec à Montréal et profes- d’austérité.» nantes, aux dires de Benoît Lé- sés par l’État, relate-t-il. Puis Benoît Lévesque donne en tion de notre économie sociale seur associé à l’École natio- vesque. «Tant ici qu’à l’étran- ce fut le tour du développement exemple la reconfiguration fait l’envie de plusieurs à travers nale d’administration publique. Le large champ ger, nous entrons dans une pé- local et régional. Il ne s’agis- de la sécurité alimentaire. le monde.» Ce pionnier de la recherche de l’innovation sociale riode de profondes transforma- sait plus de rendre des services, « Autrefois, pour nourrir les in- en innovation sociale ajoute que Cela dit, le professeur Lé- tions, observe-t-il. Cela peut se mais de créer de l’emploi. En- dividus qui n’en avaient pas Collaboratrice les compressions dans le réseau vesque se veut rassurant: les in- faire dans la douceur et l’en- fin, on a connu la filière de les moyens, on a créé la soupe Le Devoir ÉPICERIE SUITE DE LA PAGE J 1

direction que les membres désiraient prendre. Des membres ont voté en ce sens aux assemblées générales. Les membres votaient aussi d’une au- tre façon en réalisant leurs emplettes et, évidem- ment, le magasin a commencé à répondre direc- tement à ce qu’ils voulaient.»

Un concept populaire SLOPE FOOD COOP RIZZO PARK VALERY Le concept ne cesse de gagner en popularité. En 2000, la Park Slope Food Coop a doublé l’es- de la Park Slope Food Coop à travers le monde. pace de son magasin situé dans la rue Union, en- La Louve, dans le 18e arrondissement de Paris, a tre les 6e et 7e avenues à Brooklyn, passant de 500 déjà calqué la formule dans son projet de super- à 1000 mètres carrés. Il s’en est suivi un accroisse- marché coopératif amorcé en 2011. À Montréal- ment du nombre de membres. Bien que M. Zim- Nord, Panier Futé Coop reprend les grandes merman admette que le modèle attire l’attention lignes de la philosophie de l’établissement im- lors de périodes économiques difficiles, il ne voit planté à Brooklyn. Pour l’instant, la coopérative pas dans l’augmentation du nombre de membres constituée en 2014 s’articule autour d’un regrou- un symptôme de la crise financière de 2008. Il es- pement d’achats qui effectue la livraison à ses time que c’est l’agrandissement du magasin, l’ex- membres, auxquels il demande une implication tension des heures d’ouverture et l’amélioration de trois heures par mois. «[La Park Slope Food de l’efficacité des opérations, notamment par l’ac- Coop] a trente ans d’avance sur nous, mais à ceptation des cartes de crédit et l’ajout de caisses Montréal, il manque ce genre d’initiatives, sou- enregistreuses, qui auraient plutôt stimulé cette ligne Gaëtan Cirefice, directeur général de Pa- popularité dans la dernière décennie. «La capacité nier Futé Coop. On cherche un local où il y aurait de bien manger est un défi financier pendant les de la vente sur place pour nos membres. Au début, bons et les mauvais moments, a-t-il ajouté par cour- on va parler d’une épicerie. Peut-être que cela de- riel après l’entretien téléphonique. Notre capacité viendra un supermarché dans quelques années.» de fournir une bonne nourriture à bas prix est perti- nente, peu importe la situation économique.» Collaborateur Plusieurs coopératives s’inspirent désormais Le Devoir

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UNIVERSITÉ DE MONTRÉAL De la pédagogie sociale pour les habitants de Parc-Extension

Il était une fois un établissement universi- lui et ses parents. Il en va de même pour les en- taire de grande renommée possédant dans fants en médecine dentaire; il y aura même pour ses murs des trésors de connaissances. Il les cas les plus lourds des traitements d’orthodon- tie gratuits. Du côté de l’orthopédagogie, il fau- était une fois, jouxtant ces lieux de grand sa- dra du temps pour mesurer les résultats parce voir, un quartier plutôt défavorisé mais riche que ce sont des actions qui se situent sur une plus d’humanité. Un jour, les savants de l’Univer- longue période; on ne corrigera pas les difficultés sité de Montréal tendirent la main aux gens d’apprentissage en français en l’espace de deux semaines.» Dans ce cas, les étudiants comme de Parc-Extension : c’est ainsi qu’il y a peu les enfants puisent un enrichissement dans l’ex- de temps naquit le projet L’extension, un périence vécue. centre interfacultaire de soutien en pédago- Le bon voisinage UdeM gie et en santé. et Parc-Extension Louise Poirier, dans le but de mieux connaître RÉGINALD HARVEY le quartier et la population de Parc-Extension, a fait partie du conseil d’administration de la Cor- l est bien connu que le Dr Julien «vient en poration de développement économique com- I aide à des enfants vivant dans des conditions munautaire (CDEC, aujourd’hui disparue) de de grande vulnérabilité». À leur tour, des uni- l’arrondissement Villeray–Saint-Michel–Parc- versitaires ont choisi de lui emboîter le pas, Extension et du CSSS de la Montagne (disparu comme le fait valoir la doyenne de la Faculté lui aussi): «J’ai été en mesure de mieux saisir les des sciences de l’éducation de l’Université de besoins des gens et, par la suite, ce sont même eux Montréal, Louise Poirier. Elle cerne la nature qui nous ont aidés à trouver un local. Il y a des même du projet: «Je dirais que le centre est dirigeants politiques du milieu qui arrivaient dif- tourné vers la pédagogie sociale plutôt que la pé- TATYANA TOMSICKOVA GETTY IMAGES ficilement à croire qu’une grande université diatrie sociale et, pour nous, c’est l’élève qui est Au départ, seuls les étudiants en orthopédagogie étaient impliqués, mais rapidement, les élèves de vienne travailler avec leurs enfants. Un certain au cœur de notre action.» l’École d’optométrie et de la Faculté de médecine dentaire se sont investis. M. Trudeau, alors député de l’opposition, nous a S’ensuivent ces explications sur les interven- même fourni une lettre d’approbation.» tions qui se sont déroulées pour la première de médecine dentaire.» Pour le moment, faute rents n’ont pas les sous pour les acheter.» À la fois fière des appuis récoltés et portée fois il y a un an: «Le centre se tourne vers les d’espaces plus adaptés, seuls les élèves du pri- Elle évoque ensuite la médecine dentaire: par le soutien du quartier, elle se tourne vers élèves, particulièrement ceux qui sont en diffi- maire sont visés, mais les démarches vont bon «Ils ont une entente avec le CLSC du quartier en d’autres projets à réaliser: «On aimerait avoir culté d’apprentissage et qui sont de plus en plus train pour que le centre possède ses propres lo- vertu de laquelle les activités de prévention au- notre lieu à nous où on pourra s’installer et élar- nombreux. On forme des étudiants qui travail- caux dans sa phase deux: «À ce moment-là, on près des enfants sont couvertes par l’assurance gir nos interventions.» Des démarches sont déjà lent avec eux.» Il y a plus, comme le démontre s’adressera aux élèves du primaire, du secon- maladie jusqu’à l’âge de huit ans. Nous, on entreprises dans ce sens et une entente est le rapport d’activités 2014-2015: L’extension en- daire et même aux étudiants du collégial. Pour prend le relais à partir de l’âge de neuf ans.» même intervenue avec l’École d’orthophonie et voie sur le terrain une équipe interdisciplinaire l’instant, on s’en tient à Barclay et on pense bien Plus tard, un axe de recherche s’inscrira d’audiologie: «L’École d’ergothérapie et les dont font partie des professionnels de l’ensei- se diriger vers d’autres écoles du quartier l’an dans les mandats du centre: «Il était clair qu’on sciences infirmières veulent aussi participer. En gnement (orthopédagogues), mais aussi de la prochain.» ne voulait pas en faire dès le début, car il y a un fait, je dirais qu’il n’y a pas une faculté de l’Uni- santé (optométristes et dentistes). Ces gens-là temps d’apprivoisement qui doit se dérouler pour versité de Montréal qui ne veut pas être présente: travaillent en collaboration auprès des enfants Les trois volets de l’aide apportée qu’on apprenne à se connaître mutuellement. Parc-Extension, c’est notre voisin, et la Faculté et de leurs familles. Pour leur part, les élèves en difficulté sont Mais on en fera, ne serait-ce qu’effectuer un suivi des sciences de l’éducation est située à deux sta- Pour l’instant, le centre est logé dans l’école suivis durant tout un semestre universitaire, auprès des élèves pour s’assurer que nos actions tions de métro de lui.» primaire Barclay de la Commission scolaire de soit environ 12 semaines à raison d’une portent leurs fruits d’une année à l’autre et qu’on Et une fois que le centre aura été bien installé Montréal (CSDM); elle est située en plein heure par semaine. C’est toujours la même réussit à les soutenir.» dans des locaux convenables, «mon autre pro- cœur du quartier, là où se déroulent les inter- personne, une étudiante à la maîtrise en or- jet, qui se situe davantage du côté scolaire, ce se- ventions et les consultations. Mme Poirier four- thopédagogie, qui s’occupe d’eux. En opto- Un bilan sommaire, mais positif rait de faire un camp de jour en été pour faire nit ces détails: «Au départ, il y avait seulement métrie, Mme Poirier dresse ce bilan de la pra- Il est encore tôt, à peine un an après le début l’école autrement». Déjà, la Faculté de musique les étudiants en orthopédagogie qui étaient im- tique : « Depuis un an, ils ont évalué la vision des activités, pour évaluer concrètement leurs et le Département de kinésiologie et d’éduca- pliqués, mais rapidement, à force d’en parler aux de 200 jeunes, dont 69 avaient besoin soit de impacts, avoue la doyenne: «Mais ça se passe tion physique embarquent dans l’aventure. collègues doyens, deux d’entre eux ont levé la lunettes soit d’exercices correcteurs. Les lu- très bien. Pour un enfant qui voit mal et à qui on main et manifesté leur intention d’intervenir; ce nettes sont fournies gratuitement parce que donne une paire de lunettes pour mieux voir, il Collaborateur sont ceux de l’École d’optométrie et de la Faculté c’est cela qui est coûteux et parce que les pa- est certain que la retombée est immédiate, pour Le Devoir Pour un meilleur encadrement de l’entrepreneuriat social

ÉTIENNE lective, le social est le vête- PLAMONDON ÉMOND ment », illustre-t-elle. «Dans la trajectoire des en- epuis des décennies, des treprises sociales [privées], à D entrepreneurs sociaux tra- partir d’un moment elles valent vaillent dans le paysage écono- tellement cher que, souvent, on mique du Québec, notamment les vend, souligne-t-elle. On à la tête des coopératives. trouve normal que le Cirque du Pourtant, depuis quelques an- Soleil cesse de faire ses investis- nées, des entrepreneurs privés sements sociaux dans le quar- se qualifient aussi «d’entrepre- tier Saint-Michel [après son neurs sociaux», comme s’il acquisition], puis que la mis- s’agissait d’une nouvelle ten- sion sociale de cette entreprise dance. Un phénomène qui se délite, parce que c’est une en- n’est pas sans soulever une treprise de capital-actions.» certaine confusion. En revanche, elle rappelle Il existe en effet une petite qu’«il n’y a rien qui empêche distinction entre leur travail ces entrepreneurs sociaux, et celui des acteurs de l’éco- lorsque leur projet arrive à ma- nomie sociale et solidaire turité, de le transformer en en- (ESS). Les premiers dirigent treprise collective, ne serait-ce plutôt des entreprises privées que pour éviter la fameuse dé- classiques avec pour mission rive de mission». de régler des problèmes envi- Geneviève Huot, directrice ronnementaux ou sociaux de la recherche et de la for- tandis que les entreprises ré- mation au Chantier de l’éco- gies par la Loi sur l’économie nomie sociale, indique que, sociale du Québec sont plutôt entre les acteurs de l’ESS et collectivisées. les entrepreneurs sociaux Les entreprises sociales privés, « il y a un dialogue privées sont généralement qui commence à se faire, à articulées autour d’une vi- propos de la manière dont on sion plus philanthropique peut travailler ensemble ou ti- que démocratique de la soli- rer des apprentissages les uns darité. « On mise sur le mar- des autres ». ché et la réciprocité, analyse Néanmoins, elle précise Marie J. Bouchard, profes- qu’« on sent le besoin d’avoir seure à l’École des sciences un encadrement pour distin- de la gestion de l’UQAM et guer une entreprise animée conférencière au dernier par une réelle volonté de por- symposium Économie so- ter une mission sociale d’une ciale et finance solidaire. entreprise qui, pour redorer L’angle mort, c’est la redistri- son blason, mettrait en avant bution. » Elle remarque que une mission sociale qui ne se- cette nouvelle vague d’entre- rait qu’un coup de marke- preneurs veut souvent voir ting ». En France, l’entrepre- des résultats rapidement. «Il neuriat social est encadré y a un sentiment d’urgence. » dans la Loi sur l’économie so- Pour les entreprises à but ciale. Plus d’une vingtaine des lucratif, « la question est de États des États-Unis ont quant savoir combien de temps la à eux enchâssé les benefit cor- mission sociale va rester dans porations dans une législation le projet, parce qu’il y a par- exigeant qu’elles aient un im- fois des dérives de missions, pact positif sur la société, prévient Mme Bouchard. L’en- qu’elles prennent en considé- treprise de propriété et de ration les parties prenantes gouvernance collectives a de — et pas seulement les ac- meilleures chances de péren- tionnaires —, en plus de ren- niser sa pertinence sociale ». dre public leur bilan écolo- En d’autres mots, « dans une gique, social et financier. entreprise collective, le social est l’ADN. Dans une entre- Collaborateur prise sociale qui n’est pas col- Le Devoir J 4 LE DEVOIR, LES SAMEDI 19 ET DIMANCHE 20 MARS 2016 SOCIÉTÉ L’innovation sociale en ces temps d’incertitude économique

Que doivent faire nos gouvernements en ces dirige une équipe de recherche sur l’économie temps de ralentissement et d’incertitude éco- sociale, rapporte qu’«on sait même cela depuis nomiques ? Être prudents ou, au contraire, se longtemps déjà… Ça vaut la peine de retourner à Keynes, dit-elle, pour se rappeler que l’écono- montrer audacieux ? Faire preuve d’innova- mie repose sur notre “esprit animal”». tion sociale, répond une économiste. Dès 1936, John Maynard Keynes parlait en effet de l’« esprit animal » (animal spirit) — en quelque sorte notre « animalité », notre CLAUDE LAFLEUR instinct qui, fondamentalement, plutôt qu’un esprit rationnel et cartésien, gouverne nos e plus en plus, un peu partout dans le comportements économiques. Dans sa Théo- D monde, on observe les ravages écono- rie générale de l’emploi, de l’intérêt et de la miques — pour ne pas dire les drames hu- monnaie, Keynes montrait que ce sont avant mains — que génèrent les mesures d’austé- tout nos émotions — ce que l’on ressent — rité et d’« équilibre budgétaire » à tout prix. qui nous font agir, plutôt que de froids calculs Des organisations comme l’OCDE, la Com- (d’équilibre budgétaire). « Ça me tente… » plu- munauté européenne, les Nations tôt que « En ai-je les moyens ? » Autre- OLIVIER ZUIDA LE DEVOIR unies ainsi que diverses institutions ment dit, s’ils sentent que l’économie Si les entreprises sentent que l’économie va mal et que l’avenir est incertain, elles auront tendance économiques dénoncent maintenant va mal et que l’avenir est incertain, les à moins investir et les consommateurs, à moins dépenser, alors que ce pourrait être justement la ce genre de politiques. entreprises auront tendance à moins bonne façon de stimuler l’innovation et le développement économique. «Cela ne m’étonne pas du tout de voir investir et les consommateurs, à que les grandes institutions économiques moins dépenser, alors que ce pourrait ment Couillard réduit le financement des instances de proximité avaient une grande va- parlent de catastrophe si on continue être justement la bonne façon de sti- centres de la petite enfance pour favoriser leur parce qu’elles étaient très proches de leurs d’appliquer des stratégies d’austérité muler l’innovation et le développe- les garderies privées. clientèles et qu’elles connaissaient très bien le puisqu’il n’y a rien de neuf là-dedans, dé- ment économique. «Pourtant, notre réseau de CPE fait figure de milieu dans lequel elles œuvraient. «Les CLD clare Marguerite Mendell, professeure Marguerite Il appartient donc aux gouverne- modèle à travers le monde, lance-t-elle. On vient pouvaient conclure des partenariats et travailler titulaire à l’École des affaires publiques Mendell ments d’insuffler un vent d’optimisme d’un peu partout voir ce qu’on fait ici et c’est même de façon multipartite, ce qui faisait leur force», et communautaires de l’Université dans la société si on veut que l’écono- le modèle qui inspire le fédéral… Mais là, le gou- observe l’économiste. Concordia. Mais pourquoi a-t-il fallu attendre si mie soit dynamique. « Tout le contraire de ce vernement de M. Couillard se tourne vers les gar- D’ailleurs, à travers le monde, les grandes longtemps?» se demande-t-elle, incrédule. que fait présentement le gouvernement Couil- deries privées… Ça n’a pas de bon sens et, surtout, institutions internationales reconnaissent de Pour elle, en effet, il ne fait aucun doute que lard », observe Marguerite Mendell. ça ne s’inscrit pas dans les stratégies que l’on préco- plus en plus l’importance de travailler de cette c’est la responsabilité première des gouverne- nise maintenant un peu partout dans le monde.» façon, en partenariat avec la société civile, sou- ments de relancer l’économie. «Il ne faut pas Innovation sociale à contre-courant De surcroît, poursuit Mme Mendell, les CPE ligne Mme Mendell. compter sur le secteur privé ni sur les consomma- En cette ère de désengagement de l’État, on jouent un rôle fondamental dans le développe- Bref, le fait que le gouvernement Couillard teurs pour cela», dit-elle. Elle explique que si un parle de plus en plus d’innovations sociales, ment et l’éducation des jeunes enfants. « Dans ait choisi comme stratégie d’éliminer ces éta- gouvernement envoie le message que l’écono- constate l’économiste, c’est-à-dire de «nouvelles les CPE, on trouve des gens extraordinairement blissements puis de centraliser l’aide au déve- mie «va mal» et qu’il faut couper et se «serrer façons de fournir des services à la société». dévoués et créatifs, note-t-elle. Mais le gouver- loppement régional — comme il le fait aussi la ceinture», le secteur privé hésitera à investir «Mais, pour certains, l’innovation sociale se nement désinvestit en éducation. C’est à n’y dans les secteurs de la santé et de l’éducation alors que les consommateurs joueront de pru- veut une façon de répondre aux besoins sociaux rien comprendre ! » — va à contre-courant de ce qui se fait ailleurs. dence, ce qui ralentira davantage l’économie. par un désengagement de l’État dans la société, D’ordinaire, au Québec, résume la cher- Par contre, si un gouvernement se montre dit-elle. Ce serait donc la société civile qui se Régions dévastées cheuse, on associe le concept d’innovation so- confiant en l’avenir — s’il «investit dans l’ave- chargerait de faire les choses autrement.» À cela s’ajoute l’abolition des centres locaux ciale à l’amélioration de la qualité de vie des ci- nir» —, il insuffle alors une dose d’optimisme Pour les pays anglo-saxons, poursuit de développement (CLD), mesure dévasta- toyens, en mettant en œuvre des entreprises partout dans la société. C’est la stratégie que Mme Mendell, l’innovation sociale serait sou- trice pour l’économie des régions. « À Mont- collectives qui ont pour objet premier de ré- préconise le gouvernement Trudeau, souligne vent liée à la privatisation des services. réal, on connaît peu les CLD, souligne Mar- pondre au bien-être de la société tout en incor- Mme Mendell, qui se propose d’investir dans des Comme par exemple lorsqu’on compte sur le guerite Mendell, mais en région, ils sont porant les dimensions sociale, économique et infrastructures. «Évidemment, ajoute-t-elle, il ne privé pour offrir des services d’hébergement connus et reconnus. » environnementale. s’agit pas de dépenser pour dépenser, mais bien et de soins à domicile aux personnes âgées. Son équipe de recherche sur l’économie so- d’investir judicieusement.» Même chose pour les garderies, nous dit- ciale a d’ailleurs mené des études avec et sur Collaborateur L’économiste de l’Université Concordia, qui elle, alors que, par exemple, le gouverne- les CLD, rapporte-t-elle, pour constater que ces Le Devoir Pour contrer les périls du démantèlement

ANDRÉ LAVOIE ment Opérations Dignité, une vages aussi bien au Chili créatifs en puisant autant dans vaste contestation sociale de- qu’au Québec… la sphère culturelle que touris- vant même qu’il réflé- vant la fermeture planifiée et L’innovation sociale est sou- tique et économique. » A chisse au concept d’inno- méthodique de plusieurs vil- vent une réponse à une crise, C’est d’ailleurs une caracté- vation sociale et évoque ses lages du Bas-du-Fleuve et de faisant émerger des solutions ristique que devraient retenir bienfaits sur toutes les tri- la Gaspésie au début des an- qui ne sont pas forcément ceux et celles qui rêvent d’in- bunes, Juan Luis Klein en nées 1970. Certaines localités conçues dans les cadres insti- novations sociales dans leur connaissait déjà les vertus, lui n’ont pas survécu au carnage, tutionnels habituels. Au fil des milieu: «Évitez de travailler en qui a grandi dans un quartier mais la grogne populaire a décennies, Juan Luis Klein a vase clos», prévient Juan Luis populaire de Santiago au Chili, réussi à freiner les ardeurs constaté à quel point le Qué- Klein. Cette méthode hermé- voyant sa mère trimer dur du premier gouvernement de bec pouvait être imaginatif tique, «que l’on retrouve beau- pour assurer son éducation et Robert Bourassa. pour contrer les assauts des coup au sein de nos gouverne- être en partie soutenue par un crises économiques, comme ments», ne favorise pas le par- voisinage qui n’hésitait pas à Une dignité toujours celle du début des années tage d’informations et surtout se serrer les coudes. à reconquérir 1980 avec les centres de déve- l’émergence d’idées nouvelles, Ce n’est pas la seule expé- Pour le directeur du Centre loppement économique et comme si les artistes, les rience solidaire dont Klein fut de recherche sur les innova- communautaire, ou favoriser comptables, les élus et les avo- témoin au cours de sa vie et au tions sociales (CRISES), ce re- la réussite scolaire et permet- cats n’étaient pas d’abord et fil de sa carrière de professeur fus d’obtempérer aux diktats tre aux mères d’accéder plus avant tout des citoyens vivant de géographie. Comme d’autres des technocrates qui ne propo- facilement au marché du tra- dans un même espace de vie. compatriotes de sa gé- saient que la solution vail avec la création des cen- Le professeur de l’UQAM nération, il avait fondé de la clé sous la porte tres de la petite enfance dans croit que cette communication beaucoup d’espoirs en au phénomène de la les années 1990. Partout sur le plus harmonieuse et plus gé- Salvador Allende, mais dévitalisation des vil- territoire québécois, les initia- néreuse pourra provoquer de le coup d’État du géné- lages est riche d’ensei- tives créatives pullulent, grands vents de changements ral en gnements. Sa connais- même si elles ne font pas tou- dans toutes les régions du septembre 1973 allait sance fine du sujet ne jours les manchettes. Québec, en ville comme à la briser ses rêves et le cesse de l’inspirer; il y GREGORY BULL LA PRESSE CANADIENNE Juan Luis Klein cherche à campagne, à la condition bien pousser à l’exil. C’est au voit de multiples Selon Juan Luis Klein, le débat sur les oléoducs constitue un comprendre les origines de sûr de n’exclure personne. Québec qu’il trouve re- Juan Luis sources d’inspiration terreau fertile pour l’innovation sociale au sein des communautés, ces transformations, et sur- Car innovation sociale et ex- fuge et poursuit ses Klein pour remodeler notre mais doit reposer sur une vaste réflexion. tout à voir jusqu’à quel point clusion sociale n’iront jamais études, poussant plus société agitée. elles peuvent être transposa- de pair, mais c’est ce qu’il loin sa passion pour la géogra- Pour assurer des transfor- flexion. « Tous savent que les hérents, structurants. « L’inno- bles dans d’autres localités ou constate à l’heure de l’austé- phie politique. Après son pas- mations harmonieuses, «il hydrocarbures appartiennent à vation vient forcément de la ré- d’autres régions. Il aime citer rité. Et il ne voit rien de bon sage à l’Université Laval, il tra- faut d’abord avoir des connais- une technologie du passé. Or, flexion, affirme le directeur du en exemple le village de dans la réforme de l’aide so- vaillera comme chercheur à sances actuelles, pas des certi- on sait aussi qu’on en a encore CRISES. C’est la seule façon Sainte-Camille en Estrie, ciale, à nouveau pilotée par l’Université du Québec à Ri- tudes ou des idées préconçues », besoin, ce qui ne doit pas nous d’y parvenir pour bien faire les considéré comme « dévitalisé» François Blais après un pas- mouski et plus tard comme pro- souligne Juan Luis Klein. Les empêcher de regarder vers choses. » Selon lui, les révolu- après une chute démogra- sage houleux au ministère de fesseur à l’Université du Qué- citoyens doivent donc être à l’avenir, du côté des technolo- tions sociales ont leur impor- phique importante, la ferme- l’Éducation. « De ce que je peux bec à Chicoutimi, observant l’écoute, par exemple des gies vertes et du développement tance, mais elles ne sont pas ture de la Caisse populaire et en comprendre, cette réforme avec attention les bouleverse- scientifiques, « mais surtout durable. » toujours porteuses de change- surtout celle de l’école pri- ne va créer que des exclus et ments qui ont transformé le pas des idéologues ». Selon lui, Tout cela demande ré- ments durables, significatifs, maire. « Avec patience, les ha- priver la société de ses forces paysage québécois. le débat sur les oléoducs flexion, et Juan Luis Klein re- parce que effectués dans une bitants de Sainte-Camille ont vives. Qui choisit d’être délibé- Devenu professeur à l’Uni- constitue un terreau fertile grette que l’État et les ci- certaine précipitation. Faire retroussé leurs manches pour rément marginalisé? » versité du Québec à Montréal pour l’innovation sociale au toyens semblent peu enclins à table rase de tout ce que le trouver des solutions et ainsi en 1993, il n’a jamais oublié la sein des communautés, mais prendre le temps nécessaire passé peut nous enseigner ? éviter la fermeture de leur vil- Collaborateur ferveur entourant le mouve- doit reposer sur une vaste ré- pour élaborer des projets co- Le chercheur en a vu les ra- lage. Ils ont déployé des moyens Le Devoir

FONDACTION, CHEF DE FILE EN DÉVELOPPEMENT DURABLE Fondaction a à cœur le développement économique, l’environnement et l’innovation sociale. Créé il y a 20 ans, Fondaction contribue au maintien et à la création d’emplois de qualité. Il recueille de l’épargne-retraite auprès des Québécoises et Québécois pour l’investir dans des entreprises de chez nous, dans une perspective de développement durable. FONDACTION A 20 ANS ! ET ÇA CONTINUE ! LE DEVOIR, LES SAMEDI 19 ET DIMANCHE 20 MARS 2016 J 5 SOCIÉTÉ

COOPÉRATIVE NUMÉRIQUE Stocksy United, une banque de photos pas comme les autres

ÉTIENNE PLAMONDON ÉMOND Plusieurs tocksy United fait entrer S de plain-pied le modèle «photographes coopératif dans l’ère numé- rique. Avec 850 photographes nous ont membres dans 59 pays, ce service de banque d’images convaincus libres de droits, fondé en Co- lombie-Britannique, a adapté en nous la structure démocratique des coopératives aux échanges en racontant ligne. La diffusion des infor- mations, le déroulement des comment assemblées générales et les votes se réalisent par l’inter- ils étaient médiaire d’Internet. La formule fait mouche, malheureux puisqu’à peine trois ans après sa création, Stocksy United en- Brianna Wettlaufer,» registre déjà un chiffre d’af- présidente-directrice faires de 7 millions de dollars. générale et cofondatrice Tout a commencé alors de Stocksy United qu’une certaine morosité plom- bait le milieu de la photogra- phie. Les médias ont abondam- pérative et inciter les membres ment recours aux agences de à participer activement. Car banque d’images libres de SOURCE STOCKSY l’un des grands défis dans l’évo- droits, notamment pour utiliser Actuellement, Stocksy United constitue un ovni dans le paysage non seulement des agences de banque d’images, mais de l’économie lution et la croissance de l’en- des images ouvertes à plu- numérique en général. treprise consiste à approfondir sieurs interprétations pour illus- les relations avec les artistes trer leurs textes. Or, une ten- mais de l’économie numérique pératif dans l’environnement en ligne pour diffuser aux webinaires, qui permet de re- membres, de façon à ce qu’ils dance lourde paraissait se des- en général. «Il n’y a pas vrai- d’Internet», explique Nuno membres les annonces, ainsi garder et d’interagir en direct. soient «profondément impliqués siner: lesdites agences dimi- ment d’entreprises desquelles on Silva. Comme les 850 membres que les propositions de résolu- Régulièrement, des séances dans l’entreprise au quotidien», nuaient les sommes versées pouvait s’inspirer», admet sont dispersés sur les cinq tions et de votes. Les assem- sont organisées à l’aide de remarque Brianna Wettlaufer, aux photographes, dans ce qui Mme Wettlaufer. continents, toutes les prises de blées générales réunissent les Skype ou de Google Hangout même s’ils se trouvent à l’autre semblait aux yeux des artistes «Un de nos plus grands défis, décisions démocratiques doi- membres présents dans 59 avec les membres. Tous les ou- bout de la planète. de simples opérations pour aug- mais aussi une de nos plus vent s’effectuer par l’intermé- pays, dont le Canada, les Émi- tils numériques ont donc été menter les profits des action- grandes réussites, a été de trans- diaire des technologies de l’in- rats arabes unis et l’Afrique du mis à contribution pour créer Collaborateur naires. C’est en réponse à ce poser le modèle traditionnel coo- formation. Un portail a été mis Sud, à l’aide d’un logiciel pour un rapport affectif avec la coo- Le Devoir phénomène que Stocksy Uni- ted a vu le jour en 2013. «Plu- sieurs photographes nous ont convaincus en nous racontant comment ils étaient malheureux dans les agences et en nous sug- gérant de démarrer une nouvelle agence de banque d’images», ra- conte Brianna Wettlaufer, prési- dente-directrice générale et co- fondatrice de Stocksy United, en entrevue téléphonique avec Le Devoir depuis la Colombie- Britannique. Ainsi est née l’idée de créer une solution de rechange, mais en la lançant sur de nou- velles bases. Le modèle coo- pératif a été choisi pour « s’as- surer que la voix de tous les photographes pourrait être en- tendue et représentée, qu’il y aurait une redistribution équi- table des profits et qu’on pour- rait se prémunir contre une ac- quisition afin de garantir l’in- tégrité du produit », explique me AVOIR SON M Wettlaufer, qui donnera une conférence à l’Université Concordia dans le cadre de l’événement Transformer Montréal, consacré à l’entre- preneuriat social et solidaire. Les photographes reçoivent directement dans leurs MOT A DIRE poches au moins 50 % du mon- tant de l’achat d’une licence associée à une de leurs C’EST BON POUR LA SANTE images, tandis qu’ils se divi- sent les profits de la coopéra- tive à la fin de l’année. Les ambitions n’étaient pas uniquement éthiques, mais Dès la formation de ses étudiants, l’UdeM mise sur. aussi artistiques. «On ne vou- lait pas seulement créer un nou- une approche partenariat patient.novatrice qui lie le. veau modèle d’entreprise. On souhaitait aussi apporter une patient et ses intervenants de la santé. Au cœur.même. nouvelle direction créative aux banques d’images et à ce qu’il des décisions prises sur ses soins, le patient devient. était possible de trouver dans ce type de service», ajoute-t-elle, un.partenaire essentiel de l’équipe soignante en plus de. alors que les images tapissent désormais les sites Internet et contribuer.au développement des connaissances. les médias sociaux. « Entrer dans une industrie umontreal.ca/partenariatpatient. réellement saturée était un peu risqué, spécialement de la façon dont on l’approchait », reconnaît-elle. À leur début, bien des clients ont demandé à la coopérative d’obtenir des œuvres à moindre coût. «En près de trois ans, je peux dire que tous les clients qui ont dit qu’ils voulaient un prix moins élevé ont fini par revenir, car je pense que la valeur accor- dée à la photographie com- mence à changer.» Nuno Silva, photographe et vice-président produit chez Stocksy United, précise que lorsque des clients tentent de négocier des tarifs plus fai- bles, la coopérative leur parle de la rétribution équitable pour justifier les prix. «Et cela a fonctionné, assure-t-il. Plusieurs de nos clients ont trouvé intéressants notre mo- dèle coopératif et la manière dont nous traitons nos photo- graphes. Ils ont une estime, quasiment une affection, pour nous et nos produits. » Actuellement, Stocksy Uni- ted constitue un ovni dans le paysage non seulement des agences de banque d’images, J 6 LE DEVOIR, LES SAMEDI 19 ET DIMANCHE 20 MARS 2016 SOCIÉTÉ

HABITATION COMMUNAUTAIRE Nouveau fonds d’aide à la rénovation

PIERRE VALLÉE du Fonds ARHC, soit le Groupe financier SSQ, une mutuelle financière. Il pourra aussi, s’il le es coopératives et organismes sans but lu- préfère, négocier cette nouvelle hypothèque L cratif propriétaires d’immeubles locatifs né- auprès d’une autre institution financière. De cessitant des rénovations auront dorénavant la plus, le propriétaire pourra profiter des judi- vie plus facile. En effet, la Fiducie du Chantier cieux conseils de l’Association des groupes de de l’économie sociale vient de lancer sur le ressources techniques du Québec (AGRTQ). marché un nouveau produit financier à leur in- Le Fonds ARHC compte aussi deux autres par- tention. Il s’agit du Fonds d’aide à la rénovation tenaires, soit le Chantier de l’économie sociale de l’habitation communautaire (Fonds ARHC). et le Fonds immobilier de solidarité FTQ. « Nous avons constaté que plusieurs de ces immeubles prenaient de l’âge et par consé- Pour la suite des choses quent nécessitaient des rénovations, parfois La Fiducie du Chantier de l’économie so- importantes, explique Jacques Charest, direc- ciale a présentement deux fonds d’investisse- teur général de la Fiducie du Chantier de ment généraux, soit le capital patient opéra- l’économie sociale. Pour réaliser ces rénova- tions (CPO) et le capital patient immobilier tions, les coopératives et les organismes sans (CPI). L’on dit « patient » parce que l’em- but lucratif devaient puiser dans leurs fonds de prunteur profite d’un congé de rembourse- réserve, souvent insuffisants pour soutenir pa- ment de 15 ans. Le Fonds ARHC vient donc reilles rénovations. Les propriétaires n’avaient s’ajouter aux deux premiers fonds. Est-ce alors d’autre choix que de renégocier une nou- une nouvelle tendance ? « En fait, oui. La velle hypothèque, ce qui parfois se traduisait création du Fonds ARHC nous a fait réaliser par une augmentation des loyers. Avec le qu’il y a un besoin pour les entreprises d’éco- Fonds ARHC, on a innové en leur offrant une nomie sociale de trouver du financement solution de rechange. » adapté à des contextes particuliers auxquels Pour bien apprécier l’innovation du Fonds nos deux fonds classiques répondent mal. Nous ARHC, il faut comprendre la situation dans la- sommes présentement en train de cerner ces quelle se trouvent ces coopératives et orga- besoins et il est probable que, à l’avenir, la Fi- nismes propriétaires d’habitations collectives, SOURCE GEORGES COULOMBE ducie du Chantier de l’économie sociale met- dont l’âge oscille entre 30 et 35 ans. Lors de la Une fois le projet évalué et accepté, le Fonds versera au propriétaire sous forme de prêt le montant tra sur le marché de nouveaux produits finan- construction, ou de la conversion, de l’immeu- équivalent au coût des rénovations, moins évidemment la contribution financière du propriétaire, si ciers conçus pour répondre à des besoins spéci- ble locatif collectif, les propriétaires ont dû ce dernier en a les moyens. fiques, comme le fait le Fonds ARHC. » contracter un prêt hypothécaire, généralement Mais la priorité pour l’instant ne se situe étalé sur 35 ans, auprès d’une institution finan- qui s’imposent. Ainsi, avec le Fonds ARHC, ils Une fois le projet évalué et accepté, le pas du côté des nouveaux outils de finance- cière. Ce prêt hypothécaire était garanti par la peuvent agir tout en conservant leurs acquis. » Fonds versera au propriétaire sous forme de ment. Depuis sa création en 2007, la Fiducie Société canadienne d’hypothèques et de loge- prêt le montant équivalent au coût des rénova- du Chantier de l’économie sociale a investi ment (SCHL). Dans les années 1980, la SCHL a Comment ça marche? tions, moins évidemment la contribution fi- 48 millions de dollars, sur une capitalisation choisi de racheter tous ces prêts hypothécaires D’où l’intérêt du Fonds ARHC qui leur sert nancière du propriétaire, si ce dernier en a les de départ de 50 millions de dollars. « Il nous afin d’offrir à ces propriétaires un taux d’intérêt alors de pont financier. Les coopératives et or- moyens. En contrepartie de quoi le proprié- reste évidemment de l’encaisse, d’autant plus inférieur à celui du marché. ganismes sans but lucratif propriétaires des im- taire s’engage à verser annuellement les inté- que certains emprunteurs ont déjà commencé à Même si la SCHL s’est depuis retirée du meubles n’ont qu’à proposer leur projet de ré- rêts dus sur le prêt, qu’il puisera à même son rembourser leurs prêts avant la période de marché hypothécaire de l’habitation collec- novation au Fonds. Les travaux de rénovation fonds de réserve, jusqu’au jour où il aura tota- grâce de 15 ans, ce qui nous permet de conti- tive, elle a évidemment respecté ses engage- admissibles sont les travaux de remise à jour: lement remboursé son hypothèque avec la nuer à investir pour les deux prochaines an- ments, de sorte que ces propriétaires ont toiture, fenestration, rénovation des cuisines et SCHL. « Lorsque le prêt hypothécaire avec la nées. Par contre, ce sont aussi ces deux pro- toujours aujourd’hui une hypothèque avec la des salles de bain, etc. Y sont compris aussi les SCHL est totalement remboursé, le propriétaire chaines années qui seront surtout consacrées à SCHL. « Et comme ces hypothèques arrivent honoraires professionnels. «Nous avons établi doit alors rembourser la totalité du prêt et des une nouvelle ronde de capitalisation. Nous al- aujourd’hui à terme et que les propriétaires un barème de 25 000$ par logement, mais il intérêts du Fonds ARHC en renégociant une lons en discuter avec nos partenaires financiers ont déjà remboursé les intérêts et presque tout s’agit seulement d’un barème. Nous sommes plei- nouvelle hypothèque, mais cette fois avec un actuels et nous demeurons ouverts à l’arrivée le capital, il serait préférable pour eux de finir nement conscients que certains immeubles néces- immeuble dont il est l’unique propriétaire, de nouveaux partenaires financiers. » de payer leur hypothèque plutôt que d’épuiser siteront des investissements supérieurs à cette puisque affranchi de toute hypothèque. » leur fonds de réserve et de renégocier une nou- somme, tout comme certains immeubles en né- Le propriétaire pourra contracter ce nouveau Collaborateur velle hypothèque pour financer les rénovations cessiteront moins.» prêt hypothécaire auprès d’un des partenaires Le Devoir Quand le sport favorise la persévérance scolaire

STÉPHANE GAGNÉ ment de la Fondation Lucie et André Chagnon Philippe Acensi», qui est d’ailleurs venu au Qué- et de l’organisme Québec en forme. bec à la mi-février pour discuter de possibles epuis 1999, un petit miracle s’opère à projets conjoints. D l’École secondaire Jeanne-Mance BDMB comme objet d’études Comment expliquer ce grand intérêt de la (ESJM). Le programme Bien dans mes bas- À la fin des années 2000, le programme a France? «Des projets d’intervention par le sport kets (BDMB) a permis à des centaines de augmenté en crédibilité en devenant un objet ont déjà été expérimentés dans ce pays, mais ja- jeunes, provenant de milieux sociaux diffi- d’études. Une équipe de chercheurs du Dé- mais en y incluant la dimension sociale, dit ciles et à risque de décrochage, d’accéder à partement de kinésiologie de l’Université de M. Dusseault. Pour eux, le croisement entre le la réussite scolaire. Comment ? En les impli- Montréal, sous la gouverne de Suzanne La- social, le sport et l’éducation, c’est quelque chose quant dans une équipe de basketball, appe- berge, a réalisé plusieurs recherches sur le de nouveau et ils s’intéressent beaucoup au fait lée les Dragons, et en leur offrant un enca- sujet. Il a été constaté qu’un sport de groupe de savoir comment ils pourraient intégrer de fa- drement psychosocial. tel que le basketball, utilisé comme outil d’in- çon efficace le volet sportif dans leurs pro- Le succès du programme est inespéré. Le di- tervention psychosociale auprès de jeunes en grammes éducatifs.» recteur adjoint de l’école, Gino Ciarlo, en est difficulté, augmente leur estime de soi, déve- Ce grand intérêt de la France pour BDMB tout simplement ravi. «Depuis huit ans que j’oc- loppe leurs habiletés communicationnelles et est prometteur, mais semble confirmer l’adage cupe ce poste, un seul jeune a quitté le pro- les incite à l’effort répété. Il est aussi un puis- qui dit que nul n’est prophète en son pays. gramme, dit-il. À ma connaissance, il n’existe au- sant antidote au décrochage et à la délin- me cun autre programme aussi efficace pour contrer quance. Dans une étude de M Laberge da- Collaborateur SOURCE BDMB le décrochage.» tant de 2011, le témoignage d’une des filles Le Devoir Le coach Martin et ses Dragons participant au programme est éloquent à cet Les débuts égard. Andrea y affirme que le basket l’a sur- Tout a commencé il y a 17 ans lors de l’ar- tout aidée à ne pas aller dans des gangs de rivée à l’ESJM de Martin Dusseault, travail- rue et à ne pas prendre de drogue en plus de leur social au CLSC du Plateau- lui donner une grande confiance en Mont-Royal. M. Dusseault, pas- ses capacités. sionné de basketball, constate qu’il D’autres études ont fait ressortir y a un manque d’activités parasco- Bien que que le programme permet aux étu- inspirée par l’innovation laires à l’école et croit que la pra- le programme diants de développer un fort senti- tique de ce sport peut devenir un ment d’appartenance à leur école et outil majeur d’intervention psycho- ne fasse pas à leur groupe, les Dragons. C’est sociale. À cette époque, l’ESJM était d’ailleurs ce que M. Dusseault veut aux prises avec des difficultés grand bruit ici, renforcer. « Les jeunes auront bientôt d’adaptation devant une nouvelle leur propre salle dans l’école où ils clientèle provenant de l’immigration il intéresse pourront se réunir après l’entraîne- et était témoin de conflits interra- beaucoup ment, y faire leurs devoirs ou ciaux, de violence, de consomma- discuter. Nous projetons aussi de créer tion de drogues, etc. Le CLSC n’arri- les Français un mur des célébrités où seront expo- vait pas à rejoindre cette clientèle. sés des photos et des témoignages d’an- Constatant un intérêt de plusieurs ciens participants qui ont réussi et jeunes pour le basketball, Martin Dusseault dont certains œuvrent aujourd’hui au sein décide alors de les rejoindre au moyen de ce d’équipes de basketball professionnelles. » sport. Des équipes sont formées et l’entraîne- ment commence. Mais le programme BDMB BDMB comme outil d’intégration est plus qu’un simple programme sport-études. sociale Contrairement à la majorité de ces pro- Hors des murs de l’ESJM, un projet similaire grammes, les bons résultats scolaires ne sont à BDMB à l’école Gédéon-Ouimet pourrait pas une condition sine qua non au maintien de avoir des retombées intéressantes. «Il s’agit l’élève dans sa pratique sportive. Le sport est d’intégrer la pratique du basketball et l’interven- plutôt utilisé comme un outil pour maintenir le tion sociale au programme de francisation des jeune à l’école et pour intervenir sur le plan jeunes réfugiés syriens dans le but de faciliter leur des difficultés scolaires. D’ailleurs, 40 % des inclusion à la société québécoise, dit Lorraine jeunes de BDMB éprouvent ce type de difficul- Beauvais, chef d’administration de pro- tés. Autre point important : BDMB ne vise pas grammes au Centre intégré de santé et de ser- la performance sportive à tout prix. Ce qui vices sociaux Centre-Sud et gestionnaire de prime, c’est le développement positif de l’élève. BDMB. En mettant en place ce programme, La première année du programme donne de nous favorisons ainsi le transfert de connais- bons résultats et les années subséquentes sances vers d’autres lieux d’éducation.» aussi. Si bien qu’au fil des années, BDMB a pris de l’ampleur. Aujourd’hui, 108 élèves de l’ESJM Le rayonnement international y participent, intégrés dans huit équipes, ainsi Bien que le programme ne fasse pas grand qu’une centaine de jeunes du 3e cycle du pri- bruit ici (BDMB a tout de même fait l’objet maire dans sept écoles du Plateau-Mont-Royal. d’un documentaire intitulé Martin et les Dra- «Nous sommes aussi en train de faire des dé- gons, qui sera bientôt à l’affiche dans divers fes- marches pour ajouter neuf écoles primaires du tivals), il intéresse beaucoup nos cousins fran- quartier Centre-Sud», dit M. Dusseault. En plus çais. Lors de ses nombreuses conférences en Une collaboration unique : des chercheurs de l’UQAM et des citoyens de M. Dusseault, trois autres salariés sont im- France à propos de BDMB, M. Dusseault a ren- pliqués dans BDMB ainsi que 20 bénévoles. contré la ministre de l’Éducation nationale, Na- de Sainte-Camille réunis pour repenser ensemble le développement rural. Une partie du financement vient du ministère jat Vallaud-Belkacem, et Thierry Braillard, se- #uqam de la Santé et des Services sociaux et l’autre est crétaire d’État aux Sports. «Nous entretenons assurée par la Fondation santé et mieux-être aussi des liens étroits avec l’Agence pour l’éduca- Jeanne-Mance, laquelle reçoit des sous notam- tion par le sport et leur délégué général, Jean-