LE JOURNAL DU DIMANCHE - 23/10/2011 - N° 3380

28 Sport JDD l 23 octobre 2011 Tableaux noirs Fermier, député, homme d’affaires, viticulteur ou porté disparu… Une fois le terrain quitté, les All Blacks connaissent des destins divers

Auckland Envoyé spécial Getty Images et Amandine Noël/Icon Sport pour le JDD Olivier Joly Mais où s’est caché Keith Mur- doch ? Le mystère reste entier. En 1972, le pilier moustachu est exclu d’une tournée des All Blacks au pays de Galles pour avoir provoqué une bagarre à l’hôtel. À Singapour, il monte dans un vol pour Melbourne afin d’éviter le lynchage médiatique qui l’attend au pays. Puis il s’enfonce dans le bush australien. Le désert a gardé pour lui les secrets de sa deuxième vie. All Black no 686, porté disparu. « La disparition de Keith est le (à gauche), capitaine des champions du monde en 1987, préside une chaîne de cinémas. plus incroyable destin d’un joueur Le retraité Doug Rollerson, 12 sélections entre 1976 et 1981, chez lui dans la banlieue d’. All Black. La plupart d’entre nous Une seule sélection ont eu une vie plus commune », sou- leur promet étaient cinq à la tête d’une équipe fermiers : Tony Woodcock et An- beaucoup de convictions, opine Doug rit Doug Rollerson. Avec 12 sélec- durant la Coupe du monde: Robbie drew Hore, des avants comme sou- Rollerson. Parfois, on a eu des têtes tions entre 1976 et 1981, Doug, une chronique Deans (Australie), vent. « Le plus commun, c’est que les à claques. Mais ils ne restaient pas «no 758 » n’est pas une star parmi nécrologique (pays de Galles), All Blacks se recyclent dans l’admi- longtemps. Comme ce Kit Fawcett, les 1.109 joueurs ayant porté le mail- (Japon), Kieran Crowley (Canada) nistration – qui leur payait déjà un parti en tournée en Afrique du Sud lot noir depuis 1884. Ces jours-ci, il détaillée au et Isitolo Maka (Tonga). salaire durant leur carrière –, dans en disant : “On va plus scorer hors réparait la clôture de son modeste lendemain Lui n’a jamais quitté la terre na- la vente d’assurances ou de voitures, du terrain que sur le terrain !” Les pavillon de la banlieue nord d’Auck- tale depuis qu’il a posé son immense dans la banque ou encore l’industrie joueurs mariés l’ont ostracisé. » land. Un Néo-Zélandais comme un de leur mort maillot 5. Ses écrits dans le NZ He- de la viande. Sinon, ils ont des affai- « Certains se voient trop beaux autre. Presque. On lui a diagnosti- rald sont moins une analyse d’ex- res, comme un bar ou un restau- et tombent de haut. Mais en géné- qué un cancer en phase terminale à d’entre eux ont été élus députés : pert que la parole de Dieu le père. rant », poursuit Akers. ral ils jouissent d’un grand respect Noël 2009. Quatre mois à vivre. Chris Laidlaw, Tony Steele et Gra- Élu meilleur All Black du XXe siè- Certains ont même acheté une toute leur vie », assure Akers. C’est « Mais je suis toujours là. Un peu fa- hame Thorne. L’exemple le plus cité cle, est le symbole de brasserie : la Mac’s Gold de Terry le cas de Doug Rollerson. « Quand tigué quand même. » d’une reconversion réussie est celui ces joueurs retournés à la ferme, McCashin est un hit à la pompe à je suis allé voir France-Galles, des Doug n’a pas connu de cassure de David Kirk. Le premier capitaine tout comme son frère Stan. Durant bière, même s’il a connu des déboi- inconnus m’ont salué, et m’ont re- en ôtant le maillot noir. « Nous som- à soulever la Coupe du monde (1987) la Coupe du monde, leur petit vil- res financiers. D’autres achètent mercié pour ce que j’avais fait il y mes conscients que nous ne faisons a quitté le rugby jeune, pour étudier lage, Te Kuiti, a été renommé des vignobles, comme John Ash- a trente-cinq ans. » Privilège des que l’emprunter. C’est un privilège. à Oxford. Depuis, il enchaîne les pos- Meadsville. Avec parcours guidé, worth ou Grahame Thorne, lequel anciens All Blacks : ils sont priori- Un jour, nous le transmettons à d’au- tes de direction. Le voici président de la maternelle à l’étable, en pas- va avoir son émission culinaire à taires pour l’achat de billets de tres: c’est un transfert de mana [aura, de Hoyts, chaîne de cinémas en Aus- sant par le terrain de rugby. la télé. Le célèbre match. Et sont conviés, avec leurs dans la culture maorie]. » L’après- tralie. Tout en jouant les consultants « Les joueurs fermiers sont un tient un bed and breakfast à Wind- femmes, à une grande réunion an- carrière a été favorisé par son sta- sur la Coupe du monde. Un secteur mythe. Ils ont contribué à la force de sor, en Angleterre. Plus loin dans nuelle d’anciens. Une seule sélec- tut. « Je n’ai jamais eu à chercher de réservé aux plus grands noms: Ri- cette équipe. Mais ils n’étaient pas le temps, Geoff Alley a été le pre- tion suffit aussi à leur promettre boulot. On m’en a offert dans une chard Loe, , Buck aussi nombreux qu’on le dit », dé- mier bibliothécaire national, ce qui une chronique nécrologique dé- plantation de kiwis, une entreprise Shelford, Tana Umaga… Ceux qui taille Clive Akers, coéditeur de l’al- en fait le All Black le plus cultivé taillée dans les journaux au lende- d’emballages. Puis j’ai été directeur sont restés dans le rugby sont de manach du rugby néo-zélandais. de l’histoire. est main de leur mort. Et pour ceux du rugby pour la zone du North bons produits d’exportation. Ils Dans l’effectif actuel, on trouve deux l’agent de prestigieux acteurs, mu- qui restent, le sentiment d’avoir Shore. » Après des investissements siciens et stars de télé locales. Plus perdu un proche. g douteux, Doug a été accusé de fraude. étrange est l’histoire de Joe Karam: La justice ne s’est pas appesantie sur « Je n’ai jamais eu à chercher de boulot. il a dépensé sa fortune pour inno- h son cas. Le voici à la retraite. Un des On m’en a offert dans une plantation de center un homme, David Bain, ac- jdd.fr 526 All Blacks en vie, en incluant les cusé d’un meurtre familial. Il en a www.lejdd.fr/sport joueurs en activité. kiwis, une entreprise d’emballages » fait un livre. «Il faut réfléchir à une révolution.» Certains sortaient du rang sur le Doug Rollerson « En général, les All Blacks sont L’interview critique de Chris Laidlaw, terrain. D’autres l’ont fait après. Trois des gens humbles, discrets, mais avec ancien demi de mêlée (1963-1970) Hippisme

Le paradoxe français Les pronostics du JDD verture des coûts de pension de l’or- Les 2 bases François Hallopé dre de 50 %, la tendance est à réduire A Be Faboulus Cette semaine, ont eu lieu de nou- la voilure ou de s’associer à plusieurs D Shankardeh velles ventes de yearlings pur-sang sur le même cheval, voire de le louer Les secondes chancesJDD à Deauville. 375 chevaux de 18 mois tout ou partie à son entraîneur… À 6 Tres Rock Danon environ ont été adjugés au prix titre de comparaison: dans les îles 1 Silver Valny moyen de 27.500 €. C’est bien moins Britanniques, malgré des prix de cher qu’en août (95.000 € de course dans leur ensemble ridicu- Les coups de cœur E Miss Lago moyenne) et bien plus que les enchè- les et des coûts de pension bien plus 9 res de décembre sur la même place élevés, les vocations se maintiennent. Shamanova (6.250 € l’an passé). On peut trouver Car posséder un cheval de course Les surprises des galopeurs à tous les prix, le plus n’est pas seulement une question de B Gradara important reste de les entretenir. moyens, mais aussi de passion, de 7 Gentoo Le paradoxe est ainsi le suivant: standing et d’image. Or, en France L’avis de Marie-Laetitia Mortier alors que toute l’Europe envie les al- posséder un pur-sang, que ce soit entraîneur de Silver Valny locations de courses de l’Hexagone, une « patte » ou un bout de queue, « Vous ne prenez aucun risque (15.000 € d’espérance de gains en reste suspect , incompris (où sont le en le plaçant quatrième. Il aurait fallu oser moyenne par cheval ayant couru et plaisir et l’intérêt?) et trop coûteux. et le placer deuxième ! Le cheval a bien par an), les propriétaires ne se bous- La raison et l’incompréhension ont récupéré du prix du Cadran qui constitue, culent pas. À raison d’un taux de cou- ainsi étouffé la passion. g selon moi, la meilleure ligne. » Page 15 / 87