CASABLANCA IL Y A UN MILLION D’ANNéEs…

UN VOYAGE DANS LE TEMPS ET DANS L’ESPACE

Cathédrale Sacré Cœur de du 30 mars au 25 avril 2007

Ce catalogue réalisé avec le soutien du Service de Coopération et d’Action Culturelle de l’Ambassade de France est édité à l’occasion de l’exposition « Casablanca il y a un Million d’Années » organisée par le Ministère de la Culture du Royaume du Maroc du 30 mars au 25 avril 2007 à la Cathédrale Sacré Cœur de Casablanca.  Comité scientifique Comité d’organisation de l’exposition Mohamed Abdeljalil EL HAJRAOUI Mohamed Abdeljalil EL HAJRAOUI Directeur du Patrimoine Culturel Commissaire général Aomar AKERRAZ Directeur-adjoint de l’Institut National des Sciences de l’Archéologie et du Coordination Patrimoine Youssef KHIARA Abdeljalil BOUZOUGGAR Coordinateur Enseignant-chercheur à l’Institut National des Sciences de l’Archéologie et du Choumicha KAOUANE Patrimoine Coordinateur adjoint Fatima-Zohra SBIHI-ALAOUI Enseignant-chercheur à l’Institut National des Sciences de l’Archéologie et du Traduction et révision des textes Patrimoine Rachid AGHARBI Chef du Service de fonctionnement des musées Fethi AMANI Amina NEJJAR Conservateur à la Direction du Patrimoine Culturel Enseignant-chercheur à l’Institut National des Sciences de l’Archéologie et du Hafida HABOUNE Conservateur à la Direction du Patrimoine Culturel Patrimoine Abderrahim MOHIB Scénographie Chef du Service des Affaires Culturelles à la Direction Régionale de la Culture Pilippe DELIS Integralie. production à Kénitra Choumicha KAOUANE, Chef du Service de l’acquisition des collections muséographiques et leur préservation Touria MOHCINE Chef du Service de l’inventaire du patrimoine matériel

  Sommaire Le site de Casablanca à l’aube de l’Humanité 6 Mohamed Achaâri Ministre de la Culture 8 Histoire de la recherche préhistorique au Maroc André DENENATH et M.A El HAJRAOUI 22 Depuis six millions d’années, des rivages anciens à Casablanca Mohsine El Graoui, Jean Pierre Texier David Lefèvre, Jean Paul Raynal La faune quaternaire de Casablanca Fethi Amani et Denis Geraads 29 Plus d’un million d’années, premiers arrivés ? Fatima-Zohra SBIHI-ALAOUI 40 Jean-Paul RAYNAL Abderrahim MOHIB 700 000 à 200 000 ans? Chasseurs et charognards : l’Acheuléen moyen et 46 supérieur des sites des carrières Oulad hamida 1, Thomas1 et Sidi Abderrahmane Fatima-Zohra SBIHI-ALAOUI Abderrahim MOHIB Jean-Paul RAYNAL Casablanca des origines méconnues 54 Mehi ZOUAK La valorisation des sites préhistoriques de la région de Casablanca 60 Abdeljalil BOUZOUGGAR Aomar AKERRAZ

  Le site de Casablanca à l’aube de l’Humanité haut niveau. Les campagnes de fouilles menées dans différentes régions L’engouement pour le fait historique est tel ces dernières années que du Royaume ont surtout fait émerger l’image d’une région peuplée dès d’aucuns utilisent un raccourci éloquent pour l’illustrer : le passé a de les premiers temps de l’apparition de l’homme sur notre planète. Peuplée l’avenir. Sans doute faut-il voir dans cette tendance une quête des racines notamment par des migrants d’Afrique de l’Est, un peu comme si déjà qui fait pendant à notre marche vers la modernité. La globalisation de en ces temps reculés se constituait sa vocation de lieu de transhumance et l’économie et l’accès en temps réel à l’information en tout point du monde d’échanges… expliquent aussi peut-être ce désir croissant de prouver son appartenance Les lecteurs de ce catalogue comme les visiteurs de l’exposition pourront à une communauté bien identifiée, que celle-ci se nomme famille, cité aussi mesurer combien l’archéologie est une science vivante, actuelle. En ou nation. De la même façon, plus l’image d’un lieu est ancrée dans la effet, chaque découverte y soulève autant de questions qu’elle n’apporte modernité et plus sa population aspire à découvrir les strates de son passé. de réponses. Ce qui ouvre le champ au débat d’idées, à la production Suivant la demande du public les opportunités d’assouvir cette soif de d’hypothèses scientifiques qui n’ont de cesse d’être réfutées ou affinées à la connaissances historiques - expositions, colloques, sites Internet, ouvrages lumière de nouvelles découvertes, et ainsi de suite. Ce faisant, le puzzle de et films - se multiplient. Bien entendu, le Maroc en voie d’arrimage à la nos origines se met patiemment en place. sphère économique mondiale n’échappe pas à ce phénomène. Mais le travail de reconstitution de ce passé lointain est complexe. Il l’est La manifestation qu’organise le Ministère de la Culture autour de pour des raisons scientifiques évidentes mais aussi parce que les lieux de Casablanca, il y a un million d’années… est cependant la première de fouilles sont constamment menacés par l’activité humaine et toutes les cette envergure consacrée à l’archéologie. Présentant de nombreuses nuisances qui en découlent. A cet égard, Casablanca est la ville marocaine pièces, dont certaines de grande valeur scientifique, elle déroule sous les la plus exposée à la pression démographique et donc à une urbanisation yeux du visiteur savant ou profane les signes d’une histoire qui se compte rapide. Comment dès lors préserver des sites reconnus mondialement donc en millions d’années. Une histoire qui atteste que le site sur lequel comme Sidi Abderrahmane, Carrières Thomas ou Oulad Hamida ? s’est édifiée la ville était peuplé dès l’aube de l’Humanité. Ce faisant, elle Sans doute en donnant une plus grande visibilité à l’archéologie et la met en valeur le travail patient, et souvent harassant, des archéologues. tenue de l’exposition Casablanca, il y a un million d’années… est un La recherche archéologique au Maroc est née au début du siècle dernier. jalon de cet effort de communication qu’entend mener le Ministère de la Pendant longtemps, elle a été le fait d’amateurs s’adonnant aux fouilles à Culture dans ce sens. leurs moments perdus. Elle a ensuite beaucoup bénéficié de la coopération Mais d’autres mesures sont envisagées et notamment la mise en place avec les laboratoires universitaires étrangers, français principalement. d’un projet ambitieux : le Parc Archéologique de Casablanca. Un parc Avec la création au milieu des années quatre-vingt de l’Institut National qui a pour objectif de sauvegarder le riche patrimoine archéologique de des Sciences de l’Archéologie et du Patrimoine (INSAP) la recherche la ville en développant le tourisme culturel et la recherche scientifique archéologique a connu un nouvel essor dans notre pays. Plusieurs autour des vestiges de ce passé très lointain. dizaines de chercheurs ont pu être formés en archéologie préhistorique, préislamique ou islamique. Les investigations menées sous l’égide de Mohamed Achaâri l’INSAP ont donné lieu à de nombreuses publications scientifiques de Ministre de la Culture   André Debénath Cette découpe dans l’histoire de la recherche est certainement Histoire de Professeur émérite de Préhistoire, ancien directeur de la Mission Préhistorique arbitraire, mais chacune de ces périodes a été marquée par des la recherche Française au Maroc événement suffisamment importants pour que l’on puisse la considérer comme justifiée. Il est difficile de résumer en quelques Mohamed Abdeljalil El Hajraoui pages plus d’un siècle de recherches, aussi, nous nous limiterons aux préhistorique au Dr d’Etat, Directeur du Patrimoine, ministère de la Culture, Rabat Maroc traits marquants de l’histoire de la Préhistoire marocaine. Terre de tradition et d’accueil, le Maroc est habité par l’homme 1. LE TEMPS DES PIONNIERS depuis près d’un million années et ses premiers habitants connus sont des Homo erectus dont des restes ont été mis au jour à Casablanca, La fin du XIX° siècle voit, au Maroc comme en Europe, les débuts à Rabat et à Salé, bien que l’on ait pensé – à tort – que certains bien modestes de la recherche préhistorique. Les précurseurs de la objets taillés soient le fait des Australopithèques. Ainsi, depuis le préhistoire marocaine nous ont laissé peu de traces de leurs travaux. Paléolithique ancien, la présence humaine a été continue, certaines Les plus anciennes publications en langue française sont probablement périodes étant toutefois moins bien connues que d’autres. celles du Dr Bleicher qui signalait pour la première fois en 1875 l’existence de documents préhistoriques (outils) au Maroc. Les premiers outils préhistoriques ont été reconnus dès le XIX° siècle par le Dr Bleicher, qui faisait également œuvre de géologue, en Si les recherches effectuées avant 1900 restent quelque peu présentant au congrès de l’Association Française pour l’Avancement anecdotiques, la première moitié du XX° siècle voit, avant la des Sciences en 1880 à Reims un état des connaissances acquises sur seconde guerre mondiale, un développement intense des recherches le Quaternaire en Italie, dans le sud-est de la France et au Maghreb, préhistoriques au Maroc, dans des domaines variés, mais le principalement au Maroc. Les premières recherches systématiques Paléolithique inférieur y est encore bien mal connu. Cependant, ne remontent qu’aux débuts des années 1900 et se sont poursuivies certains chercheurs s’étaient déjà illustrés par leurs travaux, tel P. depuis à un rythme variable : lorsque l’abbé Breuil fit paraître en 1930 Pallary, J. Campardou ou M. Petit. Pallary, préhistorien oranais la première synthèse sur la Préhistoire de l’Afrique, nos connaissances qui publia quelques notes de préhistoire marocaine et établit une sur le Paléolithique ancien du Maroc se limitait en quelques lignes. classification de la Préhistoire du nord de l’Afrique (Pallary 1910). La proximité de l’Algérie a incité de nombreux préhistoriens français à Au Maroc, comme en Europe, les premières recherches ont été le prospecter l’Oriental marocain ; c’est ainsi que J. Campardou et M. fait d’amateurs et ce n’est qu’après la seconde guerre mondiale que Petit effectuèrent les premières recherches dans la région de Taza se fit une professionnalisation de la recherche, avec la mise au point (Goutitir, grotte de Kifan bel-Ghomari) (Campardou 1917a, 1917b, de techniques rigoureuses. Calquée sur la recherche européenne, la 1919, 1921, Petit 1914, 1918). recherche préhistorique marocaine peut être subdivisée en 3 phases principales : De nombreux autres chercheurs occasionnels amenés par leur - le temps des pionniers, des origines de la recherche à 1950 ; profession à se rendre fréquemment sur le terrain ont également - la transition, de 1950 à 1970 ; effectué de nombreuses prospections dont les résultats ne nous - la période moderne. sont pas obligatoirement parvenus. Tous ces travaux étaient inévitablement partiels, superficiels et incomplets, mais il est vrai   qu’à cette époque, tant dans le nord de l’Afrique qu’en Europe, la meilleure connaissance de l’Atérien, etc. recherche préhistorique n’était ni structurée, ni prioritaire. C’est au cours de ces années que la préhistoire marocaine acquiert Toutes ces recherches « hâtives, superficielles, incomplètes, qui ses lettres de noblesse et entre officiellement au Service des Antiquités peuvent même être dangereuses en contribuant à disperser et égarer du Maroc où une inspection des Antiquités préhistoriques est créée des matériaux importants » (Vidalenc, 1927, p. 4) ont conduit un et confiée a A. Ruhlmann. certain nombre de chercheurs à se substituer aux services officiels Spécialiste d’histoire romaine et de Protohistoire, Ruhlmann délaissa pour lesquels la préhistoire ne présentait pas d’intérêt. C’est ainsi quelque peu le Paléolithique ancien et travailla surtout dans le que fut créée le 26 Novembre 1926 la Société de Préhistoire du Maroc domaine du Paléolithique moyen et supérieur. Nous lui devons entre qui perdura jusque dans les années 1950. Une fois encore, il faut autres les fouilles de la grotte de Dar-es-Soltane 1 à partir de laquelle souligner qu’au Maroc, comme dans de nombreux pays, ce sont les fut créé le terme de Soltanien et celles de la grotte d’El Khenzira amateurs qui supportèrent les efforts des premières recherches. près d’El Jadida ainsi que plusieurs synthèses sur le Quaternaire Cette société comprenait à sa fondation une centaine de membres et marocain. était parrainée par d’éminents préhistoriens dont M. Boule, l’abbé Dans le nord du Royaume, quelques prospections avaient été Breuil ou G. C. Mac Curdy. Dès sa création, son secrétaire rappelle entreprises dès la fin du XIX° siècle mais ce n’est qu’à l’aube de la qu’ « une législation très précise interdit la sortie du Maroc des pièces Seconde guerre mondiale et dans la période qui la suivit que des

et instruments recueillis dans le pays » (Vidalenc, op. cit. p. 5).Il regrette recherches systématiques furent entreprises, principalement dans la toutefois que « des séries marocaines déjà abondantes figurent dans région de Tanger. Nous retiendrons ici les recherches sur les graviers divers musées de France, d’Algérie, et de Tunisie, même de Belgique des plateaux des environs du Cap Achakar qui ont mis en évidence et des Etats-Unis... »). Elle se proposait de « réunir et de vulgariser du Paléolithique ancien et du paléolithique moyen alors que la région les connaissances préhistoriques sur le Maroc et de conserver au de Charf-el-Agab livrait un Moustérien de faciès Levallois. Protectorat le bénéfice des découvertes dans ce domaine » (Vidalenc, op. cit. p. 5). Ce second point est important car il insistait sur la nécessité Plus importants furent les travaux conduits dans la grotte de de conserver les collections préhistoriques marocaines sur place, ce Mugharet-el-Aliya (l’une des grottes d’Hercule) à Tanger qui fut fouillée qui sous entendait la création future d’un musée archéologique qui en 1939 par C. S. Coon. Fouilles qui y mirent au jour des vestiges se matérialisa une vingtaine d’années plus tard. islamiques, romains et néolithiques, ainsi que des industries atériennes et moustériennes. Des restes humains y ont été découverts dans des Les années 1930 marquèrent des progrès sans doute décisifs dans conditions stratigraphiques douteuses. Il s’agit d’un fragment médian l’histoire de la recherche préhistorique marocaine. Cet essor rapide de maxillaire supérieur gauche qui comportait la 4° prémolaire est tout d’abord lié à l’œuvre de M. Antoine, naturaliste enseignant lactéale, la canine et la 3ème prémolaire qui furent extraites pour au lycée de Casablanca. La recherche préhistorique marocaine lui étude par Senyürek (Senyürek 1940). Ces restes pourraient être est redevable de nombreuses découvertes et de travaux multiples, atériens, mais la plus grande prudence doit être conservée en ce qui tant dans le domaine du Paléolithique que dans celui du Néolithique. concerne cet âge. Son nom est associé au Paléolithique inférieur de Casablanca, à une

10 11 Les années de guerre, et surtout celles qui suivirent, virent se par la suite attribués à un Homo erectus assez évolué. développer les recherches sur le littoral atlantique, dans la région 2. LA TRANSITION : 1950-1970 de Rabat-Casablanca, particulièrement celles de R. Neuville et A. Ruhlmann (Neuville et Ruhlmann 1941) à qui nous devons les Cette période a été marquée par un important développement de premières découvertes d’industries anciennes sur le littoral atlantique : la recherche. Elle a vu se mettre en place le musée archéologique de le « clacto-abbevillien », ainsi que les premiers essais de chronologie Rabat, alimenté, en ce qui concerne la Préhistoire, par les fouilles stratigraphique du Quaternaire marocain et les corrélations entre effectuées tant sur le littoral atlantique que dans l’Oriental. les anciennes lignes de rivage au Maroc, en Italie méridionale, etc. Sur le littoral atlantique, les importants travaux de P. Biberson Cette succession de plages entre + 12 m et +100 m reste à la base de à Casablanca, qui ont conduit au classement du site de Sidi- la chronologie du Quaternaire marin du Maroc. Abderrhamane, ont permis d’établir une chronologie des dépôts Les recherches de Neuville et Ruhlmann n’étaient certainement pas à quaternaires marins de cette région. Cette chronologie reste dans l’abri des critiques et de nombreuses objections leur furent faites tant ses grandes lignes encore valable actuellement, même si quelques par des géologues comme J. Bourcart ou des préhistoriens comme M. retouches peuvent y être apportées. Antoine. Chose curieuse, ni Neuville ni Ruhlmann ne modifièrent leur Outre l’établissement d’une trame chronologique du Quaternaire façon de penser en ce qui concerne le schéma évolutif des industries. marin du Maroc, nous devons à P. Biberson d’avoir réalisé les Il est vrai que les événements qui se déroulaient alors ne favorisaient premières diagnoses et les premières classifications sérieuses des guère la circulation des idées scientifiques et que Ruhlmann devait industries du Paléolithique ancien de cette partie du Royaume. disparaître tragiquement peu après la guerre lors d’un accident Les civilisations acheuléennes telles qu’elles ont été définies par P. pendant ses fouilles. Biberson se sont principalement développées sur le littoral atlantique C’est en 1933 que furent découverts les premiers restes humains du stade isotopique 17 au stade 5e. Il conviendrait toutefois de fossiles anciens dans les environs de Rabat lors de l’exploitation d’une préciser quelque peu la définition des stades acheuléens de Biberson, carrière à Kebibat (Marçais 1934). A l’époque de leur découverte, notamment des stades I à III qui peuvent être rapportés à l’Abbevillien, certains paléontologistes leur reconnaissaient à la fois des caractères bien que certains auteurs doutent de la réalité de l’Abbevillien. De rappelant les Néandertaliens et des caractères proches de ceux des même, le stade VIII de Biberson n’est pas un Acheuléen, mais un sinanthropes, alors que M. Boule (in Marçais 1934) pensait qu’il Moustérien de tradition acheuléenne, marocain, ayant une identité n’était alors pas possible de les « distinguer des sauvages actuels ». propre, le différenciant du Moustérien de tradition acheuléenne Bien que trouvés hors contexte archéologique, ces restes furent européen (Debénath, et al. 1982). De même, rien ne nous autorise à attribués tantôt au Moustérien, tantôt à l’Acheuléen. reconnaître la présence de Micoquien au Maroc, contrairement à ce Ils appartenaient à un adulte jeune et sont très fragmentaires. Ils que pensait Biberson (Biberson 1961a, 1961b). se composaient de fragments crâniens, d’une partie gauche du C’est au cours de ces recherches qu’ont été mis au jour les restes maxillaire supérieur, de la mandibule et de l’empreinte de la voûte humains de Casablanca. Il s’agit tout d’abord de deux fragments du palais dans le grès avec des molaires du côté gauche. Ils ont été d’une mandibule mis au jour en 1955 dans une cavité creusée dans

12 13 les grès tensiftiens et connue sous le nom de grotte des Littorines, s’agit d’Homo sapiens sapiens archaïques. Il n’en demeure pas moins que maintenant complètement détruite. Ces restes étaient associés à une la découverte de Moustérien dans cette région était un fait important, industrie rapportée à l’Acheuléen ancien (Biberson 1956). car peu de sites moustériens étaient alors connus au Maroc. Cette mandibule se caractérise par la hauteur de sa branche montante Deux grandes fouilles en grottes marquèrent cette période. Sur le ainsi que par la robustesse de son corps et sa symphyse fuyante et littoral, L’abbé J. Roche commença des fouilles qui durèrent une épaisse. Les dents se singularisent par leurs fortes dimensions et leurs vingtaine d’années (Roche 1958, 1963, 1969a, 1976a, 1976b) et caractères les rapprochent de l’Atlanthrope de Ternifine (maintenant conduisirent à la découverte d’une mandibule humaine d’abord Tighénif). C. Arambourg a attribué ces restes à un Pithécanthropien considérée comme appartenant à un Homo erectus (Vallois et Roche certainement très voisin d’Atlanthropus (Arambourg 1958). 1958), par suite de sa robustesse, puis rapportée à un Homo sapiens Les travaux de P. Biberson ont fait l’objet de deux importants ouvrages sapiens archaïque. qui font encore référence (Biberson 1961a et 1961b), bien que les Dans l’Oriental, les fouilles de l’abbé Roche dans la grotte des Pigeons travaux initiés par la Mission Préhistorique Française au Maroc au à Taforalt (Roche 1952, 1953a, 1953b, 1969b) ont donné lieu à une cours des années 1980 aient montré que de nombreuses rectifications étude particulièrement fouillée de l’Ibéromaurusien (Roche 1963, devaient être faites. 1976). La présence d’une importante nécropole ibéromaurusienne Une synthèse des connaissances sur la Préhistoire marocaine est a permis d’étudier cette population sur le plan anthropologique également proposée durant cette période par M. Antoine, à l’occasion (Ferembach 1962) . du II° congrès panafricain de Préhistoire à Alger (Antoine 1952). De gros efforts ont été faits durant cette période pour que les Des publications sont également faites concernant des sites considérés chercheurs puissent publier leurs résultats. C’est ainsi que furent alors comme étant les plus anciens du Maroc : le plateau de Salé créées les Publications du service des Antiquités du Maroc et le Bulletin (Choubert et Roche 1956) et Tardiguet-er-Rahla, en forêt de la d’Archéologie Marocaine, qui, dès son premier volume en 1956, consacrait Mamora (Biberson 1961). Les travaux effectués au cours de ces une part importante à la Préhistoire. Il faut également souligner la dernières années (Texier et al. 1984, El Hajraoui 1985) ont montré, publication de deux ouvrages fondamentaux, l’un par L. Balout en soit que le gisement n’était pas en place (Salé), soit que les objets 1955 : Préhistoire de l’Afrique du Nord, l’autre par R. Vaufrey en 1955 considérés comme étant des outils n’étaient en fait que des galets également : La Préhistoire de l’Afrique (tome 1). Ces deux ouvrages fracturés naturellement (Tardighet-er-Rahla). traitent largement de la Préhistoire du Maroc. Les fouilles conduites par E. Ennouchi au J’Bel Irhoud ont conduit à 3. LA PERIODE MODERNE la découverte de différents restes humains dont deux crânes d’adultes C’est au cours des trente dernières années que la recherche et une mandibule d’enfant (Ennouchi 1962, 1965, 1968, 1969) dans préhistorique au Maroc a connu son plus important développement. un contexte moustérien. L’aspect archaïque de ces crânes ainsi que Ce dynamisme a été lié à un certain nombre d’événements : la le fait qu’ils soient associés à une industrie moustérienne ont conduit restructuration du service archéologique, la création de l’Institut à les attribuer à des Néandertaliens. Nous savons maintenant qu’il National des Sciences de l’Archéologie et du Patrimoine et la formation

14 15 des premiers étudiants marocains spécialisés en Préhistoire. Par gauche. Aucun mobilier ne se trouvait à côté du corps, mais à ailleurs, la collaboration franco-marocaine, qui existait par la présence proximité se trouvait un galet à surface concave présentant des traces de rares chercheurs français, a été renforcée par la signature d’une de colorant. Le corps avait été déposé sur une dalle d’effondrement convention bilatérale en 1971, convention qui a conduit à la mise à la surface légèrement convexe et recouverts de petits blocs et de en place d’une Mission Préhistorique et Paléontologique Française, dalles de grès dont la plus grande atteignait 0, 60 m de longueur. Les dirigée par l’un de nous (A.D.). Cette mission a pu entreprendre un parties du corps non recouvertes par des dalles avaient été détruites, certain nombre de travaux qui ont associé dès le début les premiers celles qui étaient recouvertes étaient souvent écrasées et déformées. étudiants nationaux. Il faut également souligner qu’un enseignement Le squelette a été daté de 16 500 ± 250 BP (UQ-1558). de préhistoire et de géologie du Quaternaire à l’Université Mohamed La grotte des Contrebandiers à Témara a également livré en 1975 V de Rabat a également favorisé la découverte de ces disciplines par un important fragment crânien comprenant l’occipital, une partie les étudiants. des pariétaux. Un fragment de frontal droit se trouvait à proximité Si les travaux se sont poursuivis dans la grotte des Contrebandiers et, bien que ne se raccordant pas avec les autres fragments, il pourrait ou des Pigeons, d’autres fouilles ont été ouvertes dès le début des provenir du même individu (Roche et Texier, 1976). Ce crâne années 1970. Toutes se sont faites en collaboration avec le Service de fragmentaire, récolté dans un contexte atérien est sans doute un peu l’Archéologie et ont associé les jeunes chercheurs marocains. plus récent que celui de Dar-es-Soltane 2. Sa morphologie générale La grotte de Dar-es-Soltane 2, découverte en 1969, a livré les est moderne, son profil sagittal est comparable à celui des crânes premiers restes humains attribuables à l’Atérien (Debénath 1975, ibéromaurusiens et se rapproche du type de Mechta-Afalou. 1976, 1978). Ces restes sont importants car si la civilisation atérienne La grotte de El Harhoura 1, découverte à l’occasion de travaux de est bien connue au Maghreb, ses artisans étaient inconnus jusqu’aux construction, a fait l’objet d’une fouille de sauvetage et a conduit découvertes faites sur le littoral atlantique. à la mise au jour d’une mandibule humaine atérienne (Debénath Il s’agit : 1) d’un crâne fragmentaire (comprenant le frontal, la presque 1980, 1982), ainsi que d’une nécropole néolithique datée de 5 400 totalité des pariétaux, la partie gauche de la face et l’hémi mandibule ± 290 BP (GIF-5519). La faune recueillie dans cette grotte a fait par gauche ayant conservé ses trois molaires, la seconde prémolaire et la suite l’objet d’une des premières thèses de paléontologie humaine une partie de la canine), 2) d’une mandibule privée de ses branches soutenue par un chercheur marocain sur du matériel provenant de montantes ayant conservé ses molaires, les canines, la première fouilles effectuées au Maroc (Aouraghe, 2001). prémolaire et l’incisive latérale droites. A cette pièce est associé un Au cours des années 1970, l’exploitation des carrières de la région fragment de maxillaire, 3) d’une calvaria fragmentaire. Aucune trace de Salé a livré un crâne d’Homo erectus, malheureusement non de sépulture n’a pu être mise en évidence. découvert in situ et dont l’âge géologique n’est pas précisé : tensiftien Cette grotte a également livré la sépulture d’une jeune femme ou anfatien ? (Jaeger 1975). Ce crâne fragmentaire d’un sujet féminin ibéromaurusienne inhumée en position de décubitus latéral gauche adulte se caractérise par sa petite taille. Il présente les caractères et en flexion forcée. Le bras gauche était allongé le long du corps, classiques des Archanthropiens mais se caractérise par un occipital la main au niveau des pieds, et la main droite reposait sous la joue arrondi, ne présentant pas de chignon, ce qui fait penser à J.-J. Jaeger

16 17 que nous sommes en présence d’une forme évoluée (Ferembach en relation avec la préhistoire et la géologie du Quaternaire. 1976). A partir de la fin des années 1980, les titulaires des autorisations Alors que les fouilles conduites dans la région de Rabat avaient de fouilles concernant la préhistoire furent, soit des chercheurs jusqu’alors concerné essentiellement des sites en grottes, un premier marocains, soit des binômes regroupant un chercheur marocain et site atérien de plein air fut fouillé au Chaperon Rouge (Texier 1986). un chercheur étranger et de nombreux préhistoriens étrangers, autres Au début des années 1980, l’important site acheuléen de plein air que français, collaborent maintenant avec les chercheurs marocains. de Daya-el Hamra, en forêt de Mamora fut fouillé par l’un de nous De plus ces chantiers de fouilles permettent également la formation (M.A.E.), permettant de mettre au point une nouvelle approche de sur le terrain des chercheurs de l’INSAP, ou des universités dont la typologie des industries sur galets de cette région. plusieurs collaborent avec l’INSAP qui organise la recherche. Dans le même temps, sous l’impulsion de la Mission Préhistorique L’arrivée au pays de ces nouveaux chercheurs a permis la réalisation et Paléontologique Française, les fouilles furent reprises sur les sites de nombreux nouveaux programmes de recherches dans plusieurs classiques de Casablanca et il fut alors envisagé la possibilité de créer régions du Maroc. En effet, des opérations de fouilles et de par la suite un véritable parc archéologique consacré aux plus anciens prospections systématiques sont en cours au Maroc nord-occidental, vestiges paléolithiques du Maroc. au Rif oriental, dans la basse vallée de la Moulouya, au Moyen Atlas, Des fouilles étaient également organisées dans l’Oriental, à Sous-Tekna, au Cap Rhir et dans la région d’Essaouira. principalement dans la grotte du Rhafas et à l’abri Rhirane dans la Dès le début des années 1990, des fouilles furent entreprises dans région d’Oujda et de nombreuses prospections étaient faites dans la grotte d’El Mnasra (anciennement grotte du Casino, découverte cette région, conduisant à la soutenance d’une importante thèse : par l’abbé J. Roche qui y avait reconnu des niveaux néolithiques) Cultures préhistoriques et formations quaternaires du Maroc oriental. Relations entre à Témara (El Hajraoui 1993, 2004, Lacombe et al. 1991), fouilles comportements et paléoenvironnements au Paléolithique moyen (Wengler 1993). qui se poursuivent actuellement(). Outre une importante nécropole La création de l’Institut National des Sciences de l’Archéologie et du néolithique qui a livré une quinzaine de squelettes, cette grotte Patrimoine (INSAP) a été le moteur du dynamisme de la recherche contient plusieurs niveaux atériens qui ont montré des structures au cours de cette période, d’une part par la formation de chercheur de combustion d’un type encore inconnu dans cette civilisation nationaux sur le territoire national, d’autre part par la mise en (El Hajraoui 2004), ainsi, et c’est là une de ses principales place d’un système administratif performant dans le domaine de la caractéristiques, des outils en os ainsi que des crayons de colorants protection des sites et du suivi des opérations de terrain. (hématite), des perles et une structure empierrée qui n’a pas encore été fouillée. De plus, les premières thèses de préhistoire furent soutenues au Les fouilles de la grotte d’El Harhoura 2, découverte en 1978 cours des années 1980 par de jeunes chercheurs marocains, sur (Debénath et Sbihi-Alaoui 1979) ont été reprises dans le cadre de des sujets marocains (El Hajraoui 1985, Alouane, 1986, Ballouche la mission El Harhoura-Témara. Des sépultures néolithiques y 1986, Noçairi 1986, Elyaqtine 1988, Aberkan 1989, Oujaa 1992, ont été dégagées et un squelette ibéromaurusien mis au jour en Bouzouggar 1997) et de nombreuses universités créèrent des postes () Mission archéologique El Harhoura-Témara, co-direction A. El Hajraoui et R. Nespoulet. 18 19 1996(). La stratigraphie a mis en évidence des niveaux néolithiques, d’étude. Un riche matériel (vases, dépôts funéraires, outillage ibéromaurusiens et, plus récemment, une couche attribuable au en os ...) accompagnait les ossements. Paléolithique moyen. L’histoire de la recherche préhistorique au Maroc est aussi l’histoire Au cours de ces dernières années, les fouilles se sont poursuivies du peuplement du Royaume où l’homme s’est installé depuis près de dans les sites classiques de Casablanca et de nouveaux gisements ont 800 000 ans. De l’Acheuléen de la côte atlantique aux civilisations été découverts, faisant largement reculer l’origine du peuplement épipaléolithiques de l’Oriental (Kérémien de la région d’Oujda), du littoral atlantique. De nouvelles recherches ont été engagées toutes les civilisations paléolithiques du Maghreb se sont succédées. dans la région de Tanger, à Taforalt, dans le Rif et se poursuivent Toutes nous ont laissé non seulement des témoignages de leurs actuellement. cultures matérielles, mais aussi les restes des artisans de ces cultures. Les périodes plus récentes de la Préhistoire ont également fait De nombreuses questions se posent encore, principalement en ce l’objet de nombreux travaux : dès 1940, A. Ruhlmann publiait ses qui concerne la civilisatioatérienne : l’origine et la disparition des recherches sur le tumulus de Sidi Slimane, le site de M’Zora près de hommes atériens posent encore des questions qui sont sans réponse Larache était fouillé puis fit l’objet de nouvelles recherches au cours actuellement (Debénath 1991) des années 1980. Depuis ces dernières années, le concept de la recherche archéologique L’importante nécropole néolithique d’El Kiffen, au Sud de en général, et plus particulièrement celui de la Préhistoire, a Casablanca, a été fouillée au début des années 1960 (Bailloud et évolué : les études concernent désormais l’ensemble du site et son Mieg de Boofzheim 1964). Il s’agit d’une inhumation collective sans environnement naturel. Les fouilles sont devenues plus systématiques aménagement de tombes. Des offrandes funéraires (vases usagés et répondent à une problématique bien définie. Les sciences connexes ou détériorés et souvent incomplets) y ont été mis au jour. Cette à la Préhistoire se sont diversifiées et presque toutes entrent dans nécropole a été datée aux environ de 4300 BP. le cadre des activités des chercheurs marocains. La collaboration entre les archéologues, le LARATES (Laboratoire de Recherches et Les ossements recueillis étaient en très mauvais état de conservation. d’Analyses Techniques et Scientifiques de la Gendarmerie Royale) Une étude récente des crânes fragmentaires conservés montre « ... et les universités marocaines et étrangères permet de fructueux une assez grande variabilité de la morphologie et des dimensions échanges scientifiques. La participation des préhistoriens marocains ... l’absence de brachycrânes ... » les dimensions des dents diffèrent aux congrès nationaux et internationaux témoignent de la qualité de peu de celles des européens actuels»; (Elyaqtine 1988). Par ailleurs, la recherche préhistorique marocaine en plein développement. cet auteur rapproche la série d’El Kiffen de la série féminine de type Mechta el Arbi de l’Ibéromaurusien de Taforalt (Maroc oriental). La plus importante nécropole fouillée à ce jour est celle de Rouazi à Skhirat, dans laquelle plus de 100 squelettes ont été dégagés (travaux J.-P. Daugas et Service de l’Archéologie) et sont actuellement en cours () Fouilles Debénath et service archéologique, son caratère ibéromaurusien n’a été mis en évidence qu’après de longs travaux de préparation (tavaux A. Oujaa). 20 21 Mohsine El Graoui Elle est la mieux étudiée grâce aux nombreuses carrières… et…c’est certainement Depuis six millions Directeur du Parc National du Patrimoine Rupestre, Marrakech une des plus complètes actuellement connues à la surface du globe. d’années, des Jean Pierre Texier Depuis, différentes études ont été menées dans cette région qui est Directeur de l’UMR de l’UMR 5199 PACEA, Université de Bordeaux 1, France devenue une référence mondiale pour la stratigraphie du Quaternaire. rivages anciens à David Lefèvre Elles ont confirmé le caractère exceptionnel de cet enregistrement Casablanca Directeur de l’U.F.R. Sciences Humaines et Sciences de l’Environnement, qui ne concerne pas que la seule ère quaternaire mais aussi la fin Université Montpellier III, France de l’ère tertiaire, puisque l’âge de ces formations littorales remonte Jean Paul Raynal jusqu’à environ six millions d’années. Directeur de recherches CNRS, UMR 5199 PACEA, Université Bordeaux I, France Histoire des recherches et évolution des idées Dès le début du siècle dernier, la région de Casablanca a attiré En 1926, Georges Lecointre, sur des bases altimétriques et l’attention des géologues quaternaristes. Les ouvertures de carrières paléontologiques, reconnaît cinq lignes de rivages : des hauts niveaux pour exploiter la roche afin d’aménager le port de la ville offraient vers 72/80 m, un rivage bien marqué vers 30 m, un rivage vers 12/14 des centaines de mètres de coupes stratigraphiques qui permirent aux m, un niveau vers 5/7 m et enfin des remblaiements d’estuaires et spécialistes d’observer les dépôts constituant du littoral et d’étudier des plages actuelles. Cependant, il reste très prudent sur la possibilté leur organisation. d’étendre ses observations à l’ensemble des côtes atlantiques et Les premières observations montrèrent que ces sédiments étaient méditerranéennes. organisés en strates formées essentiellement de matériaux déposés Plus tard, le développement des carrières de Sidi Abderrahmane le long (ou à proximité) d’anciens rivages marins. On y rencontre conduit Neuville et Ruhlman à entreprendre une étude stratigraphique principalement des dépôts de plage et des dépôts dunaires dans détaillée des formations littorales de Casablanca. En 1941, ils lesquels s’intercalent parfois des dépôts de versants. Ces formations reconnaissent quatre lignes de rivages localisées aux altitudes de sont en fait présentes tout le long des côtes marocaines, atlantiques 90/100 m, 55/60 m, 28-30 m et 12-15 m. Celles-ci semblent se situer et méditerranéennes, mais à Casablanca, elles prennent un sensiblement aux mêmes altitudes des lignes de rivage observées en développement exceptionnel et par suite de leur disposition étagée, Algérie et en Italie méridionale. forment une sorte de gigantesque escalier qui s’élève progressivement du rivage actuel jusqu’au plateau de l’aéroport Mohammed V. Leur Au milieu du siècle dernier, Pierre Biberson effectue une nouvelle âge va ainsi croissant en direction de l’intérieur des terres. étude des dépôts littoraux de la région de Casablanca. Elle est présentée en 1961 sous la forme d’une importante monographie On comprendra par la suite que cette organisation résulte de en deux volumes. L’auteur reconnaît la succession de six niveaux mouvements tectoniques (un soulèvement du continent) et marins et propose un essai de classification du Quaternaire marin eustatiques (montées et descentes du niveau de l’océan en fonction du Maroc atlantique (Biberson, 1958). Il défini cinq «étages» marins de l’englacement rythmique de la planète). Georges Lecointre, qui fut ainsi que leurs stratotypes correspondants. Ce sont du plus récent au l’un des premiers à étudier cette série sédimentaire, écrivait en 1952 : plus ancien : la coupe fondamentale du Quaternaire marin du Maroc est celle de Casablanca. 22 23 w Le Mellahien, ancien rivage situé à 2 m au dessus du niveau avec les stades isotopiques de l’oxygène. actuel, Les travaux de recherches menés dans le cadre du programme de w L’Ouljien, ancien rivage localisé entre 5 et 8 m d’altitude et coopération franco-marocain établi en 1978, à l’initiative du service développé tout au long du littoral atlantique marocain (Gigout, de l’Archéologie du Ministère des Affaires Culturelles du Royaume 1949), du Maroc puis sous la Direction de l’Institut National des Sciences w L’Anfatien, ancien rivage, situé à une altitude entre 25 et 30 m, de l’Archéologie et du Patrimoine en collaboration avec la Mission défini dans le quartier d’ ainsi que dans les carrières deSidi Préhistorique et Paléontologique Française, ont permis une révision Abderrahmane, stratigraphique et ont apporté de nouvelles données. w Le Maarifien, localisé vers 55-60 m d’altitude, défini dans les carrières du quartier du Maarif, La nouvelle interprétation de la séquence de Casablanca w Le Messaoudien, situé entre 80 et 100 m d’altitude, défini à Sidi L’étude des dépôts de cette région de référence, basée sur l’analyse des Messaoud, associations de faciès (à l’échelle macroscopique et microscopique), A la même époque, Gigout (1958) et Gigout et Raynal (1957), a permis d’identifier toute une série de séquences. Chacune de ces reconnaissaient la succession de six pulsations marines situées séquences enregistre une histoire relativement simple et résulte d’une respectivement à 100 m (Etage Calabrien), à 60 m (Etage Sicilien), à élévation rapide suivie d’un abaissement graduel du niveau marin. 30 m (Etage Tyrrhénien), à 15-20 m, à 5-8 m (Etage Ouljien) et à 2 Les structures sédimentaires fossilisées dans les dépôts témoignent m. d’altitude. successivement de milieux de type subtidal supérieur, intertidal, supratidal puis dunaire (fig. .1) Les dépôts continentaux parfois En 1961 et 1963, Biberson présente une corrélation des « étages intercalés entre les séquences sont essentiellement des dépôts de marins » définis à Casablanca et des « étages continentaux » définis versant liés à du ruissellement ou à des coulées de boue. dans d’autres régions du Maroc (Choubert et al. 1956). Ce cadre chronostratigraphie (Tableau : 1) du Quaternaire du Maroc servira Ces données d’ordre stratigraphique (Texier et al., 1994 ; Texier et al. ensuite largement de référence dans l’ensemble du Maghreb. 2002 ; Lefèvre et Raynal, 2002), pétrographiques (El Graoui, 1994), complétés par des résultats paléontologiques (Gerrads, 1993a, 1994, La remise en cause de cadre chrostratigraphique de Biberson 1996, 1998 et 2002 ; Raynal et al., 1999) et étayées par des datations Une première remise en cause du cadre chronologique proposé numériques obtenues par des méthodes diverses et variées (Evin, in par Biberson résulte de l’étude menée par Stearns et publiée en Lefèvre et al., 1994 ; Rhodes et al., 1994 ; Occhietti et al., 1993, 1978. Il met en évidence l’existence de plusieurs lignes de rivage 2002) ont permis une réinterprétation de la série stratigraphique au sein de l’ « étage » Messaoudien et fait la distinction entre les de Casablanca. Le cadre chronostratigraphique ainsi établi montre dépôts du Maarifien classique et ceux attribués au « Maarifien l’inadéquation de la proposition antérieure de Biberson (cf supra). regressif » des carrières de Sidi Abderrahmane. Il scinde Les résultats obtenus montrent également que la séquence de également l’Anfatien en trois unités stratigraphiques. Il démontre Casablanca, étagée de 180 m d’altitude au zéro actuel, couvre une enfin que l’enregistrement des anciens rivages à Casablanca ne période de près de 6 million années. Elle débute à la fin du Miocène peut se réduire à 5 ou 6 cycles et propose un essai de corrélation 24 25 (fig. 2) dans un contexte climatique régional à tendance aride, “Etages classiques“ Lithostratigraphie Biostratigraphi (5) Chronostratigraphie Facies Stades attributions Chronostratigraphie Altitudes Chronologie chronostratigraphiques synchrone d’un abaissement général des océans d’environ 50 m. Les IDC isotopiques Formation de de P. Biberson Reddad Ben Ali Holocène dépôts rencontrées entre 120 et 100 m d’altitude, antérieurs à 2,4 3.7 à 3.5 ka BP (1) HOLOCENE Formation de REDDAD BEN ALI Aminozone H (2) 1 MELLAHIEN Formation de millions d’années, sont rapportés au Pliocène moyen. Ils enregistrent 0-2 m 1 à 3 ka OSL (3) Pléistocène supérieur Ouljien (1) Dar Bou Azza des allers-retours de la mer sur une plate-forme relativement stable. Membre de Lahlalfa Aminozone S (2) 4 to 2 SOLTANIEN PLEISTOCENE Formation de BF SUPERIEUR DAR BOU AZZA Membre de Formation de Kef Haroun En revanche, à partir du Ain Roummana 125 Ka (4) 5e OAJ 0-4 m Aminozone O (2) OULJIEN Anfatien (2) 4 3 Pléistocène moyen Pléistocène inférieur, les enregistrements sont divers et plus complexes. Formation d’Anfa Membre de 163 33 ka OSL (3) 6 2 Formation de Bir Feghloul 1 Ils aboutissent à des séquences étagées, emboîtées ou superposées. KEF 7-8 m Aminozone BF (5) 7 NR EL HAROUN TENSIFTIEN 4 Dans le secteur compris entre le littoral actuel et le cordon d’Oulad Formation d’Oulad Hamida 3 Membre de 303 + - 30 ka OSL (3) Oulad Aj Jmel 2 Hamida, dix à douze séquences ont été reconnues (fig. 3). 9-13 m Aminozone OAJ (5) 9 MAARIFIEN 1 +- 1 Ma

367 + - 34 ka OSL (3) PRESOLTANIEN Maari en (2) U.M.S. de Gandour Pléistocène inférieur D 10 TENSIFTIEN Les nouvelles recherches confirment donc l’intérêt exceptionnel PLEISTOCENE Membre 4 Ben Habib HAROUNIEN (site A) MOYEN G de cette région du Maroc pour la connaissance des événements 2 20-24 m 11 ANFATIEN (Cap Chatelier) U.M.S. de Dar Bou Chaib Ben Caila géologiques, paléontologiques et préhistoriques qui se sont succédés Membre 3 NR Formation 18-20 m 13 d’ANFA > 0.4 Ma U/Th (6) Messaoudien (2) U.M.S. de Sidi Messaoud depuis le Miocène supérieur jusqu’au présent. Les travaux en cours H AMIRIEN Membre 2 492 + - 57 ka OSL (3) J 17-20 m U.M.S. d’Ahl al Oughlam + devraient apporter de nouvelles informations sur cette période 15 - 2,5 Ma MAARIFIEN KL Moghrébien (3) U.M.S. d’Oulad Malik Pliocène capitale pour l’histoire de l’humanité et plus généralement, pour Membre 1 celle de la biosphère. MNO 17-20 m 17 ? U.M.S. de Dehar Mouhak Lissasfa + 5,5 Ma NR - Membre 4 Moghrébien (3) Miocène nal 29-32 m 19 ? Fouaratien (4) U.M.S. de Mediouna (Messinien) Formation PLEISTOCENE d’OULAD Membre 3 ANFATIEN Lefèvre Raynal 2001 Etages marins Etages continentaux INFERIEUR HAMIDA 32-35 m 21 ? AMIRIEN Membre 2 (1) Gigout (1949) (3) Choubert (1957-65) (5) travaux D. Gerrads (1993, 1995, 1998) Rharbian 30-35 m 23 ? (2) Biberson (196 (4) Stearns (1978) 989 + - 208 ka OSL (3) Membre 1 polarité inverse (7) MAARIFIEN Mellalian env. 1 Ma Biostrati. (8) 28-32 m 25 ? Soltanian Faciès : I : Intertidal (1) EVIN in LEFEVRE et al. (1994) Litho-stratigraphie des D : Dunaire (2) OCCHIETTI et al. (1993) Ouljian C : Continental (3) RHODES (non publié) formations plio-pléistocènes (4) OUADIA (1998) de la région de Casablanca Tensifian (5) OCCHIETTI (2002) (6) SCHWARCZ (in litteris) Anfatian (7) SEN (in litteris) (8) GERAADS (2002) Amirian Lefèvre Raynal 2001 Maarifian Saletian Lithostratigraphie des formations Messaoudian quaternaires de la région de Casablanca Villafranchian de la fin du Pléistocène à l’Holocène

cadre chronostratigraphique du Quaternaire marocain selon Biberson (1961, modifié) 26 27 Fethi AMANI Carte des formations Enseignant-chercheur à l’Institut National des Sciences de l’Archéologie et du La faune plio-pléistocènes Patrimoine de Casablanca quaternaire de Denis GERAADS Directeur de rechercches au CNRS, France Casablanca

Log stratigraphique du membre M1 de la Formation Ahl al Oughlam d’Anfa 1 : sables bioclastiques à grandes stratifications Le site d’Ahl al Oughlam a été découvert en 1985 par J.-P. Raynal et entrecoisées. 2 : sables bioclastiques à lamines J.-P. Texier dans la banlieue sud-est de Casablanca, près de Tit Mellil. régulières inclinéses vers la mer. 3 : sables bioclastiques à stratifications en auges. 4 : granules et graviers. 5 : Il s’agit d’un remplissage de grottes et fissures dans un cordon littoral calcaire crétacé. (Texier et al. 2002) dunaire fossilisé, situé à une altitude d’environ 100 m, postérieur à un niveau marin d’âge messaoudien, d’où Biberson avait décrit ce qu’il pensait être des objets taillés, mais qui sont en fait d’origine naturelle. Ce gisement d’Ahl al Oughlam, fouillé depuis 1985 par D. Geraads, dans le cadre du «Programme Casablanca», s’est révélé être, de loin, le plus riche des 20 derniers millions d’années en Afrique du Nord. Daté, grâce à la faune, d’environ 2,5 Ma, il montre que le Messaoudien, réputé d’âge quaternaire, est donc en fait d’âge pliocène. Bien que contemporain des grands sites à Hominidés d’Afrique de l’Est, le site n’a pourtant livré aucune trace de présence ou d’activité humaine. Comme il a fourni plus de 4000 fossiles déterminables, et près de 80 espèces de Vertébrés, on peut penser que l’absence de l’Homme n’y est pas liée aux aléas de la collecte, mais que nos ancêtres n’avaient pas encore atteint ce rivage à l’époque, même s’ils étaient alors déjà largement répandus en Afrique Orientale et Méridionale. Pourtant, la faune est très semblable, malgré la distance qui l’en sépare, à celles bien connues à la même période en Afrique Orientale, et il ne devait donc pas exister de différence écologique radicale entre les deux régions, ni de barrière saharienne continue. Elle y est cependant moins diversifiée, tant chez les Bovidés qui ne comportent ici que Stratigraphie synthétique des formations quaternaires dans le secteur des carières de Sidi 7 espèces, que chez les Equidés, Rhinocérotidés, Giraffidés, Suidés Abderrahmane. A : interprétation de P. Biberson (1961). B : nouvelle interprétation morpho- (une espèce de chaque famille), et il se pourrait que le milieu ait été lithostratigraphique de Texier et al. (1994, 2002) et Lefèvre (2000) moins favorable (sans doute plus froid).

28 29 La faune d’Ahl al Oughlam nous offre un échantillon unique en les renards, chacals, mangoustes et genettes. Afrique du Nord, et exceptionnel dans toute l’Afrique, de la presque Le bestiaire d’Ahl al Oughlam, sans doute peu antérieur à totalité d’une biocénose de Vertébrés terrestres, avec même quelques l’arrivée de l’Homme au Maroc, nous donne une bonne idée formes aquatiques. Elle comprend quelques reptiles, serpents et tortues de l’extraordinaire diversité de la faune qui a dû accueillir nos (dont une forme géante), de nombreuses espèces d’oiseaux, depuis ancêtres. Moins variée sans doute que celle, contemporaine, qui l’autruche jusqu’aux petits passereaux, et un exemple rare d’oiseau accompagnait les australopithèques et premiers Homo en Afrique voisin des albatros mais munis de fausses dents (Pseudodontornithes). orientale, elle témoigne pourtant d’un milieu propice à héberger une Chez les mammifères, de très nombreux groupes sont représentés. faune d’exigences écologiques variées, mais qui semblera lentement Des cétacés (dauphins) échoués sur le rivage ont sans doute été se dégrader par la suite. rapportés dans la grotte par les carnivores. Les animaux de très grande taille, comme l’éléphant, le rhinocéros, ou le giraffidé Carrière Thomas 1, Niveau L géant Sivatherium, sont surtout représentés par des restes de jeunes En l’état actuel de nos connaissances, le niveau L des carrières Thomas individus, ce qui laisse supposer, là aussi, qu’ils ont été amenés sur près de Sidi Abderrahmane est le plus ancien niveau archéologique place par les carnivores, incapables de traîner des carcasses adultes. connu au Maroc. Sur des calcaires massifs à texture fine, les fouilles Une seule espèce de suidé, du genre Kolpochoerus, est présente, alors archéologiques ont mis au jour une abondante industrie lithique que plusieurs genres coexistent en Afrique orientale. Les buffles et en place, attribuée par Raynal et Texier à l’Acheuléen ancien. Les antilopes sont mieux diversifiés, avec 7 espèces, et comprennent à la ossements fossilisés de Mammifères trouvés en association avec cette fois des formes adaptées aux savanes ouvertes, comme les Alcelaphini industrie sont malheureusement peu nombreux, ce qui limite notre (gnous, damalisques et bubales) ou les gazelles, et des formes de approche paléoécologique et les corrélations biochronologiques prairies, comme les Reduncini (cobes) ou de milieux buissonneux, avec les sites contemporains du Maghreb, mais la faune apporte comme les rares Tragelaphini (élands et koudous). Chez les équidés, néanmoins quelques indications. le genre Equus, auquel appartiennent toutes les formes actuelles Elle comporte plus d’une dizaine d’espèces de Mammifères, ainsi (ânes, chevaux et zèbres), est encore inconnu, ce qui permet de que quelques Reptiles et Amphibiens. Dans l’ensemble, elle parle en dater le site d’au moins 2,3 millions d’années. Les équidés ne sont faveur d’un âge ancien dans le Quaternaire du Maroc. Il faut noter représentés que par Hipparion, qui possédait encore trois doigts que le campagnol Ellobius, qui apparaît à Tighenif en Algérie, et qui par patte. Notons aussi le chameau (encore très rare en Afrique devient assez commun dans le Pléistocène moyen des remplissages à l’époque), le babouin Theropithecus, genre aujourd’hui restreint de Grottes et fissures des carrières Thomas1 et Oulad Hamida1, est aux hauts-plateaux éthiopiens, les lièvres, insectivores, et plusieurs encore absent. La morphologie des rares dents de rongeurs de la espèces de rongeurs. La diversité des carnivores est exceptionnelle, famille des Muridae (rats et souris), notamment celle de la première avec 23 espèces différentes. Les formes aquatiques incluent le morse, molaire inférieure de Paraethomys, bien distincte de celles connues à jamais auparavant signalé en Afrique, et la loutre. Plusieurs espèces Tighenif et dans les niveaux ultérieurs, confirme que le niveau L des de félins de toutes tailles (panthère, guépard, chat sauvage, et tigre à carrières Thomas est plus ancien que le site algérien. canines en sabre) coexistent avec 4 espèces d’hyènes, sans compter Chez les grands mammifères la découverte d’une troisième molaire 30 31 de suidé du genre Kolpochoerus parle aussi en faveur d’un âge plus une industrie lithique et un abondant matériel faunique. Les fouilles ancien que celui de Tighenif. Dans ce dernier niveau, il est remplacé récentes menées dans le cadre du Programme Casablanca de l’INSAP par Metridiochoerus compactus, un autre suidé plus récent, voisin ont permis de clarifier la stratigraphie de ces sites, et d’accroître dans du phacochère. Les ossements d’Hippopotame abondent, ce qui de très larges proportions la collection faunique provenant de ces n’est évidemment pas surprenant vu les conditions de dépôt. Son sites. abondance dans ce site de plein air, comme celle de l’éléphant, Dans la carrière Thomas 1, une mandibule d’Homo erectus avait été contraste avec leur rareté ou leur absence dans les remplissages des découverte il y a une trentaine d’année, dans une grotte du flanc nord grottes et fissures. On peut imaginer un petit bassin occupé par un de la carrière, associée à une faune de micro- et macro-mammifères, petit lac, parfois marécageux, où les hippopotames constituaient située au-dessus du niveau L. Là aussi, les fouilles récentes entreprises des proies attractives pour les Hommes fossiles qui les ont chassés dans le cadre du Programme Casablanca ont permis de bien préciser et dépouillés probablement sur place. D’autres fossiles de grands la position de la grotte, spécialement par rapport aux anciennes Mammifères sont probablement les restes d’animaux qui venaient découvertes, et donc de définir avec certitude le cadre géologique là se désaltérer; il s’agit d’éléphants, de zèbres, gazelles, antilopes et paléontologique de cet Hominidé. Comme dans la plupart des du groupe des Alcelaphini. Dans l’ensemble, ce sont des herbivores remplissages de grottes, la faune comprend de nombreux carnivores, qui préfèrent les milieux ouverts et secs, de type savane, et on peut avec en particulier de nombreux chacals appartenant sans doute à penser que c’est ce type de milieu qui dominait dans la région. une nouvelle espèce, un ours de grande taille, descendant peut-être Chez les micromammifères, les rongeurs, étroitement inféodés à de celui apparu à Ahl al Oughlam, des hyènes (avec les deux espèces, leur milieu de vie, fournissent aussi de bonnes indications sur les rayée et tachetée), mais aussi des formes plus rares, comme le lion, la environnements, bien qu’ils soient rares ici. Des quinze dents livrées loutre, le ratel, ou le lycaon. Il n’est pas douteux que la plupart des par les sédiments calcaires du niveau L, treize appartiennent à la ces prédateurs aient habité la grotte, concurremment à l’Homme et famille des Gerbillidae, dont les représentants actuels colonisent les au grand babouin Theropithecus, déjà présent à Ahl al Oughlam, mais milieux ouverts et secs, sinon sub-désertiques. Ceci concorde donc qui atteint maintenant la taille d’un petit gorille. Les herbivores, qui avec les indications fournies par les grands Mammifères. ont pu tomber dans la grotte, ou y être apportés par l’Homme ou Dans l’ensemble, la faune de mammifères du niveau L de la carrière les carnivores, ne sont pas très abondants mais ils présentent encore Thomas s’accorderait bien avec un âge voisin de 1, 2 million d’années, l’intérêt de montrer que, comme dans le niveau L, le milieu devait même si les vestiges osseux ne sont pas assez abondants pour qu’on être ouvert et sec. On retrouve en effet l’oryx, le gnou, la gazelle, puisse avancer une datation précise. Il s’agit donc de l’un des plus le zèbre et le rhinocéros blanc, qui sont tous aujourd’hui des hôtes anciens témoignages de l’occupation humaine en Afrique du Nord, des savanes est-africaines. Le remplacement de Kolpochoerus par et assurément, du plus ancien connu au Maroc. Phacochoerus entre le niveau L et la grotte de Thomas 1 suggère CarrièreThomas 1, grotte une aridification. Les multiples remplissages de grottes et fissures des carrières Thomas Comme dans tous les sites du Maghreb, la microfaune est peu 1 et Oulad Hamida 1 (ex-Thomas 3) sont célèbres pour avoir livré, diversifiée, et ne comporte de représentants que de quelques lignées il y a une trentaine d’années, des restes d’Homo erectus associés à seulement, dont plusieurs étaient déjà présentes à Ahl al Oughlam: 32 33 Gerbillus et Meriones chez les Gerbillidae, trois Muridae (rats et souris): plus évolués, semblent monter qu’elle est un peu plus récente. La Mus, Praomys et Paraethomys, le campagnol Ellobius, le lérot Eliomys et biochronologie permet de lui attribuer un âge voisin de 500.000 ans, le porc-épic. comparable à celui obtenu par une datation absolue (RPE) sur de La grotte de Thomas 1 est probablement plus récente que le célèbre l’émail dentaire de rhinocéros. site à «Atlanthropus mauritanicus» de Tighenif en Algérie; même si une La faune est très semblable à celle de la grotte de Thomas 1, mais la datation précise est actuellement impossible, on peut estimer son âge microfaune, très abondante, est un peu plus variée, avec en particulier à 600.000 ans environ. de nombreuses musaraignes, des chauve-souris, et un lièvre survivant Carrière Oulad Hamida 1, anciennes découvertes du Pliocène, Serengetilagus raynali. Parmi les formes de grande taille, la plus remarquable est le rhinocéros, appartenant à une espèce éteinte Dans la carrière voisine d’Oulad Hamida 1 (anciennement Thomas voisine de l’actuel rhinocéros blanc, Ceratotherium mauritanicum. 3) avaient été découverts d’autres restes humains, dans une grotte aujourd’hui disparue. La faune associée semble pouvoir être rattachée Plusieurs crânes complets, de nombreuses mâchoires et os des au même complexe, mais elle comporte aussi quelques formes membres ont été retrouvés, et le rhinocéros était donc de loin, en particulières, comme un lynx étrange, mais dont seule la mâchoire termes de biomasse, l’animal dominant. Comme il est invraisemblable inférieure est connue, Lynx thomasi, et une antilope du groupe des que sa présence y soit accidentelle, et qu’aucun carnivore n’est Alcelaphini d’abord mise au jour dans la région de Rabat, mais capable de déplacer une telle carcasse, il faut en conclure que c’est retrouvée par la suite dans toute l’Afrique, Rabaticeras. l’Homme, qui a également laissé de nombreux outils dans la grotte, qui est responsable de cette accumulation. On peut sans doute exclure Carrière Oulad Hamida 1, Grotte des Rhinocéros une chasse active, vu la faible efficacité des armes dont nos ancêtres Découverte en 1991 par J.-P. Raynal et ses collaborateurs, la grotte disposaient face à la formidable puissance d’un tel gibier. On peut des Rhinocéros (GDR) appartient au groupe nommé Oulad Hamida imaginer au contraire que la grotte avait servi de piège, ou avait été par J.-P. Texier et ses collègues, situé dans le Pléistocène moyen aménagée dans ce sens par les Hominidés. Malheureusement, sa ancien (sans doute antérieurement au stade isotopique 13). Il s’agit topographie complète ne sera jamais connue, car au moment de sa à l’origine d’une cavité marine associée aux rivages anciens qui se découverte, une partie avait déjà été détruite par l’exploitation de la situaient alors une trentaine de mètres au-dessus du niveau actuel. carrière. Néanmoins, le nombre relativement faible d’ossements du L’occupation humaine et animale de la cavité s’est donc effectuée squelette des membres de rhinocéros permet d’envisager l’hypothèse pendant une pulsation négative du niveau marin dans un contexte d’une découpe sur place des éléments les plus riches en viande, et plus aride que l’actuel. leur transport à l’extérieur de la grotte. Cette grotte a livré une riche faune de grands et de petits Mammifères Comme dans les sites précédents, les Bovidés fournissent (en tout, plus d’une trentaine d’espèces de Mammifères), quelques d’importantes indications sur les paléoenvironnements. La méthode Reptiles et une douzaine d’espèces d’oiseaux (déterminés par C. d’analyse la plus classique pour les Bovidés africains consiste à évaluer Mourer-Chauviré). Elle appartient à un même ensemble que celle l’importance relative des Bovidés de savanes sèches, Alcelaphini de la grotte de Thomas 1, mais les micro-mammifères, un peu (gnous, damalisques, bubales, et formes fossiles apparentées) et 34 35 Antilopini (gazelles), par rapport à ceux de milieux plus fermés les fouilles récentes n’ont pas porté. et/ou plus humides appartenant aux autres tribus. A la Grotte des Les fouilles de sauvetage effectuées dans le remplissage d’une cavité Rhinocéros, l’extraordinaire richesse des Alcelaphini (appartenant à la carrière Oulad Hamida 2, ont permis la collecte, en position surtout au genre éteint Parmularius, 96 spécimens detérminés) et stratigraphique, d’une importante collection de vertébrés fossiles. d’Antilopini (Gazella, 48), auxquels il faut ajouter l’oryx, fréquemment Les restes de Mammifères proviennent de deux niveaux distincts. rencontré dans les semi-déserts, indique que, comme dans les autres Un niveau supérieur plus riche en restes de Bovidés, et un niveau sites de Th 1 - OH 1, le milieu était ouvert et sec. Comme dans les inférieur où abondent les ossements du squelette post-crânien de sites archéologiques de Casablanca les restes fossiles d’Equus sont grands félins (lions et panthères surtout), portant souvent des traces relativement rares. L’abondance du rhinocéros blanc, aujourd’hui de feu. Ce remplissage s’est effectué bien postérieurement à ceux tondeur d’herbes, parle dans le même sens. Chez les Rongeurs le des grottes et fissures des carrières Thomas 1-Oulad Hamida 1. En nombre de spécimens de Gerbillidés calculé à partir des premières effet les rongeurs Ellobius et Paraethomys, assez communs dans ces molaires est de 480, soit 75 % de l’ensemble des micromammifères. derniers niveaux, ont ici disparu. Chez les Ongulés la présence du Leur présence dans la grotte résulte de l’accumulation de pelotes rhinocéros Stephanorhinus hemitoechus, immigrant eurasiatique inconnu de régurgitation de rapaces nocturnes, comme la chouette. Les au Pléistocène moyen, date le remplissage de ce site du Pléistocène proportions peuvent donc être biaisées par rapport aux abondances supérieur. La prédominance des Gerbillidés et la découverte d’une relatives dans la biocénose, mais ce facteur n’est sans doute pas gerboise (Jaculus), genre de milieu désertique, plaident en faveur d’un déterminant. Comme nous l’avons vu plus haut, les populations milieu très aride. Chez les Ongulés l’abondance du phacochère, du actuelles de Gerbilles colonisent les milieux ouverts et secs, sinon gnou et surtout des gazelles corrobore cette impression d’aridité. sub-désertiques, et il ne fait donc pas de doute que l’environnement La cavité d’Oulad Hamida 2 atteste la phase la plus aride que nous des Homo erectus de Thomas - Oulad Hamida était très ouvert et sec, connaissions au Maroc. quoique quelques rares formes, comme l’ours, peut-être le porc-épic et le chat sauvage, semblent témoigner d’un autre type de milieu, sans doute les dunes fossilisées et les rochers du littoral. Carrière Oulad Hamida 2, Grotte des Félins Les découvertes consécutives aux anciennes fouilles attestent, vers la fin du Pléistocène moyen ou au début du Pléistocène supérieur, une (ou plusieurs) vagues de migrations en provenance d’Europe, comprenant en particulier, outre le Stephanorhinus hemitoechus déjà signalé, un cervidé, assurément un indicateur de milieux relativement boisés, et le sanglier. Chez les antilopes, cobes et Tragelaphini sont aussi moins rares qu’auparavant. Tout ceci témoigne d’une ou plusieurs phases plus humides au cours de cette période, sur laquelle

36 37 Acinonyx

Mandibule d’un carnivore découverte dans la carrière Thomas

Mandibules de carnivores découvertes dans le site d’Ahl al Oughlam

38 39 Fatima-Zohra SBIHI-ALAOUI jusqu’aujourd’hui. La dernière a eu lieu en mai-juin 2006. Plus de Plus d’un million Enseignant-chercheur à l’Institut National des Sciences de l’Archéologie et du 1000 mètres carrés du niveau L ont été décapés et le matériel est ac­ d’années, premiers Patrimoine tuellement en cours d’étude. Jean-Paul RAYNAL Dans toute la séquence acheuléenne de Casablanca, les arkoses et arrivés ? Directeur de recherches CNRS, UMR 5199 PACEA, Université Bordeaux I, quartzites feldspathiques cambriens, souvent dénommés «quartzites France d’El Hank», constituent la matière première principale, disponible Abderrahim MOHIB en abondance et en volumes variés sur les paléo-rivages et sur les Délégué du ministère de la culture, Kénitra pointements rocheux, conférant un aspect faussement «archaïque» Les travaux maroco-français engagés depuis 1978 à Casablanca ont aux assemblages. L’expérimentation a permis d’en apprécier en particulier permis la révision stratigraphique des sites classiques, quelques caractéristiques. Très dure et massive, elle oppose une dont les carrières Thomas qui ont livré antérieurement plusieurs forte résistance aux chocs : toute surface plane, naturelle ou non, en restes d’hominidés (Ennouchi, 1969, 1972). Dans la carrière Thomas facilite le débitage. Les cassures sont nettes : l’usage du percuteur dur 1, des éléments archéologiques rapportés à l’Acheuléen ancien ont détermine des surfaces décortiquées par des retouches très marquées été découverts dès 1985, dans le niveau «L», localisé à la base de et donc bien lisibles; il entraîne également de fréquents accidents de la série sédimentaire, en position stratigraphique ancienne (Texier taille : fractures d’éclats ou de galets selon l’axe de percussion (cassures et Raynal, 1989). Cette position est confirmée par des arguments en Siret, galets à un enlèvement fendus). Le silex ne représente que lithostratigraphiques, paléontologiques, des datations absolues et 5% environ des matériaux travaillés jusqu’à l’Acheuléen supérieur des indices de paléomagnétisme inverse qui conduisent à situer cet où il fait l’objet d’une recherche plus systématique par les Acheuléens Acheuléen entre 1 et 1,4 millions d’années (Raynal et al., 2004). casablancais. Il est présent localement sous forme de petits galets (1 à Il constitue à ce jour la plus ancienne trace de présence humaine 5 cm de diamètre) dans les différentes plages de graviers. repérée dans la séquence de Casablanca, voire au Maroc. L’outillage du niveau archéologique L1, le plus ancien, est dominé Le niveau L de la carrière Thomas 1 est constitué de sables bioclas­ par les objets façonnés (pièces bifaciales) et comporte peu d’éclats. tiques, organisés en chenaux emboîtés orientés parallèlement au ri­ Quelques gros éclats débités hors de la zone fouillée illustrent la vage d’alors, et témoignent d’écoulements temporaires en arrière recherche de supports particuliers. Les éclats retrouvés sont surtout d’un cordon littoral. Plusieurs concentrations d’objets taillés par à talon non cortical et conservent peu de cortex : ils traduisent un l’homme associés à des restes animaux y ont été repérées. façonnage limité sur place (réavivage de bifaces), sans activité de Du point de vue paléontologique, le niveau L a surtout livré des os­ débitage proprement dite. Toutefois, on doit rester prudent car sements fragmentaires d’Hippopotame, d’Eléphant, d’Equidé, de l’ensemble du matériel a manifestement subi des réorientations, des Bovidés, de Suidés et de quelques Rongeurs. Les parties anatomiques déplacements et donc des tris sous l’action des eaux courantes. Les présentes sont quelques dents, des fragments crâniens, de bassins, des pièces bifaciales comprennent en majorité des «bifaces partiels» : membres et quelques côtes. dans la majorité des cas, des surfaces corticales proximales sont conservées sur au moins une face. Dans quelques cas, une face Après un sondage réalisé en 1988, la fouille a été élargie et se poursuit présente un façonnage complet, mais à l’exception des supports 40 41 issus de blocs de quartzite, les objets présentent tous des surfaces superficie en cours de fouille et de son développement stratigraphique corticales. Indépendamment du caractère unifacial ou bifacial des avec plusieurs niveaux archéologiques riches dont certains à restes périmètres façonnés, ces pièces bifaciales possèdent généralement d’hominidés. Il est souhaitable que les fouilles en cours puissent être une pointe et, en position latérale ou latéro-distale, un (deux) bord(s) menées à terme malgré le contexte difficile de l’urbanisation qui concave(s), caractéristique(s), façonné(s) par quelques enlèvements menace ce site classique du patrimoine de l’humanité. et parfois retouché(s). En conclusion, on insistera sur le fait que la préparation et le façonnage des pièces bifaciales correspondent à un projet précis, celui d’obtenir un outil caractérisé par une pointe associée à un, voire deux bords concaves. Tous ces objets révèlent un peu des activités pratiquées alors sur le site : débitage de la pierre et fabrication d’outils, dépeçage de carcasses animales, boucherie, bris d’ossements pour extraction de moelle... Dans le niveau archéologique L5, au contraire, les produits de débitage/façonnage sont bien représentés, associés aux nucléus (discoïdes et polyédriques) et percuteurs. On note donc la prédominance des éclats par rapport aux objets façonnés. Comme l’atteste la distribution des poids, les percuteurs ont été choisis au sein de la population des galets bruts du site, eux-mêmes sélectionnés par l’artisan sur l’estran ou triés par un processus naturel. Dans ce niveau, les activités de débitage et de façonnage d’outils dominent et sont sans doute accompagnées d’un peu de boucherie.

Les outillages du niveau L se rattachent à un stade très ancien de Vue générale du site de la carrière Thomas I l’Acheuléen marqué par : w une faible représentation des galets taillés : choppers et chopping-tools, w une dominance des bifaces et des pics triédriques, w une présence de boules polyédriques et de quelques hachereaux, w des nucléus peu élaborés et des éclats tous plus ou moins corticaux. On n’a pas retrouvé d’ossement humain, mais l’artisan de l’Acheuléen ancien était vraisemblablement un Homo erectus, proche de celui d’Aïn Mâarouf (El Hajeb-Meknes) ou de Tighenif (Algérie). Le site de la carrière Thomas 1 à Casablanca offre encore un potentiel de recherches énorme sur ces outillages anciens, du fait de la vaste 42 43 Biface acheuléen Biface découvert dans le site de la carrière Thomas I 44 45 Fatima-Zohra SBIHI-ALAOUI est composée surtout d’éclats bruts, de nucléus divers (discoïdes, 700 000 à Enseignant-chercheur à l’Institut National des Sciences de l’Archéologie et du bifaces, unipolaires), d’outils sur éclats (racloirs, encoches), de pièces 200 000 ans ? Patrimoine bifaciales de morphologies et de dimensions variées et de quelques Abderrahim MOHIB hachereaux. Les pièces bifaciales, souvent à parties proximales Chasseurs et Délégué du ministère de la culture, Kénitra épaisses, ont des arêtes sinueuses, plus rarement zigzagantes, qui le charognards : Jean-Paul RAYNAL plus souvent ne sont pas régularisées secondairement, conservant aux Directeur de recherches CNRS, UMR 5199 PACEA, Université Bordeaux I, objets des silhouettes irrégulières et asymétriques. L’artisan a cherché, l’Acheuléen moyen France pour des objectifs fonctionnels, à façonner des bords tranchants au moyen de deux ou trois générations successives d’enlèvements sur des et supérieur des La Grotte des Rhinocéros de carrière Oulad hamida 1 : supports allongés. Par rapport à l’Acheuléen ancien local, on note l’augmentation des nucléus discoïdes et de la production d’éclats; sites des carrières La Grotte des Rhinocéros a été découverte le 6 mai 1991, au cours les hachereaux sont rares ; les pièces bifaciales sont façonnées plus Oulad hamida 1, d’opérations de surveillance routinière de la carrière Oulad hamida largement et caractérisées par des bords convexes et/ou concaves, 1 (ancienne carrière Thomas3). Des ramassages d’outillage et de associés à une pointe. Ces objets indiquent des activités intenses sur Thomas1 faune furent alors effectués entre les tirs de mine de l’exploitation de place de débitage et de façonnage, de dépeçage, de boucherie et de la carrière. bris d’ossements, en liaison avec des activités de chasse et/ou de et Sidi Abderrahmane. Seule la partie inférieure du remplissage de la cavité était visible au charognage. moment des fouilles de 1991 et a été reconnue sur deux mètres de La faune est riche de près de cinquante espèces de Vertébrés, dominée puissance. Elle est constituée à la base de sables bioclastiques quasi- très largement par les herbivores, marquée par l’abondance des restes stériles, puis de sables fins bioclastiques qui ennoient des blocs de de Rhinocéros blanc témoignant apparemment d’une spécialisation décompression de la voûte. On peut conclure provisoirement que cynégétique originale des Hominidés. Le Rhinocéros, par sa forte l’occupation de la cavité s’est effectuée pendant un abaissement du taille, est une proie quasi inaccessible aux différents prédateurs, niveau marin, dans un contexte relativement aride favorisant les homme compris, à l’exception des individus jeunes, malades ou apports éoliens et leurs remaniements. âgés. Le charognage reste la solution la plus acceptable. Mais la Les roches utilisées par l’homme sont les quartzites et les grès distribution anatomique des restes de Rhinocéros indique que les feldspathiques du Cambrien qui n’offrent pas les mêmes avantages individus sont arrivés entiers dans la cavité. On doit donc envisager mécaniques au tailleur. Ces matériaux sont présents sous forme de très sérieusement la possibilité d’un piège naturel avec charognage, galets dans le proche environnement, entre Casablanca et Dar Bou ou d’un rabatage vers un piège naturel, puis d’un abattage ou d’un Azza. charognage en alternance avec les carnivores (hyènes, canidés, lycaon, lion...). La relative abondance des Carnivores laisse en effet La fouille du niveau archéologique inférieur de la cavité a livré 3485 supposer qu’ils ont pu être des occupants occasionnels de la grotte. objets lithiques pour une superficie fouillée de 56 m2. L’outillage Du point de vue taphonomique, la fouille de la grotte est encore trop appartient à un Acheuléen moyen au sens africain classique. L’industrie peu avancée pour qu’une impression d’ensemble puisse se dégager. 46 47 Chez le plus abondant des autres grands mammifères, Parmularius sp., macro-faune. Rappelons qu’une hémi-mandibule gauche appartenant une antilope, bien qu’il ne semble pas exister de différence majeure au genre Homo y fut exhumée en 1969 par deux lycéens casablancais. dans la représentation des principaux os du squelette, la rareté des Elle appartenait à un adulte de 20 à 30 ans, probablement de sexe os en connexion implique soit un déplacement postérieurement au féminin, rapporté à Atlanthropus mauritanicus. En 1994, un nouveau dépôt soit, plus vraisemblablement, une désarticulation préalable par vestige humain a été découvert. Il s’agit d’une troisième prémolaire l’homme (Rochdi, 1997 Geraads, 1993 et 1994). supérieure (P3). En 1995, une autre dent humaine est mise au jour. La lithostratighraphie, la microfaune et les datations conduisent à Il s’agit d’une prémolaire supérieure très usée mais, en bon état de proposer un âge vers 0,7à 0,6 millions d’années. conservation, appartenant sans doute à un adulte plus jeune. En 1996, une incisive supérieure gauche, robuste mais très usée, est Les fouilles se poursuivent aujourd’hui dans le niveau inférieur et le repérée dans la même zone. Enfin, une quatrième dent (prémolaire) niveau supérieur dégagé en 1996. Ce dernier présente une richesse a été identifiée en 2006. Les restes de plusieurs individus étaient donc importante de vue archéologique et paléontologique. dispersés au milieu des restes animaux et des outils de pierre taillée. La grotte à Hominidés de la carrière Thomas 1 La faune est partagée entre herbivores et carnivores. Ces derniers sont en grande partie responsables de l’accumulation des restes Le remplissage de cette cavité est constitué de haut en bas par des sables osseux dans la cavité qui a fonctionné en repaire pour plusieurs plus ou moins consolidés par des imprégnations de calcite. De minces espèces (ours, hyène, canidé...). La présence de restes humains est planchers stalagmitiques sont intercalés dans la série stratigraphique. sans doute l’oeuvre des charognards. Il n’est pas inutile de rappeler La partie inférieure des dépôts offre généralement une couleur que le fragment mandibulaire d’Homo, découvert en 1955 dans la rose. Elle représente le «niveau à hominidés» (niveaux 3 et 4). Elle Grotte des Littorines à Sidi Abderrahmane, était également associé est partout située sous les planchers stalagmitiques bien exprimés à un repaire de hyènes. (niveau 2). Elle repose sur des sables bioclastiques d’origine marine (niveau 5). Les observations géologiques de J.P. Texier établissent que Aucune datation directe de ce niveau à hominidés n’a encore le ruissellement est l’agent principal de mise en place de ces dépôts. été produite. L’étude lithostratigraphique et les données Les écoulements véhiculaient tantôt des particules détritiques, tantôt biostratigraphiques ainsi que les comparaisons numériques montrent des carbonates dissous. Ces caractéristiques peuvent être mises en clairement qu’il occupe une position identique à celle de la Grotte liaison avec un couvert végétal extérieur plus ou moins discontinu. des Rhinocéros de la carrière Oulad Hamida 1, c’est-à-dire entre 0.6 Ce processus dynamique (ruissellement) est fortement déstructurant à 0.7 millions d’années. vis à vis des assemblages archéologiques. Il est donc vraisemblable La grotte des Ours à carrière Sidi Abderrhmane-Cunette que la plupart des éléments associés à ces dépôts ne sont plus dans La carrière de Sidi Abderrahmane à Casablanca, site classique de leur situation initiale. la Préhistoire ancienne marocaine, se développe encore aujourd’hui La fouille de ce locus sur 65 m2 a livré un outillage lithique, constitué sur 2 km de long. Sa partie nord-ouest (la «cunette») est un secteur essentiellement de galets taillés, de galets à traces de percussion et classé depuis 1951. Dés 1941, Neuville et Ruhlmann effectuèrent des de quelques nucléi et bifaces, associé à une très riche micro-faune et fouilles dans le niveau «M» et mirent au jour une industrie lithique

48 49 associée à une faune dominée par l’hippopotame. L’étude récente Le long du flanc ouest de la carrière Sidi Abderrahmane-Cunette, montre qu’il s’agit d’un faciès d’Acheuléen moyen daté de 0,6 le site de Cap Chatelier est inscrit dans une partie de paléo- millions d’années. rivage en falaise devant lequel se sont accumulés des dépôts de La grotte des Ours, fouillée par P.Biberson et C.Arambourg, se plage puis de versant. L’industrie recueillie à travers les fouilles trouvait depuis les années 60 enfouie sous une décharge sauvage du anciennes (Biberson, 1961) et récentes (1978 et 1979) comporte des bidonville la surplombant. Après un nettoage qui évacua plus de 200 bifaces de dimensions et morphologies variées, parfois très minces, camions d’ordures, les fouilles réalisées en 1992 et 1995 ont permis un outillage sur éclat diversifié et de très rares des hachereaux. La d’exploiter une partie du témoin archéologique laissé par les anciens production d’éclats est assurée par la gestion de nucleus discoïdes fouilleurs. Le remplissage de la grotte est un dépôt marin qui remanié et levallois à éclat préférentiel (Debenath et al., 1984). Il s’agit d’un des dépôts de plage et les a repoussés, à plusieurs reprises, à l’intérieur Acheuléen supérieur dont l’âge est estimé à au moins 0,37 millions de la cavité. Le matériel archéologique présente des degrés d’usure d’années. Cette évaluation est en parfait accord avec le contexte et de patine différents. C’est un Acheuléen moyen rapporté au stade lithostratigraphique. isotopique 11 et daté de 0,4 millions ou plus (Mohib, 2001). Au-delà de l’extrémité sud-ouest de la grande carrière de Sidi La plage actuelle d’Anfa permet de ramasser le même type d’objets Abderrahmane, se trouvait la carrière de Sidi-Abderrahmane- et possède le même type de dépôts, mélange d’outillage remanié Extension. Ce site illustre une étape plus récente de la séquence et de galets naturels. La grotte des Ours, qui avait livré une série acheuléenne de Casablanca. Les fouilles qui y ont été entreprises en archéologique importante très importante, n’est donc pas très 1982 ont permis de recueillir un abondant matériel riche en bifaces intéressante du point de vue de l’organisation au sol des vestiges, souvent à biseau terminal (Debenath et al., 1984). On y observe une mais présente un intérêt au point de vue de la technologie lithique. utilisation importante de fragments de blocs et la reprise fréquente Elle montre l’utilisation de très gros nucleus discoïdes associée à d’objets à enlèvements multiples roulés. La production d’éclats se fait une production de pièces bifaciales complètes ou partielles, souvent principalement à partir de nucléus discoïdes et on note la rareté des symétriques et une absence de débitage prédéterminé de type levallois formes polyédriques. Le débitage prédéterminé est peu représenté, (op.cit). mais il va de pair avec l’existence d’un outillage diversifié sur éclats. Le site ayant été remblayé pour un lotissement durant l’hiver La fin de l’Acheuléen à Casablanca 1982, les fouilles n’ont pu être poursuivies. Cependant, les études Dans la partie nord de la carrière de Sidi Abderrahmane, aujourd’hui lithostratigraphiques ont montré que ses dépôts sont plus récents que détruite, fut découverte en 1955 la grotte des Littorines qui a ceux du niveau D2 de cap Chatelier et pourraient être datés entre livré des restes fragmentaires de l’homme de Sidi Abderrahmane 0,3 à 0,2 millions d’années (Lefevre et Raynal, 2002; Texier et al., (atlanthropus mauritanicus) associés à un outillage attribué à l’Acheuléen 2002). «évolué» (Biberson, 1956). D’après des comparaisons avec le site de Cap Chatelier, ce niveau pourrait être daté du stade isotopique 10, soit environ 0,35 à 0,4 millions d’années fixant ainsi le début de l’Acheuléen supérieur à Casablanca. 50 51 Biface de la grotte des Rhinocéros Hachereau découvert dans la grotte des Rhinocéros

Restes osseux de rhinocéros Vue générale de la grotte des Rhinocéros 52 53 Mehdi ZOUAK de conservation taphonomique ne permettent pas la préservation de Casablanca, Enseignant-Chercheur à l’Institut National des Sciences de l’Archéologie et du vestiges archéologiques à cette époque, ou tout simplement l’homme des origines Patrimoine n’est arrivé dans cette région qu’à partir de cette époque. L’aventure humaine dans la région de Casablanca est fortement Toutes ces hypothèses peuvent être vérifiées. Il ne serait pas surprenant méconnues liée à celle du Maroc voire celle de l’Afrique du Nord, en raison qu’un jour on découvre un hominidé agés de plus de 1 million de la concentration de gisements géologiques paléontologiques et d’année ou un site avec des témoins d’activités humaines antérieures anthropologiques dans cette grande métropole, capitale économiques à 1 million d’années si les recherches archéologiques s’intensifient et du Royaume du Maroc, et symbole de modernité. se généralisent sur tout le territoire du Royaume. Cependant Casablanca garde dans ses entrailles des sites La présence humaine en Afrique du Nord en général et à Casablanca archéologiques les plus anciens et les plus importants du Royaume en particulier a été attestée il y a environ 1 million d’année, grâce à aisément comparable aux fameux sites de l’Afrique de l’Est, berceau deux sites majeurs : Carrières Thomas (le fameux niveau L) avec une de l’Humanité. industrie lithique de l’acheuléen ancien et le site de Ain Hanech et à On peut distinguer les sites géologiques des carrières de Lissafa, qui El Mansourah (Algérie). témoignent du début du Quaternaire (environ 4 millions d’année), Ces Homo erectus, originaires d’Afrique de l’Est, sont venus et le fameux site paléontologique de la carrière de Ahl Loughlam s’installer dans cette partie du globe grâce à un climat chaud et célèbre par sa richesse en faune de plus de 2 millions d’années. Ce humide accompagné d’une pluviosité et d’un ruissellement intense site, l’un des plus importants gisements africains, est considéré comme caractéristique de l’Afrique du Nord à cette époque. le plus propice à l’étude de la faune Pliocène au Maghreb est celle Les restes humains les plus anciens, en Afrique du Nord datent d’Ahl l’Oughlam (ancienne Carrière Déprez). d’environ 800.000 ans ont été exhumés dans le site Algérien de Depuis le temps les plus reculés le Maroc a été une terre d’accueil Tighénif (Acheuléen ancien), avec d’importants outillages lithiques de pour les peuplements humain et animal d’origines biogéographiques type acheuléen et une faune très riche associés aux vestiges humains diverses, un vrai centre dévolution et de dispersion; «carrefour d’espèces». attribués à un Homo erectus connu sous le nom de « Atlanthrope », Cependant, on note l’absence de témoins d’activité humaine caractérisant l’Homme acheuléen de l’Afrique du Nord. antérieure à 1 million d’année, malgré les conditions favorables : Origine et évolution absence de barrière climatique au niveau du Sahara, et arrivée de faunes de savane africaine. On peut donc résumer l’aventure humaine en Afrique du Nord à une origine d’Afrique de l’Est et peut être aussi d’Afrique du Sud. Les D’après ces données, cette partie de l’Afrique ne fut peuplée qu’à civilisations de l’acheuléen ancien sont venues s’installer en Afrique partir d’un million d’année environ avec l’arrivée des Homo erectus du Nord, le site de Carrière Thomas en est Témoin avec son niveau de l’Afrique de l’Est. L’absence d’hominidés au Maroc dans une L, qui remonte à 1 million d’année, riche en industrie lithique et faune période antérieure à 1 million année peut être due à l’insuffisance attestant d’une activité humaine dans la région de Casablanca d’un de recherches systématiques dans la région. De même, les conditions Homo erectus, le premier des atlanthropiens en Afrique du Nord. 54 55 Où se situe l’Homme de Casablanca dans le panorama Vers 100.000 ans humain nord africain ? Cette date marque l’apparition de l’Homo sapiens archaïque avec le Les gisements préhistoriques de Casablanca, chantiers de fouilles site majeur de Ighoud. Pendant les derniers 100 000 ans, le climat depuis les années 40, et spécialement le site de Sidi Abderrahmane de l’Afrique du Nord a enregistré une forte augmentation de l’aridité (patrimoine national depuis 1951) ont contribué grâce à leur intérêt qui a conduit à l’extension des déserts du Sahara. Cette barrière a fait stratigraphique, anthropologique, chronologique et paléo-écologique, que L’Afrique du Nord a commencé a diriger son regard vers le Nord à la connaissance de l’origine, l’évolution et le devenir de l’Homme (le vieux continent) et les échanges ont commencé à s’intensifier entre en Afrique du Nord. les deux continents à travers le bassin méditerranéen et l’apparition Peuvent se schématiser comme suit : de l’Homo sapiens archaïque, puis l’homos sapiens anatomiquement Il y a environ 1 million d’années moderne qui s’est propagé plus tard en Europe comme une origine africaine possible de celui-ci. Fort probablement un Hominidé de type Homo erectus ancien existait dans la région de Casablanca (Carrière Thomas) avec un entourage En résumé on peut dire que les nouvelles données archéologiques naturel de choix et un climat très favorable pour son épanouissement confirment l’intérêt des gisements préhistoriques marocains en et son développement. général et ceux de Casablanca en particulier pour la connaissance Les premiers restes exhumés du site de Tighennif (Ternifine) en de l’origine, évolution et devenirs de l’Homme dans cette partie Algérie confirment la présence humaine en Afrique du Nord daté du globe et sa relation avec le vieux continent vers le Nord et le d’environ 800.000 ans. Cet Atlanthrope présentait des caractéristiques continent africain vers le sud avec qui les relations étaient toujours anatomiques particulières ; une face large et basse, une branche très fortes, chose qui est confirmé par le ressemblance de production montante très large, la présence d’un cingulum basale, des arcades industrielles aux époques préhistoriques spécialement avec le MSA dentaires paraboliques, Sud Africain (Midle Stone Age). Ces données nous confirment donc la rareté des échanges avec Vers 400.000 ans l’Europe au début du Quaternaire et une continuité biologique entre Les sites de Casablanca nous ont livré la plus parts des restes humains la moitié sud de l’Afrique et l’Afrique du Nord d’atlanthropes (Homo erectus de l’Afrique du Nord) connus en Afrique Cette continuité biologique en Afrique a influencé l’origine et l´évolution du Nord (Sidi Abderrahmane, Thomas, Oulad Hamida,…) avec un des peuplements humains dans cette zone. Donc les populations Corps mandibulaire très haut et robuste humaines d’origine Est Africaine seraient à l’origine de l’ancêtre de Brachyodontie, macrodontie,….. l’Homme moderne en Afrique du Nord et voir en Europe Vers 200.000 ans Conclusion Ou l’apparition de l’Homo erectus “évolué” illustré par les sites de Casablanca des origines ignorées la meseta atlantique (Rabat, Kébibat, Salé,…) caractérisée d’une Enfouis sous les fondations de la plus grande métropole du Royaume mandibule robuste, un menton fuyant, une arcade parabolique, un du Maroc métropole de nombreux sites préhistoriques où l’homme, trou mentonnier dédoublé, …… notre vieil ancêtre, vivait depuis des centaines de millénaires. Ces sites 56 57 ont été préservés grâce à des conditions géologiques particulières, ce qui nous nous a laissé des témoins d’une présence humaine très forte, grâce à leurs industries lithiques acheuléennes, des restes fauniques du début de l’ère quaternaire et des restes humains d’Homo erectus mondialement connus et reconnus de sites comme Sidi Abderrahmane, Carrièrre Thomas, Oulad Hamida, …. Ces sites, fouillés depuis les années 40, ont fournis de nombreux restes humains représentant plus de la moitié des trouvailles au niveau du Maroc, présentant un intérêt Stratigraphique, anthropologique, chronologique et Paléo-écologique, classée patrimoine national depuis 1951 (Sidi Abderrahmane) Une importance anthropologique particulière Il convient de rappeler ici l’importance considérable des sites de Casablanca pour la compréhension des peuplements humains de l’Afrique du Nord (4 sites à hominidés) et des diffusions technologiques vers l’Europe méridionale. Probablement l’Homme de Casa est à l’origine de la descendance humaine au Maroc voir au Maghreb. Continuité évolutive régionale Evolution en mosaïque qui s’est faite sur place (autochtone) allant des plus anciens homo erectus venus sûrement de l’Afrique orientale il y a plus d’un million d’années en passant par les Homo sapiens archaïques d’Irhoud, les homme anatomiquement moderne (Atériens), pour aboutir aux Homes moderne ibéromaurusiens, …

Mandibule d’Homo erectus découverte dans la carrière Thomas

58 59 Abdeljalil BOUZOUGGAR Le peuplement humain à Casablanca est donc très ancien, il est La valorisation des Enseignant-chercheur à l’Institut National des Sciences de l’Archéologie et du attesté par les nombreux sites d’une richesse exceptionnelle répartis sites préhistoriques Patrimoine sur plusieurs préfectures d’arrondissements de la Wilaya. Certains Aomar AKERRAZ font l’objet d’opérations de fouilles archéologiques conduites par de la région de Directeur-adjoint de l’Institut National des Sciences de l’Archéologie et du l’institut national des sciences de l’archéologie, en collaboration avec Patrimoine des institutions scientifiques internationales. Les principaux sites de Casablanca : la région de Casablanca se présentent comme suit : Les sites préhistoriques de Casablanca sont de renommée L’exemple du internationale. Ils constituent la base pour la compréhension des Ahl al Oughlam formations géologiques, de l’évolution humaine et faunique depuis Ce site date du Pliocène terminal soit environ 2,5 millions d’années, projet du parc le début du Quaternaire. A l’époque du protectorat français, il est parmi les plus riches sites africains de cette période. Il a livré les travaux de construction du port de Casablanca, ont permis archéologique de un ensemble d’environ 80 vertébrés. En revanche, il n’a encore livré l’ouverture et l’exploitation de plusieurs carrières. Ces opérations ont ni restes humains ni outils. La faune du site d’Ahl al Oughlam est Casablanca (PAC) mis fortuitement au jour de nombreux sites archéologiques. Certains caractérisée par : d’entre eux portent encore les noms de ces exploitations : carrière de Sidi Abderrahmane, carrière Deprez… Dans l’urgence, plusieurs ◗ la présence des restes osseux du plus ancien ours connu en Afrique opérations de fouilles et de récolte des outils lithiques et des restes ◗ la détermination de plusieurs nouvelles espèces de carnivores fauniques fossiles ont eu lieu. L’intérêt des sites préhistoriques de ◗ la présence de l’hipparion (ancêtre du cheval) cette ville, ont été à l’origine du classement d’une partie du site de ◗ l’identification de nouvelles espèces de rongeurs et d’insectivores Sidi Abderrahmane en 1951.

Après l’indépendance, le service de l’archéologie marocaine a Ahl al Oughlam (2,5 millions) entamé des recherches systématiques dans les sites préhistoriques Pliocène Pléistocène Pléistocène moyen Pléistocène de Casablanca, en collaboration avec des équipes françaises. Ainsi, des fouilles ont été réalisées dans la carrière de Sidi Abderrahmane

extension, au Cap Châtelier et à Sidi Al Khadir. Dès la création 1,9 millions 900 000 350 000 10 000 ans de l’institut national des sciences de l’archéologie et du patrimoine (INSAP), les recherches sont devenues plus régulières, plus extensives et avec l’implication de nombreux chercheurs marocains. Carrière Thomas Vieux d’au moins 1 millions d’années, les sites de Casablanca ont mis Ce site date d’au moins 1 million d’années. La carrière Thomas est le en évidence les plus anciennes traces humaines enregistrées sur tout plus ancien site préhistorique connu jusqu’à maintenant au Maroc. le territoire marocain. De même, 50% des restes humains d’Homo Il a livré un riche ensemble archéologique, correspondant à des outils erectus ou l’Homme droit, l’un de nos lointains ancêtres, découverts lithiques et des restes d’animaux fossiles. Ces derniers sont constitués dans toute l’Afrique du nord, provient des seuls sites de Casablanca. essentiellement d’hippopotames et d’éléphants. 60 61 Les fouilles dans les sites de la carrière Thomas, ont également mis Les sites de Sidi Abderrahmane au jour les restes humains les plus anciens du Maroc, du genre Homo Le complexe de Sidi Abderrahmane dont les dates sont comprises erectus datés au moins de 400 000 ans. entre 600 000 et 200 000 ans, ont offert à l’archéologie marocaine plusieurs sites dont une majorité a désormais irréversiblement Carrière Thomas (au moins 1 millions d’années) disparu. Seulement deux sites ont permis et permettent encore, de Pliocène Pléistocène Pléistocène moyen Pléistocène mieux connaître l’histoire des groupes préhistoriques à Casablanca. Il s’agit de la Grotte des Ours et du Cap Châtelier. Dans la localité appelée « grande exploitation », plusieurs outils lithiques sous forme 1,9 millions 900 000 350 000 10 000 ans de bifaces et d’outils sur galet y ont été trouvés. Une mandibule humaine fragmentaire, probablement d’un Homo erectus évolué, a été découverte dans la Grotte des Littorines. Grotte d’Oulad Hamida La grotte d’Oulad Hamida ou la grotte des Rhinocéros date d’au moins 400 000 ans. Les trouvailles archéologiques, correspondent à Grotte d’Oulad Hamida (600 000 - 200 000 ans) des outils lithiques sous forme de bifaces et d’outils sur galets. Quant Pliocène Pléistocène Pléistocène moyen Pléistocène à la faune, elle est principalement constituée des animaux fossiles suivants : 1,9 millions 900 000 350 000 10 000 ans ◗ une nouvelle espèce de canidés : Canis insapi ◗ le plus grand nombre de restes de Rhinocéros découverts dans un site africain La grotte des ours et le Cap Châtelier ◗ plusieurs nouvelles espèces de carnivores, d’herbivores et de rongeurs La Grotte des Ours : il s’agit du site le plus célèbre de Sidi Abderrahmane « cunette »; sa position et son panorama seront exploités au maximum lors de la réalisation du projet du parc Grotte d’Oulad Hamida (au moins 400 000 ans) archéologique de Casablanca. Il à livré un outillage lithique avec Pliocène Pléistocène Pléistocène moyen Pléistocène des bifaces et de gros éclats. La faune fossile est caractérisée par l’abondance des restes osseux des Ursidés. Le Cap Châtelier : ce site daterait de la phase finale du Quaternaire 1,9 millions 900 000 350 000 10 000 ans moyen. Il s’agit d’une formation géologique où ont été trouvés des bifaces très perfectionnés et des nuclei discoïdes. La faune fossile est constituée de gazelles (Gazella atlantica) et du sanglier (Sus scrofa ).

62 63 espace d’exposition des phénomènes géologiques et de succession des La grotte des Ours (environ 400 à 600 ka) Cap Câtelier (environ 200ka) cultures préhistoriques. Des locaux qui ne défigureront pas le paysage Pliocène Pléistocène Pléistocène moyen Pléistocène du site, seront construits pour abriter les équipes des chercheurs. L’emplacement du futur PAC dans une zone qui connaît une forte 1,9 millions 900 000 350 000 10 000 ans activité spirituelle et culturelle autour de la mosquée Hassan II, ainsi que touristique sur la corniche d’Aïn Diab et de loisirs au Parc Sindibad, lui assurera une grande affluence. Loin d’être un parc de L’urbanisation qui se développe à Casablanca, dénote loisirs, le PAC offrira une animation culturelle de qualité autour du de la croissance économique et démographique patrimoine archéologique et particulièrement préhistorique. de cette ville. Mais, lorsqu’elle n’est pas contrôlée elle constitue une menace certaine sur les sites archéologiques. Déjà à l’époque du protectorat, Objectifs du projet l’exploitation de la carrière de Sidi Abderrahmane a du Parc Archéologique de Casablanca causé la destruction de nombreux sites. Récemment, les habitations non structurées de type bidonvilles autour de ce même site, le dégradent par le déversement des eaux usées et des déchets ménagers. Dans la région Tourisme Sauvegarde du de Médiouna, les décharges sauvages ont enterré le culturel patrimoine site paléontologique de Lissasfa daté d’environ 5 millions d’années. Le site d’Ahl Al Oughlam (ancienne carrière Deprez) daté d’environ Recherche 2,5 millions d’années, se trouve à proximité d’un dépôt de produits scientifique industriels abandonnés. Le patrimoine préhistorique de Casablanca est très important, mais il est en même temps très fragile. C’est aux Le Parc archéologique de Casablanca, sera sous forme d’un pouvoirs publics, aux associations, aux mécènes, à la population complexe qui s’édifiera sur une superficie de 12 hectares environ. locale qu’il incombe de le protéger et de le mettre en valeur. L’emplacement choisi est un haut lieu de la Préhistoire marocaine : La construction de la Mosquée Hassan II a déclenché de grands le complexe de Sidi Abderrahmane. Celui-ci a été classé en 1951 travaux de restructuration urbaine. Afin d’accompagner cette suite à l’arrêté viziriel du 5 Chaâbane 1370 H./ le 12 mai 195 (B. dynamique, le ministère de la culture envisage la création d’un parc O. n°2015 du 6 juin 1951, page 913). L’ensemble du complexe de archéologique à Casablanca (PAC), dans une partie de la carrière de Sidi Abderrahmane est en cours de classement par le ministère de la Sidi Abderrahmane. Le projet du Parc Archéologique de Casablanca culture. a pour ambition de mettre en évidence le patrimoine millénaire de Les salles d’exposition mettront en évidence les différentes cultures la ville. Le projet concerne la construction d’un musée de site dans préhistoriques (Acheuléen, Moustérien, Atérien, Ibéromaurusien et la grotte des Ours, les grandes coupes géologiques serviront d’un Néolithique), avec des collections issues en grande partie des fouilles 64 65 préhistoriques, occupera une place importance dans les expositions du PAC. Pour ce faire, on procédera à l’élaboration de leurs types d’habitats (en plein air, huttes, abris, grottes..). Chaque milieu sera reconstitué avec toutes les activités quotidiennes des préhistoriques y compris des scènes de chasse, de pêche, de cueillette et de la fabrication des outils. Les sites préhistoriques de Casablanca et sa région n’ont pas révélé la totalité de leurs richesses archéologiques, c’est pourquoi les recherches se poursuivent. Les programmes scientifiques déjà en cours et qui sont conduits par l’institut national des sciences de l’archéologie et du patrimoine (INSAP) en collaboration avec des équipes françaises, doivent être renforcés et bénéficiés de locaux dignes de l’importance du patrimoine archéologique de la région de Casablanca. Ils se localiseront vers la zone Sud de la cunette de Sidi Abderrahmane. Cet essai de valorisation et sauvegarde du patrimoine archéologique, constituera le succès de la politique culturelle et touristique dans la ville de Casablanca. De ce fait, il est nécessaire que le ministère de la culture, chef du projet, soit épaulé par les pouvoirs locaux ainsi que les groupes financiers et industriels. Cet effort collectif peut faire aboutir ce projet qui a des retombées socio-économiques évidentes. Projet du Parc Archéologique de Casablanca Le déplacement et le relogement des habitants du bidonville autour du site, sera vraisemblablement la première étape pour la réalisation du PAC. archéologiques à Casablanca. Le circuit sera ouvert sur le creux de la « cunette », par le biais de porches comportant localement des On a longtemps considéré la ville de Casablanca comme l’émanation cascades et des jeux de végétations. Il se terminera par une vue du protectorat. Ces sites archéologiques et le projet du PAC vont à panoramique sur les reconstitutions végétales, fauniques et du mode l’encontre de cette idée et prouvent que ces racines ont au moins 1 de vie des populations préhistoriques. million d’années. La faune Préhistorique de Casablanca présente à la fois des spécimens disparus et d’autres connus actuellement au Maroc, en Afrique et même en Eurasie. Dans le Parc, en fonction de chaque milieu et à l’aide de matières synthétiques, un échantillon de faune actuelle et fossile sera reconstitué. La reconstitution du mode de vie des groupes 66 67 Le site de Cap Châtelier à Sidi Abderrahmane

Grotte des Ours

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