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Histoire et Fantaisie ne sont pas synonymes

une fantaisie historique ou une véritable reconsti¬ aujourd'hui est à la mode. tution. La question est d'importance. Nombre AINSI qu'à l'époqued'écrivainsromantique,abandonnentl'Histoire,leur Le cinéma agit sur un énorme public, l'instruit genre favori pour composer des « vies et l'éduque à son insu. Sï un film dit historique est romancées » de personnages historiques. Le théâtre une reconstitution exacte, il donnera aux specta¬ a suivi ce mouvement de retour vers le passé. teurs d'utiles connaissances. Sinon, il faussera L'Atelier a connu des soirées triomphales avec toutes celles qu'ils possédaient déjà... à moins qu'ils Richard III, la Comédie-Française joue depuis plu¬ ne soient prévenus qu'ils se trouvent en présence sieurs mois Coriolan, et, chose presque incroyable ! d'une pure fantaisie cinématographique : quelque fait maintenant de bonnes affaires. L'authentique chose de semblable aux romans de cape et d'épée et tragique Affaire Pranzini à connu un regain d'in¬ de Michel Zévaco. térêt sous les feux de la rampe, etc..., etc... C'est là que nous voulions en venir : la délimi¬ Le cinéma n'est pas resté en dehors de ce mou¬ tation exacte des genres. vement. Elle existe en littérature : un livre d'Albert Sorel, Successivement, nous avons vu à l'écran Les d'Aulard ou de Mathiez est présenté comme une Trois Mousquetaires, Casanova, La vie privée étude historique, tandis que telle ou telle « vie d'Henri VIII, L'Agonie des Aigles, Volga en romancée » d'un personnage historique est classée flammes, La reine Christine (de Suède)... Et on par les éditeurs dans les ouvrages romanesques. nous annonce La Valse de l'adieu (film sur Cho¬ Pourquoi ce qui existe en littérature ne pourrait- pin), Mozart, Cartouche, Robert Macaire... il pas être appliqué au cinéma ? Voilà de quoi combler les amateurs de films Il n'y a aucun déshonneur à composer une œuvre historiques ! Mais que vaudront ces films au point romanesque inspirée de faits historiques. C'est le de vue historique ? droit de tout écrivain, de tout auteur de films. Au cinéma, surtout à Hollywood, on a trop sou¬ Mais c'est, semble-t-il, une supercherie de vouloir vent tendance à confondre Histoire avec Fantaisie. faire passer un film pour ce qu'il n'est pas. Souvenez-vous de la façon assez Un Un curieux ensemble de Wonder Bar. étrange dont la peu de franchise et moins de tam-tam ne cour de France à l'époque de Louis XIII était nuiraient pas au cinéma. dépeinte dans Les Mousquetaires du Roi dont nos Louis SAUREL. paysans étaient évoqués dans La grande parade, dont le prince Youssoupof, meurtrier de Raspoutine, Greta GARBO dans sa création très fantaisiste était figuré dans Raspoutine et sa cour ?... de La reine Christine. Histoire et Fantaisie ne sont La vie à pas synonymes. Hollywood. Ces erreurs ne proviennent pas toujours des ser¬ Par Louis SAUREL. Par Betty GRAY. vices de documentation attachés aux firmes, mais Plus fort La drogue à l'écran. que le nu ! bien des directeurs mêmes de ces firmes. La plupart Par Par Jacques DARMANE. Jacques FELINES. de ceux-ci n'ont pas encore compris que le cinéma Barbara ou le Indiscrétions. marivaudage californien. est un art. Ils ne voient en lui qu'une attraction Par Maurice DEKOBRA. pour le public populaire, très proche des spectacles * A la recherche de jolies filles. -J' Est-il vrai que le public ne prend plaisir qu'aux Reportage-enquête de Jean-Charles REYNAUD. qu'organisait Barnum autrefois. films Ce rigolos? qu'il faut au public yankee — qui constitue * Christiane Delyne l'optimiste. Par Edmond EPARDAUD. leur principal débouché — c'est, pensent ces Par R.-C.-A. GRUN. . .— Critiques. businessmen, du pittoresque, du mouvement, des ! On tourne Par Marcel Silence ! LAPIERRE, Pierre AUTRE, Céo BOSCH- effets toujours nouveaux de mise en scène. Par Odile CAMBIER. STEIN, et j.-B. ETIENNE G. d'HERVILLIEZ. Qu'importe donc que la couleur locale soit fausse La reine Christine. « Parlez-moi d'amour » sur l'écran. pourvu que ce pittoresque de music-hall frappe le Par Robert DERAIMES. Par Jacques DERISTEL. spectateur ! Casanova. Comment j'ai débuté dans le Aussi, soit par ignorance, soit délibérément, par dubbing. Par Henri LANNES. Par BOISYVON. souci de pittoresque à tout prix, nombre de réali¬ Marcelle Chantai. sateurs américains La produisent des films pseudo¬ grande pitié des figurants. Par Gisèle de BIEZVILLE. Par Céo BOSCH-STEIN. historiques. A l'Ouest rien de nouveau, Notre-Dame Les Disques. de Paris, Intolérance et Le Patriote sont d'heureuses L.e nouveau film allemand. Par Madeleine ORTA. et rares exceptions, des reconstitutions qui méri¬ Par Jean LENAUER. Le vrai visage de la légion. tent bien ce nom. Le Cinéma Par Pierre GENEL. à Londres. Il y aurait lieu, en effet, dans un intérêt général, Par WHITEMAN. Boîte aux Lettres. de préciser sur les affiches de cinéma si un film est mais fameuse. Une fois, la star voulut se passer des bons offices du maître. Tant pis pour elle, il l'abandonna et le der¬ nier film où elle parut, sous la direction d'un autre réalisateur, fut terriblement critiqué. Elle essaya de se passer de son poison... Rien n'y fit et comme le chien de l'Ecriture « retourne à son vomissement », la vamp tourne actuellement avec son pourvoyeur habituel...!

Un metteur en scène courageux, filma, un jour une vie de gangster. Scarface est une biographie rotnancée de la vie 3'Al Capone mélangée à certains épisodes de Jack Diamond. Le succès fut d'autant plus grand aux Etats-Unis que le roi du crime de Chicago venait d'être mis sous les verrous. Essayera-t-on de filmer le trafic des drogues ?

J'en doute, car les trafiquants n'aiment pas que l'on vienne mettre le nez dans leurs affaires. ENTES mais sûres les drogues intoxiquent les pauvres Alors, on se tourne vers la poudre blanche, la « neige », la — Pourtant, pas projeté détraqués qui ne peuvent se passer de leur poison coco... Plus tard ce sera l'héroïne... n'a-t-on Stupéfiants ? quotidien. Opium... Morphine... Cocaïne... Héroïne et D'accord. Plus tard ce sera le cabanon ou la tombe... autres succédanés ternissent petit à petit le teint, puis rongent les cartilages et les os, puis un soir, on s'endort Mais était-ce une étude exacte ? Combien en ai-je rencontré de ces lamentables êtres aux pour toujours... Fini... La camarde vient de saisir entre ses yeux brillants qui sont toujours prêts à n'importe quelle bas¬ Même pas une belle histoire du genre de Scarface. Et le bras décharnés une Moque qui fut un homme ou même une sesse pour une pincée de coco... scénario à tirer de ce sujet est vaste et mouvementé. femme... plutôt Il existe des lois qui en réglementent la vente (uniquement Les vedettes de ce film sont faciles à découvrir ; il y en a Sons volonté, on veut oublier les réalités odieuses de la vie, autorisée dans des buts médicaux), mais on s'est organisé d'authentiques, et il est toujours aisé, au montage, de prendre on se laisse traîner dans une fumerie, où, sur des nattes incon¬ autrement, et pour beaucoup, les lois sont de belles filles qu'on quelques mètres des actualités mondiales, on y trouvera tou¬ fortables et mieux encore sur des lits de bois, des gens gisent ne soumet qu'en les violant. jours, dans les personnages officiels de la politique ou du et rêvent tout haut, pendant que le grésillement de la boulette monde des gens dont les noms réunis, formeront une affiche d'opium crachotte dans l'air lourd. Le groom d'un établissement de Montmartre, gosse vicieux de « super-grandeur »... et inquiet, qu'une croissance trop rapide a travesti en homme, On Seulement... essaye... sait fort bien où trouver de la drogue, il en vend à ses clients habituels ; et la préposée oux lavabos de la boite voisine en Il y a un Pouah, que c'est âcre !... seulement. Les marchands de drogues hausseront reçoit également une provision qu'elle tient d'un demi-gros¬ les épaules à l'annonce d'un reportage filmé sur leur trafic ; siste. — Ce n'est que cela la drogue !... puis ils interviendront... Et les intoxiqués qui forment une sorte de franc-maçonnerie, dont les ramifications s'étendent A l'heure — actuelle, Paris en contient plus qu'Hambourg, ce Fume donc une autre pipe, la première est toujours très loin, seront de bons agents d'information et avertiront qui pas peu car ce port que sont aussi mauvaise que la première cigarette... n'est dire, c'est de allemand leur marchand habituel du danger probable, par crainte d'être partis les plus gros envois pour les Etats-Unis. Des charge¬ privés de leur ration quotidienne. L'alerte sera donnée ; on ments d'une tonne Le boy saisit dans la boite une petite pillule noire avec une que l'on camouflait habilement dans une vérifiera ces renseignements ; si par malheur ils sont trop mettons pommes ou longue aiguille... La flamme de la lampe s'avive un instant... cargaison de... de terre tout autre produit exacts... Tant pis pour celui qui les détiendra et voudra les La deuxième pipe est goulûment aspirée... Une troisième... On agricole ou alimentaire ont franchi la « mare aux harengs ». rendre publics...! est pris... On fume... On a fumé, on fumera encore... A moins Le monde consomme de la drogue dans des proportions Tant que monde sera aux mains et que l'opium ne suffise plus... le des mouchards des effarantes. A Paris on en vend et on en prend ; à Marseille, à repris de justice les drogues seront un sujet sacro-saint auquel Barcelone, aux Baléares où on en fabrique même, en Egypte, il est prudent de ne pas toucher ! partout on s'intoxique. Mais les plus gros clients sont restés en On ne Amérique du Nord. peut empêcher de sovoir la vérité, mais il est facile d'en interdire la publication. Pour corser un cocktail, au temps de la prohibition, il n'était La diffusion des moyens de transport de la coco est faite pas rare d'y adjoindre une pincée de coco ; tant pis si le par les journaux, chaque fois que l'on arrive à pincer une consommateur, cocaïnomane invétéré en mourait pour avoir grosse affaire. Une fois le truc grillé, on en trouve un autre, Photo Piaz. pris une dose trop forte !... Prendre ça ou du vitriol adouci mais une étude vraie sur les trafiquants est extrêmement diffi¬ dans un sirop de peu aux patrons de grenadine, importait cile et même dangereuse pour ceux qui veulent savoir. Jusqu'où peut conduire l'usage de la drogue ! certains « speakeasies » !... Si quelque millionnaire névrosé veut se détraquer la santé de coco, mais c'est de Stamboul que vient le danger. Il y Et puis il y avait d'autres clients à servir : les hivernants de avec des drogues, cela le regarde, ne manquerez-vous pas de existe actuellement trois usines de narcotiques qui, d'après Floride ou de Californie... et puis aussi quelques intoxiqués m'objecter. La cocaïne et autres stupéfiants coûtent lés yeux les statistiques officielles, fabriquent une moyenne de 1.000 d'Hollywood... de la tête... kilogs par mois, alors que le besoin mondial n'est que de 350 kilogs environ. il La drogue a pénétré partout, sournoisement elle s'est Soit, mais y o des poisons de ce genre moins chers qui : » et « La Société des Nations s'occupe activement, dit-on, de la infiltrée dans les milieux les plus différents. A l'ombre de la tuent tout aussi bien le « kif le haschich » qui intoxi¬ répression du trafic des stupéfiants. lumière crue des sunlights de la capitale du film, la poudre ne quent chaque année des millions d'individus. Plus spécialement en au et en ce pays devait pas tarder à s'insinuer. Algérie, Maroc Egypte où, dans dernier Ne pourrait-on pas l'aider par' une propagande cinémato¬ 500.000 personnes furent victimes du « haschich ». Et graphique ? L'écran est une arme excellente quand on sait Pour corser les sensationnelles « parties » de certaines c'étaient tous des « fellahs », des gens du peuple... s'en servir. actrices, ne craignant pas d'user d'une publicité scandaleuse, La lutte a commencé et grâce à Russel-Pacha, le préfet de Un documentaire sur ce sujet dangereux ne manquerait pas un de ces innombrables pique-assiettes, comme on en voit police du Caire, le nombre des trafiquants diminue de la terre d'obtenir un succès considérable et nous changerait des toujours dans le sillage des stars, propageait la drogue dans des Pharaons... Ils se sont réfugiés à Constantinople, certains inepties auxquelles certaines firmes nous ont habitués. ce milieu déjà frelaté et gâté par l'admiration imbécile de la à Darmstadt, en Allemagne, d'autres en Suisse, comme le foule. Le metteur en scène de cran... docteur Hefti, actuellement en prison. Enfin une grosse partie Mais il n'en manque pas en a trouvée asile à Paris, son France et ailleurs. Ce serait un Telle reine de l'écran, au regard pervers, en où ils remercient la France de langoureux et bon film et une œuvre utile. goutta un soir de cafard. Depuis, elle est devenue esclave de hospitalité en empoisonnant le monde. son vice et son metteur en scène le sait d'autant mieux qu'il Paris est aujourd'hui un des plus gros marchés d'exportation Jacques DARMANE. lui en procure. C'est l'explication de cette collaboration désor¬ ■ INDISCRÉTIONS ■ A LA RECHERCHE

Un remède bien timpie. L'on pourrait aussi concevoir un tel film tourné à l'envers DE JOLIES FILLES et le résultat serait encore Tout est trop cher dons le cinémo, lo pellicule, le tiroge, beaucoup plus extraordinaire ! le studio, les artistes, les opérateurs, le prix des places dans les Quel est celui de nos lecteurs qui pourra nous donner des établissements. renseignements sur le film évolutionniste, si l'on peut ainsi (i) se dessine s'exprimer, qui avait pour sujet M. Jules-Edouard Blême ? Grand Un fort mouvement actuellement pour ramener reportage enquête le prix des fauteuils à ce qu'il était avant la dernière augmen¬ ♦ tation laquelle remonte à plusieurs années. Ce serait une Mariages, divorces... diminution d'environ 25 0/0 qui serait fort bien accueillie Les stars de Hollywood paraissent opprécier tout autant le 2. — AVEC LES VENDEUSES par le public. mariage que le divorce. Eprouvent-elles le besoin de légitimer Et qui sait, l'exemple, venant des directeurs, serait peut-être leurs amours, ou bien obéissent-elles à la -préoccupation, plus DES GRANDS MAGASINS suivi par les fabricants de pellicule, les propriétaires des studios, matérielle, de s'assurer une confortable retraite pour le jour les artistes, etc. Tout se tient : les films coûtant moins cher où Hollywood fera preuve à leur égard de moins de générosité ? pourraient être loués meilleur marché aux directeurs qui ainsi Toujours est-il que lo fameuse Pola Negri, qui fit tant et si Tout pourraient diminuer à coup sûr le prix de leurs places. léger, tout souriant, tout égayé de prin¬ souvent parler de ses démélés sentimentaux, si l'on peut ainsi Mais sans doute est-ce trop simple ! temps, ainsi m'apparaît Paris en ce premier jour dire, va de nouveau convoler en justes noces. Mais cette fois-ci de mon il ne reportage féminin. Partir à la recherche de ♦ s'ogit plus de prince... si ce n'est d'un prince de la finance. Le secret de la réussite. jolies filles sous ce triple signe d'optimisme, voilà La belle vedette va, en effet, épouser le fameux Mac un sort bien enviable, n'est-il pas vrai ? et de quoi J'ai vu un directeur intelligent. Pendant l'entr'acte il allait Cormick qui, lui non plus, n'en est pas à sa première union de vous rassurer pleinement sur l'issue d'une telle groupe en groupe, demandait l'impression des clients, discu¬ légitime. L'on se souvient que ce milliardaire avait épousé une tait au besoin avec eux des mérites du film — une bonne cantatrice, Canna Walstia qui, aux seules fins d'obtenir des entreprise. Je bénis doublement Pat Burke, cet comédie — qui figurait en première partie. rôles, n'avait trouvé d'autre moyen que d'acheter, non Américain au nationalisme aveugle qui, pariant A l'issue du spectacle se tenait le seuil sa il sur de maison, seulement des théâtres, mais encore les immeubles qui les avec moi que je ne pourrais pas trouver en France s'informait encore de la réaction opérée par le grand film, contenaient ! programme des femmes aussi belles ses annonçait aux habitués le de la semaine suivante. Pola Negri tout au moins ne sera pas obligée de commanditer que compatriotes, m'a Résultat : les recettes de ce directeur et actif une me intelligent se les films qu'elle interprétera et ce sera toujours une économie voué à douce tâche et devra verser l'appré¬ sont maintenues au taux de l'an dernier malgré une aggra¬ pour M. Moc Cormick ! ciable montant de notre enjeu. vation considérable de lo crise, alors que celles du concurrent moins avisé baissaient de 50 0/0. ♦ Aujourd'hui, autour de soi, toutes les femmes Ces Messieurs de la Santé. sont jolies. Cet avis est mien et Pierre Roull, le Concurrente n° 1 ♦ On sait qu'on a longtemps hésité à sortir ce film qui est photographe agréablement commis à ce reportage, Charles Boyer... Hayakawa. devenu par suite de l'affaire Stavisky d'une actualité brûlante. le partage à grand renfort de gestes évocateurs. grouillante de jeunesses qui se hâtent vers des Il faut être franc. Charles Boyer qui est un très grand On a coupé certaines scènes et l'on en a refait d'autres pour — ces jambes restaurants accessibles à leur bourse, toute peuplée artiste ne fit pas la création géniale que l'on a dit dans La satisfaire aux exigences de la censure. Regarde-moi ! — de Bataille. Paralysé par un maquillage trop épais il ne put Mais la raison importante dans ce retard de lo sortie du film Et cette poitrine ! sourires, de joyeux cris de libération, d'envols donner d'autre expression l'impassibilité. est une coïncidence assez bizarre. — de que celle de Et sa On pourrait peut-être un peu s'occuper du jupe, toute remuante de jolies jambes agiles, de mort dans la scène du combat naval ne nous donna pas un Quand on tournait le film, l'escroc du film s'oppelait Jules petits pieds turbulents. seul instant le frisson du pathétique. de son prénom. Or, porte en réalité ce prénom et trouva visage... aussi. — Nous arrivons rue de Provence juste au moment Souvenons-nous de la même scène jouée par Sessue Haya¬ ce hasard pas du tout de son goût. Il fut donc convenu de Oh ! dis donc et ce...! réfectoire kawa dans La Bataille réalisée en muet. Ça, c'était du drame ! changer le prénom du personnage. Après une longue confé¬ Un camion bienséant absorbe dans son tonnerre où le d'un magasin fameux déverse un rence — car tout au cinéma exige des conférences — flot de sérieuses le mot issu d'un enthousiasme sans vergogne. vendeuses pépiantes. Roull braque son appa¬ ♦ on décida de l'appeler Alexandre. reil et nous sommes aussitôt entourés. Y Mais il faudrait avez-vous songé ? Depuis, l'affaire a éclaté et vous pouvez imaginez qu'on s'organiser, établir un plan de — C'est pour le cinéma, monsieur ? La Symphonie Inachevée est un très joli film dont la puis¬ n'osait pas sortir le film, avant que ce nom fatidique ait été campagne (j'allais écrire de « compagne »). J'ai éliminé de la bande. — C'est, en tout cas, sance de séduction sur le public est souveraine. décidé aujourd'hui de commencer mes investiga¬ pour la revue « Cinéma », Mais avez-vous songé à ce qui serait arrivé si un scénariste ♦ tions parmi les vendeuses des grands magasins. Mademoiselle... français avait porté le même scénario à un éditeur français ? — Oh ! oui, La cigale ayant chanté tout l'été... que je sais, s'écrie une voix, vous faites Nous frémissons rien que d'y penser. On l'eût traité d'innocent. Pourquoi ? Parce les grands magasins m'ont Mona un Ne parlons pas du scénario de Back Street. On eût traité son Goya n'a plus d'automobile ou du moins criait-elle toujours semblé fortement représentatifs du Paris reportage : « A la recherche de jolies filles ». encore famine, ces derniers temps. se resserre aussitôt auteur de fou ! féminin, parce que lorsque j'étais un garçonnet et Le cercle attentif, curieux, Et cependant Nancy se souvient encore de l'éblouissante et ♦ que ma au cours ses fébrile, plein de convoitise. rousse artiste qui, chaque semaine, en splendide torpédo arrivait j'accompagnais mère de lon¬ Une idée originale ! — vous pour flirter avec le jeune L..., fils d'un très gros commerçant gues évolutions parmi les rayons chers à sa fantaisie, Dites, M'sieu, pourriez pas me choisir, C'était vraiment une idée originale que celle de ce film nancéen... j'emportais, dans ma petite cervelle, des visions de moi... J'suis p't'être pas trop moche de visage et documentaire qui devait représenter dans la rapidité synthé¬ Que diable ! où donc est passée la torpédo et pourquoi faut-il « belles dames » affables derrière des amoncelle¬ puis il paraît que j'ai de jolies jambes. tique de quelques mètres de film, l'existence d'un homme que dans certains petits cafés de Montmartre, un de ses jgunes ments d'étoffes — sans depuis sa naissance jusqu'à sa mort. Ce film a été commencé. amis s'en aille à la recherche d'une « occase » pour Mona... chatoyantes ou dans des atmos¬ Non, mais, blague, tu te prends pas Qui pourra nous dire ce qu'il est devenu ? phères embaumées de flacons de parfum et de pour Joan « Craveford » ? En effet, il ♦ y a quelques trente-cinq ans, la mise au monde savonnettes ; parce qu'au lycée le camarade qui me Et les rires d'éclater en gerbes. d'un bébé a été prise sous l'objectif et tous les mois le jeune Faut-il maigrir pour être belle ? — Et moi, M'sieu !... Et moi !... Et !... enfant fut recinématographié... Ce fut d'abord le jeune être Hélène Perdrières craindrait-elle vraiment de ne plus plaire paraissait le mieux instruit des choses de l'amour moi vagissant, puis le garçonnet, l'éphèbe, l'adulte... A intervalles à ses admirateurs ou d'en arriver à posséder un jour les affichait une liaison avec une vendeuse de grand — C'est dommage qu'on ait si peu de temps, charmes « somptueux Mae West réguliers, M. Jules-Edouard Blême — héros de ce documen¬ » de ? magasin. déplore une blonde qui, avec la mise au point d'un taire — était convoqué dans le studio. Il devait prendre On dit qu'elle fréquente fort une clinique du dix-septième Il est midi et nous suivons la Chaussée-d'Antin. bon opérateur, « devant l'appareil la dernière attitude du mois précédent et où elle se livre consciencieusement, sous la direction avisée semblerait échappée du film Pro¬ A cette foire quelques mouvements faisant valoir sa plastique. d'un docteur très moderne, aux « merveilles de lo sudation heure, l'étroite et célèbre voie est toute logues »... Mais, vous comprenez, il y a quatre Il est évident que si l'on imagine un tel film tourné à scientifique ». « tables » qui fonctionnent entre 9 h. 30 et 1 h. 30 on Et tout cela pour maigrir de quelques grammes par semaine... l'accéléré, doit obtenir un résultat prodigieux, puisque l'on et il ne faut pas trop lanterner si l'on ne veut verra un être humoin grandir et évoluer en quelques secondes... Vrai, vous êtes, pourtant fort bien ainsi, Perdrières !... ( 1 ) Voir notre numéro d'Avril. pas arriver en retard... marine foncé, les chaussures noires, le col blanc ne que dix centimes de supplément... Ça n'est pas si devant pas dépasser dix à quinze centimètres de mal, n'est-ce pas, M'sieu ? largeur... Les tissus brillants, les velours, les cols Parce qu'elle avait des rêves mesurés, parce de couleur, les coiffures attirant l'attention, les qu'elle possédait de justes notions des réalités décolletés un peu marqués nous sont défendus... actuelles, parce qu'elle savait déjà trouver du bon¬ En cas d'accroche-cœur et de heur dans sa rouge aux lèvres trop vie, parce qu'elle ne risquait pas de prononcé, l'inspecteur nous envoie au lavabo se décider la pour à légère si le hasard, un jour, se pré¬ rectifier notre présentation... Notre vie consiste à sentait à elle sous une forme séduisante, j'ai inscrit accomplir, d'abord, deux jours d'école avant de la blonde radieuse en tête de mon élection féminine devenir vendeuse... Nous apprenons comment on et je me suis imposé d'oublier les deux autres. Le vend, on fait un comment paquet, comment on lendemain, toujours en compagnie du fidèle Roull, se sert du carnet d'achat, comment on fait un j'ai recommencé mon travail de prospection char¬ o notage », un « rendu »... un rendu, cette invention mante et je crois avoir été heureusement et raison¬ des grands magasins qui les admettent avec tant nablement inspiré. de facilité que nos « gueltes » s'en ressentent ter¬ J'estime que ma mission ne consiste pas seule¬ riblement... Et tout notre avenir est représenté par ment à partir à la recherche de jolies filles de chez ces trois_ échelons : de vendeuse, on devient nous mais aussi à désigner des femmes et des jeunes deuxième seconde, filles l'idéal puis première seconde, puis dont n'offre point de prise aux pro¬ chef de rayon... tout... bables meurtrissures C'est de l'incertaine époque que nous vivons. La vendeuse aux yeux gris-vert m'a dit, l'œil non REYNAUD. moins mélancolique, le sourire dérisoire : Jean-Charles Concurrente 2 n" 3 n° n° Concurrente Concurrente 4 — — P. S. mes et lecteurs j'ajoute que, de neuf heures du matin à sept Je rappelle à lectrices qu'ils doivent choisir trois lauréates et nous les heures moins un quart du soir, nous vivons dans Je prends quelques rendez-vous pour le soir, à danseurs, des courants convulsés. C'est Roull qui indiquer par lettre la séduisante compagnie des « poteaux » choisis dans parmi les cinq candidates dont l'apéritif, afin de ne point détourner ces jeunes use de son magnésium. La curiosité nous enserre nous publions la la manutention pour distribuer les numéros aux photographie. filles de leur travail. Mais voici qu'un agent sur¬ comme des doigts d'étrangleur. Vite, fuyons cette clientes, du « Père ia Ficelle », inspecteur chargé vient, attiré par notre rassemblement. Il a, du atmosphère apoplectique ! de surveiller comment les^vendeuses font un paquet moins, le bon goût de parler comme tout le monde, Le soir, l'apéritif réunit autour de moi trois jolies et qui touche 0 fr. 25 par rapport, des inspectrices sans une once de cet accent auvergnat-gendar- filles. Je crois que j'ai été vraiment bien inspiré et des vendeuses qui contrôlent notre honnêteté, des Dans notre prochain numéro, suite de notre mesque que les auteurs de revue imputent aux que le nationalisme de Pat Burke éprouverait quel¬ inspectrices commerciales chargées d'apprécier la reportage-enquête : A la recherche de filles. gens de sa corporation. jolies que confusion si le cinéaste yankee se trouvait surveillance des clientes et qui peuvent faire des Tout PARMI'LES d'abord, mes explications lui semblent parmi nous. La première est une blonde radieuse rapports sur nous, rapports qui sont également DACTYLOS aux suspectes. un yeux classiquement bleus, certes, mais si avec les A la recherche de jolies filles ? Mais payés, venant des unes ou des autres, l'importante portraits des Dactylos choisies par notre coup d'œil jeté sur mon premier article le rassure. rayonnante de claire jeunesse qu'avec elle la bana¬ somme de 0 fr. 25... Alors, vous vous imaginez leur collaborateur. Il lité n'est va, même, jusqu'à sourire complaisamment et à plus qu'un mot. La seconde est spécifi¬ zèle... Tel est le destin reluisant des 10.000 ven¬ nous traiter de « sacré veinards ! » quement brune, la peau chaude, mate et quelque deuses ou Que dis-je ? vendeurs que nous sommes dans notre Photos Piaz Concurrente n° 5 O toute puissance féminine ! Il poussa la cordialité peu duvetée, l'œil sombre, la bouche pourpre, boîte... jusqu'à nous octroyer quelques conseils : humide et surmontée d'une ombre très légère : un La lumineuse blonde a fait éclater la note fruit savoureux. La troisième de son — manque de beauté Il y pas rire au a, loin d'ici, deux petits bars qui milieu de ces propos moroses : linéaire, mais de grands yeux gris-vert mettent font dancing à l'heure des repas... Vous y trouverez sur ses traits une curieuse et attirante radiation. Et — Non, ce des tas de vendeuses... Elles prennent sur le temps qu'elles sont « bêcheuses » ces deux- de beaux seins, à toutes trois, tourmentent géné¬ là !... de leur déjeûner pour gambiller... Evidemment, ce n'est pas toujours merveil¬ reusement le leux... Il corsage. Et l'on devine, sous l'étoffe y a les moments où l'on est « de Il nous donna adresses en caressant une mous¬ propo¬ les sition légère, des corps de noble équilibre. », c'est-à-dire où, par punition, on est tache malicieuse et, après des arrêts pré¬ prospecteurs, posée aux ventes bon Il Elles entonnent, presqu'à la fois, un hymne à marché... y a les « rats » Chaussée-d'Antin, dans un restaurant qui, la pour des ou acheteuses retardataires... Il gloire du cinéma qu'elles aiment, qu'elles admirent y a celles qui « font prix modiques, débite à la fois musique et ragoûts, suivre le et où elles voudraient faire traitement », autrement dit celles qui sont nous rue figure d'interprètes. Je parvenons, La Fayette, dans l'un des bars lentes à se décider... Il m'emploie à les mettre en garde contre une car¬ y a celles qui font « aller à dont nous a parlé le bienveillant représentant de Rouen rière », qu'on appelle aussi les « Varlos » l'autorité. encombrée, hasardeuse, décevante, où l'attrac¬ parce tive astronomie des sommes rémunératrices est qu elles « varlotent » ou les « sphédiquinge première Le au son espace école » et dancing est sous-sol. Dans aussi réduite que celle prestigieuse des « stars ». qui sont celles qui font tout déballer pour rien... Mais il exigu, on s'empile, on se marche sur les pieds, et Mais on ne sépare pas davantage les femmes de y a aussi des compensations... D'abord, l'air chaud s'alourdit d'acres odeurs humaines. nous ne sommes leurs rêves que les enfants de leurs jouets. pas si mal payées puisque, dès les J'invite une poupée oxygénée que j'estime la plus deux jours d'école, nous touchons trente francs La brune m'a dit, le regard nostalgique : par jolie fille du rayon où peut plonger mon regard. jour et nous sommes nourries... Et vous savez de Mais — Il me semble qu'il y a je la sens moite contre moi et si haletante mieux à faire dans la quoi se composent nos repas ?... Un hors-d'ceuvre, vie que ce que nous faisons... nous portons un que j'ai peur que le seul mot de « cinéma » ne la D'abord, plat garni, un légume, un fromage, un dessert... rende suffocante l'uniforme comme si nous étions enrégimentées... Comme vin jusqu'à la pâmoison. Un éclair boisson, du blanc, du vin rouge ou de la soudain Notre tenue imposée est la noire bière au choix... et veut jaillit dans ce chaos, faisant courir, sur les robe ou bleu- si l'on du café, ça ne coûte CHRISTIANE DELYNE L'OPTIMISTE

« Je roule d'ailleurs ordinairement très vite, et crise. Tout le monde vous rabâche sur tous comme je passe habituellement par le même FOINles tonsdes entretiensla même chosesérieux; Çaparvacesmal.,,tempsça deva chemin, j'ai des ennemis parmi les chauffeurs de mal... rien ne va plus. taxi. Ils me guettent mais ils ne m'ont pas encore Pourtant j'ai découvert une vedette qui prend eue ! tout avec le sourire... un sourire éclatant, de bon¬ « De mauvais souvenirs ? 5P* heur, de franchise. C'est Christiane Delyne. Je l'ai « Un film tourné et pas payé, et surtout, lorsque rencontrée d'ailleurs dans un temple du rire, le pour La Tragédie de Lourdes j'ai dû apprendre à théâtre du Palais-Royal. monter un cheval en 7 jours, pour sauter un Par des escaliers étroits, je rejoins le plateau : obstacle, de 80 centimètres. J'ai eu une peur blonde, rieuse, fraîche, rose et séduisante, c'est affreuse. » elle ! Une sonnerie nous interrompt. En scène. Nous descendons bavarder un instant dans sa Et la voilà, qui file, vive et alerte, vers le plateau ! loge, oh ! un tout petit bavardage car le temps Optimiste, pas poseuse pour un sou, un joli sou¬ manque entre les répétitions. Avec elle, nul besoin rire, et un de rechercher les sujets, elle bavarde, amusante et joli corps fréquemment dévoilé, je crois que c'est assez pour que nous soyions généreux et gaie, et les longs silences gênants sont rigoureuse¬ pour ne pas lui en vouloir si elle n'a pas encore ment bannis. Elle saute d'une idée à l'autre, comme remplacé Sarah Bernhard et Eléonora Duse... C'est un oiseau dans sa cage. une charmante artiste. C'est déjà bien gentil, et Allongée sur le petit sofa qui garnit la loge, elle presque aussi rare qu'une grande artiste. me fait admirer généreusement des jambes exquises, largement découvertes. R. G. A. GRUN. Oh ! ce n'est pas l'austère pudeur qui l'embar¬ rasse, et dévoiler son corps ne la dérange pas. Je lui en fais la remarque : « Oh ! vous savez, le nudisme, moi j'en fait dans mon intérieur. Si l'on a besoin de moi pour du nu dans un film je ne demande pas mieux, à condition que ce soit joli. « J'estime que le nu, bien fait et bien présenté est une jolie chose qui ne demande pas à être caché. » « Des histoires d'amour ! Quelle indiscrétion ! Mon Dieu, j'en ai eu comme tout le monde. L'amour n'est pas une chose à dédaigner, au con¬ traire. « Je reçois parfois des lettres d'amour bien éton¬ nantes de gens qui certainement ne doutent de rien. Tenez, voici la dernière en date. » Je traduis, en abrégeant, sans commentaires.

Ma chère Christiane, Limoges, le....

Je t'écris pour te demander de venir me rejoindre à Limoges. Tu prendras le train lundi à 9 h. 30. Je t'attendrai à la gare de Limoges. Je te présenterai à ma mère qui sera très contente et nous nous marierons. Nous prendrons un petit appartement de deux pièces et une cuisine. Pour la salle de bain, on verra plus tard. Je suis ouvrier bottier. Je t'apprendrai le métier, ce n'est pas difficile, et tu quitteras ce sale métier de cinéma, qui i f sqiW1"- s i ■ pourtant m'a permis de te connaître. I J %.\ n Je compte sur toi sans faute. Tendresse et à toi.

« Ce que j'aime? reprend Christiane Delyne. Mais, tout ce qui est bon. « J'adore surtout faire de la vitesse, particuliè¬ rement dans Paris. Ah ! rouler à 140 sur les boule¬ Christiane DELYNE ne craint pas le déshabillé, loin de là. Photo Manassé vards, quel rêve !

Photo Manand. Mardi, au Cirque Médrano. opposée, pour défendre son amant, à quelques gaillards Aujourd'hui, grande séance de figuration. Déplacement vigoureux. C'est pour Mila Parély un fort joli rôle, nuancé, pervers et farouche à la fois. Un rôle qui ne manque pas de général de la troupe au Cirque Médrono. Cinq cents figurants mettre en valeur sa drôlerie native, pourtant. Car Mila, à sur les gradins. moins de dix-sept ans, possède une personnalité déjà marquée Dès l'entrée, l'odeur particulière du cirque... Un brouhaha et fort plaisante. de voix, des applaudissements. Au centre de la piste, que les Paul Lalloz, qui interprète le personnage de Cartouche, projecteurs inondent de • lumière et d'aveuglante chaleur, semble tout à fait de cet avis. Tandis qu'à l'autre extrémité Jacques de Baroncelli harangue son public d'occasion. du plateau, Jack Darroy enregistre une scène dont il ne fait Blonde, rose, magnifique de santé dans son court costume pas partie, Lalloz oublie le côté romanesque de son rôle pour blanc qu'achève un pointu d'argent, chapeau tout pailleté faire le pitre. Il porte avec élégance, malgré une taille moyenne, Ginette Gaubert salue des bras, du buste et de la cravache l'habit à la française, le tricorne gris et l'épée au côté. entre ses automates. L'œil au viseur de sa caméra, Bachelet Cette épée inquiète un peu Milo. surveille de son numéro Car l'enregistrement de cirque. — Ne me touche pas, dit-elle. DES Ginette est vedette de cirque dans de la SUR AIRS DE MAURICE YVAIN, La chanson Paris, et — Comment ! Nous couchons dans le même plumard, voix qui doit s'élever de l'automate qu'elle présente est celle ON TOURNE « LA CHANSON DE PARIS » s'exclame Lalloz, en mimant l'indignation, et tu ne veux pas de Georges Thill. ténor engagé par elle. que je te touche. Lundi, au studio. Docile, le public payé applaudit. Pour l'en remercier, Ginette Mais un canon de pistolet se braque sur sa tempe. L'opéra¬ — Le cinéma ? Mois je trouve ça épatant !... C'est beaucoup lui Gaubert propose un autre air : La chanson de Paris. teur Hayer, très « cinéma » avec sa canadienne de flanelle plus facile que le théâtre, on n'a aucune responsabilité, on gogne un Aussitôt, l'orchestre prélude, et la voix magnifique de Thill écossaise, joue aux vengeurs des vertus outragées. argent fou... En se levant le matin, on n'a pas besoin se dire : de s'élève : — Tu me trompes, tu mourras ! « Pourvu que ça marche ». Quand ça ne marche pas, n'est-ce pas, « C'est la chanson des apprentis, Heureusement, le conflit n'est pas grave. Mila est l'enfant on recommence ! ne « Des titis... » chérie du studio et l'on fait ici que jouer à la jalousie, Les moins dans les poches, la bouche rieuse, vient Georges Thill comme on joue à l'art. d'émettre ces vérités premières et définitives. Ce Thill est Autour de nous, règne un grand aussi peu « ténor » que possible, d'ailleurs, La remue-ménoge. J'ai hoppé le — Cartouche ! célèbre ténor par la manche, entre deux scènes de La de perspective de le rencontrer sur un plateau m'avait mise en chanson La voix de Jack. Darroy son boule. Et puis je trouvé, jovial, gavroche, bon réclame interprète. Descendant Paris qu'il tourne dans un des studios d'Epinay sous la direction de l'ai gorçon, plus doué en catimini de la chambre où il a passé une tendre nuit auprès Jacques de Baroncelli, avec Armand Ginette pour le vaudeville que pour le drame. Bernard, Gaubert, de sa maîtresse, fut en réalité — village, celui qui Louis-Dominique Bour¬ Simone Bourday, Louisa de Mornand, Jacques Varennes et la grande Paname, c'est mon dit-il. J'y suis né, mes guignon doit échapper aux hommes du guet pour petite artiste Paulette Elambert. parents aussi. Avant d'être ténor ? J'étais à la Bourse des postés l'ar¬ rêter. Il fout faire vrai et les pistolets qu'il va tenir dans ses Dans le décor — les trois voleurs... Je n'aurois jamais pensé tout seul à tirer parti de ma murs d'une loge d'actrice de cirque — voix si des deux mains croisées sont chargés à blanc. La d/:harge entraî¬ Jacques de Baroncelli se partage difficilement entre l'énervement et copains ne m'y avaient poussé. Alors un beau jour, nera bien entendu — sur l'écran — mort d'homme. le respect de la réputation d'exquise courtoisie a je suis entré au Conservatoire, un autre beau jour je me suis qu'on lui faite. On tourne, après les répétitions d'usage. Cartouche apparaît Le temps est à l'orage. Pour une scène sans présenté, dans le tas, à une audition de l'Opéra. On m'a pris. grande importonce, dans l'encadrement de la porte, les mains derrière le dos. — on a confié le rôle d'un docteur à un Et le cinéma ? figurant qui patouge d'une — Alors, demande l'un des guetteurs, on le tient, Car¬ — Ben, ils sont venus me chercher, qu'est-ce que vous façon invraisemblable. Il a, en tout et pour tout, vingt mots à dire touche ! et autant de gestes à faire. Il n'en vient voulez, j'ai accepté ! pas à bout. — Sept fois, après Pas encore ! jette Paul Lalloz, en tirant simultanément maintes répétitions on enregistre le passage. On dirait que l'homme sur les deux figurants. Et il fonce vers la caméra, tandis que s'ingénie à se tromper. ses victimes supposées s'affalent dans la poussière. — Chaque seconde qui Bachelet — passe, dit l'omi — opérateur — AU STUDIO DE NEUILLY, EN PLEIN XVIII'... Demain, dit Mila Parély, on tourne mon interrogatoire. chaque seconde représente un franc vingt... Et Samedi, je m'embarque pour l'Amérique. — On pourrait peut-être tourner lo scène en muet, proposé un Ne vous y trompez pas : le Boulevard du Château ne s'est Par extraordinaire, il y avait en France une ingénue comi¬ assistant, en comptant, 1, 2, 3, 4... On synchroniserait oprès... pas encanaillé à lo montmartroise. Dix-huitième, cela veut — Vous ne que. Elle n'y est pas demeurée longtemps ! Odile CAM8IER. pourriez pas aussi aller chercher des gens dehors pour dire ici « siècle » et non « arrondissement », car Jack Darroy me donner des conseils ? répond de Baroncelli, justement à bout de s'est attaqué à la vie d'un cé¬ Une taverne à l'époque de Cartouche. nerfs. lèbre bandit : Cartouche. Enfin, il estime que l'enregistrement suffira et tout le monde passe Le dix-huitième siècle était, pré¬ à la scène suivante. tendent les fervents de la petite histoire, celui des bons vivants, des orgies et de la galanterie. Il ne s'agissait donc de ne pas le faire res¬ susciter sous un autre aspect. Comme la troupe qui prétend assu¬ mer cette résurrection est compo¬ sée presque exclusivement de très jeunes, nous aurons donc, avec l'histoire du célèbre bandit, des or¬ gies et de la galanterie. Du moins les premières photos le promettent- elles... Mais ce qui importe, dans ces impressions de studio, c'est l'atmo¬ Dons le bar du cirque, sphère qu'on y trouve. En ce jour de grâce du mois d'Avril 1934, elle ne entre deux prises de vues. brille pas par la mélancolie ni l'aus¬ De gauche à droite : Poule térité. L'ordre de travail comprend, HUTZLER, THILL, Ar¬ en effet, les prises de vues d'une scène mand BERNARD et notre qui réunit dans le même lit Cartouche et sa maltresse Jeanne- collaboratrice. ton, puis l'arrestation du bandit au sortir de ce tendre intermède. Jeanneton, quand j'arrive, porte encore sur les bros, les épau¬ les et le dos, de fraîches traces d'une bagarre qui l'a Photos Pioz Qui penserait que l'Amour est une chose grave pour ce évoquez sa beauté et son talent ; mais surtout, farceur de Buster Keaton ? Il passe sa vie à aimer une femme vous la revoyez dans les grandes scènes d'amour, trop belle pour lui, et, à l'exemple de Charlie Chaplin, il n'est et ne QUANDvousvous songezpouvez àoubliervotre levedettefrémissementfavorite,devousses ni assez riche, ni assi. - brove, ni assez séduisant pour celle narines, l'altération de sa voix, tout ce qu'exprima que son cœur a choisi. Mais si Chariot demeure un éternel son visage lorsqu'Elle l'a rencontré, pas plus que vous n'oubliez déçu, Buster, au contraire, trouve peu à peu toutes les qualités Gary l'air stupidement ahuri qu'il avait pour dire : « Je vous aime »... qui lui manquent, et il finit par faire triompher son cœur. COOPER Dans la pénombre du cinéma, vous avez un peu pris cela Dès qu'il devient à peu près normal, qu'il ne tombe plus pour vous-même... l'amour dans l'eau ou qu'il n'em¬ Helen HAYS a tant d'importance dans brasse plus les pieds en la vie ! l'air, les femmes lui Vous avez remarqué avouent leur amour, et ne comment chaque vedette songent plus à en rire. parlait de l'amour. Les unes expriment la passion, ♦ d'autres le calme, d'autres Maurice Chevalier, au en souffrent, d'autres en contraire, trouve ça « très rient... Chaque spectateur rigolo ». Aimer, flirter, choisit ses genres selon son quoi de plus charmant ? Ça Greta GARBO et Le baiser de Clark CABLE goût ou son tempérament se chante, tout ça, et on John BARRYMORE Photo Star Service propre. n'en meurt pas. Avec En Photo Star Service analysant la ma¬ Maurice, pas de grands nière de parler d'amour de frissons, pas de genou en certaines vedettes, on peut terre ni de main sur le deviner leur véritable fa¬ cœur, pas de baisers qui Joan GRAWFORD d'être. çon Malgré le n'en finissent plus... tu Le baiser de John BOLES et Wils ASTHER décor, le costume et le m'plais, j'te plais, une Photo Photo Stor Service metteue en Sterdar Szerettelek scène, c'est petite chanson... et enle¬ toujours à leur « moi » vez !... Les femmes aiment sentimental que les artistes beaucoup ce côté gavro¬ font appel pour jouer les che de l'amour... c'est pa¬ scènes de passion. risien, c'est piquant... et Il y a autant d'expres¬ ça change ! sions d'amour que d'indi¬ Une douce étreinte de Creta CARBO et John GILBERT. vidus. Voyez Cary Cooper : ♦ ce cow-boy à l'air brutal, Le mystère a un grand Photo qui ne paraît guère timide, est un grand passionné, pour qui avantage : il laisse le champ libre à toutes les hypothèses. Star Service l'amour est une Il souffrance. se méfie, s'efforce de demeurer La mélancolie de Creta Carbo permet à chacun de s'imaginer indifférent par crainte, et il hésitera jusqu'au jour où il aura qu'elle vit loin du monde pour essayer de l'oublier, et qu'elle la certitude d'être aimé. Dans il attentive¬ Marocco, écoutera se meurt d'amour pour lui... elle tente parfois une courte ment les propositions de Marlène, il acceptera ses avances, expérience, mais elle quitte bientôt le compagnon de quelques mais il ne lui apportera son grand amour que lorsqu'il sera sûr jours, pour s'enfuir, seule à nouveau, sur la route de la vie : d'elle. En dépit de sa domination physique, Cary Cooper est Tempérament indépendant ou publicité ? très timide : il craint les femmes ! Toutes ces façons d'exprimer l'amour ont influencé le public. ♦ Les habitués des salles obscures exigent maintenant des res¬ semblances. La midinette trouve à Jules de faux airs de Romon « Il faut aimer pour vivre ! » a dit Joan Crawford. Pour Novarro, et elle voudrait que Ferdinand, quand il sort du est aussi elle, l'amour nécessaire que le repas de midi, et elle bureau, lui glisse à l'oreille les douces paroles que John Barry- ne saurait s'en passer. Elle le recherche constamment ; il y a more sait si bien murmurer. Quant aux jeunes garçons, ils esti¬ de la dans sa ses provocation démarche, dans regards directs, ment que Suzy a les yeux de Marlène, et que Janine est mys¬ dans la tache sanglante de ses lèvres sensuelles. Son cœur bat térieuse parce qu'elle n'est pas sortie un Dimanche, et qu'elle au rythme double : elle voudrait pouvoir cacher son émotion n'a pas voulu dire pourquoi. trop vive, mais sa nature généreuse lui ordonne de ne pas Mirage magnifique de l'écran ! La force éternelle de réprimer ce trop-plein d'énergie et d'ardeur... tant mieux pour l'amour, symbolisée sur la toile lumineuse, se glisse en fasci¬ l'élu ! Généralement, par contraste, elle choisira un homme nantes images dans de jeunes cerveaux exaltés, y fait rayonner calme, silencieux, et elle fera elle-même les premières avances... la souveraine présence des stars, qui pourtant ne sont dans la quand elle en sera aimée, elle commencera à s'inquiéter ; vie que de pauvres êtres, qui rient et souffrent comme nous... elle aura peur d'en aimer un autre : situation émouvante, mais bien compliquée ! Robert DERAIMES. COMMENT J'AI DÉBUTÉ DANS LE " DUBBING "

— Oui, répondis-je pour ne pas le désobliger. science américaine et exclusivement ciné¬ Je pris du papier, un crayon et une heure après CONNAISSEZ-VOUSmatographique. Celale consistedubbingà? faireC'estparlerune je revins lui présenter le fruit de mes peines. Au français des gens qui, sur l'écran, parlent milieu de ma feuille de papier s'alignait cette américain. Remarquez bien qu'il est également phrase : possible de les faire parler n'importe quelle « Allo, vous ! Drelinne. » autre langue : Turc, Tchèque, Russe ou Espé¬ Mon chef ranto. Seuls, les Anglais prétendent que nulle force regarda la chose avec curiosité, retourna la feuille de haut en bas d'abord, puis sens Dans un les techniciens discutent, groupés des au monde, nulle invention divine ou humaine, ne dessus- coin, autour dessous, comme s'il espérait qu'elle cachât quelque fastueux, sous l'étincellement des lustres, parmi les appareils. parviendra à faire parler anglais des Américains. tentures chatoyantes et les meubles de prix, la fête Et puis lumière, merveille, puis son œil fixa sur moi un ahurissement musique... Secouée, cinglée par les ordres, Mais il ne faut pas toujours croire les Anglais. déroule sa son sou¬ LE grand salonbruyanteresplenditinsouciance,de lumières : tourbillondans ce cadre stimulée par ses animateurs, la foule des pantins retrouve une à peine poli. riant... Sur une Donc, j'ai débuté dans le dubbing. Sur l'écran se estrade, un orchestre échappé de apparence de vie. Les lèvres un peu tirées s'ouvrent sur des — Broadway lance vers la foule, à grands coups de cuivre, l'éclat sourires, les yeux reprennent leurs expressions, les jambes leurs déroulait une scène Qu'est-ce que ça veut dire ? demanda-t-il. originale. Un jeune homme de son rythme syncopé. mouvements... étreignait violemment une jeune fille et lui criait Je répliquai en toute innocence : « Rien » et Et la foule des figurants, des crève-de-faim, des ratés de la Les couples enlacés tournent et virevoltent, scellés par une avec une passion coupable (ils n'étaient pas encore j'ajoutai que, selon moi, je ne supposais pas qu'il vie, mènent de nouveau le tourbillon du plaisir, apportant parfaite communion de chair, animés du feu de l'ivresse mariés) : fallût trouver une leur famélique ardeur à crier la joie qu'ils n'ont jamais phrase qui voulût dire quelque passogère... chose. Il connue... — I love poussa un faible soupir, sa main trem¬ you, darling. Dans les encoignures, de graves Messieurs à l'habit bien blante caressa un instant l'encrier mais ne me le ♦ coupé discutent, penchant sur cette folle jeunesse d'indulgentes Il fallut donc remplacer sur le film ces paroles jeta pas à la tête et finalement il me dit d'un ton têtes argentées. Dans des fauteuils, des femmes couvertes de Le travail si manifestement indispensables à la clarté de la fini, c'est l'entassement dans les loges, le débar¬ trop doux pour être honnête : bijoux suivent d'un regard ottendri les évolutions pâmées de bouillage à la vaseline, le déshabillage hâtif. Dans la classique scène par les paroles françaises en tenant compte leurs filles ou de leurs fils. petite valise carrée, les femmes poudres et leurs — rangent Cherchez encore, mon ami. leurs de ceci que les mots devaient correspondre exacte¬ crèmes, et aussi les lainages que parfois elles tricotent, dans Avec un tact discret et de bon aloi, des larbins aux jambes ment à l'ouverture des lèvres. l'ombre du studio, durant les longues heures d'attente. je m'enfermai avec mon imagination, et mon gainées de blanc circulent entre les invités, offrant sur des dictionnaire de rimes. A la paye ! La file des exténués, rendus à la grimace de — plateaux d'argent coupes pétille le Champagne. Vous comprenez, me dit le chef que la maison des où la vie, tend vers la manne une main nerveuse : salaire rai¬ m'avait accordé Danse, ivresse, joie... musique et rires... éternel spectacle pour guider mes premiers pas ; cet Quand le garçon d'antichambre, envoyé par le sonnable, certes, mais si souvent écorné par les pourcentages, doré d'une humanité qui ne connaît pas les peines... acteur prononce exactement ceci « Aïe love iou dar- chef, entra dans mon bureau pour voir où j'en étais, commissions d'agence ou de régie ! Le cou tendu vers l'espoir,

linn ». les mots il ma — les figurants interrogent : Il convient donc de choisir français recula devant le débordement de corbeille à Coupez ! a hurlé le metteur en scène dans son méga¬ — Y a du travail demain, que vous allez trouver selon la plus ou moins grande papiers. Mais j'avais vaincu l'inspiration rétive. phone. M'sieur ?

— ouverture de la Au Non ! Demain on ne fait que du gros-plan. C'est pour bouche, de façon que l'acteur — C'est fait, m'écriai-je. commandement, l'orchestre s'arrête au milieu d'une plus tord ! On te convoquera... américain ait effectivement l'air de les prononcer. mesure, livrant le studio au murmure du travail. Le firmament Et je me présentai chez le chef avec ces deux lumineux décroit fermant l'un Inquiète, une petite blonde essaie de faire du charme : En somme il nous faut des mots qui aient la conso¬ après l'autre les gros yeux phrases géniales qui correspondaient dans leurs ronds de ses projecteurs. Il ne subsiste plus dans le grand hall — Mais M'sieur, c'est déjà fini le grand décor ? Je n'ai fait nance exacte des mots anglais. Vous avez compris ? inflexions aux plus subtils mouvements des lèvres qu'une atroce lumière verdàtre, qui décompose les visages. que deux jours ! Le de l'acteur prononçant : « Aïe love iou darlinn ». Les larbins, qui ont retiré leurs gants pour ne pas les tacher, régisseur, maigre garçon désabusé, réplique : scène d'amour interprétée par John BOLES et Lilian HARVEY, déposent sur les consoles de carton leurs — Non sans C'étaient : coupes, dont le Cham¬ mais blague, c'est toi qui le paie, le studio ? que notre collaborateur aurait pu doubler. pagne est redevenu limonade. C'est fini pour vous autres. Peut-être dans huit jours, pour « Aïe ! Levez-vous, gredine. » Les graves Messieurs en habits tampon¬ « Ah ! l'eau bout, Berline... » nent leurs nuques humides, et disposent un mouchoir entre l'écran du col glacé, et le Je voulus expliquer que ce mot « Berline » était fond de teint qui pourrait salir. par que transposé moi et rien ne s'opposait au fait Fatiguées, lamentables, les douairières que la jeune femme se nommât Berline. s'assoupissent au fond de leurs fauteuils de En réalité je n'étais rien moins que rassuré et je louage et ferment sur un regard mort des m'attendais à recevoir sur-le-champ le prix de mes paupières fanées que souille la pénombre.

— distingués services et l'injonction de ne plus repa¬ Que tout le monde reste en place ! commande le metteur en scène. raître. Il n'en fut rien. Le chef examina les deux Le troupeau danseurs phrases, hocha la tête aimablement, et me : des stationne, dit comme parqué entre les hauts décors. Les — Ce n'est pas si mal ! Ça va même très bien. hommes tirent sur leurs gilets, arrangent leurs cravates, et les doigts fébriles disent Je crus qu'il plaisantait. Il n'en était rien. Il l'énervement et la fatigue. Leurs petites choisit la première qui remplaçait admirablement partenaires, harassées, plient les genoux « I love you, darling » et en effet, l'acteur semblait sous les robes de soie, et la lumière cruelle, dire ma phrase avec une passion magnifique. Le traversant le maquillage, fait à leurs traits seul ennui était qu'il disait « Ah ! levez-vous » à crispés un masque de misère... Une une femme qui était déjà debout et qu'il appelait longue demi-heure, ils vont demeu¬ rer là, indifférents à tout, le cerveau vidé « » gredine la créature qu'il aimait le plus au monde. par la fatigue du fastidieux travail, qui est Mais il le disait si gentiment. parfois le couronnement de dix jours de . BOISYVQN. chômage et d'abstinence...

Photo Wide World bien souvent des physionomies familières ; la même soubrette blonde semble être engagée par tous les patrons, la fille aux Le nouveau film allemand traits fatigués hanter tous les bouges, le président barbu siéger à tous les tribunaux. Mais pour ces quelques-uns, combien d'autres un végètent lamentablement, trouvant à peine, dans Dr. Coebbels, grand maitre de la censure, s'est laissé guider long mois, les quatre ou cinq jours de « tournage » destinés à Nous nous attendions, avec une certaine justesse, il me dans cette affaire par des sentiments d'ordre privé et non entretenir leur misère... semble, à un renouveau de la production allemande. professionnel. Pour faire du tort à un ami de M. Goering, il jeunes femmes qui veulent se garder farouchement d'une LE Noustitre deétionscet articlejustifiésestd'escompterinexact, disons-leun mouvementtout de suite.ciné¬ a fait d'abord interdire le film. Ensuite la sortie fut autorisée, vie de prostitution, étrangers accueillis par milliers sur notre matographique analogue à celui qui traversa les mais elle fut très peu brillante. Le film fut étouffé. hospitalier territoire, où la mouise est internationale, et surtout, premières années de la révolution russe. Je ne pense pas cependant qu'il faut exagérer. Je n'irai trogique cohorte des «. vieux cabots », déclassés du spectacle Or, rien de tel ne s'est produit. A part les très rares pro¬ pas aussi loin que l'histoire qui circule dans les milieux qui portent aux yeux la féerie de la rampe, et dont la carte ductions issues du mouvement nazi, la production allemande allemands, d'après laquelle on entendrait tous les soirs des de visite jaunie porte la mention « Artiste ». comme une n'a su donner aucun aperçu d'un état de choses radicalement chuchotements près d'un camp de concentration à proximité valeur qui n'a plus cours... changé. de Berlin. L'histoire veut que d'un côté, derrière les grilles, les anciens scénaristes donnent des idées aux directeurs de Certes, il existe pour tous ces pauvres gens des agences ♦ lu UFA qui viennent jusque là pour demander à leurs anciens sérieuses, qui procurent du travail méthodiquement, et ne Que s'est-il passé ? collaborateurs de l'aide. Je ne crois pas que l'histoire soit retiennent qu'un faible pourcentage. Mais ces officines sont Un très pourcentage et artisans grand des producteurs du authentique : je la rapporte parce qu'elle est symptomatique. débordées, et le défilé continuel des sans-travail décourage cinéma allemand ont dû quitter leur pays que leur état- parce Le programme cinématographique de l'Allemagne nazie toutes tes bonnes volontés indulgentes. civil ne correspondait pas aux théories racistes des nazis. n'existe pas encore. On a fait des coupes sombres dans le Ils se sont Trop souvent oussi, la cote d'amour entre en jeu : s'il y a répandus dans le monde entier et continuent bâtiment. On n'a pas toujours su faire grandir des nouvelles au leur ne pas studio quelques silhouettes disponibles, elles seront pour besogne ailleurs. Ce sont les plus méritants qui ont bâtisses sur les ruines. L'avenir prochain nous dira si, cinéma- Je les copains de l'opérateur. De jolies filles, assez élégantes, plus de succès. tographiquement parlant, l'Allemagne est toujours encore. une venues d'on ne sait où, apportent à ce nouveau métier la Remarquez d'ailleurs que certains de ces messieurs conti¬ grande nation. bêtise de leurs beaux yeux et les gaffes effrontées de leur nuent comme par avant leurs affaires en Allemagne parce Jean-H. LENAUER. inexpérience : mais ça les amuse tellement de tourner ! Tant qu'ils sont protégés par une nationalité extra-allemande. On voit donc pis pour les figurantes de métier qui stationnent devant la qu'on peut transiger encore maintenant... La porte, et qui, tout aussi jolies, ne savent cependant pas rire question des artisans est plus grave. Là, nous trouverons Meg LEMONIER dans son nouveau film tourné à Berlin des hommes sérieux et capables, responsables de la répu¬ en entrouvrant une bouche humide, et se cacher derrière les Princesse Cierdos. tation mondiale acquise portants avec l'assistant du metteur en scène. qu'avait le cinéma allemand. Ils sont chassés parce qu'ils sont d'origine juive. Pratiquement, ce sont les du qui charge régisseurs film ont Ce n'est plus un parti-pris ferme et regrettable, mais un de recruter la figuration. Certains s'en acquittent avec et zèle, préjugé indéfendable et borné. en toute impartialité. D'autres, trop nombreux, pratiquent la Le Dr. Coebbels, qui connaît la valeur propagandiste du « combine ». cinéma et qui s'y intéresse s'en est rendu compte récemment On les voit rôder aux alentours des cafés du boulevard de dans un studio. Il demanda des nouvelles d'un acteur qu'il Strasbourg, endroit jadis consacré à l'embauche des figurants. avait beaucoup admiré : Peter Lorre. Ses interlocuteurs furent Bien que le « marché » y soit moins intense, on remarque visiblement embarrassés. Le Dr. Coebbels croyant qu'il s'agis¬ Une en prise de vues extérieur ovcc le concours encore de pauvres diables, plantés sur leurs chaussures éculées, sait d'une question d'argent voulait qu'on lui envoyât l'acteur de nombreux figurants debout contre les murs avoisinanf les terrasses. pour arranger les choses. Finalement quelqu'un dit : « Mais vous oubliez qu'il est la scène du dancing, mais c'est pas sûr ! Je crois qu'on va la — Tu veux tourner demain, toi ? Juif ». supprimer ! Les yeux affamés se tendent, chargés d'espoir, vers le Depuis on n'a plus le droit de mentionner le nom de l'acteur Les yeux lourds de tristesse, la petite blonde se dirige sans régisseur désinvolte. devant son ancien admirateur, le ministre de la propagande. vers la : ses Ainsi Hans hâte sortie. Elle calcule déjà l'argent de deux — j'veux bien, oui M'sieur. Albers, la plus grande vedette allemande, par jours de travail a été happé par les dettes d'une semaine. Et un coup de tête, vient de briser sa carrière. La raison ? Il — Bon ! Demain à huit heures à Epinay. Trente balles ! la chambre n'est pas payée ! Demain, elle courra voir un copain vient d'épouser une femme juive. Cela suffit pour lui enlever T'as pas de qui embauche quelquefois... et s'il n'a rien pour elle, elle besoin te fringuer... tout talent désormais ! refera les agences... Ces projets sans joie font bourdonner sa Trente balles ! Trois jours de nourriture ! L'affaire est On se contente de petites chicanes. On s'arrête à des demi- tête de petite fille mal nourrie : encore une recrue prochaine conclue par l'heureux élu, qui ne se doute pas toujours que mesures. On ennuie les artisans, mais les grands financiers pour le trottoir. demain, le régisseur touchera soixante-dix francs par cachet, « internationaux » continuent leur jeu déplorable. dont il mettra quarante dons sa poche. Et s'il faut cinquante Business is business — même dans la nouvelle Allemagne. Rendus à la rue sombre, les figurants se hâtent, pour avoir figurants, cela fera une pour le peu scrupuleux On veut bien frapper. Mais on s'arrête prudemment quand la chance d'attraper un de ces taxis, qui font des prix spéciaux, belle journée embaucheur... cela pourrait entraîner des déconfitures financières par trop et dans lesquels on s'empile à six pour regagner la capitale. importantes. de l'opportunisme, ne Ainsi va la misère, pour le troupeau exploité... demain ils Ceci s'appelle si je m'abuse. Mais le plus souvent, c'est le train ou le tramway qui les On interdit la de et souffriront de fatigue, ils piétineront des heures entières sous projection Prixefighter and the lady de amènera, vers neuf heures du soir, dans la gare hostile d'où Catherine the Créât parce que les deux protagonistes respectifs la chaleur insupportable des « spots », ils devront faire sem¬ il leur faudra encore regagner leur chambre, à l'autre bout de sont des juifs, on interdit She Done Him Wrong avec Mae blant de rire et de s'amuser, d'être un « peuple heureux », et Paris... West et Sérénade à trois, le film d'Ernst Lubitsch parce que ils ne toucheront même pas la moitié de la somme qui leur ces deux films sont trop immoraux, on interdit Song of Songs Pendant huit jours, dix jours, un mois peut-être, les figu¬ est due... avec Marlène Dietrich rants chercheront du travail, guettant désespérément les pro¬ parce que la vedette y incarne une Figurants, votre situation est tragique, de demeurer toujours femme dont la tenue ne pas aux ductions nouvelles, parcourant les agences et les bureaux correspond concepts de la dans l'incertitude du lendemain, de vous parer de personna¬ moralité nazie. Mais on continue à d'embauche. projeter de petits films lités inaccessibles, d'être condamnés à perpétuité à l'envers du sans aucune tenue artistique parce que réalisés par de purs Et s'ils décrochent quelques cachets, ils reprendront, dans décor. Allemands. la fournaise, l'exténuant et mécanique travail qui leur fait une Tout cela est du travail Même en Amérique, dans les productions les plus puis¬ négatif et absurde. Et la recons¬ vie sans histoire. » truction, santes et les mieux organisées, votre sort est aussi précaire, et qu'en fait-on ? Des le filtre de la chance arrête sans cesse, en la brisant, votre films démontrant les nouvelles capacités manquent. J'en ai ruée grandissante... personnellement vu un seul : Hitlerjunge Quecks. Mis à Il en est cependant de favorisés : par leurs relations, par part sa valeur démagogique, ce film était plutôt indifférent. Mais vous ne renoncerez jamais à cette lutte inégale, tant l'avantage d'une tête caractéristique, ou d'une difformité La réalisation manquait de ce « fini » qui est la marque des est fascinant, là-bas, tout au bout du chemin de rocailles, montée en épingle, parce qu'aussi ils sont « du métier » dès oeuvres. Horst Wessel dont le nom fut changé en Hans West- le mirage magique qui sait ouvrir si grands vos yeux cernés l'origine, que leurs yeux résistent aux éclairs des lampes, parce mar a eu beaucoup de déboires. Déboires d'ordre privé. Le de pauvres hères, et de son rayon doré, y mettre une lueur qu'ils ne font pas le contraire de ce qu'on leur explique, cer¬ directeur artistique M. Hanfstaengl est un ami de Goering. Le de rêve. tains figurants tournent de façon plus régulière, et ont ainsi Céo BOSCH-STEIN. un métier presque suivi : dans les films français, on retrouve LE CINÉMA A LONDRES

ON A TERMINE « EVERCREEN » (Ann Boleyn de Henri VIII et la Marquise Yorisaka de la version anglaise de La Bataille) est lo danseuse Pepilla. Ces lignes sont écrites au lendemain de la présentation du J'ai pu assister aux premiers tours de manivelle de ce film. grand film Evergreen, ce qui textuellement veut dire Toujours Le décor l'intérieur la de Don à Vert. représentait de maison Juan Séville. Trois étages ont été construits de façon que l'appareil Le début du film se passe à Londres en 1909 dans l'atmos¬ de prises de vues puisse suivre portout les personnages du du music-hall : phère vieux le Tivoli, aujourd'hui reconstruit film. en cinéma. Une célèbre artiste de variétés, Harriett Green, A la porte de la maison une foule de femmes demandait o donne sa soirée d'adieu au music-hall. Elle vo épouser le grands cris le fameux séducteur tandis qu'à l'intérieur une Marquis de Staines, un membre morquant de l'aristocratie discussion avait lieu entre le masseur de Don Juan et son valet britannique. pour savoir comment il se faisait que la nouvelle de l'arrivée Mais l'ancien amant de la vedette, qui est le père de sa de de leur maître dans la ville eût été si vite connue... On a choisi l'exceptionnel. Chacun de nous tend for¬ petite fille, réapparait et veut la faire chanter. les plus jolies figurantes parmi 2000 jeunes femmes qui se tement à vouloir ce que l'existence ne lui Plutôt que de subir cette épreuve qui, en se renouvelant, TOUT le désir humain s'explique pas l'attirance présentèrent. offre pas empoisonnerait sa vie, Harriett Green préfère briser son bon¬ de façon courante et davantage Quelques journalistes assistaient à cette prise de vues. heur et disparaitre... Des années ont passé. La fille d'Harriett encore ce qu'elle lui interdit. On a appelé cela Alexandre Korda, calme et froid, dirigeait paisiblement tandis veut recréer le personnage de sa mère sur la scène. C'est un l'attrait de l'inconnu, l'attrait du fruit défendu ; que l'opérateur français Georges Périnal qui tourna tous les succès triomphal. Mais le père revient et veut recommencer films de René Clair suivait lo scène dons le viseur de sa on pourrait lui donner bien d'autres noms. Qué l'ob¬ son chantage. Harriett doit avouer qu'elle a une fille. Mais caméra. tout finit bien. jet de notre convoitise nous devienne familier et Le film a été une occasion de reconstituer la vie de Londres' notre désir s'éteint. vers 1909 et de nous montrer de somptueux tableaux de CHU CHIN CHOW music-hall style avant-guerre et style 1934. Il y a aussi de Représentons-nous notre mère Eve dans le para¬ vieilles chansons comme « Farewell » qui ont ému toute l'assis¬ Aux studios d'Islington. Walter Forde poursuit activement dis terrestre. Elle n'a jamais vu de pomme. Voilà tance. la réalisation du grand spectacle musical oriental Chu Chin déjà de quoi l'inciter à faire connaissance de ce Lo vedette du film est jessie Mathews qui se montre très Chow tiré de l'opérette qui eut à Londres un succès triomphal fruit. Mais on commet l'imprudence de lui défendre supérieure à ses précédents rôles. A ses côtés Betty Balfour, à la fin de la guerre. Quand nous pénétrons dans le studio, dont le retour au Cinéma se traduit par un grand succès, et nous trouvons le metteur en scène très occupé au milieu d'un d'y toucher. Dès lors, elle ne songe plus qu'à y le comédien Sonnie Haie. décor de désert. Ce décor est d'ailleurs splendide et très réa¬ mordre. La mise en scène est de Victor Saville, le réalisateur de liste. Il donnera nettement aux spectateurs l'impression de se Ainsi de l'appétit sexuel. Certaines parties du j'étais une espionne. Il y a en outre une abondance de jolies trouver dans un vrai désert... girls dans des ballets agréables qui constituent un des meilleurs Dans cette agréable oasis nous rencontrons d'abord Dennis corps humain ne nous attirent que parce qu'efïes attraits du film. Hoey puis George Robey qui joue le personnage d'Ali Baba... ont accoutumé d'être cachées. Que, pour une rai¬ Voici enfin la charmante vedette asiatique Anno May Wong. son quelconque, l'usage soit de les dévoiler et elles A ELSTREE ON TOURNE « LA VIE PRIVEE DE DON JUAN » Elle nous annonce que le fiim est presque terminé et qu'elle ne nous causeront aucun va tourner immédiatement après, Java Head, production qui plus trouble. Le peintre, Dans les studios B. et D., à Elstree, Alexandre Korda a sera réalisée aux Studios d'Ealing par le metteur en scène ou le voyageur des régions tropicales, commencé la réalisation du grand film : La Vie privée de regardent la américain J. Walter Ruben. nudité d'un œil calme par accoutumance. par Don juan. Ce sero un grand film parce qu'un budget monu¬ Si, mental a été prévu pour cette production, parce que les contre, ils la rencontrent en dehors de leurs occu¬ interprètes en sont : Douglas Fairbanks père, Merle Obéron, DANS LES AUTRES STUDIOS pations professionnelles ou du cadre où elle a droit Benita Hume, Eisa Lanchester, joan Gardner, Clifford Heather- de cité, ils retrouvent tous leurs émois sensuels car ley et Flora Robson et aussi parce que le réalisateur est Contrairement à ce qui se passe en France, les studios elle revêt derechef son Alexandre Korda. britanniques sont actuellement en pleine activité. La place caractère exceptionnel. Douglas Fairbanks joue le rôle de Don Juan. Ce sera certai¬ me manque pour donner l'énumération de tous les films que je ne sais si Rousseau exprimait la lorsqu'il nement une de ses plus curieuses créations. Merle Oberon l'on tourne. vérité Je vous signalerai simplement : The Cirl In déclarait que l'homme naissait naturellement bon Une scène d'un film anglois récemment tourné près d'Elstree. The Fiat (La jeune Fille dans l'appartement) et que c'était la société qui le corrompait, mais film policier avec Stewart Rome (un reve¬ j'inclinerais à croire avec Anatole France que cer¬ nant...) et Belle Chrystal ; Nell Cwyn, drame taines morales, en établissant des choses défendues, historique réalisé par Herbert Wilcox sur la vie du Roi d'Angleterre Charles II; Bella Donna, ont mis en nous des notions de péchés qui ne s'y drame se déroulant en Egypte; Night Mail seraient pas formées sans cela. Que, demain, des (Courrier de Nuit), drame du rail pour lequel conditions atmosphériques nouvelles ou quelque une gare londonienne a été entièrement recon¬ bizarrerie de la mode nous nous stituée au studio. Perdus à la légion, encore un obligent à dissi¬ drame sur lo Légion étrangère si chère aux muler une partie du visage, en conclurons-nous que Anglo-Saxons. On a construit au studio un le dévoilement du nez ou de la bouche relève de immense décor d'intérieur de horem dans l'indécence ? lequel évoluent presque nues 50 magnifiques girls... Pendant les prises de vues, l'accès du Non, si l'on en appelle à la seule raison. Oui, si plateau était complètement interdit à toute nous obéissons à l'obscur besoin de nous créer du personne étrangère au service et surtout aux désir journalistes ! Le film est réalisé par l'ancien qui mène le monde et que les censeurs des metteur en scène des films d'Harold Lloyd, mœurs servent souvent à leur insu. On connaît les Fred Newmeyer. vers de la Comtesse de Noailles, véritable cri des Pour le film Radio Pirate des prises de vues aspirations profondes et coupables de l'homme : ont eu lieu toute une nuit dans la station du « Seigneur, ne me retirez pas. le perfide serpent tube (métro) à Balham... Jimmy WHITEMAN. qui dort entre mes bras ! » Jeanne PARKER I** t • i . ; . */(.

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Lilian HARVEY, Lupe VELEZ et- quelques outres jolies filles, dont le désha¬ billé est plus « sex- appeal » que le nu. Pauvre nature humaine ! Le nu tout simple, tout çon d'une vedette. On s'était avisé que, plus que l'exhibition résidait net, serait trop pur. Il faut que nous le pimentions dans directe d'une chair, il dans La vie à de mystère, d'enveloppement. d'élégants et habiles dessous féminins, ne laissant Hollywood entrevoir que des coins de peau, transparaître que Le cinéma qui, s'adressant au public le plus vaguement au que nombreux, se doit de réunir toutes les qualités spec¬ des formes, n'offrant regard des possibilités de devinement. On le signala dans activité depuis plusieurs années. Cette taculaires possibles, a fort bien compris tout le semaine 39 films sont en cours de réalisation. Love parade, quand jeanette Mac Donald, exquise les studios n'ont montré une telle parti au JAMAIS qu'il pouvait tirer du déshabillé et c'est Si vous le voulez bien nous allons visiter princesse, se dévêt, pour se mettre au lit, entourée producteur qui nous montrera les tableaux les plus de ses dames d'honneur. On l'identifia dans If had a quelques-uns de ces studios. Suivez le Guide... suggestifs, les mieux évocateurs. Que nous sommes Montez dans notre modeste Ford — 8 cylindres... au moment où la millionnaire loin de million, fille devenue l'époque où Claude MéreTle apparaissait Ici « c'est la » ! Nous sur se glisse dans les draps vêtue de son soutien-gorge purée roulons l'immense aussi nue que la vérité dans Le Roi de la Camargue et de ses bas qui finissent par couler le long de sa Hollywood-Boulevard, que nous abandonnons pour et où Mlle Myrga nous offrait la vision d'une poi¬ chair. On le nous diriger vers le Sud. Nous quittons Hollywood trine charmante dans surprit qui flottait sous les voiles enve¬ jocelyn ! et nous arrivons à Culver City où est situé un loppant le corps singulier de Creta Carbo, caché Aujourd'hui, cela ferait « vieux jeu », « rococo ». sous les vêtures exotiques et légères de Lupe Velez important groupe de studios. ; Pensez donc, du nu. Vraiment nu, du nu tout bête. Tous les sont réfugié dans un pyjama de joan Crawford. plateaux occupés. Nous assistons On ne aux dernières ..a m manque pas d'imagination à ce point î Au L'Europe, retardataire, se sentit piquée dans son prises de vues de l'Ile au Trésor. Qui lieu n'a que les productions exhibant des déshabillés amour-propre et se dépêcha de prouver qu'elle pas lu dans sa jeunesse le célèbre roman de existeront tant Robert Louis Stevenson ? Victor Fleming, réalisateur que le cerveau des hommes sera savait aussi bien se comporter en déshabillé que doué de facultés évocatrices. de La Belle de et est en l'Amérique. Le mouvement commença avec le spec¬ Saigon de Soeur Blanche, train de L'impulsion a, bien entendur été donnée par un tacle de Marlène Dietrich, exhibant dans L'Ange diriger le jeune Jackie Cooper et le terrible Wallace un pays puritain, à savoir l'Amérique. Cela a com¬ Bleu, des jambes qu'épousaient des bas noirs jusqu'à Beery dans décor représentant la cabane de mencé avec les comédies de Mack Sennet dans l'éclat blanc du haut de la cuisse. Il fut soutenu l'île. lesquelles des « girls », en costumes de bain'peu par Ita Rina qui, dans Erotikon, ne se dévoile guère, Lionel Barrymore, Lewis Stone, Otto Kruger et fournis en étoffe, s'ébattaient gracieusement, sans mais dont le visage, à certaine minute d'une volupté Dorothy Patterson font partie de la distribution. autre motif bien manifeste que d'afficher des précise, exprime le plus suggestif déshabillé moral, De nombreux extérieurs ont été tournés au bord cuisses remarquables, des croupes attractives et des par Simone Cerdan, qui dans Barcarolle d'Amour, du Pacifique dans l'East Bay. Une foule nombreuse seins découragés, au long de pousse la fantaisie jusqu'à a tenu à assister aux prises de vues. Mais cette la plage de Santa Monica. porter pour tout dessous une foule n'était pas silencieuse. Si bien que l'autre buée de vapeur placée, matin Victor a Belle période de chairs bien Fleming dû faire appel à la police par Brigitte Helm qui s'enve¬ pour faire taire les assistants. n'y féminines triomphantes en Il avait plus vérité ! Quel éblouissant éta¬ loppe si sculpturalement de moyen d'enregistrer aucun son... sa sortie de bain dans Mano- Plus loin, sur un autre plateau, Jeanette Mac lage de jambes, de bras, de Marlène DIETRICH dans son dernier film Catherine de Ruuie. lesco, par Eddy Kessler, qui Donald commence à répéter sous la direction de dos ! Nous n'ignoriâmes pas se dénude Ernst Lubitsch les grand'chose d'Anita Page, de complètement dàns premières scènes de La Veuve Extase mais semble entourée Bessie Love, de joan Craw- joyeuse. Ernst Lubitsch est l'homme le plus aimable d'écharpes brumeuses en rai¬ et le heureusement ford, de Phyllis Haver, de plus poli d'Hollywood. Tout se passe dans pénétrer sur ce plateau car Clarence son des lointaines le calme et le travail de chacun se fait avec le sou¬ Brown a demandé la Kay johnson, de Vivian Reid. images de tranquillité la plus absolue sa course rire. Pour ce film Maurice Chevalier a pris des de Janet Chandler, d'Ann fugitive. pour ce dernier jour de prises de vues. leçons de valse avec Je tiens à vous parler aussi de Manhattan Melo- Dvorak, d'Irène Ware, et Ah ! charme du déshabillé la danseuse Albertina Rasch. A ce drama combien n'en propos, il paraît qu'au cours d'une partie que réalise George Cukor, le metteur en oublié-je pas. combien tu es plus fort que donnée chez elle par Albertina Rasch l'autre nuit, scène de Diner à Huit Heure* et de Little Women. Tant de concurrence dans celui du nu intégral ! Et puis, Maurice Chevalier disparut du salon. Bientôt les Les vedettes sont Clark Gable, Myrna Loy, William ce nous ne consistes-tu pas surtout à que appellerons la invités et l'hôtesse commencèrent à s'inquiéter et à Powell. Comme son titre l'indique, ce film se semi-nudité ne fut pas sans nous conserver l'illusion, dés¬ se demander ce que signifiait cette fuite « à la déroule à New-York et est un drame très émouvant. provoquer, comme on pense, habillé qui fait s'essorer nos française ». J'aurais bien voulu vous faire visiter d'autres stu¬ un esprit d'émulation. On imaginations, nous ouvre les Et savez-vous où l'on retrouva Maurice ? dios, mais je m'aperçois que je n'aurai plus le temps chercha à créer du nouveau, horizons des suggestions pro¬ Dans le en aujourd'hui. Je dois poster ma copie ce soir pour metteuses et des boudoir de la danseuse train d'en¬ du plus « exciting ». Les ima¬ évocations tendre sur son phonographe les derniers disques qu'elle arrive à Paris à temps. Un jour et demi de ginations appareillè¬ grisantes, et qui n'est de... Maurice Chevalier. Los Angeles à New-York par l'avion et ensuite six rent pour des do¬ pas non plus sans Marcel Achard est également sur le plateau. jours de paquebot... maines inconnus. Le offrir quelque ressem¬ blance C'est lui qui a écrit les dialogues français de La Je vais vous donner à la place les derniers tuyaux « sex-appeal » était en avec le soleil Veuve que ce aura qui circulent à Hollywood : marche. chanté par le poète, ô Joyeuse car il est prévu film une version française. interprètes de ^ J'ai appris cet après-midi que Clark Gable et toi sans qui les fem¬ Les la version amé¬ Il ricaine ne sont Jean Harlow allaient être les « co-stars » d'un grand éclata, un jour, mes ne seraient peut- pas encore tous choisis. On parle film d'aventures intitulé « de Chine » et dans un bruit de fan¬ de Frank Mer* qui être que ce qu'elles Morgan, Earl Oxford, Arthur Jarrett... un autre sera réalisé par Tay Garnett, le metteur en scène fare, entité presti¬ sont ? Dans décor Joan Crawford tourne la gieuse lancée magnifi¬ scène finale de Sadie Mac Kee, film dramatique de Son Homme. quement par des chefs réalisé par Clarence Brown, un des premiers met¬ + Cecil B. de Mille termine son grand film de publicité, à la fa- Jacques FELINES. teurs en scène américains. Nous ne pouvons mal- pseudo-historique : Cléopatre. Vous savez déjà que

Juliette COMPTON. Photo Preston Duncan c'est notre compatriote Claudette Colbert qui joue + Katharine Hepbum est la grande vedette de le rôle de la souveraine d'Egypte... Eh bien Cecil l'année. Ses interprétations de Morning Clory et Blount de Mille ne veut pas démordre. Il a annoncé Little Women lui ont valu le premier prix au Con¬ aux directeurs de sa firme son intention de mettre cours annuel de l'Académie des Arts et Sciences à l'écran une histoire de Samson et Dalila. Miriam Cinématographiques de Hollywood. Hopkins serait Dalila et Henry Wilcoxan Samson. On annonce que Katharine Hepbum va tourner Après Le* Dix Commandements, Le Roi de* Roi*, le rôle de Jeanne d'Arc. Le scénario de ce film est Le signe de la Croix, toute l'histoire ancienne et la écrit par Thornton Wilder, auteur du Pont du Roi Bible y passeront. Saint-Loui«. Tout le monde reconnaît le grand + Voici une bonne histoire. Enfin c'est celle que talent de Katharine Hepbum qui dépasse de loin tout le monde raconte ici en l'annonçant comme celui de Marlène Dietrich et de Creta Carbo. Mais inédite. Vous connaissez l'artiste Esther Ralston ? Jeanne d'Arc ! C'est une autre affaire. L'auteur du Vous l'avez vue autrefois dans nombre de films scénario est déjà en butte aux sarcarsmes de la muets. Vous l'avez revue dans plusieurs films par¬ colonie française de Hollywood qui demande si l'on lants et aussi dans le film britannique : Rome- verra dans le film Jeanne d'Arc épouser le roi Expros*. Esther Ralston doit tourner dans un nou¬ Charles VI I ! veau film. Son rôle comporte une exhibition en de Les célèbres girls de Busby Berkeley ont repris légers déshabillés... possession des studios de Burbank pour un nouveau Esther Raison pensa qu'il serait bon pour ce rôle film musical intitulée Dames. Cette fois le film est de perdre quelques kilos superflus et alla dans un réalisé par Ray Enright en collaboration avec le établissement de massage. La masseuse qu'on lui maître de ballet et le producteur scénique Busby donna était terriblement vigoureuse, et après cha¬ Berkeley qui les danses de Kid From dirigea Spain, Conte inédit de Maurice DEKOBRA que séance, Esther Raison revenait complètement Prologues, Wonder Bar, Roman Scandais. exténuée... Au bout de quelques jours de ce trai¬ Parmi ces girls, certaines sont sorties du rang tement trop énergique à son gré, l'artiste aJla se et devenues premiers rôles. Telle la jeune Toby plaindre au Directeur de l'Etablissement : « une Je vou¬ King qui parut dans 42" Rue et The Kid From Spain cour assidue. On les vit ensemble à la piscine, au golf, au drais une nouvelle masseuse. Celle « ranch » de Wallace Beery 'dans la montagne ; bref, on que j'ai actuel¬ et dont je vous ai annoncé dans mon dernier cour¬ Freddy Stone, l'étoile des étoiles, l'as des vedettes, le lement me met en chéri des Anglo-saxonnes. s'abordait à Hollywood, non pas en se demandant : capilotade ». rier le flirt avancé avec Maurice Chevalier... Nous déjeunions, Brettwyn et moi, d'un « Croyez-vous que la France paiera ses dettes le I 5 décem¬ Le Directeur sourit : suis heureux rentra restaurant « mutton que vous Stone Je Le Freddy dans le du Studio Ibis, plus grand secret est gardé sur les tableaux chop » coriace, flanqué de pommes pailles frites dans bre ? », mais : m'ayez demandé cela, Miss Ralston, car nous « scéniques qui illustreront ce film mais les girls ont le mobiloil. Hollywood est peut-être la Mecque du cinéma, Croyez-vous que Freddy Stone sera cocu avant Noël ? » sommes porter votre masseuse mais c'est l'enfer du bien manger. Mon ami me souffla : Les bookmakers prenaient des paris à cinq contre un. Moi- obligés de faire dans annoncé à leur « boy freinds » qu'on leur avait son — Voici le héros d'un des même, j'étais persuadé du divorce imminent des deux lit, chaque fois qu'elle a fini avec vous ». demandé de danser dans des plus curieux drames d'amour époux. costumes très osés — Humour américain ! d'Hollywood... Drame n'est pas le mot exact, je devrais dire : Et que se passa-t-il ? c'est-à-dire — Eh bien ! voici. presque inexistants. On parle même de d'un vaudeville qui, en d'autres circonstances, aurait pu deve¬ D'abord, quand un mari américain est poitrines nues... Les puritains vont encore être de nir tragique. trompé par sa femme, il dispose de diverses façons de se Au studio lors de la réalisation de Chercheuiai d'or. mauvaise humeur. — Contez-moi ça. venger. Avant tout, il y a le revolver et l'exécution de la femme — Vous savez, n'est-ce pas, que Freddy Stone est marié coupable ou du complice. Mais c'est un procédé rarement em¬ ^ Beaucoup de personnes croyaient .qu'Adrian, avec Barbara d'Acosta, la petite poupée blonde aux yeux ployé ici. On laisse ça aux Français qui ont le revolver facile le célèbre costumier d'Hollywood, était Français. Il d'émeraude qui joue les ingénues à Primordial Films. et ne comprennent la passion qu'à coups de browning. Nos — En n'en est rien : son vrai nom est Gilbert Adrian et effet, j'ai été invité un soir à l'un de ses cocktails. jurés, moins bêtes que les vôtres, n'encouragent pas les drames Elle boit comme un buvard et vous embrasse sur la bouche passionnels en acquittant avec le sourire les femmes qui tuent il est né dans le Connecticut. Encore une illusion quand elle est dans lesvignes du seigneur. et les maris qui étranglent.

— qui s'en va. — Justement. Imaginez-vous que l'hiver dernier des bruits Alors que reste-t-il à l'époux bafoué dans ce pays ? fâcheux coururent de studio en studio au sujet de la fidélité ^ Un journaliste américain venu aux studios conjugale de Barbara d'Acosta. Nous autres, de Burbank a demandé aux les chroniqueurs girls de Busby Berkeley attitrés de Beverley Hills, nous échangions des coups d'œil quels étaient les hommes qu'elles considéraient complices chaque fois que nous voyons Freddy Stone arriver comme le meilleur parti matrimonial. Voici les dans le décor pour ramener sa charmante moitié à la maison. Les réponses dans l'ordre de la popularité : paris étaient ouverts. Le scandale éclaterait-il ce soir, Colonel demain, ou dans huit jours ? Lindbergh, Jack Dempsey, Mussolini, — Barbara trompait-elle vraiment son mari ?

Ernest — Hemmingway, James Cagney, le Prince de Attendez. Nul ne savait alors jusqu'où allaient ses impru¬ Galles, le Prince Alexis M'Divani et Gandhi... dences. En tout cas, elle témoignait d'un intérêt assez marqué Les girls américaines sont des petites pour le beau Lewis Morrill, la coqueluche des midinettes de blagueuses... San Francisco à New-York. Certaines votèrent même pour l'Homme Invisible. — Lewis Morrill ? Je pense qu'elles se sont payées la tête du journa¬ — Oui, vous savez bien, ce type qui a une belle tête de liste... mouton, avec des cheveux noirs ondulés comme une papil-

lotte de petit four. , + Ronald Colman n'a plus d'yeux que pour la — Ah ! Je vois à présent. jeune et jolie Virginia Peine Lehmann riche héri¬ — Il venait d'arriver à Hollywood, engagé par la First tière de Chicago venue à Hollywood pour essayer Impérial Corporation et intriguait tout le monde par son carac¬ de faire du film... En attendant Ronald Colman tère solitaire et la rareté de ses confidences. La Compagnie Ibis l'engagea à son tour pour jouer dans les Larmes du essaie de lui tourner la tête. On dit que ce ne sera Caïman, ce film du monde des affaires qui vient d'avoir tant pas difficile ! ! ! de succès. Il tournait aux côtés de Barbara d'Acosta. Il lui fit Betty GRAY. Copyright 1933, by M. Dekobra. — — vous jouant sur les Eagle Motors. vous donne ces en pas¬ Il y o le procès en dommages-intérêts intenté ou com¬ Ecoutez un peu celo, Notre beau Freddy Stone, de plus Pour demander raison de votre attitude auprès de mon Je détails sant en mari... Pour mettre un terme à vos manœuvres qui sont une pour que vous compreniez la réaction immédiate de Bar¬ plice qui a détruit le bonheur au foyer conjugal. C'est la mé¬ plus inquiet pour la paix de son foyer, chargea un? agence bara devant les fermes thode anglaise. Certains maris britanniques qui ont une concep¬ de détectives de... tentative flagrante de me prendre l'affection de mon mari... paroles de Mrs Morrill. Une petite exal¬ tée aurait tion particulière du mariage jouent de cette carte devant le — De surveiller les coupables ? En un mot, je suis venue pour vous demander de mettre un pris en plaisantant les menaces de Doris et continué de jury. le — terme à tous ces agissements jouer avec le feu. Mais Barbara n'était pas de celles-là... Si complice est riche, il peut être condamné à cinq Pas du tout. De faire une enquête sur le passé de Lewis ! Elle réfléchit se cent mille francs de dommages-intérêts. C'est une compen¬ quelques instants, puis levant délibérément, jolie Morrill. Après plusieurs semaines de recherchés, un détective ♦ sation les cornes des elle dit à Doris : pour gentlemen accommodants. vint lui annoncer qu'il avait fait une découverte sensationnelle. — — J'interrompis le récit de mon ami Brettwyn : Voulez-vous m'attendre ici, Mrs Morrill ?... Je reviens Et c'est tout ? — Lewis Morrill avait été en prison ? — — J'ai lu souvent presse comptes dans deux minutes. Non . TT dans la américaine des y o encore pour les maris irascibles chez nous, — Non pas. Il était marié. rendus de par une pour lés maris qui ne veulent pas procès singuliers intentés femme mariée à L'épouse offensée attendit avec les quatre « gangsters » punir eux-mêmes le complice — C'est à peu près la même chose. une autre femme mariée parce lui a, détectives. Bientôt Barbara reparut en costume de ville. Elle de leur femme adultère, le châtiment infligé au coupable por qu'elle selon le jargon — Sons doute. Mais, pour Freddy Stone, c'étoit beaucoup tenait son des « gangsters » payés. De même qu'au billard, on joue par juridique du pays, « dérobé l'affection de son époux ». S'agi¬ pyjama à la main. Elle le lança sur un fauteuil et plus intéressant. En l'occurrence, Lewis Morrill était bien marié, rait-il d'un cas de ce genre dit sans la bande ! Cela s'appelle un « beating ». Aujourd'hui, grâce ? rhétorique inutile : mais il vivait séparé à l'amiable de sa femme à qui il envoyait — Parfaitement. Si vous avez ces pour des galé¬ — Mrs compris. vous à la crise, vous pouvez avec cinquante dollars (douze cent cin¬ pris procès Morrill, j'ai Je laisse le pyjama. Vous une petite pension. Freddy Stone connut l'adresse de l'épouse quante francs) faire administrer une raclée soignée au Roméo jades de journalistes, vous vous êtes trompé. Tout se monnaye pouvez vous en servir, car je vous cède en même temps la délaissée. Il prit aussitôt le train de votre femme. Trois gaillards costauds, dépourvus de préju¬ pour Indianopolis. Il se pré¬ ici. Les chorus girls, les Ziegfeld Follies, les Earl Carrol Vanities, place dans le bungalow de votre époux. A partir d'aujourd'hui, senta devant la femme esseulée. Elle Doris. Il lui les vous gés, se chargent de l'opération. C'est net, bien exécuté et dis¬ s'appelait mannequins, les demoiselles de société, les quart de mon¬ pourrez dire à Lewis que je le dispense de me dire bonjour exposa son cas. Il lui fit une peinture attendrissante de ses daines des comme et cret Le malheureux Don juon en a pour trois semaines à l'hôpi¬ grandes villes New-York Chicago connais¬ quand il me rencontrera... démêlés conjugaux. Il toucha d'abord la corde sentimentale. comme un tal et il ignorera sent homme de loi le procédé qui consiste à compro¬ Et Barbara, le nez en l'oir, passa devant les quatre détec¬ Doris, qui gardait une dent contre son mari trop volage, comprit mettre avec des lettres un amoureux naïf. Elles lui extorquent tives en rang, que sa toujours le nom et tandis Lewis Morrill inquiet de longue le désir de vengeance qui une indemnité l'adresse des cheva¬ animait Freddy Stone. Ce dernier ainsi belle qu'on appelle ensuite « le baume du absence apparaissait enfin pour se trouver face à face avec la expliqua alors son plan lui — business is busi¬ cœur ». liers de l'espadrille à Doris et offrit Il y a des cœurs simples qui se laissent embaumer avec petite exilée d'Indianapolis. ness — vingt mille dollars pour jouer le rôle qu'il mille dollars. Il qui l'ont mis dans attendait y en a de plus endurcis qui exigent un embau¬ d'elle. Doris soupesa mentalement la maigre pension alimen¬ mement de première de vingt-cinq ou ce piteux état. classe cinquante mille taire L'Epilogue est très simple. Barbara rentra ce soir-là au bun¬ — que son mari lui servait bénévolement et les vingt mille dollars. Neuf fois sur dix, l'amoureux imprudent, pour éviter le C'est ce der¬ galow conjugal. « dollars de l'époux vindicatif. Elle accepto de collaborer à sa scandale d'un procès, s'exécute. Et le jeune cœur embaumé nier procédé que Freddy l'attendait. La jeune femme lui déclaia : vengeance. n'a plus changer pour — Freddy Stone em¬ qu'à de sarcophage continuer l'aventure Je vais vous en annoncer une bien bonne, « dearling ». Freddy Stone l'emmena incontinent en Californie et lui con¬ dans un autre alcôve... ploya ? Je parie que vous ne saviez pas que Lewis Morrill était marié? un — seilla de se cacher dans Mais petit hôtel de Los Angeles afin de pour en revenir à Barbara et à Doris, les voici donc — Non. Freddy Ma foi non, répliqua Freddy Stone avec ingénuité. ne point alors que se face à face. Barbara a écouté les paroles nettes et précises de attirer l'attention. C'est le rideau leva — Stone a plus d'un Parfaitement, mon cher. J'ai appris ça aujourd'hui... sur le vaudeville dont son je vous parlais tout à l'heure. l'épouse bofouée. Elle comprend le danger. Elle tour dans sac. Il demande à Alors, depuis que je le sais marié, ce garçon ne m'intéresse plus Les acteurs allaient être Doris: en trouva un autre Doris, quatre « gangsters » costu¬ du tout. J'espère même n'avoir plus à tourner dans les mêmes més en détectives, la le séduisant — Et si je ne mettais pas un terme à mes relations, pure¬ auquel personne à belle Barbara et non moins films que lui. Lewis Morrill. La scène se déroula dans sa villa de Santa Mo- ment amicales, croyez-le bien, avec votre mari ? Qu'arrive¬ Hollywood n'aurait Ceci se passait il y a quelques mois. Depuis ces événements, nica. bien ro¬ rait-il ? songé, pour la bonne Car, entendu, l'amoureux à la tête de mouton la paix règne dans le ménage Barbaro-Freddy. Lewiss Morrill, || arriverait ceci, Miss d'Acosta. Forte de mon droit, raison que personne mantique, ne paraissait jamais au bungalow de Freddy Stone d'abord désolé, s'est consolé avec la Cubaine tatouée des stu¬ à forte des lettres que je possède, adressées par vous à Lewis (car ne savait grand'cho- Beverley Hills. C'était Barbara qui, de temps en temps, allait dios des « Amalgamated Artists » et sa femme est retournée chez lui jouer ce roublard de Freddy Stone avait détourné la correspondance se du passé de au ping'-pong, au jacquet ou à la main chaude. à Indianapolis avec le gros chèque de Freddy Stone. Je parierais Un alors de sa femme et remis quelques pièces à conviction â sa com¬ Lewis Morrill. après-midi, que Barbara et Lewis Morrill échan¬ bien dix dollars que rien ne viendra bouleverser leur bonheur — des sur le de tennis, le maître plice ces Vous m'intri¬ geaient balles court d'hôtel docile), forte de tous témoignages, entre autres de pendant deux ou trois mois encore. votre guez, mon cher japonais vint annoncer à l'acteur que cinq personnes désiraient présence ici à six heures du soir en pyjama, constatée par — Seulement trois mois ? parler à Barbara d'Acosta. Ce n'étaient ces quatre gentlemen vous un Miss pas quatre hommes de la police, je intenterai procès — Brettwyn. Oh ! oui. Car, à Hollywood, et un caporal, mais quatre messieurs en veston et une dame en en cinquante mille dollars de la durée des hyménées est très noir. Barbara pria son ami de l'attendre et elle plaisanta : dommages-intérêts. Le m'en juge limitée. Les alliances, ici, sont de — Ce sont amateurs accordera trente-cinq mille au probablement des d'autographes. cire et fondent au soleil de Ca¬ méditait moins et le scandale brisera votre Elle déjà quelque dédicace inédite sur ses photo¬ lifornie. Tout le monde est graphies, quand des inconnus donna carrière cinématographique. Si la mine grave cinq lui à convaincu que Freddy Stone peut réfléchir. Le vous tournez encore, vos appoin¬ plus gros des quatre hommes la salua cavalière¬ dormir tranquille pendant quel¬ ment et demanda : tements seront saisis et vous tra¬ que temps encore. Je dis quelque — Miss Barbara vaillerez dorénavant pour dédom¬ d'Acosta, je suppose ? temps, car on chuchotait déjà — Oui. me mager la femme de votre bel Vous désirez parler ? l'autre soir, au Cabaret du Top Et ami... A vous de choisir, Miss l'homme de glisser son pouce derrière le revers de son Hat que Barbara a lancé un re¬ veston d'Acosta ! pour montrer son insigne d'inspecteur de la police secrète gard incendiaire au Colonel Hur- (cet insigne d'ailleurs était faux). ♦ rycold, le fameux explorateur an¬ — Oui. Nous sommes venus assister à l'entretien que cette Barbara, poupée blonde aux glais qui a tourné ce film docu¬ dame ici présente désire avoir avec vous. mentaire « Les Vierges du Zam- yeux d'émeraude, n'a de la petite Barbara remarqua alors la femme en noir. Elle demanda : bèze », en Afrique Australe. écervelée que l'aspect extérieur. — Qui Cela se êtes-vous, Madame ? On l'a surnommée « l'Ange passait au bal de ven¬ Et l'autre, ménageant ses effets comme au théâtre, de ré¬ dredi, à l'Ambassadeur de Los d'Hollywood ». Mais c'est, en. pondre : Angeles. Le Colonel Hurrycold réalité, un ange astucieux comme — est, paraît-il, je suis Mrs Doris Morrill, l'épouse légitime de Lewis Mor¬ une vieille fouine et pour qui un célibataire... Alors le vous comprenez les paris sont rill, propriétaire de la maison dans laquelle vous vous trouvez dollar représente un dollar. Vous actuellement. ouverts de nouveau ! n'avez pas eu l'occasion de la

le — Barbara d'Acosta flaira danger. Elle célo son émotion et voir à l'œuvre. Mais nous autres Mais, mon cher, comment fit entrer les cinq personnes dans un petit salon. Alors, elle qui connaissons Barbara sur le pouvez-vous être au courant de affecta de sourire aimablement et très femme du monde, bout du doigt, si l'on peut dire, tous ces petits secrets d'alcôve ? demanda : nous pouvons vous affirmer Alors, mon ami Brettwyn posa — Q'est-ce qui me vaut le plaisir de votre visite, Mrs Mor¬ qu'elle rendrait des points au sa tasse sur la table et ricana : rill ?... Car, à vrai dire, votre mari ne m'avait jomais porlé de plus retors des agents de change — Les secrets d'alcôve ? Je vous. de Wall Street. Au temps de la vais vous en donner la défini¬ Le gros détective se leva et tira de son portefeuille un papier prospérité, de 1925 a 1928, elle tion : ce sont des officiel champions de qu'il montra à Barbara. C'était le certificat de ma¬ a gagné un argent fou en spécu¬ vitesse qui courent de bouche en riage de Doris. Celle-ci s'exprima alors en ces termes : lant sur les terrains pétrolifères bouche. — Maintenant que vous êtes convaincue de l'exactitude de Cuadalajara au Mexique et Maurice DEKOBRA. de mon état-civil, vous venue je vais dire pourquoi je suis ici... elle a décuplé son capital en LES PRÉJUGÉS DU CINEMA

EST-IL VRAI QUE LE PUBLIC NE PREND PLAISIR QU'AUX FILMS RIGOLOS ?

gisme alors qu'il s'accommoderait si bien d'un peu exploitants, anciens déballeurs forains ou ex¬ de fantaisie et de libre disposition de lui-même ! LE bistrotscinéma quifut n'avaienttoujours pourrijamaisdefaitpréjugés.de psycho¬Des je ne médis pas du film comique. Même quand logie en leur existence exclusivement com¬ il ne s'élève pas au ton classique d'un Charlie merciale, prétendent connaître « leur public », Chaplin il a sa place dans les programmes, car il comme ils disent. — Mon public veut ceci, mon est sain et salutaire. Molière fit L'Avare et Don public a horreur de cela ! Juan, mais il fit aussi Lei Fourberies de Scapin et Telles sont les antiennes que nous entendons Le Médecin malgré lui. depuis que le cinéma a capté les faveurs populaires. Donc vive le film comique ! Mais de là à nous C'est ainsi que ces Aristarque ignorants et pré¬ obliger à rigoler tout le temps au cinéma, il y a un tentieux déclarèrent toujours indésirables les films monde. C'est réduire considérablement les ressour¬ à tendance intellectuelle — cela va de soi. Ils ces d'un art que de le limiter à une seule forme assassinèrent Louis Delluc dont ils se réclament d'expression surtout quand cette forme est la moins presque aujourd'hui. Ils outragèrent les premiers esthétique et la moins élevée de toutes. films de Marcel L'Herbier et ce ne fut pas de leur je ne nie pas le succès de bons films comme faute si un chef-d'œuvre comme El Dorado pénétra Fra Diavolo, Le Kid d'Espagne, La Carnison Amou¬ la grande masse du public au point de rester aussi reuse, Charlemagne, Bach millionnaire. Mais si vivant dix ans après sa sortie et jusqu'à l'avènement nous jetons un coup d'œil sur la liste des films qui du parlant. depuis un an ont obtenu et obtiennent toujours le Les quelques rares vedettes qui eurent du génie plus grand succès nous voyons les titres suivants : chez nous ne trouvèrent pas grâce devant la censure Back Street, La Vie Privée d'Henry VIII, Les Misé¬ de ces exploitants psychologues. Ils injurièrent Eve rables, La Rue sans nom, Vol de Nuit, Tunnel, La Francis et Catherine Hessling fut leur bête noire. Croisière Jaune, Prologues, L'Homme invisible, etc. Nadia Sibirskaïa en fut réduite à chercher des etc... cachets de figurante beaucoup par leur faute. Ce ne sont pas là précisément des films rigolos ! — Mon public n'aime pas Eve Francis. Elle est Je comprends bien que les exploitants-logiciens- trop fière !... psychologues dont je parlais plus haut ne donnent — Mon public déteste Catherine Hessling. Elle pas cette pâture à leur public qui ne la réclame est exagérée !... pas pour la bonne raison qu'il ne la connaît pas. Les exploitants, ex-déballeurs sur les champs de Et nous touchons peut-être là du doigt le vice foire et psychologues, confondaient leur propre rédhibitoire de l'organisation commerciale du goût avec celui des spectateurs qui, quoi qu'ils cinéma. Le public — je parle du public en général disent, ne leur appartiennent nullement. et non du public appartenant en propre à tel ou Je fais tout de suite la part des choses et vouant tel exploitant — ce public qui est vous, moi et tout au pilori les directeurs qui s'efforcèrent de tuer le monde, veut être renseigné, impartialement, sin¬ l'art cinégraphique par tous les moyens possibles, cèrement, en dehors des bruyants tam-tam de la je rends hommage aux chefs d'exploitation intelli¬ publicité. Il veut être informé de la production gents et sensibles qui assurèrent la sortie et le française et étrangère, et ne pas être obligé de s'en succès des belles œuvres de l'écran. remettre uniquement au goût de ses mauvais ber¬ Jm Depuis quelque temps, surtout depuis deux ou gers. trois années, les mêmes bistrots en rupture de Une enquête large et impartiale menée parmi les comptoir vont proclamant qu'il faut à leur public spectateurs habituels des cinémas nous convaincrait des films rigolos — ils disent comiques, c'est plus de cette vérité que le public n'entend être inféodé noble ! Exclusivement des films rigolos ! à aucun genre, qu'il veut librement choisir selon Nos bons exploitants qui n'ignorent rien de la son goût, selon son humeur, des films gais, des films H logique comme ils n'ignorent rien de la psychologie, tristes, des films neutres, pourvu que ces films partent du syllogisme suivant : la crise engendre soient bons. le cafard, la meilleure manière de tuer le cafard Non le public ne demande pas uniquement à c'est de rigoler, donc donnons à notre public des rigoler au cinéma... films exclusivement rigolos. Ann DVORAK. Pauvre public ! Etre ainsi mené à coups de syllo¬ Edmond EPARDAUD. Tous les interprètes sont bons, très bons, et on sent dans leur jeu l'influence du metteur en scène. NOS Marie Bell tient deux rôles : celui de la femme fatale CRITIQUES... et celui de la — pauvre fille pour le second so voix a été doublée. Pierre-Richard Willm est le légion- TOBOCCAN noire. L'admirable artiste qu'est Françoise Rosay a Mary Marquet n'étoit peut-être pas lo femme du rôle. fait une étonnante composition : une patronne de Cette Sapho, même en bénéficiant du doute rétrospectif, Henri Deeoin o tourné ce film d'oprès un scénorio dont il café-hôtel, tireuse de cartes à l'occasion. Elle apporte manque un peu d'allure. Son partenaire, Rozet est François dans ce est l'outeur. Toboggan marque le retour — et non les débuts personnage du naturel, de l'émotion, toute un peu gauche, effacé. Il est vrai que le personnage le veut comme on l'o dit — de la gamme des sentiments. Son mari (dans le film) Georges Corpentier au cinéma. C'est ainsi. en oncle est amusant et naturel. Charpin, méridional, est lo triste expérience d'un boxeur ruiné, vieilli et oublié, qui qui s'est fait une tête et une Nadia Sibirskaïa, en une très courte scène, rappelle qu'elle veut remonter sur le ring pour l'amour d'une femme qu'il o corpulence de tenancier indolent, trop nourri et est une grande artiste. — M. L. sortie de la misère et qui l'abondonne au premier insuccès. égrillard. Georges Pitoëff est un sympathique légion¬ naire russe. Encore qu'on y déplore des scènes inutiles et des piétinements Nommons aussi Line Clevers, Camille dans l'action, Toboggan offre quelques mérites, en particulier Bert, Nestor Ariani, Larquey. dans les passages nettement sportifs. Ariette Marchai dessine Une musique a été LE ROSAIRE spéciale composée par Hans ovec beaucoup d'art la transformation d'une femme par lo Eisler, fortune. Corpentier est mieux que dans ses autres films. Rosaire On Le est un roman de Florence Barclay duquel on a trouvera dans Le Grand Jeu une atmosphère Raymond Cordy est excellent dans un rôle de soigneur parigot. tiré une pièce à l'usage des abonnés de l'Odéon. C'est le type vraie, ce qu'on ne rencontre pas dans la plupart des Paul Amiot est très bien. du roman « convenoble » dont, à la fin du siècle dernier, on films. — M. L. Morcel LAPIERRE. permettait la lecture oux jeunes filles dès que celles-ci ne portaient plus leurs nattes dans le dos.

Gaston Ravel a imagé sans passion cette histoire d'amour Dons Le Grand Jeu Line CLEVERS campe avec humour CASANOVA LA BELLE DE NUIT noble, chaste et pur. Il a eu besoin d'un couple d'amoureux une fille de cobaret, de tout repos, très « feuilleton fomiliol » : il a utilisé Louisa Il est Les aventures toujours périlleux de transformer un drame scénique de Mornand et André Luguet. — M. L. de Casanova, déjà filmées en en film. Louis Valray, en reprenant l'intrigue de la pièce de « muet » par Alexandre Volkoff, ont été reprises en « par¬ •LITTLE WOMEN (LES QUATRE FILLES DU Dr. MARCH) Pierre Wolff, a su faire disparaître le découpage théâtral et lant » par René Barberis. Même vedette : Ivan Mosjoukine Voici une des œuvres les donner du mouvement et de la couleur à cette étude psycho¬ au sourire founesque, plausible chevalier de Seingalt. Quelques plus belles et les plus sincères que le cinéma nous ait données logique. Véra Korène a représenté avec beaucoup de talent la épisodes de la vie tumultueuse du Don Juan vénitien ont été depuis longtemps. JEUNESSE Litfle Women est l'histoire de prostituée qui, pour prendre revanche sur les hommes, a troduits en tableaux agréables, avec le concours du peintre quatre jeunes filles, qui se passe dans une petite ville des Etats-Unis vers 1864, au temps accepté de servir la vengeance d'un amant trompé. Georges Lacombe, avant d'être metteur en scène, fut l'assis¬ Boris Bilinsky pour les décors et les costumes. Les scènes de la guerre Nord Le est tiré célèbre qui se déroulent dons le quartier réservé de tant de René Clair. On retrouve dans ses films la De du contre le Sud. film du marque de jolies femmes, dont quelques-unes — Léda Ginelly par Toulon sont d'un puissant naturalisme que le cinéma roman de Louise Alcotts qui est aussi connu dans les pays français cette école et il ne faut pas s'en plaindre. exemple — se montrent dans un déshabillé total, ajoutent à n'ovait encore anglo-saxons que Sans Famille ou Le Petit Choie chez nous. jamais atteint. Il y a des tableaux pittoresques lo grâce de ces compositions très XVIII''... Jeunesse est une simple histoire de la vie populaire de Paris. assistons à la vie qu'on ne saurait recommander pour le» enfants... On note là Nous simple et heureuse de Jo, Amy, Beth et Des petits amoureux, des chansons, des joies pures, de gros Henry-Loverne est un valet de comédie très drôle. Margue¬ une intéressante tendance à ne plus considérer le cinéma Meg qui grandissent près de leur mère dans une atmosphère chagrins. Tout cela bien conduit, bien présenté, avec art et rite Moreno silhouette avec esprit une vieille dame sensuelle. comme une transposition de la Bibliothèque Rose. a'amour et de bonté. sensibilité. Citons encore Jeanne Boitel, Magdeleine Ozeray, Colette Parmi les personnages : Aimé Clariond, Nicole Martel, Paul Le scénario ne peut se raconter. Il faut voir ce film splen- Darfeuil, Marthe Mussine, Véra Markels, Nicole de Rouves, Bernard, Germaine Brière. — M. L. Des interprètes vraiment jeunes et qui, bien dirigés, font dide que l'on peut sans exagération qualifier de chef-d'œuvre. Saturnin Fabre, Pierre Larquey, Emile Drain, Pierre Moreno. de leurs rôles des créations sincères et charmantes : Lisette I! vous donnera une émotion profonde et vous serez pris dans — M. L. Lanvin, Paulette Dubosc, Robert Arnoux. Jean Servais, Louis le fond de votre cœur par la beauté des sentiments exprimés. Allibert. — M. L. La réalisotion est remarquable. La plupart des scènes sont SAPHO de véritables tableaux d'art. Le metteur en scène o réussi à SI TU VOIS MON ONCLE foire revivre cette époque disparue avec une délicatesse et Pour l'adoptation du célèbre roman d'Alphonse Daudet, une fraîcheur trop rares au cinéma. Léonce Perret s'est ingénié à recréer l'atmosphère du Paris de Le réalisateur LE GRAND JEU belge Gaston Schoukens est l'auteur de ce L'interprétation est non moins remarquable. Le film est 1880. Il y a réussi par des reconstitutions de décors et par film qui amusera sans doute les spectateurs mais qui ne brille mené par la nouvelle vedette américaine Katharine Hepburn des « notations » de quelques détails en gros plan. C'est le premier film tourné en France par Jacques Feyder pas par la technique. Principaux personnages : Colette Darfeuil, dont nous n'avions vu encore en France aucun grand film. On depuis les Nouveaux Messieurs, C'est une œuvre solide, bien Alice Tissot, Gaston Jacquet, Clodys Warland, Jean Noret, Victor Une scène d'amour de Sapho entre Sopho (Marie MARQUET) construite, qui vient donner à la cinégrophie française un Pujol. Colette DARFEUIL (La Cortieelli) dans Cuianevu. oppoint Du vaudeville teinté d'opérette... — M. L. et Jean Coussin (François ROZET) important. Le scénario a été écrit spécialement pour l'écran par Feyder et Charles Spaak :

Un jeune homme qui s'est ruiné pour une femme capricieuse s'engage à lo Légion étrangère. Dans un café chantant maro¬ cain, il rencontré, plus tard, une femme qui ressemble étran¬ LES DEUX CANARDS gement à l'ouvrière de sa ruine et dont le passé lui est inconnu. Un cos intéressant se trouve femme est posé : cette peut-être Le scénario est amusant et spirituel. Il provient F « autre ». En tout cas le légionnaire trouve auprès de cette d'ailleurs d'une pièce de Tristan Bernard. Des cir¬ fille commune, dénuée de goût, une illusion. Le jour de la constances que l'on peut .qualifier d'amoureuses ont libération venu, il décide de rentrer en Fronce avec sa nouvelle conduit un journaliste parisien à écrire, dans une compagne. se retrouve en face de la « vraie ». Le Soudoin, il ville de province, sous deux noms différents, pour charme s'est évanoui. Lo maîtresse d'autrefois est toujours deux journaux férocement adversaires. aussi indigne ; lo remplaçante a perdu toute valeur représen¬ Gélidon — c'est son vrai nom — se met dans tative. L'homme, qui n'a plus rien à espérer, rengage. Au bout le pénible cas d'avoir un duel avec Montillac — de so carrière de militaire, c'est la mort qui l'attend. c'est son pseudonyme. L* grand jeu se distingue par les qualités de sa composition, La situation est excellente et prête à de joyeuses en particulier par une précision du montage qui n'est pas péripéties, que Eric Schmidt a mises en scène. Les monnaie courante dans les films français. Les scènes s'assem¬ principaux personnages de cette solide farce sont blent avec une parfaite logique : rien d'inutile. Tout détail représentés par Florelle, René Lefèvre, Saturnin a pour faits indiqué son importance expliquer les ou pour Fabre, Dranem, Simone Héliard, Christiane d'Or, définir la psychologie des personnages. , * Coupil, Cuy-Sloux, Jules Moy. — M. L. Le comique bordelais Tichadel est un musicien sentimental SERENADE A TROIS (DESIGN FOR LIVINCI et ahuri. Ernst C'est un film du genre dit « gai » et du modèle courant. Lubitsch, metteur en scène allemand qui travaille Les scènes de plage ne font pas oublier les agréables depuis dix ans à Hollywood est un spécialiste du film léger et tableaux des baigneuses américaines. — M. L. spirituel. Les amateurs de cinéma n'ont pas oublié ces charmantes comédies qu'il nous donna au temps du muet : Le Cercle du Mariage, L'Eventail de Lady Windermere, Kist me again. L'année dernière Lubitsch réalisa ce film délicieux ; Trouble In Paradise inconsidérément intitulé er. France Haute Pègre. REINE CHRISTINE (QUEEN CHRISTINA) Voici maintenant Sérénade à trois, dont le titre améri¬ cain est Plan de vie. C'est l'adaptation d'une pièce du jeune Nous attendions avec impatience de voir ce film. Il nous auteur et acteur anglais Noël Coward, l'auteur de Cavalcade. a franchement déçus. Au lieu du chef-d'œuvre promis, On ne pouvait imoginer pour le cinéma un sujet plus osé et nous nous sommes trouvés en présence d'une œuvre froide, plus délicat. Une femme amoureuse de deux amis qui se lente et profondément ennuyeuse. Certes, les admirateurs donne alternativement à l'un et à l'autre et, finalement, de Creta Garbo ne seront peut-être pas de notre avis car, se marie à un troisième. Mais les deux premiers reviennent comme on peut s'en douter, tout le film est fait pour mettre et l'on prévoit que ce sera cette fois une sérénade à... en valeur lo vedette Scandinave : Creta Garbo en jeune quatre. fille, Creta Carbo en vêtements d'homme ; Creta Garbo en Lubitsch a traité ce sujet d'une façon magistrale et grande amoureuse ; Creta Carbo en robe de style, etc. Tout vraiment spirituelle. Peut-être pourra-t-on reprocher à ce cela est bien conventionnel et ne comporte réellement film d'être lent, trop dialogué et de manquer d'éléments aucune émotion sincère, aucun caractère artistique. On visuels ? Mois pour les spectateurs comprenant l'anglais, Un bel ensemble de La reine Christine. peut se demander si les méthodes habituelles de travail c'est un vrai régal. Ajoutons que le film est remarquable¬ Une charmante scène de Les quatre filles du docteur March. d'Hollywood conviennent bien au genre du film historique ment interprété par Miriam Hopkins, que l'on vit déjà dans bon cinéma. Citons en passant, du romancé comme La Vie privée de Henry VIII, Catherine Trouble in Paradise, Cary Cooper et Frédéric March, les deux l'habileté titrage français, dû à J. V. Bréchignac. de Russie. Marlène Dietrich vient de tourner un film dans amis et Edouard Everett Horton, le mari légol. — P. A. En bref, un film moyen, qui devrait porter un titre a comparé Katharine Hepburn à Greta Garbo ou à Marlène lequel elle incarne Catherine de Russie : nous verrons ce que outre que celui de la grande œuvre qu'il trahit. — Céo Bosch-Stein. Dietrich. Ce n'est pas un compliment à lui faire. Katharine c'est. Mais en attendant nous pouvons affirmer que Rouben Mamoulian a Hepburn est beaucoup mieux. Cette actrice qui nous rappelle manqué sa Reine Christine. Est-ce le sujet, est-ce Réjane possède une vie, un tempérament artistique, et une la star qui l'ont gêné ? Au point de vue photographique il faut UNI SOIREE ETRANGE (OLD DARK HOUSE) sincérité d'expression qui la mettent mille fois au-dessus de reconnaître que certains plans de Carbo sont magnifiques, SUZANNE... C'EST MOI. toutes les vedettes fabriquées par le bluff et lo publicité. en particulier la scène finale. Mais sont-ce des éléments Ce film, vieux de trois ans, ne méritait pas le battage qu'on Un d'intérêt a film curieux, original qui nous sort de banalité Katharine Hepburn est arrivée grâce à son talent qui est suffisant pour un film qui dure près d'une heure lui fait. Comme œuvre d'épouvante, nous avons vu mieux la courante. grand. trois-quart ? — P. A. et, avouons-le, ce n'était pas difficile. Lilian Cette « soirée étrange » Harvey, fine et souple comme une liane anime cette Dans les rôles des trois sœurs, plus effacées naturellement se passe dans une vieille maison du comédie. Son long corps fuselé évoque toute l'harmonie de la mais non moins charmantes : Pays de Galles dans laquelle, au cours d'un orage, viennent Joan Bennett, Frances Dee et danse. Albert PREJEAN et Danielle DARIEUX dans Volga en flammes. échouer trois hommes et deux femmes qui ont été arrêtés par Jean Parker. Citons également l'interprétation étonnante de Céna l'inondation. Dans la maison habitent une vieille femme Raymond (Tony) est beau et sympathique. Il oime Paul Lukas, Spring Byington (la mère) et Douglass Montgo- avec une ardeur puérile et anglo-saxonne. Leslie Banks est mery (Laurie). sourde, un centenaire « gâteux », une brute sauvage, un fou avec autorité un dangereux et un quinquagénaire peureux. La brute s'enivre et imprésario cupide. Les marionnettes Podrecca Sincèrement, Little Women est une des plus belles œuvres Piccoli donnent à cette action un veut violer l'une des femmes. Le fou s'évade de sa chambre et jeu simpliste, un relief sai¬ cinématographiques non seulement de 1934 mais encore de sissant. Les décors sont très heureusement brossés et enfin et essaie de mettre le feu à la maison. La vieille maudit la jeune tous les films produits depuis le cinéma parlant. la version en femme qui a dû se mettre en chemise, sa robe étant trempée, surtout, originale anglais avec sous-titres français nous Pierre AUTRE. etc... Bref une suite de faits incohérents et sans vraisemblance préserve de cet affreux « dubbing » dont on a trop tendance à abuser aujourd'hui. — C. d'Hervillie*. ♦ qui ne peuvent effrayer personne. Le film d'épouvante doit avant tout être logique (voir L'Homme Invisible). On a spéculé pour lancer cW film sur le nom de Charles VOLGA EN FLAMMES Louhgton dont c'étaient là les débuts au Cinéma. De même LAC AUX DAMES. pour Cloria Stuart. Quelques scènes où le sex-appeal et le Cette adaptation d'une nouvelle de Pouchkine a été réalisée Etait-ce une déshabillé des interprètes féminines est mis à contribution gageure? Peut-être; en tous cas, c'est une en Tchécoslovaquie par Tourjansky. Elle présente quelque leussire. La firme dont les destinées sont présidées por sont seules agréables. Quant au reste c'est irrémédiablement analogie avec La Volga en feu du régisseur soviétique Jury les puissantes initiatives de M. Ph. de Rostschild, a osé enfin manqué. On pourrait appeler ce film « Fais-moi peur... >: — Taritch. C'est également l'histoire d'un cosaque rebelle qui P. A. sertir une production française qui ne soit pas du théâtre mis voulait être tsar. Ce rôle est tenu l'autorité au proclamé avec ♦ cinéma. Certes, ce n'est pas un chef-d'œuvre cent pour qu'on devine par Valère Inkijinoff, l'inoubliable Timour de cent. Le mouvement magnifique, le jeu des artistes, la pho¬ NANA Tempête sur l'Asie. tographie, les éclairages et le cadre du Tyrol, tout cela est Une intrigue d'amour s'inscrit dans le cadre sanglant de cet On attendait avec une certaine impatience ce film, qui splendide, mais ne suffit pas à donner au roman de Vicky Baum événement historique. Les personnages en sont : Albert Préjean nous promettait de ressusciter l'une des œuvres les plus gigan¬ une véracité, ni même un intérêt qui dépasse l'honnête qui, malgré l'uniforme, ne paraît pas extrêmement russe ; tesques de Zola. moyenne. , dont la gentillesse fait impression ; Raymond Nana est venu... mais Zola n'a point revécu. Les protagonistes sont excellents chacun dans leur genre. Roulleau, en jaloux cruel et de mauvaise foi. On revoit avec Il est navrant de constater combien les Américains, en Jean-Pierre Aumont est nettement beau, sa nage est excel¬ plaisir Nathalie Kovenko, toujours charmante. dépouillant cette œuvre pour l'écran, ont montré ju'ils lente, et c'est un parfait comédien. Rosine Deréan nous offre n'avaient rien un profil d'une grâce parfois touchante. Simone Simon et llla Il y a dans Volga en flammes du bon et moins bon... compris à l'idée dominante de l'écrivain. Le ne se d'ailleurs pas par sa beauté. L'ensemble est sQu'enable. — M. L. personnage multiple de Nana, si complexe et si fort, s'est Meery laissent éclipser amenuisé au point de devenir banal et conventionnel. Une Mais venons au sujet : Il est d'une femme coquette, mais comme toutes les autres coquettes, puérilité et d'une sentimentalité qui fera, certes, incomprise, mais comme toutes les incomprises, voilà ce qu'est pâmer les midinettes et verser quelques larmes aux damas PARIS- devenue Nana, mêlée à une intrigue d'amour malheureux sans d'un certain âge. D'autres, au contraire, partageront les sen¬ rebondissements et sans vérité humaine. timents conjugués de nos héroïnes pour le personnage que Jean Delannoy raconte en images plus ou moins heureuses Il convient toutefois de louer grandement Anno Sten, qui a J.-P. Aumont a su remplir d'une plastique au sex-appeal l'aventure de deux aviateurs arrivés à l'improviste dans un su apporter à cette transposition malheureuse la grande troublant. Il n'en est pas moins vrai que, malgré ses défauts, castel des environs de Deauville. L'aviateur, c'est André lumière de sa personnalité. son invraisemblance, et une histoire de smoking bonne pour Roanne et Armand Bernard est son mécano. Marguerite Moreno Le film, du reste, est assez adroitement fait, quant au les collégiens, Lac aux Dames reste une jolie bande, harmo¬ se présente dans un de ses rôles habituels d'amoureuse périmée. point de vue technique. Certaines scènes sont pleines d'atmos¬ nieuse, et qui vaut bien d'être vue, à moins que vous ne Monique Rolland et Germaine Sablon représentent la jeunesse. phère, et constitueraient, si l'on ne suivait pas l'intrigue, du préfériez jouer au billard russe. — J.-B. Etienne. Sauvage fillette ou sage Souveraine, Christine n'en est pas moins I' « omour », sous les traits d'un gentilhomme espagnol. Don Antonio. femme : les sens font se impérieux pour cette nature farouche et vive ; Christine est fascinée par la mâle beauté de l'étranger, qui, de son la Reine a un amant le choncelier Magnus, bellâtre intriguant qu'elle côté, ne laisse pas d'être intrigué par ce frêle et doux jeune homme n'aime pas, mais qui sait assouvir parfois les rudes appétits de sa chair. blond qui le dévisage. Le hasard malicieux rapproche les jeunes gens : Cette liaison, bien que discrète, est connue du peuple, qui désire voir ils bavardent, et sympathisent. sa Souveraine mariée. Le voeu de chacun est qu'elle épouse son cousin A ce moment, l'aubergiste, qui n'a plus de chambre pour Don le Prince Charles, valeureux guerrier, chef des armées suédoises. Mais la AntonîC, et ne peut pas le faire coucher à côté de ses laquais, propose jeune femme ne se décide pas à accepter cette union : épouser Charles, à Christine de partager sa chambre avec l'Espagnol. La jeune Reine c'est continuer à engager son pays dans une suite de guerres qui coûtent tressaille : comment refuser, sans se trahir ? Elle accepte donc, et trop de vies ; assez de sang versé... et puis, Christine n'aime pas son voilà les deux compagnons réunis dans une intimité plus grande, qui cousin : elle ne peut se résigner à ce mariage diplomatique. commence à être « critique ». Pour fuir les mécontentements de la Cour, la jolie Souveraine multiplie Tant pis ! Risquant le tout pour le tout, la jeune femme avoue qu'elle ses escapades à travers la campagne qu'elle aime : libre de toute n'est point un cavalier : la franchise de Christine déconcerte, puis attendrit Antonio contrainte, galopant au ; so milieu des neiges dans beauté fait le reste, cette blanche féérie qui insouciants, désireux de la la grise, elle poursuit à vivre charmante travers la nature l'im¬ aventure, l'Espagnol et la Reine deviennent des possible idéal que cher¬ che son âme complexe amants... et assoiffée de vivre. Trois jours ont passé, Un soir, bloquée par pleins de baisers et de les neiges en une région promesses, dans la mo¬ lointaine, Christine se deste chambre d'au¬ voit contrainte de cou¬ berge. Christine a enfin cher à l'auberge. Son trouvé celui que son travesti masculin lui coeur attendait. Antonio permet l'incognito. est, lui aussi, éperdum- Amusée de l'aventure, ment amoureux ; natu¬ En haut : elle s'installe dans la rellement, il ignore la véritable identité de salle commune, au te suivant de La Reine milieu des roturiers. celle qu'il possède. Christine C'est alors qu'apparaît Mais les neiges ont CRETA CARBO et JAN KEITH Au milieu et en bas : dans quelques scenes CRETA CARBO de La Reine Christine. dans deux scènes émouvantes du film.

fondu : il faut rentrer à Stockholm. Les amants font serment de s'y mysticisme, qu'il joint à l'amour de son culte en une même ferveur, retrouver dans quelques jours. en une seule pieuse adoration. C'est le cas de la Suède, nation Un coup de théâtre se produit : mais il cause à l'Espagnol de la protestante aux sentiments élevés, aux traditions douleur et de IL est des sentiments profanes qu'un peuple mêle inconsciemmentinébranlables, quiau l'angoisse : Antonio venait précisément en Suède en vue a mis toute sa foi, tout son grand amour de petit peuple dans lo de demander la main de la Reine pour son Souverain, le Roi d'Espagne. personne de sa souveraine : la Reine Christine. et Pris entre le devoir l'amour, le gentilhomme ne sait que faire : la Reine le rassure. Curieuse personnalité que celle de cette jeune et jolie femme, dont Jamais elle ne consentira à ce mariage, surtout à les yeux clairs, brumeux comme le ciel de Suède, cachent ou trahissent présent. Et, ne réfléchissant pas plus avant, les deux amants vivent intensément leur un mélange de douceur et de fougue, d'indépendance ou de féminité. passion, méprisant usages, devoirs, missions et trônes ! Conséquence inévitable, le scandale ne tarde pas à éclater. Les sujets Christine est saûvage : négligeant le plus souvent possible le luxe et de Christine sont indignés de l'amour de leur Reine pour ce catholique l'ennui rigide des cours, elle passe des heures entières à courir la espagnol qui ne la quitte pas. La révolution gronde... campagne à cheval, vêtue d'un costume masculin, et suivie de son Christine, Reine sage, comprend qu'il lui faut dompter ses sentiments fidèle écuyer ; ce vieil homme aux sourcils broussailleux et bourrus, lui si elle veut demeurer sur le trône. Mais l'amour est si grand que son sert de chambellan, de garde du corps, de confident et de femme de cœur ardent ne peut se résoudre au sacrifice: elleabdiquera en faveur du chambre, et l'étrange Reine à la silhouette d'androgyne, ne craint pas Prince Charles, et partira pour l'Espagne avec son amant. d'admettre dans son intimité ce dévoué serviteur, que son attachement Mais le chancelier Magnus, qui voit ses plans amoureux et politiques de père nourricier rend inoffensif. détruits, provoque l'Espagnol. Un duel a lieu. Le destin cruel veut que ce Mais une Reine doit aussi sacrifier, bien souvent, aux exigences de son soit Antonio la victime... trône : Christine en robe d'apparat, grave et digne, sait fort bien perdre La douleur de la jeune femme est immense... Elle s'embarque, avec le au conseil des Ministres, sa folle dépouille d'amazone, et puiser des corps de son amant, pour cette Espagne ensoleillée vers laquelle s'ou¬ trésors de sagesse et de science dans le grand et noble souvenir de son vraient si grands ses yeux de brume... cette Espagne où, désormais, puis¬ père, le Roi Gustave-Adolphe, tué dans une bataille en luttant pour qu'elle n'y peut vivre son rêve exaucé, elle pourra pleurer son rêve mort... son pays. Jacques DERISTEL. Photos M.C.M. chante tout enflammée de désirs. Mal satisfaite par son mari, un homme âgé et peu porté à l'amour, elle vivait en ce moment dans les bras de Casanova une minute exquise. Des bruits de pas rapides, puis un heurt subit contre la porte de la chambre à coucher, firent sursauter les amants, arrêtèrent net leur élan. Mme Binetti avait reconnu le pas de son mari. Se levant d'un bond, elle désigna au chevalier le paquet de ses vêtements qui sur un quelque chose ou reposait quelqu'un. Au bout d'un instant, fauteuil. presque étouffant. son regard s'éclaira, et avec un soupir de délivrance, Peu de le En quelques instants, l'aventurier ETE à Venise,gondolescette circulaientannée-là, ensur 1760,les canaux,était pauvre hère murmura : L1 — et de rares promeneurs se trouvaient sur la Enfin, le voilà ! se rhabilla. place Saint-Marc. Enfermés chez eux à l'abri des Quittant son observatoire, il courut le long du Mais Binetti s'impatientait, heur¬ ardeurs du la tait la soleil, plupart des Vénitiens goûtaient quai et rejoignit une gondole richement décorée, porte de la chambre de coups les douceurs du « farniente ». que deux gondoliers maintenaient immobile en cet redoublés. Cependant, sur l'un des quais proches du Grand endroit. Que faire pour lui faire prendre Une cartomancienne avait prédit à la Corticelli Canal, un homme d'assez pauvre apparence demeu¬ Un homme riche et considéré de la République patience ? (Colette DARFEUIL) rait immobile, le regard fixe, semblant guetter de Venise occupait ce qu'elle recevrait sous peu beaucoup d'argent. petit bateau : le patricien Feignant de se réveiller seule¬ Binetti. ment, d'une voix molle, et en Avant de s'enfuir, Casanova (Ivan MOSjOUKINE) Son espion s'approcha de lui et, le plus discrète¬ baillant, Mme Binetti cria à travers Alors le étreignit Mme Binetti (Léda GINELLY). la porte regard de Binetti acheva de s'enflammer, ment qu'il put, jeta : Qui est là ? et, d'une voix toute changée, il conclut : — Casanova vient — d'entrer chez vous, monsei¬ — l C'est moi, voyons Eh bien, ne vous dérangez pas pour moi.

gneur. — Ah ! bien. Je vais ouvrir. Mais, où est donc Restez ici. Toi aussi ma chère amie. — Ah ! le brigand ! gronda Binetti, qui sentit la la clef P Et, d'un air satisfait, il vit sa femme, de nouveau colère le gagner. Quelques minutes s'écoulèrent pendant les¬ nue, se coucher auprès de son amie. Casanova n'était pas en effet un adversaire à quelles, Mme Binetti fit semblant de chercher une dédaigner. Aventurier dans l'âme, cet homme, clef et Casanova disparut... par la fenêtre. Cependant, convaincu qu'il avait été trompé, jeune, séduisant et sans scrupules, était la terreur Enfin la porte s'ouvrit. Binetti n'oubliait pas sa vengeance. des maris de Venise. Ses exploits amoureux ne se Plein de colère, Binetti entra dans sa chambre. Inspiré par un certain Pogomas, secrétaire du comptaient plus. Vrai amant, il s'attaquait indif¬ Sa femme n'était plus nue. Un déshabillé galant « Conseil des Dix », il conçut le projet de perdre féremment aux bouquetières de la place Saint-Marc voilait son corps, mais si légèrement... qu'il était Casanova en le faisant passer pour un espion au comme aux dames de l'aristocratie. Et, rarement, presque plus tentant qu'auparavant. De Mme Binetti service de l'empire d'Autriche. Le concours d'une il était femme lui repoussé. s'émanait une odeur de femme, mêlée à un parfum était nécessaire pour réaliser ce dessein. Depuis quelque temps, Casanova rôdait auprès assez vif, qui troubla le vieux patricien. Aussi s'aboucha-t-il avec la Corticelli, jeune dan¬ de Mme Binetti, belle Milanaise aux formes élancées seuse D'une voix un peu moins brutale qu'auparavant, peu farouche, à qui une cartomancienne avait et aux grands yeux noirs, souvent éclairés d'une Binetti jeta : prédit qu'elle gagnerait sous peu beaucoup d'argent. flamme sensuelle. Cette encore Sans fois Casanova avait- — Où est Casanova ? scrupules, la Corticelli accepta le marché il triomphé ? — proposé : attirer chez elle Casanova, et après une Je n'en sais rien, sa prenant Le répliqua femme, rapport de l'espion de Binetti ne laissait sub¬ un air d'innocence. > épuisante nuit d'amour, glisser dans la poche de sister aucun doute à ce sujet : secrètement, cet son habit une lettre compromettante. Encore nerveux, Binetti jeta un regard circulaire Le après-midi, Mme Binetti avait introduit dans son la projet imaginé fut exécuté de point en point. dans chambre. Il aperçut dans le lit une forme appartement l'incorrigible don Juan. Chaque jour, Casanova recevait des lettres humaine cachée sous le drap : Fou de colère, le mari trompé ses d'ardentes admiratrices. Celle que jeta à gondo¬ — lui envoya la Et ça ? gronda-t-il. Ce n'est pas Casanova ? liers : Corticelli ne le surprit donc pas, et il fut fidèle au — Voyez fit en souriant la maîtresse •— vous-même, Menez-moi chez moi. Et rapidement. rendez-vous. de l'aventurier. Dociles, les deux gondoliers firent force de rames La Corticelli avait promis d'épuiser toute la force Binetti se rua sur le lit, vers la demeure du riche patricien. empoigna le drap, le tira virile de l'aventurier. Toute une nuit... blanche ne avec violence et... découvrit le corps nu d'une fut pas de trop pour parvenir à un tel résultat. Mais, femme ! Toute nue sur son lit, la belle Mme Binetti rece¬ au matin, saoulé d'amour, le corps brisé, l'aventu¬ — vait de douces caresses de son amant, Casanova. Que faites-vous là ? demanda le patricien stu¬ rier fut à la discrétion de la jolie fille, qui en profita péfait à l'inconnue, une au Citait vraiment une femme fort désirable que jolie blonde regard faus¬ pour faire la besogne pour laquelle elle était payée, sement ingénu. cette épouse infidèle. Le corps mince, ïa gorge Casanova eut été perdu sans le dévouement d'une — Mais la menue, mais bien faite, la croupe agréablement sieste, tout simplement avec mon jeune fille, qui l'aimait depuis longtemps : Angelica. amie, rebondie, Mme Binetti semblait une jeune bac¬ répondit la jeune femme. Vraie jeune fille, celle-ci ne désirait pas subir l'étreinte de l'aventurier, être une de ses nouvelles sion sur la jeune femme, qui s'éprit tendrement de conquêtes. Son rêve le plus cher était de vivre près son amant... d'une nuit. Aussi, un an plus tard, de lui, de lui venir en aide, si le besoin s'en faisait quand elle fut devenue la maîtresse du roi Louis XV, sentir. n'avait-elle point oublié Casanova. Souvent, à Ver¬ Avant que Casanova ne mît les pieds dans la rue, sailles, quand elle était seule avec sa dame de elle le prévint du danger qui le menaçait : cachée compagnie, soupirait-elle : « Ah ! revoir cet homme, derrière une porte, elle avait entendu l'ignoble" ne serait-ce qu'un instant ! » Pogomas et la Corticelli discuter les conditions de — Gardez-vous en bien ! conseillait sa suivante. leur accord. Vous avez des ennemis, des rivales... Mme de Pom- Grâce à cet avis, Casanova évita une grave padour ne guette que l'occasion de vous perdre. condamnation. Mais Binetti qui, dans la rue voi¬ C'était vrai. sine, attendait avec quelques policiers, la sortie de, La maîtresse en titre du roi, souffrait de se l'aventurier, fut tellement furieux de voir son sentir par plan supplantée une simple provinciale. Perfi¬ débordements ! Et lorsqu'on s'en va, on n'a rien fait de mol. échouer qu'il s'emporta contre son ennemi. Casa¬ dement, elle lui fit envoyer par une de ses amies marre, du beau temps ! fit Monsieur Pluche en élevant puisqu'on a été au cinéma ! nova eut un geste malheureux... ce qui lui valut une lettre d'invitation à une fête galante où, dit-on, un regard courroucé vers le ciei désespérément bleu. Vaguement admiratif, je regardai Monsieur Pluche. Sous la lumière chaude et blonde de la terrasse — C'est vrai, avouai-je... mais'moi, le cinéma pour d'être hospitalisé durant un an dans la forteresse Casanova se rendrait. CE satané soleil ne va-t-il donc pos se cocher ? J'en ai j'aime ensoleillée, j'interrompis la dégustation de mon lui-même ! Saint-André. Anne Roman, folle de joie à la pensée de revoir, cinzano pour contempler mon ombrageux compagnon : Mon¬ L' « exploitant » eut un rire sonore. Une nuit, avec la complicité d'Angelica, l'incor¬ peut-être, son amant, s'y rendit. sieur Pluche est directeur de cinéma ; il est donc, par principe, — Vous ovez peut-être raison ! Il y en a beaucoup comme rigible aventurier s'en alla rosser son ennemi La Pompadour s'y trouvait. Afin de perdre Anne ennemi du soleil et des beaux jours dorés. vous !... mais il y en a d'autres aussi, qui aiment le cinéma — Evidemment, fis-je avec un sourire bête... ça gêne votre pour l'ombre, pour la complicité des loges... Pogomas et, discrètement, rejoignit son cachot. dans l'esprit du roi elle avait imaginé un jeu galant Il se fit presque confidentiel. Rendu bientôt à la vraiment exploitation ! — liberté, il partit pour la France original. A l'entrée des in¬ — ne salons, chaque Si ça la gêne ? Malheureux ! Dites plutôt que ça la tue I Vous sauriez croire, mon petit, ce que l'on trouve en vité et quête de nouvelles aventures. chaque invitée avaient reçu des numéros. Par ce temps-lo, on va se promener... on ne vas pas au cinéma ! dans les loges de cinéma !

— — Je vais maintenant, déclara la marquise de )e hasardai timidement : Quoi donc ? Des mouchoirs, des parapluies, des gants, — Pensez-vous, cependant, les des sacs ? Près de Grenoble, dans une méchante auberge, Pompadour, tirer au sort chaque fois deux numéros. que amateurs de ciné, les vrais, ne... Pluche eut un haussement d'épaules nettement méprisant. Casanova fit connaissance Ceux-ci constitueront d'une fort jolie femme, des couples. Les membres — Un coup de poing vigoureux ébranla la table. Enfant ! Naturellement, on trouve des gants et des Anne Roman, toujours flanquée d'une vieille tante qui les composeront devront s'engager sur l'honneur — Les amateurs ? Mais je m'en fous, des amateurs ! Ce sacs, mais on trouve aussi autre chose ! Et incandescente. à ne se rien refuser l'un à l'autre..., du moins au qu'il me faut, à moi, ce sont les amoureux ! Et par ce temps-là, comme j'avais l'air intéressé, il me glissa à l'oreille : les — On trouve du surtout Comment se débarrasser de celle-ci ? cours de cette soirée. amoureux passent leur Dimanche dans les bois, à brouter linge ! Des pantalons, ! de l'herbe et des baisers ! Je sursautai, ahuri. Avec un sourire complice, Pluche pour¬ L'aventurier eut recours aux bons offices de Un tel programme eut un succès fou. On applau¬ Comme je le regardais sans bien comprendre, il eut un suivit : Leduc, — son ancien geôlier, devenu son valet, — dit, on serra de près les femmes, toutes de nature petit sourire condescendant qui frisait le mépris. Et, appuyant — Oui, mon vieux des pantalons de femme ! Des roses, qui lui était tout dévoué. S'armant de courage, peu farouche : des danseuses d'Opéra et de gen¬ ses coudes sur la table, il daigna abaisser jusqu'à ma modeste des blancs, des « en soie » et des « en pilou », des pantalons Leduc pénétra la nuit dans la chambre de la tante..., tilles courtisanes. compréhension le développement de sa pensée. presque austères et des culottes transparentes de petite grue, — Vous comprenez, mon vieux, moi, dans ma salle, j'appli¬ de tout, de tout ! Et il n'y a pas que ça ! Dans des cinémas tandis que son maître achevait de façon assez cava¬ Rouge de honte, Anne tremblait d'entendre crier dont les que un principe : passer de bons films, soit; loges sont grillagées, certains de de son numéro. Mais une voix murmura à son oreille : lière faire la conquête de la jolie Anne. mais surtout, cultiver la clientèle des amou¬ mes collègues ont trouvé des chemises,

— des Cette brève aventure produisit une forte impres¬ Anne, suivez-moi. reux. Vous connaissez mon installation : bas, des soutiens-gorge ! Autrefois, lorsque je dirigeais une grande salle de Surprise, la jeune femme se re¬ salle douillette, bien chauffée, fauteuils Montmartre, mes ouvreuses m'ont un jour tourna. Casanova était devant elle. profonds, loges discrètes. Des loges discrètes mais voilà la fortune d'une salle de spec¬ rapporté un caleçon d'homme ! Et je me — Aucune femme ne Auprès de lo Corticelli, Casanova passa une nuit délicieuse peut sortir tacle ! Songez donc, mon pauvre ami, au souviens même d'avoir découveTt une mi¬ d'ici ce soir, poursuivit l'aventurier, nombre de petits jeunes gens éperdus gnonne chaussure de femme, abandonnée sans mon autorisation ou celle de la d'amour, qui ne désirent qu'une chose : sur place !... Un autre jour, deux jeunes femmes jolies et ont pris marquise de Pompadour. Venez échanger des baisers et des caresses, libre¬ élégantes une ment, pendant trois heures d'horloge ! baignoire discrète ; après leur déport, on avec moi, est encore temps ramassa les restes : une chemise de soie fuyez. Il C'est une chose qui n'est pas toujours Emue, Anne suivit Casanova et facile : allez donc proposer à une petite mauve, la culotte assortie, et deux cein¬ tures de satin rose ! put fuir. que vous connaissez à peine, de l'emmener — C'est incroyable, murmurai-je, elles Grâce à l'aventurier vénitien, elle à l'hôtel : impossible, mon cher, parce que se seraient donc... beaucoup trop brutal ! Tandis que le n'était pas yeux — Déshabillées ! mais mon compromise aux du cinéma... ah, le cinéma ! On s'installe dans oui, vieux ! roi. Mais en sauvant Oh, évidemment, Anne, Casa¬ une bonne petite loge, à l'abri de tous les il y a des cinémas dans lesquels on se tient mais y a nova s'était perdu lui-même : Mme indiscrets, on glisse un pourboire généreux à bien... il partout des gens si bizarres ! de Pompadour le fit exiler. l'ouvreuse, avec un clin d'ceil significatif qui veut dire : « laissez-nous tranquille », Je tentai de plaisanter.

Un matin, Casanova, monté dans — et puis, allez-y ! Les actualités et le dessin Il faudrait presque, dans vos loges, une installer l'eau courante ! berline, vit s'éloigner cette gaie animé vous laissent le répit nécessaire à ville de Paris qu'il aimait tant. l'installation, aux travaux d'approche, au — J'y ai pensé, vieux frère ! Vous Près de lui se pressait Angelica. repérage discret des positions. Durant le voyez ça d'ici : des loges avec le confort, documentaire, on se prend la main, on et tout... Quelle fortune !... mais j'aurais L'aimant toujours, la jeune fille échange le premier baiser, on se rapproche. peut-être des ennuis avec la police... résolue se à lui. s'était à donner Soudain, entr'acte ! Tandis que la petite, Ayant dit, Monsieur Pluche me serra la Que durerait ce bonheur ? rougissante, se recoiffe, on lui achète des dextre, et retourna à son travail. Je le sui¬ bonbons et on s'enhardit à lui vis des homme Elle ne voulait pas y penser. Elle parler yeux, songeant que cet son coeur ou étonnant dirigerait sans doute, dans l'ave¬ était heureuse maintenant, cela seul d'amour, à lui ouvrir à faire semblant. Et puis, de nouveau, l'obscurité nir, d'autres établissements, mais qu'on comptait. propice ; le grand film commence, permet¬ ne les nommerait plus « cinémas »... Henri LANNES. tant pendant une heure et demie tous les mots tendres, toutes les caresses, tous les Pierre BUISSON. demande si ce n'est pas « Elle » qui, déchue, abandonnée, serait venue là, poussée par un tragique destin. Le rêve se bâtit, et l'amour renaît. Jaloux de ce trésor retrouvé, Pierre prend la femme avec lui, la tait engager comme servante dans l'hôtel de Blanche. Un faux bonheur possède à présent le légionnaire, dont l'idée fixe, presque mor¬ bide, s'obstine sur cette fille qu'il veut à tout prix assimiler à celle qui fut. Un jour, il surprend le patron de l'hôtel en train de faire à sa maîtresse une cour pressante : il le tue, et n'est sauvé aue par le dévouement de Blanche. Quel¬ que temps après, Pierre fait un héritage : son engagement à la Légion va pren¬ dre fin ; il n'a plus qu'un but : rentrer en France avec son amie, pour refaire sa vie.

C'est à ce moment, alors qu'il est sur le point de partir, que l'autre, l'an¬ cienne, la « vraie », se présente à lui. Immédiatement, l'homme se rend compte qu'il n'aimait en la chanteuse qu'une image, et que son ancien amour est toujours le plus fort. Mais il se heurte à la dureté méprisante, ou froid calcul sans âme de celle qui, jadis, causa sa ruine. Alors, enfin, il comprend. Cruel dilemme : Pierre, dons l'impossibilité de reconquérir l'amour de l'ingrate, sent qu'il ne pourra plus supporter l'autre, celle à travers laquelle il cherchait le passé. Renonçant à poursuivre sa chimère, il abandonne tout pour revenir à la Légion.

Blanche, sa gronde amie, est la seule à comprendre l'intensité du drame qui s'est joué dans le cœur du jeune homme. Et ce n'est pas sans douleur qu'elle le voit partir avec la colonne, vers le bled lointain, car elle sait, l'ayant lu dans les cartes, qu'il y trouvera la mort... Raconter cette histoire ne peut en exprimer la grandeur. Il faut voir le film pour en saisir toutes les nuances, toute l'humanité profonde, tout le lourd ensei¬ gnement. Outre l'idée magnifique qui domine, tous les détails sont vrais, cruellement et splendidement vrais. Il se dégage de tout cela une impression de force alliée au sensible, de comédie humaine dirigée par un grand souffle. Mille anecdotes, mille tableaux, mille répliques justes collaborent à cette réussite. C'est une tranche de vie qui puise sa substance dans l'idéal et dans la matière, qui fait de la chimère une réalité.

L'interprétation hors-pair, au premier plan de laquelle nous citerons Françoise Rosay, et qui groupe sous son faisceau les noms de Marie Bell, -Willm, Charles Vanel, Pitoeff, Ca¬ mille Bert, André Dubosc, Pierre de Guingand, rV* :C Ariani, Larquey, Line Clevers, etc., etc., apporte son unanime et sensible effort à la vérité de cette oeuvre. . jà

Et ceux de la Légion étrangère, ceux qui la con- . Jf\ naissent, ceux aussi qui la devinent, sentiront pas- ^*■ ÊS ser sur l'écran autre chose que les images fantai- Hji# ji sistes d'une légende : le tragique visage de [jNÉvv -s i/JU l'homme qui porte, sous le soleil, le double far¬ deau du devoir et de son cœur déchiré...

Pierre GENEL.

En haut : Pierre RICHARD-WILLM. En haut et en bas : En bas ; Un bouge fréquenté par les légionnaires Marie BELL et Pierre RICHARD-WILLM BOITE AUX LETTRES Marcelle CHANTAL

Merci chers lecteurs ! une des pages de la couverture, une vedette française. Dans vedette, mais son joli sourire et son aimable Merci nous pour votre confiance que voulons I espoir que suivrez vous une prochaine fois notre désir, nous accueil mériter, et compensent le temps perdu. pour vos critiques et conseils que nous vous promettons en échonge, la fidélité envers Cinéma. IL n'est— pas facile d'arriver à joindre la grande Si j'aime naturelle¬ suivrons volontiers Nous répondrons, dès aujour¬ les déshabillés? Mais toutes ment, c'est la plus agréable porter chez d'hui à les lettres qui nous seront adres¬ ♦ toilette à soi. sées à : La plus élégante aussi.

FERNANDE — P... BORDEAUX. — Je serais si heureuse si Aimez-vous les Boîte aux lettres. pyjamas ? vous pouviez me procurer une photo — signée par Jean Murot Oh ! pas du tout ! c'est antiféminin et mal¬ Cinéma, 9, avenue de Taillebourg, Paris (11') que j'odore tellement ! Ne trouvez-vous pas qu'il est l'acteur seyant au possible ! n'en mets jamais. ne français possédant le plus de sex-appeol ? Quel âge a Mosjou- Je Je puis accompagnées d'un timbre de 0 fr. 50 pour la kine ? Est-ce vrai que Maurice Chevalier a un petit lion dans les admettre que pour le sport, sur un yacht par France et 1 fr. 50 pour l'étranger. son appartement ? exemple, où ils sont commodes. Nous en publierons une sélection dans — chaque Alors ce sont les déshabillés genre flou numéro. que ♦ vous préférez ? verrions avec Toutefois, nous — plaisir, les lecteurs Oui. Longs, enveloppants, drapés, à traîne... HENRIETTE — aux B... PARIS. Il y a quelques jours, j'ai vu répondre eux-mêmes questions et avis publiés. en beaux tissus... dons un cinéma de quartier Trois Tenez, le crêpe-satin réversible, Nous nous le film pour cent avec Signo- chargeons de remettre ces lettres à ret. toute avec ses de mat et de Comme la salle (et cela veut beaucoup dire dans effets brillant, est une étoffe leurs destinataires et d'en le publier quelques-unes. quartier) j'ai été bouleversée par le talent de ce grand idéale. Nous prions nos lecteurs de bien vouloir artiste. Comment se fait-il ne prendre qu'on le voit pas plus souvent ? — Les velours... un pseudonyme pour leurs lettres en cas de Qu'est devenu Asta Nielsen ? publi¬ — Non ! surtout cation. pas ! Les tissus épais engon¬ cent et abîment la ligne. Chers lecteurs, vous pouvez être assurés que nous ♦ — Suggestifs ? ferons tout ce que nous sommes en mesure de faire

RAYMONDE F... — BAYONNE. — Bravo, monsieur Reynaud ! Si vous mais pour vous contenter, non seulement dans les voulez, sans rien montrer. Un Vous avez raison d'avoir un amour-propre national ! Vous trouverez des corps de femme perd trop en se révélant. Il doit réponses que nous vous enverrons mais aussi dans jolies filles, et surtout n'oubliez pas la Province, et en êrre soupçonné seulement, moulé les services que vous nous demanderez. Province, n'oubliez pas Boyonne ! Ne vous laissez pas par la draperie, effrayer l'ombre mais par de Stavisky et venez vite faire un tour jamais dénudé. J'aime les manches longues, par ici. Je suis sûre que vous ne le regretterez pas ! Mes BOITE AUX LETTRES amples et lourdes, resserrées aux poignets. amies et moi répondons déjà à tous les sourires des vieux — Très décolletés ? Messieurs dans la rue que nous dédaignâmes autrefois. Mais JEANNE — me dire — V... LILLE. Pourriez-vous quelles sont peut-être n'êtes-vous pos un vieux Monsieur; vite un signale¬ Selon ma fantaisie du moment, j'en ai de Marcelle CHANTAL dans un charmant déshabillé de soie. les fleurs préférées d'Henry Carat ? Voudriez-vous ment m'indiquer plus complet pour les petites Provinciales. décolletés devant, d'autres montant devant et lar¬ la date de son anniversaire, et croyez-vous qu'il remarquerait blanc et le rose, parmi les autres superbes certainement rece¬ gement échancrés dans le dos ; la mode est éclec¬ je crois cependant que c'est le vert fleurs qu'il doit ♦ voir, un petit bouquet que je voudrais lui envoyer ? tique et je choisis selon mon caprice du moment. que je préfère, un doux vert d'eau...

— VAN — Aimez-vous les garnitures Comme vos yeux ? BLOEM... AMSTERDAM. — J'ai l'intention de passer ? ♦ — — tout. Si vous voulez ! quelques jours à Paris au mois de Juin. J'ai entendu dire par Pas du Ni plumes ni fanfreluches... la Tenez, dans mon nouveau des amis qu'il chez vous film Amok existait des clubs où l'on discutait ligne seulement ; le beau retombé des tissus. je parais dans un déshabillé ravissant ! C... RUE L... PARIS. — j'ai vu l'autre jour jouer la Reine contradictoirement des films et sur toutes les concer¬ questions — C'est la meilleure Christine avec Greta Carbo ! Avez-vous une couleur favorite ? réponse à votre petite interview ! Quelle belle actrice ! Ce film nant le cinéma. Je vous serais très obligé de bien vouloir m'a beaucoup — impressionné et je dois vous dire qu'entre toutes m'indiquer les clubs les plus intéressants et quels sont les jours j'en ai surtout deux que j'évite, ce sont le Cisèle de BIEZVILLE. vedettes les internationales, c'est la grande Creta, qui, à mon où les séances ont lieu. ovis, a le plus de personnalité. Est-ce vroi qu'elle fut l'amie de Kreuger et que le suicide de celui-ci, l'a émotionné au point ♦ que, depuis lors, elle mène une vie quasi-dominicale ? Comment cela se foit-il que nous eu en n'ayons jamais France une JOLANDE P... TOULOUSE. — J'ai 17 ans et toutes mes chez Columbia vedette qui atteigne à la célébrité d'une Creta Carbo ou d'une par Toussaint et l'orchestre de Fred Ardison. amies me disent que je suis belle fille. J'ai toujours entendu Marlène Dietrich ? Nous avons certainement dans notre Le célèbre orchestre de Paul Whiteman savou¬ pays dire que si des femmes disent cela, alors c'est vrai. Mon enregistre le de grands talents faudrait se reux fox-trot « Shanghaï Lil » que l'on qu'il simplement donner la peine camarade Pierre qui est me dit Chronique des Disques apprécie dans l'admi¬ photographe que je suis photo¬ de chercher ! Je crois qu'une vedette française célèbre dans rable film Prologues. Du même film citons deux autres fox- génique et que je devrais vous envoyer ma photo pour que Les vedettes de cinéma continuent à le monde entier serait produire avec succès trots « baucoup plus intéressante au point de vous à star ? By a Waterfall » et « Honeymoon Hôtel » très élégam¬ puissiez m'aider devenir une Si oui, que dois-je leurs chansons de films au phono. Certains enregistrements vue ment par son propagande qu'un grand diplomate ! faire P Mon papa enregistrés Léo Reisman et orchestre. (un grand épicier très connu dans le quartier) phonographiques précèdent même la sortie des films, comme on s'y Polydor qui a le bonheur d'avoir l'exclusivité des enregistre¬ opposera. Son idéal serait que j'épouse un jeune homme vient de le voir pour Bouboule 1"r Roi Nègre. L'excellent Milton ments de Florelle nous donne deux valses de Liliom, le grand qui prendrait sa succession. Je ne voudrais pas lui faire de la a enregistré chez Columbia les deux chansons d'André Barde ♦ film peine, ma mère est morte de Fritz Lang « Viens gosse de gosses » et « Sur le depuis trois ans et il se sent si et Chantelauze, musique d'Oberfeld, qu'il chante dans son seul ! ! ! Mais bitume ». Florelle les détaille avec l'art supérieur qu'on lui je sens que je dois suivre ma vocation et vivre nouveau film : « Ça n'fait rien si on rigole » et « Oh ! Oh ! connaît. LUDOVIC H... PARIS. — Nous avons ma vie ! lu, mes amis et moi, Je dois vous dire que j'ai déjà joué la comédie avec Oh ! » Un bon disque gai. le premier numéro de Cinéma avec ; un immense succès le 14 à la mairie. Jeanne Boitel nous donne la primeur de deux beaucoup d'intérêt et je Juillet dernier Tous les Chez Cramophone voici l'exquise Germaine Sablon dans jolies chansons « dois vous dire que l'utilité d'une telle publication se faisait matins, je m'exerce à pleurer, à rire, à être Romance d'Anne » de Casanova et «' La chanson du grillon » effrayée devant plusieurs disques de films à succès : Toboggan, musique de sentir. Ceci dit, je suis que vous ne nous en pas la glace. Ne croyez pas surtout que je mais du film Le Grillon du Foyer, réalisé par Boudrioz l'œu¬ sûr voudrez sois prétentieuse, Philippe Parés, Cantique d'Amour, musique de Fr. Hollaender, d'après de formuler une petite critique. Nous ne sommes pas chau- je suis surprise moi-même de mon talent. S'il vous vre de Dickens. plaît répon¬ Berlingot, musique de J. Dallin, La Dernière Nuit, musique de vinistes et nous trouvons que chaque art est, et doit rester dez-moi vite, vite poste restante ! Je ne sais pas pourquoi mais Enfin le joyeux Sergelys divertira les amateurs de pick-up Jekyll. Germaine Sablon détaille avec esprit et simplicité ces international. Mais nous trouvons tout de même en ! avec deux chansons des Trois de la qu'un organe j'ai tant confiance vous mélodies diversement musicales. marine « l'Amour est une français « L'Esprit de Paris » aurait dû mettre au moins sur Réponses au prochain numéro. étoile » et « Depuis j'ai peur de tout ». La jolie valse de Judex 34 « Aimons l'Amour » dont la ( musique est de François Gaillard a été également enregistrée Madeleine ORTA.