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Organe de la Fédération Anarchiste No 1 12 • Mai 1965 • 2 F.

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1 1/IIS DIE LA l=l:DtlRATION ANARCHIS~FIE Activité des groupes PRES DE NOUS Les grandes conférences de FOYER INDIVIDUALISTE VANNES ANGERS ))'ETUDES SOCIALES Groupe anarchiste d'études sociales Le dimanche 9 mai à 14 h 30, au café CONGRÈS NATIONAL DE LA F. A. Conférence publique St-Séverin (salle du sous-sol), 3, place Le Congrè$ nationql do la F.A. aura Mercredi 5 mai, à 21 heures Salle du Tribunal de Commerce St-Michel à Paris (métro : St-Michel). lieu les 5, 6 et 7 juin, ci Toulouse, aussi · Bourse du Travail mercredi 12 mai, à 21 heures nous informons les comor·ades qui désirent MAGIE, RELIGION utiliser lo chemin de fer pour s'y rendre rue des Tribunaux avec ET ILLUSIONNISME qu'ils peuvent béfléficior d'une ,11.EDUC. Conférence publique . MAUJUCE JOYEUX. par MYSTAG TION DE 20 %, ainsi que leur famille, qui illustrera son exposé de sur le pri>< du billet ALLER ET RETOUR. avec Sujet : Le vrai visage de l'anarchie A ceux d'cotrc vous qui sont adhé• très nombreuses démonstrations. Maurice JOYEUX Le dimanche 30 mai à 14 h 30 rents à des groupes, qu'ils $C fassent • inscrire qwprès des $e'Crétoires de groupe sujet: UNION DES SYNDICALISTE:S E'I,' (dans la même saUe) pour que c~uK-ci ~nvoient les inscriptions REVOLtJTl'.QN PROLETARIENNE conférence de à la trésorerie. ET L'HOMME REVOLTE SAMEDI 15 MAI, à 15 heures RAOUL VER6'1~Z Les c:ama•ades isolés peuvent égalo• sur ce sujet scabreux ment envoyer la leur directemen.t à la · Participation aux frais 2 F 78, rue de l'Université, Parts trésorerie. siège de la F.A., 3, rue Tcr• Demi-tarif aux moins de 18 ans (métro : Solférino) PROLETARIAT et COMPAGNONNAGE noux, Paris (l te). CONFERENCE - DEBAT Réunion du Foyer tous les mercredis à Nous dcmQJ"ldons à tous de nous pré• 20 h 30 dans-da même .salle. venir suff.isomme.tt tôt ~, dès que nous LOR•I ENT sujet : LA PRESSE ACTUELLE ET LE Causeries : le mercredi 12 mai : aurons reçu tes fichets de réduction de Groupe anarchiste DROIT A L'INFORMATION La Peinture s'arrête-t-elle à I'Irnpres- lo S.N.C.F., nous les ferons parvenir aux var :Nicolas FAUCIER sionnisme ·1 · . cqma,odes intéress.Ss. Jeudi 6 mai, à 21 heures Le Tré·sorier, auteur du livre Le 26 mai : touis Sla:rion commentera La Presse Quotidienne son ouvrage " Multiples >>. FAUGERAT James. Salle du Cinéma éducateur, cité des oeuvres sociales • rue Jules-Legrand, Lorient LES ANARCHISTES NON.VIOLENTS LES AMIS DE SE•B ASTIEN FAURE GROUPE ANARCHISTE DU HAVRE organisent vous invitent à assister au « Repas .de Conférence publique . Conférence publique vendredi 21 mai à 20 h 30 l'Amitié » qui réunira anciens et [eunes Vendredi 21 mai à 20 h 45 avec 24, rue Ste-Marthe, Paris (10•) (métro : Colonel Fabien) dans une ambiance de camaraderie Cercle Franklin - Salle « A » Maurice JOYEUX chez Luce, 41, rue de Leningrad (Place Le Havre une Clichy), le dimanche 16 mai à 12 h. avec sujet : LE VRAI VISACE Conférence publique 'suivie d'un débat IVIaurice JOYEUX DE L'ANARCHIE avec Prix du repas : 20 F. · Sujet : Albert CAMUS HEM DAY S'inscrire chez May Picqueray, ET L'HOMME REVOLTE • sujet : 68, rue· Danton, Pré-Saint-Gervais. Participation aux frais : 2 F, Albert Camus La non-violence est-elle révolutionnaire ? C.C.P. Paris 14.634-02 - M. Picqueray. Etudiants : 1 F . et l'homme révolté Le Groupe d'Asnières organisait, le GROUPE LIB• ERTAIRE 9 avril, une conférence sur l'homme et qui ·n'étonnera personne), il s'en « LOUISE MICHEL » !'écrivain disparu prématurément et tra• prend violemment à une certaine cri• Vendredi 7 mai à 20 h 30 giqnement. tique. Ces. messieurs se sont trouvés 110. Passage Ramey, PARIS-18' Devant une salle bien remplie (chose Rompant avec un silence qui durait ottusoués.: et cette émission à tout

z r Semmaise _ EDIT 0 N° 112 Mai 1965 I" Mai. L'histoire parle ! Au vent de la révolte, l'espoir clame sa certitude d'une ociété sans classes. Sur le boulevard, une foule énorme s'avance, dominée par une forêt de drapeaux rouges ou noirs, scandant en cadence « L'Internationale n, roulant ses notes inspirées, jusqu'au cordon sombre et casqué qui enserre la manifestation. Oui, l'histoire • parle ! Mais son discours est jalonné de larmes. Fourmies, Courrières, Villeneuve-Saint• Georges .avant la première guerre mondiale, Paris au cours des joùrnées de 1934, le sang Pages coule, les prisons se remplissent, les usines se vident. · · 1•• mal d'antan ! Une seule revendication, mais En cette journée qui ne doit pas être seulement Léo Ferré et la TV. quelle revendication : la journée de huit heures ! une journée de souvenir, mais une journée de· lutte, par Suzy CHEVET 2 le syndicalisme révolutionnaire, l'anarcho-syndica• Les années ont passé, le muguet a remplacé A rebrousse poil. l'églantine au revers du veston et cette formidable lisme, le syndicalisme libertaire rappellent aux tra• organisation de subversion, l'organisation syndi• vaileurs que seule la suppression du salariat dé• par P. V. BERTHIER 4 truira les classes. Que le moyen de lutte, reste la cale, s'est transformée en une non moins gigan• Grèves de la Métallurgie. tesque compagnie d'assurances qui, pour des pres• grève générale exproprtatrlce et gestionnaire. Que l'objectif de cette lutte est l'expropriation sociale par MONTLUC · . 4 tations de plus en plus lourdes, se contente de des 'moyens de productions et de distributions, la couvrir le petit risque. gestion ouvrière. Revue des revues. par FORAIN .•.. , ...... •... , ...... 5 Et pourtant l'ombre de la grande centrale syndi• Ils rappellent également aux travailleurs que les caliste révolutionnaire la C.G.T., la vraie, celle prolétaires n'ont pas de patrie et qu'ils doivent, par• Histoire de notre. journal. d'autrefois, fait encore peur aux bourgeois frileux dessus les frontières géographiques, les frontières par Louis LOUVET 6 qui, tapis derrière leurs rideaux, guettent les bruits de de races, les frontières de langues, constituer la la rue. Peignés, pomponnés, parfumés, les petits grande Fédération Internationale des peuples qui Anarchisme espagnol. chiots du grand fauve font encore impression lors- • mettra fin aux guerres en en supprimant. les deux par Gui SEGUR ...... G que, d'une voix rageuse, ils réclament le morceau de motifs principaux : le nationalisme imbécile et le sucre de la tranquillité. La classe dirigeante sait capitalisme rapace. La· Çommune de 'Marseille. bien que derrière les cerveaux assoupis, quelques par LE GROUPE DE MARSEILLE p. 8 et 9 formules restent profondément imprégnées et que 1 •r mai 1965 ! · Emasculées, les grandes Centrales les orages qui périodiquement secouent les foules, Syndicales bavardent dans les antichambres, en• Pour un renouveau des recherches libertaires. les débarrasseront de leurs miasmes. dormies par le · ronron quotidien de leur appareil vieilli et fatigué. C'est le représentant d'une d'elles, par FUGLER .. , ·...... 7 l•r mai 1965. Les travailleurs de la métallurgie ont qui en admiration devant l'affiche confédérale du Espérantisme et anarchie. 1°' Mai, qui représente un déjeuner sur l'herbe di• bougé. Leurs revendications ? Les quarante heures, par LAGRANGE ...... 11 l'abaissement de l'âge de la retraite. Revendica• sait : « Les ouvriers veulent pouvoir disposer de tions traditionnelles, revendications majeures dans loisirs pour se détendre }). Classiques de l'anarchisme,' le cadre du système. C'est bien ! ce n'est pas suffi• Parfaitement, camarade, mais les travailleurs ne (Stephen MAC SAY) ...... 11 sant ! Le syndicalisme c'est ça, mais ce n'est pas doivent jamais oublier que le muguet ne pousse que çà! que sur les terrains où ils ont cueilli l'églantine ! Informations internationales , . . . 12 « La Bataille du Jazz ». var Jean-Louis GERARD 13 Propos sans égard. par Maurice LA/SANT 13 Les disques et la radio. par J. L. STAS - , . .. 14 «HAINES».

par M. MICHOT-LAZARSKI 14 La' télévision. par J. EMERY . 14 ON ASSASSINE Les livres. " par Maurice JOYEUX . 15 La nouvelle émigration espagnole. :AU VIETNAM • par G. PELAEZ , . 16 PHOTOS: par Gérard SCHAAFS d,:n Viet-Nam tirée de « Peace News », 71. 1. du Gala Louise-Michel, p. 14. . o N assassine au Vietnam. Chaque jour apporte son L'article 4 de 1·0.T.A.S.E. précise que « en cas d'agres• (pendant l'entr'acte). cortège de massacres. de tortures, de corps bri• sion ou d'attaque armée contre des parties ou des régions ' sés. déchiquetés par des bombes venues de ri'im• désignées, une action sera entreprise par les signataires». . porte Ott. Chaque jour les bombardiers américains sèment Il est précisé que le terme « d'agression » comprend tou• la mort, toujours plus au nord, toujours plus massive• tes les formes d'agression, y compris la « subversion ». . ment . Et un protocole annexe ajoute : « les Etats-Unis signa• Au milieu de l'indifférence générale, une guerre ouverte taires du pacte reconnaissent que Je Laos, le Cambodge ! · s'est installée en Asie du Sud-Est. où, depuis plus d'un et le Sud-Vietnam bénéficieront des avantages offerts • . quart de siècle, des hommes luttent pour tenter de se par l'article 4. » · débarrasser du régime colonial. Les Américains, grâce à l'O.T.A.S.E., s'installaient ouver• tement au Sud-Vietnam. Ils y sont encore. Pour com• LE MONDE LIBERTAIRE DES ACCORDS DE GENEVE bien de temps ? Rédaction - Administration A LA SIGNATURE DE L'O.T.A.S.E. 3, rue Ternaux, Paris ( 1 1 °) Le 20 juillet 1954. 73 jow·s après Dien-Bien-Phu, où le DIEM ET LES AMERICAINS VOLtaire 34-08 corps expéditionnaire français avait perdu 16 000 hommes, Les 21 février et 7 mars .1955, des accords d'aide éco• la France signait les accords de Genève, mettant fin à . une guerre commencée le 2~ septembre 1945, et reconnais• nomique directe, qui seront développés lors de négocia• Compte postal Paris 1 1289-15 . sant « l'indépendance, la souveraineté, l'intégrité terri• tions tenues du 22 au 25 juin 1955, sont signés entre le gouvernement de Ngo-Dinh-Diem et celui des Etats-Unis. Prix de l'abonnement toriale et l'unité du Vietnam ». Afin de faciliter le Par ces accords. le Sud-Vietnam s'engage à « contribuer regroupement des troupes des deux parties, le Vietnam avec le maximum de ses possibilités en hommes, en res• était provisoirement divisé en deux zones, séparées par sources. en moyens. à maintenir ses forces de défense France 6 numércs 10,00 F le cours de la rivière Benhaï qui suit le tracé du 17• paral• propres et celles du monde libre ». lèle. La zone nord fut confiée au Viet-Minh, tandis que 12 numéros 20,00 F . la France conservait la responsabilité de l'application des Les organisations catholiques américaines apportent . accords de Genève dans la zone sud. Des élections géné• tout leur appui au régime catholique de Diem et finan• rales devaient intervenir au plus tard en juillet 1956, cent un bon nombre d'organisations sud-vietnamiennes. Etranger : 6 numéros 10,60 F afln de donner au Vietnam un gouvernement unifié. Diem fait. appel aux catholiques, _dont 800 000 émigreront Cette solution ne valait pas cher, mais elle avait le du Nord, afin de constituer une nouvelle classe dirigeante 12 numéros 21,50 F mérite de mettre fin à neuf années de tueries. Elle par• dont le programme est très significatif : tageait le territoire vietnamien en deux parties à peu « La Société n'est belle que si elle comporte des prés égales (Sud : 170 000 km2, 14 millions d'habitants; inégalités. Les savants peuvent ainsi apprendre aux igno• Nord: 160 000 km2. 16 millions d'habitants). rants. Les riches peuvent exercer leur charité. Si toutes ces inégalités n'existaient pas, où pourrait-on trouver Les Etats-Unis n'étaient pas fâchés de la défaite f'ran• caise, bien que les crédits américains alloués au corps la charité, où serait la justice ? » éxpéditionnaire français aient été non négligeables. Mais L'ordure attire l'ordure. Une fois de plus réunis. clé• BULLETIN D'ABONNEMENT cette défaite allait leur permettre de prendre pied, pro• ricaux et militaires se remplissent les poches et saignent fondément et rapidement, au Sud-Vietnam. à blanc un pays déjà très éprouvé. Pendant que Diem à retourner 3, rue Ternaux, Paris (11') installe toute sa famille aux postes de responsabibtc et Pourquoi cette hâte ? Tout simplement parce qu'en de contrôle, les Américains se lancent dans des dépenses Chine Mao Tse-totmg avait triomphé de Tchang Kaï• militaires considérables, comme la construction, en 1957, chek, et que la République Populaire de Chine avait été d'une autoroute reliant Saigon à Bienhoa (32 kilomètres). Nom . proclamée en octobre 194-9. Pour les Etats-Unis, la stra• Cette autoroute se compose d'une bande de 100 mètres d'e tégie était claire : s'installer au Sud-Vietnam, préparer large et de deux bandes de 950 mètres de large des deux Ja « grande marche vers le Nord », et, de là, anéantir côtés de la chaussée. Les accords de Genève contestant Prénoms . le régime communiste de Mao Tse-toung. le droit d'établir des bases étrangères au Vietnam, les· La stratégie était claire. mais elle- a foiré. Les Amé• Etats-Unis investiront 70 millions de dollars dans cette Adresse , . , . ricains n'on:t jamais réussi à contrôler le Sud-Vietnam, autoroute afin de pouvoir, en cas de besoin, y faire le Nord s'est organisé, et la Chine est devenue une puis- décoller ou atterrir des avions, même des avions à sance nucléaire. ·'·' réaction. Les accords de Genève

3 (Suite de la 3• page.} concentration. comme celui de Phuloi, à 30 kilomètres GRÈVES LA MÉTALLURGIE de Saigon, où, le 1er décembre 1958, 6 000 prisonniers DE politiques sont empoisonnés. Il y eut plus de 1 000 morts et des rescapés qui avaient réussi à atteindre le toit du bâtiment pour appeler au secours furent abattus à coup de fusil. Le mécontentement populaire grandit et, peu à peu, ES travailleurs dt: chez P rugeot sont en lutte pour actuel ! La limite de ce syndicalisme qu'ils nous proposent s'ort\'anise. Le 20 décembre 1960, le Front National de les quarante heures sans diminution de salaires. Ceux 01J nous imposent, c'est la pérénité d'une économie, dont Liberation du Sud-Vietnam voyait le jour. L de Berliet, par solidarité envers une catégorie qui le but fondamental du syndicalisme est de débarrasser l'hu• réclame une augmentation. A Nantes, on se bat pour l'abais• manité. LE FRONT NATIONAL DE LIBERATION sement de la retraite. Dans ces trois cas et sans qu'elle Il faut le dire très nettement aux responsables syndicaux Le F.N.L. regroupe les membres de dix-huit organisa• soit oubliée, la revendication du salaire est dépassée. Le ti-011S qui toutes, évidemment, n'ont pas les mêmes rai• comme à Jean Drurr qui semble rester en deça de sa patronat de la métallurgie, appliquant les dernières consignes proposition dans ses conclusions. C'est justement au moment sons de lutter contre le gouvernement de Sa.igon et l'oc• de Villiers, président de la Confédération Nationale du cupation américaine. Il est donc absurde de considérer où la revendication dépasse les possibilités de l'économie le F.N.L. comme un groupement communiste, même si Patronat Français, se refuse à toute discussion sérieuse. A qu'elle revient renbble pour le travailleurs, car elle met en le parti populaire révolutionnaire, d'inspiration marxiste, ces arguments, la fluctuation du marché et la concurrence cause les structures de cette économie, qu'ils contestent. Et en est un des éléments les plus dynamiques. Et puis, étrangère, deux journaux qui appartiennent à des fami lies justement, la revendication la moins payante, c'est celle qui, quand bien même le F.N.L. serait marxiste, il ne faudrait spirituelles différentes viennent de répondre et avec des sans toucher au système, aménage dans son cadre la con• pas oublier qu'il ne !erait que profiter de la. situation, nuances, bien sûr ; mais leur réponse, qui reprend l'argument mais cette situation, ce n'est pas lui qui l'a créée, mais dition ouvrière, car elle aide à corriger les erreurs du capital souvent développé dans nos colonnes, mérite la réflexion et en définitive le sert et lui sert de garde-fou. l'action des forces impérialistes américaines jointe à de nos lecteurs. une économie toujours coloniale et à un régime poli• tique d'inspiration fasciste. Je sais, « les responsables » vous disent que nous risquons Le cc Combat Syndicaliste » et personne ne s'en étonnera, de faire crever l'entreprise ou l'industrie. La belle affaire ! Le 1er novembre 1963~ Diem est assassiné par des géné• déclare dans son éditorial : « Oui, le syndicalisme ayant Et dep'uis quand avons-nous pour but le renflouement de raux sud-vietnamiens farouchement .antrcommunistes. pour but l'instauration de l'égalité économique et sociale, l'économie capitaliste ? Les coups d'Etat vont se succéder à Saigon, entraînant ne doit en aucun cas s'arrêter à des considérations d'essence Je voudrais dire aux socialistes en manchette du « Nou• dans leurs sillages l'habituel cortège de pourritures galon• capitaliste et les « retrousser-les-manches » et les « produire nées. Pendant ce temps, le F:N.L. s'organise, s'arme, et, vel Observateur » s'ils l'ont oublié, que le socialisme d'abord, revendiquer ensuite », ne pourraient conduire les passe justement par la suppression du régime capitaliste et peu à. peu, contrôle plus des deux tiers du territoire. » L'action américaine s'intensifie, la machine de guerre travailleurs qu'à une capitulation sans condition. je voudrais leur demander co. ment ils pensent concilier yankee se met peu à peu en route. Le monde commence leur « socialisme » avec le respect de la propriété et de à parler « d'escalade », sans bien se rendre compte Dans « Le Nouvel Observateur », Jean Durr écrit : , l'économie actuelles de l'entreprise ou de l'industrie. qu'elle risque de se terminer par une destruction totale « Les fluctuations saisonnières d·1 marché automobile impo• de la planète. sent des salaires en accordéon. Les ouvriers ne sont pas Les grèves de la métallurgie qui se déroulent en ce responsables de « l'anarchie » (c'est moi qui mets entre moment ont rompu avec l'aménagement dans le système UN PEUPLE ASSASSINE guillemets) du marché, des coups de barres politiques con• et touchent aux structures. Le syndicalisme révolutionnaire Fréquemment, des avions américains procèdent à des joncturelles, de la diversification insuffisante des fabrica• (je ne parle pas de ce syndicalisme verbal qui, trop souvent, opérations d'épandage de produits toxiques, causant d'in• tions. » Si l'on passe sur l'emplr i imbécile du terme anar• recouvre un réformisme camouflé) soit immédiatement enga• nombrables victimes, détruisant des milliers d'hectares chiste, péché mignon des marxistes de tout poil, il faut ger le combat dans les syndicats, dans les unions et à de rizières et de cultures. convenir que cet article rend un son nouveau dans un l'échelle confédérale lorsque c'est possible. Il faut que dans Chaque jour, des centaines de tonnes de bombes sont journal connu pour la médiocrité de ses analyses du mou• toutes les assemblées ouvr.ères où se trouve un syndicalisme déversées au Sud comme au Nord. Comme si le pauvre paysan du Nord était responsable de l'appui que son gou• vement syndical et dominé par le syndicalisme avec ou sans libertaire; il pose le problème de façon claire et nette. vernement, qu'il n'a d'ailleurs même pas choisi, apporte eau bénite, de la C.F.D.T. Les travailleurs ne sont pas qualifiés pour apporter à la aux « rebelles » du Sud. De façon claire chez nos amis anarcho-syndicalistes, dans gestion des entreprises capitalistes, une aide qui assurerait Depuis. 25 ans, le Vietnam est plongé dans l'horreur de un style barbouillé de marxisme au « Nouvel Observateur », leur survie. La tâche de l'organisation syndicale est de déter• la guerre et les morts se comptent par milliers. Depuis des on vient de poser le problème essentiel qui a, ces dix miner les besoins travailleurs, de présenter les reven• 25 ans, les Vietnamiens sont enrôlés, embrigadés dans l'un dications au patronat. Si celui-ci ne peut les satisfaire, c'est ou l'autre camp, avec, au terme d'un « très long voyage dernières années, freiné les revendications ouvrières ~t pourri au bout de la nuit », la mort dans les rizières, dans la toutes les grèves. Ce problème, c'est celui de la capacité de justement que son économie est dépassée. Il n'a qu'à s'en jungle, dans les rues. Et avec la faim, la peur, les mitrail• l'entreprise, de l'industrie, de l'économie nationale à absor• aller et comme il ne le fera pas, 1,s syndicats doivent mobi• liser leurs forces pour le mettre à la perte. lages et les bombardements. ber ou à supporter la revendication de salaire et de structure. 1 On meurt au Vietnam. Pendant que quelques sinistres Et ce n'st pas sans ironie et sans colèr ~ que nous avons vu Jean Durr se prétend révolutionnaire. Que diable attend• pantins se Iivrent, une petite guerre de proclamations et les appareils syndicaux, tous les appareils syndicaux à quelque il pour dire, si toutefois on le lui permet dans le « Nouvel de déclarations au nom de la défense du « monde libre ·» centrale qu'il appartiennent et quelle que soit la tendance Observateur », que si l'économie de l'entreprise ne peut ou àe la « solidarité des nations socialistes ». Quelle dérision! dont ils se rédament, faire dépendre leurs revendications, pas supporter l I revendication, le syndicat n'est pas fait des possibilités de l'économie capit.aliste. pour aider le patron en difficultés, mais pour le remplacer. 1 On assassine au Vietnam. C'est une réalité qu'on a ,_ un peu trop tendance à vouloir oublier. Les voilà bien les gérants loyaux du système économique MONTLUC. ~~·~ ~ ~ a ~e~po.if par P.-V. ·BERTHIER Comme Jo. Lune JUGE ·L~ sociétés secrètent des chan• tituent une dynastie dans le système On s'est souvent demandé les rai• . cres ! Celui-ci se développe en et dont il n'est généralement qu'un sons qui poussaient les régimes à EUX informations concordan• . terrain privilégié, protégé par modeste rameau, ·dès ses. débuts, on tes, quoique assez · différentes conserver au juge d'instruction ses la.. crasse que par couches succes• va le . voir afficher cette. hargne qui ··pou:voir-s énormes, La, réponse est slm• D à,. première vue, 'Ont paru à sives les morales et les structures est l'apanage des cadets peu fortu• peu d'intervalle dans les journaux. . ple. L'homme peut se· permettre J..as ont déposé sur l'humanité. Ni la nés qui sont promis pour arriver à de mesures les plus arbitraires, mals tous D'une part, le très « haut » per• vitalité de l'espèce, ni le médecin,. ni besogneuses solllcitatlons. sonnage que l'on sait ayant prononcé ses rêves d'évasion, de promotions de le guérisseur n'ont pu avoir la peau de Nommé aussitôt son Droit bâclé, réussite résident dans le bon vou'lolr une phrase sibylline sur le « renfor• ce personnage né avec la vie commu• cement du régime > que ne manque• dans une modeste Préfecture, le juge du politicien du moment et il le sait nautaire. Et depuis des millénaires les d'instruction n'a plus qu'une idée en bien. rait pas de réaliser en 1965 « le régimes les plus divers comme les plus peuple français >, la presse a rap• tête, s'en évader ! Mais en attendant Il sera franc-maçon dans le Midi, opposés se le repassent, en l'affublant le moment où il pourra, à défaut de il ira à la messe en Bretagne. Il sera porté de ses paroles trois versions de noms différents, afin de camou• distinctes et en a fourni plusieurs Paris, s'installer dans une grande mé• radical, gaulliste, communiste ou fas• fler cette teigne qui dévore leur cuir tropole provinciale, il va régner dans ciste. A la fois dans les fers et plus interprétations diverses et contra• Le bougre sévit depuis la plus haute dictoires. son trou, sans autres contraintes que sûrement que ses clients les plus tarés antiquité. Il a traversé sans dommage de satisfaire le magistrat qui a l'éche• et muni de pouvoir sans limites, il 1 D'autre part, la fusée américaine k: Moyen Age et la royauté absolue lon supérieur, tient à jour le cahier sera l'homme des grandes circonstan• Ranger-VII ayant transmis de nom• qui l'a légué à la Révolution française d'avancement. Car il est pratique• ces, l'instrument irremplaçable de 1 breuses radiophotographies de la Il a résisté aux barbares comme aux ment maître de toutes ses décisions. tous les despotismes. En un rien de surface de la Lune, « les spécialistes littérateurs, qui l'ont souvent pris à En deux temps et trois mouvements, temps, il vous montera une affaire américains· se disputent âprement. la gorge. Les religions comme les phi• il nous embastille un bonhomme, dont Landru s'il est civil, une affaire Drey• i' écrit M. Charles-Noël Martin (1), et losophies l'ont fustigé avant d'en faire le Conseil devra épuiser toute la pro• fus, s'il est militaire. Il vous condam• ( ... ) on s'aperçoit qu'il y a autant l'éminence grise de leur système triom• cédure, pour arracher la proie. A dé• nera Léon Blum ou Pétain. La main d'interprétations des clichés que d'in• phant. Qu'on le nomme Fouquier• faut de la grosse affaire politique, sur le Code, le cœur orienté à droite dividus versés. dans .. cette spécialité· Tinville, Vichinsky ou simplement un beau crime qui puisse remuer la ou à gauche et l'œil sur le boulevard dite sélénologie >. Dupont le juge d'instruction a tra• sensibilité à bon marché des lecteurs du Palais. Ces deux mrorrnatrons ont paru versé l'histoire, point de repaire de de la feuille locale, rera son affaire. Il arrive parfois que· des révolution• séparément, sans qu'un rapproche• tous les crimes politiques qui la souil• Malheur alors à qui lui tombe sous naires indisciplinés en pendent quel• ment semble avoir été tenté entre lent. la main coupable ou innocent. L'af• ques-uns les soirs d'émeute. J'en con• elles .par aucun commentateur auto• Convenons cependant que rarement raire de, l'enlèvement de trois gosses viens, c'est rare,, mais vous convten• risé. Un tel rapprochement s'impose le juge d'instructlon n'a· atteint une dans la région de Poitiers, suivie quel• drez avec mol. à votre tour, que c'est cependant, par souci d'analogie et de plus sinistre grandeur que sous les ques semaines après de l'arrestation tout de même encourageant. synthèse. régimes libéraux. Issu généralement d'une pauvre fille qui avait un peu Leur parallélisme prouve, en effet, de ces familles de magistrats qui cons- trop « chopiné » est édifiante. LE PERE PEINARD. de façon surabondante que la phrase auguste prononcée par une person• nalité « hors série » (ainsi s'expri• ment les laudateurs incondition• nels, les thuriféraires et autres MEME LE PAPE 23 mai, date des élections, cela afin lèche-bottes) est premièrement un de ne pas déplaire à l'opinion publique cliché, et deuxièmement comme la Entendu à la Radio : « Devant le d'ypérite dans le gouffre de Cap• belge. Lune. probléme du racisme, même le Pape breton. Après cela, on dira encore que les Cette comparaison avec un astre s'est ému. » Si, d'aventure, les états-majors élus sont les représentants de la ne peut ëtre d'ailleurs qu'infiniment Mérne le Pape! étaient condamnés, qui ·paierait? volonté populaire et·qu'ils constituent flatteuse. On ne saurait mieux dire : pour Nous, messieurs les contribuables, sub• l'élite de la nation et l'avant-garde Une phrase en trois exemplaires, que le Pape s'émeuve de quelque ventionneurs d'armées. de la moralité. la Lune en six mille clichés, et voilà chose ... ! C'est beau la responsabilité. AU CONSEIL DES MINISTRES qu'au lieu 'de la même clarté sur AUX ECOUTES CEUX QUI NE MEURENT PAS L'heure n'est pas venue, estiment• deux problèmes bien éloignés l'un de DE LA GUERRE l'autre c'est, au contraire, la même On y lit : « Mais que l'Etat soit par• ils, d'avancer l'âge de la retraite des énigme, le méme voile de mystère, tout, qu'il veuille être tout ou pres• M. Alfred Krupp, l'un des directeurs travailleurs. que, a quelque chose d'abusif et de de la firme Krupp, va se rendre en Quand les travailleurs estimeront-ils qui suscitent des querelles toutes que l'heure est venue de sonner celle pareilles dans une égale obscurité ! malsain. » Tunisie sur invitation du président Ah! mais. Ah! mais. Est-ce que Bourguiba. des ministres et des gouvernants de Prononcer ainsi, négligemment, en tous poils? se jouant et sans avoir l'air d'y tou• « Aux Ecoutes » deviendrait anar• Encore un qu'on a oublié au procès cher, une phrase qui comme la Lune chiste sur les bords. de Nuremberg. RECEPTION donne lieu à des débats sans fin QUI PAIERA? POLITIQUE ET MORALITE Les souverains danois ont été les d'exégètes et de scoliastes, n'est-ce Sollicité par l'Amérique pour ren• hôtes de la France. Les pêcheurs et les usagers de la à pas le fait et le témoignage d'un « de prendre forcer l'intervention militaire belge Comme dirait peu près Shakes• côte basque ont décidé « génie supérieur, même s'il est quel• des dispositions pour la poursuite de au Congo, M. Spaak, premier rntnlstre, peare : Il y a quelque chose de Danemark dans le royaume du que peu abscons? l'action par les voies légales » contre aurait accepté, sous la condition que l'armée qui a déversé 1 400 tonnes l'aide ne soit fournie qu'après le pourri. • (1..) Le Figaro littéraire, 25 février 1965. CONFEREN CE A TRAVERS LES REVUES DE CH.-AUG. BONTEMPS A L'INSTITUT • LA NEF sation interne, cruelle, violente, qui à une politique de l'homme "· Paul Consacre son numéro (22 avril-juil• agite les villes de l'intérieur ». Cardan (« Marxisme et théorle rëvo• D'ETUDE.S POLITIQUES let) à « L'homme dans les villes ». Curieux rapprochement qui, sous Iutionnaire ») continue son suspense, DE GRENOBLE La construction des villes (des ban• l'intention de provocation, exprime remettant de numéro en numéro la lieues) nouvelles y est abordée sou au moins le manque d'imagination, il fin de son étude. On pourra retenir les angles les plus divers : urba• évoque, lui encore, les maisons clo• cette fois-ci ses idées sur la notion DE passage dans l'Isère où il nisme, architecture, hygiène, finan• ses... C'est cependant un des textes d'autonomie, mais ses considérations faisait une tournée de confé• cement, terrain à bâtit, etc. Un les plus intéressants, qui semble em• sur le symbolique et l'imaginaire, tels rences sous l'égide de la Libre• problème essentiel réapparait sans prunter, en. les déformant, quelques du moins qu'il les envisage, ne sem• Pensée, notre camarade Charles-Au• cesse. l'inadaptation du résidant aux idées à l' « urbanisme unitaire » des blent pas faire beaucoup progresser guste Bontemps a été l'invité de l'Ins• grands ensembles qu'on lui destine, situationnistes : « Nous devons éviter sa conception d'une nouvelle théorie titut d'études politiques de Grenoble, ou plus exactement l'inadaptation que la ville ne soit un entrepôt bien de l'action révolutionnalre, Dans la ,. le jeudi llll' avril. Le thème de cette des cités nouvelles à leur habitant. organisé. Elle doit tendre à redevenir rubrique documents, voir la' traduc• réunion était : « L'anarchisme au L'insuffisance de l'équipement pu• ce pour quoi -elle est inconsciemment tion d'une brochure anglaise .sur « la XX· siècle. » E.Zle a permis aux pro• blic, commercial, socio-culturel, qui faite : un théâtre. Réalisons les bataille de l'université de Berkeley >. fesseurs et cwx Uitdiants de se fami• empêche la création d'activités com• choses d'une manière telle que les (16, rue Henrt-Bocqutllon, Parls (15'), liariser avec la pensée libertaire et de munes, la morne laideur des sites hommes ne soient plus en condition 4 F (~). l'apprécier à sa tuste valeur. Composé choisis et la monotonie architectu• de subir, mais en situation de de gens venus des horizons politi• rale sont incriminées par Paul Gra• jouer. ( ... ) Qui dit « acteur » pense • Norn ET .QOUGE ques les plus divers (de rextrëme• net. Pierre Dufau (« Ce dont changement de décor, progression et Le numéro '29 reprend . la question drotte à l'extrême-gauche), l"auditoire l'homme a besoin ») insiste sur le transformation de la situation ». des élections : Manifestation de la a sitivi avec beaucoup d'intérét l'expo• rôle nocif de la ségrégation entre « Tenter de donner à la ville ce souveraineté populaire ? les positions sé de notre ami Ch.-Aug. Bontemps. catégories de revenu, entre généra• qu'elle avait de si particulier : sa de Lénine, de la Franc-maçt>nnerle, tions. Il souligne aussi que les archi• perpétuelle transformation. » de fa CNT, Proudhon et 'le parlemen• Après avoir brièvement retracé l'his• tectes n'arrivent pas à concevoir de Quant à l'architecture proprement tarisme, anarchistes éectlonnlstes torique dtt mouvement libertaire, il façon satisfaisante le logement du dite, Michel Ragon accuse le retard (un texte de Malatesta, daté de entreprit de définir l'anarchisme et plus grand nombre, les hôpitaux, la d'un demi-siècle qu'elle a pris en 1924). Une Inrormatton commentée de le situer dans l'éventail des idées. rue, les centres de loisirs, parce France et imagine ce que pourraient sur l'Organisation générale des Il mit en relief ses trois principales qu'on ne leur fournit aucun pro• être les villes nouvelles en 1985. sans consommateurs (ORGECO) et des caractéristiques (le fédéralisme, le gramme cohérent. « Notre façon de illusions d'ailleurs, et situant du coup réflexions sur un voyage en Pologne niufoalisme, Ta notion des contrats penser le monde nouveau est encore le vrai problème : « .sauf modifica• complètent le sommaire. (Lagant, collectifs> et les commenta. Il signala balbutiante, et nous ne savons pas tion radicale des structures de notre B.P. 113, Paris (18'), 1,70 F) (*). ensuite les points communs et les pour quel genre d'homme nous société et de notre économie, je serai divergences qui existent entre l'anar• devons construire. » Relevant à son enclin personnellement au pessi• • PAllTl·PRIS chisme et le marxisme. Selon lui, la tour l'importance du site naturel, il misme.» Nous avons reçu cette revue cana• différence fondamentale entre ces préconise « une ville amusante, Dans l'ensemble cependant aucune deux courants peut se résumer ainsi: dienne, laïque, socialiste, et militant pleine de contrastes et de couleurs, en de ces études, qui reprennent les cri• pour la « ·décolonisation » du Quebec. « Les marxistes estiment que l'Homme variant les échelles et les atmosphè• tiques courantes faites à l' « urba• La livraison de mars donne une doit être au service de la Société; les res ». « La rue, pour jouer son rôle, nisme > actuel, ne dépasse vraiment image plutôt sombre de la situation anarchistes, eux, pensent que la doit signifier l'aventure. » Reste à les regrets d'ordre esthétique, le Société doit être au service de de l'enseignement au Canada fran• savoir quelle forme prendrait l'aven• souci de « l'intégration au troupeau » çais, soumis à une constante pression l'Homme. » Partant de là, l'orateur ture : les alluslons aux péripatéti• et du rendement du producteur tra• e:i:posa sa conception personnelle d'un cléricale. Un exposé intéressant est ciennes (avec humour) et aux écoles vaillant mieux parce que vivant plus par ailleurs consacré à l'Angola, dans individualisme social. Essentiellement de parachutage (sans humour, hélas!) confortablement. (En kiosque et morale, elle est le fondement d'un sa quatrième année de lutte pour peuvent laisser sceptique ou inquiet. librairie, 6,90 F.) l'indépendance. (3774, rue St-Denis, noiLVel humanisme et non pas d'un Marc Le Caisne (« Un prodigieux Montreal, Que bec) . 'Programme politique, D'après Ch.-Aug. ennui ») regrette lui aussi dans « ces • SOCIALISME OU BARBARIE Bontemps, c l'anarchiste ne peut être agglomérats d'habitation qui condi• (N° 3D) R.F. qu'une exception. Il ne récolte pas. Il tionnent la vie mais ne l'expriment Publie un chapitre du dernier ou• ne fait que semer. Il éprouve la joie pas » l'absence de « cette grande pul- â dtt créateur et non pas celle du vrage d'Edgar Morin, « Introduction ( •) En vente notre service de librairie .. consommateur·>. Etre intégralement soi, telle est sa règle. ------" Ati terme. de ce brillant exposé, de 1 nombreuses questions furent posées ALBERT CAMUS ET L'HOMME RÉVOLTÉ à l'auteur de . Un très intéressant dialogue ·- -- s'engagea alors. Dans l'ensemble, ALGRE Belphégor à la télé (l'actuel film âu' façon magistrale - plus en « force )) qu'à la manière Z'aitditoire masutesta une sympathie peuple), malgré E. Macias au Palais des Sports, du conférencier traditionnel. Il uasse en revu.e les certaine pour les · idées libertaires. M de nombreu:r: jeunes. gens étaient venus écouter idées maîtresses de !'écrivain et ses prises de position Il conviendrait donc de multiplier notre camarade Joyeux nous parler d'Albert Camus. dans le social, cléveloppant .l'absttrde et son débouché à l'avenir les contacts avec l'exté• Sa causerie· plus qu'intéressante est un modèle de la révolte - thèmes chers à Camus. rieur, .stirtout auprès de la [eunesse. dérnysttfjc(J,ti

UNE RtALISATION LIBERTAIRE: LA COMMUNAUTE MARIA-LUISA ·BERNE.RI

ANS les cliniques et les hôpitaux italiens, des Autre chose qu'une colonie de vacances religieuses assurent la direction du personnel Ce séjour à Carrara représente pour eux de véri• D et souvent font office d'infirmières. Un abbé Certains d'entre nous savent ce que peut être tables vacances, au sens fort du terme, où ils ont une colonie de vacances, même laïque. avec tout ce la chance de jouir du maximum de liberté dans passe une ou deux fois par jour dans les dortoirs, un cadre agréable, sous un climat des plus favo• parle aux malades, leur dit et fait dire des prières que cela comporte de discipline mal comprise et rables. pour leur salut. d'embrigadement. La communauté M.-L. Berneri est gérée par des C'est aussi l'occasion pour eux de contacts avec Dans les prisons pour femmes, des religieuses des enfants de régions très diverses. Cette année, occupent des postes à tous les échelons. anarchistes qui, dans la mesure de leurs moyens, appliquent leurs principes en dehors de toute main• la colonie a accueilli quatre enfants venus de Au programme des écoles primaires et secon• mise de l'Etat. France, dont deux d'origine espagnole. daires, la religion figure au même titre que les L'enfant n'a pas d'uniforme, ne se met pas en Ce n'est pas toujours facile pour les éducateurs lettres ou les sciences et un frère ou un curé vient rang, mange à la même table que les éducateurs d'accorder des caractères et des habitudes si dif• faire son heure de religion comme n'importe quel et tout le personnel et n'est jamais traité de haut. férents, mais leur variété même est un enseigne• professeur. Il arrive généralement avec de l'argent de poche, ment profitable pour tous. L'avis des enfants est Aux périodes de crise, où le chômage sévissait, il mais se trouve toujours d'accord pour mettre son primordial et il est certain que, pour eux, la com• était fort prudent (bien que non officiel) de pré- ' bien en commun. Ainsi, tous peuvent se procurer munauté M.-L. Berneri représente autre chose que senter un billet du curé pour décrocher une place. des friandises et les menus objets qui leur font des vacances ordinaires. L'Eglise a envahi la vie sociale et même la vie plaisir. La communauté existe depuis quelques années, privée des Italiens, ralentissant tout progrès. Il en Le séjour est entièrement gratuit, ce qui permet mals ce n'est pas une entreprise figée dans un sys• est de même des colonies de vacances : la charité à n'importe quel camarade d'y envoyer ses enfants; tème. Les animateurs en demeurent ouverts à toute en échange de la soumission, l'obéissance aux cependant, la communauté ne reçoit aucune sub• tentative d'amélioration et de perfectionnement, prières et les menaces de l'enfer lui sont un excel• vention officielle et est financée, par les militants à toute nouvelle méthode d'éducation assurant le lent moyen de resserrer son emprise sur les jeunes. , et sympathisants, par l'envol de fonds, de denrées maximum de garantie pour les enfants. alimentaires, de produits d'entretien pour l'usage de De nombreuses améliorations matérielles, des• En 1951, réagir paraissait charger les moulins à tinées à accroître le bien-être des enfants, sont vent, mals la veuve de Camillo Berner! (notre cama• la collectivité et de vêtements répartis suivant les besoins. (1) également prévues, comme l'agrandissement de l'a rade italien assassiné en Espagne en 1937) voulut Quant aux principes d'éducation, voici la tra• salle commune et peut-être la construction de nou- tout de même tenter quelque chose. veaux locaux. · Avec Zaccaria, elle décida d'accueillir pour les duction des paroles de Stefano Vatteron!, parues dans Volontà, à l'occasion du compte rendu de 1962. Les animateurs de cette entreprise y ont depuis vacances des enfants de camarades sur un terrain « Que dire du point de vue moral et éducatif des le début consacré beaucoup de leurs forces et de lui appartenant. près de Naples, à Sorrento. enfants? Laissons à d'autres la pédagogie, la leurs activités : on ne peut qu'admirer leur volonté Giovanna fit appel aux camarades italiens, qui psychologie ; ne nous mettons pas à faire les pro• et leur ténacité et regretter qu'ils n'aient pas tou• répondirent par l'envoi de fonds ou par leur colla• fesseurs ou les maîtres, laissons-nous guider par le jours été suffisamment secondés. boration physique et, peu après, deux séjours d'un bon sens, par l'amour et la compréhension. Ne nous L'encadrement des enfants durant les deux mois mols permirent à une trentaine d'enfants de pas• attendons pas à de grandes choses, mais à ce que d'été réclame la présence de plusieurs adultes qu'a• ser des vacances saines. les enfants restent un mois à la mer, au soleil, liftés pour assurer l'économat et la surveillance et, En 1960, la communauté fut transférée à Car• et qu'ils apprennent à vivre en pleine liberté, soli• bien souvent, Il est courant que le même individu rara, dans une maisonnette entourée de 3 000 m2 darité et fraternité, entre eux et avec les adultes, doive y passer la totalité de ses vacances, de pinède, tout près de la mer. sans hisser de drapeau, sans religion, sans jouets La communauté M.-L. Berneri est une initiative Avec le vieux camarade Stefano Vatteroni, mort guerriers, sans trompette n1 sifflet qui sentent qui ne dépend que de la volonté des copains et qui très récemment, et entourée d'autres bonnes vo• l'éducation mllitaire. Nous aurons accompli notre réclame la collaboration du plus grand nombre, dessein d'anarchistes en tentant d'initier les enfants afin d'en assurer la continuité et si possible le lontés, Giovanna poursuivit l'entreprise commencée développement. à Sorrento. à une vle d'hommes libres, sans préjugés ni vul• gaires croyances. , Dans l'avenir, elle peut disparaître, faute d'apports A partir de 1960, plusieurs municipalités orga• Goûter à la liberté extérieurs, comme elle peut continuer à progresser rusèrent des colonies à la mer ou à la montagne. et devenir une réalisation de la plus haute impor• Les camarades ne seraient donc plus réduits à Dans la pratique, garçons et filles de 6 à 12 ans tance confier leurs enfants à des organisations religieuses. ont la possib11ité de choisir leurs jeux, de se pro• (1) Pour tous renseignements complémentaires et tout Falla!t-11 pour autant abandonner l'inltiatlve de mener dans la pinède, de Ure ou de se reposer envoi de tonas, écrire à Vert!ce PERSICI, 76, rue Terrusse. Carrara.? dans les chambres ou dans la salle commune. Marseille-ôe (Boucl1es-dtt-Rhône), 5

IIIIIÎlîial << El anarquismo es la nuUJ L' ANARCH·ISME ESPAGN·OL TYPE 60 - trom O to 6000 m. r numamo, » par Gui SEGUR SALVADOR SEGUI.

X - LA MORT Dt Pl l' IWARGALL

riste. Voyons, brièvement, quel !ut le à Madrid, au théâtre Barbieri. Il se J. LA MORT DE Pl Y MARGALL. et fondateur du Parti Fédéral, meurt propose de réorganiser l'ancienne le 29 novembre 1901. Après avoir cheminement de cette nouvelle théo• Au début de ce siècle, nous retrou• donné une conférence à « La Casa rie révolutionnaire : la grève géné• « Federaciôn de · T1.. a bajadores de la vons à Madrid, l'omniprésent Fer• de los Estudiantes », il avait quitté rale. Un an après le Congrès Regi6n Espafl.ola ».' .. A · ce congrès min Salvochea. Il habite deux petites la salle très tard, la discussion d'Amiens (1906), uri congrès anar• assistent les délégués des diverses pièces que lul a cédées un ménage s'étant prolongée. La nuit était froide chiste se réunira à Amsterdam, et réglons. Après plusieurs jours de ouvrier, au dernier étage d'une mai• Pi y Margall se sentit malade, il sur proposition de Malatesta, qui discussion, la Fédél'atlôn est consti• son de la calle de Zorrilla. Il a alors s'aglssiat d'une broncho-pneumonie. avait été l'ennemi déclaré du. syndi• tuée, comprenant un nombre respec• 57 ans, et vit des maigres revenus La nuit même de sa mort, les anar• calisme, adoptera le syndicalisme table d'affiliés. Azcarate. informe le que lul procurent quelques traduc• chistes madrilènes se réunissent pour révolutionnaire Si l'on doit l'idée de congrès qu'il a appris .que 'tes délé• tions et sa collaboration à divers décider de l'attitude qdi devra être la grève généralè aux chartistes, gués andalous vont être arrêtés, ce journaux : « El Llberal >, « El adoptée lors des obsèques. De son côté, c'est au congrès de Verviers (avril qui permet aux camarades José He·raldo de Madrid > et « El Pais >. le gouvernement, présidé par Sagasta 1873), organisé par la fédération Torralba, de Jerez de la Frontera, Vallina, qui était arrivé dans la capi• (qui avait succédé à Azcàrraga), crai• belge de l'Internationale bakouninisté, Antonio Ojeda et Francisco Sola de tale, en septembre 1899, nous le gnant des manifestations, a décidé que fut exposée pour la première fois Séville, d'échapper à . .la détention. décrit vêtu de son éternel costume que le cortège ne passerait pas par cette théorie, présentée comme le Un ouvrier catalan, Francisco Soler, gris, et coiffé d'un feutre noir, dont le centre de la vllle, mais que, depuis seul moyen de déclencher la révo• qui avait été élu secrétaire , de la l'aile retombe sur le devant, pour le quartier de Salamanca, il se diri• lution sociale. La grève qui eut lieu F.T.R.E., est appréhendé, jugé et protéger ses yeux du soleil. Il suit en Espagne, à Alcoy, province de condamné à 8 ans de travaux forcés. gerait directement vers le cimetière Son arrestation arbitraire est l'occa• un régime alimentaire fort strict, civil (à l'est de la ville). Salvochea, Valence, quelques mois plus tard, composé de fromages et de fruits, Vallina, Federico Urales, Pedro ooro• fut une application de ce principe. sion pour les libertaires de réaliser auxquels il ajoute parfois de la minas décident de dévier le cortège Puis, cette idée disparut, pour renaî• un pamphlet dans « l'Espagne Inqui• viande crue. Le soir, en compagnie de l'itinéraire officiel. Salvochea tre dans les dernières années du sitoriale », que· publient les anar• de quelques compagnons, il se joint conclut: « contre la volonté des auto• siècle, avec la montée du svndlca• chistes espagnols exilés"à Paris. Alors aux divers groupes politiques qui dis• lisme révolutionnaire en France. que les socialistes, protégés par les rités, nous conduirons le corps de Pi gouvernants, s'expriment· en toute cutent, jusqu'à une heure avancée y Margall à la Puerta del Sol, et Un grand nombre d'anarchistes de la nuit, sur les trottoirs de la de là vers les quartiers populaires, espagnols sont, en 1902, déjà pré• quiétude, les anarchistes sont pour• Puerta del Sol. Ou bien, il rejoint parés au syndicalisme révolution• suivis, et une brigade spéciale de où nous entraînerons le peuple. police est créée pour poursuivre les le centre fédéral « del Horno de la L'hommage peut devenir explosif ». naire. Dans la province de Malaga, Mata >, qui est le siège de multiples A l'aube du jour des obsèques, les une femme, Belén Sarraga avait créé propagandistes de l'Idée. ' sociétés ouvrières, telles « El Porvenir militants anarchistes se rendent à une association qui groupait 2 000 fem• A cette époque, Salvdchea, qui tra• del Trabajo > des maçons, " La Loco• la maison mortuaire, où déjà attend mes, issues du prolétariat agricole, vaille à la rédaction de « El Heraldo motora Invencible > des ouvriers du partout existaient des groupements de Madrid », écrit à Târrida del Mar• une foule immense. Vallina rapporte mol, qui est à Londres, pour que rail, « La Botina de Oro > des cor• qu'il n'avait jamais vu une telle de relative importance. La grève donniers, etc. Là. il retrouve ses amis multitude, sinon peut-être à l'enter• générale est déclënchèe à Barcelone celui-ci consulte Kropotkine sur l'op• Eduardo Benot, F..stévanez, F. Jaime, rement de Louise Michel. Des liber• en février 1902. Ce mouvement pro• portunité d'une grève générale révo• Palma et le boulanger Figueroa. taires sont désignés pour porter le voque un grand espoir parmi les lutionnaire dans le monde entier, à cercueil. Lorsque le convoi parvient ouvriers révolutionnaires de Madrid, l'occasion du 1°' mai 1902. Tarrida Madrid présente l'extraordinaire place de Cibeles, les ouvriers qui por• qui décident d'appuyer leurs cama• répond que Kropotkine pense que le visage d'une ville où des hommes tent le corps, au lieu de se diriger rades catalans. Une réunion de moment n'est pas encore venu. Sal• courageux mènent de front le com• toutes les sociétés, non dominées par vochea dira à Vallina : « Pierre est vers le cimetière de l'Est, s'engagent mieux informé que nous. Attendons. ·» bat pour l'émancipation intellec• dans la calle de Alcalà, en direction les socialistes, est organisée au tuelle et la libération sociale des tra• Casino Fédéral « del Homo de la Cette grève générale de 1902 a de la Puerta del Sol; la police, devant soulevé un grand enthousiasme vailleurs. Cha.que idée est une bombe. l'attitude ferme de la foule, ne tente Mata ». Ces délégués ne représentent Chaque livre nouveau est passionné• pas un grand nombre d'affiliés, si parmi les travailleurs espagnols, en• nullement de s'opposer. Mals, à la thousiasme qui touche au délire en ment commenté. Un peuple affamé Puerta del Sol, la confusion devient l'on compare ceux-ci aux ouvriers s'éveille du long sommeil hypnotique inscrits à l'U.G.T. La grève générale Andalousie ..E n Catalogne, une rédé- intense, les anarchistes ne peuvent . ration connue sous le nom de « Soli• de la religion. Une pléiade admirable diriger le cortège vers les quartiers est décidée à l'unanimité, et l'on pro• de penseurs, d'essayistes, de roman• pose d'inviter les socialistes à sou• dartdad Obrera » est formée à populaires, et celui-ci s'engage dans Barcelone se constinuera en Fédé• ciers concourent à la démystüica• la ' Carrera de San Jeronimo, vers le tenir le mouvement. Une commission tion d'une certaine aventure espa• se rend à la centrale ugétiste. · Elle sur pied une organisation syndicale. cimetière. Lorsque le cortège passe En 1907, cette fédération locale de gnole : Juan Valera (1828-1905), José devant le Congrès, les députés sor• est reçue par l'un des dirigeants, Maïa de Pereda (1833-1906), Benito Francisco Largo Caballero. Celui-ci Barcelone se constituera en Fédé• tent pour regarder défiler la foule ration Régionale, et 'au mois d'oc• Pérez Galdôs (1843-1920), Lepoldo qui leur crie des injures. A la nuit repousse la proposition. Les socia• Alas « Clarin > (1852-1901), Vicente listes ne participeront pas à la grève. tobre de cette même année, apparai• tombante, devant une multitude tra l'hebdomadaire « Solidaridad Blasco Ibafiez (1867-1928), etc. Ce• muette, Francisco Pi y Margall est Le lendemain soir, un tract est rédigé pendant, c'est incontestablement la par les libertaires et imprimé par Obrera ». Il sera rédigé par José Prat mis en terre. Un ouvrier ébéniste, et Anselmo Lorenzo. En 1908, cette " generaci6n del 98 :11 qui posera le Fermin Palacios, brise le silence en un ouvrier typographe, Antonio problème de c la regeneraciôn de Apolo. Il appelle les militants fédération tiendra son premier criant : « Viva la Anarquia ! », l'as• congrès. Espafia > (avec ses multiples prolon• sistance lui fait écho. madrilènes à la grève de solidarité gements philosophiques et sociaux) avec les travailleurs de Barcelone. Mais revenons en 1902. A seize ans, avec la plus grande rigueur, et la Au petit jour, les tracts sont distri• Alphonse XIII prête serment devant plus profonde lucidité. Angel Gani• LA GREVE GENERALE DE 1002 les Cortés : « Je jure, devant Dieu bués, place. de Bilbao, aux groupes et sur les Saints Evangiles, de veiller vet, « Azorm >, Miguel de Unamuno, Ce début de siècle voit apparaitre qui doivent les diffuser. Mais une Pio Baroja (profondément indivi• pluie tenace vaincra l'obstination de à la Constitution et aux lois » en Espagne deux formes nouvelles (art. 45 de la Constitution de 1876). dualiste et anarchisant) ouvrent d'action anarchiste, l'éducation avec ces hommes, les rues demeureront magistralement le siècle. Sagasta présente la démission de son Francisco Ferrer, et la grève gêné• désespérément vides. gouvernement, Francisco Sil vela tale q,ui, sous l'influence du syndica• Pendant la grève générale de Bar• C'est dans ce tourbillon que Fran• celone, une congrès local est réuni (1902-1905) lui succède. cisco Pi y Margall, penseur libertaire lisme, a remplacé l'attentat terro-

Les or,•g ,•, nes de notre journal (IV) par L. LOUVET

intempestif et sans signification réelle, se voyaient néfaste année 1894. Ce qui donne un aperçu de la E 1892, année où s'ouvre la période terroriste gratifiés par les tribunaux d'années de prison et - férocité des juges d'alors, l'acte de l'accusé n'ayant anarchiste, jusqu'au début de 1894, époque porté préjudice à personne et les circonstances D ou la presse libertaire dut cesser toute acti• se retrouvaient derrtère des grtlles. atténuantes ayant été refusées par le jury. vité, ployant sous les coups de la répression et Cet acharnement à réprimer inconsidérément, menacée dans son existence même par les lois scé• propre à la gent policière et à une magistrature Souvenirs du bagne, relation détaillée des souf• lérates, les prisons et les bagnes s'emplirent de apte à appliquer sans ménagement des textes d'ex• frances endurées par Liard, dit Courtois, dans compagnons qui, par fournées entières, étaient ception, eut certainement des conséquences fâ• l'enfer guyanais, de celles de ses compagnons de déférés aux cours d'assises, qui prononçaient de cheuses pour les prisonniers qui affluaient dans les misère, de la conduite admirable de ses camarades lourdes condamnations. centrales pénitentiaires, quoique l'on ait peu de anarchistes, de l'inhumanité de l'Administration et renseignements précis sur cette période dramatique; de ses séides, de la canaillerie des délateurs ou Tous les quotidiens avaient institué une rubrique par contre, on sait parfaitement les suites tragiques mouchards de toutes sortes, est un livre tellement Les Anarch.istes, où s'étalaient chaque jour des que les événements provoquèrent au bagne de rare, que possèdent seulement quelques vieux mili• récits plus ou moins tendancieux, propres à indi• Cayenne, et même à Nouméa, lorsque les trans• tants, dont la plupart des bibliothèques publiques gner les citoyens « honnêtes :1> et destinés à repré• portés anarchistes, très nombreux, furent confiés sont démunies, que les bouquinistes ignorent, que je senter les théories anarchistes comme un retour pur à des gardes-chiourme alcooliques et sans pitié. crois utile de m'en inspirer et même d'en donner et simple à la barbarie et leurs adeptes comme de des extraits suggestifs. vulgaires criminels. Cette campagne, supérieurement On ne le sut pas tout de suite; mais, comme tou• orchestrée, inspi.rée par la peur, dura près de trois jours, la vérité filtra peu à peu et c'est avec stupeur Liard·-courtois ayant été condamné ne traîne années et eut pour conséquence de dresser contre que les milieux d'extrême gauche apprirent l'hor• guère dans les prisons de France. Son destin des doctrines, peu connues et surtout mal connues rible drame qui se déroula les 22 et 23 octobre 1894, l'amena rapidement au dépôt de Saint-Martin• du grand public, la quasi-unanimité de l'opinion à l'ile Saint-Joseph. de-Ré, antichambre du bagne. Déjà, lors des for• publique et jusqu'aux socialistes, qui craignaient de Qui, de nos jours, se soucie de ce que fut le bagne malités odieuses qui attendent les condamnés, dont voir englober leur propre propagande, leurs chefs qui, à 7 000 kilomètres des côtes françaises, accueil• la mise aux fers, sa qualité d'anarchiste le dési• d'école- et leurs militants dans les représailles poli• lait les condamnés des cours d'assises de la métro• gnait à la hargne des surveillants. Ces premières brimades l'incitèrent à demander une entrevue au cières. pole et de ses colonies. Il n'y a pourtant que peu de temps qu'il a disparu. Des journalistes comme directeur du dépôt. S'il ne put aller à celui-cl, ce Par contre, l'action anarchiste violente polarisa Jacques Dhur et Albert Londres ont fait sur lui des dernier vint à lui, botté, éperonné, une cravache à toutes sortes d'hommes énergiques qui se fussent reportages bouleversants. D'anciens forçats l'ont la main. tenus probablement en dehors du mouvement en dénoncé, ont décrit les tortures qu'ils y ont subi, toutes autres circonstances. C'est parmi ces la lâcheté générale qui y régnait. Parmi eux, les - Ah ! c'est vous, l'anarchiste, le révolutionnaire ! hommes, souvent mal préparés à la lutte, pleins Eh bien ! vous savez, ici, mon garçon, pas de révo• d'abnégation, mais d'une folle imprudence, que le mémoires les plus précis, les plus circonstanciés, les lution possible ! Et si vous voulez faire le malin, plus objectifs sont, sans conteste, ceux que nous on vous domptera ! furent les premiers mots du pouvoir lâcha ses provocateurs d'abord, ses sbires a laissés Léard-Courtois, anarchiRte condamné à ensuite. A ceux-ci s'ajoutaient de simples mécon• cinq ans de travaux forcés pour avoir usé d'un nom charmant fonctionnaire, qui fit siffler sa cravache tents, sans idées politiques précises, parfois sim• qui n'était pas le sien, le 16 novembre de cette pour ponctuer la menace. plement en ribote qui, pour un c Vive l'anarchie ! > 6 UNE VIEILLE REVENDICATION SYNDICALE (11) La gestion ouvn. e' re

ANS un premier article, j'ai volontairement posé le les neutraliser. Or, à travers la gestion ouvrière,. que leur nécessitait un long .cheminement et en attendant ils mirenf D problème de la gestion ouvrière en écartant réso• demandons-nous en échange de cette structure écono• ' leurs ~êves en _formules .simples et les propagèrent. Ce fut '-i;;a lument toutes les difficultés techniques qu'il nous rniquè ? Nous leur demandons d'accepter la responsabilité propagande ! faudra résoudre lorsque nous construirons une économie et l'égalité économique. Nous remettons en cause les gestionnaire, égalitaire et libertaire.. J'ai voulu m'en tenir valeurs morales qui justifient leur comportement. Nous Mais lorsqu'on touche au problème de gestion, les à ce préalable : (indispensable avant· toute. mise en chantier le.ur.demandons de sortir d'un milieu dont ils épousent formules simples ne sont plus dè mise. La difficulté -de la d'une transformation sociale qui rompt· avec le passé}, la tous les contours pour se projeter dans ûn autre où 'ils gestion réside en une formule claire. Ceux qui ont intérêt nécessité d'obtenir l'accord, passif 91,.1. enthousiaste, des devront bôtir une morale du comportement différente de à cette gestion ouvrière n'ont pas de connaissances suffisantes masses concernées par cette transformation. Et j'ai indiqué celle ·qui les imprègne depuis leur naissance, Nous fèur · · pour l'assurer. Cel!]( _qui ont_ des connaissances suffisantês que, pour obtenir cet accord, il n'existait.,que trois-moyens: disons que c'est leur intérêt· et alors tout naturellement ils · n'ont pas intérêt à cette gestion. Et mieux, lorsque certains la propagande, l'éducation, la pression r'évolutionnaire. . mesureront cet intérêt à' l'effort qui sera exigé d'eux.' Mais qui ont intérêt acquièrent ces connaissances, ils prennent . ·Mais avant Même d'examiner ces moyens, il nous faut nous leur disons aussi que notre solution supprimera l'alié• · alors conscience que leur intérêt a changé, ils ·abàndonnei)t tomprendre qu'il n'existe pas de formule parfaite et que nation et les rétablira dans· leur dignité écrasée par la leur classe et rejoignent la classe dês exploiteurs. Et alors notre choix sera un.,-choix entre des inconvénients.- Par société divisée' en classes et c'est finalement là, · dans cette la question se pose, à défaut d'éducation, la propagande conséquent· il est j:Sàrlaitement inutile de remâcher les sphère inconnue que Camus définissait comme étant la va-t:elle nous permettre de convaincre les cadres écono• inconvénients des formules qui nous déplaisent et d'exalter conscience, oue se jouera l'avenir: de l'économie égalitaire. · miques, · tes Ingénieurs, les adrnlnistrateurs, les technicièris, les avantages des- formules qui nous plaisent. Ce qu'il faut Pour décider les hommes è' sortir de leur passivité actuelle qu'à défaut de leur avantage, la justice leur commande d!! c'est- comparer les moyens dont nous disposons en laissant et à jouer un rôle déterminant, je disais plus haut que le mettre lëur savoir à la disposition dµ monde du travail qui au · vestiàire fôute sentimentalité humanitaire, la gestion mouvement. révolutionnaire avait · trois moyens. Examinons a pris~;en main la charge de l'économie?. Poser la éïu'éstion économique étant chose sérieuse et précise qui sort des donc très brièvement et sans entrer dans le détail les c'est hélas y répondre ! Les hommes voient d'abord leur vues de l'esprit pour rentrer dans le concret. aspects positif et négatif de ces moyens. intérêt immédiat et les travailleurs,. comme . les autres hommes, bien sûr, mais les travailleurs,. eux, ont intér~t au Enfin, à l'heure du choix, il nous faudra nous Souvenir changement et 'ils sont les .seuls. . que les masses, comme les hommes qui les composent, L'EDUCATION existent, qu'elles sont le reflet d'une civilisation et d'une Nous tenons là la solution idéale et avant nous" des Je sais, il y a dans l'histoire, la nüï't du quatre Aoùt, et, morale qui les conditionnent et que -ce choix du.' moyen diaaines · de générations l'ont proclamé, l'éducation du cette nuit-là, une partie, je dis bien ·une 'parrle seulement; qui nous permettra d'obtenir leur accord devfa tenir peuple permettra la transformation économique, l'abolition de la noblesse déposa· ses privilèges sur l''autel de la patri·e. compte de la psychologie de ces hommes et de ces masses. des classes, la naissance de la cité du Soleil. Apprendre Mais auparavant il s'était passé un événement. Les· sans: la vérité aux hommes qui, à leur tour, transmettront ·à culotte. avaient pris la Bastille. Nous rentrons dans· le vif REFLEXIONS SUR LES HOMMES d'autres leur savoir, c'était marcher· vers la solution du du sujet ! DE NOTRE TEMPS _ problème _ayant pour soi bonne conscience, dans le confort intellectuel. On pouvait alors rejetter le meurtre, la compro• LA VIOLENCE REVOLUTIONNAIRE Comprendre les désirs de l'homme de notre temps n'est mission, le pas en arrière, on tenait le fil_ qui, se déroulant pas chose facile, lorsqu'on refuse de l1.1i prêter les vertus sans à-coups, conduirait à la prise de conscience de l'huma• . L'étude des révolutlons nous apprit à la fois la puissance ou le.s vices qui cadreraient étroitement avec nos désirs nité. En vérité, les événements ne se 'déroulent pas avec et la limite de la violence révolutionnaire. C'est la violence et notre proposition anarchiste. Disons que les hommes se cette sérénité olympienne qui eût permis au mouvement révolutionnaire qui jette par terre les régimes d'oppresseurs, divisent en deux catégories. Les uns, moins nombreux ouvrier de rester net des éclaboussures que les convulsions C'est la violence révolutionnaire qui, parfois ternit la pureté désirent quelque chosè de précis et la réalisation de ce sociales. font jaillir et qui maculent les hommes voués 'à la de l'idéal de libération sociale. L'hommé né de la secousse désir suffit à alimenter leur Sensibilité et à justifier leur libération sociale. révolutionnaire est souvent un homme inemployable lorsque présence. Parmi cette minorité, une minorité est anarchiste En vérité, il n'existe pas qu'une éducation, la nôtre, l'heure de la cons.truction a sonné. Pour. lui, le moyen ou influencée consciemment ou non, par des thèmes qui ont mais des éducations qui se proposent au choix des hommes. remplace le but. L'aventure révolutionnalre, avec son carac• été sécrétés par la pensée libertaire, Les autres qui compo• Souvent établies sur des valeurs identiques, elles proposent tère exaltant, lui masque les tâches humbles mais essen• sent l'immense majQrité de la population sont disponibles et des choix différents. Souvent leur complexité échappe à tielles de l'organisation de l'économie. Le Césarisme guette c'est à ces hommes disponibles que nous proposons la gestion l'entèndement de l'homme rnoyeruDans 1~ meilleur des cas, l'homme révolutionnaire placé en face de responsabilités ouvrière. Il va falloir les convaincre que cette proposition l'éducation eût é:é la solution, dans la mesure où seule qui lui semblent insurmontables. Dans les ioumèes de est conforme à leur intérêt, qu'elle résoudra leurs dif• notre éducation eût été proposée, et à des cerveaux neufs juillet, Bonaparte est en puissance comme l'est également ficultés économiques et qu'elle est également conforme è plus portés à apprendre qu'à discuter. L'éducation eût alors .. Staline en octobre l 91.7. Enfin la violence révolutionnaire la justice comme à un certain nombre de vertus abstraites revêtu le caractère de la science et été acceptée comme une crée une réaction qui souvent remet en cause les conquêtes mal définies et mal délimitées, ce qui créera chez eux vérité 'indiscutable. Nous n'en sommes pas là. ·Et d'ailleurs, du pêuple. La violence révolutiohnaire, antithèse de l'édu• l'élan émotionnel indispensable aux mutations rationnelles. un phénomène nouveau nous est révélé par la réflexion. cation, touche aux principes qu'elle garantit: mais . elle . Ces hommes disponibles ont, eux, des désirs à court terme '· C'est la rupture qui se produit dans le processus évolutif oossède incontestablement une efficacité qui manque à qui s'inscrivent à l'intérieur des structures sociales écono• de l'éducation, à chaque génération, la jeunesse qui accepte l'éducation. miques qui sont les nôtres. Ils désirent gagner mieux leur l'acquis scientifique pour le porter plus loin et qui eût peut• 1/-ie, travailler moins. L

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Cette attitude indique suffisamment l'ambiance commis sous des prétextes futiles, qui décuplèrent Simon, dit Biscuit, fut aperçu l'un des premiers, qui régnait et de l'accueil qu'on pouvait attendre l'exaspération des bagnards, eux-mêmes travaillés juché dans un cocotier. Un soldat l'abattit, après dans ces lieux rébarbatifs, lorsque l'on,professait des hypocritement par des condamnés au . service de l'avoir- injurié et avoir . reçu du. révolté un « Vive idées que n'admettait plus la loi. Lorsque Liard-' leurs ennemis. l'anarchie ! » en guise de réponse. ·Maservln, Lebault Courtois arriva à l'ile Saint-Joseph, lieu de débar• C'est ainsi que le 21 octobre 1894 fut choisi pour et Léauthier - qui avait, le 13 novembre 1893, tué quement, les événements qu'il devait relater s'étaient en finir, les circonstances se révélant ce jour-là d'un coup de son tranchet de cordonnier le mi• déroulés depuis plusieurs mois, mais il en eut le favorables. Gagner la haute mer et reconquérir nistre représentant la Serbie à Paris - aperçus un récit fidèle par p1usîeurs témoins oculaires, parmi la liberté devenait ensuite le but définitif.· mstant> après, tombent sous les balles de la solda• les quelque quarante à cinquante rescapés- de la . ' tesque, se tenant par la main, criant à la face de sauvage tuerie. Un seul, parmi les conjurés, comprit qu'un piège leurs assassins : « Vive la Uberté ! Vive l'anarchie· ! ». leur était tendu. Ce n'était pas un trembleur pour• Dervaux, Boésle, Garnier et Chévenet - un ami de Tout au début de l'affaire, il y a des lettres clan• tant, il avait fait ses preuves. Il dit sa conviction destines envoyées du bagne à leurs familles par Ravachol, qui comparut avec Etiévant pour le vol des condamnés. Des fragments de ces lettres furent à ses amis et demanda à quitter Saint-Joseph pour de. dynamite de Soisy-sous-Etiolles et récolta douze ne pas être- entraîné dans une aventure sans issue. années de· travaux forcés - sont fuslllés au hasard publiés par le journal L'Eclair - qui n'était pas Après diverses pértpéties, l'heure de l'épreuve de une feuille d'avant-garde - qui dénonçaient les de la rencontre. Réfugiés dans une sorte de caverne force arriva. La révolte, loin de surprendre les mili• au m!Ueu de rochers, Kervaux et Mermès sont en• exactions dont étaient victimes les anarchistes de taires, les trouva bien préparés à l'action. Action la part de leurs gardiens : fumés et tués dès leur sortie de l'antre· à l'atrno• qu'ils entreprirent de leur propre chef puisque, spnere irrespirable. Marpaux subira un sort sem• « Pourquoi nous traite-t-on plus mal que les apercevant des forçats en dehors des cases, à une blable le lendemain. autres ? Le commandant à qui nous l'avons demandé heure où le fait n'était pas répréhensible, les pre• nous a répondu que nous sommes dangereux, parce nant pour des anarchistes, ils tirèrent sur eux au « Au fur et à mesure qu'on « descendait» ies que nous sommes anarchistes. Nous ne comprenons mépris de· tous les règlements. Au bruit des déto• anarchistes, dit Liard-Courtois, leurs dépouilles pas pourquoi nous sommes plus dangereux que nations, Ies conjurés sortirent des cases, décidés étaient embarquées pour l'ile Royale et transportées ceux qui ont volé, tué des enfants, coupé des femmes au pire. à l'amphithéâtre. Le 22 au soir, les médecins èt le commandant Bùnafai se tenaient sur le quai, atten• en morceaux, etc. Est-ce parce que nous ne vou• D y avait là Simon, dit Biscuit, qui se surnommait lons pas jouer J:e rôle de moutons ? ,, écrivaient les dant 1€-3 corps des victimes. On en avait débarqué compagnons. lui-même « Ravachol II». Sorte de gavroche gouail• quatre et comme on en amenait de nouveau en leur, il avait dix-huit ans lorsque, dénoncé par une annonçant « que ce n'était pas tout'», le docteur Dénoncer le manque de soins aux malades, les indicatrice, il fut Impliqué dans l'affaire des bombes Jourdan s'indigna et, Interpellant le commandant : brlmades continuelles, la prtvation de correspon• qui visaient à détruire le préside-nt d'assises Benoit « Assez, monsieur ! s'écrla-t-Il Assez ! Vous ·allez dance, des tortures révoltantes, tel était, en gros, et le substitut Bulot. Condamné aux travaux forcés « rougir la mer. Faites cesser ce carnage. » Le com• l'objet de cette publication, qui provoqua la colère à perpétuité, il a tout juste vingt ans en cette année mandant se tut, mais se retira. » des gens visés et les incita aux idées. de vengeance. 1894, qui sera celle de sa mort. Des incidents qui, à . l'accoutumée, eussent été .. Quinze morts, tel fut le bilan de ces tragiques Il y avait aussi Marpeaux, au bagne depuis peu, journées. considérés comme habituels, prir.~~~ aussitôt de pour un vol de bicyclette ayant eu pour suites la l'importance. La sévértté s'accentua et; ainsi que le mort d'un agent de police ; et quelques autres. Ce n'était pourtant pas suffisant. D'autres assas• souligne Liard-Courtois. « la haute administration, Furieux, ils se ruèrent sur les gardiens et les contre• sinats suivirent et neuf anarchistes, dont Marna.ire qui s'était aigrie aux attaques qu'on ne lui avait maîtres ~ leur portée et les firent passer de vie et Girier-Lorion, furent déférés au Tribunal mari• pas ménagées, toléra, ·si elle ne les .cqnsellla pas, les à trépas. La riposte fut immédiate : un forçat, qui time spécial. Ce qu'lls subirent durant les sept mois actes criminels du bas psrsonnel a. Car les revolvers n'avait pas bougé, fut tué à bout portant par un de cachot avant leur transfert à Cayenne est inima• se mirent de la partie. gardien, .durant que des bateaux chargés de soldats ginable. On dut, malgré les ordres de l'Adminis• Les surveillants militaires. qui savaient fort bien abordaient à l'ile Saint-Joseph. « Feu partout et pas tration, les hospitaliser et l'un d'eux mourut. Dé• qu'avec les forçats anarchistes Us avaient à faire de quartters. telle était la consigne. En attendant fendus par la suite, avec droiture et énergie, par à forte partie, décidèrent de s'en débarrasser à tout de l'appliquer, surveillants et troupiers s'enivrèrent les membres du barreau de Cayenne, indignés 'de prix. Ils parièrent entre eux à qu1 tuerait le premier copieusement. Dès le matin du 22· octobre, la chasse voir les bourreaux se .faire les juges de leurs vic- anarchiste. Ce fut un nommé Mosca (lui osa le à I'homme s'organisa. Chaque forçat rencontré était times, six des accusés furent acquittés. · pce.m.ier, bientôt suivi par une autre brute. Crimes trucidé sans explication. (A siuure.,.) . LA COMMUNE D:;E" .M·A

N a beaucoup écrit sur la Commune, et logique, sont laissées .dans l'oubli le plus complet. blions cette en particulier sur la Commune de Paris. · A' cela une raison essentielle : les idées - force A •• • d'un siècle cle O Pas assez peut-être, car les Communes que l'on peut en . extraire n'intéressent personne, tants de la de province sont trop souvent méconnues et elles n'apportent de l'eau qu'au moulin des anar• 4 500 membr même, les répercussions du mouvement commu• chistes ! Et c'est pourquoi les travaux qui y sont département 11 naliste à I'éteangee, soit sous l'aspect des pour• relatifs ne jouissent pas de la faveur du grand l'influence de suites intentées aux communards ou aux inter• public. On ne peut que le regretter. ser une sociét] nationaux, soit sous l'angle de l'interprétation C'est donc dans le but de compléter notre et la liberté d1 et de l'utilisation politique scientifique et socio- connaissance de ce mouvement que nous pu-

Esquiros démissionne ; Il est rétabli dans ses· fonc• dans la mairie et, après un-court échange de coups tions par la population. de feu, capture les membrés· du Comité:' LE FILM Fin octobre Les prisonniers, au nombre d'une trentaine envi• Capitulation de Metz. ron, sont enfermés au Fort Saint-Jean et entassés dans U!J cachot puant, Le 10 août, sur ordre de 31 octobre l'impératrice régente, l'état de siège est proclamé DES Le Général Marie, nommé par Gambetta, com• et le '2!'/ ils sont [ugés.. .. mandant la Garde Nationale · (bourgeois) veut Gaston Crémieux est condamné à six mois de décréter l'état de siège et occuper la préfecture. Il prison, 14 de ses compagnons à des peines légères et · ÉVÉNEMENJS est tenu en échec par la Garde Civique (internatio• tous sont transférés à · la prison Saint-Pierre. naux). Mais malgré l' « indulgence » du jugement, des Jel' novembre protestations indignées s'élèvent de toutes 'parts 19 juillet 1870 dans la ville et les condamnés prennent l'auréole des Déclaration de guerre à la Prusse. Marseille vibre Proclamation de la Commune Révolutionnaire à martyrs. d'une Marseille avec Bastelica et Cluseret de retour de grande exaltation patriotique. · Suisse où il s'était réfugié après l'échec de la ten• 4 et 6 août tative de Lyon. Défaites de Wissembourg et de Forbach. Esquiros démissionne de ses fonctions, Il est sur• mené, et son fils est en train de mourir des fièvres DEUXIÈME 'I et 8 aoat typhoïdes. Première tentative révolutionnaire à Marseille dressée contre la guerre et contre l'Etat et premier 2 novembre essai de Commune insurrectionnelle. A. Gent est nommé par Gambetta pour rétablir TENTATIVE l'ordre et le pouvoir central. 10 août Etat de siège à Marseille. 13 novembre L'ordre est rétabli. Cluseret est parti à Monaco. D'INSURRECTION 14 août Delpech a rejoint Garibaldi. Esquiros a été envoyé à Le couvre-feu est établi. Le général d'Exéa inter• Bordeaux. La Commune s'est' effondrée, la Ligue du dit toute manifestation et tout commentaire de Midi est dissoute. presse. A Paris, Blanqui essaye de renverser le gou• vernement. Décembre 1870 Janvier et février 1871 RÉVOLUTIONNAIRE 27 août Marseille vit dans le calmer mais un calme lourd Au fort Saint-Nicolas, Gaston Crémieux est d'inquiétude et de tension. 1 cr NOVEMBRE 1870 condamné à six mois de prison ; le tribunal pro• 21 mars E préfet Esquiros s'oppose à Gambetta et nonce quatorze autres peines légères. au Gouvernement provisoire. Au Conseil mu- · Une dépêche gouvernementale indique « Mar- nicipal un affrontement se produit' entre l>, L 4 septembre seille est calme les modérés et les révolutionnaires et très vite, la Annonce de la défaite de Sedan et de la capitula• 22 mars Garde Nationale (bourgeoise) commandée par le tion de Napoléon III. Annonce à 22 h de la cons• On affiche sur les murs de la ville la proclamation Colonel Marie va s'opposer à la Garde civique et à titution du Gouvernement de la Défense Nationale. de Thiers flétrissant l'Insurrection parisienne. Le l'Internatipnale. 5 septembre soir même, Gaston Crémieux prononce un violent La réaction pupulaire est immédiate et spontanée, Libération par une foule de 20 000 personnes des discours, appelant les Marseillais à prendre les !'Hôtel de Ville, défendu par les Gardes nationaux insurgés du 8 août. Occupation de la Préfecture. armes et à défendre Pari~ et sa Commune. est occupé et la Commune révolutionnaire est pro• Constitution spontanée de la Garde Civique (Inter• 23 mars au matin clamée aussitôt. nationale). On hisse le drapeau noir et le drapeau Le contre-amiral Cosnier organise une contre• Un Comité d'une vingtaine de membres est formé rouge, qui représente toutes les nuances de l'opposition manifestation en faveur de Versailles; aussitôt, une radicale' et socialiste parmi lesquels plusieurs. mem• 7 septembre foule immense se rassemble, la Préfecture est alors qres de. I'Jntern ationale dont Bastelica, Chachuat, Arrivée d'Esquiros (nommé préfet par Gambetta). envahie, Cosnier doit démissionner, une commission Job,~Cartoux, etc. Esqulros, fidèle à ses conceptions de républicain départementale est créée sous la direction de G. Cré• mieux. La Garde Nationale et l'Internationale y sont Le général Cluseret·qui vient d'arriver à Marseille révolutionnaire, va s'opposer bientôt au gouverne• après l'échec de la Commune de Lyon se joint bien• ment de Tours et à Gambetta. représentées.' Le Conseil Municipal accepte à l'una• nimité de collaborer avec la Commission Insurrec- tôt à eux, et la Commune prend l'héritage de la g septembre tionnelle. · Ligue du Midi. . . A Lyon, la section de l'Internationale publie le Mais Esquiros qui jouit de l'estime populaire, .. se manifeste suivant, vraisemblablement rédigé par 23 mars - 4 ·avril 1871 retire (son fils atteint de typhoïde meurt · et. cé Bakounine : Commune Insurrectionnelle. deuil l'abat profondément) ; il est remplacé par « Il n'y a qu'un seul moyen de salut, c'est le soulè- 4 avril Alphonse Gent qui, à la faveur des circonstances (u~ vement général et révolutionnaire du peuple. La attentat manqué contre lui qui soulève la réproba• meilleure chose que Paris puisse faire est de pro• Le général Espivent, dont les troupes sont station• tion générale) va reprendre le pouvoir en mail} clamer et de provoquer l'absolue Indépendance et nées à Aubagne, marche sur Marseille. Le port est pour le compte du Gouvernement· et écarter tous spontanéité des· mouvements provinclaux. Il faut investi par trois navires : « Le Renard 2>, «· Là Cou- ceux qui pouvaient raffermir la volonté populaire. ronne , et 4. Le Magnanim~ l>.. , briser la machine aâmlriistr!!,ti\re et, conformément · Le 13 novembre, le préfet télégraphie à Gambetta : aux Espivent, sentant ses troupes désorganlsées' et propositions d'Esquiros et de Cluseret, rendre à « l'Ordre tout entier règne- à Marseille >... · ·. l'initiative de l'action à toutes les communes révo• prêtes fraterniser avec les insurgés, fait bombar• lutionnaires de France délivrées de tout gouverne• der la. ville. · ment centralisateur et de toute tutelle, et par consé• Dans la soirée, la Préfecture est prise par· les ' quent appelées à former une nouvelle organisation marins, l'état de siège est proclamé. · · en se fédérant entre elles pour là défense. Nuit du 4 au 5 avril 1871 LA· COMMUNE Le. moyen et la condition, sinon le but de la Une répression impitoyable s'abat sur Marseille.· Révolution, est l'anéantissement du principe de La Commune· vaincue, la réaction s'installe. Aux l'autorité dans toutes ses manifestations possibles, erls de « Vive· Jésus vive le sacrë-oœur l>, on fusille RÉVOLU.T.IONNAIRE c'est l'abolition de I'Etat politique et juridique ... La les révolutionnaires. Pendant .quatre ans . on. va France, comme Etat, est perdue, elle ne peut plusse s'acharner contre eux, 1es pourchassant jusqu'au sauver par des moyens réguliers et administratifs. dernier. La Commune de Marseille entre dans I'His• l . C'est à la France naturelle, à la France du peuple ·à toire. sauver sa liberté et celle de l'Europe entière, par un DE soulèvement immense, tout spontané, tout populaire, en dehors de toute organisation officielle et de toute çentralisation ·gouvernementale ... » MARSEILLE 9 septembre LA TENTATIVE Un meeting est organisé par l'Internationale à !'Alhambra, et Bastelica réclame l'organisation d'un gouvernement du Midi. Le jour même, un Comité -DES 7--ET ·8-·AOUT 1:870 (ll MARS- 4 AVRll. -Ï.IJ?,f) local de défense nationale est créé, qui va s'appuyer très rapidement sur le rassemblement des forces populaires. ES le lendemain de la défaite de Forbach, Le 21 mars 1871 une grande agitation se manifeste à Mar• Une dépêche télégraphique du .Préfet, le contré- J8 septembre D seille. 40 000 personnes, ayant à leur tête amiral Cosnier, indique : . . · . . Marseille rompt avec le gouvernement de Tours. Gaston Crémieux, Naquet, B1:ochier, Rouvler et quel• « Marseille est tranquille .. Tous les· rapports qui La Ligue du Midi est définitivement constituée (elle ques autres mantrestent devant la Préfecture. . m'arrivent sur l'état des esprits dans le départe- groupe 13 départements). Marseille devient la capi• L'arrestation d'Alfred Naquet provoque . une ment sont rassurants. >> · tale de la Fédération, Esquiros en est nommé prési- recrudescence de colère et aussitôt se forme un mars dent. · Oomité Central d'Action Révolutionnaîre, la foule Le 22 • A Lyon, Bakounine avec Albert Rtchard et Baste• occupe bientôt la mairie et les membres du Comité· La .ii;ocfa,mation.' de Thiera, n.étrissant l'insurrec• lica à ses côtés, essaie de soulever les masses lyon• sont portés au pouvoir sous les acclamations popu- tion parisienne et exhortant à l'union est affichée naises. Il échoue. Iaires · . · ·· ·. sur les murs de la ville. Cette proclamation qui parle en termes favorables de Canrobert et de Rouher, 22 septembre Ce· eotnité, comprenant surtout ,des·,membres de apparait aux Marseillais comme une traîtrise et, le · La section marseillaise de l'Internationale adhère l'Internationale (en l'absence 'de- Bâstelica, la Sec• sorr-même, devant plus de 1 000 personnes, Gaston officiellement à la Ligue et déclare la soutenir sans tion marseillaise· reçut· très· vraisemblablemant les cr~t ieu?';, ,f?!Rnonce _un discours extrêmement vïo- réserves. ordres directs de Bakounine~ .. et . quelques .républl- en · · . · . ' , , catns radicaux, et présidé' par oaste» 'Crénüetix, se 1 7 octobre · trouve ainsi à la .tête d'un'. pou voit révofutionnatre «. Le Gouv~~cment 'de Ve~~ai,ll~s a essayé de '1cver Arrivée à Marseille de Garibaldi et de 500 de ses issu du peuple." .. :· , · · . · · . 1 sa béquilfe . contre ce qu'il .appelle l'insurrection de volontaires. 1 l 'li i Paris, mais clic s'est brisée entre ses mains, et la Malheureusement, ses délibérations . · sont de • Commune en est sortie.; · 16 octobre courte durée, car une escouaëe-de •policiers, disper-> sant une foule. aussi prompteà s'enthousiasmer qu'à I « Ainsi. Citoyens, les circonstances sont graves. Devant les agissements de Gambetta qui s'efforce llvant d'aller plus loin, je veux vous poser une ques- P4lf tous les moyens de faire dissoudre la Ligue, · devenir d'une passivité extrême;' 'bloque lés insurgés • Charles Alérini

O+\(IME Bastelica, il était d'origine corse pulsquë Espagne où il va poursuivre son action militante pen• né à Bastia le 20 Mars 1842. ' dant que le Tribunal militaire le condamne à mort par SEILL:E C Devenu professeur, il enseignait au Collège 'dè contumace (il sera gracié en 1889). • Barcelonnette où il était en même temps correspondant Très vite il est admis parmi les intimes de Bakounine de l'Internationale, ce qui lui vaudra d'être suspendu et devient un militant actif de l'Alliance et, à ce titre de ses fonctions en avril 1870 et arrêté quelques jours il sera toujours mêlé aussi bien sur Je plan espagnol que tude, rendant hommage, à près après. toujours pour le. même motif. sur Je plan français, à la vie de l'Internationale anti• Istance, à tous les obscurs combat• S'étant établi à Marseille, il participe ensuite, & roc• autoritaire contre les agissements de Marx et de ses à cupation de l'hôtel de ville et à l'organisation de I'éphé• amis. ommune et en particulier ces mère commune révolutionnaire du 8 août 70. Puis il sera J. Guillaume, dans ses « Souvenirs » parlera du « cœur de l'Internationale (dans le seul membre de 'la Commission départementale insurrection• chaud », de la « droiture ». de « la vaillance simple et les Bouches-du-Rhône) qui, sous nelle de mars 1871. sans phrases » de cet homme qui sera délégué de la. Bakounine, s'efforcèrent de réali• Actif, énergique,- Intelligent, il mettra toutes ses con· Fédération régionale espagnole à La Haye, où il signera naissances au service de l'action révolutionnaire et de la déclaration bakouniniste ; qui assistera au Congrès de nouvefle, basée sur le fédéralisme l'Internationale organisant notamment la résistance ar• Saint-Imier dont il sera l'un des 3 secrétaires; qui parti• l'individu. mée, requérant les fusils, les munitions, et prenant une cipera au Congrès de Genève (sept. 1873) en tant que R. BIANCO. part des plus actives à tous les actes de l'insurrection. représentant dé la ·F.R:E. et de "diverses sections fran• Le 4 avril, il reste un des derniers à la Préfecture, çaises (dont plusieurs Illégales) et qui après avoir fait alors que la plupart ont fui le danger. deux ans de prison à Oadix, fera partie en 1877 du Comité Après l'échec de la Commune il réussit à passer en fédéral de la fédération française de l'A.I.T. lion. Quel est le Gouvernement qus vous reconnais• lez comme légal ? Est-ce Paris ? Est-ce Versailles ? »

Toute la salle unanime, crie : « Vive Paris ! l) « A ces cris unanimes qui sortent de vos mille poitrines nous mous unissons et nous crions : « Vive Gaston Crémieux Paris! » « Mais ce gouvernement va être combattu par 1\ ~ à. Nîmes, le 22 juin .1836, il est issu d'une famille au poste de procureur de la· République, où il ne .. r~ l ~ !sraélite. Après de brillantes études au lycée de sa tera en fonction que quelques semaines. Versaillt:s. Je viens vous demander un serment, c'est ville natale, il obtient sa licence de droit à Aix-en- Puis, après la création de· la Ligue· du Midi (qui grou• eelui de le défe.ndre par tous les moyens possibles, . Provence, en 1856. · pait 15 départements) il parcourt · la province comme ? le jurez..:vous Avocat à Nîmes; il se fait vite remarquer par son élçi• envoyé en mission, il signe peu après une proclamation quence et sa générosité, Très vite aussi on Je surnomme qui indique. notamment : - « Nous le jurons ! » « Nous sonwnes résolus à tous les sacrifices, et, si nous « Et nous aussi, s'il faut combattre, nous nous avec une pointe de mépris, l' « avocat des pauvres ». restons seuls, 1wus ferons a.ppel à . la révolution, à la mettrons à votre tête. Nous serons obligés de le Cette réputation de désintéressement va Je suivre à révolution imolaoable et ine:rorable, à la révolution avec défendre dans la rue. Rentrez chez vous, prenez vos Marseille où il s'établit en 1862. toutes ses haines, ses 'coléres et ses fureurs p:itr-iotiques. Sa générosité naturelle, son caractère affable et doux, Nous partirons de Marseille en a.nnes, nous prêcherons fusils, non pas pour attaquer, mais pour vous sur nos pas la guerre sainte ... ». défendre ... » ses allures paisibles et ouvertes, attiraient toutes les sym• 'pattûes. Et par le fait même qu'il était toujours disposé Bientôt la Ligue· va entrer en opposition ouverte contre Le 23 mars à détendre les miséreux, il entra tout naturellement en, le gouvernement 'de la Défense ·nationale et, au cours contact avec les milieux républicains de l'époque. Porté d'un meeting organisé à I'Alhambra, Je 19 octobre, comme Le contre-amiral Cosnier organise une contre• par sa sympathie presque instinctive vers les classes· op• on lui demandait les moyens de réagir devant une telle manifestation en faveur du gouvernement de Ver• primées, il fut également en liaison quasi permanente et situation, il s'écria : _ · . << Là, Ligue du ·Midi, et la commune Ré.volutionnaire !. ». sailles, mais depuis l'aube, les gardes nationaux amicale avec l'Internationale: _ C'est ainsi qu'il fait partie, dès le 1•r novembre, ~~ des quartiers populaires s'étalent rassemblés, et une Mais, malgré ses qualités de cœur, son désir de soulager la Commission départementale insurrectionnelle qui rati· foule immense se regroupe autour d'eux. la misère, il ne fut jamais, en dépit de quelques discours fie les pouvoirs de la Commune révolutionnaire et qu'il La Préfecture est envahie, les autorités destituées, ou de quelques articles violents, un homme d'action appelle les Marseillais à prendre les armes. . · ·. me commission départementale est formée, présidée véritable. · Mais, la Commune écrasée par la. réaction, Crémieux refusant de s'enfuir, est arrêté et le 8 avril, il 'est car Crémieux et comprenant 12 membres. Elle re• Il n'en reste pas moins que le 8 août 1870 il se trouve porté à la tête d'un pouvoir révolutionnaire issu du peuple, condamné à mort comme « factieux incorrigible ». · orésente équitablement les diverses fractions de l'opi• Arrêté, emprisonné dans un sombre cachot du fort • Six mois après sa condamnation, malgré la multitude nion publique. : les Radlcaux avec Job et Etienne, Saint-Jean et bientôt condamné à 6 mois de prison qu'il de démarches entreprises de tous côtés pour obtenir sa l'J,nternationale avec Allerini, la Garde nationaie va purger à la prison Saint-Pierre, il est libéré avec ses grâce, Crémieux est fusillé sur ordre de « Monsieur » avec Bouchet et Cartoux, et trois membres délégués camarades par une foule de plus de 20 000 personnes dans Thiers. par le Conseil municipal. la nuit du 4 au 5 septembre . Le 30 novembre 1871, à 7 heures du matin, au Pharo, C'est lui qui le 7 septembre accueille Esquiros à la tombait l'un des hommes les plus intègres que le mouve• La Commission déclare : gare St-Charles et l'accompagne à la préfecture. ment ouvrier ait connu. « A Marseille, les citoyens prétendent s'adminis• Dans le cadre de l'épuration, (destitution des magistrats Sa: mort provoqua une profonde émotion dans toute la trer eux-mêmes, dans la sphère des jrntérêts locaux. compromis sous l'Empire) Crémieux est ensuite nommé ville. Jl serait opportun, que le mouvement qui s'est pro• duit à Marseille fût bien compris, et qu'il se pro• longeât. Nous voulons la décentralisation administrative avec l'Autonomie de la Commune, en confiant au André Bastelica conseil municipal élu dams chaque grande cité les attributions administratives et municipales. » E à Bastia le 28 Nooembre 1845, il apparait à campq.gne, en de perpétuels àéplaceinents, pour créer de 23 ans dans l'histoire de l'Internationale. nouuëlles sections· dans les départements voisins : Aix (600 adhérents) La Ciotat,· Si-Tropez, Cogolin, couo• 1,,e mars N Anarchiste, il le fut jusqu'au bout des ongles, 26 alors .même que le mot n'était pas encore inventé. En 'brières, Gonfaron, La Garde-Freinet, :Toulon, La Seyne, Le général Esp1vent de· la Villeboisnet, officier effet, tour à tour emplo,yé d.e commerce et typographe, il Draguignan cLeviennent à leur tour àes foyers actifs. .ll rèacttonnatre et c1:érical s'il en fut, qui s'était réfu• possédait une culture élonnante pour son âge et sa condi• · ira jusque dans l'Hérauit et les Basses-Alpes, pour conver• tion .. tir à la .oause -tes populations rurales. gié à Aubagne avec ses troupes, et -qut calque sa Le 28 avril 1870 il écrit à James Guillaume : conduite sur celle de Versailles, proclame le dépar• Une immense curiosité, toujours en éve-il, l"avait poussé . à s'instruire dans tous les. domaines. Journaliste de talent, « .La section marseillaise marche résolument dans la tement des Bouches-du-Rhône en état de guerre. il écrivàit. tians de très nombreux journaux : !'Egalité M voie des grands 'p1:ogrès ... Je suis de .retour d'une excur• Genève, l'Internationale de Bruxelles, La 'Ml,l·sèillai~ sion parmi les populations révolutionnaires du Var." Quel Le 27 mars àe Pans, !'Egalité et Le Peuple de Marseille. et dans des énthousiasme l'Internationale a soulevé sur le passagè de son propagateur ! J'ai acquis cette fois la preuve Le Conseil municipal (composé de républicains revues littéraires.: avec un style précis et iouçùeux. plein de flamme et de vivacité, un· style qui traduit la pensée invincible, irrécusable que les paysans pensent, et .qu"·ils modérés et bourgeois) rompt avec le conseil départe• et surtout la parole, car Bastelica était aussi un brillant sont àvec nous ... Tout ce mouvement brise mes forces, . mental. Cette rupture accroit les difficultés maté• orateur. mais augmente mon courage. » nelles auxquelles devrait faire face la Çommune C'est son éloquence surtout qui explique Le vé?itable , . Quatre jours auparavant, il écrivait dans le «. Mira:• après· le départ de nombreux fonctionnaires. ascendant' que ce tout jeune homme exerçait sur les peau » (journal socialiste) à propos des grèves du Creu.- masses. sot : . . . · . Le 28 mars A l"îdéal ·-généreux· qui Z-ani11tait, · il joignait l'immense « Jugulée pâr une politique honteuse et réacttonnaire 'là grande voix· du peuple, ·pour se faire entendre, em• à avantage de posséder un· sens pratique de l'organisation, Arrivée Marseille de trois représentants en .un· souci méthodiq'Ue et lucide de l'action révolutionnaire. prunte un autre organe plus terrible : la grève. · . ! ·' mission envoyés par la Commune de Paris· (May, Son camarade de combat, Albert Richarti, disait de lui ; « La grève c'est l'irruption endémiqué du mal social. Or• Amouroux et Landeck). Malheureusement ils sont << Il avait besoin de- vivre, d'agir, · de proâuire ... 'et de ,, ganiquemënt la· société actuellè aboutit à la grève : 'é ê tous trois incapables et vont s'immiscer dans les âéteruire, à la lumière, l'idée qui l'incarnait en lui. >i • n'est ni Ia. paix ni la.justice. · affaires marseillaises portant de graves préjudices « La théocratie et l'aristocratie reprennent courage et Voilà l'homme qui constitua, avec Eugène Varlin· et essayant l'offensive sur la Révolution trahie par la bour• à l'action locale. Benoit Malo!'- à Paris, Emile f'1ubray à Rouen et Albert geoisie, sa fille aînée... Que l'.Etiat,_ J'Eglise et· les bour• Richard à Lyon, la « génération spontanée de la renais- geois se coalisent pour une œuvrè d'imposture et d'igno• !,e 1er avril sance du Socialisme français ». · minie, le peuple vengeur, les confondra dans une même Le Conseil municipal est dissout. Alors même que Tolain, découragé, pensait que l'Asso• ruine. · ' ciation Internationale des Travailleurs était morte en « Le principe autour duquel 1~ peuple doit se grouper Le 3 .avril all soir France;' elle allait renaitre avec -des nommes nouveaux c'est la . Solidarité... les fruits de 5 révolutions seraient et des idées nouvelles, des "nommes' jeunes, des ïumunes ·' perdus pour nous- si nous ne nous redressions fort, et Espivent, fait marcher ses troupes (6 à 7 000 hom• tssus des milieux ouvriers. • défiant les traînards, de la civilisation d'oser porter la. mes) sur Marseille. Il a l'appui de trois navires D'abord isolés dans la clanclestinité, du fait de ta ré• main sacrilège sur le sanctuaire de la justice soctale». . qui croisent au large du port. En pleine nuit, les pression, ils vont peu à peu se trouver en contact, -urits . Mais le gmiverizement s'inquiétait .dzi clévelappement ~ soldats parcourent les 17 km qui les séparent de dmts ·uné même cause et par une amitié jan~ais démentiè. l'Association. L~ 'conçrèe retentissant tenu à Lyon en Bientôt,. ils vont coordonner leurs efforts dans une wr• ~nars 1870, présidé · pa1· · Varlin · et auquel assistaient Marseille. Pendant ce temps des barricades sont faite égalité d'action, sans qu'aucun d'entre eux, n'essàie dressées autour de la Préfecture et quelques hommes 1J,astelica et Bakounine, avait affirrrté la volonté àeS de dominer les autres et cela aussi bien en France qu'à Fédérations françaises d'intensifier leur action réootuuon» se rassemblent. l'étranger, Lars des congrès cle rtntemationate, et cela na.ire · - : : Les soldats d'Epivent prennent }a gare, Je fort à tel point qu'un éminent historien pourra écrire. : ; Aussi Bmüe Ollivier, tiecitle de sé1iir; il télégraphie au:i: Saint-Nicolas et le fort de Notre-Dame-de-la-Garde, «· Leur activité commune, parallèle, évitant toute hiér;r• préfets de poursuivre l'Internationale et surtout, ils effectuent un mouvement d'encerclement corn• chie est un remarquable exemple d'autonomie, de libre ttjoute-t-il : « Frappez à la tête ! » · initiative de décentralisation volontaire au seind'une orga• , Varlin et Riclutrâ sont arrêtés. Bastelioa. se. réfugie à . pJété par le débar.quement des marins. nisation perfectionnéé qui rêvait précisément de fonder :liî. ~arcelpne Çjl ~tait. en contact ~trf?it_ avéc les bakO'lkn(~ Pourtant, la population réagit. Une foule immense, société nouvelle sur des· bases fédéralis'tes. ·» (A: Olivesi ; nistes catalans de 'l'Internationale). Le mouvement est armée en partie, et tumultueuse, se réunit. Deux La co,nmune de 1871 à Marseille.) momentanément désorganise, mais il est trop puissant bataillons d'infanterie fraternisent levant leurs Nous ne nous attarclerons pas sur l'influence que Ba/eau· pour périr et il aboutira aux événements granclios,es qüè niue exerça sur Bastelica. Elle n'eut aucun rapport de l'on connaît, que certains regrettent, avec raison sans chassepots en l'air aux applaudlssements de la maitre à êlève mais de compagnon cle lutte à son frère . aoute, puisqu'ils furent le tombeau tiu mou.veinent ouvrier, foule. Mais Espivent, après avoir reçu sèchement âarmes, d'ami à ami. En effet, dès son tuihésioti è, l'In• la porte ouverte au socialisme autoritaire et autres dicta· Crémieux, verlu 'parlementer, fait bombarder la ville ternationale, Bastelica avait écrit à Albert Riclwrcl : tures tiu prolétariat, · (300 obus tomberont sur la Préfecture). « Nous voulons le non-gouvernement parce que nous · Ainsi, un des rares révolutionnaires de ixüeur que Mar• Les combats ac' harnés se déroulent jusqu'au soir voulons la non-propriété, et vice versa. La morale humaine seiue possédait fut envoyé à Paris (on· sait qu'en èctiançe, la Préfecture est finalement investie par les détruira Jes religions révélées, le socialisme supprimera le la" Commune de Paris délégua. à MarseilLe 3 représentam.ts et gouvernement et la question politique. Si le peuple com· en mission qui ne réttaièrent pas, c'est le moins qu'on marins. . • prend aujourd'hui .surtout la -question .politique, c'est que, puisse dire), et là, d'une honnêteté scrupuleuse, il mimi· La Commune de Marseille avait vécu, la répres• dans sa conception théorique, il croit que le gouvernement pu:la des millions sans en distraire un centime, en diri• sion cléricale et réactionnaire allait 'impi- représente la société ». (On croit entendre Balwunine). geant avec beaucoup d'intelli.gence /,e 'service des Contri• s'exereer butions tiirectes et indirectes de la commune de Paris. · toyablement jusqu'en 1875. · ' · ". •11..• ~ c'est sous l'i1npulsion de cet nomme, qui fait preuve .;.J ;1 i r d'une activité prodigieuse d'organisateur et de propag,a111.• · Bastelica, qui fut tncontestubtemetit l'un des nommes les âiste, que Marseille, ralliée au Commurüsme n,on autori· plus brillants de son évoque, Bastelica, qui mirait pii, taire de Bakounine, allait devenir l'une des bcises de la utiliser- ses talents à des fins mnbitieuses et qui aurait Révolution mondiale que l'Internationale souhaitait et certainement réussi, Bastelica. otü préféra se vouer aveè pour Laquelle elle œuvrait de toutes ses forces. · , un rare âêsintëressement à la cause cmmière et socialiste, 'Fondée en juillet 1867, la section marsell/aise âe I'Irüer• mourut, exilé en Suisse, en 1884, à; l'âge de 39 ans, brisé Nos lecteurs qui désireraient se· d~~iilênt~1: plus natymale connut dês la. fin de l'année suivante ,arrivée pcir l'écrasement se son grand rêve de révoluti01i inter- profondément sur l'objet de cette étude, pourront de Bastelica) une. rapide extension. Organisé.e sirictemen; tiationale. · . ' se reporter avec profit a•1 magnifique -ouvrage de · Son seul dé/mit en effet· fut cl'être vulnérable au décou• A. à selon les principes proudhoniens, elle compte 21- cotpô• Olivesi > - que les hommes pensent Quant à l'explication psychanalytique de l'anar~ sens du terme, où l'idéal .du prolétaire est de faire des avec les mêmes mots, construits avec la même grammaire. chie, elle est aussi vaine qu'injurieuse. Quel est heures supplémentaires pour s'acheter une plus grosse le complexe d'Œdipe qui explique Bakounine, Ma• voiture. D'autre part, tout polyglotte vous dira que là langue la latesta, Durruti ? plus difficile à apprendre, c'est la première langue étran• Inversement, dans ce monde où la valeur d'une idéologie gère, car la difficulté c'est de sortir de sa langue maternelle. D'autre part, peut-on dire que les anarchistes - ou d'une lessive - se juge d'après la surface de ses Quand on apprend l'espéranto on « sort » plus facilement sont moins poussés par "les besoins· que les commu• affiches, l'espérantisme, comme l'anarchisme, qui n'ont parce qu'on prend contact avec des formes logiques débar• nistes ? Peut-on même dire que les ouvriers fran• pas « le mufle de la puissance » mais le sourire du bon rassées des scories, des absurdités dont sont encombrées çais crèvent de faim ? sens, passent presque inaperçus. Fait plus grave : ils sont les langues traditionnelles. En un mot on apprend à penser Est-ce qu'un intellectuel de l'U.E.C. ou un agrégé accusés d'appartenir au passé. A une époque où il faut avoir clair. de l'Université crève de faim ? la voiture dé l'année, le réfrigérateur ou le téléviseur de L'acquisition d'une conscience planétaire, la clarté dans la Quant au reproche fait aux anarchistes du carac• l'année, où tout ce qui a dix ans est « périmé », l'accusa• tère négatif de leur position, qUe M. -Sartre aille I°e tion est grave. C'est que notre temps ne juge que du succès pensée, c'est sans doute ce que je dois à l'espéranto et que· ne m'a pas apporté ma langue maternelle. Je crois qu'en dire à nos camarades espagnols qui, chaque jour, immédiat : réussir ou périr. passent la frontière au péril de leur vie ! Qu'il aille fin de compte I' « espérantisme >> c'est ça. le dire à tel militant anarchiste ou anarcho-syndi• Pour qu'une idée dure plus qu'une mode il faut, si elle Il n'est pas absolument nécessaire à un militant anar• caliste qui tient cinq réunions par semaine. ne possède pas la Bombe, qu'elle plonge des racines dans chiste de savoir l'espéranto. Mais s'il est logique avec lui• Enfin, les anarchistes ne prétendent pas faire l'lrraison. D'où les ravalements qu'on fait subir de nos jours même et veut avoir une conscience de l'homme vraiment au christianisme, d'où les succès des chiromanciennes et sauter la planète, mals y réaliser une société liber• débarrassé de l'idée de « patrie », il ést aussi espérantiste. taire san classe et sans Etat, et répondant aux ;t1e l'astrologie. Toutes ces « idées >> n'ont rien de neuf, mais elles se voilent des brouillards métaphysiques. C'est <''') S.A.T. : Sennacica Asocio Tutmonda.' besoins de toùs, une société sans camps de concen• ce qui fait leur force. tration, sans fusillades et sans balles dans la nuque, Des cours d'espéranto ont lieu tous les sans tous les attentats à la personne humaine qui Cependant les espérantistes révolutionnaires, comme les se pratiquent dans tous les régimes. à ·anarêhistes, ne · croient pas aux Sauveurs terrestres ou jeudis soirs la Librairie Pubfico. Pour les Il est cependant, Ün point sur lequel nous som• ·vltraterrestres, ils s'effotcent, malgré tout, de cro1re en cours par correspo.ndance, écrire à « SAT - mes d'accord avec· M. Sartre et· avec tous les l'homme, et n'ayant pas la Bombe, ils appuient leur idéal Amikaro », 67, av. Gambetta, Paris (2Qc). marxistes : les libertaires n'ont rien à faire au P.C. sur la seule Raison. C'est pourquoi on ne les prend pas D'ailleurs, il n'y sont pas. au sérieux. LACRANCE. CUSTINE. !llllffflffl!UIHfflff llIIDlfflllllif lDIIIIIIIIIIIIIIIIIIHlllllllllllm•llllffllllffllllffllllllllllffllllllllHIIDIIIIIIIUIIIIIDIIUIHIIIUHIDIIIIIHllllllllllff fflHfflHIIIIIIIIIIIIIIIIUIIIUllllllllllllllllllfflH.nHIIHIIIIUI

détention. Le poste qu'il laisse vacant a été occupé aussitôt par le camarade désigné pour lui succéder Notes pour l'histoire ·du mouvement libertaire· en cas d'arrestation. Le vingt-deuxième comité na• tional clandestin de la C.N.T. est ainsi formé. La ESPAGNE /939-1964 - Comités clandestins de la C.N.T. lutte continue. Gui SEGUQ, Esteban Pallarols crée, en 1939, le premier comité arrive de France. Le secrétaire polltique est un jeune d'après « Acci6n Liaertaria » national clandestin de la C.N.T. Pallarols militant galicien Juan Garcia Durân. Le douzième comité de Buenos Aires. actif et de grande valeur. travaille d'abord à Bar• clandestin tombe en 1947, il a comme secrétaire celone, puis au mols de mai 37, nous le retrouvons Enrique Marco Nadal. E. Marco est sorti de prison' à Valence où il œuvre dans les collectivités agraires. voici quelques semaines. Durant cette année 1947, Après maintes péripéties, Il tombe entre les mains il y a deux autres comités nationaux, l'un avec notre "\ de la police franquiste qU1 l'exécute sans jugement. camarade, aujourd'hui disparu, Antonio Ejarque, J!.' expo.(1.itio.n Le nom d'une femme héroïque, Julia, est inséparable l'autre avec Manuel Villar qui fut le directeur de de ce premier comité. « Solldaridad Obrera » à Barcelone, depuis 1933, et de ea /!,i/1,,e flen~ée En cette même année 1939 apparaît le nouveau de ~< Fragua Social » de Valence. Villar devait passer comité national, Manuel Lôpez en est le secrétaire. dix-huit années de sa vie dans les prisons fran• L'exposition de la Libre Pen• quistes. sée « de l'esclavage vers la Li• Il meurt dans un hôpital. Manuel Am11, arrêté et berté » se déroule en ce moment emprisonné en 1941. est le secrétaire d'un troisième dans le salon de l'hôtel Moder.ne, comité. Suit une période de désorganisation, accen• Castafios, Pros et Vallejo participent ensuite au 8 bis, place de la République. tuée par les conditions économiques qu'aggrave une comité fondé en 1950. Un an plus tard, Miguel Val• Malheureusement notre joil1'• sauvage répression. .Enfin, un quatrième comité Iejo, aragonais, devient secrétaire d'un nouveau nal qui va parur aux presses, national est mis sur pied ; E. Azafiedo, délégué comité. Il parvient à échapper à la police du régime, n'a ni le temps ni la ptace pour depuis l'extérieur, assure la fonction de secrétaire. se réfugie en France, où il occupe le poste de secré• dire tout le bien qu'il pense de taire du sous-comité national en exil, jusqu'à sa cette réalisation remarquable et Mais, malgré sa grande prudence, 11 est arrêté en qui fait honneur à ses 7Jro11w• 1943. Gregorio Gallegos occupe le poste, mals tombe mort. En 1952, le dix-septième comité national voit teurs. Nous y reviendrons. entre les mains de la police de répression en 1944. le jour, Jimeno en est le secrétaire. Cipriano Da• · Il suffit de savoir que cette ee camarade vient d'être libéré, après vingt ans miano lui succède en 1953. Pendant cette période, exposü,{on qui est itinérante et d'emprisonnement. Gallegos arrêté, c'est, de nou• des représentants de huit comités nationaux clan• qui, ,çi. -âëi« été présentée avec veau, Manuel Amil qui reprend le poste de secrétaire. destins se trouvent en prison. succès à Angers va être organi• Il est, une nouvelle fois emprisonné. Le septième sée dans de nombreuses villes Un dix-neuvième comité clandestin succède à en France. Nous alertons tous comité national clandestin de la C.N.T. est formé en nos à'inis pour qu'ils contribuent 1944, Jesüs Leiva est secrétaire. Sigfrido Catalâ, celui de Damiano. Puis. en 1961, le vingtième comité de toutes les manières possibles Antonio Moreno et plusieurs autres militants occu• national est créé l'asturten Ismael Rodriguez en est au triomphe â'ume réalisation pèrent le poste de secrétaire du huitième comité, le secrétaire. Après l'arrestation de celui-ci et de plu• dont la portée âeposse mainte• créé en 1945. Après leur arrestation, c'est César Broto sieurs membres du comité, après l'emprisonnement nant les organisateurs et concer• qui leur succède, avant de subir le même destin. de plus d'une centaine de camarades de diverses ne tous les hommes qui veulent Angel Morales est secrétaire par intérim du nouveau régions, sont formés deux autres comités qui réor• comprendre. comité fondé en 1946. Puis Lorenzo Ifilgo est désigné ganisent la propagande. Le secrétaire du premier M.J . ü secrétariat national ; li s'adjoint Juanel qui vient d'être condamné à six ans et quatre mois de '- ..J 10 POUR UN RENOUVEAU ·»Es· RECHERCHES LIBERTAIRES

libertaire a derrière lui toute une série d'expériences (coopé• L n'est guère facile de délimiter au départ les terrains 5) SOCIETE INDUSTRIELLE ET BUREAUCRATIE: Sous quelles formes la lutte des classes se manifeste-t-elle dans ratisme, communauté de production, anarcho-syndicalisme) que doit explorer une équipe qui reprend à son qui appellent un premier bilan de « l'expérimentation micro• compte les lignes générales définies « pour un renou- la société industrielle ? Il faudra préciser les rapports entre I le capitalisme moderne, l'Etat, la bureaucratie ; le rôle de la sociale », en tenant compte aussi des tentatives d'auto• veau des recherches libertaires » ( 1 ). Trop de questions sont gestion sans référence explicite à nos théories. Toutes ces restées en suspens, trop de voies nouvelles ont été ouvertes bureaucratie dans l'organisation du travail. Analyser le conflit fondamental entre exécutants et dirigeants, les contradictions recherches devront être restituées par rapport à la société dans le domaine des sciences humaines et sociales. Il ne globale, et mener aux questions du fédéralisme, de la peut être envisagé non plus d'établir un ordre de priorité. de l'organisation hiérarchique, l'opposition et la contestation dans le travail. Nous poserons inévitablement la question de démocratie, du plan, etc. Elles. poseront aussi le problème 11 reviendra à chacun, dans le plan de travail proposé ici, du réformisme, de l'intégration à la société capitaliste. de traiter les problèmes qui recouperont ses préoccupations, l'intégration et de la bureaucratisation des organisations ses expériences, ses études en cours. « ouvrières ». Plus généralement, nous analyserons les 8) LA REALISATION PERSONNELLE : La lutte pour une Même s'il apparaît bien trop ambitieux pour nos possi• méthodes de conditionnement et de manipulation mises en société socialiste ne dispense pas, mais au contraire implique bilités immédiates, ce programme ne se veut nullement œuvre pour contrôler la vie quotidienne : propagandes et le souci d'une existence personnelle libre et créatrice. Selon exhaustif : il s'agit d'un simple repérage, qui devrait per• publicité, psychotechnique. Une telle analyse débouchera sur quelles valeurs se définit une existence libre, quelles relations mettre aussi un classement par centres d'intérêt des fiches, « une critique de la vie quotidienne » (Lefebvre), et sur avec autrui implique-t-elle? Est-il possible d'élaborer, d'ex• notes et travaux que nous pourrons réunir. l'examen des différentes formes d'opposition, « sauvages lt périmenter des « techniques » de libération, d'individuation l Le plan d'étude de « recherches libertaires » pourrait ou concertées, aux différentes formes d'aliénation. · La réflexion sur la liberté, les recherches sociologiques, s'articuler ainsi : psychologiques, l'expérience quotidienne devraient converger 6) LOISIRS, ACTIVITES ARTISTIQUES, EDUCATION : ici vers l'ébauche d'un « art de vivre » libertaire. 1) BASES THEORIQUES : Reprendre l'histoire de la pensée Le problème de la société industrielle entraîne celui de Ja libertaire, en suivant simultanément l'évolution du problème culture de masse et du conditionnement par les « mass 9) L'ACTION REVOLUTIONNAIRE : La p(~part des polnfs la liberté dans l'histoire de la philosophie. Point d'abou• de media ». Si dans l'organisation bureaucratique [Tridividu est envisagés dans ce plan débouchent sur Je problème de l'action tissement : la liberté dans la pensée contemporaine. Préciser de plus en plus réduit à la passivité, les « spectacles » de révolutionnaire, à des niveaux différents selon la sphère aussi les positions philosophiques qui orientent l'attitude tout ordre qu'on organise pour ses loisirs l'engourdissent d'activité envisagée. 1.1 faudra pour finir examiner la cohésion prise face au problème de fa liberté : rationalisme, maté• dans une attitude de spectateur, de voyeur. Dans quelle et la complémentarité des différentes formes de l'action rialisme, etc. mesure les diverses formes d'activité artistique développent• révolutionnaire, dans le contexte présent, et la ou les 2) l'ANTHROPOLOCIE LIMRTAIRE: Le problème de la elles la séparation entre organisateurs actifs et consomma• formes d'organisation qu'implique une telle action. liberté dans les « sciences de l'homme i>. Peut-on définir teurs passifs ; peut-il y avoir un art révolutionnaire, à Le travail prévu par ce plan consistera donc pour l'essentiel des hypothèses et des méthodes libertaires en psychologie, quelles conditions? On nous annonce l'ère des loisirs: il à restituer les thèmes fondamentaux de l'anarchisme dans le en sociologie, en histoire ? Qu nous apprennent ces sciences s'agirait de savoir si elle promet un nouvel épanouissement contexte de la société actuelle, en reprenant dans une pers• sur les cheminements de la liberté? (2). de la liberté individuelle et collective, ou au contraire la pective libertaire les méthodes des sciences humaines et manipulation systématique de foules amorphes · par les 3) L'ETAT : Y a-t-il une « structure étatique » per• sociales. Nous essayerons d'éviter l'éclectisme et la confusion « organisateurs des loisirs » ? L'anarchisme a toujours manente sous les diverses formes que l'Etat a prises dans (qui proviendraient de la multiplicité des méthodes en cours) affirmé la fonction émancipatrice de la « culture popu• l'histoire? Quels sont les rapports entre l'Etat et les classes par une réflexion rigoureuse sur les méthodes, par l'effort laire » : les organismes existants d' « éducation populaire sociales, plus généralement la vie sociale, la société ? Nous », pour dégager des méthodes libertaires. On pourra remarquer de plus en plus contrôlés, soutenus, créés par l'Etat ne sont• aurons à refaire une psychologie du pouvoir, à dégager les que ce plan présente au moins un avantage : il ne tient ils pas en train d'établir un inquiétant quadrillage? Com• relations complexes qui existent entre volonté de puissance aucun compte des tendances « cristallisées » de l'anarchisme, ment réagir? En quoi peut consister une action libertaire et volonté de soumission. Il faudra reprendre enfin le grand tout en reprenant, dans leur complémentarité, les problèmes sur le plan culturel ? Et comme plus généralement l'infor• débat sur la suppression ou le dépérissement de l'Etat, la et champs d'activité de chacune. mation correcte, la formation du jugement présupposent une « dictature du prolétariat ». Reste à voir si ce programme résistera à l'épreuve. Cela 4) LA CUERRE: Etudier la réalité de l'Etat, c'est aussi éducation qui prépare le terrain, nous aurons à étudier les dépendra d'abord de l'intérêt que nous rencontrerons, des analyser des phénomènes comme le nationalisme, l'impé• méthodes pédagogiques actuelles pour préciser en quoi elles travaux que nous pourrons réunir. Et nous pourrons peut. rialisme, la guerre. Le rôle des facteurs économiques dans les peuvent promouvoir une éducation libertaire. · être, après une période de défrichage, entamer une nouvelle causes des guerres récentes a été souvent développé. Mais étape: l'organisation de fournées d'études sur des thèmes a-t-on assez réfléchi aux conditions psychologiques, socio• 7) l'ORCANISATION ET LA GESTION SOCIALISTES : précis. logiques (autres qu'étroitement économiques) qui poussent La constitution d'unités culturelles actives et non-confor• René FORAIN. une société vers la guerre ? Une telle tentative de « polé• mistes repose le problème de la décision et de la respon• mologie » (Bouthoul) peut-elle renouveler le pacifisme, sabilité collectives que nous rencontrons déjà sur le plan du (1) Voir le « Monde libcrtoire • d'avril. Il s'agit, évidemment, travail. L'anarchisme accorde une importance fondamentale « d'un travail de recherches coordonné u et non pas c subordonné», susciter de nouvelles formes de lutte contre le danger de comme on me l'o toit dire ... (3' §). guerre? Sur un autre plan, il faudra dégager les caractères au groupe : le développement actuel de la psvchosociolog!e, (2) Pour plus de détails, voir le ML d'avril. de la « dynamique des groupes » etc., peut nous permettre ( 1) Les lecteurs qui se proposent de participer à cette initio live particuliers des « guerres de libération », les rapports, trop peuvent écrire à Recherches libertaires, 3, rue Ternoux, Paris-11 •. vite affirmés ou niés, entre nationalisme et révolution. d'aborder plus méthodiquement ces questions. Le socialisme

de l' anaJtclti6me

ENL·EVONS A L,A GUER E LES l!LIEMENTS D·E VIE

hardiment créatrice. Si la paix n'est pas réparatrice E pacifisme absolu n'est pas viable dans nos volonté que de passivité ... » Une fois entrées dans la guerre, les foules s'y adaptent, se familiarisent avec de maux profonds, si elle accepte des maux égaux mœurs, dans nos institutions, dans nos for• - sinon pires, parce que tenaces - à ceux de la mations politiques, dans nos antagonismes une certaine normale de la guerre longue, s'y lais• L sent vivre ... et par ailleurs mourir. Elles n'y entrent guerre (misère, injustices sociales, personnalités bri• économiques. C'est à une œuvre d'ensemble d'orga• ni ne s'y maintiennent par option, mais, si para• mées, libertés étranglées), elle paraît justifier nisation humaine - milieu d'entente et de solida• doxal que cela puisse paraître, elles y trouvent des l'espoir de ceux qui croient libérer l'homme à la rité - que le pacifisme doit s'atteler. Et il ne peut faveur de la guerre, d'une guerre destructrice de poursuivre cette tâche d'envergure, ni envisager accommodements et une sorte de tranquillité d'es• prit : « La guerre décharge les individus des respon• malaise social, d'oppression, de criantes inégalités d'atteindre à ses fins, s'il ne s'attaque délibérément vitales ... La paix n'est qu'une attente de guerre si aux sources des conflits qui enveniment. qui empoi• sabilités politiques, sociales, familiales, du souci fati• gant de choisir, etc. » elle accepte le statu quo d'une société menteuse, sonnent les rapports quotidiens, aux obstacles perfi• l'exploitation des hommes et la contrainte des des qui encombrent le champ de la fausse paix Il y a, c'est évident, un malentendu du pacifisme individus. ambiante, en vicient l'atmosphère et en marquent la et la paix qui nous entoure n'a pas cette contex• Le pacifisme qui réclame dans le sein même précarité. ture morale que lui prêtent à la fois des sentimen• d'un monde agité de convoitises, d'oppositions aiguës 'Il faut assurer à la paix les conditions sociales taux, des velléitaires et des· gens à courte vue. ou latentes, une sécurité durable, une enviable de sa vitalité et atteindre à l'harmonie internatio• « Toutes les définitions vertueuses - dit J.-M. D.ome• euphorie générale, ce pacifisme se leurre et nous nale. Une harmonie de fond, de coexistence cons• nach dans son article : « Les pacifismes et la trompe car il laisse à la guerre son mi-rage de recours ciente et volontaire, et non ce voile verbal entretenu guerre » - qu'on a pu donner de la paix ne concer• suprême, l'arbitrage par la violence souveraine. Ce par d'abusants palabres dont les maîtres des nations nent qu'un type irréel : la paix sous nos yeux ne pacifisme ne peut pas être l'appel thèortque et passif couvrent leurs menées souterraines. Sans cette base, coïncide ni avec la justice, ni avec la liberté. Au temps à cette existence de paix à laquelle aspire la majo• la paix ne cessera pas d'être une forme traîtresse de de Péguy, elle avait pour rançon les massacres rité des hommes. Car la guerre en puissance demeure la guerre, une guerre larvée, traînant avec elle d'Arménie et l'oppression tzariste. Aujourd'hui, des vivante dans un social perturbé, que l'iniquité domine. l'inquiétude et les alarmes, essaimant aussi ses millions d'hommes, des portions de continent sont Il n'est pas, sans justice, de paix véritable. Et le victimes. Elle restera un état de guerre latent et immobilisés dans le servage et la misère physiologi• pacifisme est non seulement impuissant mais dange• équivoque jusqu'au jour où, à la faveur de circons• que. Notre paix n'est pas belle à voir : repue, reux lorsqu'il masque d'espoirs vains le bouillon• tances complices, elle prendra corps dans l'éclat, policière, dégoûtante de grandes tyrannies et de nement des nations, les remous profonds des masses, passera des violences sourdes et hypocrites aux mas• petites guerres. Toutes les paix furent ainsi, au et n'en recherche - pour contribuer à les résou• sacres cyniques et aux destructions ouvertes ... point que la guerre put apparaître comme l'inter• dre - les causes permanentes. vention justicière du destin. Il serait puértl, en Le pacifisme que nous comprenons ne peut .être D'un remarquable article de J.-M. Domenach, dans effet, d'imaginer la guerre comme une aberration soudaine : elle surgit de la paix à la faveur d'occa• - consciemment ou non - acceptant de tant de la revue Esprit, se dégage une conception du paci• conditions qui préparent les boucheries humaines; fisme qui le situe en dehors et au-dessus des aspi- . sions qui, en elles-mêmes, semblent peu décisives. 11 est le combattant d'une paix aux bases équitables. rations platoniques des masses, opposées au fond à Mais la cause profonde de la guerre n'est pas dans les instincts inavoués de l'homme ; ils s'y satisfont, C'est-à-dire que son activité doit être, en un sens la guerre et qui s'y laissent conduire, qui parfois large et élevée, révolutionnaire. même, pour des raisons idéologiques, des espérances c'est vrai, mais concourent de moins en moins à la in approfondies, la regardent comme la porte de salut déclencher. Dostoïevski le disait : « La cause de la Enlever à la guerre ses éléments de vie, son ter• et une manière de libération. Rares sont, dit-il, guerre, c'est la paix elle-même ... » rain, son atmosphère d'incubation, ses circonstances ceux qui veulent ouvertement la guerre, mais qui et ses occasions, ses prétextes et ses « fausses rai• Car c'est dans << la paix » environnante, dans la sons ». Et, pour cela, il faut arracher le << social » des non seulement savent y acheminer les foules qui torpeur rassurante qu'elle engendre que germe et mains des aventuriers du profit, établir pour tous les vont avoir à la payer de leur sang, mais encore se nourrit la guerre. Ou mieux, on l'y trouve non hommes un accès équitable aux biens généraux, et, y font participer maints pacifistes qui n'ont pas seulement en incubation, mais act:lve, sournoisement dans un monde enfin équilibré, unir les peuples compris le sens rigoureux de la paix et se sont agissante. Au fond dans cette paix superficielle, la affranchis d'absurdes convoitises ... Tant que la terre refusés à apercevoir qu'une certaine paix - accal• guerre ne meurt 'pas, elle y survit, multiple et ne cessera pas d'être la jungle, pas de paix possible. mie transitoire, étape de réparation et de prépara• Il n'y a pas de paix véritable sans justice. tion - contient en puissance une guerre honnie camouflée, hydre sordide. de la plupart des hommes. Stephen MAC SAY La paix ne peut, ne doit pas être le « bouillon de (Propos sans égard)·. c La guerre moderne est moins un phénomène de culture ~ de la guerre. Il faut, pour cela, qu'elle soit ,11

~ Recueillies par les militants et les correspondants du Groupe de Liaisons Internationales

POUTUGAL poluée. Selon un rapport officiel, les mala• ELOY GUTIERREZ MENOYO dies qui affectent le Plus la population beli• Un manifeste publié à Lisbonne, annonce vienne sont : Ia variole, la malaria, la fièvre la création d'un mouvement syndical estu• jaune, la tuberculose, la lèpre, les maladies };loy Gutierrez Menoyo, militant révolution• diantin hostile au gouvernement et affirme vénériennes, la peste, le typhus et le palu• narre, a été capturé par les milices eommu• que ce mouvement soutiendra « l'usage de disme. nistes de Castro. Trois camarades qui l'ac• la violence révolutionnaire >. compagnaient, Noël Salas Santos, Domingo (< Le Monde s.) MEXIQUE O,.-tega Acosta et Ramon Quesada, que La Havane traite de « mercenaires », ont égale• Une vieille femme de 65 ans, Ausencia. ment été arrêtés. Ils risquent tous la mort. U.S.A. Solis Popoca, a été lynchée par la popu• Eloy et ses camarades avaient débarqué clan• La communauté espagnole de New York lation de San Mateo Osolco (province de destinement dans l'ile pour organiser la (un million d'individus), disposera d'un nou• Puebla), sous l'accusation de sorcelle·rie. Elle résistance contre la dictaturn. Comme d·e veau journal en langue castillane, flnancé fut poignardée et lapidée par une. foule de coutume, la presse castriste préte1nd confon• par l'ex-dictateur cubain Fulgencio Batista plus de 70 personnes. dre ces hommes, les traitant de « contre• et par le chef de l'armée du Nicaragua, le (« A.B.C. ,.) révolutionnaires, agents de la CIA, instru• général Anastasio Somoza. ments de l'impérialisme », etc., phraséologie La police mexicaine a opéré l'arresta• marxiste habituelle et grotesque. (< A.B.C. >.) tion d'une trentaine de personnes, apparte• nent au Front Electoral du Peuple et à la « Bohemia », hebdomadaire castriste, publie ESPAGNE Centrale Paysanne Indépendante. sur cinq pages la « confession » de Menoyo, qui fut par ailleurs entièremènt télévisée. Son « Excellence le Chef de l'Etat espa• AFRIQUE DU SUD Menoyo répond aux questions que lui pose gnol >. en présence du ministre du Travail, « le camarade » Blanco, du Département de et de diverses hautes personnalités du régi• John Harris, un jeune instituteur de 24 Sûreté de l'Etat, et fait, dans le plus pur me a remis les prix nationaux de nata• ans qui avait placé une bombe dans une style marxiste son autocritique, qui a, bien . lité: gare de Johannesbourg l'an dernier, a été sûr, auparavant été écrite entièrement par exécuté. Il était du parti de ARM (mouve• « « Premier prix : Don Domingo Rivera Alva• ment de résistance africain). la police politique qui l'a ensuite appris rez, 67 ans, maçon, qui a fait 24 enfants, à l'accusé. dont 18 sont encore vivants. Marié une pre• Eloy Gutierrez Menoyo est Espagnol. Ses mière fols, il eut 14 enfants, et 10 la seconde parents, de fort modeste condition, militait fols. dans le « Partido Socialista Obrero Espa• • Le Groupe anarchiste italien « L/cui• < :1> : , Premier prix d'enfants vivants Don tistato :i, vient d'éditer un livre de notre gnol ». Son frère aîné fut abattu par les fas• Francisco Marin, 65 ans, manœuvre, marié cistes sur le front de Madrid, et son second regretté camarade Ugo Feâelli, << Gins• trois fois. Ses 20 enfants sont tous vivants. seime Ciancabilla ». frère tomba en combattant la tyrannie de Au palmarès figurent aussi, premier prix Batista. Après la défaite du peuple, en Espa• pour la province de Madrid : Don Antonio • Nos camarades britanniques de · gne, toute la famille émigra à Cuba. Lorsque Garcia Cardenas. 42 ans, et Don Jesus Fra• « Freetiom. Press » ont édité un ouvrage le sergent Batista se proclama dictateur, Eloy goso del Toro, 45. ans, avec respectivement de Vernon Richards, consacré « à la vie rejoignit le mouvement révolutionnaire clan• 18 et 16 enfants. destin. Le 13 mars 1957, il participe avec et a11:r: idées d'Errico Malatesta ». Fidel Castro à l'attaque du palais. Il fut l'un De 1950 à 1960, environ un million de tra• des premiers combattants dans la Sierra de vailleurs agricoles avaient été absorbés par Escambray, où il lutta côte à côte avec des les régions industrielles. L'exode rural s'est révolutionnaires ennemis de toute dictature intensifié, avec un autre million de travail• , et qui avaient noms : José Antonio Eche• leurs agricoles en quatre ans (1961 à 1964). verria, Fructuoso Rodriguez, Juan Pedro En 1964, selon la Direction générale de l'Em• '/ICTOR. GARCIA Carbo, Servia, « Machadito », Westbrook, ploi, 178 000 ouvriers agricoles ont émigré Menelao Mora. L'un des premiers gestes de vers les zones urbaines. La Direction générale Victor Garcia, militant et penseur' anar• Castro, après la chute de Batista. fut de dis• de l'Emploi considère que l'exode rural se chiste, universellement connu et apprécié soudre l'armée révolutionnaire authentique, poursuivra au cours des années prochaines dans notre mouvement, est un infatigable d'emprisonner, d'exécuter les anarchistes. (actuellement, la population active agricole travailleur. A ses nombreux articles et Eloy tenta de préserver les liens qui unis• représente 37 .% du total). études, que nous pouvons rencontrer dans saient les membres de son groupe de combat, toute la presse, libertaire, · il ajoute, régu• car il voulait porter la guérilla en Espagne. ITALIE lièrement, des livres importants et or.igi• Mais le Parti, sans l'accord duquel rien ne naux. pouvait déjà se faire, condamna ce projet. Le nombre des chômeurs italiens a aug• Son dernier ouvrage, écrit en espagnol, et Eloy Gutierrez choisit alors l'exil et entreprit menté, en janvier dernier, de 4,5 % par rap• dont les 1 700 exemplaires ont été impri• de combattre cette nouvelle dictature qui port au mois précédent, et 8,7 % par rapport més à Mexico, pour les Editions de la assujétissait le peuple de Cuba. La trahison au mois correspondant en 1963. Le nombre F.1.J.L. (Caracas - Veneicuela), s'intitule: l'a livré à Castro. des chômeurs s'élevait au 31 janvier 1965 « La lntern. :ional Obrera » (« L'lnterna- à 1 344 762, soit une augmentation de 57 327 tiona le svrière »). Les libertaires cubains, les camarades de unités par rapport à décembre 1964 et de Cette œuvre, écrite par notre camarade « Voluntad » (Montevideo) lancent un appel 107 837 unités, par rapport à janvier 1964. au mouvement anarchiste mondial pour sau• pour commémorer b centenaire de l'Inter• ver de la mort l'homme libre, le révolution• nationale, est intéressante par sa minutieuse COLOMBIE et intelligente recherche sur les origines et naire Eloy Guttierrez Menoyo. le cheminement de la 'pensée qui anima les G. S. Placée sous les ordres du colonel Hernando fondateurs de l'Organisation. Car l'Interna• Curroa Cubides, l'armée colombienne a don• tionale fut, non seulement, un moyen de né l'assaut à la << République Indépendante lutte immédiat, mais surtout, un exemple de El Pato », au sud du pays. Des avions ont amené dans cette région divers batail• qui suggéra la possibilité d'une vie nouvelle. lons d'infanterie et des détachements de la Garcia signale, au début de son étude, « Pollcla Nacional '>, chargés d'occuper les que l'idée d'une vaste union de tous les trava;lleurs, par-dessus le tracé arbitraire points stratégiques. « El Pato 1> est un ter• ritoire révolutionnaire, autonome depuis d,. frontières des Etats, n'est pas une idée 1952. Situé entre Huila et Meta, « El Pato > nouvelle lorsque naît l'Internationale, mais posède sa propre milice qui fait courageu• plutôt que celle-ci « cristallisa les aspira• sement face à l'agression étatique. tions qui étaient dans l'air». Et, il rend hommage à l'énigmatique Flora Tristan qui, en 1843 déjà œuvra pour une société uni• GUATEMALA PA~AGUAY verselle. Suit une analyse vivante et bien Le dictateur Alfredo Stroessner a confirmé documentée des congrès de Genève ( 1 866), c El Partido Guatemalteco del Trabajo > devant « sa » chambre des députés, qu'il Lausanne (1867). Bruxelles (1868) et Bâle tait état, dans son bulletin clandestin, de nou• se rendrait en France au mois d'octobre ( 1869). Puis c., fut la désintégration, la velles violences dirigées contre le peuple. prochain, répondant à l'invitation qui lui guerre franco-prussienne de 1870, l'accu• Devant le Congrès Continenta1 de Solidarité a été faite par le général de Gaulle .. sation de Bakounine et l'éditiante attitude avec les prisonniers politiques de Guatemala, de Marx qui écrivait à Engels le 20 juillet Venezuela, Colombie, Haïti, Brésil Paraguay et ALLEMAGNE 1870 : « Si les 'russiens sont victorieux, la Argentine, réuni à Santiago du Chili, « La centralisatio,. du pouvoir de l'Etat sera utile Asoctacion Estudiantil Universitaria '> (AEU), Le gouvernement fédéral allemand a dé• à ·a concentration de la classe ouvrière alle• dénonce le climat de terreur qui règne dans la claré qu'il existe sur le territoire d'Allemagne mande. La prépondérance allemande trans• république centre-américaine. Voici quelques de l'Ouest, une organisation qui a pour but portera alors le centre de gravité du mouve• semaines. les forces mixtes de l'armée et de la de faciliter l'évasion des criminels nazis. ment ouvrier européen de France en Alle• police, ont rasé plusieurs villages et incendié Cette déclaration est intervenue après la magne ; il suffit de comparer le mouve• les récoltes. Les policiers et les soldats se disparition de l'ex-colonel SS Hans Walter ment ouvrier dans ces deux pays depuis livrèrent au pillage, arrêtant de nombreux Zech Nenntwlch qui parvint à quitter le ter• 1866, pour en conclure que la classe paysans qui furent atrocement torturés. Sur ritoire allemand alors qu'il était jugé pour ouvrière allemande est supérieure à la fran• éette « terre de Quetzal '>, grâce à la « loi crimes de guerre. Avant ce procès, le nazi çaise, aussi bien du point de vue t.héorique de défense des institutions démocratiques :1>, il avait été condamné à 4 ans de prison (!} pour que sur le plan de l'organisation. La prépon• est possible de maintenir un individu en l'assassinat, en 1941, de ... 5 200 juifs polo• dérance du prolétariat allemand sur le pro• prison 1 jour à 6 mois, sans aucun motif, pour nais. létariat f.ançais sera aussi la victoire de l'unique crime de figurer sur les listes noires L'ex-chef nazi « s'échappa » de sa prison notre théorie sur celle de Pr?udhon ». du ministère de la Défense. Cet emprtson• et gagna la Suisse dans un avion particulier. Et Garcia termine son travatl en traitant nement devient d'une durée indéfinie, si La police suisse surveille les cliniques de de « l'Internationale anti-autoritaire » et du l'état de Siège est proclamé. chirurgie esthétique, car les organisations congrès de s~int-lmier. Cet essai n'a pas la nazies possèdent plusieurs de ces établisse- . prétention de remplacer les quatre tomes de Parmi les tortures infligées, la AEU a décrit l'œu ,., monumentale de lames Guillaume le supplice de la « capucha », cagoule conte• ments où l'on refait un visage aux hitlériens. nant un produit toxique qui provoque des ( « !'Internationale, Documents et Souve• BOLIVIE nirs». - Paris 1905), que Garcia a d'ail• lésions pulmonaires. La « colgada :i, (du verbe leurs consultée, mais il représente, pour cha• colgar : suspendre) consiste à accrocher un L'état de santé de ce peuple latino-améri• que militant, un petit ouvrage pratique, homme par le sexe. Un troisième suplice est cain est alarmant. Un journaliste, Alberto clai- 1 récis, où la structure évolutive de de conduire les détenus au pont de Belice, Munoz, dans une étude publiée dans la revue l'Internationale apparaît nettement, dégagée et de les suspendre au-dessus du précipice « Siglo XX », indique que les indices de mor• des citations, des notes et des développe• de 70 mètres, en les menaçant de les préci• talité sont extrêmement élevés en Bolivie, et men' qui sont l'apanage d'œuvres plus piter dans le vide. que d'un autre côté, le pourcentage des nais• ambitieuses, Le livre de Garcia s'accompa• Dans ce pays, où règne le colonel Enrique sances est l'un des plus élevés du monde : gne d'une introduction écrite par notre Peralta Azurdta, l'indice d'analphabétisme en un an, pour 1 000 habitants, naissent 40 camarade Ugo Fedeli, quelques jours avant s'est élevé. pendant ces dix dernières années, personnes et 15 meurent. Au Chili, toujours sa mort, le 10 mars 1964, de 66 % à 81,5 %. Le Guatemala est avec pour 1 000 habitants, en un an, naissent 35 Haïti, le pays qui compte le plus d'analpha• et meurent 10, en Argentine naissent 22 et C. S. bêtes en Amérique. meurent 8. En Bolivie, 80 % de la population Lyon, le 19 février 1965 est sous-alimentée. et dans les milieux ruraux (UNESCO.>. 95 .% de la population consomme une eau 12 ,, LA BATAILLE DU JAZZ

ES messieurs de la rue Chaptal ( « "Jazz Hot ») et les l'esprit de ses lecteurs ! En effet, ce n'est pas moi qui ai cueillie; dans la revue « Les Temps Modernes », est membres du clan Fillppachi (« Jazz Magaztne ») ne prononcé cette phrase le premier. C'est le créateur du bop, caractéristique du genre d'arguments que se mirent à bran• L sont pas contents : le· pape de Montauban Charlie Parker lui-même ... » Le ton est donné, Panassié dir à tout bout de champ les critiques progressistes pgur (Hugues Panassié) vient de sévir une fois de plus. En ajou• va pouvoir désormais abattre ses cartes. essayer d'assurer la victoire du bop sur le jan. ,Trop tant les éditions Albin Michel (collection Aujourd'hui) à Depuis sa dernière version de I' « Histoire du vrai jazz » incompétents pour soutenir la discussion sur le terrâin son déjà long catalogue [Corrêa, Belvédère, Deux Rives, (thez Laffont, en 1959) il a eu le temps d'éplucher la musical, ils préférèrent prôner le pseudo-jan moderne au laffont - je ne cite que ses éditeurs français) celui que presse et il ne s'en est pas privé. Ainsi est-il armé pour nom du dogme du progrès continu. Boris Vlan appelait le Père Hugues Panne d'Acier déborde bombarder à coups de citations ses adversaires, ceux qu'il « Or le progrès continu, en art surtout, est une idée• largement le cadre paroissial de son Bulletin du Hot Club appelle les « pseudo-critiques de jazz » ou les « critiques mythe que les faits démentent constamment, de France (H.C.F.). progressistes » ou encore les « critiques conformistes ». Je n'ai pas attendu les articles dithyrambiques de Kléber Haedens ( « Paris-Presse » du 10-4) et de Jacques A propos de bosse « La vérité, c'est que l'argument du progr.ès en art n'est avancé que par des cerveaux indigents ou des gens de André(« Combat» du 12-4) pour lire« la Bataille du Jazz..,. Je crois avoir trouvé un exemple typique de la manière de Penasslé et pour me faire une opinion. mauvaise foi. » ••• de Panassié dans ce chapitre (huit pages) qu'il consacre à Et Panassié galope sur sa lancée avec le renfort de Bau• André Hodeir, « le phare de la critique progressiste ». Un échange de bons procédés delaire, de Pascal, et de Tristan Bernard ! D'abord, en exergue, une citation : Mais il n'a pas dû réussir à se convaincre lui-même car le livre est dédié « à mon ami Michel Perrin » (collabo• « Je ne sais pas si la musique que j'écris peut être dans le chapitre suivant, il se met à disserter sur « l'évo• rateur des « Nouvelles littéraires» et d'autres publications). repensée » (André Hodeir). lution ». On me permettra d'expliquer cette dédicace par le fait Panassié jongle avec les contradictions de ce petit monde C< L'Evolution (avec un grand E) est un mythe qui masque qu'en 1952, lorsque Michel Perrin publia un recueil de des musiciens et des critiques. Puis il note : (à peine) le mythe du Progrès continu ... parodies « Monnaie de singe » (chez Calmann-lévy) non « M. André Hodeir, le pitoyable maître à penser de la « En réalité, le jazz, comme toutes les musiques, comme seulement il parodia Panassié parmi des auteurs tels que clique progressiste, s'est vainement débattu pour éviter toutes les formes artistiques, a changé, c'est-à-dire a évolué Swift, Sade, Sartre, Chateaubriand, Claudel et Cocteau, mais d'être pris dans l'engrenage. » au cours des années. » encore il dédia son livre « à Hugues Panassié ». Enfin, voici comment il termine son chapitre : Et Panassié a trouvé ça tout seul ! Mais il ajoute : « A vrai dire, M. Hodeir apparaît si constamment infatué « De toute façon, il y a tricherie dans la manière dont Du rabâchage de son importance et si hautain vis-à-vis de remarquables les critiques progressistes font usage du mot évolution. » ja:n:men noirs qu'on se demande si quelque racisme plus ou Après la dédicace, dans une introduction succincte (trois Allons, messieurs, met tez.-v Jus d'accord sur les mots ! moins conscient ne l'habite pas. A ce propos, j'ai relevé pages) Panassié juge nécessaire d'affirmer : « 11 n'existe Retournez à l'école, s'il le faut. mais dans la même classe, un jour une phrase significative de M. Hodeir parlant du pas de « conception Panassié » du swing. » Alors, pourquoi s'il vous plaît, et rapprenez votre vocabulaire? merveilleux batteur Chick Webb : « On peut dire de ce écrit-il depuis plus de trente ans (Son premier bouquin Boris Vian savait rire et faire rire des travers de Panassié. ? petit batteur nègre et bossu qu'il eut du génie. » Et j'ajou• sur le jazz parut en 1934.) Aujourd'hui, Boris Vian n'est plus, mais cette histoire de tais : « Nègre, bossu, M. Hodeir semble faire ici l'énumé• Ensuite, Panassiè commence la première partie de son conjonction entre nègre et bossu et ces prudhommesques ration des tares physiques de Chick Webb. Sans doute dissertations sur progrès et évolution nous font penser à livre; « Ce qu'est le jazz». fera-t-il remarquer que ses déclarations générales sur les Cinquante pages pour nous rappeler l'A.B.C. de la chose, lui. Merci, Panassié. Noirs le mettent au-dessus de tout soupçon. N'empêche c'est beaucoup et c'est peu. C'est beaucoup (sur 200 pages) pour l'initié qui n'a pas de temps à perdre. veut un livre que ça lui a échappé. » Le pape et la « maffia » Il « Après trois ans de méditation, M. Hodeir se décida à sur la bataille du jazz et non un livre répétant ce qu'il répondre (si l'on peut dire) ceci : « Ce culte imbécile selon Enfin, Panassié a son mot à dire sur la « maffia du jazz». sait depuis qu'il s'intéresse au jazz. C'est peu pour le lequel il n'est pas permis d'écrire que Chick Webb était Car il la connaît bien. En somme, la bataille du jazz, c'est profane qui cherche autre chose que des formules toutes bossu ( un Noir ne saurait être bossu) conduit au rejet de tout simplement sa lutte à lui, pour le « vrai jazz », contre prêtes ... Qui a créé le jazz? ... Qu'est-ce que le jazz? ... toute la culture européenne. » !a « maffia progressiste». Une langue musicale, il faut en connaître la prononciation ... « Pitoyable dérobade : ce qui a « échappé » à M. Hodeir Les lecteurs de ce journal connaissent bien, eux aussi, la Une musique de danse .. : Un art collectif... Qu'est-ce maffia du jazz depuis l'article paru en juillet dernier que le blues ?... Panassié a dit et redit tout cela depuis n'est nullement d'avoir écrit que Chick Webb ·était bossu, mais c'est d'avoir relié « nègre » et « bossu » par une (n° l 03). Selon Panassié, la p s+ern ité de l'expression revien• trente ans. Quelle(s) nouveauté(s) prétend-il apporter drait à Jacques André (dans « Combat » du 22-2-60). aujourd'hui ? A la lumière de quelle découverte ? conjonction, impliquant· par cc « et » que le fait d'être nègre était un défaut physique, une malfaçon comme le C'est à peu près la seule révélation. Des querelles de clochers fait d'être bossu. Tel est le phare de la critique ·progressiste Dans sa conclusion, Panassié est optimiste pour le en France. »

·p·R·o ·P·O S S.A N'S ÉGARDS

l y a toujours une certaine vanité à rendre compte Dès les premières pages du I ivre il s ecriera croyance au Christ-Dieu, avec le doute même de [ésus• d'un ouvrage Sur !'impression que vous laisse une « L'homme n'est qu'un bandit, le plus fourbe de la homme. » I première lecture. nature, et c'est un bandit savant. » Ainsi, et il le dit plus haut, le Christ est pour lui un Mais cette vanité est plus audacieuse encore, lorsqu'il Ce refus d'une admiration béate pour des mots dont symbole. s'agit d'un livre qui mérite d'être lu et relu . on prétend clore la discussion et la bouche des contra• Ce qui doit lui interdire sans doute aussi de se laisser Ici, l'auteur, à un âge où ses semblables se reposent sur dicteurs : « On ne va pas contre le progrès » ou « La accoler l'épithète de chrétien, c'est l'engagement incondi• leurs lauriers et vivent sur leur acquit, ici l'auteur tente Science nous impose », ce refus du servage à des choses tionnel et exclusif qui s'y attache, l'interdiction de pouvoir de réaliser le rêve de tout écrivain et de tout homme : se dont nous croyons être le maitre, nous le retrouvons sous• sourire à telle autre sagesse, dès lors qu'on a consenti à résumer dans un ouvrage où il se met tout entier, syn• jacent tout au cours de l'œuvre de Stephen Mac Say. répondre à celle d'un Jésus. thèse, quintessence et couronnement de toute sa produc• De cette position découle le rejet des préoccupat ions Il refuse la religion, non seulement en raison des crimes tion. humaines futiles, nuisibles parfois, envahissantes toujours, de son Eglise, mais aussi en raison du crime initial de la Celui qui n'aspire pas à réaliser une création de génie dont l'homme ~e trouve subjugué : nature '(oeuvre de Dieu) qui a fait du crime une loi et une chaque fois qu'il met une œuvre en chantier est indigne « L.thamme ne peut être libre qui ne sait commander à nécessité. de mettre la main au pinceau, au ciseau ou à la plume. ses besoins, car ceux-ci s'accroissent avec le progrès et Au sujet de la politique et du parlementarisme, nous· y Ce désir de se surpasser, dépassant le stade littéraire, l'asservissent à leurs ex·igences illimitées. » trouvons une remarquable analyse. · est un besoin même de la vie. Et plus loin, au chapitre de la Sociologie : « La politique est par ex·ce11ence le terrain de l'inconsé• Comment .donc résumer un livre qui, lui-même, se pré• « L'égalité - celle qui touche aux matérialités notam• quënce endémique; à la fois ·sereine ét· canaille... · • sente à nous comme le résumé d'un. homme. ment - n',intéresse-t-elle pas Ie 'Peuple avant qu'il ne se «·Aujourd'hui, •l'inconsé.quence ést ·devènue un des me"• Tout s'y mêle : grands problèmes, pensées intimes, sen• passionne pour la liberté ? Et comme semblent l'admettre songes conventionnels de la démocratie et la règle se timents secrets. certaines tendances sociales actuelles, ne saurait-il pas se soutient par l'inconséquence comme la religion par l'ab- La vie de tout être n'est-elle pas faite de détails, et qui passer d'elle si on lui donne, d'autre part, des satisfactions surde. » · dira avec certitude ceux qui sont majeurs ou mineurs, les substantielles.? » Aussi nette est sa position louchant la Liberté choses n'ayant que l'importance que nous leur donnons, Cependant, l'auteur ne refuse l'aide du progrès que « Equivoque et, da-ngereuse est la thèse qui demande la et variant selon celui qui les voit et qui les juge. dans la mesure où il assujettit l'homme plus qu'il ne le vérit-é à un compromis et entend partager, à titre égal, A cette disproportion du sujet ou plutôt des sujets, soulage, que lorsqu'il lui apporte un soutien illusoire et lui entre la liberté et l'autorité, sa sollicitude, A ce soin suf• l'expression trouvera place en une ligne ou s'étendra sur crée des besoins superflus et disproportionnés avec l'effort fisent les Etats qui ne font semblant de s'intéresser à la une page, mais en conservant toujours ce caractère dense, qu'il lui demande. liberté - danger pour qui commande - ·que pour mieux qu'il s'agisse de maximes, de pamphlets, d'études ou Nous pouvons en juger par ces quelques lignes touchant masquer leur entreprise de domination. » d'anciens articles, parus çà et lè. le problème démographique : Et plus loin : Au seuil de chaque chapitre l'auteur appelle le témoi• « A une époque où l'industrie se passe de plus en plus « 'N'est pas la liberté celle de la République patricienne, gnage d'illustres devanciers, dont les citations placées en de l'effort humain, nos « sociologues » au pouvoir s'ingé• malgré le dévou.ement des Brutus et des Caton, le plaidoyer exergue forment un banquet de l'esprit, auquel il convie nient ... à réclamer le pullulement de la progéniture. des Tacite et des Cicéron, ni celle de l'Eglise malgré ses tous ses amis de coeur, d'Epicure à Albert Camus et parfois « Mais quand la machine pour produire n'aura plus besoin, protestations, ni celle de la France consulaire, malgré ses ses ennemis même, dont i! relève une pensée juste, ou dont autour d'elle, que d'un infime personnel de surveillance, prétentions au libéralisme, ni celle des démocraties pro• il met à nu la sottise et le cynisme. il faudra bien, pour fournir du travail aux monstres méca• metteuses, en dépit de la sincérité de ses protagonistes, Ce qui m'apparaît d'essentiel dans ce livre (qui est niques, que l'on fasse tuer des hommes. Car on ne s'arrêtera ni celle des fausses républiques modernes que régentent essentiel lui-même), c'est ce refus de déifier des entités, pas encore à l'idée - si simple mais contraire aux appétits les ploutocraties, ni celle des « républiques sociales » que non seulement celles des religions classiques, agenouilleuses - de faire servir l'œuvre des machines au bien-être dès façonnent les dictatures. » d'hommes et de volontés, mais aussi celles de notre monde vivants. » Sur le problème de la Paix (que l'auteur ne peut sépa• moderne : progrès, science, travail et l'homme lui-même, Au cours des quatre cents pages du volume, Stephen rer de son contexte -sociat}, les lecteurs pourront en juger dès lors qu'on le considère comme un être exceptionnel Mac Say passer a en revue la Religion, le problème de la par la reproduction que nous en donnons dans ce journal .auquel le reste de la vie doit être soumis . Paix, celui de la Liberté et ceux plus particuliers de la sous la rubrique « Classiques de !'Anarchie». Il a du reste pour cet homme un jugement lucide qui mode dont il souligne le ridicule et la tyrannie, de la cri• contraste étrangement avec l'immense bonté qui se dégage · Voilà résumé un tel livre, si tel livre peut être résumé, tique dont il stigmatise la veulerie et celui des animaux et en en oubliant les aperçus, !es beautés et les lumières, de l'œuvre. au sujet desquels il entreprend un émouvant plaidoyer. Contradiction ? Non pas. Celui qui est aveuglé n'est bon trainant derr ièr s elles de radieux prolongements. que par aveuglement ; n'est vérilablement bon que celui 11 définit sa position vis-à-vis du déisme : Maurice LAISANT. qui, connaissant la bassesse et la cruauté humaines, ne « Mais vous étes chrétien, me diront certains. Non, je donne pas par calcul ou par ignorance. •e suis pas chrétien. Ou si l'on veut, chrétien sans la 0) En vente à notre librairie. 13 CINÉMA '' HAINES'' 'EST une hfsfoire très simple avec Servant, Des Damnés, Pour l'exemple; journaux, les appels télévisés vont laquelle nous nous familiarisons vidu qui ne se révolte pas contre ces C autant de films que de petits chefs• produire de plus en plus un effet moyens qui façonnent des robots hu• malheureusement trop souvent. d'œuvre.) Losey est un des rares met• de révolte parmi la population. A par• Celle-ci a pu exister et peut à cha• mains. teurs en scène qui doit jongler avec tir de ce moment, on s'en prend à tout Les Français, et la guerre d'Algérie que instant avoir lieu dans n'importe la censure pour pouvoir sortir un film. ce qui est étranger. On lynche, on quelle région de notre planète. nous l'a prouvé récemment, sont pro• Haines est l'histoire d'un jeune tue sans savoir pourquoi. On veut fondément racistes. Mais là encore, Si vous vivez dans un Etat dans Porto-Ricain qui vit dans un Etat du venger sans connaître les raisons. lequel vous n'êtes pas né, la loi des il faut accuser ceux qui fabriquent sud des Etats-Unis. A la suite d'une Les uns doivent vendre des [ournaux, l'esprit raciste et qui préfèrent abru• hommes vous interdit d'être comme rixe causée par un accident d'auto• des armes, et pour cela on trouve les individus de cet Etat. Vous faites tir les individus avec leurs drogues à mobile, la haine va se dévoiler entre les premiers arguments venus, ceux grands tirages. Politiquement et fi• partie de cette minorité qu'on appelle les « Blancs > et les « basanés >. de la haine par exemple ; les autres les « étrangers ~. Comme vous n'avez nancièrement, c'est plus rentable. Après une bagarre dans un bal, le enregistrent cette Information et lais• Le film de Losey nous le démontre pas le même type, voire la même cou• Porto-Ricain va être successivement sent agir leurs instincts comme l'effet leur de peau, voire le même langage, bien. Le racisme issu de la haine accusé injustement de vols, de viols et d'un barbiturique, les instincts de Lawless (1), on va vous loger dans des bldonvlllés, >. amène au au désordre, sera déclaré « danger public La la haine. mais surtout pas à l'Anarchle. Au on vous fera. faire les travaux les police, la presse et toutes les person• Mais, au fait, le processus et l'es travers des ghettos de · Roumanie e~ moins rémunérés. L'Etat, la popula• nes qui dirigent la ville vont exté• effets' sont les mêmes à Alger,: à Ber• de la ségrégation raciale en Alabama, tion qui vous aura. accueilli va vous rioriser l'instinct primaire de la foule lin, à Moscou, à New York, à Paris. rejeter. C'est une contradiction ab• ni le communisme totalitaire, 'nt qui va, de ce fait, vouloir sévir à sa Si vous allez voir ce film, 'st vous le le capitalisme n'ont apporté à l'hom• surde et pourtant réelle qui est ap• manière, et instaurer sa justice aveu• voyez avec une certaine objectivité, me une fraternité réelle et universelle. pliquée dans une large envergure. gle. vous découvrirez les dangers de notre Sur cette base, Daniel Mainwaring Le vrai visage de l'information nous société qui développe le racisme mals Michel Michot-Lazarski. a écrit le scénario d'un film qui a été est dévoilé. Dans Haines, au fur et aussi la haine. Dans nos pays, la vic• réalise par Losey aux Etats-Unis en à mesure de l'évolution des événe• time est un « nègre >, un « youd », (1) Lawless est le titre du film en lan• 1949 (sic). (Losey est le réalisateur du gue anglaise et qu'o1i peut traduire par ments, les grandes manchettes des un « raton > mais c'est aussi l'lndi- désordre.

DISQUES LÉO F ER·R·É. EO FERRE a fait en mars, à Bobine, y trouve son compte, c'est que de son côté une fois de plus la preuve de sa maturité et mélancolique, démontrerait, s'il en étaif une rentrée très remarquée. Rem• il doit faire un effort ; il ne s'agit pas d'auteur et d'interprète. L plaçant au pied levé un Charles ici d'entendre mais d'écouter. besoin, les qualités d'observation du poète. Enfin, « Monsieur Barclay >> est une Trenet empêché par la maladie, Léo avait « La chanson des amants >> est une fort néanmoins un « tour » très cohérent où Barclay, l'éditeur de Léo, vient de sortir jolie valse où l'on retrouve la gouaille charge pleine de malice des procédés com• les nouvelles chansons n'étaient sans doute des presses un nouveau 45 tours Médium, populaire dont nous sommes aujourd'hui merciaux de l'édition actuelle. N'en disons pas assez nombreuses à son goût. comportant quatre chansons nouvelles ( l ) : sevrés. pas plus pour ne pas gâcher le plaisir des « La chanson des amants », « Ni Dieu ni discophiles. Un très bon 45 tours qui aidera notre impatience à attendre le 33 tours Le public de Ferré et celui-ci se men• maitre», «L'enfance», « Monsieur Bar• « Ni Dieu ni Maitre >>, devise chère à clay notre cœur, , t un implacable réquisi• que nous espérons ... tent mutuellement. Si Léo obtient tant de », toire contre la peine de mort, réquisitoire J.-F. STAS. succès, c'est qu'il apporte à chaque fois Très bien accompagné par l'orchestre pour une fois formulé par un anarchiste. qu'il revient « quelque chose», si le public de Jean-Michel Defaye, Ferré nous donne « L'enfance >>, délicieuse chanson tendre ( 1) Disque 70.788, Barclay, en vente à la Librairie Publico, 3, rue Ternaux à Paris ( 1 1 ').

née, des jeunes, nouveaux venus aux idées Les Carcans de la Rue ont fait leur libertaires, nous ont demandé à cette réapparitio,.;' après quelque temps de re• Au gala du groupe occasion la possibilité de venir renforcer trait. Cela leur a été très bénéfique, puis• notre mouvement. que leurs chansons aussi bien chantées que Louise MICHEL Cette fois, notre camarade Suzy Chevet mimées plurent très largement aux specta• a fait appel pour constituer son << plateau » teurs. à des interprètes beaucoup plus égaux par Après son couronnement des « Bravos leur talent que précédemment. Il n'y avait du Music-Hall », Maurice Fanon est venu pas une mais plusieurs grandes vedettes. n'eus donne·r un aperçu 'de son vaste réper• Léo Noël présenta, avec un brio reconnu toire, Si certaines de ses chansons ont un par tous, des noms qui couvriront très caractère fantaisiste et d'un goût plus bientôt les tètes d'affiches des grands commun, d'autres, comme « l'Echarpe » et music-halls et des cabarets très cotés de « La petite [uive », le mettent à un plus la rive gauche. juste niveau. Le bon vent de succès mé• Gilbert Grenier nous mif dans l'am• rite indubitablement de souffler sur Fanon. Il a d'ailleurs déjà commencé. biance de la chanson d'âvant-garde en s'inspirant beaucoup de Brassens, Ferré, Avec une allure très distinguée et dis• etc. /acques De lord n'avait péut-être pas crète, Barbara s'est assise à son piano et besoin de nous prouver qu'il avait un grand nous a enjôlés. « Il pleut sur Nantes » est talent, souvent mal récompensé, car il est le type de chanson qui enthousiasmera un toujours difficile de faire bondir le public public choisi et de bon goût. La salle en• avec des jongleries, même si elles sont tière la rappela de nombreuses fois et lui originales. Stéphane Ariel, beaucoup plus donna la primauté des applaudissements de connu par les amateurs des théâtres ban• la soirée. lieusards, est venu nous donner une note Maurice Laisant, très brièvement, situa poétique, et ce, avec une grande présence. le mouvement anarchiste à l'heure du Le folklore sud-américain -était là avec Los chaos politique que constituent les élec• Changes. Brigitte Fontaine et son humour tions passées et à venir. « d'affreux Jo-Jo >> a eu un grand succès, En conclusion, nous pouvons dire que le succès qu'elle méritait. Un excellent ce gala, pleinement réussi, a démontré, au Craeme Allwrig t nous a fait entendre ce travers des jeunes présents dans la salle, le OMME les autres années à la même foule, constituée par des « anars >> fidèles, qu'était la musique typique des Etats-Unis, caractère éternellement nouveau de notre époque, le groupe Louise-Michel des amateurs de la bonne chanson, s'était des ballades de la Guerre de Sécession au Fédération anarchiste. C a organisé son Gala. Comme les donné rendez-vous pour assister à un « Métro de Boston », en passant par le A l'année prochaine. autres années, bien avant le début, une spectacle de choix. Encore plus cette an- Texas. Michel M.-L. RADIO

. L 'ORTF, ce n'est pas un. secret, les « huiles > se dans sa retraite colombeyenne. Quelle idée aussi déclaration en inaugurant le nouvel émetteur du Pic sachant bien que son règne est très provisoire d'avoir claironné partout qu'il potassait Machiavel! . du Midi. Revenant sur une affirmation pas très .bouffent allègrement le nez. Tout un chacun Les crabes du panier qui lui tient lieu de cour ont lointaine, où, foi de Dupont, il n'y aurait pas de dans ce système de « stabi/.ité », s'ingénie ici et là à imité le maître. · publicité importante sur les ondes nationales, il _ accrocher son chariot à telle ou telle étoile. Il s'en• admet maintenant que, les fonds étant ce qu'ils sont, Bien que les journaux mettent la sourdine sur la il tauara bien y passer. Scrotumeuçneu, qui ment ? suit toutes sortes de coups bas, rross-en-iambe et - question; la publicitè sur les ondes reste il l'ordre du · Celui qui clame que les caisses sont pleines ? Ou bien . autres vacheries qiti tiennent plus de la délation jour. M. Dupont, qui doit encore présider le cirque auriez-vous mangé la grenouille ? que de la solidarité dont avait rêvé le monarque de Passy (jusqu'à quand?) s'est dèboutonné d'une J.-F. STAS .. TÉLÉVISION

L RECTANGLE BLANC Du noir sur du blanc, du blanc sur PITIE POUR GOGOL l'abus des monologues et l'uniformité ET BLANC RECTANGLE du noir, c'était tout... à en vomir ! des dialogues le rendirent Insuppor• Seule l'émission : « Tête de bois et Claude Santelli, avec son théâtre table. Ça devient de la démence ! Du Tendres années » se maintient dans de la jeunesse, a définitivement carré au rectangle on a franchi le la bonne tradition. acquis l'art de dénaturer Ies meilleu• . mur de l'imbécill1té étatique. Dès qu'il res œuvres. Son Turass-Boulba est DICO-TELE · ne s'agit de bondteusertes (Qw'elle était d'une extrême platitude historique. Le • verte ma vallée ! - Dieu est mort) ou LES FEUILLETONS film à grand spectacle, si il ne res• Le 8-4-65, « Actualités télévisées ». · de films de guerre (Les Anges de pecte pas toujours la pensée et le •En parlant des autoroutes : « On lès ·Miséricorde), automatiquement, iné• « Belphégor » ! Si l'absence de texte de l'auteur, a toujours pour lui a réouvertes, » . Iuctablement, nous voyons apparaître, conclusion est logique dans une pièce le grandiose et les mouvements de sur le petit écran, la diabolique· figure telle que Tous ceux qui tombent, foule; Claude Santelli, lui, n'a pour lui On a certainement dû lès referme\! , géométrique. Même les westerns ne supportable dans un drame- loufo• que le vent, qu'un vent que la meil• . ::- La forme interrogative est com• sont pas à l'abri de la marque tnra• que comme Tea-Partu, elle est inad• leure interprétation; dans ses moins plètement ignorée de nos anlrnàteuns . mante. Un seul exemple : Le Ciel est missible dans un feuilleton populaire minables décors, ne peut arrêter ... A et interviewers patentés, plus par tlcu• rouge. Et que vive d'Ormesson ? style Belphégor. C'est prendre les ne plus voir ! ij~r~ent dans Ies émissions enfan• spectateurs pour des cons ou, plus tfnés: du jeudi. Les « où tu vas :à VARIETES simplement, faire esprit de bas com• GEHTRUDE (film danois) l'école » et les « dans quelle classe· tu merce. es » pullulent sans honte ni raison. Les émissions de variétés sont de De profundis ... pour le Saint. très De ce film, diffusé en l'honneur de la visite des souverains danois, · je Et après çà, on nous dira encore 'plus en plus décevantes. La croix bientôt pour les Indiens ! que la T.V. n'est pas éducative ! d'honneur du ratage, indiscutable• n'ai retenu que le leitmotiv : Ger- ... Quant au « Cheval parlant >, tout trouâe » ! · ·· ment, revient ce mois-cl à « Mi-figue, au plus ânerie de bon cru. mi raisin >, du 22 mars. La monotonie du jeu scénique, Jean EMERY •. 14 sécurité en silence, plus que les mou• COLLECTIONS POPULAIRES chards vrais ou supposés, ce sont ceux LE LIVRE DU MOIS par Maurice Joyeux qui bruyamment et publiquement les e HISTOIRE DE L'ART par Elie·Faure dénoncent en donnant à leur propos (L.P.). Voici une remarquable réussite du Livre de poche : l'œuvre d'Elie Faure une publicité suspecte, qui doivent en cinq volumes, emboités, dans un for• attirer notre attention et notre mé• mat réduit, telle est la gageure que vient ~ fiance. - de tenir la Collection populaire. Cet ou• Car après tout, nous ne pouvons vrage est essentiel pour qui veut com• oublier que justement, Métlvler, agent prendre les rapports de l'Art avec la CLEMENCEAU BRISEUR DE GRÈVES provocateur au service de Clemenceau, société ambiante.. Certes, certains cha• fut dénoncé aux ouvriers par les soins pitres ont vieilli, en particulier celui corî7 de ce dernier qui se servit alors pour sacré à la préhistoire, mais comme les de Jacques Juüiarâ Qu'aucun n'occupa un poste suffisam• ouvrages de Michelet, ceux d'Elie Fauré faire ce travail, d'un personnage par• valent moins par la sûreté du détail que ment important pour avoir un rôle ticulièrement infect : Gustave Hervé. (Julliard éditeur) déterminant dans la conduite de la par la vision générale que l'auteur nous donne. d'une époque et il a su nous J'ai ici même présenté l'excellente grève de Draveil. La colère, comme tracer les grandes Iignes des civilisations collection « Archives » que dirige la brutalité de la police suffisent à dont l'expression artistique est le reflet. Pierre Nora, aux éditions Julliard. expliquer le drame. Et même si Méti• Son histoire de l'Art reste un élément âe Inscriptions antiques, chartes médié• vter, qui d'ailleurs n'avait aucune res• · base indispensable à toutes études dans vales, procès-verbaux et archives de la ponsabllité dans la conduite du mou• la profondeur des. grands courants cfe Préfecture de Police ou du Ministère vement, se livra à d'incontestables l'expression des origines de l'Humanité a de l'Intèrieur, rapports diplomati• provocations, on sait à présent que de nos jours. ' ques, etc... tels sont les documents toute façon sa présence n'influença LE PALAIS D'HIVE~ e LA. FIN DES . AMBASSADES par de première main qui servent à éclai• en rien les événements, mals par son Roger Peyreritte (L.R). Dans ce livre, caractère spectaculaire, justifia. les d'ailleurs discutable, l'auteur nous trace rer les événements historiques ou poli• Roger Grenier · en raccourci l'histoire .de la diplomatié tiques que Ies auteurs présentent au poursuites engagées contre la C.G.T. (Gallimard éditeur) pendant la dernière guerre. Certes. Pey• public. Mais parmi les ouvrages de Et nous pouvons .aujourd'hul affirmer refitte regarde souvent par le petit !.>out cette collection, dont j'ai déjà parlé, que ce n'est pas la présence de quel• de la lorgnette. Ce livre, le plus polémi• ques agents de la préfecture de police Roger Grenier, dans son nouveau aucun n'a pour nous plus d'impor• roman, nous trace l'histoire d'une vie que de· tous ceux qu'écrivit l'auteur ·a tance que celui qui est aujourd'hui qui « orientèrent » les actions déci• l'originalité · de déculotter le couple · Bi• dées par les syndicats. Ce qui frappa et à travers l'histoire de cette vie -la dault. proposé au lecteur. désagrégation d'un monde qui dispa• Dans « Clemenceau, briseur de l'organisation au cœur, ce ne fut pas e DU COTE DE CHEZ SWANN par le fait, mais sa révélation. raît. Ses personnages sont sans grèves », l'auteur a entrepris de nous grand rellef et on pourrait penser Marcel Proust (L.P.). L'œuvre de Proust conter les dessous de l'affaire de Dra• La politique de Clemenceau, briseur est: ·èiîfficile a assimiler. · La phrase est de grève et agent provocateur, eut que leur. démarche hésitante, la gri• longue, . Ie sujet noyé dans le discours. veil qui, en 1908, au cours d'une mani• saille qui les enserre, leur vocation de festation violente devait faire quatre trois conséquences tragiques. Elle Le.·.~milieu décrit, anachronique n'offre introduisit dans la C.G.T. un climat de ratés vouent le lecteur à l'ennui. Il en soi aucun intérêt particulier. Et pour• morts et une centaine de blessés et n'en est rien. Les personnages secon• tant lorsque le lecteur a pénétré dans créer l'occasion que cherchait le gou• délations et celles-ci furent trop sou• ce fouillis (et pour ma part je m'y suis vent un argument, dont se servirent daires nombreux qui paraissnt et dis• vernement pour décapiter la C.G.T. paraissent un peu à la manière de repris une bonne. dizaine de fois) a 'L'auteur, partant des archives syndi• les tendances qui s'opposaient vio• saisi le rythme, il demeure ébloui par l'ex• lemment. Elle renforça la tendance ceux de Dostoïevsky donnent de la pe• traordinaire richesse dé l'analyse dès ca• cales et de celles de la Préfecture de santeur aux personnages principaux Police, nous retrace minutieusement réformiste qui se servit des révéla• ractères. tions c orientées » par Clemenceau qui se déterminent par rapport au les motifs qui décidèrent les responsa• milieu, c'est-à-dire par rapport à eux. • LA NUIT DE SANTA CRUZ par bles de la Fédération du Bâtiment lui-même pour accuser le syndica• Charles Exbrayat (L.P.). Ce roman po• lisme révolutionnaire de sécréter la Enfin, la succesion des événements, licier est une des rares réussites dans d'organiser une manifestation à Ville• leur enchaînement rapide, la vivacité neuve-Saint-Georges et si, on peut ne provocation. Elle permit aux politi• le genre noir où tant de grands écri• ciens socialistes de se débarrasser de d'un style à la phrase courte et inci• vains américains excellèrent. Enfin signa• pas souscrire à toutes les considéra• sive confèrent à la narration une ca• lons. que toute la partie descriptive est tions que lui inspirent les événements, Griffuelhes et d'amorcer en faisant d'une qualité littéraire certaine. il est certain que son analyse de élire au secrétariat général, d'abord dence qui tient le lecteur en haleine Clemenceau, prisonnier de son passé Niel, et ensuite Jouhaux, la liquida• jusqu'à la dernière ligne. Ce qui m'a ,. THEATRE de Musset (L.P.). Voici tion du syndicalisme de lutte de cependant le plus frappé dans ce ro• le dernier volume des œuvres de Musset. de communard et de radical intran• man, c'est la gratuité de la démarche Ce livre qui comprend quelques bonnes sigeant et désireux de se dédouaner classes au prorit du syndicalisme de pièces telle : « On ne saurait penser à collaboration de classe. Mieux même, de. ces êtres enserrés dans la vie de devant un Parlement réactionnaire, province qui les étouffe et dont les tout », vaut surtout pour les écrits et les est saisissante. elle facilita la tâche des mouchards ré-. lettres "sur le théâtre qui sont 'passion• Plus que l'événement, maintes fois de la Préfecture qui, dès lors, n'eurent voltes médiocres soulignent le carac• nantes et oui nous montrent. un auteur relaté dans la presse et la littérature plus qu'à propager des bruits incon• tère absurde de leur comportement. dont la technique dépasse le romantis• ouvrières, ce sont ses conséquences qui trôlables contre les meilleurs militants Ce livre de Grenier, le meilleur qu'Il me et préfigure le théâtre moderne . devaient attirer l'attention du Mouve• pour accentuer la désagrégation in• ait écrit à mon avis, suggère la médi• e BERGERE LEGERE par Félicien ment ouvrier... La provocation fut terne du mouvement ouvrier. Elle y tation. On parcourt l'anecdote et Marceau (L.P.). Le meilleur ouvrage de certaine. A cette époque la Préfecture introduisit cet état d'esprit, qui plus brusquement. _le désir du retour en cet auteur à la mode ql)i 'réussit dans ce de Police entretint des mouchards dans tard, permettra aux communistes de arrière vous saisit et~ s'impose à' vous. livre à créer un milièù ~fai·felu où s'a• on· .revoit . les personnages qui se gite une jeunesse qui cultive à la. fois l'organisation syndicale. Ceux-ci ser• freiner aux cris de « discipline contre la gaieté et le · rêve. - · · vaient d'abcès de fixation. Les archi• les provocateurs > toute action directe pressent autour de Lydia et qui ves aujourd'hui connues, ne laissent du mouvement révolutionnaire fran• l'éclairent. avant de l'étouffer et on e· LÉS· SEQUESTRËs' D;ALTONA de iië: Ies comprend cu.re lorsqu'on me- J.P ... s'artre (L.P.)~ C!!_l.te pièce qui rï'est aucun doute sur le rôle joué par Méti• çais. pas la meilleure de l'auteur est l'histoire vier, secrétaire du syndicat des bis• Oui, le livre de Julliard est essentiel. s~1 rbe: s_11r . ~a~~Eui ·- ~e _ r~yo~~1t,emde;1 \~u -~ ... d'un hornme+errïermé depuis -trerze · ans cuiti.ers, dans la provocation de Dra• L'affaire de Draveil et ses conséquen• a sence e rayonnemen e i• . r dans une chambre. et qui passe pour veil. D'ailleurs, Ie mouvement syndical ces lointaines doivent être étudiées présence. A vrai dire, le lecteur 1 J• mort .. L'homme dans la solitude .essaie qui se méfiait du personnage, l'écar• par nous avec attention. Notre mou• mëme reçoit de l'œµvre plutôt dès ., de. se justifier. Lorsqu'il rentrera dans Je tera de toutes responsabilités. Les vement libertaire fut lui aussi victime sertsations que crée : leur démarche, · monde tous ses problèmes resurgiront. conséquences de cette méfiance vont de cet état d'esprit qui joua un rôle que des explicàtions sur leur compor- C'est le thème de toutes les pièces de être incalculables et pendant des décisif dans l'évolution de la classe tement. . Sartre, L'homme n'échappe pas â l'his• . Pour ma part, je_ ne serais !'.\as toire même si pour témoigner ûe sa années la C.G.T. va subir le contre• ouvrière.Les nouvelles générations sont · liberté il prend dès routes divergentes. coup .du climat que la découverte des averties par l'expérlence de la géné• étonné que ~e roman qu_i apporte La liberté n'est pas Je but, mais la dé- agissements de la poUce va créer. ration charnière gui, de 1920 à 1940, quelque chose et dont les personnages . marche . pour l'atteindre. Sartre reste Et cependant, lorsqu'on consulte les eut à souffrir de la « maladie de se déplacent rapidement sur des se• marxiste- et seul sa théorie de la << li• archives, on s'aperçoit que les agents l'espionniste ~- Dans l'organisation melles feutrées, reçoive une consé-' berté survetllée », sans le différencier des provocateurs furent peu nombreux. ouvrière, qui assure son indispensable cration officielle au moment des prlx. communistes, ortg inàlise son œuvre. ·

HISTOIRE ROMANS Album 140 librairie Tous les Brassens. BURON R.: LIVRE DE POCHE BREL J. : Carnets politiques de la 33 T. Jef - Les bonbons. 22,25 guerre l'Algérie ...... 13,90 DARIEN G. : C A M u s A. vous parle PIJBllCO JULLIARD J. : Le Voleur (préface d'A. (33 T) , . . . 28,50 Clemen.ceau, briseur de Breton) ...... 6 4,80 La belle France ...... 3 CELINE L. F., par Arletty, grèves ...... Michel Simon (33 tours). 22,25 MAlTRON J. : GUERIN D. : Demandez-nous Ravachol et les Anarchis- Un [eune homme excen- Chants populaires de l'U.R. trique ...... :3,50 S.S ...... •.... 10 tes ...... 4,80 Canti Anarchia vos liv•es, ROUGERIE J. : QUENEAU R. : Procès des Communards. 4,80 Bâtons, chiffres et lettres. 4,80 I . 9,30 ARNAUD G.: . II . 9,30 vos disques. WINOCK et AZEMA : III (33 TJ . 16 Les Communards ...... 5,70 Le voyage du mauvais lar- . Histoire du fascisme espa- ron ...... 2 FAURE S. : Naissance et Vous ne les paiere:r. pas FOUREST G. : ' mort des Dieux (46 T) .... 8,00 gnol (Ed. Ruedo Eberico) 21 FANON M. : 33 plus cher et vous nous aiderez Sur le fascisme hiUérien : La négresse blonde ...... 2 Le dernier T JOYCE J. : _ (La Petite juive) . : . 26,70 3, rue Teniaux, Paris (11') GUERIN D. Jhansons de Montehus (33 T) 15 La Peste brune ...... 12,30 Ulysse ...... 4,50 . C.C.P. Paris 11269-16 Fascisme et Grand Ca- STENDHAL : MONTERO· G. : En sortant Téléphone : VOLtatre 34-06 pital ...... 18,80 De l'amour ...... 2 de l'école - Chanson pour Les frais de port sont ci notre charge TCHEKHOV A. : les enfants, l'hiver - Et la (Pour tout envoi recommandé, PHILOSOPHIE Oncle Vania et les trois fête continue - Et puis 'sœurs ...... 2 ap~·és - Les enfants qui ') 11,jouter 0,60 F aux prix indiqués.) SCIENCES-ESSAIS s aiment . 22,90 Chante Aristide Bruhant .• li POESIES (33 T) . 22;25 Maurice FAYOLLE VIENT DE PARAITRE : Le Peuple au peuple, poème Chante Mère Courage H:i VICTOR SERGE : REFLEXIONS de T. Six, illustré par tours) ...... 11 SUR Masson , ...... 32 Tous les MOULOUOJI .. L'An I de la Révolution L'ANARCHISME russe ...... 27 BROCHURES· MORELLI M. interprète les DOMMANGE'l' M. : Cians cet le brochure, un militant fait chansons de Mac Orlan Le curé Meslier ...... 30 le pe,nt d'un siècle d'anarchisme foce BAN RYNER: . (33 T) , • 22,25 è l"évolution globa'e des sociétés. Catéchisme laïque ...... 2 Chante J. Rictus et G, Cou- CHEITANOV : Prix: 2,50 F Contre les religions des· té (33 T) , . 22.25 de Gr 'Balkanski, pages PHILIPPE G. interprète ; d'histoire du mouvement En vente : Librairie Pubr;co Eglises .- l 3, rue Tcrnaux, PARI!> (1 l') B..-ochure italienne : . Le Petit Prince (33 Tl. 22,25 libertaire bulgarn . , .. , 9,~ Il progressa della Suenza· Don. Quichotte (33 T ) .... 22,25 FAURE E. e la chiesa di Roma . . 1 PREVERT J. : ChansOI}S in• Iiistofre de l' Art. FAUOIE:R N. :· Il Canera della guerra., . 1 terprétées par E. AMAQO, 5 vol, a 5,85...... 29,50 La Presse quotidienne . . . . 12 . M. ARNAUD, G. MONTE- ROS'l'AND· J. : RO · et C. V AU CAIRE Esquisse d'une ·histoire de DISQUES (33 T\ . 22,25 . l'a vie , .-. . . . . , 4,80 D'AVRAY CH., (disque du• SAUVAGE c. : Chansons de SYNDICALISME Une discussion sur 1'01·i- souvenir) ...... 16 cœur., chansons de· tête .. 25 QUESTIONS OUVRIERÊS gine de la vie ...... 4 AJtNAUD M. : Dénions et Récital , , . 22,50 RUSSEL B.: mei·veilles - Le tendre et· VIAN B. : Pas avec le dos LABI M,: ABC de la relattvité.. . . . 2,50 dangereux visage de l'amour de la Q. I. R. (33 Tl... 25 La ~rande division des tra• Le Crépuscule des Magi- - La Complainte de Gil• Le Déserteur, interprété par valll~urs ...... 27,75 , ciens -r cas Planète) (Ed.· les < du film « Les visi- Peter, Paul et Mary FLANUS P,: Rationalistes : . . . . . 16 teurs du soir ») ...... 22,90 . (45 T) , , , .. , , . 9,65 Patrons et ouvriers en VILl.AR. J. : BRASSENS G. (45 T) chan- Chants de lutte, par les ca• Suède , • . 4..50 Le Dossier Oppenheimer. 6,30 te tous les' poètes...... 9,65 marades (45 T) ... : ... , . . 10

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GOMEZ PELAEZ :

Sur la· nouvelle eI mt• grati• on espagnole

ANS un précédent article, nous avons traité de inchangé dans 7. Les départements qui ont connu l'aug• l'importance de la nouvelle émigration espagnole ; mentation la plus importante sont la Seine (34 991 ), la EN GRANDE-BRETAGNE D voyons· à présent dans quelles conditions ces mêmes Seine-et-Oise (9 051) ; ceux qui ont yu .diminuer le nombre émigrés vivent dàns les différents pays d'Europe. Un contrôle de "leurs ' immigrants sont la Haute-Garonne (4 321) et là On compte actuellement en Angleterre 'environ 25 000 efficace des autorités espagnoles a réduit considérablement Gironde (5 330). Ces chiffres indiquent naturellement que émigrés, dont un tiers sont des femmes employées,:dans les l'émigration clandestine. En 1960, les «·clandestins» repré-· - l'é~igration ouvrière · sÜit les mouvenie_nts.du marché du tra·• services ·domestiques. Le reste est" formé d'ouvriers· qui tra• . sentaient 68 % du total des émigrants, en 1963 34,6 % vail, comme l'ensemble ·de la population· native du pays . vaillent - dans les services hospitaliers. et dans i'industrie et à la fin de l'annèe dernière : 25 % . La plupart des Lès émigrants trouvent surtout à s'employer dans les lhdus• nôtelièrè. Parmi· eux 9 ooo hommes et 4 000 femmes se « clandestins » demeurent en France . tries du bâtiment, de. l'automobile, de la métallurgie, des · trouvent à Londres et sa· banlieue. produits chimiques et des mines. Nous ne pouvons, dans Le régime franquiste n'accorde une certaine importance L'entrée en Grande-Bretagne est restreinte, car il faut le cadre de cette brève étude, analyser en détail la situation au problème de l'émigration que dans la mesure où il en remplir diverses conditions pour ne pas être renvoyé auto- des travailleurs espagnols dans tous ces centres industriels, retire un bénéfice direct. L'envoi de fonds destinés à l'assis• , matiquement. Il n'est pas recommandé non plus de faire aussi conclurons-nous ce chapitre en signalant l'importance tance des familles restées en Espagne atteint un volume le voyage avec un visa touristique, dans l'espoir d'obtenir des effectifs des travailleurs, dits saisonniers (betteraviers, de devises comparable à celui fourni par le tourisme. Mais, une autorisation de résidence, car cette combinaison réussit vignerons, etc.), engagés par des contrats particuliers. Les lorsqu'il s'agit de défendre les ouvriers émigrés contre les rarement. De plus, une fois en Angleterre, le changement conditions d'emploi de ces ouvriers n'ont pas beaucoup abus dont ils sont trop fréquemment les victimes, les repré• de métier, lorsqu'on est engagé pour une profession définie, évolué et leur recrutement devient de plus en plus difficile. sentants du régime n'interviennent jamais. C'est' perdre-son devient tout un problème, ; temps que d'avoir recours a"ux sèrvice§ consulaires. : ... A Londres, les émigrés libertaires de 1939 ont depuis I ,, .. - - des ànnèes - 'biè'ri àvaiit cèux de France.~ éomp'ris l'im• Cependant, en· Êspagne, les ser~iêes~ officiels. f~nt croire - portaricê de la hOuvelle émigration. Ils publient à son interi• que l'ouvrier émigré est bien protégé. Une propagande • ùêin ûif périodique, « Espana fuera de Espafia » (L'Espagne habilement construite fait connaitre les sommes considérables ! . lîors''d'~spagne)'. que le Fonds National de Protection dépènse, ici· et là, 'pour créer des foyers, des œuvres de charité, etc. Certes, cela EN ALLEMAGNE existe, mais au bénéfice de qui sont dépensés ces millions? Au bénéfice de la Sainte Mère l'Eglise, dont les missions Après la France,· le pays qui reçoit lè plus de travailleurs' se multiplient chaque jour. L'Allemagne compte 45 d'ariciens émigrés était négligeable, apparut plus politisée Nous avons déjà écrit que ce sont les anciens émigrés aussi tes émigrants. D'autres 'contingents de tràvailleûrs espagnols, qui n'ont pas encore bien compris l'importance que 'd'autres, même ·que celle établie en France. C'est ainsi étrangers, Turcs, Grecs et Italiens, sont arrivés récêmmént 'qu'en" Belgique, plusieurs groupements nouveaux ont tenté de ce travail, qui ont le devoir d'assurer la défense dés en Allemagne. Cet afflux de· rnain-d'œirvre étrangère â nouveaux arrivés. Dans chaque pays, un appel à la solidarité leur chance et créé de nombreuses publications, souvent provoqué un certain mécontentement parmi la population: éphémères,· destinées en particulier aux ouvriers émigrés. des syndicats pourrait déjà porter· ses fruits. 11- faudrait, Le mois dernier, l'lnstituf "d'bpinion i''u611que· dèAlli!nsbach -··, Là; comme en- Allemagne; les émigrés ont prêté parfois parallèlement à cette action, évetller l'esprit syndicaliste il publié' I' enquête suivarrte : 30 ·%·de-la ·populafibn ·rhénane,•.,..... ' leur .concours. à des menifèstarions antifranquistes. chez les émigrants et les convaincre .d~ !',intérêt qu'ils trou• considèrent la 'présence des étrangers comme un problèn;itJ veraient à s'associer aux travailleurs des pays dans lesquels complexe et grave. Dans le Nord,· 22_ · % seulement par- \. ·ils vivent. On nous. rétorquera que le travailleur étranger, tagent cet avis. Pour l'ensemble de la République ·Fédérale, 1' même syndiqué, n'est souvent l'objet d'aucune conlidération, 35- % des sujets interrogés jugent qué les"relijtions enTr~'. • même parmi ses camarades de· travail. Cela arrive hélas ' ouvriers allemands' et -étrang~rs sont ·satis~aisantes. · Lés ~ais il n'en est . pas toujours a1nst. De toute façon, 'ïÏ' opinions diffèrent quant à la conduite de ces émigrants : EN· .HQ·LLANJ:?E n existe pas de meilleure arme què le syn_dkat cour les érni• 42 ,% prétendent qùe 'cés étrangers s'occupent trop des . _grants. Au lieu de les ennuyer en leur racontant d'anciens Depuis quelques années, des é;;.,igrants espagnols arrivent 0 fil tes, 39 % lès co_nefidère.nt tr.~1;> 'bruyants, 30 % font, de_:J , . récits et en leur donnant des conseils gratuits; il faut cher• éloges sur leur sens de l'épargne et le même pourcentage .. aussi. a~l!,x· l?ays-Bàs. Moins nombreux qu'en Belgique, ils sont cher le contact avec ces émigrants. !)à1;,s certains pays, ét leur reproche de ne pas êtrè assez propres. L'enquête vautx loèalisés· dans quelques agglomérations industrielles. Ces notamment en Allemagne, les émigrants ont compris l'intérêt' ce 'qu'elle vaut," niais le réveil' d'un sentiment chauvin, tou- '· • é~vrL1:~i airî_~i '. que· d'autres étrangers (des Turc's et des du syndicat. Dans d'autres pays, et c'est le cas en France, jours facile à exploiter, pourrait compliquer l'existence des· Italiens) sont employés dans l'industrie textile, la rné tal• ils hésitent ou même se tiennent à J'écari de toute vie émigrants dans cf{ pays. 11 faut cependant sigrialer · le bon ~ lurgie; 'les pêcheries, les ports et le bâtiment. Une régle• syndicale. Il existe une explication à ces différentes atti• accueil que les .syndicats allemands ont réservé aux travail• méntation sévère conditionne l'autorisation de résidence pour les, ouvriers ~é-trangers et les autorités ne se gênent pas tudes. En Allemagne, les émigrants ont trouvé, dès leur leurs étrangers, et 'not}lmment aux Espagnols. Soutenus par arrivée, une organisation préparée pour ·les accueillir, alors les syndicats, les· ouvriers se sentent plus à l'aise. Dans . pÔur· précéder aux expulsions. Les conditions de travail sont qu'en France les ·différentes organis'ations n'ont paru se plusieurs villes allemandes, à Francfort surtout, les émigrés âssez durés et, bien souvent, les entrepreneurs ne respectent préoccuper que de se disputer cette nouvelle clientèle. En· espagnols n'ont· pas _hésité à participer aux manifestatjéns pas les ·clauses d'engagement. A plusieurs reprises, les Suisse, troisième grand pays de ·l'émigration, le problème· contre le régime franquiste. · ~ni.igrés ont ·dû protester (ouvriers du bâtiment, à Amster• ~tait tout autre : de _nombreux ouvriers espagnols ont voulu dam) et se mettre en grève, notamment dans les mines s'incorporer aux syndicats ·(souvent ils y sont parvenus, du Sud et les pêcheries de Sheveningen. Les grands syndicats notamment à Bâle} mais ils n'ont pas trouvé, dans l'ensemble, n'ont pas soutenu leurs revendications, mais la minorité un accueil chaleureux. Parfois même, ils furent décus et • s_yndicaliste libertaire a toujours fait preuve de solidarité humiliés. Bien sûr, le type d'ouvrier qui quitte l'Espagne en dénonçant les abus des entrepreneurs hollandais. · franquiste n'est pas le plus évolué, mais il n'est pas non plus le plus arriéré· du monde. C'est un ouvrier sans aucune· EN SUISSE formation, cornrne il .en, existe tant, même dans les pays . . . que l'on place à. la tête du progrès. Et puis, il n'est pas ~e Conseil ~e?eral a décidé de mettre en application, ce responsable de ce manque de formation, ce qu'il a connu. mois-ci, une serre de mesures tendant à réduire le nombre LES MARINS sous le nom de syndicat (l'organisation « verticale ») n'est. _de t_ra:--ailleurs étrangers résidant en Suisse. Ainsi, avant le qu'une sinistre comédie. Ajoutons que les nouveaux èmi- 30 ru.n 1965, 5 % de la main-d'œuvre étrangère sera Il existe .encore plusieurs milliers d'émigrés qu'on pourrait grants, comme les anciens, ici ou ailleurs, ne sont pas sans, expulsée et, dans un an, toutes les entreprises helvétiques appeler