Lybia Tessellata INPN
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1 La mélie damier Lybia tessellata (Latreille, in Milbert, 1812) Citation de cette fiche : Noël P., 2017. La mélie damier Lybia tessellata (Latreille, in Milbert, 1812). in Muséum national d'Histoire naturelle [Ed.], 4 janvier 2017. Inventaire national du Patrimoine naturel, pp. 1- 9, site web http://inpn.mnhn.fr Contact de l'auteur : Pierre Noël, UMS 2006 "Patrimoine naturel", Muséum national d'Histoire naturelle, 43 rue Buffon (CP 48), F- 75005 Paris ; e-mail [email protected] Résumé. La carapace de la mélie damier est presque ronde ; sa largeur avoisine souvent le centimètre. Les yeux sont relativement gros. Les pinces sont fines et courtes, avec une petite "main" terminale ; les autres pattes sont relativement longues. La carapace est ornée d'un réseau coloré avec de larges polygones réalisant un motif en mosaïque constitué de taches jaune à rouge orangé bordées de brun sombre ou de noir. Les pattes sont roses et annelées de noir avec de petits points blancs. Ce crabe tient toujours dans chacune de ses pinces une petite anémone de mer qui lui sert à capturer des proies et à effaroucher ses prédateurs. Ses larves sont planctoniques. Son activité est principalement crépusculaire et il se nourrit de proies molles. Il peut être parasité par des crustacés rhizocéphales. Ce crabe tropical vit dans les récifs coralliens entre le rivage et - 30 m de profondeur. Il est présent dans l'Océan Indien et dans l'ouest de l'Océan Pacifique depuis la Mer Rouge jusqu'en Polynésie et du sud du Japon jusqu'à l'Australie. Figure 1. Aspect général de Lybia tessellata tenant les anémones « par le pied ». Photo © Elisabeth Morcel. Classification : Phylum Arthropoda Latreille, 1829 > Sub-phylum Crustacea Brünnich, 1772 > Super-classe Multicrustacea Regier, Shultz, Zwick, Hussey, Ball, Wetzer, Martin & Cunningham, 2010 > Classe Malacostraca Latreille, 1802 > Sous-classe Eumalacostraca Grobben, 1892 > Super- ordre Eucarida Calman, 1904 > Ordre Decapoda Latreille, 1802 > Sous-ordre Pleocyemata Burkenroad, 1963 > Infra-ordre Brachyura Latreille, 1802 > Section Eubrachyura de Saint Laurent, 1980 > Sous-section Heterotremata Guinot, 1977 > Super-famille Xanthoidea Macleay, 1838 > Famille Xanthidae MacLeay, 1838 > Sous-famille Polydectinae Dana, 1851 > Genre Lybia H. Milne Edwards, 1834. Synonymes (GBIF 2016 ; INPN 2016 ; ITIS 2016 ; WoRMS Noms vernaculaires: 2016): La mélie damier (Latreille 1828 ; Milne Edwards 1834 ; Noël & Grapsus tessellatus Latreille, in Milbert, 1812 Vadon 1985). Grapsus tesselatus [sic] Latreille, 1818 Le crabe boxeur (Falciai & Minervini 1996 ; Aquabase 2016 ; Le Melia tesselata [sic] Latreille, 1828 Bris & Noël 2017). Melia (= Lybia ) tresselata [sic] H. Milne Edwards, 1834 Le grapse damier (Latreille in Milbert 1812 ; Guinot 1976). Melia tessellata Dana, 1852 Le crabe pom-pom girl (Le Bris & Noël 2017). Lybia tesselata [sic] Rathbun, 1904 Le pom-pom crabe (Vadon 2013). Principaux noms étrangers. N° des bases de données : GBIF ID : 4377870 ; INPN Cd_Nom : Anglais : boxing crab (Guinot & al. 1995) ; pom pom crab (Le Bris 596723 ; WoRMS AphiaID : 208964. & Noël 2017 ; Mirocosm 2016) ; tesselated anemone crab (Mirocosm 2016) ; Mosaic Anemone-Crab (Le Bris & Etymologie. Lybia : Libye est une déesse grecque fille d'Épaphos et Noël 2017). de Memphis, épouse de Poséidon, Dieu des mers ; tesselata vient du Boxer crab (Guinot & al. 1995 ; Vadon 2013). latin [tesselata], une tesselle qui est un petit cube solide de pierre, de Italien : Granchio pon pon, granchio boxer (Le Bris & Noël 2017). verre ou de poterie utilisé pour faire des mosaïques (Mendoza & Ng Espagnol : Cangrejo noxeador (Le Bris & Noël 2017). 2011 ; Le Bris & Noël 2017). Allemand : Boxerkrabbe (Le Bris & Noël 2017). Japonais : ku-mi-mi-pua. 2 Description. Morphologie. La carapace de Lybia tesselata est convexe, arrondie, de forme trapézoïdale presque ronde, un peu plus large que longue. Une épine est présente de chaque côté sur les bords antéro-latéraux de la carapace. Chaque lobe post-frontal et chaque côté de la région gastrique est muni d'une touffe de soies courtes. Le front est large et faiblement défléchi, tronqué antérieurement et séparé en 2 lobes par une incision en "V". Quelques poils en touffe sont présents en arrière de chaque œil. Entre les deux yeux on observe deux antennules réduites terminées par une touffe de soies et deux antennes courtes en forme de fouet. Les yeux sont relativement gros. Les chélipèdes sont fins et courts, nettement plus petits que les pattes ambulatoires. Ils sont terminés par une petite "main" dont les doigts possèdent 8 ou 9 petites dents pointues sur le bord coupant et avec une petite pubescence entre les deux doigts. Les pattes ambulatoires sont relativement longues (Guinot 1976 ; Serène 1984 ; Jeng 1994 ; Le Bris & Noël 2017). Biométrie. La largeur x longueur de la carapace est le plus souvent de 4,5 × 3,9 mm à 9,0 × 7,0 mm chez les mâles et 6,9 × 5,8 mm à 9,5 × 7,0 mm chez les femelles (Sankarankutty 1961 ; Jeng 1994 ; Mendoza & Ng 2011) ; la largeur de la carapace pourrait atteindre 3 cm (Jeng 1994) ou 4 cm (Noël & Vadon 1985). Couleur. Le patron de coloration de la carapace de L. tessellata montre un réseau coloré tessellé avec de larges polygones réalisant un motif en mosaïque constitué de taches jaunâtres et rouges orangées bordées de brun sombre ou de noir. Ces polygones peuvent être marqués par une tache, une ligne ou un tiret noir chez certains individus. La partie inférieure de la carapace, entre les deux yeux est blanche. Les pattes ambulatoires présentent des anneaux noirs régulièrement espacés entre lesquels la couleur peut être rosée, jaunâtre ou bleutée mais toujours translucide avec quelques chromatophores blancs lumineux assez régulièrement disposés. Les yeux sont de couleur claire avec deux lignes brun rouge (Guinot 1976 ; Sakai 1976 ; Mendoza & Ng 2011 ; Le Bris & Noël 2017). Risques de confusion, espèces voisines, variations infra-spécifiques. Dans le genre Lybia, il existe huit espèces au niveau mondial, toutes inféodées à l'Océan Indien et à l'Océan Pacifique ouest tropical (Ng & al. 2008 ; GBIF 2016 ; WoRMS 2016). Quatre espèces sont dans les zones marines sous juridiction française à savoir Lybia caestifera Alcock, 1897 [Polynésie] ; Lybia plumosa Barnard, 1946 [La Réunion, Mayotte, Îles Eparses, Polynésie] ; Lybia tessellata (Latreille, in Milbert, 1812) [espèce la plus commune partout] ; Lybia tutelina C. G. S. Tan & Ng, 1994 [Nouvelle-Calédonie] (INPN 2016). Lybia caestifera a une couleur plus terne que celle de L. tessellata avec quelques lignes noires sur la carapace et ses pattes sont sans anneaux colorés. Figure 2. Lybia tessellata femelle ovigère en début d'incubation. La Réunion. Photo © Philippe Bourjon. Biologie. Comportement. L. tessellata tient toujours dans chacune de ses pinces une petite anémone de mer [Triactis producta Klunzinger, 1877 ; syn. Bunodeopsis prehensa (Möbius, 1880), Boloceractis sp., Sagartia sp.] (Schmitt 1965 ; Guinot & al. 1995). L'anémone est tenue par son pied [NB. Une espèce voisine peut tenir un minuscule nudibranche (Sakai 1965 ; Baba & Noda 1993 ; Vadon 2013)]. Cette anémone sert à capturer des 3 proies qui restent prisonnières de ses tentacules urticants. En cas de danger, le crabe agite ses anémones pour effaroucher ses prédateurs et s'en sert à l'occasion comme d'une "arme" (Noël & Vadon 1985 ; Guinot & al. 1995). La morphologie des chélipèdes est adaptée à des mouvements dans tous les sens (Guinot 1976 ; Guinot & al. 1995). Ce cas d'utilisation d'un "outil" dans le monde des invertébrés est très rare (Haywood & Wells 1989 ; Jeng 1994) ; il représente sans doute une symbiose. Ici, les pinces se sont spécialisées dans la saisie des anémones et ne peuvent servir à rien d'autre. Si un crabe perd une anémone, il peut prendre un fragment de la deuxième qui régénérera un nouvel individu. Au moment de la mue, le crabe dépose ses anémones à côté de lui et les récupère après l'exuviation (Jeng 1994 ; Vadon 2013 ; Le Bris & Noël 2017). Reproduction. Chez cette espèce gonochorique les sexes sont séparés. La femelle mue, pond et porte ensuite ses œufs, de couleur rouge, sous son abdomen durant 13 à 15 jours. Les larves zoé planctoniques sont suivies d'un stade mégalope qui devient benthique (Vadon 2013 [figure] ; Le Bris & Noël 2017). Activité. L. tessellata a une activité plutôt crépusculaire ; pendant la journée, il se tient dans les anfractuosités parmi les coraux (Noël & Vadon 1985 ; Vadon 2013 ; Le Bris & Noël 2017). Alimentation. Ce crabe se nourrit de petits invertébrés, de crevettes, d'algues ou de détritus ; il ne peut toutefois chasser et absorber que des proies molles ou peu coriaces car ses pinces fines ont perdu leur fonction habituelle de broyage ou de découpe ; leurs modifications évolutives ne leur permettent que de maintenir une matière souple entre leurs doigts à petites dents pointues (Noël & Vadon 1985). Les pinces servent principalement à tenir les anémones. Le crabe se sert de ses troisièmes maxillipèdes et de la première ou deuxième paires de pattes ambulatoires (P2 ou P3) pour se saisir de la nourriture et l'amener à la bouche (Noël & Vadon 1985 ; Jeng 1994 ; Guinot & al. 1995). Il arrive que le crabe lâche momentanément son anémone, se contentant alors de la maintenir entre les extrémités des pattes locomotrices ; il prélève alors avec sa pince libre des petits fragments d'algues et d'autres organismes pour les porter à ses mandibules (Noël & Vadon 1985). Les prédateurs de la mélie damier ne sont pas connus avec précision (Noël & Vadon 1985) ; les prédateurs potentiels sont principalement les poissons, les grands crustacés et les céphalopodes. Ce crabe peut "faire le mort" comme le tourteau pour leurrer un éventuel prédateur (Noël & Vadon 1985). L. tessellata peut être parasité par des crustacés rhizocéphales comme les sacculines Sacculina carpiliae Guérin-Ganivet, 1911 (Boschma 1955 ; Brockerhoff & McLay 2008) et Loxothylacus brachythrix Boschma, 1940 (Boschma 1955 ; WoRMS 2016), ou l'akentrogonide Thompsonia globosa Kossmann, 1872 (Høeg & Lutzen 1993 ; Le Bris & Noël 2017).