Sammy Engramer
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PAS DE CÔTÉ - mouvement, déplacement octobre 2009 - mars 2010 Dans son dernier ouvrage, Des hommes, Laurent Par ordre d’apparition : Mauvigner achève son récit par cette phrase sublime et terrifiante : « savoir si l’on peut commencer à vivre quand on sait que Cartes Postales Trouvées / Saadane Afif c’est trop tard. » Nous pouvons nous demander si ce « trop tard » n’est Mixar / Camille de Singly pas déjà là... s’il ne fait pas sans cesse l’objet d’un rejet artificiel des Trader / Rémi Boinot politiques et de la presse trop arrangeante. Tout autour de nous, bien des Stlaker : Un art sans art / Anselm Jappe personnes sont au coeur de ce « trop tard ». Alors, pour elle « commencer Mur, Diego Movilla à vivre » et s’inscrire dans des relations humaines par de-là les - accidents Entretien avec Fayçal Baghriche / Mathieu Clainchard de la vie -, comme on dit avec une pudeur hypocrite, devient bien trop Biffins / Fayçal Baghriche difficile. Orange est l’entreprise de la honte. D’autres le sont aussi. Mobilité Concours de Monument / absolue du personnel... Si la liberté de déplacement est essentielle, Elfi Turpin, Kristina Solomoukha lorsqu’elle devient exil, expulsion, reclassement, dévalorisation... c’est Entretien avec Stephen O’Malhey / Alexis Cailleton toute l’horreur d’une mécanique administrative et managériale qui s’abat Passages / Collectif d’œuvres / sur l’individu et écrase toute possibilité de vivre. « Trop tard » toujours, la http://uggug.info/doku.php?id=passages réaction des États face aux crimes d’État qui entraînent des déplacements Starling Flocks / Anne-Laure Even de population. Insupportable « trop tard ». Dans la Déclaration Universelle Starling Flocks / Yuna Amand des Droits de l’Homme de 1948, la « liberté de circulation » (art. 13) Prolégomènes / Fred Guzda précède celle « de pensée et d’opinion » (art. 18 et 19) . Pourquoi ? Par Sur le Curating (bis) / Sammy Engramer cette affirmation matérialiste selon laquelle la construction de tout individu J’y parachève mes girations / Jérôme Diacre passe par le déplacement et les croisements qu’il offre, les échanges et Daryl : L’enseignement de Las Vegas? / les partages de différences qu’il suscite. La pensée se construit sur un Yann Ricordel chemin où l’altérité est vue et sentie comme transcendance véritable. Elle Entretien avec Nan Xiang / Frédéric Herbin a cette force qui engendre le respect et la compréhension. Aussi lorsque Boite noire ronde / Nan Xiang le « déplacement » provient de l’expulsion et de l’exclusion, on renonce I feel my butt in my soul / Ghislain Lauverjat à l’une des déterminations les plus importante de l’humanité : l’homme White Office / Nils Guadagnin, Claire Trotignon n’a pas de lieu, il les a tous, sa pensée et son habitation coïncident dans De face / Sammy Engramer l’aménagement qu’il invente. Laura #8 revient amplement sur cette idée Naked Protest / Bruno Saulay de déplacement, par des textes et des planches originales, qui soulignent Entretien avec le Pays où le Ciel est toujours Bleu / à chaque fois que la lecture, le regard, l’attention que l’art met en œuvre Mathieu Richard nous permet de faire le pas de côté nécessaire à l’approche véritable de Chroniques / Feuilleton / Agenda la présence de l’autre. JÉRÔME DIACRE LauraHuit Couverture : LIFE SUCKS Julie Karabéguian 30cm X 70 cm X 70cm / paille à boire / 2009 Comité de Rédaction : Jérôme Diacre, Sammy Engramer, Anne-Laure Even, David Guignebert, Ghislain Lauverjat Coordination : Sammy Engramer / Graphisme : Matthieu Loublier / www.nonosetpaillettes.com / Agenda : Diego Movilla Correction : Marjolaine Gillette / [email protected] / Administration, publicité : / Groupe Laura, 10 place Choiseul, F - 37100 Tours, [email protected] ISSN 1952 - 6652 / 52 pages / 3000 exemplaires / Abonnement annuel et adhésion 16 € à LESLIE (Arkansas) Saadane Afif. Carte Postale trouvée Groupe Laura bénéficie du soutien de la Ville de Tours, de la Région Centre de la DRAC Centre. Saadane Afif. Carte Postale trouvée à BERLIN Saadane Afif. Carte Postale trouvée à BERLIN MIXAR ORLÉANS Il y a dix ans, nous créions Mixar à Orléans ; Laura nous offre aujourd’hui la espaces de nouveaux échanges, d’une autre parole citadine. possibilité de raconter le parcours de ce collectif artistique. Tisser des fils Entre temps, Mixar développe le projet d’une résidence artistique de trois entre des actions de natures différentes, éclatées sur plusieurs années, et mois, en collaboration avec l’association Labomedia et avec l’aide finan- parfois restées à l’état virtuel ; repenser leurs spécificités, et leur inscrip- cière de plusieurs partenaires publics. En échange d’un logement et d’un tion dans une histoire artistique contemporaine ; autant d’objectifs pour atelier, d’un budget de production et d’honoraires, l’artiste est invité à créer cette première autobiographie. A l’orée d’une nouvelle vie, Mixar ne se une œuvre pour et dans la ville d’Orléans. Il est accompagné dans cette devait-elle pas aussi d’établir les lignes d’un premier bilan ? aventure par un « facilitateur » recruté sur le temps de la résidence. Premier lauréat de la résidence Mixar en 2003, Dominique Leroy choisit un petit Revenons en 1999. Installée à Orléans depuis peu, l’artiste plasticienne square du cœur sonore de la ville, situé dans un nœud de circulation (une Sylvie Ungauer s’étonne de la faible place accordée aux arts plastiques. voie rapide, deux ponts dont un ferroviaire, un skate park) pour y placer Les ateliers d’artistes, mis en place dans de nombreuses villes, n’existent ses cabines d’écoute. Invitée deux ans plus tard, Marie Denis intervient sur pas à Orléans. Aucun lieu d’exposition n’y est dédié aux arts plastiques plusieurs jardins et espaces verts de la ville en travaillant la décoloration puisque le Fonds régional d’art contemporain s’intéresse principalement à de la pelouse. Sélectionnés pour l’édition 2007, le plasticien Etienne Bou- l’architecture. L’école d’arts visuels (l’Institut d’Arts Visuels), centrée sur le langer et le musicien Thomas Tilly dit Tô choisissent le tramway comme fil design et la communication, n’a pas encore de lieu d’exposition véritable- conducteur commun. Le premier transforme en architectures éphémères ment exploité et la galerie Jour de Fête, créée au début des années 1990 les sculptures de la commande publique du tram, « folies » ouvertes sur le par Céline Saraiva, a malheureusement déjà fermé ses portes. Ce paysage paysage, et le second retransmet en direct avec des haut-parleurs, dans artistique, atrophié, est alarmant pour une capitale régionale. Mais il est une rame pilote, les sons créés par le fonctionnement même du tram. aussi stimulant pour une nouvelle génération de créateurs, car tout reste à faire. En 2006, le lancement d’un programme d’expositions dans l’atelier des résidents, le « Bol », nous permet de réfléchir à une autre forme de diffu- Avec L’Oreille, collectif d’amateurs de sons nouveaux et de graphistes dé- sion artistique, et de montrer le travail de Mixariens (Jacques Boulnois, jantés, et Radio Campus, Sylvie Ungauer impulse la création d’Ultimédia Ségolène Garnier, Sébastien Hoëltzener, Paul Laurent, Quentin Monroty, (futur Labomedia) qui défend un usage innovant et partageur des nou- Brigitte Perroto, Nicolas Royer, Sylvie Ungauer) en alternance avec celui velles technologies puis de Mixar. Défini dès le départ comme un collec- d’artistes invités, comme Anthony Barrault, Xavier Drong, Geoffroy Gross, tif, avec cette attention portée à la diversité des profils de ses membres Cécile Pitois, Vincent Valéry, Eric Foucault. Si le plaisir est pour nous in- (parmi les fondateurs, Frédéric Robbe, directeur de la scène de musique tense de pouvoir faire découvrir le travail d’artistes que nous aimons, nous actuelle L’Astrolabe - qui ouvre cette année-là, Isabelle Boulord, en charge percevons la dérive de l’association en terme d’identité. En 2008, nous de la culture à l’Université et future responsable des arts visuels et du décidons par conséquent une nouvelle métamorphose, et le retour à ce cinéma en Seine-Saint-Denis, Adelgund Witte, architecte IESSC, Nicolas qui fait, selon nous, notre force, l’intervention sur la ville. Nous imaginons Royer, artiste et commissaire invité de la galerie de l’IAV pour 2009-2010, d’allier les deux projets (résidence et expositions) en invitant plusieurs fois Christophe Moreau designer et artiste,…), Mixar oriente son objet vers la par an des créateurs en duo à intervenir dans l’espace urbain et au Bol. mixité des arts et des médias. Ce sera « in situ ». Au printemps 2009, le compositeur Pascal Le Gall pose une installation sonore discrète, mobile et variable dans quatre espaces Un premier projet, intitulé « Les vitrines », donne au collectif un troisième verts de la ville, créant des espaces d’écoute ouverts aux quatre vents, axe qui se révélera déterminant dans la définition de sa spécificité : la et souvent déserts. En plaçant un lieu de parole publique avec estrade et création dans l’espace urbain. Le projet naît d’un constat simple ; si les chaises sur la principale artère commerçante d’Orléans, l’artiste plasticien lieux d’exposition se font rares, d’autres espaces pleinement accessibles Rémi Boinot perturbe le flot des acheteurs-promeneurs, qui opèrent des aux yeux des citadins sont eux disponibles : les vitrines des commerces stratégies inconscientes de contournement, ou se risquent à une parole inoccupés. En substituant leurs œuvres aux objets de communication perdue dans le fourmillant paysage de la vie moderne. mercantile qui y figurent normalement, les Mixariens rêvent de transformer radicalement le paysage de la ville contemporaine, d’y ouvrir des fenê- Ces installations artistiques urbaines ont un point commun : celui de bou- tres de fantasmes sans retour financier, et de poser des objets critiques. leverser notre vie quotidienne, en suscitant de nouvelles expériences. A quelques années de la multiplication des caméras de vidéosurveillance Miracles de courts instants, elles transforment à jamais les espaces et des expulsions des sans-papiers, l’un des projets figurant un œil grand qu’elles habitent dans la mémoire de ceux qui les ont vécues.