commencent à faire la une. Et à mesure qu'appro- chent les jeux Olympiques, on s'aperçoit que, grâce à elles, la France aura quelques chances d'entendre « la Marseillaise » à Barcelone. 1991 aura marqué l'avènement du sport fémi- nin à part entière. Ces jeunes filles déroutent. Petites soeurs de Jearmie Longo et de Florence Arthaud, elles n'ont plus à essuyer les plâtres. Elles sont solides comme le granit des Drus conquis par Catherine Destivelle : « Je suis une machine à grimper », dit l'alpiniste. Elles, c'est pareil. Des machines à courir, à nager, à pédaler, à patiner. Pas le temps d'avoir des états d'âme. Sous leur peau de pêche bat un coeur bien trempé. « Je ne crois pas en Dieu. Je crois en ma jambe droite et en ma jambe gauche; en ma roue avant et en ma roue arrière », dit la cycliste franco- américaine Marion Clignet, 27 ans. Dans sa roue, l'équipe de France a remporté les 50 kilomètres contre la montre des récents Championnats du Monde de Stuttgart. Marion, qui fut épileptique à l'âge de 22 ans avant de se soigner au vélo, porte une tête de mort sur son casque, l'emblème des pirates. « C'est une tueuse », prévient J eannie Longo, battue par elle aux derniers Champion- nats de France sur piste. Le respect se perd. Jeannie Longo est la Plus grande championne française de tous les temps. Elle pédale plus vite que et . A 33 ans, elle a remporté trois Tours de France et quatre titres de championne du monde sur route. Elle a pulvérisé tous les records du monde de vitesse en plein air et en salle. Les apparatchiks de la Fédération de cyclisme l'ont humiliée pour une histoire de marque de pédalier qu'elle refuse d'utiliser. Elle est interdite de compétition. Elle menace de changer de nationalité pour ramasser au nom d'un autre pays tout un tas de médailles aux J.O. Que font les petites ? Elles se glissent sans complexes dans les interstices. L'an dernier, Jeannie Longo s'est mise au vert. Son ex—coéquipière, , 20 ans, gagne le Championnat du Monde à Utsunomiya, au Japon. Elle sait que si elle avait dû se battre contre Longo, cela aurait été une autre paire de manches. Elle ne fait pas de complexe pour autant. Commentaire à l'arrivée : « Ce titre, il me le fallait. Maintenant, je ne suis plus seulement celle qui veut imiter Longo. Je suis Catherine Marsal et j'existe. » Elles ont un sacré caractère. La nageuse Catherine Plewinski, 22 ans, médaillée de bronze à Séoul, tempête contre sa deuxième place aux Championnats du Monde de Perth. Elle voulait l'or et pas l'argent : « C'est mauvais, dit-elle au journaliste de "Libération". Perdre comme cela sans être capable de résister au retour de l'adver- saire, c'est impardonnable. » Décroche -t- elle la médaille d'or au 100 mètres des Championnats Marie-Josée Perec, championne du monde d'athlétisme en 1991 d'Europe, ce mois d'août à Athènes ? Elle peste contre son temps nettement inférieur à son « meil- l'Allemande Grit Breuer. S'imagine-t-elle alors Français aient jamais gagnée dans toute l'histoire leur chrono ». 'Notre petit diamant noir du qu'elle est capable de récidiver à Tokyo et d'y de cette compétition créée en 1983. patinage artistique, Surya Bonaly, 1,56 mètre et remporter le 400 mètres vingt-trois ans après la Marie-Jo vient d'entrer timidement dans la 45 kilos, a 17 ans et un titre de championne légendaire victoire de Colette Besson aux jeux légende des femmes les plus titrées de France. Elle d'Europe en figures libres. Elle sait que ses atouts Olympiques de Mexico ? porte le flambeau d'une génération de filles qui sont ces figures acrobatiques et ces quadruples Quand s'ouvrent les Championnats du Monde, montent, qui montent subrepticement les pre- sauts qu'elle est une des rares à exécuter en public. la belle Guadeloupéenne n'est encore connue que mières marches. Pendant que les espoirs mascu- Elle refuse de singer le classicisme chorégraphi- des initiés. Les yeux bleu—blanc-rouge sont rivés lins, trop souvent, les ratent. Elles s'appellent que d'une Katarina Witt. sur le décathlonien Christian Plaziat. C'est lui Catherine Plewinski, nageuse, Catherine Marsal Ces filles ont des têtes de pioche. A part cela, .qu'on attend... Mais c'est lui qui s'écroule, écrasé et Marion Clignet, coureuses cyclistes ; Surya elles pleurent sur les podiums, appellent e ma- par l'enjeu. Pendant que Marie—Jo Perec grimpe Bonaly, patineuse artistique. Ces petites nanas man>) dans les moments difficiles et dorment avec avec grâce et pudeur au sommet du podium. A dont les épreuves et les résultats n'avaient droit leur nounours. Bref, de vraies gonzesses. Mais des 23 ans, elle décroche la seule médaille d'or que les qu'à des bas de page dans la rubrique sportive gonzesses qui gagnent. SYLVIE 'VÉRAN 5-11 SEFTEMBRE 1991/73