Edouard Thomas Burgues De Missiessy Témoin Et Acteur De L’Évolution De La Marine En France, De Louis XV À Charles X
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Mira Marques François Année universitaire 2008 - 2009 Effectué sous la direction de : Madame Silvia Marzagalli Monsieur Alain Ruggiero Edouard Thomas Burgues de Missiessy Témoin et acteur de l’évolution de la Marine en France, de Louis XV à Charles X Edouard Thomas Burgues de Missiessy en uniforme de vice-amiral1 Université de Nice Sophia Antipolis – Département d’Histoire Histoire de la Méditerranée Moderne et Contemporaine Mémoire de seconde année de Master 1 « Missiéssy (Edouard-Thomas, comte de Burgues) », dans HENNEQUIN J.F.G. – Biographie maritime ou notices historiques su la vie et les campagnes des marins célèbres français et étrangers – Tome Premier, Paris, éd. Regnault, 1835, p.288 1 Le présent travail est dédié à la mémoire de Madame Bénédicte Milcent de Missiessy, qui m’a fait confiance malgré ma jeunesse et mon inexpérience, ainsi qu’à celle de Monsieur Alain Ruggiero, qui m’a offert ce sujet et concentrait en lui les qualités humaines que tout étudiant espère rencontrer dans le monde universitaire. Je dois beaucoup à leur bienveillance. 2 Je remercie chaleureusement Madame Bénédicte Milcent de Missiessy et Monsieur Régis Milcent pour avoir bien voulu mettre leurs archives familiales à la disposition de la recherche. J’adresse tout particulièrement ma reconnaissance à Madame Milcent de Missiessy pour son accueil et sa gentillesse. Je remercie de tout cœur Madame Silvia Marzagalli et Monsieur Alain Ruggiero pour le temps qu’ils m’ont consacré, pour leurs relectures, leurs conseils et leur disponibilité, ainsi que pour leur patience et leur compréhension à mon endroit. Ma reconnaissance va également aux personnes qui m’ont apporté leur aide : - Madame Françoise Chauveau, par son hospitalité parisienne, m’a permis de profiter à loisir des ressources des Archives Nationales, du Service Historique de la Marine et de la Bibliothèque Nationale de France. - Mademoiselle Stéphanie Lemaître a bien voulu me faire bénéficier de sa maîtrise du dessin héraldique et a effectué avec zèle et promptitude le travail que je lui ai confié dans ce domaine. - Madame Nina Gullerud et Monsieur David Avanessoff m’ont aidé de leurs conseils et Mademoiselle Joséphine Ferrari de ses relectures. - Mesdames Dominique Vignolo et Anne-Carole Focke de Beaucourt ont fourni une aide technique essentielle dans la production finale de ce travail. - Mademoiselle Elodie Roulant, enfin, s’est montrée patiente et généreuse comme elle sait toujours l’être afin de m’amener à poser un point final. 3 Ainsi, me trouvant le cadet d’une assez nombreuse famille, ce fut à moi, dès que j’eus assez de raison pour m’en servir, à chercher les moyens de joindre aux avantages de ma naissance ceux que la fortune m’avait refusés. Claude, comte de Forbin-Gardanne, Mémoires2 2 FORBIN-GARDANNE Claude, comte de – Mémoires, Paris, Mercure de France, 1993, p.33 4 Figure 1 – Les armes des Burgues de Missiessy Les armes de la famille Burgues de Missiessy : de gueules à une tour d’or3. Photo F. Mira Marques Introduction Les archives privées conservées par Madame Bénédicte Milcent de Missiessy concernent l’histoire de ses ancêtres, les Burgues puis Burgues de Missiessy, depuis le XVIème Siècle jusqu’au XXème. Ces documents fournissent des informations, souvent uniques, qui permettent d’effectuer une étude approfondie de cette famille durant les périodes documentées. Elles ne suffisent naturellement pas mener à bien un travail de recherche complet et doivent être renforcées par l’apport de données provenant d’archives publiques. Dans le cas qui nous intéresse ici, celui de la vie et du parcours d’Edouard Thomas Burgues de Missiessy, la principale source publique est constituée par les fonds du Centre Historique des Archives Nationales à Paris (principalement la série Marine et la sous-série Marine C – Personnel), ainsi que par ceux du Service Historique de la Défense, section Marine, au 3 Bibliothèque Nationale / Cabinet de Titres / 12 629 – N°641 : armoiries de pierre de Burgues, 8 octobre 1697 5 château de Vincennes (principalement la série CC7 – Dossiers personnels). Les premières concernent surtout sa carrière avant 1789, date à partir de laquelle les documents relatifs aux questions militaires sont, en théorie, tous conservés par l’armée. Ces deux sources donnent des informations complétant celles fournies par les archives familiales. Ces dernières nous permettent de retracer l’histoire de la famille, depuis l’installation à Toulon des premiers Burgues connus jusqu’à l’intégration de leurs descendants dans le Grand Corps – c’est par ce terme que l’on désigne l’ensemble des officiers militaires qui servent sur les navires du Roi. A partir de cette période, les archives publiques complètent d’une manière de plus en plus étoffée les renseignements déjà donnés par les documents privés. Grâce à ces dernières, nous pouvons établir une généalogie partielle d’Edouard Thomas Burgues de Missiessy et constater par quel processus la famille s’est intégrée à la société très hermétique des officiers de marine sous l’Ancien Régime4. Les premières traces dont nous disposons remontent à 1630, grâce à une copie du livre de raison conservée dans les archives familiales5. A partir de la fin du XVIIème Siècle, les informations sont plus fournies et nous permettent d’appréhender avec une certaine précision l’histoire de la famille, en nous amenant à être spectateurs de son évolution sociale au sein de la noblesse provençale et dans le milieu, de plus en plus cloisonné jusqu’au dernier tiers du XVIIIème Siècle, des officiers de marine. C’est par Antoine « de » Burgues, « sieur de Missiessy » et viguier de Toulon depuis 16566, arrière-arrière-grand-père d’Edouard Thomas Burgues de Missiessy, que la maison des Burgues devient noble : cet homme, qui appartient à la bourgeoisie enrichie par le commerce maritime, reçoit le Roi dans son domaine de Missiessy en 1660 et en est fait seigneur en décembre 16697. Nous ignorons si la charge qu’il possédait était anoblissante ou si l’intégration dans le deuxième ordre du royaume a été obtenue de quelque autre manière. Il a épousé une femme répondant au nom de Suzanne de Noble8, à propos de laquelle nous ne disposons d’aucune information, hormis qu’elle donne quinze enfants à son mari entre 1634 et 1660, dont il semble que seulement quatre meurent en bas âge9. 4 Voir Annexe I – Arbre généalogique des Burgues de Missiessy, p.194 5 Archives Burgues de Missiessy – Copie du livre de raison de la famille Burgues de Missiessy 6 VERGE-FRANCESCHI Michel – Les officiers généraux de la Marine royale (1715 – 1774). Origines – Condition – Services, Thèse d’Etat, Paris, Librairie de l’Inde, 1990 (sept volumes), p.2465 7 ABM C01bis – Lettres patentes érigeant en seigneurie et fief la terre de Missiessy, décembre 1669 ; VERGE- FRANCESCHI Michel, opus cité, p.2468 8 ABM – Copie du livre de raison de la famille Burgues de Missiessy, année 1634 9 ABM – Copie du livre de raison de la famille Burgues de Missiessy, années 1634 à 1660 6 Figure 2 - Lettre patentes attribuées par Louis XIV à Antoine de Burgues Lettres patentes érigeant en seigneurie et fief la terre de Missiessy, décembre 166910. Photo F. Mira Marques C’est à partir de cette date que les Burgues « de Missiessy » commencent à intégrer le Grand Corps via deux processus classiques : la carrière et les alliances. On trouve des traces éparses de la famille durant cette période grâce à des sources diverses : au détour d’une demande de congé effectuée en 1682 par un « de Burgues enseigne de vaisseau marié il y a peu de jours »11, ou bien par des lettres de légitimation accordées en août 1713 par Louis XIV à Jean de Burgues (grand-père d’Edouard Thomas Burgues de Missiessy) pour une fille nommée « Madelaine » et renouvelées en 1723 par Louis XV12. On retrouve également, au sein du microcosme des apprentis officiers de marine, un Burgues cité par le comte Claude de Forbin-Gardanne dans ses mémoires lorsqu’il raconte comment, en 1677, après qu’il a tué un camarade élève officier en duel, il est forcé de fuir Toulon car « un nommé Burgues, à qui je n’avais fait ni bien ni mal, écrivit à M. Colbert que je m’étais battu en duel avec le chevalier de Gourdon, et que ce dernier avait été tué »13. Hormis ces quelques données, notre connaissance de la généalogie des Burgues repose sur les informations contenues dans le livre de raison de la famille. Au moins deux des fils d’Antoine de Burgues ont réalisé leur carrière dans la Marine : le plus âgé des deux, 10 ABM C01bis – Lettres patentes érigeant en seigneurie et fief la terre de Missiessy, décembre 1669 11 Archives Nationales Marine B/3/40 – Correspondance de M. de Vauvré, intendant, avec M. Le Vasseur, contrôleur, 1682 12 AN M/612/1 – Lettres de légitimation accordées à Jean de Burgues, 23 mars 1723 13 FORBIN-GARDANNE Claude, comte de – Mémoires, Paris, Mercure de France, 1993, p.42 7 Joseph, né le 28 juin 165114, meurt lieutenant de vaisseau le 4 mars 1720 ; le cadet, né le 27 février 165515 et connu sous le nom d’Antoine Burgues du Clos, décède lui également au grade de lieutenant de vaisseau, le 18 avril 169216. La veuve de Joseph, Marie Larminay, épouse en secondes noces, le 3 juin 1722, un chef d’escadre, Joseph de Mons de la Caussade, dont la famille est, à l’instar de celle de son premier mari, issue de la riche bourgeoisie portuaire de la fin du XVIIème Siècle : la veuve demeure donc dans le même milieu social que son époux défunt, milieu dont elle est probablement, elle aussi, issue17. Le Cabinet de Titres de la Bibliothèque Nationale mentionne également, en 1697, un membre supplémentaire de la famille à avoir intégré le Grand Corps : « pierre de Burgues Lieutenant de vaisseau du Roy commandant une compagnie franche de la marine en ce port de Toulon »18.