4

Le Baromètre 2004 de l'Internationale de l’Education sur les 200 droits humains et syndicaux dans le secteur de l'éducation BAROMÈTRE de l'IE sur les droits se concentre sur cinq droits humains fondamentaux: le droit humains et syndicaux dans le secteur de l'éducation à l'éducation pour les filles et les garçons, la parité dans ❚ ➜ ➜ l'éducation et la société, la liberté académique, le droit de l'enfant à une protection contre l'exploitation et le droit de constituer des syndicats, de s'y affilier et d'avoir recours à la négociation collective.

Le but du Baromètre est de mesurer les avancées réalisées dans le respect de ces droits fondamentaux dans chaque pays où l’IE compte des membres.

Depuis la précédente parution du Baromètre de l'IE en 2001, l’Internationale de l’Education a gagné des organisations affiliées dans sept pays ou territoires supplémentaires - Afghanistan, Cambodge, Kazakhstan, Koweït, Ouzbekistan, Serbie, Timor et Ukraine - ce qui porte le total des pays et territoires couverts par le Baromètre à 162.

Pour cette 3e édition de son Baromètre, l'IE a voulu mettre le projecteur sur l'égalité des sexes qui constitue l'un des 8 objectifs du millénaire pour le déve- loppement adoptés par l'ONU et l'un des objectifs majeurs de l'initiative Education Pour Tous. Le cadre d'action Education Pour Tous, adopté par le Forum mondial pour l'Education à Dakar, prévoit la réalisation de la parité entre les sexes dans l'enseignement primaire et secondaire d'ici à 2005. La lecture de ce Baromètre montre que l'objectif ne sera pas atteint dans les délais fixés.

Ce Baromètre montre également que malgré l'adoption d'instruments interna- tionaux, le travail des enfants est encore une réalité dans beaucoup de pays, que la liberté académique reste souvent une affirmation théorique et que, dans de nombreux Etats, les enseignants sont privés des droits fondamentaux garan- tissant leur pleine participation au dialogue social.

INTERNATIONALE DE L’EDUCATION 5 bd du Roi Albert II 1210 Bruxelles, Belgique BAROMÈTRE DE L’IE Tél. +32 2 224 0611 Fax: +32 2 224 0606 [email protected] www.ei-ie.org T

Introduction 7 Côte d'Ivoire MATIÈRES89 DES ABLE Croatie 91 Curaçao 92 Afghanistan 16 Danemark 94 Afrique du Sud 18 Djibouti 96 Albanie 20 Dominique 98 Algérie 22 Egypte 100 Allemagne 24 El Salvador 102 Angola 26 Equateur 104 Anguilla 28 Erythrée 106 Antigua-et-Barbuda 29 Espagne 108 Argentine 31 Estonie 110 Australie 33 Etats-Unis d'Amérique 112 Autriche 35 Ethiopie 115 Azerbaïdjan 37 Fédération de Russie 118 Bahamas 39 Fidji 120 Bangladesh 41 Finlande 122 Barbade 43 France 124 Belgique 45 Gabon 126 Bélize 47 Gambie 128 Bénin 49 Géorgie 130 Bermudes 51 Ghana 132 Bosnie-Herzégovine 52 Grèce 134 Botswana 54 Grenade 136 Brésil 56 Guatemala 138 Brunei 58 Guinée 140 Bulgarie 60 Guinée-Bissau 142 Burkina Faso 62 144 Burundi 64 Haïti 146 Cambodge 66 Honduras 149 Cameroun 68 Hongrie 151 Canada 70 Iles vierges britanniques 153 Cap-Vert 72 Inde 154 Chili 74 Indonésie 157 Chine - Hong Kong 76 Irlande 159 Chypre 78 Islande 161 Colombie 80 Israël 162 Cook (Iles) 83 Italie 164 Corée du Sud 85 Jamaïque 166 Costa Rica 87 Japon 168

BAROMÈTRE DE L’IE SUR LES DROITS HUMAINS ET SYNDICAUX DANS LE SECTEUR DE L’ÉDUCATION - 2004 3 T

BEDSMATIÈRES DES ABLE Kazakhstan 170 Pays-Bas 248 Kenya 172 Pérou 250 Kirghizstan 174 Philippines 252 Kiribati 176 Pologne 254 Kosovo 178 Portugal 256 Koweït 181 République centrafricaine 258 Lesotho 183 République Lettonie 184 démocratique du Congo 260 Liberia 186 République dominicaine 262 Lituanie 188 République du Congo 264 Luxembourg 190 République tchèque 266 Macédoine (ancienne République Roumanie 268 yougoslave de) 192 Royaume-Uni 270 Malaisie 194 Rwanda 272 Malawi 196 Saint-Christophe-et-Nevis 274 Mali 198 Saint-Vincent et les Grenadines 276 Malte 200 Sainte-Lucie 278 Maroc 202 Salomon (Iles) 280 Maurice (Ile) 204 Samoa 282 Mexique 206 Sao Tomé-et-Principe 284 Moldavie 208 Sénégal 286 Mongolie 210 Serbie 288 Monténégro 212 Sierra Leone 290 Montserrat 214 Singapour 292 Mozambique 215 Slovaquie 294 Namibie 217 Slovénie 296 Népal 219 Sri Lanka 298 Nicaragua 221 Suède 300 Niger 223 Suisse 302 Nigeria 225 Suriname 304 Norvège 227 Swaziland 306 Nouvelle-Calédonie 229 Taïwan 308 Nouvelle-Zélande 230 Tanzanie 310 Ouganda 232 Tchad 312 Ouzbekistan 234 Thaïlande 314 Pakistan 236 Timor 316 Palestine 240 Togo 318 Panama 242 Tonga 320 Papouasie-Nouvelle-Guinée 244 Trinidad-et-Tobago 322 Paraguay 246 Tunisie 324

4 BAROMÈTRE DE L’IE SUR LES DROITS HUMAINS ET SYNDICAUX DANS LE SECTEUR DE L’ÉDUCATION - 2004 T

Turquie 326 Annexes 341 MATIÈRES DES ABLE Tuvalu 329 Convention des Nations Unies Uruguay 331 relative aux droits de l'enfant 341 Vanuatu 333 Convention 29 du BIT sur Venezuela 334 le travail forcé 354 Zambie 336 Convention 87 sur la liberté Zimbabwe 338 syndicale et la protection du droit syndical 361 Convention 98 sur le droit d'organisation et de négociation collective 365 Convention 100 sur l'égalité de rémunération 368 Convention 105 sur l'abolition du travail forcé 371 Convention 111 concernant la discrimination (emploi et profession) 373 Convention 138 sur l'âge minimum 376 Convention 169 relative aux peuples indigènes et tribaux 381 Convention 182 sur les pires formes de travail des enfants 390 Recommandation 190 sur les pires formes de travail des enfants 393

Bibliographie 397

BAROMÈTRE DE L’IE SUR LES DROITS HUMAINS ET SYNDICAUX DANS LE SECTEUR DE L’ÉDUCATION - 2004 5 I NTRODUCTION

En 1990, 155 gouvernements se sont réunis à Jomtien, en Thaïlande, et ont promis aux enfants du monde que l’Education Pour Tous serait concrétisée d’ici l’an 2000. L’éducation est un droit pour tous les enfants en vertu de son inclusion dans la Déclaration universelle des Droits de l'Homme adoptée par les Nations Unies en 1948. Après Jomtien, nous avons été nombreux à croire que l’Education Pour Tous allait enfin devenir une réalité. Le nouveau millénaire est arrivé et des millions d’enfants ne sont toujours pas scolarisés. Des millions d’entre eux ne reçoivent que quelques heures d’en- seignement par semaine tout en travaillant. Des millions d’autres ne reçoivent pas d’éducation du tout et peinent au travail durant de longues heures dans des conditions intolérables. Les enfants handicapés ne jouissent souvent pas de leur droit à l’éducation. Croire qu’il suffit d’introduire une phrase dans la constitution pour que tous les droits soient applicables présuppose que nous partons tous du même point de départ. Ce n’est pas le cas. Et pour atteindre l’égalité des chances, certains ont besoin de davantage de services que d’autres. 185 gouvernements se sont réunis à Dakar au Sénégal en l’an 2000 pour examiner ce qui avait été accompli depuis Jomtien. Cette réunion a abouti à l’adoption du Cadre d’action de Dakar en avril 2000. Cette fois on a promis que l’Education Pour Tous deviendrait une réalité d’ici 2015. Que va-t-il se passer maintenant ? Cette belle décla- ration va-t-elle être mise de côté jusqu’en 2015 et les enfants vont-ils être oubliés de tous, sauf de quelques-uns ? Nous allons pouvoir à nouveau constater la vraie place que tiennent les enfants dans la Realpolitik. Ou alors, quelque chose va-t-il être fait pour véritablement lancer le processus et s’assurer que tous les efforts vont être déployés pour atteindre les objectifs définis dans le Cadre d’action de Dakar ? D’une certaine manière, cela a été une heureuse coïncidence que des événements hors du contrôle de l’Internationale de l’Education aient fait en sorte que le 3ème Congrès mondial de l'IE en 2001 se tienne à Jomtien, Thaïlande - à l’endroit même où tant d’es- poir avait vu le jour, espoir anéanti par la suite. L’incapacité des gouvernements à réa- liser l’Education Pour Tous a été parmi les sujets évoqués lors du Congrès. Une nouvel- le coalition formée de l’Internationale de l’Education et de ses affiliés, en partenariat avec des ONG, aidera à faire en sorte que les promesses de Dakar soient tenues. La coa- lition de la Campagne mondiale pour l’éducation a été chargée de mettre - et de main- tenir – cette question prioritaire dans les ordres du jour politiques. En 2000 à Dakar, le Cadre d’action a défini dix objectifs et a adopté un calendrier pour les réaliser. Tous les gouvernements devaient mettre au point un plan d’action national d’ici 2002. Tous ne l’ont pas fait. L’égalité des sexes dans l’éducation doit être concréti- sée d’ici 2005. Nous sommes en 2004 et les statistiques disponibles dans le rapport de suivi de l’EPT le plus récent (2003/04) révèlent que plus de 30 pays risquent de ne pas réaliser cette égalité dans les délais. L’UNICEF a identifié les 25 pays qu’elle considère comme étant le plus à risque et oeuvre avec les gouvernements et un certain nombre de partenaires pour “réaliser de vrais progrès durables d’égalité des sexes dans l’éduca-

BAROMÈTRE DE L’IE SUR LES DROITS HUMAINS ET SYNDICAUX DANS LE SECTEUR DE L’ÉDUCATION - 2004 7 I NTRODUCTION

tion primaire et secondaire” d’ici 2005. Si cet ambitieux projet et d’autres programmes n’atteignent pas leur but, même en dépassant le délai de l’année 2005, l’objectif de l’EPT pour 2015 risque fort de ne pas non plus être atteint. Par exemple, les dernières estimations mondiales de l’Organisation Internationale du Travail (OIT) en matière de travail des enfants confirment ce que beaucoup craignaient, soit que “le nombre d’enfants pris au piège des pires formes du travail des enfants est en réalité plus élevé que l’on pensait.” On estime actuellement à 179 millions le nombre de garçons et de filles de moins de 18 ans victimes des pires formes du travail des enfants. Les syndicats d’enseignants, membres de l'IE, ne peuvent rester sans agir. Nous devons faire tout notre possible pour garantir que l’Education Pour Tous devienne la priorité des gouvernements. Ceux d’entre eux qui ont préparé un plan d’action et pris des engagements pour le mettre en oeuvre doivent rendre des comptes et trouver les fonds nécessaires pour tenir leurs promesses. Comme promis, la partie riche du monde doit également contribuer au processus. L'IE estime que tous les pays ont une res- ponsabilité dans leur soutien à réaliser une éducation de base universelle. C’est un but atteignable et c’est le droit de tous les enfants. L’objectif du Baromètre est de souligner les succès et les échecs des gouvernements des 162 pays et territoires dans lesquels se trouvent les affiliés de l’Internationale de l’Education (IE). Nous accueillons des organisations qui ont adhéré à l'IE depuis la parution de la 2ème édition et l'IE a actuellement des membres en Afghanistan, au Cambodge, au Kazakhstan, au Koweit, en Ouzbekistan et au Timor-Leste. Cette édition du Baromètre reflète les politiques adoptées par le 3ème Congrès mon- dial de l’IE et les priorités d’action qui y ont été définies durant une semaine de débats intensifs. Elle traite du système éducatif, de l’égalité des sexes, de la liberté académique, du travail des enfants et des droits syndicaux. Ces domaines sont mis en exergue car nous estimons que nous devons examiner non seulement les fonds qui sont dépensés pour l’éducation et le nombre d’enfants scolarisés, mais aussi leurs conditions d’apprentissage. Nous devons examiner si les éducateurs ont réellement la faculté d’enseigner librement. Nous devons connaître non seulement les conditions et les droits du personnel éducatif, mais aussi la situation dans chaque pays. Le droit à l’éducation et les droits au sein de l’éducation sont donc sous la loupe. Système éducatif Toute personne a droit à l'éducation. L'éducation doit être gratuite, au moins en ce qui concerne l'enseignement élémentaire et fondamental. L'enseignement élémen- taire est obligatoire. L'enseignement technique et professionnel doit être généralisé; l'accès aux études supérieures doit être ouvert en pleine égalité à tous en fonction de leur mérite.. Article 26(1) Déclaration universelle des droits de l’homme, adoptée et proclamée par l’Assemblée générale des Nations Unies dans sa résolution du 10 décembre 1948.

8 BAROMÈTRE DE L’IE SUR LES DROITS HUMAINS ET SYNDICAUX DANS LE SECTEUR DE L’ÉDUCATION - 2004 I NTRODUCTION

Les douze indicateurs du Baromètre proviennent de statistiques publiées dans le “Rapport mondial sur le développement humain 2003 du PNUD – Objectifs du Millénaire pour le développement : Un contrat entre les nations pour vaincre la pau- vreté humaine” et dans le “Rapport de suivi mondial 2002 de l’UNESCO - Education Pour Tous (EPT) - Le monde est-il sur la bonne voie?” Le Rapport de suivi mondial EPT 2002/3 a également fourni des informations intéressantes. Là où les statistiques n’ap- paraissaient pas dans l’un des deux rapports (en général dans le cas de pays récem- ment admis aux Nations Unies ou de territoires indépendants), des données équiva- lentes ont été fournies par d’autres sources officielles ou fiables, quand elles étaient disponibles. Malheureusement, tout au long du Baromètre les lecteurs trouveront trop souvent le signe “/” (non disponible). Des différences de données entre estimations nationales et internationales font l’objet d’une critique dans le Rapport PNUD 2003 sur le développement humain. Le texte donne quelquefois un indicateur mis à jour ne provenant pas du rapport mais, par souci de cohérence, cette information n’apparaît pas dans les statistiques de tête. Les douze indicateurs examinés sont essentiellement les mêmes que ceux du Baromètre de 2001. Toute différence est expliquée dans les notes qui suivent. L’indice des risques pour les enfants fourni par l’UNICEF qui figu- rait dans la 2ème édition n’ayant pas été mis à jour, il a été supprimé. Les indicateurs choisis sont les suivants : • Population < 15 : le pourcentage de la population de moins de 15 ans est la propor- tion de la population totale de moins de 15 ans. Les statistiques pour 145 pays et ter- ritoires proviennent du Rapport mondial sur le développement humain 2003, Tendances démographiques, Indicateurs du développement humain, et s’appliquent à l’année 2001. Les statistiques comparables pour les 17 autres pays et territoires pro- viennent d’autres sources officielles et fiables. • Analphabétisme : l’estimation du pourcentage de la population de 15 ans et plus qui ne sait ni lire ni écrire un texte simple et court concernant leur vie quotidienne. Les statistiques pour 98 pays et territoires proviennent du Rapport mondial sur le déve- loppement humain 2003, Pauvreté humaine et pauvreté monétaire, Pays en voie de développement, Indicateurs du développement humain s’appliquent à l’année 2001. Les statistiques comparables pour les 64 autres pays et territoires proviennent d’autres sources officielles et fiables. • Taux de scolarisation brut, pré-primaire : le nombre total d’inscrits dans l’éducation précédant l’enseignement primaire, en pourcentage du groupe d’âge correspondant aux réglementations nationales en vigueur pour ce niveau. Ces programmes se nom- ment soit classes enfantines, classes maternelles, kindergarten ou éducation de la petite enfance. Source: EPT, Table 4. Chiffres applicables à la période 1999/2000. • Espérance de scolarité : le nombre d’années qu’un enfant peut espérer passer dans l’enseignement primaire, secondaire et tertiaire, y compris les années doublées. Source: EPT, Table 5. chiffres applicables à la période 1999/2000 • Taux de scolarisation net, primaire – le pourcentage des enfants en âge d’aller à

BAROMÈTRE DE L’IE SUR LES DROITS HUMAINS ET SYNDICAUX DANS LE SECTEUR DE L’ÉDUCATION - 2004 9 I NTRODUCTION

l’école primaire obligatoire qui y sont effectivement inscrits. Les statistiques pour 153 pays et territoires proviennent du Rapport mondial sur le développement humain 2003, – Indicateurs des Objectifs du Millénaire pour le développement. Chiffres applicables à la période 2000/2001. • % d’élèves ayant atteint la 5ème année du primaire en 2000 – le pourcentage des enfants commençant l’école primaire qui atteignent la 5ème année (la 4ème si la durée de l’école primaire est de 4 ans). Les estimations sont basées sur la méthode de la cohorte reconstituée qui utilise les données d’inscription et de redoublement de deux années consécutives. Statistiques pour 153 pays et territoires. Source : Rapport mondial sur le développement humain 2003, Indicateurs des Objectifs du Millénaire pour le développement. Chiffres applicables à la période 1999/2000. • Nombre d’élèves du primaire par enseignant : le nombre moyen d’élèves par ensei- gnant au niveau primaire. Statistiques pour 157 pays et territoires. Source : EPT, Table 8. Chiffres applicables à la période 1999/00. • Taux de scolarisation brut, secondaire : le pourcentage du total des inscriptions dans l’enseignement secondaire, indépendamment de l’âge, divisé par la population du groupe d’âge correspondant officiellement à la scolarisation secondaire. A noter que le taux d’inscription brut peut dépasser 100% à cause de la répétition d’une année et l’entrée plus tôt ou plus tard que l’âge normal de ce cycle. Statistiques pour 157 pays et territoires. Source : EPT, Table 7. Chiffres valables pour la période 1999/00. • Espérance de vie à la naissance : le nombre moyen d’années restant à vivre au nou- veau-né si les taux actuels de mortalité par âge au moment de sa naissance devaient rester les mêmes tout au long de son existence. L’espérance de vie des hommes et des femmes à la naissance est distincte. Les statistiques pour 148 pays et territoires pro- viennent du Rapport mondial sur le développement humain 2003, Indicateur sexo- spécifique du développement humain. Valables pour l’année 2001. • Etudiants tertiaires : le nombre réel d’étudiants de l’enseignement supérieur. Les données de cet indicateur proviennent de l’Institut des statistiques de l’UNESCO et les chiffres fournis par la majorité des pays sont valables pour 2000/01. Tout en donnant le nombre total des étudiants, l’Institut en a extrait le nombre d’étudiantes pour chaque pays, ce qui permet d’ajouter au Baromètre un commentaire sur l’égalité des sexes dans l’enseignement supérieur. Même lorsque les données ne sont disponibles que pour 1999/2000 ou 1998/99, elles apportent davantage d’informations et les sta- tistiques sont plus significatives que celles apparaissant dans les éditions précédentes. Les 1ère et 2ème éditions du Baromètre exprimaient le nombre d’étudiants tertiaires par 100 000 habitants. Les deux indicateurs finaux suivants examinent les dépenses publiques en matière d’éducation dans chaque pays : • % du PIB afférant à l’éducation – le total des dépenses publiques en matière d’édu- cation, exprimé en pourcentage du produit intérieur brut. • % des dépenses du gouvernement afférantes à l’éducation – le total des dépenses

10 BAROMÈTRE DE L’IE SUR LES DROITS HUMAINS ET SYNDICAUX DANS LE SECTEUR DE L’ÉDUCATION - 2004 I NTRODUCTION

publiques en matière d’éducation, exprimé en pourcentage des dépenses totales de l’Etat. Les éditions précédentes du Baromètre citaient le produit national brut (PNB) en pour- centage alloué à l’éducation. L’édition actuelle cite le produit intérieur brut (PIB). Le PIB peut être défini comme étant la somme de la valeur brute ajoutée dans l’économie par tous les producteurs résidents, y compris le commerce de la distribution et les trans- ports, plus toute taxe sur les produits et moins tout subside n’étant pas inclus dans la valeur des produits. Le PIB diffère seulement dans le sens où il inclut les recettes nettes de l’étranger, un facteur qui n’a que peu ou pas d’influence sur les dépenses publiques consacrées à l’éducation. La source du Baromètre pour ces indicateurs est le Rapport mondial sur le développement humain 2003, qui préfère le terme PIB. Ces statistiques concourent à donner un “instantané” de la situation de l’éducation dans chaque pays. Autant que possible, les statistiques sont sexo-spécifiques. Pour avoir un tableau de la réalité, nous devons savoir qui est scolarisé et qui ne l’est pas. Les poli- tiques éducatives génériques qui ne traitent pas des besoins spécifiques de certains groupes d’enfants n’aideront pas à répondre à leurs besoins. Ceci est particulièrement vrai pour ceux qui, au sein de l’éducation ou de la société, sont actuellement margina- lisés ou exclus. Si nous n’identifions pas ceux qui ne sont pas à l’école, nous continue- rons de laisser des enfants sans droit à l’éducation. C’est la raison pour laquelle nous étudions l’égalité des sexes comme un sous-ensemble du système éducatif. Peu impor- te la situation dans laquelle ils se trouvent, la réalité est différente pour les garçons et les filles. Les enfants des immigrants et des réfugiés, les enfants autochtones, les enfants des minorités ethniques victimes de discrimination, les enfants à besoins spé- ciaux et les enfants travailleurs doivent être inclus dans le projet éducatif national. Des stratégies spéciales, telles que celles reconnues par le Cadre d’action de Dakar, doivent être développées pour les inclure dans l’éducation. La rubrique intitulée Système éducatif porte essentiellement sur les chances d’accès actuelles d’un enfant à l’éducation de base et à une éducation permanente. Nous exa- minons si les gouvernement nationaux ont pris le ferme engagement, ou en fait un quelconque engagement, pour améliorer leurs performances. Dans cette perspective, nous regardons au-delà des sommes dépensées. Nous cherchons les stratégies que les gouvernements développent pour améliorer la formation des enseignants. Une fois formés, les enseignants sont-ils nommés équitablement? Les gouvernements utilisent- ils toujours les postes ruraux comme mesure disciplinaire plutôt que de rendre le tra- vail en dehors des zones urbaines attirant? Les enseignants sont-ils rémunérés ponc- tuellement ou se présentent-ils toujours au travail malgré des mois d’arriérés de salai- re? Disposent-ils de classes de cours pour enseigner? Et de matériel didactique? Y a-t- il des toilettes pour les enfants et les enseignants? Et au-delà de l’enseignement de base, les études secondaires et supérieures sont-elles réservées à une élite minoritaire ou sont-elles disponibles pour tous les enfants qualifiés? Comment la formation tech-

BAROMÈTRE DE L’IE SUR LES DROITS HUMAINS ET SYNDICAUX DANS LE SECTEUR DE L’ÉDUCATION - 2004 11 nique et professionnelle s’inscrit-elle dans le système éducatif ? Nous estimons que ces renseignements apportent une meilleure compréhension des conditions dans chaque pays. Egalité des sexes "L’investissement dans l’éducation des filles est très payant. L’éducation permet d’augmenter la productivité (des femmes) de manière significative, contribuant ainsi au revenu du ménage et à la réduction de la pauvreté. Il accroît également le bien-être personnel et social. Quand les parents, notamment les mères, sont édu- qués, leurs enfants – garçons et filles – sont en meilleure santé, sont mieux nourris et sont plus susceptibles d’aller à l’école et d’y réussir. L’investissement dans l’édu- cation des filles aujourd’hui est l’un des meilleurs moyens de s’assurer que les géné- rations futures soient éduquées", souligne le Directeur du Rapport de suivi mondial Education Pour Tous. Les statistiques des éditions précédentes révèlent qu’il existe des disparités entre gar- çons et filles. La 3ème édition soulève la question spécifique de l’égalité des sexes. Nous observons que même lorsqu’il y a disparité ou discrimination, les filles en géné- ral réussissent envers et contre tout et, dans un nombre surprenant de pays, s’inscri- vent dans l’enseignement supérieur. Dans certains pays, la disparité des sexes en matière d’accès à l’éducation est considérable. Les facteurs tels que coutumes et cul- ture jouent un rôle important dans le fait que les filles ne jouissent pas de leur droit à une éducation. L’objectif de la parité des sexes d’ici 2005 apparaît irréalisable dans de trop nombreux pays et, à moins qu’un énorme effort soit déployé dans ce domai- ne, il sera irréalisable d’ici 2015 également. Nous observons qu’un certain nombre de gouvernements incitent réellement les filles à fréquenter l’école, mais les préjudices sociaux traditionnels limitent leur participation. Les attitudes sociales négatives nécessitent des stratégies différentes suivant la situation. Nous avons inclus le pour- centage des enseignantes dans les écoles primaires partout où cette information était disponible. Les données proviennent du Rapport de suivi mondial de l’Education Pour Tous 2003/4 qui déclare que "… le niveau le plus bas de la féminisation chez les enseignants du primaire se trouve dans les pays où les disparités entre les sexes sont les plus grandes". Le rôle des syndicats d’enseignants nationaux est d’aider à définir des stratégies pour résoudre ces problèmes. Les écoles ne fonctionnent pas dans le vide. Et les enseignants doivent faire preuve de vigilance et ne pas perpétuer les pratiques sociales discriminatoires au sein de leurs classes de cours. La violence domestique envers les femmes et les filles est un phénomène universel. Les classes et préaux d’écoles du monde entier doivent aider à changer les attitudes qui tolèrent et perpétuent les comportements violents. Les différences salariales entre hommes et femmes se retrouvent autant dans les pays développés que dans ceux en développement, bien que la constitution de nombreux

12 BAROMÈTRE DE L’IE SUR LES DROITS HUMAINS ET SYNDICAUX DANS LE SECTEUR DE L’ÉDUCATION - 2004 pays garantisse un salaire égal pour un travail de valeur égale. Le Baromètre révèle que dans la pratique très peu d’entre eux respectent la loi. Les femmes doivent toujours se battre pour progresser et le plafond de verre n’est pas près d’être fissuré et encore moins brisé. Les femmes occupent pourtant des positions aux niveaux du gouverne- ment, des cadres de direction et des décideurs, mais elles sont minoritaires. Ce n’est que lorsque nous ne remarquerons plus que les femmes ont atteint certains postes que nous aurons fait de véritables progrès. Tel est le contexte dans lequel nous cherchons à réa- liser l’égalité des sexes dans l’éducation. Liberté académique Qu’il y ait ou non atteinte ou restriction de la liberté académique peut être un élément indicateur du degré de liberté dont jouit un pays. C’est dans ce domaine que les rap- ports étudiés pour le Baromètre fournissent le moins d’information. De nombreuses publications et sites Internet expliquent en quoi consiste la liberté académique, à qui elle s’applique et comment la question des titularisations est liée à la liberté acadé- mique. Mais malgré la pénurie d’information en ce qui concerne chaque pays, plusieurs éléments doivent être approfondis. L’autocensure existe. Dans certains pays, les membres de faculté estiment que de parler ouvertement de sujets sensibles peut être interprété comme une critique du gouvernement ou de la politique institutionnelle et risque de menacer leur poste ou leurs possibilités d’avancement. Plusieurs pays appar- tiennent à cette catégorie et des cas précis sont cités. Un autre problème soulevé est celui des mouvement s radicaux d’étudiants qui sont parfois devenus si puissants (et dangereux) qu’ils peuvent entraîner la fermeture d’une université, menacer et parfois blesser gravement leurs pairs qui ne sont pas d’accord avec eux, et terrifier le corps enseignant. La question du financement de la recherche dans les institutions tertiaires a été abordée lors du 3ème Congrès de l'IE, mais les rapports sur les droits humains n’apportent que peu d’information sur le sujet qui est à peine mentionné comme un problème dans les principales sources publiées. Pour le personnel de l’enseignement supérieur, le fait que “celui qui paie commande” est source d’inquiétude car la liberté académique en est profondément affectée. La question nécessite un examen plus pous- sé et mérite de sortir du débat qui a lieu en milieu académique et d’être traité comme un problème d’intérêt général. Travail des enfants Le 3ème Congrès mondial de l’IE parle de l’élimination du travail des enfants en tant qu’‘engagement partagé’ avec la société. Il ne s’agit pas d’une question contre laquelle on peut simplement légiférer ou qui peut être éradiquée en recrutant de très nombreux ‘inspecteurs’. Dans certaines sociétés, l’acceptation du travail des enfants est souvent profondément ancrée. Les enfants sont des ‘proies faciles’. Ils sont vulnérables et exploi- tables de nombreuses manières. Mises à part les formes traditionnelles du travail des enfants, pour lesquelles les campagnes de sensibilisation ont été couronnées d’un cer-

BAROMÈTRE DE L’IE SUR LES DROITS HUMAINS ET SYNDICAUX DANS LE SECTEUR DE L’ÉDUCATION - 2004 13 tain succès, il est évident que le trafic d’enfants est par contre en nette augmentation, tout comme le nombre d’enfants abandonnés, exploités sexuellement ou victimes d’autres activités criminelles. Ces problèmes ne seront pas résolus par une seule réfor- me législative. Ils nécessitent un effort de société concerté national et international. Les frontières nationales n’offrent pas les barrières nécessaires pour empêcher le trafic d’êtres humains. Des efforts accrus doivent être déployés pour briser le silence qui pré- vaut dans un certain nombre de cultures où la maltraitance enfantine est acceptée, qu’il s’agisse d’exploitation enfantine ou que l’on ferme les yeux sur la vente et le tra- fic d’enfants à des fins de prostitution et de pornographie. L’exploitation sexuelle des enfants ne se retrouve pas seulement dans les pays économiquement faibles. On ne peut pas affirmer qu’elle découle uniquement de la pauvreté. Les pays industrialisés connaissent également le problème. Les enfants victimes de trafic sont de plus en plus vulnérables à la propagation du VIH/SIDA. Nous devenons complices si nous n’en par- lons pas et si nous n’agissons pas.

Droits syndicaux Comme cela a été le cas dans les éditions précédentes, le Baromètre donne un aperçu des lois et règlements gouvernant les droits syndicaux et de l’attitude des gouverne- ments et employeurs dans la mise en œuvre de ces droits. Autant que possible, l’accent a été mis sur les droits dont jouit la profession enseignante. Le Baromètre rend comp- te également des violations des droits syndicaux. Les abus sont souvent traités par l’Organisation internationale du travail (OIT), ou alors la Confédération internationale des syndicats libres les souligne dans son rapport annuel. A d’autres occasions, les membres de l'IE ont transmis des informations sur les violations de leurs droits. Quelquefois nous indiquons aussi les changements de législation qui renforcent les droits syndicaux dans certains pays. Malheureusement, nous devons également faire état des gouvernements qui contournent les conventions collectives et tentent de trouver des moyens pour éviter d’accorder au personnel de l’éducation le droit de négocier collectivement. Quand les rapports entre syndicats et gouvernements sont bons, il est gratifiant de noter que les syndicats d’enseignants peuvent utiliser leur temps et leur énergie pour améliorer l’éducation, non seulement au niveau national, mais en aidant leurs collègues dans les pays où les droits syndicaux sont bafoués. La liste des Conventions de l’OIT ratifiées reprend celles de la Déclaration relative aux prin- cipes et droits fondamentaux au travail, adoptée par l’OIT en 1998, ainsi qu’une autre qui ne fait pas partie de la Déclaration mais qui est importante aux yeux de l’IE et de ses membres. Il s’agit de la Convention 169 qui traite des droits des peuples indigènes et tribaux et qui a été adoptée en 1989. Si l’on attend des personnels de l’éducation qu’ils enseignent les droits humains et défendent le droit à l’éducation pour tous - et ils doivent le faire - alors leurs droits fondamentaux doivent aussi être respectés. Nous sommes encore loin du but.

14 BAROMÈTRE DE L’IE SUR LES DROITS HUMAINS ET SYNDICAUX DANS LE SECTEUR DE L’ÉDUCATION - 2004 AFGHANISTAN Etat islamique d’Afghanistan • Population: 27.755.755

Population <15: % du PNB afférent à l’enseignement: Analphabétisme: Espérance de vie à la naissance: Taux de scolarisation brut, pré-primaire: Espérance de scolarité (années): Taux de scolarisation brut, primaire: % d’élèves ayant atteint la 5ème année du primaire en 2000: Taux de scolarisation brut, secondaire: Nbre d’étudiants de l’enseignement supérieur par 100.000 habitants: Nbre d’élèves du primaire par enseignant: % des dépenses du gouvernement afférentes à l’enseignement:

On estime que le taux d'espérance de vie se situe entre 43 et 46 ans pour les hommes, et entre 44 et 45 ans pour les femmes. Près de 45% de la population est composée d'enfants âgés de moins de 15 ans. Médecins sans frontières a déclaré en 2000 que 250.000 enfants mouraient chaque année de malnutrition. Selon toute vraisemblance, ces chiffres ont augmenté du fait de l'intensification des combats et des déplacements massifs. Une étude de l'UNICEF révèle que la plupart des enfants, gravement trauma- tisés, mourront probablement avant d'avoir atteint l'âge adulte. 70% des enfants ont été témoins d'actes de violence, y compris du meurtre de leurs parents ou d'autres mem- bres de la famille. Femmes et enfants représentent 75% de la population réfugiée. Parmi les deux millions de réfugiés qui sont retournés en Afghanistan en 2002, certains ont pris cette décision de leur propre initiative. L'Iran et le Pakistan voisins en ont rapatrié d'autres de force, mais la majorité est aidée par le Haut Commissariat des Nations Unies pour les réfugiés (HCR). Selon des estimations de l'agence des Nations Unies, il reste plus de 3 millions de réfugiés afghans dans les pays voisins. Il y a environ 700.000 per- sonnes déplacées à l'intérieur de leur propre pays. La plupart des réfugiés qui sont revenues au pays ainsi que les personnes déplacées s'installent en zones urbaines. Cela accroît la pression sur les infrastructures urbaines déjà surchargées - plus particulièrement sur l'éducation et la santé. Ratification des Conventions du BIT: 29 87 98 100 105 111 138 169 182

SYSTEME EDUCATIF: Dans tout le pays, des centaines d’écoles ont été ouvertes (ou rouvertes) en mars 2002 pour accueillir 3 millions d’enfants. Les filles ont pu retourner à l’école et l’ont fait en grand nombres. Les organisations mem- bres de l’IE, particulièrement le JTU (Japon), ont fourni du matériel à des milliers d’enfants afin de faciliter leur retour à l’école. L’IE et ses affiliés ont également aidé les enseignants à s’organiser. Des discussions ont été menées en vue de décider quel programme appliquer dans les écoles. De nombreux programmes étaient utilisés, dont certains étaient anté- rieurs à l’occupation russe.

EGALITES DES SEXES: Près de 85% des femmes sont analphabètes et, en zones rurales, le taux d’analphabétis- me atteint presque les 100%. Depuis la chute des Talibans, le statut des femmes s’est quelque peu amélioré, en particu- lier dans le domaine de l’éducation. La discrimination envers les femmes varie d’une province à l’autre et d’une ville à l’autre. L’éducation des filles et l’accès des femmes à l’emploi dépendent des dirigeants locaux et de l’attitude des hom- mes vis-à-vis des droits des femmes. La province de Herat, par exemple, a déclaré que 97.906 filles étaient inscrites à l’é- cole en 2002 et que la sécurité n’était pas considérée comme un problème. En revanche, une école de filles dans le nord du pays a été incendiée, une petite bombe a explosé dans une école primaire mixte à Kandahar et des tracts ont été dis- tribués exhortant les habitants à ne pas coopérer avec les étrangers. Dans la province du Wardak, des missiles ont grave- ment endommagé une école et un message laissé près de l’école dénonçait l’influence des étrangers sur les femmes et les enfants. Les femmes fonctionnaires et les enseignants ont pu retourner travailler dans certaines régions du pays. Les orga- nisations internationales ainsi que les ONG emploient des Afghanes.

LIBERTE ACADEMIQUE: Aucun rapport n’indique une restriction de la liberté académique de la part du gou- vernement.

TRAVAIL DES ENFANTS: Des représentants officiels de l’Alliance Nord déclarent publiquement que leurs soldats doivent au moins avoir 18 ans. Toutefois, selon des sources de la presse, on engage des soldats préadolescents dans les forces de l’Alliance Nord. Si l’on se réfère à la législation du travail, les enfants âgés de moins de moins de 15 ans ne peu- vent pas travailler plus de 30 heures par semaine. Néanmoins, rien ne démontre que les autorités font respecter, où que AFGHANISTAN

16 BAROMÈTRE DE L’IE SUR LES DROITS HUMAINS ET SYNDICAUX DANS LE SECTEUR DE L’ÉDUCATION - 2004 AFGHANISTAN

ce soit dans le pays, les lois relatives au travail des enfants. Les enfants travaillent souvent à partir de l’âge de 6 ans afin d’aider leur famille, dans les zones rurales en gardant les animaux, et dans les villes en ramassant du papier et du bois, en cirant les chaussures, en mendiant ou en récoltant du métal parmi les détritus dans les rues. Au travers de certaines de ces activités, les enfants s’exposent au danger des mines. Des preuves anecdotiques démontrent qu’il existe un trafic de jeunes filles afghanes vers le Pakistan, l’Iran et les pays du Golfe. On signale que certaines filles sont séquestrées dans des maisons closes où se rendent les Afghans. Personne ne sait où se trouvent de nombreuses jeunes filles - certaines d’en- tre elles ayant à peine 10 ans - qui auraient, dit-on, été kidnappées et qui seraient victimes du trafic des Talibans.

DROITS SYNDICAUX: La reprise des dispositions de la constitution de 1964, ainsi qu’un ensemble de lois du tra- vail datant de périodes antérieures, assurent une certaine protection aux travailleurs. Les droits du travail ne sont pas définis au-delà du ministère du Travail et, dans un contexte de faillite de l’autorité gouvernementale, il n’existe aucune autorité centrale qui puisse les faire appliquer. Les seuls grands employeurs restés à Kaboul sont les structures gouverne- mentales des ministères qui fonctionnement en service minimum et les ONG locales et internationales. La législation actuelle n’est pas parfaitement conforme aux droits des travailleurs reconnus au niveau international qui leur permet- tent de fonder des syndicats libres. Une tradition de réelle négociation entre travailleurs et employeurs fait défaut dans le pays. On ne connaît pas l’existence d’un tribunal du travail ou d’autres mécanismes visant à résoudre les conflits du tra- vail. Les salaires sont fixés par le marché ou, dans le cas des employés du gouvernement, imposés par le gouvernement. Les enseignants ont été un des premiers groupes à se réorganiser en Afghanistan et la nouvelle Association prête assis- tance aux enseignants en leur proposant des formations.

Organisation membre de l’IE / Nombre de membres: Teachers' Support Association [ATSA] / 1.000 AFGHANISTAN

BAROMÈTRE DE L’IE SUR LES DROITS HUMAINS ET SYNDICAUX DANS LE SECTEUR DE L’ÉDUCATION - 2004 17 AFRIQUE DU SUD République d’Afrique du Sud • Population: 43.647.658

Population <15: 33,6% % du PNB afférent à l’enseignement: 5,5% Analphabétisme: 14,4% Espérance de vie à la naissance: 45,43 Taux de scolarisation brut, pré-primaire: Espérance de scolarité (années): Taux de scolarisation brut, primaire: % d’élèves ayant atteint la 5ème année du primaire en 2000: Taux de scolarisation brut, secondaire: Nbre d’étudiants de l’enseignement supérieur par 100.000 habitants: 644.763 Nbre d’élèves du primaire par enseignant: % des dépenses du gouvernement afférentes à l’enseignement: 25,8%

Ratification des Conventions du BIT: 29 87 98 100 105 111 138 169 182

SYSTEME EDUCATIF: L’organisation affiliée à l’IE, SADTU, a estimé qu’en 2003, il y avait 13 millions d’adultes illettrés en Afrique du Sud. L’enseignement est obligatoire de l’âge de 7 à 15 ans et l’admission dans les écoles publiques ne peut leur être refusée en raison de la pauvreté. Une formule de subvention des écoles consacre 60% des ressources aut- res que les frais de personnel aux établissements les plus nécessiteux. La politique gouvernementale comprend la créa- tion de nouvelles écoles, des repas scolaires pour les enfants issus de milieux défavorisés et l’introduction dans le cursus scolaire de programmes de développement des compétences élémentaires, ainsi que des stages de formation profession- nelle. Selon les sources du Département de l’Education, près de 90% des enfants en âge scolaire sont inscrits à l’école. La SADTU estime à 1,6 million le nombre d’enfants en âge scolaire qui ne sont pas scolarisés. Chacun des départements de l’Education dans les 9 provinces est responsable des écoles situées dans sa province. Ceci se traduit par une distribution inégale des infrastructures éducatives. La qualité de l’enseignement primaire varie également, particulièrement dans les zones rurales. SADTU indiquait en 2002 que 45% des écoles de tout le pays n’avaient pas l’électricité, que 34% n’avaient pas le téléphone, que 27% ne disposaient pas d’eau potable et que 21 000 écoles disposaient d’installations sanitaires inadéquates ou n’en avaient pas du tout. La population estudiantine des campus universitaires est quant à elle de plus en plus représentative de la population générale et les universités jadis exclusivement réservées aux étudiants blancs ten- tent désormais de recruter des étudiants issus de communautés défavorisées.

EGALITES DES SEXES: Les statistiques de 2001 rapportent que 50,3% de la totalité des élèves des écoles publiques et privées sont des filles et que les jeunes filles représentent 55% de la population estudiantine. En dépit de ces chiffres, les filles abandonnent plus souvent l’école que les garçons aux niveaux primaire et secondaire. Amnesty International (AI) et Human Rights Watch (HRW) ont tous deux identifié une raison sérieuse contribuant à l’abandon scolaire pré- maturé des filles. En 2001, HRW a publié un rapport intitulé «Peur à l’école, violences sexuelles contre les filles dans les écoles d’Afrique du Sud». Le rapport traite de questions de viol, d’abus sexuels, de harcèlement sexuel et des agressions que subissent les filles à l’école. Il s’agit là d’un grave problème qui implique des enseignants, des étudiants de sexe mas- culin et d’autres personnes de la communauté scolaire. L’une des conséquences de ces crimes est que les victimes quit- tent souvent l’école temporairement, changent d’école ou abandonnent tout simplement leur scolarité et que les victi- mes potentielles qui restent à l’école ont tendance à être stressées et leurs études en sont souvent affectées. En juillet 2002, le département de l’Education a demandé aux écoles d’installer des lignes téléphoniques en liaison directe avec la poli- ce, ouvertes 24 heures sur 24, et a recommandé que soient créés des centres de traumatologie partout où cela était pos- sible. Les directives visent à traiter tous les aspects de la violence dans les écoles. SADTU a développé un code éthique sti- pulant clairement que les enseignants et autres employés de l’éducation ne doivent pas avoir de relations sexuelles avec les étudiants. AFRIQUE DU SUD

18 BAROMÈTRE DE L’IE SUR LES DROITS HUMAINS ET SYNDICAUX DANS LE SECTEUR DE L’ÉDUCATION - 2004 AFRIQUE DU SUD

LIBERTE ACADEMIQUE: Le gouvernement n’impose pas de restrictions à la liberté académique.

TRAVAIL DES ENFANTS: La loi interdit l’embauche de mineurs de moins de 15 ans et le fait d’employer qui- conque âgé de moins de 18 ans constitue un délit si le travail comporte des risques quant au bien-être, à l’éducation, à la santé mentale ou physique ou à la moralité de l’individu. Une ONG nationale a estimé que 200 000 enfants, dont cer- tains à peine âgés de 5 ans, travaillaient dans les régions rurales, spécialement dans l’agriculture. Le VIH/SIDA touche principalement la population adulte avec un taux de 20%. Le gouvernement est incapable de faire face efficacement à l’augmentation du nombre des enfants affectés par le VIH/SIDA, soit qu’ils l’aient contracté eux-mêmes, soit qu’ils soient devenus orphelins. La prostitution infantile, y compris la prostitution forcée, continue d’augmenter, notamment dans les principales zones urbaines. L’exploitation sexuelle des enfants est organisée et est le fait de bandes de criminels. L’augmentation de la prostitution infantile est due en partie à la persistance du mythe selon lequel les relations sexuel- les avec une fille vierge peuvent guérir du VIH/SIDA. L’ONUSIDA évalue à 600 000 le nombre d’enfants âgés de moins de 15 ans, orphelins atteints du SIDA à la fin de l’année 2001. SADTU dispose d’un programme d’éducation sur le VIH/SIDA à l’intention des enseignants.

DROITS SYNDICAUX: La Loi sur les relations du travail (LRA) reconnaît les principaux droits syndicaux et s’ap- plique tant au secteur public qu’au secteur privé. Elle reconnaît aux travailleurs le droit de former des syndicats et les protège des licenciements abusifs. Le droit de grève est également reconnu et la LRA garantit les droits à la négociation collective et d’organisation. Des amendements apportés à la LRA en 2002 renforcent les structures de négociation col- lective avec les petites entreprises. Les contrats et conventions collectives restent contraignants pour le nouvel employeur lorsqu’une société est transférée.

Organisation membre de l’IE / Nombre de membres: South African Democratic Teachers' Union [SADTU] / 167.655 AFRIQUE DU SUD

BAROMÈTRE DE L’IE SUR LES DROITS HUMAINS ET SYNDICAUX DANS LE SECTEUR DE L’ÉDUCATION - 2004 19 ALBANIE République d’Albanie • Population: 3.544.841

Population <15: 29% % du PNB afférent à l’enseignement: 312% Analphabétisme: 12% Espérance de vie à la naissance: m: 69,27 - f: 75,14 Taux de scolarisation brut, pré-primaire: Espérance de scolarité (années): 10 Taux de scolarisation brut, primaire: 98% % d’élèves ayant atteint la 5ème année du primaire en 2000: Taux de scolarisation brut, secondaire: Nbre d’étudiants de l’enseignement supérieur par 100.000 habitants: 43.600 Nbre d’élèves du primaire par enseignant: % des dépenses du gouvernement afférentes à l’enseignement: 123%

Ratification des Conventions du BIT: 29 87 98 100 105 111 138 169 182

SYSTEME EDUCATIF: L’enseignement est gratuit et obligatoire pour tous les enfants de 7 ans à 15 ans. Les indi- cateurs en matière d’instruction montrent que le taux de participation des élèves à l’enseignement primaire a diminué au cours des années 1990, qui correspondent à la période de transition du gouvernement communiste à une démocra- tie multipartite. Les projets adoptés par le gouvernement afin de réformer le système éducatif ont été durement touchés par une série de crises économiques et sociales. En règle générale, de nombreux enfants quittent l’école plus tôt que prévu par la loi pour travailler avec leur famille, surtout dans les zones rurales. Le manque de documents en règle, lié à d’im- portants problèmes internes de migration, a privé bon nombre d’enfants du droit à l’instruction. En novembre 2002, un document national d’identification standard a été promulgué afin d’essayer de résoudre ce problème. La région du nord- est est particulièrement connue pour ses « vengeances familiales «. Plusieurs milliers d’enfants ont dû abandonner l’en- seignement parce que leur famille était impliquée dans des querelles qui mettaient leur sécurité en danger. Les écoles d’Etat sont des écoles laïques et la loi interdit aux étudiantes musulmanes le port du foulard dans les écoles publiques. Des écoles primaires publiques en langue grecque sont présentes dans le sud du pays où la population ethnique grecque est importante. Des cours sont également fournis en macédonien pour les Macédoniens. Ces deux minorités prétendent que leurs besoins éducatifs sont loin d’être satisfaisants. Les étudiants albanais qualifiés d’origine monténégrine ont le droit de recevoir une bourse de la part du gouvernement monténégrin afin d’étudier au Monténégro. Les Tziganes ne sont pas considérés comme une minorité nationale et les enfants tziganes ne suivent donc pas d’enseignement dans leur langue maternelle, ce qui entraîne un taux d’analphabétisme élevé au sein de cette communauté.

EGALITES DES SEXES: Selon un rapport publié par l’association Save the Children, près de 90% des étudiantes abandonnent l’école au niveau secondaire dans certaines régions rurales, surtout dans le nord-est du pays. Par contre, le nombre des filles ayant accès à l’enseignement dans les villes et les régions du sud du pays est identique à celui des garçons, même en ce qui concerne l’enseignement supérieur. Cependant, les femmes ne disposent pas d’une égalité des chances identique au niveau de leurs carrières professionnelles. Il est courant que les femmes bien éduquées soient sous- employées ou qu’elles travaillent dans un domaine éloigné de leur formation ; un nombre croissant de femmes ouvrent des magasins ou de petites entreprises. De nombreuses femmes instruites émigrent vers la Grèce ou l’Italie pour trouver du travail. Certains hommes, notamment dans la partie reculée du nord-est du pays, continuent à suivre le Kanun, un code traditionnel où les femmes sont considérées et traitées comme un bien.

LIBERTE ACADEMIQUE: Aucun rapport ne fait mention d’une restriction de la liberté académique de la part du gouvernement en 2002-2003. ALBANIE

20 BAROMÈTRE DE L’IE SUR LES DROITS HUMAINS ET SYNDICAUX DANS LE SECTEUR DE L’ÉDUCATION - 2004 ALBANIE

TRAVAIL DES ENFANTS: Le Code du travail stipule que l’âge minimum d’embauche est fixé à 16 ans et limite l’importance et le type de travail pouvant être accompli par les jeunes de moins de 18 ans, exception faite pour les enfants de 14 à 16 ans qui peuvent accomplir de légers travaux à temps partiel pendant les vacances d’été. Dans les campagnes, de nombreux enfants ne vont plus à l’école, au mépris du Code, pour aider leur famille aux travaux de la ferme. L’Albanie est frappée par des activités criminelles organisées et semi-organisées. Les gangsters albanais sont impliqués dans les pires formes du travail des enfants et ont des relations avec des organisations criminelles internationales. Le trafic des jeunes filles à des fins de prostitution forcée est un problème considérable. Dans certains cas, les réseaux criminels enlè- vent les enfants à leur famille ou à des orphelinats pour les vendre à la prostitution ou à des réseaux de pédophiles à l’é- tranger. Les femmes et les jeunes filles qui parviennent à s’échapper sont confrontées à de strictes notions d’honneur familial et il est extrêmement difficile pour elles de réintégrer leur communauté. Dans les zones urbaines, beaucoup d’enfants travaillent comme vendeurs de rue. Les enfants tziganes sont souvent réduits à la mendicité. Qu’il s’agisse de vendeurs de rue ou de mendiants, ces deux groupes sont sous le contrôle des gangs criminels. Les ONG déclarent que les inspecteurs chargés d’enquêter sur les plaintes relatives au travail des enfants, n’infligent aucune sanction ou condam- nation aux personnes qui violent les lois en matière de travail des enfants. Un comité gouvernemental a été créé en 2000, en partenariat avec les ONG, afin d’étudier les droits de l’enfant en Albanie et de recommander des stratégies d’amélio- ration. Le comité transmet un rapport à la Convention des Nations Unies relative aux droits de l’enfant à Genève.

DROITS SYNDICAUX: Les travailleurs ont le droit de former des syndicats indépendants et ce droit est générale- ment exercé. Dans la plupart des domaines, les travailleurs bénéficient du droit constitutionnel d’organiser et de prend- re part à des négociations collectives. Le Code du travail prévoit des procédures pour la protection de tels droits par le biais des contrats de négociation collective. Cependant, la position des syndicats reste faible en raison du taux de chômage élevé dans ce pays. En règle générale, les syndicats qui représentent les employés du secteur public négocient directement avec le gouvernement. La loi interdit les grèves d’ordre politique ou considérées par les tribunaux comme étant d’ordre politique.

Organisations membres de l’IE / Nombre de membres: Trade Union Federation of Education and Science of Albania [FSASH] / 8.560 Independent Trade Union of Education of Albania [SPASh ITUEA] / 22.500 ALBANIE

BAROMÈTRE DE L’IE SUR LES DROITS HUMAINS ET SYNDICAUX DANS LE SECTEUR DE L’ÉDUCATION - 2004 21 ALGERIE République démocratique et populaire d’Algérie • Population: 32.277.942

Population <15: 34,3% % du PNB afférent à l’enseignement: Analphabétisme: 32,2% Espérance de vie à la naissance: m: 67,7 - f: 70,7 Taux de scolarisation brut, pré-primaire: 2,8% Espérance de scolarité (années): 12 Taux de scolarisation brut, primaire: 98% % d’élèves ayant atteint la 5ème année du primaire en 2000: 97% Taux de scolarisation brut, secondaire: m: 64,7 - f: 69,2% Nbre d’étudiants de l’enseignement supérieur par 100.000 habitants: 456.358 Nbre d’élèves du primaire par enseignant: 28 % des dépenses du gouvernement afférentes à l’enseignement:

Ratification des Conventions du BIT: 29 87 98 100 105 111 138 169 182

SYSTEME EDUCATIF: L’enseignement primaire en arabe est gratuit et obligatoire depuis 1975 pour les enfants âgés de 6 à 15 ans ; l’enseignement secondaire et la formation universitaire sont gratuits. Plus de 85% des enfants ont terminé leur scolarité obligatoire en 2002. L’islam est la religion d’Etat et son étude constitue une exigence stricte dans les écoles publiques, toutes assujetties à la réglementation des départements gouvernementaux. La seconde édition du Baromètre de l’IE citait une déclaration présidentielle de 1999 selon laquelle le tamazight ne serait jamais reconnu offi- ciellement. Mais en avril 2002 le Président a reconnu cette langue berbère parlée par 25% de la population comme étant une langue nationale et depuis fin juillet 2003 le tamazight est inclus dans le système éducatif. Le pays compte plus de 41 universités et institutions universitaires. Seule l’Université d’Alger a été fondée avant l’indépendance. Il existe un cer- tain nombre d’institutions officielles qui assurent des formations techniques, agricoles ou professionnelles spécialisées, ainsi que la formation des enseignants. En avril 2002 une grève des étudiants à Alger a paralysé deux universités pen- dant quatre jours. Les étudiants manifestaient contre l’arrestation de plus de 500 personnes en Kabylie, à l’époque de la commémoration de la mort en détention d’un étudiant berbère de 19 ans. Au cours des manifestations qui ont suivi la mort de l’étudiant, 45 manifestants ont péri et près de 500 ont été blessés lors des confrontations avec les forces de l’or- dre. Bien que la faction armée se soit dissoute en janvier 2000, certains des actes terroristes continuent de se produire, frappant des civils. L’IE a lancé un AAU pour offrir une assistance humanitaire à l’organisation affiliée SATEF, suite au violent tremblement de terre qui a secoué la région près d’Alger le 22 mai 2003.

EGALITES DES SEXES: Excepté dans certaines régions rurales isolées, les statistiques indiquent qu’il existe aujourd’hui peu d’inégalité dans la fréquentation scolaire entre garçons et filles. L’analphabétisme adulte féminin a diminué au cours des années 90, passant de 59% à 43%. Le taux de scolarisation brut des filles dans le secondaire dépas- se maintenant celui des garçons. Depuis 2002, les femmes représentent plus de la moitié de la population universitaire. Les femmes diplômées font carrière dans la médecine, l’enseignement et le droit. Elles constituent environ 25% des juges du pays.

LIBERTE ACADEMIQUE: Le gouvernement a restreint la liberté académique pendant les années de troubles civils entre 1992 et 2000, faisant tout particulièrement preuve de méfiance dans les matières religieuses, politiques et écono- miques. Les séminaires académiques, conférences et cours universitaires risquent beaucoup moins l’ingérence du gou- vernement.

TRAVAIL DES ENFANTS: L’âge minimum d’embauche est fixé à 16 ans. Les inspecteurs du ministère du Travail font respecter cet âge minimum en effectuant des visites de contrôle périodiques ou à l’improviste dans les entreprises du secteur public. Par contre, ils ne parviennent pas à faire appliquer la loi de manière efficace dans le secteur privé et dans ALGERIE

22 BAROMÈTRE DE L’IE SUR LES DROITS HUMAINS ET SYNDICAUX DANS LE SECTEUR DE L’ÉDUCATION - 2004 ALGERIE

l’agriculture. La situation économique difficile oblige bon nombre d’enfants à recourir à des emplois clandestins et de marchands ambulants, par exemple.

DROITS SYNDICAUX: Les travailleurs doivent obtenir l’approbation du gouvernement avant de pouvoir de créer le syndicat de leur choix. La législation prévoit le principe de négociation collective pour tous les syndicats et le gouver- nement laisse ce droit s’exercer. Sous l’état d’urgence, toujours en vigueur en 2003, le gouvernement a les pleins pou- voirs pour exiger des travailleurs, tant du secteur public que privé, qu’ils restent à leur poste en cas de grève illégale ou non autorisée. Il peut ordonner la fermeture temporaire des lieux publics et interdire les manifestations susceptibles de ‘troubler la paix et l’ordre public.’ Le droit de grève est restreint par de longues procédures préliminaires prévoyant notamment 14 jours de conciliation, de médiation ou d’arbitrage obligatoires. Si aucun accord ne se dégage de cet arbi- trage, les travailleurs peuvent se mettre en grève après en avoir décidé par vote à bulletin secret. Le syndicat révèle que certains membres continuent d’être harcelés et persécutés. Sanctions, menaces et licenciements sont toujours utilisés, de même que l’obstruction à la création d’un syndicat. Le taux de chômage est d’environ 30%, mais près de 70% de la popu- lation de moins de 30 ans ne trouve pas d’emploi. Au cours de 2002, une grève nationale de trois mois pour une haus- se des salaires des professeurs d’université a été résolue en septembre. Mais une autre grève, initiée par le Conseil natio- nal autonome des professeurs de l’enseignement secondaire et technique (CNAPEST) puis soutenue par la Fédération des travailleurs de l’éducation (FNTE), n’avait toujours pas été résolue à la fin de l’année. L’affilié de l’IE, le SATEF, est reconnu par le ministère de l’Education comme un organe de consultation et de négociation. Il a été créé en Kabylie et a étendu ses activités syndicales à d’autres régions d’Algérie. En 2001, le troisième Congrès national du SATEF a été inter- rompu sur ordre du gouverneur provincial d’Alger, la raison évoquée étant que de telles réunions ne peuvent être tenues dans l’enceinte d’institutions éducatives. A la demande du SATEF, l’IE a apporté son soutien à des séminaires de forma- tion de dirigeants syndicaux. Les autorités continuent de désapprouver ce genre d’activité de la part de syndicats auto- nomes.

Organisation membre de l’IE / Nombre de membres: Syndicat Autonome des Travailleurs de l'Education et de la Formation [SATEF] / 23.040 ALGERIE

BAROMÈTRE DE L’IE SUR LES DROITS HUMAINS ET SYNDICAUX DANS LE SECTEUR DE L’ÉDUCATION - 2004 23 ALLEMAGNE République fédérale d’Allemagne • Population: 83.251.851

Population <15: 15,7% % du PNB afférent à l’enseignement: 4,6% Analphabétisme: 1% Espérance de vie à la naissance: m: 74 - f: 80,5 Taux de scolarisation brut, pré-primaire: 89% Espérance de scolarité (années): 15,9 Taux de scolarisation brut, primaire: 87% % d’élèves ayant atteint la 5ème année du primaire en 2000: Taux de scolarisation brut, secondaire: 104% Nbre d’étudiants de l’enseignement supérieur par 100.000 habitants: 2.087.044 Nbre d’élèves du primaire par enseignant: 17 % des dépenses du gouvernement afférentes à l’enseignement: 9,7%

Ratification des Conventions du BIT: 29 87 98 100 105 111 138 169 182

SYSTEME EDUCATIF: L’instruction publique est gratuite jusqu’au niveau universitaire et est obligatoire de 6 à 16 ans. Une aide financière et d’autres formes de soutien sont prévues pour les familles défavorisées. L’éducation est du res- sort des 15 Etats (Länder) mais une commission fédérale permanente est chargée de veiller à l’harmonisation nationa- le des programmes. L’éducation de la petite enfance s’inscrit dans le concept du jardin d’enfants et peut commencer à l’âge de trois ans. Au terme des quatre années d’école primaire (Grundschule), les élèves passent des tests approfondis dont les résultats déterminent en grande partie leur orientation ultérieure. Près de la moitié des élèves fréquentent une Hauptschule (collège) pendant cinq ans, après quoi ils suivent un programme de formation professionnelle d’une durée de trois ans qui prévoit des stages en entreprise. Certains élèves issus de la Realschule (établissement secondaire moder- ne) accèdent à une école d’enseignement supérieur professionnel (Fachschule) qui les prépare généralement à une car- rière de cadres moyens et de fonctionnaires. Les étudiants désirant aller à l’université fréquentent le Gymnasium (école d’enseignement secondaire). Après un programme de neuf ans, ils passent l’Abitur (baccalauréat). Même si cette struc- ture d’enseignement n’a pas disparu, sa rigidité absolue s’est assouplie dans les années 1970. Un nombre croissant d’é- coles offre les trois programmes. Les minorités danoise, frisonne et serbe peuvent bénéficier de programmes éducatifs dans leur langue maternelle. La République tient également compte des besoins éducatifs des enfants de l’importante population immigrée dont les parents et les grands-parents sont venus travailler en Allemagne occuper des emplois dont les citoyens allemands ne voulaient pas. En 2004, principalement du fait de l’immigration turque, l’islam est devenue la troisième religion du pays. En 2002, le tribunal administratif du Bade-Wurtemberg et le tribunal administratif fédé- ral ont interdit aux enseignantes musulmanes le port du foulard (hijab) en classe. Les élèves musulmans peuvent por- ter le hijab. La plupart des écoles publiques proposent un enseignement religieux catholique ou protestant, ainsi qu’un enseignement judaïque si suffisamment d’élèves sont intéressés. Les élèves qui ne veulent pas suivre d’instruction reli- gieuse peuvent suivre des cours d’éthique non religieuse. La question de l’enseignement musulman dans les écoles publiques demeure très controversée. La Fédération musulmane, désormais habilitée à décerner des diplômes en tant que communauté religieuse, devrait obtenir la possibilité de dispenser des cours d’instruction religieuse dans les écoles ber- linoises. Le gouvernement reconnaît les Sinti et les Rom comme «minorité nationale», mais les ministères de l’Intérieur tant au niveau fédéral qu’au niveau des Etats renâclent à inclure le roumain parmi les langues protégées selon les sta- tuts applicables au sein de l’UE. La Loi fondamentale interdit la discrimination à l’encontre des personnes handicapées. Il existe environ 860 établissements de formation continue pour adultes, dont les Volkshochschulen (universités popu- laires), et des institutions qui proposent des cours extra-muros. Quelque 5,2 millions d’adultes s’y inscrivent chaque année. Environ 44% des diplômés de l’école secondaire poursuivent leurs études dans un établissement d’enseignement supérieur. Les universités étant plus accessibles depuis quelques années, les ressources des universités allemandes ont été mises à rude épreuve et les salles de conférence et les bibliothèques sont surpeuplées. La République fédérale a réagi en

ALLEMAGNE créant de nouvelles universités et en élevant d’autres instituts au rang d’université. En 2000, l’Allemagne comptait envi-

24 BAROMÈTRE DE L’IE SUR LES DROITS HUMAINS ET SYNDICAUX DANS LE SECTEUR DE L’ÉDUCATION - 2004 ALLEMAGNE

ron 100 universités et 200 institutions de statut équivalent. Il faut généralement compter une moyenne de sept ans pour obtenir un diplôme. Une nouvelle législation a introduit des licences et des maîtrises de plus courte durée.

EGALITES DES SEXES: Garçons et filles jouissent de l’égalité d’accès aux écoles primaires et secondaires. Toutefois, les garçons ont plus de chance d’obtenir un diplôme universitaire. La loi reconnaît aux femmes le droit de par- ticiper pleinement à la vie politique du pays et en 2002, 7 des 15 postes au sein du Conseil des ministres fédéral étaient occupés par des femmes. Les campagnes du gouvernement «Les femmes et l’activité» défendent l’égalité entre hommes et femmes dans le monde du travail. Augmenter les formations professionnelles pour les femmes, élargir leur représen- tation dans les conseils consultatifs politiques et favoriser l’accès des femmes aux postes de chefs d’entreprise, tels sont les objectifs des projets régionaux s’adressant aux femmes. Le gouvernement a également adopté une initiative à long terme visant à augmenter le nombre de femmes et de jeunes filles qui suivent une formation aux nouvelles technologies et à la communication. La loi prévoit un salaire égal pour un travail de valeur égale mais, dans la pratique, de nomb- reux employeurs rangent les postes occupés par les femmes dans une catégorie différente de celle des hommes, créant ainsi des inégalités de salaire. Certains contrats correspondent à des catégories d’emploi pour lesquels les salariés sont payés moins de 100% du salaire d’un ouvrier qualifié couvert par le même contrat. Les femmes sont représentées de manière disproportionnée dans ces emplois à faible niveau de rémunération.

LIBERTE ACADEMIQUE: Aucun rapport ne fait état d’une restriction de la liberté académique de la part du gou- vernement.

TRAVAIL DES ENFANTS: La loi interdit généralement le travail des enfants de moins de 15 ans, à quelques exceptions près. Les jeunes âgés de 13 et 14 ans peuvent exécuter des travaux agricoles jusqu’à trois heures par jour, ou livrer des journaux jusqu’à deux heures par jour ; ils peuvent également fournir des prestations culturelles dans certai- nes conditions bien définies. Le code pénal prévoit des peines sévères en cas de possession et de distribution de documents pornographiques impliquant des enfants. L’abus sexuel d’enfants par des citoyens allemands à l’étranger est punissable, même si cet acte n’est pas illégal dans le pays où ont eu lieu les abus. Il existe un grave problème de trafic de jeunes filles mineures à des fins de prostitution forcée. Un ministère fédéral dirige un Groupe de travail inter-agences afin de lutter contre cette activité criminelle et permettre la réhabilitation des victimes.

DROITS SYNDICAUX: Les employés de la fonction publique ayant statut de fonctionnaire (y compris la plupart des enseignants) ne peuvent se mettre en grève, quelle que soit la fonction qu’ils exercent et le secteur auquel ils appar- tiennent. L’OIT a rappelé à maintes reprises au gouvernement depuis 1959 que cette restriction allait à l’encontre de la

Convention 87, mais en vain. De la même manière, les enseignants appartenant à la fonction publique ne jouissent tou- ALLEMAGNE jours pas du droit de négociation collective. L’OIT a plusieurs fois rappelé que cela contrevenait à la Convention 98. En mai 2002, plus de 100.000 travailleurs ont organisé une grève pendant une semaine, réclamant des augmentations de salaire et des créations d’emploi. C’est la première grève de grande ampleur depuis sept ans. Elle a été suivie par une grève dans l’industrie du bâtiment en juin 2002, la première depuis la deuxième guerre mondiale.

Organisations membres de l’IE / Nombre de membres: Bundesverband der Lehrer an Beruflichen Schulen [BLBS] / 12.000 Gewerkschaft Erziehung und Wissenschaft [GEW] / 215.922 Verband Bildung und Erziehung [VBE] / 90.000

BAROMÈTRE DE L’IE SUR LES DROITS HUMAINS ET SYNDICAUX DANS LE SECTEUR DE L’ÉDUCATION - 2004 25 ANGOLA République d’Angola • Population: 13.936.000

Population <15: 47,4% % du PNB afférent à l’enseignement: 2,7% Analphabétisme: Espérance de vie à la naissance: m: 38,8 - f: 41,6 Taux de scolarisation brut, pré-primaire: 6,9% Espérance de scolarité (années): Taux de scolarisation brut, primaire: 37% % d’élèves ayant atteint la 5ème année du primaire en 2000: Taux de scolarisation brut, secondaire: 15,5% Nbre d’étudiants de l’enseignement supérieur par 100.000 habitants: 7.845 Nbre d’élèves du primaire par enseignant: 27 % des dépenses du gouvernement afférentes à l’enseignement:

Ratification des Conventions du BIT: 29 87 98 100 105 111 138 169 182

SYSTEME EDUCATIF: La guerre civile a ravagé l’Angola depuis son indépendance en 1975. Quelque 1,5 million de personnes ont perdu la vie durant ce conflit. En 2003, au moins 2 millions de personnes étaient toujours déplacées à l’intérieur du pays, bien que les plus récentes hostilités aient pris fin en février 2002. Le Rapport 2003 de Human Rights Watch (HRW) souligne que même la paix, après une guerre si dévastatrice, génère d’énormes problèmes : des centaines de milliers de membres de familles de rebelles démobilisés ont rejoint un demi-million de citoyens qui vivaient aupara- vant dans des zones contrôlées par les rebelles. Le programme de réintégration vise en premier lieu à renvoyer les soldats dans leur région d’origine, ce qui a pour effet d’augmenter fortement le pourcentage des femmes et des enfants parmi la population déplacée à l’intérieur du pays. Selon un rapport d’ONU SIDA, le virus HIV se répand à grande vitesse en Angola et des programmes sont développés pour introduire une éducation sexuelle et une information sur le VIH/SIDA dans le cursus scolaire. Des programmes facilitant l’échange éducatif entre étudiants sont également en préparation. La 2ème édition du Baromètre de l’IE indiquait qu’un million d’enfants n’allaient pas à l’école. En 2003, quelque 661 440 enfants ont intégré le système scolaire angolais, grâce aux efforts conjoints du gouvernement et de partenaires sociaux qui ont permis la construction de 5 512 salles de classe réparties dans tout le pays. La pénurie d’enseignants est un problème grave et les salaires des enseignants sont impayés de manière chronique. Certains enseignants demandent des « hono- raires « aux élèves et à leur famille. Les seules universités du pays, l’Université d’Agostinho Neto et l’Université catho- lique d’Angola se trouvent dans la capitale, Luanda.

EGALITES DES SEXES: Des chiffres officieux révèlent que seuls 42% de la population est alphabétisée, le taux d’al- phabétisation des hommes étant le double de celui des femmes. Néanmoins, près de 40% des étudiants inscrits à l’uni- versité sont des jeunes filles. Selon le Rapport EPT, l’Angola est l’un des 31 pays risquant de ne pas atteindre l’égalité entre garçons et filles d’ici à 2005.

LIBERTE ACADEMIQUE: La vie académique a été sévèrement perturbée par la guerre civile. Cependant, depuis la fin du conflit, le gouvernement n’a pas empêché le personnel académique de parler et publier librement. Mais le gou- vernement n’autorise pas les manifestations estudiantines. En 2002, les étudiants de l’Université d’Agostino Neto qui par- ticipaient à une manifestation de solidarité avec leurs professeurs ont été dispersés par la force.

TRAVAIL DES ENFANTS: L’âge minimum d’embauche est de 14 ans. Mais dans l’agriculture de subsistance, le travail des enfants au sein d’entreprises familiales est chose commune. Il est également courant que des enfants tra- vaillent dans d’autres secteurs de l’économie informelle, notamment dans le service domestique. Plusieurs milliers d’en- fants abandonnés, orphelins ou en fuite vivent dans les rues de Luanda et d’autres centres urbains. Des rapports inter- ANGOLA

26 BAROMÈTRE DE L’IE SUR LES DROITS HUMAINS ET SYNDICAUX DANS LE SECTEUR DE L’ÉDUCATION - 2004 ANGOLA

nationaux font état d’enfants angolais victimes de trafic vers le Portugal, le Royaume-Uni et ailleurs en Europe aux fins de prostitution et de pornographie.

DROITS SYNDICAUX: Dans son rapport de 2003, la CISL révèle que « le manque de démocratie et les restrictions des libertés civiles signifient que les violations des droits syndicaux se poursuivent... « Les syndicats sont soit dominés, soit discriminés par le gouvernement. La Constitution établit le droit de former un syndicat et d’y adhérer, de s’engager dans l’action syndicale, de mener des grèves, et elle prévoit le droit d’organisation et de négociation collective, mais le gouvernement ne respecte pas rigoureusement ces droits dans la pratique. En 2002, les enseignants ont eu recours à la grève dans plusieurs provinces pour non-paiement de salaire et mauvaises conditions de travail. En novembre 2003 l’af- filié de l’IE, le SINPROF, a tenu son congrès. L’organisation affirme avoir actuellement 35 000 membres et ceux-ci ont élu des représentants de 15 des 18 provinces. Bien qu’il soit reconnu par le gouvernement, le SINPROF n’est pas consul- té régulièrement sur les questions afférentes aux enseignants ou à la réforme de l’éducation.

Organisation membre de l’IE / Nombre de membres: Sindicato Nacional de Professores [SINPROF] / 35.000 ANGOLA

BAROMÈTRE DE L’IE SUR LES DROITS HUMAINS ET SYNDICAUX DANS LE SECTEUR DE L’ÉDUCATION - 2004 27 ANGUILLA Population: 12.446

Population <15: 25% % du PNB afférent à l’enseignement: 5,1% Analphabétisme: 5% Espérance de vie à la naissance: m: 73,6 - f: 79,5 Taux de scolarisation brut, pré-primaire: Espérance de scolarité (années): Taux de scolarisation brut, primaire: % d’élèves ayant atteint la 5ème année du primaire en 2000: Taux de scolarisation brut, secondaire: Nbre d’étudiants de l’enseignement supérieur par 100.000 habitants: Nbre d’élèves du primaire par enseignant: 20 % des dépenses du gouvernement afférentes à l’enseignement:

Ratification des Conventions du BIT: 29 87 98 100 105 111 138 169 182

SYSTEME EDUCATIF: Le Territoire consacre près de 15% de son budget à l’éducation, qui est gratuite et obliga- toire de 5 à 14 ans. Il compte six écoles primaires et un établissement polyvalent d’enseignement secondaire, tous publics. Quelque 37% des élèves éligibles fréquentent les classes non obligatoires de la 11ème à la 13ème année. L’éducation pré- scolaire est subventionnée par le gouvernement. L’engagement à améliorer la formation des enseignants constitue une des pierres angulaires du rapport EPT sur Anguilla.

EGALITES DES SEXES: Garçons et filles terminent l’école secondaire en nombre égal, mais davantage de filles poursuivent leurs études au niveau tertiaire.

LIBERTE ACADEMIQUE: Pour l’enseignement supérieur, le Territoire dépend des pays voisins et de leurs institu- tions affiliées à l’Université des Indes occidentales.

TRAVAIL DES ENFANTS: Bien que la pêche soit une source de revenus, l’activité économique tourne principa- lement autour du tourisme et du secteur financier offshore. Par conséquent, une augmentation des effectifs de la fonc- tion publique exige une éducation plus poussée de la population. L’administration se penche sur le problème du nomb- re d’élèves, en particulier des garçons, qui abandonnent l’école avant la fin du primaire.

DROITS SYNDICAUX: Si Anguilla affiche un grand sens des responsabilités pour la conduite de ses affaires, l’île n’a pas la capacité de ratifier les accords internationaux. La Grande-Bretagne encourage néanmoins ses territoires d’ou- tre-mer à se conformer aux dispositions internationales auxquelles elle adhère et à respecter les droits de l’homme et les libertés fondamentales.

Organisation membre de l’IE / Nombre de membres: Anguilla Teachers' Union [ATU] / 66

Anguilla est un territoire d'outremer du Royaume-Uni. Le pouvoir exécutif est entre les mains d'un gouverneur nommé par la Couronne britannique. L'éducation fait partie de ses res- ponsabilités. ANGUILLA

28 BAROMÈTRE DE L’IE SUR LES DROITS HUMAINS ET SYNDICAUX DANS LE SECTEUR DE L’ÉDUCATION - 2004 ANTIGUA-ET-BARBUDA Population: 67.448

Population <15: 28% % du PNB afférent à l’enseignement: 3,2% Analphabétisme: Espérance de vie à la naissance: m: 71,5 - f: 75,8 Taux de scolarisation brut, pré-primaire: Espérance de scolarité (années): Taux de scolarisation brut, primaire: % d’élèves ayant atteint la 5ème année du primaire en 2000: Taux de scolarisation brut, secondaire: Nbre d’étudiants de l’enseignement supérieur par 100.000 habitants: Nbre d’élèves du primaire par enseignant: % des dépenses du gouvernement afférentes à l’enseignement:

Ratification des Conventions du BIT: 29 87 98 100 105 111 138 169 182 Antigua et Barbuda a accueilli des milliers d'habitants de Montserrat après l'éruption volcanique qui dévasta l'île au milieu des années 1990. Les réfugiés se sont intégrés dans la société antiguaise sans que cela n'ait un impact significatif sur le taux de chômage. Cela a toutefois grevé lourdement le budget des services sociaux du pays. Le Royaume-Uni a fina- lement apporté une aide financière et d'autres formes d'assistance. Quelque 3.000 ressortissants de Montserrat sont toujours dans le pays. VOIR AUSSI MONTSERRAT.

SYSTEME EDUCATIF: L’éducation est gratuite et obligatoire de 5 à 16 ans et l’Etat a mis sur pied la gratuité des livres scolaires. Cependant la constitution d’Antigua ne garantit pas l’éducation universelle et le pays fournit peu de sta- tistiques récentes. L’accès aux programmes préscolaires a été largement disponible depuis quelques années. Selon l’in- formation la plus récente, il y a 30 écoles primaires publiques et 26 écoles primaires privées, ainsi que neuf écoles secon- daires publiques et quatre écoles secondaires privées. Il n’existe pas d’infrastructures séparées pour les mineurs détenus dans les prisons. Des dispositions constitutionnelles interdisent la discrimination envers les personnes handicapées dans l’emploi et l’éducation, mais il n’existe pas de loi spécifique garantissant cette accessibilité.

EGALITES DES SEXES: Les filles sont moins susceptibles d’abandonner l’école prématurément que les garçons. Il n’existe pas de restrictions à la participation des femmes au gouvernement et dans la politique mais en 2002 la seule femme du cabinet était le ministre de la Justice. Les femmes sont bien représentées dans le secteur public ; 54% des employés de la fonction publique et plus de la moitié des secrétaires permanents sont des femmes. Celles-ci occupent

aussi 41% des postes dans la profession juridique. Selon le Département du travail, les cas de harcèlement sexuel tant ANTIGUA-ET-BARBUDA dans le secteur privé que public sont fréquents. Les conditions économiques dans les zones rurales restreignent les fem- mes au foyer et à la famille, bien que quelques-unes d’entre elles travaillent comme domestiques, dans l’agriculture ou dans le grand secteur du tourisme.

LIBERTE ACADEMIQUE: Antigua et Barbuda est un partenaire de l’Université régionale des Indes occidentales. Le Antigua State College offre une formation d’enseignant de deux ans. Aucun rapport n’indique une restriction de la liberté académique de la part du gouvernement.

TRAVAIL DES ENFANTS: Les dispositions de la Loi sur l’éducation fixent l’âge minimum d’embauche à 16 ans. La force politique des deux principaux syndicats et la grande influence qu’exerce le gouvernement sur le secteur privé se conjuguent pour rendre le ministère du Travail très efficace dans l’application de cette loi. Celui-ci est légalement tenu d’inspecter périodiquement les lieux de travail. Le gouvernement emploie également des fonctionnaires pour contrôler la fréquentation scolaire et les parents ou tuteurs qui enfreignent la loi sont poursuivis. Un comité soutenu par le gou- vernement contrôle la mise en œuvre des recommandations de la Convention relative aux Droits de l’enfant et les recom- mandations de l’UNICEF sont utilisées comme base de plan d’action pour «la subsistance, le développement et la pro- tection de l’enfant.» En août 2001, la police a découvert un réseau de pornographie et de prostitution enfantines, dans lequel il semble que des membres influents de la société étaient impliqués.

BAROMÈTRE DE L’IE SUR LES DROITS HUMAINS ET SYNDICAUX DANS LE SECTEUR DE L’ÉDUCATION - 2004 29 ANTIGUA-ET-BARBUDA

DROITS SYNDICAUX: Les syndicats bénéficient du droit d’organisation et de négociation collective. Les employeurs reconnus coupables de discrimination antisyndicale ne sont pas contraints de réembaucher les employés licenciés pour participation à des actions syndicales ; ils doivent cependant payer la totalité de l’indemnité de licencie- ment et l’intégralité du salaire perdu par l’employé entre le jour de son licenciement et le jour où l’employeur est recon- nu fautif. Environ 75% des travailleurs sont syndiqués. Sept grèves ou manifestations liées au travail ont eu lieu au cours de 2002. Le ministère de l’Education est intervenu dans un conflit d’enseignants durant l’année.

Organisation membre de l’IE / Nombre de membres: Antigua and Barbuda Union of Teachers [A&BUT] / 700 ANTIGUA-ET-BARBUDA

30 BAROMÈTRE DE L’IE SUR LES DROITS HUMAINS ET SYNDICAUX DANS LE SECTEUR DE L’ÉDUCATION - 2004 ARGENTINE République d’Argentine • Population: 37.812.817

Population <15: 275% % du PNB afférent à l’enseignement: 4% Analphabétisme: 3,1% Espérance de vie à la naissance: m: 71,1 - f: 79% Taux de scolarisation brut, pré-primaire: 57,4% Espérance de scolarité (années): m: 14 - f: 15% Taux de scolarisation brut, primaire: 107% % d’élèves ayant atteint la 5ème année du primaire en 2000: 90% Taux de scolarisation brut, secondaire: m: 90,63 - f: 96,9% Nbre d’étudiants de l’enseignement supérieur par 100.000 habitants: 1.600.882 Nbre d’élèves du primaire par enseignant: 22 % des dépenses du gouvernement afférentes à l’enseignement: 11,8%

Ratification des Conventions du BIT: 29 87 98 100 105 111 138 169 182

SYSTEME EDUCATIF: L’éducation est gratuite, obligatoire et universelle pendant un minimum de neuf ans et ce, dès l’âge de six ans. Le gouvernement continue d’affirmer son engagement envers l’éducation mais les fonds provenant tant du niveau fédéral que provincial sont insuffisants. La crise économique, politique et sociale qui a secoué le pays en 2002 a profondément affecté les enfants - 75% des enfants de moins de 12 ans vivent en dessous du seuil de pauvreté et près de 40% d’entre eux sont considérés comme indigents. De 2001 à 2002, le taux de malnutrition parmi les enfants est passé de 11 à 20%. Le ministère de la Santé estime que quelque 11.000 enfants meurent chaque année de maladies évi- tables, notamment de malnutrition. La fréquentation de l’école primaire reste néanmoins élevée même dans les com- munautés les plus pauvres en raison des programmes de repas scolaires qui, en outre, restent souvent ouverts pendant la période des vacances. Les préjugés raciaux basés sur la couleur de peau et l’antisémitisme sont de réels problèmes. En 2002, le gouvernement a introduit un Projet d’éducation sur l’holocauste dans les programmes d’écoles primaires et secondaires. Selon les estimations, l’Argentine compte de 700.000 à 1,5 million d’autochtones. Leur taux d’analphabé- tisme est relativement élevé et leur droit constitutionnel à un enseignement bilingue n’est pas toujours respecté par manque d’enseignants formés. On note un certain progrès dans l’éducation des élèves handicapés. L’Argentine compte 26 universités publiques, 49 universités privées et plus de 1.600 institutions d’enseignement supérieur.

EGALITES DES SEXES: Garçons et filles fréquentent l’école primaire en nombre égal. Un taux plus élevé de filles dans les écoles secondaires est reflété dans l’éducation post-secondaire. Les jeunes filles représentent 61% des inscriptions au niveau tertiaire. La violence domestique et le harcèlement sexuel des femmes restent courants, en dépit du travail édu- catif des ONG de femmes dans ce domaine.

LIBERTE ACADEMIQUE: La loi reconnaît la liberté académique. Le gouvernement n’a pas entravé ce droit en 2002.

TRAVAIL DES ENFANTS: Corroborées par l’IPEC de l’OIT, les statistiques gouvernementales relatent une aug- ARGENTINE mentation marquée du travail des enfants durant la période de 1995-2000. Depuis lors, la crise économique sans pré- cédent a encore accru le nombre des enfants au travail. Au moins 1,5 millions d’enfants travaillent. En juin 2002, un représentant d’UNICEF a affirmé que dans les grandes zones urbaines 60% des adolescents travaillent au lieu d’étudier. Des sources non confirmées provenant d’ONG et d’églises, ainsi qu’un rapport de l’UNICEF estiment que l’exploitation sexuelle des enfants est répandue. Dans leur rapport de 2003, Human Rights Watch et Amnesty International citent tous deux la profonde inquiétude du Comité de l’ONU sur les droits des enfants concernant des allégations de torture et de brutalité policière dont sont victimes les enfants. Depuis 2000, la Commission nationale pour la prévention et l’éradica- tion du travail des enfants, en grande partie financée par l’IPEC de l’OIT, collabore avec les syndicats, le milieu des affai-

BAROMÈTRE DE L’IE SUR LES DROITS HUMAINS ET SYNDICAUX DANS LE SECTEUR DE L’ÉDUCATION - 2004 31 ARGENTINE

res, les groupes religieux, l’UNICEF et les ONG. Elle a signé des accords avec les provinces pour coopérer dans la lutte contre les problèmes liés au travail des enfants et pour organiser des activités de formation. L’organisation membre de l’IE, la CTERA, recommande l’application de la Convention 182 et le rôle de l’enseignement dans l’élimination du tra- vail des enfants, en partenariat avec l’IE et l’OIT.

DROITS SYNDICAUX: Avant la crise de 2002, une étude nationale effectuée par la CTERA sur les enseignants et le système éducatif a révélé que l’enseignant moyen était une femme âgée de 25 à 45 ans. Quatre sur dix étaient chefs de famille et plus de la moitié vivaient au-dessous du seuil de pauvreté. Tous les travailleurs sont libres de former des syn- dicats et jouissent du droit de grève. La Constitution permet aux syndicats de négocier des conventions collectives et d’a- voir recours à la conciliation et à l’arbitrage. Cependant, le ministère du Travail ratifie ces accords tout en pratiquant une politique d’ingérence, un procédé que l’OIT considère contradictoire. La crise politique et économique a pris une telle envergure que le pays a été pratiquement paralysé, ce qui s’est traduit de facto par le gel du système des conventions collectives. Au cours de 2002, de nombreuses manifestations et de petites grèves se sont produites, y compris dans le sec- teur de l’éducation. Le 26 juin 2002, un groupe d’enseignants et d’employés du secteur public a été dispersé par gaz lacry- mogène et balles en caoutchouc dans le Rio Negro, alors qu’il tentait d’entrer dans le bâtiment du Conseil provincial de l’éducation pour manifester contre le retard dans le paiement de leur salaire. Les organisations d’enseignants argentines ont manifesté sans relâche pour le rétablissement des primes promises lors des manifestations de la Carpa Blanca en 2001.

Organisation membre de l’IE / Nombre de membres: Confederación de Trabajadores de la Educación de la República Argentina [CTERA] / 230.000 Confederación de Educadores Argentinos [CEA] / 20.000 ARGENTINE

32 BAROMÈTRE DE L’IE SUR LES DROITS HUMAINS ET SYNDICAUX DANS LE SECTEUR DE L’ÉDUCATION - 2004 AUSTRALIE Commonwealth d’Australie • Population: 19.546.792

VOIR NOTE EN BAS DE PAGE

Population <15: 20,3% % du PNB afférent à l’enseignement: 4,7% Analphabétisme: ,5% Espérance de vie à la naissance: m: 77 - f: 83 Taux de scolarisation brut, pré-primaire: 78% Espérance de scolarité (années): 17,1 Taux de scolarisation brut, primaire: 96% % d’élèves ayant atteint la 5ème année du primaire en 2000: Taux de scolarisation brut, secondaire: 148% Nbre d’étudiants de l’enseignement supérieur par 100.000 habitants: 845.132 Nbre d’élèves du primaire par enseignant: 17 % des dépenses du gouvernement afférentes à l’enseignement:

Ratification des Conventions du BIT: 29 87 98 100 105 111 138 169 182

SYSTEME EDUCATIF: L’éducation est en premier ressort sous la responsabilité des États individuels de l’Australie. Le gouvernement fédéral a la responsabilité du secteur universitaire et du Territoire fédéral de Canberra. L’instruction est gratuite et obligatoire pour tous les enfants de 6 à 15 ans, dans tous les États, sauf en Tasmanie, où il y a obligation sco- laire jusqu’à l’âge de 16 ans. La plupart des enfants entament leur scolarité primaire à l’âge de 5 ans, et passent du pri- maire au secondaire à 12 ans. Les écoles secondaires et les écoles techniques et professionnelles du cycle inférieur assu- rent un enseignement durant 5 à 6 ans, qui permet aux étudiants de se préparer aux examens d’État qui leur ouvrent l’accès aux universités. 67% des élèves achèvent leurs 12 années d’enseignement. Les enfants qui habitent dans les zones rurales éloignées bénéficient d’un enseignement à distance grâce à des programmes d’enseignement adaptés ou bénéfi- cient de subsides gouvernementaux. Quelque 72% des étudiants sont inscrits dans des écoles d’État laïques, mais ils peu- vent néanmoins suivre des cours de religion. Les écoles privées sont généralement confessionnelles, essentiellement d’o- bédience catholique romaine, et elles font payer des frais de scolarité. Le gouvernement fédéral subventionne la plupart des écoles privées. Les écoles d’Australie se trouvent confrontées à une pénurie de 30.000 enseignants durant toute cette décennie, en raison d’une vague imminente de départs à la retraite. Plus d’un quart de la population enseignante aura le droit de partir à la retraite en 2007, et 50.000 autres enseignants dans les années qui suivront. Près de 30% des profes- seurs quittent la profession dans les cinq ans qui suivent l’obtention de leur diplôme. L’État de Victoria a pris les devants avec des mesures visant à attirer et à garder les enseignants dans la profession. Le gouvernement de cet État a décidé, après discussions avec les syndicats d’enseignants, d’augmenter leurs salaires jusqu’à 17% durant la période de 2001 à 2004. Les aborigènes et les habitants des îles du Détroit de Torres représentent environ 2,2% de la population. Seuls 31% des enfants aborigènes terminent leur enseignement secondaire, contre 85% pour la moyenne nationale. En comparai- son avec le reste de la population australienne, les indigènes ont une plus courte espérance de vie, ils ont des taux de chô- mage plus élevés et courent beaucoup plus de risques de se retrouver en prison. Les jeunes aborigènes représentent 55% de la population des 10 à 17 ans qui sont enfermés dans des institutions correctionnelles. En 2001-2002, le gouverne- ment s’est engagé à affecter 2,34 milliards de dollars australiens à des programmes spécifiques pour les indigènes dans

des secteurs tels que l’éducation. La législation interdit les discriminations à l’égard des enfants handicapés tant en AUSTRALIE matière d’éducation que pour les autres services publics. En 2003, suite à la campagne de l’AEU, organisation membre de l’IE, on a permis aux enfants demandeurs d’asile de suivre leur scolarité en dehors des centres de détention. L’Australie compte 38 universités et un grand nombre d’établissements d’enseignement supérieur offrant un enseignement poussé dans des domaines précis.

EGALITES DES SEXES: 50% des étudiants inscrits dans les universités du pays et autres institutions d’enseigne- ment supérieur sont du sexe féminin. La loi accorde l’égalité de droit aux femmes, et la loi leur garantit l’égalité de salai- res. Cependant, les femmes ne touchent en fait que 66% du salaire de leurs homologues masculins. En vertu de la loi sur

BAROMÈTRE DE L’IE SUR LES DROITS HUMAINS ET SYNDICAUX DANS LE SECTEUR DE L’ÉDUCATION - 2004 33 AUSTRALIE

les contrats de travail (WRA), les contrats d’emploi se négocient sous seing privé et il est impossible de savoir s’il y a éga- lité de salaire dans les faits. Tant le gouvernement que les partis de l’opposition se sont engagés à accroître le nombre de femmes élues dans la fonction publique.

LIBERTE ACADEMIQUE: Bien qu’aucun rapport ne fasse état de restriction de la liberté académique, de la part du gouvernement fédéral et du gouvernement de chaque État - selon de récentes décisions de la Cour Suprême, la Constitution ne garantit que la liberté d’expression.

TRAVAIL DES ENFANTS: Les exigences en matière d’enseignement obligatoire empêchent efficacement les enfants de travailler à plein temps avant l’âge de 15 ou 16 ans. Le gouvernement fédéral et les autorités des différents Etats exercent un contrôle et font appliquer une série de lois qui régissent l’âge minimum requis pour exercer certaines professions. Mais on sait que le travail des enfants est une réalité, en particulier dans l’agriculture et dans les entreprises familiales. Le gouvernement a promulgué une loi interdisant le commerce et la possession de pornographie enfantine. Les personnes soupçonnées de pédophilie peuvent être jugées en Australie quel que soit le lieu où a été commis le crime dont ils sont accusés. Un petit nombre d’enfants en provenance d’Asie a été introduit illégalement dans le pays, généra- lement par des bandes criminelles organisées, pour les livrer au commerce du sexe ou pour travailler dans des ateliers clandestins. Le gouvernement fédéral n’a pas pris de mesures pour lutter contre une telle exploitation. Mais les gouver- nements des Etats de Victoria et de la Nouvelle Galles du Sud ont promulgué des lois contre de telles activités criminel- les et les pires formes du travail des enfants.

DROITS SYNDICAUX: La Loi relative aux relations sur les lieux de travail (WRA) limite les activités syndicales et les grèves. Cette loi prend à son compte les conventions individuelles qui ne peuvent être vérifiées pour des infractions aux salaires minima et aux conditions d’emploi. Les conventions conclues dans le cadre de la WRA ont la primauté sur les réglementations fédérales et des États d’Australie et sur les conventions collectives enregistrées, à moins que les conventions ne soient déjà en vigueur. La WRA restreint la possibilité d’actions de grèves légales et alourdit les condam- nations en cas de violation de la loi. Elle justifie aussi l’interdiction d’actions sociales si celles-ci sont jugées potentielle- ment nuisibles au commerce. L’OIT estime que l’on ne peut raisonnablement pas lier le commerce aux droits des tra- vailleurs. Le Comité d’experts de l’OIT a déterminé entre autres que le Works Relations Act violait l’Article 4 de la Convention 98 de l’OIT. Le gouvernement fédéral a rejeté les conclusions de l’OIT, déclarant qu’elles ne s’appliquaient pas aux lieux de travail australiens.

Organisation membre de l’IE / Nombre de membres: Australia Education Union [AEU] / 153.350 National Tertiary Education Union [NTEU] / 25.446 Independent Education Union of Australia [IEU] / 36.800

Depuis la seconde édition du Baromètre de l'IE, l'Australie a eu un défi, celui du respect des normes internationales en matière de droits humains fondamentaux. Ce défi con- cernait le traitement des enfants des familles demandeuses d'asile et des enfants non-accompagnés demandeurs d'asile; le droit des aborigènes et des habitants des îles du Détroit de Torres; les pratiques syndicales restrictives; une certaine réticence à accéder à la Convention relative à l'élimination de toutes les formes de discriminations à l'en- contre des femmes (CEDAW) et à la non-ratification des Conventions 138 et 182 de l'OIT. Le gouvernement a obstinément rejeté toutes ces préoccupations et recommanda- tions de changer ses politiques et ses pratiques et s'est déclaré consterné d'être constamment critiqué, et à l'avenir, il va limiter les visites des comités, tels que le Comité des Droits de l'Homme des Nations Unies, aux seuls cas où il y a une "raison contraignante".

NOTE EN BAS DE PAGE : Responsabilité : Ile Norfolk, territoire d'Australie. (population: 1.892) AUSTRALIE

34 BAROMÈTRE DE L’IE SUR LES DROITS HUMAINS ET SYNDICAUX DANS LE SECTEUR DE L’ÉDUCATION - 2004 AUTRICHE République d’Autriche • Population: 8.169.929

Population <15: 16,4% % du PNB afférent à l’enseignement: 5,8% Analphabétisme: 2% Espérance de vie à la naissance: m: 74 - f: 81 Taux de scolarisation brut, pré-primaire: Espérance de scolarité (années): 14,5 Taux de scolarisation brut, primaire: 91% % d’élèves ayant atteint la 5ème année du primaire en 2000: Taux de scolarisation brut, secondaire: m: 88 - f: 89% Nbre d’étudiants de l’enseignement supérieur par 100.000 habitants: 264.669 Nbre d’élèves du primaire par enseignant: 12 % des dépenses du gouvernement afférentes à l’enseignement: 12,4%

Ratification des Conventions du BIT: 29 87 98 100 105 111 138 169 182

SYSTEME EDUCATIF: L’éducation est gratuite et obligatoire depuis l’âge de six ans et pendant neuf ans. Le gou- vernement assure également la gratuité de l’enseignement secondaire et subventionne l’enseignement technique et pro- fessionnel. L’introduction de droits d’inscription en 2000 a engendré une diminution de 20% des inscriptions à l’univer- sité. Durant l’année scolaire 2000-2001, environ 217.000 enfants ont fréquenté quelque 4.773 établissements de la peti- te enfance et 34.000 enseignants du cycle primaire ont dispensé un enseignement à 400.000 enfants au sein de 3.384 éta- blissements scolaires. 70% des élèves du cycle secondaire ont bénéficié d’un enseignement secondaire général et 30% d’entre eux ont fréquenté une école académique. Les 1.520 établissements scolaires ont enregistré un nombre total d’ins- criptions s’élevant à 348.000 élèves. Les cours ont été dispensés par 54.000 enseignants. Les religions officiellement recon- nues bénéficient d’avantages spéciaux, y compris de subventions accordées par l’Etat aux enseignants de religion tant dans les écoles privées que publiques. L’Autriche a mis en place un vaste système d’écoles spécialisées et de centres d’é- ducation permanente pour adultes. Certains programmes éducatifs sont prévus dans la langue maternelle des commu- nautés croate, hongroise et slovène.

EGALITES DES SEXES: Garçons et filles bénéficient des mêmes opportunités en matière d’éducation et ce, à tous les niveaux du système éducatif. Durant l’année académique 2000-01, 51,2% des étudiants qui ont fréquenté des insti- tutions d’enseignement supérieur étaient de sexe féminin. Environ 68% des femmes exercent un emploi et perçoivent un salaire moyen équivalent à 74% de celui de leurs homologues masculins. La loi prévoit qu’en cas de qualifications iden- tiques, le recrutement des femmes doit être prioritaire sur celui des hommes dans les différents secteurs de la fonction publique, au sein desquels seuls 40% des employés sont de sexe féminin. Toutefois, aucune amende n’est prévue lorsque le seuil des 40% n’est pas atteint. Les femmes employées dans le secteur privé peuvent invoquer le droit à l’égalité inter- disant tout forme de discrimination.

LIBERTE ACADEMIQUE: Aucun rapport disponible ne mentionne une restriction de la liberté académique.

TRAVAIL DES ENFANTS: L’âge minimum d’embauche, fixé à 15 ans, est effectivement mis en vigueur et le gou- AUTRICHE vernement a adopté certaines lois et politiques afin de protéger les enfants contre toute forme d’exploitation sur le lieu de travail. En vertu de la loi, les citoyens impliqués dans des activités de nature sexuelle avec des enfants dans un pays étranger peuvent être poursuivis indépendamment du fait que l’offense ne soit pas prévue par les lois de ce pays (lois à longue portée). Différentes peines ont été prévues en cas de détention, de commerce et de consultation privée de matériel pornographique impliquant des enfants. Chaque gouvernement provincial et le gouvernement fédéral ont recours à un «Médiateur pour l’enfance et l’adolescence» dont la fonction principale est de traiter les plaintes introduites concernant les violations des droits de l’enfant.

BAROMÈTRE DE L’IE SUR LES DROITS HUMAINS ET SYNDICAUX DANS LE SECTEUR DE L’ÉDUCATION - 2004 35 AUTRICHE

DROITS SYNDICAUX: Les travailleurs jouissent du droit de former des syndicats et d’y adhérer sans autorisation préalable. Concrètement, les syndicats disposent d’une voix essentielle et indépendante dans la vie politique, sociale et économique du pays. Environ 50% de la main-d’oeuvre est syndiquée. Les syndicats ont le droit de mener des négocia- tions collectives. Le droit de grève n’est pas explicitement repris dans la constitution ni dans la législation nationale, mais il est universellement reconnu. Historiquement, les grèves ont été rares et généralement courtes. Un système tripartite non officiel de ‘partenariat social’ a largement contribué au maintien de la paix sociale sur le lieu de travail. La Commission paritaire pour les salaires et les prix est au coeur du système et prend part aux décisions économiques importantes.

Organisation membre de l’IE / Nombre de membres: Gewerkschaft Öeffentlicher Dienst/ Bundessektion Pflichtschullehrer [GÖD] / 15.000 AUTRICHE

36 BAROMÈTRE DE L’IE SUR LES DROITS HUMAINS ET SYNDICAUX DANS LE SECTEUR DE L’ÉDUCATION - 2004 AZERBAÏDJAN République d’Azerbaïdjan • Population: 7.798.497

Population <15: 30,9% % du PNB afférent à l’enseignement: 4,2% Analphabétisme: 2% Espérance de vie à la naissance: m: 58,8 - f: 67,53 Taux de scolarisation brut, pré-primaire: 20% Espérance de scolarité (années): Taux de scolarisation brut, primaire: 91% % d’élèves ayant atteint la 5ème année du primaire en 2000: Taux de scolarisation brut, secondaire: Nbre d’étudiants de l’enseignement supérieur par 100.000 habitants: 163.305 Nbre d’élèves du primaire par enseignant: 20 % des dépenses du gouvernement afférentes à l’enseignement: 24,4%

Ratification des Conventions du BIT: 29 87 98 100 105 111 138 169 182

SYSTEME EDUCATIF: L’instruction publique, financée par le budget national et les budgets locaux et régionaux, est obligatoire et universelle jusqu’à l’âge de 17 ans. Pour l’année 2002, le gouvernement estimait que 86,7% des enfants en âge de scolarité obligatoire étaient scolarisés. Toutefois, en raison de la situation économique difficile et de la crise humanitaire découlant du conflit avec l’Arménie, de nombreuses écoles d’Azerbaïdjan fonctionnent par roulement de deux, voire trois équipes par jour. L’ère post-soviétique n’a apporté que peu de changements structurels au système édu- catif. Le rétablissement de l’enseignement religieux et l’introduction d’un programme scolaire mettant l’accent sur l’u- tilisation de la langue turcophone azerbaïdjanaise ont été parmi les premières réformes apportées. Le contenu idéolo- gique soviétique a été remplacé par une idéologie nationaliste pure et dure. L’alphabet romain a remplacé l’alphabet cyrillique. Il n’y a pas assez de manuels scolaires et ils ne sont gratuits que pour l’enseignement primaire. La perte de 20% du territoire de l’Azerbaïdjan au profit de l’Arménie a déplacé des centaines de milliers d’enfants en âge scolaire, quelque 10.000 enseignants et a réduit de 916 le nombre d’écoles et autres institutions éducatives. Entre 60.000 et 70.000 personnes déplacées de l’intérieur vivent dans des camps en dessous du seuil de subsistance, sans alimentation adéqua- te, ni logement, ni éducation, ni équipements sanitaires ou structures médicales. Le statut des réfugiés tchétchènes qui ont fui la Russie reste peu clair et d’une manière générale, leurs enfants ne peuvent pas s’inscrire dans les écoles publiques. Il y a un certain nombre de minorités ethniques indigènes qui ont constitutionnellement le droit à l’éduca- tion dans leur propre langue. Certains groupes déplorent que les autorités limitent ce droit en ne leur fournissant pas le matériel et les services éducatifs. On a aussi des plaintes de la part de citoyens de descendance arménienne et mêlée armé- nienne-azerbaïdjanaise qui déplorent qu’ils sont privés de l’accès à l’éducation et à d’autres droits à cause de leurs ori- gines ethniques. Les institutions d’enseignement supérieur du pays comptent 20 universités.

EGALITES DES SEXES: Malgré le fait que dans certaines zones rurales les filles n’ont pas un accès égal à l’édu- cation, il n’y a généralement pas de discrimination de genre en ce qui concerne la fréquentation scolaire. Les filles cons- AZERBAÏDJAN tituent jusqu’à 50% du total des étudiants inscrits dans les universités. Il n’y a pas de restriction légale à la participation des femmes à la vie politique, néamoins les normes sociales traditionnelles limitent le rôle des femmes et elles sont sous- représentées dans les fonctions élues.

LIBERTE ACADEMIQUE: Aucun rapport ne mentionne de restriction de liberté académique de la part du gou- vernement. Plusieurs professeurs titulaires sont actifs dans des partis de l’opposition.

TRAVAIL DES ENFANTS: L’âge minimal d’embauche est fixé à 16 ans. La loi autorise les enfants entre 14 et 15 ans à travailler moyennant le consentement de leurs parents. Il n’y a pas de restruction explicite au type d’activités pou- vant être exercées par les enfants de 15 ans, si ce n’est d’avoir une autorisation des syndicats. Des rapports signalent que

BAROMÈTRE DE L’IE SUR LES DROITS HUMAINS ET SYNDICAUX DANS LE SECTEUR DE L’ÉDUCATION - 2004 37 AZERBAÏDJAN

certains parents obligent leurs enfants à mendier. Etant donné le taux élevé de chômage des adultes, on a recensé cer- taines plaintes peu nombreuses concernant la violation de la législation en matière de travail des enfants. Selon l’Organisation Internationale pour les Migrations, le pays est une plaque tournante du trafic des femmes, des hommes et des enfants.

DROITS SYNDICAUX: Les syndicats fonctionnent en grande partie de la même façon que sous le système sovié- tique et ils restent liés au gouvernement. La Constitution prévoit la liberté d’association. Aucune restriction ne limite le droit de grève. Durant l’année, il y a eu quelques grèves pacifiques pour revendiquer des augmentations salariales ou le paiement de salaires dus. La loi prévoit des conventions collectives pour fixer les salaires dans les entreprises d’Etat. Dans les faits, les syndicats ne participent pas à la fixation des niveaux de salaires. Héritage du système de l’époque soviétique, tant la direction que les travailleurs sont considérés comme étant membres d’unions professionnelles. Les employeurs ne transmettent pas toujours les cotisations syndicales aux syndicats, ce qui rend difficile l’organisation d’activités pour leurs affiliés. Selon le Rapport Education Pour Tous (EPT), en Azerbaïdjan, les salaires des enseignants sont extrême- ment bas et ils ne suffisent pas à subvenir aux besoins des familles. Même si le gouvernement a augmenté les salaires des enseignants, ces augmentations sont restées faibles et les paiements arrivent souvent très tardivement. Le nombre d’enseignants qui quittent la profession constitue un problème grave pour le système éducatif du pays.

Organisation membre de l’IE / Nombre de membres: Independent Trade Union of Education Workers of Azerbaijan Republic [AITUCEW] / 310.000

L'Azerbaïdjan comprend la région du Nakhichevan (Naxçivan azerbaïdjanais), qui compte une population azerbaïdjanaise à prédominance musulmane chiite. Le Nakhichevan est géographiquement séparé de l'Azerbaïdjan par une bande de territoire arménien qui s'interpose entre les deux. L'Arménie soutient que cette région devrait lui être ratta- chée. L'Azerbaïdjan comprend également la région très convoitée du Nagorno-Karabakh, enclave située intégralement à l'intérieur de ses frontières mais avec une population essentiellement d'origine arménienne chrétienne. L'Azerbaïdjan doit prendre en charge quelque 800.000 personnes déplacées à l'intérieur de leur pays qui ont fui le Nagorno- Karabakh ou ont été forcées de le quitter par les forces arméniennes au cours des années 90. AZERBAÏDJAN

38 BAROMÈTRE DE L’IE SUR LES DROITS HUMAINS ET SYNDICAUX DANS LE SECTEUR DE L’ÉDUCATION - 2004 BAHAMAS Commonwealth des Bahamas • Population: 300.529

Population <15: 29,3% % du PNB afférent à l’enseignement: Analphabétisme: 4,5% Espérance de vie à la naissance: m: 66,32 - f: 73,49 Taux de scolarisation brut, pré-primaire: 9% Espérance de scolarité (années): Taux de scolarisation brut, primaire: 83% % d’élèves ayant atteint la 5ème année du primaire en 2000: Taux de scolarisation brut, secondaire: Nbre d’étudiants de l’enseignement supérieur par 100.000 habitants: Nbre d’élèves du primaire par enseignant: 22 % des dépenses du gouvernement afférentes à l’enseignement: 17%

Ratification des Conventions du BIT: 29 87 98 100 105 111 138 169 182

SYSTEME EDUCATIF: Obligatoire de 5 à 16 ans, l’éducation est dispensée par 42 écoles privée et par 163 écoles publiques. Le financement des écoles est insuffisant. Les écoles publiques, notamment, manquent de matériel didactique et les infrastructures sont en général délabrées et surchargées. La Constitution ne garantit pas le droit à une éducation de base. On estime que quelque 40.000 citoyens haïtiens résident légalement aux Bahamas et bénéficient du système édu- catif. L’anglais est la langue d’instruction, ce qui désavantage les enfants haïtiens qui parlent créole. L’Université des Indes occidentales possède un département extra-muros à Nassau. Le College of the Bahamas entretient des relations avec plusieurs universités de Floride. Bien que les deux tiers de la population habitent à New Providence, le College dispense une éducation à distance aux étudiants des îles de l’archipel. Le tourisme est une des sources principales de reve- nu et le gouvernement gère une école hôtelière ainsi qu’un institut technique et professionnel. En août 2002, une délé- gation d’Amnesty International (AI) a découvert que des enfants étaient détenus avec des adultes à la célèbre prison de Fox Hill. Un nouveau centre de détention a prévu une section séparée pour les délinquants juvéniles. Les orphelins et les plus jeunes enfants qui sont pupilles du tribunal sont logés, garçons et filles séparément, dans des centres spéciaux où ils ont le droit de poursuivre leur éducation de base.

EGALITES DES SEXES: Le taux d’alphabétisation est légèrement plus élevé chez les femmes. La Constitution et la législation contiennent un certain nombre de dispositions discriminatoires envers les femmes. En février 2002 un réfé- rendum a rejeté les modifications qui auraient inscrit l’égalité dans la loi. Les femmes de tous les courants politiques continuent de faire pression pour que ces dispositions discriminatoires soient adoptées. Les femmes sont bien représen- tées dans les secteurs commerciaux et professionnels.

LIBERTE ACADEMIQUE: Aucun rapport ne fait mention d’une restriction de la liberté académique de la part du gouvernement.

TRAVAIL DES ENFANTS: Depuis la dernière édition du Baromètre, les Bahamas ont ratifié les conventions 138 et 182 de l’OIT. La loi interdit l’embauche d’enfants de moins de 14 ans pour le travail industriel et le travail durant les BAHAMAS heures d’école. Les enfants de moins de 16 ans ne peuvent travailler la nuit. Il n’existe pas d’âge légal minimum d’em- bauche. Certains enfants travaillent à temps partiel dans l’industrie légère et les services. On s’accorde à dire qu’environ 10.000 enfants sont économiquement actifs, y compris dans la confection de vêtements à domicile.

DROITS SYNDICAUX: Les travailleurs du secteur privé et la plupart de ceux du secteur public, y compris les ensei- gnants, ont le droit de former des syndicats et d’y adhérer sans autorisation préalable. Près d’un quart de la main-d’œu- vre [et 80% des travailleurs de l’importante industrie hôtelière] sont syndiqués. Afin de résoudre plus rapidement les liti-

BAROMÈTRE DE L’IE SUR LES DROITS HUMAINS ET SYNDICAUX DANS LE SECTEUR DE L’ÉDUCATION - 2004 39 BAHAMAS

ges, la Loi sur les relations de travail a été amendée en 1996 afin de mettre sur pied un tribunal professionnel. Conformément à cette loi, les différends professionnels sont d’abord examinés par le ministère du Travail et, s’ils ne sont pas résolus, ils sont ensuite portés en justice. Les travailleurs exercent librement le droit d’organisation et de négociation collective, protégé par la loi.

Organisation membre de l’IE / Nombre de membres: Bahamas Union of Teachers [BUT] / 2.000 BAHAMAS

40 BAROMÈTRE DE L’IE SUR LES DROITS HUMAINS ET SYNDICAUX DANS LE SECTEUR DE L’ÉDUCATION - 2004 BANGLADESH République populaire du Bangladesh • Population: 133.376.684

Population <15: 38,8% % du PNB afférent à l’enseignement: 2,5% Analphabétisme: 59,4% Espérance de vie à la naissance: m: 58 - f: 61 Taux de scolarisation brut, pré-primaire: Espérance de scolarité (années): Taux de scolarisation brut, primaire: 89% % d’élèves ayant atteint la 5ème année du primaire en 2000: Taux de scolarisation brut, secondaire: Nbre d’étudiants de l’enseignement supérieur par 100.000 habitants: 878.537 Nbre d’élèves du primaire par enseignant: % des dépenses du gouvernement afférentes à l’enseignement: 15,7%

Ratification des Conventions du BIT: 29 87 98 100 105 111 138 169 182

SYSTEME EDUCATIF: Avec l’assistance nationale et internationale, le gouvernement fait des progrès significatifs dans l’amélioration de l’accès à l’éducation. L’éducaation primaire universelle pour les enfants de 6 à 10 ans a été ren- due obligatoire en 1991, mais le gouvernement n’a pas été en mesure de faire appliquer totalement la loi en raison d’un manque de ressources. En 2002 cependant, plus de 80% des enfants du groupe d’âge de scolarité obligatoire fréquentaient les écoles et la plupart terminaient leur 5ème. Etant donné le manque d’infrastructures, la plupart des écoles opèrent en deux roulements : il en résulte que la plupart des enfants ne passent que trois à quatre heures par jour en classe. Le finan- cement de l’éducation de base est complété par des ONG locales et étrangères. Ainsi, la plus grande ONG nationale sou- tient l’éducation de 1,2 million d’enfants des campagnes. Le gouvernement, en partenariat avec l’UNICEF et les ONG, a assuré l’éducation de 350.000 enfants-travailleurs qui vivent dans les bidonvilles. L’OIT a entrepris une éducation spéci- fique et des programmes de prévoyance sociale en faveur de plus de 50.000 enfants. Malgré ces progrès, le Bangladesh - avec le Nigeria, le Pakistan, l’Inde et la République Démocratique du Congo - intervient encore pour 50% de l’ensemble des enfants qui ne vont pas à l’école et ces pays ont été inclus parmi les pays de l’Initiative de la voie rapide de la Banque mondiale. Il existe une législation garantissant une protection contre les discriminations des personnes handicapées, mais en pratique elle n’a aucun effet sur la dispense des services nécessaires. Au niveau de l’enseignement supérieur, le Bangladesh compte onze universités et 1.700 établissements d’enseignement supérieur, dont 68 centres de formation des enseignants. Des affrontements armés entre factions politiques estudiantines rivales continuent à entraver sérieusement les possibilités pour les étudiants de bénéficier d’une formation universitaire et pour les enseignants d’exercer leur métier. Plusieurs universités ont été forcées de fermer durant une période prolongée. Des mouvements visent à interdire l’action politique estudiantine sur les campus.

EGALITES DES SEXES: Le taux d’alphabétisation des femmes est d’environ 29% contre 52% pour les hommes.

Suite à une initiative gouvernementale visant à introduire l’égalité dans le système éducatif, l’enseignement est mainte- BANGLADESH nant gratuit pour les filles jusqu’à leur 12ème année d’études. Les garçons bénéficient de la gratuité jusqu’à leur 5ème année d’études. Selon le Rapport mondial de suivi sur l’éducation pour tous (EPT) 2003, les filles représentent 88,1% et les garçons 89,7% des inscriptions à l’école primaire (88,9%). 50% des élèves du cycle secondaire et 33% des étudiants du cycle supérieur sont du sexe féminin. Le nombre des femmes qui enseignent à l’école primaire est passé de 28% à 35% du total des enseignants entre 1990 et 2000.

LIBERTE ACADEMIQUE: Aucun rapport ne fait état de restriction de la liberté académique de la part du gouver- nement. Il peut y avoir une certaine autocensure sur les questions religieuses et politiques délicates ou litigieuses.

TRAVAIL DES ENFANTS: Le gouvernement estime qu’environ 6,6 millions d’enfants entre 5 et 14 ans travaillent.

BAROMÈTRE DE L’IE SUR LES DROITS HUMAINS ET SYNDICAUX DANS LE SECTEUR DE L’ÉDUCATION - 2004 41 BANGLADESH

On trouve des enfants qui travaillent dans 200 différents types d’activités, dont 49 sont considérées nocives pour leur santé physique et leur bien-être mental. La majorité des enfants travaillent sans être rémunérés, avec d’autres membres de la famille, dans des petites entreprises ou dans l’agriculture de subsistance. Dans les zones urbaines, on voit régulièrement les enfants conduire des pousse-pousse, casser des briques sur des chantiers de construction ou transporter des mar- chandises achetées sur les marchés par les clients qui font leurs emplettes. Dans l’industrie de la crevette, on les trouve au décorticage, à l’emballage et au ramassage des crevettes sur les plages. Suite à un accord tripartite visant à débarras- ser les ateliers de confection de vêtements du pays de la main-d’œuvre enfantine, le taux d’emploi des enfants de moins de 14 ans dans le secteur du vêtement a chuté de 43% en 1995 à 5% actuellement. Des rapports d’organisations de défen- se des droits de l’homme indiquent que les pires formes de travail des enfants telles que le trafic d’enfants à des fins de travail forcé et de prostitution constituent un problème grave. Le travail d’enfants comme domestiques, très proche de l’esclavage, aboutit souvent à l’abus des enfants, essentiellement sous la forme de mauvais traitement de la part de leurs employeurs. Il y a aussi un important trafic d’enfants vers d’autres pays, principalement vers le Moyen-Orient, l’Inde, le Pakistan et l’Asie du Sud-Est. L’UNICEF estime qu’il y a environ 10.000 enfants prostitués au Bangladesh. Selon d’autres estimations d’ONG locales, leur nombre serait même de 29.000. Les proxénètes d’enfants sont rarement pour- suivis, même si la loi prévoit un emprisonnement à perpétuité en cas de condamnation.

DROITS SYNDICAUX: La Constitution prévoit le droit de créer des syndicats et d’y adhérer. Néanmoins, il y a de nombreuses restrictions. Avant qu’un syndicat puisse être enregistré, 30% des travailleurs d’une entreprise doivent y être affiliés. Les syndicats peuvent être dissous s’ils n’atteignent pas ou retombent en dessous de ce quorum. La loi ne recon- naît pas spécifiquement le droit de grève. Aucun enseignant ne peut créer un syndicat, que ce soit dans le secteur privé ou dans le secteur public. Les enseignants forment des associations qui assurent des fonctions similaires aux syndicats, notamment offrir une protection sociale à leurs membres, assurer des services juridiques, exprimer leurs revendications. La négociation collective est également interdite dans le secteur public. Le barème des traitements et autres avantages des travailleurs du secteur public sont déterminés par la Commission Nationale des Salaires et Traitements. Les recom- mandations de la Commission sont contraignantes et ne peuvent être contestées, si ce n’est au niveau de leur mise en œuvre.

Organisation membre de l’IE / Nombre de membres: Bangladesh Teachers' Association [BTA] / 65.000 Bangladesh Teachers' Federation [BTF] / 165.000 National Federation of Teachers' Associations [NFTA] / 77.536 BANGLADESH

42 BAROMÈTRE DE L’IE SUR LES DROITS HUMAINS ET SYNDICAUX DANS LE SECTEUR DE L’ÉDUCATION - 2004 BARBADE Population: 276.607

Population <15: 20,5% % du PNB afférent à l’enseignement: 7,1% Analphabétisme: Espérance de vie à la naissance: m: 72 - f: 78 Taux de scolarisation brut, pré-primaire: Espérance de scolarité (années): Taux de scolarisation brut, primaire: 105% % d’élèves ayant atteint la 5ème année du primaire en 2000: Taux de scolarisation brut, secondaire: Nbre d’étudiants de l’enseignement supérieur par 100.000 habitants: 7.979 Nbre d’élèves du primaire par enseignant: % des dépenses du gouvernement afférentes à l’enseignement: 18,5%

Ratification des Conventions du BIT: 29 87 98 100 105 111 138 169 182

SYSTEME EDUCATIF: L’éducation est le poste le plus important du budget de l’Etat. Bien que les chiffres des com- pétences fonctionnelles de la lecture et de l’écriture telles que définie par le Rapport du Développement Humain 2003 (HDR) ne soient pas connus, le taux officiel d’analphabétisme adulte n’est que de 0.3%. Ce chiffre situe la Barbade parmi les sociétés les plus alphabétisées du monde. La majorité des nouveaux inscrits en première année d’école primaire sor- tent d’un programme préscolaire. Il existe trois types d’établissements primaires et secondaires : les écoles dont le fonc- tionnement est géré par l’Etat, les écoles privées, soit subventionnées, soit non subventionnées, et enfin les écoles indé- pendantes. Selon les statistiques les plus récentes, on compte 80 écoles primaires publiques fréquentées par 26 627 élèves avec 1.559 enseignants et 28 écoles maternelles et primaires fréquentées par 3.313 enfants avec 218 enseignants. 20.435 élèves sont inscrits dans les 23 écoles secondaires de l’Etat. Toutes sont mixtes, à l’exception de deux d’entre elles. Les écoles emploient 1.304 enseignants. 1.317 élèves fréquentent huit écoles secondaires privées subventionnées avec 97 enseignants à temps plein. Une école publique spéciale répond aux besoins des enfants malentendants et malvoyants. Il existe également une école pour les enfants déficients mentaux. La politique du gouvernement est d’intégrer dans la mesure du possible les enfants à besoins spéciaux dans le système scolaire normal. Un établissement extra-scolaire prend en charge les élèves difficiles ou renvoyés du cycle secondaire. Le harcèlement et le comportement antisocial à l’intérieur comme à l’extérieur des classes inquiètent particulièrement les enseignants et leurs syndicats. Outre les dispositions cons- titutionnelles de l’égalité pour tous, il n’existe pas de lois spéciales interdisant la discrimination envers les personnes handicapées dans l’emploi, l’éducation ou autres services publics. L’éducation est obligatoire pour les enfants âgés de 5 à 16 ans. Elle est gratuite dans les établissements subventionnés par l’Etat de la 1ère année jusqu’à l’université. Le cam- pus de Cave Hill est une branche importante de l’Université régionale des Indes occidentales. Outre ses facultés de droit et de médecine, Cave Hill est chargée de la formation des enseignants pour la Barbade et les Caraïbes orientales. Elle est également associée au Centre d’études sur l’égalité des sexes et le développement, au Codrington Theological College, ainsi qu’à un centre de formation à distance. La Barbade compte un certain nombre d’autres institutions tertiaires, dont des établissements de formation des enseignants, une école polytechnique, un collège communautaire, un institut de direction et de productivité, ainsi que des programmes gouvernementaux de formation professionnelle.

EGALITES DES SEXES: Environ 60% des étudiants des institutions d’enseignement supérieur sont des jeunes filles. BARBADE Il n’existe aucune entrave légale à la participation des femmes au gouvernement et à la politique. Les femmes prennent part à tous les aspects de la vie nationale et sont bien représentées à tous les niveaux des secteurs public et privé.

LIBERTE ACADEMIQUE: Aucun rapport n’indique une restriction de la liberté académique de la part du gou- vernement.

BAROMÈTRE DE L’IE SUR LES DROITS HUMAINS ET SYNDICAUX DANS LE SECTEUR DE L’ÉDUCATION - 2004 43 BARBADE

TRAVAIL DES ENFANTS: L’âge minimum d’embauche est fixé à 16 ans et est largement respecté, notamment grâce à la scolarité primaire et secondaire obligatoire jusqu’à 16 ans. Les inspecteurs du ministère du Travail mènent des enquêtes dans les entreprises et analysent les registres afin de vérifier qu’il n’y a pas d’infraction. Une action en justice peut être intentée contre toute personne qui emploie des travailleurs plus jeunes.

DROITS SYNDICAUX: Le droit d’association est garanti par la Constitution de la Barbade et, bien que la loi pré- voie le droit d’organisation et de négociation collective, les employeurs n’ont pas l’obligation légale de reconnaître les syndicats. Néanmoins, la plupart le font une fois qu’un syndicat demande l’accréditation de négociateur représentant les travailleurs d’une entreprise. Les salaires et conditions de travail sont fixés par la négociation collective dans les secteurs public et privé et certains accords dans le secteur privé incluent une disposition concernant les augmentations de pro- ductivité. Les Accords tripartites sur les prix et salaires sont en vigueur depuis 1993 et, après la phase initiale du gel des salaires pendant 2 ans, les syndicats ont entrepris de faire preuve de modération dans leurs demandes d’augmentation des salaires de base. L’Accord tripartite actuel est prolongé jusqu’au 31 mars 2005 pour permettre l’élaboration de celui qui va le remplacer. Il contient une annexe afférant au traitement du VIH/SIDA et d’autres maladies mortelles sur le lieu de travail. Les Accords ne sont pas garantis par la loi et correspondent donc à l’approche volontariste qui caractérise les relations industrielles à la Barbade. Il n’existe pas de législation interdisant le droit de grève aux employés des secteur privé et public - excepté dans le cadre de la Loi de 1920 gouvernant les employés des services essentiels, mais ses dispo- sitions n’ont pas été appliquées lorsque ces travailleurs ont cessé le travail. Aucun syndicat n’est dépendant d’un quel- conque parti politique. Le siège du Congress of Labour se trouve à la Barbade.

Organisation membre de l’IE / Nombre de membres: Barbados Secondary Teachers' Union [BSTU] / 382 Barbados Union of Teachers [BUT] / 2.000 BARBADE

44 BAROMÈTRE DE L’IE SUR LES DROITS HUMAINS ET SYNDICAUX DANS LE SECTEUR DE L’ÉDUCATION - 2004 BELGIQUE Royaume de Belgique • Population: 10.274.595

Population <15: 17,3% % du PNB afférent à l’enseignement: 5,8% Analphabétisme: 2% Espérance de vie à la naissance: m: 74 - f: 81 Taux de scolarisation brut, pré-primaire: 111,5% Espérance de scolarité (années): 16 Taux de scolarisation brut, primaire: 101% % d’élèves ayant atteint la 5ème année du primaire en 2000: Taux de scolarisation brut, secondaire: m: 131,4 - f: 152,6% Nbre d’étudiants de l’enseignement supérieur par 100.000 habitants: 359.265 Nbre d’élèves du primaire par enseignant: 13 % des dépenses du gouvernement afférentes à l’enseignement: 11,6%

Ratification des Conventions du BIT: 29 87 98 100 105 111 138 169 182

SYSTEME EDUCATIF: La Constitution garantit le droit d’organisation au sein du système éducatif belge depuis la fondation du royaume en 1830. Les barrières financières qui entravaient la fréquentation de l’école ont été levées au début du 20ème siècle. Les gouvernements successifs se sont fermement engagés en faveur d’un large financement du système scolaire qui est gratuit et obligatoire de 6 à 18 ans. Depuis 1959, le système comprend à la fois les écoles laïques et les écoles catholiques. D’ordinaire, l’éducation de la petite enfance commence à l’âge de deux ans et demi. Dès six ans les enfants suivent six années de primaire et six de secondaire. Bien que l’éducation reste obligatoire jusqu’à l’âge de 18 ans, les étudiants de 15 ou 16 ans peuvent continuer leur éducation à temps partiel. En principe, à 16 ans les élèves choi- sissent entre un enseignement général technique, professionnel ou artistique. L’année académique dure environ 37 semaines. Le fait que le pays reconnaisse le néerlandais, le français et l’allemand comme langues officielles occasionne de sérieuses complexités dans le domaine de l’éducation. L’enseignement est géré par les communautés linguistiques ; selon la région, les cours se donnent en français ou en néerlandais ou encore en allemand dans certaines communes de l’est du pays. Environ 5% des enfants fréquentent des écoles répondant à leurs besoins spécifiques. La pénurie d’ensei- gnants est une préoccupation compte tenu des départs à la retraite. Depuis la 2ème édition du Baromètre de l’IE, la Belgique a amélioré le traitement des demandeurs d’asile, réduisant considérablement la période durant laquelle les enfants des demandeurs d’asile ne reçoivent aucune instruction. Selon son rapport 2003, Amnesty International (AI) n’apparaît pas convaincu par la manière dont la Belgique traite les enfants des demandeurs d’asile, qualifiée d’insuffi- sante. La Belgique compte neuf grandes universités et de nombreux établissements d’enseignement supérieur, y compris des académies des beaux-arts, des conservatoires de musique et des instituts d’agronomie. L’accès à l’enseignement supé- rieur est normalement ouvert à tous et il n’existe pas de numerus clausus.

EGALITES DES SEXES: Les filles ont accès à tous les niveaux de l’éducation. Les jeunes filles tendent à rester plus longtemps à l’école secondaire que les garçons et elles représentent plus de 55% des inscriptions dans les institutions ter- tiaires. Le traitement égalitaire des hommes et des femmes est garanti par la Constitution, par la loi et par les traités inclus dans cette loi. Le gouvernement soutient activement l’intégration des femmes dans la prise de décision à tous les

niveaux. Bien que la moyenne du salaire net d’une femme n’est que de 85% de celle du salaire national net, graduelle- BELGIQUE ment des progrès ont été faits en direction de la parité, particulièrement ces dernières dix années.

LIBERTE ACADEMIQUE: Les rapports indiquent que le gouvernement fédéral et les gouvernements régionaux de Flandre, de Wallonie et de Bruxelles respectent la liberté académique.

BAROMÈTRE DE L’IE SUR LES DROITS HUMAINS ET SYNDICAUX DANS LE SECTEUR DE L’ÉDUCATION - 2004 45 BELGIQUE

TRAVAIL DES ENFANTS: L’âge minimum d’embauche est fixé à 15 ans, mais la scolarité est obligatoire jusqu’à 18 ans. Les étudiants de 15 à 18 ans peuvent travailler et étudier à temps partiel et peuvent travailler à temps complet durant les vacances scolaires. Le travail des enfants n’existe à proprement parlé dans aucun secteur industriel. Cependant, la Belgique est un point de transit et une destination pour le trafic d’enfants. Le gouvernement collabore étroitement avec les ONG qui luttent contre ce trafic. La législation prévoit des peines sévères contre la pédophilie et une loi de 2001 renforce la protection des enfants contre l’exploitation sexuelle, le rapt et le trafic des mineurs. Les citoyens qui ont commis des sévices sexuels sur des enfants à l’étranger sont susceptibles d’être poursuivis.

DROITS SYNDICAUX: Près de 60% des travailleurs sont syndiqués. Les syndicats, y compris ceux du secteur public, bénéficient du droit de grève. Les accords collectifs s’appliquent à tous les travailleurs, qu’ils soient syndiqués ou non. Certaines améliorations sont intervenues dans les relations entre syndicats et employeurs depuis la 2ème édition du Baromètre de l’IE. En mars 2002, les partenaires sociaux ont conclu un protocole d’accord renforçant le droit de grève qui a souvent été remis en question avec succès par certains employeurs. Sur la base de ce nouvel accord, les employeurs s’engagent à ne pas avoir recours aux procédures légales avant d’avoir épuisé toutes les tentatives de conciliation.

Organisation membre de l’IE / Nombre de membres: Algemene Centrale der Openbare Diensten Sector 'Onderwijs' [ACOD] / 15.100 Centrale Générale des Services Publics - Enseignement [FGTB-CGSP] / 10.000 BELGIQUE

46 BAROMÈTRE DE L’IE SUR LES DROITS HUMAINS ET SYNDICAUX DANS LE SECTEUR DE L’ÉDUCATION - 2004 BELIZE Population: 262.999

Population <15: 38,3% % du PNB afférent à l’enseignement: 6,2% Analphabétisme: 6,6% Espérance de vie à la naissance: m: 69,17 - f: 73,87 Taux de scolarisation brut, pré-primaire: 26% Espérance de scolarité (années): Taux de scolarisation brut, primaire: 100% % d’élèves ayant atteint la 5ème année du primaire en 2000: Taux de scolarisation brut, secondaire: m: 47 - f: 52% Nbre d’étudiants de l’enseignement supérieur par 100.000 habitants: Nbre d’élèves du primaire par enseignant: 26 % des dépenses du gouvernement afférentes à l’enseignement: 209%

Ratification des Conventions du BIT: 29 87 98 100 105 111 138 169 182

SYSTEME EDUCATIF: L’éducation est obligatoire pour les enfants âgés de 5 à 15 ans. Elle est en principe gratui- te, mais les frais d’achat de livres scolaire et d’uniforme empêchent les enfants de familles pauvres d’aller à l’école - un tiers de la population vit en dessous du seuil de pauvreté. De nombreux enfants font aussi l’école buissonnière ou aban- donnent l’école. Les enfants handicapés ont accès à des structures éducatives spéciales, toutefois les critères d’entrée dans ces programmes gouvernementaux sont très stricts. A part les écoles secondaires, le gouvernement gère des programmes d’apprentissage et des centres professionnels. Au niveau secondaire, on manque cruellement d’écoles et les collèges publics et privés ne répondent qu’à la moitié des demandes. La plupart des écoles primaires et secondaires sont gérées par trois confessions religieuses : catholique, anglicane et méthodiste. La 2ème édition du Baromètre de l’IE révélait l’in- troduction de plans pour la réhabilitation des délinquants juvéniles en leur fournissant du travail et une formation. Le gouvernement a interrompu ces programmes en 2002. L’enseignement supérieur est dispensé sur les trois campus de l’Université de Belize, qui entretient des liens étroits avec l’Université du Michigan (Etats-Unis). Il existe aussi une Faculté d’Agriculture de Belize. Le pays est également affilié à l’Université régionale des . Le pays compte des éco- les médicales offshore. Elles sont le plus souvent fréquentées par des citoyens américains.

EGALITES DES SEXES: Au cours des dernières années, la proportion des jeunes filles dans l’enseignement supé- rieur a augmenté et actuellement 64% des étudiants inscrits à l’Université de Belize sont des jeunes filles. En dépit de dispositions constitutionnelles établissant l’égalité, les femmes sont victimes de préjugés sociaux et économiques. Leur taux de chômage est de 20,3% contre 9% chez les hommes. Les femmes sont actives dans toutes les sphères de la vie natio- nale mais relativement peu d’entre elles ont des postes à responsabilité. La loi garantit le salaire égal pour un travail égal ; les femmes ont cependant tendance à moins gagner que les hommes.

LIBERTE ACADEMIQUE: Aucun rapport n’indique une restriction de la liberté académique de la part du gou- vernement.

TRAVAIL DES ENFANTS: La Loi du travail interdit l’embauche de tout enfant de moins de 12 ans et interdit l’em- bauche d’enfants âgés de 12 à 14 ans pendant les heures d’école et les jours officiels d’école. L’âge minimum d’embau- che est fixé à 17 ans en cas de travail effectué près de machines dangereuses. Des inspecteurs des ministères du Travail et de l’Education font respecter cette réglementation. Des sources dignes de foi font état de trafic d’enfants aux fins de BELIZE prostitution et de servitude domestique. Une étude nationale en 2001 a révélé qu’environ 35% de ceux qui travaillent dans «l’industrie du sexe» ont moins de 18 ans.

BAROMÈTRE DE L’IE SUR LES DROITS HUMAINS ET SYNDICAUX DANS LE SECTEUR DE L’ÉDUCATION - 2004 47 BELIZE

DROITS SYNDICAUX: Les travailleurs peuvent former des syndicats et y adhérer en toute liberté. La loi accorde le droit de grève aux syndicats. Toutefois, les syndicats des services essentiels doivent donner un préavis de grève de trois semaines. L’OIT estime que la définition de services essentiels par le gouvernement est nettement trop large. La loi pré- voit la négociation collective et celle-ci est pratiquée librement dans tout le pays. Il y a eu une grève en 2002. Le 12 mars, l’affilié de l’IE, BNTU, a organisé une grève d’un jour à Belmopan pour protester contre des salaires trop bas. Le gou- vernement a entamé les négociations avec le syndicat et a accepté d’octroyer une hausse de salaire avant la fin de l’an- née.

Organisation membre de l’IE / Nombre de membres: Belize National Teachers' Union [BNTU] / 1.400 BELIZE

48 BAROMÈTRE DE L’IE SUR LES DROITS HUMAINS ET SYNDICAUX DANS LE SECTEUR DE L’ÉDUCATION - 2004 BENIN République du Bénin • Population: 6.305.567

Population <15: 45,9% % du PNB afférent à l’enseignement: 3,2% Analphabétisme: 61,4% Espérance de vie à la naissance: m: 48 - f: 53,2 Taux de scolarisation brut, pré-primaire: 6,9% Espérance de scolarité (années): m: 9 - f: 5 Taux de scolarisation brut, primaire: 70% % d’élèves ayant atteint la 5ème année du primaire en 2000: 84% Taux de scolarisation brut, secondaire: m: 30,1 - f: 13,5% Nbre d’étudiants de l’enseignement supérieur par 100.000 habitants: 18.753 Nbre d’élèves du primaire par enseignant: 53 % des dépenses du gouvernement afférentes à l’enseignement:

Ratification des Conventions du BIT: 29 87 98 100 105 111 138 169 182

SYSTEME EDUCATIF: Le Bénin est un pays extrêmement pauvre et la majorité de ses citoyens est analphabète. L’enseignement est gratuit mais n’est pas obligatoire. Bien que les statistiques depuis la 2 ème édition du baromètre de l’IE semblent indiquer une amélioration marquée de la scolarisation des enfants en âge de scolarité primaire, à l’éche- lon national seuls 26% des garçons et 12% des filles ont fréquenté l’école secondaire en 2002. Les organisations affiliées à l’IE, SYNEMP, SNEP et SYNESTP ont formé une coalition pour accroître l’impact de la Semaine d’action mondiale de 2002 en organisant une marche publique à laquelle 500 personnes ont pris part en proclamant le droit à l’apprentissa- ge. D’inquiétants rapports crédibles continuent de refaire surface, suggérant que certains enseignants offrent de faire pas- ser des élèves dans la classe supérieure ou d’améliorer leurs résultats en échange de relations sexuelles. Le gouvernement a permis aux enfants de réfugiés togolais de fréquenter les écoles locales.

EGALITES DES SEXES: 16% seulement des femmes adultes savent lire et écrire. Pourtant, depuis la 1ère édition du Baromètre de l’IE en 1998, les filles ont fait des avancées significatives, en particulier en terminant leur scolarité pri- maire et par leur réussite scolaire en général. Bien que les garçons soient deux fois plus nombreux que les filles à l’éco- le primaire, le nombre de femmes alphabétisées a doublé au cours des six dernières années. Au niveau universitaire, la fréquentation est de 6 hommes pour une femme.

LIBERTE ACADEMIQUE: Les enseignants dans les trois universités du pays peuvent procéder à leurs recherches, publier leur travail et donner leurs cours sans autocensure. Cependant, en 2002 le maire de Cotonou a refusé d’autori- ser toute manifestation estudiantine dans la capitale.

TRAVAIL DES ENFANTS: Le Code du travail interdit l’embauche ou la mise sous contrat d’apprentissage des enfants de moins de 14 ans. Les travaux légers sont autorisés à partir de 12 ans. Le ministère du Travail n’est en mesure de faire appliquer cette réglementation que dans le secteur officiel. Il n’est pas rare de voir des enfants travailler dans l’exploitation agricole familiale et dans de petites entreprises. Un rapport de 2000 estime que la majorité des apprentis travaillant comme couturières, coiffeurs ou coiffeuses, charpentiers et mécaniciens n’ont pas 14 ans, âge légal pour commencer un apprentissage. La 2ème édition du Baromètre de l’IE faisait mention de la pratique du «vidomegon» selon laquelle les enfants des régions rurales sont envoyés dans les villes où, en échange des tâches domestiques qu’ils

effectuent, ils sont censés recevoir une éducation. Les abus de la part des familles d’accueil sont décrits comme constants. BENIN Les enfants, le plus fréquemment des fillettes, sont souvent exploitées et reçoivent peu ou pas d’éducation. Le Baromètre indiquait que le gouvernement avait lancé des campagnes pour alerter les parents des milieux ruraux des dangers d’ex- ploitation encourus par leurs enfants. Ces campagnes ne semblent pas avoir eu beaucoup d’effet. Les familles extrême- ment pauvres continuent d’encourager leurs jeunes filles à se prostituer. Les éditions précédentes du Baromètre ont rap-

BAROMÈTRE DE L’IE SUR LES DROITS HUMAINS ET SYNDICAUX DANS LE SECTEUR DE L’ÉDUCATION - 2004 49 BENIN

porté que de graves cas de rapt d’enfants avaient eu lieu et que les affiliés de l’IE au Bénin avaient lancé une campagne commune contre le travail des enfants. La lutte pour éliminer le travail des enfants se poursuit sans discontinuer mais les progrès sont lents.

DROITS SYNDICAUX: La Constitution garantit aux travailleurs la liberté de former des syndicats et d’y adhérer, ainsi que le droit de grève, et en général le gouvernement respecte ces prérogatives. Environ 2% des travailleurs sont employés dans le secteur officiel et quelque 75% d’entre eux sont syndiqués.

Organisation membre de l’IE / Nombre de membres: Syndicat National de l'Enseignement Primaire Public du Bénin [SNEP] / 6.000 Syndicat National des Enseignements Maternel et Primaire du Bénin [SYNEMP] / 6.000 Syndicat National des Enseignements Secondaire Technique et Professionel [SYNESTP] / 2.000 Syndicat National des Professeurs des Enseignements Secondaires [SYNAPES] / 1.940 BENIN

50 BAROMÈTRE DE L’IE SUR LES DROITS HUMAINS ET SYNDICAUX DANS LE SECTEUR DE L’ÉDUCATION - 2004 BERMUDES Population: 63.960

Population <15: 19,2% % du PNB afférent à l’enseignement: Analphabétisme: 2% Espérance de vie à la naissance: m: 75 - f: 79 Taux de scolarisation brut, pré-primaire: Espérance de scolarité (années): Taux de scolarisation brut, primaire: % d’élèves ayant atteint la 5ème année du primaire en 2000: Taux de scolarisation brut, secondaire: Nbre d’étudiants de l’enseignement supérieur par 100.000 habitants: Nbre d’élèves du primaire par enseignant: 17 % des dépenses du gouvernement afférentes à l’enseignement:

Ratification des Conventions du BIT: 29 87 98 100 105 111 138 169 182

SYSTEME EDUCATIF: L’instruction est obligatoire de 5 à 16 ans. Une éducation préscolaire est disponible pour les enfants dès l’âge de 4 ans L’éducation est gratuite pour tous les enfants dans les 39 écoles publiques primaires, secon- daires inférieures et secondaires et spéciales administrées par le ministère de l’Education. Environ un tiers des 11 000 élè- ves des Bermudes fréquentent des écoles privées payantes. La Loi sur l’éducation qui est entrée en vigueur en juillet 2002 fixe des critères pour l’enregistrement de tous les enseignants, ceux des Bermudes ou d’ailleurs. Les enseignants des éco- les publiques sont certifiés par le gouvernement des Bermudes et doivent être membres du Union of Teachers. On compte un total de 800 enseignants enregistrés aux Bermudes, dont 100 dans le système privé. Les écoles privées ont plutôt tendance à préparer leurs étudiants à l’enseignement supérieur dans des institutions aux Etats-Unis, en Grande- Bretagne, au Canada et en Europe. Il n’existe pas d’université ou d’institution post-universitaire aux Bermudes. Fort de 1 200 étudiants, le Bermuda College propose néanmoins des certificats d’études et diplômes dans les sciences appliquées, le commerce, les technologies, l’hôtellerie et les sciences humaines. Le ministère de l’Education accorde chaque année des bourses pour la formation des enseignants.

EGALITES DES SEXES: Garçons et filles ont égalité d’accès à l’éducation à tous les niveaux.

LIBERTE ACADEMIQUE: Aucun rapport n’indique une restriction de la liberté académique de la part du gou- vernement.

TRAVAIL DES ENFANTS: Le Code de conduite de la Loi sur l’éducation de 1996 assure la fréquentation scolaire et il est strictement appliqué par le ministère de l’Education.

DROITS SYNDICAUX: Selon la loi, tous les enseignants des écoles publiques sont tenus d’adhérer à l’affilié de l’IE, BUT. Les enseignants qualifiés et accrédités des écoles privées ont la possibilité de devenir membres. BUT a un représen-

tant au Conseil consultatif du travail et au Bureau des retraites de la fonction publique, tous deux organes officiels du BERMUDES gouvernement.

Organisation membre de l’IE / Nombre de membres: Bermuda Union of Teachers [BUT] / 800

NOTE : Les Bermudes sont un territoire dépendant du Royaume-Uni jouissant d'une autonomie interne. Le territoire promulgue ses propres lois. Le Royaume-Uni est responsa- ble de la défense, des affaires étrangères et de la sécurité intérieure.

BAROMÈTRE DE L’IE SUR LES DROITS HUMAINS ET SYNDICAUX DANS LE SECTEUR DE L’ÉDUCATION - 2004 51 BOSNIE-HERZEGOVINE Population: 3.964.388

Population <15: 18,3% % du PNB afférent à l’enseignement: Analphabétisme: Espérance de vie à la naissance: m: 69,3 - f: 74,93 Taux de scolarisation brut, pré-primaire: Espérance de scolarité (années): Taux de scolarisation brut, primaire: % d’élèves ayant atteint la 5ème année du primaire en 2000: Taux de scolarisation brut, secondaire: Nbre d’étudiants de l’enseignement supérieur par 100.000 habitants: Nbre d’élèves du primaire par enseignant: % des dépenses du gouvernement afférentes à l’enseignement:

Ratification des Conventions du BIT: 29 87 98 100 105 111 138 169 182

SYSTEME EDUCATIF: L’instruction est gratuite et obligatoire jusqu’à l’âge de 16 ans tant dans la Fédération BiH que dans la Republika Srpska (RS). Les enfants continuent à souffrir de manière disproportionnée de la pression de l’a- près-guerre. De nombreux enfants déplacés à l’intérieur du pays ne peuvent retourner dans la maison ou le quartier qui était le leur avant la guerre. Les divisions ethniques restent un obstacle important pour l’éducation. En Bosnie et Herzégovine (BiH), trois systèmes d’enseignement parallèles coexistent dans trois langues différentes. Bien que le curri- culum développé par le ministère de l’Education nationale ait eu pour but d’être utilisé par tous les étudiants dans le pays, les Croates utilisent une version du curriculum croate et en Republika Srpska, c’est un curriculum serbe adapté qui est utilisé. Les classes de Bosnie et Herzégovine n’offrent pas toujours un cadre neutre. La ségrégation et la discrimina- tion sont enracinées dans la culture d’après-guerre. Les étudiants issus de groupes minoritaires sont parfois dans l’im- possibilité de suivre les cours et sont fréquemment confrontés à un environnement hostile. Dans de nombreux cas, étu- diants et enseignants issus de différents groupes ethniques partagent le même bâtiment scolaire mais suivent les cours à différents étages ou utilisent les équipements en alternance. Le District de Brcko est une exception, qui a introduit avec succès une intégration totale dans les classes du primaire et du secondaire. Doté d’un gouvernement local autonome, le District de Brcko utilise un programme de cours harmonisé pour tous les enseignants et a éliminé le matériel discrimi- natoire des manuels scolaires. Selon l’Article 7 de sa propre législation, Brcko accorde une importance égale aux langues bosniaque, croate et serbe et un statut égal aux alphabets «latin et cyrillique». Les langues et alphabets «doivent être uti- lisés pour toutes les formalités officielles». Dans le cadre d’une autre démarche positive, la Fédération a intégré dans tou- tes les écoles secondaires un cours d’éducation civique intitulé «Démocracie et Droits de l’Homme».

EGALITES DES SEXES: Les femmes sont bien représentées dans les facultés de droit, les facultés universitaires et dans la profession médicale. Cependant, les deux entités présentent traditionnellement une prédominance masculine et cela reste le cas, notamment dans les régions rurales.

LIBERTE ACADEMIQUE: Des rapports fiables font état de discrimination et dénoncent que l’appartenance à cer- taines ethnies et à certains partis politiques ont une influence sur les nominations et les promotions académiques.

TRAVAIL DES ENFANTS: L’âge minimum d’embauche des enfants dans les deux entités est de 16 ans. Les enfants aident parfois leur famille à la ferme et pour de petits travaux. L’Accord de Dayton a incorporé la Convention des Nations Unies relative aux droits de l’enfant dans l’accord et tient lieu de loi dans les deux entités. Des recherches anec- dotiques montrent que les enfants ne sont pas seulement traumatisés par la guerre civile en soi mais continuent à être défavorablement affectés par le fait de vivre dans un environnement insécurisé et fracturé. Comme dans les autres pays BOSNIE-HERZEGOVINE

52 BAROMÈTRE DE L’IE SUR LES DROITS HUMAINS ET SYNDICAUX DANS LE SECTEUR DE L’ÉDUCATION - 2004 BOSNIE-HERZEGOVINE

en transition, les enfants sont exposés au désordre et à la violence et au danger d’exploitation et de mauvais traitement par des éléments du crime organisé. La société et le système juridique n’offrent pas une protection adéquate. Le gouver- nement, par exemple, n’a pris que peu de mesures pour combattre le problème des jeunes filles contraintes de se livrer à la prostitution. Le trafic des enfants à des fins d’exploitation sexuelle représente un sérieux problème.

DROITS SYNDICAUX: La Constitution et les lois du travail de la Fédération et de la RS autorisent les travailleurs à s’organiser, à former des syndicats et à y adhérer et à négocier collectivement. Les syndicats ont le droit de grève. Ces droits sont plus facilement applicables et mieux respectés dans le secteur public que dans le secteur privé. Les enseignants des écoles primaires en BiH ont entamé une grève afin d’obtenir quatre mois d’arriérés de salaire. La grève a commen- cé en décembre 2001 et un accord a été conclu au début de l’année 2002 et les arriérés salariaux ont été payés. En décem- bre 2003, les enseignants du secondaire dans le canton de Sarajevo ont également mené une action de grève. Le syndi- cat se trouvait dans l’impossibilité de conclure un accord avec le ministère de l’Education sur les adaptations salariales des enseignants. Vers la mi-décembre, la grève a été interrompue et un accord a été trouvé. Bien que les statuts des syn- dicats stipulent qu’ils sont ouverts à l’adhésion de tout le personnel éducatif, les syndicats sont en réalité divisés selon des lignes ethniques. Récemment, des activités syndicales conjointes ont été menées. A Brcko, les syndicats ont développé de bonnes relations de travail dans tous les secteurs.

Organisation membre de l’IE / Nombre de membres: Independent Trade Union of Primary Education Workers of Bosnia and Herzegovina [ITUPEWBH] / 49.097 The Independent Trade Union of the Secondary School [ITUSS] / 20.000 Trade Union of Education, Science and Culture of Republika Srpska [TUESCRS] / 16.450

L'Accord de paix de Dayton, signé en 1995, a mis fin à plus de trois années de guerre régionale et a fait de la Bosnie-Herzégovine un Etat uni composé de deux entités : la BOSNIE-HERZEGOVINE Fédération croato-musulmane et la Republika Srpska. Depuis la fin de la guerre, la Fédération a une majorité bosniaque (musulmane) et croate. Au sein du territoire fédéral, la responsabilité de l'éducation incombe aux dix cantons. En Republika Srpska, le système éducatif est centralisé.

BAROMÈTRE DE L’IE SUR LES DROITS HUMAINS ET SYNDICAUX DANS LE SECTEUR DE L’ÉDUCATION - 2004 53 BOTSWANA République du Botswana • Population: 1.591.232

Population <15: 40% % du PNB afférent à l’enseignement: 8,6% Analphabétisme: 21,9% Espérance de vie à la naissance: 35 Taux de scolarisation brut, pré-primaire: Espérance de scolarité (années): 11,3 Taux de scolarisation brut, primaire: m: 79 - f: 83% % d’élèves ayant atteint la 5ème année du primaire en 2000: m: 87 - f: 93% Taux de scolarisation brut, secondaire: m: 61 - f: 68% Nbre d’étudiants de l’enseignement supérieur par 100.000 habitants: 7.651 Nbre d’élèves du primaire par enseignant: 25 % des dépenses du gouvernement afférentes à l’enseignement:

Ratification des Conventions du BIT: 29 87 98 100 105 111 138 169 182

SYSTEME EDUCATIF: Le gouvernement affecte la plus grande partie de son budget d’exploitation à l’éducation et a construit de nombreuses nouvelles écoles en 2002. L’enseignement primaire est gratuit pendant sept ans mais n’est pas obligatoire. Entre 10 et 17% des enfants ne vont jamais à l’école et on considère que le Botswana court le risque de ne pas pouvoir réaliser l’enseignement primaire universel d’ici 2015. Moins de 20% des étudiants terminent le cycle secondaire. La langue officielle est l’anglais et la langue nationale est le setswana, qui est parlée par les Tswana, le plus grand groupe ethnique du pays. Les groupes non-tswana sont mécontents du fait qu’ils ne peuvent pas suivre un ensei- gnement dans leur langue maternelle. Le peuple nomade autochtone qui vit de la chasse et de la cueillette, les Basarwa (qu’on appelait les Bochimans durant la période coloniale) ont été réinstallés «volontairement» en 2002 dans des villa- ges éloignés. Ils émargent maintenant à l’aide sociale et l’accès à l’éducation pour leurs enfants, auparavant minimal, ne s’est pas amélioré. A la fin du mois de novembre 2002, le personnel académique et non-académique de l’Université du Botswana est entré en grève à cause des salaires. Il a rapidement été rejoint par les étudiants protestant contre les horaires d’examen chaotiques qui étaient une conséquence de la grève. Le gouvernement a fermé l’Université quand il a estimé que les manifestations amenaient trop de perturbations. Le Botswana connaît l’un des plus hauts taux de VIH/SIDA au monde et l’épidémie continue à gagner du terrain. L’éclatement des familles, la désertification des campa- gnes (exode rural) et le mouvement des paysans vers les villes, le taux élevé de mobilité, la pauvreté et le bas statut des femmes, tous ces éléments contribuent à la propagation du VIH/SIDA. Le système éducatif se bat pour gérer l’impact du VIH/AIDS tant sur les enseignants que sur les étudiants.

EGALITES DES SEXES: L’alphabétisation des femmes adultes est légèrement plus élevée que celles des hommes, mais dans certaines zones rurales les filles se voient refuser le droit à l’enseignement en raison de croyances religieuses ou traditionnelles. Au niveau primaire, les filles sont moins susceptibles de quitter l’école et au niveau secondaire, il y a un peu plus de chances qu’elles obtiennent un diplôme. Le pourcentage des femmes qui fréquentent l’université et d’au- tres institutions tertiaires est équivalent à celui des hommes. L’exploitation sexuelle et le harcèlement des filles par des hommes en position d’autorité, y compris des enseignants, restent un grave problème. La réponse du gouvernement a été d’amender la loi sur les Services Publics. Cette loi prévoit également des peines pour le mauvais comportement sexuel des enseignants.

LIBERTE ACADEMIQUE: Aucun rapport disponible n’indique une restriction de la liberté académique de la part du gouvernement.

TRAVAIL DES ENFANTS: Seul un parent proche de la famille peut employer un enfant de 13 ans, voire plus jeune et aucun adolescent de moins de 15 ans ne peut travailler dans l’industrie. Personne en dessous de 16 ans ne peut BOTSWANA BOTSWANA

54 BAROMÈTRE DE L’IE SUR LES DROITS HUMAINS ET SYNDICAUX DANS LE SECTEUR DE L’ÉDUCATION - 2004 BOTSWANA

effectuer de tâches dangereuses, y compris dans les exploitations minières. Le taux d’infection du Botswana par le VIH/SIDA est le plus élevé au monde et la conséquence directe en est que, selon un rapport de 2002 de l’UNICEF, il y a au moins 78 000 orphelins dans le pays. Bien que le gouvernement ait revu ses lois afin de les rendre conformes à la Convention des Nations Unies sur les droits de l’enfant, il n’a pas été capable de protéger les orphelins victimes du VIH/SIDA qui se sont vus spoliés de leurs droits à l’héritage par les membres adultes survivants de la famille. Il y a de plus en plus d’enfants dans les rues et un nombre croissant d’enfants qui se prostituent, particulièrement dans la capi- tale. Dans un pays où 40% de la population est âgée de moins de 15 ans, où 40% de la population est sans emploi et où 45% vivent en dessous du seuil de pauvreté, c’est une maigre consolation pour les indicateurs occidentaux que de pou- voir qualifier de solide l’économie dominée par l’extraction du diamant.

DROITS SYNDICAUX: Les syndicats continuent à faire face à certaines restrictions juridiques et le gouvernement n’assure pas toujours l’application de la législation en matière d’emploi. En pratique, tous les travailleurs, à l’exception des employés du gouvernement, dont les enseignants, sont libres de former des syndicats de leur choix et d’y adhérer. Les enseignants et les fonctionnaires sont autorisés à créer des associations fonctionnant presque comme des syndicats mais qui n’ont pas le droit de négocier les salaires. Les délégués syndicaux élus doivent travailler à plein temps dans l’indus- trie ou le secteur que leur syndicat représente, ce qui signifie en réalité que le Botswana ne possède pas de permanents syndicaux à plein temps. Bien que le Botswana ait ratifié toutes les Conventions fondamentales de l’OIT, la législation en matière d’emploi n’est toujours pas conforme. En août 2001, un audit gouvernemental a recommandé qu’une structu- re salariale séparée soit créée pour les enseignants. Il était prévu que la recommandation soit mise en application au début de l’exercice fiscal 2002. Six mois plus tard, alors que le gouvernement n’avait toujours pas pris de mesure, les enseignants du secondaire ont entamé une action de grève de 3 jours et ont récidivé lors de la session d’examens d’oc- tobre. Le Président a promis de mettre en place une nouvelle commission devant laquelle les enseignants pourraient exprimer leurs griefs et qui examinerait la question du versement d’un salaire rétroactif.

Organisation membre de l’IE / Nombre de membres: Botswana Teachers' Union [BTU] / 6.870 BOTSWANA

BAROMÈTRE DE L’IE SUR LES DROITS HUMAINS ET SYNDICAUX DANS LE SECTEUR DE L’ÉDUCATION - 2004 55 BRESIL République fédérative du Brésil • Population: 176.029.560

Population <15: 28,8% % du PNB afférent à l’enseignement: 4,7% Analphabétisme: 12,7% Espérance de vie à la naissance: 67 Taux de scolarisation brut, pré-primaire: 59,7% Espérance de scolarité (années): m: 13 - f: 14 Taux de scolarisation brut, primaire: 97% % d’élèves ayant atteint la 5ème année du primaire en 2000: Taux de scolarisation brut, secondaire: m: 98 - f: 108,7% Nbre d’étudiants de l’enseignement supérieur par 100.000 habitants: 2.781.328 Nbre d’élèves du primaire par enseignant: 24 % des dépenses du gouvernement afférentes à l’enseignement: 12,9%

Ratification des Conventions du BIT: 29 87 98 100 105 111 138 169 182

SYSTEME EDUCATIF: L’école primaire au Brésil est obligatoire pour les enfants de 7 à 14 ans. L’instruction est gratuite à tous les niveaux dans toutes les institutions publiques, y compris dans les universités. Le taux d’inscription chez les enfants âgés de 7 à 14 ans est passé de 89% en 1994 à 97% en 2000. Le gouvernement fédéral a lancé un pro- gramme, Bolsa Escola, qui aide financièrement les familles à condition que leurs enfants fréquentent régulièrement l’é- cole. Un pécule est versé directement aux mères et en 2002 le programme a bénéficié à quelque 9 millions d’enfants dans plus de 5.000 municipalités. Le redoublement des classes est fréquent, 40% en première année, et la qualité de l’ensei- gnement dans les écoles publiques a longtemps fait l’objet de sérieuses critiques. Le Rapport Education Pour Tous (EPT) sur le Brésil annonçait le lancement d’un programme ambitieux destiné à améliorer les compétences de la profession enseignante. Selon les statistiques les plus récentes, plus d’un million d’enfants en âge d’école primaire ne sont pas sco- larisés. Et comme la journée scolaire dans les écoles publiques n’est que de quatre heures, de nombreux enfants sont vul- nérables au travail des enfants et à d’autres formes d’exploitation. Les droits des peuples autochtones restent incertains mais le Brésil a récemment ratifié la Convention 169, ce qui indique un engagement au niveau fédéral de mettre en place une législation protectrice et une volonté de la faire respecter. Les études mettent en évidence que les Afro-Brésiliens, qui représentent plus de 40% de la population, sont victimes de préjudices et de discrimination raciale. La probabilité que leurs enfants travaillent dans leur enfance et deviennent des adultes illettrés est plus grande que chez les Brésiliens- euro- péens. Aucune amélioration de l’éducation des Afro-brésiliens ne s’est produite au cours des 40 dernières années. Certaines ONG cherchent à combler ce fossé éducatif. L’élection de Luiz Inácio Lula da Silva à la présidence a donné l’espoir de voir une amélioration des droits humains. Bien que le sujet n’ait pas été le principal de sa campagne, da Silva s’est publiquement engagé à promouvoir le bien-être des populations marginalisées du Brésil.

EGALITES DES SEXES: Les filles sont aussi nombreuses que les garçons à fréquenter l’école primaire. Au niveau secondaire, elles sont plus nombreuses que les garçons et représentent 55% des inscriptions au niveau tertiaire. Mais les statistiques nationales du gouvernement révèlent que les femmes ayant reçu une éducation secondaire gagnent en moyenne 63% du salaire des hommes ayant bénéficié d’une éducation similaire. Une étude officielle de 2001 pour l’Etat de Sao Paulo donne les mêmes résultats. 20% des filles de 10 à 14 ans, généralement d’origine afro-brésilienne, tra- vaillent comme domestiques. Elles sont peu rémunérées et travaillent souvent plus de 40 heures par semaine.

LIBERTE ACADEMIQUE: Aucun rapport ne fait état d’une restriction de la liberté académique de la part du gou- vernement.

TRAVAIL DES ENFANTS: L’âge minimum légal pour travailler est fixé à 16 ans, mais les apprentissages peuvent commencer dès 14 ans. La loi interdit aux mineurs de moins de 18 ans d’effectuer des travaux dangereux. Le travail des BRESIL

56 BAROMÈTRE DE L’IE SUR LES DROITS HUMAINS ET SYNDICAUX DANS LE SECTEUR DE L’ÉDUCATION - 2004 BRESIL

enfants, en particulier ses pires formes, constitue un grave problème au Brésil. La Banque de développement interamé- ricaine estime que 30 millions d’enfants vivent au-dessous du seuil de pauvreté. Selon l’OIT, 500 000 enfants et adoles- cents travaillent comme domestiques. Des programmes gouvernementaux de lutte contre le travail des enfants apportent un peu d’argent aux familles pauvres pour que leurs enfants restent à l’école et ne travaillent pas. L’UNICEF finance plus de 200 programmes au Brésil et a réussi à scolariser des milliers d’enfants qui travaillent en triant les déchets recyclables dans les décharges publiques. Il n’existe aucun recensement national fiable sur le nombre d’enfants des rues et d’enfants qui mendient, mais d’après les estimations les plus basses ils seraient quelque 30.000 à Rio de Janeiro et 12.000 à Sao Paulo. La ville de Rio de Janeiro offre 41 abris et foyers destinés à cette classe d’enfants à risque. Les homicides sont les causes de décès les plus fréquentes chez les enfants brésiliens âgés de 10 à 14 ans. Des centaines de milliers d’enfants tra- vaillent dans des conditions examinées dans la Convention 182 de l’OIT. De nombreux enfants et adolescents âgés de 7 à 17 ans travaillent dans les champs de canne à sucre, coupent le chanvre ou alimentent en bois les fours à charbon de bois. Les accidents fréquents, les conditions de travail insalubres et la misère sont monnaie courante dans ces milieux. Le gouvernement lui-même estime que 60.000 enfants travaillent illégalement dans des conditions nuisibles pour la santé. Des milliers de jeunes enfants travaillent dans des conditions proches du travail forcé ou de l’asservissement finan- cier. L’OIT a officiellement introduit des programmes de soutien aux efforts du gouvernement dans sa lutte contre le tra- vail forcé des enfants. La prostitution enfantine est également un grave problème. Une étude de l’OIT en 2000 a dénom- bré plus de 3.000 filles victimes d’asservissement à une dette et contraintes à la prostitution dans l’Etat de Rondonia. Le problème varie d’Etat à Etat. D’autres programmes ont été mis sur pied pour lutter contre l’exploitation sexuelle des enfants qui, elle aussi, est variable d’Etat à Etat. En juin 2002, la législation fédérale a durci le droit pénal envers les per- sonnes qui exploitent des enfants par la prostitution. Selon le Rapport 2003 de Human Rights Watch (HRW), les mineurs au sein du système pénal subissent toute une série de sévices et de mauvais traitements. Malgré les dispositions de la loi brésilienne, de nombreux jeunes sont privés de soins de santé et d’une éducation convenables.

DROITS SYNDICAUX: Le gouvernement précédent n’a pas introduit de législation du travail prévoyant des dispo- sitions autorisant les grèves dans le secteur public. En réalité le gouvernement n’interfère que rarement - et en 2002 de nombreux syndicats du secteur public ont organisé des grèves pour demander des hausses de salaires. En 2002, les ensei- gnants et les professeurs d’université se trouvaient parmi les syndicalistes en grève. La police a fait usage de matraques et de gaz lacrymogène, blessant 20 personnes, pour empêcher les enseignants grévistes d’entrer dans le bâtiment du ministère de l’Education à Pará. Les enseignants étaient en grève pour obtenir une hausse de salaire. Quelques memb- res du personnel de l’éducation ont commencé une grève de la faim à ce propos le 8 mai. L’IE a protesté auprès du gou- verneur de l’Etat à ce sujet. Un règlement a finalement été trouvé dans ce conflit social. Après l’investiture du gouverne- ment de da Silva au début 2003, la confédération des enseignants CNTE a conclu un accord avec le ministère de l’Education garantissant son ferme engagement à revaloriser la profession enseignante et à améliorer la qualité de l’é- ducation publique. Le ministre a promis de rétablir le Forum permanent sur la revalorisation de la profession ensei- gnante auquel incombera la responsabilité de proposer des politiques publiques nationales sur la formation, le dévelop- pement professionnel, les conditions de travail, le salaire et la reconnaissance du travail scolaire. Les travaux de ce forum, qui avaient commencé en 1994 avant d’être interrompus par le gouvernement précédent, ont donc repris. BRESIL

Organisation membre de l’IE / Nombre de membres: Confederaçao Nacional dos Trabalhadores em Educaçao[CNTE] / 694.009

BAROMÈTRE DE L’IE SUR LES DROITS HUMAINS ET SYNDICAUX DANS LE SECTEUR DE L’ÉDUCATION - 2004 57 BRUNEI Negara Brunei Darussalam • Population: 350.898

Population <15: 31% % du PNB afférent à l’enseignement: 4,8% Analphabétisme: 1,4% Espérance de vie à la naissance: m: 72 - f: 77 Taux de scolarisation brut, pré-primaire: 53% Espérance de scolarité (années): Taux de scolarisation brut, primaire: % d’élèves ayant atteint la 5ème année du primaire en 2000: 92% Taux de scolarisation brut, secondaire: Nbre d’étudiants de l’enseignement supérieur par 100.000 habitants: 3.984 Nbre d’élèves du primaire par enseignant: 15 % des dépenses du gouvernement afférentes à l’enseignement: 9,1%

Le Brunei n'est pas membre de l'OIT.

SYSTEME EDUCATIF: L’éducation est gratuite, obligatoire et universelle pour tous les citoyens. Douze années d’enseignement sont prévues, un programme d’un an seulement de maternelle prépare les enfants de six ans à l’école primaire. Trois années d’enseignement secondaire inférieur sont suivies par deux années d’enseignement secondaire supérieur, technique ou de formation professionnelle. Le ministère de l’Education supervise 123 écoles primaires, 26 éco- les secondaires gouvernementales et 70 écoles non-gouvernementales. En 2001, environ 57.000 enfants allaient à l’éco- le primaire et 32.000 allaient à l’école secondaire. Les écoles non-gouvernementales et leurs enseignants doivent s’enre- gistrer conformément à la Loi sur l’Education de 1984. Une disposition réglemente l’utilisation du malais, de l’anglais et du chinois dans les classes du primaire et du secondaire. Pour les nationaux de Brunei, la scolarité est gratuite à l’Université de Brunei Darussalam, à l’Institut de Technologie et dans d’autres écoles de l’enseignement supérieur. Au cours des récentes années, le système éducatif a fourni des services et des enseignants spécialisés pour le suivi des enfants souffrant d’un handicap, mais ceci n’est pas encore suffisant. Les membres de la communauté chinoise «apatride» ne peuvent pas bénéficier de l’enseignement gratuit.

EGALITES DES SEXES: Les filles représentent à peu près la moitié des écoliers aux niveaux primaire et secondai- re et 66% des étudiants du tertiaire sont des jeunes filles. La Constitution ne contient pas de dispositions spécifiques inter- disant la discrimination basée sur la race, le sexe, le handicap, la langue et le statut social. Conformément aux précep- tes du Coran, les femmes ne jouissent pas d’un statut égal à celui des hommes sur un grand nombre de questions impor- tantes comme le divorce, l’héritage et la garde des enfants. Les hommes sont éligibles à des postes à durée indéterminée dans les services publics, qu’ils possèdent ou non un diplôme universitaire, alors que les femmes ne possédant pas de diplôme universitaire ne peuvent occuper un poste similaire qu’avec un contrat mensuel. Bien que de nombreuses inégalités aient été supprimées, les femmes occupant de tels postes continuent d’avoir un congé annuel inférieur et moins d’allocations que leurs semblables de sexe masculin et féminin occupant des postes à durée indéterminée.

LIBERTE ACADEMIQUE: Aucun rapport ne mentionne de restriction à la liberté académique à l’université qui adhère aux principes de l’Islam. Les programmes reflètent les valeurs islamiques traditionnelles tout en imposant des restrictions à l’enseignement de l’histoire de la religion. Seules les écoles internationales de la capitale, Bandar Seri Begawan, en sont exemptes.

TRAVAIL DES ENFANTS: La loi interdit le travail des enfants âgés de moins de 16 ans. Le consentement des parents et l’approbation de la Commission du travail sont requis pour les jeunes âgés de moins de 18 ans. Aucune vio- lation des lois sur le travail des enfants n’a été rapportée. BRUNEI

58 BAROMÈTRE DE L’IE SUR LES DROITS HUMAINS ET SYNDICAUX DANS LE SECTEUR DE L’ÉDUCATION - 2004 BRUNEI

DROITS SYNDICAUX: Selon la Confédération Internationale des Syndicats Libres (CISL), les droits syndicaux sont très limités dans la loi et ceux qui sont protégés juridiquement ne sont pas appliqués en pratique. Il n’existe aucune disposition quant à la négociation collective. Un contrat individuel entre l’employeur et chaque travailleur est requis et l’activité syndicale doit être conforme au contrat. La loi ne reconnaît pas le droit de grève. Les syndicats ne sont pas lib- res de s’affilier aux confédérations syndicales internationales. Près de 40% de la main-d’œuvre sont des résidents tem- poraires.

Organisation membre de l’IE / Nombre de membres: Brunei Malay Teachers' Association [BMTA] / 19.022 Persatuan Pendidik Nasional Brunei [PPN] / 400 BRUNEI

BAROMÈTRE DE L’IE SUR LES DROITS HUMAINS ET SYNDICAUX DANS LE SECTEUR DE L’ÉDUCATION - 2004 59 BULGARIE République de Bulgarie • Population: 7.621.337

Population <15: 15,3% % du PNB afférent à l’enseignement: 3,9% Analphabétisme: m: 1 - f: 2,1% Espérance de vie à la naissance: m: 69 - f: 76 Taux de scolarisation brut, pré-primaire: 67,2% Espérance de scolarité (années): m: 12 - f: 13 Taux de scolarisation brut, primaire: 94% % d’élèves ayant atteint la 5ème année du primaire en 2000: Taux de scolarisation brut, secondaire: m: 93,1 - f: 90,9% Nbre d’étudiants de l’enseignement supérieur par 100.000 habitants: 247.000 Nbre d’élèves du primaire par enseignant: 17 % des dépenses du gouvernement afférentes à l’enseignement:

Ratification des Conventions du BIT: 29 87 98 100 105 111 138 169 182

SYSTEME EDUCATIF: L’éducation est gratuite et obligatoire pour les enfants de 6 à 16 ans. Pour les familles pau- vres, devoir payer les livres représente une lourde charge. Environ 85% des enfants vont à l’école. Les graves difficultés économiques rencontrées lors de la transition vers une économie de marché ont beaucoup limité le financement et les améliorations du système éducatif. Les dépenses publiques en matière d’éducation ont chuté de près de 75% au cours des années 1990. Les enseignants en cycle secondaire inférieur et supérieur doivent suivre une formation de niveau univer- sitaire pendant 4 ou 5 ans. Le groupe ethnique turc constitue près de 10% de la population. Dans les régions comprenant d’importantes communautés de langue turque, des cours facultatifs de turc financés par le gouvernement sont donnés dans les écoles publiques. Durant l’époque communiste, les personnes handicapées y compris les très jeunes enfants étaient exclus de la société et cet héritage a encore une répercussion aujourd’hui en matière d’éducation. En effet, les enfants handicapés suivent une filière éducative séparée. Le gouvernement maintient un réseau assez considérable «d’é- coles professionnelles et techniques», d’orphelinats, de structures pour handicapés mentaux et de centres d’accueil pour enfants sans abri. Les observateurs en matière de droits humains critiquent sévèrement ces établissements et les décrivent comme très proches du milieu carcéral. Les infrastructures sont en général délabrées et les conditions de vie y sont mis- érables. Les enfants reçoivent une éducation inadéquate et subissent fréquemment de mauvais traitements de la part d’un personnel non qualifié. Quelque 35.000 enfants sont internés dans ces institutions. Le ministère du Travail a tenté de résoudre les nombreux problèmes relatifs aux enfants handicapés en salariant un membre de leur famille, ce qui per- mettrait à des cas spécialement graves de recevoir une éducation. Le document d’évaluation de l’ONU Common Country Assessment (CCA) conclut que les enfants élevés dans de telles conditions courent le risque d’être traumatisés et d’être mal préparés pour affronter la société. Selon le Conseil de l’Europe, la population rom compte entre 600 000 et 800.000 personnes. La qualité de l’éducation dispensée aux enfants rom est inférieure à celle que reçoivent la plupart des autres élèves. Les enfants rom, dont moins de 8% terminent le cycle secondaire, sont souvent envoyés dans les «écoles d’ap- prentissage». La tradition est aussi de les placer dans des écoles séparées. L’édition précédente du Baromètre de l’IE indi- quait que le pays comptait 34 écoles accueillant exclusivement des enfants rom. Les écoles des quartiers rom ont un taux de réussite scolaire très bas et un absentéisme endémique. De récentes initiatives menées par le gouvernement, par des ONG rom, ainsi qu’un donateur international pour fournir des déjeuners gratuits et offrir des subventions pour les livres scolaires et les frais de scolarité ont contribué à garder les enfants rom à l’école. L’enseignement supérieur bulgare offre un grand choix mais reste coûteux, même celui dit d’Etat. Il existe une quarantaine d’établissements tertiaires, dont l’Université de Sofia. Environ 30% des étudiants poursuivent leurs études au-delà du cycle secondaire.

EGALITES DES SEXES: Les filles sont moins nombreuses que les garçons à l’école primaire, spécialement parmi les minorités turques et rom. Les femmes ont 5% de plus de chances de fréquenter l’université que les hommes. La majo- rité des femmes est employée dans les secteurs les moins payés de la main- d’œuvre. Le généreux congé de maternité payé BULGARIE

60 BAROMÈTRE DE L’IE SUR LES DROITS HUMAINS ET SYNDICAUX DANS LE SECTEUR DE L’ÉDUCATION - 2004 BULGARIE

décourage les employeurs à engager des femmes en âge d’avoir des enfants.

LIBERTE ACADEMIQUE: Aucun rapport étudié ne fait état d’une restriction de la liberté académique de la part du gouvernement.

TRAVAIL DES ENFANTS: L’âge minimum pour les travaux dangereux est fixé à 18 ans. Le Code du travail fixe l’âge minimum d’embauche à 16 ans. Les lois relatives au travail des enfants sont bien respectées dans le secteur formel. Les ONG estiment que les enfants sont de plus en plus exploités dans certaines industries familiales et par le crime orga- nisé. Selon un rapport commandé par l’Organisation internationale du travail (OIT), près de 40.000 enfants âgés de 7 à 14 ans sont employés dans le secteur informel. L’étude a révélé que 10.000 mineurs s’adonnaient à la mendicité. La Bulgarie a ratifié la Convention 182 de l’OIT mais l’Assemblée nationale n’a pas adopté de législation pour la faire respecter, excepté qu’en octobre 2002 le trafic d’enfants est devenu un crime et que le code pénal a été modifié en consé- quence. La Bulgarie est un point de départ, un transit et une destination pour le trafic des filles et des jeunes femmes. Le programme focal sur le travail des enfants (IPEC) de l’OIT estime qu’il y a au moins 3 800 enfants prostitués. Des enfants sont également employés pour la livraison de narcotiques. La réhabilitation des victimes des pires formes du travail des enfants est entravée. En effet, de nombreuses filles étaient trop jeunes pour «travailler» à l’époque où elles étaient «employées» et n’ont par conséquent pas droit à une assistance financière. L’attitude dominante du public tend à stig- matiser la victime. Le ministère de l’Education a négligé son devoir de dispenser en classe des programmes de sensibili- sation aux adolescents sur le sujet.

DROITS SYNDICAUX: La Constitution de 1991 prévoit le droit pour tous les travailleurs de former un syndicat et d’y adhérer librement. Le mouvement syndical s’était inquiété de l’usage répandu des contrats temporaires visant à échapper aux dispositions de protection qui couvrent le personnel permanent. Des mesures ont été prises et 20% de l’é- conomie ‘grise’ est sortie de l’illégalité. En ce qui concerne la négociation collective, de nombreux syndicalistes se plai- gnent que les employeurs ne négocient pas de bonne foi ou ne respectent pas les accords. La négociation collective est autorisée pour les employés du secteur privé, mais la loi ne reconnaît pas spécifiquement ce droit pour ceux de la fonc- tion publique. L’accord qui avait été conclu par le gouvernement avec la Banque mondiale et le Fonds monétaire inter- national (FMI) sur la restructuration de l’éducation dans le cadre du programme d’ajustement structurel a été inter- rompu car il s’est avéré coûteux et inefficace.

Organisation membre de l’IE / Nombre de membres: Syndicat des Enseignants Bulgares [SEB] / 82.000 Syndicat des Enseignants 'SEP-Podkrepa' / 10.000 BULGARIE

BAROMÈTRE DE L’IE SUR LES DROITS HUMAINS ET SYNDICAUX DANS LE SECTEUR DE L’ÉDUCATION - 2004 61 BURKINA FASO République Démocratique du Burkina Faso • Population: 12.603.185

Population <15: 48,9% % du PNB afférent à l’enseignement: Analphabétisme: 75,2% Espérance de vie à la naissance: m: 45 - f: 46,6 Taux de scolarisation brut, pré-primaire: 2% Espérance de scolarité (années): Taux de scolarisation brut, primaire: 36% % d’élèves ayant atteint la 5ème année du primaire en 2000: 69% Taux de scolarisation brut, secondaire: m: 12,2 - f: 7,8% Nbre d’étudiants de l’enseignement supérieur par 100.000 habitants: Nbre d’élèves du primaire par enseignant: 49 % des dépenses du gouvernement afférentes à l’enseignement:

Ratification des Conventions du BIT: 29 87 98 100 105 111 138 169 182

SYSTEME EDUCATIF: Sans accès à la mer, le Burkina Faso a peu de ressources naturelles et il est l’un des pays les plus pauvres de la planète. Une grande partie de la main d’œuvre masculine émigre chaque année dans les pays avoi- sinants en quête d’un emploi saisonnier. Ces facteurs ont un impact négatif sur la société, y compris sur l’éducation. Bien que le gouvernement prétende allouer environ 25% du budget national à l’éducation et que la loi prévoie l’enseignement gratuit et obligatoire, le taux de scolarisation net dans le primaire n’a grimpé que de 27 à 36% au cours des années 1990, celui du secondaire passant de 9 à 10%. Les manifestations d’étudiants ont généralement été tolérées, bien que l’une d’entre elles, sur le campus de l’Université de Ouagadougou, ait été dispersée par la force en octobre 2002. Les étudiants s’opposaient au doublement des frais d’inscription.

EGALITES DES SEXES: En 2002 les filles ne représentaient que 38% des enfants scolarisés au niveau primaire. Le gouvernement a mis en œuvre un programme de bourses destiné aux étudiantes du niveau secondaire pour les encou- rager à poursuivre leurs études. Sur le plan national, l’analphabétisme des femmes adultes est de 91%, ce qui freine les efforts éducatifs du gouvernement pour éradiquer les mutilations génitales féminines (MGF).

LIBERTE ACADEMIQUE: Les rapports disponibles fournissent peu d’information sur la liberté académique, mais il n’est fait aucune mention de violation majeure.

TRAVAIL DES ENFANTS: Le Code du travail fixe l’âge minimum d’embauche à 14 ans, mais autorise les tra- vaux légers à partir de 12 ans. Selon le ministère du Travail, en réalité plus de 50% des enfants commencent à travailler bien avant cet âge, soit dans la ferme familiale qui les fait vivre, soit dans le système traditionnel d’apprentissage ou enco- re dans le secteur minier. D’après une étude de l’OIT, 70% des enfants qui travaillent le font dans le secteur informel. Le pays est un point de transit pour le trafic d’enfants, notamment du Mali. Les enfants burkinabè sont aussi victimes de trafic à destination de l’Europe et de pays voisins. L’IPEC collabore avec le gouvernement depuis 1999 pour financer des projets visant à éliminer les pires formes du travail des enfants.

DROITS SYNDICAUX: Les syndicats ont le droit à la négociation collective pour les salaires et conditions de tra- vail mais des restrictions du droit de grève des fonctionnaires sont toujours en vigueur. Dans la pratique, les syndicalis- tes font souvent l’objet d’intimidation, y compris de menaces d’emprisonnement. Les mutations non souhaitées sont éga- lement utilisées comme mesure disciplinaire. BURKINA FASO

62 BAROMÈTRE DE L’IE SUR LES DROITS HUMAINS ET SYNDICAUX DANS LE SECTEUR DE L’ÉDUCATION - 2004 BURKINA FASO

Organisation membre de l’IE / Nombre de membres: Syndicat National des Enseignants Africains du Burkina [SNEA-B] / 6.000 Syndicat National des Enseignants du Secondaire et du Supérieur [SNESS] / 2.000 BURKINA FASO

BAROMÈTRE DE L’IE SUR LES DROITS HUMAINS ET SYNDICAUX DANS LE SECTEUR DE L’ÉDUCATION - 2004 63 BURUNDI République du Burundi • Population: 6.373.002

Population <15: 47,5% % du PNB afférent à l’enseignement: 3,4% Analphabétisme: 50,8% Espérance de vie à la naissance: m: 39,9 - f: 41 Taux de scolarisation brut, pré-primaire: ,9% Espérance de scolarité (années): Taux de scolarisation brut, primaire: 54% % d’élèves ayant atteint la 5ème année du primaire en 2000: 58% Taux de scolarisation brut, secondaire: m: 8,1 - f: 6,1% Nbre d’étudiants de l’enseignement supérieur par 100.000 habitants: 6.289 Nbre d’élèves du primaire par enseignant: 50 % des dépenses du gouvernement afférentes à l’enseignement:

Ratification des Conventions du BIT: 29 87 98 100 105 111 138 169 182

SYSTEME EDUCATIF: Les violences ethniques ont donné un coup d’arrêt au développement du Burundi, privant la plupart des enfants de toute forme d’enseignement digne de ce nom. Le conflit a fait de nombreuses victimes parmi les enseignants et bon nombre d’enfants sont devenus orphelins. Le pays est aussi gravement touché par l’épidémie du VIH/SIDA. Plus d’un quart des écoles primaires ont été détruites pendant la guerre. La formation des enseignants a été interrompue et il est difficile de trouver des enseignants qualifiés. Quelque 800 000 civils sont toujours réfugiés. En 2002- 2003, il était rare de trouver des enseignants qualifiés prêts à enseigner dans les provinces les plus touchées par le conflit. Moins de 9% des enfants âgés de 13 à 19 ans ont été scolarisés. La majorité hutue est désavantagée en ce qui concerne l’accès à l’éducation à tous les niveaux, tout comme les peuplades isolées twas. Considérés par beaucoup comme peu- ple indigène, les twas représentent actuellement au tour de un pour cent de la population totale.

EGALITES DES SEXES: Le taux de fréquentation scolaire des filles est bien au-dessous de celui des garçons. Selon un rapport de l’Education Pour Tous (EPT), le Burundi risque de ne pas atteindre la parité garçons-filles d’ici à 2005. Les filles représentent 44% des élèves du primaire et 30% de ceux du secondaire. 15% des étudiants inscrits à l’Université du Burundi sont des jeunes filles. L’analphabétisme féminin est donc élevé, avec seulement 22% des femmes sachant lire et écrire contre un taux de 46% chez les hommes.

LIBERTE ACADEMIQUE: Il n’existe aucune loi ni aucun règlement qui restreigne la liberté académique à l’u- niversité. Professeurs et étudiants sont en grande majorité tutsis.

TRAVAIL DES ENFANTS: Malgré la législation du travail en vigueur qui stipule que les enfants de moins de 16 ans ne peuvent pas travailler, au moins 30% des enfants de moins de 14 ans ne fréquentent pas l’école. Comme il y a peu ou pas de travail, ces enfants sont soit à la maison, soit dans les rues. L’âge minimal pour le service militaire est fixé à 18 ans, mais d’aucuns estiment que l’armée et certaines unités, qu’on pourrait quasiment qualifier de police, comptent des enfants plus jeunes. Les groupes de rebelles continuent de recruter des enfants.

DROITS SYNDICAUX: En théorie, la législation du travail protège les droits syndicaux des travailleurs. Tous les travailleurs du secteur public sont syndiqués, hormis ceux employés pour la sécurité publique. La loi prévoit un droit de grève limité et reconnaît le droit à la négociation collective. Dans la pratique, cette dernière est toutefois bloquée. Le droit d’association entraîne des ‘réunions publiques’ et celles-ci doivent recevoir l’aval préalable des autorités locales qui ont tendance à ne pas les autoriser. L’OIT a cité le gouvernement pour violation de la Convention 87. Le Comité des experts a exprimé son inquiétude particulièrement en ce qui concerne la négation des droits syndicaux des fonctionnaires et des mineurs, l’élection des dirigeants syndicaux et les droits des syndicats à s’organiser, à administrer leurs activités et à BURUNDI

64 BAROMÈTRE DE L’IE SUR LES DROITS HUMAINS ET SYNDICAUX DANS LE SECTEUR DE L’ÉDUCATION - 2004 BURUNDI

défendre les intérêts de leurs membres. En mai 2002, deux étudiants ont été tués par la milice au cours d’une manifes- tation de soutien à la grève nationale des enseignants, grève qui s’est terminée au bout de 7 semaines par l’accord du gouvernement d’augmenter les salaires. Mais le gouvernement n’a pas honoré sa promesse, bien que la Belgique ait dégagé 4 millions en novembre pour couvrir les arriérés de salaire. En juillet 2003, les enseignants du Burundi envisa- geaient de se remettre en grève à ce propos.

Organisation membre de l’IE / Nombre de membres: Syndicat Libre des Travailleurs de l'Enseignement [STEB] / 3.590 BURUNDI

BAROMÈTRE DE L’IE SUR LES DROITS HUMAINS ET SYNDICAUX DANS LE SECTEUR DE L’ÉDUCATION - 2004 65 CAMBODGE Royaume du Cambodge • Population: 12.775.324

Population <15: 42,5% % du PNB afférent à l’enseignement: 1,9% Analphabétisme: 31,3% Espérance de vie à la naissance: m: 55 - f: 59,5 Taux de scolarisation brut, pré-primaire: 5,6% Espérance de scolarité (années): m: 8 - f: 6 Taux de scolarisation brut, primaire: 95% % d’élèves ayant atteint la 5ème année du primaire en 2000: 63% Taux de scolarisation brut, secondaire: m: 22,2 - f: 12,2% Nbre d’étudiants de l’enseignement supérieur par 100.000 habitants: 25.416 Nbre d’élèves du primaire par enseignant: 50 % des dépenses du gouvernement afférentes à l’enseignement: 10,1%

Ratification des Conventions du BIT: 29 87 98 100 105 111 138 169 182

SYSTEME EDUCATIF: L’éducation de base cambodgienne est inadéquate. Les écoles sont surpeuplées et manquent d’infrastructures, malgré l’engagement du gouvernement en faveur d’un vaste programme de construction. La plupart des écoles, notamment dans les régions rurales, luttent pour dispenser ne serait-ce que quelques années d’éducation. La majorité des enseignants du primaire n’est pas qualifiée. Moins de 5% d’entre eux ont terminé l’école secondaire. Le Rapport 2003 du Human Rights Watch (HRW) indique qu’en 2002 le gouvernement a octroyé davantage de fonds à l’é- ducation et à la santé mais, étant donné les retards dans le versement de ces fonds, les enseignants n’ont pas été rému- nérés et les parents ont dû payer des honoraires officieux aux enseignants de leurs enfants, charge que les familles les plus pauvres ne peuvent assumer. En principe l’éducation est gratuite jusqu’à la cinquième année mais pas obligatoire. De nombreux enfants quittent l’école pour aider leur famille dans l’agriculture de subsistance, ou commencent l’école à un âge avancé ou encore ne vont pas à l’école du tout.

EGALITES DES SEXES: Le taux d’alphabétisation chez les adultes est de 2/1 en faveur des hommes. Les garçons ont plus de chances d’avoir accès à l’école primaire que les filles. Dans les zones rurales isolées, cela s’explique par la crainte des parents pour la sécurité de leurs filles durant le trajet entre la maison et l’école. Les jeunes filles représentent moins de 20% des étudiants inscrits au niveau tertiaire. Les pratiques culturelles traditionnelles sont un obstacle au rôle de la femme dans des institutions telles que le gouvernement. A peu près autant de femmes que d’hommes sont inscrits et votent lors des élections.

LIBERTE ACADEMIQUE: Aucun rapport ne fait état d’une restriction de la liberté académique de la part du gou- vernement.

TRAVAIL DES ENFANTS: Le Code du travail fixe l’âge minimum d’embauche à 15 ans et à 18 ans pour les tra- vaux dangereux. La loi autorise les enfants entre 12 et 15 ans à avoir un petit travail à condition que celui-ci n’interfè- re pas avec la fréquentation scolaire. Environ 16,5% des enfants entre 5 et 17 ans travaillent. L’OIT collabore avec le gou- vernement et les ONG pour lutter contre le travail des enfants. En mars 2002, le gouvernement a ratifié le Protocole facul- tatif à la Convention relative aux droits de l’enfant concernant la vente d’enfants, la prostitution des enfants et la por- nographie impliquant des enfants. D’après une ONG, la majorité des filles deviennent prostituées soit par la contrainte, soit par la duperie. L’Organisation internationale pour les migrations (OIM) et l’IPEC estiment que 9 000 filles entre 9 et 15 ans se prostituent. Pour sa part, l’UNICEF estime que 17 000 des prostituées du pays ont moins de 18 ans. Le tou- risme sexuel est un problème. Des sources fiables font état de 10.000 enfants des rues à Phnom Penh. Ces derniers sont une cible facile pour l’exploitation et les abus sexuels. En 2002, des rafles dans des maisons closes ont délivré un certain nombre de filles victimes d’un trafic qui les avait amenées dans le pays pour se prostituer. Avec le soutien des ONG, le CAMBODGE

66 BAROMÈTRE DE L’IE SUR LES DROITS HUMAINS ET SYNDICAUX DANS LE SECTEUR DE L’ÉDUCATION - 2004 CAMBODGE

gouvernement leur a offert protection et a coopéré à leur réhabilitation. Il a également organisé des programmes avec l’OIM, le Haut Commissariat des Nations Unies pour les réfugiés (HCR) et l’UNICEF pour combattre le trafic des enfants.

DROITS SYNDICAUX: Le Code du travail autorise le droit de grève et le droit pour les travailleurs de s’organiser, de former des syndicats et à d’y adhérer, et le droit à la négociation collective. Le gouvernement ne fait pas respecter de manière consistante cette législation qui ne s’applique pas aux employés de la fonction publique, donc aux enseignants. Les salaires des enseignants sont irréguliers et insuffisants pour un niveau de vie décent. En 2001 et 2002, les enseignants cambodgiens ont manifesté pour leur salaire et leurs conditions de travail. Ils ont fait l’objet de menaces de la part de la police et des autorités éducatives et un certain nombre d’entre eux a été licencié. En 2002, l’IE a protesté auprès du minis- tère de l’Education contre le transfert forcé d’enseignants dans les régions rurales. En décembre 2003, le versement du salaire des enseignants cambodgiens avait entre 3 et 12 mois de retard suivant le lieu de travail de l’enseignant. Au moment de la rédaction de cette édition du Baromètre, une grève était à nouveau envisagée. Le 6 février 2004, l’IE a émis une plainte au sujet du meurtre du dirigeant syndicaliste Chea Vichea. Le dirigeant assassiné figurait sur une liste de cinq personnes à abattre, dont Rong Chhun, Président de CITA, l’affilié de l’IE. Lärarförbundet de Suède a organisé des pro- grammes de planification et de promotion pour CITA.

Organisation membre de l’IE / Nombre de membres: Cambodia Independent Teachers' Association [CITA] / 650 CAMBODGE

BAROMÈTRE DE L’IE SUR LES DROITS HUMAINS ET SYNDICAUX DANS LE SECTEUR DE L’ÉDUCATION - 2004 67 CAMEROUN République du Cameroun • Population: 16.184.748

Population <15: 42,7% % du PNB afférent à l’enseignement: 3,2% Analphabétisme: 27,6% Espérance de vie à la naissance: m: 48,6 - f: 53,2 Taux de scolarisation brut, pré-primaire: 10,2% Espérance de scolarité (années): Taux de scolarisation brut, primaire: % d’élèves ayant atteint la 5ème année du primaire en 2000: 81% Taux de scolarisation brut, secondaire: m: 22 - f: 17,2% Nbre d’étudiants de l’enseignement supérieur par 100.000 habitants: 68.495 Nbre d’élèves du primaire par enseignant: 69 % des dépenses du gouvernement afférentes à l’enseignement: 12,5%

Ratification des Conventions du BIT: 29 87 98 100 105 111 138 169 182

SYSTEME EDUCATIF: La Constitution garantit aux enfants le droit à l’éducation qui est obligatoire jusqu’à l’âge de 14 ans. Mais l’enseignement public a subi la majeure partie des coupes budgétaires réalisées dans les années ‘90 dans un pays où 48% de la population vit au-dessous du seuil de pauvreté. Depuis 2002, le gouvernement a pris des mesures pour augmenter l’accès à la scolarisation et rapporte que 85% des enfants étaient inscrits à l’école primaire. Toutefois, la suppression des frais de scolarisation n’a pas été une motivation suffisante pour de nombreuses familles, le coût de l’u- niforme et des livres étant encore à la charge des parents. Les Bakas, un groupe ethnique marginalisé vivant dans les forêts et qui compte jusqu’à 100 000 personnes, n’ont pas encore accès à l’éducation. Les établissements d’enseignement supérieur sont l’Université de Ngaoundere, l’Université de Yaoundé et l’Université catholique d’Afrique centrale.

EGALITES DES SEXES: La fréquentation scolaire est de 14% plus élevée chez les garçons que chez les filles. Dans certaines provinces du Nord, peu de filles commencent l’école et rares sont celles qui terminent leur 5ème année du pri- maire. Malgré la loi qui fixe l’âge minimum légal pour se marier à 15 ans, de nombreuses familles marient leurs filles dès 12 ans. Le Rapport de l’Education Pour Tous (EPT) conclut que le Cameroun risque de ne pas atteindre la parité gar- çons-filles d’ici 2005. Selon un rapport de l’OIT préparé en collaboration avec le ministère du Travail, 40% des enfants travaillant dans les villes sont des filles. 7% d’entre elles sont âgées de moins de 12 ans et 60% ont quitté l’école primai- re. Les parents de la plupart de ces enfants sont dupés par des intermédiaires qui promettent éducation ou formation pro- fessionnelle pour leurs enfants mais ne font que les soumettre au travail forcé ou à l’exploitation sexuelle.

LIBERTE ACADEMIQUE: La présence des forces de sécurité armées du gouvernement restreint le débat politique libre dans les universités et des informateurs de la sécurité d’Etat sont actifs sur tous les campus. Avoir des affinités avec un parti politique d’opposition est susceptible de nuire aux perspectives de titularisation et de promotion. En 2002, cer- tains étudiants universitaires ont été victimes de harcèlement et ont quelquefois été arrêtés par les autorités pour des délits mineurs ou des accusations forgées de toutes pièces. Le 27 mai, des gendarmes ont pris d’assaut le dortoir de l’Université de Yaoundé II et ont arrêté cinq étudiants membres d’un groupe qui avait exprimé des griefs contre l’administration. Par la suite, l’Université n’a pas validé des cours suivis par certains élèves, les empêchant ainsi de s’inscrire en troisième année de cours.

TRAVAIL DES ENFANTS: Le gouvernement a ratifié les conventions 138 et 182 de l’OIT en 2002. La législation du travail interdit l’embauche d’enfants de moins de 14 ans. Toutefois, l’Etat ne dispose pas d’un programme d’inspec- tion efficace. Dans les zones rurales, nombreux sont les enfants qui commencent à travailler dès leur plus jeune âge dans les fermes familiales. Les filles y sont souvent employées par leur famille comme domestiques, tandis que dans les villes, beaucoup d’enfants de moins de 14 ans travaillent comme marchands ambulants. Bien que la Constitution proscrive le CAMEROUN

68 BAROMÈTRE DE L’IE SUR LES DROITS HUMAINS ET SYNDICAUX DANS LE SECTEUR DE L’ÉDUCATION - 2004 CAMEROUN

travail forcé ou l’esclavage, certains rapports dignes de foi affirment que l’esclavage continue d’être pratiqué dans les provinces isolées du Nord. Le gouvernement travaille avec les ONG locales et internationales pour offrir refuge et assis- tance temporaires aux victimes de trafic de personnes. En août 2002, le Catholic Relief Service a mis sur pied le projet «Nkeng-Shalom» pour lutter contre la corruption dans les écoles locales entraînant la prostitution des enfants.

DROITS SYNDICAUX: Le gouvernement ne respecte pas les droits des travailleurs et restreint les activités des orga- nisations syndicales indépendantes. Conformément à la législation du travail de 1992, une autorisation préalable éma- nant du ministre de l’Administration territoriale est nécessaire pour qu’un syndicat ou une association professionnelle de fonctionnaires puisse exister légalement. Le gouvernement a ignoré les demandes d’autorisation remises par des orga- nisations d’enseignants ou de fonctionnaires et, par conséquent, juge leurs grèves illégales. Le Comité de la liberté syn- dicale de l’OIT constate que depuis 1991 le gouvernement refuse de reconnaître le Syndicat national des Enseignants du supérieur [SYNES]. Les enseignants du secteur secondaire ont pris part à des grèves sporadiques tout au long de l’année académique 2001-2002. Depuis plusieurs années, les enseignants exigent le paiement des primes de salaire qui leur ont été promises. Comme d’habitude, le gouvernement a donné son accord pour que ces primes soient versées à la fin de l’an- née mais n’a pas mis ses promesses à exécution. Au cours de la première moitié de 2003, l’affiliée de l’IE, la FESER, s’est inquiétée du transfert arbitraire de certains enseignants. Ceux-ci semblent avoir été pénalisés pour avoir suivi un appel légal à la grève. La FESER rapporte aussi que les autorités ont fait usage de menaces écrites et verbales tout au long de 2003, ce qui constitue un cas de violation des Conventions 87 et 98 de l’OIT, selon l’IE.

Organisation membre de l’IE / Nombre de membres: Fédération des Syndicats de l'Enseignement et de la Recherche [FESER] / 4.719 CAMEROUN

BAROMÈTRE DE L’IE SUR LES DROITS HUMAINS ET SYNDICAUX DANS LE SECTEUR DE L’ÉDUCATION - 2004 69 CANADA Population: 31.902.268

Population <15: 20% % du PNB afférent à l’enseignement: 5,7% Analphabétisme: Espérance de vie à la naissance: m: 76 - f: 83 Taux de scolarisation brut, pré-primaire: 64,2% Espérance de scolarité (années): m: 14 - f: 15 Taux de scolarisation brut, primaire: 99% % d’élèves ayant atteint la 5ème année du primaire en 2000: Taux de scolarisation brut, secondaire: 101,9% Nbre d’étudiants de l’enseignement supérieur par 100.000 habitants: 1.212.161 Nbre d’élèves du primaire par enseignant: 15 % des dépenses du gouvernement afférentes à l’enseignement:

Ratification des Conventions du BIT: 29 87 98 100 105 111 138 169 182

SYSTEME EDUCATIF: Le Canada n’a pas de système national d’éducation. Il existe néanmoins un Conseil des ministres de l’Education et le gouvernement fédéral participe au financement de l’éducation de la langue minoritaire et de la deuxième langue. Ceci s’applique à l’enseignement de l’anglais et du français, les deux langues officielles, garan- ties dans toutes les provinces et territoire du Canada. L’enseignement de la langue minoritaire (anglais ou français) est dispensé «là où le nombre d’élèves le justifie». Le gouvernement fédéral est en partie responsable du bien-être des peu- ples autochtones du pays - Indiens [premières nations], Métis et Inuits. Son budget 2001-2002 a alloué 7 milliards de dollars canadiens à des programmes autochtones, un financement visant à promouvoir des services fondamentaux, dont l’éducation. Le nombre des élèves autochtones a la plus forte croissance de toute la population scolaire du Canada. L’enseignement primaire et secondaire est du ressort des provinces et des territoires. Tous les Canadiens doivent fréquen- ter l’école à partir de cinq, six ou sept ans [selon la juridiction] au moins jusqu’à l’âge de 16 ans. Pour l’année acadé- mique 1998-99, 5 millions d’élèves étaient inscrits dans les écoles primaires et secondaires, et 300 000 autres dans les écoles privées. Le nombre des enseignants à temps plein s’élevait à 300 000. Les enseignants canadiens continuent d’é- mettre de profondes réserves au sujet de l’introduction des écoles à charte, invoquant la possibilité d’un ébranlement du système scolaire public et d’une augmentation des inégalités. Les écoles à charte permettent aux parents et aux organi- sations de fonder et faire fonctionner une école ou un groupe d’écoles en dehors du système public, tout en restant béné- ficiaire des fonds publics. La situation de «l’offre et de la pénurie d’enseignants» est exacerbée par les départs en retrai- te, le surmenage des enseignants et la réduction des services de soutien aux écoles. Les fonds publics destinés aux écoles catholiques sont prévus par la Constitution dans les quatre provinces d’origine. En 1999, la Commission des droits de l’homme de l’ONU a jugé que la province d’Ontario n’avait pas fourni de protection équitable et efficace contre la dis- crimination. En juin 2001, la législature d’Ontario a adopté un plan de crédit fiscal progressif pour les parents dont les enfants fréquentent une école privée, supprimant ainsi la prérogative historique qui n’accordait de tels crédits qu’aux églises catholiques. L’introduction de la phase quinquennale du plan a eu lieu en 2002. Dans la foulée d’une élection provinciale en octobre 2002 dans l’Ontario, le nouveau gouvernement a supprimé la déduction fiscale de l’école privée afin d’augmenter le financement de l’éducation publique. Le gouvernement de l’Ontario a également amendé la Loi sur la formation des enseignants pour que ces derniers n’aient plus à suivre 14 cours tous les cinq ans pour garder leur cer- tificat de qualification et d’enregistrement. Au Québec, le système éducatif a été réorganisé selon les langues (français et anglais) et non plus selon les religions (catholique ou protestante). Le gouvernement fédéral finance les provinces et apporte également une aide financière aux établissements d’enseignement supérieur du pays. Le nombre de Canadiens âgés de 25 ans et plus qui ont des qualifications universitaires est passé de 15% à 20% entre 1991 et 2001. Outre les 830 000 étudiants inscrits dans les 93 universités du pays, 500 000 autres jeunes suivent des cours post-secondaires dans les 154 écoles supérieures. Traditionnellement, ces dernières octroient certificats et diplômes à la fin des études, mais de nombreux crédits peuvent être transférés vers les universités et certains établissements proposent actuellement des pro-

CANADA grammes de licence.

70 BAROMÈTRE DE L’IE SUR LES DROITS HUMAINS ET SYNDICAUX DANS LE SECTEUR DE L’ÉDUCATION - 2004 CANADA

EGALITES DES SEXES: Les filles ont l’égalité d’accès à tous les niveaux de l’éducation et elles représentent envi- ron 55% des inscriptions dans les universités et écoles supérieures. Les femmes sont bien représentées dans le monde du travail, y compris dans les affaires et les professions libérales.

LIBERTE ACADEMIQUE: Aucun rapport n’indique une restriction de la liberté académique, soit de la part du gouvernement fédéral, soit de la part des gouvernements provinciaux.

TRAVAIL DES ENFANTS: La législation relative au travail des enfants varie d’une province à l’autre. Le gouver- nement fédéral n’emploie pas les jeunes âgés de moins de 17 ans au cours de l’année scolaire. La plupart des provinces interdisent aux enfants de moins de 15 ou 16 ans de travailler la nuit ou dans des conditions dangereuses sans autori- sation parentale. En Colombie-Britannique, des amendements à la Loi sur les normes de l’emploi abaisse l’âge mini- mum d’embauche de 15 à 12 ans avec consentement parental. Dans le même temps, le nombre de personnel chargé d’enquêter sur les plaintes déposées pour violation de la loi a été réduit. Les interdictions sont appliquées de manière effi- cace. Le Canada est une destination et un point de transit vers les Etats-Unis pour le trafic d’enfants par le crime orga- nisé à des fins d’exploitation sexuelle, de travail forcé et de trafic de drogue. Il n’existe pas d’estimation fiable de l’éten- due réelle du problème.

DROITS SYNDICAUX: Les travailleurs tant du secteur public que celui du privé ont le droit d’organisation. La législation fédérale garantit officiellement les droits syndicaux, bien que chaque province ait sa propre législation. En Colombie britannique, une loi de 2001 a déclaré l’éducation «service essentiel», ce qui rend très difficile l’organisation syndicale parmi les enseignants et le personnel de l’éducation et donne aux autorités le pouvoir de leur refuser le droit de grève. Une loi du Manitoba interdit également aux enseignants de faire grève et prévoit de lourdes amendes en cas d’infraction. Dans l’Ontario, la négociation collective est très restreinte dans l’éducation selon les clauses d’une loi de 1997 qui exclut les directeurs d’école du processus de négociation avec les enseignants. Ces derniers ne peuvent donc négocier les conditions de travail que sur une base informelle. De même, le Ontario Education Act établit de facto un monopole syndical en désignant par son nom le syndicat reconnu comme étant l’interlocuteur dans les négociations. Au cours de 2002, quatre plaintes ont été déposées auprès du Comité de l’Organisation internationale du travail (OIT) sur la liberté syndicale : le Congrès du travail du Canada (CTC), la Confédération internationale des syndicats libres (CISL) et l’IE en ont déposé une concernant les restrictions au droit de grève et au droit à la négociation collective. Le CTC, la CISL et l’Internationale des services publics (ISP) en ont déposé une autre concernant les restrictions au droit à la négo- ciation collective dans le secteur de l’éducation. Le CTC et la CISL en ont déposé une troisième faisant référence à l’in- gérence des autorités dans les activités syndicales. Et enfin le 14 mai 2002, l’affilié de l’IE, CAUT/ACPPU, a déposé une plainte pour violation législative du droit à la négociation collective dans le secteur de l’enseignement.

Organisation membre de l’IE / Nombre de membres: CANADA Canadian Association of University Teachers/Association canadienne des professeures et professeurs d'université [CAUT/ACPPU] / 3.333 Centrale de l'enseignement du Québec [CEQ] / 56.750 Canadian Teachers' Federation [CTF/FCE] / 242.600 Fédération québécoise des professeures et professeurs d'Université [FQPPU] / 4.100 Fédération nationale des enseignantes et enseignants du Québec [FNEEQ-CSN] / 23.500

BAROMÈTRE DE L’IE SUR LES DROITS HUMAINS ET SYNDICAUX DANS LE SECTEUR DE L’ÉDUCATION - 2004 71 CAP-VERT République du Cap-Vert • Population: 408.760

Population <15: 40,9% % du PNB afférent à l’enseignement: 4,4% Analphabétisme: 25,1% Espérance de vie à la naissance: m: 66 - f: 73 Taux de scolarisation brut, pré-primaire: Espérance de scolarité (années): Taux de scolarisation brut, primaire: 99% % d’élèves ayant atteint la 5ème année du primaire en 2000: Taux de scolarisation brut, secondaire: 68,6% Nbre d’étudiants de l’enseignement supérieur par 100.000 habitants: Nbre d’élèves du primaire par enseignant: % des dépenses du gouvernement afférentes à l’enseignement:

Ratification des Conventions du BIT: 29 87 98 100 105 111 138 169 182

SYSTEME EDUCATIF: En 1998, le gouvernement a étendu à six ans l’instruction gratuite et obligatoire en prin- cipe pour tous les enfants âgés de 6 à 12 ans. La fréquentation de l’école secondaire est obligatoire jusqu’à 16 ans, mais seulement gratuite pour les enfants des familles qui ont un revenu annuel en dessous de $1700. L’instruction est donnée en portugais, bien que la population parle communément un dialecte, le crioulo. Les statistiques du ministère de l’Education révèlent que 98% d’enfants ont fréquenté l’école primaire. Il semble n’y avoir qu’un pour-cent de différence entre le taux de fréquentation scolaire entre garçons et filles. Il n’y a pas d’écoles ou d’enseignants formés spécialement pour les enfants handicapés physiques ou mentaux. Plusieurs ONG sont actives dans ce domaine, y compris une asso- ciation pour les aveugles.

EGALITES DES SEXES: Bien qu’il y ait égalité entre garçons et filles dans l’enseignement primaire, les femmes adultes analphabètes sont néanmoins deux fois plus nombreuses que les hommes. Il en résulte que nombre de femmes sont vulnérables, ignorantes de leurs droits et du fait qu’elles sont les égales des hommes au regard de la loi.

LIBERTE ACADEMIQUE: Il n’y a pas d’université et il est de tradition que les étudiants se rendent à l’étranger pour leur éducation supérieure, souvent au Portugal. En fait, le Cap-Vert a une longue histoire ‘d’exportation’ de ses citoyens, les mieux éduqués revenant rarement au pays.

TRAVAIL DES ENFANTS: L’Institut pour les Enfants du Cap-Vert a été réorganisé pour permettre la mise en œuvre des normes établies par la Convention de l’ONU sur les droits de l’enfant. L’âge minimum d’embauche est de 14 ans. La loi interdit aux enfants de moins de 16 ans de travailler la nuit, plus de 7 heures par jour, ou dans des établisse- ments produisant des substances toxiques. Dans la pratique, le ministère de la Justice et du Travail ne parvient que de façon limitée à faire appliquer la loi concernant l’âge minimum d’embauche et ce, uniquement dans les secteurs éco- nomiques urbains et formels. L’exploitation sexuelle des enfants et les autres pires formes de travail des enfants consti- tuent un problème permanent. Le gouvernement tente d’enrayer le travail des enfants en collaborant avec l’IPEC et l’OIT.

DROITS SYNDICAUX: Les travailleurs ont le droit de former un syndicat et d’y adhérer sans autorisation ou res- triction gouvernementale. La constitution garantit le droit de grève aux membres des syndicats. Les travailleurs et la direction, tant du secteur privé que du secteur public, bénéficient du droit de négociation collective, mais le gouverne- ment qui est le plus grand employeur du pays continue de fixer les salaires dans le secteur public, ce qui affecte auto- matiquement les négociations salariales dans le secteur privé, plus restreint. L’OIT a critiqué le gouvernement pour son incapacité à promouvoir le droit à la négociation collective. Le gouvernement est incapable de fournir à l’OIT des exem- ples d’accords collectifs signés. CAP-VERT

72 BAROMÈTRE DE L’IE SUR LES DROITS HUMAINS ET SYNDICAUX DANS LE SECTEUR DE L’ÉDUCATION - 2004 CAP-VERT

Organisation membre de l’IE / Nombre de membres: Federaçao Caboverdiana dos Professores [FECAP] / 2.100 CAP-VERT

BAROMÈTRE DE L’IE SUR LES DROITS HUMAINS ET SYNDICAUX DANS LE SECTEUR DE L’ÉDUCATION - 2004 73 CHILI République du Chili • Population: 15.498.930

Population <15: 28,1% % du PNB afférent à l’enseignement: 4,2% Analphabétisme: 4,1% Espérance de vie à la naissance: m: 72,4 - f: 79,2 Taux de scolarisation brut, pré-primaire: 76,7% Espérance de scolarité (années): m: 14 - f: 13 Taux de scolarisation brut, primaire: 89% % d’élèves ayant atteint la 5ème année du primaire en 2000: 101% Taux de scolarisation brut, secondaire: m: 86,6 - f: 88,4% Nbre d’étudiants de l’enseignement supérieur par 100.000 habitants: 452.177 Nbre d’élèves du primaire par enseignant: 33 % des dépenses du gouvernement afférentes à l’enseignement: 17,5%

Ratification des Conventions du BIT: 29 87 98 100 105 111 138 169 182

SYSTEME EDUCATIF: L’instruction primaire et secondaire est gratuite et obligatoire de la première à la huitième année. Le Chili a le taux d’alphabétisation le plus élevé d’Amérique latine. Le nombre d’autochtones s’élève à près d’un million. La majorité d’entre eux, les Mapuches [«gens de la terre»], et des groupes plus restreints, les Aymaras, les Atacamenos, les Kawaskhars et les Polynésiens Rapa Nui de l’Ile de Pâques, restent pour la plupart en marge de la socié- té, surtout en raison de facteurs éducatifs. Toutefois, les politiques qui mettaient l’accent sur l’assimilation ont en quelque sorte été annulées par une loi de 1993 qui reconnaît, dans une certaine mesure, les besoins et les cultures de ces populations, y compris l’éventualité du droit à un enseignement bilingue dans les écoles des régions habitées par des peuples autochtones. En juin 2002, la police a fait usage de gaz lacrymogène et de canons à eau pour disperser une manifestation d’étudiants à Valparaiso à propos du financement des études universitaires, et en août elle a procédé à l’ar- restation d’étudiants manifestant contre le coût des transports en autobus à Santiago.

EGALITES DES SEXES: Les filles et jeunes filles ont l’égalité d’accès à l’enseignement primaire, secondaire et supérieur. Les femmes qui ont un diplôme universitaire ne perçoivent que 53,4% du salaire de leurs homologues mas- culins.

LIBERTE ACADEMIQUE: Aucun rapport n’indique une restriction de la liberté académique de la part du gou- vernement.

TRAVAIL DES ENFANTS: Le travail des enfants pose un problème dans le secteur informel. L’UNICEF estime qu’environ 107.000 enfants et mineurs âgés de 11 et plus travaillent. D’après une étude récente de l’OIT, le nombre des enfants de 12 à 14 ans qui travaillent et ne sont pas scolarisés s’élève à 15.000, soit moins de la moitié du chiffre indi- qué par les sources gouvernementales de l’époque et cité dans la 2ème édition du Baromètre de l’IE. La loi autorise les enfants entre 16 et 18 ans à travailler avec l’autorisation expresse de leurs parents ou tuteurs. Les enfants de 15 ans ont également le droit de travailler avec la même autorisation, mais ils doivent avoir terminé leurs études primaires. Les tra- vaux qu’ils effectuent ne doivent pas être fatigants ou malsains. Les jeunes peuvent rejoindre l’armée à l’âge de 16 ans. L’UNICEF estime que le pays compte environ 10.000 enfants prostitués, âgés de 6 à 18 ans. Bien que la loi reste vague lorsqu’il s’agit de prostitution des enfants au-dessus de l’âge de consentement, qui est de 12 ans, le Chili a ratifié la convention 182 de l’OIT. La police et les travailleurs sociaux s’efforcent d’identifier les enfants prostitués et de les placer dans des foyers pour mineurs. Le ministère du travail convoque régulièrement des réunions d’employeurs et de syndicats, afin de surveiller les progrès réalisés pour éradiquer le travail des enfants. Le Chili participe au programme d’action IPEC de l’OIT sur l’élimination du travail des enfants. CHILI

74 BAROMÈTRE DE L’IE SUR LES DROITS HUMAINS ET SYNDICAUX DANS LE SECTEUR DE L’ÉDUCATION - 2004 CHILI

DROITS SYNDICAUX: Un nouveau Code du travail a été promulgué en décembre 2001, que la CISL a décrit comme un compromis. Il accorde une plus grande protection des droits fondamentaux, tels que le droit de s’organiser et d’exercer la négociation collective. Des syndicats peuvent être formés sans autorisation préalable. Comme pour la légis- lation précédente, les employés de la fonction publique ne jouissent pas du droit de grève, bien que les enseignants des écoles publiques aient déjà mené des actions de grève par le passé. Il n’existe aucune disposition concernant un arbitra- ge obligatoire dans le secteur public.

Organisation membre de l’IE / Nombre de membres: Colegio de Profesores de Chile [CPC] / 120.000 CHILI

BAROMÈTRE DE L’IE SUR LES DROITS HUMAINS ET SYNDICAUX DANS LE SECTEUR DE L’ÉDUCATION - 2004 75 CHINE - HONG KONG (XIANGGANG) Région administrative spéciale de la République populaire de Chine • Population: 7.303.334

Population <15: 16,2% % du PNB afférent à l’enseignement: Analphabétisme: 6,5% Espérance de vie à la naissance: m: 77 - f: 82 Taux de scolarisation brut, pré-primaire: 83% Espérance de scolarité (années): Taux de scolarisation brut, primaire: % d’élèves ayant atteint la 5ème année du primaire en 2000: Taux de scolarisation brut, secondaire: m: 71 - f: 76% Nbre d’étudiants de l’enseignement supérieur par 100.000 habitants: 128.052 Nbre d’élèves du primaire par enseignant: 24 % des dépenses du gouvernement afférentes à l’enseignement:

Hong-Kong (RAS) a amendé sa législation du travail et a pris des mesures administratives pour l'application de 40 conventions de l'OIT, y compris les Conventions fondamentales 29, 87, 98 et 105. Hong-Kong (SAR) et l'ancien territoire sous administration portugaise de Macao (RAS) fonctionnent selon des mini-constitutions appelées lois fondamentales. En vertu de la Loi fondamentale, la Chine s'est engagée à adhérer à ces conventions. La Chine a ratifié les Conventions 100, 138 et 182.

SYSTEME EDUCATIF: Le PNB par habitant de Hong-Kong est comparable au niveau des quatre économies les plus puissantes d’Europe de l’Ouest, mais la région a connu une forte récession entre 2001 et 2002. L’épidémie de SRAS, qui survint de mars à l’été 2003, porta préjudice à la reprise. L’éducation est gratuite et obligatoire pour tous les enfants âgés de 6 à 15 ans. Quelque 60% des écoles, de la maternelle au secondaire, sont privées. Environ 1% de la population en âge de scolarité souffre d’infirmités. Un tiers de ces élèves se retrouvent dans les écoles traditionnelles où ils reçoivent une éducation spéciale. Les minorités ont moins de chances d’obtenir une place dans les écoles publiques ou d’être acceptées dans les établissements d’enseignement supérieur. Les enfants d’immigrants illégaux sont exclus du système éducatif. Hong-Kong compte huit universités financées par le secteur public, y compris la Hong Kong Academy of Performing Arts [qui a intégré le Conservatoire de musique et l’Académie de danse], et plus d’une douzaine d’instituts techniques. Toutes ces institutions sont soumises à une forte pression en raison de la demande et seul un faible pourcentage des étudiants qui sortent du secondaire s’inscrivent dans les établissements d’enseignement supérieur ou les universités. Des instituts de formation des enseignants forment les enseignants du primaire, tandis que c’est aux universités qu’incombe la responsabilité de former les enseignants du secondaire.

EGALITES DES SEXES: Les femmes représentent deux tiers de la population adulte ne sachant ni lire, ni écrire. L’analphabétisme chez les hommes et les femmes diminue progressivement. 50% des diplômés d’universités ou d’autres établissements d’enseignement supérieur sont des femmes. En 2001, la Cour suprême a déclaré que le système vieux de 23 ans - qui consiste à classer séparément les garçons et les filles en vue de leur attribuer une place dans l’enseignement secondaire - était une pratique discriminatoire envers les filles. Durant des générations sous l’administration des Britanniques, les femmes de Hong-Kong ont été victimes de discriminations en matière d’emploi, de salaire, d’avantages sociaux, d’héritage et d’avancement professionnel. Cette situation tend à s’améliorer progressivement et un nombre croissant de femmes font leur entrée dans des domaines tels que le droit et la médecine. Une Commission des femmes entreprend actuellement une étude sur l’égalité des salaires pour un travail de valeur égale. La Commission projette d’ef- fectuer sur le sujet une étude exhaustive couvrant l’ensemble du système.

LIBERTE ACADEMIQUE: La Loi fondamentale assure la liberté académique et le gouvernement la respecte géné- ralement dans la pratique. Des recherches indépendantes et des débats animés ont lieu sur les campus. CHINE - HONG KONG (XIANGGANG)

76 BAROMÈTRE DE L’IE SUR LES DROITS HUMAINS ET SYNDICAUX DANS LE SECTEUR DE L’ÉDUCATION - 2004 CHINE - HONG KONG (XIANGGANG)

TRAVAIL DES ENFANTS: Les règlements interdisent l’embauche d’enfants de moins de 15 ans dans l’industrie. Les enfants de 13 et 14 ans peuvent être engagés dans certaines entreprises non industrielles, sous réserve de conditions destinées à leur garantir une scolarité de 9 ans minimum et à protéger leur sécurité, leur santé et leur bien-être. Le gou- vernement est bien disposé à l’égard de la Convention 182 de l’OIT. La Région a adopté une législation qui condamne toute publication pornographique impliquant des enfants. Par ailleurs, toute organisation ou promotion de rapports sexuels avec des enfants de moins de 16 ans est considérée comme un délit.

DROITS SYNDICAUX: La Loi fondamentale ne garantit pas le droit de négociation collective. Bien que 25% de la main-d’oeuvre soient syndiqués, moins d’un pourcent des travailleurs est couvert par des conventions collectives, et cel- les qui existent ne sont pas juridiquement contraignantes. La Loi fondamentale contient des dispositions garantissant le droit d’association, le droit d’organisation et le droit de grève. Néanmoins, d’après la CISL, aucune loi n’est appliquée afin d’assurer l’exercice effectif de ces droits fondamentaux. La négociation collective n’est pas très répandue. Le gou-

vernement ne consulte que les syndicats de fonctionnaires. Le droit de grève des fonctionnaires est soumis à certaines res- CHINE - HONG KONG (XIANGGANG) trictions. En 2001, l’IE a lancé un appel d’action urgente en faveur de ses affiliés suite à la répression de manifestations. L’année suivante, le secrétaire général de l’IE a entamé un dialogue avec le chef de l’exécutif de Hong-Kong au sujet de propositions de modification de la Loi fondamentale qui, si elles étaient entérinées, constitueraient une atteinte à la liber- té d’expression, la liberté de croyance et la liberté académique. Les propositions de modifications législatives ont été reti- rées en septembre 2003.

Organisation membre de l’IE / Nombre de membres: Hong Kong Teachers' Association [HKTA] / 1.822 Hong Kong Professional Teachers' Union [HKPTU] / 60.674

BAROMÈTRE DE L’IE SUR LES DROITS HUMAINS ET SYNDICAUX DANS LE SECTEUR DE L’ÉDUCATION - 2004 77 CHYPRE République de Chypre • Population: 767.314

Population <15: 22,4% % du PNB afférent à l’enseignement: 5,4% Analphabétisme: 2,8% Espérance de vie à la naissance: m: 78 - f: 74 Taux de scolarisation brut, pré-primaire: Espérance de scolarité (années): Taux de scolarisation brut, primaire: 95% % d’élèves ayant atteint la 5ème année du primaire en 2000: 99% Taux de scolarisation brut, secondaire: Nbre d’étudiants de l’enseignement supérieur par 100.000 habitants: 11.934 Nbre d’élèves du primaire par enseignant: % des dépenses du gouvernement afférentes à l’enseignement:

Ratification des Conventions du BIT: 29 87 98 100 105 111 138 169 182

SYSTEME EDUCATIF: Tant le gouvernement que les autorités chypriotes turques sont résolument engagés en faveur des droits et du bien-être des enfants. Dans la République, l’éducation est obligatoire de 5 à 15 ans, ou à la fin de l’école secondaire, et elle est gratuite jusqu’à l’âge de 18 ans. Chez les Chypriotes turques, l’éducation est gratuite et obli- gatoire de 5 à 15 ans. Tous les enfants chypriotes orthodoxes doivent suivre les cours de religion orthodoxe qui sont don- nés dans toutes les écoles publiques primaires et secondaires. Malgré certaines améliorations des conditions de vie des Chypriotes grecs au nord de l’île (zone turque), plus aucun service n’est disponible en langue grecque au-delà de l’éco- le primaire. Si les étudiants se rendent dans la République afin de poursuivre leurs études, ils perdent le droit de retour- ner vivre dans le Nord. Quant à l’enseignement supérieur, l’université de Chypre (1989) et d’autres institutions de niveau supérieur se partagent la tâche. Un grand nombre d’étudiants choisissent de suivre leurs études post-secondaires à l’é- tranger. Les Chypriotes turcs participent aux examens d’entrée à l’université organisés par le ministre de l’Education de la République de Turquie.

EGALITES DES SEXES: Dans les deux communautés, garçons et filles jouissent des mêmes opportunités éduca- tives. Environ 60% des étudiants inscrits dans des établissements d’enseignement supérieur de la République sont des jeu- nes filles. Des dispositions juridiques, tant dans la République que dans la communauté chypriote turque, prescrivent l’é- galité des salaires pour un travail de valeur égale et la loi est effectivement appliquée au niveau des employés. Les fem- mes turques chypriotes du nord de l’île embauchées dans les secteurs de l’agriculture et du textile sont généralement moins bien payées que leurs homologues masculins.

LIBERTE ACADEMIQUE: Le gouvernement de la République ne limite pas la liberté académique. La déclaration est identique dans la zone turque, mais durant l’année 2001, des Chypriotes turcs affiliés à des syndicats d’enseignants ont été molestés par la police, alors qu’ils protestaient contre l’exclusion d’un professeur d’histoire qui avait publié un article critiquant la Turquie et ses militaires. Le professeur et le syndicat ont finalement été inculpés par les autorités.

TRAVAIL DES ENFANTS: Dans les deux communautés, l’âge minimum d’embauche dans une «activité indus- trielle» est fixé à 16 ans. Les Chypriotes turcs peuvent être employés comme apprentis à partir de 15 ans. Des inspecteurs du travail contrôlent chaque communauté. Dans les magasins familiaux, il n’est pas rare de voir des enfants plus jeu- nes travailler après l’école. Dans la communauté chypriote turque, des enfants âgés d’à peine 11 ou 12 ans travaillent dans les vergers durant leurs vacances scolaires. En 2000, la République a voté une loi condamnant l’exploitation sexuel- le ou le trafic d’enfants. Les autorités chypriotes turques ont nié l’existence de tout trafic dans leur communauté. CHYPRE

78 BAROMÈTRE DE L’IE SUR LES DROITS HUMAINS ET SYNDICAUX DANS LE SECTEUR DE L’ÉDUCATION - 2004 CHYPRE

DROITS SYNDICAUX: Dans la communauté chypriote turque, des représentants syndicaux témoignent que plu- sieurs entreprises ont fondé des organisations fantoches représentant leurs propres intérêts et ont ensuite exercé des pres- sions afin que les travailleurs s’affilient à ces organisations. Des représentants de syndicats indépendants accusent éga- lement les autorités chypriotes turques de créer des syndicats rivaux du secteur public en vue d’affaiblir les syndicats indé- pendants. Tant dans la République que dans la zone chypriote turque, les syndicats prennent régulièrement et librement position sur des questions de politique générale touchant les travailleurs et gardent leur indépendance par rapport aux autorités. D’un point de vue légal, les syndicats et les confédérations bénéficient du droit d’organisation et de négocia- tion collective sur tout le territoire de l’île, mais les conventions collectives chypriotes grecques ne sont pas contraignan- tes. Dans la communauté chypriote grecque, le barème des salaires est revu plusieurs fois par an pour les employés du secteur public comme ceux du secteur privé et une augmentation calculée en fonction du coût de la vie est établie. Tous les travailleurs bénéficient du droit de grève mais, dans le nord de l’île, les employeurs ont le droit de recruter du per- sonnel de remplacement en cas d’action, ce qui limite l’efficacité du droit de grève. En outre, les autorités de la République et de la communauté chypriote turque ont le pouvoir de restreindre les grèves au sein de «services clés» - bien qu’il en soit rarement fait usage dans la pratique. Les syndicats de l’enseignement dans la RTCN ont soutenu un mouvement dénommé «Ce pays est le nôtre» qui réclame une Chypre unifiée respectueuse des droits de tous les Chypriotes. Les autorités de la RTCN ont usé de la force pour réprimer les manifestations de soutien au mouvement.

Organisation membre de l’IE / Nombre de membres: Cyprus Turkish Secondary Education Teachers' Union [KTOEOS] / 1.423 Cyprus Turkish Teachers' Trade Unions [KTOS] / 1.054 Organisation of Secondary School Teachers of Cyprus [OELMEK] / 3.010 Association of Teachers of Technical Education Cyprus [OLTEK] / 463 Cyprus Greek Teachers Association [POED] / 3.010

L'île de Chypre est divisée depuis 1974. La zone chypriote grecque est contrôlée par le gouvernement de la République de Chypre (RC) et est reconnue sur le plan internatio- nal. La "République turque de Chypre du Nord" (RTCN) n'est reconnue que par la Turquie. En 1999, la Commission européenne des droits de l'homme a déclaré que la RTCN était une "administration locale subordonnée de la Turquie oeuvrant dans la partie nord de Chypre". La RTCN compte environ 200 000 habitants. Les deux régions sont sépa- rées par une zone tampon contrôlée par l'ONU. Chypre compte également deux bases militaires britanniques qui s'étendent sur 256 km.

Bien que la RTCN ne puisse être membre de l'OIT, le territoire signale que son administration souscrit aux conventions fondamentales de l'OIT. CHYPRE

BAROMÈTRE DE L’IE SUR LES DROITS HUMAINS ET SYNDICAUX DANS LE SECTEUR DE L’ÉDUCATION - 2004 79 COLOMBIE République de Colombie • Population: 41.008.227

Population <15: 32,4% % du PNB afférent à l’enseignement: Analphabétisme: 8,1% Espérance de vie à la naissance: m: 67 - f: 74,83 Taux de scolarisation brut, pré-primaire: 35,9% Espérance de scolarité (années): Taux de scolarisation brut, primaire: 89% % d’élèves ayant atteint la 5ème année du primaire en 2000: Taux de scolarisation brut, secondaire: m: 67,3 - f: 74,7% Nbre d’étudiants de l’enseignement supérieur par 100.000 habitants: 934.085 Nbre d’élèves du primaire par enseignant: 24 % des dépenses du gouvernement afférentes à l’enseignement:

Ratification des Conventions du BIT: 29 87 98 100 105 111 138 169 182

SYSTEME EDUCATIF: «Depuis plusieurs années, la Colombie est répertoriée comme le pays le plus dangereux du monde.» [CISL, 2003]. Selon le rapport 2001 du Haut- Commissariat des Nations Unies pour les réfugiés (HCR), «le conflit [civil] s’est détérioré à un tel point que les combattants violent les règles humanitaires les plus élémentaires...la population civile sans défense et les enfants continuent d’être les principales victimes de telles actions.» Le niveau de vio- lence et les violations des droits humains qui ravagent la société colombienne touchent directement les étudiants et leurs enseignants. Dans les zones de conflit notamment, les enseignants et les enfants sont souvent pris entre les tirs croisés des forces de sécurité de l’Etat, des groupes paramilitaires et des organisations de guérilla. Les élèves sont chaque jour confrontés à des meurtres, des enlèvements et des «disparitions forcées». Dans certaines parties du pays, les étudiants, les enseignants et le personnel des écoles travaillent dans la crainte constante pour leur sécurité. Outre la souffrance de l’exil interne et le traumatisme psychologique, les étudiants doivent souvent laisser passer leurs chances de poursuivre ou ter- miner leurs études. La Constitution garantit l’éducation publique obligatoire de 6 à 15 ans. Elle est gratuite mais les frais annexes sont nombreux, notamment ceux des livres et du transport. Dans de nombreuses régions rurales les enfants vivent loin de l’école la plus proche. 14% des enfants ne sont pas scolarisés pour cause d’absentéisme, de manque de pla- ces dans les classes ou de l’indigence de leur famille. 400.000 civils ont été déplacés en 2002 en raison de la violence et de l’instabilité. Il est probable que le nombre total des personnes déplacées dans leur propre pays (IDP) dépasse les 2,5 millions. Plusieurs milliers d’entre elles travaillaient dans le secteur de l’éducation. Selon le HCR, 72% d’entre elles sont des femmes et des enfants. Grâce à son Fonds de solidarité, l’IE offre un soutien aux familles des enseignants déplacés. L’IE apporte également son aide aux enseignants qui ont dû quitter le pays pour des raisons de sécurité. Le Bureau du médiateur des droits humains rapporte que 15% seulement des enfants déplacés fréquentent l’école. Les chiffres de l’UNESCO sont plus optimistes. Les familles qui fuient vers les pays limitrophes ne bénéficient guère d’assistance, mais seul le Venezuela rapatrie les réfugiés de force. La Colombie a ratifié la Convention 169. Les groupes ethniques autoch- tones constituent environ 2% de la population. Ils vivent dans des départements isolés de la République. La Constitution autorise les communautés autochtones à éduquer leurs enfants dans les dialectes traditionnels et le respect de leurs cou- tumes culturelles et religieuses. Mais tout comme les 10,6 millions de citoyens d’origine africaine, la plupart des autoch- tones vivent dans des conditions d’extrême pauvreté et font l’objet d’une discrimination importante de la part de la socié- té. La santé et l’éducation des enfants de ces deux groupes sont gravement négligées.

EGALITES DES SEXES: Les filles sont non seulement plus nombreuses que les garçons à s’inscrire dans le secon- daire, elles sont aussi plus nombreuses dans les institutions tertiaires. Une étude de l’Université de Rosario conclut néan- moins que les femmes doivent faire face à davantage de discrimination lors de l’embauche, sont nettement plus souvent affectées par le chômage et ont des salaires généralement sans rapport avec leur éducation et leur expérience. COLOMBIE

80 BAROMÈTRE DE L’IE SUR LES DROITS HUMAINS ET SYNDICAUX DANS LE SECTEUR DE L’ÉDUCATION - 2004 COLOMBIE

LIBERTE ACADEMIQUE: Aucun rapport ne fait état d’une restriction de la liberté académique de la part du gou- vernement, mais les groupes paramilitaires et de guérilla maintiennent une présence sur de nombreux campus univer- sitaires. Leur but est d’obtenir un soutien politique pour leurs campagnes et de miner le soutien à leurs adversaires par des moyens à la fois violents et non-violents. Les paramilitaires menacent et assassinent les professeurs d’université qu’ils suspectent de sympathie gauchiste. Des étudiants ont été contraints d’abandonner leurs études sous peine de mort. Durant les sept dernières années, des forces illégales ont été responsables de 22 meurtres d’étudiants et de professeurs dans deux universités du Nord. Les guérillas de gauche ont tendance à utiliser les universités comme bases pour la planifica- tion de leurs attaques terroristes. En conséquence, de nombreux professeurs et étudiants adoptent un profil bas. Certaines universités ont banni les activités sociales extracurriculaires qui pourraient être perçues comme ayant un lien quel- conque avec le conflit armé interne. Des professeurs d’université ont choisi de s’exiler.

TRAVAIL DES ENFANTS: Les enfants déplacés, peu d’entre eux pouvant fréquenter l’école, sont vulnérables aux mauvais traitements, à l’exploitation sexuelle et au recrutement par des criminels. Le travail des enfants, y compris sous ses pires formes, est un problème très répandu. 15% des enfants en âge d’école primaire travaillent et ne vont pas à l’é- cole. Les groupes de guérilleros recrutent systématiquement les enfants, les garçons pour en faire des soldats et les filles pour servir d’esclaves sexuelles aux Forces armées révolutionnaires de Colombie (FARC) et à l’Armée de libération natio- nale (ELN). Un nombre croissant d’enfants déserte et un programme de soutien mis sur pied par le gouvernement faci- lite leur réhabilitation. La Constitution interdit l’embauche d’enfants de moins de 14 ans pour la plupart des emplois. Les travaux dangereux, tels que le travail dans les mines ou la construction, sont interdits. Le gouvernement interdit le travail forcé et asservissant des enfants mais est incapable de faire respecter cette interdiction. Dans les campagnes, 75% des enfants qui travaillent perçoivent en moyenne un quart du salaire minimum, et 25% ne sont pas rémunérés du tout. Des enfants d’à peine 11 ans travaillent à plein temps dans l’industrie des fleurs coupées, où ils sont souvent exposés aux substances toxiques émanant des pesticides. Les enfants travaillant dans les mines marginales sont confrontés à de nom- breux dangers dont les glissements de terrain, les inondations, les incendies, les explosions et les émanations de gaz. Ils souffrent de surmenage, d’hernies, de manque d’oxygène et de déformations osseuses. Des écoles se trouvent pourtant dans ces régions minières mais bon nombre d’enfants sont trop fatigués pour s’y rendre. Le problème majeur que connaissent les villes colombiennes est celui des enfants des rues. L’UNICEF estime que 35.000 mineurs travaillent dans la prostitution - 10.000 de plus depuis la 2ème édition du Baromètre de l’IE. Le trafic des enfants est aussi un problème. Des recruteurs rôdent apparemment autour des écoles secondaires et attirent les adolescents dans le piège d’un emploi factice dans des pays tels que les Pays-Bas, l’Espagne et le Japon. Le Comité national pour l’éradication du travail des enfants met en œuvre des programmes de formation, et le gouvernement, les principales fédérations syndicales et les représentants des médias publient des articles, produisent des documentaires et lancent des programmes pour lutter cont- re le travail des enfants. Le ministère de l’Education a étendu la journée scolaire dans 134 municipalités pour tenter d’empêcher que les enfants ne quittent l’école pour entrer dans le marché du travail.

DROITS SYNDICAUX: Les groupes paramilitaires et de guérilla menacent et tuent les enseignants du secteur public - spécialement ceux du degré secondaire. Selon l’organisation membre de l’IE, FECODE, 42 enseignants ont été assassinés en 2001 et 83 en 2002. Le ministère de l’Education indique que quelque 800 enseignants, la plupart dans les milieux ruraux, travaillent sous la menace de mort des guérillas FARC. Tous les membres du Comité exécutif de FECO- DE ont reçu des menaces de mort en 2001 et certains sont actuellement en exil. La Colombie a été le sujet d’un Appel à l’action urgente (AAU) de l’IE pratiquement permanent depuis la 2ème édition du Baromètre de l’IE. En août 2003, l’IE a renouvelé son appel aux affiliés pour qu’ils soutiennent les enseignants de Colombie et a cité la déclaration de COLOMBIE

BAROMÈTRE DE L’IE SUR LES DROITS HUMAINS ET SYNDICAUX DANS LE SECTEUR DE L’ÉDUCATION - 2004 81 COLOMBIE

FECODE selon laquelle de nombreux décès auraient pu être évités si le gouvernement avait mis en œuvre une relocali- sation des enseignants à risque, ce que FECODE et l’IE avaient demandé en 2001. En novembre 2001, FECODE organi- sait des manifestations contre la décentralisation de l’éducation en Colombie. L’IE avait demandé au gouvernement d’entamer un dialogue avec les principales parties prenantes du système éducatif, y compris FECODE, et de garantir que le processus ne devienne pas un prétexte pour licencier des enseignants. Selon la CISL, la violence et l’impunité dont jouissent leurs auteurs ont fait de la Colombie le pays le plus dangereux du monde pour un syndicaliste. En 2002, 184 d’entre eux ont été assassinés. Les instances dirigeantes de l’OIT ont qualifié d’insuffisantes les mesures adoptées par le gouvernement pour réduire la violence dirigée contre les dirigeants syndicaux. La Constitution protège le droit des travailleurs à s’organiser et à négocier mais les syndicats doivent remplir la condi- tion de représenter une majorité de travailleurs dans chaque compagnie pour pouvoir représenter ces derniers dans les accords sectoriels, ce qui affaiblit leur pouvoir de négociation. La Constitution de 1991 reconnaît le droit d’organisation et le droit de grève. Toutefois le droit de grève est limité par un arbitrage obligatoire et une définition au sens large des services essentiels, ce qui empêche les employés de la fonction publique de mener des actions de grève. Dans la pratique, cette interdiction est ignorée. La Constitution protège le droit de négociation collective des travailleurs, hormis ceux du secteur public. La Colombie ne respecte donc pas la Convention 98 de l’OIT dans la mesure où elle nie ce droit aux travailleurs de la fonction publique. La loi oblige les employés de la fonction publique à accepter un arbitrage décisif si la médiation est un échec ; néanmoins dans la pratique les memb- res des syndicats du service public décident par vote de faire appel ou non à un arbitrage. En septembre 2002, 800 000 employés du secteur public des principales zones urbaines ont entamé une action de grève pour protester contre les lois de réforme dans le domaine de la retraite, du travail et de la fiscalité.

Organisation membre de l’IE / Nombre de membres: Federación Colombiana de Educadores [FECODE] / 167.000

NOTE EN BAS DE PAGE : Parmi les nombreux groupes terroristes opérant en Colombie, on trouve : les FARC [Forces armées révolutionnaires de Colombie] un mouvement de guérilla de gauche autoproclamé fort de 16.500 membres ; l'ELN [Armée de libération nationale]avec 4.500 membres ; plusieurs groupes paramilitaires de droite, notamment les AUC [Forces unies d'autodéfense de Colombie]. On estime qu'entre 12.000 et 15.000 enfants sont membres de groupes armés illégaux. Les Forces armées sont respon- sables de l'ordre et de la sécurité dans les zones rurales et soutiennent la Police nationale dans les zones urbaines. COLOMBIE

82 BAROMÈTRE DE L’IE SUR LES DROITS HUMAINS ET SYNDICAUX DANS LE SECTEUR DE L’ÉDUCATION - 2004 COOK (ILES) Population: 15.000

Population <15: % du PNB afférent à l’enseignement: 3,2% Analphabétisme: 5% Espérance de vie à la naissance: m: 69 - f: 73 Taux de scolarisation brut, pré-primaire: 64% Espérance de scolarité (années): Taux de scolarisation brut, primaire: % d’élèves ayant atteint la 5ème année du primaire en 2000: Taux de scolarisation brut, secondaire: Nbre d’étudiants de l’enseignement supérieur par 100.000 habitants: Nbre d’élèves du primaire par enseignant: % des dépenses du gouvernement afférentes à l’enseignement: 11

Les îles Cook ne sont pas membres de l'OIT ou des Nations Unies

SYSTEME EDUCATIF: Le pays suit le cursus scolaire de la Nouvelle-Zélande. L’éducation est gratuite, laïque et obligatoire pour les enfants à partir de l’âge de 5 ans et ce jusqu’à la fin de l’année scolaire de leurs 15 ans. A cet âge- là, les élèves sont supposés avoir terminé la quatrième année secondaire. Il y a au moins une école primaire sur chacu- ne des îles habitables en permanence. Il existe sept écoles d’enseignement secondaire et le Collège Tereora assure une éducation jusqu’à la fin du secondaire supérieur. 85% des étudiants fréquentent des écoles publiques. L’éducation de la petite enfance est prévue. La Nouvelle-Zélande et l’Australie accordent des bourses aux étudiants diplômés pour qu’ils puissent étudier dans des institutions secondaires et tertiaires situées à l’étranger. En conséquence, un grand nombre d’habitants est amené à quitter les îles pour poursuivre leurs études et ne revient pas au pays, sauf en visite. Les institu- tions post-secondaires comptent un collège de formation des enseignants, une école d’infirmières, un centre de forma- tion commerciale et un centre de formation hôtelière et en tourisme. L’Université du Pacifique Sud possède à Avarua, capitale de l’île de Rarotonga, une petite succursale donnant des cours de formation, de création et des cours de licence.

EGALITES DES SEXES: Garçons et filles ont l’égalité d’accès à l’éducation.

LIBERTE ACADEMIQUE: Les Iles Cook constituent l’un des 12 pays qui possèdent conjointement l’Université du Pacifique Sud. Des rapports indiquent que le gouvernement respecte la compétence du conseil de l’Université et n’in- tervient pas dans son indépendance académique. (Voir également Fidji.)

TRAVAIL DES ENFANTS: Un arrêté professionnel du travail interdit le travail en usine des enfants âgés de moins de 16 ans, sauf avec l’approbation du responsable des Relations industrielles (IRO). Il est interdit aux mineurs d’effec- tuer des «travaux dangereux». L’IRO a le pouvoir de déterminer si un travail est dangereux.

DROITS SYNDICAUX: La liberté d’association et le droit à la négociation collective sont reconnus par la loi. COOK (ILES)

Organisation membre de l’IE / Nombre de membres: Cook Islands Teachers' Institute [CITI] / 616

Les Iles Cook sont un Etat autonome en libre association avec la Nouvelle-Zélande. En tant que telles, les Iles Cook ne sont pas membres des Nations Unies, mais en 1997 elles sont devenues le 191ème pays à ratifier la Convention des Nations Unies sur les Droits de l'Enfant. En consultation avec les Iles Cook, la Nouvelle-Zélande est responsable de la défense et des affaires étrangères. Les habitants des Iles Cook sont également citoyens de la Nouvelle-Zélande et entre 50.000 et 60.000 d'entre eux vivent en Nouvelle-Zélande. La population de l'archipel est en déclin et les jeunes qualifiés et diplômés ont tendance à quitter l'archipel. Les 15 îles habitables comportent une zone de terre totale s'étalant sur seulement 240 kilomètres carrés et elles couvrent une zone océanique économique de 1.830.000 kilomètres carrés. (Voir également Nouvelle-Zélande.)

BAROMÈTRE DE L’IE SUR LES DROITS HUMAINS ET SYNDICAUX DANS LE SECTEUR DE L’ÉDUCATION - 2004 83 COREE DU SUD République de Corée • Population: 48.324.000

Population <15: 20,6% % du PNB afférent à l’enseignement: 3,8% Analphabétisme: 2,1% Espérance de vie à la naissance: m: 71,2 - f: 78,95 Taux de scolarisation brut, pré-primaire: 40% Espérance de scolarité (années): m: 15,3 - f: 13,9 Taux de scolarisation brut, primaire: 99% % d’élèves ayant atteint la 5ème année du primaire en 2000: Taux de scolarisation brut, secondaire: 102% Nbre d’étudiants de l’enseignement supérieur par 100.000 habitants: 3.003.498 Nbre d’élèves du primaire par enseignant: 31 % des dépenses du gouvernement afférentes à l’enseignement: 17,4%

Ratification des Conventions du BIT: 29 87 98 100 105 111 138 169 182

SYSTEME EDUCATIF: Le gouvernement assure un bon niveau d’éducation gratuite et obligatoire jusqu’à la fin du premier cycle de l’enseignement secondaire (généralement à l’âge de 15 ans). L’éducation de la petite enfance, qui n’est pas gratuite, est assurée par des établissements privés ou liés aux écoles primaires publiques. Au niveau du secon- daire, la qualité de l’éducation publique est variable et de nombreux étudiants s’inscrivent dans des écoles privées, ce qui occasionne une lourde charge financière pour les parents et les familles. Au niveau de l’enseignement primaire, la popu- lation en âge de scolarisation primaire est concentrée à Séoul et dans d’autres zones urbaines, ce qui donne lieu à des classes surpeuplées et à des écoles beaucoup trop grandes. Le gouvernement a donc décidé d’apporter des améliorations dans ce domaine. Les plus grandes écoles ont été subdivisées et le système de classes à double niveau a été pratiquement éliminé. Tant au niveau primaire que secondaire, les réformes touchant le programme scolaire ont réduit le nombre de cours obligatoires et augmenté le nombre de cours à option. Environ 60% des étudiants diplômés de l’enseignement secondaire poursuivent leurs études dans l’un des 477 établissements coréens d’enseignement supérieur. La loi interdit la discrimination envers les personnes handicapées sur le marché du travail, dans l’enseignement, ainsi que dans d’au- tres services publics.

EGALITES DES SEXES: D’après les statistiques, on dénombre environ 1% d’hommes et 4% de femmes analpha- bètes. Aujourd’hui, les filles ont accès à l’éducation au même titre que les garçons. Néanmoins, les femmes ne représen- tent qu’un tiers des étudiants inscrits dans l’enseignement supérieur. La discrimination basée sur le sexe est illégale, mais les comportements traditionalistes limitent les possibilités des femmes qui, dans la culture coréenne, sont encore consi- dérées comme subordonnées aux hommes, socialement et économiquement. Toutefois, les us et coutumes changent pro- gressivement. La création au sein du gouvernement du ministère de l’Egalité entre les sexes vise à accroître les possibili- tés d’emploi pour les femmes et à renforcer leurs droits dans la société ; en outre, il est chargé de surveiller de près les infractions et de recenser les cas de discrimination.

LIBERTE ACADEMIQUE: En règle générale, la liberté académique est respectée. Des allégations crédibles révè- lent néanmoins la présence d’informateurs opérant sur les campus universitaires pour le compte du gouvernement.

TRAVAIL DES ENFANTS: La législation relative aux normes du travail interdit l’embauche de jeunes de moins de 15 ans sans un certificat spécial délivré par le ministère du Travail. Peu de ces certificats sont délivrés pour des emplois à plein temps. Certains enfants ont l’autorisation de travailler à temps partiel, par exemple pour vendre des journaux. Les enfants de moins de 18 ans qui désirent travailler doivent recevoir l’accord écrit de leurs parents ou de leurs tuteurs. Les employeurs ne peuvent exiger des mineurs qu’un nombre réduit d’heures supplémentaires et ne peuvent les faire tra- vailler de nuit sans l’autorisation du ministère du Travail. La législation relative au travail des enfants est claire et géné- COREE DU SUD

84 BAROMÈTRE DE L’IE SUR LES DROITS HUMAINS ET SYNDICAUX DANS LE SECTEUR DE L’ÉDUCATION - 2004 COREE DU SUD

ralement appliquée lorsque des infractions sont constatées, mais le gouvernement emploie trop peu d’inspecteurs pour organiser des inspections régulières. La Corée est considérée comme un point de transit important pour les trafiquants étrangers qui font transiter des enfants à des fins d’exploitation sexuelle, d’esclavage domestique et à d’autres pires for- mes de travail des enfants. Les enfants seraient principalement envoyés aux Etats-Unis. La loi condamne à de longues peines de prison toute personne reconnue coupable de crimes sexuels à l’encontre des enfants.

DROITS SYNDICAUX: La législation en matière de droits syndicaux est restrictive. La plupart des fonctionnaires n’ont pratiquement aucun droit syndical. Cependant, l’interdiction pour les enseignants de s’affilier à un syndicat a été levée en 1999, et les enseignants ont commencé à s’organiser en 2001 au niveau des écoles. Bien que des restrictions continuent d’être en vigueur dans certains domaines, tels que le droit de grève, les enseignants sont autorisés à négocier collectivement avec le ministère de l’Education sur les questions de salaires et de conditions de travail. Par contre ils ne peuvent pas débattre du contenu des programmes scolaires et les syndicats d’enseignants ne peuvent toujours pas entre- prendre d’actions communes. Les syndicats membres de l’IE, FKTA et Chunkyojo, ont organisé des manifestations en 2001. En 2003, l’IE a lancé un appel à l’action urgente en raison d’une grave atteinte à la vie privée des enseignants et des étudiants, et à la réaction du gouvernement aux protestations qui suivirent. La crise survint suite à la décision de créer un système national de renseignements qui rassemble et conserve les données personnelles de tous les étudiants. Chunkyojo entama alors une action. Par la suite, plusieurs membres responsables de Chunkyojo furent condamnés à des peines d’emprisonnement et, en date de la rédaction du Baromètre, le président du syndicat était en liberté provisoire dans l’attente d’un jugement.

Organisation membre de l’IE / Nombre de membres: Korean Federation of Teachers' Association [KFTA] / 262.266 Korean Teachers and Educational Workers' Union [KTU] [CHUNKYOJO] / 15.000 Korean Professors Union [KPU] / 1.005 COREE DU SUD

BAROMÈTRE DE L’IE SUR LES DROITS HUMAINS ET SYNDICAUX DANS LE SECTEUR DE L’ÉDUCATION - 2004 85 COSTA RICA République du Costa Rica • Population: 3.834.934

Population <15: 31,1% % du PNB afférent à l’enseignement: 4,4% Analphabétisme: 4,3% Espérance de vie à la naissance: m: 73,68 - f: 78,89 Taux de scolarisation brut, pré-primaire: 81,9% Espérance de scolarité (années): Taux de scolarisation brut, primaire: 91% % d’élèves ayant atteint la 5ème année du primaire en 2000: 80% Taux de scolarisation brut, secondaire: m: 48,1 - f: 53,9% Nbre d’étudiants de l’enseignement supérieur par 100.000 habitants: 61.654 Nbre d’élèves du primaire par enseignant: 27 % des dépenses du gouvernement afférentes à l’enseignement:

Ratification des Conventions du BIT: 29 87 98 100 105 111 138 169 182

SYSTEME EDUCATIF: Le Costa Rica a l’un des taux d’alphabétisation les plus élevés d’Amérique latine. Neuf années d’instruction sont gratuites et obligatoires pour tous les enfants. L’enseignement public est relativement bien financé. L’Etat publie des guides pédagogiques spécifiques destinés à aider les enfants atteints de handicaps physiques ou mentaux et opère dans 46 centres éducatifs spéciaux. La population autochtone, dont le chiffre s’élève à 40 000 person- nes, vit dans les communautés isolées et n’a souvent pas accès aux écoles. Les enseignants d’éducation religieuse dans les écoles publiques doivent être certifiés par l’Eglise catholique qui ne délivre pas de certificat aux enseignants d’autres confessions. Le gouvernement a formulé un projet de loi déléguant la responsabilité de l’éducation aux municipalités. Les affiliés de l’IE sont inquiets des conséquences que cette loi pourrait entraîner sur le financement de l’éducation et les droits liés à l’emploi.

EGALITES DES SEXES: Au niveau obligatoire, il n’est pas fait de distinction entre l’éducation des garçons et celle des filles. Les filles sont plus nombreuses à s’inscrire dans l’enseignement supérieur que les garçons. Les femmes sont de plus en plus représentées à des postes de dirigeantes politiques. Elles représentent 45% du personnel dans les emplois pro- fessionnels et techniques et 30% dans les postes juridiques, de hauts fonctionnaires et de direction. La loi préconise l’é- galité des salaires mais les femmes ne gagnent que le 78% du revenu des hommes, ceci malgré le fait que 20.5% des fem- mes ont un diplôme universitaire, soit un pourcentage deux fois plus élevé que chez les hommes.

LIBERTE ACADEMIQUE: Les rapports n’indiquent pas de restriction de la liberté académique de la part du gou- vernement.

TRAVAIL DES ENFANTS: Une ONG, l’Institut national pour les enfants, applique la politique gouvernementa- le et est chargée de défendre et de promouvoir les droits des enfants. L’âge minimum d’embauche, fixé à 15 ans, est géné- ralement respecté dans le secteur formel, mais des abus sont commis dans l’économie informelle. Le ministère du Travail estime à 72 000 le nombre d’enfants âgés de 5 à 17 ans travaillant illégalement au lieu d’être scolarisés. En coopération avec l’OIT, l’UNICEF et des ONG, le gouvernement planche actuellement sur une élimination progressive du travail des enfants dans le secteur formel. La prostitution des enfants pose un sérieux problème dans les zones urbaines, en dépit du fait que cela soit considéré comme un délit depuis 1998. Les autorités appliquent la loi et le gouvernement apporte une assistance indirecte en offrant aux enfants victimes de trafic des «programmes pour rester à l’école». Les enfants victi- mes étrangers sont en général ramenés sans soutien vers leur pays d’origine.

DROITS SYNDICAUX: Un rapport de l’OIT de novembre 2001 fait état de syndicats indépendants, actifs et jouis- sant des droits d’organisation et de liberté d’expression. Le document critiquait plusieurs décisions de la Cour constitu- COSTA RICA COSTA

86 BAROMÈTRE DE L’IE SUR LES DROITS HUMAINS ET SYNDICAUX DANS LE SECTEUR DE L’ÉDUCATION - 2004 COSTA RICA

tionnelle, concluant que cette dernière «accentuait la confusion, l’incertitude et même l’insécurité légale» en ce qui concernait la possibilité des employés du secteur public de négocier collectivement. Le Comité des experts de l’OIT conti- nue d’identifier de sérieuses failles dans la loi du travail et exhorte le gouvernement à adopter des mesures pour que la loi devienne pleinement conforme aux droits des travailleurs reconnus sur le plan international. Les «associations de solidarité» soutenues par les cartels d’employeurs découragent le syndicalisme et la négociation collective. En juin 2003, l’IE est intervenue auprès du Président de la République pour obtenir le versement des salaires aux enseignants. La demande est restée sans réponse. Les affiliés de l’IE, SEC et ANDE ont entamé une action de grève à ce sujet.

Organisation membre de l’IE / Nombre de membres: Asociación Nacional de Educadores [ANDE] / 37.924 Asociación sindical de Profesores y Funcionarios Universitarios [ASPROFU] / 960 Sindicato de Trabajadores de la Educación Costarricense [SEC] / 18.000 COSTA RICA

BAROMÈTRE DE L’IE SUR LES DROITS HUMAINS ET SYNDICAUX DANS LE SECTEUR DE L’ÉDUCATION - 2004 87 CÔTE D’IVOIRE République de Côte d’Ivoire • Population: 16.804.784

Population <15: 42,3% % du PNB afférent à l’enseignement: 4,6% Analphabétisme: 50,3% Espérance de vie à la naissance: m: 41,2 - f: 42,1 Taux de scolarisation brut, pré-primaire: 2,7% Espérance de scolarité (années): Taux de scolarisation brut, primaire: 64% % d’élèves ayant atteint la 5ème année du primaire en 2000: 91% Taux de scolarisation brut, secondaire: m: 28,3 - f: 15,1% Nbre d’étudiants de l’enseignement supérieur par 100.000 habitants: 96.681 Nbre d’élèves du primaire par enseignant: % des dépenses du gouvernement afférentes à l’enseignement: 21,5%

Ratification des Conventions du BIT: 29 87 98 100 105 111 138 169 182

SYSTEME EDUCATIF: La République est l’un des pays tropicaux africains les plus prospères. Cependant, la chute des prix du cacao et l’instabilité politique due au coup d’Etat manqué et à la rébellion qui a suivi ont déclenché un ralen- tissement économique en 2002-03. Ces facteurs ont eu des conséquences néfastes sur le droit des enfants à une éduca- tion de base. Le Haut Commissariat aux Réfugiés de l’ONU (HCR) indique que le nombre de réfugiés enregistrés dans le pays s’élevait à 72.000 avant la reprise des troubles civils au Liberia. L’instruction primaire est gratuite jusqu’à 13 ans mais n’est pas obligatoire. La pauvreté oblige de nombreux enfants à quitter le système scolaire entre 12 et 14 ans. Un élève qui échoue à l’examen d’entrée à l’école secondaire n’a pas droit à la gratuité de l’éducation secondaire. La fréquentation de l’école secondaire est freinée par la difficulté de l’examen d’entrée et l’incapacité du gouvernement à fournir suffisamment de places pour tous les candidats. Les statistiques offi- cielles révèlent que 57% des enfants en âge scolaire (de 6 à 18 ans) ont fréquenté l’école primaire en 2000-01. Ce chiff- re est en légère augmentation sur les années précédentes grâce aux initiatives du gouvernement et des agences interna- tionales. Le Programme alimentaire mondial a contribué à la mise sur pied de cantines scolaires offrant des repas bon marché au sein de l’école.

EGALITES DES SEXES: La préférence des parents de donner une éducation aux garçons se remarque dans tout le pays mais est plus marquée dans les régions rurales, notamment dans le Nord. Près de 63% des femmes adultes sont anal- phabètes. Selon l’UNICEF, 62% des filles en âge de scolarité primaire étaient inscrites à l’école en 2000. Néanmoins, le pourcentage des filles fréquentant le niveau secondaire était de moins de 10%. Selon le Ministre de l’Education nationa- le, près d’un tiers des filles qui abandonnent leur scolarité le font pour cause de grossesse, quelquefois le résultat d’une liaison avec un enseignant. Les jeunes filles représentent 27% des étudiants de l’enseignement supérieur. Les organisa- tions qui militent pour les droits de la femme continuent de soutenir les campagnes contre le mariage précoce et les mutilations génitales féminines (MGF), tous deux interdits par la loi.

LIBERTE ACADEMIQUE: Aucune loi spéciale n’est prévue à cet effet, mais le fait que la plupart des institutions d’enseignement supérieur soient sous le patronage direct du gouvernement dissuade d’exprimer ses opinions politiques. Certains membres de faculté disent craindre un transfert défavorable à cause de leur opinion politique. Le syndicat des étudiants continue d’affirmer que des informateurs opèrent sur le campus universitaire. Par décret présidentiel, toute réunion sur le campus doit avoir reçu une autorisation préalable.

TRAVAIL DES ENFANTS: Le travail des enfants, le travail forcé des enfants et le trafic d’enfants sont autant de problèmes. Environ 109 000 enfants travaillent dans des conditions périlleuses dans les plantations de cacao. Certains de ces enfants sont contraints au travail ou liés par contrat mais la majorité d’entre eux travaillent dans la ferme familia- CÔTE D’IVOIRE

88 BAROMÈTRE DE L’IE SUR LES DROITS HUMAINS ET SYNDICAUX DANS LE SECTEUR DE L’ÉDUCATION - 2004 CÔTE D’IVOIRE

le. Dans la plupart des cas, l’âge minimum légal d’embauche est fixé à 16 ans et le ministère de l’Emploi et de la Fonction publique applique efficacement cette disposition dans le secteur public et dans les importantes multinationa- les. Mais les enfants travaillent souvent dans l’exploitation agricole familiale et certains travaillent quotidiennement en ville dans le secteur informel. Des rapports dignes de foi font état de l’utilisation de main-d’œuvre enfantine dans le sec- teur minier, ainsi que d’enfants travaillant dans des conditions déplorables dans de petits ateliers clandestins. On estime que le pays compte au moins 215 000 enfants des rues. D’importantes populations d’enfants des rues sont concentrées dans les villes, notamment à Abidjan. Le gouvernement a pris des mesures pour leur venir en aide, par exemple en tenant les parents responsables sur le plan légal et financier de l’abandon de leurs enfants et en développant des centres de for- mation où les enfants peuvent apprendre un métier. Le mauvais traitement des enfants étrangers est monnaie courante. Des centaines, voire peut-être des milliers d’enfants maliens et béninois ont fait l’objet d’un trafic, ont été vendus et réduits à l’esclavage dans des plantations ivoiriennes. Le gouvernement malien et l’UNICEF ont pris des mesures pour mettre un terme à ce trafic et rapatrier les enfants. En 1998, la police béninoise a intercepté quelque 1.000 enfants ven- dus comme esclaves en Côte d’Ivoire et dans les pays voisins. Des factions rebelles ont recruté des jeunes et des enfants pour rejoindre leurs rangs. La pratique du ‘confiage’ consistant à envoyer les enfants auprès d’un parent pour qu’ils puis- sent apparemment bénéficier d’une éducation masque souvent la réalité, car les enfants travaillent en fait sur les plan- tations ou comme domestiques.

DROITS SYNDICAUX: La loi accorde aux travailleurs le droit de former des syndicats et d’y adhérer. Le droit de grève est garanti par la Constitution et par des prescriptions légales. Toute grève commencée sans préavis est interdite. Les grèves doivent être précédées d’une procédure compliquée de conciliation, de médiation et d’arbitrage. Des conven- tions collectives sont en vigueur dans de nombreuses grandes entreprises commerciales et dans les principales branches de la fonction publique. Certaines difficultés étaient apparues ces dernières années concernant la reconnaissance de nou- veaux syndicats. Ces problèmes sont désormais résolus. Le gouvernement ne prévoyant pas systématiquement de budget annuel pour le secteur de l’éducation, il en résulte que des enseignants qualifiés, au chômage, sont souvent engagés ‘à la dernière minute’, ce qui permet d’obtenir leurs services pour un salaire très bas. Les syndicats continuent d’exiger que le gouvernement respecte ses promesses concernant les salaires et indemnités.

Organisation membre de l’IE / Nombre de membres: Syndicat National de l'Enseignement Primaire Public de Côte d'Ivoire [SNEPPCI] / 27.170 Syndicat National de la Recherche et de l'Enseignement Supérieur [SYNARES] / 1.172 Syndicat National des Enseignants du Second Degré de Côte d'Ivoire [SYNESCI] / 27.170 CÔTE D’IVOIRE Syndicat National des Enseignants d'Education Permanente de Côte d'Ivoire [SYNADEEPCI] / 2.000

BAROMÈTRE DE L’IE SUR LES DROITS HUMAINS ET SYNDICAUX DANS LE SECTEUR DE L’ÉDUCATION - 2004 89 CROATIE République de Croatie • Population: 4.390.751

Population <15: 17% % du PNB afférent à l’enseignement: 4,2% Analphabétisme: 1% Espérance de vie à la naissance: m: 70,69 - f: 77,52 Taux de scolarisation brut, pré-primaire: Espérance de scolarité (années): 11,4 Taux de scolarisation brut, primaire: % d’élèves ayant atteint la 5ème année du primaire en 2000: Taux de scolarisation brut, secondaire: 82% Nbre d’étudiants de l’enseignement supérieur par 100.000 habitants: 104.168 Nbre d’élèves du primaire par enseignant: 19 % des dépenses du gouvernement afférentes à l’enseignement: 10,4%

Ratification des Conventions du BIT: 29 87 98 100 105 111 138 169 182

SYSTEME EDUCATIF: L’enseignement primaire est obligatoire, gratuit et universel pour les citoyens croates pen- dant huit ans, de 6-7 ans à 14-15 ans. En 2001-2002, 400100 élèves étaient inscrits dans 2.134 écoles primaires. La Croatie considère que les soins et l’enseignement préscolaires font partie intégrante du système éducatif et, en 2002, 160.000 enfants âgés de 6 ans (voire moins), encadrés par 6.566 enseignants, ont pu fréquenter une des 1.051 installa- tions du pays. Bien que l’enseignement secondaire ne soit pas obligatoire, la plupart des étudiants poursuivent leurs étu- des jusqu’à 18 ans. Quelque 400.000 étudiants avaient atteint le niveau secondaire en 2001-2002. On a critiqué la maniè- re dont la Croatie s’occupait de l’instruction des minorités, des personnes déplacées et des enfants réfugiés. Les réfugiés croates ne peuvent pas prétendre à l’enseignement gratuit et à d’autres bénéfices sociaux, avant que ne soit achevée une très longue procédure menant à la citoyenneté. Les étudiants serbo-croates sont obligés de suivre le programme scolaire croate. Les gouvernements consécutifs ont été lents à remplacer les manuels scolaires nationalistes qui contenaient des références désobligeantes vis-à-vis des minorités. Le rapport 2003 d’Amnesty International (AI) a souligné la discrimi- nation permanente dont sont victimes les enfants roms dans le système scolaire. Amnesty citait par exemple une expé- rience menée dans le district de Medjimurje : on tenta d’intégrer les enfants roms dans des classes normales, mais cela souleva tant d’objections de la part des Croates locaux que les Roms furent finalement regroupés dans des classes d’un niveau inférieur. Bien que les cours de religion ne soient pas obligatoires, de nombreux rapports signalent que les étu- diants subissent des pressions pour suivre ces cours, là où prévalent les cours de catéchisme catholique romain. La République semble réagir à de telles critiques. D’après le ministre de l’Education et des Sports, les réformes du système éducatif se basent sur les principes d’une société plurielle et s’efforcent de promouvoir la coexistence, la tolérance et les valeurs démocratiques. En coopération avec l’UNESCO et le Conseil de l’Europe, la Croatie a élaboré un Programme national sur la protection des droits de l’Homme et l’éducation à la citoyenneté. Par le biais de l’éducation, le program- me vise à développer une culture de paix et de non-violence. La République compte quatre universités et 98 autres éta- blissements et facultés d’enseignement supérieur. Certains syndicats d’enseignants ont activement cherché à recruter des membres, toutes ethnies confondues, afin de promouvoir la multiethnicité.

EGALITES DES SEXES: Le gouvernement encourage l’égalité des sexes. Les filles et garçons fréquentent l’école à proportion égale, et 52% des étudiants du niveau postscolaire sont des jeunes filles. Légalement, les femmes sont libres de prendre entièrement part au gouvernement et à la vie politique. La moitié des juges de la Cour suprême sont des fem- mes. En dépit des lois interdisant la discrimination basée sur le sexe, les statistiques en matière de retraite indiquent que le salaire moyen des femmes est de 26% inférieur à celui de leurs collègues masculins. Le Code du travail prévoit un an de congé de maternité. CROATIE CROATIE

90 BAROMÈTRE DE L’IE SUR LES DROITS HUMAINS ET SYNDICAUX DANS LE SECTEUR DE L’ÉDUCATION - 2004 CROATIE

LIBERTE ACADEMIQUE: Aucun rapport n’indique une restriction de la liberté académique de la part du gou- vernement.

TRAVAIL DES ENFANTS: L’âge d’embauche minimum est fixé à 15 ans et cette loi est respectée. En vertu de la constitution, les enfants ne sont pas autorisés à effectuer des travaux forcés ou de servitude, et ils ne peuvent être embau- chés pour des emplois qui nuisent à leur santé ou portent atteinte à leur moralité. Les travailleurs de moins de 18 ans ont droit à une protection spéciale et ne sont pas habilités à effectuer des tâches manuelles lourdes ou du travail de nuit.

DROITS SYNDICAUX: Les travailleurs ont le droit de former des syndicats et d’adhérer à celui de leur choix. Le principe de négociation collective est prévu par la loi. Un certain nombre de syndicalistes ont été victimes d’intimidations ou ont été licenciés en raison de leurs activités syndicales. En vertu d’une décision de la Cour suprême, la loi a été amen- dée de telle sorte que les travailleurs aient le droit de faire grève en cas de non-paiement de leurs salaires. La Constitution impose des limites strictes au droit de grève des employés de la fonction publique. Les enseignants du secondaire ont fait grève au mois de mai et ont obtenu une convention collective avec le ministre de l’Education et des Sports. En 2003, le gouvernement croate a soumis un projet de loi au parlement en vue d’amender la Loi du travail. Le projet de loi modi- fierait considérablement les contrats de travail et le système des relations de travail. L’insécurité des travailleurs en serait renforcée dans un pays où le chômage est déjà très élevé. Les indemnités de licenciement seraient également réduites en cas de renvoi.

Organisation membre de l’IE / Nombre de membres: The Croatian Teachers' Union [CTU] / 25.000 Independent Trade Union of Workers in Secondary Education of Croatia [ITUWSEC] / 17.000 Independent Union of Research and Higher Education Employees of Croatia [IURHEEC] / 8.429 Trade Union of Workers in Pre-School Education in Croatia [TUWPSEC] / 10.000 Education Trade Union of Croatia [ETUC] / 2.100 CROATIE

BAROMÈTRE DE L’IE SUR LES DROITS HUMAINS ET SYNDICAUX DANS LE SECTEUR DE L’ÉDUCATION - 2004 91 CURAÇAO Population: 175.000

Population <15: 25% % du PNB afférent à l’enseignement: Analphabétisme: 3,5% Espérance de vie à la naissance: m: 72,9 - f: 77,46 Taux de scolarisation brut, pré-primaire: 98% Espérance de scolarité (années): 12 Taux de scolarisation brut, primaire: % d’élèves ayant atteint la 5ème année du primaire en 2000: Taux de scolarisation brut, secondaire: m: 78,5 - f: 87,8% Nbre d’étudiants de l’enseignement supérieur par 100.000 habitants: 2.433 Nbre d’élèves du primaire par enseignant: 18 % des dépenses du gouvernement afférentes à l’enseignement: 14%

Curaçao est le centre administratif des Antilles néerlandaises, entité autonome au sein du Royaume des Pays-Bas. En 1998, la Convention de l'ONU relative aux droits de l'enfant est entrée en vigueur au Curaçao. Le statut des Conventions de l'OIT au Curaçao est déterminé par la ratification des Conventions par les Pays-Bas.

SYSTEME EDUCATIF: Depuis 1991, l’instruction est gratuite et obligatoire de 6 à 15 ans. La négligence parenta- le et la pauvreté sont des facteurs qui expliquent pourquoi plusieurs centaines d’enfants en âge scolaire ne fréquentent pas l’école. Les enfants d’immigrants illégaux ou sans papiers, notamment ceux provenant d’Haïti et de République dominicaine, sont également défavorisés quant à leur droit à l’éducation. L’enseignement à Curaçao est la responsabili- té conjointe du gouvernement fédéral des Antilles et du gouvernement local de Curaçao. Le système éducatif est organi- sé de la même manière que le système néerlandais, mais les Pays-Bas n’ont aucune responsabilité dans sa gestion. La langue utilisée dans les écoles de Curaçao est le papiamentu, une forme de créole avec des éléments dérivés de l’africain, du portugais, de l’espagnol, de l’anglais et du néerlandais. Afin de permettre aux étudiants de poursuivre leurs études supérieures à l’étranger, l’anglais, le néerlandais et l’espagnol sont enseignés dès l’école primaire. Le néerlandais, l’an- glais et le papiamentu sont les trois langues utilisées dans les écoles secondaires. Le gouvernement a progressivement introduit des livres scolaires locaux reflétant mieux la langue et la culture de la communauté. L’accès à l’éducation de la petite enfance est largement répandu pour les enfants de 4 et 5 ans. Les écoles privées ont un taux d’inscription plus élevé que les écoles publiques. Curaçao a une école de formation professionnelle pour les enfants ayant des besoins spé- cifiques. L’enseignement supérieur est dispensé à l’Université des Antilles néerlandaises, créée en 1970 à Willemstad, Curaçao. Il existe un établissement de formation des enseignants sur l’île, mais la pénurie d’enseignants pose un pro- blème à tous les niveaux de l’éducation.

EGALITES DES SEXES: Les jeunes filles représentent 58% des inscriptions à l’université et dans les collèges post- secondaires.

LIBERTE ACADEMIQUE: La liberté académique est comparable à celle dont jouissent les Pays-Bas et n’est pas restreinte par le gouvernement.

TRAVAIL DES ENFANTS: Curaçao adhère aux conventions internationales concernant le travail des enfants. L’âge minimum d’embauche est de 15 ans et les mineurs de 15 à 18 ans ne peuvent travailler qu’avec le consentement parental. La loi n’est pas bien appliquée et certains mineurs sont embauchés dans des professions dangereuses. Il appa- raît que des enfants d’à peine quatre ans sont enrôlés dans le trafic de drogue. Des services d’assistance psychosociale et de prévention luttent contre ce problème. Il n’existe aucune loi spécifique sur la pornographie enfantine ou la prostitu- tion enfantine, bien que (indéfini) ‘l’abus sexuel’ des enfants soit un crime punissable. Il n’existe pas d’infrastructures pour les jeunes délinquants condamnés, et en prison ils ne sont pas séparés des adultes. Le gouvernement a entrepris de rectifier cette violation de la Convention sur les droits de l’enfant lorsqu’elle a été ratifiée en 1998. CURAÇAO

92 BAROMÈTRE DE L’IE SUR LES DROITS HUMAINS ET SYNDICAUX DANS LE SECTEUR DE L’ÉDUCATION - 2004 CURAÇAO

DROITS SYNDICAUX: Selon le rapport de l’Education Pour Tous (EPT) sur les Antilles néerlandaises, les ensei- gnants et leurs syndicats collaborent avec le gouvernement fédéral et local au développement de la politique et des pro- grammes en matière d’éducation. En ce qui concerne les Conventions de l’OIT, l’entité constitutionnelle du Royaume des Pays-Bas inclut le Curaçao depuis 1986.

Organisation membre de l’IE / Nombre de membres: Sindikato de Trahado den Edukashon na Korsou [SITEK] / 1.300 CURAÇAO

BAROMÈTRE DE L’IE SUR LES DROITS HUMAINS ET SYNDICAUX DANS LE SECTEUR DE L’ÉDUCATION - 2004 93 DANEMARK Royaume du Danemark • Population: 5.368.854

Population <15: 18,4% % du PNB afférent à l’enseignement: 8,2% Analphabétisme: 1% Espérance de vie à la naissance: m: 73,86 - f: 79,33 Taux de scolarisation brut, pré-primaire: 80% Espérance de scolarité (années): m: 14,6 - f: 15 Taux de scolarisation brut, primaire: 99% % d’élèves ayant atteint la 5ème année du primaire en 2000: Taux de scolarisation brut, secondaire: 121% Nbre d’étudiants de l’enseignement supérieur par 100.000 habitants: 191.645 Nbre d’élèves du primaire par enseignant: 10 % des dépenses du gouvernement afférentes à l’enseignement: 15,3%

Ratification des Conventions du BIT: 29 87 98 100 105 111 138 169 182

SYSTEME EDUCATIF: Le royaume dispose d’un système éducatif bien développé, correctement administré et lar- gement subventionné par l’Etat. L’éducation primaire est obligatoire depuis 1814. Tous les enfants âgés de 7 à 16 ans doivent fréquenter l’école. Au moins 75% des enfants âgés de 4 ans sont pris en charge par les services de la petite enfan- ce et il existe des classes pré-primaires pour les enfants de 6 ans. 75% des enfants âgés de 6 à 9 ans fréquentent les gar- deries après l’école. L’enseignement primaire dure neuf ans et la grande majorité des enfants achève la dernière année. 96% des élèves quittant l’école primaire poursuivent des études - 58% dans l’enseignement secondaire et 38% dans l’en- seignement professionnel. La religion évangélique luthérienne est enseignée dans les écoles publiques, mais les étudiants peuvent être exemptés de ces cours avec le consentement de leurs parents. L’Etat contribue au financement des écoles pri- vées. Le Danemark abrite une petite minorité allemande qui dispose d’écoles, de programmes et d’enseignants allemands en vertu d’un accord signé avec le gouvernement allemand. Le pays compte six grandes universités sur les douze et quelque 45% des étudiants diplômés du secondaire poursuivent leurs études au niveau supérieur. Le programme «Better Education», une initiative récente du gouvernement, vise à renforcer les compétences dans le deuxième cycle de l’ensei- gnement secondaire, dans le niveau supérieur et dans la formation continue destinée aux adultes.

EGALITES DES SEXES: L’égalité des chances est assurée à tous les niveaux du système éducatif. Environ 53% des diplômés d’universités et d’autres institutions post-secondaires sont des femmes. La loi prescrit l’égalité de salaire pour un travail de valeur égale, mais il subsiste néanmoins certaines inégalités au niveau des rémunérations.

LIBERTE ACADEMIQUE: Dans la nouvelle loi universitaire approuvée par le Parlement en 2003, il est stipulé que le/la professeur d’université peut seulement exercer dans des matières confirmées par la direction universitaire et faisant partie de sa stratégie. En outre, le directeur d’un centre peut demander au professeur de s’occuper de tâches spécifiques quand nécessaire. Le professeur peut exercer une liberté limitée par la stratégie universitaire uniquement pendant les heures de travail qui ne sont pas demandées pour d’autres tâches.

TRAVAIL DES ENFANTS: L’âge minimum d’embauche à temps plein est fixé à 15 ans. Cette réglementation est appliquée efficacement. Un changement apporté en 1996 à la loi sur les conditions de travail a renforcé les règlements en matière de travail pour les jeunes âgés de moins de 18 ans et a fixé à 13 ans l’âge minimum d’embauche pour tout travail à temps partiel ou de vacances. Le Danemark poursuit en justice toute personne qui exploite les enfants sexuelle- ment.

DROITS SYNDICAUX: 80% des salariés sont syndiqués. La négociation collective est protégée par la loi et est lar- gement répandue dans la pratique. Les fonctionnaires ne jouissent pas du droit de grève. Les enseignants ne sont plus DANEMARK

94 BAROMÈTRE DE L’IE SUR LES DROITS HUMAINS ET SYNDICAUX DANS LE SECTEUR DE L’ÉDUCATION - 2004 DANEMARK

considérés comme fonctionnaires, mais ils sont employés par les autorités locales dans le cadre de contrats collectifs. En règle générale, le statut des enseignants, leur salaire et leur environnement de travail se sont améliorés ces dernières années.

Organisation membre de l’IE / Nombre de membres: The Danish Union of Teachers [DLF] / 70.000 Dansk Magisterforening [DM] / 6.792 The Danish National Federation of Early Childhood Teachers and Youth Educators [BUPL] / 55.000 Federation of Teachers of Technical Education [DTL] / 5.300 Gymnasieskolernes Laererforening [GL] / 10.040 Landsforbundet af Voksen-og Ungdomundervisere [LVU] / 5.770

NOTE EN BAS DE PAGE : TERRITOIRES AUTONOMES: Kalaallit Nunaat (Groenland) [population: 56.376], autonomie locale accordée en 1979. Iles Féroé [population: 45.000] Autonomie locale accordée en 1948. Les deux entités ont la responsabilité de leur propre système éducatif. VOIR ILES FEROE. DANEMARK

BAROMÈTRE DE L’IE SUR LES DROITS HUMAINS ET SYNDICAUX DANS LE SECTEUR DE L’ÉDUCATION - 2004 95 DJIBOUTI République de Djibouti • Population: 472.810

Population <15: 43% % du PNB afférent à l’enseignement: 3,5% Analphabétisme: 34,5% Espérance de vie à la naissance: m: 44,9 - f: 47,3 Taux de scolarisation brut, pré-primaire: ,4% Espérance de scolarité (années): Taux de scolarisation brut, primaire: 33% % d’élèves ayant atteint la 5ème année du primaire en 2000: 77% Taux de scolarisation brut, secondaire: m: 12,9 - f: 16,6% Nbre d’étudiants de l’enseignement supérieur par 100.000 habitants: 496 Nbre d’élèves du primaire par enseignant: 32 % des dépenses du gouvernement afférentes à l’enseignement:

Ratification des Conventions du BIT: 29 87 98 100 105 111 138 169 182

SYSTEME EDUCATIF: L’instruction primaire est gratuite et obligatoire pour les enfants âgés de 6 à 12 ans. Cependant, les autorités ne veillent pas à son respect et les frais liés à la fréquentation scolaire sont prohibitifs pour cer- tains parents. Comme indiqué dans la 2ème édition du Baromètre, de nombreuses écoles sont dans un état déplorable et devraient être modernisées. Bien que l’instruction soit généralement dispensée en français, il y a une tendance croissan- te à mettre l’accent sur l’enseignement du Coran, notamment depuis que l’Arabie Saoudite a marqué son intérêt à four- nir une aide en faveur de l’éducation. Le gouvernement n’a consacré pratiquement aucun fonds à la promotion des droits et du bien-être de l’enfant. Les salaires des enseignants ne sont payés que sporadiquement, forçant de nombreux enseignants à quitter la profession. Le pays a recueilli plus de 100.000 réfugiés et immigrants illégaux au cours de 2002. On ne sait pas si le Haut Commissariat aux Réfugiés (HCR) et d’autres agences ont pu organiser l’éducation de base des nombreux enfants concernés. En avril 2002, des groupes d’étudiants manifestant contre leur exclusion des examens ont été dispersés au gaz lacrymogène et 11 d’entre eux ont été détenus sans inculpation pendant une semaine. Sur les quelque 1.400 élèves qui achèvent leurs études primaires annuellement, seuls 400 d’entre eux obtiennent une place dans l’enseignement secondaire. Environ 20% des enfants vont au terme de l’enseignement secondaire.

EGALITES DES SEXES: Le pourcentage de fréquentation de l’école secondaire est de 23% pour les filles contre 33% pour les garçons. Il en résulte que seuls 32% des filles sont alphabétisées, alors que chez les garçons le pourcentage est de 60%. La 2ème édition du Baromètre de l’IE soulignait l’engagement formel du gouvernement à augmenter le nom- bre de filles fréquentant l’école primaire. Malheureusement il n’y a eu aucun progrès. Au niveau supérieur, par contre, les jeunes filles constituent 40% des inscriptions. Les mutilations génitales féminines (MGF) sont interdites par la loi, mais il n’y a eu aucune poursuite judiciaire et on estime que 98% de la population féminine a subi des mutilations, y compris dans bien des cas l’infibulation, la plus extensive et la plus dangereuse des formes de mutilation.

LIBERTE ACADEMIQUE: Aucun rapport n’indique une restriction de la liberté académique de la part du gou- vernement.

TRAVAIL DES ENFANTS: La loi interdit tout travail effectué par des enfants de moins de 14 ans, mais le gou- vernement ne fait pas respecter cette interdiction de façon efficace. Les enfants ne sont généralement pas employés pour des travaux dangereux. Ils travaillent dans des entreprises familiales, telles que restaurants et petits magasins, et ce à n’importe quelle heure. Nombreuses sont les jeunes filles qui vendent des marchandises dans les rues.

DROITS SYNDICAUX: De nombreuses restrictions font obstacle à la liberté syndicale et au droit de grève. La loi reconnaît le droit des travailleurs à adhérer à un syndicat mais impose des restrictions à ce droit. Un syndicat ne peut être DJIBOUTI

96 BAROMÈTRE DE L’IE SUR LES DROITS HUMAINS ET SYNDICAUX DANS LE SECTEUR DE L’ÉDUCATION - 2004 DJIBOUTI

constitué que s’il dispose de l’autorisation préalable du gouvernement. Seuls les ressortissants de Djibouti peuvent déte- nir une fonction syndicale. Le projet d’un nouveau Code du travail, élaboré unilatéralement par le gouvernement, rend encore plus difficile la constitution d’un syndicat. De manière similaire, alors qu’il est reconnu, le droit de grève est tou- tefois restreint. Les autorités jouissent d’amples pouvoirs leur permettant de réquisitionner des fonctionnaires en grève. Un syndicat qui prévoit de faire grève doit en informer le ministère de l’Intérieur 48 heures à l’avance. Les actions syn- dicales ont été réprimées à maintes reprises depuis le licenciement par le gouvernement, en 1995, de neuf dirigeants de l’Union Djiboutienne du Travail (UDT), affiliée de la Confédération internationale des syndicats libres (CISL) et de l’Union Générale des travailleurs Djiboutiens (UGTD), en représailles d’une grève de protestation contre des mesures d’a- justement structurel. Par la suite, le gouvernement a créé un «collectif syndical», qui n’est pas du tout représentatif. La pression de l’Organisation internationale du travail (OIT) et les visites de délégués syndicaux internationaux ont plu- sieurs fois fait promettre au gouvernement une amélioration de la situation et en particulier l’autorisation de la tenue d’un congrès de l’UTD et de l’UGTD. En réalité, en 2002 des dissidents soutenus par le gouvernement ont perturbé le congrès national de l’UDT. Bien que les travaux aient dû être écourtés, les élections ont pu reconduire les dirigeants légi- times. Finalement, en septembre 2002, l’UDT a pu tenir son 2ème congrès ordinaire en présence de représentants d’or- ganisations syndicales internationales, telles que l’ORAf-CISL(Organisation régionale africaine de la CISL), non sans que le gouvernement ait tenté de l’empêcher d’avoir lieu. Les deux organisations ont vu leurs cotisations gelées, leurs comp- tes bancaires bloqués et leurs locaux leur ont été retirés ; les dirigeants syndicaux ont été harcelés, les manifestations de protestation se sont heurtées à la violence policière. Le gouvernement a rejeté des propositions réitérées de dialogue et de conciliation et a constamment manqué à ses promesses de faire appliquer les recommandations de l’OIT sur les libertés syndicales. Les syndicats des enseignants ont également subi une répression historique. En 1996, des dirigeants syndi- caux et de très nombreux professeurs ont été licenciés après avoir manifesté pour protester contre les arriérés de salaires. En 1997, cinq responsables du syndicat des enseignants du secondaire SYNESED ont été licenciés et ont perdu leur habi- litation à enseigner pour avoir pris part aux protestations. Enseignants et autres employés du service public continuent à manifester occasionnellement à propos des salaires. Certaines des personnes licenciées pour participation à des grèves ou manifestations se sont vues offrir des postes d’enseignants, mais elles ont dû accepter de renoncer à toute activité syn- dicale. Un dirigeant syndical de la grève de 1997 a été officiellement réintégré en mars 2002 mais n’enseignait toujours pas à la fin de l’année.

Organisation membre de l’IE / Nombre de membres: Syndicat des Enseignants du Second Degré [SYNESED] / 121 Syndicat des Enseignants du Premier Degré [SEP] / 356 DJIBOUTI

BAROMÈTRE DE L’IE SUR LES DROITS HUMAINS ET SYNDICAUX DANS LE SECTEUR DE L’ÉDUCATION - 2004 97 DOMINIQUE Commonwealth de Dominique • Population: 70.158

Population <15: % du PNB afférent à l’enseignement: 5,1% Analphabétisme: Espérance de vie à la naissance: m: 75 - f: 81 Taux de scolarisation brut, pré-primaire: 71,4% Espérance de scolarité (années): Taux de scolarisation brut, primaire: % d’élèves ayant atteint la 5ème année du primaire en 2000: 86% Taux de scolarisation brut, secondaire: Nbre d’étudiants de l’enseignement supérieur par 100.000 habitants: Nbre d’élèves du primaire par enseignant: % des dépenses du gouvernement afférentes à l’enseignement:

Ratification des Conventions du BIT: 29 87 98 100 105 111 138 169 182

SYSTEME EDUCATIF: L’éducation est gratuite et obligatoire jusqu’à l’âge de 16 ans. L’île compte 65 écoles pri- maires et 14 écoles secondaires. La Dominique possède une institution de formation des enseignants et un département extra-muros de l’Université des Indes occidentales. L’intention du gouvernement actuel d’établir un système national d’éducation pour les établissements préscolaires de l’île a été entravée par un manque de ressources humaines dans les agences gouvernementales. La Constitution de la Dominique ne garantit pas le droit des enfants à l’éducation. A la mi- 2003, le gouvernement a proposé d’introduire des frais scolaires pour l’éducation secondaire, et de réduire le montant des bourses estudiantines. L’île compte 3 500 Amérindiens Carib dont la majorité vit dans une réserve relativement auto- nome. Les infrastructures de l’école primaire de la réserve sont rudimentaires, semblables à celles dont disposent les aut- res Dominicains vivant dans des zones rurales, mais il n’y a pas d’école secondaire sur la réserve. Le Commonwealth a ratifié la convention 169 de l’OIT en juin 2002. En ce qui concerne les problèmes des personnes handicapées, il n’exis- te pas de législation spéciale en dehors de la protection générale couverte par la Constitution.

EGALITES DES SEXES: Selon le rapport de suivi EPT le plus récent, la Dominique risque de ne pas atteindre l’é- galité entre garçons et filles d’ici 2005. Aucune entrave dans la loi ou la pratique ne restreint la participation des fem- mes aux rôles de dirigeantes au sein du gouvernement ou des partis politiques.

LIBERTE ACADEMIQUE: Aucun rapport ne fait mention d’une restriction de la liberté académique de la part du gouvernement.

TRAVAIL DES ENFANTS: L’âge minimum d’embauche est de 15 ans. Les employeurs respectent généralement cette loi sans intervention de la part du gouvernement. Une nouvelle loi prévoit de relever l’âge minimum d’embauche à 16 ans. Le gouvernement applique un programme de formation des jeunes et cherche à inculquer à ceux qui quittent l’école les principes de l’agriculture commerciale.

DROITS SYNDICAUX: Tous les travailleurs bénéficient du droit d’organisation, du droit de choisir leurs délégués et du droit de grève. Les syndicats représentent moins de 10% de la main-d’œuvre, mais 55% des employés de la fonction publique. Les syndicats ont légalement fixé les droits des travailleurs de s’organiser et de négocier avec les employeurs. La négociation collective est courante dans les secteurs non agricoles de l’économie, y compris la fonction publique. Le gouvernement est miné par des problèmes financiers et au début 2002 a baissé de 4% les salaires du secteur public, y compris ceux des enseignants. L’affilié de l’IE, DAT, est membre du groupe de travail qui recherche d’autres solutions que de nouvelles restrictions budgétaires. DOMINIQUE

98 BAROMÈTRE DE L’IE SUR LES DROITS HUMAINS ET SYNDICAUX DANS LE SECTEUR DE L’ÉDUCATION - 2004 DOMINIQUE

Organisation membre de l’IE / Nombre de membres: Dominica Association of Teachers [DAT] / 650 DOMINIQUE

BAROMÈTRE DE L’IE SUR LES DROITS HUMAINS ET SYNDICAUX DANS LE SECTEUR DE L’ÉDUCATION - 2004 99 EGYPTE République arabe d’Egypte • Population: 70.712.345

Population <15: 35,7% % du PNB afférent à l’enseignement: Analphabétisme: 43,9% Espérance de vie à la naissance: 66 Taux de scolarisation brut, pré-primaire: Espérance de scolarité (années): Taux de scolarisation brut, primaire: % d’élèves ayant atteint la 5ème année du primaire en 2000: Taux de scolarisation brut, secondaire: Nbre d’étudiants de l’enseignement supérieur par 100.000 habitants: 2.447.000 Nbre d’élèves du primaire par enseignant: % des dépenses du gouvernement afférentes à l’enseignement:

Ratification des Conventions du BIT: 29 87 98 100 105 111 138 169 182

SYSTEME EDUCATIF: Une instruction élémentaire obligatoire et gratuite est garantie par la Constitution à tous les enfants égyptiens pendant 9 ans, habituellement de 6 à 15 ans. Cependant, quelque 400.000 enfants de parents étran- gers ne sont pas autorisés à fréquenter l’école publique ou les universités d’Etat. Le nombre d’enfants inscrits dans les programmes de la petite enfance a augmenté considérablement durant la dernière décennie du 20ème siècle. Au terme de leur scolarité primaire, les élèves peuvent s’inscrire soit dans une école intermédiaire générale qui les prépare au cycle secondaire, soit dans une école intermédiaire technique, spécialisée dans les domaines industriel et agronomique. Le sys- tème de l’enseignement secondaire est divisé de la même manière. Les écoles générales ont des programmes ayant pour but de préparer les étudiants à l’université tandis que les écoles techniques fournissent des formations professionnelles. Le rapport Education Pour Tous (EPT) signale que les salaires des enseignants ont augmenté et que les enseignants en formation tant pour le cycle primaire que pour le cycle secondaire doivent suivre une formation universitaire. Le gou- vernement a réalisé un investissement important en équipant les écoles d’ordinateurs et de matériel multimédia. L’enseignement universitaire égyptien jouit d’une très bonne réputation dans le monde arabe. Fondée en 972, l’Université Al-Azhar est la plus ancienne du monde.

EGALITES DES SEXES: Le gouvernement traite les garçons et les filles de manière égale à tous les niveaux de l’en- seignement mais les filles, principalement dans les régions rurales, ont une scolarité plus courte. Dans certains petits villages, des établissements scolaires non mixtes ont été ouverts pour encourager les familles à garder les filles plus long- temps à l’école. Les données fiables les plus récentes révèlent que moins de 50% des femmes adultes sont instruites cont- re un taux de 70% pour les hommes. Dans le secteur public, la loi garantit un salaire égal pour un travail à valeur égale. Le gouvernement s’est engagé à éradiquer la pratique des mutilations génitales chez les femmes (MGF). Le sujet des MGF a été ajouté aux programmes scolaires et des programmes d’éducation ont été entrepris dans tout le pays. Les MGF sont traditionnellement pratiquées par les communautés tant chrétienne que musulmane.

LIBERTE ACADEMIQUE: Le gouvernement ne restreint pas directement la liberté académique. Les doyens de faculté ne sont pas désignés par leurs pairs mais par les recteurs d’université qui sont des fonctionnaires de l’Etat. Le gou- vernement justifie cette mesure comme étant un moyen de combattre l’influence islamiste sur les campus. La censure de l’Etat interdit occasionnellement des livres et autres publications.

TRAVAIL DES ENFANTS: Le travail des enfants reste très répandu. Le gouvernement s’est engagé à éradiquer le problème et travaille avec l’UNICEF, l’OIT, des ONG privées et internationales et les syndicats égyptiens pour combattre le travail des enfants. Des amendes pour infraction aux lois du travail des enfants ont été intensifiées. L’âge minimum d’embauche est fixé à 14 ans pour les travaux en dehors de l’agriculture. Avec l’assentiment du ministère de l’Agriculture, EGYPTE

100 BAROMÈTRE DE L’IE SUR LES DROITS HUMAINS ET SYNDICAUX DANS LE SECTEUR DE L’ÉDUCATION - 2004 EGYPTE

les gouverneurs de province peuvent autoriser le travail saisonnier des enfants âgés de 12 à 14 ans, pour autant qu’il ne soit pas dangereux et qu’il n’interfère pas avec leur scolarité. L’ouverture des écoles peut être retardée pour attendre la fin de la récolte agricole. Les enfants ne peuvent travailler plus de six heures par jour. L’apprentissage d’un métier est interdit aux enfants de moins de 12 ans. Bien que l’instruction soit obligatoire les neuf premières années, 1,7 million d’enfants âgés de 6 à 15 ans travaillent. La loi est suffisamment en vigueur dans le secteur public mais pas dans les sec- teurs privé ou informel où l’on retrouve la majorité du travail des enfants.

DROITS SYNDICAUX: La plupart des membres de syndicats - approximativement 25% de la main-d’œuvre - sont employés par des entreprises d’Etat. Les 23 syndicats existants doivent appartenir à la Fédération syndicale égyptienne. L’OIT a déclaré que ce règlement empiétait sur la liberté syndicale. La négociation collective n’est pas suffisamment pro- tégée et est limitée par le fait que le gouvernement fixe les salaires, les avantages sociaux, ainsi que la classification des postes du secteur public. Le gouvernement considère les grèves comme des troubles de l’ordre public, de sorte qu’elles sont illégales selon un décret extraordinaire datant de 1981. Ce décret est renouvelé régulièrement, et encore récemment en février 2003. Douze grèves ont malgré tout été menées en 2002, notamment sur des questions de réductions de salai- re et de licenciements et principalement dans le secteur public.

Organisation membre de l’IE / Nombre de membres: General Trade Union of Education and Scientific Research [GTUESR] / 50.000 EGYPTE

BAROMÈTRE DE L’IE SUR LES DROITS HUMAINS ET SYNDICAUX DANS LE SECTEUR DE L’ÉDUCATION - 2004 101 EL SALVADOR République du Salvador • Population: 6.352.681

Population <15: 35,4% % du PNB afférent à l’enseignement: 2,3% Analphabétisme: 20,8% Espérance de vie à la naissance: m: 67 - f: 74 Taux de scolarisation brut, pré-primaire: 40% Espérance de scolarité (années): Taux de scolarisation brut, primaire: 81% % d’élèves ayant atteint la 5ème année du primaire en 2000: 71% Taux de scolarisation brut, secondaire: 49,8% Nbre d’étudiants de l’enseignement supérieur par 100.000 habitants: 118.491 Nbre d’élèves du primaire par enseignant: % des dépenses du gouvernement afférentes à l’enseignement: 13,4%

Ratification des Conventions du BIT: 29 87 98 100 105 111 138 169 182

SYSTEME EDUCATIF: L’instruction est obligatoire jusqu’à la 9e année, soit 14 ans. Bien que selon la loi l’éduca- tion soit gratuite aux niveaux primaire et secondaire, certaines écoles font payer des frais d’écolage pour couvrir leur défi- cit budgétaire. Cette pratique illégale prive les enfants des familles les plus pauvres de leur droit à l’éducation. Dans cer- taines régions rurales, les enfants ne reçoivent pas de scolarisation formelle et seuls 7% d’entre eux fréquent l’école au- delà de la 6ème année. De nombreux propriétaires terriens ont toujours préféré que la population rurale soit peu instrui- te pour la simple raison que des ouvriers instruits demanderaient de meilleurs salaires et conditions de travail et feraient pression sur le gouvernement pour obtenir des réformes agraires. Dans les zones urbaines, 14% des enfants entre 7 et 11 ans et 32% de ceux entre 12 et 14 ans ne sont pas scolarisés, selon le ministère de l’Education. Janvier 2002 a été mar- qué par le 10ème anniversaire des Accords de paix qui ont mis fin au conflit armé au Salvador. Les enfants dont les parents étaient dans des camps opposés lors du conflit ont tendance à refléter les convictions familiales au sein de l’éco- le et de la classe, ce qui a été jusqu’à entraîner l’assassinat d’étudiants et le saccage d’infrastructures scolaires. En col- laboration avec plusieurs ONG, ANDES 21 de Junio, affilié à l’IE, lutte contre les comportements violents à l’école. 10% de la population se déclarent peuples autochtones. Ils ont été presque entièrement assimilés par la culture hispanique dominante. La Constitution déclare que les langues autochtones font partie de l’héritage national, mais elles ne sont pra- tiquement plus en usage.

EGALITES DES SEXES: Un projet de la Banque mondiale vise à promouvoir l’égalité entre garçons et filles en matière d’éducation. Le taux d’alphabétisation chez les femmes adultes est de 6% inférieur à celui des hommes. Les étu- diantes représentent environ 55% des inscriptions dans les institutions tertiaires. Les femmes sont sous-représentées dans les positions de cadre, gagnent en moyenne nettement moins que les hommes et sont victimes de discrimination lors de l’embauche, qui comprend un test de grossesse obligatoire.

LIBERTE ACADEMIQUE: Aucun rapport n’indique une restriction de la liberté académique de la part du gou- vernement.

TRAVAIL DES ENFANTS: La Constitution interdit l’embauche d’enfants de moins de 14 ans. Cependant les sta- tistiques officielles pour 2001 révèlent que plus de 75.000 enfants âgés de 5 à 13 ans travaillent. Les enfants peuvent obte- nir l’autorisation de travailler, si cet emploi est jugé indispensable. C’est le plus souvent le cas dans les zones rurales, où il est de tradition que les enfants travaillent pendant la saison des plantations et des moissons. Le gouvernement et un organisme indépendant, l’Institut social et politique pour les femmes (ISPM), travaillent en collaboration avec l’UNICEF pour améliorer et promouvoir les droits des enfants. En collaboration avec des ONG locales, le gouvernement participe également aux programmes d’action IPEC de l’OIT, qui sont ciblés en plus particulièrement sur le travail des enfants EL SALVADOR EL SALVADOR

102 BAROMÈTRE DE L’IE SUR LES DROITS HUMAINS ET SYNDICAUX DANS LE SECTEUR DE L’ÉDUCATION - 2004 EL SALVADOR

dans les secteurs du café et de la canne à sucre, ainsi que dans les ateliers clandestins de fabrication de feux d’artifice. Dans les villes, les enfants travaillant comme vendeurs ambulants sont vulnérables à l’exploitation sexuelle et un cer- tain nombre d’entre eux sont, de toute évidence, livrés à la prostitution. Entre 50 et 65% des prostitués sont des enfants. Le Code pénal prévoit de lourdes peines d’emprisonnement pour les personnes reconnues coupables d’exploitation sexuelle d’enfants. La délinquance juvénile a lieu non seulement dans les écoles et collèges mais aussi dans les rues de San Salvador et d’autres centres urbains. La police est chargée de détecter les élèves sans surveillance qui ne sont pas à l’école pendant les heures de cours et de les emmener à l’Institut salvadorien pour le développement des enfants et ado- lescents (ISNA). Le but de l’ISNA est de leur fournir une aide psychologique avant de les renvoyer sous la tutelle paren- tale. Selon une étude réalisée par une ONG, 1 000 enfants vivent seuls dans la rue et 42% d’entre eux ont moins de cinq ans. Il existe un trafic d’enfants. Le gouvernement n’offre pas d’assistance à ses citoyens rapatriés qui sont victimes de trafic et ne soutient pas non plus les ONG qui les aide.

DROITS SYNDICAUX: Les fonctionnaires du gouvernement n’ont ni droit d’organisation, ni droit de grève. Ils sont autorisés à créer des organisations professionnelles et d’employés qui assument les mêmes responsabilités que les syndicats. Dans la pratique, ces organisations exercent la négociation collective et organisent des actions de grève. Les conflits sont obligatoirement réglés par arbitrage. Le Salvador n’a ratifié ni la Convention 87 de l’OIT sur la liberté d’as- sociation, ni la Convention 98 de l’OIT sur le droit d’organisation et de négociation collective. De par la loi, seuls les employés du secteur privé et quelques employés d’agences publiques autonomes ont le droit de former un syndicat. Dans les zones d’exportation, de célèbres cas de violation des droits syndicaux ont été portés à l’attention de l’opinion publique internationale. Des violations des droits continuent également d’avoir lieu dans le secteur public ces dernières années, dont quelques-unes ont fait l’objet d’une enquête de la part du Comité de l’OIT pour la liberté syndicale.

Organisation membre de l’IE / Nombre de membres: Asociación Nacional de Educadores Salvadoreños [21 DE JUNIO, ANDES] / 5.000 Sindicato Gremial de Maestros de El Salvador [SIMES] / 3.100 EL SALVADOR

BAROMÈTRE DE L’IE SUR LES DROITS HUMAINS ET SYNDICAUX DANS LE SECTEUR DE L’ÉDUCATION - 2004 103 EQUATEUR République d’Equateur • Population: 13.447.494

Population <15: 33,6% % du PNB afférent à l’enseignement: 1,6% Analphabétisme: 9% Espérance de vie à la naissance: m: 69 - f: 74,57 Taux de scolarisation brut, pré-primaire: 66% Espérance de scolarité (années): Taux de scolarisation brut, primaire: 99% % d’élèves ayant atteint la 5ème année du primaire en 2000: 78% Taux de scolarisation brut, secondaire: 56,7% Nbre d’étudiants de l’enseignement supérieur par 100.000 habitants: Nbre d’élèves du primaire par enseignant: 23 % des dépenses du gouvernement afférentes à l’enseignement: 8%

Ratification des Conventions du BIT: 29 87 98 100 105 111 138 169 182

SYSTEME EDUCATIF: L’instruction est en principe gratuite et obligatoire pour tous les enfants de 6 à 14 ans. Toujours en principe et selon la Constitution, 30% du budget public devraient être alloués à l’éducation, mais le gou- vernement en dépense moins de la moitié à cet effet. Avant la crise sociale, économique et politique qui a débuté de 1999, 62,5% des Equatoriens vivaient dans la pauvreté et 15% étaient indigents. En 2001, un rapport du Programme des Nations Unies pour le développement (PNUD) indiquait que 71% de la population étaient pauvres et 30% indigents. Pendant la période de crise, on estime que 800 000 citoyens, dont des enseignants, ont émigré. Ce sont là certains des fac- teurs qui ont contribué à l’échec de l’Equateur à répondre de manière adéquate aux besoins éducatifs de ses enfants. Bien que le gouvernement ait introduit des systèmes de primes d’encouragement pour garder les enfants à l’école, ceux-ci se limitent aux zones urbaines. De nombreuses régions rurales n’ont pas d’écoles. En février 2003, suite à une grève des enseignants, le Congrès national a approuvé une allocation de $165 millions destinée au secteur de l’éducation. En décembre 2003, les fonds n’avaient pas été transférés à l’éducation.

EGALITES DES SEXES: En 2000, les filles avaient atteint le même taux de fréquentation de l’enseignement pri- maire et secondaire que les garçons.

LIBERTE ACADEMIQUE: Aucun rapport ne fait état d’une restriction de la liberté académique de la part du gou- vernement.

TRAVAIL DES ENFANTS: Une nouvelle loi, signée par le Président en décembre 2002, a élevé l’âge minimum d’embauche de 14 à 15 ans pour tous les types de travail. La loi a augmenté les peines pour le travail illégal des enfants. Bien que le pays soit en train de se remettre de la crise de 1999, le travail des enfants n’a pratiquement pas diminué pour autant. Un rapport de 2001 fait état de 455.000 enfants travailleurs de moins de 15 ans. Dans les zones rurales, de nom- breux enfants quittent l’école pour donner un coup de main dans les fermes de subsistance de leur famille ou pour tra- vailler comme ouvriers agricoles. Dans les villes, de nombreux enfants de moins de 14 ans travaillent dans des entrepri- ses familiales, cirent les chaussures, recueillent et recyclent les ordures, ou travaillent en tant que vendeurs ambulants. Il est courant de voir des enfants de cinq ou six ans vendre des journaux ou des bonbons dans la rue pour subvenir à leurs besoins ou contribuer au revenu de leur famille. Dans les villes, on recense plusieurs cas d’exploitation sexuelle des enfants. Au moins une vingtaine d’ONG œuvrent à promouvoir le bien-être des enfants et il existe des programmes d’ai- de aux enfants des rues.

DROITS SYNDICAUX: Les employés de la fonction publique ne générant pas de revenu ne sont pas autorisés à s’organiser. Cependant, la plupart des employés du public sont membres d’une organisation syndicale. La majorité des EQUATEUR EQUATEUR

104 BAROMÈTRE DE L’IE SUR LES DROITS HUMAINS ET SYNDICAUX DANS LE SECTEUR DE L’ÉDUCATION - 2004 EQUATEUR

employés du secteur public ne jouit pas non plus du droit de négociation. Alors que les enseignants peuvent négocier au niveau national, la loi leur interdit de le faire au niveau local ou sur les lieux de travail, bien que ce soit malgré le cas dans la pratique. Les employés de la fonction publique, y compris le personnel de l’éducation, n’ont pas le droit de grève. La loi prévoit des peines pouvant aller de deux à cinq ans de prison pour les employés du secteur public qui se mettent en grève. Les grèves ‘sauvages’ sont néanmoins fréquentes. En décembre 2003, comme les fonds approuvés destinés à apporter des améliorations dans l’éducation et à ajuster le salaire des enseignants n’avaient toujours pas été versés, parents, étudiants et enseignants de vingt provinces ont marché sur la capitale, Quito. Ils ont été empêchés d’entrer dans la capitale par l’usage de la force. Plusieurs manifestants ont été blessés et d’autres arrêtés. Des mandats d’arrêt ont été lancés contre les dirigeants syndicaux. Le 16 décembre 2003, le syndicat a annoncé que 500 personnes commenceraient une grève de la faim pour obtenir les fonds de l’éducation.

Organisation membre de l’IE / Nombre de membres: Federación Ecuatoriana de Trabajadores de la Educación y la Cultura [FETEC] / 6.200 EQUATEUR

BAROMÈTRE DE L’IE SUR LES DROITS HUMAINS ET SYNDICAUX DANS LE SECTEUR DE L’ÉDUCATION - 2004 105 ERYTHREE Etat d’Erythrée • Population: 4.465.651

Population <15: 35,7% % du PNB afférent à l’enseignement: Analphabétisme: 43,9% Espérance de vie à la naissance: 56 Taux de scolarisation brut, pré-primaire: Espérance de scolarité (années): Taux de scolarisation brut, primaire: % d’élèves ayant atteint la 5ème année du primaire en 2000: Taux de scolarisation brut, secondaire: Nbre d’étudiants de l’enseignement supérieur par 100.000 habitants: 5.505 Nbre d’élèves du primaire par enseignant: % des dépenses du gouvernement afférentes à l’enseignement:

Ratification des Conventions du BIT: 29 87 98 100 105 111 138 169 182

SYSTEME EDUCATIF: L’enseignement est gratuit et obligatoire jusqu’à la septième année mais seuls 38% des enfants vont à l’école. Il est difficile d’accéder à l’éducation à tous les niveaux, partiellement en raison d’une pénurie d’écoles et d’enseignants. Les déplacements internes de nombreux civils pendant les combats avec l’Ethiopie lors de la «2ème guerre» (1999-2001) ont engendré une grave crise humanitaire et ont fortement réduit le droit des enfants éry- thréens à l’éducation. La réintégration de centaines de milliers de réfugiés érythréens et de personnes déplacées dans la société a représenté un énorme fardeau pour les ressources, spécialement en matière d’éducation et de santé. Environ 75% de la population présentent des carences d’alphabétisation fonctionnelle.

EGALITES DES SEXES: Sur la totalité d’étudiants qui s’inscrivent dans l’enseignement supérieur, seuls 16% sont de sexe féminin. L’indépendance a donné aux femmes un droit juridique égal en matière d’éducation, une égalité sala- riale pour un travail de même valeur et l’imposition de sanctions juridiques en cas de violence domestique. Ces déve- loppements représentaient en partie des récompenses pour l’énorme contribution et les sacrifices que les femmes ont fournis dans la lutte pour l’indépendance. Cependant, la société érythréenne est conservatrice et patriarcale et, en géné- ral, les femmes ne jouissent pas d’un statut social égal à celui des hommes. La législation mise en place après l’indé- pendance offrait un cadre qui ne reflétait pas le conservatisme de la culture. Depuis l’indépendance, le statut des fem- mes n’a quasiment pas changé dans le sens positif. Les comportements bien ancrés dans la culture subsistent. Les hom- mes gardent un accès privilégié à l’éducation, à l’emploi et au contrôle des ressources économiques. Les disparités sont universelles mais plus visibles dans les zones rurales. Les mutilations génitales féminines (FGM) sont largement prati- quées par tous les principaux groupes religieux et ethniques. Les efforts déployés par le gouvernement se limitent à décourager cette pratique sans pour autant arriver à une interdiction pure et simple et sa politique de découragement n’est qu’une voix qui crie dans le désert.

LIBERTE ACADEMIQUE: Le gouvernement affirme qu’il n’y a pas de restrictions à la liberté académique. L’Université d’Asmara refuse de décerner des diplômes aux gradués, sauf s’ils accomplissent dûment leurs obligations de service militaire national. Le gouvernement impose des contrôles stricts aux étudiants souhaitant étudier à l’étranger. Beaucoup d’entre eux se trouvent dans l’impossibilité d’obtenir des visas de sortie ou de quitter l’aéroport même s’ils pos- sèdent les documents nécessaires. De surcroi, les nouveaux gradués subissent parfois des pressions pour les amener à tra- vailler pour des entités gouvernementales. Un programme de travail d’été a causé la mort de deux étudiants universitai- res en 2001. Les plaintes des étudiants exprimées par l’Association des Etudiants d’Asmara ont mené à l’arrestation et à la détention du président de l’union des étudiants jusqu’à ce qu’il parvienne à s’évader. ERYTHREE

106 BAROMÈTRE DE L’IE SUR LES DROITS HUMAINS ET SYNDICAUX DANS LE SECTEUR DE L’ÉDUCATION - 2004 ERYTHREE

TRAVAIL DES ENFANTS: La législation criminalise la prostitution enfantine, la pornographie enfantine et l’ex- ploitation sexuelle des enfants. L’âge légal minimum d’embauche est fixé à 18 ans, quoique les apprentis peuvent être engagés à 14 ans. La loi interdit aux apprentis de moins de 18 ans certains travaux dangereux ou malsains, comme le travail dans les mines ou les égouts. Bien qu’il existe un organe responsable de l’application de la législation, il n’y a pas de système d’inspection mis en place pour surveiller le respect de cette législation. Il est courant pour les enfants issus des zones rurales qui ne vont pas à l’école de travailler dans la ferme familiale, de ramasser du bois, d’aller chercher de l’eau et de garder les troupeaux, entre autres activités. Les rapports de l’OIT indiquent que plus de 38% des enfants âgés de 10 à 14 ans travaillent. Dans les zones urbaines, certains enfants travaillent comme marchands ambulants et vendent des cigarettes, des journaux ou du chewing gum. Les enfants travaillent également comme gardes d’enfants, commerçants et dans la petite manufacture.

DROITS SYNDICAUX: Certaines politiques gouvernementales restreignent la liberté d’association ou empêchent la constitution de syndicats, y compris dans le secteur civil. D’après le nouveau code de travail, ratifié en novembre 2001, un groupe tripartite composé de travailleurs, d’employeurs et d’officiels du ministère du Travail est tenu de résoudre les conflits. La législation du travail en vigueur permet que les conflits soient jugés au tribunal. Au cours de l’année 2001, la Confédération des travailleurs erythréens a présenté 71 cas devant le tribunal. En août, 20 cas ont été résolus via des accords entre les parties, 11 ont été résolus par le ministère du Travail et 3 ont fait l’objet d’un jugement. Aucune grève n’a été signalée au cours de l’année.

Organisation membre de l’IE / Nombre de membres: Teachers' Association of Eritrea [TAE] / 6.000

L'Erythrée est un Etat à parti unique. Il a obtenu l'indépendance en 1993 suite à une guerre civile qui a duré 30 ans et à un an référendum contrôlé par les instances internationales. Les Erythréens ont voté à une majorité écrasante pour leur indépendance à l'égard de l'Ethiopie. ERYTHREE

BAROMÈTRE DE L’IE SUR LES DROITS HUMAINS ET SYNDICAUX DANS LE SECTEUR DE L’ÉDUCATION - 2004 107 ESPAGNE Royaume d’Espagne • Population: 40.070.100

Population <15: 14,4% % du PNB afférent à l’enseignement: 4,5% Analphabétisme: Espérance de vie à la naissance: m: 74 - f: 82 Taux de scolarisation brut, pré-primaire: 74% Espérance de scolarité (années): m: 15 - f: 16 Taux de scolarisation brut, primaire: 102% % d’élèves ayant atteint la 5ème année du primaire en 2000: Taux de scolarisation brut, secondaire: m: 109,7 - f: 116,2% Nbre d’étudiants de l’enseignement supérieur par 100.000 habitants: 1.833.527 Nbre d’élèves du primaire par enseignant: 15 % des dépenses du gouvernement afférentes à l’enseignement: 11,3%

Ratification des Conventions du BIT: 29 87 98 100 105 111 138 169 182

SYSTEME EDUCATIF: L’éducation est obligatoire pendant 10 ans et gratuite jusqu’à 18 ans. Le système scolaire comprend l’éducation préscolaire [pour les enfants de 3 à 5 ans], l’enseignement primaire [de 6 à 12 ans] et secondai- re [de 13 à 16 ans] obligatoires. Une aide financière sous forme de gratuité de déjeuners et de transport est disponible aux enfants économiquement défavorisés. L’éducation bénéficie de subventions adéquates. Les étudiants peuvent pour- suivre leurs études soit dans des écoles secondaires supérieures, soit dans des écoles professionnelles. L’octroi de bourses d’études est courant. Les écoles catholiques sont soumises au système éducatif et elles continuent de recevoir des sub- ventions du gouvernement, bien que la Constitution de 1978 ait séparé l’Eglise catholique de l’Etat. La langue officielle est l’espagnol, mais d’autres langues ont aussi un statut officiel à l’échelon régional. Les immigrés, arrivés récemment dans le pays, et les Rom, établis depuis beaucoup plus longtemps, sont deux grandes minorités qui restent généralement en marge de la société espagnole. Les communautés immigrées sont venues en Espagne en une seule génération et il a été difficile d’absorber leurs enfants dans le système éducatif. Le fait que des enfants non accompagnés et des enfants d’immigrés sans papiers se trouvent parmi les nouveaux immigrés complique encore la situation. Etant donné son sta- tut illégal ou ambigu, cette population a tendance à être «invisible» et est réticente à entrer dans le cycle de scolarisa- tion obligatoire. Comparés au reste de la société, les Rom sont une population extraordinairement jeune ; 45 à 50% d’en- tre eux sont en âge de scolarisation obligatoire. Jusqu’à récemment, les enfants rom ne fréquentaient pas régulièrement l’école et leur taux d’abandon était bien au-dessus de la moyenne. Malgré que les enfants rom ne soient toujours pas intégrés dans le système éducatif, les conclusions d’une grande ONG rom font état d’une nette amélioration au cours des dix dernières années. La plupart d’entre eux commencent l’école à l’âge de 6 ans et 44% terminent leur scolarité obli- gatoire. Il existe 1.263 établissements d’enseignement supérieur, dont 266 universités accueillant 900.000 étudiants.

EGALITES DES SEXES: Les filles ont l’égalité d’accès au système éducatif et les jeunes filles représentent 50% des inscriptions à l’université. Un rapport de 2001 révèle que les salaires des femmes sont de 28% inférieurs à celui des hom- mes. Les femmes sont plus nombreuses que les hommes dans les professions juridiques, de soins de santé, de l’éducation et dans le journalisme. Des différences de salaires discriminatoires existent. En 2001, les salaires des femmes étaient de 28% moins élevés que ceux des hommes. En 2002 le Ministre des Affaires sociales a indiqué que, bien que les femmes représentent 37,55% de la main-d’œuvre, elles n’occupaient que 18,09% des postes à haute responsabilité les quatre der- niers mois de l’année. Le taux de chômage des femmes est grimpé de 15,5% en 2001 à 17,3% en 2002. Ce chiffre est le double du taux de 8,5% pour les hommes.

LIBERTE ACADEMIQUE: Aucun rapport n’indique une restriction de la liberté académique de la part du gou- vernement. Les universités rédigent leurs propres statuts et élisent leurs organes de direction. Le groupe terroriste Pays- Basque et Liberté (ETA) et d’autres éléments du nationalisme radical basque continuent de faire pression sur les person- ESPAGNE ESPAGNE

108 BAROMÈTRE DE L’IE SUR LES DROITS HUMAINS ET SYNDICAUX DANS LE SECTEUR DE L’ÉDUCATION - 2004 ESPAGNE

nels académiques qu’ils estiment indifférents à leur cause pour qu’ils démissionnent et quittent la région.

TRAVAIL DES ENFANTS: L’âge minimum légal d’embauche est fixé à 16 ans. En outre, la loi interdit l’emploi de personnes de moins de 18 ans pour des travaux de nuit, des heures supplémentaires ou dans des secteurs jugés dan- gereux. L’âge minimum est généralement bien appliqué dans le secteur des services et dans les grandes industries. Des enfants sont employés dans des usines pour un salaire inférieur de moitié à celui d’un adulte. Les petites entreprises de sous-traitance, en particulier dans le secteur de la chaussure, sont réputées pour faire appel à de la main-d’œuvre enfan- tine. Tout en fréquentant l’école, certains enfants travaillent dans des entreprises familiales sans la moindre rémunéra- tion. Ce travail peut être dans des magasins, des bars, des exploitations agricoles, des marchés ambulants, ainsi que des activités de vente ou de nettoyage de vitres de voitures aux feux rouges. D’autres encore travaillent dans la rue, à cirer des chaussures, à vendre, à récolter des cartons et des déchets, ou à mendier. Selon un consortium de 24 ONG, le travail des enfants ne donne aucun résultat positif - il n’entraîne qu’absentéisme fréquent ou retard scolaire, perte d’intérêt pour les études, isolement du groupe de pairs de l’enfant et sacrifice du temps de loisirs. Un certain nombre d’enfants sont concer- nés par la prostitution et les pires formes de travail des enfants qui y sont liées. Il n’existe que peu de rapports faisant état de trafic de jeunes enfants. Bien qu’interdit par la loi, le trafic d’adolescentes représente un problème. Le gouvernement finance des ONG qui viennent en aide aux victimes de trafic. Les forces de l’ordre et les services sociaux indiquent qu’un nombre croissant d’enfants immigrés sans papiers vivent dans la rue. Comme ils ne peuvent travailler légalement, nom- breux sont ceux qui se tournent vers la petite délinquance.

DROITS SYNDICAUX: Tous les travailleurs, à l’exception des magistrats et des militaires, ont le droit de former des syndicats et d’adhérer à celui de leur choix. L’indépendance des syndicats et leur droit d’organisation et de grève sont respectés. Le droit de grève est restreint pour les services que le gouvernement considère essentiels. Les travailleurs étran- gers qui ne sont pas légalement enregistrés en Espagne («étrangers illégaux») n’ont ni droit d’organisation, ni droit de grève, ni droit de réunion et d’association - et par voie de conséquence ni droit de négociation. Les syndicats estiment que ces restrictions vont à l’encontre de la Constitution et sont incompatibles avec les Conventions de l’OIT ratifiées par l’Espagne. L’IE a soutenu la décision de ses affiliés, UGT et CC.OO, de prendre part à une grève générale le 20 juin 2002 sur les projets du gouvernement visant à diminuer la sécurité de l’emploi et les avantages sociaux.

Organisation membre de l’IE / Nombre de membres: Federación de Trabajadores de la Enseñanza de la UGT [FETE/UGT] / 40.000 Federación de Trabajadores de la Enseñanza CC.OO [F.E.CC.OO] / 63.831 Federación de la Enseñanza del Sindikato ELA/STC [IFE/ELA] / 2.315 Confederación Intersindical Galega [CIG-ENSINO] / 1.000 Confederación de Sindicatos de Trabajadores de la Enseñanza [CSTE] / 12.000

NOTE EN BAS DE PAGE: Territoires dépendants - Les communautés de l'archipel des Baléares, en Méditerranée [population: 841.669], et de l’archipel des Iles Canaries, dans ESPAGNE l'Atlantique [population: 1.694.477] bénéficient d'un statut d'autonomie identique à celui des communautés de la péninsule. L'Espagne administre en outre les deux derniè- res colonies européennes en Afrique : les minuscules enclaves de Ceuta [population: 71.505] et de Melilla [population: 66.411], situées sur la côte méditerranéenne du Maroc. Ces enclaves ont obtenu une autonomie restreinte en 1994.

BAROMÈTRE DE L’IE SUR LES DROITS HUMAINS ET SYNDICAUX DANS LE SECTEUR DE L’ÉDUCATION - 2004 109 ESTONIE République d’Estonie • Population: 1.415.681

Population <15: 17,4% % du PNB afférent à l’enseignement: 7,5% Analphabétisme: 2% Espérance de vie à la naissance: m: 65,35 - f: 76,9 Taux de scolarisation brut, pré-primaire: Espérance de scolarité (années): m: 12,3 - f: 12,9 Taux de scolarisation brut, primaire: 98% % d’élèves ayant atteint la 5ème année du primaire en 2000: 99% Taux de scolarisation brut, secondaire: m: 109 - f: 117,5% Nbre d’étudiants de l’enseignement supérieur par 100.000 habitants: 57.778 Nbre d’élèves du primaire par enseignant: 17 % des dépenses du gouvernement afférentes à l’enseignement:

Ratification des Conventions du BIT: 29 87 98 100 105 111 138 169 182

SYSTEME EDUCATIF: L’éducation est obligatoire pour une période de neuf ans ou jusqu’à obtention du diplôme de fin d’études primaires (âge limite 17 ans). Elle est gratuite dans les écoles publiques. Trois ans d’éducation secondai- re sont facultatifs et également gratuits dans les écoles publiques. Les responsabilités en matière d’éducation publique sont divisées entre le gouvernement et les municipalités. Le budget accordé par l’Etat couvre le salaire des enseignants et les coûts administratifs, tandis que l’entretien des écoles est couvert par le budget octroyé par le gouvernement local. Le gouvernement subventionne les repas à l’école. Contrairement à ce qui se passait dans le passé, la législation estonien- ne actuelle encourage l’éducation des enfants handicapés. Il existe un problème reconnu «d’enfants des rues», surtout dans les grandes villes. On estime à 1,3% le nombre d’enfants en âge de scolarité obligatoire qui ne vont pas à l’école sans une bonne raison. La moitié du groupe d’âge éligible est inscrite à des programmes pour la petite enfance. 76% des élèves terminent leurs études secondaires. Tous les étudiants diplômés du secondaire ont le droit de passer les examens de l’État pour poursuivre leurs études à l’université. Le pays compte 49 institutions d’enseignement supérieur, dont 6 uni- versités publiques, 5 universités privées et quatre hautes écoles ou écoles professionnelles publiques. Près d’un adulte sur quatre est inscrit à un programme d’éducation permanente. La législation garantit le droit à l’instruction en langue esto- nienne. Les Estoniens non ethniques, en majorité des Russes, représentent 37% des inscriptions scolaires. D’un total de 636 écoles d’enseignement général, 89 écoles publiques enseignent en russe et 21 autres, bilingues, enseignent en esto- nien et russe. Situées pour la plupart à Tallinn et dans les zones urbaines du nord-est du pays, elles ne sont pas bien inté- grées dans la société estonienne. Ne pas avoir une connaissance suffisante de l’estonien, qui est la langue officielle et per- met de poursuivre des études et de travailler dans le pays, constitue un problème. La politique du gouvernement est de faire en sorte que d’ici 2007 tous les élèves ayant terminé une école primaire de langue non estonienne aient une connaissance suffisante de l’estonien pour pouvoir poursuivre leurs études dans cette langue.

EGALITES DES SEXES: Garçons et filles fréquentent les écoles primaires et secondaires en nombre identique. 60% des étudiants inscrits à l’université et aux autres institutions d’enseignement supérieur sont de sexe féminin. Le trafic des femmes vers d’autres pays constitue un problème majeur. Différentes ONG ont lancé des campagnes de lutte contre le tra- fic des femmes estoniennes, afin d’informer la population. Les femmes qui postulent pour un emploi à l’étranger sont parfois victimes d’un réseau de prostitution exerçant ses activités en tant qu’entreprise légitime. Le Code pénal crimina- lise le trafic des femmes.

LIBERTE ACADEMIQUE: Aucun rapport ne fait état d’une restriction de la liberté académique de la part du gou- vernement.

TRAVAIL DES ENFANTS: La loi estonienne se conforme aux principes essentiels de la Convention des Droits de ESTONIE ESTONIE

110 BAROMÈTRE DE L’IE SUR LES DROITS HUMAINS ET SYNDICAUX DANS LE SECTEUR DE L’ÉDUCATION - 2004 ESTONIE

l’Enfant des Nations Unies. L’âge minimum d’embauche est fixé à 16 ans. Les mineurs âgés de 13 à 15 ans peuvent tra- vailler avec l’autorisation écrite de l’un des parents ou du tuteur et de l’inspection locale du travail, pourvu que le tra- vail ne soit pas considéré comme étant dangereux, immoral, ou interférant avec les études. Environ 1,3% des enfants en âge de scolarité obligatoire ne vont pas à l’école et ceci sans bonne raison. Il existe des cas où les familles obligent leurs enfants à colporter ou à mendier.

DROITS SYNDICAUX: La Constitution autorise les travailleurs des secteurs public et privé à former et à adhérer à un syndicat ou à une association d’employés. Les travailleurs ont acquis le droit à la négociation collective et à la grève. La négociation collective n’est pas encore totalement développée. Le Code du travail interdit toute discrimination anti- syndicale.

Organisation membre de l’IE / Nombre de membres: Estonian Educational Personalities Trade Union [EEPU] / 12.500 Federation of the Estonian Universities [UNIVERSITAS] / 3.000 ESTONIE

BAROMÈTRE DE L’IE SUR LES DROITS HUMAINS ET SYNDICAUX DANS LE SECTEUR DE L’ÉDUCATION - 2004 111 ETATS-UNIS D’AMERIQUE Population: 293.078.826

Population <15: 21% % du PNB afférent à l’enseignement: 4,8% Analphabétisme: 3% Espérance de vie à la naissance: m: 74 - f: 80 Taux de scolarisation brut, pré-primaire: 64% Espérance de scolarité (années): m: 14,8 - f: 15,7 Taux de scolarisation brut, primaire: 98% % d’élèves ayant atteint la 5ème année du primaire en 2000: Taux de scolarisation brut, secondaire: m: 96 - f: 96% Nbre d’étudiants de l’enseignement supérieur par 100.000 habitants: 15.312.289 Nbre d’élèves du primaire par enseignant: 16 % des dépenses du gouvernement afférentes à l’enseignement:

Ratification des Conventions du BIT: 29 87 98 100 105 111 138 169 182 Les USA n'ont pas ratifié la Convention des Nations Unies relative aux droits de l'enfant.

SYSTEME EDUCATIF: L’éducation n’est pas un droit garanti dans la constitution américaine, mais la constitu- tion de la plupart des Etats garantit une éducation publique. L’enseignement primaire et secondaire comporte 12 années d’études à l’issue desquelles l’élève qui a réussi se voit décerner le diplôme de fin d’études secondaires. Les étudiants ne paient pas de frais de scolarité. En dépit du fait qu’il n’existe pas de système d’éducation nationale, il existe toutefois un Département américain de l’Education depuis 1980. Ce ministère a été créé par l’unification de bureaux de plusieurs aut- res départements gouvernementaux. Il assure une égalité d’accès à l’éducation et veille à promouvoir une excellence éducative au sein de toute la nation. Il n’existe pas de système national en matière d’éducation. L’Elementary and Secondary Education Act fédéral a créé d’importants problèmes de responsabilité des niveaux requis au niveau local et de l’Etat, alors qu’au niveau fédéral, la loi n’a pas reçu suffisamment de fonds fédéraux pour sa mise en application. Chacun des 50 Etats conserve son propre Département de l’Education et la législation de l’Etat régit les méthodes de financement, les normes académiques et les lignes directrices de la politique et des programmes de cours. Le niveau sui- vant de contrôle des écoles publiques relève de la responsabilité de chaque circonscription scolaire locale. Chaque cir- conscription est gouvernée par un conseil scolaire, la plupart du temps élu par les communautés locales, mais certains sont nommés et d’autres sont constitués d’un mélange de membres élus et nommés. Les circonscriptions scolaires loca- les prélèvent souvent des taxes foncières qui représentent la source principale de revenus pour le système d’enseignement public. Les communautés plus riches peuvent se permettre de payer une somme plus élevée par étudiant que les com- munautés plus pauvres. Ceci affecte la qualité de l’enseignement reçu. Certaines juridictions ont pris des mesures visant à atténuer ce déséquilibre en distribuant une partie des taxes foncières prélevées aux circonscriptions scolaires sur la base du nombre d’étudiants inscrits. En général, les circonscriptions scolaires comportent les écoles du niveau primaire (ele- mentary) et les écoles du niveau secondaire (middle, junior high et high schools). Les écoles élémentaires peuvent inclu- re une section maternelle. Normalement, les écoliers entrent en première année de l’école primaire (1st grade) à l’âge de six ans. Les élèves s’inscrivent généralement à l’école secondaire inférieur (6th grade) ou avancent vers l’enseigne- ment secondaire supérieur (7th or 8th grade) mais il n’existe pas de règles strictes et rigides. Il n’y a pas d’âge ou de niveau d’enseignement universel auquel les élèves passent à l’enseignement secondaire supérieur. L’enseignement secon- daire supérieur peut impliquer trois ou quatre niveaux. Tous les élèves doivent suivre des cours d’anglais, de mathéma- tiques, de sciences et d’études sociales dans l’enseignement supérieur et puis ils peuvent choisir parmi une vaste gamme d’options. L’école est obligatoire dans les 50 Etats jusqu’à l’âge de 16 ans. Les étudiants terminent généralement l’ensei- gnement secondaire supérieur à l’âge de 18 ans. 75% des diplômés de l’enseignement secondaire supérieur continuent de suivre d’autres programmes d’enseignement supérieur, y compris des programmes techniques et de formation profes- sionnelle. Les inscriptions aux grandes écoles et à l’université ont presque doublé dans la période entre 1970 et 2000. Au cours des années 90, près de 22% de la population éligible ont obtenu un diplôme d’études supérieures ou universitaires ou ont achevé d’autres études dans l’enseignement post-secondaire. L’admission à la plupart des grandes écoles et aux ETATS-UNIS D’AMERIQUE D’AMERIQUE ETATS-UNIS

112 BAROMÈTRE DE L’IE SUR LES DROITS HUMAINS ET SYNDICAUX DANS LE SECTEUR DE L’ÉDUCATION - 2004 ETATS-UNIS D’AMERIQUES

universités exige que l’étudiant passe un examen d’entrée. La qualité de l’enseignement post-secondaire varie considé- rablement. A l’échelon supérieur, on trouve quelques-unes des universités les plus prestigieuses du monde. Le rôle du gouvernement fédéral inclut le financement compensatoire des écoles élémentaires et secondaires des com- munautés très paupérisées, la subvention de cantines scolaires, l’administration de l’enseignement autochtone (Amérindiens), l’octroi de subventions de recherche aux universités, les prêts aux étudiants universitaires et le finance- ment de l’enseignement aux vétérans de l’armée. Les inscriptions à l’école primaire et secondaire privée se montent à environ six millions d’élèves. L’Eglise catholique offre le système d’enseignement privé le plus répandu mais le nombre d’écoles privées catholiques a diminué au cours de ces dernières années. Un plus grand nombre d’écoles payantes non confessionnelles a été créé. Selon les statistiques officielles, 47% des enseignants des écoles publiques et 35% des ensei- gnants des écoles privées possèdent une licence ou un diplôme plus élevé. En 2001, 57% des enseignants des écoles publiques possédaient un diplôme universitaire. Sur le taux total des inscriptions scolaires, les Américains de descen- dance européenne constituent près de 63,5%, les Afro-américains près de 17% et les Hispano-américains et autres Américains près de 19,5%. Dans certains Etats de l’Union, l’analphabétisme a été quasiment éliminé. Le Rapport mon- dial sur le développement humain 2003 du PNUD (Programme des Nations Unies pour le développement) indique que le pourcentage des personnes ayant des carences en matière de compétences littéraires fonctionnelles entre 16 et 65 ans se situait à 20,7% pour la période de 1994-98. Ce fait s’explique partiellement par les millions d’adultes dont l’anglais n’est pas la langue maternelle. La pauvreté représente un autre facteur qui contribue fortement à l’analphabétisme. Une plate-forme centrale de l’actuelle politique de l’Administration en matière d’éducation est le concept «No Child Left Behind» (Aucun enfant laissé à la traîne). Cependant, le gouvernement n’a pas réussi à fournir les fonds adéquats pour le système en 2004. Le Rapport 2003 sur l’Observatoire des droits de l’homme (Human Rights Watch, HRW) critique les programmes d’éducation sexuelle de l’Administration financés sur des fonds fédéraux. Le Rapport conclut qu’il n’est pas

réaliste de promouvoir la seule abstinence et que faire croire que les préservatifs ne constituent pas une protection effi- ETATS-UNIS D’AMERIQUE cace contre le VIH/SIDA est de la désinformation. Les agences fédérales de santé publique ont continuellement souligné l’importance de donner des informations compréhensibles aux jeunes sur la manière de se protéger d’une infection VIH, y compris des informations relatives à l’utilisation de préservatifs.

EGALITES DES SEXES: Les filles ont l’égalité d’accès à l’éducation et près de 56% des étudiants inscrits dans l’en- seignement post-secondaire sont de sexe féminin. Bien que la législation garantisse certains aspects d’égalité, y compris l’égalité d’accès à l’éducation, l’Amendement à la Constitution des Etats-Unis sur l’égalité des droits n’a toujours pas été ratifié.

LIBERTE ACADEMIQUE: Bien que le gouvernement ne restreigne pas la liberté académique, l’une des répercus- sions des attaques terroristes du 11 septembre 2001 a été le déclin d’une société ouverte. Les professeurs ayant exprimé une opinion qui s’écartait même vaguement de l’opinion de la grande majorité américaine à ce sujet ou l’ayant mise en question ont été sévèrement critiqués. Une source a décrit ceci comme ayant un «effet glacial» sur la liberté acadé- mique, sur la discussion ouverte en général et comme pouvant amener à l’autocensure.

TRAVAIL DES ENFANTS: Le Fair Labor Standards Act (FLSA) interdit aux enfants de moins de 18 ans d’effectuer un travail dangereux. Les enfants âgés de moins de 16 ans ne peuvent pas travailler dans les usines ou pendant les heu- res d’école. La loi interdit aux enfants âgés de moins de 14 ans d’exercer la moindre activité sauf dans le secteur agrico- le. De 300 000 à 800 000 enfants travaillent dans le secteur agricole commercial. Ils travaillent souvent 12 heures par jour, voire plus, risquant de contracter des maladies sérieuses, y compris le cancer ou des dommages cérébraux dus à

BAROMÈTRE DE L’IE SUR LES DROITS HUMAINS ET SYNDICAUX DANS LE SECTEUR DE L’ÉDUCATION - 2004 113 ETATS-UNIS D’AMERIQUE

l’exposition aux pesticides. Beaucoup d’entre eux quittent l’école, trop fatigués pour étudier. On estime qu’aux USA 23 000 enfants souffrent annuellement de blessures liées à l’activité agricole. Etonnamment, la législation du travail actuelle n’interdit pas aux enfants âgés de 12 ans de travailler un nombre illimité d’heures dans l’agriculture. Les Etats- Unis comptent officiellement quatre millions d’enfants au travail mais l’étude est incomplète car elle ne peut pas pren- dre en compte les enfants les plus facilement exploités : les enfants de travailleurs migrants, d’immigrants illégaux, les très jeunes enfants et les enfants secrètement impliqués dans la prostitution ou d’autres activités illicites de ‘l’industrie du sexe’. L’UNESCO et l’OIT estiment qu’entre 200 000 et 300 000 enfants sont exploités dans la prostitution, la porno- graphie et les pires formes de travail des enfants qui y sont liées. Plusieurs milliers d’enfants âgés de moins de 14 et d’à peine neuf ans travaillent dans des usines de confection vestimentaire. Des mineurs exercent également une activité dans des industries telles que l’emballage de viande, la construction, les scieries et les usines de meubles, ainsi que dans le sec- teur informel. La coalition contre le travail des enfants aux USA comprend de nombreux syndicats, y compris des affiliés de l’IE.

DROITS SYNDICAUX: De nombreuses entreprises privées continuent à harceler les syndicalistes et à les découra- ger dans leurs efforts pour former des syndicats. La législation fédérale et celle des différents Etats garantissent le droit à la liberté d’association, le droit d’adhérer à un syndicat et à négocier collectivement. Parallèlement, ces lois imposent des restrictions à ces droits. La législation nationale du travail ne couvre pas les travailleurs agricoles ou le personnel domes- tique. Des restrictions législatives excluent par exemple effectivement 32 millions de travailleurs de la négociation col- lective. Dans le secteur public, environ 40% de tous les travailleurs restent privés du droit fondamental à la négociation collective. En général, il est interdit aux travailleurs du secteur public de mener des actions de grève. Les formes les plus extrêmes d’exploitation des travailleurs apparaissent dans certains territoires d’outremer. L’industrie vestimentaire des Iles Mariannes du Nord, par exemple, repose sur un système de servitude sous contrat, selon lequel des milliers de tra- vailleurs étrangers, principalement des jeunes filles, sont recrutés dans les pays asiatiques pauvres dans des conditions d’asservissement comprenant le paiement de droits exorbitants et la signature de contrats peu scrupuleux. L’éducation représente l’un des secteurs les plus syndicalisés sur le marché du travail des Etats-Unis, en particulier dans les écoles primaires et secondaires.

Organisation membre de l’IE / Nombre de membres: American Association of University Professors [AAUP] / 44.000 American Federation of Teachers [AFT] / 600.000 National Education Association [NEA] / 1.896.807

NOTE EN BAS DE PAGE : Responsabilités - le Commonwealth de Puerto Rico [Population : 3 957 988], le Commonwealth des Iles Mariannes du Nord [Population : 77 311], les Territoires d'outremer non-incorporés, le Territoire des Samoa Américaines [Population : 68 688], le Territoire de l'Ile de Guam [Population: 160 796], les Iles Vierges des Etats-Unis [Population: 123 498], la République des Iles Marshall [Population : 73 630], les Etats Fédérés de Micronésie [Population: 135 869], la République de Palau [Population: 19 409] sont des Etats indépendants dotés de gouvernements constitutionnels en libre association avec les Etats-Unis. ETATS-UNIS D’AMERIQUE ETATS-UNIS

114 BAROMÈTRE DE L’IE SUR LES DROITS HUMAINS ET SYNDICAUX DANS LE SECTEUR DE L’ÉDUCATION - 2004 ETHIOPIE République fédérale démocratique d’Ethiopie • Population: 67.673.031

Population <15: 45,8% % du PNB afférent à l’enseignement: 4,8% Analphabétisme: 59,7% Espérance de vie à la naissance: 44,21 Taux de scolarisation brut, pré-primaire: Espérance de scolarité (années): Taux de scolarisation brut, primaire: % d’élèves ayant atteint la 5ème année du primaire en 2000: Taux de scolarisation brut, secondaire: Nbre d’étudiants de l’enseignement supérieur par 100.000 habitants: 87.431 Nbre d’élèves du primaire par enseignant: 43 % des dépenses du gouvernement afférentes à l’enseignement: 13,8%

Ratification des Conventions du BIT: 29 87 98 100 105 111 138 169 182

SYSTEME EDUCATIF: L’instruction est gratuite et obligatoire pendant six ans, jusqu’à l’âge de 13 ans, mais il n’y a pas suffisamment d’écoles ni d’enseignants pour accueillir tous les enfants éthiopiens en âge de scolarité obligatoire. A travers tout le pays, le nombre d’inscriptions ne représente que 61,6% des enfants en âge de fréquenter l’école. En 2002, environ 40% des écoles primaires et 67% des établissements d’enseignement secondaire ont fonctionné en horaire dédou- blé en vue de maximiser l’utilisation des classes. En ville, la plupart des écoles ont organisé des cours du soir afin de per- mettre aux enfants qui travaillent de suivre les cours. D’après le gouvernement, 31% des enfants qui s’inscrivent à l’éco- le n’atteignent pas la deuxième année et seuls 28% achèvent la huitième. Le gouvernement a étendu le champ d’appli- cation de sa politique en matière d’éducation en réduisant l’enseignement général de 12 à 10 ans pour les élèves qui ne comptent pas suivre des études supérieures. Les étudiants qui se rendent à l’université étudient 2 années supplémentai- res dans le cadre d’un programme pré-universitaire (11e et 12e année). En douzième année, les étudiants continuent de passer l’examen en vue de l’obtention du diplôme éthiopien de baccalauréat (Ethiopian School Leaving Certificate Exam). Les étudiants en 10e année sont également tenus de passer cet examen. Les établissements d’enseignement supé- rieur ne peuvent accueillir qu’un petit nombre de diplômés. Par ailleurs, 37 enseignants ont été arrêtés et 12 autres assi- gnés en justice par la police et placés en garde à vue au sujet de leur participation à une conférence organisée par l’ETA, l’AOb et le NUT. La conférence s’est penchée sur des sujets tels que l’Education Pour Tous et la prévention du Sida par le biais de l’éducation. La police a tenté de stopper la conférence bien que des membres d’ambassades étrangères aient été présents. Au cours de l’année 2002, la police a tué et blessé de nombreux étudiants, tout en dispersant violemment les manifestations. Des groupes d’enseignants ont été arrêtés alors qu’ils participaient à des manifestations concernant des changements de politique en matière d’éducation et l’augmentation des prix de la nourriture. Les enseignants ont été accusés d’inciter les étudiants à organiser des émeutes et de diffuser une propagande anti-gouvernementale. La législation prescrit l’égalité des droits pour les personnes handicapées; cependant, aucun mécanisme n’a été mis en place pour faire respecter ces droits.

EGALITES DES SEXES: Faute de statistiques gouvernementales, il est difficile d’estimer précisément le taux d’al- phabétisation. On considère qu’environ 20% des femmes sont alphabétisées, ce qui représente à peu près la moitié du taux chez les hommes. D’après le Rapport mondial de suivi sur l’Education Pour Tous 2003, le taux d’inscription des ETHIOPIE enfants en âge de scolarité obligatoire au niveau national était de 64,4%. Seuls 76,4% des garçons et 59,6% des filles en âge de scolarité obligatoire allaient à l’école. Les filles étaient moins nombreuses que les garçons à fréquenter l’école, sauf à Addis-Abeba où leur nombre était légèrement supérieur. Seuls 20,4% des garçons et 13,7% des filles suivent l’en- seignement secondaire (9e et 10e année). A Addis-Abeba, le nombre de filles qui fréquentent l’école est légèrement supé- rieur à 50%. Dans les provinces, les jeunes filles sont victimes d’une série de pratiques traditionnelles qui leur portent pré- judice, telles que l’extraction des dents de lait, l’excision de la luette, des mariages arrangés (dès l’âge de 7 ans), ainsi

BAROMÈTRE DE L’IE SUR LES DROITS HUMAINS ET SYNDICAUX DANS LE SECTEUR DE L’ÉDUCATION - 2004 115 ETHIOPIE

que le mariage après avoir été kidnappées. La majorité des jeunes filles éthiopiennes sont soumises à certaines mutila- tions génitales féminines (MGF). Le taux de mortalité maternelle est extrêmement élevé; cela est en partie dû aux tabous qui entourent les pratiques alimentaires des femmes enceintes, à la pauvreté, aux mariages célébrés à un âge précoce, et aux complications à la naissance liées aux MGF. Le gouvernement décourage les MGF à travers l’éducation dans les éco- les publiques et projette d’adopter une loi interdisant cette pratique. Le ministre de la Justice révise les codes pénal et civil. Ceux-ci contiennent des réglementations discriminatoires: par exemple, le mari est considéré comme le représentant légal de la famille et comme le seul à disposer de la garde des enfants âgés de plus de 5 ans. Un mari n’est nullement obligé de subvenir aux besoins de sa famille, ce qui entraîne que femmes et enfants sont souvent abandonnés.

LIBERTE ACADEMIQUE: Le gouvernement limite la liberté académique. Des policiers en uniforme sont présents sur les campus et des agents de sécurité en civil se mêlent aux étudiants. Les enseignants ne peuvent pas s’écarter du pro- gramme officiel. D’après une étude menée dans 280 universités publiques et écoles secondaires à travers le pays, près de 90% des directeurs et sous-directeurs d’école sont membres du parti dirigeant. Les professeurs peuvent effectuer n’importe quel type de recherches au sein de leur discipline, mais ils ne peuvent afficher aucune opinion politique. En mars 2002, des étudiants impliqués dans les émeutes d’avril 2001 - mis à part 14 étudiants Oromo - ont pu retourner à l’université d’Addis-Abeba. En juillet 2002, le Premier ministre Meles a rencontré des professeurs d’université afin de les informer de la politique du gouvernement et de débattre sur la démocratisation et l’éducation. Les participants ont déclaré que le Premier ministre n’avait pas abordé leurs sujets de préoccupation. Après les émeutes d’avril 2001, on a interdit aux étu- diants de former des associations sur base de leur appartenance ethnique. De nombreux leaders étudiants ont fui le pays après les émeutes. Alors qu’en théorie les étudiants ont le droit de créer un conseil d’étudiants, nombreux sont ceux qui se sont abstenus de participer à toute activité sur le campus pouvant être interprétée par le gouvernement comme une activité politique.

TRAVAIL DES ENFANTS: En vertu de la législation du travail, l’âge d’embauche minimum pour un emploi sala- rié ou rémunéré est fixé à 14 ans. Les enfants âgés de 14 à 18 ans sont couverts par des dispositions spéciales. Ils ne peu- vent travailler plus de sept heures par jour, ni entre 22 heures et 6 heures du matin, ni les jours fériés ou de repos, et ne peuvent effectuer d’heures supplémentaires. Les autorités s’efforcent de faire respecter ces réglementations dans le sec- teur industriel officiel, mais le travail des enfants représente un problème envahissant. Un nombre considérable d’en- fants de tous âges participent aux récoltes à la campagne. Des études montrent que les enfants qui travaillent dans les plantations commerciales sont gravement exploités et doivent souvent travailler 12 heures par jour. La servitude et l’es- clavage ont officiellement été abolis en 1942, mais de nombreux témoignages indiquent que des adolescents, particuliè- rement des jeunes filles, sont envoyés par leur famille en Arabie Saoudite et dans d’autres pays de la Péninsule arabe pour devenir domestiques ou bonnes d’enfants. L’exploitation d’enfants à des fins sexuelles est très répandue dans le pays. Les jeunes prostituées, parfois âgées d’à peine 11 ans, sont maintenues dans l’ignorance en ce qui concerne les risques du VIH/SIDA. On estime le nombre d’enfants des rues d’Addis-Abeba et des autres centres urbains à 150 000, et ce chiffre ne cesse d’augmenter. En dépit d’exemples prouvant le contraire, le gouvernement maintient que la plupart des enfants éco- nomiquement actifs sont employés dans l’entreprise familiale qui ne les exploite pas; il ajoute que cet emploi fait partie du processus de socialisation et nie l’existence du travail des enfants.

DROITS SYNDICAUX: La Constitution accorde à la plupart des travailleurs le droit de former des syndicats et d’y adhérer. La loi précise néanmoins que les enseignants n’ont pas le droit de former des syndicats. En août 1998, le gou- vernement a bouclé les bureaux nationaux et régionaux de l’ETA, a mis les dirigeants en garde à vue et a transféré leurs ETHIOPIE

116 BAROMÈTRE DE L’IE SUR LES DROITS HUMAINS ET SYNDICAUX DANS LE SECTEUR DE L’ÉDUCATION - 2004 ETHIOPIE

capitaux vers une faction fantoche adhérant aux politiques du gouvernement en matière d’enseignement. Le président de la véritable ETA, le Dr Taye Woldesmiate, a passé six ans en prison jusqu’en mai 2002 et a été relâché grâce aux importantes pressions internationales, dont celles de nombreuses organisations membres de l’IE. Le Dr Taye a été déte- nu trois ans avant d’être condamné, au cours d’un procès inéquitable, à 15 ans de prison pour avoir pris part à une conspiration en vue de renverser l’Etat. Le 30 janvier 2004, à la consternation de la communauté internationale, la situation en Ethiopie s’est à nouveau aggravée. Les bureaux de l’ETA ont de nouveau été mis sous scellés. L’ETA fanto- che, soutenue par le gouvernement, a fait appel de la décision du tribunal, le 19 janvier et le 4 février 2004, devant la Cour suprême fédérale. En novembre 2003, la Cour suprême fédérale avait légitimé l’existence de l’ETA. Le secrétaire général de l’IE a immédiatement envoyé une lettre au cabinet du Premier ministre et aux ministres de la Justice et de l’Education.

Organisation membre de l’IE / Nombre de membres: Ethiopian Teachers' Association (ETA) / 120.000 ETHIOPIE

BAROMÈTRE DE L’IE SUR LES DROITS HUMAINS ET SYNDICAUX DANS LE SECTEUR DE L’ÉDUCATION - 2004 117 FEDERATION DE RUSSIE Population: 144.987.573

Population <15: 17,2% % du PNB afférent à l’enseignement: 4,4% Analphabétisme: 1% Espérance de vie à la naissance: m: 59 - f: 72 Taux de scolarisation brut, pré-primaire: 40% Espérance de scolarité (années): 14,5 Taux de scolarisation brut, primaire: 82,5% % d’élèves ayant atteint la 5ème année du primaire en 2000: Taux de scolarisation brut, secondaire: 70,8% Nbre d’étudiants de l’enseignement supérieur par 100.000 habitants: 7.224.014 Nbre d’élèves du primaire par enseignant: 17,1 % des dépenses du gouvernement afférentes à l’enseignement: 27,8%

Ratification des Conventions du BIT: 29 87 98 100 105 111 138 169 182

SYSTEME EDUCATIF: Une majorité des étudiants reçoit 10 ans d’instruction. L’école est gratuite et obligatoire jus- qu’à la 9e année, et gratuite jusqu’à la 11e année. L’éducation de la petite enfance est relativement bien développée et la plupart des enfants fréquentent un établissement préscolaire avant d’entrer à l’école primaire dès l’âge de sept ans. Alors que la loi fédérale garantit un enseignement à tous les enfants, les autorités régionales refusent fréquemment l’accès à l’école aux enfants de personnes non déclarées, de demandeurs d’asile et d’immigrés sous prétexte qu’ils ne disposent pas d’un statut résidentiel. La société russe est pleine de préjugés envers les personnes handicapées. L’inscription à une école secondaire moscovite doit par exemple être accompagnée d’un certificat médical prouvant que l’étudiant est en excellente santé. Même les personnes atteintes d’une légère difficulté d’apprentissage sont considérées comme «retar- dées» et le stigmate de cette classification réduira leurs chances à bénéficier d’une formation ou à trouver un emploi. Les enfants orphelins considérés comme «lents» ou intellectuellement handicapés sont bien souvent placés en institution pour le restant de leur vie. Les erreurs de diagnostic sont assez courantes et rarement reconnues. Même les orphelins considérés ‘normaux’ n’ont pas un avenir prometteur. Les institutions publiques ne leur dispensent ni aptitudes et com- pétences à se prendre en charge, ni formation professionnelle. Lorsqu’ils sortent des orphelinats à l’âge de 18 ans, 30% d’entre eux deviennent des vagabonds, 10% deviennent des criminels et 10% se suicident. L’admission à l’enseignement supérieur est sélective et très compétitive. Certaines écoles secondaires ont conclu des accords spéciaux avec les universités afin d’accorder à leurs étudiants un traitement de faveur. L’enseignement supérieur est largement sous-financé et les institutions ont dû réduire leurs membres du personnel ainsi que leurs activités dans le domaine de la recherche. De nombreux membres de facultés dépendent de revenus extra-curriculaires.

EGALITES DES SEXES: Le système scolaire russe considère garçons et filles sur un pied d’égalité. Près de 57% des étudiantes diplômées d’une école secondaire poursuivent leurs études dans un établissement d’enseignement supérieur. Selon un rapport publié par l’Organisation internationale du travail (OIT) en 2001, les femmes représentent près de 47% de la population en âge de travailler mais ne touchent, en moyenne, que deux tiers du salaire perçu par leurs homolo- gues masculins. Les professions dominées par les femmes sont moins bien rémunérées que celles dominées par les hom- mes, qui sont déjà mal payés.

LIBERTE ACADEMIQUE: Aucun rapport n’indique une restriction de la liberté académique de la part du gou- vernement.

TRAVAIL DES ENFANTS: Le Code du travail interdit le travail régulier des enfants en dessous de 16 ans et régle- mente les conditions de travail des enfants en dessous de 18 ans, y compris l’interdiction d’emplois présentant un dan- ger, de ceux effectués la nuit et des heures supplémentaires. À l’âge de 14 et 15 ans, les enfants peuvent, sous certaines FEDERATION DE RUSSIE FEDERATION

118 BAROMÈTRE DE L’IE SUR LES DROITS HUMAINS ET SYNDICAUX DANS LE SECTEUR DE L’ÉDUCATION - 2004 FEDERATION DE RUSSIE

conditions, travailler dans le cadre de programmes d’apprentissage ou de stages en entreprises. Une étude de l’OIT sur les enfants âgés de 9 à 15 ans a révélé que les enfants travaillent pour la première fois en moyenne à l’âge de 12,5 ans. Plus de la moitié des enfants qui ont fait l’objet de cette étude travaillaient régulièrement et 25% d’entre eux travaillaient plus de 20 heures par semaine. Les estimations du nombre d’enfants sans domicile fixe vivant dans les rues varient énor- mément. Selon le Russian Children’s Fund, ce chiffre serait de 2,5 millions d’enfants. D’autres estimations indiquent un chiffre compris entre un et quatre millions. Le trafic de jeunes filles par le crime organisé russe est reconnu comme un problème mais son étendue n’a jamais été estimée. A ce jour, les tentatives pour mettre fin à ces agissements n’ont eu que peu, voire aucun effet sur le problème.

DROITS SYNDICAUX: Un nouveau code du travail (NCT) est entré en vigueur en février 2003. La Confédération internationale des syndicats libres (CISL) révèle que de nombreux syndicats sont vivement opposés au nouveau code parce qu’il affaiblit leurs droits et notamment ceux des petits syndicats. Le NCT favorise les contrats à court terme qui compliquent l’organisation et menacent la stabilité de l’emploi. Le code conserve le droit à la négociation collective. Un aspect positif du NCT est que les travailleurs peuvent quitter leur poste si le versement de leur salaire a plus de 15 jours de retard et ne peuvent être renvoyés pour avoir ensuite entrepris une action de grève. Suite à l’adoption du NCT, des membres d’ESEUR, affilié de l’IE, ont immédiatement envahi les rues en février 2003 et ont regroupé deux millions de personnes. Les manifestations et les rassemblements organisés par le syndicat dans 85 régions aux quatre coins de la Russie ont été appuyés par de courtes actions de grève et par une pétition signée par plus de 600 000 personnes. Une demande d’augmentation des salaires des enseignants et du nombre minimum de bourses accordées aux étudiants a été introduite auprès des instances législatives et exécutives suprêmes. Les négociations visant à résoudre la réforme du sys- tème des salaires ont été reportées et seront reconsidérées avec la participation des syndicats. Le secrétaire général de l’IE a apporté son soutien à l’ESEUR en adressant directement une lettre au président Poutine. FEDERATION DE RUSSIE

Organisation membre de l’IE / Nombre de membres: Education and Science Employees' Union of Russia [ESEUR] / 3.500.000

BAROMÈTRE DE L’IE SUR LES DROITS HUMAINS ET SYNDICAUX DANS LE SECTEUR DE L’ÉDUCATION - 2004 119 FIDJI République des Fidji • Population: 856.346

Population <15: 32,8% % du PNB afférent à l’enseignement: 5,2% Analphabétisme: 6,8% Espérance de vie à la naissance: 73 Taux de scolarisation brut, pré-primaire: Espérance de scolarité (années): Taux de scolarisation brut, primaire: 99% % d’élèves ayant atteint la 5ème année du primaire en 2000: Taux de scolarisation brut, secondaire: Nbre d’étudiants de l’enseignement supérieur par 100.000 habitants: Nbre d’élèves du primaire par enseignant: % des dépenses du gouvernement afférentes à l’enseignement: 17%

Ratification des Conventions du BIT: 29 87 98 100 105 111 138 169 182

SYSTEME EDUCATIF: En 2002, le gouvernement a consacré 19% du budget national à l’éducation qui est obli- gatoire jusqu’à l’âge de 15 ans. En 2000, il y avait 142.913 élèves dans l’enseignement primaire pour 5 082 enseignants et 66.905 élèves dans l’enseignement secondaire pour 3.696 enseignants. Le gouvernement octroie des primes d’encou- ragement pour inciter les enseignants à donner cours dans les zones les plus retirées de cet archipel très éparpillé - neuf grandes îles et une centaine d’îlots et d’atolls inhabités. Le campus principal de l’Université du Pacifique Sud est situé à Laucala, près de la capitale Suva. L’Université dessert Fidji et 11 îles nations du Pacifique. Les autres campus se trou- vent à Apia, Samoa et Port Vila, Vanatu. Les programmes de cours, basés sur un système satellite très sophistiqué, sont transmis à longue distance à près de la moitié du corps estudiantin. L’Institut de technologie de Fidji et de nombreuses écoles professionnelles sont situées dans la capitale. On trouve des centres de formation des enseignants à Suva et dans la ville de Lautoka.

EGALITES DES SEXES: Les femmes sont deux fois plus susceptibles d’être analphabètes que les hommes, mais l’éducation de base n’est obligatoire que depuis 1999 et l’analphabétisme est en recul tant pour les femmes que pour les hommes. La Constitution spécifie l’égalité des sexes. Les filles et les garçons fréquentent l’école en nombre approxima- tivement égal, même si des différences régionales favorisent les garçons.

LIBERTE ACADEMIQUE: Des rapports indiquent que la liberté académique est généralement respectée. Cependant, bien que l’Université du Pacifique Sud représente 12 pays de l’Océan Pacifique, les services sont prudents en ce qui concerne les questions politiques internes et l’imposition d’autocensure.

TRAVAIL DES ENFANTS: La loi interdit l’embauche d’enfants de moins de 12 ans pour tous types de travaux et les adolescents âgés de moins de 15 ans ne peuvent être employés qu’en dehors des heures de classe dans l’entreprise familiale. Des estimations du taux de fréquentation scolaire et d’abandon de l’école laissent sous-entendre que les enfants sont employés principalement dans le secteur informel, dans les entreprises et fermes familiales. La prostitution est illégale à Fidji. Il s’agit toutefois d’un problème pour un nombre croissant d’enfants sans abri dans cette République, qu’ils soient autochtones ou Indo-Fidjiens. La ratification de la Convention 182 en avril 2002 est un signe positif quant à l’engagement du gouvernement dans la lutte contre les pires formes de travail des enfants.

DROITS SYNDICAUX: La Constitution et la loi garantissent aux travailleurs le droit de former des syndicats et d’y adhérer, de se syndiquer et de négocier des conventions collectives. Le droit de grève existe. Des restrictions peuvent être appliquées au service public au nom de l’intérêt national. Les affiliés à l’IE, la FTA et la FTU, ont entrepris une action commune afin de promouvoir la paix et la réconciliation parmi les enseignants, les enfants et les communautés locales. FIDJI

120 BAROMÈTRE DE L’IE SUR LES DROITS HUMAINS ET SYNDICAUX DANS LE SECTEUR DE L’ÉDUCATION - 2004 FIDJI

Organisation membre de l’IE / Nombre de membres: Fijian Teachers' Association [FTA] / 3.045 Fijian Teachers' Union [FTU] / 3.226

Des tensions persistent entre les Fidjiens autochtones et les Indo-Fidjiens, descendants d'agriculteurs sous contrat, amenés dans les îles lors du règne colonial britannique au 19ème siècle. Des changements constitutionnels, qui ont été introduits dans les années 90 afin de stabiliser la société, mettent en exergue l'unicité de la culture, des valeurs et des croyances de la majorité autochtone. Cependant, en mai 2000, un groupe armé prétendant représenter les Fidjiens mélanésiens a pris d'assaut le Parlement et a pris en otage le Premier ministre élu et les membres du gouvernement. Il demandait l'abrogation de la Constitution. Finalement, l'armée fidjienne a mis les agresseurs en dérou- te. L'une des sérieuses conséquences de ce tumulte politique a été une perte constante, via l'émigration, de citoyens diplômés et qualifiés, tant Indo-Fidjiens que Fidjiens indigènes. FIDJI

BAROMÈTRE DE L’IE SUR LES DROITS HUMAINS ET SYNDICAUX DANS LE SECTEUR DE L’ÉDUCATION - 2004 121 FINLANDE République de Finlande • Population: 5.183.545

Population <15: 18% % du PNB afférent à l’enseignement: 6,1% Analphabétisme: 1% Espérance de vie à la naissance: m: 74 - f: 81 Taux de scolarisation brut, pré-primaire: 45% Espérance de scolarité (années): m: 15,4 - f: 16,5 Taux de scolarisation brut, primaire: 100% % d’élèves ayant atteint la 5ème année du primaire en 2000: 100% Taux de scolarisation brut, secondaire: m: 110 - f: 125% Nbre d’étudiants de l’enseignement supérieur par 100.000 habitants: Nbre d’élèves du primaire par enseignant: 18 % des dépenses du gouvernement afférentes à l’enseignement: 12,5%

Ratification des Conventions du BIT: 29 87 98 100 105 111 138 169 182

SYSTEME EDUCATIF: L’instruction gratuite et obligatoire comprend six années d’études primaires et trois années d’études secondaires. Les enfants commencent généralement l’école à l’âge de 7 ans en raison des distances que certains d’entre eux doivent parcourir dans les régions peu habitées. En 2001, 97,4% des enfants âgés de 6 ans suivaient des cours pré-scolaires, et 595.727 étudiants étaient inscrits dans 3.953 écoles afin de suivre un enseignement de base qui s’étend sur neuf années. Les Finlandais de langue suédoise, quelque 6% de l’ensemble des étudiants inscrits, ont le droit de sui- vre un enseignement dans leur langue maternelle. L’instruction est obligatoire jusqu’à l’âge de 16 ans, mais les étudiants poursuivent habituellement leurs études jusqu’à 18 ans. Ils fréquentent durant trois ans soit un établissement de l’en- seignement secondaire supérieur, soit un établissement professionnel. A partir de la troisième, les étudiants peuvent choi- sir d’étudier une langue étrangère ; ce choix est obligatoire dans l’enseignement secondaire inférieur. Presque tous les étudiants finlandais prennent l’anglais comme seconde langue. Depuis la fin des années 1970, les enseignants du pri- maire et du secondaire sont obligés d’avoir un diplôme universitaire. Deux académies d’art et huit des universités fin- landaises forment les enseignants. Il existe plusieurs institutions d’enseignement supérieur de langue suédoise et un cer- tain nombre de chaires en suédois à l’université d’Helsinki. Les autochtones Saami représentent environ 0,1% de la popu- lation. Les coutumes, la culture et le mode de vie traditionnel des Saami sont protégés par la Constitution et ils peuvent choisir de suivre les cours dans leur propre langue. Des efforts sont déployés pour relever le niveau d’instruction de la petite minorité rom par le biais de programmes de formation professionnelle. L’enseignement dans les universités fin- landaises est gratuit. Le pays compte 10 universités et plusieurs académies d’art. On a remédié à la concurrence excessi- ve à laquelle se livraient les étudiants pour être admis dans les institutions d’enseignement supérieur en développant et en modernisant les 34 écoles polytechniques. En 2002, 170.000 étudiants étaient inscrits à l’université, et 126.000 dans les écoles polytechniques. Les vastes programmes d’éducation pour adultes dispensés dans des écoles supérieures popu- laires, des académies populaires et des instituts de travailleurs bénéficient chaque année à environ un million d’adultes. Ces établissements d’enseignement pour adultes sont gérés par le secteur privé, par les municipalités ou les provinces et sont subventionnées par l’Etat.

EGALITES DES SEXES: Les filles et les garçons sont traités sur un pied d’égalité dans le système éducatif. Les fem- mes représentent plus de la moitié des médecins du pays et, en 2001, 65% des diplômés des écoles de médecine étaient des femmes. Les femmes sont également bien présentes à tous les niveaux du gouvernement. La loi impose un quota de 40% pour les deux sexes dans les comités gouvernementaux, les commissions et les organes municipaux. Le Bureau du médiateur en charge de l’Egalité et l’Unité de l’égalité entre hommes et femmes travaillent au sein du ministère des Affaires sociales et de la Santé et veillent au respect de la loi sur l’égalité. L’Unité de l’égalité entre hommes et femmes a pour tâche de préparer et de développer, en coopération avec les autres ministères, la politique du gouvernement en matière d’égalité, de favoriser l’égalité des sexes et de traiter les tâches liées à la législation et à la politique de l’Union FINLANDE

122 BAROMÈTRE DE L’IE SUR LES DROITS HUMAINS ET SYNDICAUX DANS LE SECTEUR DE L’ÉDUCATION - 2004 FINLANDE

européenne (UE) en matière d’égalité. Le Conseil du gouvernement pour l’égalité coordonne et soutient la législation en vue de répondre aux besoins des femmes qui travaillent, qui sont mères, veuves ou retraitées.

LIBERTE ACADEMIQUE: Le gouvernement respecte la liberté académique. Le système de titularisation protège les membres des facultés contre tout licenciement arbitraire. L’autonomie de l’université d’Helsinki est spécifiquement garantie par la Constitution de 1919.

TRAVAIL DES ENFANTS: Les jeunes âgés de moins de 16 ans ne peuvent travailler plus de six heures par jour ou pendant la nuit. Les réglementations relatives au travail des enfants sont strictement appliquées et les plaintes concer- nant l’exploitation des enfants sont rares.

DROITS SYNDICAUX: Les travailleurs, y compris les employés du secteur public, ont le droit de former des syndi- cats, d’y adhérer, de négocier collectivement et de faire grève. Environ 79% de la main-d’oeuvre est syndiquée. Dans le secteur éducatif, 94% des enseignants sont employés en tant que fonctionnaires municipaux. Les enseignants du deuxiè- me cycle de l’enseignement secondaire sont des fonctionnaires locaux.

Organisation membre de l’IE / Nombre de membres: Finnish Union of University Professors [FUUP] / 1.900 Finnish Union of University Researchers and Teachers [FUURT] / 6.165 Opetusalan Ammattijärjestö [OAJ] / 89.760 FINLANDE

BAROMÈTRE DE L’IE SUR LES DROITS HUMAINS ET SYNDICAUX DANS LE SECTEUR DE L’ÉDUCATION - 2004 123 FRANCE République française • Population: 59.765.983

Population <15: 18,7% % du PNB afférent à l’enseignement: 5,8% Analphabétisme: 1% Espérance de vie à la naissance: m: 75 - f: 83 Taux de scolarisation brut, pré-primaire: 91,7% Espérance de scolarité (années): m: 15 - f: 16 Taux de scolarisation brut, primaire: 100% % d’élèves ayant atteint la 5ème année du primaire en 2000: Taux de scolarisation brut, secondaire: 108,7% Nbre d’étudiants de l’enseignement supérieur par 100.000 habitants: 2.031.743 Nbre d’élèves du primaire par enseignant: 19 % des dépenses du gouvernement afférentes à l’enseignement: 11,5%

Ratification des Conventions du BIT: 29 87 98 100 105 111 138 169 182 (statistiques valables uniquement pour la France métropolitaine)

SYSTEME EDUCATIF: L’enseignement public est gratuit et obligatoire jusqu’à l’âge de 16 ans et est bien financé. L’Etat fournit gratuitement les livres des niveaux primaire et secondaire. L’éducation publique est laïque mais l’Etat sub- ventionne les écoles privées, y compris celles qui sont affiliées à l’Eglise. Entre deux et cinq ans, les enfants peuvent fré- quenter un réseau d’enseignement préscolaire bien développé d’écoles maternelles ou de classes enfantines. En 2000, le pays comptait 18 588 établissements pré-primaires. L’enseignement primaire est destiné aux enfants âgés de 6 à 11 ans. Des 3.839.770 élèves inscrits dans les écoles primaires en 2000, 85% fréquentaient les écoles publiques. L’enseignement secondaire est dispensé, dans un premier temps, dans les collèges aux enfants de 11 à 15 ans. L’enseignement secondai- re supérieur est dispensé dans des lycées classiques, professionnels ou techniques, et aboutit à l’examen national du bac- calauréat. Un certain nombre de langues régionales sont maintenant enseignées dans le système public, à savoir le bre- ton, le basque, le catalan et le corse. Les parents qui souhaitaient donner une instruction complète dans l’une de ces lan- gues à leurs enfants ont jusqu’à présent dû les inscrire dans des écoles privées. A l’avenir, cette option sera disponible dans le système public. Dans les départements de l’Alsace, de la Lorraine et de la Moselle, un enseignement bilingue est dispo- nible. Ce qui semble être une anomalie est la conséquence de l’annexion à l’Allemagne de ces départements au cours de la période de 1870 à 1918. Une langue étrangère est enseignée à tous les élèves à partir de neuf ans. Dans le souci de protéger les principes de laïcité et en particulier le droit des femmes à ne pas porter de foulard, une loi interdisant les signes ostentatoires d’appartenance à une religion dans l’enceinte des écoles de la république a été votée début 2004, sou- tenue par l’immense majorité du corps enseignant. Certains éléments de la communauté musulmane, en particulier les plus intégristes, ont protesté contre l’interdiction du hijab (foulard) comme étant une violation du droit à la liberté de religion. Certaines grandes universités ont été restructurées en petites unités, accroissant leur nombre de 23 à 86. Il exis- te également trois écoles polytechniques rattachées aux universités, 101 instituts universitaires de technologie (IUT), 28 établissements d’enseignement de l’éducation, 240 écoles publiques d’ingénieur, des académies militaires, des écoles d’art et d’architecture, des conservatoires nationaux et les grandes écoles et les écoles normales supérieures. Il existe un certain nombre d’universités catholiques.

EGALITES DES SEXES: Les élèves garçons et filles sont en nombre égal jusqu’au niveau tertiaire. 55% des inscrip- tions à l’université sont des jeunes femmes et ce chiffre atteint 70% dans les branches littéraires et les langues. Les fem- mes sont protégées par la législation qui leur garantit l’égalité. Cependant, le salaire égal pour un travail de valeur égale n’est pas encore une réalité.

LIBERTE ACADEMIQUE: Il y a en France une remise en cause des libertés académiques à travers une remise en cause des statuts, un développement de la précarité et une évolution vers un pilotage de plus en plus strict à tous les niveaux. FRANCE

124 BAROMÈTRE DE L’IE SUR LES DROITS HUMAINS ET SYNDICAUX DANS LE SECTEUR DE L’ÉDUCATION - 2004 FRANCE

TRAVAIL DES ENFANTS: La loi interdit le travail des enfants âgés de moins de 16 ans, excepté pour ceux enga- gés dans certains programmes d’apprentissage professionnel et dans l’industrie du spectacle. En dessous de 18 ans, la loi interdit aux enfants d’effectuer des travaux pénibles ou une quelconque activité entre 22 heures et 5 heures. Des inspec- teurs du travail veillent efficacement à l’application des lois sur le travail des enfants. Les ONG estiment qu’entre 3.000 et 8.000 enfants se prostituent en France métropolitaine. En mars 2002, une nouvelle législation est entrée en vigueur visant les clients de la prostitution enfantine. Le racolage d’une personne mineure en échange d’argent est un crime punissable d’un maximum de 10 ans de prison et d’une amende pouvant aller jusqu’à 200.000 . Plusieurs organis- mes responsables du maintien de l’ordre sont chargés de la lutte contre le trafic des enfants et du démantèlement des car- tels de ce trafic. Le crime organisé se livre au trafic de filles d’à peine 10 ans. Le gouvernement œuvre en étroite colla- boration avec d’autres pays et des ONG pour lutter contre cette pire forme du travail des enfants.

DROITS SYNDICAUX: Les dispositions de la Constitution relatives aux droits syndicaux s’étendent aux territoires et départements d’outremer. Malgré un taux de syndicalisation de seulement 10% de la main-d’œuvre, les syndicats exer- cent une influence économique et politique considérable. Bien qu’il ait également chuté depuis les années 70, le niveau de syndicalisation du secteur éducatif reste nettement plus élevé (à 30%) que la moyenne nationale. Alors que les salai- res minimums sont fixés par le gouvernement au moyen de décrets, l’échelle des salaires fait l’objet de conventions col- lectives. Plus de 90% de la main-d’œuvre du secteur privé est couverte par les dispositions de conventions collectives. Les entreprises de plus de 50 employés ont un Conseil de Prud’hommes, dont les représentants sont élus tous les deux ans. Syndicalistes et non syndicalistes peuvent s’y faire élire. Les travailleurs, y compris les fonctionnaires, sont libres de faire grève. 25% de tous les employés salariés travaillent pour le gouvernement. En octobre 2002, 50.000 membres du secteur de l’éducation ont manifesté pour protester contre le budget 2003. D’importantes manifestations menées par des grévis- tes mais soutenues par une grande partie de la population ont été organisées pour protester contre le projet de réduction de personnel et de réforme du système des retraites.

Organisation membre de l’IE / Nombre de membres: Fédération Formation et Enseignement Privés [FEP-CFDT] / 9.084 Fédération Nationale de l'Enseignement, de la Culture et de la Formation Professionnelle Force Ouvrière [FNEC.FP-FO] / 5.100 Fédération des Syndicats Généraux de l'Education Nationale et de la Recherche [SGEN-CFDT] / 32.500 Syndicat National des Chercheurs Scientifiques [SNCS] / 1.395 Syndicat National de l'Education Physique [SNEP-FSU] / 5.000 Syndicat National des Enseignements de Second Degré [SNES-FSU] / 76.000 Syndicat National de l'Enseignement Technique [SNETAA] / 10.547 Syndicat National de l'Enseignement Technique Agricole Public [SNETAP-FSU] / 2.500 Syndicat National Unitaire des Instituteurs, Professeurs des Ecoles et PEGC [SNUipp-FSU] / 35.000 Union Nationale des Syndicats Autonomes [UNSA] / 123.729

NOTE EN BAS DE PAGE : DEPARTEMENTS ET TERRITOIRES DEPENDANTS : Département de la Guyane (population: 182.333), illettrisme: 17% ; Département de la Guadeloupe FRANCE (population: 435.739), illettrisme: 10%. Département de la Martinique (population: 422.277), illettrisme : 7%. Département de la Réunion (population: 743.981), illettrisme : 20%. Collectivité territoriale de Mayotte (population: 170.879), illettrisme : chiffre non disponible. Collectivité territoriale de St Pierre et Miquelon (population: 6.954), illettrisme : <1%. Territoire de la Polynésie française (population: 257.847), illettrisme : 2%. Territoire de Wallis et Futuna (population: 15.585), illettrisme : chiffre non disponible. VOIR AUSSI : Nouvelle-Calédonie, une Collectivité autogouvernée (Pop.207 058). Mayotte, la Polynésie française, Wallis et Futuna et la Nouvelle Calédonie déterminent leurs relations juridiques et politiques avec la France au moyen de référendums.

BAROMÈTRE DE L’IE SUR LES DROITS HUMAINS ET SYNDICAUX DANS LE SECTEUR DE L’ÉDUCATION - 2004 125 GABON République gabonaise • Population: 1.233.353

Population <15: 41,3% % du PNB afférent à l’enseignement: 3,9% Analphabétisme: Espérance de vie à la naissance: m: 55,6 - f: 57,7 Taux de scolarisation brut, pré-primaire: Espérance de scolarité (années): Taux de scolarisation brut, primaire: 88% % d’élèves ayant atteint la 5ème année du primaire en 2000: Taux de scolarisation brut, secondaire: m: 58,3 - f: 50,5% Nbre d’étudiants de l’enseignement supérieur par 100.000 habitants: 7.473 Nbre d’élèves du primaire par enseignant: % des dépenses du gouvernement afférentes à l’enseignement:

Ratification des Conventions du BIT: 29 87 98 100 105 111 138 169 182

SYSTEME EDUCATIF: Le Gabon est l’un des pays les plus prospères de l’Afrique sub-saharienne. La scolarité est obligatoire pour tous les enfants de 6 à 16 ans. Moins de la moitié des enfants en âge de fréquenter l’école secondaire sont scolarisés. Les précédentes éditions du Baromètre de l’IE indiquaient que le gouvernement s’était engagé à cons- truire des écoles et à verser des salaires adéquats aux enseignants. Les parents doivent payer les livres et autres fournitu- res scolaires. Mais récemment, malgré une augmentation des inscriptions au degré primaire, l’entretien des écoles et le salaire des enseignants ont décliné. Sur une note plus positive, la grande communauté des enfants non-gabonais dont les parents sont travailleurs immigrants est maintenant encouragée à fréquenter les écoles publiques. Au Gabon, il exis- te des institutions techniques et de formation des enseignants, ainsi que deux universités.

EGALITES DES SEXES: La loi octroie aux citoyennes gabonaises l’égalité d’accès à l’éducation. Environ 33% des étudiants fréquentant l’éducation supérieure sont des jeunes filles.

LIBERTE ACADEMIQUE: Le gouvernement respecte en général la liberté académique.

TRAVAIL DES ENFANTS: Les enfants de moins de 16 ans ne peuvent travailler sans l’accord exprès des ministè- res du Travail, de l’Education et de la Santé publique. Ces ministères appliquent rigoureusement la loi et rares sont les Gabonais de moins de 18 ans qui travaillent dans le secteur formel. Un nombre important d’enfants travaillent sur les marchés ou effectuent des travaux ménagers. En 2002, le gouvernement a ratifié la Convention 182 de l’OIT et a rejoint la campagne de l’UNICEF et de l’OIT pour l’élimination du travail forcé des enfants et du trafic d’enfants. Une étude de l’OIT de 2001 a conclu qu’au moins 20.000 enfants entre 10 et 14 ans travaillaient et n’étaient pas scolarisés. En 2002, les ONG ont permis le rapatriement d’un certain nombre d’enfants victimes de trafic. Le gouvernement, l’UE et une ONG italienne, ont également ouvert un centre d’accueil pour les victimes de trafic. En principe, la ratification d’un accord contre le trafic clandestin d’enfants, signé par le Gabon et trois pays environnants, prendra effet en 2004.

DROITS SYNDICAUX: La Constitution n’impose aucune restriction à la liberté syndicale et reconnaît aux tra- vailleurs le droit de former des syndicats. Les salariés de la fonction publique peuvent se syndiquer et leur droit de grève n’est limité que s’il est estimé que celui-ci risque de porter atteinte à la sécurité publique. Les grèves sont légales si elles font suite à un préavis de huit jours indiquant l’échec d’un arbitrage extérieur. Le Code du travail autorise la négocia- tion collective. En novembre 2001, les enseignant des deux universités financées par l’Etat ont entamé une grève avec le soutien des étudiants pour obtenir une hausse des salaires et de meilleures conditions de travail. Le gouvernement a répondu en fermant les deux universités. GABON

126 BAROMÈTRE DE L’IE SUR LES DROITS HUMAINS ET SYNDICAUX DANS LE SECTEUR DE L’ÉDUCATION - 2004 GABON

Organisation membre de l’IE / Nombre de membres: Syndicat des Enseignants de l'Education Nationale [SENA] / 2.600 GABON

BAROMÈTRE DE L’IE SUR LES DROITS HUMAINS ET SYNDICAUX DANS LE SECTEUR DE L’ÉDUCATION - 2004 127 GAMBIE République de Gambie • Population: 1.455.842

Population <15: 41,1% % du PNB afférent à l’enseignement: 2,7% Analphabétisme: 62,2% Espérance de vie à la naissance: 54 Taux de scolarisation brut, pré-primaire: Espérance de scolarité (années): Taux de scolarisation brut, primaire: % d’élèves ayant atteint la 5ème année du primaire en 2000: Taux de scolarisation brut, secondaire: Nbre d’étudiants de l’enseignement supérieur par 100.000 habitants: Nbre d’élèves du primaire par enseignant: % des dépenses du gouvernement afférentes à l’enseignement: 14,2%

Ratification des Conventions du BIT: 29 87 98 100 105 111 138 169 182 Avant 2000, la Gambie n'avait ratifié aucune des Conventions de l'OIT.

SYSTEME EDUCATIF: L’enseignement obligatoire et gratuit pour les enfants de 7 à 15 ans est inscrite dans la Constitution, mais il reste un objectif plutôt qu’une réalité. Une faible majorité des enfants est scolarisée. L’enseignement secondaire est très limité tant pour les garçons que pour les filles, et cela même dans les zones urbaines. Par le biais de l’Initiative du financement accéléré de la Banque mondiale, la Gambie a reçu en mars 2003 des fonds afin de réaliser l’Education Pour Tous.

EGALITES DES SEXES: Près de 60% des femmes ne savent ni lire ni écrire. Les filles ne s’inscrivent pas dans l’en- seignement primaire ou secondaire, même dans les zones rurales. Les mariages précoces, parfois dès l’âge de 12 ans, représentent l’une des raisons pour laquelle les filles ne restent pas à l’école. Cependant, les filles scolarisées achèvent plus souvent leur éducation de base que les garçons. En 2002, le gouvernement a introduit un programme couvrant les frais de scolarité pour les filles vivant aux alentours de la capitale, Banjul, et des plans existent afin d’étendre ce pro- gramme aux zones rurales. Près de 80% de la population féminine a subit des mutilations génitales. Le gouvernement finance des programmes d’éducation à la santé afin d’éradiquer cette pratique.

LIBERTE ACADEMIQUE: Aucun rapport ne fait état d’une restriction de la liberté académique de la part du gou- vernement.

TRAVAIL DES ENFANTS: En dépit du fait que l’âge minimum légal d’embauche des enfants est de 18 ans, la plupart des enfants scolarisés quittent l’école à l’âge de 14 ans et commencent à travailler. Des enfants âgés d’à peine 10 ans travaillent souvent dans la ferme familiale ou comme vendeurs de rue ou domestiques. La protection du travail des enfants ne couvre pas ce groupe. L’OIT estime qu’en 2000 un tiers des enfants âgés de 10 à 14 ans travaillaient. Le tou- risme a engendré une demande d’enfants prostitués. Le gouvernement punit sévèrement les personnes impliquées dans la prostitution enfantine.

DROITS SYNDICAUX: Avant de ratifier les conventions fondamentales de l’OIT en 2000, la loi sur le travail per- mettait aux travailleurs, exceptés ceux du service public, de se syndiquer, de négocier collectivement et de mener des actions de grève. Il reste à voir quelles actions va prendre le gouvernement concernant les fonctionnaires, afin que la Gambie soit en conformité avec les conventions. L’affilié de l’IE, le GTU (Gambia Teachers’ Union), est une organisa- tion respectée et influente dans le pays qui a mené de nombreuses activités de formation en complément des program- mes de cours. GAMBIE

128 BAROMÈTRE DE L’IE SUR LES DROITS HUMAINS ET SYNDICAUX DANS LE SECTEUR DE L’ÉDUCATION - 2004 GAMBIE

Organisation membre de l’IE / Nombre de membres: Gambia Teachers' Union [GTU] / 2.400 GAMBIE

BAROMÈTRE DE L’IE SUR LES DROITS HUMAINS ET SYNDICAUX DANS LE SECTEUR DE L’ÉDUCATION - 2004 129 GEORGIE République de Géorgie • Population: 4.960.951

Population <15: 19% % du PNB afférent à l’enseignement: 9% Analphabétisme: 1% Espérance de vie à la naissance: m: 61 - f: 68 Taux de scolarisation brut, pré-primaire: 30% Espérance de scolarité (années): 11 Taux de scolarisation brut, primaire: 95% % d’élèves ayant atteint la 5ème année du primaire en 2000: 99% Taux de scolarisation brut, secondaire: 65% Nbre d’étudiants de l’enseignement supérieur par 100.000 habitants: 140.627 Nbre d’élèves du primaire par enseignant: 7 % des dépenses du gouvernement afférentes à l’enseignement: 36%

Ratification des Conventions du BIT: 29 87 98 100 105 111 138 169 182

SYSTEME EDUCATIF: Officiellement, l’enseignement est gratuit dans les écoles primaires et secondaires, mais le secteur est nettement sous-financé. Les parents doivent payer les manuels et fournitures scolaires et la plupart des parents doivent contribuer aux salaires des enseignants en leur payant des frais de scolarité. Il s’agit là d’un énorme fardeau financier pour de nombreuses familles dans un pays où plus de la moitié de la population vit en dessous du seuil de pau- vreté et où le taux de chômage s’élevait à 17% en 2002. Malgré cela, la majorité des enfants sont scolarisés, bien que cer- taines écoles ne soient pas opérationnelles en raison du manque d’équipements. De nombreuses écoles ne possèdent pas de bibliothèques, ni même de tableaux noirs. D’autres n’ont pas de chauffage en hiver. Les salaires des enseignants ne sont pas payés régulièrement. Comme l’indiquait la 2ème édition du Baromètre de l’IE, il y a également une crise chez les enseignants. La profession n’attire pas suffisamment de jeunes recrues pour remplacer ceux qui atteignent l’âge de la retraite. A ces problèmes touchant le secteur de l’éducation s’ajoutent encore les centaines de milliers de personnes déplacées dans le territoire qui fuient le conflit ethnique et civil toujours non résolu dans les régions d’Abkhazie et de l’Ossétie du Sud. De nombreux enfants déplacés ne bénéficient pas d’une scolarisation adéquate.

EGALITES DES SEXES: En dépit du climat économique actuel, rien ne donne à penser que les filles soient plus ou moins désavantagées que les garçons en ce qui concerne la fréquentation scolaire. Les jeunes filles vont à l’universi- té et y décrochent un diplôme au même titre que les jeunes hommes. L’émigration, spécialement vers l’Europe de l’Ouest, reste une option attrayante pour les jeunes Géorgiens éduqués des deux sexes. La Constitution prévoit l’égalité entre les hommes et les femmes, cependant les discriminations envers les femmes subsistent. Les salaires des femmes restent infé- rieurs à ceux des hommes.

LIBERTE ACADEMIQUE: Aucun rapport ne fait état d’une restriction de la liberté académique de la part du gou- vernement.

TRAVAIL DES ENFANTS: L’âge minimum d’embauche des enfants est fixé à 16 ans. Généralement, les lois sont relativement bien respectées et appliquées et le taux extrêmement élevé de chômage et de pauvreté parmi les adultes ne justifie pas l’emploi des enfants dans le secteur formel. Il existe des milliers d’enfants des rues à Tbilissi et dans les aut- res centres urbains en raison de l’incapacité des orphelinats et du gouvernement à leur venir en aide. Les enfants des rues survivent en s’adonnant de plus en plus à des activités criminelles, au trafic de drogue et à la prostitution.

DROITS SYNDICAUX: Le droit de former des syndicats et d’y adhérer est reconnu par la loi, tout comme la négo- ciation collective. Une nouvelle version du Code du travail est en cours d’élaboration et la centrale nationale syndicale, les Syndicats unifiés de Géorgie (GTUA), est très active dans ce processus. Comme le rapporte la 2ème édition du GEORGIE

130 BAROMÈTRE DE L’IE SUR LES DROITS HUMAINS ET SYNDICAUX DANS LE SECTEUR DE L’ÉDUCATION - 2004 GEORGIE

Baromètre de l’IE, le conflit sur la restitution des avoirs de la GTUA a été résolu. Le bâtiment de la GTUA, confisqué en mars 1992 et placé sous contrôle du ministère de la Défense, a été restitué à la GTUA suite à une longue procédure juri- dique avec un fonctionnaire de l’ère soviétique. Quelques travailleurs de la région d’Imereti, y compris des enseignants, se sont plaints de la manière dont ils étaient traités par leurs employeurs en raison de leur activité syndicale. Les ensei- gnants géorgiens ont entamé une série de négociations et d’actions de grève en 2002. Une augmentation de salaire de 30% a été obtenue en septembre 2002 et une autre en septembre 2003.

Organisation membre de l’IE / Nombre de membres: Educational Workers Trade Union of Georgia [EWTUG] / 90.075 Free Trade Union of Teachers of Georgia (SOLIDARITY) [FTUTG] / 3.207 GEORGIE

BAROMÈTRE DE L’IE SUR LES DROITS HUMAINS ET SYNDICAUX DANS LE SECTEUR DE L’ÉDUCATION - 2004 131 GHANA République du Ghana • Population: 20.244.151

Population <15: 40,6% % du PNB afférent à l’enseignement: 4,1% Analphabétisme: 27,3% Espérance de vie à la naissance: 47 Taux de scolarisation brut, pré-primaire: Espérance de scolarité (années): Taux de scolarisation brut, primaire: % d’élèves ayant atteint la 5ème année du primaire en 2000: Taux de scolarisation brut, secondaire: Nbre d’étudiants de l’enseignement supérieur par 100.000 habitants: 64.098 Nbre d’élèves du primaire par enseignant: 29 % des dépenses du gouvernement afférentes à l’enseignement:

Ratification des Conventions du BIT: 29 87 98 100 105 111 138 169 182

SYSTEME EDUCATIF: L’enseignement est obligatoire pour les six années du primaire et les trois années du secon- daire inférieur. L’UNICEF a remarqué qu’en 2001 seuls 77,6% des enfants en âge scolaire étaient inscrits à l’école. En 2002, le gouvernement a consacré entre 2,5 et 3% du PNB à l’éducation. Environ 60% de cette allocation a été consacrée à l’éducation de base. Malgré un manque d’écoles et une pénurie d’enseignants dans le milieu rural, la plupart des enfants ont accès à l’éducation. La non inscription, l’absentéisme et l’abandon précoce sont souvent liés à la pauvreté. Les écoles font payer des frais scolaires et les élèves sont tenus d’acheter leur uniforme et leurs livres. L’enseignement offi- ciel est inabordable pour les familles les plus pauvres dont les enfants sont obligés de travailler pour subvenir aux besoins de la famille. En outre, la surveillance de la présence des enfants à l’école est très laxiste. 35% des enfants ayant terminé l’enseignement obligatoire en 2000-01 ont continué l’enseignement secondaire où des frais de scolarité et autres coûts continuent à être appliqués. Certains districts qui offrent des écoles maternelles demandent également aux parents d’en partager les frais. Il existe une pénurie d’enseignants en milieu rural et les enfants doivent faire de longues distances, souvent à pied, pour atteindre l’école. Il semble que les enseignants retirent le matériel scolaire aux élèves à la fin des leçons et leur demandent ensuite de payer des honoraires supplémentaires pour des ‘cours particuliers’ après l’école, ceci afin d’arrondir leurs revenus.

EGALITES DES SEXES: 39% de femmes sont analphabètes contre 21% chez les hommes. Selon le rapport de l’Education Pour Tous (EPT), le Ghana risque de ne pas atteindre l’égalité des sexes dans l’éducation en 2005. Bien que le gouvernement mène une campagne active pour promouvoir l’éducation des filles, il a lui-même constaté une dimi- nution de la fréquentation des filles à l’école au cours des dix dernières années. Le mariage et la maternité précoces, la pauvreté et les pressions sociales et économiques sont considérés comme des facteurs ayant contribué à cet état de fait. Cependant, la majorité des jeunes filles diplômées de l’enseignement secondaire continuent leurs études dans le supé- rieur. En 2002, elles représentaient 29% des inscriptions dans les quatre universités du pays. La ratification de la Convention 182 s’est traduite par de nouvelles protections pour les filles et les jeunes femmes. Les mariages forcés sont illégaux et la prostitution des enfants est interdite. Une forme de pratique rituelle d’esclavage impliquant des jeunes filles (Trokosi) a également été proscrite. Les interdictions ont réduit mais n’ont pas éliminé les pratiques d’exploitation. Certains rapports font état d’enseignants qui exploitent sexuellement les étudiantes. Les ONG ont réalisé d’énormes pro- grès en éduquant la population rurale à abandonner la pratique des mutilations génitales féminines (MGF). Le gouver- nement a nommé un ministre chargé des questions d’égalité, y compris de la promotion de l’éducation des filles et des femmes.

LIBERTE ACADEMIQUE: Aucun rapport n’indique une restriction de la liberté académique de la part du gou- vernement. GHANA

132 BAROMÈTRE DE L’IE SUR LES DROITS HUMAINS ET SYNDICAUX DANS LE SECTEUR DE L’ÉDUCATION - 2004 GHANA

TRAVAIL DES ENFANTS: L’âge minimum d’embauche est fixé à 15 ans et la législation en la matière interdit le travail de nuit et certaines tâches dangereuses aux personnes de moins de 18 ans. Quelque 800.000 enfants travaillent dans tout le pays, principalement dans le secteur informel, et le trafic d’enfants est un problème. Selon une enquête de l’OIT, le travail des enfants dans le tourisme est en augmentation. De jeunes enfants en âge scolaire effectuent souvent des tâches ingrates sur les marchés pendant la journée ou vendent les billets dans les bus locaux. Une enquête menée par l’OIT révèle que 75% des enfants âgés de 5 à 14 ans travaillent dans le cadre d’une entreprise familiale. Sur le lac Volta, de nombreux enfants sont embauchés dans l’industrie poissonnière, un travail potentiellement à risque. Une nouvelle législation reflète l’engagement du gouvernement envers la Convention 182 en renforçant la protection du travail des enfants et en augmentant les peines pour non-respect de la législation. Cependant, la loi n’est pas appliquée de maniè- re efficace. Les fonctionnaires manquent de ressources, la police de formation, et l’appareil judiciaire, d’une meilleure information. Un certain nombre d’initiatives sont en cours. La mise en œuvre du Programme focal sur le travail des enfants (IPEC/OIT) a commencé en 2001. Le gouvernement appelle employeurs, syndicats, médias, organisations inter- nationales et ONG à développer un plan d’action national dans le but d’éliminer les pires formes du travail des enfants. Les affiliés de l’IE, GNAT et TEWU, ont mis en commun leur projet de réhabilitation et de réintégration des abandons scolaires. L’IE et l’OIT/ACTRAV (Bureau des activités pour les travailleurs) ont également organisé un atelier mettant en exergue les stratégies pour le projet de 2002-03. Ce projet a obtenu le soutien de l’organisation Ghana Trade Union Congress (GTUC) et d’autres syndicats.

DROITS SYNDICAUX: La liberté syndicale est limitée. Le Décret sur les syndicats confère au gouvernement des pouvoirs étendus pour refuser de reconnaître un syndicat. Mais cela ne s’est jamais produit en pratique. La loi accorde le droit de grève, mais la Confédération internationale des syndicats libres (CISL) déclare que les procédures de grèves sont tellement ardues et complexes qu’il n’y a pas eu de grèves légales depuis l’indépendance du pays. Il y a eu de nom- breuses grèves non sanctionnées. La loi sur les relations de travail prévoit un cadre d’action à la négociation collective. Le GTUC représente 17 syndicats nationaux, dont TEWU, et il est membre de la CISL. Les employés de la fonction publique ont leur propre syndicat.

Organisation membre de l’IE / Nombre de membres: Ghana National Association of Teachers [GNAT] / 125.000 Teachers' and Educational Workers' Union [TEWU] / 32.000 GHANA

BAROMÈTRE DE L’IE SUR LES DROITS HUMAINS ET SYNDICAUX DANS LE SECTEUR DE L’ÉDUCATION - 2004 133 GRECE République de Grèce • Population: 10.645.343

Population <15: 14,9% % du PNB afférent à l’enseignement: 3,8% Analphabétisme: m: 1,5 - f: 4% Espérance de vie à la naissance: m: 76 - f: 81 Taux de scolarisation brut, pré-primaire: Espérance de scolarité (années): Taux de scolarisation brut, primaire: 97% % d’élèves ayant atteint la 5ème année du primaire en 2000: Taux de scolarisation brut, secondaire: 95,5% Nbre d’étudiants de l’enseignement supérieur par 100.000 habitants: 478.205 Nbre d’élèves du primaire par enseignant: 14 % des dépenses du gouvernement afférentes à l’enseignement: 7%

Ratification des Conventions du BIT: 29 87 98 100 105 111 138 169 182

SYSTEME EDUCATIF: Largement financé, le système d’éducation offre une instruction obligatoire et universelle de 6 à 15 ans qui est en outre gratuite au niveau universitaire pour tous les citoyens grecs. Un taux de naissance en déclin a fait que les enseignants ont été confrontés à des licenciements et au chômage. Au cours de l’année 2002, les autorités ont envisagé d’accorder aux étudiants grecs orthodoxes le choix de ne pas participer aux cours de religion obligatoires dans les écoles primaires et secondaires; elles ont ensuite abandonné cette idée. Cependant, une décision radicale en matière de religion a été cassée par le Conseil d’Etat. En effet, celui-ci a rejeté les exigences du ministère de l’Education qui voulait que les candidats au poste d’enseignant révèlent leurs croyances religieuses. Certains manuels scolaires approuvés par l’Etat contiendraient des propos malveillants à l’égard de fois différentes de la religion orthodoxe. D’après les autorités grecques, le taux d’alphabétisation s’est nettement amélioré dans la communauté rom qui compte environ 250.000 membres. La deuxième édition du Baromètre de l’IE mentionnait que seuls 20% d’entre eux étaient alphabéti- sés. Les autorités ont également annoncé que le taux d’inscription des Roms avait considérablement augmenté et que les abandons avaient diminué de 75%. Ces progrès impressionnants seraient dus à un système de carte d’identité visant à permettre aux Roms itinérants de changer facilement d’école. La loi autorise le ministère de l’Education à réserver, chaque année, un certain nombre de places dans les universités et les instituts techniques à des étudiants musulmans.

EGALITES DES SEXES: Un taux d’analphabétisme plus important chez les femmes âgées que chez les hommes âgés reflète la société rurale traditionnelle en Grèce. En 2004, garçons et filles ont fréquenté l’école en proportion égale et 56% des étudiants de l’enseignement supérieur sont des jeunes filles. La loi assure l’égalité salariale pour un travail de valeur égale, mais les statistiques officielles montrent que les femmes gagnent pratiquement 25% de moins que leurs col- lègues masculins disposant de qualifications semblables. Les femmes sont également victimes de discrimination en matière d’avancement professionnel. Conséquence de cette discrimination, les Grecques ont tendance à choisir des pro- fessions prestigieuses et respectées, où la promotion est basée sur le mérite et les compétences, comme le droit et la méde- cine.

LIBERTE ACADEMIQUE: Aucun rapport n’indique une restriction de la liberté académique de la part du gou- vernement.

TRAVAIL DES ENFANTS: Grâce au financement de l’UE, les enfants en situation à risque bénéficient d’un meilleur soutien. Les bénéficiaires ont été les délinquants juvéniles, les enfants roms, les enfants nés dans les montagnes éloignées ou les communautés insulaires, ainsi que les enfants handicapés. L’âge minimum d’embauche dans le secteur industriel est fixé à 15 ans, mais cette limite peut être relevée pour certaines activités. L’âge minimum est de 12 ans pour l’embauche dans l’entreprise familiale, y compris le théâtre, le cinéma, l’agriculture, la restauration et la vente. Même GRECE

134 BAROMÈTRE DE L’IE SUR LES DROITS HUMAINS ET SYNDICAUX DANS LE SECTEUR DE L’ÉDUCATION - 2004 GRECE

cette loi n’est pas respectée et, souvent, des enfants âgés de moins de 12 ans aident - du moins à temps partiel - des mem- bres de leur famille. La Grèce compte 800 000 résidents étrangers. Environ 500.000 sont originaires des Balkans. Ils sont désignés génériquement sous l’appellation «Albanais». On a tendance à considérer «Albanais» les enfants des rues qui colportent ou offrent leurs services aux carrefours - y compris la prostitution - au profit de leur famille ou d’une orga- nisation criminelle. Cependant, aucune statistique fiable ne permet de confirmer une telle supposition, hormis le fait que les résidents des Balkans en Grèce constituent un groupe social défavorisé.

DROITS SYNDICAUX: La Constitution et la législation garantissent la liberté syndicale. Tous les travailleurs, à l’exception des militaires, ont le droit de former des syndicats et d’y adhérer. Il existe certaines restrictions applicables au droit de grève, telles que des délais de préavis obligatoires. Le droit d’organisation et de négociation collective est respec- té dans le secteur public et privé. Les syndicats sont très politisés et les confédérations de travailleurs se composent de fac- tions affiliées à un parti. Toutefois, ni les partis politiques, ni le gouvernement ne contrôlent les opérations du syndicat. Rien n’empêche quiconque de devenir représentant syndical.

Organisation membre de l’IE / Nombre de membres: Greek Primary Teachers Federation [DOE] / 43.000 Federation of Secondary Teachers of Greece [OLME] / 32.000 GRECE

BAROMÈTRE DE L’IE SUR LES DROITS HUMAINS ET SYNDICAUX DANS LE SECTEUR DE L’ÉDUCATION - 2004 135 GRENADE Population: 89.211

Population <15: % du PNB afférent à l’enseignement: 4,2% Analphabétisme: Espérance de vie à la naissance: m: 69 - f: 74 Taux de scolarisation brut, pré-primaire: Espérance de scolarité (années): Taux de scolarisation brut, primaire: 84% % d’élèves ayant atteint la 5ème année du primaire en 2000: Taux de scolarisation brut, secondaire: Nbre d’étudiants de l’enseignement supérieur par 100.000 habitants: Nbre d’élèves du primaire par enseignant: % des dépenses du gouvernement afférentes à l’enseignement:

Ratification des Conventions du BIT: 29 87 98 100 105 111 138 169 182

SYSTEME EDUCATIF: L’éducation est gratuite et obligatoire pour les enfants âgés de 6 à 16 ans. On compte 57 écoles primaires et 19 écoles secondaires publiques. Seul un tiers des enfants grenadins poursuivent leurs études au niveau secondaire. Il y a plusieurs institutions post-secondaires et un département extra-muros de l’Université des Indes occidentales.

EGALITES DES SEXES: En dépit du fait que les garçons et les filles ont l’égalité d’accès à l’éducation, la Grenade figure sur la liste des 31 pays peu susceptibles d’atteindre cette égalité dans l’enseignement primaire d’ici 2005. Les fem- mes ont accès aux postes politiques. En 2002, elles occupaient les deux tiers des postes permanents administratifs dans les 15 ministères du pays. Elles gagnent souvent moins que les hommes pour le même travail mais les différences sala- riales sont moins marquées pour les postes plus rétribués. En 2001, le Parlement a introduit une loi sur la violence domestique et davantage de cas sont déclarés.

LIBERTE ACADEMIQUE: Aucun rapport n’indique une restriction de la liberté académique de la part du gou- vernement.

TRAVAIL DES ENFANTS: Le travail des enfants est illégal et n’existe pas dans le secteur formel. L’âge minimum d’embauche est de 18 ans. Les inspecteurs du ministère du Travail font appliquer cette disposition dans le secteur formel et ce, par le biais de vérifications périodiques. Les efforts visant à faire respecter cette disposition dans le secteur informel ne sont pas soutenus. Certains enfants travaillent dans l’agriculture. Le gouvernement a approuvé la convention 182 de l’OIT, mais à la fin décembre 2003 elle n’avait pas été ratifiée par le Parlement. En 2002, l’économie de la Grenade a eu le meilleur taux de croissance des Caraïbes. Les facteurs qui ont contribué à ce bon résultat sont le tourisme, les inves- tissements publics et étrangers, ainsi que le développement de l’agriculture. La Grenade souffre néanmoins d’un chô- mage élevé et 32% de sa population vit en dessous du seuil de pauvreté. Egalement en hausse, la criminalité violente liée à la drogue est due notamment au mécontentement grandissant des jeunes.

DROITS SYNDICAUX: En général, les employeurs reconnaissent un syndicat formé par leurs employés, bien que la loi ne les oblige pas à le faire. Les dirigeants syndicaux jouent un rôle important dans le processus politique et l’un d’entre eux représente la fédération syndicale « Grenada Trade Union Council « au Sénat. Les travailleurs des secteurs privé et public peuvent faire grève pour autant qu’ils tiennent compte des exigences et des procédures légales. Les tra- vailleurs sont libres de s’organiser et de participer à la négociation collective. GRENADE

136 BAROMÈTRE DE L’IE SUR LES DROITS HUMAINS ET SYNDICAUX DANS LE SECTEUR DE L’ÉDUCATION - 2004 GRENADE

Organisation membre de l’IE / Nombre de membres: Grenada Union of Teachers [GUT] / 1.500 GRENADE

BAROMÈTRE DE L’IE SUR LES DROITS HUMAINS ET SYNDICAUX DANS LE SECTEUR DE L’ÉDUCATION - 2004 137 GUATEMALA République du Guatemala • Population: 13.314.079

Population <15: 43,3% % du PNB afférent à l’enseignement: 1,7% Analphabétisme: 30,8% Espérance de vie à la naissance: m: 64 - f: 69,66 Taux de scolarisation brut, pré-primaire: 46% Espérance de scolarité (années): Taux de scolarisation brut, primaire: 84% % d’élèves ayant atteint la 5ème année du primaire en 2000: Taux de scolarisation brut, secondaire: m: 34,9 - f: 30,4% Nbre d’étudiants de l’enseignement supérieur par 100.000 habitants: Nbre d’élèves du primaire par enseignant: 38 % des dépenses du gouvernement afférentes à l’enseignement: 11,4%

Ratification des Conventions du BIT: 29 87 98 100 105 111 138 169 182

SYSTEME EDUCATIF: L’instruction est en principe gratuite à tous les niveaux et l’enseignement primaire est obli- gatoire pour tous les enfants jusqu’à l’âge de 12 ans ou jusqu’à la sixième année. Le gouvernement ne se donne pas les moyens financiers pour éduquer correctement tous les enfants. La 2ème édition du Baromètre de l’IE indiquait de sour- ce officielle que les systèmes éducatifs avaient été améliorés, mais soit ces progrès ne se sont pas maintenus, soit le gou- vernement prenait ses désirs pour des réalités. Moins de la moitié de la population a accès à l’enseignement primaire et seuls 30% des enfants qui commencent l’école primaire vont jusqu’à son terme. L’enseignement secondaire a très peu de moyens. 90% des autochtones du pays, qui représentent plus de la moitié de la population, vit dans la misère. Le gou- vernement affirme vouloir dispenser une éducation bilingue aux 900.000 enfants autochtones âgés de 6 à 12 ans, mais l’espagnol est la langue d’instruction de 88% des enseignants du pays.

EGALITES DES SEXES: Selon un rapport national de 2000-2001, 70% des femmes adultes n’ont jamais reçu d’é- ducation formelle. La majorité des femmes autochtones parle peu l’espagnol et très peu d’entre elles sont capables de lire et d’écrire dans une langue quelconque. Le taux des filles qui abandonnent l’école est de plus de 50% dans les villes et de 81% dans les campagnes. 63% des filles autochtones ne sont jamais scolarisées. Un plan officiel pour l’égalité des chances couvrant la période 2001-2006 identifie les soins de santé et l’éducation comme étant les principaux sujets de préoccupation. Malgré tout, selon le Rapport de suivi Education Pour Tous (EPT) 2003, le Guatemala risque de ne pas atteindre l’égalité entre garçons et filles d’ici à 2005. La Constitution affirme le principe d’égalité entre les sexes mais en pratique les femmes font l’objet d’une discrimination professionnelle et perçoivent généralement un salaire très inférieur à celui des hommes ; dans certains cas, seulement un quart du salaire pour un travail similaire.

LIBERTE ACADEMIQUE: Bien qu’aucun rapport ne fasse état d’une restriction de la liberté académique de la part du gouvernement, une certaine autocensure reste possible.

TRAVAIL DES ENFANTS: La Constitution interdit l’embauche d’enfants de moins de 14 ans, sans autorisation écrite du ministère du Travail. L’UNICEF estime que 34% de tous les enfants travaillent. Le travail des enfants constitue un problème grave dans le secteur agricole et dans l’économie informelle, notamment dans la construction, dans les entreprises familiales et dans l’exploitation de carrières. 80% des accidents du travail impliquent des mineurs qui n’ont reçu aucune formation en normes de sécurité. Des milliers d’enfants travaillent dans les ateliers clandestins de fabrica- tion de feux d’artifice. En juillet 2002, le programme IPEC de l’OIT a ouvert une antenne pilote de production de feux d’artifice, sans danger et sans enfants. Des dizaines de milliers d’enfants travaillent comme domestiques dans des condi- tions proches de l’esclavage moderne. Une enquête de l’OIT a révélé que de nombreux enfants domestiques travaillent entre 13 et 16 heures par jour et sont victimes de maltraitance psychologique et d’abus sexuels. Un rapport de 2002 de GUATEMALA

138 BAROMÈTRE DE L’IE SUR LES DROITS HUMAINS ET SYNDICAUX DANS LE SECTEUR DE L’ÉDUCATION - 2004 GUATEMALA

l’OIT intitulé «Travail des enfants dans les décharges publiques» conclut que la majorité des enfants travaillant sur les montagnes d’ordures avaient moins de 13 ans et n’étaient pas scolarisés. La guerre civile a fait 200.000 orphelins parti- culièrement vulnérables. En général, en tant qu’enfants travailleurs, ils ne bénéficient pas d’avantages sociaux, de cou- verture sociale, de congés ou d’indemnités de licenciement, et sont payés en dessous des barèmes minima. La moyenne d’âge des 6 500 enfants des rues du pays est de 7 ans. Leur espérance de vie ne dépasse pas 30 ans. 10.000 mineurs font partie de gangs des rues. Ils exploitent les plus jeunes enfants et sont eux-mêmes exploités par le crime organisé. Les orphelins, enfants des rues et gangs de jeunes sont recrutés pour le vol, la prostitution et les réseaux de drogue. Des sour- ces fiables font état de 15.000 garçons et filles prostitués. Le Guatemala attire un nombre croissant d’amateurs de tou- risme sexuel impliquant des enfants. Le trafic des enfants est un problème - le Guatemala est une source et un point de transit pour les enfants victimes de trafic à des fins d’exploitation sexuelle. Il semble que le gouvernement commence à prendre des mesures en réponse à ce trafic, en dépit du manque de ressources et de la corruption endémique. Il n’existe pas de programmes pour la protection des victimes. Avec le soutien d’ONG, le ministère du Travail a finalisé un plan de prévention et d’éradication du travail des enfants qui a été approuvé par le Cabinet en 2001. En raison de la ratification par le Guatemala de la Convention 182 vers la fin 2002, le Président a lancé une campagne nationale pour éliminer les pires formes du travail des enfants. Mais cette campagne a été lancée en remplacement d’un projet de Code des mineurs offrant une protection accrue des besoins physiques et émotionnels des enfants, projet contrecarré par l’Eglise catholique qui arguait que ce Code constituait une atteinte aux droits parentaux et une menace pour l’intégrité de la famille.

DROITS SYNDICAUX: Le gouvernement n’applique pas de manière efficace les lois du travail qui protègent les travailleurs exerçant leur droit à la liberté d’association et le droit de créer et d’adhérer à des syndicats. Les réformes de 2001 en matière du travail n’ont eu pratiquement aucune répercussion sur la liberté d’association. Les réformes ont pourtant abrogé certaines des procédures légales complexes qui entravaient le droit de grève. La législation et l’antisyn- dicalisme des employeurs font obstacle au droit d’organisation et de négociation collective. En 2003, le Comité de la liberté syndicale de l’OIT a demandé au gouvernement de mener une enquête sur les nombreux rapports d’actes de vio- lence envers des syndicalistes. Au cours des premiers six mois de 2003, le Secrétaire général de l’IE a écrit à trois reprises au Président du Guatemala pour défendre ses affiliés, CMG et STEG et leur requête d’augmenter le budget de l’éducation et les salaires des enseignants. Le Secrétaire général a rappelé au Président que les enseignants ont le droit de négocier collectivement sans subir de menaces de sanctions et que les conflits sociaux ne peuvent être résolus que par la négo- ciation.

Organisation membre de l’IE / Nombre de membres: Colegio de Maestros de Guatemala [CMG] / 2.320 GUATEMALA Sindicato de Trabajadores de la Educación de Guatemala [STEG] / 4.000

Le Guatemala a été le théâtre d'une guerre civile pendant plus de 30 ans jusqu'aux Accords de paix signés en 1996 par les militaires et l'opposition armée. La violence poli- tique n'a cessé de croître entre 2001 et 2003. Menaces, enlèvements, assassinats et violents vols à main armée ont visé les organisations pour les droits humains, les per- sonnes faisant campagne pour le droit à la terre et les droits des autochtones, les groupements de femmes, le personnel académique, les étudiants et la profession juridique. En dépit du fait que la levée d'impôts est stipulée dans les Accords de paix, les revenus fiscaux sont minimes. Ce sont les plus pauvres qui sont le plus durement touchés par l'introduction de la TVA.

BAROMÈTRE DE L’IE SUR LES DROITS HUMAINS ET SYNDICAUX DANS LE SECTEUR DE L’ÉDUCATION - 2004 139 GUINEE République de Guinée • Population: 7.775.065

Population <15: 44,1% % du PNB afférent à l’enseignement: 1,9% Analphabétisme: 59% Espérance de vie à la naissance: 48,5 Taux de scolarisation brut, pré-primaire: Espérance de scolarité (années): Taux de scolarisation brut, primaire: 47% % d’élèves ayant atteint la 5ème année du primaire en 2000: 84% Taux de scolarisation brut, secondaire: m: 20,1 - f: 7,3% Nbre d’étudiants de l’enseignement supérieur par 100.000 habitants: Nbre d’élèves du primaire par enseignant: 46 % des dépenses du gouvernement afférentes à l’enseignement:

Ratification des Conventions du BIT: 29 87 98 100 105 111 138 169 182

SYSTEME EDUCATIF: L’éducation est gratuite et officiellement obligatoire pour tous les enfants âgés de 7 à 13 ans. Un pourcentage important du budget national est consacré à cet effet mais il reste insuffisant pour répondre aux besoins des enfants et en 2002 le gouvernement n’a pas utilisé les fonds qui étaient alloués à l’éducation. Bien que sa richesse minière fasse potentiellement de la Guinée l’un des pays les plus prospères d’Afrique, ses habitants sont parmi les plus pauvres d’Afrique de l’Ouest. Le nombre d’étudiants qui obtiennent une éducation secondaire est très restreint. La Guinée a trois universités et 21 autres institutions d’éducation supérieure. Au cours de 2002, la police a eu recours à la force dans plusieurs villes pour disperser des étudiants manifestant pour de meilleures conditions dans les classes. Les troubles au Sierra Leone et au Liberia se sont étendus jusqu’en Guinée, menaçant sa stabilité et créant une situation d’ur- gence humanitaire. Le Haut Commissariat aux Réfugiés (HCR) a déclaré en 2002 que plus de 150.000 réfugiés venant des pays voisins se trouvaient en Guinée. D’après les chiffres officiels, au moins 40.000 réfugiés vivent à Conakry, ce qui représente un poids supplémentaire pour les écoles de la capitale et engendre des problèmes liés aux pires formes du tra- vail des enfants. La plupart des réfugiés attendent d’être emmenés vers un troisième pays grâce à des programmes d’in- tégration. En juillet 2003, le gouvernement guinéen a menacé de déporter les réfugiés à moins qu’ils ne retournent dans les camps désignés.

EGALITES DES SEXES: Environ 51% des jeunes en âge scolaire sont inscrits à l’école. 37% des filles reçoivent une éducation de base contre 66% pour les garçons. Entre 1995 et 2000, le taux des filles obtenant une éducation secondai- re n’est passé que de 7% à 7,3%. Les filles sont souvent retirées de l’école et envoyées travailler pour payer l’éducation de leurs frères. Un nombre croissant de citoyens s’opposent aux mutilations génitales féminines (MGF), qui sont largement pratiquées bien qu’illégales au regard du Code pénal.

LIBERTE ACADEMIQUE: Le ministère de l’Education nationale et de la Recherche scientifique joue de son influence pour l’engagement et la titularisation des professeurs de faculté et a le dernier mot en ce qui concerne le déve- loppement des programmes. Les facultés universitaires ne font généralement pas l’objet d’une censure, mais les pra- tiques de recrutement peuvent conduire à une autocensure.

TRAVAIL DES ENFANTS: L’âge minimum d’embauche est officiellement fixé à 16 ans. Les apprentis peuvent néanmoins commencer dès l’âge de 14 ans. Les travailleurs et les apprentis de moins de 18 ans ne sont pas autorisés à travailler la nuit, ni plus de 12 heures consécutives, ni le dimanche. Le Code du travail stipule également que le minis- tère du Travail et des Affaires sociales doit dresser une liste d’emplois que les femmes et les jeunes de moins de 18 ans ne peuvent occuper. Dans la pratique, sa mise en œuvre par les inspecteurs du ministère est limitée aux grandes entreprises du secteur officiel de l’économie et au moins 48% des enfants de moins de 15 ans travaillent. Des filles d’à peine 14 ans GUINEE

140 BAROMÈTRE DE L’IE SUR LES DROITS HUMAINS ET SYNDICAUX DANS LE SECTEUR DE L’ÉDUCATION - 2004 GUINEE

se livrent à la prostitution. Bien que le gouvernement se soit déclaré contre le travail des enfants, il n’a pris aucune mesu- re pour l’enrayer. L’UNICEF signale que le trafic d’enfants pose un problème parmi les populations réfugiées du Sierra Leone et du Liberia.

DROITS SYNDICAUX: La Constitution autorise les travailleurs à former des syndicats indépendants et interdit la discrimination basée sur l’affiliation syndicale. Le Code du travail accorde aux travailleurs salariés, y compris au per- sonnel de la fonction publique, le droit de faire grève 10 jours après le dépôt d’un préavis de grève par les représentants syndicaux. Deux syndicats membres de l’IE, la FSPE et le SLECG, sont des syndicats indépendants. Une grève des syndi- cats d’enseignants en janvier 2002 a eu une issue positive, le gouvernement ayant consenti à satisfaire à la plupart des demandes des syndicats. En novembre 2002, les dirigeants de la FSPE et du SLECG ont été arrêtés et ont passé une nuit en détention pour avoir organisé une action de grève. Les enseignants qui ont participé à cette grève ont été menacés de licenciement.

Organisation membre de l’IE / Nombre de membres: Fédération Syndicale Professionnelle de l'Education [FSPE] / 15.250 Syndicat Libre des Enseignants et Chercheurs de Guinée [SLECG] / 14.186 GUINEE

BAROMÈTRE DE L’IE SUR LES DROITS HUMAINS ET SYNDICAUX DANS LE SECTEUR DE L’ÉDUCATION - 2004 141 GUINEE-BISSAU République de Guinée-Bissau • Population: 1.345.479

Population <15: 46,9% % du PNB afférent à l’enseignement: 2,1% Analphabétisme: m: 45,9 - f: 76,5% Espérance de vie à la naissance: m: 43,5 - f: 46,7 Taux de scolarisation brut, pré-primaire: 3,9% Espérance de scolarité (années): Taux de scolarisation brut, primaire: m: 62,6 - f: 44,5% % d’élèves ayant atteint la 5ème année du primaire en 2000: 38% Taux de scolarisation brut, secondaire: m: 23,6 - f: 32,4% Nbre d’étudiants de l’enseignement supérieur par 100.000 habitants: 463 Nbre d’élèves du primaire par enseignant: 44 % des dépenses du gouvernement afférentes à l’enseignement: 4,8%

Ratification des Conventions du BIT: 29 87 98 100 105 111 138 169 182

SYSTEME EDUCATIF: La Guinée Bissau est l’un des dix pays les plus pauvres du monde et l’inégalité des revenus y est aussi l’une des plus extrêmes. La transition vers la démocratie a été freinée par une économie dévastée par la guer- re civile. Au cours des 20 dernières années, l’Etat a cherché avec ses maigres ressources à améliorer l’alphabétisation des adultes et à fournir un enseignement primaire aux enfants âgés de 7 à 13 ans. Le système éducatif du pays souffre d’un manque d’infrastructures scolaires et d’enseignants qualifiés. Dans certaines régions rurales, les écoles ne peuvent dispenser qu’un enseignement du 1er degré ou des deux premiers degrés. En dépit de ces difficultés, une étude publiée en 2000 a révélé qu’entre 1993 et 2000, le taux d’inscription dans l’éducation de base des enfants en âge d’être scolari- sés à ce niveau est passé de 42% à 65%. Le taux d’inscription des filles dans l’éducation de base est passé de 32 à 45%, tandis que celui des garçons a augmenté de 55% à 79%. Il existe des écoles de formation d’enseignants et de personnel infirmier, ainsi que des établissements de formation professionnelle. Le pays compte deux universités, l’une publique, l’Université Amilcar Cabral, et l’autre privée, l’Université Colinas de Boé.

EGALITES DES SEXES: Les femmes des zones rurales sont traditionnellement responsables de la majeure partie du travail dans les fermes de subsistance, et ceci dès leur plus jeune âge, et rares sont celles qui ont accès à l’enseigne- ment. Dans tout le pays, les femmes ont en général un accès limité à l’éducation, bien qu’il y ait davantage de filles que de garçons inscrits dans les écoles secondaires. Les jeunes filles représentent environ 18% des étudiants du niveau post- secondaire. Le gouvernement n’a pas déclaré illégales les mutilations génitales féminines (MGF), qui sont courantes. Une campagne nationale d’éducation décourage cette pratique.

LIBERTE ACADEMIQUE: Il n’y a pas de restriction de la liberté d’expression et de recherche dans les établisse- ments d’enseignement supérieur.

TRAVAIL DES ENFANTS: La loi fixe à 14 ans l’âge minimum pour le travail en usine et à 18 ans celui pour les travaux lourds ou dangereux, y compris tout travail dans les mines. Dans le secteur informel, les enfants travaillent sou- vent comme vendeurs ambulants et les enfants des communautés rurales travaillent comme domestiques et dans les champs sans toucher de rémunération. Le gouvernement n’essaie en rien de décourager ces pratiques traditionnelles. Le gouvernement n’a pas ratifié les Conventions 138 et 182 de l’OIT.

DROITS SYNDICAUX: La Constitution accorde à tous les employés de la fonction publique la liberté de former des syndicats et d’y adhérer. La seule restriction légale à la grève est l’exigence d’un préavis de grève. La Constitution ne pré- voit ni ne protège le droit à la négociation collective. Cependant, un Conseil national mis sur pied en 2001 permet les consultations collectives sur les salaires. Comme le rapportait la 2ème édition du Baromètre, le non-paiement régulier GUINEE-BISSAU

142 BAROMÈTRE DE L’IE SUR LES DROITS HUMAINS ET SYNDICAUX DANS LE SECTEUR DE L’ÉDUCATION - 2004 GUINEE-BISSAU

des salaires et des arriérés salariaux suscitait l’inquiétude du SINAPROF, l’affilié de l’IE. Le problème est toujours là ; au cours de 2002, les enseignants ont organisé des grèves pour protester contre les salaires impayés et les mauvaises condi- tions de travail.

Organisation membre de l’IE / Nombre de membres: Sindicato Nacional dos Professores [SINAPROF] / 1.590 GUINEE-BISSAU

BAROMÈTRE DE L’IE SUR LES DROITS HUMAINS ET SYNDICAUX DANS LE SECTEUR DE L’ÉDUCATION - 2004 143 GUYANA République coopérative de Guyana • Population: 705.156

Population <15: 30,2% % du PNB afférent à l’enseignement: 4,1% Analphabétisme: 1,4% Espérance de vie à la naissance: m: 59 - f: 65 Taux de scolarisation brut, pré-primaire: 89% Espérance de scolarité (années): m: 9 - f: 9,9 Taux de scolarisation brut, primaire: 98% % d’élèves ayant atteint la 5ème année du primaire en 2000: Taux de scolarisation brut, secondaire: m: 73 - f: 78% Nbre d’étudiants de l’enseignement supérieur par 100.000 habitants: Nbre d’élèves du primaire par enseignant: 35 % des dépenses du gouvernement afférentes à l’enseignement:

Ratification des Conventions du BIT: 29 87 98 100 105 111 138 169 182

SYSTEME EDUCATIF: De 5 à 14 ans, l’éducation est gratuite, obligatoire (officiellement) et universelle (théori- quement). Le Guyana est un pays très pauvre dont près de la moitié des habitants vit dans des conditions misérables. Les enfants sont plus sévèrement touchés que les autres couches de la population. Le système d’éducation publique ne cesse de se détériorer et le Guyana risque de ne pas pouvoir atteindre l’objectif de l’éducation primaire pour tous d’ici 2015. Il existe dans la capitale, Georgetown, des écoles et des collèges possédant une infrastructure correcte et un personnel rela- tivement expérimenté. Mais les enfants vivant dans les quartiers pauvres et les camps de squatters n’ont pas d’intimité et n’ont pas la possibilité d’étudier. Ils ne sont souvent pas en mesure d’assister aux cours régulièrement parce que leur famille a besoin d’eux pour aider au ménage ou pour prendre soin des plus jeunes. Au-delà de la capitale, l’accès à une éducation de qualité à tous les niveaux est inégal. Rien n’incite les enseignants qualifiés à occuper des postes dans le vaste arrière-pays rural, étant donné les logements inadéquats, l’absence de ressources et le long isolement durant la sai- son des pluies. Le rapport Education Pour Tous (EPT) pour le Guyana indique que le taux officiel d’alphabétisation [98,6%] est irréel. Le rapport affirme que les élèves quittent souvent l’école sans savoir lire. Une autre enquête révèle que de nombreux élèves présentent de grandes lacunes dans des matières de base telles que l’expression écrite, même après 4 ans d’école secondaire. Les problèmes éducatifs que rencontre la société guyanienne s’expliquent par la baisse du nom- bre d’enseignants qualifiés. Le salaire et les conditions de travail des enseignants sont désastreux et rivalisent difficile- ment avec ceux offerts dans des pays plus développés de la région. Ce qui explique l’émigration de nombreux enseignants qualifiés. Le ministère de l’Education a réagi aux rapports des médias faisant état de châtiments corporels dans les éco- les publiques en présentant un programme en 30 points destiné à éliminer progressivement une telle pratique. Il existe des écoles et des centres de formation pour enfants et jeunes handicapés, mais ils manquent de personnel qualifié. Des tensions ethniques persistantes, principalement entre les citoyens d’origine africaine et ceux d’origine sud-asiatique constituent un grave problème. Bien que l’on ait pris conscience du fait qu’une société intolérante a des conséquences négatives dans les salles de classe, on observe peu ou pas d’améliorations dans les relations entre ethnies depuis l’expo- sition du problème dans la deuxième édition du Baromètre de l’IE. Les Amérindiens autochtones représentent 8% de la population. Le fait qu’ils habitent dans des régions isolées et qu’ils tendent à être nomades rend leur instruction diffici- le. L’enseignement est dispensé exclusivement en anglais et les langues autochtones sont en voie d’extinction. Le Guyana possède une université financée par l’Etat. Les étudiants doivent payer une grosse partie des frais d’inscription, mais nom- bre d’entre eux ont pu financer leurs études grâce à des prêts accordés par le gouvernement.

EGALITES DES SEXES: Le taux d’inscription des filles à l’école primaire est plus ou moins égal à celui des gar- çons. En décembre 2000, des amendements constitutionnels ont prescrit qu’un tiers des parlementaires devaient être des femmes. Le parlement compte 20 femmes sur 65 membres. Le gouvernement et le Programme des Nations Unies pour le développement (PNUD) collaborent afin d’offrir à quelque 350 femmes par an des informations sur des sujets liés aux GUYANA

144 BAROMÈTRE DE L’IE SUR LES DROITS HUMAINS ET SYNDICAUX DANS LE SECTEUR DE L’ÉDUCATION - 2004 GUYANA

femmes. Les professionnels de la santé et les ONG signalent que les viols et incestes impliquant des filles et des jeunes femmes représentent un grave problème. Le pays manque de services sociaux qui puissent venir en aide aux victimes de tels crimes.

LIBERTE ACADEMIQUE: Aucun rapport ne fait état d’une restriction de la liberté académique de la part du gou- vernement.

TRAVAIL DES ENFANTS: Légalement, aucun individu âgé de moins de 14 ans n’a le droit de travailler dans une entreprise industrielle, et aucun individu de moins de 16 ans n’a le droit de travailler la nuit, sauf circonstances prévues par la loi. Les enfants de moins de 14 ans sont autorisés à travailler uniquement dans des entreprises où des membres de leur famille sont actifs. Dans les communautés agricoles, de nombreux enfants travaillent avec leurs parents et ne fré- quentent pas l’école régulièrement. Les services sociaux du pays n’ont pas assez de personnel formé pour traiter correc- tement les cas de négligence, de travail des enfants et les autres formes d’exploitation. Il n’est pas rare de voir de très jeu- nes enfants travailler comme vendeurs ambulants à Georgetown. L’UNICEF dénonce la pratique de la prostitution des fillettes. Plusieurs milliers de Guyanais émigrent chaque année. Un rapport fiable déclare que les parents et tuteurs qui émigrent abandonnent leurs enfants à leur propre sort.

DROITS SYNDICAUX: La loi de reconnaissance des syndicats (Trade Unions Recognition Law) exige des employeurs qu’ils reconnaissent le syndicat choisi par une majorité de travailleurs. Elle codifie également le droit des employés du secteur privé et public de s’organiser et de négocier collectivement. La loi définit et limite les actions de représailles que les employeurs peuvent prendre contre les grévistes. La Confédération internationale des Syndicats libres (CISL) affirme que la loi n’est pas efficace dans la pratique car elle ne protège pas les travailleurs contre les discrimina- tions anti-syndicales. Les employés du secteur public qui prestent des services essentiels peuvent faire grève moyennant certaines conditions. Les divisions ethniques se reflètent au niveau politique et dans les affiliations des travailleurs. Au cours de l’année 2002, selon la CISL, on a assisté à une recrudescence de tensions interethniques. Les efforts déployés en vue de négocier un nouveau contrat entre l’Association des Services publics de Guyana (dominée par les Afro-guyanais) et le gouvernement (largement indo-guyanais) n’ont pas abouti. En 1999, à la suite d’une grève des fonctionnaires, un comité d’arbitrage a accordé une augmentation de salaire pour l’année 1999, une augmentation supplémentaire en 2000, ainsi qu’une augmentation des échelons de rémunération. Le gouvernement a procédé aux deux ajustements, mais il a unilatéralement refusé d’accorder l’augmentation d’échelons. Toute augmentation supplémentaire est négo- ciée annuellement.

Organisation membre de l’IE / Nombre de membres: Guyana Teachers' Union [GTU] / 7.632 GUYANA

BAROMÈTRE DE L’IE SUR LES DROITS HUMAINS ET SYNDICAUX DANS LE SECTEUR DE L’ÉDUCATION - 2004 145 HAÏTI République d’Haïti • Population: 7.063.700

Population <15: 49,2% % du PNB afférent à l’enseignement: 1,1% Analphabétisme: 39,8% Espérance de vie à la naissance: m: 47,88 - f: 59,29 Taux de scolarisation brut, pré-primaire: 64,3% Espérance de scolarité (années): Taux de scolarisation brut, primaire: % d’élèves ayant atteint la 5ème année du primaire en 2000: Taux de scolarisation brut, secondaire: Nbre d’étudiants de l’enseignement supérieur par 100.000 habitants: Nbre d’élèves du primaire par enseignant: % des dépenses du gouvernement afférentes à l’enseignement: 10,9%

Ratification des Conventions du BIT: 29 87 98 100 105 111 138 169 182

SYSTEME EDUCATIF: Haïti est l’un des pays les plus pauvres de l’hémisphère occidental. Un pour-cent de la popu- lation détient la moitié des richesses du pays, alors que 80% des Haïtiens vivent dans la pauvreté, voire la misère. Près de 50% de la population a moins de 15 ans et bien que l’éducation soit officiellement obligatoire pour les enfants âgés de 7 à 13 ans, seule une minorité de cette tranche d’âge fréquente l’école. Il y a bien trop peu d’établissements scolaires publics pour accueillir tous les enfants du pays. La plupart des écoles sont privées et sont fréquentées par une riche élite minoritaire. Guère plus de 20% des écoles primaires et 10% des écoles secondaires d’Haïti dispensent un enseignement gratuit. Même dans les écoles publiques, le coût du droit d’inscription, des livres, du matériel et de l’uniforme reste pro- hibitif pour de nombreuses familles. D’autre part, dans leur majorité les zones rurales n’ont pas d’écoles publiques. L’accès à l’enseignement est lié à la disponibilité des enseignants et la pénurie est importante, notamment en ce qui concerne les enseignants bien formés. Il n’est pas rare d’avoir des classes de 100 élèves. La 2ème édition du Baromètre de l’IE indiquait qu’en 1996, l’affiliée de l’IE, la CNEH, avait convaincu le gouvernement de lancer un projet éducatif national échelonné sur 10 ans, destiné à promouvoir le droit fondamental de tous les enfants haïtiens à une éducation de base. Ce programme n’a pas été mis en œuvre. Une délégation de l’IE s’est rendue en Haïti en 2001 et a estimé qu’il n’y avait aucune garantie de voir le gouvernement impliquer la CNEH dans un prochain plan pour l’éducation. Dans un pays où la malnutrition est un grave problème, le gouvernement, soutenu par des bailleurs de fonds étrangers, a com- mencé à mettre sur pied des centres médicaux et des programmes de distribution de nourriture dans les écoles. Le gou- vernement reconnaît le créole et le français comme langues officielles. Mais le français, langue d’instruction à l’école, n’est compris que par 20% de la population. En septembre 2001, le parlement a voté une loi interdisant les châtiments corporels. Toutes les écoles ont reçu l’ordre d’afficher leur politique de discipline. La loi prévoyait également la mise sur pied d’une commission pour déterminer les mesures disciplinaires appropriées au sein de l’école. Dans la pratique, les châtiments corporels étaient acceptés comme une forme de discipline. En novembre 2002, la police a fait usage d’armes à feu, blessant huit étudiants qui manifestaient contre les frais scolaires, la corruption et le manque de services publics. Dans plusieurs villes, des partisans paramilitaires du gouvernement s’en sont pris aux manifestations estudiantines s’op- posant au régime du Président Aristide. En 2004, le nombre des manifestations anti-Aristide a augmenté tout comme la répression des étudiants. La Constitution prévoit que les personnes handicapées doivent avoir les moyens d’assurer leur autonomie, leur éducation et leur indépendance. Cependant, aucune législation n’a été votée pour mettre en œuvre ces dispositions constitutionnelles. Etant donné la grande pauvreté dans laquelle vit la majeure partie des citoyens, ceux d’entre eux qui souffrent d’un handicap ont une existence particulièrement difficile. Il est courant de voir dans les rues de Port-au-Prince et d’autres villes des handicapés qui mendient.

EGALITES DES SEXES: Dans les familles les plus pauvres, l’argent destiné à l’éducation tend à être rationné et seuls les frais des garçons sont envisagés. Il n’y a guère d’inégalité entre garçons et filles inscrits dans les cycles primai- HAÏTI

146 BAROMÈTRE DE L’IE SUR LES DROITS HUMAINS ET SYNDICAUX DANS LE SECTEUR DE L’ÉDUCATION - 2004 HAÏTI

re et secondaire des écoles privées et religieuses. Le ministère de la Promotion de la femme est chargé de promouvoir et défendre les droits des femmes et de s’assurer qu’elles obtiennent un statut social égal, mais il a peu de fonds à sa dispo- sition. Il n’existe pas d’obstacle légal à la pleine participation des femmes en politique et au gouvernement. Les femmes ne jouissent pas du même statut économique et social que les hommes. Néanmoins, au cours des dernières années, des femmes diplômées ont occupé des postes élevés dans les secteurs à la fois public et privé.

LIBERTE ACADEMIQUE: Bien qu’aucun rapport ne mentionne de restriction de la liberté académique de la part du gouvernement, en août 2002, quelques étudiants de l’Université d’Etat de Haïti ont manifesté contre la nomination de recteurs intérimaires, affirmant que le gouvernement avait trop d’influence politique sur la gestion de l’université. Les manifestants se sont fait agresser par les partisans du Président Jean-Bertrand Aristide pendant que la police laissait faire sans intervenir. Selon le Rapport 2003 de Human Rights Watch (HRW), d’autres manifestations en novembre ont cul- miné par la marche sur Port-au-Prince de plusieurs milliers d’étudiants. Les étudiants ont à nouveau subi les brutalités des supporters du Président qui avaient formé des groupes paramilitaires.

TRAVAIL DES ENFANTS: L’âge minimum d’embauche dans tous les secteurs est de 15 ans, à l’exception du ser- vice domestique, pour lequel il est de 12 ans. Il existe également une loi autorisant les apprentis âgés de 12 à 16 ans à travailler. Le Code du travail interdit aux mineurs de travailler la nuit dans l’industrie. Ces interdictions sont une subti- lité légale ; la plupart du temps elles sont ignorées et rarement appliquées. Le même Code du travail interdit également le travail forcé ou obligatoire. Néanmoins des enfants travaillent dans le service domestique dans des conditions d’escla- vage. Les enfants domestiques suivent une coutume bien ancrée et largement acceptée en Haïti dénommée restavek. Sous le système restavek, les familles rurales désespérément pauvres envoient leurs enfants travailler comme domestiques chez des citadins, en échange d’être nourris, logés et, en principe, instruits. Les familles restaveks utilisent généralement les enfants comme esclaves, ne leur donnant aucune possibilité de s’instruire, les négligeant et abusant d’eux. D’après une étude des Nations Unies de 1998, les enfants restaveks seraient au nombre de 300 000. Plus de 20% d’entre eux ont entre 4 et 10 ans et 85% sont des filles. 23% des filles restaveks ont déclaré avoir été victimes de viol de la part de membres de la famille d’accueil. Près de 77% de ces enfants ne vont jamais à l’école. Parmi l’importante population d’enfants des rues de Port-au-Prince, on trouve de nombreux restaveks qui se sont enfuis, qui ont été abandonnés par leur famille d’ac- cueil, ou qui restent en servitude domestique mais ne sont ni logés ni nourris. Le ministère haïtien des Affaires sociales estime qu’il est pratiquement impossible d’enrayer cette pratique, avant tout motivée par des raisons économiques. En avril 2002, une organisation respectée de défense des droits humains a cependant publié un rapport décrivant la pratique comme étant abusive et appelant à son abolition. Haïti n’a pas ratifié les conventions 138 et 182 de l’OIT, en dépit du fait que le gouvernement ait signé en 2000 un Mémorandum d’accord avec l’IPEC de l’OIT qui a permis le lancement d’un projet de trois ans visant à sensibiliser l’opinion publique et à offrir une aide tangible aux victimes du travail des enfants. Le gouvernement a toutefois omis de définir les «pires formes du travail des enfants» et le «travail dangereux».

DROITS SYNDICAUX: Plusieurs syndicats, dont la CNEH, ont des plaintes en suspens contre le gouvernement déposées auprès de l’OIT et de la CISL, concernant des violations de droits des travailleurs. Les syndicats d’enseignants accusent le gouvernement de pratiques irrégulières. Ils accusent notamment le ministère de l’Education d’instaurer des changements dans le contrat de travail sans notification préalable ou vraie occasion de négocier les modifications. Les HAÏTI salaires des enseignants de l’école publique ont eu deux mois de retard à la fin 2002. Et en janvier 2003, les enseignants haïtiens ont organisé une grève de 48 heures pour réclamer l’application des hausses de salaires promises 64 mois plus tôt. L’IE s’inquiète beaucoup de la sécurité des dirigeants de la CNEH dans ce contexte de répression de plus en plus

BAROMÈTRE DE L’IE SUR LES DROITS HUMAINS ET SYNDICAUX DANS LE SECTEUR DE L’ÉDUCATION - 2004 147 HAÏTI

de violence et d’insécurité qui règne dans le pays, exacerbé par des manœuvres criminelles... de groupes proches du gou- vernement, [reste] un obstacle insurmontable à la reconnaissance des droits syndicaux. Les employeurs peuvent agir en toute impunité et des syndicalistes ont été agressés à plusieurs reprises par des groupes agissant au nom du parti au pou- voir. « Le 23 septembre 2002, un groupe armé de responsables locaux, dont le maire, a fait irruption à l’école secondai- re Cabaret où trois enseignants tenaient une réunion pour réadmettre 37 élèves renvoyés pour avoir manifesté contre les châtiments corporels à l’école. Les hommes armés ont traîné les enseignants dans le préau de l’école, leur ont glissé des pneus autour du cou et ont tenté d’y mettre le feu. Les enseignants ont été secourus par la police, alertée par les élèves. Les agresseurs n’ont fait l’objet d’aucune inculpation, mais les trois enseignants ont été contraints de prendre le maquis suite à l’intensification des menaces de mort à leur encontre. Bien que la Constitution haïtienne garantisse la liberté syn- dicale et le droit de grève, le Code du travail ne reconnaît pas le droit d’organisation aux travailleurs du secteur public. Toutefois, il existe bel et bien des syndicats dans ce secteur. Le Code protège le droit d’organisation des syndicats du sec- teur privé, mais le gouvernement ne s’efforce pas vraiment de faire respecter la loi. La négociation collective n’existe pas et les employeurs fixent les salaires unilatéralement. 50% de la population active d’Haïti est au chômage.

Organisation membre de l’IE / Nombre de membres: Confédération Nationale des Educateurs d'Haïti [CNEH] / 13.000 HAÏTI

148 BAROMÈTRE DE L’IE SUR LES DROITS HUMAINS ET SYNDICAUX DANS LE SECTEUR DE L’ÉDUCATION - 2004 HONDURAS République du Honduras • Population: 6.560.608

Population <15: 41,2% % du PNB afférent à l’enseignement: 4% Analphabétisme: 24,4% Espérance de vie à la naissance: m: 67,11 - f: 70,51 Taux de scolarisation brut, pré-primaire: Espérance de scolarité (années): Taux de scolarisation brut, primaire: 88% % d’élèves ayant atteint la 5ème année du primaire en 2000: Taux de scolarisation brut, secondaire: Nbre d’étudiants de l’enseignement supérieur par 100.000 habitants: 90.620 Nbre d’élèves du primaire par enseignant: % des dépenses du gouvernement afférentes à l’enseignement:

Ratification des Conventions du BIT: 29 87 98 100 105 111 138 169 182

SYSTEME EDUCATIF: En 2002, le gouvernement a consacré 23,7% de la totalité de ses dépenses à l’éducation obligatoire, mais cela n’a pas été suffisant pour répondre aux besoins éducatifs des enfants honduriens. Le Honduras veut instaurer l’éducation primaire gratuite, universelle et obligatoire jusqu’en 9ème année. Depuis l’édition de 2001 du Baromètre de l’IE, la nouvelle estimation du gouvernement quant au nombre d’enfants âgés de 6 à 12 ans qui ne reçoi- vent aucun enseignement quelconque est passée de 175 000 à 65 000. La loi oblige le département de police à imposer une amende aux parents qui n’inscrivent pas leurs enfants à l’école. Fréquentée par 35 000 étudiants, l’Université natio- nale autonome du Honduras, à Tegucigalpa, est la principale institution d’enseignement supérieur du pays. Il existe trois universités privées de bonne réputation. Bien qu’il n’y ait pas d’obstacle formel à la participation d’environ 700 000 per- sonnes handicapées dans le marché de l’emploi, dans l’éducation ou les soins de santé, aucune protection spéciale sta- tutaire ou constitutionnelle ne garantit ces droits.

EGALITES DES SEXES: La loi garantit l’égalité d’accès à l’éducation entre garçons et filles et les filles terminent l’école primaire et secondaire en nombre un peu plus élevé que les garçons. Ceci se reflète au niveau tertiaire où les jeu- nes filles représentent 58% des inscriptions. Selon la loi, les employeurs sont tenus de verser aux femmes un salaire égal pour un travail égal, mais les employeurs classent souvent les emplois des femmes comme étant moins ardus que celui des hommes pour justifier de moins les payer.

LIBERTE ACADEMIQUE: Aucun rapport ne mentionne une restriction de la liberté académique de la part du gouvernement.

TRAVAIL DES ENFANTS: L’embauche de mineurs de moins de 16 ans est interdite. A partir de 15 ans, le travail est autorisé avec l’autorisation des parents et celui du ministère du Travail. Le Code des enfants interdit le travail des enfants âgés de 14 ans ou moins, même avec autorisation parentale. Des infractions au Code se produisent fréquemment dans les régions rurales et dans les petites entreprises. Beaucoup d’enfants travaillent dans des petites fermes familiales, HONDURAS vendent des produits dans les rues ou travaillent dans des ateliers pour augmenter le revenu familial. Le ministère du Travail indique que quelque 400 000 enfants travaillent illégalement et que le travail des enfants dans l’industrie de la construction constitue un problème particulièrement grave. Les associations d’employeurs font campagne pour sensibi- liser leurs membres à la loi. En mai 2002, l’OIT a lancé des programmes de lutte pour l’éradication des pires formes du travail des enfants dans la production de café et de melons. Le gouvernement estime que le pays compte 20 000 enfants des rues, dont la plupart se trouvent à Tegucigalpa et à San Pedro Sula, les deux plus grandes zones urbaines. 75% de ces enfants vivent dans la rue en raison de graves problèmes familiaux, 30% parce qu’ils ont été abandonnés. Environ 40% d’entre eux se livrent à la prostitution et à d’autres pires formes de travail des enfants. Au moins un sur trois est séropo-

BAROMÈTRE DE L’IE SUR LES DROITS HUMAINS ET SYNDICAUX DANS LE SECTEUR DE L’ÉDUCATION - 2004 149 HONDURAS

sitif. La prostitution enfantine est aussi un problème dans certaines régions touristiques et frontalières du pays. Des réseaux criminels font le trafic d’enfants honduriens, spécialement des filles, vers d’autres pays d’Amérique centrale, vers les Etats-Unis et le Canada à des fins d’exploitation sexuelle. Les campagnes dites de «nettoyage social « des enfants des rues constituent un grave problème. En septembre 2002, le Rapporteur spécial pour les enfants de la Commission inter- américaine sur les droits humains (IAHR) a visité le pays pour évaluer le problème des exécutions extrajudiciaires, arbi- traires et sommaires de jeunes et d’enfants. Selon des organismes nationaux et internationaux oeuvrant pour les droits humains, des entreprises de surveillance publique et privée, ainsi que des hommes d’affaires influents sont impliqués dans les escadrons de la mort qui agissent avec la complicité tacite de la police. Le rapport annuel 2003 d’Amnesty International, citant l’ONG Casa Alianza, révèle que 556 enfants des rues ont été assassinés en 2002. Dans leur grande majorité, les victimes n’avaient pas de casier judiciaire, contrairement à la perception du public qui, en général, ne réprouve pas les escadrons de la mort.

DROITS SYNDICAUX: Les travailleurs ont le droit de former des syndicats et d’y adhérer. La loi protège le droit d’organisation et de négociation collective des travailleurs. Des organisations mises sur pied par les employeurs sapent le fonctionnement des syndicats. Ces associations n’autorisent pas la grève, n’ont pas de procédure adéquate de gestion des plaintes et subissent la loi de l’employeur. L’arbitrage obligatoire peut être imposé pour le règlement de conflits dans les services publics non essentiels. La Constitution prévoit le droit de grève, mais le Code de la fonction publique interdit le droit de grève à tous les employés du gouvernement autres que ceux des entreprises d’Etat. Néanmoins, les enseignants du secteur public mènent souvent des actions de grève sans encourir de représailles. Les enseignants de l’école secondai- re ont été en grève pendant deux mois en 2002 pour réclamer une hausse salariale supplémentaire. Une délégation de l’IE accompagnée des affiliés honduriens de l’IE a rencontré le ministre de l’Education en avril 2002 pour discuter de la proposition du gouvernement d’abolir l’actuel statut de la profession enseignante. La délégation a demandé au minist- re de faire en sorte que les organisations d’enseignants participent au processus avant que les réformes ne deviennent officielles.

Organisation membre de l’IE / Nombre de membres: Colegio Profesional 'Superación Magisterial' Hondureño [COLPROSUMAH] / 36.429 Colegio de Profesores de Educación Media de Honduras [COPEMH] / 7.000 Colegio Profesional Unión Magisterial de Honduras [COPRUMH] / 1.280 Primer Colegio Profesional Hondureño de Maestros [PRICPHMA] / 12.000 HONDURAS

150 BAROMÈTRE DE L’IE SUR LES DROITS HUMAINS ET SYNDICAUX DANS LE SECTEUR DE L’ÉDUCATION - 2004 HONGRIE République de Hongrie • Population: 10.075.034

Population <15: 16,7% % du PNB afférent à l’enseignement: Analphabétisme: 1% Espérance de vie à la naissance: m: 67 - f: 76 Taux de scolarisation brut, pré-primaire: 108% Espérance de scolarité (années): m: 13 - f: 14 Taux de scolarisation brut, primaire: 90% % d’élèves ayant atteint la 5ème année du primaire en 2000: Taux de scolarisation brut, secondaire: 98,6% Nbre d’étudiants de l’enseignement supérieur par 100.000 habitants: 330.549 Nbre d’élèves du primaire par enseignant: 15 % des dépenses du gouvernement afférentes à l’enseignement: 14,1%

Ratification des Conventions du BIT: 29 87 98 100 105 111 138 169 182

SYSTEME EDUCATIF: L‘éducation est obligatoire jusqu’à l’âge de 16 ans. L’enseignement primaire est gratuit et le gouvernement prend en charge la majeure partie du coût de l’enseignement secondaire et supérieur. En 1999-2000, 366.000 enfants âgés de 3 ans et plus étaient inscrits dans 4.643 établissements d’éducation de la petite enfance qui employaient 31.000 enseignants diplômés.. Au cours de la même période, 83.000 enseignants donnaient cours à 960.000 élèves dans 3.700 écoles primaires. Une majorité des élèves commence l’apprentissage d’une seconde langue au niveau primaire, en général l’allemand ou l’anglais. Durant l’année académique 1999-2000, 511.000 étudiants fréquentaient le cycle secondaire à plein temps. Les quatre religions reconnues historiquement - catholique romaine, calviniste, luthé- rienne et juive - ont des écoles qui fonctionnent de manière autonome. La Hongrie a commencé à dispenser une éduca- tion pour les enfants handicapés dès le début du 19ème siècle. Depuis les années 1980, les enfants ayant des besoins spé- cifiques sont de plus en plus intégrés dans le système éducatif régulier. Il est courant de placer des enfants rom dans des programmes de rattrapage destinés à des élèves ayant des handicaps mentaux ou un résultat scolaire médiocre. Il existe également des écoles rom où la ségrégation est appliquée qui sont surpeuplées, mal équipées et en piteux état. Un obs- ervateur gouvernemental estime qu’au moins 700 écoles pratiquent la ségrégation avec des classes spéciales pour les élè- ves rom. Les Rom constituent environ 9% de la population. Etant donné que le gouvernement refuse de rassembler des données ethniques, des chiffres fiables sur les inscriptions et la réussite scolaire des Rom ne sont pas disponibles. Le gou- vernement répond aux critiques de sa politique en citant un programme de bourses dont ont bénéficié 12.777 élèves rom durant l’année académique 2000-01. En 2001, le gouvernement a converti les allocations familiales en allocations de fréquentation scolaire, ostensiblement pour persuader les enfants rom à aller à l’école. Cependant, la majorité des Rom est extrêmement pauvre, avec un taux de chômage de 70%, et vit généralement dans de petits villages isolés où il n’y a pas d’école secondaire. La Hongrie compte 21 universités publiques et 5 universités appartenant à l’Eglise et 63 autres institutions d’enseigne- ment supérieur. Dans l’enseignement supérieur, le nombre d’inscrits, âgés de 18 à 22 ans, est passé de 14% en 1989 à 28% en 1999. L’objectif du gouvernement de faire progressivement passer ce taux à environ 50% semble pouvoir se réali- ser. Les réformes proposées dans la législation régissant l’éducation ont été présentées en 2003. Il a été proposé un chan- gement du nombre d’heures de travail pour les enseignants. HONGRIE

EGALITES DES SEXES: Les femmes ne sont pas désavantagées par le système éducatif hongrois. Elles représen- tent environ 53% des inscriptions dans les établissements de l’enseignement supérieur.

LIBERTE ACADEMIQUE: Aucun rapport n’indique une restriction de la liberté académique de la part du gou- vernement.

BAROMÈTRE DE L’IE SUR LES DROITS HUMAINS ET SYNDICAUX DANS LE SECTEUR DE L’ÉDUCATION - 2004 151 HONGRIE

TRAVAIL DES ENFANTS: L’embauche d’enfants de moins de 15 ans est illégale. Si le pays était autrefois essen- tiellement un centre de trafic d’enfants destinés à la prostitution forcée, il est également de plus en plus un lieu de trans- it et de destination du trafic d’enfants. Le trafic des mineurs est punissable de peines allant jusqu’à dix ans de prison. S’il s’agit d’un trafic organisé est en cause, la sentence peut être l’emprisonnement à vie. Les organisations pour la défense des droits des femmes, l’Organisation internationale pour les migrations (OIM) et le ministère de la Jeunesse et des Sports organisent des programmes de sensibilisation et de prévention dans les écoles.

DROITS SYNDICAUX: Des modifications importantes apportées au Code du travail sont entrées en vigueur le 1er septembre 2002. Les changements suppriment les points de la législation du travail les plus controversés introduits par le gouvernement précédent. Le Code du travail reconnaît aux travailleurs la liberté syndicale et le droit d’organisation. La négociation collective est autorisée dans l’entreprise et au niveau industriel. Une loi distincte prévoit que les fonc- tionnaires peuvent négocier leurs conditions de travail, mais que la décision finale d’augmenter les salaires appartient au parlement. A l’exception des militaires et des forces de police, les travailleurs bénéficient du droit de grève.

Organisation membre de l’IE / Nombre de membres: Trade Union of Employees in Higher Education [FDSZ] / 5.900 Teachers' Democratic Union of Hungary [PDSZ] / 7.307 Syndicat des Enseignants de Hongrie [SEH] / 203.000 Democratic Trade Union of Scientific Workers [TDDSZ] / 3.000 HONGRIE

152 BAROMÈTRE DE L’IE SUR LES DROITS HUMAINS ET SYNDICAUX DANS LE SECTEUR DE L’ÉDUCATION - 2004 ILES VIERGES BRITANNIQUES Population: 21.272

Population <15: 22,4% % du PNB afférent à l’enseignement: Analphabétisme: 2% Espérance de vie à la naissance: m: 74,9 - f: 76,84 Taux de scolarisation brut, pré-primaire: Espérance de scolarité (années): Taux de scolarisation brut, primaire: % d’élèves ayant atteint la 5ème année du primaire en 2000: Taux de scolarisation brut, secondaire: Nbre d’étudiants de l’enseignement supérieur par 100.000 habitants: Nbre d’élèves du primaire par enseignant: 16 % des dépenses du gouvernement afférentes à l’enseignement:

Ratification des Conventions du BIT: 29 87 98 100 105 111 138 169 182

SYSTEME EDUCATIF: L’éducation est obligatoire. Elle est gratuite dans les 15 écoles primaires et les trois écoles secondaires publiques des îles. Il existe également huit écoles primaires privées. Les étudiants qui désirent poursuivre leurs études au-delà du niveau secondaire peuvent s’inscrire aux cours à distance de l’Université des Indes occidentales. Des bourses sont offertes aux étudiants souhaitant s’inscrire à l’Université des Indes occidentales ou dans des universités d’Amérique du Nord ou de Grande-Bretagne. Les IVB sont un membre associé de l’UNESCO.

EGALITES DES SEXES: Aucune information n’est disponible dans les rapports publiés.

LIBERTE ACADEMIQUE: Le territoire ne possède pas d’université ou d’institution d’enseignement supérieur de ILES VIERGES BRITANNIQUES statut équivalent.

TRAVAIL DES ENFANTS: Aucune information n’est disponible dans les rapports publiés.

DROITS SYNDICAUX: Aucune information n’est disponible dans les rapports publiés.

Organisation membre de l’IE / Nombre de membres: British Virgin Islands Teachers' Union [BVITU] / 100

Les Iles vierges britanniques sont un territoire dépendant du Royaume-Uni jouissant d'une grande autonomie.

BAROMÈTRE DE L’IE SUR LES DROITS HUMAINS ET SYNDICAUX DANS LE SECTEUR DE L’ÉDUCATION - 2004 153 INDE République de l’Inde • Population: 1.045.845.226

Population <15: 33,7% % du PNB afférent à l’enseignement: 4,1% Analphabétisme: 42% Espérance de vie à la naissance: m: 62 - f: 63 Taux de scolarisation brut, pré-primaire: Espérance de scolarité (années): Taux de scolarisation brut, primaire: % d’élèves ayant atteint la 5ème année du primaire en 2000: m: 68 - f: / Taux de scolarisation brut, secondaire: m: 59 - f: 39% Nbre d’étudiants de l’enseignement supérieur par 100.000 habitants: 12,7 Nbre d’élèves du primaire par enseignant: % des dépenses du gouvernement afférentes à l’enseignement:

Ratification des Conventions du BIT: 29 87 98 100 105 111 138 169 182

SYSTEME EDUCATIF: L’éducation primaire n’est ni gratuite, ni obligatoire, ni universelle. En 2002, la Chambre basse du Parlement indien a voté un amendement constitutionnel accordant à tous les enfants de 6 à 14 ans le droit à une éducation publique, gratuite et obligatoire. Un certain nombre de processus politiques et sociaux doivent être mis en place avant d’en voir les effets. Des 203 millions d’enfants ayant droit à un enseignement fondamental en 2002-2003, seulement 120 millions fréquentaient les écoles. La pauvreté et l’appartenance à un sexe déterminé ainsi que les poli- tiques des États et du gouvernement national contribuent à ce qu’un aussi grand nombre d’enfants soient obligés de tra- vailler et n’aillent pas à l’école. Le Rapport mondial de suivi sur l’Education Pour Tous (EPT) 2003-04 estime que l’Inde risque de ne réaliser ni l’égalité des sexes d’ici 2005, ni l’éducation pour tous d’ici 2015. Avec le Pakistan, le Bangladesh, le Nigeria et la République Démocratique du Congo, l’Inde intervient pour plus de 50% des enfants qui ne vont pas à l’é- cole. Les systèmes scolaires des différents États de l’Inde sont sous le contrôle direct des gouvernements des États. Le ministère fédéral de l’Éducation soutient les systèmes des États et subventionne les établissements d’enseignement supé- rieur nationaux. Dans l’État du Gujerat, les sentiments nationalistes extrémistes trouvent un écho dans la révision des livres scolaires qui dénigrent les religions autres que l’hindouisme. Un recours auprès de la Cour suprême sur le conte- nu des livres a abouti à la décision que ces livres n’étaient pas anticonstitutionnels. Il existe aujourd’hui un manuel sco- laire standard valable pour tous les États. L’Inde héberge des centaines de milliers de personnes déplacées et de réfugiés qui vivent dans des conditions de grande pauvreté et dont les enfants ne sont que très peu scolarisés. Les enfants de millions de Bengalis résidant illégalement en Inde n’ont pas accès à l’éducation. Le pays compte 16 universités natio- nales, 259 universités d’États et environ 11.000 autres institutions d’enseignement supérieur. Le système traditionnel des castes, combiné à des différences d’ethnies, de religions et de langues divise fortement la société indienne. Malgré des lois destinées à prévenir les discriminations, les pratiques culturelles ont un profond impact discriminatoire. Les discrimina- tions à l’encontre des femmes, des handicapés, des autochtones et des minorités nationales, raciales et ethniques consti- tuent un réel problème.

EGALITES DES SEXES: Plus de la moitié de la population féminine adulte de l’Inde est analphabète, contre un tiers de la population masculine. Selon de récentes données de l’UNICEF, 59% des garçons et 38% des filles sont inscrits dans l’enseignement secondaire. Presque un tiers des étudiants du cycle supérieur sont de sexe féminin. En 2000, les fem- mes intervenaient pour 35% du total des enseignants des écoles primaires, selon le rapport EPT (Education Pour Tous). Ce chiffre a augmenté par rapport aux 28% enregistrés en 1990. Le Comité des Nations Unies pour l’élimination de tou- tes les formes de discrimination envers les femmes (CEDAW) a recommandé une large gamme de réformes législatives, des ressources supplémentaires et une action énergique de la part du gouvernement pour éliminer les inégalités. Malgré le fait que de nombreuses lois existent pour protéger les droits des femmes, le gouvernement n’a pas mis la législation INDE

154 BAROMÈTRE DE L’IE SUR LES DROITS HUMAINS ET SYNDICAUX DANS LE SECTEUR DE L’ÉDUCATION - 2004 INDE

en vigueur avec suffisamment de fermeté, surtout dans les régions rurales, dans lesquelles les traditions sont profondé- ment ancrées.

LIBERTE ACADEMIQUE: Aucun rapport ne mentionne de restriction de la liberté académique de la part du gou- vernement.

TRAVAIL DES ENFANTS: L’Inde a voté l’adoption des conventions 138 et 182 lors des conférences de l’OIT, mais elle n’a encore ratifié aucune de ces deux conventions. Et l’Inde n’a pas non plus introduit de législation pour soutenir l’élimination des pires formes du travail des enfants. Des estimations bien fondées de l’ampleur du travail des enfants en Inde varient dans une large mesure, mais reflètent le fait bien connu que plus de la moitié de la population en âge d’école ne fréquente pas l’école et ne bénéficie pas d’une éducation formelle. Des millions de jeunes enfants travaillent dans l’exploitation agricole familiale ou avec leurs parents comme main-d’œuvre agricole. Des enfants travaillent comme domestiques. On les emploie dans l’industrie du nouage manuel des tapis, dans le polissage des pierres précieu- ses, dans le travail du cuivre et des articles en cuivre, la production du verre et des articles de verrerie, dans le secteur de la chaussure, du textile, de la soie et la fabrication de feux d’artifice. Plus de la moitié des enfants travailleurs de l’Inde exercent des activités dangereuses dans ce travail. Le travail forcé est interdit, mais dans l’industrie du tapis à elle seule, les organisations de défense des droits de l’homme estiment que des centaines de milliers d’enfants travaillent dans des conditions qui sont analogues à du travail forcé. «Human Rights Watch» (HRW) estime que quelque 15 millions d’en- fants en Inde sont soumis au travail forcé. Les enfants des immigrés illégaux originaires du Bangladesh font particuliè- rement l’objet d’exploitation. L’Inde compte au moins 500 000 enfants des rues, dont la plupart vivent dans des condi- tions de pauvreté abjectes. Ils sont souvent l’objet d’abus sexuels et de tromperies et courent un risque élevé d’être infec- tés par le VIH/SIDA, tout comme les 575 000 enfants prostitués d’Inde. Le trafic d’enfants à des fins de prostitution est un problème largement répandu. Le gouvernement participe au programme IPEC de l’OIT et collabore avec d’autres agen- ces du système de l’ONU mais tous les efforts fournis ne profitent qu’à une petite partie des enfants travailleurs. La per- sistance du travail des enfants peut en partie s’expliquer par l’acceptation sociale de cette pratique, mais c’est le gouver- nement fédéral et les gouvernements des États qui sont principalement responsables de cette situation, dès lors qu’ils sont incapables de fournir un enseignement primaire universel.

DROITS SYNDICAUX: La Constitution garantit la liberté syndicale. En général, la négociation collective consti- tue le mode normal de fixer les salaires et de résoudre les conflits dans le secteur formel de l’économie. Les syndicalistes ont le droit de grève, mais les fonctionnaires sont régis par des règles de conduite. Selon ces règles, un employé du sec- teur public ne peut avoir recours à aucune forme de grève ou moyen de coercition avec toute affaire concernant son ser- vice. L’organisation de représentations conjointes est une subversion de la discipline et n’est pas autorisée. Le gouverne- ment a invoqué les dispositions contenues dans ces règles de conduite comme une des raisons pour lesquelles il n’a pas ratifié les conventions 87 et 98 de l’OIT. Plusieurs États emploient des «para-enseignants». Ils touchent des salaires de misère et ne bénéficient d’aucune formation. Ces «para-enseignants» sont supposés travailler aux côtés d’enseignants ayant eux bénéficié d’une formation, dans des secteurs où il y a pénurie d’enseignants. Vers la mi-2002, la police a arrê- té 30 membres des syndicats d’enseignants et un groupe de militants, les soupçonnant d’être des membres du Groupe du

peuple pour la guerre (le parti communiste marxiste-léniniste d’Inde). Certains détenus ont été torturés et les ensei- INDE gnants ont été condamnés à démissionner. En juillet 2003, le secrétaire général de l’IE a écrit au Premier ministre de l’État de Tamil Nadu pour exprimer sa préoccupation sur les arrestations massives et les licenciements de syndicalistes. Plus de 2 400 personnes avaient été arrêtées, y compris 14 hauts dirigeants syndicaux.

BAROMÈTRE DE L’IE SUR LES DROITS HUMAINS ET SYNDICAUX DANS LE SECTEUR DE L’ÉDUCATION - 2004 155 INDE

Organisation membre de l’IE / Nombre de membres: All India Association for Christian Higher Education [AIACHE] / 17.400 All India Federation of Educational Associations [AIFEA] / 135.800 All India Federation of Teachers' Organisations [AIFTO] / 1.600.000 All India Primary Teachers' Federation [AIPTF] / 2.700.000 All India Secondary Teachers' Federation [AISTF] / 1.200.000 INDE

156 BAROMÈTRE DE L’IE SUR LES DROITS HUMAINS ET SYNDICAUX DANS LE SECTEUR DE L’ÉDUCATION - 2004 INDONESIE République d’Indonésie • Population: 231.328.092

Population <15: 30,4% % du PNB afférent à l’enseignement: Analphabétisme: 12,7% Espérance de vie à la naissance: m: 66,24 - f: 71,13 Taux de scolarisation brut, pré-primaire: 18% Espérance de scolarité (années): Taux de scolarisation brut, primaire: 92% % d’élèves ayant atteint la 5ème année du primaire en 2000: 97% Taux de scolarisation brut, secondaire: m: 55 - f: 48% Nbre d’étudiants de l’enseignement supérieur par 100.000 habitants: 3.017.887 Nbre d’élèves du primaire par enseignant: % des dépenses du gouvernement afférentes à l’enseignement:

Ratification des Conventions du BIT: 29 87 98 100 105 111 138 169 182

SYSTEME EDUCATIF: Le rapport de suivi de l’Education Pour Tous (EPT) concernant l’Indonésie en appelait à un accès universel à l’enseignement primaire d’ici l’an 2000 et soutenait un programme de scolarité obligatoire de 9 ans. Un manque de ressources a empêché le gouvernement de remplir cet engagement. D’après l’UNICEF, 96% des enfants âgés de 7 à 12 ans étaient inscrits à l’école ; parmi les enfants âgés de 13 à 15 ans, 79% étaient scolarisés ; et parmi les enfants âgés de 16 à 18, ce chiffre s’élevait à 49%. Les statistiques officielles indiquent que la majorité des enfants s’ins- crivent en première année. De nombreux enfants abandonnent avant d’avoir achevé l’étape obligatoire de l’enseigne- ment. Les frais, officiels et officieux, comprenant les droits d’inscription, les livres, les examens, les évaluations et les uni- formes, ont placé l’éducation au-dessus des moyens de nombreuses familles. On donne priorité à l’éducation des fils lorsque les parents ne peuvent pas se permettre d’envoyer tous leurs enfants à l’école. Selon des estimations de l’UNICEF, plus d’un million d’enfants abandonnent chaque année l’école primaire. La minorité chinoise, environ 3% de la popu- lation, est défavorisée. Les élèves chinois doivent présenter un certificat de citoyenneté indonésienne avant de pouvoir être inscrits, ce qui n’est pas le cas pour les autres citoyens. La participation des étudiants chinois aux universités d’Etat est limitée par des quotas officieux qui déterminent le nombre d’étudiants qu’elles peuvent accueillir. Théoriquement, la loi garantit aux enfants l’accès à une éducation et à un traitement de rééducation. Cependant, de nombreux jeunes souf- frant d’infirmités ont rencontré des difficultés à recevoir à la fois l’éducation et les traitements nécessaires.

EGALITES DES SEXES: D’après l’UNICEF, le taux d’analphabétisme chez les femmes est de 18%, tandis qu’il s’é- lève à 8% chez les hommes. Les garçons sont plus susceptibles de terminer l’école primaire et près d’un million de filles âgées de 7 à 12 ans ne reçoivent aucune instruction. Environ un tiers des étudiants inscrits dans l’enseignement supé- rieur sont des femmes. Dans certaines régions du pays, on pratique les mutilations génitales féminines (MGF). Des rap- ports indiquent que les mutilations ne sont pas aussi graves que dans de nombreux autres pays.

LIBERTE ACADEMIQUE: La loi garantit la liberté académique. Bien qu’il existe certaines contraintes et des cas

d’autocensure, les cours ne font pas l’objet de restrictions et les séminaires que le gouvernement voit parfois d’un mau- INDONESIE vais œil ne sont pas supprimés.

TRAVAIL DES ENFANTS: Le gouvernement participe au projet OIT/IPEC en collaboration avec des ONG et le syndicat affilié de l’IE, PGRI. Quelques progrès ont été réalisés dans la mise sur pied d’un plan national destiné à élimi- ner les pires formes du travail des enfants. La loi interdit aux enfants de moins de 15 ans de travailler plus de 4 heures par jour, mais l’application de la loi est laxiste. L’UNICEF déclarait en 2000 que plus de 6 millions d’enfants âgés de 7 à 15 ans n’allaient pas à l’école. Bien qu’on ne dispose pas de chiffres exacts, on estime à 1,5 million le nombre d’enfants qui sont en servitude domestique. 35% des enfants qui travaillent le font dans des conditions dangereuses comme fai-

BAROMÈTRE DE L’IE SUR LES DROITS HUMAINS ET SYNDICAUX DANS LE SECTEUR DE L’ÉDUCATION - 2004 157 INDONESIE

seurs de poubelles ou dans des usines de chaussures et dans l’industrie chimique. D’autres encore travaillent sur des pla- tes-formes de pêche au large de l’île de Sumatra Nord dans des conditions proches du travail en servitude. L’industrie du meuble en bois et en rotin, l’industrie du textile et de la chaussure, l’industrie alimentaire et les entreprises de fabrica- tion de jouets engagent encore nombre d’entre eux. Les enfants qui travaillent en usine accomplissent généralement le même nombre d’heures que les adultes. L’Indonésie est une source majeure, un point de transit et un lieu de destination du trafic d’enfants destinés à la prostitution forcée. Le nombre d’enfants prostitués est officiellement de 50 000 mais cer- taines ONG estime qu’il est proche des 300 000. Les ONG accuse le personnel chargé de faire respecter la loi de traiter les enfants prostitués comme des criminels au lieu de les considérer comme des victimes. L’exploitation sexuelle de jeunes garçons est un problème à Bali, et il est demandé au gouvernement d’expulser les pédophiles étrangers.

DROITS SYNDICAUX: La CISL affirme que la nouvelle législation en matière de travail, qui a été introduite en 2003, menace sérieusement le droit de grève, notamment pour les fonctionnaires, et la négociation collective. La loi pré- voit que les activités syndicales doivent être financées par les cotisations syndicales, mais elle n’indique pas comment per- cevoir ces cotisations ou si la direction a un quelconque rôle dans la perception de ces cotisations. Les travailleurs, y com- pris les fonctionnaires, peuvent s’associer et s’affilier au syndicat de leur choix. Bien que les règlements du gouverne- ment interdisent aux employeurs de faire preuve de discrimination ou de harceler les employés qui seraient membres d’un syndicat, des rapports crédibles signalent des peines infligées par des employeurs à des organisateurs syndicaux. Certains enseignants ont dirigé des manifestations et des grèves au cours de la période écoulée. Les enseignants peuvent s’affilier à un syndicat ou former leur propre syndicat, et la limite du nombre de syndicats dans un secteur a été suppri- mée. En pratique, les accords de négociation collective vont rarement au-delà des normes minimales légales établies par le gouvernement.

Organisation membre de l’IE / Nombre de membres: Teachers' Association of the Republic of Indonesia [PGRI] / 1.300.000

Depuis la deuxième édition du Baromètre de l'IE, le Timor oriental (voir Timor-Leste) a réussi à se séparer de la République d'Indonésie. L'Indonésie se compose d'un ensem- ble très diversifié de peuples établis dans 6.000 îles. Ceux-ci furent artificiellement réunis durant la période coloniale hollandaise. Les tensions sont nombreuses et des mou- vements séparatistes se sont formés dans une série de divisions administratives ; en particulier à Aceh (Sumatra Nord) et en Papouasie occidentale (Irian Jaya). L'Indonésie leur a accordé un statut d'autonomie spéciale en espérant saper les aspirations séparatistes. Les conflits qui ont eu lieu dans tout l'archipel ont perturbé l'éducation de nom- breux enfants en 2002. Menée de longue date, la politique de transmigration d'Indonésiens originaires de provinces surpeuplées est une source permanente de friction. INDONESIE

158 BAROMÈTRE DE L’IE SUR LES DROITS HUMAINS ET SYNDICAUX DANS LE SECTEUR DE L’ÉDUCATION - 2004 IRLANDE République d’Irlande • Population: 3.883.159

Population <15: 21,2% % du PNB afférent à l’enseignement: 4,2% Analphabétisme: 1% Espérance de vie à la naissance: m: 74 - f: 80 Taux de scolarisation brut, pré-primaire: Espérance de scolarité (années): Taux de scolarisation brut, primaire: 90% % d’élèves ayant atteint la 5ème année du primaire en 2000: 98% Taux de scolarisation brut, secondaire: Nbre d’étudiants de l’enseignement supérieur par 100.000 habitants: 124.000 Nbre d’élèves du primaire par enseignant: 22 % des dépenses du gouvernement afférentes à l’enseignement: 13,2%

Ratification des Conventions du BIT: 29 87 98 100 105 111 138 169 182

SYSTEME EDUCATIF: L’instruction est gratuite et obligatoire pour les enfants de 6 à 16 ans. En pratique, la plu- part des enfants débutent leur scolarité à l’âge de 4 ou 5 ans et vont à l’école jusqu’à 18 ans. Les deux premières années du cycle primaire, qui en compte huit, font office d’éducation préscolaire, bien qu’il existe de nombreux établissements privés d’accueil de la petite enfance pour les enfants âgés de 2 à 5 ans. Le système éducatif est co-géré par l’Etat et plu- sieurs organismes privés - la plupart d’entre eux étant liés à l’Eglise catholique romaine. Des représentants de la com- munauté locale, y compris les parents et les enseignants, prennent part à la gestion des écoles. Une minorité d’écoles primaires est contrôlée par des organismes représentant la communauté de langue irlandaise ou promouvant un ensei- gnement non confessionnel. Leur structure est presque identique à celle des écoles confessionnelles. Les écoles profes- sionnelles représentent un tiers des établissements de l’enseignement secondaire. Elles sont dirigées par des autorités édu- catives locales. Par ailleurs, il existe également des écoles communautaires et secondaires générales. Dans tous les cas, la gestion se répartit entre les autorités ecclésiastiques, les autorités locales et la communauté, y compris les parents et les enseignants. La langue irlandaise fait partie du programme scolaire de toutes les écoles subventionnées par le gou- vernement, mais moins de 10.000 élèves parlent l’irlandais comme première langue. Les gens du voyage, une commu- nauté itinérante d’environ 25.000 individus, plus ou moins semblables aux Roms, sont souvent victimes de discrimina- tion. En dépit des lois, les gens du voyage rencontrent des difficultés pour inscrire leurs enfants à l’école, particulière- ment dans des classes normales. Les organisations irlandaises membres de l’IE oeuvrent activement à rendre l’ensei- gnement plus accessible et les écoles plus accueillantes aux gens du voyage. Les élèves qui présentent un handicap ou qui ont des besoins éducatifs spécifiques ne bénéficient pas d’infrastructures adaptées. Les immigrés et les réfugiés cons- tituent un problème pour la société irlandaise, et des éducateurs non préparés sont confrontés à des formes pernicieuses de racisme. Il existe des universités à Dublin (3), Cork, Limerick et Galway. L’Irlande compte cinq centres de formation d’enseignants subventionnés par l’Etat et plusieurs divers instituts techniques qui dispensent des diplômes post-secon- daires et des cours menant à une licence. En collaboration avec des enseignants d’Irlande du Nord, Amnesty International et l’Internationale de l’Education, INTO, qui représente les enseignants primaires, a participé à une initia- tive visant à développer dans les écoles primaires un programme d’éducation en matière de droits humains.

EGALITES DES SEXES: Les filles sont aussi nombreuses que les garçons dans le système éducatif. Sur le plan légal, IRLANDE les femmes ne peuvent faire l’objet de discriminations sur le marché de l’emploi. Néanmoins, elles sont généralement moins bien payées pour un travail de valeur égale dans le secteur privé et sont sous-représentées parmi les cadres à haute responsabilité. La loi sur la protection de la maternité prévoit 14 semaines de congé de maternité et le droit de récupérer son poste. La loi sur le congé parental donne le droit à chaque parent de bénéficier de 14 semaines de congé sans solde afin de prendre soin d’un enfant âgé de moins de 5 ans.

BAROMÈTRE DE L’IE SUR LES DROITS HUMAINS ET SYNDICAUX DANS LE SECTEUR DE L’ÉDUCATION - 2004 159 IRLANDE

LIBERTE ACADEMIQUE: Aucun rapport ne fait état d’une restriction de la liberté académique de la part du gou- vernement.

TRAVAIL DES ENFANTS: Il est interdit aux jeunes de moins de 16 ans d’exercer un travail à temps plein. Par contre, les employeurs peuvent engager des jeunes de 14 ou 15 ans pour des travaux légers pendant les vacances scolai- res, dans le cadre d’un stage professionnel convenu ou d’un programme pédagogique. Les jeunes de 15 ans peuvent tra- vailler à temps partiel durant l’année scolaire. La loi sur le trafic d’enfants et la pornographie renforce les mesures visant à protéger les enfants de l’exploitation sexuelle, y compris tout échange d’informations sur Internet. La loi condamne le trafic d’enfants à des fins d’exploitation sexuelle, et prévoit des peines allant jusqu’à la prison à perpétuité.

DROITS SYNDICAUX: Environ 50% des travailleurs sont affiliés à un syndicat. Ce taux passe à 90% chez les ensei- gnants. Le droit de grève est librement exercé tant dans le secteur public que privé. La plupart des modalités d’emploi sont déterminées par le biais de conventions collectives, dans le cadre d’un pacte économique national, négocié tous les trois ans par les «partenaires sociaux» (syndicats, employeurs, agriculteurs et gouvernement). La loi sur l’égalité dans l’emploi proscrit toute discrimination sur le marché de l’emploi basée sur le sexe, l’état civil ou le statut familial, l’o- rientation sexuelle, la religion, l’âge, le handicap, l’origine ou l’appartenance à la communauté des gens du voyage. La loi sur l’égalité de statut étend cette proscription de la discrimination à d’autres domaines de la société.

Organisation membre de l’IE / Nombre de membres: Association of Secondary Teachers [ASTI] / 16.500 Irish Federation of University Teachers [IFUT] / 1.595 Irish National Teachers' Organisation [INTO] / 30.174 Teachers' Union of Ireland [TUI] / 11.000 IRLANDE

160 BAROMÈTRE DE L’IE SUR LES DROITS HUMAINS ET SYNDICAUX DANS LE SECTEUR DE L’ÉDUCATION - 2004 ISLANDE République d’Islande • Population: 279.384

Population <15: 23,2% % du PNB afférent à l’enseignement: Analphabétisme: 1% Espérance de vie à la naissance: m: 77,42 - f: 82,07 Taux de scolarisation brut, pré-primaire: 80% Espérance de scolarité (années): Taux de scolarisation brut, primaire: 102% % d’élèves ayant atteint la 5ème année du primaire en 2000: Taux de scolarisation brut, secondaire: Nbre d’étudiants de l’enseignement supérieur par 100.000 habitants: 10.184 Nbre d’élèves du primaire par enseignant: % des dépenses du gouvernement afférentes à l’enseignement:

Ratification des Conventions du BIT: 29 87 98 100 105 111 138 169 182

SYSTEME EDUCATIF: L’instruction est gratuite et obligatoire jusqu’à l’âge de 16 ans; les universités publiques sont également gratuites. Près de 85% des étudiants poursuivent des études au-delà de la scolarité obligatoire. L’enseignement secondaire supérieur est entièrement financé par l’Etat. Des cours de religion sont dispensés dans toutes les écoles publiques, mais les étudiants peuvent en être exemptés. Le pays compte deux universités: l’une à Reykjavik, l’autre à Akureyri. Quelque 40% des jeunes qui terminent leurs études secondaires vont à l’université. Le pays compte également des établissements techniques, professionnels et spécialisés, y compris une institution pour la formation d’en- seignants.

EGALITES DES SEXES: 59% des étudiants universitaires sont de sexe féminin. Grâce à un vaste système de gar- derie subventionné, la main-d’oeuvre nationale se compose d’un grand nombre de femmes. Bien que la loi prescrive l’é- galité salariale pour un travail de valeur égale, les hommes sont mieux rémunérés que les femmes.

LIBERTE ACADEMIQUE: Le gouvernement respecte la liberté académique.

TRAVAIL DES ENFANTS: Il est interdit aux enfants âgés de moins de 16 ans de travailler en usine, à bord d’un navire ou dans tout autre lieu présentant un danger ou dans lequel le travail est éprouvant. Les enfants âgés de 14 et 15 ans peuvent être engagés à temps partiel ou pendant les vacances scolaires dans le cadre d’un travail léger et sans dan- ger. Leur horaire de travail ne peut dépasser l’horaire de travail normal des adultes exerçant la même activité. Les régle- mentations sur le travail des enfants sont appliquées avec efficacité.

DROITS SYNDICAUX: Les travailleurs font amplement usage de leur droit de fonder des organisations, d’établir leurs propres statuts et règlements, de choisir leurs propres dirigeants et politiques, et de faire connaître leurs opinions. Les organisations ainsi créées ne sont contrôlées ni par le gouvernement, ni par aucun parti politique. Les syndicats s’as- socient activement aux organes syndicaux nordiques, européens et internationaux. A l’exception des salariés du secteur public dont les services sont jugés essentiels à la santé ou à la sécurité publique, les syndicats bénéficient depuis plusieurs

années du droit de grève auquel elles ont eu recours. Quelque 85% de tous les travailleurs susceptibles d’être syndiqués ISLANDE sont effectivement affiliés à un syndicat. Presque tous les syndicats exercent leur droit de négociation collective. La légis- lation du travail est en conformité avec les conventions européennes des droits humains. KI, l’organisation membre de l’IE, résulte d’une fusion des syndicats d’enseignants islandais.

Organisation membre de l’IE / Nombre de membres: Kennarasamband Islands [KI] / 8.000

BAROMÈTRE DE L’IE SUR LES DROITS HUMAINS ET SYNDICAUX DANS LE SECTEUR DE L’ÉDUCATION - 2004 161 ISRAËL Etat d’Israël • Population: 6.029.529

Population <15: 28,1% % du PNB afférent à l’enseignement: 7,3% Analphabétisme: 2% Espérance de vie à la naissance: m: 76,82 - f: 81 Taux de scolarisation brut, pré-primaire: Espérance de scolarité (années): Taux de scolarisation brut, primaire: 101% % d’élèves ayant atteint la 5ème année du primaire en 2000: Taux de scolarisation brut, secondaire: Nbre d’étudiants de l’enseignement supérieur par 100.000 habitants: 270.979 Nbre d’élèves du primaire par enseignant: % des dépenses du gouvernement afférentes à l’enseignement:

Ratification des Conventions du BIT: 29 87 98 100 105 111 138 169 182

SYSTEME EDUCATIF: L’éducation est gratuite jusqu’à 18 ans pour tous les citoyens israéliens. 90% des élèves ter- minent leur scolarité obligatoire qui va de 5 à 16 ans. Les élèves âgés de 14 à 18 ans qui n’ont pas terminé le cycle obli- gatoire doivent fréquenter des classes spéciales. Les parents peuvent choisir entre une éducation publique laïque, une éducation publique religieuse ou une école orthodoxe reconnue. Le programme scolaire comprend des cours par la radio et la télévision tant en hébreu qu’en arabe. Les enfants ont été très affectés par le climat politique. Les compétitions entre écoles, les excursions et autres visites éducatives ont été annulées, les parents ne désirant pas que leurs enfants se dépla- cent sans raison impérative. Un défi particulier pour le système éducatif est celui d’aider les immigrants juifs de tous horizons à s’intégrer dans la société israélienne. Sur la totalité de la population d’Israël , seuls 41% sont nés dans le pays et près de la moitié d’entre eux ne sont pas juifs. La grande majorité de la population juive est israélienne de la premiè- re génération, avec les citoyens juifs qui sont des «nouveaux arrivants». De leur côté, les enfants israélo-arabes consti- tuent un groupe homogène, né dans le pays. Ils représentent un quart de la population des écoles publiques d’Israël. Les élèves israélo-arabes n’ont pas droit au programme d’éducation spéciale qui fournit une aide académique aux enfants issus de milieux défavorisés. Néanmoins, le gouvernement a promis d’égaliser les ressources pour l’éducation spéciale d’ici à fin 2004. Selon le Rapport des droits humains 2002 du Département d’Etat américain, les dépenses destinées aux enfants «étaient proportionnellement plus basses dans les régions à prédominance arabe que dans les régions juives, ce qui avait un effet négatif sur les enfants des villes et villages arabes... historiquement les ressources gouvernementales qui leur sont allouées sont démesurément inférieures à celles allouées aux enfants juifs. De nombreuses écoles des com- munautés arabes sont délabrées et surpeuplées, manquent de services éducatifs et de conseillers spéciaux, ont des biblio- thèques très sommaires et pas d’infrastructures sportives.» Le rapport du gouvernement israélien aux Nations Unies en février 2002 déclare que l’investissement de l’Etat par élève arabe est d’environ 60% de l’investissement par élève juif. Il y a des milliers d’enfants dans le pays, résultat de l’augmentation de la population des travailleurs étrangers, dont bon nombre sont illégaux. Il arrive que ces enfants n’aient pas accès à une éducation ou à des soins médicaux adéquats. La série d’attentats suicides, dont plusieurs ont eu lieu près d’une école, d’une université ou d’un endroit où les jeunes se retrouvent, a causé un traumatisme psychologique chez les enfants et les enseignants. Les fonds en faveur de l’éducation qui devaient être consacrés à un soutien accrû aux élèves en difficulté sont utilisés pour leur fournir une aide psycholo- gique. L’enseignement supérieur compte sept universités et le système d’université par correspondance est développé dans tout le pays. Compte tenu de leur nombre, les arabes israéliens sont sous-représentés chez les étudiants ; et parmi les 5.000 professeurs d’université, moins de 60 d’entre eux sont des arabes israéliens.

EGALITES DES SEXES: En Israël, l’accès à l’éducation ne fait pas de distinction entre les sexes. Un taux plus élevé d’analphabétisme chez les femmes que chez les hommes reflète la culture des pays d’origine des immigrants vers Israël. Il n’y a pas d’obstacle légal à la participation des femmes au gouvernement. En vertu de la loi, les femmes ont les mêmes ISRAËL

162 BAROMÈTRE DE L’IE SUR LES DROITS HUMAINS ET SYNDICAUX DANS LE SECTEUR DE L’ÉDUCATION - 2004 ISRAËL

droits sur le marché du travail, dans l’armée, l’éducation et la santé, le logement et la protection sociale. Les jeunes filles représentent 57% des étudiants inscrits dans l’éducation tertiaire. En mars 2003, le parlement, la Knesset, a voté la Loi sur l’égalité des femmes qui garantit l’égalité dans l’emploi, l’armée, l’éducation, la santé, le logement et la protection sociale. Des différences de salaire subsistent entre hommes et femmes effectuant un travail similaire.

LIBERTE ACADEMIQUE: La liberté académique est garantie par la loi, mais la tendance du gouvernement à la restreindre impose une certaine prudence. Une autocensure n’est pas impossible. Au cours de 2002, le ministère de l’Education n’a pas réussi à poursuivre en justice des professeurs qui avaient apporté leur soutien à des objecteurs de conscience. La tentative de licenciement d’un historien pour son interprétation de la création de l’Etat moderne d’Israël n’a pas non plus abouti. La pratique du Service de sécurité générale de surveiller et d’approuver la nomination des ensei- gnants et des administrateurs des écoles israélo-arabes a priorité sur la législation.

TRAVAIL DES ENFANTS: Les enfants âgés de 14 ans peuvent être embauchés pendant les vacances légales. L’embauche des jeunes de 16 à 18 ans est restreinte pour leur assurer du temps pour leur repos et leur éducation. Nous n’avons pas de statistiques fiables mais le travail illégal des enfants existe, principalement dans les zones urbaines à industrie légère. Les groupes actifs dans la défense des droits des enfants estiment que le pays compte probablement plu- sieurs centaines d’enfants prostitués et, selon eux, le problème ne sera pas éradiqué tant que les problèmes sociaux qui en sont responsables n’ont pas été traités, entre autres la maltraitance des enfants et l’indifférence envers ceux qui aban- donnent l’école.

DROITS SYNDICAUX: Selon la Confédération internationale des syndicats libres (CISL), les droits syndicaux des travailleurs israéliens sont assez bien respectés. Un expert de l’Organisation internationale du travail (OIT) envoyé en mission en avril-mai 2002 révèle que des ouvriers palestiniens ont été expulsés d’Israël et ont été remplacés par des tra- vailleurs venant d’Asie et d’Europe de l’Est. Les Chinois embauchés dans la construction ont des conditions de travail effroyables et leurs droits sont complètement ignorés. Les travailleurs israéliens sont libres de s’organiser et de négocier collectivement. Les grèves sont autorisées. Les syndicats d’enseignants d’Israël envisageaient d’entamer une grève pour protester contre les coupes budgétaires dans l’éducation et le niveau des salaires du personnel éducatif. Les dépenses mili- taires ont augmenté, conséquence des opérations militaires en Cisjordanie et dans la Bande de Gaza. ITU et ASSTI ont tous deux des membres israélo-arabes, y compris au niveau des dirigeants de l’organisation.

Organisation membre de l’IE / Nombre de membres: Association of Secondary School Teachers in Israel [ASSTI] / 18.000 Israel Teachers' Union [ITU] / 70.000

NOTE EN BAS DE PAGE : Selon des statistiques de source autorisée datant de 2002, la population comprend 187.000 colons israéliens en Cisjordanie, 20.000 colons dans les 42 colonies du plateau du Golan sous occupation israélienne, 5.000 colons dans les 24 communautés de la bande de Gaza et environ 176.000 colons dans les communau-

tés de Jérusalem-est. VOIR EGALEMENT PALESTINE. ISRAËL

BAROMÈTRE DE L’IE SUR LES DROITS HUMAINS ET SYNDICAUX DANS LE SECTEUR DE L’ÉDUCATION - 2004 163 ITALIE République d’Italie • Population: 57.715.625

Population <15: 14,2% % du PNB afférent à l’enseignement: 4,5% Analphabétisme: m: 1,1 - f: 2% Espérance de vie à la naissance: m: 75 - f: 82 Taux de scolarisation brut, pré-primaire: 95,5% Espérance de scolarité (années): m: 14 - f: 15 Taux de scolarisation brut, primaire: 100% % d’élèves ayant atteint la 5ème année du primaire en 2000: Taux de scolarisation brut, secondaire: m: 94,8 - f: 90,7% Nbre d’étudiants de l’enseignement supérieur par 100.000 habitants: 1.812.325 Nbre d’élèves du primaire par enseignant: 11 % des dépenses du gouvernement afférentes à l’enseignement: 9,5%

Ratification des Conventions du BIT: 29 87 98 100 105 111 138 169 182

SYSTEME EDUCATIF: Depuis l’année scolaire 1999-2000, la durée de l’éducation a été allongée et elle est obli- gatoire pour les enfants âgés de 6 à 18 ans. Ceux qui sont incapables de suivre le programme scolaire peuvent passer à une formation professionnelle à l’âge de 15 ans. Cette réforme vise à réduire le taux d’abandon scolaire dans les écoles secondaires inférieures. En 2000-2001, le taux d’abandon scolaire était de 4,6%. Les écoles publiques desservent 90% de la population. Plus de 95% des enfants de 3 à 6 ans reçoivent une forme d’éducation préscolaire. En 2000-2001, 2,8 millions d’élèves de 6 à 11 ans recevaient l’enseignement de 270 000 enseignants dans 18 700 écoles primaires. Durant la même période, près de deux millions d’élèves de 11 à 14 ans étaient inscrits dans les écoles secondaires inférieures [scuola media], et plus de 2,55 millions étaient inscrits dans diverses écoles secondaires supérieures. Les minorités fran- çaises et slovènes du nord de l’Italie jouissent de longue date d’un statut semi-autonome et l’enseignement peut être dispensé dans leur langue respective dans les écoles publiques. Les enfants handicapés sont pleinement intégrés dans les écoles normales et bénéficient du soutien d’un enseignant spécialisé. Une baisse du taux de natalité a eu un impact signi- ficatif sur le secteur éducatif, avec une baisse des inscriptions, notamment au niveau primaire, ce qui a donné lieu à un surplus d’enseignants dans certains secteurs et à un environnement professionnel soumis à la concurrence. La plupart des universités sont publiques ; leurs frais d’inscription sont peu élevés et l’inscription est libre pour la plupart des étu- diants.

EGALITES DES SEXES: En matière d’éducation, garçons et filles jouissent de l’égalité d’accès et de traitement. Des 1,8 million d’étudiants inscrits dans l’enseignement tertiaire, plus d’un million sont des jeunes filles. Les principa- les confédérations syndicales et le gouvernement se sont mis d’accord sur un code de conduite relatif au harcèlement sexuel sur le lieu de travail. Le code suit une recommandation de l’Union européenne. Les femmes jouissent des mêmes droits légaux que les hommes en matière de mariage, de propriété de biens et d’héritage. Les mères et les pères ont le même droit de s’absenter du travail lorsqu’un enfant est malade. Les femmes représentent 51% des employés de la fonc- tion publique mais 24% seulement ont un poste à haut niveau de responsabilité. Les salaires des femmes sont 26,6% moins élevés que ceux des hommes pour un travail comparable. Dans l’éducation publique, les femmes représentent 80% des effectifs mais seuls 22% d’entre elles sont directrices générales, 37% sont administratrices, 33% sont inspectrices et 33% sont syndiquées.

LIBERTE ACADEMIQUE: La Constitution garantit l’indépendance des universités et prévoit la liberté acadé- mique. Aucun rapport n’indique une restriction de la part du gouvernement ou de la société. Cependant, la loi interdit les associations clandestines et les organisations qui poursuivent des objectifs politiques par la force, qui incitent à la dis- crimination raciale, ethnique ou religieuse, ou qui préconisent le fascisme. ITALIE

164 BAROMÈTRE DE L’IE SUR LES DROITS HUMAINS ET SYNDICAUX DANS LE SECTEUR DE L’ÉDUCATION - 2004 ITALIE

TRAVAIL DES ENFANTS: Le trafic d’enfants, venus illégalement d’Afrique du Nord, des Philippines, d’Albanie, du Nigeria, d’Europe de l’Est, spécialement de Chine constitue un problème. En général, les enfants chinois arrivent avec leurs parents et travaillent dans des ateliers clandestins en Toscane pour le compte de gangs criminels chinois. La loi interdit la pédophilie, la pornographie enfantine, la détention de matériel pornographique impliquant des enfants, le tourisme sexuel impliquant des mineurs et le trafic d’enfants. Le gouvernement, les employeurs et les syndicats poursui- vent leur collaboration tripartite sur le travail des enfants. Ils sont parties prenantes à une charte de 1999 qui prolonge l’enseignement obligatoire, impose l’obligation scolaire, met en place des programmes destinés à réduire l’abandon sco- laire, fournit une assistance supplémentaire aux familles nécessiteuses et restreint les exceptions à la loi sur l’âge mini- mum. La charte annule également les avantages économiques et administratifs octroyés aux sociétés accusées de recou- rir au travail des enfants, y compris à l’étranger.

DROITS SYNDICAUX: La loi donne aux travailleurs le droit de former un syndicat, d’y adhérer et de mener des activités syndicales. La Constitution donne aux travailleurs le droit de se syndiquer et de négocier collectivement. Bien que ce ne soit pas consacré par la loi, l’usage veut que des conventions collectives nationales s’appliquent à tous les tra- vailleurs, indépendamment de leur appartenance syndicale. Environ 40% des travailleurs sont syndiqués et appartien- nent à l’une des trois principales fédérations syndicales. Garanti par la Constitution, le droit de grève est fréquemment exercé. Le licenciement de travailleurs doit être justifié par écrit. Si un juge estime que les raisons sont fallacieuses, il peut ordonner que l’employeur reprenne l’employé ou lui offre une compensation financière. Dans les entreprises employant plus de 15 personnes, les travailleurs ont le choix entre retrouver leur emploi ou recevoir une compensation, alors que dans les entreprises de moins de 15 personnes, c’est l’employeur qui décide. Il y a eu de nombreuses grèves dans plusieurs secteurs au cours de 2002, dont la grève générale du 16 avril 2002. Cette protestation qui a reçu le soutien de tous les syndicats principaux, a été organisée en opposition à la libéralisation, par le gouvernement, des restrictions au droit de licenciement auquel un employeur était soumis. Les syndicats considéraient ces restrictions comme un droit symbolique important. En juillet, tous les grands syndicats, à l’exception de la CGIL, ont accepté une libéralisation limi- tée et expérimentale des restrictions, faisant partie d’un pacte du travail annuel. En octobre, la CGIL a entamé une jour- née de grève nationale pour protester contre le projet de budget 2003 du gouvernement et pour réitérer son opposition à la libéralisation des dispositions de licenciement.

Organisation membre de l’IE / Nombre de membres: CISL-Scuola [CISL-S] / 15.000 Sindicato Nazionale Autonomo Lavoratori Scuola [SNALS] / 165.000 Sindacato Nazionale Scuola CGIL [SNS-CGIL] / 23.000 UIL-Scuola [UIL-S] / 5.000 ITALIE

BAROMÈTRE DE L’IE SUR LES DROITS HUMAINS ET SYNDICAUX DANS LE SECTEUR DE L’ÉDUCATION - 2004 165 JAMAÏQUE Population: 2.680.029

Population <15: 31,2% % du PNB afférent à l’enseignement: 6,3% Analphabétisme: 12,7% Espérance de vie à la naissance: m: 71 - f: 76 Taux de scolarisation brut, pré-primaire: Espérance de scolarité (années): Taux de scolarisation brut, primaire: 95% % d’élèves ayant atteint la 5ème année du primaire en 2000: 89% Taux de scolarisation brut, secondaire: Nbre d’étudiants de l’enseignement supérieur par 100.000 habitants: 42.502 Nbre d’élèves du primaire par enseignant: 32 % des dépenses du gouvernement afférentes à l’enseignement: 11,1%

Ratification des Conventions du BIT: 29 87 98 100 105 111 138 169 182

SYSTEME EDUCATIF: La loi sur l’éducation stipule que tous les enfants âgés de 6 à 12 ans doivent aller à l’éco- le, mais l’éducation fondamentale n’est pas reprise comme un droit constitutionnel. La Jamaïque risque de ne pas pou- voir assurer une éducation primaire universelle d’ici 2015. La part du budget du gouvernement consacrée à l’éducation est passée de 18% en 1990 à 11% en 2000. La deuxième édition du Baromètre de l’IE faisait référence à des programmes du gouvernement annoncés en 1998 et visant à améliorer l’enseignement primaire et secondaire. Ces programmes, qui devaient être financés grâce à des prêts internationaux, ne semblent pas avoir été mis en oeuvre. Dans de nombreuses écoles, le nombre d’élèves par enseignant est très élevé, un professeur étant responsable de 5 ou 6 années. L’absence de transports aggrave la situation. Des milliers d’enfants ne vont jamais à l’école. Environ 60% des enfants jamaïcains abandonnent l’école très tôt, surtout dans les zones rurales. D’après certains rapports, plusieurs étudiants qui ont ache- vé la sixième sont, dans la pratique, incapables de lire et d’écrire. Peu d’écoles possèdent des ordinateurs ou du matériel pédagogique de pointe. Il n’y a pas assez d’écoles secondaires et les enfants qui ont terminé l’école primaire doivent pas- ser des examens d’admission. Le principal campus de l’université des Indes occidentales se trouve à Mona, près de Kingston. Mona a d’abord été en 1948 un collège de l’université de Londres. L’université offre ses services à 16 régions et territoires anglophones des Caraïbes. Elle est devenue totalement indépendante en 1962 et des campus supplémentaires ont été établis à St Augustin, Trinidad et Tobago, ainsi qu’à Cave Hills dans les Barbades. L’université gère des centres dans des pays dépourvus de campus, ainsi que le centre d’éducation à distance. Au départ par conférence audio, et plus récemment par téléconférence, le centre permet aux étudiants qui vivent loin des campus d’avoir un contact direct avec leurs professeurs d’université. Il n’existe aucune loi visant à faciliter l’accès des personnes handicapées à l’éducation et aux autres services publics. Selon le ministre d’Etat du Travail et de la Sécurité sociale, parmi les quelque 250 000 per- sonnes handicapées, seules 200 exerçaient un emploi rémunéré.

EGALITES DES SEXES: Le taux d’alphabétisation chez les femmes est officiellement de 90%, environ 7% de plus que chez les hommes. Les filles, plus que les garçons, ont tendance à achever l’école primaire et à obtenir un diplôme de l’enseignement secondaire. Les jeunes filles représentent 64% des étudiants inscrits dans l’enseignement supérieur. La loi interdit la prostitution, mais celle-ci est répandue, en particulier dans les zones touristiques. La Constitution et la loi sur l’emploi garantissent l’égalité juridique aux femmes. Dans la réalité, elles sont victimes de discrimination sur le marché de l’emploi et gagnent souvent moins que leurs homologues masculins. QUE Ï LIBERTE ACADEMIQUE: Aucun rapport ne fait état d’une restriction de la liberté académique de la part du gou- vernement.

TRAVAIL DES ENFANTS: En vertu de la législation sur les enfants, les enfants âgés de moins de 12 ans n’ont pas JAMA

166 BAROMÈTRE DE L’IE SUR LES DROITS HUMAINS ET SYNDICAUX DANS LE SECTEUR DE L’ÉDUCATION - 2004 JAMAÏQUE

le droit de travailler - sauf pour leurs parents ou tuteurs; dans ce cas, ils ne peuvent travailler que dans les secteurs agri- cole, horticole ou domestique. Cependant, l’application de cette loi est lacunaire. Des milliers d’enfants doivent rester à la maison pour aider aux tâches ménagères et éviter les frais de scolarité. Il n’existe aucune preuve d’embauche illéga- le et généralisée d’enfants dans les autres secteurs de l’économie. Une étude de l’OIT a révélé que des filles d’à peine 10 ans étaient embauchées à des fins de prostitution, et que la prostitution d’enfants était un problème national. En 2001, le gouvernement a lancé un programme destiné à résoudre le problème des enfants des rues. Ce projet inclut un centre d’accueil, un centre d’intégration sociale et plusieurs centres de formation. Avec l’aide de l’OIT/IPEC, le gouvernement a entrepris divers projets sectoriels en vue d’analyser et de combattre le travail des enfants. Toutefois, il n’a pas encore ratifié les conventions 138 et 182 de l’OIT. La loi souligne que les enfants à risque «nécessitent soins et protection»; néan- moins, en raison de contraintes budgétaires, ces enfants sont souvent enfermés pour de longues périodes dans des cellu- les en compagnie d’adultes, sans avoir accès à une instruction adéquate et ce, en dépit d’annonces que le gouvernement allait débloquer des fonds afin d’offrir des infrastructures construites spécialement pour les enfants sous sa garde.

DROITS SYNDICAUX: La Jamaïque a connu une crise financière en 2003 qui ne s’était pas améliorée en fin d’an- née. En décembre 2003, les syndicats du secteur public ont annoncé au gouvernement qu’ils étaient prêts à accepter un gel de leurs salaires; en échange, le gouvernement devait renoncer aux réductions d’emploi décidées par mesure d’éco- nomie - afin de diminuer les dépenses publiques. La loi prévoit le droit de former un syndicat ou d’y adhérer et les syn- dicats sont libres et indépendants du gouvernement. La mauvaise situation économique du pays a provoqué un déclin parmi les affiliés syndicaux. Certaines entreprises licencient les travailleurs syndiqués, puis les engagent à nouveau en tant que contractant, moyennant un salaire et des gains moindres. En vertu de la loi relative aux relations et conflits du travail, le droit de grève n’est ni protégé, ni interdit. Mais, dans la fonction publique, les employés de dix catégories défi- nies comme «services essentiels» ne bénéficient pas du droit de grève. L’OIT a condamné à maintes reprises cette dispo- sition comme étant trop large. La Confédération internationale des syndicats libres (CISL) affirme que la négociation collective est également limitée par la loi relative aux relations et conflits du travail.

Organisation membre de l’IE / Nombre de membres: Jamaica Teachers' Association [JTA] / 16.000 JAMA Ï QUE

BAROMÈTRE DE L’IE SUR LES DROITS HUMAINS ET SYNDICAUX DANS LE SECTEUR DE L’ÉDUCATION - 2004 167 JAPON Population: 126.974.628

Population <15: 14,5% % du PNB afférent à l’enseignement: 3,5% Analphabétisme: 1% Espérance de vie à la naissance: m: 77 - f: 84 Taux de scolarisation brut, pré-primaire: Espérance de scolarité (années): Taux de scolarisation brut, primaire: 101% % d’élèves ayant atteint la 5ème année du primaire en 2000: Taux de scolarisation brut, secondaire: Nbre d’étudiants de l’enseignement supérieur par 100.000 habitants: 3.972.468 Nbre d’élèves du primaire par enseignant: 19 % des dépenses du gouvernement afférentes à l’enseignement: 9,3%

Ratification des Conventions du BIT: 29 87 98 100 105 111 138 169 182

SYSTEME EDUCATIF: Les taux d’inscription des garçons et des filles jusqu’à la fin du niveau supérieur gratuit et universel (à l’âge de 18 ans), dépasse les 95%. A l’âge de 6 ans, tous les enfants doivent commencer leur instruction pri- maire qui dure 6 ans. Quand ils l’ont terminée, ils commencent les trois ans d’enseignement secondaire inférieur. L’enseignement secondaire supérieur dure également trois ans, voire plus. Le niveau supérieur offre toute une série d’op- tions : les études à plein temps, à temps partiel (pendant la journée ou le soir) et les cours par correspondance. Il existe aussi des écoles techniques, commerciales et professionnelles de même que des écoles spéciales pour les handicapés phy- siques et mentaux. Les graves brimades, telles que le bizutage - ou ‘ijime’ en japonais - représentent un sérieux problè- me social qui préoccupe tant le gouvernement que le syndicat japonais des enseignants JTU. La publicité négative faite sur ce phénomène et une prise de conscience accrue du grand public depuis la seconde édition du Baromètre de l’IE n’ont malheureusement pas induit une diminution de ces pratiques. En revanche, on rapporte davantage les cas de brimades, et les services d’aide aux victimes se sont améliorés. JTU, affilié à l’IE, préconise une réforme tenant compte des besoins de l’enfant dans son intégralité et pas seulement de ses performances académiques. Le Japon compte environ 66 univer- sités publiques et 556 universités nationales ou privées et des milliers d’autres institutions d’enseignement supérieur.

EGALITES DES SEXES: Garçons et filles sont représentés de façon égale dans le système éducatif, depuis la plus petite enfance jusqu’au niveau universitaire. La loi interdit la discrimination salariale à l’encontre des femmes, qui cons- tituent entre 40 et 50% de la main-d’œuvre. En réalité, les femmes sont mal payées par rapport à leurs collègues mas- culins. En 2001, les travailleuses ne gagnaient en moyenne que 65,3% du salaire des hommes. Les femmes plus jeunes (entre 20 et 24 ans) tendent à gagner presque autant que les hommes, tandis que les femmes plus âgées (50 ans et plus) gagnent nettement moins. Les femmes ont tendance à occuper des postes subalternes, même lorsqu’elles sont très qua- lifiées. Le harcèlement sexuel sur les lieux de travail représente un sérieux problème, mais qui est abordé de plus en plus ouvertement.

LIBERTE ACADEMIQUE: Aucun rapport n’indique une restriction de la liberté académique de la part du gou- vernement. Le JTU était aux avant-postes d’une opposition fructueuse à l’introduction de livres scolaires produits par des auteurs et éditeurs à l’idéologie nationaliste. Ces manuels minimisaient l’action du Japon pendant la Seconde Guerre mondiale et niaient ou omettaient de mentionner que le Japon avait commis des atrocités à cette époque.

TRAVAIL DES ENFANTS: La loi interdit l’embauche des enfants de moins de 15 ans, ainsi que le travail d’en- fants de moins de 18 ans dans des conditions dangereuses ou nuisibles. La législation sur le travail des enfants est rigou- reusement contrôlée. La loi interdit aussi l’exploitation sexuelle des enfants de moins de 18 ans et la production, la vente ou la distribution de pornographie enfantine. JAPON

168 BAROMÈTRE DE L’IE SUR LES DROITS HUMAINS ET SYNDICAUX DANS LE SECTEUR DE L’ÉDUCATION - 2004 JAPON

DROITS SYNDICAUX: La Constitution reconnaît la liberté d’association, le droit de se syndiquer, de négocier des conventions et d’agir collectivement. Les droits des travailleurs de la fonction publique, y compris les enseignants, sont sévèrement limités. En 2001, le gouvernement a promis à l’Organisation internationale du travail (OIT) de négocier avec le service public sur ces restrictions, mais il ne l’a pas fait. Une fois encore, les recommandations consécutives à l’affai- re la plus récente soumise à l’OIT par les syndicats du secteur public, y compris les syndicats des enseignants, ont deman- dé au gouvernement japonais de réviser sa législation sur les droits des fonctionnaires. Le gouvernement a ignoré de façon persistante les recommandations de l’OIT et, à l’inverse, parle d’un «statut distinct des travailleurs du secteur public dans la société japonaise» dont il faut tenir compte. Les enseignants n’ont pas le droit de grève, bien qu’ils aient recours à la médiation et à l’arbitrage. Les enseignants du Japon sont habituellement classés comme fonctionnaires du gouvernement local, et leurs syndicats sont généralement reconnus comme entités légales en vue de négociations avec leurs employeurs, à savoir les autorités locales. De nombreux syndicats de préfectures affiliés au JTU sont parvenus à éta- blir des «accords écrits» avec les autorités locales. Le JTU a lui-même acquis le statut de «personnalité juridique».

Organisation membre de l’IE / Nombre de membres: Japan Teachers' Union [JTU] [NIKKYOSO] / 263.016 JAPON

BAROMÈTRE DE L’IE SUR LES DROITS HUMAINS ET SYNDICAUX DANS LE SECTEUR DE L’ÉDUCATION - 2004 169 KAZAKHSTAN République du Kazakhstan • Population: 16.741.519

Population <15: 26,9% % du PNB afférent à l’enseignement: Analphabétisme: 1% Espérance de vie à la naissance: m: 58 - f: 69 Taux de scolarisation brut, pré-primaire: 11,4% Espérance de scolarité (années): Taux de scolarisation brut, primaire: 89% % d’élèves ayant atteint la 5ème année du primaire en 2000: Taux de scolarisation brut, secondaire: 87% Nbre d’étudiants de l’enseignement supérieur par 100.000 habitants: 445.651 Nbre d’élèves du primaire par enseignant: % des dépenses du gouvernement afférentes à l’enseignement:

Ratification des Conventions du BIT: 29 87 98 100 105 111 138 169 182

SYSTEME EDUCATIF: 26% de la population de la République vit en dessous du seuil de pauvreté et, bien que le gouvernement se soit engagé en faveur des droits des enfants, les restrictions budgétaires entravent sérieusement l’effi- cacité du pays à traiter ces problèmes, y compris celui de l’éducation. Le système éducatif est gratuit, obligatoire et uni- versel jusqu’à 16 ans, mais les élèves peuvent commencer une formation technique plus tôt. Les principaux groupes eth- niques du Kazakhstan sont les Kazakhs et les Slaves. Il existe plusieurs populations moins nombreuses, dont les peuples d’origine ouzbek et allemande. Le Haut Commissariat aux Réfugiés de l’ONU (HCR) estime que le pays compte environ 20 000 réfugiés, 12.000 d’entre eux venant de Tchétchénie. La Constitution stipule que le kazakh est la langue officielle du pays. Le russe est cependant fréquemment utilisé dans les affaires courantes et reste la «langue de la communication interethnique.» Compte tenu des besoins ethniques de la population, l’éducation est dispensée en sept langues. Il existe 126 établissements d’enseignement supérieur, dont 73 privés.

EGALITES DES SEXES: La loi prévoit l’égalité d’accès à l’éducation pour les garçons et les filles. Il n’existe aucu- ne discrimination légale contre les femmes et le Président et les autres membres du gouvernement soutiennent les droits des femmes. Néanmoins, les pratiques culturelles traditionnelles limitent le rôle de ces dernières dans la société et leur salaire ne s’élève en moyenne qu’à 62% de celui des hommes. Les jeunes filles ont un accès illimité à l’enseignement supérieur et représentent plus de la moitié des inscriptions dans les institutions supérieures.

LIBERTE ACADEMIQUE: En général, le gouvernement respecte la liberté académique. Mais une certaine auto- censure est pratiquée et le Président Nursultan Nazarbayev et sa famille ne peuvent faire l’objet de critique. En septem- bre 2002, une étudiante a été menacée d’expulsion et de la perte de sa bourse d’études si elle persistait à mener une cam- pagne d’opposition à un avant-projet de loi sur la jeunesse.

TRAVAIL DES ENFANTS: Les adolescents âgés de 14 à 16 ans sont autorisés à travailler avec la permission de leurs parents ou tuteur. Les mineurs de 16 à 18 ans peuvent travailler à plein temps, à condition qu’il ne s’agisse pas de travaux lourds. Il est d’usage que les enfants travaillent pendant la saison des récoltes. Le Code pénal interdit l’exploita- tion sexuelle de mineurs et le commerce d’enfants. Les inculpations sont rares. En collaboration avec 19 ONG réparties dans tout le pays, l’Organisation internationale des migrations (OIM) a lancé en 2001 une campagne visant à informer des dangers que représente le trafic de mineurs et a ouvert pour les victimes une permanence téléphonique SOS. Le Kazakhstan est une source, un point de transit et une destination de trafic.

DROITS SYNDICAUX: La Constitution et le Code du travail protègent les droits élémentaires des travailleurs, y compris celui de former des syndicats et y adhérer selon leur choix ; cependant le gouvernement ne respecte pas toujours KAZAKHSTAN

170 BAROMÈTRE DE L’IE SUR LES DROITS HUMAINS ET SYNDICAUX DANS LE SECTEUR DE L’ÉDUCATION - 2004 KAZAKHSTAN

ces droits. La Loi sur la convention collective et les grèves prévoit que les travailleurs peuvent s’acquitter de leur cotisa- tion syndicale en demandant, par écrit, qu’elle soit déduite de leur salaire jusqu’à concurrence d’un pour-cent. La Constitution autorise également le droit de grève mais les travailleurs ne peuvent l’exercer que si la procédure obliga- toire d’arbitrage n’a pas abouti à la résolution du conflit. Au cours de la période examinée, les syndicats et travailleurs individuels ont fait usage de leur droit de grève principalement pour protester contre le non-paiement des salaires, de mauvaises conditions de travail et pour recouvrir des arriérés de salaires. La loi autorise la négociation et les conventions collectives, mais dans la réalité celles-ci sont rares. La CISL indique qu’il est courant pour les entreprises de créer leur propre syndicat ou organisation d’employés fantoche qui effectuent des activités normalement du ressort exclusif des syn- dicats.

Organisation membre de l’IE / Nombre de membres: Kazakhstan National Trade Union of Teachers and Science Workers [KNTUTSW] / 530.000 KAZAKHSTAN

BAROMÈTRE DE L’IE SUR LES DROITS HUMAINS ET SYNDICAUX DANS LE SECTEUR DE L’ÉDUCATION - 2004 171 KENYA République du Kenya • Population: 31.138.735

Population <15: 42,7% % du PNB afférent à l’enseignement: 6,4% Analphabétisme: 16,7% Espérance de vie à la naissance: 47 Taux de scolarisation brut, pré-primaire: Espérance de scolarité (années): Taux de scolarisation brut, primaire: % d’élèves ayant atteint la 5ème année du primaire en 2000: Taux de scolarisation brut, secondaire: Nbre d’étudiants de l’enseignement supérieur par 100.000 habitants: 98.583 Nbre d’élèves du primaire par enseignant: % des dépenses du gouvernement afférentes à l’enseignement: 22,5%

Ratification des Conventions du BIT: 29 87 98 100 105 111 138 169 182

SYSTEME EDUCATIF: En 2002, le Kenya a déclaré qu’il souffrait d’une grave pénurie d’enseignants. Puis, en jan- vier 2003, le gouvernement a annoncé un important changement dans la politique éducative en déclarant que l’ensei- gnement primaire serait universel et gratuit dans toutes les 17.000 écoles primaires publiques du pays. L’objectif immé- diat était d’augmenter le nombre des inscriptions scolaires de six millions à plus de 7,5 millions d’élèves. Le chiffre de la pénurie d’enseignants a grimpé de 22.000 à 60.000. Durant l’année 2003, les classes de plus de 100 élèves étaient cou- rantes et de nombreux d’enseignants enseignaient en deux ou trois roulements par jour pour tenter de s’adapter à cette nouvelle politique. La crise actuelle des enseignants aurait pu être évitée si 30.000 enseignants formés n’avaient pas été licenciés sur recommandation de la Banque mondiale. Il existe également une grave pénurie d’écoles et d’équipement mais la communauté enseignante s’est engagée à faire de son mieux pour supporter cette charge supplémentaire. Une directrice de Nairobi décrit l’école comme un havre de paix où les enfants peuvent s’échapper de certaines situations familiales, souvent marquées par la pauvreté, la prostitution et l’alcoolisme. Elle ajoute que «des enfants amènent leurs frères et sœurs, qui sont trop jeunes pour aller à l’école, pour les protéger d’influences néfastes». Malgré l’importante augmentation des inscriptions, deux millions d’enfants en âge scolaire ne sont pas encore scolarisés, et environ 1,5 millions d’enfants ayant des besoins spécifiques ou handicapés ont peu ou pas d’accès à l’éducation formelle. Il existe également des dizaines de milliers d’enfants réfugiés au Kenya qui bénéficient de quelques écoles. Une décision de la Cour du Kenya, en janvier 2004, garantit désormais aux enfants porteurs du VIH le droit de fréquenter l’école. Les ensei- gnants leur en avaient refusé l’accès. Le Kenya compte six universités publiques et six universités privées et un certain nombre de collèges spécialisés, dont le Conservatoire de musique du Kenya.

EGALITES DES SEXES: Le taux d’analphabétisme des hommes est officiellement de 12% et celui des femmes de 26%. Les filles et les garçons ont l’égalité d’accès à l’enseignement primaire dans tout le pays mais on compte nettement plus de garçons inscrits dans l’enseignement secondaire. Les femmes représentent environ 45% des étudiants inscrits à l’université et dans les autres institutions d’enseignement supérieur. Les mutilations génitales féminines (MGF) qui affectent environ 38% de la population féminine ont été proscrites en mars 2002.

LIBERTE ACADEMIQUE: La liberté académique a été limitée sous le dernier régime. Rien n’indique que le gou- vernement actuel est prêt à abandonner toutes les restrictions de liberté académique mises en vigueur par son prédéces- seur. KENYA

172 BAROMÈTRE DE L’IE SUR LES DROITS HUMAINS ET SYNDICAUX DANS LE SECTEUR DE L’ÉDUCATION - 2004 KENYA

TRAVAIL DES ENFANTS: Au moins 1,9 millions d’enfants travaillent, environ 1,3 millions d’entre eux à temps plein, et 600 000 travaillent tout en fréquentant l’école. Une source en conclut que les statistiques du travail des enfants sont minimisées et qu’il existe peut-être quelque cinq millions d’enfants qui travaillent. Reste à voir quels seront les effets à long terme de l’éducation primaire gratuite sur le travail des enfants. Une économie défaillante et le VIH/SIDA contri- buent à une augmentation annuelle de 20% du nombre des orphelins. Au bas mot, 300.000 enfants vivent et travaillent dans les rues des villes, notamment à Nairobi et Mombassa. Le travail forcé des enfants est une réalité, de même que des cas d’enfants loués pour s’acquitter de dettes, principalement dans les régions rurales. Les enfants travaillent fréquem- ment comme domestiques dans les maisons privées ou dans les entreprises familiales. L’embauche d’enfants de moins de 16 ans dans l’industrie est illégale mais la loi sur l’emploi ne s’applique ni au secteur agricole, où environ 70% de la main-d’œuvre est employée, ni aux enfants travaillant comme apprentis selon les dispositions de la loi sur la formation professionnelle. La prostitution enfantine constitue un grave problème à Nairobi et à Mombasa où elle est liée à l’in- dustrie du tourisme. Certains enfants prostitués, garçons et filles, ont à peine huit ans. Le gouvernement coopère avec l’OIT/IPEC (programme focal sur le travail des enfants) pour combattre spécialement les pires formes du travail des enfants.

DROITS SYNDICAUX: A l’exception des fonctionnaires du gouvernement central, dont le personnel universitaire, tous les travailleurs sont libres d’adhérer au syndicat de leur choix. Les enseignants, ainsi que les autres employés de la fonction publique, sont autorisés à se mettre en grève, à condition de remettre un préavis de grève de 28 jours. Pendant cette période, le ministère du Travail peut intervenir comme médiateur, nommer un arbitre ou en référer au Tribunal du travail pour arbitrage obligatoire. Une fois que le litige est résolu, toute action de grève ultérieure est illégale. La plus grande fédération nationale est la KOTU. L’organisation membre de l’IE, le Kenya National Union of Teachers (KNUT), qui représente un tiers des travailleurs syndiqués, n’y est pas affilié. Le KNUT a été engagé dans un litige long et acri- monieux avec le régime précédent concernant les salaires et conditions de travail. En septembre 2002, le KNUT a lancé un avis de grève, son troisième depuis 1997, lorsque le gouvernement n’a pas appliqué les augmentations de salaires accordées aux enseignants. A la suite d’intimidations, de harcèlement et de menaces à l’encontre des dirigeants syndi- caux et des enseignants, le ministre de l’Education a essayé de révoquer l’accord salarial de 1997. La collecte de cotisa- tions syndicales a été suspendue. Après 28 jours, la grève a été suspendue pour permettre aux étudiants de passer leurs examens nationaux. En juillet 2003, le KNUT a obtenu une augmentation de salaire qui était la bienvenue mais qui était loin d’être généreuse. En décembre 2003, le personnel universitaire, membre de l’University Academic Staff Association (UASA), a entamé une grève pour une augmentation des salaires et indemnités.

Organisation membre de l’IE / Nombre de membres: Kenya National Union of Teachers [KNUT] / 158.619 Kenya Union of Domestic, Hotels, Educational Institutions, Hospitals and Allied Workers [KUDHEIHA] / 10.000 KENYA

BAROMÈTRE DE L’IE SUR LES DROITS HUMAINS ET SYNDICAUX DANS LE SECTEUR DE L’ÉDUCATION - 2004 173 KIRGHIZSTAN République du Kirghizstan • Population: 4.822.166

Population <15: 33,3% % du PNB afférent à l’enseignement: 5,4% Analphabétisme: Espérance de vie à la naissance: m: 59,35 - f: 68 Taux de scolarisation brut, pré-primaire: Espérance de scolarité (années): Taux de scolarisation brut, primaire: 82% % d’élèves ayant atteint la 5ème année du primaire en 2000: Taux de scolarisation brut, secondaire: Nbre d’étudiants de l’enseignement supérieur par 100.000 habitants: 190.508 Nbre d’élèves du primaire par enseignant: 20 % des dépenses du gouvernement afférentes à l’enseignement:

Ratification des Conventions du BIT: 29 87 98 100 105 111 138 169 182

SYSTEME EDUCATIF: La Constitution de la République kirghiz prévoit 9 ans d’instruction gratuite et obligatoi- re. La Loi sur l’éducation et celle portant sur la protection des droits des enfants stipulent que l’enseignement secondai- re est gratuit et universel. Ces lois contredisent le mandat constitutionnel selon lequel l’obligation scolaire dure 9 ans, mais elles ont été approuvées en lieu et place de la Constitution. L’instruction débute à l’âge de 6 ans. Depuis l’indépen- dance en 1991, suivie d’une période de transition vers une économie de marché, les dépenses réelles en matière d’édu- cation ont diminué. Les programmes d’éducation de la petite enfance ont été les plus affectés, mais tous les niveaux du système éducatif ont souffert de difficultés matérielles et financières. Les conditions continuent de se détériorer en raison d’un manque aigu de ressources et parce que plus de la moitié de la population vit au-dessous du seuil de pauvreté. Les frais administratifs représentent une lourde charge pour les parents dont les enfants vont à l’école publique. Le gouver- nement a constitué un fonds avec l’aide internationale afin d’aider les élèves issus de familles pauvres. Un programme entièrement financé par des organisations internationales propose à certains étudiants des bourses d’études à l’étranger. Bien que la Constitution reconnaisse le kirghiz comme langue officielle, l’enseignement universitaire se donne toujours en grande partie en russe. Cela tient en partie à la formation dispensée dans la faculté et à la disponibilité des livres d’é- tudes. L’université nationale kirghiz à Bichkek et l’université d’Etat à Och sont les principaux centres d’enseignement supérieur.

EGALITES DES SEXES: Le pays connaîtrait un taux d’alphabétisation de 97% et, d’après l’UNICEF, le taux d’ins- cription à l’école primaire s’élevait à 98%, garçons et filles confondus ; dans l’enseignement secondaire, ce chiffre était de 75% chez les garçons et de 83% chez les filles. L’égalité est également atteinte au niveau postscolaire. Selon un autre rapport, les attitudes traditionalistes envers les femmes seraient en train de s’imposer à nouveau dans les zones rurales, ce qui réduirait pour les filles les possibilités d’accès à l’éducation. Le retour à une société dominée par les hommes a eu d’autres conséquences : la santé des femmes se détériore, elles risquent d’être victimes de violence domestique et de devoir rester à la maison sans pouvoir être autonomes financièrement. Les rapports ont par ailleurs dénoncé la pratique du mariage forcé de filles mineures.

LIBERTE ACADEMIQUE: Aucun rapport ne fait mention d’une restriction de la liberté académique de la part du gouvernement.

TRAVAIL DES ENFANTS: L’âge minimum d’embauche est fixé à 18 ans. A partir de 16 ans, les étudiants sont autorisés à travailler jusqu’à six heures par jour durant la période de vacances scolaires. La pauvreté jointe à une dégra- dation de la vie de famille ont conduit un nombre croissant d’enfants à être retirés à la garde de leurs parents ou à se débrouiller seuls. Selon les estimations de l’Alliance internationale Save the Children et de l’UNICEF, 7.000 enfants vivent KIRGHIZSTAN

174 BAROMÈTRE DE L’IE SUR LES DROITS HUMAINS ET SYNDICAUX DANS LE SECTEUR DE L’ÉDUCATION - 2004 KIRGHIZSTAN

dans les rues, principalement à Bichkek et dans d’autres centres urbains. Dans les zones rurales, on fait généralement appel aux enfants pour participer aux récoltes dans la ferme familiale. La loi interdit le travail forcé ou en servitude ; néanmoins, certains champs de tabac sont situés sur les terrains de l’école et les enfants doivent participer à la récolte. Les revenus vont directement aux écoles. Le trafic de filles à des fins de prostitution, notamment vers la Turquie et les Emirats arabes unis, constitue un autre problème. Selon certains rapports, des employés du gouvernement ainsi que des gardes frontaliers russes seraient complices de ce trafic. En dépit de restrictions budgétaires, le gouvernement finance plu- sieurs programmes de lutte contre le travail des enfants. Le Programme national des Droits de l’Homme pour la période 2002-2010 contient des dispositions destinées à éradiquer l’exploitation des enfants. Entre 2000 et 2003, au moins 46 per- sonnes ont été reconnues coupables de délits impliquant la prostitution, la pornographie, la vente et le trafic d’enfants.

DROITS SYNDICAUX: La Loi du travail de 1992, ainsi que des amendements adoptés en 1998, garantissent aux travailleurs le droit de former des syndicats et d’y adhérer. Les grèves ne sont pas interdites. La loi reconnaît aux syndi- cats le droit à la négociation collective. En pratique, le gouvernement fixe le salaire minimum, et les employeurs éta- blissent ensuite leurs propres barèmes salariaux. Aucun cas de discrimination pour appartenance syndicale n’a été rap- porté. Cependant, sous la pression des institutions financières internationales, le gouvernement prépare un nouveau code du travail qui réduira les avantages des travailleurs et qui affaiblira le rôle des syndicats lors de négociations, en per- mettant aux employeurs de fixer les salaires et les heures de travail sans consultation préalable. La Fédération des syn- dicats du Kirghizstan, qui a succédé à l’ancienne centrale syndicale officielle, demeure l’unique fédération syndicale du pays. En 2001, l’année la plus récente pour laquelle nous disposons de données, la fédération comptait 980.400 memb- res. Il existait un petit syndicat indépendant. La loi reconnaît aux syndicats le droit de négocier pour obtenir des aug- mentations de salaires et de meilleures conditions de travail. Globalement, on assiste à un lent changement de la struc- ture et des pratiques syndicales.

Organisation membre de l’IE / Nombre de membres: Trade Union of Education and Science Workers of Kyrgyzstan [TUESWK] / 162.096 KIRGHIZSTAN

BAROMÈTRE DE L’IE SUR LES DROITS HUMAINS ET SYNDICAUX DANS LE SECTEUR DE L’ÉDUCATION - 2004 175 KIRIBATI République de Kiribati • Population: 96.335

Population <15: 40,2% % du PNB afférent à l’enseignement: 11,4% Analphabétisme: Espérance de vie à la naissance: m: 57 - f: 63 Taux de scolarisation brut, pré-primaire: Espérance de scolarité (années): Taux de scolarisation brut, primaire: % d’élèves ayant atteint la 5ème année du primaire en 2000: Taux de scolarisation brut, secondaire: Nbre d’étudiants de l’enseignement supérieur par 100.000 habitants: Nbre d’élèves du primaire par enseignant: 24 % des dépenses du gouvernement afférentes à l’enseignement:

Ratification des Conventions du BIT: 29 87 98 100 105 111 138 169 182

SYSTEME EDUCATIF: L’instruction est gratuite et obligatoire de 6 à 15 ans. La fréquentation scolaire n’est pas contrôlée et un nombre important d’enfants ne vont pas à l’école ou n’ont aucune éducation formelle. Après avoir passé un examen national, près de 40% des élèves du primaire commencent les sept années de niveau secondaire. Les filles bénéficient d’un accès égal à l’enseignement. La République de Kiribati est constituée de 33 petits atolls répartis sur une vaste région du centre de l’océan Pacifique. Chacun des 21 atolls habités possède au moins une école primaire ; certai- nes d’entre elles sont gérées par des organisations religieuses. Il existe 86 écoles primaires et 13 écoles secondaires. Les programmes destinés à la petite enfance sont très répandus. La capitale, Bairiki, située sur l’atoll de Tarawa où vit un quart de la population, compte un établissement de formation d’enseignants, un institut technique et des centres de for- mation de marine et de pêche.

EGALITES DES SEXES: Les hommes dominent la culture traditionnelle mais les femmes ont l’égalité d’accès à l’éducation et plein droit à la propriété et à l’héritage. La politique gouvernementale est d’engager des femmes qualifiées dans le service public. 65% des enseignants du niveau primaire sont des femmes, selon le Rapport mondial de Suivi 2003/4 de l’Education Pour Tous (EPT).

LIBERTE ACADEMIQUE: Les rapports indiquent que Kiribati, l’un des douze pays qui se partagent l’Université du Pacifique du Sud, respecte l’autorité du Sénat en matière d’enseignement et de recherche. (Voir aussi Fidji.)

TRAVAIL DES ENFANTS: La loi interdit l’embauche d’enfants de moins de 14 ans. Les enfants âgés de moins de 16 ans ne peuvent être employés dans l’industrie ni à bord de navires. Les autorités font respecter ces lois de manière effi- cace. Les enfants sont rarement embauchés en dehors de l’économie de subsistance traditionnelle de la ferme et de la pêche.

DROITS SYNDICAUX: Les travailleurs ont le droit de créer des syndicats, et le gouvernement ne contrôle ni ne limite l’activité des syndicats. Le petit secteur formel, principalement les services publics, jouit d’un mouvement syndi- cal relativement solide et efficace. Le gouvernement fixe les salaires du secteur public. La loi permet les actions de grève. La dernière a eu lieu en 1980. KIRIBATI

176 BAROMÈTRE DE L’IE SUR LES DROITS HUMAINS ET SYNDICAUX DANS LE SECTEUR DE L’ÉDUCATION - 2004 KIRIBATI

Organisation membre de l’IE / Nombre de membres: Kiribati National Union of Teachers [KNUT] / 400 KIRIBATI

BAROMÈTRE DE L’IE SUR LES DROITS HUMAINS ET SYNDICAUX DANS LE SECTEUR DE L’ÉDUCATION - 2004 177 KOSOVO Communauté d’Etats Serbie-et-Monténégro • Population: 9.979.752

Population <15: 20% % du PNB afférent à l’enseignement: Analphabétisme: Espérance de vie à la naissance: m: 73 - f: 76 Taux de scolarisation brut, pré-primaire: 31% Espérance de scolarité (années): Taux de scolarisation brut, primaire: % d’élèves ayant atteint la 5ème année du primaire en 2000: Taux de scolarisation brut, secondaire: 62% Nbre d’étudiants de l’enseignement supérieur par 100.000 habitants: 208.689 Nbre d’élèves du primaire par enseignant: % des dépenses du gouvernement afférentes à l’enseignement:

Les statistiques pour la Serbie comprennent le Montenegro et le Kosovo. Ratification des Conventions du BIT: 29 87 98 100 105 111 138 169 182

SYSTEME EDUCATIF: Près de deux millions de personnes vivent au Kosovo. En 2003, une large majorité d’entre eux étaient des Kosovars albanais. A l’issue du conflit, la population serbe est passée de 200 000 à environ 20.000. Les Serbes qui sont restés se sont principalement regroupés dans cinq enclaves. Depuis mars 2002, le ministère de l’Education, des Sciences et des Technologies et le ministère de la Santé assument la responsabilité de l’éducation des enfants. Un règlement pris en 2000, lors de la mission intérimaire des Nations Unies au Kosovo (MINUK), a rendu obli- gatoire l’inscription des enfants de 6 à 15 ans dans les écoles publiques. En juillet 2002, l’Assemblée du Kosovo a adop- té une nouvelle loi sur l’éducation qui reprenait des dispositions visant à assurer des conditions égales pour les écoliers de toutes les communautés. La loi sur l’enseignement primaire et secondaire a été promulguée en octobre 2002 et celle réglementant l’enseignement supérieur (université) en 2003. L’assemblée élue a pris en compte les populations minori- taires en garantissant pour tous les enfants kosovars le droit de recevoir un enseignement public dans leur langue mater- nelle tout au long du cycle secondaire. Des établissements primaires et secondaires dispensant un enseignement en lan- gues serbe, bosniaque et turque ont été mis sur pied. Toutefois, l’Assemblée a refusé d’octroyer une licence aux institu- tions d’enseignement supérieur subventionnées et destinées à évoluer parallèlement à l’Université de Pristina. Les enfants rom, ashkalis, et égyptiens ont fréquenté les mêmes écoles que les enfants albanais. Selon les rapports, les enfants rom ont souffert d’intimidations dans des régions à majorité albanaise et ont eu tendance à être désavantagés par la pauvre- té de leur communauté. Nombre d’entre eux ont dû commencer à travailler très jeunes afin de participer aux revenus de la famille. Les enfants bosniaques ont pu bénéficier d’un certain niveau d’enseignement primaire dans leur propre lan- gue. Ils ont néanmoins souffert de la pénurie d’enseignants bosniaques qualifiés. Le ministère de l’Education a lancé un programme de rattrapage au profit des enfants issus de communautés minoritaires, principalement rom, ashkali et égyp- tienne, qui avaient souvent déserté les bancs de l’école en raison de déménagements fréquents durant la période post- conflit. Un processus d’inscription dans l’enseignement secondaire et supérieur a également été développé à l’attention des enfants déplacés issus de minorités. Chaque municipalité s’est en outre vue confier la responsabilité de créer des clas- ses séparées pour les enfants handicapés pour tenter d’identifier les enfants à besoins spécifiques. En mai 2003, une mis- sion menée par l’IE au Kosovo a procédé à l’examen de la situation et des conditions d’éducation (établissements et enseignants) dans la région dévastée par la guerre. L’un des objectifs de la mission était la tenue d’un séminaire sur l’art de la négociation co-organisé par l’IE et son affilié hollandais, AOb. Les responsables du syndicat affilié local, SBASHK, et du syndicat d’enseignants serbes du Kosovo ont été associés à cette mission. Si les conflits interethniques sont en net recul, les tensions entre Kosovars albanais et citoyens serbes présents sur le territoire restent palpables. Par choix ou sous la pression de la majorité albanaise, d’autres groupes ethniques ont quitté la province ; c’est principalement le cas des minorités rom et monténégrines. La plupart des enfants ont fréquenté l’école primaire et la majorité de ceux qui ont ter- miné ce cycle ont continué dans l’enseignement secondaire. Malgré la réouverture en 2002 d’écoles publiques supplé- mentaires sous la conduite de la MINUK et du ministère de l’Education, les dégradations considérables, le manque de KOSOVO

178 BAROMÈTRE DE L’IE SUR LES DROITS HUMAINS ET SYNDICAUX DANS LE SECTEUR DE L’ÉDUCATION - 2004 KOSOVO

matériel pédagogique et les pannes d’électricité continuent d’entraver le bon fonctionnement du système éducatif. Les restrictions imposées à la liberté de mouvement obligent régulièrement les enfants serbes du Kosovo de fréquenter des écoles de quartier dans des infrastructures souvent inadaptées et dépourvues de matériel essentiel.

EGALITES DES SEXES: Les rapports généraux révèlent que garçons et filles bénéficient d’un traitement égal ou analogue concernant l’accès à l’éducation de base. Cependant, au niveau secondaire, des différences apparaissent clai- rement en fonction des sexes et des ethnies. Le taux de fréquentation et de réussite est inférieur chez les filles albanaises du Kosovo par rapport aux garçons de la même ethnie ou aux filles serbes. Les femmes jouissent des mêmes droits légaux que les hommes, mais il n’en va pas de même de leur statut dans la société. Cet état de fait tend à influencer leur traite- ment sur le plan juridique. Les idées patriarcales traditionnelles quant aux rôles des hommes et des femmes propagent encore un courant de discrimination à l’égard des femmes. Dans certaines zones rurales, les femmes n’ont que rarement voix au chapitre quand il s’agit de prendre des décisions concernant leurs enfants. Les veuves se voient souvent retirer la garde de leurs enfants en vertu d’une coutume albanaise qui veut que les enfants soient rendus à la famille du père décédé.

LIBERTE ACADEMIQUE: Le territoire ne compte qu’une université, ce qui rend peu aisées l’inscription des étu- diants serbes ainsi que l’embauche des universitaires serbes. Dans cette optique, on ne peut pas dire que la liberté aca- démique est exempte de restrictions au Kosovo.

TRAVAIL DES ENFANTS: Les enfants sont admis au travail dès l’âge de 15 ans, à condition que cette activité n’ait pas d’incidence sur leur éducation obligatoire. Les jeunes âgés de 16 à 17 ans peuvent travailler à temps plein pour autant que la nature du travail ne soit pas susceptible de mettre en danger leur santé, sécurité et valeurs morales. Dans les villages et les communautés agricoles, les enfants peuvent travailler pour aider leur famille. A Pristina et dans d’au- tres villes, on rencontre des enfants dans les rues derrière les étals ou vendant des petits articles tels que des cigarettes. Le Kosovo représente un point de départ, de transit et de destination pour le trafic de filles à des fins de prostitution et de pro- stitution forcée dans d’autres parties de l’Europe. Il s’agit d’un problème majeur. La base de la clientèle au Kosovo com- prend des Albanais, des travailleurs étrangers et des membres de troupes de maintien de la paix.

DROITS SYNDICAUX: La loi sur les services essentiels, introduite par la MINUK, garantit les droits fondamentaux au travail sans toutefois prévoir le droit d’association, le droit de former des syndicats ou d’y adhérer. Le droit de s’orga- niser et de mener des négociations collectives en reste à ses balbutiements. La loi ne reconnaît pas le droit de grève mais ne l’interdit pas. Le Bureau des statistiques du Kosovo a estimé le taux de chômage à 60%. Le salaire moyen des tra- vailleurs à temps plein ne permettait pas de garantir un niveau de vie décent au travailleur et à sa famille. La législation sur le travail de 2001 a introduit le principe d’un salaire minimum mais n’en a pas fixé le montant. L’économie du pays est en très mauvais état. Le niveau des salaires, financés par le budget gouvernemental du Kosovo, est à peine suffisant pour pourvoir aux besoins d’une famille. Cette situation a amené le déclenchement de la grève d’octobre des enseignants,

suivie par plus de 95% des membres du SBASHK dans les écoles primaires et secondaires, dont l’objectif était d’obtenir le KOSOVO paiement des augmentations salariales convenues et la mise en œuvre du droit à la négociation collective.

BAROMÈTRE DE L’IE SUR LES DROITS HUMAINS ET SYNDICAUX DANS LE SECTEUR DE L’ÉDUCATION - 2004 179 KOSOVO

Organisation membre de l’IE / Nombre de membres: The Union of Education, Sciences and Culture of Kosova (UESCK/SBASHK) / 27.000

La République fédérale de Yougoslavie (RFY) a adhéré aux Nations Unies le 1er novembre 2000. Suite à l'adoption et à la promulgation le 4 février 2003 par l'Assemblée de la RFY de la Charte constitutionnelle de Serbie-et-Monténégro, l'Etat a adopté la dénomination Serbie-et-Monténégro. La Serbie-et-Monténégro intègre la région semi-autonome de Voïvodine et, au sein de ses frontières physiques, le territoire du Kosovo. Sur décision du Conseil de Sécurité des Nations Unies prise en juin 1999, le Kosovo a été placé sous l'administration de la Mission Intérimaire des Nations Unies au Kosovo (MINUK). En mai 2001, cette mission a promulgué le Cadre constitutionnel pour un gouvernement provisoire autonome au Kosovo, des élections générales ont été organisées en novembre 2001 et une assemblée de 120 membres a été élue. 100 de ces sièges sont occupés par des officiels élus issus de tous les groupes ethniques et les 20 restants sont réservés aux minorités. La Mission intérimaire des Nations Unies conserve une certaine responsabilité vis-à-vis de problèmes survenant dans les limites du cadre constitutionnel. Etant donné les différences de législation en matière d'éducation et de normes du travail en Serbie, au Monténégro et au Kosovo, ces trois régions sont présentées de manière indivi- duelle. Chacune dispose de son propre parlement. Si leurs systèmes éducatifs partagent des caractéristiques communes, ils se distinguent toutefois quant à leur organisation et se développent de manière indépendante sous la houlette de leur ministère respectif. KOSOVO

180 BAROMÈTRE DE L’IE SUR LES DROITS HUMAINS ET SYNDICAUX DANS LE SECTEUR DE L’ÉDUCATION - 2004 KOWEIT Etat du Koweït • Population: 2.111.561

Population <15: 26,3% % du PNB afférent à l’enseignement: Analphabétisme: 17,6% Espérance de vie à la naissance: m: 75,6 - f: 77,4 Taux de scolarisation brut, pré-primaire: Espérance de scolarité (années): m: 8 - f: 9 Taux de scolarisation brut, primaire: 66% % d’élèves ayant atteint la 5ème année du primaire en 2000: Taux de scolarisation brut, secondaire: 55,6% Nbre d’étudiants de l’enseignement supérieur par 100.000 habitants: 42.320 Nbre d’élèves du primaire par enseignant: 14 % des dépenses du gouvernement afférentes à l’enseignement:

Ratification des Conventions du BIT: 29 87 98 100 105 111 138 169 182

SYSTEME EDUCATIF: 870.000 citoyens jouissent de l’un des niveaux de vie les plus élevés du monde et tant les garçons que les filles reçoivent une éducation gratuite jusqu’à l’université, doctorat compris. Les citoyens reçoivent aussi une allocation mensuelle pour chaque enfant. Plus d’un million d’étrangers résident dans le pays et ne bénéficient pas des mêmes avantages sociaux que les citoyens et doivent payer leur éducation. Ne possédant pas de preuve de leur natio- nalité, 74.000 résidents arabes, appelés bidoon, sont considérés comme des non-citoyens. L’entière population bidoon a perdu l’accès à une éducation gratuite en 1985. Une loi passée en 2000 ouvre la voie à un réexamen du statut de bidoon au cas par cas.

EGALITES DES SEXES: Jeunes hommes et jeunes filles fréquentent l’université en nombre égal. Sous la pression de l’Assemblée nationale, ils sont de plus en plus souvent séparés dans les classes universitaires. En 2002, toutes les pre- mières et deuxièmes années étaient séparées. Les femmes n’ont pas le droit de voter ou de se faire élire à l’Assemblée nationale. Un décret amiri de 1999 a donné aux femmes le droit de voter et de se porter candidate à l’Assemblée, mais le Parlement a opposé son veto. Les femmes occupent malgré tout des postes non politiques assez haut placés au sein de certains ministères, en particulier celui de l’Education. La loi qui préconise un salaire égal pour un travail à valeur égale est respectée dans la pratique. Un sondage auprès des étudiants universitaires en 2001 indique que 84% des étudiantes et 65% des étudiants sont en faveur du vote des femmes. La loi interdit le mariage entre une femme musulmane et un homme non musulman.

LIBERTE ACADEMIQUE: Le gouvernement n’exerce pas de censure formelle sur l’enseignement, la recherche ou les publications universitaires. Néanmoins, la liberté académique est restreinte par l’autocensure, en particulier si les remarques sont perçues comme étant une critique des Amirs ou une offense à l’Islam. Le ministère de l’Education contrôle les livres, films, cassettes, magazines, sites Internet et tout autre matériel d’importation et décide si l’œuvre peut être ‘moralement choquante.’

TRAVAIL DES ENFANTS: L’âge minimum d’embauche pour toute forme de travail, y compris le travail tempo- raire, est fixé à 18 ans. Les employeurs peuvent obtenir une permission d’embaucher des mineurs de 14 à 18 ans dans certains secteurs. La Constitution interdit le travail forcé et l’esclavage des enfants. Cependant, des rapports font état de KOWEIT jeunes garçons utilisés comme jockeys pour les courses de chameaux, ainsi que de filles mineures travaillant comme domestiques. Ces enfants viennent généralement du Bangladesh, du Soudan et de l’Erythrée.

BAROMÈTRE DE L’IE SUR LES DROITS HUMAINS ET SYNDICAUX DANS LE SECTEUR DE L’ÉDUCATION - 2004 181 KOWEIT

DROITS SYNDICAUX: Les travailleurs ont le droit d’adhérer à un syndicat mais la loi n’autorise qu’un seul syn- dicat par profession et une seule fédération. Le droit de former des syndicats et de négocier est soumis à des restrictions. La Loi des fonctionnaires ne prévoit pas de négociation collective entre employés du secteur public et l’Etat. La loi limi- te le droit de grève. Elle exige que tout conflit du travail soit soumis à un arbitrage obligatoire si direction et travailleurs n’arrivent pas à trouver une solution. Les travailleurs étrangers ne peuvent se syndiquer qu’après cinq années de rési- dence. De nombreux ouvriers étrangers non qualifiés sont traités comme des travailleurs forcés. Les domestiques ne sont autorisés ni à former ni à adhérer à un syndicat. La loi permet aux tribunaux de dissoudre un syndicat et de saisir ses bien pour violation des lois du travail. L’Organisation internationale du travail (OIT), qui a longtemps critiqué de telles pratiques restrictives, a répondu à l’invitation du gouvernement à l’aider à améliorer la situation du travail dans le pays. S’il est accepté, le nouveau projet de Code du travail mettra fin au monopole syndical et à plusieurs autres clauses ne respectant pas les normes internationales. Sous la pression de l’OIT, le gouvernement avait accepté de ratifier les Conventions 98 et 100 de l’OIT, mais au 12 janvier 2004, celles-ci n’étaient pas ratifiées.

Organisation membre de l’IE / Nombre de membres: Kuwait Teachers' Society (KTS) / 12.000 KOWEIT

182 BAROMÈTRE DE L’IE SUR LES DROITS HUMAINS ET SYNDICAUX DANS LE SECTEUR DE L’ÉDUCATION - 2004 LESOTHO Royaume du Lesotho • Population: 2.207.957

Population <15: 40,2% % du PNB afférent à l’enseignement: 10,1% Analphabétisme: 16,1% Espérance de vie à la naissance: 47 Taux de scolarisation brut, pré-primaire: Espérance de scolarité (années): m: 8,9 - f: 10,4 Taux de scolarisation brut, primaire: % d’élèves ayant atteint la 5ème année du primaire en 2000: Taux de scolarisation brut, secondaire: Nbre d’étudiants de l’enseignement supérieur par 100.000 habitants: 4.976 Nbre d’élèves du primaire par enseignant: 47 % des dépenses du gouvernement afférentes à l’enseignement: 18,5%

Ratification des Conventions du BIT: 29 87 98 100 105 111 138 169 182

SYSTEME EDUCATIF: L’enseignement n’est pas obligatoire. Quelque 25% des enfants Basutos en âge de fréquen- ter l’école primaire ne vont pas à l’école, particulièrement dans les zones rurales. De nombreuses familles ne peuvent se permettre de payer les coûts associés à l’enseignement, comme l’achat d’uniformes, de manuels et de matériel scolaire. Toutefois, en 2000, le ministère de l’Education a progressivement introduit la gratuité de l’enseignement primaire public, en commençant par la première année primaire. Il est prévu que le programme atteigne la 5ème année en 2004. Les missions des écoles chrétiennes, sous la direction du ministère de l’Education, sont actives dans la plupart des écoles du pays.

EGALITES DES SEXES: Le taux d’alphabétisation des femmes adultes au Lesotho est le plus bas en Afrique et l’un des plus bas dans les pays en développement. Des disparités considérables dans l’éducation favorisent les filles. La garde des troupeaux par les jeunes hommes a priorité sur l’éducation. Dans la culture des Basutos, elle est considérée comme un rite de passage et une condition préalable d’accès au statut d’adulte. Les jeunes filles comptent pour plus de 60% des étudiants inscrits dans l’enseignement supérieur. Néanmoins, les femmes sont considérées comme ayant une importan- ce mineure après le mariage et doivent demander la permission à leur mari pour continuer des activités, telles que sui- vre des cours.

LIBERTE ACADEMIQUE: Aucun rapport n’indique que le gouvernement restreint la liberté académique dans la seule université du pays, qui est propriété du gouvernement.

TRAVAIL DES ENFANTS: L’âge minimum d’embauche dans les entreprises commerciales ou industrielles est de 15 ans. Il existe certaines interdictions du travail des mineurs dans les entreprises commerciales, industrielles ou non familiales où les conditions de travail peuvent être dangereuses, mais l’application de ces interdictions est très laxiste. Les conditions pour les jeunes gardiens de troupeaux sont rigoureuses et parfois dangereuses. L’endémie du VIH/SIDA a contri- bué à l’augmentation du nombre d’enfants sans abri et abandonnés, générant un nombre croissant d’enfants des rues. Une évaluation récente de l’UNICEF a conclu que la prostitution enfantine au Lesotho était engendrée par la pauvreté.

DROITS SYNDICAUX: Les fonctionnaires n’ont pas le droit de former des syndicats ou d’y adhérer, bien que cette LESOTHO interdiction ne soit pas conforme à la Constitution du Lesotho. Ils peuvent uniquement former des associations ou y adhérer si elles ont un statut consultatif. Les termes et conditions d’emploi des enseignants sont standardisés. Les ensei- gnants n’ont pas le droit de faire grève dans la mesure où le gouvernement a déclaré l’enseignement comme étant un service essentiel.

Organisation membre de l’IE / Nombre de membres: Lesotho Association of Teachers [LAT] / 4.000

BAROMÈTRE DE L’IE SUR LES DROITS HUMAINS ET SYNDICAUX DANS LE SECTEUR DE L’ÉDUCATION - 2004 183 LETTONIE République de Lettonie • Population: 2.366.515

Population <15: 17,3% % du PNB afférent à l’enseignement: 5,9% Analphabétisme: 1% Espérance de vie à la naissance: m: 64 - f: 76,2 Taux de scolarisation brut, pré-primaire: m: 45,6 - f: 43,6% Espérance de scolarité (années): m: 11,8 - f: 12,5 Taux de scolarisation brut, primaire: 92% % d’élèves ayant atteint la 5ème année du primaire en 2000: Taux de scolarisation brut, secondaire: Nbre d’étudiants de l’enseignement supérieur par 100.000 habitants: 102.783 Nbre d’élèves du primaire par enseignant: 10 % des dépenses du gouvernement afférentes à l’enseignement:

Ratification des Conventions du BIT: 29 87 98 100 105 111 138 169 182

SYSTEME EDUCATIF: L’éducation de base est obligatoire pendant neuf ans (de 7 à 16 ans) et gratuite dans les écoles gouvernementales. D’une durée de trois ans, l’éducation secondaire (de 16 à 18 ans) est facultative et également gratuite dans les écoles gouvernementales. La responsabilité de l’éducation publique est divisée entre le gouvernement et les municipalités. Le budget de l’Etat cou- vre les salaires des enseignants et les coûts administratifs, alors que le budget municipal prend en charge le coût de l’en- tretien des infrastructures, ainsi que la subvention de repas pour les enfants de familles défavorisées. Contrairement au passé, la législature lettone actuelle soutient l’intégration dans le système public des enfants souffrant d’infirmités. La Lettonie est un pays d’une grande diversité ethnique avec de nombreuses minorités. Les principales d’entre elles sont les Russes (27%), les Biélorusses (4%), les Ukrainiens (3%) et les Polonais (2%). Les écoles publiques destinées aux mino- rités et qui enseignent dans leur langue font partie d’une longue tradition dans l’histoire du système éducatif. Actuellement, environ 74% des élèves en âge de scolarité obligatoire reçoivent leur instruction en letton, mais le pays compte également près de 140 écoles russes, ainsi que quelques écoles ukrainiennes, biélorusses, juives, polonaises et estoniennes. Néanmoins, le niveau d’apprentissage du letton dans la plupart des écoles de langue russe n’est pas suffi- sant pour accéder aux études supérieures ou pour travailler dans le pays. L’intégration de ces écoles au sein du système éducatif régulier constitue un problème majeur. La politique du gouvernement d’introduire des programmes éducatifs bilingues dans toutes les écoles minoritaires depuis 1999 a été mise en œuvre avec succès et a été suivie par l’introduc- tion de l’éducation bilingue dans toutes les écoles secondaires minoritaires dès 2004. La mise en pratique de cette der- nière réforme a rencontré une certaine opposition d’une partie des enseignants et des parents qui s’inquiétaient de la qualité de l’enseignement. L’anglais est de plus en plus utilisé comme première langue étrangère et est enseignée dans toutes les écoles à partir de la troisième année. De nombreuses institutions privées d’enseignement supérieur offrent des cours donnés dans d’autres langues, notamment en anglais et en russe. Tous les diplômés du niveau secondaire ont le droit de se présenter aux examens d’entrée à l’université. L’Etat subventionne environ 30% des étudiants, sur base de concours, et perçoit des frais d’inscription pour le restant d’entre eux. Il existe une possibilité de crédit d’études. Le pays compte 36 institutions d’enseignement supérieur - 20 privées et 16 publiques - dont plus de la moitié se trouve à Riga.

EGALITES DES SEXES: Plus de 60% des étudiants inscrits dans l’enseignement supérieur sont des jeunes filles. Le Code du travail interdit la discrimination à l’embauche, et les femmes ont les mêmes droits que les hommes.

LIBERTE ACADEMIQUE: Aucun rapport n’indique une restriction de la liberté académique de la part du gou- vernement.

TRAVAIL DES ENFANTS: L’âge minimum légal d’embauche est fixé à 15 ans. Les jeunes peuvent travailler après LETTONIE

184 BAROMÈTRE DE L’IE SUR LES DROITS HUMAINS ET SYNDICAUX DANS LE SECTEUR DE L’ÉDUCATION - 2004 LETTONIE

l’école, s’ils sont employés à des travaux légers, à partir de 13 ans et moyennant l’accord des parents. On ne peut embau- cher des mineurs pour un travail dangereux, qui nuirait à leur santé ou porterait atteinte à leur moralité ; le travail de nuit et les heures supplémentaires leur sont également interdits. Bien que l’application de la législation relative au tra- vail des enfants soit laxiste, le travail des enfants est rare. Il existe cependant des problèmes d’enfants des rues, de prosti- tution enfantine, de pornographie enfantine et de trafic de filles. Récemment, de tels crimes sont plus sévèrement punis par la législation et la pratique. Le gouvernement soutient des programmes destinés à combattre l’exploitation sexuelle des enfants, mais n’a toutefois pas ratifié la Convention 182 de l’OIT.

DROITS SYNDICAUX: Les travailleurs ont le droit de former des syndicats et s’affilier à celui de leur choix. La CISL estime assez faible la protection du droit d’association dans le secteur privé. Près de 30% des travailleurs sont syndiqués. La législation actuelle ne limite pas le droit de grève et les travailleurs peuvent mener des négociations collectives. En 2001, on a pu noter certaines améliorations de la législation du travail, lesquelles tenaient compte des conventions de l’OIT et des directives de l’Union européenne. Les droits d’association et de négociation ne s’appliquent pas aux employés du secteur public.

Organisation membre de l’IE / Nombre de membres: Latvian Trade Union of Employees in Education and Science [LIZDA] / 67.328 LETTONIE

BAROMÈTRE DE L’IE SUR LES DROITS HUMAINS ET SYNDICAUX DANS LE SECTEUR DE L’ÉDUCATION - 2004 185 LIBERIA République du Libéria • Population: 3.288.198

Population <15: % du PNB afférent à l’enseignement: Analphabétisme: Espérance de vie à la naissance: 52 Taux de scolarisation brut, pré-primaire: Espérance de scolarité (années): Taux de scolarisation brut, primaire: 83% % d’élèves ayant atteint la 5ème année du primaire en 2000: 33% Taux de scolarisation brut, secondaire: Nbre d’étudiants de l’enseignement supérieur par 100.000 habitants: 20.804 Nbre d’élèves du primaire par enseignant: % des dépenses du gouvernement afférentes à l’enseignement:

Ratification des Conventions du BIT: 29 87 98 100 105 111 138 169 182

SYSTEME EDUCATIF: Le Liberia est un pays très pauvre qui ne s’est pas encore remis des ravages de la guerre civile. Durant une bonne partie du conflit, la plupart des écoles étaient fermées et le soin des enfants a été largement négligé. Une génération d’enfants a grandi dans la violence, la malnutrition et l’absence de foyer. Il existe plus d’une centaine d’orphelinats sous-financés à Monrovia et dans les alentours et l’enseignement n’est pas une priorité de ces institutions. Plus de 80% de la population vit en dessous du seuil de pauvreté et les familles se voient souvent demander de fournir des livres, des crayons, du papier et même un pupitre pour les enfants qui fréquentent l’école. En 2001, 1,05 million d’enfants en âge scolaire sur un total estimé à 1,7 million étaient inscrits dans l’une ou l’autre école de l’ensei- gnement primaire ou secondaire.

EGALITES DES SEXES: Les statistiques récentes disponibles sont rares. Une faible majorité des hommes est consi- dérée alphabétisée, contre seulement 23% de femmes. En 1998-99, près de 20% des étudiants universitaires étaient de sexe féminin.

LIBERTE ACADEMIQUE: Aucun rapport ne fait état d’une restriction de la liberté académique de la part du gou- vernement.

TRAVAIL DES ENFANTS: Quelque 50.000 enfants ont été tués pendant la guerre et de nombreux autres ont été blessés, sont devenus orphelins ou ont été abandonnés. Presque tous les enfants ont été témoins d’atrocités et certains en ont même commis eux-mêmes. Les Nations Unies estiment que de 15.000 à 20.000 enfants ont participé au conflit, cer- tains âgés d’à peine 6 ans. Dans un pays connaissant un taux de chômage qui a atteint les 85% au cours de ces derniè- res années, il y a peu de perspectives d’emploi, ni dans le secteur formel ni dans le secteur informel, les enfants travaillent pour ainsi dire sans rémunération, souvent avec leurs parents dans l’agriculture de subsistance.

DROITS SYNDICAUX: La Constitution garantit aux travailleurs le droit de s’associer et d’adhérer à des syndicats. A l’exception des fonctionnaires, les travailleurs ont également le droit de se syndiquer et le droit à la négociation col- lective. La loi garantit le droit de grève. En septembre 2002, les enseignants du système scolaire du grand Monrovia sont entrés en grève et ont refusé de commencer le trimestre d’automne sans au moins toucher une partie de leur salaire qui avait 9 mois de retard. Le mois suivant, le ministère de l’Education a annoncé qu’ils toucheraient un mois de salaire et recevraient un sac de riz pour que les classes puissent commencer. Les enseignants ont accepté l’offre à condition que tous les arriérés leur soient payés en 2003. LIBERIA

186 BAROMÈTRE DE L’IE SUR LES DROITS HUMAINS ET SYNDICAUX DANS LE SECTEUR DE L’ÉDUCATION - 2004 LIBERIA

Organisation membre de l’IE / Nombre de membres: Liberia National Educational Workers Union [LINEWU] / 1.453 National Teachers' Association of Liberia [NTAL] / 5.000 LIBERIA

BAROMÈTRE DE L’IE SUR LES DROITS HUMAINS ET SYNDICAUX DANS LE SECTEUR DE L’ÉDUCATION - 2004 187 LITUANIE République de Lituanie • Population: 3.601.138

Population <15: 19,6% % du PNB afférent à l’enseignement: 6,4% Analphabétisme: 2% Espérance de vie à la naissance: m: 63,54 - f: 75,6 Taux de scolarisation brut, pré-primaire: Espérance de scolarité (années): Taux de scolarisation brut, primaire: 95% % d’élèves ayant atteint la 5ème année du primaire en 2000: Taux de scolarisation brut, secondaire: 86% Nbre d’étudiants de l’enseignement supérieur par 100.000 habitants: 135.923 Nbre d’élèves du primaire par enseignant: 16 % des dépenses du gouvernement afférentes à l’enseignement:

Ratification des Conventions du BIT: 29 87 98 100 105 111 138 169 182

SYSTEME EDUCATIF: L’éducation primaire et secondaire est obligatoire à partir de 6 ou 7 ans et jusqu’à 16 ans. En 2000-2001, 10% des enfants en âge d’aller à l’école n’étaient pas scolarisés. Le manque de motivation et la pauvreté sont les deux raisons principales de cette défection. L’enseignement subventionné par l’Etat aux niveaux primaire et secondaire est dispensé en lituanien, ou est bilingue dans les écoles municipales fréquentées en grande partie par des enfants appartenant à des minorités. Celles-ci repré- sentant près de 20% de la population, la plupart étant des Polonais (10%) et des Russes (8%) et l’éducation des minori- tés en général n’est pas considérée comme un problème important, excepté en ce qui concerne les groupes spéciaux comme les Rom. Le nombre d’enfants inscrits dans des écoles spéciales a considérablement chuté depuis l’indépendance, en raison de cri- tères plus stricts adoptés en matière de définition du handicap. On constate une augmentation du nombre d’enfants qui éprouvent des besoins particuliers mais suivent une scolarité normale. Un autre point positif est l’accès à l’enseignement pour les enfants souffrant des handicaps les plus graves, pour lesquels aucune disposition n’existait auparavant. Dans le cadre de son Programme pour l’intégration de la faible population Rom dans la société lituanienne, le gouvernement a mis en place un centre social et une école communautaire pour les Roms.

EGALITES DES SEXES: Les filles sont aussi nombreuses que les garçons dans les cycles primaire et secondaire et les jeunes filles représentent 60% des étudiants de l’enseignement supérieur. Depuis juin 2002, la loi sur l’égalité des chances prévoit une discrimination positive à l’égard des femmes et interdit toute discrimination indirecte. La politique officielle exige une égalité de salaire pour un travail d’égale valeur, mais les femmes continuent de subir une discrimi- nation. Elles forment près de la moitié de la population active, mais perçoivent en moyenne un salaire qui représente 81,4% de celui des hommes. Les femmes sont nettement sous-représentées dans certaines professions, dans les affaires et aux postes de direction. De récentes études montrent néanmoins que les idées conservatrices sur le rôle des femmes dans le travail tendent à reculer. Le bureau de l’ombudsman pour l’égalité des chances entre les hommes et les femmes est une agence indépendante, responsable devant le Parlement, chargée de veiller à la mise en œuvre de la loi. L’ombudsman est également doté de certains pouvoirs d’application.

LIBERTE ACADEMIQUE: L’autonomie des universités lituaniennes est garantie par la loi. Aucun rapport ne fait état d’une restriction de la liberté académique de la part du gouvernement.

TRAVAIL DES ENFANTS: L’âge minimum légal d’embauche des enfants sans l’accord des parents est fixé à 16 ans. Avec l’accord écrit des parents, cet âge est ramené à 14 ans. Les représentants syndicaux affirment que les mécanis- mes de contrôle de la législation sur l’âge minimum sont rudimentaires. Les plaintes relatives aux violations des règle- LITUANIE

188 BAROMÈTRE DE L’IE SUR LES DROITS HUMAINS ET SYNDICAUX DANS LE SECTEUR DE L’ÉDUCATION - 2004 LITUANIE

ments en matière de travail des enfants sont généralement transmises aux procureurs locaux qui enquêtent et entament des poursuites judiciaires visant à mettre un terme aux infractions. Selon toute vraisemblance, le travail des enfants est rare, mais la prostitution et la pornographie enfantines, ainsi que la traite des jeunes filles à des fins de prostitution for- cée constituent des problèmes. De récentes modifications apportées au Code pénal prévoient des peines de prison pour les personnes qui exploitent les enfants dans le domaine de la production pornographique. Plusieurs milliers d’enfants vivraient dans la rue. Pas moins de 60 ONG identifient les enfants en danger et aident les enfants exploités à se réinsé- rer. La République s’est attaquée au problème de la traite des jeunes filles à des fins de prostitution forcée. Le code pénal interdit désormais cette pratique.

DROITS SYNDICAUX: La Constitution et la loi reconnaissent aux travailleurs le droit de former des syndicats et d’y adhérer. Le droit à la négociation collective est également reconnu. En mai 2002, le gouvernement, les syndicats et les associations d’employeurs ont signé un accord de coopération tripartite qui prévoit l’organisation de réunions régu- lières afin de discuter de l’application des lois sur le travail et de prévenir le travail illégal. Les travailleurs ont le droit de faire grève.

Organisation membre de l’IE / Nombre de membres: Lithuanian Teachers' Union [LMPS] / 3.000 Lithuanian Education Employees Trade Union [LEETU] / 17.946 LITUANIE

BAROMÈTRE DE L’IE SUR LES DROITS HUMAINS ET SYNDICAUX DANS LE SECTEUR DE L’ÉDUCATION - 2004 189 LUXEMBOURG Grand-Duché de Luxembourg • Population: 448.569

Population <15: 19% % du PNB afférent à l’enseignement: 3,7% Analphabétisme: Espérance de vie à la naissance: m: 75 - f: 81 Taux de scolarisation brut, pré-primaire:m: 132,1 - f: 101,2% Espérance de scolarité (années): m: 14 - f: 15 Taux de scolarisation brut, primaire: 97% % d’élèves ayant atteint la 5ème année du primaire en 2000: 99% Taux de scolarisation brut, secondaire: m: 92,8 - f: 97,8% Nbre d’étudiants de l’enseignement supérieur par 100.000 habitants: 2.533 Nbre d’élèves du primaire par enseignant: 15 % des dépenses du gouvernement afférentes à l’enseignement: 8,5%

Ratification des Conventions du BIT: 29 87 98 100 105 111 138 169 182

SYSTEME EDUCATIF: L’éducation de la petite enfance date des années 1860. 142 ans plus tard, l’inscription est facultative à l’âge de 3 ans et obligatoire à 4 ans. Les statistiques pour l’année 2000 révèlent que 10.700 enfants ont fré- quenté les kindergartens sous la houlette de 749 enseignants. Le système éducatif primaire et secondaire est amplement financé. Il est gratuit et obligatoire jusqu’à l’âge de 16 ans. Six années de scolarisation primaire sont suivies de 3 années d’éducation secondaire inférieure. L’éducation secondaire supérieure qui est également gratuite est normalement de 4 ans se termine à 19 ans. L’allemand, le français et l’anglais sont largement enseignés en plus du luxembourgeois. L’Institut d’études éducatives et sociales forme les futurs enseignants et le Centre du Luxembourg pour l’enseignement supérieur prépare les étudiants à l’éducation tertiaire supérieure dans les pays voisins. La majorité se rend en Belgique et en France. Le gouvernement accorde une certaine assistance financière pour l’enseignement post-secondaire.

EGALITES DES SEXES: Les jeunes filles représentent 50% des inscriptions dans le post-secondaire. La loi prévoit un salaire égal pour un travail de valeur égale, mais en fait les femmes sont payées de 20 à 30% de moins que les hom- mes pour un travail similaire. Le ministère pour la Promotion de la femme avait été mandaté pour encourager un climat d’égalité de traitement et d’égalité des chances. Le gouvernement cite les interruptions de carrière des femmes dues à la maternité et à leur rôle de mères comme raison de cette inégalité. Les femmes représentent 33% de la main- d’œuvre.

LIBERTE ACADEMIQUE: Aucun rapport n’indique une restriction de la liberté académique de la part du gou- vernement.

TRAVAIL DES ENFANTS: La loi interdit l’embauche d’enfants de moins de 16 ans. Parallèlement à leur forma- tion professionnelle, les apprentis âgés de 16 ans sont tenus de fréquenter l’école. Les travailleurs de moins de 18 ans bénéficient d’une protection juridique accrue ; des restrictions portent notamment sur les heures supplémentaires et sur la durée du travail ininterrompu auquel un adolescent peut être soumis. Les ministères du Travail et de l’Education veillent assidûment au respect de la législation en matière de travail des enfants et d’éducation. En 1999, le gouverne- ment a fait passer une loi couvrant tous les aspects de l’exploitation sexuelle des enfants. La loi interdit cette pire forme de travail des enfants au Grand-Duché, mais sa portée s’étend au-delà du territoire, puisque les mesures qu’elle prévoit s’appliquent aux citoyens et aux résidents qui s’engagent dans de telles activités à l’étranger. Aucun cas n’a été signalé à l’attention des autorités en 2002. L’objectif du ministère de la Promotion de la femme est d’établir un réseau transfron- talier d’ONG allemandes, françaises et luxembourgeoises pour la protection des victimes de trafic d’enfants.

DROITS SYNDICAUX: Environ 57% de la main-d’œuvre est syndiquée. La loi garantit le droit à la négociation LUXEMBOURG

190 BAROMÈTRE DE L’IE SUR LES DROITS HUMAINS ET SYNDICAUX DANS LE SECTEUR DE L’ÉDUCATION - 2004 LUXEMBOURG

collective. La Constitution garantit à tous les travailleurs le droit de grève, hormis pour les fonctionnaires du gouverne- ment prestataires de services essentiels. En cas de conflit, le droit de grève ne peut être exercé qu’à l’issue d’une longue procédure de conciliation entre les parties.

Organisation membre de l’IE / Nombre de membres: Association des Professeurs de l'Enseignement Secondaire et Supérieur [APESS] / 1.036 Syndicat Education et Sciences / Onofhangege Gewerkschaftsbond Letzebuerg [SEW-OGBL] / 1.223 LUXEMBOURG

BAROMÈTRE DE L’IE SUR LES DROITS HUMAINS ET SYNDICAUX DANS LE SECTEUR DE L’ÉDUCATION - 2004 191 MACEDOINE Ancienne République yougosalve de Macédoine • Population: 2.054.800

Population <15: 22,3% % du PNB afférent à l’enseignement: Analphabétisme: Espérance de vie à la naissance: m: 72 - f: 76,68 Taux de scolarisation brut, pré-primaire: Espérance de scolarité (années): Taux de scolarisation brut, primaire: 92% % d’élèves ayant atteint la 5ème année du primaire en 2000: Taux de scolarisation brut, secondaire: Nbre d’étudiants de l’enseignement supérieur par 100.000 habitants: 40.246 Nbre d’élèves du primaire par enseignant: % des dépenses du gouvernement afférentes à l’enseignement:

Ratification des Conventions du BIT: 29 87 98 100 105 111 138 169 182

SYSTEME EDUCATIF: L’éducation est obligatoire jusqu’à la 8ème année, c’est-à-dire jusqu’à l’âge de 15 ou 16 ans. Certains enfants n’ont aucun accès à l’éducation. Le gouvernement évalue à 5% le nombre des enfants en âge sco- laire qui ne vont pas à l’école. Bien que l’éducation primaire et secondaire soit gratuite, le fait que les élèves doivent se procurer eux-mêmes leurs livres et le matériel scolaire est un élément démotivant pour les familles les plus pauvres. Le macédonien, langue slave avec substrats grecs et turcs, utilise l’alphabet cyrillique avec de légères modifications. C’est la langue maternelle des deux tiers de la population de Macédoine. La Constitution protège l’identité culturelle, linguis- tique et religieuse des minorités de Macédoine. La communauté Rom n’est cependant pas considérée comme un groupe ethnique distinct et ne bénéficie pas d’un enseignement dans sa langue. De récentes statistiques indiquent que 50% des enfants Rom qui commencent l’enseignement scolaire quittent l’école en classe de 5ème. Un programme pilote d’ensei- gnement de langue rom lancé par une ONG promeut l’éducation parmi les Roms. Ses services à la petite enfance et ses classes de rattrapage pour les enfants Roms en âge d’école primaire et aussi pour leurs familles sont en langue macédo- nienne. L’État soutient l’enseignement primaire pour les minorités albanaise, turque, serbe et valaque (aroumaine) dans leur langue respective. Les enfants des Macédoniens-Albanais, plus d’un cinquième de la population, bénéficient de huit ans de scolarité dans des écoles de langue albanaise. Moins de 40% des étudiants macédoniens-albanais fréquentent l’é- cole secondaire, en partie en raison de la pénurie de classes disponibles en langue albanaise et en partie du fait que de nombreuses familles des campagnes ne voient pas l’utilité d’envoyer leurs enfants suivre une scolarité au-delà de la 8ème année. Au niveau universitaire, les minorités ethniques demeurent sous-représentées. Durant quelques années, une uni- versité en langue albanaise a fonctionné à Tetovo, même si ses diplômes n’ont pas été officiellement reconnus. En 2001, l’Université de l’Europe du Sud-Est (UESE), institution privée multiethnique et multilingue a été créée à Tetovo. L’UESE a été créée par l’Organisation pour la Sécurité et la Coopération (OSCE) et elle a bénéficié du soutien de différents dona- teurs internationaux. L’UESE est une institution accréditée. Le 21 janvier 2004, le gouvernement de la République a voté la reconnaissance formelle de l’Université de langue albanaise à Tetovo et a approuvé son financement annuel par l’É- tat. Le Premier ministre a soutenu la résolution selon laquelle cette création fait partie des accords de paix d’Ohrid et qu’elle supprime tout prétexte des extrémistes pour provoquer un nouveau conflit. Certains enfants n’ont aucun accès au système d’éducation. Le ministère de l’Éducation indique un taux d’inscription de 95%, mais d’autres statistiques ne sont pas disponibles sur la fréquentation scolaire des enfants ou sur le nombre de ceux n’ayant pas accès à l’éducation. En septembre 2002, quelque 200 étudiants d’origine albanaise ont boycotté l’école durant plusieurs semaines pour pro- tester contre les inégalités ressenties entre les infrastructures scolaires destinées aux minorités ethniques et celles pour les Macédoniens de souche. En octobre 2002, environ 200 étudiants d’origine macédonienne ont boycotté les classes dans deux lycées publics, parce qu’un mémorial à la mémoire d’un combattant albanais avait été placé en face d’écoles eth- niquement mixtes. En dépit des pressions internationales continues pour l’enlèvement de ces mémoriaux, ils ont été maintenus, avec la complicité des dirigeants locaux albanais. Le 16 décembre 2002, les étudiants d’origine macédo- MACEDOINE

192 BAROMÈTRE DE L’IE SUR LES DROITS HUMAINS ET SYNDICAUX DANS LE SECTEUR DE L’ÉDUCATION - 2004 MACEDOINE

nienne de six villages de Tetovo ont commencé temporairement à fréquenter les classes à l’école régionale de Siricino. Le Comité d’Helsinki a indiqué que des étudiants étaient victimes de l’atmosphère politisée des écoles. Des enfants nés dans le pays de parents à la nationalité non déterminée ne peuvent acquérir la nationalité. Même si on permet à ces enfants d’aller à l’école, l’UNICEF et les ONG ont rapporté qu’ils n’étaient pas classés ou n’obtenaient pas le diplôme de fin d’études.

EGALITES DES SEXES: Essentiellement pour des raisons de tradition et de religion, les filles des communautés rurales et celles de la communauté ethnique albanaise sont plus susceptibles d’être retirées des écoles avant d’avoir ter- miné leur scolarité obligatoire. La politique du gouvernement consiste à encourager les étudiants issus des minorités, en particulier les filles, à poursuivre leur éducation à l’école secondaire. Les jeunes filles représentent environ 55% des étu- diants du cycle supérieur.

LIBERTE ACADEMIQUE: Aucun rapport ne fait état de restriction à la liberté académique de la part du gouver- nement.

TRAVAIL DES ENFANTS: L’âge minimal d’embauche des enfants est fixé à 15 ans. La loi interdit aux enfants de travailler la nuit ou plus de 40 heures par semaine. Le travail des enfants, y compris la mendicité, constitue un réel problème. Un certain nombre d’ONG apportent une aide et un toit aux enfants abandonnés et une série de projets aident préventivement les enfants pour éviter qu’ils ne commencent à travailler. La traite des jeunes filles à des fins de prostitu- tion et de pornographie est une réalité. Une nouvelle loi criminalise ces trafics.

DROITS SYNDICAUX: La Constitution reconnaît le droit de constituer des syndicats et implicitement celui des tra- vailleurs de négocier collectivement. Le droit de grève est également un droit constitutionnel. Dans le courant de 2002, l’IE a participé à une réunion entre son affilié le SONK et le ministre de l’Éducation, dans une tentative de trouver un compromis sur la question des salaires des enseignants. Le SONK a mené une grève de neuf jours et a organisé des mani- festations en mai 2002 pour protester contre le niveau des salaires qui était souvent encore plus bas que celui de pauv- reté. Le ministre a accepté de recommander au gouvernement que le minimum salarial des enseignants soit substan- tiellement relevé. Le 26 janvier 2004, le SONK a entrepris une nouvelle action de grève pour forcer le gouvernement à honorer les dispositions signées dans la convention collective.

Organisation membre de l’IE / Nombre de membres: MACEDOINE Trade Union for Education, Science and Culture in the Republic of Macedonia [SONK] / 18.750

BAROMÈTRE DE L’IE SUR LES DROITS HUMAINS ET SYNDICAUX DANS LE SECTEUR DE L’ÉDUCATION - 2004 193 MALAISIE Population: 22.662.365

Population <15: 33,4% % du PNB afférent à l’enseignement: 6,2% Analphabétisme: 12,1% Espérance de vie à la naissance: 72 Taux de scolarisation brut, pré-primaire: Espérance de scolarité (années): Taux de scolarisation brut, primaire: 98% % d’élèves ayant atteint la 5ème année du primaire en 2000: Taux de scolarisation brut, secondaire: Nbre d’étudiants de l’enseignement supérieur par 100.000 habitants: 549.205 Nbre d’élèves du primaire par enseignant: 19 % des dépenses du gouvernement afférentes à l’enseignement: 26,7%

Ratification des Conventions du BIT: 29 87 98 100 105 111 138 169 182

SYSTEME EDUCATIF: Le ferme engagement de la Malaisie en faveur d’une société instruite se reflète dans le mon- tant du budget national alloué à l’éducation. Les programmes préscolaires se sont développés au cours des 12 dernières années et une éducation obligatoire et universelle est prévue pour les enfants âgés de 6 à 15 ans. Elle est gratuite jusqu’à l’âge de 18 ans. 98% des élèves en âge de scolarité primaire vont à l’école et 82% des enfants admissibles sont inscrits dans des écoles secondaires. Au cours de ces dernières années, le gouvernement a amélioré les possibilités d’enseigne- ment pour les enfants handicapés ou ayant des besoins particuliers. A l’école primaire, les écoliers sont instruits dans leur langue maternelle, principalement le malais baasa, le mandarin ou le tamoul. L’anglais est enseigné comme seconde langue obligatoire. Presque tous les enseignants sont diplômés. En janvier 2003, le ministre de l’Education a confirmé que les admissions dans toutes les 17 universités publiques seraient déterminées sur la seule base du mérite. Cette annon- ce a mis fin à un système de quota qui favorisait généralement les étudiants de l’ethnie malaisienne aux dépens des mal- aisiens chinois et ceux originaires du sous-continent indien.

EGALITES DES SEXES: La politique du gouvernement soutient les droits de la femme et promeut l’égalité de l’en- seignement. Reflétant l’ancienne disparité, les femmes sont plus susceptibles d’être analphabètes que les hommes. Mais garçons et filles fréquentent l’école primaire en nombre égal et les filles tendent à obtenir un diplôme de l’enseignement secondaire en plus grand nombre que les garçons. La fréquentation féminine des universités nationales en 1970 n’était que de 29%. Elle s’élevait à 51% en 2002. Ces dernières années, plus de la moitié des diplômés universitaires dans les domaines scientifiques et médicaux étaient des femmes. Les femmes prédominent dans les services civils et occupent un certain nombre de postes à haut niveau.

LIBERTE ACADEMIQUE: La faculté universitaire et les étudiants sont tenus de signer un pacte de loyauté envers le gouvernement et la Loi sur les universités et les collèges universitaires (UUCA) restreint la liberté d’association. Les étu- diants qui prennent part à des activités perçues comme étant anti-gouvernementales peuvent encourir une action disci- plinaire, dont l’expulsion. Les associations d’étudiants et les manifestations sur le campus doivent être approuvées, en général par les vice-recteurs des universités. La UCCA interdit aux étudiants de s’engager dans une quelconque activité politique mais les activités estudiantines progouvernementales semblent être tolérées. L’autocensure prédomine tant dans les universités publiques que privées. La promotion et le salaire des professeurs d’universités publiques dépendent du gou- vernement. Les enseignants des universités privées craignent d’exprimer leurs vues sur des sujets délicats, de peur de per- dre leur licence universitaire. Au cours de 2002, un enseignant du secondaire a été accusé de sédition après avoir fait pas- ser un examen mettant en cause l’indépendance judiciaire dans la Fédération.

TRAVAIL DES ENFANTS: Une loi est entrée en rigueur en août 2002 mettant en vigueur les principes fonda- MALAISIE

194 BAROMÈTRE DE L’IE SUR LES DROITS HUMAINS ET SYNDICAUX DANS LE SECTEUR DE L’ÉDUCATION - 2004 MALAISIE

mentaux de la Convention des Nations Unies sur les Droits de l’Enfant La loi prévoit de lourdes pénalités pour le viol, la maltraitance, la négligence ou l’abandon d’enfants. Une loi de 1966 interdit l’embauche d’enfants âgés de moins de 14 ans. Elle permet quelques exceptions, comme le travail léger dans l’entreprise familiale, le travail dans les spectacle publics, le travail réalisé pour le gouvernement à l’école ou en centre de formation ou le travail en apprentissage recon- nu. En aucun cas les enfants ne sont autorisés à travailler plus de six heures par jour, plus de six jours par semaine ou la nuit. Ces dispositions légales sont appliquées. Le travail des enfants sur les domaines agricoles et dans les petites fabriques a largement été remplacé par des travailleurs étrangers et la politique du gouvernement vise à éliminer le tra- vail des enfants. La Malaisie est une source, un point de passage et un lieu de destination du trafic des filles à des fins d’exploitation sexuelle. Le gouvernement participe à la réhabilitation ou au rapatriement des victimes et poursuit éner- giquement les trafiquants.

DROITS SYNDICAUX: Les employés de la fonction publique et les syndicats d’enseignants adhèrent à la fédéra- tion nationale, la CUEPACS. Tout au long de l’année 2002, le gouvernement a continué d’ignorer les demandes de l’OIT relatives à des informations spécifiques sur le nombre et les catégories d’employés de la fonction publique couverts par le droit d’organisation. Les fonctionnaires n’ont pas le droit de négocier collectivement. Même si les grèves sont légales, le droit de grève est sévèrement restreint. La loi interdit les grèves dans les «services essentiels» qui incluent des secteurs qui ne sont normalement pas jugés essentiels dans les définitions de l’OIT. Les domaines spécifiques liés à l’embauche et au licenciement, au transfert et à la promotion, au départ et à la réintégration et aux retraites sont exclus non seule- ment de la négociation collective, mais aussi de la définition de litige.

Organisation membre de l’IE / Nombre de membres: Malaysian Association of Education [MAE] / 2.340 National Union of the Teaching Profession [NUTP] / 30.000 Sabah Teachers' Union [STU] / 2.504 Sarawak Teachers' Union [STU] / 8.000 MALAISIE

BAROMÈTRE DE L’IE SUR LES DROITS HUMAINS ET SYNDICAUX DANS LE SECTEUR DE L’ÉDUCATION - 2004 195 MALAWI République du Malawi • Population: 10.701.824

Population <15: 45,9% % du PNB afférent à l’enseignement: 4,1% Analphabétisme: 39% Espérance de vie à la naissance: 37 Taux de scolarisation brut, pré-primaire: Espérance de scolarité (années): Taux de scolarisation brut, primaire: % d’élèves ayant atteint la 5ème année du primaire en 2000: Taux de scolarisation brut, secondaire: Nbre d’étudiants de l’enseignement supérieur par 100.000 habitants: 3.179 Nbre d’élèves du primaire par enseignant: % des dépenses du gouvernement afférentes à l’enseignement: 24,6%

Ratification des Conventions du BIT: 29 87 98 100 105 111 138 169 182

SYSTEME EDUCATIF: La République du Malawi compte parmi les pays les moins développés du monde. Améliorer l’accès à l’éducation et fournir un équipement scolaire adéquat sont les deux objectifs principaux du gouvernement. L’enseignement primaire au Malawi est gratuit et universel, mais il n’est pas obligatoire. Seule une minorité des enfants terminent l’école primaire qui les accueille de 6 à 13 ans. Il existe plusieurs écoles et centres de formation publics et pri- vés pour les enfants handicapés. Le Haut Commissariat des Nations Unies pour les Réfugiés (HCR), les ONG et le gou- vernement collaborent pour permettre aux enfants qui se trouvent dans des camps de réfugiés d’être scolarisés. La plu- part des réfugiés viennent de la République Démocratique du Congo, du Rwanda et du Burundi. L’Université du Malawi est composée de cinq campus répartis sur l’ensemble du territoire.

EGALITES DES SEXES: La majorité des femmes est analphabète. Les filles fréquentent l’école primaire dans une proportion identique à celle des garçons mais abandonnent l’école plus fréquemment et rapidement qu’eux. Environ 42% des élèves qui terminent l’école primaire sont des filles, ce qui représente une augmentation de 13% par rapport taux indiqué dans l’édition 2001 du Baromètre. Selon les dernières données disponibles, 39% des élèves qui arrivent dans le cycle secondaire sont des filles. Environ 25% des filles diplômées de l’éducation secondaire poursuivent des études supé- rieures.

LIBERTE ACADEMIQUE: Aucun rapport ne fait état d’une restriction de la liberté académique de la part du gou- vernement.

TRAVAIL DES ENFANTS: La loi interdit le travail pour tous les enfants en dessous de 14 ans. Il est fréquent de voir des jeunes filles travailler comme domestiques dans des conditions proches du travail forcé et ne recevoir que peu ou pas de salaire. Selon la Confédération internationale des syndicats libres (CISL), le travail des enfants et le travail forcé impliquant des familles entières sont très répandus dans les plantations de tabac et de thé. Hormis l’âge légal de consen- tement (14 ans), il n’existe aucune protection spécifique pour les enfants contre l’exploitation sexuelle, la prostitution et la pornographie des enfants. Le mythe que les enfants sont séronégatifs contribue à leur exploitation sexuelle. Plusieurs ONG œuvrent à réduire le problème des enfants des rues et des enfants qui mendient en offrant des soins alter- natifs. Le problème est aggravé par l’augmentation des orphelins dont les parents sont morts de maladies liées au VIH/SIDA. En 2002, on estimait que 23% des enfants en dessous de 15 ans n’avaient qu’un parent, et que 16% du même groupe d’âge étaient orphelins.

DROITS SYNDICAUX: Les travailleurs, y compris les enseignants, ont légalement le droit de former des syndicats, d’y adhérer et de négocier collectivement. Les syndicats agréés par l’Etat sont autorisés à mener des actions de grève. La MALAWI

196 BAROMÈTRE DE L’IE SUR LES DROITS HUMAINS ET SYNDICAUX DANS LE SECTEUR DE L’ÉDUCATION - 2004 MALAWI

CISL signale que certains employeurs s’opposent aux droits syndicaux et que le gouvernement est laxiste et ne fait pas respecter les lois du travail. Selon la CISL, bien que la loi interdise la discrimination antisyndicale, les dirigeants de l’Education de la région ont été licenciés parce qu’ils étaient membres de TUM, l’affilié de l’IE. En octobre 2001, plus de 50.000 enseignants ont entrepris des arrêts de travail et des grèves sporadiques pour protester contre les différences de salaires et indemnités entre milieu rural et urbain. Un accord satisfaisant a été trouvé, mais le ministre de l’Education a averti qu’une action punitive serait prise envers tout enseignant qui entamerait une grève, une fois la mise en applica- tion des nouveaux salaires par le gouvernement.

Organisation membre de l’IE / Nombre de membres: Teachers' Union of Malawi [TUM] / 13.875 MALAWI

BAROMÈTRE DE L’IE SUR LES DROITS HUMAINS ET SYNDICAUX DANS LE SECTEUR DE L’ÉDUCATION - 2004 197 MALI République du Mali • Population: 11.340.480

Population <15: 49,2% % du PNB afférent à l’enseignement: 2,8% Analphabétisme: 73,6% Espérance de vie à la naissance: m: 47,8 - f: 48,9 Taux de scolarisation brut, pré-primaire: m: 1,9 - f: 2,9% Espérance de scolarité (années): Taux de scolarisation brut, primaire: 43% % d’élèves ayant atteint la 5ème année du primaire en 2000: 95% Taux de scolarisation brut, secondaire: m: 19,8 - f: 10,3% Nbre d’étudiants de l’enseignement supérieur par 100.000 habitants: 18.662 Nbre d’élèves du primaire par enseignant: % des dépenses du gouvernement afférentes à l’enseignement:

Ratification des Conventions du BIT: 29 87 98 100 105 111 138 169 182

SYSTEME EDUCATIF: L’un des pays les plus pauvres du monde, le Mali dépend fortement de l’aide étrangère. 65% du pays, où 75% de la population vit au-dessous du seuil de pauvreté, est désertique ou semi-désertique. L’éducation pri- maire de base est en principe gratuite, universelle et obligatoire jusqu’à la 6e année, mais seulement entre 43% et 56% des enfants (environ 46% des filles) reçoivent une forme quelconque d’éducation. Les parents doivent payer l’uniforme et le matériel scolaire. Autant écoles qu’enseignants sont en nombre insuffisant, en particulier dans les zones rurales.

EGALITES DES SEXES: Le taux d’alphabétisation des femmes adultes n’est que de 12%. La loi octroie les mêmes droits aux hommes et aux femmes mais l’analphabétisme de ces dernières les empêchent d’en tirer parti, par exemple de bénéficier du droit à la propriété. L’inscription des filles dans les écoles secondaires est passé de 8% à 10,3% durant les cinq ans de 1995-2000. Un plan d’action gouvernemental pour la période de 1996-2000 visait à réduire les inégalités entre hommes et femmes dans des domaines tels que l’éducation. Bien que le programme ne soit pas arrivé à terme, le ministère pour la Promotion des Femmes, des Enfants et de la Famille a lancé un second plan d’action de quatre ans en 2001. Il y a quelques femmes à l’Assemblée nationale, ainsi qu’à la Cour suprême et à la Cour constitutionnelle. D’après les ONG nationales, environ 95% des femmes adultes ont subi des mutilations génitales (MGF). Aucune loi n’interdit cette pratique et aucune proposition de législation pour son interdiction n’est en préparation. Toutefois le gouvernement sou- tient les efforts éducatifs dans la lutte contre les MGF, mais ces efforts ne se développent que lentement.

LIBERTE ACADEMIQUE: Aucun rapport n’indique une restriction de la liberté académique de la part du gou- vernement.

TRAVAIL DES ENFANTS: Le 5 juin 2002, le gouvernement a promulgué un nouvel arrêté énumérant les droits des enfants et établissant un nouveau poste gouvernemental dans chaque région, celui de «délégué» aux enfants, dont le rôle est de garantir les droits et les intérêts des enfants. La nouvelle loi crée aussi des tribunaux spéciaux pour les enfants et des protections particulières pour eux dans le système légal. Auparavant, il n’y avait pas de tribunal pour enfants. Les enfants âgés de 12 à 14 ans sont autorisés à travailler jusqu’à deux heures par jour pendant les vacances sco- laires avec l’accord de leurs parents. Les enfants âgés de 14 à 16 ans sont autorisés à travailler jusqu’à 4 heures et demi par jour avec la permission de l’inspecteur du travail, mais ni la nuit ni pendant les jours fériés.. Les jeunes âgés de 16 à 18 ans peuvent avoir un travail physiquement peu fatigant, les garçons pouvant travailler jusqu’à 8 heures par jour et les filles jusqu’à 6 heures par jour. L’apprentissage souvent effectué chez un des parents ou un membre de la famille commence très tôt, particulièrement pour les enfants qui ne peuvent fréquenter l’école. Les dispositions qui réglemen- tent le travail pouvant être effectué par des enfants ne sont pas souvent respectées. Le Code du travail n’a aucun effet sur le grand nombre d’enfants travaillant dans les régions rurales (travail dans la ferme familiale, surveillance des trou- MALI

198 BAROMÈTRE DE L’IE SUR LES DROITS HUMAINS ET SYNDICAUX DANS LE SECTEUR DE L’ÉDUCATION - 2004 MALI

peaux) et dans le secteur informel. Le travail des enfants est prédominant dans le secteur agricole et, dans une moindre mesure, dans le secteur de l’apprentissage artisanal et commercial et dans les industries familiales. Ces enfants ne sont pas protégés par la législation contre les rémunérations injustes, les heures de travail excessives ou les licenciements. La Campagne nationale contre le travail des enfants au Mali, organisée par IPEC-Mali, a la responsabilité d’enquêter sur les formes abusives du travail des enfants. Les ressources gouvernementales se composent d’inspecteurs, d’ONG et des fonds de l’IPEC. Bien que la loi malienne interdise catégoriquement tout trafic d’enfants, des rapports font état d’enfants maliens enlevés et vendus comme esclaves en Côte d’Ivoire. On estime qu’environ 15 000 enfants maliens entre 9 et 12 ans ont été vendus au cours des dernières années pour travailler dans les plantations de coton, de café et de cacao du nord de la Côte d’Ivoire ; un nombre encore plus grand est contraint à travailler comme domestiques. Victimes de réseaux de trafiquants organisés, les enfants sont forcés à travailler 12 heures par jour sans rémunération et sont souvent mal- traités. En 2001 et 2002, des centaines de ces enfants ont été rapatriés au Mali et un certain nombre de trafiquants ont été arrêtés et inculpés.

DROITS SYNDICAUX: La Constitution et le Code du travail prévoient explicitement la liberté des travailleurs de former des syndicats ou d’y adhérer, protègent la liberté syndicale et reconnaissent le droit de grève. Dans la foulée de la transition vers la démocratie pluripartite, de nombreux syndicats ont vu le jour, notamment dans le secteur de l’éduca- tion. Pratiquement tous les employés salariés sont organisés. Les travailleurs ont formé des syndicats indépendants orga- nisant les enseignants, les magistrats, le personnel de santé et les cadres de la fonction publique ; la plupart sont affi- liés à l’Union nationale des travailleurs du Mali (UNTM). L’UNTM a conservé son autonomie vis-à-vis du gouvernement. Les syndicats sont libres de s’associer à des organismes internationaux et d’y participer. L’augmentation du nombre des syndicats indépendants s’est traduite par une expansion des négociations directes entre ces syndicats et leur employeur. Cependant, les rémunérations des travailleurs appartenant aux syndicats de l’UNTM sont fixées par des négociations tri- partites. Les salaires dans la fonction publique sont fixés au niveau national selon un index établi par le gouvernement. Ces négociations déterminent la tendance pour les syndicats non affiliés à l’UNTM. La Constitution prévoit le droit de grève, mais avec des restrictions. Par exemple, les employés du secteur public et ceux travaillant dans des entreprises d’Etat sont tenus de donner deux semaines de préavis de grève et d’entrer en médiation et en négociation avec l’em- ployeur et une troisième partie, en principe le ministère du Travail. Au cours de 2002, deux grèves des enseignants ont eu lieu, l’une organisée par les professeurs d’université et l’autre par les enseignants d’école primaire. Ces grèves ont été réglées en quelques jours.

Organisation membre de l’IE / Nombre de membres: Syndicat National de l'Education et de la Culture UNTM [SNEC/UNTM] / 8.711 MALI

BAROMÈTRE DE L’IE SUR LES DROITS HUMAINS ET SYNDICAUX DANS LE SECTEUR DE L’ÉDUCATION - 2004 199 MALTE République de Malte • Population: 397.499

Population <15: 19,7% % du PNB afférent à l’enseignement: 4,9% Analphabétisme: Espérance de vie à la naissance: m: 75,78 - f: 80,96 Taux de scolarisation brut, pré-primaire: Espérance de scolarité (années): Taux de scolarisation brut, primaire: 99% % d’élèves ayant atteint la 5ème année du primaire en 2000: 100% Taux de scolarisation brut, secondaire: Nbre d’étudiants de l’enseignement supérieur par 100.000 habitants: 7.422 Nbre d’élèves du primaire par enseignant: 19 % des dépenses du gouvernement afférentes à l’enseignement:

Ratification des Conventions du BIT: 29 87 98 100 105 111 138 169 182

SYSTEME EDUCATIF: L’instruction est gratuite et obligatoire pour tous les enfants de 5 à 16 ans, et bénéficie de subventions appropriées. La plupart des enfants suivent une éducation préscolaire dès l’âge de 3 ans. Le gouvernement et l’Eglise catholique romaine participent à une fondation qui subventionne les écoles catholiques. L’Eglise gère environ 30% des écoles. Il existe également plusieurs écoles privées payantes. Les élèves des écoles dépendant du gouvernement peuvent choisir de ne pas suivre de cours de religion catholique. La politique générale du gouvernement se charge de promouvoir l’intégration dans la vie scolaire normale des enfants souffrant d’infirmités. La petite communauté musul- mane dispose d’une école. Près de 60% des étudiants poursuivent leurs études et leur formation au-delà de l’âge de la scolarité obligatoire. L’université de Malte (fondée en 1592) propose des cours dans de nombreuses disciplines et possè- de une prestigieuse faculté de médecine. Les étudiants de l’université reçoivent un traitement mensuel et peuvent tra- vailler durant les vacances d’été.

EGALITES DES SEXES: Les filles ne sont pas désavantagées dans le système d’enseignement et, au niveau posts- colaire, représentent près de 55% du nombre total d’étudiants.

LIBERTE ACADEMIQUE: Bien que des entreprises privées et des banques apportent leur soutien et qu’en vertu de la Constitution, l’Eglise catholique romaine soit la religion d’Etat, il ne semble pas que la liberté académique soit com- promise ou limitée.

TRAVAIL DES ENFANTS: La loi interdit d’employer des enfants de moins de 16 ans. Cette disposition est géné- ralement respectée, mais l’on constate que certains enfants n’ayant pas encore atteint cet âge travaillent pendant les mois d’été, principalement pour des tâches domestiques, comme plongeurs dans les restaurants ou comme vendeurs.

DROITS SYNDICAUX: Les travailleurs ont le droit de s’associer librement et de faire grève. Le pays compte 38 syn- dicats reconnus qui représentent environ 63% de la main-d’œuvre. Les travailleurs sont libres, en vertu de la loi et dans la pratique, de s’organiser et de négocier collectivement. Les syndicats et le patronat se réunissent chaque année avec des représentants du gouvernement pour élaborer une convention exhaustive régissant les relations de travail et la poli- tique salariale. En vertu de la Loi sur les relations de travail, le ministre responsable peut soumettre les conflits du tra- vail soit à un organisme désigné par le gouvernement et composé de représentants de l’Etat, du patronat et des tra- vailleurs, soit à un arbitrage contraignant. Le Comité d’experts de l’Organisation internationale du travail (OIT) émet des objections vis-à-vis d’une disposition de la loi qui autorise la tenue d’un arbitrage obligatoire à la demande d’une seule des parties. MALTE

200 BAROMÈTRE DE L’IE SUR LES DROITS HUMAINS ET SYNDICAUX DANS LE SECTEUR DE L’ÉDUCATION - 2004 MALTE

Organisation membre de l’IE / Nombre de membres: Malta Union of Teachers [MUT] / 2.500 MALTE

BAROMÈTRE DE L’IE SUR LES DROITS HUMAINS ET SYNDICAUX DANS LE SECTEUR DE L’ÉDUCATION - 2004 201 MAROC Royaume du Maroc • Population: 31.167.783

Population <15: 32,3% % du PNB afférent à l’enseignement: 5,5% Analphabétisme: 50,2% Espérance de vie à la naissance: m: 66,2 - f: 69,9 Taux de scolarisation brut, pré-primaire: m: 74,4 - f: 41% Espérance de scolarité (années): Taux de scolarisation brut, primaire: m: 79 - f: 69,8% % d’élèves ayant atteint la 5ème année du primaire en 2000: 80% Taux de scolarisation brut, secondaire: m: 43,6 - f: 35% Nbre d’étudiants de l’enseignement supérieur par 100.000 habitants: 310.258 Nbre d’élèves du primaire par enseignant: 29 % des dépenses du gouvernement afférentes à l’enseignement: 26,1%

Ratification des Conventions du BIT: 29 87 98 100 105 111 138 169 182

SYSTEME EDUCATIF: Les défis considérables et à long terme que doit relever le Royaume du Maroc comprennent l’amélioration de l’enseignement, l’attraction d’investissements étrangers afin d’élever le niveau de vie et les perspecti- ves d’emploi pour les jeunes. En 1999, 19% de la population vivait en dessous du seuil de pauvreté et 23% était à la recherche d’un emploi. L’éducation est obligatoire pour les enfants âgés de 6 à 15 ans. Le gouvernement finance l’en- seignement de l’Islam dans les écoles publiques. Les réformes en matière d’éducation mettent l’accent sur l’usage de l’a- rabe dans les écoles secondaires. Les cours de science et les cours techniques au niveau universitaire sont donnés en fran- çais. La non-adaptation du système universitaire afin de faire face à l’usage accru de l’arabe par les étudiants de l’en- seignement secondaire a désavantagé de nombreux étudiants souhaitant suivre des études supérieures. Il existe 14 uni- versités publiques et de nombreuses autres institutions d’enseignement supérieur. Un édit royal publié il y a 8 ans auto- risant l’enseignement des langues Tamazight (berbères) dans les écoles n’a toujours pas été mis en application. Quelque 60% de la population revendiquent l’héritage Tamazight. Il n’y a aucune loi pour aider les personnes handicapées à bénéficier des services publics.

EGALITES DES SEXES: Deux tiers des femmes ne savent ni lire ni écrire et les filles ont moins de chances d’aller à l’école que les garçons, spécialement dans les zones rurales. Les femmes possédant un diplôme secondaire ont cepen- dant l’égalité d’accès à l’enseignement universitaire et le taux d’inscription des jeunes filles à l’université et dans les aut- res institutions d’enseignement secondaire s’élève à près de 45%. Les femmes représentent 40% des enseignants dans les écoles primaires. Quelque 76 ONG œuvrent en faveur des droits de la femme et à promouvoir l’alphabétisation et l’ac- cès à l’éducation de base. Les éléments les plus conservateurs de la société marocaine tendent à s’opposer à de tels déve- loppements. Des progrès peuvent être constatés grâce à la prise de conscience des problèmes concernant les femmes, les enfants, les personnes handicapées et les minorités. De nombreuses femmes possédant un niveau de formation élevée poursuivent une carrière, mais peu d’entre elles atteignent l’échelon le plus élevé dans leur profession. La majorité tra- vaille dans les secteurs de l’industrie, des services et de l’enseignement.

LIBERTE ACADEMIQUE: L’université est dirigée par un président pour une période de quatre ans. Celui-ci est choisi, après un appel ouvert aux candidatures, parmi les candidats qui présentent un projet de développement de l’uni- versité. Ces candidatures et projets sont examinés par un comité désigné par l’autorité gouvernementale de tutelle, dont la composition est fixée par voie réglementaire, et qui présente à cette dernière trois candidatures suivant la procédure en vigueur en matière de nomination aux emplois supérieurs. Le président sortant peut faire acte de candidature pour un deuxième et dernier mandat. Le président de l’université préside le conseil de l’université, prépare et dirige ses déli- bérations et reçoit ses propositions et avis. Il arrête l’ordre du jour du conseil dans les conditions fixées par le règlement intérieur du conseil de l’université. MAROC

202 BAROMÈTRE DE L’IE SUR LES DROITS HUMAINS ET SYNDICAUX DANS LE SECTEUR DE L’ÉDUCATION - 2004 MAROC

TRAVAIL DES ENFANTS: En janvier 2002, l’âge minimum d’embauche des enfants est passé de 12 à 15 ans. L’amendement apporté à la loi s’applique aux enfants en apprentissage et à ceux qui travaillent dans l’entreprise fami- liale. La pratique de la servitude adoptive, selon laquelle les familles adoptent des fillettes, dont 26% ont moins de 10 ans, a commencé à faire l’objet de critiques publiques. En accord avec l’UNICEF, l’OIT et les ONG du pays, le gouvernement a cherché à traiter le problème de manière générale et offre en particulier des opportunités éducatives. Les enfants aban- donnés ne bénéficient pas des avantages liés à la citoyenneté. Les installations militaires et les sites touristiques attirent spécialement la prostitution enfantine. On estime que la prostitution des adolescents dans les centres urbains touchent des dizaines de milliers d’enfants. De nombreuses ONG œuvrent à réduire l’exploitation des enfants des rues, à réhabili- ter les enfants toxicomanes et à leur fournir un toit et de la nourriture.

DROITS SYNDICAUX: Au cours de l’année 2002, le gouvernement a violé les droits des travailleurs, a assujetti les syndicats à l’autorité du gouvernement en réduisant le droit de grève et le droit de former des syndicats et a fait usage de l’armée pour faire cesser les grèves. Les conflits du travail avec les enseignants en 2002 résultaient de la non-application des accords négociés collectivement. Les organisations d’enseignants ont entamé une action en novembre 2001 et leur grève a été réprimée par la police, faisant de nombreux blessés parmi les enseignants. Il existe bien une reconnaissance effective de la négociation collective, mais elle n’est pas protégée de manière adéquate. Un projet de loi sur l’organisa- tion du droit de grève (garanti par la constitution art.19) est en cours. Si elle est adoptée, elle abolira le droit de grève dans les services essentiels. Des liens étroits existent entre les syndicats et les partis politiques.

Organisation membre de l’IE / Nombre de membres: Syndicat National de l'Enseignement - Confédération Démocratique du Travail [SNE-CDT] / 45.000

NOTE EN BAS DE PAGE - Le Maroc a effectivement annexé le territoire du Sahara occidental, lorsqu'il a refusé toutes les propositions des Nations Unies, y compris un référen- dum qui aurait dû se tenir en 2002 comme prévu. Le nombre exact de la population indigène, les Saharaouis est actuellement impossible à estimer - certains sont partis au Maroc, de nombreux autres à l'étranger, alors qu'un grand nombre ont cherché refuge dans les pays avoisinants, principalement l'Algérie. De nombreux observateurs objectifs font le lien entre l'intérêt déterminé du Maroc pour ce pays désertique et la découverte de pétrole. L'espérance de vie dans le Sahara occidental est de 50 ans. Les revenus, le niveau de vie et d'autres indicateurs, y compris l'éducation s'y situent de façon significative bien en dessous du niveau marocain. MAROC

BAROMÈTRE DE L’IE SUR LES DROITS HUMAINS ET SYNDICAUX DANS LE SECTEUR DE L’ÉDUCATION - 2004 203 MAURICE (ILE) République de l’Ile Maurice • Population: 1.200.206

Population <15: 25,5% % du PNB afférent à l’enseignement: 3,5% Analphabétisme: 15,2% Espérance de vie à la naissance: m: 68 - f: 75,5 Taux de scolarisation brut, pré-primaire: 104% Espérance de scolarité (années): Taux de scolarisation brut, primaire: 96,1% % d’élèves ayant atteint la 5ème année du primaire en 2000: Taux de scolarisation brut, secondaire: 107,3% Nbre d’étudiants de l’enseignement supérieur par 100.000 habitants: 12.481 Nbre d’élèves du primaire par enseignant: 26 % des dépenses du gouvernement afférentes à l’enseignement: 12,1%

Ratification des Conventions du BIT: 29 87 98 100 105 111 138 169 182

SYSTEME EDUCATIF: L’Ile Maurice attire de nombreux capitaux étrangers et possède l’un des plus hauts revenus par tête en Afrique. Depuis son indépendance en 1968, le pays est passé d’une économie à bas revenus basée sur l’agri- culture à une économie diversifiée à revenus moyens, comportant des secteurs industriels, financiers et touristiques en croissance. L’Ile Maurice offre un enseignement gratuit pour le niveau post-secondaire depuis 1968. L’engagement du gouvernement d’offrir à chaque enfant âgé de trois ans et plus un accès à l’enseignement préscolaire a été respecté. Depuis 2003, l’enseignement est obligatoire jusqu’à l’âge de 16 ans. Cette réforme impliquait l’extension des écoles exis- tantes, un vaste programme de constructions scolaires et l’élimination des examens d’entrée comme condition préala- ble à l’enseignement supérieur. Les statistiques du rapport de l’Education Pour Tous de 2003 montrent qu’en 2000, 94,8% des garçons et 95,5% des filles en âge de scolarisation primaire allaient à l’école. Quelque 65% des étudiants en âge de scolarisation secondaire suivaient les cours. Le taux d’alphabétisation et de fréquentation scolaire à l’Ile de Rodrigues, qui tente d’obtenir son indépendance, se situe en dessous de la moyenne nationale. L’institution principale d’enseignement supérieur est l’Université de l’Ile Maurice. Parmi les autres institutions post-secondaires figurent un éta- blissement de formation des enseignants et le Mauritius College of Air qui diffuse ses cours par radio. Les inscriptions dans les établissements de cycle supérieur ont augmenté de près de 70% depuis l’édition du premier Baromètre en 1998.

EGALITES DES SEXES: En dépit de quelques discriminations sociales résiduelles, les femmes ont un accès égal à l’éducation et représentent 75% des inscriptions dans l’enseignement supérieur. Les inscriptions dans l’enseignement secondaire enregistrées en 2000 indiquaient 65% de filles, contre 63% de garçons. 44% des enseignants du primaire sont des femmes.

LIBERTE ACADEMIQUE: Aucun rapport ne fait mention d’une restriction de la liberté académique de la part du

) gouvernement.

LE TRAVAIL DES ENFANTS: L’âge minimum d’embauche des enfants est de 15 ans. Avant les récentes réformes, les enfants incapables de fréquenter l’école secondaire cherchaient souvent à entrer en apprentissage professionnel. Le ministère du Travail effectue de nombreux contrôles afin de faire respecter l’âge minimum d’embauche. Même avant l’élargissement du système éducatif, l’Ile Maurice connaissait de loin le taux le plus bas de travail des enfants de toute la zone subsaharienne. Le trafic d’enfants malgaches destinés à la prostitution, dont parlait la 2ème édition du Baromètre de l’IE, semble avoir cessé. Le travail des enfants est fréquent à l’Ile Rodrigues (37.000 habitants), une com- munauté isolée à quelque 580 kilomètres au nord-est de l’île principale. Les enfants impliqués dans la prostitution et la pornographie sont considérés comme étant des victimes, alors que les clients adultes peuvent être punis par la loi. En décembre 2002, le gouvernement a publié un programme d’action de 5 ans pour de combattre ce phénomène. MAURICE (I

204 BAROMÈTRE DE L’IE SUR LES DROITS HUMAINS ET SYNDICAUX DANS LE SECTEUR DE L’ÉDUCATION - 2004 MAURICE (ILE)

DROITS SYNDICAUX: La Constitution protège de manière explicite le droit des travailleurs de s’affilier à un syn- dicat et il existe un mouvement syndical actif. Le fait que le gouvernement fixe les salaires dans le secteur public affai- blit la liberté de négociation collective. La Loi sur les relations industrielles impose un délai de réflexion de 21 jours avant que ne puisse être lancée une action de grève et le ministère du Travail peut ordonner que le cas soit porté au tribunal pour un arbitrage contraignant. De plus, la même loi permet au gouvernement de déclarer illégale toute grève qui, selon lui, peut «mettre l’économie en péril». Le gouvernement a débuté une réforme de la législation du travail à Cupertino avec l’OIT, mais la nouvelle législation n’a pas encore été mise en oeuvre. En 2002, afin de lancer un défi commun de taille au gouvernement, le Governement Teachers’ Union (GUT) et quatre autres organisations d’enseignants, des direc- teurs et des inspecteurs, ont formé le Front Commun de l’Education. Le gouvernement a refusé de rendre public le rap- port Sewraz qui recommandait une amélioration des salaires et des conditions de travail des enseignants.

Organisation membre de l’IE / Nombre de membres: Government Teachers' Union [GUT] / 4.398 MAURICE (I LE )

BAROMÈTRE DE L’IE SUR LES DROITS HUMAINS ET SYNDICAUX DANS LE SECTEUR DE L’ÉDUCATION - 2004 205 MEXIQUE Etats-Unis du Mexique • Population: 103.400.165

Population <15: 33,3% % du PNB afférent à l’enseignement: 4,4% Analphabétisme: 8,6% Espérance de vie à la naissance: m: 69 - f: 75,21 Taux de scolarisation brut, pré-primaire: 76,3% Espérance de scolarité (années): m: 12 - f: 11 Taux de scolarisation brut, primaire: 103% % d’élèves ayant atteint la 5ème année du primaire en 2000: 88% Taux de scolarisation brut, secondaire: 73,4% Nbre d’étudiants de l’enseignement supérieur par 100.000 habitants: 2047.895 Nbre d’élèves du primaire par enseignant: 25 % des dépenses du gouvernement afférentes à l’enseignement: 22,6%

Ratification des Conventions du BIT: 29 87 98 100 105 111 138 169 182

SYSTEME EDUCATIF: Depuis 1992, neuf années de scolarisation sont obligatoires. Le gouvernement fédéral, qui finance les écoles publiques, rend les parents légalement responsables de la fréquentation scolaire de leurs enfants. Plusieurs programmes gouvernementaux concourent au bien être des enfants sous l’appellation générale de progresa. Un programme progresa verse une aide financière aux familles pauvres pour assurer une éducation à leurs enfants. Introduit en 1999, le programme a eu tellement de succès qu’il s’est étendu en 2002 et bénéficie à 763.000 autres familles. Près de 75% de toutes les écoles primaires publiques sont situées dans les zones rurales. Les écoles rurales ne sont pas aussi développées que celles des grandes villes et n’offrent souvent pas un cycle complet d’études primaires. 30% des jeunes âgés de 15 à 20 ans fréquentent une institution éducative. Selon la Loi générale sur l’enseignement, la lan- gue d’instruction doit être l’espagnol ‘sans préjudice de la protection et de la promotion des langues autochtones’. Les statistiques indiquent que la majorité des autochtones ne parlent que leur langue maternelle, qu’ils connaissent un taux d’analphabétisme plus élevé que le reste de la population et un taux de scolarisation moindre. Dans certaines régions du Mexique, les communautés autochtones ont établi leurs propres écoles et centres de formation des enseignants, afin de promouvoir et de protéger leur langue, leur culture et leur style de vie. Depuis la 2ème édition du Baromètre de l’IE, le Mexique a ratifié la Convention 169, ce qui s’est traduit par la proposition de nouvelles lois qui accorderont des droits supplémentaires aux peuples autochtones. Ces changements législatifs sont très controversés. 27 des 31 états ont des lois qui garantissent aux étudiants handicapés l’accès aux écoles publiques et privées. Sur la cinquantaine d’universités que compte le pays, un cinquième est situé à Mexico City.

EGALITES DES SEXES: Dans la plupart des régions du pays, garçons et filles fréquentent les niveaux primaire, secondaire et tertiaire de l’éducation en nombre égal. Le trafic des femmes et des filles constitue un problème permanent, tout comme la violence domestique.

LIBERTE ACADEMIQUE: Aucun rapport n’indique une restriction de la liberté académique de la part du gou- vernement.

TRAVAIL DES ENFANTS: La loi fixe à 14 ans l’âge minimum d’embauche. Les enfants âgés de 14 et 15 ans ne peuvent travailler qu’un nombre limité d’heures et ne peuvent exercer d’activités dangereuses, ni travailler la nuit. Cette loi est relativement bien respectée dans les industries d’exportation et dans celles qui relèvent de la juridiction fédérale ; ce n’est toutefois pas le cas dans de nombreuses petites entreprises et dans le secteur agricole et la construction. Un rap- port publié en 2000 par l’UNICEF et des ONG estime que 3,5 millions d’enfants entre 6 et 18 ans travaillent régulière- ment. La gratuité des transports a facilité la migration interne des travailleurs agricoles saisonniers des Etats du Sud vers ceux du Nord. Environ 1,5 million d’enfants travaillent dans le secteur agricole. On estime à 40.000 les enfants des rues MEXIQUE

206 BAROMÈTRE DE L’IE SUR LES DROITS HUMAINS ET SYNDICAUX DANS LE SECTEUR DE L’ÉDUCATION - 2004 MEXIQUE

à Mexico City et à 150.000 dans tout le pays. Le gouvernement et diverses ONG ont introduit des programmes éducatifs de protection des droits des enfants et de promotion du respect entre les générations pour les droits humains. En 2002, un projet intitulé «Ouvre tes yeux mais ne ferme pas ta bouche» a été lancé pour encourager les citoyens à dénoncer les pires formes du travail des enfants, notamment la prostitution enfantine et la pornographie impliquant des enfants. En décembre, le Président Fox a dévoilé un programme sur sept ans visant à aider les enfants autochtones mexicains, les enfants de familles rurales qui se sont déplacées vers les centres urbains, les enfants handicapés et les enfants des rues. Le Congrès a aussi passé un certain nombre de lois protectrices reflétant la Convention sur les droits de l’enfant des Nations Unies. Le trafic d’enfants est un problème ; 18.000 enfants mexicains sont enlevés par année.

DROITS SYNDICAUX: Environ 25% de la main-d’œuvre globale est syndiquée, en particulier dans le secteur for- mel. Le secteur public est presque entièrement organisé. Certaines dispositions du droit mexicain limitent le droit des fonctionnaires à adhérer à un syndicat. L’OIT a continué à critiquer tant la législation fédérale que la Constitution, qui prévoient qu’un seul syndicat peut être créé par agence gouvernementale ou entreprise d’Etat. En 1999, la Cour suprê- me décidait que l’imposition d’un monopole syndical dans le secteur public était en violation du droit d’organisation tel que défini par la Constitution. Le gouvernement n’a toujours pas adapté la législation à cette décision et, malgré une promesse faite à l’OIT, le pays n’a ratifié la Convention 98. La Constitution mexicaine reconnaît le droit de grève mais distingue les employés de l’Etat de ceux du secteur privé. Les droits des employés de la fonction publique sont gouvernés par la Loi sur les travailleurs au service de l’Etat, alors que ceux des employés du secteur privé sont gouvernés par la Loi fédérale du travail. Les employés du service public ne peuvent se mettre en grève que lors d’une violation générale et sys- tématique de leurs droits tels que définis dans la Constitution. De nombreux travailleurs de l’éducation sont employés sous ‘contrat civil pour dispense de services professionnels’ et peuvent être obligés de signer une déclaration reconnais- sant que ce qu’ils ont signé n’est pas un contrat d’emploi. Dans ces conditions, ils ne sont pas légalement autorisés à for- mer ou à adhérer à un syndicat mais peuvent seulement devenir membres d’associations civiles et n’ont ni droit de grève, ni droit à la négociation collective. En novembre 2002, des membres de l’affilié de l’IE, SNTE, du personnel éducatif de l’Etat de Michoacán et des enseignants primaires du district fédéral ont manifesté devant le palais du gouvernement à Mexico City pour demander que 8% du budget national soit consacré à l’éducation. Cette action a coïncidé avec la mani- festation organisée par les travailleurs agricoles, qui a tourné à la violence. Les autorités ont plus tard utilisé ce prétexte pour établir des mandats d’arrêt contre 12 dirigeants de la manifestation du SNTE.

Organisation membre de l’IE / Nombre de membres: Sindicato Nacional de Trabajadores de la Educación [SNTE] / 1.300.000 MEXIQUE

BAROMÈTRE DE L’IE SUR LES DROITS HUMAINS ET SYNDICAUX DANS LE SECTEUR DE L’ÉDUCATION - 2004 207 MOLDAVIE République de Moldavie • Population: 4.434.547

Population <15: 22,1% % du PNB afférent à l’enseignement: 4% Analphabétisme: 4% Espérance de vie à la naissance: m: 60,4 - f: 69,3 Taux de scolarisation brut, pré-primaire: Espérance de scolarité (années): Taux de scolarisation brut, primaire: 78% % d’élèves ayant atteint la 5ème année du primaire en 2000: Taux de scolarisation brut, secondaire: Nbre d’étudiants de l’enseignement supérieur par 100.000 habitants: 102.825 Nbre d’élèves du primaire par enseignant: % des dépenses du gouvernement afférentes à l’enseignement: 15%

Ratification des Conventions du BIT: 29 87 98 100 105 111 138 169 182

SYSTEME EDUCATIF: L’enseignement fondamental comporte dix années d’instruction obligatoire et universelle. Les écoles sont toutefois sous-financées et certaines d’entres elles font payer le matériel, bien qu’une telle pratique soit illégale. De fait, les enfants issus des familles les plus défavorisées ne sont pas scolarisés, ce qui est également illégal. Le gouvernement, avec le concours des autorités locales, s’est attaqué au problème en 2002 en débloquant des fonds pour couvrir les frais des familles concernées. Cependant, le gouvernement a choisi de ne pas traiter du problème des frais illé- gaux. L’UNESCO a relevé qu’en 1996, la République de Moldavie arrivait au second rang mondial pour les dépenses publiques consacrées à l’éducation en pourcentage du PIB. L’enseignement obligatoire se compose d’une année prépa- ratoire, de quatre année de primaire et de cinq ans de secondaire. 40% des enfants qui arrivent en classe préparatoire à 6 ou 7 ans ont déjà suivi l’une ou l’autre forme d’éducation préscolaire. Le nombre net d’inscriptions en première année de primaire a diminué depuis le milieu des années 1990, passant de 96 à 78%. Après son indépendance, la Moldavie a adopté le modèle roumain d’éducation, d’inspiration française, et des efforts ont été consentis pour éliminer les doctri- nes politiques, le centralisme à outrance et les formations paramilitaires pour se concentrer sur les modifications à apporter au programme, sur l’enseignement et le remplacement des manuels. Les communautés Roms forment le grou- pe ethnique le plus pauvre du pays. Faute de recensement récent de la population en Moldavie, seules des suppositions et des estimations approximatives concernant la taille de la population Rom peuvent être faites. L’évaluation du gou- vernement est inférieure à 12.000. D’autres estimations oscillent entre 20.000 à 200.000. Les chiffres du gouvernement pourraient expliquer le faible nombre d’enfants Roms scolarisés. Une estimation plus proche de 200 000 confirmerait au contraire que la grande majorité des enfants Roms ne sont pas scolarisés. Les Roms qui vont à l’école sont souvent pla- cés dans des classes séparées, disposant d’encore moins de ressources que les autres classes du pays. La Constitution confè- re aux parents le droit de choisir la langue d’enseignement pour leurs enfants. En décembre 2001, le Président a rendu exécutoire un décret adopté en août de cette même année qui fait du russe une matière obligatoire à partir de la deuxiè- me année de primaire. Le parti démocrate-chrétien populaire a organisé des manifestations pour protester contre ce déc- ret et d’autres mesures du gouvernement. Cela a abouti à l’annulation du décret.

EGALITES DES SEXES: Sur près de 103.000 étudiants de l’enseignement supérieur, 57.000 sont des jeunes filles. Les hommes et les femmes sont égaux devant la loi et, dans les faits, perçoivent un salaire égal pour un travail d’égale valeur. Les femmes représentent environ 50% de la main d’œuvre et sont nombreuses à occuper des postes de direction dans le secteur public et dans la banque. Le gouvernement prévoit un congé maternité rémunéré prolongé.

LIBERTE ACADEMIQUE: Le gouvernement respecte la liberté académique.

TRAVAIL DES ENFANTS: L’âge minimum pour pouvoir exercer un emploi sans restriction est fixé à 18 ans. Il MOLDAVIE

208 BAROMÈTRE DE L’IE SUR LES DROITS HUMAINS ET SYNDICAUX DANS LE SECTEUR DE L’ÉDUCATION - 2004 MOLDAVIE

est possible d’employer des personnes âgées de 16 ou 17 ans sous certaines conditions particulières, à savoir dans le cas de journées de travail plus courtes, pour un travail de jour ou si des vacances plus longues sont octroyées. Le travail des enfants est inexistant dans le secteur industriel, même si les enfants vivant dans les campagnes apportent parfois leur aide dans le secteur agricole. Selon les estimations, un millier d’enfants vivent dans les rues de Chisinau et dans d’aut- res grandes régions urbaines. La traite des jeunes filles pose un très grave problème. Depuis l’entrée en vigueur de la Convention 182 de l’OIT en juin 2003, le code pénal prévoit de lourdes peines de prison à l’encontre des personnes recon- nues coupables de traite d’enfants ou des pires formes de travail des enfants. C’est une avancée considérable. Jusqu’ici, le code pénal ne faisait aucune référence à ces questions.

DROITS SYNDICAUX: Pratiquement tous les adultes salariés sont membres d’un syndicat. La loi prévoit la négo- ciation collective. Les travailleurs du gouvernement ne jouissent pas du droit de grève. En 2002, les enseignants ont lancé des mouvements de grève sur une base régionale et en mars de cette même année, une grande journée de grève a été organisée à Chisinau par les enseignants, les médecins et les travailleurs culturels. Le rapport annuel 2003 de la CISL indique que l’Etat « a entrepris d’empêcher la syndicalisation de ses employés, en particulier dans le secteur éducatif. En conséquence, les structures syndicales régionales sont encore faibles et les enseignants rencontrent des difficultés dans la négociation collective et la conclusion de conventions collectives ».

Organisation membre de l’IE / Nombre de membres: Public Education and Science Trade Union [PESTU] / 168.980

La Transnistrie, au nord du pays, composée de Russes, de Moldaves et d'Ukrainiens, exige une indépendance complète : elle a rejeté le statut d'autonomie que lui conférait la Constitution moldave de 1994 et s'est autoproclamée « République moldave du Dnestr ». La Gagaouzie, au sud du pays, compte une population à majorité turcophone de reli- gion chrétienne orthodoxe. Cette région s'est autoproclamée « République de Gagaouzie ». Les remarques qui suivent ne valent que pour la République de Moldavie. MOLDAVIE

BAROMÈTRE DE L’IE SUR LES DROITS HUMAINS ET SYNDICAUX DANS LE SECTEUR DE L’ÉDUCATION - 2004 209 MONGOLIE Population: 2.694.432

Population <15: 34,2% % du PNB afférent à l’enseignement: 2,3% Analphabétisme: m: 2 - f: 2% Espérance de vie à la naissance: m: 64 - f: 62 Taux de scolarisation brut, pré-primaire: m: 23 - f: 27% Espérance de scolarité (années): m: 6,8 - f: 8,7 Taux de scolarisation brut, primaire: 89% % d’élèves ayant atteint la 5ème année du primaire en 2000: Taux de scolarisation brut, secondaire: m: 48 - f: 65% Nbre d’étudiants de l’enseignement supérieur par 100.000 habitants: 84.970 Nbre d’élèves du primaire par enseignant: 33 % des dépenses du gouvernement afférentes à l’enseignement: 18,4%

Ratification des Conventions du BIT: 29 87 98 100 105 111 138 169 182

SYSTEME EDUCATIF: Le taux élevé d’alphabétisation de la Mongolie est menacé. Une large proportion de la population du pays est composée de jeunes. Malgré son engagement de principe, le gouvernement est incapable de sub- venir aux besoins éducationnels et sociaux de tous les enfants de Mongolie. La transition du communisme vers l’écono- mie de marché a engendré une augmentation du taux de chômage. En 2002, l’économie stagnait et 36% de la popula- tion vit en dessous du seuil de pauvreté. Le gouvernement assure une éducation gratuite, obligatoire et publique à tous les enfants âgés de 8 à 16 ans, mais certains d’entre eux ne peuvent pas aller à l’école. Il y a une sérieuse pénurie d’en- seignants et de matériel scolaire à tous les niveaux. En 2001, une structure distincte pour les délinquants juvéniles a été établie dans la capitale, Oulan-Bator et a été désignée comme centre de formation. Les ONG nationales et étrangères dis- tribuent des manuels scolaires et donnent des cours d’anglais et une formation en informatique et commerciale à ce groupe. Dans les vastes campagnes, les jeunes délinquants sont détenus dans des infrastructures pour adultes et ont vrai- semblablement moins de chances de recevoir une formation en qualifications ou tout autre réhabilitation positive. L’Université d’Etat de Mongolie se trouve à Oulan-Bator. Parmi les autres institutions d’enseignement supérieur figurent des écoles de médecine, d’art et de culture, de finance et d’économie, de formation des enseignants et des collèges tech- niques ou agronomiques.

EGALITES DES SEXES: La loi assure aux filles l’égalité d’accès à l’éducation. En fait, les élèves de sexe féminin sont plus susceptibles de terminer leur scolarité que les élèves de sexe masculin. Dans les provinces, la privatisation a per- mis aux familles de posséder leurs propres animaux et on attend des garçons qu’ils travaillent la terre et s’occupent du bétail. Le Rapport mondial de l’Education Pour Tous de 2003/4 indique qu’en 2000, le taux net d’inscriptions à l’école primaire était de 88,8%. Sur ce nombre, 87,1% concernaient des garçons et 90,6% des filles. Dans l’enseignement secon- daire, seuls 64% des étudiants étaient inscrits avec un pourcentage de 57,8 de garçons pour 70,4 de filles. La disparité des sexes se reflète également dans les inscriptions dans l’enseignement supérieur où environ 63% des étudiants sont de sexe féminin. Les femmes représentent 95% des enseignants dans l’enseignement primaire. Il n’y a pas d’obstacles juridiques à la participation des femmes au gouvernement ou dans la politique. Les organisations de femmes tentent d’obtenir une plus grande influence sur la prise de décisions dans un pays où elles représentent la moitié de la main-d’œuvre.

LIBERTE ACADEMIQUE: Aucun rapport ne mentionne une restriction de la liberté académique de la part du gouvernement.

TRAVAIL DES ENFANTS: La loi interdit l’embauche des enfants âgés de moins de 16 ans. Les enfants âgés de 14 et 15 ans peuvent travailler avec le consentement parental. En dessous de 18 ans, les enfants ne peuvent travailler la nuit, ni entreprendre des travaux durs ou dangereux comme le travail dans les mines et dans la construction. La loi n’est pas MONGOLIE

210 BAROMÈTRE DE L’IE SUR LES DROITS HUMAINS ET SYNDICAUX DANS LE SECTEUR DE L’ÉDUCATION - 2004 MONGOLIE

toujours respectée. A Oulan-Bator et dans les autres centres urbains, le nombre total d’enfants des rues s’élève à environ 9 000. Ce chiffre représente plus du double du nombre rapporté dans la deuxième édition du Baromètre de l’IE. L’augmentation du nombre des enfants des rues reflète les changements sociaux. Souvent liés à l’alcoolisme, l’abandon par les parents et le manque de soins parentaux s’est traduit par un nombre croissant d’enfants livrés à eux-mêmes, ou qui ont à charge en plus d’eux-mêmes leurs frères et sœurs et parfois leurs parents. Un tiers des enfants des rues sont des filles. Elles sont considérées comme étant vulnérables aux abus sexuels. Une vingtaine de refuges, dirigés par des ONG, offrent des soins à près de 60% des enfants des rues. Le gouvernement utilise l’aide étrangère, y compris celle du Syndicats des enseignants japonais (JTU) pour financer un réseau d’orphelinats. Des indices laissent à penser que les filles sont vic- times de trafic à des fins d’exploitation sexuelle en Asie et en Europe de l’Est.

DROITS SYNDICAUX: Tous les travailleurs ont le droit d’adhérer au syndicat et à l’organisation professionnelle de leur choix. L’adhésion syndicale s’affaiblit dans la mesure où le tissu économique est en train de changer, passant de grandes entreprises d’Etat à un nombre croissant d’indépendants ou de personnes non-syndiquées qui travaillent dans de petites entreprises. A l’exception des personnes employées dans les services essentiels, les membres de syndicats jouis- sent du droit de grève. La plupart des travailleurs syndicaux sont affiliés à la Mongolian Trade Unions Confederation, mais certains sont affiliés à la plus récente Association of Free Trade Unions. Dans la réalité, les salaires et autres condi- tions de travail sont établis dans une large mesure par l’employeur, qu’il s’agisse du gouvernement ou d’une entreprise privée.

Organisation membre de l’IE / Nombre de membres: Mongolian Enlightenment Federation of Trade Unions [MEFTU] / 15.000 MONGOLIE

BAROMÈTRE DE L’IE SUR LES DROITS HUMAINS ET SYNDICAUX DANS LE SECTEUR DE L’ÉDUCATION - 2004 211 MONTENEGRO Communauté d’Etats Serbie-et-Monténégro • Population: 9.979.752

Population <15: 20% % du PNB afférent à l’enseignement: Analphabétisme: Espérance de vie à la naissance: m: 73 - f: 76 Taux de scolarisation brut, pré-primaire: 31% Espérance de scolarité (années): Taux de scolarisation brut, primaire: % d’élèves ayant atteint la 5ème année du primaire en 2000: Taux de scolarisation brut, secondaire: 62% Nbre d’étudiants de l’enseignement supérieur par 100.000 habitants: 208.689 Nbre d’élèves du primaire par enseignant: % des dépenses du gouvernement afférentes à l’enseignement:

Les statistiques pour la Serbie comprennent le Montenegro et le Kosovo. Ratification des Conventions du BIT: 29 87 98 100 105 111 138 169 182

SYSTEME EDUCATIF: La population du Monténégro s’élève à environ 650.000 personnes. La République consa- cre près de 30% de ses revenus à l’éducation. Les programmes de crèches et de classes maternelles accueillent des enfants âgés de un à six ans. Environ 77.000 élèves de 7 à 14 ans sont répartis dans les 164 écoles primaires tandis que 30.000 autres sont inscrits dans l’une des 44 écoles secondaires que compte la République. L’Université du Monténégro, institu- tion publique située à Podgorica, abrite quelque 10.000 étudiants. Depuis l’année 2000, le ministère de l’Education met l’accent sur la réforme des cursus scolaires et des programmes à tous les niveaux. Si les enseignants du Monténégro sont qualifiés, les installations nécessiteraient d’être modernisées et le matériel pédagogique fait cruellement défaut. Les manuels scolaires ne sont pas gratuits. La composition ethnique du Monténégro est relativement homogène comparée à celle de la République de Serbie. On recense toutefois des communautés albanaise, bosniaque, croate et rom. La discri- mination sociétale dont sont victimes les minorités ethniques et religieuses apparaît comme un problème récurrent, en particulier pour les Rom. Les enfants albanais bénéficient d’un enseignement dispensé dans leur langue maternelle et la communauté albanaise a opté pour les programmes de cours monténégrins donnés en albanais. Certains Albanais ont reproché au gouvernement de ne pas avoir développé de programmes scolaires leur permettant d’étudier la culture et l’histoire de leur ethnie. La plupart des enfants rom dépassent rarement le niveau de l’enseignement primaire. Les Rom déplacés, principalement du Kosovo, vivent en communauté et dans des établissements dispersés dans tout le pays. Ils sont souvent dépourvus de papiers d’identité qui pourraient leur donner accès aux services fondamentaux.

EGALITES DES SEXES: Garçons et filles ont l’égalité d’accès à l’éducation. Les jeunes filles représentent 52% des étudiants inscrits dans l’enseignement supérieur. Si les femmes ne jouissent pas encore d’un statut égal à celui des hom- mes, on constate toutefois une augmentation du nombre de femmes embrassant la carrière de juge ou se spécialisant dans des domaines tels que le droit, les sciences ou la médecine. Dans les zones rurales, les femmes issues de commu- nautés minoritaires se voient parfois refuser le droit de gérer le patrimoine. Les femmes sont actives dans tous les aspects de la vie au Monténégro et on les trouve au sein d’organisations de défense des droits humains. Le trafic des filles à des fins de prostitution est un fléau croissant.

LIBERTE ACADEMIQUE: Aucun rapport n’indique une restriction de la liberté académique de la part du gou- vernement.

TRAVAIL DES ENFANTS:

DROITS SYNDICAUX: La liberté d’association et le droit à la négociation collective sont garantis, même si cette dernière est peu développée. De manière générale, les négociations visent à promouvoir les besoins d’un groupe particu- MONTENEGRO

212 BAROMÈTRE DE L’IE SUR LES DROITS HUMAINS ET SYNDICAUX DANS LE SECTEUR DE L’ÉDUCATION - 2004 MONTENEGRO

lier de travailleurs plutôt que de s’occuper des droits de l’ensemble des travailleurs, de la sécurité d’emploi, du taux de chômage élevé et de la récession économique qui contribuent à réduire le pouvoir de la négociation collective des tra- vailleurs. Cette situation procure aux employeurs davantage de liberté pour fixer les salaires et les conditions de travail, sans compter la concurrence qui règne entre travailleurs étant donné le nombre limité d’emplois. Plusieurs grèves ont éclaté cette année, principalement dues à la situation économique. Le passage d’une économie étatisée à une économie de marché continue à prendre du retard. La stratégie de privatisation du Monténégro consiste avant tout à mettre en place un cadre réglementaire et à éviter un développement décousu. En 2002, les enseignants ont mené une grève de neuf mois. En Serbie et Monténégro, les grèves visent à réduire les heures de cours. D’un point de vue légal, une session peut être réduite de 45 à 30 minutes. Cette grève de longue durée a abouti à un horaire de 25 minutes par cours. Concernant les revendications salariales, une médiation a dû être organisée afin d’aboutir à un accord.

Organisation membre de l’IE / Nombre de membres: Independent Union of Education, Science, Culture and Sport of Montenegro [ITUESCSM ] / 80.131

La République fédérale de Yougoslavie (RFY) a adhéré aux Nations Unies le 1er novembre 2000. Suite à l'adoption et à la promulgation le 4 février 2003 par l'Assemblée de la RFY de la Charte constitutionnelle de Serbie-et-Monténégro, l'Etat a adopté la dénomination Serbie-et-Monténégro. La Serbie-et-Monténégro intègre la région semi-autonome de Voïvodine et, au sein de ses frontières physiques, le territoire du Kosovo.

Etant donné les différences de législation en matière d'éducation et de normes du travail en Serbie, au Monténégro et au Kosovo, ces trois régions sont présentées de maniè- re individuelle. Chacune dispose de son propre parlement. Si leurs systèmes éducatifs partagent des caractéristiques communes, ils se distinguent toutefois quant à leur orga- nisation et se développent de manière indépendante sous la houlette de leur ministère respectif. MONTENEGRO

BAROMÈTRE DE L’IE SUR LES DROITS HUMAINS ET SYNDICAUX DANS LE SECTEUR DE L’ÉDUCATION - 2004 213 MONTSERRAT Population: 4.500

Population <15: % du PNB afférent à l’enseignement: Analphabétisme: Espérance de vie à la naissance: Taux de scolarisation brut, pré-primaire: Espérance de scolarité (années): Taux de scolarisation brut, primaire: % d’élèves ayant atteint la 5ème année du primaire en 2000: Taux de scolarisation brut, secondaire: Nbre d’étudiants de l’enseignement supérieur par 100.000 habitants: Nbre d’élèves du primaire par enseignant: % des dépenses du gouvernement afférentes à l’enseignement:

Ratification des Conventions du BIT: 29 87 98 100 105 111 138 169 182

SYSTEME EDUCATIF: L’éducation est gratuite et obligatoire pour les enfants âgés de 4 ans et demi à 16 ans et il n’y a pas de distinction entre garçons et filles. Avant la crise volcanique, il y avait 11 écoles primaires. En 1999, il n’en restait plus que deux. L’école secondaire de Montserrat a rouvert ses portes et offre les examens du Advanced Proficiency des Caraïbes. Pour l’année académique 2002-03, les habitants de Montserrat ont bénéficié de la relocalisation de la for- mation continue de l’Université régionale des Indes orientales à Olveston. Le Royaume-Uni a annoncé un programme d’aide à la reconstruction de US$ 122,8 millions. Cependant près des deux tiers de la population se trouvent toujours à l’étranger. Les enseignants et les étudiants qui vivent sur l’île continuent d’enseigner et d’étudier dans un environnement stressant et où l’avenir est incertain.

Organisation membre de l’IE / Nombre de membres: Montserrat Union of Teachers [MUT] / 102

Montserrat est un territoire outre-mer du Royaume-Uni. C'est l'un des vestiges économiquement les plus dépendants de l'empire britannique. Son économie est basée princi- palement sur le tourisme et un peu sur l'agriculture et la pêche. En 1995, le volcan dormant des collines la Soufrière s'est réveillé et l'intensité des éruptions volcaniques n'a pratiquement pas diminué. En 1997 les choses ont pris un tour catastrophique et les éruptions ont dévasté Montserrat physiquement, socialement et économiquement. Les deux tiers de la population de 12 000 habitants ont été évacués vers des pays voisins, vers le Royaume-Uni ou le Canada. Seul le nord de l'île est resté habitable. Les insta- llations administratives méridionales de Plymouth ont été remplacées par des bâtiments provisoires à Brades Estate entre la baie de Carr et Little Bay sur le versant relative- ment sûr du nord-ouest de l'île. Les cendres et l'acide sulfurique dégagés par le volcan ont nui à la santé des enseignants et des élèves. Les bâtiments scolaires ainsi que les maisons des élèves et des enseignants ont été détruits. Fin 2003, le volcan était toujours actif et dangereusement imprévisible. On s'attend à ce qu'au moins la moitié de l'île reste inhabitable jusqu'en 2010 et il est de plus en plus probable qu'une partie de Montserrat restera définitivement inhabitable. Une loi du Parlement britannique accordant la citoyenneté britannique aux personnes originaires de Montserrat a été approuvée par la Chambre des Lords au début de 2002. MONTSERRAT

214 BAROMÈTRE DE L’IE SUR LES DROITS HUMAINS ET SYNDICAUX DANS LE SECTEUR DE L’ÉDUCATION - 2004 MOZAMBIQUE République du Mozambique • Population: 19.607.519

Population <15: 44% % du PNB afférent à l’enseignement: 2,4% Analphabétisme: 55,8% Espérance de vie à la naissance: m: 37,4 - f: 40,9 Taux de scolarisation brut, pré-primaire: Espérance de scolarité (années): m: 6 - f: 4 Taux de scolarisation brut, primaire: m: 54,7 - f: 45,6% % d’élèves ayant atteint la 5ème année du primaire en 2000: Taux de scolarisation brut, secondaire: m: 16,6 - f: 11,3% Nbre d’étudiants de l’enseignement supérieur par 100.000 habitants: 9.774 Nbre d’élèves du primaire par enseignant: 61 % des dépenses du gouvernement afférentes à l’enseignement: 12,3%

Ratification des Conventions du BIT: 29 87 98 100 105 111 138 169 182

SYSTEME EDUCATIF: Le Mozambique est un pays pauvre qui reste dépendant de l’aide étrangère pour une par- tie significative de son budget annuel. La majorité de la population vit en dessous du seuil de pauvreté. Le taux de 93% d’analphabétisme est un héritage du régime colonial portugais. Après l’indépendance, le gouvernement a fait de l’édu- cation une priorité majeure. Cette avancée a été fortement affectée par les conflits internes. Les inscriptions scolaires enregistrées après la guerre civile ont atteint un taux record. Bien que l’enseignement primaire de base est censé être gra- tuit et obligatoire jusqu’à la cinquième année, un droit d’inscription est exigé pour chaque enfant. Il s’agit là d’un énor- me fardeau pour de nombreuses familles. La qualité de l’éducation souffre d’un manque d’écoles et de matériel scolai- re et d’une pénurie d’enseignants qualifiés. Le Rapport 2003 de l’Education Pour Tous (EPT) a fait remarquer que le Mozambique espérait arriver à un taux de scolarisation primaire de 70% en 2000. Les effets des inondations massives survenues au début de l’année 2000 n’ont évidemment pas contribué à la capacité du pays d’atteindre cet objectif ambi- tieux. Durant la période de 1995 à 2000, l’inscription dans l’enseignement primaire a augmenté de 10 à 12% tant pour les filles que pour les garçons. Depuis la deuxième édition du Baromètre de l’IE, le nombre d’écoles secondaires publiques est passé de 82 à 105 mais elles sont principalement situées dans les zones urbaines. Seules quatre écoles nationales sont disponibles pour les personnes souffrant d’handicaps auditifs ou visuels et celles souffrant d’un handi- cap physique ou mental. Des rapports fiables font état de corruption dans le système de l’éducation, y compris de des- sous de table ou de relations sexuelles avec des enseignants pour faire passer des élèves à la classe supérieure.

EGALITES DES SEXES: Bien que seuls 26% de la population féminine adulte soit alphabétisée, l’accès des filles à l’enseignement de base a doublé au cours des 5 dernières années. Cependant, les filles ont moins accès aux niveaux supé- rieurs de l’enseignement primaire et, dans les zones urbaines où vit plus de 80% de la population et où traditionnelle- ment les femmes travaillent surtout dans les fermes de subsistance et élèvent leurs enfants, il ne reste que peu voire pas MOZAMBIQUE d’opportunités d’enseignement. Environ 46% des étudiants inscrits dans l’enseignement supérieur pour l’année acadé- mique 2002-2003 étaient de sexe féminin. En dépit des dispositions constitutionnelles en matière d’égalité des chances entres les hommes et les femmes dans tous les aspects de la vie politique, économique, sociale et culturelle stipulées dans la Loi sur la famille et l’héritage, le mari ou le père est le chef de ménage et les femmes et les filles doivent obtenir son accord pour tout acte juridique. Les femmes constituent un peu plus de la moitié de la population mais interviennent pour les deux tiers de la production économique. Sur le lieu de travail, elles perçoivent un salaire inférieur à celui des hommes pour un travail identique.

LIBERTE ACADEMIQUE: Aucun rapport ne fait mention d’une restriction de la liberté académique de la part du gouvernement.

BAROMÈTRE DE L’IE SUR LES DROITS HUMAINS ET SYNDICAUX DANS LE SECTEUR DE L’ÉDUCATION - 2004 215 MOZAMBIQUE

TRAVAIL DES ENFANTS: Dans l’économie formelle, l’âge minimum d’embauche est fixé à 18 ans. Les enfants âgés de 12 à 15 ans ne peuvent travailler que sous certaines conditions spéciales pour lesquelles une autorisation doit être accordée par les ministères du Travail, de la Santé et de l’Education. Les enfants âgés de 15 à 18 ans peuvent tra- vailler sous certaines conditions qui prennent en considération la santé et la moralité. Les jeunes enfants travaillent fré- quemment dans la ferme familiale ou dans le secteur informel en zone urbaine. La loi n’interdit spécifiquement ni le travail forcé ni l’esclavage des enfants. De telles pratiques existent dans les zones rurales où les enfants sont parfois mis à contribution pour régler des dettes. Un nombre croissant d’enfants est forcé de travailler parce que les membres adul- tes de la famille sont morts du VIH/SIDA qui est endémique. Selon des rapports fiables, un trafic de femmes et d’enfants a lieu vers l’Afrique du Sud. La deuxième édition du Baromètre de l’IE évaluait à 3 000 le nombre d’enfants des rues à Maputo. Ce nombre est retombé à 400, en grande partie grâce au travail des ONG qui sponsorisent des programmes visant à offrir une alimentation, un abri et une éducation aux orphelins et aux enfants abandonnés. Le gouvernement donne des informations s’opposant au travail des enfants, mais il n’a pas encore ratifié la Convention 182 de l’OIT.

DROITS SYNDICAUX: La Constitution spécifie que tous les travailleurs sont libres d’adhérer à un syndicat, mais il n’est pas permis aux fonctionnaires de se mettre en grève. La loi protège le droit des travailleurs à se syndiquer et à négocier collectivement. Créé en mars 2001, le Centre pour l’arbitrage, la conciliation et la médiation est devenu offi- ciellement opérationnel en février 2002. Son objectif est d’offrir des solutions aux litiges, soit par conciliation ou média- tion, soit par arbitrage. Le gouvernement ne fixe pas les salaires du secteur privé; les syndicats existants sont responsa- bles de la négociation des augmentations salariales. La Commission consultative du travail se réunit périodiquement pour négocier les modifications au salaire minimum.

Organisation membre de l’IE / Nombre de membres: Organizaçao Nacional dos Professores [ONP] / 5.313 MOZAMBIQUE

216 BAROMÈTRE DE L’IE SUR LES DROITS HUMAINS ET SYNDICAUX DANS LE SECTEUR DE L’ÉDUCATION - 2004 NAMIBIE République de Namibie • Population: 1.820.916

Population <15: 43,2% % du PNB afférent à l’enseignement: 8,1% Analphabétisme: 17,3% Espérance de vie à la naissance: m: 40,81 - f: 37,07 Taux de scolarisation brut, pré-primaire: Espérance de scolarité (années): Taux de scolarisation brut, primaire: % d’élèves ayant atteint la 5ème année du primaire en 2000: Taux de scolarisation brut, secondaire: Nbre d’étudiants de l’enseignement supérieur par 100.000 habitants: 9.561 Nbre d’élèves du primaire par enseignant: % des dépenses du gouvernement afférentes à l’enseignement:

Ratification des Conventions du BIT: 29 87 98 100 105 111 138 169 182

SYSTEME EDUCATIF: La plus grande partie des dépenses du gouvernement (24%) est consacrée à l’éducation. Depuis 2000, les dépenses se sont concentrées sur l’élargissement de l’accès à l’enseignement par la construction de nou- velles écoles et salles de classes et la rénovation des équipements existants. L’enseignement primaire est obligatoire pour une durée de 7 ans et peut être suivi par un enseignement secondaire optionnel de 5 ans. La majorité de la population vit dans un état de grande pauvreté. Les uniformes, manuels scolaires et frais d’internat représentent un fardeau consi- dérable pour la plupart des familles. Des frais de scolarité sont également demandés, mais ne sont pas absolument exi- gés si les parents ne peuvent vraiment pas les payer. Un programme de 15 ans lancé par l’Agence des Etats-Unis pour le développement international (USAID) qui a débuté en 1995 soutient l’amélioration des qualifications et des compéten- ces des enseignants et le développement de la qualité du matériel scolaire à disposition des enseignants et leurs élèves. La Namibie connaît un taux élevé de VIH/SIDA et de nombreux enseignants sont séropositifs. De plus en plus d’étudiants sont orphelins et sont rendus vulnérables par la maladie. La population du camp de réfugiés et de demandeurs d’asile d’Osire a atteint le chiffre de 18.500 personnes en 2002. L’enseignement primaire est offert aux enfants du camp, même si le Haut Commissariat des Nations Unies pour les Réfugiés a fait état d’une pénurie de salles de classes. Les étudiants réfugiés peuvent maintenant fréquenter les écoles secondaires situées hors du camp. Des mesures sont prises pour amé- liorer l’accès à l’enseignement pour les personnes issues du peuple autochtone nomade San, mais de nombreux enfants San ne vont pas à l’école.

EGALITES DES SEXES: Bien qu’il existe quelques différences régionales, il y a généralement égalité des sexes dans l’enseignement primaire. Et davantage de filles que de garçons obtiennent leur diplôme de l’enseignement secondaire. Quelque 55% des étudiants des institutions de l’enseignement supérieur sont des jeunes filles.

LIBERTE ACADEMIQUE: Aucun rapport ne fait mention d’une restriction de la liberté académique de la part du gouvernement.

TRAVAIL DES ENFANTS: L’âge minimum d’embauche des enfants est de 14 ans, mais cette limite est revue à la hausse pour certains secteurs comme l’industrie minière, la construction et le travail de nuit. Les inspecteurs du minis- NAMIBIE tère du Travail font généralement respecter les réglementations relatives à l’âge minimum d’embauche mais les enfants âgés de moins de 14 ans travaillent régulièrement dans la ferme familiale. Selon certains rapports, des enfants seraient employés dans des fermes commerciales privées ou travailleraient en tant que domestiques dans des conditions proches du travail forcé. Le gouvernement soutient des initiatives pour éradiquer les abus en matière de travail des enfants et tente de respecter les obligations découlant de la ratification de la Convention 182. Depuis la fin de la guerre civile en Angola, le recrutement d’enfants namibiens par les rebelles angolais a cessé.

BAROMÈTRE DE L’IE SUR LES DROITS HUMAINS ET SYNDICAUX DANS LE SECTEUR DE L’ÉDUCATION - 2004 217 NAMIBIE

DROITS SYNDICAUX: La Constitution accorde aux travailleurs, y compris aux employés du secteur public, le droit d’association et la liberté de créer des syndicats et d’y adhérer. Les actions de grève ne sont autorisées que dans le cadre de la défense des intérêts spécifiques des travailleurs, telles que les augmentations de salaire. La législation autorise les travailleurs à négocier individuellement ou collectivement. La nouvelle législation du travail est moins verbeuse et confuse que la précédente. La fédération à laquelle adhèrent les enseignants ne partage pas de liens historiques avec la SWAPO (South West Africa People’s Organisation), le parti du gouvernement.

Organisation membre de l’IE / Nombre de membres: Namibia National Teachers' Union [NANTU] / 12.500 NAMIBIE

218 BAROMÈTRE DE L’IE SUR LES DROITS HUMAINS ET SYNDICAUX DANS LE SECTEUR DE L’ÉDUCATION - 2004 NEPAL Royaume du Népal • Population: 25.873.917

Population <15: 40,5% % du PNB afférent à l’enseignement: 3,7% Analphabétisme: 57,1% Espérance de vie à la naissance: m: 58 - f: 57 Taux de scolarisation brut, pré-primaire: Espérance de scolarité (années): Taux de scolarisation brut, primaire: 72% % d’élèves ayant atteint la 5ème année du primaire en 2000: Taux de scolarisation brut, secondaire: m: 51 - f: 33% Nbre d’étudiants de l’enseignement supérieur par 100.000 habitants: 103.290 Nbre d’élèves du primaire par enseignant: 39 % des dépenses du gouvernement afférentes à l’enseignement: 14,1%

Ratification des Conventions du BIT: 29 87 98 100 105 111 138 169 182

SYSTEME EDUCATIF: Les enseignants et les écoles sont les principales cibles de la «Guerre des Peuples» lancée en 1996 par le Front maoïste du peuple uni (les Maoïstes) et qui a entraîné une violence permanente dans tout le pays. Les enseignants et leurs étudiants se retrouvent au centre du conflit et sont autant la cible des rebelles que des mesures de repré- sailles de l’Etat. Les Maoïstes torturent, assassinent, bombardent, rackettent et intimident les fonctionnaires de l’Etat et les civils. Ils enlèvent des enfants et les utilisent comme soldats, boucliers humains et messagers. Entre 1996 et 2002, les rebel- les ont détruit au moins 25 écoles et le ministère de l’Education estime que 3.000 enseignants ont été déportés, battus ou assassinés. Le Rapport annuel de l’IE de 2001 a fait état du meurtre de 100 enseignants. Les groupes maoïstes extorquent de l’argent aux écoles privées. En 2002, ils étaient responsables de la fermeture de plus de 200 écoles privées. Ils ont égale- ment imposé la grève à au moins 5 occasions, ce qui a effectivement causé la fermeture de presque toutes les écoles publiques et privées du pays. Ils ont détruit une université et ont bombardé un orphelinat et une école privée. La Confédération internationale des syndicats libres (CISL) rapporte que, durant l’année 2002, les insurgés ont tué au moins 52 syndicalistes, la plupart d’entre eux des enseignants. Au cours de 2002, les forces de sécurité de l’Etat ont tué quatre ensei- gnants et en ont arrêté d’autres, considérés comme sympathisants à la cause maoïste. Le rapport 2003 d’Amnesty International (AI) rapporte que de nombreux enseignants et étudiants ont été arrêtés en 2002 et qu’un grand nombre d’en- tre eux a «disparu». L’IE a lancé de nombreux appels au gouvernement pour qu’il libère les enseignants emprisonnés sans inculpation et qu’il assume ses responsabilités envers les familles des enseignants tués par les rebelles. Le 3ème Congrès de l’IE devait se tenir à Katmandou en juillet 2001, mais en raison de l’instabilité et de l’insécurité du pays, le Congrès a été déplacé en Thaïlande. Le Rapport sur l’Education Pour Tous (EPT) du Népal mentionnait que l’intention du gouvernement était d’introduire l’é- ducation primaire obligatoire pour tous les enfants népalais d’ici 2002. Une crise interne grandissante dans l’un des pays les plus pauvres et les moins développés du monde a contribué à l’incapacité du Népal à respecter cet engagement. L’enseignement primaire gratuit est, dans certaines limites, disponible pour les enfants âgés de 6 à 12 ans. Mais de nom- breuses familles n’ont pas les moyens d’acheter les fournitures scolaires ou les uniformes, et dans certaines zones il n’y a pas d’écoles. Assurer un enseignement universel est encore compliqué par le fait que les habitants du pays parlent plus de 50 langues différentes et que, conformément à la Constitution, les enfants ont le droit d’être instruits dans leur langue maternelle dans l’enseignement primaire. A Katmandou et dans d’autres zones urbaines, l’enseignement à tous les niveaux est prodigué presque exclusivement en népalais, la langue officielle. A l’école secondaire et dans l’enseignement supérieur, la plupart des enfants des régions rurales sont défavorisés. La qualité de l’enseignement n’est pas constante. 50% des ensei- NEPAL gnants des niveaux primaire et secondaire ne sont pas qualifiés. Le Népal abrite plus de 100 000 réfugiés bouthanais. Le Haut Commissariat des Nations Unies pour les Réfugiés assume la responsabilité de pourvoir à leurs besoins de base, y com- pris l’éducation. L’Université de Tribhuvan à Katmandou est le principal établissement d’enseignement supérieur.

BAROMÈTRE DE L’IE SUR LES DROITS HUMAINS ET SYNDICAUX DANS LE SECTEUR DE L’ÉDUCATION - 2004 219 NEPAL

EGALITES DES SEXES: Les statistiques de recensement de 2001 révèlent que 57% des femmes adultes sont analpha- bètes, contre 35% des hommes. Les filles fréquentent l’école secondaire à un taux de moitié inférieur à celui des garçons. Le Rapport de l’EPT 2003/4 classe le Népal comme un pays risquant de ne pas atteindre l’égalité entre garçons et filles ou l’é- ducation pour tous d’ici 2015. Le pourcentage net d’inscriptions dans les écoles primaires de 72,4% consiste en 77,4% de garçons et 67,1% de filles. Les étudiantes ne représentent que 20% des inscriptions à l’université et dans d’autres institutions tertiaires. Seuls 25% des enseignants du cycle primaire sont des femmes. La Constitution garantit aux femmes un salaire égal pour un travail égal, mais ce droit n’est pas appliqué dans la pratique, même dans les industries d’Etat. Les femmes des zones rurales sont particulièrement désavantagées. Elles ne sont pas instruites et ne sont pas conscientes de leurs droits fondamentaux. Un certain nombre d’ONG se consacrent à améliorer l’alphabétisation, à leur procurer des qualifications et à empêcher le trafic de femmes et de filles qui pose un grave problème. Les filles sont considérées comme de la marchan- dise à échanger en mariage. Il est courant qu’on marie déjà des fillettes. Des rapports dignes de foi indiquent que certains parents ou des membres de la famille vendent des jeunes filles à des fins d’esclavagisme sexuel. LIBERTE ACADEMIQUE: En général, le gouvernement tolère la liberté académique, bien que l’autocensure puis- se s’exercer sur certains sujets politiques et sociaux sensibles. TRAVAIL DES ENFANTS: Les ONG estiment que 2,6 millions d’enfants - dont une majorité de filles - travaillent. 1,7 million de ce total travaillent à temps plein. Environ 60% des enfants en âge scolaire qui travaillent vont également à l’école. La Loi du travail interdit l’embauche d’enfants âgés de moins de 14 ans, mais les employeurs, surtout dans le sec- teur informel et dans l’agriculture, tiennent rarement compte de cette loi. La législation népalaise du travail interdit spéci- fiquement le travail forcé ou non rémunéré des enfants, mais son application laisse également à désirer. L’OIT estime qu’au moins 33.000 enfants travaillent pratiquement comme esclaves dans l’agriculture. La première loi générale du pays sur le travail des enfants a été élaborée avec l’aide de l’OIT, mais les réglementations accompagnant cette loi n’ont pas encore été ratifiées. Le trafic des femmes et des filles reste un grave problème social. Les meilleures données disponibles indiquent que chaque année, environ 7.000 filles âgées de 10 à 17 ans sont attirées dans la prostitution ou enlevées à des fins de prostitu- tion. La plupart vont en Inde. Elles reviennent en général indigentes au Népal et, selon certains rapports, 50% sont séropo- sitives. A Katmandou, un rapport de 2001 de l’OIT/IPEC a conclu que 30% des prostituées de la ville étaient mineures. Avec le soutien d’ONG et d’agences internationales, le gouvernement encourage les campagnes nationales de sensibilisation aux dangers que représente le trafic des êtres humains. L’industrie du tapis a promis d’éliminer complètement la main-d’œuv- re enfantine d’ici 2005. La Fondation Rugmark accorde déjà un label pour les tapis fabriqués sans main d’œuvre enfanti- ne. Le gouvernement a tardivement honoré sa promesse de ratifier la Convention 29 de l’OIT. DROITS SYNDICAUX: Au cours des derniers mois de 2003, les organisations affiliées à l’IE, NTA et NNTA, ont mul- tiplié leurs protestations contre l’inaction du gouvernement quant à leurs préoccupations concernant la politique éducati- ve. Le 12 septembre, 300 enseignants, y compris des dirigeants syndicaux, ont été arrêtés lors d’un rassemblement pacifique dans la capitale. Au cours de 2003, NTA a décidé de tenir la réunion de son Conseil national dans un bastion maoïste pour remonter le moral des enseignants de cette région. Une loi de 1992 interdit aux enseignants de s’engager dans une activité politique, d’adhérer à un parti politique ou d’occuper une fonction politique. La Constitution garantit la liberté d’associa- tion et la législation du travail garantit la négociation collective. Il y a des restrictions au droit de grève, toutefois seuls les employés des services essentiels sont entièrement interdits de grève. En septembre 2002, les enseignants ont organisé une marche dans la capitale pour protester contre le meurtre et l’enlèvement de collègues et pour demander une affectation per- manente et un traitement décent. 300 personnes ont été arrêtées et accusées de violation de l’interdiction des rassemble- ments de masse. Parmi les personnes arrêtées figurait le président et secrétaire général de la NTA.

Organisation membre de l’IE / Nombre de membres: Nepal National Teachers' Association [NNTA] / 70.000 NEPAL Nepal Teachers' Association [NTA] / 9.000

220 BAROMÈTRE DE L’IE SUR LES DROITS HUMAINS ET SYNDICAUX DANS LE SECTEUR DE L’ÉDUCATION - 2004 NICARAGUA République du Nicaragua • Population: 5.023.818

Population <15: 42,2% % du PNB afférent à l’enseignement: 5% Analphabétisme: 33,2% Espérance de vie à la naissance: m: 67 - f: 71 Taux de scolarisation brut, pré-primaire: 26,5% Espérance de scolarité (années): Taux de scolarisation brut, primaire: 81% % d’élèves ayant atteint la 5ème année du primaire en 2000: 48% Taux de scolarisation brut, secondaire: m: 55,2 - f: 65,4% Nbre d’étudiants de l’enseignement supérieur par 100.000 habitants: Nbre d’élèves du primaire par enseignant: 34 % des dépenses du gouvernement afférentes à l’enseignement: 13,8%

Ratification des Conventions du BIT: 29 87 98 100 105 111 138 169 182

SYSTEME EDUCATIF: Le taux d’alphabétisation des adultes n’a pas progressé depuis la 1ère édition du Baromètre de l’IE en 1998. Le financement public de l’éducation obligatoire jusqu’à la sixième année est inadéquat. De nombreux enfants n’ont pas accès à l’école secondaire pour cause de manque d’infrastructures et de pénurie d’enseignants, notam- ment dans les zones rurales. Une disposition de la Constitution, la’règle des six pour cent’, affecte 6% du budget annuel à l’enseignement supérieur. Dans un pays où 39% de la population a moins de 15 ans, ce chiffre est disproportionné sur- tout si on le compare aux fonds alloués aux programmes d’enseignement primaire et secondaire. Le pays connaît de sérieux problèmes en ce qui concerne les besoins éducatifs des populations autochtones, qui représentent environ 5% de la population. En règle générale, ces populations vivent dans l’arrière-pays et disposent de quelque 200 écoles primaires, souvent sous le contrôle de missionnaires. La plupart des autochtones ne parlent que leur langue et quelques mots d’an- glais, mais peu ou pas l’espagnol. Seuls 20% environ savent lire et écrire.

EGALITES DES SEXES: Le taux d’inscription des filles à l’école primaire a augmenté de 75 à 80% entre 1995 et 2001. Durant la même période, le taux des garçons a baissé de 75 à 73%. A l’école secondaire, le taux d’inscription est tombé de 45 à 35%, toujours au cours de la même période. Les filles ont moins accès à l’éducation dans les régions rura- les. Celles qui terminent l’école primaire sont plus susceptibles de continuer leur éducation que les garçons. Les femmes représentent environ 61% de la main-d’œuvre dans le secteur public, un chiffre beaucoup plus élevé que dans le secteur privé. Même en ayant eu une éducation similaire, le salaire des hommes et des femmes diffère de manière très signifi- cative, les hommes gagnant deux fois plus que les femmes aux mêmes postes. Les femmes constituent la majorité des employés dans les secteurs traditionnellement mal payés comme l’éducation et les soins de santé. La violence domestique reste courante et n’est souvent pas signalée. La prostitution est légale et courante.

LIBERTE ACADEMIQUE: Aucun rapport n’indique une restriction de la liberté académique de la part du gou- vernement. NICARAGUA

TRAVAIL DES ENFANTS: Le Code du travail de 1996 a reculé l’âge d’embauche des enfants de 12 à 14 ans, avec autorisation parentale. L’autorisation parentale est également requise pour les enfants âgés de 15 et 16 ans. Les règles relatives au travail des enfants sont appliquées dans le secteur formel assez restreint de l’économie. Bien qu’interdit par la Constitution, le travail des enfants qui peut affecter le développement normal de l’enfant ou empiéter sur sa scolarité obligatoire pose un problème. Une étude du ministère du Travail indique que plus de 676.000 enfants sont vulnérables et exposés à la violence quotidienne, à la maltraitance, à l’exploitation et au manque de soins. Selon l’UNICEF, on peut s’attendre à ce que ces chiffres augmentent, étant donné le nombre croissant d’enfants de moins de cinq ans qui vivent dans la rue. L’UNICEF révèle que 20% d’enfants âgés de 6 à 9 ans travaillent et d’après les estimations du ministère du

BAROMÈTRE DE L’IE SUR LES DROITS HUMAINS ET SYNDICAUX DANS LE SECTEUR DE L’ÉDUCATION - 2004 221 NICARAGUA

Travail, environ 100.000 enfants de moins de 14 ans travaillent illégalement. Quelque 72 000 d’entre eux participent aux récoltes annuelles de café, de coton, de bananes, de tabac et de riz. Des enfants de 10 ans ou plus travaillent souvent dans les plantations pour moins de US$ 1 par jour. La Constitution interdit le travail forcé ou en servitude mais ne prend pas de mesures spéciales pour le travail forcé ou en servitude des enfants. Le ministère du Travail continue de faire état d’en- fants contraints à la mendicité par leurs parents ou ‘loués’ par leurs parents à des bandes organisées. Selon le ministère de la Famille, le taux de prostitution enfantine est un grave problème. La loi définit les relations sexuelles avec des enfants de 13 ans et moins comme étant illégales. Il n’y a par conséquent pas d’interdiction légale de la prostitution de mineurs âgés de 14 et plus. La ratification par le Nicaragua de la Convention 182 de l’OIT entraîne l’obligation de chan- ger la législation.

DROITS SYNDICAUX: Légalement, tous les travailleurs des secteurs public et privé (excepté la police et les mili- taires) ont le droit de former des syndicats et d’adhérer à celui de leur choix. La Constitution garantit le droit à la négo- ciation collective et reconnaît le droit de grève. Le Code du travail stipule qu’avant de pouvoir bénéficier du droit de grève, un syndicat doit avoir reçu l’approbation du ministère du Travail et être passé par un processus nécessitant une négo- ciation de bonne foi avec la direction. Ces conditions sont si complexes et ardues qu’il n’y a eu que trois grèves légales entre 1996 et 2002. Néanmoins, un certain nombre de grèves sauvages ont eu lieu, mais celles-ci n’offrent aucune pro- tection aux grévistes. En octobre 2003, l’IE est intervenue auprès du ministère des Finances pour demander l’application des accords de juillet 2003 entre la CGTEN-ANDEN et le ministère sur l’augmentation des salaires. Le taux des salaires et les conditions de travail des enseignants et du personnel de l’éducation restent inadéquats.

Organisation membre de l’IE / Nombre de membres: Confederación General de trabajadores de la Educación de Nicaragua [CGTEN - ANDEN] / 12.520 Confederación Nacional de Maestros de Nicaragua [CNMN] / 15.000 NICARAGUA

222 BAROMÈTRE DE L’IE SUR LES DROITS HUMAINS ET SYNDICAUX DANS LE SECTEUR DE L’ÉDUCATION - 2004 NIGER République du Niger • Population: 10.639.744

Population <15: 49,9% % du PNB afférent à l’enseignement: 2,7% Analphabétisme: 83,5% Espérance de vie à la naissance: 45,6 Taux de scolarisation brut, pré-primaire: 1% Espérance de scolarité (années): Taux de scolarisation brut, primaire: m: 20,6 - f: 21,8% % d’élèves ayant atteint la 5ème année du primaire en 2000: Taux de scolarisation brut, secondaire: m: 7,8 - f: 5,1% Nbre d’étudiants de l’enseignement supérieur par 100.000 habitants: 13.400 Nbre d’élèves du primaire par enseignant: 41 % des dépenses du gouvernement afférentes à l’enseignement:

Ratification des Conventions du BIT: 29 87 98 100 105 111 138 169 182

SYSTEME EDUCATIF: Etant donné la pénurie d’enseignants et la forte dispersion de la population, seuls 32% des enfants en âge de scolarité primaire vont à l’école, bien que l’instruction soit censée être gratuite et obligatoire entre 7 et 15 ans. Près de 60% des enfants qui sortent de l’école primaire sont des garçons. Un enseignement supérieur est dispen- sé à l’Université de Niamey et à l’Université Abdou Moumouni de Niamey. En raison des problèmes financiers et des grè- ves estudiantines, l’année scolaire 2001-02 a été interrompue et n’a repris qu’après plusieurs mois. Pour l’année scolai- re 2002-03, certaines facultés ont commencé les cours en temps voulu, mais d’autres étaient encore en train de terminer l’année scolaire précédente et ont de nouveau commencé les cours en retard. La deuxième édition du Baromètre de l’IE indique qu’en 1999 les protestations des étudiants contre les retards de paiement des bourses et les mesures d’austérité appliquées à l’éducation ont été dispersées sans ménagement par la police qui a utilisé des gaz lacrymogènes. Des mani- festations presque analogues ont eu lieu les années suivantes, notamment en 2002, et la police y a répondu de manière identique. Selon Amnesty International (AI), deux étudiants arrêtés en février 2001 étaient toujours détenus sans avoir été jugés à la fin de l’année 2002. L’incidence du VIH/SIDA se traduit par un nombre croissant d’orphelins nécessitant une aide particulière. L’Initiative accélérée de la Banque mondiale, lancée en 2002, a inclus le Niger parmi les pays éli- gibles à une aide. En novembre 2002, le financement destiné à aider le Niger à mettre en œuvre son plan d’action d’Education Pour Tous (EPT) a été approuvé.

EGALITES DES SEXES: La majorité des jeunes filles sont gardées à la maison pour travailler et vont rarement à l’école plus de quelques années. Certains groupes ethniques établissent des contrats de mariage en vertu desquels les filles sont envoyées dès l’âge de 10 ou 12 ans rejoindre la famille de leur mari et se trouvent sous la tutelle de leur belle-mère. En 2000, dans le cadre d’une révision législative, le ministre de la Justice a formé une commission chargée d’examiner le problème des filles contraintes au mariage. Le travail de la commission est toujours en cours. Le taux d’alphabétisa- tion des femmes adultes est de 7% contre 21% pour les hommes. Cependant, un quart des étudiants inscrits dans l’en- seignement supérieur et près de 34% des enseignants du primaire sont des femmes. L’Assemblée Nationale projette de voter une loi réprimant les mutilations génitales féminines (MGF). Parallèlement, le gouvernement, qui travaille étroi- tement avec l’UNICEF et une ONG locale, a développé d’importants programmes éducatifs pour décourager cette pra- tique. La soumission des femmes est très ancrée dans la tradition au Niger et continue d’être à l’origine de discrimina- tions dans de nombreux domaines, notamment dans l’éducation. NIGER LIBERTE ACADEMIQUE: Si l’on en croit les meilleurs rapports disponibles, il n’existe pas de restriction de la liberté académique de la part du gouvernement.

BAROMÈTRE DE L’IE SUR LES DROITS HUMAINS ET SYNDICAUX DANS LE SECTEUR DE L’ÉDUCATION - 2004 223 NIGER

TRAVAIL DES ENFANTS: Le travail des enfants dans les entreprises non industrielles est autorisé par la loi sous certaines conditions. Les enfants âgés de moins de 14 ans doivent obtenir une autorisation spéciale pour travailler, et ceux âgés de 14 à 18 ans sont soumis à certaines restrictions concernant les horaires et le type de travail (pas de travail indus- triel), pour permettre la poursuite de leur instruction. Le travail des enfants est pratiquement inexistant dans le secteur officiel. Les enfants travaillent toutefois dans les secteurs non réglementés de l’agriculture, du commerce et de l’artisa- nat. Les enfants des zones rurales travaillent souvent avec leur famille dès leur plus jeune âge. Certains enfants ne vont pas à l’école car ils sont chargés de guider l’un ou l’autre parent aveugle dans des tournées de mendicité ; d’autres sont parfois engagés par des enseignants coraniques pour mendier dans les rues. Des sources crédibles parlent de jeunes filles mineures prises dans les filets de la prostitution, parfois avec la complicité de leur famille. Le trafic d’enfants et l’escla- vagisme des enfants existent. La commission gouvernementale, formée en 2000 pour enquêter sur la question, n’avait pas rendu son rapport en 2003.

DROITS SYNDICAUX: La Constitution reconnaît officiellement le droit des travailleurs à s’organiser en syndicats et à y adhérer. L’Union syndicale des travailleurs du Niger et l’affilié de l’IE, le Syndicat national des enseignants du Niger (SNEN), prônent l’autonomie politique. Le code du travail s’appuie sur les principes de l’OIT et protège le droit à s’or- ganiser. Dans les entreprises privées et de l’Etat, les syndicats font ample usage du droit de négociation collective. La négo- ciation collective existe également dans le secteur public. Toutefois, étant donné que la plupart des travailleurs syndiqués -y compris les enseignants- sont des fonctionnaires, le gouvernement est associé à la plupart des conventions collectives. La Constitution accorde le droit de grève, mais le personnel de la fonction publique doit maintenir un niveau de service minimum pendant les grèves. En 2002, plusieurs grèves du personnel d’éducation ont eu lieu qui portaient générale- ment sur la réclamation d’avantages sociaux et la dénonciation des mauvaises conditions de travail.

Organisation membre de l’IE / Nombre de membres: Syndicat National des Enseignants du Niger [SNEN] /14.500 Syndicat National des Agents de la Jeunesse, de la Culture et des Sports [SYNAJECS] / 410 NIGER

224 BAROMÈTRE DE L’IE SUR LES DROITS HUMAINS ET SYNDICAUX DANS LE SECTEUR DE L’ÉDUCATION - 2004 NIGERIA République fédérale du Nigeria • Population: 129.934.911

Population <15: 44,8% % du PNB afférent à l’enseignement: Analphabétisme: 34,6% Espérance de vie à la naissance: 50 Taux de scolarisation brut, pré-primaire: Espérance de scolarité (années): Taux de scolarisation brut, primaire: % d’élèves ayant atteint la 5ème année du primaire en 2000: Taux de scolarisation brut, secondaire: m: 36 - f: 30% Nbre d’étudiants de l’enseignement supérieur par 100.000 habitants: Nbre d’élèves du primaire par enseignant: 37 % des dépenses du gouvernement afférentes à l’enseignement:

Ratification des Conventions du BIT: 29 87 98 100 105 111 138 169 182

SYSTEME EDUCATIF: Les écoles publiques n’offrent pas un service adéquat pour répondre aux besoins des enfants et la limitation des infrastructures prive de nombreux enfants en âge scolaire d’accès à l’éducation. La Constitution n’est pas claire en matière d’éducation obligatoire, qui devrait être d’une durée de neuf ans, quand elle affirme que «le gou- vernement offrira un enseignement primaire universel gratuit lorsque ce sera possible». L’Etat a rarement atteint cet objectif et, en tous cas, jamais dans les régions du Nord. Actuellement, l’éducation n’est ni gratuite, ni obligatoire, ni universelle. Pendant les années de boom pétrolier, le Nigeria s’est concentré sur la création de 31 universités, au détri- ment du développement de l’enseignement primaire de base. La qualité générale de l’enseignement secondaire est jugée médiocre. Des mouvements d’étudiants déclarent que les nombreuses grèves, les infrastructures inadéquates et la mon- tée des bandes de fanatiques sur le campus, spécialement dans le Sud, entravent le développement de l’éducation. Au cours de l’année 2002, des membres de bandes d’étudiants de même conviction religieuse, communément appelés sec- tes, ont parfois tué des étudiants de bandes rivales. Ce fanatisme dans les écoles devient petit à petit un problème natio- nal. Les rivalités et conflits entre bandes rivales ont également lieu au sein des institutions d’enseignement supérieur et ont entraîné la mort d’étudiants et la destruction de matériel. L’Université du Nigeria, à Nsukka dans l’Est du pays, a été fermée lorsque des bandes rivales ont commencé à se combattre. On a fait état de trois étudiants tués et de destruction de biens matériels. Les universités de Calabar, Ibadan et Ife sont fermées depuis 2000 en raison d’activités fanatiques vio- lentes. En 2002, au collège fédéral de l’éducation à Zara, des violences ont éclaté entre étudiants chrétiens et musulmans à propos des élections estudiantines. Une dizaine d’étudiants sont morts et beaucoup d’autres ont été blessés.

EGALITES DES SEXES: Seuls 50% des femmes sont considérées comme alphabétisées. Comparativement, ce taux est de plus des deux tiers chez les hommes. Dans de nombreuses parties du pays, les filles sont discriminées en ce qui concerne l’accès à l’éducation pour des raisons sociales et économiques. Dans le Nord, les communautés musulmanes donnent la préférence aux garçons lorsqu’il s’agit de décider quel enfant inscrire à l’école. Dans le Sud, les difficultés économiques affectent les possibilités de nombreuses familles d’envoyer les filles à l’école. Seuls 42% des filles issues de zones rurales sont inscrites à l’école, comparé au taux de 72% pour les filles des zones urbaines. Certaines femmes ont réussi individuellement à se faire une place dans le monde académique et des affaires mais les femmes éduquées font souvent l’objet de discrimination. Le gouvernement fédéral s’oppose publiquement aux mutilations génitales féminines NIGERIA (FGM) mais n’a pris aucune mesure juridique pour éliminer cette pratique. Entre 50 et 60% des femmes subissent cette mutilation. L’introduction d’une loi de la charia dans certains Etats du Nord exige qu’il y ait séparation entre les sexes pour tout ce qui concerne les services de transport, de santé et d’éducation.

LIBERTE ACADEMIQUE: En termes généraux, la liberté académique n’est pas restreinte par le gouvernement actuel.

BAROMÈTRE DE L’IE SUR LES DROITS HUMAINS ET SYNDICAUX DANS LE SECTEUR DE L’ÉDUCATION - 2004 225 NIGERIA

TRAVAIL DES ENFANTS: Les initiatives du gouvernement visant à enrayer le recours croissant au travail des enfants ne se sont pas avérées efficaces. Le Nigeria, aux côtés du Bangladesh, de la République démocratique du Congo, du Pakistan et de l’Inde, compte pour près de la moitié des enfants au travail dans le monde. Des études indiquent que les causes du travail des enfants incluent un taux d’inscription scolaire en déclin en raison de la détérioration des éco- les publiques et des pressions économiques accrues sur les familles qui les forcent à envoyer leurs enfants sur le marché du travail. L’OIT estime à 12 millions le nombre d’enfants exploités âgés de 10 à 14 ans qui ont un travail. Selon la loi, les enfants de moins de 14 ans ne peuvent pas être employés dans le commerce ou l’industrie. La loi limite à 8 heures par jour le nombre d’heures de travail des enfants aux travaux agricoles et domestiques. L’utilisation des enfants en tant que colporteurs, mendiants et contrôleurs dans les bus est très répandue dans les zones urbaines. Il existe des rapports fiables selon lesquels certaines familles pauvres vendent leurs filles en mariage afin d’augmenter leurs revenus. Human Rights Watch (HRW) fait état de nombreux mariages d’enfants, particulièrement dans les régions du Nord. Les consé- quences pour la santé des filles sont très graves et peuvent entraîner la mort prématurée pour celles qui sont soumises à une grossesse précoce ou à des relations sexuelles avant d’avoir atteint la maturité sexuelle. Le trafic des enfants vers l’Europe à des fins de prostitution, y compris de prostitution forcée, représente un grave problème.

DROITS SYNDICAUX: Le droit de former un syndicat ou une autre association et d’y adhérer est prévu dans la Constitution, bien que certaines mesures de restriction sur le droit d’association subsistent. La loi garantit le droit de for- mer un syndicat et de négocier collectivement. La négociation collective se pratique dans l’ensemble du secteur public et du secteur privé organisé. Le droit de grève existe. Le droit de se syndiquer est refusé aux travailleurs dans les services essentiels, dont la liste va au-delà de la définition de l’OIT. Le National Labour Congress of Nigeria (Confédération natio- nale du travail au Nigeria) a appelé à une grève générale en janvier 2004 pour protester contre la hausse des prix, notam- ment le prix du pétrole et contre l’absence de négociations entre le gouvernement et les syndicats sur des questions d’ur- gente actualité.

Organisation membre de l’IE / Nombre de membres: Nigeria Union of Teachers [NUT] / 350.000 NIGERIA

226 BAROMÈTRE DE L’IE SUR LES DROITS HUMAINS ET SYNDICAUX DANS LE SECTEUR DE L’ÉDUCATION - 2004 NORVEGE Royaume de Norvège • Population: 4.525.116

Population <15: 19,8% % du PNB afférent à l’enseignement: 6,8% Analphabétisme: 1% Espérance de vie à la naissance: m: 76 - f: 81 Taux de scolarisation brut, pré-primaire: Espérance de scolarité (années): m: 15,2 - f: 16 Taux de scolarisation brut, primaire: 101% % d’élèves ayant atteint la 5ème année du primaire en 2000: Taux de scolarisation brut, secondaire: m: 121 - f: 116% Nbre d’étudiants de l’enseignement supérieur par 100.000 habitants: 198.496 Nbre d’élèves du primaire par enseignant: % des dépenses du gouvernement afférentes à l’enseignement: 16,2%

Ratification des Conventions du BIT: 29 87 98 100 105 111 138 169 182

SYSTEME EDUCATIF: C’est en 1827 que la Norvège a institué l’éducation obligatoire. L’instruction est gratuite et obligatoire pendant dix ans : les enfants sont en général scolarisés de 6 à 16 ans, avec une onzième année facultative. La plupart des enfants restent à l’école jusqu’à 18 ans. Les changements intervenus depuis les années 1960 ont réduit les différences régionales et augmenté l’accès de tous les groupes sociaux au système éducatif. Bien que les cours obligatoi- res de religion soient tolérants, libéraux et respectueux de toute croyance religieuse, ils se basent sur la religion officiel- le nationale, à savoir le luthérianisme évangélique. Des objections relatives à la nature obligatoire de ces cours ont été soumises à la Cour européenne des Droits de l’Homme. Ces dernières années, le gouvernement a adopté des mesures visant à protéger les droits culturels des Samets, anciennement connus sous le nom de «Lapons». La langue des Samets est enseignée dans les écoles des provinces de cette population. Les programmes télévisés et radiophoniques sont sous- titrés dans la langue des Samets et des subsides sont octroyés par le gouvernement pour les journaux et les livres publiés dans cette langue. Un ministre adjoint au ministère du Gouvernement local et du développement régional s’occupe prin- cipalement des problèmes liés aux Samets. Il existe dix établissements d’enseignement supérieur de niveau universitai- re, y compris le Nordic College of Fisheries. Sur les quatre universités du pays (Oslo, Bergen, Trondheim et Tromsø), seule celle d’Oslo a été créée avant la seconde guerre mondiale.

EGALITES DES SEXES: Près de 56% des étudiants inscrits dans des établissements d’enseignement supérieur sont des filles. Les femmes sont bien représentées à tous les niveaux du gouvernement. Bien que la loi prévoie un salaire égal pour les hommes et les femmes, il existe une disparité de 10 à 15% en faveur des hommes. Les femmes sont de mieux en mieux représentées à tous les niveaux du gouvernement. Aucune restriction légale ou coutume ne limite la participation des femmes au gouvernement et à la politique. Sur les 165 sièges du parlement, 57 étaient occupés par des femmes en 2002, les femmes dirigeaient 8 des 19 ministères gouvernementaux, présidaient 5 des 15 comités permanents au parle- ment et représentaient 2 des 6 principaux partis politiques. Le Médiateur pour l’égalité des sexes traite les plaintes rela- tives à la discrimination sexuelle. Un amendement à la loi sur l’environnement du travail stipule que «les employés ne feront aucunement l’objet de harcèlement ou tout type de comportement inconvenant «. NORVEGE LIBERTE ACADEMIQUE: Aucun rapport ne fait état d’une restriction de la liberté académique de la part du gou- vernement.

TRAVAIL DES ENFANTS: Les enfants de 13 à 18 ans ont le droit d’occuper un emploi léger à temps partiel qui ne doit en aucun cas nuire à leur santé, à leur développement ou à leur scolarisation. Les règles afférentes à l’âge mini- mum d’embauche sont observées en pratique et bien appliquées. Selon la loi, un Bureau de médiateur pour les enfants, indépendant, est chargé de la protection des enfants, sous l’égide du ministère des Enfants et de la Famille. Aussi bien le

BAROMÈTRE DE L’IE SUR LES DROITS HUMAINS ET SYNDICAUX DANS LE SECTEUR DE L’ÉDUCATION - 2004 227 NORVEGE

gouvernement norvégien que les syndicats sont très actifs et collaborent au niveau national et international afin d’éli- miner le travail des enfants.

DROITS SYNDICAUX: Plus de 60% d’une main-d’œuvre d’environ 2 millions de travailleurs sont syndiqués. La négociation collective est courante et la plupart des salariés sont couverts par des accords négociés de cette façon. Selon la loi, les travailleurs bénéficient du droit de grève. Depuis leur fusion du 1er janvier 2003, les organisations affiliées de l’IE, Laererforbundet et Norsk Laererlag, sont devenues l’Utdanningsforbundet (UEN), que le gouvernement consulte sur les problèmes économiques et sociaux importants. Bien que la plus importante fédération syndicale soit liée au Parti tra- vailliste, tous les syndicats et fédérations de travailleurs ne sont pas liés à un parti et ne sont pas sous le contrôle du gou- vernement.

Organisation membre de l’IE / Nombre de membres: Utdanningsforbundet/Union of Education [UEN] / 101.499 Norwegian Association of Research Workers [NARW] / 13.000 Skolenes Landsforbund [SL] / 3.500

NOTE DE BAS DE PAGE : Svalbard est un territoire norvégien [population: 2.868] NORVEGE

228 BAROMÈTRE DE L’IE SUR LES DROITS HUMAINS ET SYNDICAUX DANS LE SECTEUR DE L’ÉDUCATION - 2004 NOUVELLE-CALEDONIE Population: 207.858

Population <15: 30% % du PNB afférent à l’enseignement: Analphabétisme: 5% Espérance de vie à la naissance: m: 72 - f: 78 Taux de scolarisation brut, pré-primaire: Espérance de scolarité (années): Taux de scolarisation brut, primaire: % d’élèves ayant atteint la 5ème année du primaire en 2000: Taux de scolarisation brut, secondaire: Nbre d’étudiants de l’enseignement supérieur par 100.000 habitants: Nbre d’élèves du primaire par enseignant: % des dépenses du gouvernement afférentes à l’enseignement:

SYSTEME EDUCATIF: Le département de l’Education supervise les écoles primaires, secondaires et professionnel- les à la fois catholiques et publiques. L’éducation est gratuite dans les écoles publiques. En 2002, environ 37.000 élèves étaient inscrits dans les écoles primaires et 30.000 dans le cycle secondaire. Alors que l’instruction est désormais obliga- toire pour tous les Néo-calédoniens âgés de 6 à 16 ans, avant 1956 aucune école secondaire n’avait été ouverte pour la population mélanésienne, les Kanaks. La diversité linguistique des Kanaks (il existe 27 groupes de langues et de nomb- reux dialectes) a longtemps servi de raison aux autorités françaises pour ne pas enseigner les langues locales à l’école. Cependant, de récentes initiatives ont été prises sur les Iles Loyauté et autour de Houailou (sur Grande Terre, l’île prin- cipale) pour enseigner la langue locale. Au niveau supérieur, les établissements de formation des enseignants, qu’ils soient publics ou privés, offrent aux étudiants la possibilité d’étudier les langues et la littérature mélanésiennes. L’Université de Nouvelle-Calédonie (UNC) compte environ 2.200 étudiants. Elle entretient des liens académiques avec des universités de premier plan dans la région. Avant 1999, l’UNC constituait une division de l’Université française du Pacifique.

L’égalité des sexes et la liberté académique ne constituent pas des questions importantes. Le Baromètre n’est pas non plus NOUVELLE-CALEDONIE en mesure d’apporter des informations documentées sur le travail des enfants en Nouvelle-Calédonie.

DROITS SYNDICAUX: Les travailleurs de Nouvelle-Calédonie bénéficient des droits syndicaux, y compris la liber- té syndicale, le droit d’organisation, le droit de grève et le droit à la négociation collective.

Organisation membre de l’IE / Nombre de membres: Fédération de l'Enseignement/Union Syndicale des Travailleurs Kanaks et des Exploités [FE/USTKE] / 1.000

Bien que faisant toujours partie de la France, la Nouvelle-Calédonie avec ses territoires dépendants possède un statut dit de 'souveraineté partagée' en ce qui concerne de nombreux aspects du gouvernement. Un référendum pour l'indépendance qui a eu lieu en 1998 et n'a pas abouti a permis l'Accord de Nouméa. Cet Accord a approuvé une période de transi- tion de 12 ans réduisant l'influence de la France. Il est prévu d'organiser un nouveau référendum sur l'indépendance entre 2013 et 2018. Actuellement, la collectivité (statut actuel du territoire) est administrée par un congrès obligatoirement pluripartite. Jusqu'au prochain référendum, la Nouvelle-Calédonie continue d'élire deux députés et un sénateur pour les représenter au Parlement français de la métropole et au Sénat. La Nouvelle-Calédonie, appelée Kanaky par sa population mélanésienne autochtone, possède des lois différentes de celles de la France métropolitaine, et cependant ses habitants sont citoyens français. Environ 43% de la population sont des Kanaks autochtones. Les Européens, qui représentent appro- ximativement 37% de la population, sont des descendants des Français qui se sont établis en Nouvelle-Calédonie au 19ème siècle, des citoyens français d'anciennes colonies telles que l'Algérie et le Vietnam, et des arrivants plus récents de France métropolitaine.

BAROMÈTRE DE L’IE SUR LES DROITS HUMAINS ET SYNDICAUX DANS LE SECTEUR DE L’ÉDUCATION - 2004 229 NOUVELLE-ZELANDE Population: 4.029.000

Population <15: 22,8% % du PNB afférent à l’enseignement: 6,1% Analphabétisme: 1% Espérance de vie à la naissance: m: 75 - f: 81 Taux de scolarisation brut, pré-primaire: 77% Espérance de scolarité (années): m: 15,6 - f: 16,7 Taux de scolarisation brut, primaire: 99% % d’élèves ayant atteint la 5ème année du primaire en 2000: Taux de scolarisation brut, secondaire: m: 111 - f: 117% Nbre d’étudiants de l’enseignement supérieur par 100.000 habitants: 171.962 Nbre d’élèves du primaire par enseignant: 18 % des dépenses du gouvernement afférentes à l’enseignement:

Ratification des Conventions du BIT: 29 87 98 100 105 111 138 169 182

SYSTEME EDUCATIF: L’éducation est obligatoire de 6 à 16 ans. Elle est gratuite entre 5 et 19 ans dans les écoles publiques et dans les établissements intégrés au système public qui ont une orientation philosophique ou religieuse spé- ciale. Par exemple, les 238 écoles catholiques sont intégrées. Certaines écoles indépendantes réclamant des frais de sco- larité reçoivent également des fonds publics. Toutes les écoles appliquent le programme scolaire national. Un Certificat national de niveau d’éducation (NCEA) a été introduit entre 2002 et 2004. Il existe pour les trois réseaux du système édu- catif. Certains éducateurs sont critiques vis-à-vis du NCEA et entre 30 et 40 établissements ont opté pour le programme de l’examen anglais de Cambridge ou celui du baccalauréat international pour les élèves terminant le secondaire. Il exis- te huit universités publiques. La formation à l’enseignement est dispensée par des collèges, des universités et par un cer- tain nombre des 22 établissements supérieurs et instituts de technologie. Les programmes préscolaires sont largement accessibles. Les enfants ayant des besoins particuliers sont pris en charge, tout comme les enfants vivant dans des zones isolées. L’agrégation est obligatoire pour tous les enseignants et est décernée sous forme de certificat valable trois ans. La langue de la population Maori, menacée tout au long du 20ème siècle, peut désormais être utilisée depuis la maternel- le jusqu’au niveau post-doctorat. On prévoit que les départs en retraite dans les dix années à venir provoqueront une pénurie d’enseignants. Les 80 000 étudiants étrangers payant des frais de scolarité, qui viennent en majorité des pays asiatiques, apportent une contribution substantielle à l’économie néo-zélandaise. La rapide croissance de cette activité et l’instabilité des prestataires privés ont posé le problème de la qualité de l’enseignement proposé à ces étudiants et ont conduit à un renforcement des contrôles.

EGALITES DES SEXES: Les femmes représentent presque 60% des étudiants inscrits dans l’enseignement supé- rieur. La loi interdit la discrimination dans l’emploi et dans les niveaux de salaire lorsque le travail est de valeur com- parable. Le gouvernement a admis que, dans la pratique, un fossé persiste entre hommes et femmes concernant les rému- nérations. Les chiffres d’août 2002 montrent que les femmes gagnent 76% du salaire moyen total des hommes et 84,4% du salaire horaire ordinaire moyen des hommes. Les femmes ont toute liberté de participer à la vie politique et, en 2003- 2004, elles occupaient des postes élevés dans le gouvernement, notamment celui de gouverneur général et de Premier ministre.

LIBERTE ACADEMIQUE: Aucun rapport ne fait état d’une restriction de la liberté académique de la part du gou- vernement.

TRAVAIL DES ENFANTS: Il est interdit d’embaucher des enfants de moins de 15 ans dans l’industrie manufac- turière, les mines et l’exploitation forestière. Les enfants de moins de 16 ans ne peuvent travailler entre 22 heures et 6 heures. En plus des restrictions explicites imposées à l’embauche des enfants, l’enseignement obligatoire fait en sorte que NOUVELLE-ZELANDE

230 BAROMÈTRE DE L’IE SUR LES DROITS HUMAINS ET SYNDICAUX DANS LE SECTEUR DE L’ÉDUCATION - 2004 NOUVELLE-ZELANDE

les enfants n’ayant pas dépassé l’âge de la scolarité obligatoire ne travaillent pas pendant les heures de cours. Conformément à la loi, les enfants inscrits à l’école ne peuvent être embauchés, même en dehors des heures de cours, si l’emploi en question risque d’entraver leur éducation. En général, les enfants de moins de 12 ans sont embauchés pour livrer les journaux avant et après l’école, pour travailler dans le magasin ou la ferme familiale, ou dans l’horticulture. Il existe des lois explicites réprimant l’exploitation sexuelle des enfants par des Néo-Zélandais et plusieurs cas de pour- suites et de condamnations, notamment contre des citoyens ayant commis ces crimes à l’étranger, ont reçu un large écho.

DROITS SYNDICAUX: Le principal parti de l’actuel gouvernement est issu d’un mouvement syndical vieux de près de cent ans. Pendant son premier mandat au pouvoir, le gouvernement a abrogé et remplacé la législation adoptée par le précédent gouvernement qui dans les faits détruisait le syndicalisme. Les recommandations de l’Organisation inter- nationale du travail (OIT) étaient soit ignorées, soit bafouées par le précédent gouvernement.

Organisation membre de l’IE / Nombre de membres: Association of University Staff of New Zealand [AUS] /3.000 Independent School Teachers' Association of New Zealand [ITANZ] 330 New Zealand Educational Institute/Te Riu Roa [NZEI] / 28.775 New Zealand Post Primary Teachers' Association [NZPPTA] /11.474

NOTE EN BAS DE PAGE : Responsabilités : Tolekau (population: 1.431), territoire appartenant à la Nouvelle-Zélande. Nioué (population: 1.600) et les Iles Cook (population: 15.000) sont des Etats autonomes associés librement à la Nouvelle-Zélande. Nioué et les Iles Cook ont signé la Convention des Nations Unies relatives aux droits de l'enfant (CNUDE) en tant que non membres. Aucun des deux Etats n'est obligé de respecter les conventions de l'OIT ratifiées par la Nouvelle-Zélande. Les peuples de Tolekau, Nioué et des îles Cook sont, de droit, des citoyens néo-zélandais. Entre 50.000 et 60.000 habitants des Iles Cook, 21.000 de Nioué et 6300 de Tolekau sont des résidants per- manents en Nouvelle-Zélande. Près de 70% d'entre eux sont nés dans ce pays. Voir aussi LES ILES COOK. NOUVELLE-ZELANDE

BAROMÈTRE DE L’IE SUR LES DROITS HUMAINS ET SYNDICAUX DANS LE SECTEUR DE L’ÉDUCATION - 2004 231 OUGANDA République d’Ouganda • Population: 24.699.673

Population <15: 50% % du PNB afférent à l’enseignement: 2,3% Analphabétisme: 32% Espérance de vie à la naissance: 43,81 Taux de scolarisation brut, pré-primaire: Espérance de scolarité (années): Taux de scolarisation brut, primaire: % d’élèves ayant atteint la 5ème année du primaire en 2000: Taux de scolarisation brut, secondaire: Nbre d’étudiants de l’enseignement supérieur par 100.000 habitants: 63.165 Nbre d’élèves du primaire par enseignant: % des dépenses du gouvernement afférentes à l’enseignement:

Ratification des Conventions du BIT: 29 87 98 100 105 111 138 169 182

SYSTEME EDUCATIF: Depuis quelques années, l’Ouganda accueille de nombreux réfugiés sur son territoire. La plupart de ces 200 000 réfugiés viennent du sud du Soudan. La part la plus importante du budget gouvernemental est consacrée à l’éducation. L’Etat a lancé un programme visant à garantir un enseignement primaire universel au milieu des années 1990. Bien qu’elle soit entravée par le manque de financement et l’instabilité de certaines régions de l’Ouganda, la mise en œuvre de cette politique s’est traduite par l’augmentation du nombre d’enfants scolarisés, passé de 2,9 millions en 1995 à 7,2 millions en 2002. Selon les chiffres officiels, 95% des enfants en âge d’aller à l’école sont scolarisés. L’école est gratuite jusqu’à la septième année. Les chiffres varient selon les rapports mais il est indéniable que le nombre d’enfants scolarisés a augmenté de façon conséquente. Depuis la 2ème édition du Baromètre de l’IE, le pro- gramme ne limite plus la gratuité de l’instruction à un nombre d’enfants par famille, il a éliminé le port obligatoire de l’uniforme, fourni des manuels et supprimé les frais d’examen. Un financement accru a permis d’améliorer la forma- tion des professeurs, même si la pénurie d’enseignants qualifiés demeure un problème grave. 70% des enseignants du niveau pré-scolaire sont des femmes. Ce chiffre n’est plus que de 43% au niveau primaire. Le taux de recrutement pour les niveaux secondaires et supérieurs est faible en Ouganda.

EGALITES DES SEXES: Le taux d’alphabétisation chez les adultes est supérieur chez les hommes et seule une fai- ble majorité de femmes sait lire et écrire. Garçons et filles jouissent d’une égalité d’accès à l’enseignement et les niveaux inférieurs connaissent une répartition par sexe à peu près égale (47% de filles). Les familles ont tendance à favoriser l’é- ducation des garçons et ces derniers ont plus de chance de terminer le cycle primaire et de poursuivre leur instruction. Le gouvernement a lancé plusieurs programmes pour promouvoir l’éducation des filles. Les mutilations génitales fémi- nines (MGF) sont pratiquées dans certaines parties du pays et il n’existe pas de loi réprimant cette pratique. Le gouver- nement et des groupes de femmes travaillant avec le Fonds des Nations Unies pour la population (FNUAP) ont lancé des projets pour combattre cette pratique par le biais de l’éducation.

LIBERTE ACADEMIQUE: Aucun rapport ne fait état d’une restriction de la liberté académique de la part du gou- vernement.

TRAVAIL DES ENFANTS: Depuis 1998, le gouvernement travaille avec l’OIT/IPEC sur un programme visant à éliminer le travail des enfants. La loi interdit l’embauche d’enfants de moins de 18 ans en tant que travailleurs, mais le travail des enfants est largement répandu. La plupart des enfants qui travaillent sont employés dans le secteur informel, généralement dans la ferme familiale ou comme domestiques. Les guerres civiles et l’épidémie de VIH/SIDA ont fait deux millions d’orphelins. Au cours de l’année 2002, la Lord’s Resistance Army (LRA) a multiplié ses attaques, assassinant, mutilant, violant et torturant les civils et surtout les enfants, pillant et incendiant des maisons, des écoles et des camps OUGANDA

232 BAROMÈTRE DE L’IE SUR LES DROITS HUMAINS ET SYNDICAUX DANS LE SECTEUR DE L’ÉDUCATION - 2004 OUGANDA

accueillant des personnes déplacées et des réfugiés. La LRA a continué à enlever des enfants pour en faire des gardes, des esclaves sexuels et des soldats. Le gouvernement a trouvé un compromis avec les pays voisins, notamment le Soudan, pour éliminer ce fléau.

DROITS SYNDICAUX: Le droit d’adhérer à des associations et des syndicats vaut aussi pour les fonctionnaires. Cependant, l’Ouganda n’a pas ratifié la Convention 87 de l’OIT. Les directeurs d’école font partie des employés «essen- tiels» du gouvernement et il ne leur est pas permis de former des syndicats. La Constitution accorde le droit de grève lorsque «toute tentative» de conciliation a été épuisée. La loi reconnaît le droit d’organisation et de négociation collec- tive, mais les procédures sont considérées comme archaïques et ont besoin d’être réformées. Dans les services publics, le gouvernement contrôle le processus de négociation. Neuf grèves ont été organisées par les enseignants des écoles pri- maires en 2002 pour protester contre les conditions de travail et les retards dans le paiement des salaires. La fusion de l’Uganda Teacher’s Association (UTA) et de l’Uganda National Union of Teachers (UNUT) a permis de donner un nou- vel élan et d’unifier leurs structures syndicales. La nouvelle organisation, l’Uganda United Teachers Union (UNATU) est membre de l’IE. Le NUEI, un autre affilié de l’IE, représente le personnel non enseignant.

Organisation membre de l’IE / Nombre de membres: Uganda Teachers' Association [UTA] / 9.000 National Union of Educational Institutions [NUEI] / 7.442 OUGANDA

BAROMÈTRE DE L’IE SUR LES DROITS HUMAINS ET SYNDICAUX DANS LE SECTEUR DE L’ÉDUCATION - 2004 233 OUZBEKISTAN République d’Ouzbékistan • Population: 25.563.441

Population <15: 35,4% % du PNB afférent à l’enseignement: Analphabétisme: 1% Espérance de vie à la naissance: m: 60,4 - f: 67,6 Taux de scolarisation brut, pré-primaire: Espérance de scolarité (années): Taux de scolarisation brut, primaire: % d’élèves ayant atteint la 5ème année du primaire en 2000: Taux de scolarisation brut, secondaire: Nbre d’étudiants de l’enseignement supérieur par 100.000 habitants: Nbre d’élèves du primaire par enseignant: % des dépenses du gouvernement afférentes à l’enseignement:

Ratification des Conventions du BIT: 29 87 98 100 105 111 138 169 182

SYSTEME EDUCATIF: En théorie, le gouvernement dispense une éducation primaire et des soins de santé gratuits et universels. En pratique, les pénuries et les difficultés budgétaires font que certains services doivent être payés. Neuf années de scolarité sont obligatoires et la moyenne de la scolarisation est de plus de 11 ans. Selon le gouvernement, 98,1% des enfants terminent l’école secondaire. Cependant, il semblerait que plus les circonstances économiques se dété- riorent, plus les enfants abandonnent l’école secondaire. Les dépenses du gouvernement en matière d’éducation ont diminué, passant de 11,6% du PIB en 1993 à 5,5% du PIB en 1998. Le nombre des élèves inscrits à l’école a également diminué durant la même période. Les enfants de réfugiés n’ont qu’un accès limité ou n’ont pas accès à l’éducation, et le système éducatif ne tient pas compte de leurs besoins linguistiques. Les enfants handicapés sont exclus du système sco- laire normal. Les enfants placés en institutions et les enfants des rues sont également défavorisés au point de vue de l’é- ducation. Des ONG indiquent que de nombreuses écoles sont dans un état de délabrement avancé. L’ouzbek est la lan- gue officielle mais le russe est la langue de la loi, en tant que «langue de communication interethnique.»

EGALITES DES SEXES: En dépit du fait que la loi interdise la discrimination envers les femmes, les pratiques tra- ditionnelles, culturelles et religieuses limitent leur rôle au quotidien dans la société. Les garçons ont beaucoup plus de chances de terminer l’école secondaire que les filles. Une étude de 1997 révélait que le nombre des jeunes filles inscrites dans l’enseignement supérieur diminuait ; par exemple leur inscription dans l’institut des finances et de la banque a for- tement diminué, passant de 65% en 1991 à environ 25% en 1997. L’étude prétendait que les universités avaient tendan- ce à «diriger» les jeunes filles vers des professions traditionnellement occupées par les femmes et indiquait que les admi- nistrateurs avaient délibérément barré le passage aux jeunes filles dans certains domaines de l’enseignement.

LIBERTE ACADEMIQUE: Les établissements académiques ont un certain degré d’autonomie, mais la liberté d’ex- pression est restreinte. Les professeurs d’université doivent parfois faire approuver d’avance leurs conférences ou notes de cours. L’autocensure se pratique.

TRAVAIL DES ENFANTS: La Convention sur les droits de l’enfant a été l’un des premiers instruments interna- tionaux ratifiés par le parlement après l’indépendance. Néanmoins, le gouvernement n’a pas ratifié la Convention 138 de l’OIT sur l’âge minimum ou la Convention 182 sur les pires formes du travail des enfants. La saison de la récolte du coton engendre la mobilisation obligatoire à grande échelle des enfants et des étudiants. Durant cette période, les clas- ses sont généralement suspendues dans les écoles rurales et les établissements d’enseignement supérieur provinciaux, et ceux qui refusent de travailler dans les champs sont sanctionnés académiquement. L’âge minimum d’embauche est de 16 ans. L’Etat octroie une permission de travailler aux jeunes âgés de 15 ans mais la journée de travail doit être plus OUZBEKISTAN

234 BAROMÈTRE DE L’IE SUR LES DROITS HUMAINS ET SYNDICAUX DANS LE SECTEUR DE L’ÉDUCATION - 2004 OUZBEKISTAN

courte. Le trafic des filles à des fins de prostitution pose un problème. Le gouvernement a pris des mesures pour lutter contre ce fléau mais il n’existe aucun programme pour éduquer ou aider les victimes potentielles.

DROITS SYNDICAUX: Tous les travailleurs ont le droit de former des syndicats et d’y adhérer selon leur choix. On peut se demander dans quelle mesure les syndicats sont indépendants, puisqu’ils restent dépendants du gouvernement. Il n’existe pas de syndicat indépendant. La négociation collective n’existe pas non plus. L’Etat est l’employeur principal et les dirigeants syndicaux nommés par l’Etat ne se considèrent pas comme ayant un conflit d’intérêt avec le gouverne- ment. Les ministères du Travail et des Finances fixent les salaires des employés de la fonction publique. Dans le secteur privé, qui est restreint, la direction fixe les salaires ou les négocie avec ceux qu’elle engage sous contrat. Les lois syndi- cales ne font pas mention d’un droit de grève.

Organisation membre de l’IE / Nombre de membres: National Trade Union of Education and Scientific Workers of Uzbekistan [NTUESWU]/ 1.190.000 OUZBEKISTAN

BAROMÈTRE DE L’IE SUR LES DROITS HUMAINS ET SYNDICAUX DANS LE SECTEUR DE L’ÉDUCATION - 2004 235 PAKISTAN République islamique du Pakistan • Population: 147.663.429

Population <15: 41,8% % du PNB afférent à l’enseignement: 1,8% Analphabétisme: 56% Espérance de vie à la naissance: m: 61 - f: 82 Taux de scolarisation brut, pré-primaire: Espérance de scolarité (années): Taux de scolarisation brut, primaire: 66% % d’élèves ayant atteint la 5ème année du primaire en 2000: Taux de scolarisation brut, secondaire: Nbre d’étudiants de l’enseignement supérieur par 100.000 habitants: Nbre d’élèves du primaire par enseignant: % des dépenses du gouvernement afférentes à l’enseignement: 7,8%

Ratification des Conventions du BIT: 29 87 98 100 105 111 138 169 182

SYSTEME EDUCATIF: Le Pakistan est un pays doté de grandes richesses. Mais ni le gouvernement fédéral, ni les gouvernements provinciaux n’affichent la volonté de s’engager en faveur des droits et du bien-être des enfants. Le Rapport de suivi de l’Education Pour Tous (EPT) souligne que l’éducation obligatoire est une priorité, mais il n’existe aucune loi fédérale en la matière ; et le gouvernement, tant au niveau fédéral que provincial, est loin d’octroyer les moyens suffisants pour atteindre cet objectif. Des études fiables révèlent que seuls 65% des enfants âgés de moins de 12 ans sont inscrits à l’école et, sur ces 65%, moins de la moitié achève l’enseignement primaire. Toutefois, les enfants qui sortent de l’école primaire ne sont pas assurés de savoir lire et écrire. Selon des chiffres publiés par l’UNICEF, sur un échantillon national d’enfants en cinquième année, seuls 33% étaient capables de lire un texte en le comprenant et 17% seulement étaient en mesure d’écrire une lettre simple. L’inefficacité et la corruption, tant au niveau fédéral que provin- cial, entravent l’éducation. Selon une source autorisée, près de 50% du budget alloué à l’éducation «disparaît» tout sim- plement. Des études menées ces dernières années ont mis le doigt sur la mauvaise utilisation, répandue à grande échel- le, des infrastructures scolaires. 10.000 écoles ont fermé en raison de la «pénurie d’enseignants» alors qu’au même moment de nombreux «enseignants et administrateurs fantômes» ne respectaient pas leurs engagements ou n’appa- raissaient pas au travail. Ces fraudes ont été réprimées bien qu’aucune charge n’ait été retenue contre les fraudeurs. Le recours à des enseignants non qualifiés constitue également un grave problème. Dans le Punjab, aussi récemment qu’en août 2001, une étude a révélé que la moitié des enseignants de troisième année ne connaissait pas leurs tables de mul- tiplication. Le gouvernement provincial a refusé de licencier ou de former les enseignants non qualifiés. Il existe de nom- breuses madrassahs qui sont des écoles religieuses. En juin 2002, le gouvernement publia un arrêté visant à réglemen- ter les madrassahs. Le programme était proposé sur base volontaire ; il était prévu d’établir des écoles modèles, de fixer des normes en matière de formation d’enseignants et d’uniformiser le programme des madrassahs prenant part au pro- jet. Une commission était chargée de surveiller et de veiller à l’application des règlements dans les écoles participantes. La commission devait également contrôler tout financement interne et externe des madrassahs. Du fait de l’opposition des religieux, le gouvernement retira la plupart des conditions nécessaires à une réforme éducative. Malgré le fait que plus d’un million et demi d’Afghans quittèrent le Pakistan pour rentrer chez eux en 2002, il reste environ 1,8 million de réfugiés. Ceux qui vivent en dehors des camps ont créé, avec l’aide d’ONG, des écoles pour les enfants afghans au Pakistan. Le Haut Commissariat aux Réfugiés (HCR) est responsable de l’éducation dans les camps. La population péni- tentiaire au Pakistan est importante. Les jeunes délinquants en prison ainsi que les enfants innocents, nés de femmes détenues (souvent à la suite de viols et d’abus sexuels perpétrés par les gardiens) peuvent difficilement accéder à l’édu- cation. Human Rights Watch (HRW) rapporte que les enfants détenus sont fréquemment battus et parfois torturés ou abusés sexuellement afin de leur soutirer des aveux. On recourt aussi à de tels châtiments afin d’intimider les familles ou pour soutirer de l’argent en échange de la libération des enfants. Le trafic de drogue par les gardiens et autres mem- bres du personnel représente un autre problème. Certains enfants se seraient accoutumés aux drogues en prison. Il y a

PAKISTAN 23 universités, 99 écoles professionnelles et 675 établissements supérieurs de lettres et de sciences.

236 BAROMÈTRE DE L’IE SUR LES DROITS HUMAINS ET SYNDICAUX DANS LE SECTEUR DE L’ÉDUCATION - 2004 PAKISTAN

EGALITES DES SEXES: Les filles accèdent plus difficilement à l’éducation que les garçons. Une étude menée en 2001 a révélé que le taux d’inscription des filles âgées de moins de 12 ans était de 65%, chiffre inférieur à celui des gar- çons (75%), mais bien supérieur aux 50% de 1990. Le taux officiel d’alphabétisation des femmes a doublé au cours des deux dernières décennies ; toutefois, avoisinant les 27%, il ne représente que la moitié de celui des hommes. Dans les zones rurales, les disparités entre sexes sont en partie dues aux comportements traditionalistes. Selon une étude, quelque 42% des parents vivant à la campagne donnaient «l’absence de bénéfice financier» comme raison pour ne pas envoyer leurs filles à l’école et envoyaient leur fils à la place. Les filles en possession d’un titre universitaire sont également défa- vorisées. A Karachi, seuls 28% des filles ayant réussi les examens de science de 10e année en 1999 ont trouvé un emploi dans les établissements secondaires publics, contre 83% des garçons ayant passé exactement les mêmes tests. Bien qu’un petit nombre de femmes étudient et enseignent dans les universités, les possibilités d’emploi offertes femmes universitai- res demeurent limitées à l’enseignement, aux professions médicales et au droit. Un nombre croissant de femmes intèg- rent toutefois les secteurs publics et commerciaux. D’après le rapport 2003 de Human Rights Watch, on note un impor- tant progrès juridique en faveur des femmes. La Commission nationale sur le statut des femmes, organe statutaire indé- pendant, a convaincu le gouvernement de permettre aux femmes pakistanaises de conférer la nationalité à leurs enfants, indépendamment de la nationalité de leurs pères.

LIBERTE ACADEMIQUE: Dans l’ensemble, le gouvernement respecte la liberté académique. Cependant, l’at- mosphère de violence et d’intolérance favorisée par les organisations d’étudiants, généralement liées à des partis poli- tiques religieux, menace de façon permanente la liberté académique, et ce, en dépit d’un arrêt de la Cour suprême inter- disant les organisations politiques sur les campus. Sur certains campus, des groupes d’étudiants bien armés, provenant principalement d’organisations religieuses radicales, s’en sont pris aux étudiants, aux professeurs et aux administrateurs pour des raisons de langue, de cours, de politiques d’examen, de titres, de doctrine ou d’habillement. Ces groupes favo- risent la tricherie aux examens, interfèrent dans le recrutement du personnel, contrôlent les nouvelles inscriptions et par- fois même les fonds des institutions. Ils sont généralement parvenus à un tel contrôle en combinant manifestations, contrôle des médias du campus et menaces de violence généralisée. A l’université du Punjab, l’aile étudiante du parti Jaamat-i-Islami (le plus grand parti politique du pays) a tenté d’imposer aux enseignants et aux étudiants son propre code de conduite en menaçant de provoquer des troubles sur le campus si ses exigences n’étaient pas acceptées.

TRAVAIL DES ENFANTS: Le Pakistan, l’Inde, le Bangladesh, le Nigeria et la République Démocratique du Congo comptent 50% de la population enfantine qui travaille dans le monde. Il y a jusqu’à 20 millions d’enfants travailleurs au Pakistan. L’agriculture emploie le plus grand nombre d’enfants, suivie par le travail domestique. Les enfants vendent aussi dans la rue et travaillent dans l’entreprise familiale. Des milliers d’enfants sont embauchés pour effectuer des tra- vaux dangereux dans les tanneries de cuir, les usines de fabrication d’instruments chirurgicaux et dans les fours à briques. Il est courant de faire travailler des enfants, surtout des filles, dans l’industrie du tapis, la plupart du temps dans le cadre d’une entreprise familiale. Les fabricants de tapis, conjointement avec l’OIT/IPEC (Programme focal sur le tra- PAKISTAN vail des enfants), ont mis sur pied un programme visant à éliminer le travail des enfants dans ce secteur en leur favori- sant l’accès à l’éducation. Les fabricants et importateurs de ballons de football, l’OIT et l’UNICEF se sont mis d’accord sur un plan d’action visant également à éliminer le travail des enfants de cette industrie. Basé à Sialkot, ce projet contrô- le la production de ballons de football dans des centres de couture reconnus et a permis la création de 185 centres de réadaptation pour anciens enfants travailleurs. L’OIT a organisé un projet semblable en collaboration avec l’Union euro- péenne (UE) visant spécifiquement à éliminer le travail en servitude chez les enfants. En 2002, le gouvernement a pris en charge 18 centres initiés par l’UE. Depuis 1998, l’OIT et l’Agence suisse pour le développement et la coopération

BAROMÈTRE DE L’IE SUR LES DROITS HUMAINS ET SYNDICAUX DANS LE SECTEUR DE L’ÉDUCATION - 2004 237 PAKISTAN

ont mené un projet de grande envergure visant le travail et l’abus des enfants dans le secteur de la réparation automo- bile, l’objectif étant d’offrir aux enfants une formation professionnelle ainsi qu’une éducation informelle. Le projet a été prolongé jusqu’en 2005. Un projet gouvernemental, auquel participent diverses ONG nationales, propose aux parents une compensation financière, y compris des uniformes, des livres, des repas et les frais de scolarité, s’ils retirent leurs enfants du travail et les envoient à l’école. Le projet n’a eu qu’un succès limité. Dans les zones rurales isolées, les parents pauvres ont coutume d’offrir leurs enfants à de riches propriétaires en échange d’argent ou de terre. Le travail agricole en servitude et l’esclavage par endettement ont une longue histoire. Les propriétaires enferment des familles entières dans des prisons privées et les vendent à d’autres propriétaires. La prostitution d’enfants, filles et garçons, représente un grave problème. Le Shabab-i-Milli, la jeunesse du parti Jaamat-i-Islami, a lancé une campagne en 2000 pour lutter contre la prostitution des enfants par le biais d’un programme de sensibilisation du public. La Commission d’enquête sur la condi- tion féminine a remarqué que l’abus sexuel des enfants est un sujet qui a littéralement été ignoré et elle a appelé à mener une campagne d’éducation du public. La Commission désire introduire la question dans les programmes scolaires et dans la formation des infirmières et des médecins afin qu’ils apprennent comment traiter les victimes d’abus sexuels. Selon une étude financée par l’UNICEF, 15% des filles du Punjab auraient été abusées sexuellement. Théoriquement, les droits des enfants sont protégés par de nombreuses lois qui comprennent des éléments de la Convention des Nations Unies sur les droits de l’enfant. En septembre 2001, le gouvernement a signé les Protocoles facultatifs à la Convention relative à l’implication d’enfants dans les conflits armés, la vente d’enfants, la prostitution des enfants et la pornographie impli- quant des enfants. Néanmoins, la loi n’est pas correctement appliquée. Il a été demandé à chaque province de désigner un fonctionnaire responsable des projets et initiatives en matière de travail des enfants et une proposition a été soumise au ministère du Travail afin de mettre sur pied des centres d’éducation informelle pour les enfants travailleurs. Le Pakistan est une source, un point de transit et un pays de destination pour le trafic d’enfants. Jusqu’à plusieurs milliers de garçons âgés de 3 à 10 ans sont envoyés dans le golfe Persique pour y travailler comme jockeys de chameaux. Dans certains cas, des enfants physiquement ou mentalement handicapés sont forcés à mendier par des réseaux criminels organisés qui leur retirent la majeure partie de leurs gains. Des parents auraient offert leurs enfants en sacrifice à Baba Shah Dola, un lieu saint au Punjab où l’on déformerait intentionnellement les enfants en serrant leur tête avec un outil en métal qui provoquerait une microcéphalie. Les organisations de défense des droits humains ont demandé aux auto- rités locales de faire des recherches sur de telles pratiques, mais aucune enquête n’a été menée.

DROITS SYNDICAUX: De nombreuses restrictions empêchent toute forme de négociation collective dans de nom- breux secteurs du marché du travail, et le droit de grève est soumis à de sévères contraintes. A plusieurs reprises, l’OIT a déclaré que la législation et les pratiques du pays allaient à l’encontre des engagements pris par le gouvernement en vertu de la Convention 87 de l’OIT. L’OIT a insisté auprès du gouvernement afin qu’il lève l’interdiction faite aux enseignants de mener une activité syndicale, et pour qu’il rétablisse le droit de grève. Dans le secteur public, les travailleurs ont le droit de former des syndicats dans la plupart des secteurs. Ce droit d’association est refusé aux enseignants pour la rai- son qu’on ne peut les qualifier ‘d’industrie’. En novembre 2001, le gouvernement a introduit de nouvelles lois touchant les travailleurs du secteur public les empêchant d’interjeter appel en cas de licenciement et leur interdisant de porter ce genre d’affaires devant les cours et tribunaux. En septembre 2002, une «nouvelle politique du travail» a été lancée en vue d’appliquer les recommandations de la Conférence nationale tripartite sur le travail qui s’était tenue l’année précé- dente. La nouvelle politique renforce les restrictions qui pesaient sur les droits syndicaux. L’OIT s’est en outre inquiétée de la pratique des promotions artificielles qui n’offrent pas aux travailleurs la garantie du respect des clauses de la Convention 111. En réponse à une requête du gouvernement, l’OIT lui a offert une assistance technique pour que la législation du travail soit de nouveau en conformité avec les conventions de l’OIT. Toutefois, aucune action législative

PAKISTAN n’a été prise.

238 BAROMÈTRE DE L’IE SUR LES DROITS HUMAINS ET SYNDICAUX DANS LE SECTEUR DE L’ÉDUCATION - 2004 PAKISTAN

Organisation membre de l’IE / Nombre de membres: All Pakistan Government School Teachers' Association [APGSTA] / 17.000 Pakistan Lady Teachers' Association [PLTA] / 400 Pakistan Teachers' Organisation Council [PTOC] / 5.000 Sindh Polytechnic Teachers' Association [SPTA] / 1.000 PAKISTAN

BAROMÈTRE DE L’IE SUR LES DROITS HUMAINS ET SYNDICAUX DANS LE SECTEUR DE L’ÉDUCATION - 2004 239 PALESTINE Territoires sous le contrôle de l’Autorité palestinienne • Population: 3.601.178

Population <15: 49,7% (Gaza), 46,3% (Cisjordanie) % du PNB afférent à l’enseignement: 19,46% Analphabétisme: 9% Espérance de vie à la naissance: m: 71 - f: 75 Taux de scolarisation brut, pré-primaire: 8,1% Espérance de scolarité (années): 12 Taux de scolarisation brut, primaire: 97% % d’élèves ayant atteint la 5ème année du primaire en 2000: 24,34% Taux de scolarisation brut, secondaire: 10,2% Nbre d’étudiants de l’enseignement supérieur par 100.000 habitants: 80.543 Nbre d’élèves du primaire par enseignant: 40 % des dépenses du gouvernement afférentes à l’enseignement:

SYSTEME EDUCATIF: L’Autorité palestinienne (AP) assure une instruction obligatoire jusqu’à la 9ème année, lorsque les enfants atteignent l’âge de 15 ans. Dans les zones rurales et dans les camps de réfugiés, notamment, il exis- te un fort taux d’abandon des enfants qui doivent aider leur famille. Dans les zones sous couvre-feu, élèves et enseignants sont souvent dans l’impossibilité de se rendre dans leur école. Les cours sont de fait annulés. Depuis 2000, les autorités éducatives et sanitaires palestiniennes et israéliennes font état d’une augmentation du stress et des traumatismes chez les enfants en âge de scolarité. Les professionnels de l’éducation et de la santé reconnaissent que les élèves sont grave- ment affectés par la violence de la situation. Celle-ci a une incidence sur l’apprentissage et se manifeste par un manque d’attention, des cauchemars, une incontinence diurne ou nocturne et d’autres troubles du comportement. De nombreux enfants ont aussi été blessés physiquement pendant le conflit. Les autorités associent directement les problèmes psycho- logiques des enfants avec la deuxième intifada (soulèvement) et la réponse militaire israélienne. En octobre 2002, le Comité des droits de l’enfant des Nations Unies a recommandé que les acteurs non étatiques établissent et assurent le respect de règles applicables aux militaires et aux autres personnels, conformément aux droits des enfants contenus dans la Convention des Nations Unies relatives aux droits de l’enfant. Les bouclages et les couvre-feux gênent la scolarité et l’Office de secours et de travaux des Nations Unies a indiqué que 72.000 journées de travail d’enseignants avaient été per- dues pendant l’année scolaire 2001-2002. Les résultats scolaires en Cisjordanie et dans la bande de Gaza ont chuté de manière dramatique et les taux d’abandon ont augmenté pour la première fois depuis dix ans. Les écoles de Jérusalem- Est demeurent sous-financées et surpeuplées. De nombreux élèves se sont vu refuser l’accès dans les écoles publiques par manque de place. En 2001, le gouvernement avait accepté de construire 245 nouvelles classes en 4 ans pour améliorer la situation. Mais aucun budget n’a été débloqué à cette fin. Le budget 2002 comprend suffisamment de fonds pour créer 60 nouvelles classes. Une mission d’enquête de l’IE (menée avec des partenaires anglais et norvégiens) s’est rendue en Israël et dans les Territoires occupés en 2002. La mission a publié un compte-rendu détaillé qui montre à quel point le droit de tous les enfants à une éducation dans un environnement sain a été mis à mal par le violent conflit. L’OIT, l’UNICEF, Save the Children et de nombreuses organisations d’aide sociale locales s’attachent à développer des services éducatifs, médicaux et culturels pour les enfants palestiniens. De nombreux Palestiniens souffrant de handicaps sont tenus à l’écart et isolés de la société palestinienne. Ils sont victimes de discrimination dans la plupart des domaines, notamment dans l’éducation, l’emploi, les transports et concernant l’accès aux bâtiments et aux équipements publics.

EGALITES DES SEXES: Du fait de la désapprobation sociale et des mariages précoces, il arrive fréquemment que les filles palestiniennes ne terminent pas leur scolarité obligatoire. Des restrictions culturelles empêchent parfois les jeu- nes filles de faire des études supérieures. Il n’existe pas de loi particulière assurant les droits des femmes dans le monde du travail. Les femmes sont sous-représentées dans la plupart des secteurs de la vie professionnelle. Un petit groupe de femmes jouent un rôle important en politique, en médecine, dans le droit et l’enseignement. Cependant, elles sont net-

PALESTINE tement sous-représentées aux postes de décision dans ces secteurs.

240 BAROMÈTRE DE L’IE SUR LES DROITS HUMAINS ET SYNDICAUX DANS LE SECTEUR DE L’ÉDUCATION - 2004 PALESTINE

LIBERTE ACADEMIQUE: En 2002-2003, aucun rapport ne fait état d’une restriction de la liberté académique par l’AP en Cisjordanie et dans la bande de Gaza. D’après l’édition 2002 du rapport sur les droits humains du département d’Etat américain, «les bouclages, les couvre-feux et les mesures militaires imposés par Israël ont gravement porté attein- te à la liberté académique en perturbant le fonctionnement des écoles et des universités de Cisjordanie et de la bande de Gaza... Elèves et personnel à tous les niveaux éducatifs ont eu des difficultés pour se rendre dans les installations scolai- res et en revenir parce que certaines zones ont fait l’objet d’une forme ou d’une autre de bouclage pendant l’année entiè- re... Les étudiants de Gaza sont dans l’impossibilité de se rendre dans les universités de Cisjordanie depuis le début du mois d’octobre 2000, lorsque Israël a fermé la route sûre reliant Gaza à la Cisjordanie». Ce qui est enseigné dans les éta- blissements scolaires palestiniens concernant les Israéliens et ce que les Israéliens enseignent à propos des Palestiniens est un sujet très passionnel des deux côtés. La question doit être traitée par des groupes de travail conjoints israéliens et palestiniens.

TRAVAIL DES ENFANTS: L’âge minimum d’embauche est de 14 ans et les enfants âgés entre 15 et 17 ans ne sont pas autorisés à occuper des emplois dangereux ou de faire un travail les obligeant à se rendre au-delà de leur quar- tier. De nombreux enfants de moins de 12 ans ont une activité professionnelle. Dans la plupart des cas, ils travaillent dans la ferme ou le magasin familial ou comme vendeurs ambulants dans les centres urbains. Le travail des enfants existe apparemment dans des usines de fabrication de chaussures et dans les usines textiles.

DROITS SYNDICAUX: Un nouveau code du travail est entré en vigueur en janvier 2002 après de longues consul- tations tripartites. Une loi sur le service public réglemente les avantages et salaires des fonctionnaires, notamment ceux des enseignants. Compte tenu du climat économique et politique actuel, il est quasiment impossible de mener à bien une activité syndicale. D’après un rapport de l’OIT, le pourcentage de la population vivant en dessous du seuil de pauvreté (moins de l’équivalent de 2$ par jour) est passé de 21% en 1999 à 33% en 2000 et 46% en 2001. Il semblerait qu’il attei- gne 62% en 2002. L’affilié de l’IE, GUPT, a été le premier syndicat à représenter les Palestiniens en Cisjordanie et dans la bande de Gaza. La majorité des syndicats de Cisjordanie et de Gaza appartiennent à la Fédération générale palestinien- ne des syndicats (PGFTU). Le PGFTU estime que près de 75% des travailleurs palestiniens sont des membres payant une cotisation. Les syndicats palestiniens qui veulent organiser une grève doivent se soumettre à l’arbitrage du ministre du Travail de l’AP. Si le syndicat conteste l’arbitrage final et lance un mouvement de grève, un tribunal composé de hauts magistrats nommés par l’AP décide des actions disciplinaires à engager. Il n’existe pas de loi dans les territoires occupés protégeant spécifiquement les droits des travailleurs en grève. Dans la pratique, ces derniers n’ont que peu, voire pas, de moyen de se protéger des mesures de rétorsion prises par les employeurs.

Organisation membre de l’IE / Nombre de membres: General Union of Palestinian Teachers [GUPT] / 34.000 PALESTINE

Les territoires occupés sont composés de la bande de Gaza (population 1.225.911), de la Cisjordanie (population: 2.163.667) et de Jérusalem Est (population: 211.600). Ils ont été occupés par Israël au cours de la guerre de 1967. Les chiffres relatifs à la population ne prennent pas en compte le nombre des colons israéliens dans les territoi- res. Les accords d'Oslo de 1993 ont établi un cadre de négociation pour les dispositions relatives au statut transitionnel et définitif des territoires. Au terme d'un accord inter- médiaire de septembre 1995, Israël a transféré la plupart des responsabilités du gouvernement civil dans la bande de Gaza et dans certaines parties de la Cisjordanie à l'Autorité palestinienne (AP), nouvellement créée. La bande de Gaza et la Cisjordanie devaient être administrées, à différents niveaux, par Israël et l'Autorité palestinienne. Depuis 2000, la situation s'est détériorée aussi bien en Israël que dans les territoires palestiniens. Les termes "territoires occupés" et "territoires placés sous la juridiction de l'Autorité pales- tinienne" sont tous deux utilisés, en fonction du contexte. Les Nations Unies et l'OIT évitent généralement d'utiliser le mot "Palestine" pour désigner cette entité géographique.

BAROMÈTRE DE L’IE SUR LES DROITS HUMAINS ET SYNDICAUX DANS LE SECTEUR DE L’ÉDUCATION - 2004 241 PANAMA République de Panama • Population: 2.882.329

Population <15: 31,6% % du PNB afférent à l’enseignement: 5,9% Analphabétisme: 7,9% Espérance de vie à la naissance: m: 73,14 - f: 78,74 Taux de scolarisation brut, pré-primaire: 40,5% Espérance de scolarité (années): Taux de scolarisation brut, primaire: 100% % d’élèves ayant atteint la 5ème année du primaire en 2000: 92% Taux de scolarisation brut, secondaire: m: 66,5 - f: 71% Nbre d’étudiants de l’enseignement supérieur par 100.000 habitants: 89.352 Nbre d’élèves du primaire par enseignant: 26 % des dépenses du gouvernement afférentes à l’enseignement:

Ratification des Conventions du BIT: 29 87 98 100 105 111 138 169 182

SYSTEME EDUCATIF: L’instruction est gratuite et obligatoire jusqu’à la neuvième année et entre 6 et 15 ans. Au Panama, 37% de la population a moins de 18 ans. Dans certaines régions éloignées, les enfants ne vont pas toujours à l’école en raison du manque de transport, des attitudes traditionnelles et des ressources insuffisantes allouées par le gou- vernement pour faire respecter la loi. Le problème est le plus aigu dans la province de Darien et parmi les groupes autoch- tones. Des programmes d’alphabétisation bilingues sont prévus par la Constitution. Mais en dépit d’une protection léga- le et d’une égalité formelle, les groupes autochtones présentent en général un taux d’analphabétisme plus élevé que le reste de la population. Les Noirs antillais, qui représentent 7 à 8% de la population, sont venus des anciennes Antilles bri- tanniques pour travailler dans les plantations au début du 20e siècle. Ils sont ensuite devenus le pivot de la main-d’œu- vre du Canal de Panama, bien qu’ils aient été progressivement remplacés. Ils sont généralement bilingues, anglais et espagnol, et considèrent l’enseignement comme un moyen de progresser. Malheureusement, selon des sources fiables, ils sont victimes de discrimination raciale autant des Hispaniques que des Afro-Panaméens et ne sont pas intégrés dans la société. D’autres rapports fiables concluent que les préjugés raciaux désavantagent également 200.000 citoyens d’origi- ne asiatique. Des rapports citent une incidence élevée de gangs de jeunes actifs dans les zones urbaines, souvent associés à une activité criminelle. Le ministère de l’Education a la charge de l’éducation des enfants handicapés. La législation prévoit qu’ils soient intégrés dans le système éducatif.

EGALITES DES SEXES: Les jeunes filles représentent près de 60% des inscriptions dans les établissements tertiai- res. Les salaires des femmes sont de 30 à 35% plus bas que ceux des hommes, malgré le fait que la législation garantis- se un salaire égal pour un travail égal. Des rapports mentionnent des pratiques de recrutement irrégulières, notamment pour le cas des femmes. Le problème de la violence domestique reste entier, tout comme celui du trafic des femmes.

LIBERTE ACADEMIQUE: Aucun rapport n’indique une restriction de la liberté académique de la part du gou- vernement.

TRAVAIL DES ENFANTS: La loi interdit le travail des enfants de moins de 14 ans; il en va de même pour les enfants de moins de 15 ans qui n’ont pas terminé le cycle primaire. Les enfants âgés de 12 à 15 ans ont le droit de tra- vailler comme ouvrier agricole ou domestique à condition que le travail demandé ne soit pas lourd et qu’il n’empiète pas sur leur scolarité. C’est dans les zones rurales que les lois relatives au travail des enfants sont le plus fréquemment enfreintes, au moment de la récolte de canne à sucre, du café et des tomates. Bon nombre de jeunes enfants travaillent dans des fermes de subsistance. Le problème du travail des enfants dans les zones agricoles semble affecter le plus gra- vement les familles autochtones qui se voient souvent contraintes de migrer hors de leurs réserves isolées à la recherche de travail. Ces fréquentes migrations interrompent la scolarité. Le Panama est une destination pour les filles victimes de PANAMA

242 BAROMÈTRE DE L’IE SUR LES DROITS HUMAINS ET SYNDICAUX DANS LE SECTEUR DE L’ÉDUCATION - 2004 PANAMA

trafic à des fins d’exploitation sexuelle en provenance de Colombie et de République dominicaine, notamment. Il existe un trafic de filles à des fins sexuelles au sein du pays mais son étendue n’est pas connue.

DROITS SYNDICAUX: Les travailleurs du secteur privé jouissent du droit de former des syndicats et d’adhérer à celui de leur choix. La loi de 1994 relative au service public autorise la plupart des employés gouvernementaux à former des associations d’employés et garantit leur droit à représenter des membres dans la négociation collective avec leur agence respective; mais ils ne bénéficient pas de la protection syndicale. La loi relative au service public offre peu de pro- tection, étant donné qu’en réalité seule 10.000 personnes ont le statut de fonctionnaire. Les 140.000 autres employés du service public ne bénéficient en fait pas du droit à s’organiser, à négocier collectivement ou à faire grève. L’OIT constate depuis plusieurs années que les restrictions appliquées aux travailleurs du secteur public sont en contradiction avec les obligations imposées dans le cadre de la Convention 87 de l’OIT. Dans le secteur privé, les employeurs engagent souvent du personnel temporaire pour éviter les contraintes du Code du travail.

Organisation membre de l’IE / Nombre de membres: Magisterio Panameño Unido [MPU] / 3.000 PANAMA

BAROMÈTRE DE L’IE SUR LES DROITS HUMAINS ET SYNDICAUX DANS LE SECTEUR DE L’ÉDUCATION - 2004 243 PAPOUASIE-NOUVELLE-GUINEE Etat indépendant de Papouasie-Nouvelle-Guinée • Population: 5.172.033

Population <15: 41,4% % du PNB afférent à l’enseignement: 2,3% Analphabétisme: 35,4% Espérance de vie à la naissance: m: 61- f: 66 Taux de scolarisation brut, pré-primaire: Espérance de scolarité (années): Taux de scolarisation brut, primaire: 101% % d’élèves ayant atteint la 5ème année du primaire en 2000: Taux de scolarisation brut, secondaire: Nbre d’étudiants de l’enseignement supérieur par 100.000 habitants: 9.858 Nbre d’élèves du primaire par enseignant: % des dépenses du gouvernement afférentes à l’enseignement: 17,5%

Ratification des Conventions du BIT: 29 87 98 100 105 111 138 169 182

SYSTEME EDUCATIF: L’éducation n’est ni gratuite, ni obligatoire ou universelle mais près de 80% des enfants de Papouasie-Nouvelle-Guinée (PNG) suivent quelques années d’enseignement primaire. Peu d’élèves poursuivent au-delà du primaire. Développer un système d’enseignement général en Papouasie-Nouvelle-Guinée pose de nombreux problè- mes. Le pays se compose de la partie Est de la Nouvelle-Guinée et de près 1.400 autres îles de taille très variable. La PNG a une superficie totale de 462.840 kilomètres carrés. Ses habitants se répartissent en près de 1.000 tribus et parlent plus de 800 langues différentes. L’anglais est la langue officielle mais le pidgin est la langue la plus pratiquée pour les com- munications courantes par une population très dispersée, qui n’a reçu dans son ensemble que peu ou pas d’éducation formelle. L’enseignement secondaire se caractérise par des coûts très élevés parce que la majorité des institutions secon- daires du premier et du second degré sont des internats. Cette situation reflète le fait que 85% de la population vit dans de petits villages dispersés sur un territoire relativement vaste. L’instabilité politique, la criminalité et les gangs tribaux qui agissent dans une quasi-impunité ont conduit certains observateurs à considérer la PNG comme un pays susceptible de devenir un Etat voyou. L’inaction des gouvernements successifs concernant les problèmes liés au chômage urbain et l’échec des politiques d’éducation et de santé ont encore accentué ce risque. L’université nationale, qui a son siège dans la capitale, Port Moresby, comprend cinq campus et 13 centres d’études.

EGALITES DES SEXES: Le taux d’analphabétisme des adultes est deux fois plus élevé chez les femmes que chez les hommes. Dans le primaire, le taux d’inscription des filles est de 15% inférieur à celui des garçons. Moins d’un tiers des étudiants qui fréquentent l’université et d’autres institutions post-secondaires sont de sexe féminin. La Constitution reconnaît une égalité devant la loi mais les femmes subissent une discrimination liée à la coutume. Le fait que le parle- ment ne compte qu’une seule femme parmi ses 109 membres élus en dit long sur le statut des femmes dans la société papoue.

LIBERTE ACADEMIQUE: Aucun rapport ne fait état d’une restriction de la liberté académique de la part du gou- vernement.

TRAVAIL DES ENFANTS: L’âge minimum d’embauche est fixé à 18 ans. Cependant, les enfants de 11 à 17 ans peuvent être employés dans une activité ou entreprise familiale, avec l’accord parental, un certificat médical et un per- mis de travail délivré par l’office du travail. Ce type d’emploi est rare, sauf dans l’agriculture de subsistance. La plupart des projets visant à assurer la protection et le développement des jeunes et des enfants sont gérés par des organisations non gouvernementales (ONG) et des organisations religieuses. PAPOUASIE-NOUVELLE-GUINEE

244 BAROMÈTRE DE L’IE SUR LES DROITS HUMAINS ET SYNDICAUX DANS LE SECTEUR DE L’ÉDUCATION - 2004 PAPOUASIE-NOUVELLE-GUINEE

DROITS SYNDICAUX: Les travailleurs ont le droit de créer des syndicats et d’y adhérer. Environ la moitié des 250.000 salariés du secteur formel de l’économie sont organisés et appartiennent à l’un des quelque 50 syndicats exis- tants. Le syndicat des fonctionnaires représente quelque 23.000 personnes employées par les autorités nationales, pro- vinciales et municipales, soit un tiers de la main d’œuvre du secteur public. Les travailleurs des secteurs public et privé jouissent du droit de grève. La Constitution prévoit le droit de négociation collective. Conformément à la loi, le gouver- nement dispose de pouvoirs discrétionnaires lui permettant d’annuler les sentences arbitrales ou les accords salariaux, lorsqu’ils vont à l’encontre de la politique gouvernementale. Le gouvernement a déclaré à l’Organisation internationa- le du travail (OIT) qu’il allait effectuer une réforme des relations professionnelles en vue de se conformer aux conven- tions fondamentales de l’OIT, mais ne l’a pas fait.

Organisation membre de l’IE / Nombre de membres: Papua New Guinea Teachers' Association [PNGTA] / 12.663 PAPOUASIE-NOUVELLE-GUINEE

BAROMÈTRE DE L’IE SUR LES DROITS HUMAINS ET SYNDICAUX DANS LE SECTEUR DE L’ÉDUCATION - 2004 245 PARAGUAY République du Paraguay • Population: 5.884.491

Population <15: 39,2% % du PNB afférent à l’enseignement: 5% Analphabétisme: 6,5% Espérance de vie à la naissance: m: 71 - f: 76 Taux de scolarisation brut, pré-primaire: m: 81,9 - f: 81,4% Espérance de scolarité (années): Taux de scolarisation brut, primaire: 92% % d’élèves ayant atteint la 5ème année du primaire en 2000: 76% Taux de scolarisation brut, secondaire: m: 55,8 - f: 58% Nbre d’étudiants de l’enseignement supérieur par 100.000 habitants: 83.041 Nbre d’élèves du primaire par enseignant: % des dépenses du gouvernement afférentes à l’enseignement: 11,2%

Ratification des Conventions du BIT: 29 87 98 100 105 111 138 169 182

SYSTEME EDUCATIF: La population paraguayenne est très jeune avec une moyenne d’âge de 25,3 ans. Un recen- sement de 2001 a révélé que 45% des enfants de cinq ans ou moins vivent dans la pauvreté. L’instruction primaire est gratuite et obligatoire de 7 à 14 ans. Le manque de ressources a contrecarré le projet du gouvernement de prolonger la scolarité obligatoire de deux ans, comme l’annonçait la 2ème édition du Baromètre de l’IE. Le Paraguay est l’un des 57 pays identifiés par le Rapport de l’Education Pour Tous (EPT) comme étant susceptibles de ne pas atteindre l’éducation primaire universelle d’ici à 2015. Le nombre d’écoles est insuffisant, notamment dans les régions rurales, et les fonds alloués à l’enseignement sont inadéquats dans tout le pays. Le Paraguay est un pays officiellement bilingue. La Constitution reconnaît l’espagnol et le guaraní comme langues d’instruction. Dérivé du groupe de langues amérin- diennes tupi-guaraní, le guaraní est considéré comme un aspect de l’héritage culturel du Paraguay. Les colonies men- nonites germanophones ont leurs propres écoles. La population autochtone - 80.000 selon les données de recensement - est négligée. Les écoles de la mission catholique tendent à enseigner dans les langues autochtones, mais les sectes reli- gieuses néo-conservatrices d’Amérique du Nord n’ont eu de cesse d’éliminer toute trace de la culture et de la langue autochtones. Une importante communauté asiatique est polyglotte et elle s’intègre dans le système éducatif normal dès la seconde génération. L’Université nationale publique et l’Université catholique romaine de Notre-Dame d’Assomption sont toutes deux situées dans la capitale, Asunción.

EGALITES DES SEXES: L’égalité d’accès à l’éducation est garantie aux garçons et aux filles. 58% des diplômés du niveau tertiaire sont des jeunes filles. Un recensement de 2001 révèle que, dans les régions rurales, le taux d’analphabé- tisme adulte touche 15,4% des femmes, comparé à 10,7% des hommes.

LIBERTE ACADEMIQUE: Aucun rapport ne fait mention d’une restriction de la liberté académique de la part du gouvernement.

TRAVAIL DES ENFANTS: Les mineurs âgés de 15 à 17 ans n’ont le droit de travailler que sous réserve d’autori- sation parentale et ne sont pas autorisés à le faire dans des conditions dangereuses ou malsaines. Les enfants âgés de 12 à 15 ans ont le droit de travailler uniquement dans des entreprises familiales ou comme apprentis ou ouvriers agricoles. Le Code du travail interdit le travail des enfants de moins de 12 ans. Toutes ces restrictions ne sont pas respectées dans la pratique. En 2002, plusieurs centaines d’enfants travailleurs ont manifesté contre le fait que le Paraguay n’ait pas rati- fié la Convention 138 de l’OIT. La respectable ONG, Coite, déclare que 13,6% des enfants âgés de 5 à 17 ans travaillent hors de chez eux et bon nombre d’entre eux exercent une activité dangereuse. 42% de ces enfants commencent à tra- vailler à l’âge de 8 ans et 37% d’entre eux ne vont pas à l’école. Le recensement de 2001 a révélé que 5% de toute la main- d’œuvre avait moins de 14 ans. De nombreux enfants qui travaillent dans les rues souffrent de malnutrition et de mal- PARAGUAY

246 BAROMÈTRE DE L’IE SUR LES DROITS HUMAINS ET SYNDICAUX DANS LE SECTEUR DE L’ÉDUCATION - 2004 PARAGUAY

adie et n’ont pas accès à l’éducation. Les familles qui n’ont pas les moyens d’élever un enfant - souvent une fille, quel- quefois à peine âgée de 5 ans - l’envoient fréquemment chez des membres de la famille ou des collègues qui attendent de l’enfant qu’il travaille comme domestique ou garde d’enfants en échange d’être nourri, logé et éduqué. On dénomb- re quelque 11.500 de ces toutes jeunes filles, qui sont susceptibles de faire l’objet de mauvais traitements, y compris d’a- bus sexuels, et n’ont naturellement pas accès à l’enseignement. Une ONG a identifié 619 enfants victimes d’exploitation sexuelle en 2001, la grande majorité d’entre eux vivant à Asunción et à Ciudad del Este, centre touchant trois frontières, où des enfants d’à peine huit ans sont dans la prostitution. Des rapports font toujours état de cas d’enrôlement dans l’ar- mée à l’âge de 15 ans ou moins, de faux actes de naissance et autres faux papiers étant délivrés aux recrues mineures. Entre 1989 et 2003, 111 conscrits mineurs sont morts durant leur service militaire. Human Rights Watch (HRW) note que la plupart des enquêtes sur ces décès n’ont pas abouti.

DROITS SYNDICAUX: Les secteurs public et privé sont autorisés à adhérer à des syndicats sans ingérence du gou- vernement. Plusieurs dispositions de la Constitution garantissent les droits fondamentaux des travailleurs, y compris une clause anti-discriminatoire, des dispositions de titularisation d’emploi, d’indemnités pour licenciement injustifié, de négociation collective et du droit de grève. Le Comité d’experts de l’OIT a constaté que l’application des conventions 29, 87 et 105 présentait des faiblesses, mais qu’une loi préparée en 2000, si elle était votée, rendrait la législation conforme. Les employeurs créent des syndicats parallèles ou «d’usine» pour faire concurrence aux syndicats indépendants. Dans plusieurs cas, les travailleurs ont choisi de ne pas protester, soit par crainte de représailles, soit parce qu’ils pensaient que le gouvernement ne donnerait pas suite à leur action.

Organisation membre de l’IE / Nombre de membres: Organización de Trabajadores de la Educación del Paraguay [OTEP] / 5.200 PARAGUAY

BAROMÈTRE DE L’IE SUR LES DROITS HUMAINS ET SYNDICAUX DANS LE SECTEUR DE L’ÉDUCATION - 2004 247 PAYS-BAS Royaume des Pays-Bas • Population: 16.067.754

Population <15: 18,4% % du PNB afférent à l’enseignement: 4,8% Analphabétisme: 1% Espérance de vie à la naissance: m: 75 - f: 81 Taux de scolarisation brut, pré-primaire: Espérance de scolarité (années): Taux de scolarisation brut, primaire: 100% % d’élèves ayant atteint la 5ème année du primaire en 2000: Taux de scolarisation brut, secondaire: m: 141 - f: 134% Nbre d’étudiants de l’enseignement supérieur par 100.000 habitants: 504.742 Nbre d’élèves du primaire par enseignant: 16 % des dépenses du gouvernement afférentes à l’enseignement: 10,7%

Ratification des Conventions du BIT: 29 87 98 100 105 111 138 169 182

SYSTEME EDUCATIF: En 1917, un amendement à la Constitution garantissait à chaque enfant un droit à l’édu- cation, quel que soit le statut financier de sa famille. A l’heure actuelle, l’éducation est largement financée par l’Etat, qui subventionne aussi bien les écoles publiques que les écoles privées, catholiques et protestantes pour la plupart. D’autres écoles confessionnelles sous contrat avec le gouvernement bénéficient également d’un financement public, mais elles doivent appliquer le même programme que les autres écoles. L’instruction est obligatoire pendant 12 ans et gratuite pour les enfants âgés de 4 à 16 ans. Les écoles peuvent demander une participation financière des parents mais sur une base purement volontaire. Les élèves suivent l’enseignement primaire pendant six ans et entrent ensuite dans un des différents types d’écoles secondaires qui offrent une formation permettant soit l’accès à l’université ou à d’autres institutions d’en- seignement supérieur, soit la poursuite d’études dans un établissement d’enseignement technique et professionnel. Les cours sont dispensés en néerlandais sauf dans la région de la Frise où les classes sont également données en frison. Depuis 30 ans, un large nombre d’immigrants, demandeurs d’asile et ressortissants des anciennes colonies se sont installés aux Pays-Bas. L’intégration de plusieurs millions de personnes issues d’un large éventail de cultures dans une société tradi- tionnellement homogène a constitué un défi pour le royaume, confronté notamment à la nécessité de fournir une édu- cation adaptée et appropriée pour tous et de lutter contre la discrimination et le racisme. Les chiffres de l’Organisation de coopération et de développement économiques (OCDE) indiquent que si des politiques de recrutement ne sont pas menées pour attirer de nombreuses personnes vers l’enseignement d’ici une dizaine d’années, le pays sera confronté à une sérieuse pénurie de personnel lorsque la génération actuelle des enseignants atteindra l’âge de la retraite. Les 13 uni- versités et les 85 instituts universitaires de technologie bénéficient tous de subventions publiques. Il en va de même pour l’Université à distance, fondée en 1984, qui propose un enseignement universitaire et professionnel par le biais de cours extra-muros.

EGALITES DES SEXES: L’égalité s’applique dans tout le système éducatif et 50% des étudiants qui suivent un enseignement supérieur sont des jeunes filles. En 2001, près de 65% des femmes âgées de 15 à 65 ans occupaient des emplois salariés. Près de 58% d’entre elles travaillent à temps partiel. Les services sociaux et de santé fournissent une aide considérable aux femmes actives avec charge de famille. Les femmes bénéficient d’un congé maternité de seize semai- nes pendant lequel elles conservent l’intégralité de leur salaire. Par ailleurs, la loi sur le congé parental permet aux deux parents de prendre un congé de trois mois pendant lequel ils ne touchent qu’une partie de leur salaire. Il peut dépasser six mois si les parents souhaitent élever leurs enfants de moins de huit ans. Les personnes travaillant moins de 20 heu- res par semaine ont également droit à un congé parental.

LIBERTE ACADEMIQUE: Le gouvernement respecte la liberté académique. PAYS-BAS

248 BAROMÈTRE DE L’IE SUR LES DROITS HUMAINS ET SYNDICAUX DANS LE SECTEUR DE L’ÉDUCATION - 2004 PAYS-BAS

TRAVAIL DES ENFANTS: L’âge minimum d’embauche est fixé à 16 ans et pour pouvoir travailler à temps plein, il faut avoir achevé les années de scolarité obligatoire. Les enfants encore scolarisés à l’âge de 16 ans ne sont pas auto- risés à travailler plus de 8 heures par semaine. La loi interdit aux moins de 18 ans le travail de nuit, les heures supplé- mentaires ou le travail qui pourrait être dangereux pour leur bien-être physique ou mental. Les lois sont appliquées de manière efficace. Dans les territoires néerlandais d’outre-mer d’Aruba, la loi prévoit certaines exceptions concernant l’in- terdiction du travail des enfants de moins de 14 ans. Le gouvernement refuse depuis plusieurs années de répondre aux demandes d’information de l’OIT concernant les mesures prises pour mettre la loi en conformité avec la Convention 138. Le «tourisme» sexuel dans le cadre duquel des citoyens néerlandais abuseraient d’enfants est passible de poursuites, indépendamment des lois du pays où le délit est commis. Les cas de prostitution impliquant un enfant sont lourdement punis et une nouvelle loi prévoit des peines sévères à l’encontre des personnes accusées de traite d’enfants. La Cour Suprême a rendu une ordonnance en vertu de laquelle la possession de matériel pornographique à caractère pédophile est un crime et le gouvernement a lancé une vaste offensive contre la pornographie pédophile sur Internet. Les princi- pales fédérations syndicales et plusieurs ONG ont lancé une campagne contre la vente de produits susceptibles d’avoir été fabriqués par de la main-d’œuvre enfantine. Les syndicats néerlandais, avec le concours de leur gouvernement, ont été très actifs sur le plan national et international dans la lutte pour l’abolition du travail des enfants.

DROITS SYNDICAUX: Le droit d’organisation et de négociation collective est reconnu. Quelque 28% des tra- vailleurs sont syndiqués, mais les conventions collectives négociées par les syndicats s’appliquent en général à près des trois-quarts de la main-d’œuvre. Les relations de travail sont le plus souvent harmonieuses et les conventions collectives font l’objet de négociations dans le cadre du «partenariat social» instauré entre les syndicats et le patronat. La liberté syndicale est pleinement respectée aux Pays-Bas mêmes, mais dans une moindre mesure dans les territoires d’outre-mer. Aux Antilles néerlandaises et à Aruba, les codes pénaux restreignent le droit de grève des travailleurs publics mais égale- ment des enseignants du secteur privé.

Organisation membre de l’IE / Nombre de membres: Algemene Onderwijsbond [AOb] / 72.085

NOTE EN BAS DE PAGE : TERRITOIRES DEPENDANTS : Les Antilles néerlandaises [population: 211.093] et Aruba [population: 68.031] jouissent constitutionnellement d'une égalité politique avec la métropole néerlandaise. VOIR AUSSI CURAçao. PAYS-BAS

BAROMÈTRE DE L’IE SUR LES DROITS HUMAINS ET SYNDICAUX DANS LE SECTEUR DE L’ÉDUCATION - 2004 249 PEROU République du Pérou • Population: 27.949.639

Population <15: 34,1% % du PNB afférent à l’enseignement: 3,3% Analphabétisme: 9,8% Espérance de vie à la naissance: m: 68 - f: 73 Taux de scolarisation brut, pré-primaire: 59% Espérance de scolarité (années): Taux de scolarisation brut, primaire: 104% % d’élèves ayant atteint la 5ème année du primaire en 2000: 88% Taux de scolarisation brut, secondaire: m: 83,1 - f: 78,4% Nbre d’étudiants de l’enseignement supérieur par 100.000 habitants: Nbre d’élèves du primaire par enseignant: % des dépenses du gouvernement afférentes à l’enseignement: 21,1%

Ratification des Conventions du BIT: 29 87 98 100 105 111 138 169 182

SYSTEME EDUCATIF: Près de 70% des 10 millions d’enfants péruviens de moins de 18 ans vivent dans la pauv- reté et 20% d’entre eux sont indigents. Mais, par rapport à d’autres indicateurs sociaux, le pays présente un taux d’al- phabétisation relativement élevé. L’instruction publique est gratuite et obligatoire pour tous les enfants âgés de 6 à 15 ans. Cependant, certains enfants des régions rurales et de la jungle ne vont pas à l’école secondaire, soit par manque d’infrastructures, soit pour cause de pénurie d’enseignants qualifiés ou encore par nécessité d’aider leur famille en tra- vaillant dans le secteur informel dès leur plus jeune âge. Environ 6% des enfants âgés de 6 à 12 ans et 17% de ceux âgés de 13 à 17 ans ne sont jamais allés à l’école ou ont dû abandonner leur éducation. Parmi les enfants qui vivent dans la pauvreté et la misère, ces taux sont respectivement de 16% et de 43%. Les frais d’uniforme et de livres scolaires posent un problème aux familles pauvres. En vertu de la réglementation, tous les enseignants sont tenus de posséder un diplôme d’enseignant professionnel. Le Baromètre de l’IE de 1998 indiquait que cette règle pouvait déboucher sur le remplace- ment de nombreux enseignants dans les terres orientales reculées de la jungle amazonienne par des enseignants ne par- lant aucune des langues autochtones, ce qui constituerait une menace supplémentaire pour la survie des fragiles cultu- res et langues de quelque 300 000 personnes. Mais ce ne fut pas le cas, car la plupart des enseignants diplômés ont refu- sé de travailler dans ces régions isolées et, dans l’ensemble, les enseignants autochtones ont conservé leur poste, avec ou sans diplôme. Le pays compte 27 universités nationales et 19 universités privées, toutes régies par le gouvernement et bénéficiaires de fonds publics. L’Université nationale autonome de San Marcos a été créée en 1551.

EGALITES DES SEXES: Parmi les pauvres, l’absence de scolarité est plus élevée chez les filles que chez les gar- çons. La Constitution garantit l’égalité entre hommes et femmes. La discrimination raciale et sexuelle dans les offres d’emploi ou les annonces de postes vacants dans l’éducation est interdite mais existe dans la réalité.

LIBERTE ACADEMIQUE: Aucun rapport n’indique une restriction de la liberté académique de la part du gou- vernement.

TRAVAIL DES ENFANTS: Le travail des enfants constitue un problème grave. Plus de 2 millions d’enfants péru- viens travaillent, dont 600 000 âgés de moins de 12 ans. Beaucoup d’entre eux exercent une activité très dangereuse. Légalement, l’âge minimum d’embauche est fixé à 14 ans, mais les enfants de 12 et 13 ans peuvent exercer certaines activités pour aider leur famille, sous réserve d’une autorisation spéciale accordée par le ministère du Travail et à condi- tion d’être scolarisés. Un pourcentage élevé d’enfants travaille dans l’agriculture. Le secteur informel des mines d’or emploie de nombreux enfants de moins de 15 ans et, parfois même, d’à peine 11 ans. Ces enfants ont été acculés à tra- vailler par un type de recrutement appelé enganche. En vertu de ce système, les enfants bénéficient du transport gratuit jusqu’aux mines et acceptent soi-disant de travailler pendant au moins 90 jours avant de percevoir leur premier salaire. PEROU

250 BAROMÈTRE DE L’IE SUR LES DROITS HUMAINS ET SYNDICAUX DANS LE SECTEUR DE L’ÉDUCATION - 2004 PEROU

Ils travaillent dans des conditions pénibles et ne bénéficient pas de soins médicaux appropriés, sont souvent victimes de maltraitance et d’abus sexuels, et sont parfois privés de salaire. Des inspections réalisées par le ministère du Travail ont permis de réduire le travail des enfants dans le secteur minier et dans d’autres emplois à haut risque. Non seulement les inspecteurs procèdent à la suspension de certaines entreprises pour violation de la loi, mais ils entretiennent également des contacts avec toute une série d’ONG locales, ainsi qu’avec des responsables des milieux de l’Eglise et de l’éducation. Il est de bon ton pour les familles bourgeoises qui habitent dans les villes d’employer de très jeunes filles comme domes- tiques. En théorie, ces familles sont tenues de les scolariser et de couvrir d’autres coûts, tels que la sécurité sociale, mais c’est rarement le cas dans la pratique. Environ 100 000 enfants âgés de 6 à 14 ans travaillent dans ces conditions pro- ches de l’esclavage. La loi qui interdit l’enlèvement et l’abus sexuel de mineurs peut être utilisée contre les trafiquants, mais il n’existe pas de programme de prévention pour alerter les groupes vulnérables ou pour venir en aide aux victi- mes.

DROITS SYNDICAUX: La Constitution et la loi garantissent le droit d’association mais les défenseurs des droits des travailleurs affirment que la législation est excessivement restrictive. Selon la CISL, les restrictions des droits consti- tutionnels, héritages du régime répressif de Fujimori, restent en vigueur. Les violations de droits comprennent, entre aut- res, le droit d’association, le droit de former des syndicats et le droit à la négociation collective. Au cours de 2002, la Commission du travail du congrès péruvien a planché sur une législation réformant complètement la loi générale sur l’emploi. Cette nouvelle législation accordera aux syndicats plus d’indépendance pour mener leurs affaires internes, pour la négociation collective et apportera de solides garanties sur le droit de grève. Au cours de sa campagne électorale, le Président Toledo a promis de doubler le revenu des enseignants d’ici à la fin de son mandat en juillet 2006. Les ensei- gnants du secteur public gagnent actuellement environ US$150 par mois. En mai 2003, 300 000 enseignants ont appe- lé à la grève générale pour de meilleurs salaires. La grève a été organisée par l’affilié de l’IE, SUTEP. Les enseignants réclamaient une hausse de salaire équivalente à US$60, soit trois fois l’augmentation proposée par le ministre de l’Education. La confrontation entre les enseignants et le gouvernement a été si intense que ce dernier a décrété l’état d’ur- gence. La grève a été suspendue le 13 juin 2003, date à laquelle le gouvernement a finalement entamé des négociations avec SUTEP.

Organisation membre de l’IE / Nombre de membres: Sindicato Unico de Trabajadores en la Educación del Perú [SUTEP] / 259.518 PEROU

BAROMÈTRE DE L’IE SUR LES DROITS HUMAINS ET SYNDICAUX DANS LE SECTEUR DE L’ÉDUCATION - 2004 251 PHILIPPINES République des Philippines • Population: 84.525.639

Population <15: 37,1% % du PNB afférent à l’enseignement: 4,2% Analphabétisme: 4,9% Espérance de vie à la naissance: 68 Taux de scolarisation brut, pré-primaire: Espérance de scolarité (années): Taux de scolarisation brut, primaire: 93% % d’élèves ayant atteint la 5ème année du primaire en 2000: Taux de scolarisation brut, secondaire: Nbre d’étudiants de l’enseignement supérieur par 100.000 habitants: 2.400.320 Nbre d’élèves du primaire par enseignant: % des dépenses du gouvernement afférentes à l’enseignement: 20,6%

Ratification des Conventions du BIT: 29 87 98 100 105 111 138 169 182

SYSTEME EDUCATIF: L’éducation primaire et secondaire est obligatoire et gratuite. En 2002, près de 96% des enfants en âge de scolarité étaient inscrits à l’école primaire. Seuls 66% d’entre eux ont des chances de terminer la 6ème année. Sur les 70% de la population estudiantine éligible inscrite à l’école secondaire en 2002, la moitié seulement peut espérer obtenir leur diplôme. De tous les ministères, celui de l’Education dispose du budget de loin le plus important, mais les dépenses publiques pour l’éducation primaire ont sensiblement diminué au cours des 20 dernières années. La pauvreté oblige de nombreux enfants à abandonner l’école. Les familles pauvres sont souvent incapables d’assumer le coût des uniformes, des fournitures, des chaussures et du transport. Bien que la langue nationale, le pilipino/tagalog, soit enseignée et que des dialectes locaux soient également utilisés dans les classes scolaires inférieures, l’anglais est la langue principale d’enseignement. Des informations selon lesquelles certaines écoles catholiques privées ont refusé d’ad- mettre des élèves issus de foyers monoparentaux, ont amené le ministre de l’Education à intervenir et à faire cesser cette pratique. A Mindanao, des heurts entre les forces du gouvernement et les insurgés du Front National de Libération Moro islamique (FNLM) intervenus au cours de l’année 2000 ont déplacé des centaines de milliers d’enfants et les ont privé de leur droit à un environnement sûr et à une éducation. En 2003, près de 14% de la population scolaire de Mindanao fréquentait des écoles islamiques. Le gouvernement oeuvre à l’intégration de ces écoles dans le système d’éducation national afin qu’elles soient totalement accréditées. La population autochtone, qui représente près de 16% de la popula- tion, vit dans des régions retirées et les enfants n’y disposent pas des services de base, dont l’éducation. Il existe 50 uni- versités gérées par l’Etat et plus de 1.700 autres institutions d’enseignement supérieur.

EGALITES DES SEXES: L’enseignement secondaire et supérieur compte davantage d’étudiantes que d’étudiants. Il n’y a pas de restrictions dans la loi ou en pratique quant à la participation des femmes à la vie politique. Un certain nombre de femmes occupent des postes de direction et d’autorité, y compris celui de la présidence des Philippines. Les salaires des femmes sont d’environ 47% inférieurs à ceux de leurs homologues masculins.

LIBERTE ACADEMIQUE: Aucun rapport ne fait état d’une restriction de la liberté académique de la part du gou- vernement.

TRAVAIL DES ENFANTS: Le travail des enfants représente un problème très grave. Au moins sept millions d’en- fants en âge de scolarité travaillent et pour la plupart ne vont pas à l’école. Plus de 4 millions d’enfants âgés de moins de 17 ans travaillent comme domestiques. Selon l’UNICEF et l’OIT, plus de deux millions d’autres travaillent dans un environnement dangereux, y compris dans les carrières, les mines ou les docks. Dans le secteur agricole, les enfants tra- vaillent généralement pendant de longues heures et sont exposés à des pesticides toxiques et à d’autres substances chi- miques nocives. Dans la récolte dangereuse de corail, les enfants sont exposés aux attaques des requins et autres orphies. PHILIPPINES

252 BAROMÈTRE DE L’IE SUR LES DROITS HUMAINS ET SYNDICAUX DANS LE SECTEUR DE L’ÉDUCATION - 2004 PHILIPPINES

Leur vulnérabilité aux maladies augmente sérieusement en raison du commerce du sexe et de «l’industrie» du touris- me pédophile où, d’après les ONG, 60.000 enfants sont exploités. L’industrie de la confection, la fabrication de meubles, les mines d’or, le conditionnement des denrées alimentaires, le secteur de la chaussure, celui du plastique et la produc- tion ou la vente de stupéfiants sont autant d’activités qui impliquent des enfants, certains d’entre eux n’ayant pas plus de 5 ans. Le trafic des enfants à des fins de prostitution forcée existe également, tout comme le travail forcé et l’esclava- ge dans d’autres secteurs. Des ONG nationales estiment à plus d’un million le nombre d’enfants des rues. Le gouverne- ment déclare que ce chiffre est plus proche des 200.000 enfants dont la moitié dans la zone de Manille et ses faubourgs. De nombreux enfants des rues sont des enfants abandonnés sans aucun soutien ou soins de leur famille. Ils sont contraints de fouiller les montagnes d’ordures ou de mendier. Les trois milices dissidentes principales - le mouvement insurrectionnel communiste (la Nouvelle Armée du Peuple), le groupe terroriste Abou Sayaf et le Front National de Libération Moro islamique (FNLM) utilisent des enfants autant comme soldats que comme non-combattants. La pro- stitution est illégale aux Philippines mais l’Etat reconnaît le problème. Les pédophiles et les touristes étrangers pédophi- les sont poursuivis et la peine maximale pour le trafic, l’encouragement ou la facilitation de la prostitution enfantine est l’emprisonnement à vie. Le gouvernement, divers agences et départements publics, des ONG nationales et internationa- les, l’UNICEF et l’OIT/IPEC oeuvrent à réduire les violations des lois sur le travail des enfants et aident les enfants à retourner à l’école. Les trois organisations affiliées à l’IE ont toutes adopté des politiques et développé des programmes de lutte contre le travail des enfants par le biais d’une amélioration de l’éducation et de la formation. Officiellement, la loi interdit le travail des enfants âgés de moins de 15 ans, sauf sous la seule autorité directe de leurs parents ou de leurs tuteurs. Le Code du travail autorise les jeunes âgés de 15 à 18 ans à travailler pendant les heures et parties de la jour- née expressément déterminées par le ministre du Travail. Elle interdit à toute personne âgée de moins de 18 ans d’exé- cuter des travaux dangereux ou nuisibles à la santé.

DROITS SYNDICAUX: La loi reconnaît le droit des travailleurs, y compris celui des fonctionnaires, de constituer des syndicats et d’y adhérer, même si la syndicalisation est réduite dans le secteur public. Le droit de grève est reconnu mais la loi relative aux grèves comprend de nombreux obstacles. Quiconque organise ou dirige une réunion «en vue de faire de la propagande contre le gouvernement» est passible d’emprisonnement à vie ou de la peine de mort. Le terme «réunion» couvre la notion de piquet de grève. Les travailleurs du secteur public, y compris les enseignants, jouissent de droits restreints en matière de négociation collective et ne peuvent en aucun cas recourir à la grève.

Organisation membre de l’IE / Nombre de membres: Alliance of Concerned Teachers [ACT] / 100.000 National Alliance of Teachers and Office Workers [SMP-NATOW] 10.000 Philippine Public School Teachers Association [PPSTA] / 260.000 PHILIPPINES

BAROMÈTRE DE L’IE SUR LES DROITS HUMAINS ET SYNDICAUX DANS LE SECTEUR DE L’ÉDUCATION - 2004 253 POLOGNE République de Pologne • Population: 38.608.929

Population <15: 18,6% % du PNB afférent à l’enseignement: 5% Analphabétisme: 1% Espérance de vie à la naissance: 73 Taux de scolarisation brut, pré-primaire: Espérance de scolarité (années): Taux de scolarisation brut, primaire: 98% % d’élèves ayant atteint la 5ème année du primaire en 2000: 99% Taux de scolarisation brut, secondaire: Nbre d’étudiants de l’enseignement supérieur par 100.000 habitants: 1.774.985 Nbre d’élèves du primaire par enseignant: % des dépenses du gouvernement afférentes à l’enseignement: 11,4%

Ratification des Conventions du BIT: 29 87 98 100 105 111 138 169 182

SYSTEME EDUCATIF: L’instruction est obligatoire depuis l’âge de 7 ans jusqu’à 18 ans et est gratuite dans les éco- les publiques. A partir du mois de septembre 2004, l’instruction sera obligatoire dès l’âge de 6 ans. Le nombre de profes- seurs diplômés s’élève approximativement à 480.000 et le nombre d’inscriptions est de 6,5 millions d’élèves pour 30.733 établissements scolaires, enseignements primaire et secondaire confondus. Après avoir terminé les huit années d’école primaire, un quart environ des élèves poursuit sa scolarité dans l’enseignement secondaire pour se préparer à l’entrée dans des établissements d’enseignement supérieur ou des universités. D’autres poursuivent leur scolarité dans des éta- blissements d’enseignement technique et professionnel qui dispensent des cours à la fois généraux et techniques, ou dans des écoles d’enseignement professionnel de base qui délivrent un diplôme après trois années d’études. D’après les recen- sements, plus de 85% de la population est de religion catholique romane. Le clergé catholique perçoit des salaires de l’Etat pour l’enseignement de la religion dans les écoles publiques. La loi en matière d’éducation prévoit le droit à l’ins- truction pour les minorités ethniques, y compris le droit à un enseignement dans leur langue maternelle. Par exemple, dans le nord-est de la Pologne, les élèves d’origine lituanienne peuvent apprendre le lituanien grâce à des manuels sco- laires publiés aux frais du ministère polonais de l’Education. L’analphabétisme parental est élevé au sein de la petite communauté tzigane et les enfants tziganes débutent leur scolarité avec un retard par rapport à leurs homologues non tziganes. Ils connaissent généralement mal le polonais. Plusieurs projets pilotes ont été introduits dans le but d’amélio- rer le droit à l’instruction des enfants tziganes. Jusqu’en 1990, l’accès à l’enseignement supérieur était limité à une mino- rité privilégiée. Seuls 13,1% des étudiants poursuivent leurs études après l’enseignement secondaire. En 2002-2003, 45% des étudiants diplômés de l’enseignement secondaire ont poursuivi leurs études à l’université ou dans d’autres établisse- ments d’enseignement supérieur.

EGALITES DES SEXES: Garçons et filles bénéficient du même droit d’accès à l’instruction et 60% des étudiants inscrits dans un établissement d’enseignement supérieur sont des filles. Les femmes ont accès à une large variété de pro- fessions. Certaines femmes occupent des positions importantes au sein du gouvernement ou dans le secteur privé. La Constitution prévoit l’égalité des chances indépendamment du sexe. En règle générale, les femmes sont moins bien payées que les hommes pour un travail identique, elles occupent des positions moins importantes, elles sont plus rapi- dement licenciées et sont moins susceptibles de recevoir une promotion. Le bulletin statistique publié par le gouverne- ment en 2001 montrait que le taux d’emploi était plus élevé parmi les hommes (52,5%) que parmi les femmes (39%) et que le taux de chômage était plus important parmi les femmes. Malgré leur niveau d’instruction généralement plus élevé, les femmes gagnent en moyenne 30% de moins que les hommes. Elles ont accès à une large variété de professions et d’occupations. Certaines d’entre elles occupent des postes importants au sein du gouvernement ou dans le secteur privé. La législation en matière de pension exige le départ obligatoire des femmes à la retraite à l’âge de 60 ans (65 ans pour les hommes). Par conséquent, les femmes perçoivent approximativement 60% de la pension moyenne des hommes. POLOGNE

254 BAROMÈTRE DE L’IE SUR LES DROITS HUMAINS ET SYNDICAUX DANS LE SECTEUR DE L’ÉDUCATION - 2004 POLOGNE

En 2000, le Tribunal Constitutionnel déclara que la loi établissant l’âge du départ à la retraite à 60 ans pour les femmes et à 65 ans pour les hommes était discriminatoire car elle réduisait les chances des femmes de recevoir une promotion et de toucher une meilleure pension. Le Centre des Droits de la Femme déclare que des progrès importants ont été réali- sés afin de sensibiliser le public au problème de la violence envers les femmes. La législation en vigueur pour l’adhésion de la Pologne à l’Union européenne exigera une attention particulière à la question de la violence envers les femmes.

LIBERTE ACADEMIQUE: Aucun rapport n’indique une restriction de la liberté académique de la part du gou- vernement.

TRAVAIL DES ENFANTS: La loi contient des prescriptions strictes quant aux conditions du travail des enfants. Le Code du travail interdit le travail des enfants en dessous de 15 ans. Les enfants âgés entre 15 et 18 ans sont autorisés à travailler, à condition d’avoir achevé l’école primaire et si l’emploi proposé constitue une formation professionnelle et ne représente pas un danger pour leur santé. La loi interdit le trafic des êtres humains ; cependant, le pays est une sour- ce, un point de transit et de destination pour le trafic des êtres humains, y compris des filles et des garçons. Le trafic de jeunes filles à des fins de prostitution est un problème grandissant. Selon l’ONG La Strada, des jeunes filles ont été assas- sinées parce qu’elles résistaient aux exigences des trafiquants. De nombreuses ONG sont impliquées dans des initiatives de lutte contre le trafic des êtres humains et proposent leurs services aux victimes tels que, par exemple, un logement sûr et un soutien psychologique.

DROITS SYNDICAUX: La loi prévoit pour tous les travailleurs civils le droit de former des syndicats et d’y adhérer selon leur propre choix. Elle prévoit et protège également la négociation collective en matière de salaires et de conditions de travail au niveau des entreprises. Une Commission tripartite agit en tant que principal lieu de discussion pour fixer le barème national des salaires et l’accroissement des avantages sociaux dans des domaines politiquement sensibles, tels que le «secteur budgétaire» (santé, éducation et employés du secteur public), tout en donnant son opinion sur l’in- dexation des pensions, la fixation des prix de l’énergie ainsi que sur d’autres aspects principaux de la politique sociale. Cette Commission joue le rôle d’un forum important au sein duquel les partenaires sociaux font connaître leurs problè- mes respectifs, discutent des revendications et souvent négocient des accords avant que les problèmes ne dégénèrent en conflits sociaux. Les syndicats bénéficient du droit de grève, à l’exception des «services essentiels» où ils jouissent uni- quement du droit de protestation ; les responsables du travail se plaignent de la longueur excessive du processus prévu par la loi avant de pouvoir entamer une action de grève. Dix personnes suffisent pour former un syndicat local et 30 pour créer un syndicat national. Les travailleurs engagés sous contrat individuel ne peuvent pas former ou adhérer à un syn- dicat. Dans certaines entreprises étatisées, il est arrivé que des contrats normaux d’engagement arrivent à terme et soient remplacés par des contrats individuels, supprimant ainsi tous les droits dont le travailleur bénéficiait auparavant en tant qu’employé permanent. POLOGNE

Organisation membre de l’IE / Nombre de membres: National Science Section NSZZ 'Solidarnosc' [KSN] / 24.932 National Education Section NSZZ 'Solidarnosc' [SKOIW NSZZ] / 70.000

BAROMÈTRE DE L’IE SUR LES DROITS HUMAINS ET SYNDICAUX DANS LE SECTEUR DE L’ÉDUCATION - 2004 255 PORTUGAL République portugaise • Population: 10.102.022

Population <15: 16,6% % du PNB afférent à l’enseignement: 5,8% Analphabétisme: m: 5,3 - f: 10,1% Espérance de vie à la naissance: m: 73 - f: 79 Taux de scolarisation brut, pré-primaire: 61,1% Espérance de scolarité (années): Taux de scolarisation brut, primaire: % d’élèves ayant atteint la 5ème année du primaire en 2000: Taux de scolarisation brut, secondaire: m: 108,4 - f: 115,8% Nbre d’étudiants de l’enseignement supérieur par 100.000 habitants: 387.703 Nbre d’élèves du primaire par enseignant: 13 % des dépenses du gouvernement afférentes à l’enseignement: 13,1%

Ratification des Conventions du BIT: 29 87 98 100 105 111 138 169 182

SYSTEME EDUCATIF: Ce n’est qu’au milieu des années 60 que le Portugal a rendu l’éducation publique accessi- ble à tous au niveau primaire. Dans les années 90, un système d’éducation publique largement financé prévoyait l’édu- cation obligatoire universelle pendant 9 ans. L’enseignement primaire (de 6 à 12 ans) et l’enseignement secondaire infé- rieur (de 13 à 15 ans) sont gratuits. L’enseignement secondaire supérieur s’adresse aux jeunes de 16 à 17 ans. Il est indispensable que les enfants passent par l’école maternelle avant d’entrer à l’école primaire. L’Université de Minho pos- sède un centre de recherche consacré uniquement à l’étude de questions relatives aux enfants. L’enseignement supérieur compte 167 établissements publics et 134 privés. Le Portugal possède cinq universités établies de longue date, y compris l’Université de Coimbra, fondée en 1290. L’Université des Açores est l’une des huit universités inaugurées au cours du 20ème siècle.

EGALITES DES SEXES: Le Code civil garantit l’égalité légale totale pour les femmes qui sont de plus en plus repré- sentées dans les affaires, les sciences, le milieu académique et professionnel. Néanmoins, un fossé persiste entre le salai- re des hommes et celui des femmes. Le taux d’inscription féminin à l’université est d’environ 58%.

LIBERTE ACADEMIQUE: Aucun rapport n’indique une restriction de la liberté académique de la part du gou- vernement et la Constitution garantit l’autonomie des universités.

TRAVAIL DES ENFANTS: L’âge minimum d’embauche est de 16 ans. Il existe des cas de travail illégal des enfants mais en général ils sont peu fréquents. Ils sont concentrés sur le plan géographique et ont tendance à affecter certains secteurs particuliers. En octobre 2001, le gouvernement a entrepris une étude approfondie du problème du travail des enfants. Il estime que, sur le sol portugais, 46.717 enfants ont une activité économique. La plupart d’entre eux travaillent en famille sans rémunération. Un nombre croissant d’enfants qui travaillent fréquentent l’école. En collaboration avec les ONG, le gouvernement a mis en place des programmes d’éducation et de formation dans lesquels des équipes locales de travailleurs sociaux et d’éducateurs interviennent lors de situations d’enfants ayant abandonné l’école, qui travaillent, et d’enfants des rues. Le gouvernement accorde à certaines familles pauvres un revenu minimal garanti pour permettre à leurs enfants de rester à l’école. Les citoyens portugais et les résidents qui s’adonnent à la pédophilie à l’étranger peu- vent être poursuivis. Vers la fin 2002 et début 2003, des agents gouvernementaux ont procédé à des arrestations et conti- nuent d’enquêter sur un réseau de pédophilie qui a sévi depuis les années 60 dans un internat de Lisbonne. Une révision du Code pénal criminalise le trafic d’enfants de moins de 16 ans dans un but d’exploitation sexuelle.

DROITS SYNDICAUX: Les travailleurs des secteurs public et privé bénéficient de la liberté syndicale et ont le droit d’établir des comités sur leur lieu de travail. Les grèves sont autorisées, y compris pour des raisons politiques. La loi PORTUGAL

256 BAROMÈTRE DE L’IE SUR LES DROITS HUMAINS ET SYNDICAUX DANS LE SECTEUR DE L’ÉDUCATION - 2004 PORTUGAL

requiert le maintien d’un «service minimum» pendant les grèves dans les secteurs essentiels, mais cette exigence est rare- ment appliquée. Les syndicats ont le droit d’organisation et la négociation collective est largement pratiquée dans les sec- teurs public et privé.

Organisation membre de l’IE / Nombre de membres: Federação Nacional dos Professores [FENPROF] / 25.050 Federação Nacional dos Sindicatos da Edução [FNE] / 42.070 Sindicato Democrático Professores [SINDEP] / 10.000

NOTE EN BAS DE PAGE : TERRITOIRES DEPENDANTS : Les Iles des Açores [population: 243.000] et les Iles de Madère [population: 273.000], ayant le statut de région autonome. PORTUGAL

BAROMÈTRE DE L’IE SUR LES DROITS HUMAINS ET SYNDICAUX DANS LE SECTEUR DE L’ÉDUCATION - 2004 257 REPUBLIQUE CENTRAFRICAINE Population: 3.642.739

Population <15: 46,8% % du PNB afférent à l’enseignement: 1,9% Analphabétisme: 51,8% Espérance de vie à la naissance: m: 39,1 - f: 41,8 Taux de scolarisation brut, pré-primaire: Espérance de scolarité (années): Taux de scolarisation brut, primaire: 55% % d’élèves ayant atteint la 5ème année du primaire en 2000: Taux de scolarisation brut, secondaire: Nbre d’étudiants de l’enseignement supérieur par 100.000 habitants: 6.323 Nbre d’élèves du primaire par enseignant: % des dépenses du gouvernement afférentes à l’enseignement:

Ratification des Conventions du BIT: 29 87 98 100 105 111 138 169 182

SYSTEME EDUCATIF: L’instruction est obligatoire entre 6 et 14 ans. Le ministère responsable et l’UNICEF indi- quent tous deux que seuls 42,9% des enfants en âge d’école primaire et 11% de ceux en âge d’école secondaire sont sco- larisés. En raison de l’exode interne, de nombreux enfants ont vu leur droit à une éducation de base bouleversé lors d’une tentative de coup d’Etat en octobre 2002. Le faible niveau des dépenses gouvernementales affectées à l’enseignement et les arriérés de salaires importants provoquent une pénurie croissante d’enseignants qualifiés. Au cours de 2002, la poli- ce a utilisé la force pour disperser plusieurs manifestations d’étudiants universitaires qui protestaient contre le non-paie- ment des bourses gouvernementales. Peuple autochtone représentant entre 1 et 2% de la population, les Ba’akas font l’objet de discrimination sociale et économique et n’ont pas accès à l’enseignement.

EGALITES DES SEXES: Au niveau primaire, garçons et filles jouissent du même accès à l’enseignement, mais la majorité des jeunes filles arrêtent leur scolarité vers 14 ou 15 ans, en raison de la pression sociale qui les oblige à se marier et à avoir des enfants. D’innombrables rapports fiables indiquent qu’un certain nombre d’enseignants dans les écoles primaires et secondaires, ainsi qu’au niveau universitaire, font systématiquement pression sur les élèves filles pour qu’elles acceptent d’avoir des relations sexuelles en échange de meilleurs résultats scolaires. Toujours selon ces rapports, la transmission du VIH/SIDA d’enseignants à élèves filles est très répandue. Seuls 15% des étudiants de l’enseignement supérieur sont des femmes. Avec l’aide financière d’un bailleur de fonds étranger, une ONG basée en Afrique centrale militant pour les droits de la femme et une association d’avocates continuent de mener leur campagne nationale cont- re les mutilations génétiques féminines (MGF).

LIBERTE ACADEMIQUE: En général, le corps enseignant et les étudiants des universités peuvent exprimer leur opinion sans crainte de représailles, y compris dans le domaine politique.

TRAVAIL DES ENFANTS: La loi interdit l’embauche d’enfants âgés de moins de 14 ans, mais cette disposition n’est appliquée que de manière très laxiste par le ministère du Travail et du Service civil. Le Code du travail définit les pires formes du travail des enfants comme étant un travail posant de graves risques pour la santé, la sécurité ou la mora- lité de l’enfant. Le Code prévoit que l’âge minimum d’embauche peut être abaissé à 12 ans pour certains types de tra- vaux légers dans les activités agricoles ou tâches domestiques traditionnelles. Dans certaines régions rurales, les ensei- gnants ou les directeurs d’école utilisent les enfants comme main-d’œuvre agricole tout en leur enseignant comment travailler la terre. Les revenus de la vente des produits de la ferme servent ostensiblement à l’achat de fournitures et maté- riel scolaires et à financer des activités en relation avec l’école. Le trafic d’enfants concerne principalement les enfants amenés du Nigéria, du Soudan et du Tchad par la communauté musulmane pour devenir domestiques, commis de magasins et travailleurs agricoles. Ces enfants n’ont pas accès à une éducation de base et la plupart du temps travaillent REPUBLIQUE CENTRAFRICAINE

258 BAROMÈTRE DE L’IE SUR LES DROITS HUMAINS ET SYNDICAUX DANS LE SECTEUR DE L’ÉDUCATION - 2004 REPUBLIQUE CENTRAFRICAINE

sans salaire. La prostitution enfantine est un problème qui gagne du terrain. A Bangui, on recense plus de 3 000 enfants des rues âgés de 5 à 18 ans. Bon nombre d’entre eux s’adonnent au vol et à la mendicité ; plusieurs ONG leur offrent une assistance humanitaire. Au cours de 2002, le gouvernement a ratifié la Charte africaine sur les droits et le bien-être de l’enfant et a lancé une campagne nationale en collaboration avec l’UNICEF pour établir des comités locaux dans le but de surveiller et faire respecter les droits des enfants.

DROITS SYNDICAUX: Au cours des dernières années, le problème des arriérés de salaire des employés de la fonc- tion publique, dont les enseignants, s’est traduit par plusieurs grèves auxquelles le gouvernement a tenté de mettre un terme. En République centrafricaine, les enseignants ne sont pas payés ou sont sous-payés de manière chronique depuis ces vingt dernières années. En octobre 2002, plus de 7 000 enseignants ont organisé une grève nationale pour exiger le paiement de neuf des 32 mois d’arriérés de salaires qui leur étaient dus. Le gouvernement n’avait pas honoré son accord sur les salaires signé en mars 2001. Le paiaement d’un seul mois de salaire a été accordé et les enseignants ont refusé poursuivi la grève. Les syndicats ont condamné le recrutement par le gouvernement de personnel enseignant temporai- re, non qualifié pour remplacer les enseignants réguliers. Certains enseignants grévistes ont été mutés dans des régions reculées et des menaces ont été proférées contre les dirigeants syndicaux. En décembre 2002, l’IE a lancé un appel à l’ac- tion urgente en soutien aux enseignants grévistes. Le Code du travail garantit à tous les travailleurs le droit de former le syndicat de leur choix ou d’y adhérer sans autorisation préalable. Les syndicats bénéficient du droit de grève tant dans le secteur public que privé. Le gouvernement a l’autorité de mettre fin aux grèves s’il estime que l’intérêt du public est lésé. REPUBLIQUE CENTRAFRICAINE Le Code ne stipule pas explicitement que les syndicats peuvent négocier collectivement. Bien que l’on ait eu recours à la négociation collective dans certains cas, le gouvernement est généralement impliqué dans le processus.

Organisation membre de l’IE / Nombre de membres: Fédération Syndicale des Enseignants de Centrafrique [FSEC] / 4.001

BAROMÈTRE DE L’IE SUR LES DROITS HUMAINS ET SYNDICAUX DANS LE SECTEUR DE L’ÉDUCATION - 2004 259 REPUBLIQUE DEMOCRATIQUE DU CONGO République Démocratique du Congo • Population: 55.225.478

Population <15: 46,8% % du PNB afférent à l’enseignement: Analphabétisme: 37,3% Espérance de vie à la naissance: m: 39,6 - f: 41,7 Taux de scolarisation brut, pré-primaire: Espérance de scolarité (années): Taux de scolarisation brut, primaire: 33% % d’élèves ayant atteint la 5ème année du primaire en 2000: Taux de scolarisation brut, secondaire: m: 24,1 - f: 12,6% Nbre d’étudiants de l’enseignement supérieur par 100.000 habitants: 60.341 Nbre d’élèves du primaire par enseignant: % des dépenses du gouvernement afférentes à l’enseignement:

Ratification des Conventions du BIT: 29 87 98 100 105 111 138 169 182

SYSTEME EDUCATIF: Les enfants congolais souffrent des troubles sociaux et du non-respect généralisé des droits humains qui affectent la société dans son ensemble. L’enseignement de base qui n’est ni obligatoire, ni gratuit, ni uni- versel, illustre bien la situation. En 2002, la République était toujours divisée en territoires contrôlés soit par le gouver- nement, soit par plusieurs factions rebelles, troupes étrangères de cinq pays limitrophes, milices ethniques ou autres groupes armés. En décembre des accords ont été conclus pour tenter d’instaurer un gouvernement d’unité nationale mais rien n’indique que ces accords vont être respectés. Près de deux millions de citoyens déplacés à l’intérieur du pays et quelque 300.000 autres, dont la moitié des enfants en âge scolaire, ayant fui les pays avoisinants, ont besoin d’une réadaptation. En outre, la République accueille toujours des milliers de réfugiés dont de nombreuses femmes et enfants ayant fui les génocides et le chaos du Burundi et du Rwanda. Même dans les régions sous contrôle gouvernemental, l’en- seignement primaire est inaccessible à la majorité des familles. Dans les écoles publiques, les parents sont officiellement tenus de verser un modique droit d’inscription, mais bien souvent on exige d’eux qu’ils paient officieusement le salaire des enseignants. Dans les zones rurales, les enfants travaillent sur les petites exploitations des enseignants pour payer leur scolarité. Les salaires des enseignants ne sont versés que par intermittence, ou même pas du tout. La plupart des écoles ne fonctionnent que dans les régions où les parents ont formé des coopératives. Les fonds publics pour l’éducation et d’autres programmes en faveur des enfants sont pratiquement inexistants. La loi n’exige pas que les handicapés puissent avoir accès aux services. Certaines écoles spéciales sont dirigées par des missionnaires. En décembre 2001, les autorités ont passé à tabac ou blessé des centaines d’étudiants de l’Université de Kinshasa qui protestaient contre la hausse des frais d’inscription. Les meneurs accusés d’avoir organisé les manifestations ont été arbitrairement détenus pendant trois mois durant lesquels ils ont été sévèrement battus pour les amener à confesser qu’ils entretenaient des liens supposés avec les chefs de l’opposition politique. Les étudiants ont été libérés en février 2002, puis expulsés de l’Université de Kinshasa.

EGALITES DES SEXES: L’analphabétisme des adultes est presque deux fois plus fréquent chez les femmes que chez les hommes. La pauvreté engendrée par la guerre a fortement diminué les chances d’éducation des filles, autant dans les régions sous contrôle du gouvernement que dans celles aux mains des rebelles. Les parents qui rencontrent de graves difficultés économiques n’ont plus les moyens de donner une instruction à la fois à leurs fils et à leurs filles. Il en résulte qu’un grand nombre de filles sont retirées des écoles. En outre, dans les régions sous contrôle des rebelles et des forces étrangères, de nombreux rapports font état de filles quittant l’école pour cause de menaces de viols et de violence sexuelle.

LIBERTE ACADEMIQUE: La liberté académique continue d’être restreinte et les professeurs et personnel univer- sitaire exercent l’autocensure ou modifient leurs cours pour que ceux-ci correspondent aux opinions de leurs ‘protec- teurs’ au sein du gouvernement. Pour cette raison, en 2002 il n’y a pas eu de rapport faisant état que des étudiants ou

REPUBLIQUE DEMOCRATIQUE DU CONGO REPUBLIQUE DEMOCRATIQUE des professeurs aient été officiellement censurés.

260 BAROMÈTRE DE L’IE SUR LES DROITS HUMAINS ET SYNDICAUX DANS LE SECTEUR DE L’ÉDUCATION - 2004 REPUBLIQUE DEMOCRATIQUE DU CONGO

TRAVAIL DES ENFANTS: L’âge minimum légal d’embauche est de 18 ans. Les employeurs peuvent légalement engager des mineurs âgés de 14 à 18 ans avec le consentement d’un parent ou d’un tuteur, mais les enfants de moins de 16 ans ne peuvent travailler que 4 heures par jour au maximum. Ceux qui ont entre 16 et 18 ans peuvent travailler jus- qu’à 8 heures par jour. L’emploi d’enfants de tous âges est courant dans le secteur informel et l’agriculture de subsis- tance qui constituent la majeure partie de l’économie. Au contraire des années précédentes, il n’y a pas eu de rapports sur une conscription forcée d’enfants dans le territoire contrôlé par le gouvernement et ce dernier continue de collabo- rer avec l’UNICEF pour démobiliser les enfants soldats. Les forces rebelles, les troupes étrangères, les forces Mai-Mai, les milices hutues et d’autres groupes armés ont commis en toute impunité d’innombrables et graves crimes contre les civils,

y compris les vastes tueries délibérées, le cannibalisme, la mise à feu de villages entiers, les disparitions, la torture, le viol, REPUBLIQUE DEMOCRATIQUE DU CONGO les démembrements, les mutilations, l’extorsion, le vol, les arrestations et détentions arbitraires, le harcèlement des per- sonnes travaillant pour la défense des droits de l’homme et des journalistes. Des enfants soldats enrôlés de force, dont certains âgés d’à peine 10 ans, ont été témoins et ont parfois participé à ces crimes et ces atrocités. En 2002, le nombre d’orphelins et d’enfants des rues dans des villes comme Kinshasa a augmenté. Régulièrement harcelés et intimidés par les soldats et la police, ils ont quelquefois été rassemblés et emmenés dans des structures inadéquates en dehors de la ville. La prostitution enfantine est courante dans la capitale et dans d’autres parties du pays. En cours d’année, des rap- ports ont mis en évidence que des fillettes étaient forcées à se prostituer pour gagner de l’argent pour leur famille. Ni le ministère du Travail, organe responsable, ni les syndicats ne font respecter les lois régissant le travail des enfants.

DROITS SYNDICAUX: Dans le secteur public, les salaires sont décrétés par le gouvernement ; les syndicats du sec- teur public n’agissent qu’en conseillers informels. Dans les domaines sous contrôle gouvernemental, la loi garantit le droit à la négociation collective. Le droit de grève est reconnu légalement ; cependant, les grèves sont rares car la loi pré- voit que les syndicats doivent obtenir une autorisation préalable et se soumettre obligatoirement à une longue procédu- re d’arbitrage et de recours. Les syndicats n’ont pas été en mesure de défendre efficacement les droits des travailleurs dans une situation économique en déclin.

Organisation membre de l’IE / Nombre de membres: Fédération Nationale de l'Enseignement Supérieur, Science et Culture [FEDESCU/UNTZA] / 1.800 Fédération Nationale des Enseignants du Congo [FENECO/UNTC] / 149.769 Syndicat des Enseignants du Congo[SYECO] / 84.367

NOTE EN BAS DE PAGE : La République démocratique du Congo est également appelée Congo-Kinshasa et, anciennement, Zaïre.

BAROMÈTRE DE L’IE SUR LES DROITS HUMAINS ET SYNDICAUX DANS LE SECTEUR DE L’ÉDUCATION - 2004 261 REPUBLIQUE DOMINICAINE Population: 8.721.594

Population <15: 33% % du PNB afférent à l’enseignement: 2,5% Analphabétisme: 16% Espérance de vie à la naissance: m: 71,57 - f: 75,91 Taux de scolarisation brut, pré-primaire: 37,4% Espérance de scolarité (années): Taux de scolarisation brut, primaire: 93% % d’élèves ayant atteint la 5ème année du primaire en 2000: 75% Taux de scolarisation brut, secondaire: m: 59,9 - f: 73,3% Nbre d’étudiants de l’enseignement supérieur par 100.000 habitants: Nbre d’élèves du primaire par enseignant: 53 % des dépenses du gouvernement afférentes à l’enseignement: 15,7%

Ratification des Conventions du BIT: 29 87 98 100 105 111 138 169 182

SYSTEME EDUCATIF: La République assure une instruction gratuite et obligatoire aux enfants de 7 à 14 ans. Certaines régions proposent trois années d’école maternelle. Toutefois, quelque 20% des enfants dominicains âgés de 7 ans ne vont pas à l’école. Dans les zones rurales, il existe de graves problèmes d’accès aux écoles résultant d’un manque de financement pour l’entretien des établissements et la construction de nouvelles classes, ainsi que d’une pénurie chro- nique d’enseignants. L’école du niveau intermédiaire et les quatre années d’école secondaire ne sont pas à la portée de la majorité des Dominicains. Les préjugés envers les étrangers et les personnes d’origine africaine sont endémiques. Les enfants haïtiens sont spécialement désavantagés. Les Haïtiens continuent d’émigrer en grand nombre vers la République dominicaine, quelques-uns légalement mais la vaste majorité sans documents officiels, en quête d’un quelconque tra- vail. Quelque 500 000 immigrés haïtiens vivent dans des camps rudimentaires pour travailleurs où les enfants ne reçoi- vent que peu ou aucune instruction. Les autorités ont utilisé le fait qu’ils n’ont pas de statut officiel pour priver les enfants d’origine haïtienne de leur droit à une éducation de base. Les enfants sans abri ne sont pas non plus scolarisés et le gou- vernement a des difficultés à traiter le problème. En 2001, le Secrétaire à l’Education a annoncé que tous les enfants seraient autorisés à s’inscrire à l’école jusqu’en 8ème année, qu’ils aient ou non un acte de naissance. Créée en 1538, l’Université autonome de Saint-Domingue est la plus ancienne université des Amériques. C’est la principale université publique de la République et elle manque cruellement de fonds.

EGALITES DES SEXES: Les filles s’inscrivent à l’école secondaire et ont leur diplôme en plus grand nombre que les garçons. La République n’a pas révélé de chiffres récents sur l’égalité entre étudiants et étudiantes au niveau de l’en- seignement supérieur.

LIBERTE ACADEMIQUE: Aucun rapport n’indique une restriction de la liberté académique de la part du gou- vernement. Néanmoins, le Baromètre de l’IE n’est pas en mesure de réviser la conclusion de sa 2ème édition, selon laquelle les enseignants qui ne sont pas d’obédience catholique romaine semblent être désavantagés en ce qui concerne leur nomination.

TRAVAIL DES ENFANTS: Bien que le gouvernement se dise engagé en faveur du bien-être des enfants, le travail des enfants constitue un problème grave. Ce sont les ONG qui supportent le fardeau des services sociaux. La loi interdit l’embauche d’enfants de moins de 14 ans et introduit des restrictions concernant l’embauche d’enfants de moins de 16 ans. De nombreux enfants commencent à travailler avant l’âge l’égal, principalement, mais non pas exclusivement, dans l’économie informelle. Une étude nationale datant de 2002 a recensé 430.000 enfants âgés de 5 à 17 ans qui tra- vaillent. 56% d’entre eux avaient moins de 14 ans et 21% avaient entre 14 et 15 ans. 90% de ceux qui travaillent fré- quentent l’école à un degré ou un autre. La pauvreté, une société inéquitable et des attitudes inflexibles sont autant de REPUBLIQUE DOMINICAINE

262 BAROMÈTRE DE L’IE SUR LES DROITS HUMAINS ET SYNDICAUX DANS LE SECTEUR DE L’ÉDUCATION - 2004 REPUBLIQUE DOMINICAINE

facteurs qui contribuent à la généralisation du travail des enfants. Des média locales affirment que les mineurs incarcé- rés avec des prisonniers adultes sont soumis à la servitude sexuelle en échange d’une protection. Certains promoteurs de l’industrie touristique, spécialement en Amérique du Nord, fournissent des enfants à des réseaux de prostitution. Les voyages organisés vendus à l’étranger font référence à la possibilité de trouver des filles et des garçons comme partenai- res sexuels. Certaines personnes se rendent en République dominicaine pour adopter des enfants, mais ont en réalité l’in- tention d’utiliser ces enfants dans la production de matériel pornographique ou dans des formes similaires de travail des enfants. Les média se sont documentées et ont conclu qu’au moins 30.000 enfants et mineurs sont impliqués dans l’in- dustrie du sexe. En collaboration avec le programme IPEC de l’OIT et d’autres organisations internationales œuvrant dans le domaine des droits du travail, le ministère du Travail a mis sur pied des programmes luttant contre le travail des enfants. Plusieurs centres gérés par l’Eglise accueillent les enfants qui échappent à la prostitution. Les victimes de trafic ne reçoivent pas l’assistance du gouvernement sous forme d’un refuge ou de services juridiques, médicaux ou psycholo- giques. Le travail des enfants est monnaie courante dans le secteur agricole et dans les ateliers artisanaux clandestins où de jeunes enfants travaillent souvent dans des conditions misérables ou dangereuses. Les enfants sans abri sont fré- quemment à la merci d’adultes appelés Palomas, qui les recueillent dans des bandes et les font travailler dans la rue comme mendiants ou vendeurs de fruits, de fleurs et d’autres produits.

DROITS SYNDICAUX: Environ 10% des travailleurs sont syndiqués. Seule une minorité d’entreprises bénéficie d’un contrat de convention collective. L’OIT considère que les conditions requises pour les droits à la négociation collec- tive sont excessives et que dans de nombreux cas elles pouvaient entraver la négociation collective. Il a été signalé que des patrons tentaient de dissuader leurs employés de participer à des activités syndicales. Le Code du travail établit un sys- tème de tribunaux du travail devant traiter les conflits, mais ceux-ci se sont avérés inefficaces pour faire respecter la loi. REPUBLIQUE DOMINICAINE

Organisation membre de l’IE / Nombre de membres: Asociación Dominicana de Profesores [ADP] / 26.000 Federación y Corriente Profesoral 'Salomé Ureña' [FCP] / 15.000

L'estimation de la population n'inclut pas environ un million de résidents haïtiens.

BAROMÈTRE DE L’IE SUR LES DROITS HUMAINS ET SYNDICAUX DANS LE SECTEUR DE L’ÉDUCATION - 2004 263 REPUBLIQUE DU CONGO République du Congo • Population: 2.958.448

Population <15: 42,3% % du PNB afférent à l’enseignement: 4,2% Analphabétisme: 18,2% Espérance de vie à la naissance: m: 46 - f: 50 Taux de scolarisation brut, pré-primaire: m: 2,2 - f: 3,2% Espérance de scolarité (années): Taux de scolarisation brut, primaire: 99% % d’élèves ayant atteint la 5ème année du primaire en 2000: Taux de scolarisation brut, secondaire: Nbre d’étudiants de l’enseignement supérieur par 100.000 habitants: 13.403 Nbre d’élèves du primaire par enseignant: 60 % des dépenses du gouvernement afférentes à l’enseignement: 12,6%

Ratification des Conventions du BIT: 29 87 98 100 105 111 138 169 182

SYSTEME EDUCATIF: La scolarité est légalement gratuite et obligatoire pour les enfants entre 6 et 16 ans, mais les maigres ressources entravent sérieusement la réalisation de cet objectif. La guerre civile en 1997 et les conflits qui ont suivi en 1998-99 ont provoqué l’exode d’environ un tiers de la population. De nombreuses villes du sud du pays, dont Brazzaville, ont été pillées et les infrastructures, et parmi elles les écoles, ont été détruites. Le Haut commissariat pour les réfugiés des Nations unies rapporte qu’un très grand nombre de réfugiés angolais ont trouvé asile à Pointe Noire et que plus de 100.000 réfugiés ont fui la République démocratique du Congo (RDC) vers les régions du nord du pays. Le rapport n’in- dique pas si les enfants réfugiés ont accès à l’éducation. Une minorité ethnique, les Babingas/Baguiellis (pygmées), ne jouit pas de l’égalité de traitement au sein de la société congolaise et reste gravement mise à l’écart dans le domaine de l’enseignement. Cependant, en 2002 les ONG ont mis sur pied un petit programme avec des fonds étrangers destiné à l’é- ducation des Babingas.

EGALITES DES SEXES: Les taux actuels d’alphabétisation ne sont pas connus mais sont estimés avoir baissé, suite à la destruction généralisée des écoles, au déplacement des personnes et à l’instabilité politique. Environ 26% des fem- mes adultes sont analphabètes. En comparaison, chez les garçons le taux est de 12%. Garçons et filles fréquentent l’éco- le primaire en nombre égal, mais la proportion des filles continuant leurs études aux niveaux secondaire et supérieur est en forte diminution. 25% des étudiants de l’Université Marien-Ngouabi, seule université du pays, sont des jeunes filles. Selon une source digne de foi, les adolescentes sont souvent contraintes à avoir des relations sexuelles en échange de meilleurs résultats scolaires. Cette pratique donne lieu à des problèmes sociaux, notamment des grossesses non désirées et la propagation du VIH/SIDA.

LIBERTE ACADEMIQUE: Les rapports n’indiquent pas de restriction de la liberté académique de la part du gou- vernement au cours de 2002-2003.

TRAVAIL DES ENFANTS: Le ministère du Travail est responsable de l’application des lois sur le travail des enfants et ne concentre ses efforts que dans le secteur salarié formel. Les enfants travaillent dans les zones rurales et dans le secteur informel. Les éditions précédentes du Baromètre de l’IE rapportent que certains Babingas étaient contraints à la servitude domestique. Il n’existe pas d’information fiable indiquant que cette pratique a toujours été en vigueur en 2002-2003. À Brazzaville, le nombre d’enfants des rues a augmenté depuis les conflits civils des dernières années. Les ONG estiment que jusqu’à 50% des enfants des rues traversent la rivière Congo de Kinshasa en RDC. Les enfants des rues sont particulièrement vulnérables à l’exploitation sexuelle et au crime organisé. REPUBLIQUE DU CONGO

264 BAROMÈTRE DE L’IE SUR LES DROITS HUMAINS ET SYNDICAUX DANS LE SECTEUR DE L’ÉDUCATION - 2004 REPUBLIQUE DU CONGO

DROITS SYNDICAUX: Le Congo fonctionne selon une Constitution révisée plutôt que selon la Loi fondamentale de 1997. La Constitution autorise les travailleurs à former des syndicats et proclame le droit de grève, sous certaines conditions et sous réserve d’une déclaration d’intention. Le Code du travail qui autorise la négociation collective a été respecté. La plupart des travailleurs du secteur formel et la fonction publique sont syndiqués. Certains enseignants ont vu leur salaire retenu pour avoir participé à des grèves, ce qui est pratique courante en Afrique.

Organisation membre de l’IE / Nombre de membres: Fédération des Travailleurs de la Science, des Sports, de l'Enseignement, de l'Information et de la Culture (FETRASSEIC) / 10.748

NOTE EN BAS DE PAGE : La République du Congo est également appelée Congo ou Congo-Brazzaville. REPUBLIQUE DU CONGO

BAROMÈTRE DE L’IE SUR LES DROITS HUMAINS ET SYNDICAUX DANS LE SECTEUR DE L’ÉDUCATION - 2004 265 REPUBLIQUE TCHEQUE Population: 10.256.760

Population <15: 16% % du PNB afférent à l’enseignement: 4,4% Analphabétisme: Espérance de vie à la naissance: m: 71 - f: 78 Taux de scolarisation brut, pré-primaire: 91% Espérance de scolarité (années): Taux de scolarisation brut, primaire: 90% % d’élèves ayant atteint la 5ème année du primaire en 2000: 98,3% Taux de scolarisation brut, secondaire: m: 87,2 - f: 88,7% Nbre d’étudiants de l’enseignement supérieur par 100.000 habitants: 260.000 Nbre d’élèves du primaire par enseignant: 17 % des dépenses du gouvernement afférentes à l’enseignement: 9,7%

Ratification des Conventions du BIT: 29 87 98 100 105 111 138 169 182

SYSTEME EDUCATIF: L’éducation est obligatoire de 6 à 15 ans. Au cours de l’année académique 2001-2002, 1.045.313 enfants en âge scolaire étaient scolarisés, pratiquement tous dans des écoles publiques. L’éducation de la peti- te enfance est largement accessible aux enfants de 3 à 5 ans. Les écoles secondaires générales sont fréquentées par des étudiants de 15 à 18 ans et comprennent des gymnasiums, des écoles techniques secondaires et des écoles professionnel- les. Les gymnasiums sont considérés comme une préparation à l’étude dans les établissements d’enseignement supérieur et aux professions. L’enseignement supérieur est gratuit mais les étudiants qui redoublent doivent payer des frais de sco- larité. Les universités offrent des cours jusqu’au niveau du doctorat. D’autres établissements d’enseignement supérieur offrent des programmes d’étude généralement jusqu’au niveau de la licence. La République tchèque compte 14 établis- sements post-secondaires privés, ceux-ci étant partiellement financés par l’Etat. Les futurs enseignants du primaire sui- vent des études d’au moins quatre ans. Pour être enseignant du secondaire, il faut au minimum une licence. Il existe plusieurs centres d’éducation à distance et une université libre. Selon une estimation de 2002, le pays compte entre 150.000 et 175.000 Rom. Bien que la Constitution garantisse l’égalité des citoyens indépendamment de leur race ou de leur statut social, la majorité des Rom reste en marge de la société tchèque. Le taux d’analphabétisme parmi les adultes rom est élevé et moins de 5% d’entre eux terminent l’école secondaire. L’intégration des enfants rom dans les écoles nor- males se fait difficilement étant donné les barrières linguistiques et culturelles. D’aucuns prétendent que le placement d’enfants rom dans des écoles spéciales pour malades mentaux et personnes mal adaptées à vivre en société constitue, de facto, une ségrégation raciale. Le Centre européen pour les droits des Rom affirme que les enfants rom sont quinze fois plus susceptibles d’êtres placés dans des écoles spéciales que les enfants tchèques. Actuellement, divers programmes gou- vernementaux et initiatives d’ONG préparent les enfants rom à intégrer le cycle scolaire régulier. En janvier 2002, le ministre de l’Education a annoncé un plan à long terme pour supprimer les écoles spéciales et intégrer leurs élèves dans les classes normales. Depuis 1991, il existe un Département d’étude de la langue rom à l’Université Charles, à Prague, ainsi que des programmes d’étude de la langue rom de niveau universitaire dans deux autres institutions. Les minorités polonaise et slovaque reçoivent toutes deux un enseignement dans leur langue maternelle. En février 2003, le gouver- nement a proposé d’introduire une loi qui changerait le système de financement de l’éducation. L’IE a vivement recom- mandé au gouvernement d’entrer en discussion avec CMOS PS dans le but de s’assurer que toute réforme n’entraînerait pas différentes normes en matière d’éducation dans la République, selon l’endroit où l’on vit. Le 1er septembre 2003, les écoles primaires et secondaires sont restées fermées et plus de 72.000 enseignants et employés de l’éducation ont entamé une grève pour protester contre la prochaine réforme fiscale de l’éducation. REPUBLIQUE TCHEQUE

266 BAROMÈTRE DE L’IE SUR LES DROITS HUMAINS ET SYNDICAUX DANS LE SECTEUR DE L’ÉDUCATION - 2004 REPUBLIQUE TCHEQUE

EGALITES DES SEXES: Garçons et filles ont l’égalité d’accès à l’éducation à tous les niveaux. Les jeunes filles représentent 50% des inscriptions dans les établissements d’enseignement supérieur. La loi interdit la discrimination sexuelle, mais dans la réalité, les employeurs n’ont de comptes à rendre à personne lorsqu’ils prennent leur décision d’engager quelqu’un.

LIBERTE ACADEMIQUE: La loi prévoit la liberté académique, mais n’autorise pas les activités des partis poli- tiques à l’intérieur des universités. Une loi de 1991 interdit aux fonctionnaires de l’ère communiste d’être nommés à un grand nombre de postes à responsabilités, y compris dans les universités. La Commission européenne a signalé à plu- sieurs reprises la nécessité de supprimer cette loi, qui est en violation des droits humains et est basée sur des dossiers incomplets et peu fiables. D’autre part, les citoyens accusés à tort de «collaboration» ne reçoivent pas de réparation adé- quate.

TRAVAIL DES ENFANTS: Selon le Code du travail qui est effectivement en vigueur, l’âge minimum d’embauche est fixé à 15 ans, mais les enfants ayant suivi les cours dans les écoles «spéciales» peuvent travailler à partir de 14 ans. Le trafic des filles à des fins de prostitution forcée constitue un problème. Les jeunes enfants rom sont particulièrement vulnérables à l’exploitation sexuelle. La République reste une destination populaire pour les pédophiles. En 2002, la poli- ce a pris des mesures plus efficaces pour empêcher le tourisme sexuel. Les média ont régulièrement rendu compte de condamnations pour crime sexuel contre des enfants - y compris la pornographie enfantine dans des publications, sur vidéo, CD-ROM ou Internet. Le gouvernement n’offre pas d’aide directe aux victimes mais les dirige vers les ONG.

DROITS SYNDICAUX: Les travailleurs ont le droit de former des syndicats et d’y adhérer sans autorisation pré- alable. Selon la loi, les conflits du travail doivent être soumis à une médiation et les actions de grève ne peuvent être entreprises que si les efforts de médiation n’ont pas abouti. Une nouvelle législation entrée en vigueur en janvier 2003 permet aux employeurs de licencier des dirigeants syndicaux sans avoir à demander l’autorisation préalable du syndi- REPUBLIQUE TCHEQUE cat. La CISL déclare que certains employeurs tentent d’empêcher les travailleurs de s’organiser par des pressions directes ou indirectes. Dans le secteur gouvernemental, les salaires sont ajustés selon la législation et les employés des services publics ne bénéficient pas du droit de négociation collective pour régler les problèmes de salaires et de conditions de tra- vail. Un nouveau projet de loi interdit la négociation collective aux employés de la fonction publique. Le gouvernement a expliqué cette violation de la Convention 98 de l’OIT par le fait que les niveaux de salaire fixés par les conventions col- lectives pourraient avoir une répercussion sur le budget de l’Etat. La possibilité est offerte aux employés du secteur public et leurs syndicats de signer des accords avec l’employeur du secteur public concernant certains éléments de leur contrat - à l’exception des salaires, des conditions de travail et des horaires - mais, légalement, ces accords ne sont pas obliga- toires.

Organisation membre de l’IE / Nombre de membres: Czech and Moravian Trade Union of Workers in Education [CMOS-PS ] / 94.946 Trade Union of Workers in Science and Research [TUWSR] / 2.067

BAROMÈTRE DE L’IE SUR LES DROITS HUMAINS ET SYNDICAUX DANS LE SECTEUR DE L’ÉDUCATION - 2004 267 ROUMANIE Population: 22.317.730

Population <15: 17,7% % du PNB afférent à l’enseignement: 3,5% Analphabétisme: m: 1 - f: 2,7% Espérance de vie à la naissance: m: 67 - f: 75 Taux de scolarisation brut, pré-primaire:m: 139,5 - f: 144,5% Espérance de scolarité (années): Taux de scolarisation brut, primaire: 93% % d’élèves ayant atteint la 5ème année du primaire en 2000: Taux de scolarisation brut, secondaire: 80,2% Nbre d’étudiants de l’enseignement supérieur par 100.000 habitants: 553.152 Nbre d’élèves du primaire par enseignant: 19 % des dépenses du gouvernement afférentes à l’enseignement:

Ratification des Conventions du BIT: 29 87 98 100 105 111 138 169 182

SYSTEME EDUCATIF: L’enseignement primaire est gratuit et obligatoire entre 6 (ou 7) ans et 16 ans. Au cours de l’année académique 2001-2002, plus de 600.000 enfants ont reçu une forme ou une autre d’éducation à la petite enfan- ce et 2,3 millions d’enfants, soit environ 96% des enfants en âge scolaire obligatoire, ont fréquenté l’école. 740.000 étu- diants étaient inscrits dans les cours du cycle secondaire supérieur de cinq ans non obligatoire. Le gouvernement indique que 85% des enseignants de kindergarten et 94% des enseignants à d’autres niveaux sont qualifiés. L’Institut national des statistiques a calculé que le taux d’abandon scolaire chez les enfants de moins de 15 ans est passé de 20% en 1997-98 à moins de 1% en 2001-2002. Cette année-là, 94% des classes au niveau obligatoire recevaient un enseignement en rou- main. Le système éducatif autorise les minorités ethniques à recevoir l’enseignement dans leur langue. Le hongrois, par exemple, est la langue d’instruction dans plus de 5% des écoles, un chiffre qui coïncide avec le pourcentage de la com- munauté ethnique hongroise. Selon les statistiques de recensement, la population rom est au nombre de 535.000, mais la Commission européenne (CE) l’estime entre 1,1 et 1,5 million. La 2ème édition du Baromètre indiquait que seuls 50% des enfants rom âgés de 7 à 10 ans fréquentent régulièrement l’école et un tiers n’est jamais scolarisé ou abandonne complètement l’école. Ces statistiques ne sont pas confirmées par le Rapport d’Eurydice 2001-2002 sur la Roumanie qui ne fait pas référence aux Rom. D’autres sources font remarquer que le gouvernement a introduit des programmes visant à promouvoir l’éducation chez les Rom, et plus particulièrement l’enseignement supérieur. Alors que la Roumanie cher- che à progresser en vue de son adhésion à l’Union européenne (UE), le gouvernement s’efforce également de lutter cont- re les stéréotypes et préjudices racistes envers les Rom, qui sont courants dans la société roumaine. Le Rapport d’Amnesty International (AI) de 2003 fait état d’un commentaire de la CE selon lequel il n’y a pas eu de «diminution notable de la violence policière contre les Rom.» Environ 60.000 enfants dépendants sont confinés dans des orphelinats et autres foyers d’hébergement gérés par l’Etat. De sources fiables, le bien-être des enfants dans ces institutions est en général négligé, spécialement en ce qui concerne les facteurs de base tels que l’hygiène et la nourriture. Les mineurs quittent ces institutions le plus souvent sans papiers d’i- dentité, peu ou pas d’éducation et des capacités professionnelles rudimentaires ou inexistantes. Les inscriptions dans l’en- seignement supérieur sont passées de moins de 5% à presque 20% au cours des années 90. En plus des huit universités publiques du pays et d’autres établissements réputés, il existe une prolifération ‘d’universités’ privées (quelque 75). Nombre d’entre elles, selon les rapports officiels, offrent des cours médiocres, voire sans valeur.

EGALITES DES SEXES: La Constitution accorde des droits égaux aux hommes et aux femmes, mais en réalité le gouvernement ne fait pas respecter ces dispositions. Une loi promulguée en mai 2002 interdit tout acte de discrimina- tion sexuelle, y compris le harcèlement sexuel, mais les autorités se préoccupent peu de la défense des droits des femmes et ne leur consacrent que de maigres ressources. Les jeunes filles comptent pour 55% des inscriptions dans l’enseigne- ment supérieur. Malgré la législation en vigueur et l’égalité éducative, les femmes sont plus souvent au chômage que les

ROUMANIE hommes, elles occupent moins de postes influents dans le secteur privé et leurs salaires sont plus bas.

268 BAROMÈTRE DE L’IE SUR LES DROITS HUMAINS ET SYNDICAUX DANS LE SECTEUR DE L’ÉDUCATION - 2004 ROUMANIE

LIBERTE ACADEMIQUE: Les établissements d’enseignement supérieur sont autonomes selon la loi sur l’éduca- tion. Ils ont le droit de gérer leurs affaires et d’exercer la liberté académique sans ingérence d’ordre idéologique, poli- tique ou religieux. Aucun rapport n’indique une restriction de la liberté académique de la part du gouvernement.

TRAVAIL DES ENFANTS: On trouve des milliers d’enfants indigents et apparemment sans abri dans les rues de Bucarest et d’autres grands centres urbains. Une loi entrée en vigueur en novembre 2001 offre une certaine assistance aux enfants misérables. Cette loi renforce aussi le Code criminel en ce qui concerne les infractions contre les enfants, y compris le trafic de mineurs. Malgré un certain nombre d’enquêtes et d’arrestations, l’exploitation sexuelle des enfants par la pornographie, la prostitution enfantine et les pires formes apparentées de travail des enfants, constitue un problè- me grave. La Roumanie est à la fois un pays fournisseur et de transit en ce qui concerne le trafic de jeunes filles. L’âge minimum d’embauche est fixé à 16 ans, mais les enfants âgés de 14 et 15 ans peuvent travailler avec le consentement de leurs tuteurs. Les violations des lois sur le travail des enfants sont punissables d’emprisonnement mais il n’existe pas de preuves démontrant que quiconque ait été inculpé ou condamné sous le coup de cette loi. Les enfants âgés de moins de 16 ans qui travaillent sont tenus de poursuivre leurs études, et la loi oblige les employeurs à y veiller. Environ 8% des enfants du pays âgés de 7 à 15 ans travaillent et, parmi ceux-ci, un sur sept travaille pendant plus de quatre heures par jour.

DROITS SYNDICAUX: Tous les travailleurs, à l’exception des employés du secteur public, ont le droit de former des syndicats et d’y adhérer, ainsi que de négocier collectivement. La négociation collective est compliquée par le contrô- le étatique de la plupart des entreprises industrielles et l’absence de représentants de la direction indépendants. Les employés du secteur public peuvent tout négocier sauf les salaires qui ont été fixés par le gouvernement. Les lourdes pro- cédures continuent de rendre les grèves légales difficiles à mener. La Confédération internationale des syndicats libres (CISL) indique que le secteur de l’enseignement est considéré comme d’intérêt national majeur. Dès lors, en cas de grève, un tiers de l’activité normale doit être assurée. Bien que la loi institutionnalise la négociation collective, les contrats qui en résultent ne sont pas toujours respectés de manière systématique. L’échelle des salaires pour les employés des entre- prises d’Etat est fixée par négociation collective avec le gouvernement. Les syndicats estiment que les décisions de réduc- tion de personnel découlant d’accords avec des institutions financières internationales contreviennent aux accords du travail.

Organisation membre de l’IE / Nombre de membres: Federatia Educatiei Nationale [FEN] / 85.000 Fédération des Syndicats Libres de l'Enseignement [FSLE] / 108.600 ROUMANIE

BAROMÈTRE DE L’IE SUR LES DROITS HUMAINS ET SYNDICAUX DANS LE SECTEUR DE L’ÉDUCATION - 2004 269 ROYAUME-UNI Royaume-Uni de Grande Bretagne et d’Irlande du Nord • Population: 59.778.002

Population <15: 18,9% % du PNB afférent à l’enseignement: 5,3% Analphabétisme: 1% Espérance de vie à la naissance: m: 75 - f: 80 Taux de scolarisation brut, pré-primaire: 65% Espérance de scolarité (années): m: 16,2 - f: 17 Taux de scolarisation brut, primaire: 99% % d’élèves ayant atteint la 5ème année du primaire en 2000: Taux de scolarisation brut, secondaire: m: 120 - f: 139% Nbre d’étudiants de l’enseignement supérieur par 100.000 habitants: 2.067.349 Nbre d’élèves du primaire par enseignant: 22,5 % des dépenses du gouvernement afférentes à l’enseignement: 11,8%

Ratification des Conventions du BIT: 29 87 98 100 105 111 138 169 182

SYSTEME EDUCATIF: L’instruction est gratuite, universelle et obligatoire dans tout le Royaume-Uni, qui englobe l’Angleterre, l’Ecosse, le Pays de Galle et l’Irlande du Nord. L’enseignement primaire débute à 5 ans (ou 4 en Irlande du Nord) et est obligatoire jusqu’à 16 ans. Il est gratuit jusqu’à 18 ans. Le système éducatif en Ecosse est distinct et comporte ses propres règles et pratiques. Dans tout le Royaume-Uni, une éducation préscolaire facultative est largement répandue pour les enfants de 3 et 4 ans. En 2003, on comptait 77 places dans des établissements de la petite enfance pour 100 enfants de 3 ans. L’enseignement public en Grande-Bretagne répond aux besoins de 94% des enfants. En 2001-2002, les écoles pri- maires et secondaires ont accueilli 10,1 millions d’élèves au total. Le rapport élèves/enseignant par classe s’est amélioré entre 1999 et 2003. En 2002-2003 la moyenne était de 26,3 dans les classes de primaire et de 21,9 dans le secondaire. Entre 1999 et 2003, le pourcentage des classes primaires de 31 élèves et plus a diminué de 26% à 13%. Les enfants ont des tests à 7, 11 et 14 ans avant de passer l’examen principal, le General Certificate of Secondary Education (GCSE), à l’âge de 16 ans environ (valable pour l’Angleterre uniquement). Le Rapporteur spécial sur le droit à l’éducation pour la Commission des droits de l’homme des Nations Unies, Prof. Katarina Tomasevski, a indiqué en 2003 qu’elle pensait que la Grande-Bretagne était techniquement en infraction avec la Convention des Nations Unies relative aux droits de l’enfant (CNUDE). L’affirmation du Prof. Tomasevski repose sur le fait que « le système d’examen (...) a été conçu pour remplir les objectifs du gouvernement plutôt que de satisfaire les besoins des enfants «. Après le General Certificate of Secondary Education, près de 70% des élèves poursuivent des études à plein temps, généralement pour l’acquisition de qualifications professionnelles ou pour la préparation des A levels (valable pour l’Angleterre uniquement). Près de 2,5 millions d’étudiants poursuivent leurs études dans l’un des 5 500 établissements d’enseignement postscolaires, en général dans le cadre d’une formation technique ou professionnelle. L’absentéisme pose un grave problème en Grande- Bretagne. On estime qu’il touche au moins un million d’enfants. Du reste, un grand nombre d’enfants ont été exclus du système scolaire pour différentes raisons, dont des problèmes de comportement tels que harcèlement moral ou agression à l’encontre d’enseignants en classe. 9 535 enfants sont frappés d’une exclusion définitive tandis que 100 000 autres font l’ob- jet d’une exclusion pour une durée déterminée. Depuis la deuxième édition du Baromètre de l’IE, le ministère de l’Education et de la formation a lancé une initiative impor- tante pour aider les écoles à améliorer le taux de présence des élèves, ainsi que leur comportement. Plusieurs rapports indi- quent que d’ici 2006, près de la moitié des enseignants auront plus de 50 ans et la profession devra recruter 200 000 ensei- gnants d’ici 2010. Des enseignants sont recrutés dans les pays en développement et les pays où les enseignants peuvent com- biner voyage et travail pendant un an. Les pratiques de certaines agences employant des enseignants étrangers ont suscité quelques inquiétudes. Les minorités ethniques de Grande-Bretagne se concentrent dans les quartiers défavorisés des gran- des villes, principalement en Angleterre. Bien qu’elles ne constituent que 5% de la population, elles représentent près de 15% des enfants dans le primaire et 13% dans les écoles secondaires. En janvier 2003, la première langue n’était pas l’anglais pour 10,5% des élèves du primaire et pour 8,9% des élèves du secondaire. En Irlande du Nord, dépasser un système scolaire

ROYAUME-UNI fondé historiquement sur des critères sectaires assez stricts reste un obstacle. En 2002, des divisions sectaires ont fait le tour

270 BAROMÈTRE DE L’IE SUR LES DROITS HUMAINS ET SYNDICAUX DANS LE SECTEUR DE L’ÉDUCATION - 2004 ROYAUME-UNI

du monde lorsque les médias ont couvert les manifestations relatives aux élèves des écoles primaires. Les enfants allant dans une école catholique devaient emprunter une rue située dans un quartier protestant de Belfast. Les affiliés de l’IE, INTO et UTA, ont collaboré avec Amnesty International (AI) et l’Internationale de l’Education (IE) à la réalisation d’un programme sur les droits humains pour les écoles primaires. Dans les années 1980 et 1990, un nombre croissant d’éta- blissements britanniques d’enseignement supérieur a obtenu le statut d’université. Il y a environ 170 universités et insti- tutions d’enseignement supérieur. L’enseignement supérieur est encore largement financé par l’Etat, bien que depuis 1998 les étudiants soient soumis à des frais de scolarité. La contribution des étudiants à l’enseignement supérieur aug- mente en Angleterre et dans le Pays de Galles. Le parlement écossais a choisi au contraire de ne pas introduire de frais d’inscription payables d’avance dans l’enseignement supérieur. L’Université à distance (1971) est un établissement habi- lité à décerner des diplômes aux adultes n’ayant pu suivre un enseignement supérieur. Elle s’appuie sur la télévision, la radio ou des programmes d’études locaux. EGALITES DES SEXES: La loi assure l’égalité des chances entre les sexes et interdit toute discrimination sexuelle dans le secteur de l’éducation. Plus de 50% des étudiants qui suivent un enseignement supérieur sont de sexe féminin. La loi assure une égalité des chances entre les sexes mais, dans la pratique, les femmes sont confrontées à une discrimi- nation. La Commission gouvernementale sur l’égalité des chances apporte son soutien aux personnes qui soumettent des cas de discrimination devant les conseils de prud’hommes et les tribunaux. Elle fournit des directives aux employeurs. Le service gouvernemental sur les femmes et l’égalité indique que le salaire horaire des femmes est plus faible que celui des hommes, les femmes gagnant US$ 14,55 comparé à US$ 18,84 pour les hommes. LIBERTE ACADEMIQUE: Aucun rapport ne fait état d’une restriction de la liberté académique de la part du gou- vernement. TRAVAIL DES ENFANTS: Les enfants de moins de 16 ans ne sont pas autorisés à travailler dans une entreprise industrielle, sauf dans le cadre d’un stage pédagogique. Toutefois, de récentes preuves ont démontré dans certaines régions du pays d’inquiétantes carences dans l’application de la législation relative au travail des enfants. C’est dans les régions où sévit un fort taux de chômage chez les adultes que l’on a rencontré des enfants de moins de 16 ans travaillant plus de 20 heures par semaine, à tel point que cela avait des répercussions sur leur éducation. Selon certaines études, la majorité des enfants exercerait un travail rémunéré en dehors de leur famille avant d’avoir atteint 16 ans. DROITS SYNDICAUX: La Loi de 1999 sur les relations de travail a rétabli une partie des droits syndicaux qui avaient été supprimés dans les années 1980 et au début des années 1990. Elle garantit une nouvelle protection aux efforts

d’organisation des syndicats. La négociation collective pour les salariés du secteur de l’éducation n’a pas été rétablie. Près ROYAUME-UNI de 30% de la main d’œuvre est syndiquée. Dans le secteur public, 60% des travailleurs sont organisés en syndicats, tan- dis que 19% des travailleurs du secteur privé sont membres d’un syndicat. La syndicalisation de la main d’œuvre est inter- dite dans les forces armées et la police. Les syndicats sont souvent affiliés à des partis politiques, mais leurs actions ne sont pas soumises au contrôle du gouvernement.

Organisation membre de l’IE / Nombre de membres: Association of Teachers and Lecturers [ATL] / 96.308 - Association of University Teachers [AUT] / 30.000 - Educational Institute of Scotland [EIS] / 52.522 - National Association of Schoolmasters'/Union of Women Teachers [NASUWT] / 223.500 - The University and College Lecturers' Union [NATFHE] / 76.742 - National Union of Teachers [NUT] / 253.000 - Scottish Secondary Teachers' Association [SSTA] / 8.029 - Ulster Teachers' Union [UTU] / 6.000

NOTE EN BAS DE PAGE : Responsabilités - Dépendances de la couronne britannique : Guernesey [population: 64.587], Jersey [population: 89.775], Ile de Man [population: 73.873]. Territoires britanniques d'outre-mer : Anguilla [population: 12.446], Bermudes [population: 63.960], Iles Vierges Britanniques [population: 21.272], Iles Caïman [popu- lation: 36.273], Iles Malouines (Islas malvinas) [population: 2.967], Gibraltar [population: 27.714], Montserrat [population: 4.000 résidente, 8.000 à l'étranger], Ile Pitcairn [population: 54], Sainte-Hélène (avec Tristan da Gunha et Ascension) [population 7.317], Iles Turks & Caicos [population: 18.738]. Voir également ANGUILLA, BERMUDES, ILES VIERGES BRITANNIQUES, MONTSERRAT.

BAROMÈTRE DE L’IE SUR LES DROITS HUMAINS ET SYNDICAUX DANS LE SECTEUR DE L’ÉDUCATION - 2004 271 RWANDA République du Rwanda • Population: 7.398.074

Population <15: 45,3% % du PNB afférent à l’enseignement: 2,8% Analphabétisme: 32% Espérance de vie à la naissance: m: 37 - f: 38 Taux de scolarisation brut, pré-primaire: Espérance de scolarité (années): Taux de scolarisation brut, primaire: 97% % d’élèves ayant atteint la 5ème année du primaire en 2000: 39% Taux de scolarisation brut, secondaire: m: 12,4 - f: 11,8% Nbre d’étudiants de l’enseignement supérieur par 100.000 habitants: 12.802 Nbre d’élèves du primaire par enseignant: 54 % des dépenses du gouvernement afférentes à l’enseignement:

Ratification des Conventions du BIT: 29 87 98 100 105 111 138 169 182

SYSTEME EDUCATIF: Le Rwanda est le pays d’Afrique présentant la plus forte densité de population. Il dispose de ressources naturelles réduites et 70% de ses habitants vivent au dessous du seuil de pauvreté. Le génocide de 1994 a détruit l’infrastructure et la structure sociale du pays. Une génération d’enfants a été privée d’éducation et a été le témoin d’a- troces massacres et d’exils massifs. Parmi les 103.000 citoyens arrêtés pour des chefs d’accusation ayant directement trait au génocide ou à la sécurité se trouvent 4.500 adolescents, âgés de 14 ans ou plus, en 1994. Les enfants qui ont commis des atrocités mais qui étaient âgés de moins de 14 ans en 1994 ont été considérés comme légalement irresponsables. Bien que la composition de la population ait été certainement affectée par le génocide, l’étendue et la nature des effets en demeurent inconnues. En 2002-2003, le gouvernement a tenté d’offrir une éducation minimale à tous les enfants. L’enseignement de base n’est pas gratuit mais le gouvernement ne demande pas de frais de scolarité aux orphelins. Les écoles publiques ne peuvent accueillir tous les enfants en âge de scolarité primaire et manquent de fournitures essen- tielles. Un examen permet d’accéder à l’école secondaire. Seuls 4% des citoyens rwandais terminent leurs études secon- daires et seules 15.000 personnes dans le pays tout entier sont diplômées de l’université. En dépit de ces statistiques, le nombre d’étudiants de l’enseignement supérieur a presque triplé entre 1998 et 2000. Toute évaluation de l’éducation au Rwanda doit tenir compte du fait que le génocide a fait de 85 000 enfants et jeunes des chefs de famille. L’accès à l’en- seignement, à tous les niveaux, est négligeable pour les peuples autochtones Batwa/Twa. Ils demeurent un groupe eth- nique marginal, sont considérés comme inférieurs, et comme ils n’ont reçu aucun enseignement de base, ils ne sont pas en mesure de défendre leurs intérêts.

EGALITES DES SEXES: Suite au génocide, de nombreuses femmes sont devenues chefs de famille. Les femmes jouent un rôle plus important dans la vie sociale et économique du pays, bien qu’elles bénéficient toujours d’opportu- nités limitées en matière d’éducation. Le gouvernement a instauré un système de bourses en faveur des filles aux niveaux primaire et secondaire. Les femmes représentent aujourd’hui environ un tiers des inscriptions au niveau tertiaire et 52% des enseignants du primaire sont des femmes.

LIBERTE ACADEMIQUE: En règle générale, la liberté académique n’est pas limitée à l’Université nationale du Rwanda. Les institutions privées de petite taille - l’Université catholique romaine et l’UniversitélLibre de Kigali - ne sont pas contrôlées.

TRAVAIL DES ENFANTS: À l’exception du travail dans l’agriculture de subsistance, la loi interdit aux enfants âgés de moins de 18 ans de travailler sans l’autorisation de leurs parents ou tuteurs. L’âge minimum pour les contrats d’apprentissage est de 14 ans, à condition que l’enfant ait terminé ses études primaires. Etant donné que quelque 85.000 enfants âgés de moins de 18 ans sont chefs de famille, une application stricte de ces lois relatives au travail est peu réalis- RWANDA

272 BAROMÈTRE DE L’IE SUR LES DROITS HUMAINS ET SYNDICAUX DANS LE SECTEUR DE L’ÉDUCATION - 2004 RWANDA

te, mais il est rare de voir des enfants travailler en dehors du secteur de l’agriculture. L’UNICEF estime cependant que 7.000 enfants vivent dans les rues de Kigali. Les autorités locales rassemblent fréquemment ces enfants et les confient à une famille adoptive ou les placent de force dans un centre géré par le ministère du gouvernement local à Gitagata. Le centre peut accueillir 400 à 500 enfants mais en a déjà compté jusqu’à 1.000. Les rapports faisant état de filles ayant subi des abus sexuels sont monnaie courante.

DROITS SYNDICAUX: À l’instar des autres aspects de la vie rwandaise, les droits syndicaux se remettent encore des conséquences du génocide de 1994. La Confédération internationale des syndicats libres (CISL) révèle que les syndi- cats opèrent dans un climat de crainte, doivent faire face à l’ingérence gouvernementale, à des employés anti-syndicaux et ne disposent pas de l’infrastructure nécessaire à la protection de leurs droits. Un nouveau Code du travail est entré en vigueur le 1er mars 2002. Certains de ses éléments paraissent acceptables en théorie, mais un vide institutionnel se fait ressentir lorsqu’il est question d’appliquer et de surveiller la législation. L’affiliation syndicale est ouverte à tous les sala- riés, y compris au personnel de la fonction publique. La Constitution reconnaît également le droit de grève, sauf dans le cas d’employés des services publics. La définition de ces services est trop large pour être compatible avec les normes de l’OIT. Le gouvernement affirme être en train de procéder à une révision du Code relatif au statut des fonctionnaires et que, en vertu du nouvel avant-projet, ces derniers bénéficieront des mêmes droits et des mêmes libertés que les autres citoyens. Ce choix de termes pour le moins vagues implique qu’ils seront autorisés à faire grève. D’autres propositions étudiées pourraient interdire aux employés de l’Etat d’exprimer un point de vue politique, philosophique et syndical. La majorité des membres syndiqués sont actifs dans le secteur public et le gouvernement est étroitement impliqué dans la négociation collective.

Organisation membre de l’IE / Nombre de membres: Equipes Enseignantes du Rwanda [EER] / 5.200 Syndicat National des Enseignants du Primaire [SNEP] / 15.047 RWANDA

BAROMÈTRE DE L’IE SUR LES DROITS HUMAINS ET SYNDICAUX DANS LE SECTEUR DE L’ÉDUCATION - 2004 273 SAINT-CHRISTOPHE-ET-NEVIS Fédération de Saint-Christophe-et-Nevis • Population: 38.736

Population <15: % du PNB afférent à l’enseignement: 2,9% Analphabétisme: Espérance de vie à la naissance: m: 66 - f: 71 Taux de scolarisation brut, pré-primaire: Espérance de scolarité (années): Taux de scolarisation brut, primaire: % d’élèves ayant atteint la 5ème année du primaire en 2000: Taux de scolarisation brut, secondaire: Nbre d’étudiants de l’enseignement supérieur par 100.000 habitants: Nbre d’élèves du primaire par enseignant: 21 % des dépenses du gouvernement afférentes à l’enseignement: 16,4%

Ratification des Conventions du BIT: 29 87 98 100 105 111 138 169 182

SYSTEME EDUCATIF: L’éducation est gratuite, universelle et obligatoire pour les enfants âgés de 5 à 16 ans. 98% des enfants terminent leur instruction obligatoire. On compte 25 écoles primaires, six écoles secondaires et une école supérieure. La Fédération participe à l’Université régionale des Indes occidentales. Environ 400 étudiants sont inscrits dans l’enseignement supérieur. Aucune législation ne protège les personnes handicapées mais la constitution et le gou- vernement interdisent la discrimination dans l’emploi, l’éducation et d’autres services publics.

EGALITES DES SEXES: Il n’existe pas d’entrave légale à la participation des femmes au gouvernement et en poli- tique. Des analyses semblent indiquer qu’il existe une discrimination voilée envers les femmes dans l’emploi. Le rôle des femmes dans la société n’est pas restreint par la loi mais est limité par la culture et la tradition. Le Département des questions d’égalité est sensible aux problèmes des femmes et soutient un «Programme de Retour à l’école des mères ado- lescentes» encourageant les jeunes mères à terminer leur éducation. Il a été actif dans les domaines de la violence domestique et conjugale et de l’abandon.

LIBERTE ACADEMIQUE: Aucun rapport n’indique une restriction de la liberté académique de la part du gou- vernement.

TRAVAIL DES ENFANTS: L’âge minimum d’embauche est de 14 ans. Les inspecteurs chargés du contrôle de la fréquentation scolaire et le ministère du Travail font respecter cette disposition de manière efficace. Le gouvernement a transposé dans sa législation la majorité des dispositions de la Convention des Nations Unies relative aux droits de l’en- fant

DROITS SYNDICAUX: La Constitution prévoit le droit de tous les travailleurs à former des syndicats et à y adhé- rer ou, dans le cas des fonctionnaires, à adhérer à des associations faisant office de syndicats. Les syndicats sont libres de s’organiser et d’entamer des négociations visant à améliorer les salaires et indemnités de leurs membres. Dans la pra- tique, le droit de grève est bien établi et respecté. Le syndicat principal est étroitement lié au gouvernement. En décemb- re 2002, l’opposition parlementaire et les syndicats d’enseignants ont dénoncé l’abus de privilège parlementaire lorsque des membres du gouvernement ont tenu des propos diffamatoires sur les présidents des syndicats d’enseignants. Selon le parti de l’opposition, les commentaires étaient destinés à saper la croissance et l’influence du secteur de l’éducation. SAINT-CHRISTOPHE-ET-NEVIS

274 BAROMÈTRE DE L’IE SUR LES DROITS HUMAINS ET SYNDICAUX DANS LE SECTEUR DE L’ÉDUCATION - 2004 SAINT-CHRISTOPHE-ET-NEVIS

Organisation membre de l’IE / Nombre de membres: Nevis Teachers' Union [NTU] / 85 St. Kitts Teachers' Union [SKTU] / 190

NOTE EN BAS DE PAGE : L'île de Nevis jouit d'une autonomie considérable avec son propre chef de gouvernement et sa propre législature. SAINT-CHRISTOPHE-ET-NEVIS

BAROMÈTRE DE L’IE SUR LES DROITS HUMAINS ET SYNDICAUX DANS LE SECTEUR DE L’ÉDUCATION - 2004 275 SAINT-VINCENT ET-LES-GRENADINES Population: 116.394

Population <15: 31,2% % du PNB afférent à l’enseignement: 9,3% Analphabétisme: Espérance de vie à la naissance: m: 71- f: 74 Taux de scolarisation brut, pré-primaire: Espérance de scolarité (années): Taux de scolarisation brut, primaire: % d’élèves ayant atteint la 5ème année du primaire en 2000: Taux de scolarisation brut, secondaire: Nbre d’étudiants de l’enseignement supérieur par 100.000 habitants: Nbre d’élèves du primaire par enseignant: % des dépenses du gouvernement afférentes à l’enseignement:

Ratification des Conventions du BIT: 29 87 98 100 105 111 138 169 182

SYSTEME EDUCATIF: Le dernier rapport de l’Education Pour Tous (EPT) a identifié Saint-Vincent-et-les- Grenadies comme risquant de ne pas atteindre l’éducation universelle d’ici à 2015. Le gouvernement cite le manque de fonds pour de nouvelles écoles comme étant l’obstacle principal à l’introduction d’un système éducatif complexe. Paradoxalement, il déclare qu’il examine les cas où les enfants sont retirés de l’école avant l’âge de 16 ans. Des sources fiables font état d’une fréquentation scolaire très irrégulière dans les 60 écoles primaires publiques et de près de 10% d’en- fants en âge scolaire qui ne vont jamais à l’école. Le syndicat des enseignants estime qu’entre 8 et 10% des enfants en âge d’école secondaire n’ont pas été scolarisés en 2002. Il y a deux écoles secondaires publiques et un programme d’ap- prentissage subventionné par le gouvernement qui en 2002 a attiré 440 enfants plus âgés, intéressés à apprendre un métier. Des organisations religieuses gèrent 19 écoles secondaires. On compte un établissement de formation des ensei- gnants et un institut supérieur. Les étudiants se rendent sur l’un des campus de l’Université régionale des Indes occiden- tales ou étudient en formation continue. Aucune loi spécifique ne traite des droits des personnes handicapées et leur situation est généralement difficile.

EGALITES DES SEXES: Le Rapport de suivi mondial de l’EPT de 2003/2004 révèle que le nombre des enseignan- tes est passé d’environ 64% en 1990 à 66% en 2000. Il n’existe pas de statistiques récentes fiables sur le taux d’alphabé- tisation des hommes et des femmes et sur la fréquentation scolaire. Aucun obstacle légal n’entrave la pleine participa- tion des femmes en politique ou au gouvernement. Un programme éducatif sur les droits humains s’est traduit par un nombre croissant de femmes portant plainte pour violence familiale. Le Bureau de l’égalité dépend du ministère de l’Education, de la Promotion des femmes et de la Culture. Il assiste le Conseil national des femmes par relations publiques et par des programmes de formation. La loi sur le salaire minimum spécifie que, pour un travail égal, les fem- mes doivent recevoir un salaire égal. Le taux de mortalité infantile était toujours très élevé à 21 morts pour 1.000 nais- sances, partiellement dû au fait qu’un grand nombre d’enfants naissent de mères adolescentes.

LIBERTE ACADEMIQUE: Aucun rapport n’indique une restriction de la liberté académique de la part du gou- vernement.

TRAVAIL DES ENFANTS: Les enfants travaillent dans les plantations de bananes appartenant à leur famille et ce, spécialement durant la période des récoltes, ou exercent une activité dans l’industrie artisanale familiale. La loi fixe l’âge minimum d’embauche à 16 ans et un travailleur peut maintenant recevoir une carte nationale d’assurance à cet âge. SAINT-VINCENT ET-LES-GRENADINES SAINT-VINCENT

276 BAROMÈTRE DE L’IE SUR LES DROITS HUMAINS ET SYNDICAUX DANS LE SECTEUR DE L’ÉDUCATION - 2004 SAINT-VINCENT ET-LES-GRENADINES

DROITS SYNDICAUX: En vertu de la Constitution, les travailleurs ont le droit de former des syndicats, mais la loi n’oblige pas les employeurs à reconnaître les syndicats ou à reconnaître un syndicat particulier comme partenaire exclu- sif de négociation. Moins de 10% de la main-d’œuvre est syndiquée. Les grèves ne sont pas interdites.

Organisation membre de l’IE / Nombre de membres: StVincent and the Grenadines Teachers' Union [SVGTU] / 1.200 SAINT-VINCENT ET-LES-GRENADINES

BAROMÈTRE DE L’IE SUR LES DROITS HUMAINS ET SYNDICAUX DANS LE SECTEUR DE L’ÉDUCATION - 2004 277 SAINTE-LUCIE Population: 160.145

Population <15: 30,6% % du PNB afférent à l’enseignement: 5,8% Analphabétisme: Espérance de vie à la naissance: m: 69 - f: 75 Taux de scolarisation brut, pré-primaire: Espérance de scolarité (années): Taux de scolarisation brut, primaire: 100% % d’élèves ayant atteint la 5ème année du primaire en 2000: Taux de scolarisation brut, secondaire: Nbre d’étudiants de l’enseignement supérieur par 100.000 habitants: 3.881 Nbre d’élèves du primaire par enseignant: 35 % des dépenses du gouvernement afférentes à l’enseignement: 16,9%

Ratification des Conventions du BIT: 29 87 98 100 105 111 138 169 182

SYSTEME EDUCATIF: Améliorer le système éducatif est une priorité déclarée du gouvernement. L’éducation est obligatoire pour les enfants âgés de 5 à 15 ans. Des frais de scolarité sont demandés aux parents dans les écoles primai- res et secondaires. Les livres et le matériel scolaire sont gratuits au niveau primaire et secondaire. On compte 87 écoles primaires et 16 écoles secondaires. Il existe des écoles pour les malentendants et les malvoyants jusqu’au cycle secon- daire. L’Etat gère également une école pour les enfants handicapés mentaux. Seul un tiers des enfants achevant l’école primaire poursuit en secondaire. Un internat de formation professionnelle prend en charge les garçons de 12 à 18 ans qui sont en difficulté. L’île compte une école supérieure, une école de formation des enseignants, ainsi qu’un départe- ment de l’Université des Indes occidentales dans la capitale, Castries. Il n’existe pas de législation protégeant les droits des personnes handicapées.

EGALITES DES SEXES: Les filles sont moins susceptibles d’abandonner l’école au niveau post-primaire que les garçons et les étudiantes représentent plus de la moitié des inscriptions au niveau tertiaire. Le nombre des enseignantes au niveau primaire est passé de 82% en 1990 à 86% en 2000, selon le Rapport mondial de suivi sur l’Education Pour Tous (EPT) 2003/2004. Il n’y a pas d’obstacle légal à la participation des femmes au gouvernement et en politique. Les questions des femmes sont sous la juridiction du ministère de l’Intérieur et de l’Egalité. Celui-ci est responsable de la pro- tection des droits des femmes et de la prévention de la discrimination envers les femmes, y compris de leur assurer une égalité de traitement dans l’emploi.

LIBERTE ACADEMIQUE: Aucun rapport ne fait état d’une restriction de la liberté académique de la part du gou- vernement.

TRAVAIL DES ENFANTS: Le Code du travail fixe l’âge minimum d’embauche à 14 ans ; au cours de 2002, le gouvernement a cependant envisagé de l’élever à 16 ans. L’âge minimum d’embauche pour le travail industriel est fixé à 18 ans et ne sera pas affecté par la modification de la loi si elle est acceptée. Dans les régions rurales, les enfants en âge scolaire aident aux moissons, alors qu’en zones urbaines ils travaillent fréquemment dans les stands de nourriture, mais ces activités ont tendance à avoir lieu pendant les vacances scolaires et les fêtes.

DROITS SYNDICAUX: La Constitution garantit le droit des travailleurs de former des syndicats et d’y adhérer, et la plupart des employés du secteur public sont syndiqués. Les grèves sont légales, tant dans le secteur public que dans le secteur privé. Les syndicats bénéficient du droit à la négociation collective. Le gouvernement consulte le St Lucia Teachers’ Union. SAINTE-LUCIE

278 BAROMÈTRE DE L’IE SUR LES DROITS HUMAINS ET SYNDICAUX DANS LE SECTEUR DE L’ÉDUCATION - 2004 SAINTE-LUCIE

Organisation membre de l’IE / Nombre de membres: St Lucia Teachers' Union [SLTU)] / 2.920 SAINTE-LUCIE

BAROMÈTRE DE L’IE SUR LES DROITS HUMAINS ET SYNDICAUX DANS LE SECTEUR DE L’ÉDUCATION - 2004 279 SALOMON (ILES) Population: 494.786

Population <15: 43,3% % du PNB afférent à l’enseignement: 3,6% Analphabétisme: Espérance de vie à la naissance: m: 69 - f: 74 Taux de scolarisation brut, pré-primaire: Espérance de scolarité (années): Taux de scolarisation brut, primaire: % d’élèves ayant atteint la 5ème année du primaire en 2000: Taux de scolarisation brut, secondaire: Nbre d’étudiants de l’enseignement supérieur par 100.000 habitants: Nbre d’élèves du primaire par enseignant: 24 % des dépenses du gouvernement afférentes à l’enseignement: 15,4%

Ratification des Conventions du BIT: 29 87 98 100 105 111 138 169 182

SYSTEME EDUCATIF: L’éducation n’est pas obligatoire. Selon certaines estimations, seuls 60% des enfants en âge de scolarité ont accès à l’enseignement primaire. 30% seulement des élèves qui terminent leurs études primaires sont en mesure de suivre un enseignement secondaire en raison du manque d’infrastructures. Les chefs de milices ont exploité des jeunes gens ayant quitté l’école et sans emploi qui étaient incapables de retourner à un style de vie villageois. Durant la crise ethnique, certaines écoles ont mis un terme à leurs activités. Le pidgin mélanésien est la lingua franca. L’anglais est la langue officielle bien qu’elle ne soit parlée que par 1 ou 2% de la population. Le pays compte un établissement pour enfants handicapés qui est presque entièrement soutenu par la Croix Rouge. Les handicapés mentaux sont pris en char- ge par la structure familiale. Le gouvernement ne prévoit en effet aucun établissement leur permettant de bénéficier d’un enseignement.

EGALITES DES SEXES: Le nombre de filles ayant accès à l’instruction à tous les niveaux est inférieur à celui des garçons. En dépit de protections constitutionnelles et légales, les femmes continuent de subir diverses formes de discri- mination au sein de cette société traditionnelle. Le taux de chômage est élevé. En 2002, l’Etat a accepté la Convention sur l’élimination de toutes les formes de discrimination à l’égard des femmes (CEDAW). La société est très traditionnel- le, dominée par les hommes, et les femmes sont limitées aux rôles traditionnels au sein de la famille, ce qui les empê- che de prendre une part active à la vie économique et politique. La majorité des femmes est analphabète et cette situa- tion est due, en grande partie, aux barrières culturelles.

LIBERTE ACADEMIQUE: Les Iles Salomon sont l’un des 12 pays co-détenteurs de l’Université du Pacifique Sud. Le Conseil de l’Université est l’autorité responsable de matières telles que l’enseignement et la recherche. (Voir également Fidji.)

TRAVAIL DES ENFANTS: Les milices ethniques utilisaient des enfants comme combattants. Lorsque elles ont été dissoutes, ces enfants soldats sont devenus marginaux en raison du taux élevé de chômage et ont eu tendance à former des gangs quasi criminels. Aucune assistance psychologique n’est prévue pour les enfants et les jeunes affectés par la vio- lence des conflits. Rien n’encourage vraiment le travail des enfants, dans la mesure où les salaires sont bas et le taux de chômage élevé.

DROITS SYNDICAUX: Les travailleurs ont le droit de former des syndicats et d’y adhérer ainsi que de négocier col- lectivement. La loi autorise le droit de grève. Le fait que le gouvernement ne paie pas régulièrement les enseignants a donné lieu à de nombreuses grèves. Depuis 1998, les tensions et les conflits ethniques de Guadalcanal, l’île la plus déve- loppée du point de vue économique, ont sérieusement perturbé l’activité économique du pays et ont engendré la perte de SALOMON (ILES)

280 BAROMÈTRE DE L’IE SUR LES DROITS HUMAINS ET SYNDICAUX DANS LE SECTEUR DE L’ÉDUCATION - 2004 SALOMON (ILES)

nombreuses opportunités d’emploi dans le secteur public. Le faible pourcentage de la main-d’oeuvre dans ce secteur signifie que les employeurs trouvent facilement des employés remplaçants durant les conflits.

Organisation membre de l’IE / Nombre de membres: Solomon Island National Teachers' Association [SINTA] / 2.000

En juillet 2003, l'Australie et la Nouvelle-Zélande ont répondu à l'appel lancé par les Iles Salomon en envoyant des troupes militaires et des forces de police afin de restaurer la loi et l'ordre. Durant les cinq années qui ont précédé, l'ensemble du pays avait été confronté à la violence ethnique, à la malfaisance du gouvernement et aux crimes endé- miques. L'archipel est une création coloniale artificielle britannique. Les îles ont acquis leur indépendance en 1978, mais de manière plus politique que responsable. Les diffé- rents groupes ethniques et linguistiques ne témoignent d'aucun engagement vis à vis de la notion de pays. Chaque groupe ethnique s'identifie tout d'abord à son clan et ensui- te à l'une des 27 îles. Les tensions entre les deux principaux groupes ethniques, les Malaitans et les Guadalcanalais, sont à l'origine de l'effondrement de l'Etat. L'île de Malaita est particulièrement pauvre et surpeuplée. Des dizaines de milliers de Malaitans ont donc émigré vers Guadalcanal au cours des cinquante dernières années. Depuis 1998, les deux groupes ethniques ont constitué leur propre milice armée sur l'île de Guadalcanal et sont responsables de rapts, de meurtres, d'actes de torture, de viols, de repeuple- ments forcés, de pillages, de destructions de maisons et d'écoles, de l'effondrement du gouvernement et de la société civile. L'anarchie la plus complète règne aujourd'hui sur le pays. SALOMON (ILES)

BAROMÈTRE DE L’IE SUR LES DROITS HUMAINS ET SYNDICAUX DANS LE SECTEUR DE L’ÉDUCATION - 2004 281 SAMOA Etat indépendant du Samoa • Population: 178.631

Population <15: 43,3% % du PNB afférent à l’enseignement: 3,6% Analphabétisme: Espérance de vie à la naissance: 71 Taux de scolarisation brut, pré-primaire: Espérance de scolarité (années): Taux de scolarisation brut, primaire: 97% % d’élèves ayant atteint la 5ème année du primaire en 2000: 83% Taux de scolarisation brut, secondaire: Nbre d’étudiants de l’enseignement supérieur par 100.000 habitants: 1.874 Nbre d’élèves du primaire par enseignant: % des dépenses du gouvernement afférentes à l’enseignement: 13,3%

Le Samoa n'est pas membre de l'OIT. Jusqu'en 1997, Samoa se nommait Samoa occidentales.

SYSTEME EDUCATIF: Bien que la Constitution n’en fasse pas mention, Samoa tire son engagement en matière d’éducation de base pour tous ses enfants de son adhésion à la Convention des Nations Unies relative aux droits de l’en- fant. L’éducation est assurée par le gouvernement et par des écoles confessionnelles. Gratuite et obligatoire entre 6 et 16 ans, elle est dispensée dans toutes les écoles en samoan et en anglais, mais l’alphabétisation au cours des premières années du primaire se fait en samoan. La politique samoane pour l’éducation et les documents de stratégie pour la pério- de 1995-2005 mettent spécialement l’accent sur les émissions de radio et sur l’utilisation accrue de la vidéo et de la télé- vision à des fins pédagogiques et en tant que moyen supplémentaire et peu coûteux pour améliorer l’instruction pri- maire. La plupart des enseignants sont qualifiés. Le problème vient du manque de personnel et certaines écoles de la seule ville du pays, Apia, sont surpeuplées. L’université nationale du Samoa comprend une faculté d’éducation qui, afin d’a- méliorer et de réformer la formation des enseignants du pays, a remplacé l’établissement de formation des enseignants. L’école d’agriculture du Samoa fait partie de l’Université du Pacifique Sud. Les discriminations fondées sur la race, le sexe, le handicap, la langue ou le statut social sont interdites par la Constitution. Il n’existe pas de loi concernant le sta- tut des personnes handicapées ou leur accès aux services publics, notamment éducatifs.

EGALITES DES SEXES: Filles et garçons sont traités avec égalité et suivent un enseignement primaire dans des proportions à peu près équivalentes. Les jeunes filles ont plus de chances de terminer leur éducation secondaire et il exis- te une égalité des sexes dans l’enseignement supérieur. Les femmes représentent 74% des enseignants du primaire.

LIBERTE ACADEMIQUE: La Constitution prévoit la liberté d’expression, et la liberté académique est générale- ment respectée. Samoa est un des 12 pays gérant l’Université du Pacifique sud et l’Etat reconnaît l’indépendance de cette institution. (Voir aussi Fidji)

TRAVAIL DES ENFANTS: Il est illégal d’embaucher des enfants de moins de 15 ans, sauf pour ‘des travaux sûrs et légers’. Les plaintes relatives à des cas de travail illégal des enfants sont transmises au procureur général. Il est cou- rant de voir des enfants vendre des marchandises ou de la nourriture dans les rues d’Apia. Les responsables locaux tolè- rent généralement cette entorse à la Loi sur le travail. La loi ne s’applique pas aux services rendus aux ‘matai’ (chefs de famille), dont certains exigent des enfants qu’ils travaillent pour le village, en particulier dans les exploitations agrico- les.

DROITS SYNDICAUX: La Public Service Association (PSA) représente les fonctionnaires, une branche importan- te de la main d’œuvre formelle. Le PSA fonctionne comme un syndicat. Tous les travailleurs jouissent du droit légal de mener des négociations collectives, mais l’exercent rarement. Cependant, le PSA négocie collectivement au nom des SAMOA

282 BAROMÈTRE DE L’IE SUR LES DROITS HUMAINS ET SYNDICAUX DANS LE SECTEUR DE L’ÉDUCATION - 2004 SAMOA

fonctionnaires, notamment sur la question des salaires. Conformément à la loi, les travailleurs jouissent du droit de grève.

Organisation membre de l’IE / Nombre de membres: Samoa Teachers' Association [STA] / 900 SAMOA

BAROMÈTRE DE L’IE SUR LES DROITS HUMAINS ET SYNDICAUX DANS LE SECTEUR DE L’ÉDUCATION - 2004 283 SAO TOMÉ-ET-PRINCIPE République de Sao Tomé-et-Principe • Population: 137.500

Population <15: 41,2% % du PNB afférent à l’enseignement: Analphabétisme: Espérance de vie à la naissance: m: 66 - f: 72 Taux de scolarisation brut, pré-primaire: Espérance de scolarité (années): Taux de scolarisation brut, primaire: % d’élèves ayant atteint la 5ème année du primaire en 2000: Taux de scolarisation brut, secondaire: Nbre d’étudiants de l’enseignement supérieur par 100.000 habitants: 181 Nbre d’élèves du primaire par enseignant: % des dépenses du gouvernement afférentes à l’enseignement:

Ratification des Conventions du BIT: 29 87 98 100 105 111 138 169 182

SYSTEME EDUCATIF: Lorsque São Tomé et Príncipe ont gagné leur indépendance vis-à-vis du Portugal en 1975, 20% seulement de la population pouvait écrire et lire et l’éducation était réservée à l’élite intellectuelle du pays. Les dif- férents gouvernements mis sur pied après l’indépendance ont fait de l’éducation, des investissements dans de nouvelles écoles et du lancement d’une campagne d’alphabétisation des adultes des priorités absolues. À l’heure actuelle, on peut considérer que près de 62% des femmes et 85% des hommes savent lire et écrire. Ces dernières années, le secteur de l’é- ducation a toutefois été confronté à de nombreux problèmes, à savoir un manque flagrant de salles de cours, les locaux existants accueillent jusqu’à 70 élèves, un corps enseignant mal formé et mal payé, ainsi qu’un manque de livres sco- laires et de matériel d’apprentissage. Les programmes d’alphabétisation des adultes ont également été abandonnés et le nombre de bourses étrangères disponibles a été réduit. Le gouvernement actuel semble dépendant de programmes finan- cés par des donateurs pour améliorer les conditions d’enseignement, y compris l’achat de fournitures scolaires. L’instruction est gratuite et obligatoire jusqu’à la 6e année ou jusqu’à l’âge de 14 ans, suivant quel événement survient le premier. L’enseignement secondaire, de la 7e à la 9e année, n’est pas gratuit. La loi n’impose pas la mise à disposition de services d’accès pour les personnes handicapées.

EGALITES DES SEXES: La Constitution prévoit l’égalité des droits politiques, économiques et sociaux entre hom- mes et femmes. De nombreuses femmes bénéficient d’opportunités dans le domaine de l’éducation, des affaires et du gouvernement, mais en réalité les femmes sont encore confrontées à diverses formes de discrimination sociale. Aucune différence n’est établie entre le traitement réservé aux filles et aux garçons dans le domaine de l’éducation. Toutefois, les croyances traditionnelles relatives à la répartition du travail entre les hommes et les femmes confient à ces dernières la majeure partie du travail pénible dans le domaine de l’agriculture, en plus de la responsabilité d’élever les enfants. En outre, les femmes bénéficient de moins d’opportunités éducatives et d’un accès réduit aux professions. En dépit des pro- blèmes sociaux, les femmes sont en vue dans le monde des affaires et au sein du gouvernement. Par exemple, en 2002, le Premier ministre et le Président de la Cour suprême, composée de trois membres, étaient des femmes. 64% des ensei- gnants des écoles primaires sont des femmes.

LIBERTE ACADEMIQUE: Aucun rapport ne mentionne de restriction gouvernementale à la liberté académique au Liceu de São Tomé City, qui dispense un enseignement de niveau pré-universitaire. La République ne compte pas d’u- niversité.

TRAVAIL DES ENFANTS: L’âge minimum d’embauche est fixé à 14 ans ou à 18 ans pour les emplois dangereux nécessitant un travail manuel intensif. La loi interdit aux mineurs de travailler plus de 7 heures par jour et plus de 35 heures par semaine. Bien qu’aucun cas d’abus dans le domaine du travail des enfants n’ait été poursuivi, la loi stipule SAO TOMÉ-ET-PRINCIPE

284 BAROMÈTRE DE L’IE SUR LES DROITS HUMAINS ET SYNDICAUX DANS LE SECTEUR DE L’ÉDUCATION - 2004 SAO TOMÉ-ET-PRINCIPE

que les employeurs peuvent se voir infliger des amendes pour avoir embauché des travailleurs mineurs. Des enfants, par- fois très jeunes, travaillent bel et bien dans le domaine de l’agriculture, des plantations et du commerce non officiel. Le travail forcé et obligatoire des enfants est interdit et ne survient jamais. Le gouvernement n’a ratifié aucune des conven- tions fondamentales de l’OIT sur le travail des enfants.

DROITS SYNDICAUX: La Constitution prévoit la liberté d’association, le droit de grève et le droit d’organiser des négociations collectives. La main d’oeuvre limitée du secteur public constitue la grande majorité des salariés et est syn- diquée. En tant que premier employeur du pays, le gouvernement est le déterminant-clé de tous les problèmes d’emploi, y compris les salaires.

Organisation membre de l’IE / Nombre de membres: Sindicato dos Professores e Educadores de São Tomé e Príncipe [SINPRESTEP] / 949

NOTE EN BAS DE PAGE 1 : Les précédentes estimations situaient la population entre 155.000 et 170.000. Le chiffre actuel est conforme au recensement de 2002.

NOTE EN BAS DE PAGE 2 : Príncipe, où vit près de 5% de la population, jouit d'une autonomie depuis 1995.

NOTE EN BAS DE PAGE 3 : L'espace d'une semaine, en juillet 2003, le pays a été confronté à un coup d'Etat, suite auquel le président a été exclu du pays. Le coup d'Etat a été instigué par des membres mécontents des forces armées. Certains commentateurs ont suggéré que le fait que le coup d'Etat soit survenu après la découverte de réserves exploitables de pétrole à proximité du littoral n'était pas un hasard. SAO TOMÉ-ET-PRINCIPE

BAROMÈTRE DE L’IE SUR LES DROITS HUMAINS ET SYNDICAUX DANS LE SECTEUR DE L’ÉDUCATION - 2004 285 SENEGAL République du Sénégal • Population: 10.589.571

Population <15: 43,8% % du PNB afférent à l’enseignement: 3,2% Analphabétisme: m: 48,9 - f: 71,1% Espérance de vie à la naissance: m: 50 - f: 54,5 Taux de scolarisation brut, pré-primaire: 3% Espérance de scolarité (années): Taux de scolarisation brut, primaire: 63% % d’élèves ayant atteint la 5ème année du primaire en 2000: 72% Taux de scolarisation brut, secondaire: m: 23,7 - f: 15,3% Nbre d’étudiants de l’enseignement supérieur par 100.000 habitants: 20.303 Nbre d’élèves du primaire par enseignant: 51 % des dépenses du gouvernement afférentes à l’enseignement:

Ratification des Conventions du BIT: 29 87 98 100 105 111 138 169 182

SYSTEME EDUCATIF: Le Sénégal est confronté à d’importants problèmes urbains. Le chômage chronique est source de grande inquiétude et, avec 40% des jeunes citadins sans emploi ou sans aucune perspective d’emploi, la délin- quance juvénile et la dépendance à la drogue sont endémiques. L’éducation au Sénégal est en théorie obligatoire pour tous les enfants âgés de 6 à 12 ans. L’exigence légale n’est toutefois pas respectée en raison du manque d’écoles et d’en- seignants. Comme le révélait les éditions précédentes du Baromètre de l’IE, le gouvernement continue avec ses moyens limités d’accroître le nombre de salles de cours et d’encourager les enfants, particulièrement les filles, à fréquenter l’é- cole et à y rester. Près de 70% des jeunes en âge scolaire étaient scolarisés en 2002-2003. Selon le Rapport mondial de l’Education Pour Tous (EPT), seuls 24% des enseignants du niveau primaire étaient de sexe féminin.

EGALITES DES SEXES: D’un point de vue constitutionnel, les femmes sont placées sur un même pied d’égalité que les hommes, mais la discrimination sociale à laquelle elles sont confrontées se fait sentir un peu partout. D’un point de vue légal, les hommes sont considérés comme chefs de famille. Il en résulte que les femmes paient davantage d’im- pôts pour un salaire identique. Les employeurs paient les allocations familiales aux hommes et non aux femmes. En 2002, le taux d’alphabétisme des femmes adultes ne s’élevait qu’à 23%. Les femmes issues des zones urbaines sont confrontées à moins de discrimination que les femmes des zones rurales ; elles sont généralement mieux instruites et sont actives en politique, dans le monde des affaires et exercent des professions juridiques. Le gouvernement s’est enga- gé à offrir l’égalité d’accès à l’enseignement primaire aux filles et aux garçons. 67% des filles issues du groupe d’âge éli- gible étaient inscrites dans l’enseignement primaire durant l’année académique 2002-2003, ce pourcentage n’étant infé- rieur que de 8% à celui des garçons. Les mutilations génitales féminines (MGF) sont considérées comme un crime et de nombreux praticiens ont été inculpés. Le gouvernement soutient des programmes financés par l’Organisation mondia- le de la santé (OMS) et destinés à l’éducation des femmes face aux dangers de cette pratique.

LIBERTE ACADEMIQUE: Les syndicats d’enseignants poursuivent leurs efforts afin de modifier la loi relative à l’indépendance des universités, car elle autorise l’intervention des autorités étatiques sur les campus dans certaines cir- constances. Les réunions d’étudiants sont interdites sur le campus des universités de Dakar et de St-Louis, soi-disant afin d’empêcher les groupes d’étudiants militants de perturber les cours. L’interdiction ne s’applique pas aux cités universi- taires.

TRAVAIL DES ENFANTS: Le gouvernement a inscrit l’interdiction du travail des enfants sous toutes ses formes dans la Constitution. De nombreux enfants doivent pourtant travailler dans les exploitations agricoles au lieu de fré- quenter l’école. En vertu de la loi, l’âge minimum d’embauche est de 16 ans pour les stages d’apprentissage et de 18 ans pour tous les autres types de travail. Toutefois, les enfants âgés de moins de 16 ans travaillent fréquemment dans les sec- SENEGAL

286 BAROMÈTRE DE L’IE SUR LES DROITS HUMAINS ET SYNDICAUX DANS LE SECTEUR DE L’ÉDUCATION - 2004 SENEGAL

teurs traditionnels ou informels de l’économie où le gouvernement n’applique pas la loi sur l’âge minimum d’embau- che et d’autres règlements du travail. La mendicité organisée d’enfants qui sont des élèves coraniques engendre une interruption souvent définitive de leur instruction. Un programme OIT/IPEC de trois ans visant à lutter contre le travail des enfants et entré en vigueur en 1998 a été prolongé de deux ans.

DROITS SYNDICAUX: La Constitution et le Code du travail garantissent à tous les travailleurs la liberté syndica- le; ils sont libres de former des syndicats et d’y adhérer. Toutefois, la légalité d’un syndicat est déterminée par le minist- re de l’Intérieur. L’OIT a critiqué la législation autorisant le gouvernement à dissoudre un syndicat si ce dernier ne respec- te pas sa charte. Les syndicats du secteur public doivent avertir le gouvernement de leur intention de se mettre en grève un mois à l’avance, au minimum. La loi accorde également aux syndicats le droit de s’organiser et de mener des négo- ciations collectives. L’infime composante industrielle de la main-d’oeuvre est presque totalement syndiquée.

Organisation membre de l’IE / Nombre de membres: Syndicat National de l'Enseignement Elémentaire [SNEEL] / 6.300 Syndicat des Professeurs du Sénégal [SYPROS] / 1.534 Syndicat Unique et Démocratique des Enseignants du Sénégal [SUDES] / 10.000 Union Démocratique des Enseignants du Sénégal [UDEN] / 8.000 SENEGAL

BAROMÈTRE DE L’IE SUR LES DROITS HUMAINS ET SYNDICAUX DANS LE SECTEUR DE L’ÉDUCATION - 2004 287 SERBIE Communauté d’Etats Serbie-et-Monténégro • Population: 9.979.752

Population <15: 20% % du PNB afférent à l’enseignement: Analphabétisme: Espérance de vie à la naissance: m: 73 - f: 76 Taux de scolarisation brut, pré-primaire: 31% Espérance de scolarité (années): Taux de scolarisation brut, primaire: % d’élèves ayant atteint la 5ème année du primaire en 2000: Taux de scolarisation brut, secondaire: 62% Nbre d’étudiants de l’enseignement supérieur par 100.000 habitants: 208.689 Nbre d’élèves du primaire par enseignant: % des dépenses du gouvernement afférentes à l’enseignement:

Ratification des Conventions du BIT: 29 87 98 100 105 111 138 169 182

SYSTEME EDUCATIF: L’enseignement primaire est gratuit et obligatoire pour une durée de huit ans. Le gouver- nement s’est efforcé de satisfaire aux besoins d’ordre sanitaire et scolaire des enfants, mais la situation économique du pays a eu des répercussions néfastes sur les enfants, affectant à la fois le système éducatif et les soins de santé. La Serbie abrite un grand nombre de communautés minoritaires d’ethnies différentes. La province de Voïvodine compte par exem- ple pas moins de 26 groupes ethniques. Si les Serbes représentent de loin la communauté la plus importante avec ses deux millions de citoyens, on recense des minorités non négligeables de Hongrois, Slovaques, Monténégrins, Roumains, Rom et Bunjevcis. Outre la langue serbe, le Statut de Voïvodine reconnaît l’usage officiel de quatre autres langues. Dans cette province, les 539 écoles primaires, 110 écoles secondaires et l’Université de Novi Sad, dispensent des cours tant dans les langues minoritaires reconnues qu’en serbe. La Constitution de la République de Serbie garantit également aux minorités reconnues le droit de suivre un enseignement dans leur langue maternelle. Cette situation s’avère complexe. Si le serbe officiel recourt à l’alphabet cyrillique, l’alphabet latin reste utilisé, particulièrement par des groupes minori- taires. Les minorités, notamment les 300.000 importantes communautés hongroises, se plaignent que leurs demandes concernant des programmes séparés n’ont pas été prises en compte. Les enfants rom rencontrent des difficultés particu- lières. Ils ne fréquentent que rarement les établissements d’éducation de la petite enfance et certains d’entre eux ne sui- vent pas non plus l’enseignement primaire. Ceci est dû à des raisons familiales, au préjudice sociétal ou parce qu’ils sont considérés comme n’ayant pas les qualités requises. Vu leur absence de l’école primaire, nombreux sont les enfants rom qui n’ont pu apprendre le serbe. Par ailleurs, le romani ne fait pas partie des langues d’instruction. Certains de ces enfants ont été placés par erreur dans des écoles réservées aux enfants souffrant de problèmes émotionnels. En effet, leur langue et normes culturelles ne leur ont pas permis de réussir les tests standards en serbe. En février 2002, la Loi fédéra- le sur les minorités a reconnu les Rom de Serbie comme une minorité nationale, bannissant de manière explicite toute discrimination et incitant le gouvernement à prendre des mesures en vue d’améliorer leur condition. Le Haut Commissariat des Nations Unies pour les réfugiés (HCR) soutenu par le gouvernement serbe, a lancé des programmes d’éducation à la santé destinés aux Rom, ainsi que des programmes préscolaires et de rattrapage pour les enfants de cette ethnie. Depuis l’effondrement du précédent régime, les donateurs internationaux ont accompagné la Serbie dans son projet de réparation et de reconstruction des écoles et d’autres infrastructures éducatives qui avaient été détruites ou endommagées par les bombardements aériens. En consultation avec les syndicats d’enseignants, la République a com- mencé à introduire de profondes réformes dans ses programmes éducatifs, tant au niveau primaire que secondaire. En septembre 2003, le Bureau de statistiques serbe annonçait que 3,45% de la population serbe âgée de plus de 10 ans était analphabète. Le groupe le plus touché par ce fléau était les Rom (19,6%). Selon le HCR, en février 2002, on recensait 200.000 personnes déplacées du Kosovo en Serbie et 30.000 au Monténégro. SERBIE

288 BAROMÈTRE DE L’IE SUR LES DROITS HUMAINS ET SYNDICAUX DANS LE SECTEUR DE L’ÉDUCATION - 2004 SERBIE

EGALITES DES SEXES: Garçons et filles bénéficient de la même égalité d’accès à l’éducation. Les jeunes filles représentent 52% des étudiants inscrits dans l’enseignement supérieur. Malgré ce chiffre, les femmes ne jouissent pas du même statut social que les hommes et peu d’entre elles parviennent à occuper un poste à haute responsabilité au sein du gouvernement ou dans le secteur du commerce. Les femmes ont légalement droit au même salaire pour un travail de valeur égale. Cependant, selon la Fédération internationale d’Helsinki pour les droits de l’homme, le salaire moyen des femmes était inférieur de 11% à celui des hommes. Les femmes peuvent disposer d’un congé de maternité d’un an, prorogeable de 6 mois si nécessaire. Dans les zones urbaines, les femmes sont largement représentées dans de nombreu- ses professions et sont également actives au sein d’organisations politiques ou de défense des droits humains.

LIBERTE ACADEMIQUE: Aucun rapport ne mentionne une restriction de la liberté académique de la part du gouvernement soit fédéral, soit de la République. En avril 2002, le parlement serbe a voté une nouvelle loi destinée à pro- téger les universités de toute intervention politique. En vertu de la loi, le corps académique sélectionne les recteurs d’u- niversité et les doyens de faculté sans l’intervention du ministre de l’Education.

TRAVAIL DES ENFANTS: L’âge minimum d’embauche est fixé à 16 ans, bien que dans les villages et commu- nautés agricoles, il ne soit pas rare de voir des enfants plus jeunes participer aux travaux pour aider leur famille. Dans les centres urbains, on retrouve surtout des enfants exerçant une multitude de petits boulots non officiels, du type net- toyage des vitres de voiture ou vente de petits articles comme des cigarettes. La Serbie est un point de départ, de transit et de destination pour le trafic de jeunes filles à des fins de prostitution forcée. Le droit serbe interdit explicitement les tra- fics, toutefois il existe peu d’informations concernant son application.

DROITS SYNDICAUX: Un droit du travail approuvé par l’OIT est entré en vigueur en décembre 2001 qui garan- tit le droit d’association. La négociation collective est peu développée. Il existe un droit de grève, mais en Serbie, ce droit n’est pas octroyé aux employés des entreprises de services essentiels, telle l’éducation. L’intention d’entamer une grève doit être annoncée au moins 15 jours à l’avance et doit être assortie de la garantie d’un « niveau d’activité minimum». Le principe de la liberté d’association s’est traduit par la naissance d’une série de fédérations de travailleurs. En raison de la situation économique précaire, un tiers des travailleurs syndiqués, soit 600 000 personnes, ont été placés en congé obligatoire à long terme par leur société dans l’attente d’une reprise de l’économie. L’approche particulièrement décou- sue des syndicats indépendants n’a pas permis de grands progrès en terme d’augmentation des salaires et d’amélioration des conditions de travail.

Organisation membre de l’IE / Nombre de membres: Teachers' Union of Serbia [TUS] / 75.000 Nezavisnost Teachers' Trade Union [NTTU] / 20.000

Les statistiques pour la Serbie comprennent le Montenegro et le Kosovo. La République fédérale de Yougoslavie (RFY) a adhéré aux Nations Unies le 1er novembre 2000. Suite à l'adoption et à la promulgation le 4 février 2003 par l'Assemblée de SERBIE la RFY de la Charte constitutionnelle de Serbie-et-Monténégro, l'Etat a adopté la dénomination Serbie-et-Monténégro. La Serbie-et-Monténégro intègre la région semi-autonome de Voïvodine et, au sein de ses frontières physiques, le territoire du Kosovo.

Etant donné les différences de législation en matière d'éducation et de normes du travail en Serbie, au Monténégro et au Kosovo, ces trois régions sont présentées de maniè- re individuelle. Chacune dispose de son propre parlement. Si leurs systèmes éducatifs partagent des caractéristiques communes, ils se distinguent toutefois quant à leur orga- nisation et se développent de manière indépendante sous la houlette de leur ministère respectif.

BAROMÈTRE DE L’IE SUR LES DROITS HUMAINS ET SYNDICAUX DANS LE SECTEUR DE L’ÉDUCATION - 2004 289 SIERRA LEONE République de Sierra Leone • Population: 5.614.743

Population <15: 44% % du PNB afférent à l’enseignement: 1% Analphabétisme: Espérance de vie à la naissance: m: 43 - f: 49 Taux de scolarisation brut, pré-primaire: Espérance de scolarité (années): Taux de scolarisation brut, primaire: % d’élèves ayant atteint la 5ème année du primaire en 2000: Taux de scolarisation brut, secondaire: Nbre d’étudiants de l’enseignement supérieur par 100.000 habitants: 8.795 Nbre d’élèves du primaire par enseignant: % des dépenses du gouvernement afférentes à l’enseignement:

Ratification des Conventions du BIT: 29 87 98 100 105 111 138 169 182

SYSTEME EDUCATIF: Le 18 janvier 2002, la guerre civile dévastatrice qui avait duré 11 ans a pris fin lorsque le gouvernement a repris le contrôle de l’ensemble du pays. Le conflit a coûté des dizaines de milliers de vies et a déplacé plus d’un tiers de la population. Les enfants ont souffert physiquement et psychiquement pendant la guerre et plus d’une génération d’enfants a été privée de son droit à une éducation. Le gouvernement s’est engagé à répondre aux besoins indispensables des enfants et des jeunes du pays qui ne possèdent pas les qualifications de base, mais le gouvernement ne dispose pas des moyens nécessaires pour honorer cet engagement de manière adéquate. La loi exige que les enfants aillent à l’école primaire mais la plupart des écoles ont été pillées et détruites pendant la période d’insurrection. Bien que l’enseignement primaire soit obligatoire, la plupart des coûts sont pris en charge par les parents et tuteurs par le biais de frais d’écolage formels et informels. De nombreuses familles ne peuvent supporter de tels coûts. Il y a également une très sérieuse pénurie d’enseignants, spécialement d’enseignants formés. En 2002, on estimait qu’en plus des 250 000 per- sonnes déplacées à l’intérieur du pays, 135 000 réfugiés dans les Etats voisins attendaient d’être réinstallés. L’Université du pays à Freetown, qui n’est pas encore complètement remise en état, était fonctionnelle en 2003. Le gouvernement a reconnu l’éducation comme étant cruciale pour la restauration de la cohésion sociale. Une nouvelle loi sur l’éducation accorde une liberté considérable aux autorités locales de sorte que les communautés ont plus à dire en ce qui concerne l’éducation de leurs enfants. Et en reconnaissant que l’analphabétisme contribue à l’effondrement de la société, le gou- vernement a mis l’accent sur des systèmes d’alphabétisation pour adultes. Les réformes des programmes scolaires trai- tent des questions relatives à la paix et à la citoyenneté, ainsi qu’une éducation sur le VIH/SIDA.

EGALITES DES SEXES: Les filles n’ont pas et n’avaient pas dans le passé le même accès à l’éducation que les gar- çons. Près de la moitié de la population masculine adulte est alphabétisée ou semi-alphabétisée, contre 20% des femmes adultes. Les hommes prédominent à l’université avec un taux de 4 contre une. De nombreuses ONG œuvrent à l’éradi- cation des mutilations génitales féminines (FGM) qui sont largement pratiquées. La prostitution est très étendue. De nombreuses femmes et filles, particulièrement celles ne disposant que de peu de ressources ou qui ont été déplacées, se sont tournées vers la prostitution pour survivre elles-mêmes et leurs enfants.

LIBERTE ACADEMIQUE: Le gouvernement n’impose pas de restriction à la liberté académique.

TRAVAIL DES ENFANTS: L’âge minimum d’embauche est de 18 ans mais les enfants âgés de 12 à 17 ans peu- vent effectuer certaines tâches non dangereuses avec l’accord parental. Il est courant que les enfants aident leurs parents dans l’entreprise familiale, en particulier chez les vendeurs et les petits commerçants. Dans les zones rurales, les enfants travaillent pendant la saison dans la ferme familiale de subsistance. Peu d’enfants sont engagés dans le secteur indus- triel. Certains rapports indiquent que de jeunes enfants auraient été embauchés par des employeurs étrangers pour tra- SIERRA LEONE

290 BAROMÈTRE DE L’IE SUR LES DROITS HUMAINS ET SYNDICAUX DANS LE SECTEUR DE L’ÉDUCATION - 2004 SIERRA LEONE

vailler comme domestiques dans d’autres pays pour de très faibles salaires et dans des conditions déplorables. Au cœur de la guerre civile, les enfants se sont battus aux côtés du gouvernement et, quand ils y étaient forcés, pour les diverses factions rebelles. Les enfants soldats combattant pour les rebelles n’étaient ni formés, ni disciplinés, ni supervisés et n’a- vaient parfois que huit ans. Ils ont commis de nombreuses atrocités. La réunification des anciens enfants soldats avec leur famille a demandé des programmes de réhabilitation formels et informels. Dans la mesure de ses moyens limités, le gouvernement leur a apporté assistance, notamment par une aide post-traumatique dans les écoles et par des pro- grammes d’éducation pour adultes. Les filles représentaient 8% des enfants soldats démobilisés et 30% des enfants sépa- rés non-combattant réunifiés. Selon les rapports de surveillance des droits humains, 50% des enfants enlevés pendant la guerre étaient des filles et les rebelles ont relâché un nombre disproportionné de garçons, ce qui fait craindre que de nom- breuses filles sont encore détenues comme esclaves sexuelles.

DROITS SYNDICAUX: La Constitution garantit à tous les travailleurs, y compris les fonctionnaires, la liberté d’as- sociation, le droit de former des syndicats et de négocier collectivement. Les travailleurs sont autorisés à faire grève. De nombreuses actions de grève importantes ont été entreprises dans le secteur public au cours de l’année 2002. Ce sont sur- tout les enseignants et les médecins qui ont entamé des actions de grève sous forme d’arrêts de travail et d’arrêts pour cause de maladie, en raison du bas niveau des salaires et des arriérés salariaux. L’organisation affiliée à l’IE, le SLTU, qui collabore avec la Confédération des syndicats de la Sierra Leone, a joué un rôle majeur dans l’organisation de la société civile depuis la fin des hostilités.

Organisation membre de l’IE / Nombre de membres: Sierra Leone Teachers' Union [SLTU] / 18.543 SIERRA LEONE

BAROMÈTRE DE L’IE SUR LES DROITS HUMAINS ET SYNDICAUX DANS LE SECTEUR DE L’ÉDUCATION - 2004 291 SINGAPOUR République de Singapour • Population: 4.452.732

Population <15: 21,5% % du PNB afférent à l’enseignement: 3,7% Analphabétisme: 7,5% Espérance de vie à la naissance: m: 77 - f: 83 Taux de scolarisation brut, pré-primaire: Espérance de scolarité (années): Taux de scolarisation brut, primaire: % d’élèves ayant atteint la 5ème année du primaire en 2000: Taux de scolarisation brut, secondaire: 74% Nbre d’étudiants de l’enseignement supérieur par 100.000 habitants: Nbre d’élèves du primaire par enseignant: 25 % des dépenses du gouvernement afférentes à l’enseignement: 23,6%

Ratification des Conventions du BIT: 29 87 98 100 105 111 138 169 182

SYSTEME EDUCATIF: La seconde édition du Baromètre de l’IE a révélé que près de 100% des enfants de Singapour étaient scolarisés au minimum jusqu’à la 6e année, bien que la fréquentation scolaire ne soit pas obligatoire. Depuis 2003, au minimum six ans d’études sont obligatoires. Le groupe ethnique malais, qui représente près de 15% de la popu- lation, est constitutionnellement reconnu comme un peuple autochtone. Le gouvernement encourage les étudiants mal- ais à poursuivre leurs études au niveau universitaire. Des organisations subventionnées par l’Etat prennent en charge de façon optimale les enfants orphelins, victimes d’abus divers ou à problèmes. Un système de tribunal de la jeunesse s’oc- cupe du sort des jeunes délinquants. Les enfants ayant des besoins spéciaux, y compris les enfants handicapés, sont encouragés à revendiquer l’ensemble des avantages offerts par le système éducatif jusqu’à l’université. Les parents et per- sonnes en charge de ces enfants peuvent se voir offrir une récompense de l’État. L’Université nationale de Singapour a été fondée en 1980 grâce à la fusion entre l’Université de Singapour et l’Université de Nanyang. La République compte de nombreuses autres institutions d’enseignement supérieur.

EGALITES DES SEXES: Les femmes adultes sont davantage susceptibles d’être fonctionnellement analphabètes que les hommes, mais l’écart se réduit. Les femmes jouissent des mêmes droits que les hommes en matière d’éducation. Singapour est l’un des rares pays au monde où la violence domestique n’est pas considérée comme un problème majeur. D’un point de vue constitutionnel, tous les Singapouriens sont égaux devant la loi et ont droit à la même protection. Aucune disposition explicite ne prévoit de droits identiques pour les femmes et les minorités ethniques. Le gouvernement a pris des mesures afin d’assurer la non-discrimination raciale, ethnique, religieuse et culturelle. Les avantages et servi- ces sociaux, économiques et culturels sont accessibles à tous les citoyens indépendamment de la race, de la religion et du sexe.

LIBERTE ACADEMIQUE: Toutes les institutions publiques d’enseignement supérieur sont liées au gouvernement mais la liberté académique semble être tolérée. Les membres des facultés universitaires publient à grande échelle et les débats animés sur des questions sociales et politiques non partisanes sont encouragés. Toutefois, la discrétion et l’auto- censure sur des problèmes sensibles prévalent et les universitaires locaux connaissent parfaitement le point de vue du gouvernement.

TRAVAIL DES ENFANTS: Les restrictions à l’embauche d’enfants âgés de 12 à16 ans sont rigoureusement appli- quées. Les employeurs doivent avertir le ministère du Travail et fournir un certificat médical lorsqu’ils embauchent un enfant âgé de 14 à 16 ans. Les enfants de moins de 14 ans ne peuvent travailler dans une entreprise industrielle, mais un enfant de 12 ans ou plus peut accomplir un travail léger. Les mineurs ne peuvent servir sur un navire commercial, tra- SINGAPOUR

292 BAROMÈTRE DE L’IE SUR LES DROITS HUMAINS ET SYNDICAUX DANS LE SECTEUR DE L’ÉDUCATION - 2004 SINGAPOUR

vailler sur une machine en mouvement ou avec des appareils électriques mal isolés, ou encore travailler en sous-sol. Le ministère du Travail applique efficacement ces lois et règlements. Le trafic des enfants est punissable de sévères amen- des.

DROITS SYNDICAUX: Le Rapport 2003 de la Confédération internationale des syndicats libres (CISL) révèle que bien que les amendements législatifs aux droits des travailleurs soient positifs, de nombreuses restrictions obsolètes demeurent dans les textes de loi. La CISL a également indiqué que les travailleurs du secteur public n’ont toujours pas le droit légal de former un syndicat et d’y adhérer. En pratique, le Président, ayant recours à ses pouvoirs discrétionnai- res, a autorisé ces dernières années des dérogations à tel point que tous les employés, sauf ceux de la haute fonction publique, sont aujourd’hui autorisés à s’organiser. Aucune action de grève n’a eu lieu à Singapour depuis 1986.

Organisation membre de l’IE / Nombre de membres: Singapore Chinese Teachers' Union [SCTU] / 1.000 Singapore Tamil Teachers' Union [STTU] / 365 Singapore Teachers' Union [STU] / 7.050 Union of Institute of Technical Education Training Staff [UITETS] / 1.300 SINGAPOUR

BAROMÈTRE DE L’IE SUR LES DROITS HUMAINS ET SYNDICAUX DANS LE SECTEUR DE L’ÉDUCATION - 2004 293 SLOVAQUIE République slovaque • Population: 5.422.366

Population <15: 19% % du PNB afférent à l’enseignement: 4,2% Analphabétisme: Espérance de vie à la naissance: m: 70 - f: 77 Taux de scolarisation brut, pré-primaire: 76% Espérance de scolarité (années): Taux de scolarisation brut, primaire: 89% % d’élèves ayant atteint la 5ème année du primaire en 2000: Taux de scolarisation brut, secondaire: m: 92 - f: 96% Nbre d’étudiants de l’enseignement supérieur par 100.000 habitants: 143.909 Nbre d’élèves du primaire par enseignant: % des dépenses du gouvernement afférentes à l’enseignement: 13,8%

Ratification des Conventions du BIT: 29 87 98 100 105 111 138 169 182

SYSTEME EDUCATIF: L’éducation obligatoire, gratuite dans les écoles publiques, débute habituellement dès l’âge de six ans et se poursuit jusqu’à la fin de l’année scolaire au cours de laquelle l’élève atteint l’âge de 16 ans. Les statis- tiques 2001-02 révèlent que 82% des enfants âgés de cinq ans étaient inscrits à un programme pour la petite enfance. Quelque 602.360 enfants étaient scolarisés dans l’enseignement primaire en 2002-2003. Après avoir terminé leurs études primaires, les élèves peuvent choisir entre les lycées (gymnasien), les écoles spécialisées (y compris les conservatoires) ou les établissements d’enseignement technique ou professionnel. En 2002-03, le nombre total des inscriptions s’élevait à 320.000. La communauté ethnique la plus importante est hongroise et représente près de 9,8% de la population. La Constitution prévoit pour les Hongrois et les autres peuples minoritaires de pouvoir développer leur propre culture et rece- voir des informations et un enseignement dans leur langue maternelle. La création d’une université hongroise est l’une des priorités du gouvernement actuel. La population rom est officiellement estimée à 90.000 personnes, mais d’autres estimations indiquent un chiffre avoisinant les 500.000. La Slovaquie témoigne d’une certaine indifférence vis-à-vis du traitement réservé aux enfants rom. D’un point de vue historique, les exigences en matière d’éducation obligatoire n’ont jamais été strictement mises en oeuvre pour les enfants rom qui sont souvent placés dans des écoles spécialisées pour enfants souffrant d’un handicap intellectuel. Une des raisons de cette ségrégation est que les Rom ont tendance à ne savoir ni lire ni écrire le slovaque. Depuis 1999, compte tenu de son désir d’adhérer à l’UE, le gouvernement a mis sur pied des projets spéciaux visant à améliorer le traitement réservé aux Rom dans le domaine de l’éducation. En 2002, la Slovaquie a ajouté des enseignants assistants dans les établissements pré-scolaires et primaires afin de préparer les enfants rom à intégrer le système éducatif normal. La prévention contre l’abus de drogue et le SIDA font aujourd’hui par- tie intégrante des programmes scolaires. La Slovaquie compte 20 institutions d’enseignement supérieur, dont le total des inscriptions s’élevait à 147.566 étudiants durant l’année académique 2002-2003.

EGALITES DES SEXES: Ecoles et universités enregistrent un taux d’inscription similaire pour les étudiants et les étudiantes. La loi garantit l’égalité entre hommes et femmes mais ces dernières perçoivent un salaire moyen inférieur à celui des hommes pour un travail identique.

LIBERTE ACADEMIQUE: En règle générale, le gouvernement actuel n’impose pas de restriction à la liberté aca- démique. Toutefois, certaines pratiques de corruption peuvent donner lieu à un accès inégal à l’enseignement supérieur. Une source fiable révèle que les étudiants riches ont recours à la corruption pour augmenter leurs chances d’acceptation à certaines facultés prestigieuses. Cette pratique désavantage les étudiants issus de milieux défavorisés.

TRAVAIL DES ENFANTS: La loi fixe à 15 ans l’âge minimum d’embauche. Les travailleurs âgés de moins de 16 ans ne peuvent pas travailler plus de 33 heures par semaine, ne peuvent pas être payés à la pièce, ne peuvent pas effec- SLOVAQUIE

294 BAROMÈTRE DE L’IE SUR LES DROITS HUMAINS ET SYNDICAUX DANS LE SECTEUR DE L’ÉDUCATION - 2004 SLOVAQUIE

tuer d’heures supplémentaires ou travailler la nuit ; le travail souterrain ou dans des conditions estimées dangereuses pour leur santé ou leur sécurité leur est également interdit. Des conditions de travail et une protection particulières, quoique moins rigoureuses, s’appliquent aux jeunes travailleurs jusqu’à l’âge de 18 ans. La loi interdit le trafic des enfants, mais le trafic des filles à des fins de prostitution, y compris la prostitution forcée, existe et le pays est une plaque tournante de ce type de trafic.

DROITS SYNDICAUX: La constitution confère aux travailleurs le droit de former des syndicats et d’y adhérer. La loi prévoit la négociation collective et le droit de grève si les actions ont directement trait à la négociation collective. Près de 65% du secteur de l’éducation est syndiqué, taux considérablement plus élevé que pour le reste de la population acti- ve.

Organisation membre de l’IE / Nombre de membres: Trade Union of Workers in Education and Science [OZPSaV] / 100.000 Teachers' Forum of Slovakia [TFS/UFS] / 32.000 SLOVAQUIE

BAROMÈTRE DE L’IE SUR LES DROITS HUMAINS ET SYNDICAUX DANS LE SECTEUR DE L’ÉDUCATION - 2004 295 SLOVENIE République de Slovénie • Population: 1.964.036

Population <15: 15,28% % du PNB afférent à l’enseignement: 5,1% Analphabétisme: 1% Espérance de vie à la naissance: m: 67 - f: 77 Taux de scolarisation brut, pré-primaire: 61,6% Espérance de scolarité (années): Taux de scolarisation brut, primaire: 93% % d’élèves ayant atteint la 5ème année du primaire en 2000: Taux de scolarisation brut, secondaire: 92% Nbre d’étudiants de l’enseignement supérieur par 100.000 habitants: 98.992 Nbre d’élèves du primaire par enseignant: 12 % des dépenses du gouvernement afférentes à l’enseignement:

Ratification des Conventions du BIT: 29 87 98 100 105 111 138 169 182

SYSTEME EDUCATIF: L’éducation est gratuite, obligatoire et universelle jusqu’à la fin de la 9e année (14 et 15 ans) et les normes sont élevées. Des assistants sociaux visitent régulièrement les établissements scolaires afin de surveiller les éventuels incidents, mauvais traitements ou abus dont peuvent être victimes les enfants. Les programmes d’éducation de la petite enfance sont largement accessibles (en 2001, le pays comptait 808 établissements préscolaires pour 53.000 enfants âgés de trois à six ans). Le gouvernement accorde une attention toute particulière à l’introduction des enfants de la petite communauté Rom à l’enseignement officiel au niveau préscolaire. Le slovène est la langue officielle de la République mais dans les zones où résident les minorités italiennes et hongroises, ces langues sont également officielles et les enfants de ces communautés ont droit à un enseignement bilingue. Les enfants des citoyens étrangers et des apa- trides en âge de scolarité jouissent des mêmes droits à l’éducation que les enfants slovènes. La majorité des étudiants bénéficient d’un enseignement post-secondaire ou supérieur. Le pays compte 30 institutions tertiaires, dont deux univer- sités. L’examen de fin de scolarité couvre 33 matières différentes et deux langues [le slovène et l’italien] et les universi- tés acceptent les résultats comme seul critère de sélection. La politique du système éducatif consiste à intégrer les enfants ayant des besoins spéciaux dans les écoles normales et dans les cours réguliers.

EGALITES DES SEXES: L’Etat garantit des droits égaux aux hommes et aux femmes. Les taux d’inscription des garçons et des filles aux différents niveaux de l’enseignement sont identiques, à l’exception de l’enseignement supérieur, où les jeunes filles représentent 58% de la population estudiantine. Toutefois, le salaire moyen des femmes est inférieur de 15% à celui des hommes.

LIBERTE ACADEMIQUE: La Constitution assure l’autonomie des deux universités slovènes, ainsi que des autres institutions d’enseignement supérieur. Aucun rapport ne fait état d’une violation de la liberté académique de la part du gouvernement.

TRAVAIL DES ENFANTS: L’âge minimum d’embauche est fixé à 16 ans. Pendant la période des moissons ou des travaux agricoles, des enfants plus jeunes travaillent. En règle générale, les employeurs des régions urbaines respectent les limites d’âge.

DROITS SYNDICAUX: La Constitution garantit le fonctionnement des syndicats et l’adhésion syndicale, ainsi que le droit de grève. La négociation collective demeure limitée. Dans le secteur privé, les salaires et conditions de travail font l’objet d’accords annuels conclus entre les syndicats et la Chambre de l’économie. Dans le secteur public, le gouverne- ment et les représentants syndicaux négocient les aspects relatifs au travail, y compris les salaires. SLOVENIE

296 BAROMÈTRE DE L’IE SUR LES DROITS HUMAINS ET SYNDICAUX DANS LE SECTEUR DE L’ÉDUCATION - 2004 SLOVENIE

Organisation membre de l’IE / Nombre de membres: Education and Scientific Workers Union of Slovenia [ESTUS] / 30.000 SLOVENIE

BAROMÈTRE DE L’IE SUR LES DROITS HUMAINS ET SYNDICAUX DANS LE SECTEUR DE L’ÉDUCATION - 2004 297 SRI LANKA République démocratique socialiste du Sri Lanka • Population: 19.576.785

Population <15: 25,5% % du PNB afférent à l’enseignement: 3,1% Analphabétisme: Espérance de vie à la naissance: m: 69 - f: 74 Taux de scolarisation brut, pré-primaire: Espérance de scolarité (années): Taux de scolarisation brut, primaire: 97% % d’élèves ayant atteint la 5ème année du primaire en 2000: Taux de scolarisation brut, secondaire: Nbre d’étudiants de l’enseignement supérieur par 100.000 habitants: Nbre d’élèves du primaire par enseignant: 28 % des dépenses du gouvernement afférentes à l’enseignement:

Ratification des Conventions du BIT: 29 87 98 100 105 111 138 169 182

SYSTEME EDUCATIF: Le système d’éducation publique est relativement bien développé et 85% des enfants âgés de 5 à 14 ans, et donc en âge d’école obligatoire, fréquentent un établissement scolaire. L’éducation est gratuite à tous les niveaux, y compris à l’université. Les écoles primaires et secondaires fournissent gratuitement des manuels scolaires ainsi que des uniformes. Près de 27% des enseignants sont diplômés de l’université et 52% supplémentaires sont formés et présentent les qualifications requises. Il existe relativement peu d’écoles privées et d’’écoles internationales’. La majo- rité des enfants suivent un programme d’éducation à la petite enfance. Le gouvernement participe en collaboration avec l’UNICEF et l’Organisation mondiale de la santé (OMS) à des programmes de nutrition et de soins de santé à la mère et à l’enfant destinés aux enfants en âge pré-scolaire. L’instabilité présente dans les régions du nord a poussé les enseignants à fuir, bien qu’un enseignement sommaire ait été dispensé aux enfants vivant dans les camps de réfugiés. Les Tamouls sri-lankais affirment être victimes de diverses formes de discrimination lors de leur inscription à l’une des dix universi- tés du pays. Le système scolaire exclut près de 75 000 enfants tamouls qui ne disposent ni de la nationalité indienne, ni de la nationalité sri-lankaise. Le gouvernement a entrepris certaines démarches afin de reconnaître ce groupe.

EGALITES DES SEXES: Les femmes adultes sont deux fois plus susceptibles d’être analphabètes, mais garçons et filles fréquentent l’école en nombre équivalent. Deux tiers des enseignants sont des femmes. En vertu de la Constitution, les femmes bénéficient de l’égalité des chances en matière d’emploi dans le secteur public, mais ce droit ne s’étend pas au secteur privé. La législation nationale, civile et pénale garantit l’égalité, mais les femmes sont souvent désavantagées en raison des traditions religieuses et ethniques.

LIBERTE ACADEMIQUE: En règle générale, les rapports disponibles ne font pas état d’une restriction de la liber- té académique de la part du gouvernement. Durant la guerre civile, les LTTE ont persécuté et tué les universitaires et intellectuels qui critiquaient leur politique.

TRAVAIL DES ENFANTS: L’âge minimum d’embauche est fixé à 15 ans. La loi autorise l’emploi d’enfants plus jeunes par leurs parents ou leurs tuteurs pour des travaux agricoles légers. Par ailleurs, la loi permet l’emploi dans toute école ou tout établissement à des fins de formation. La loi n’interdit pas de façon spécifique le travail forcé ou l’asservis- sement des enfants et l’on signale des cas d’enfants de la campagne placés en esclavage pour rembourser une dette. Le Sri Lanka est réputé être une destination de prédilection des touristes pédophiles. La législation en vigueur permet de combattre le problème mais les ressources de mise en oeuvre sont réduites. Certains enfants sont forcés à se prostituer par leurs parents ou par le crime organisé. Les LTTE recrutent des enfants de 13 ans dans leur milice armée.

DROITS SYNDICAUX: Le pays a une forte tradition syndicale. La majorité des travailleurs dans les plantations de SRI LANKA

298 BAROMÈTRE DE L’IE SUR LES DROITS HUMAINS ET SYNDICAUX DANS LE SECTEUR DE L’ÉDUCATION - 2004 SRI LANKA

thé sont syndiqués. Tous les travailleurs ont le droit de former des syndicats. Les fonctionnaires peuvent soumettre col- lectivement leurs revendications à la Commission des Services Publics et, bien qu’il existe certaines restrictions, ils peu- vent aujourd’hui mener des actions de grève. Les employés de la fonction publique, dont le personnel enseignant, ont mené de courtes grèves ces dernières années.

Organisation membre de l’IE / Nombre de membres: All Ceylon Union of Government English Teachers [ACUGET] / 3.000 All Ceylon Union of Teachers [ACUT] / 2.640 All Ceylon Union of Teachers (Government) [ACUT (G)] / 2.865 Ceylon Tamil Teachers' Union [CTTU] / 15.000 Sri Lanka Independent Teachers' Union [SLITU] / 13.250 English Language Teachers' Union of Sri Lanka [ELTUS] / 5.012

Dans le nord et le nord-est du pays, en particulier, une génération entière d'enfants, tant tamouls que sinhalais, a grandi privée de toute jouissance de ses droits humains, y compris le droit à la paix, à la sécurité et à une éducation de base. Les 19 années de guerre civile ont pris fin en décembre 2002, grâce aux négociations menées par la Norvège, lorsque le gouvernement et le mouvement séparatiste guérilla, les Tigres de libération de l'Eelam tamoul (LTTE), ont accepté de partager le pouvoir suivant un systè- me fédéral. Toutefois, cet accord est fragile. Le gouvernement est divisé sur la question de savoir quelles concessions accorder aux rebelles qui continuent à recruter des forces armées. Durant la guerre, au moins 80.000 personnes ont trouvé la mort, des centaines de milliers de citoyens ont été déplacés à l'intérieur du pays et des centaines de milliers de Tamouls ont été contraints de fuir le Sri Lanka. SRI LANKA

BAROMÈTRE DE L’IE SUR LES DROITS HUMAINS ET SYNDICAUX DANS LE SECTEUR DE L’ÉDUCATION - 2004 299 SUEDE Royaume de Suède • Population: 8.876.744

Population <15: 8,1% % du PNB afférent à l’enseignement: 7,8% Analphabétisme: 1% Espérance de vie à la naissance: m: 77 - f: 82 Taux de scolarisation brut, pré-primaire: m: 71 - f: 74% Espérance de scolarité (années): Taux de scolarisation brut, primaire: 102% % d’élèves ayant atteint la 5ème année du primaire en 2000: Taux de scolarisation brut, secondaire: m: 128 - f: 153% Nbre d’étudiants de l’enseignement supérieur par 100.000 habitants: 358.020 Nbre d’élèves du primaire par enseignant: 8 % des dépenses du gouvernement afférentes à l’enseignement: 13,4%

Ratification des Conventions du BIT: 29 87 98 100 105 111 138 169 182

SYSTEME EDUCATIF: L’éducation est gratuite, obligatoire et universelle pour les enfants âgés de 9 à 16 ans. Les coûts liés aux transports, aux manuels scolaires et aux repas sont également couverts par l’Etat. Le système scolaire sué- dois a développé toute une série de programmes réservés à la petite enfance. Les enfants ont le droit de s’inscrire et de commencer les cours de base de 1ère année avant d’avoir atteint l’âge de fréquentation scolaire obligatoire. Le pays compte également de nombreuses garderies et crèches subventionnées par l’Etat, ainsi que de nombreux centres de loi- sirs post-scolaires. En Suède, l’éducation des adultes est très répandue. Ces dernières années, l’administration de l’ensei- gnement a subi de profondes modifications avec une importante décentralisation des responsabilités, au sein d’un cadre national, vers les autorités municipales pour tous les aspects éducatifs, dont les salaires et conditions de travail. Le pays compte entre 17.000 et 30.000 Samis, autrefois dénommés ‘Lapps’. En 2000, les Samis ont été officiellement reconnus comme une minorité nationale et ont bénéficié du droit à un enseignement dans leur langue maternelle pendant les six années d’enseignement primaire, au minimum. Le gouvernement examine toujours la possibilité de ratifier la Convention 169 de l’OIT. Les enfants d’immigrés ou de réfugiés bénéficient d’un enseignement dispensé dans leur lan- gue maternelle. La Suède compte au minimum 52 institutions d’enseignement supérieur et de nombreuses autres insti- tutions gérées par les municipalités, principalement des ‘établissements d’enseignement populaires’ dispensant un ensei- gnement pour adultes.

EGALITES DES SEXES: Garçons et filles jouissent de l’égalité d’accès au système scolaire. 59% des étudiants ter- tiaires sont des jeunes filles. En 2002, 45% des parlementaires élus et plus de la moitié des membres du cabinet étaient des femmes. Bien que la loi prévoie une équité salariale entre les hommes et les femmes pour des emplois équivalents, il existe toujours une certaine inégalité. Selon les statistiques de 2001, les salaires des femmes étaient d’environ 20% infé- rieurs à ceux de leurs homologues masculins. Fonctions de l’âge, de l’éducation et des différences professionnelles, les salaires perçus par les femmes atteignaient une moyenne de 90% des salaires perçus par les hommes. Afin de lutter cont- re la discrimination sexuelle à long terme, la Loi sur l’égalité des chances oblige tous les employeurs du secteur public et privé à promouvoir l’égalité des chances sur le lieu de travail par le biais d’un plan annuel d’égalité. La loi couvre les recrutements, les promotions et les salaires. Le Médiateur pour l’égalité des chances, un agent public, examine les diffé- rends relatifs à toute forme de discrimination sexuelle sur le marché de l’emploi. Les plaintes peuvent également être portées devant les tribunaux. Toutefois, le mécanisme le plus fréquent de résolution des litiges implique le règlement des allégations avec le syndicat de l’employé intervenant en tant que médiateur.

LIBERTE ACADEMIQUE: Aucun rapport disponible ne mentionne une restriction de la liberté académique de la part du gouvernement. SUEDE

300 BAROMÈTRE DE L’IE SUR LES DROITS HUMAINS ET SYNDICAUX DANS LE SECTEUR DE L’ÉDUCATION - 2004 SUEDE

TRAVAIL DES ENFANTS: Les neuf années d’instruction obligatoire s’achèvent à l’âge de 16 ans et la loi autori- se le plein emploi dès cet âge sous la supervision des autorités locales. Les employés de moins de 18 ans ont le droit de travailler de jour et sous surveillance uniquement. Pendant l’été et les périodes de vacances, les enfants âgés de 13 ans ont le droit, sous réserve d’autorisation parentale, d’occuper un emploi léger ou à temps partiel. La Suède soutient acti- vement les efforts déployés afin de protéger et d’améliorer les droits des enfants. Une loi interdit la possession et la mani- pulation de toute forme de pornographie enfantine. Il est également illégal de publier ou de distribuer un tel matériel.

DROITS SYNDICAUX: Près de 85% de la main-d’œuvre est syndiquée - pourcentage le plus élevé de tous les pays industrialisés. Ce pourcentage est encore plus élevé dans le secteur de l’éducation. La plupart des chefs d’entreprise appar- tiennent à une organisation patronale. La loi protège la négociation collective et le droit de grève des travailleurs, ainsi que le droit des patrons de procéder à des lock-outs. La loi prévoit pour les travailleurs et les employeurs des mécanismes efficaces de résolution des litiges.

Organisation membre de l’IE / Nombre de membres: Lärarförbundet / Swedish Teachers' Union / 176.208 Lärarnas Riksförbund/National Union of Teachers in Sweden [LR] / 54.218 Svenska Folkhögskolans Lärarförbund [SFHL] / 2.145 Swedish Association of University Teachers [SULF] / 20.400 SUEDE

BAROMÈTRE DE L’IE SUR LES DROITS HUMAINS ET SYNDICAUX DANS LE SECTEUR DE L’ÉDUCATION - 2004 301 SUISSE Confédération helvétique • Population: 7.301.994

Population <15: 16,5% % du PNB afférent à l’enseignement: 5,5% Analphabétisme: 1% Espérance de vie à la naissance: m: 76 - f: 82 Taux de scolarisation brut, pré-primaire: 94,6% Espérance de scolarité (années): m: 16 - f: 15 Taux de scolarisation brut, primaire: 99% % d’élèves ayant atteint la 5ème année du primaire en 2000: 101% Taux de scolarisation brut, secondaire: m: 103,5 - f: 96,2% Nbre d’étudiants de l’enseignement supérieur par 100.000 habitants: 163.373 Nbre d’élèves du primaire par enseignant: 14 % des dépenses du gouvernement afférentes à l’enseignement: 15,2%

Ratification des Conventions du BIT: 29 87 98 100 105 111 138 169 182

SYSTEME EDUCATIF: La Constitution suisse de 1848 prévoit l’éducation gratuite et obligatoire. Depuis 1902 presque toutes les responsabilités pour les services éducatifs incombent aux cantons (actuellement 26), aux municipali- tés et aux communes. Les cantons sont responsables de faire fonctionner des écoles primaires gratuites et obligatoires. Ils peuvent recevoir des subventions du gouvernement fédéral qui, lui, ne peut cependant exercer aucun contrôle. L’enseignement primaire débute dans la langue officielle du canton - une des quatre langues nationales : allemand, français, italien ou romanche. Le curriculum, l’âge d’admission et la durée de l’enseignement primaire varie énormé- ment d’un canton à l’autre. Par exemple, une langue étrangère peut être introduite en quatrième année dans certains cantons, alors que dans d’autres elle commence en septième année. De sources suisses, ‘déménager d’un canton à l’au- tre avec des enfants peut tourner au cauchemar.’ Des mesures de réforme sont prises : soit décider d’une structure natio- nale, soit rendre les différents systèmes actuels plus compatibles. La plupart des municipalités offrent une éducation de la petite enfance. En 2000-01, les établissements pour la petite enfance [écoles enfantines] comptaient quelque 156.000 enfants pour au moins un ou deux ans. Dans la même année académique, 800.000 élèves étaient inscrits à l’école pri- maire. A la fin du cycle primaire, les élèves peuvent choisir de suivre l’école secondaire inférieure ou de commencer un apprentissage. La plupart des cantons ont des gymnases [écoles secondaires supérieures]. En 2000-01, environ 600.000 étudiants étaient inscrits dans le cycle secondaire supérieur, dans la formation professionnelle ou dans une éducation secondaire supérieure d’un autre type. L’apprentissage n’empêche pas un étudiant d’entreprendre une carrière acadé- mique ou de fréquenter un collège technique. La Suisse a ratifié la Convention relative aux droits de l’enfant en 1997, mais en émettant quelques réserves. L’une des principales avait trait à la politique de la Confédération concernant les enfants des travailleurs saisonniers qui ne sont pas automatiquement autorisés à accompagner leurs parents et ne reçoi- vent parfois qu’un visa touristique de trois mois. La Cour européenne des droits de l’homme (CEDH) a décrété que le canton de Genève, qui refusait d’autoriser une enseignante musulmane à porter le foulard en classe, n’avait pas violé le droit à la liberté de religion, étant donné que les dispositions légales de la CEDH ont pour but de protéger non seulement les droits de l’enseignante mais aussi ceux des autres, ainsi que l’ordre public. Le pays compte 11 universités, neuf gérées par les cantons, et deux écoles polytechniques entièrement financées par le gouvernement fédéral. Pour entrer à l’uni- versité, il faut avoir obtenu le diplôme d’une école secondaire au niveau du gymnase.

EGALITES DES SEXES: Bien que la majorité des cantons suisses aient mis sur pied des commissions pour la pro- motion de l’égalité des sexes, leur efficacité varie. Le gouvernement fédéral accorde un soutien financier pour l’aména- gement de crèches dans les universités et établissements équivalents pour permettre à un plus grand nombre de jeunes femmes d’obtenir une éducation supérieure. Les étudiantes représentent 46% des inscriptions dans les universités.

LIBERTE ACADEMIQUE: Le gouvernement respecte la liberté académique. SUISSE

302 BAROMÈTRE DE L’IE SUR LES DROITS HUMAINS ET SYNDICAUX DANS LE SECTEUR DE L’ÉDUCATION - 2004 SUISSE

TRAVAIL DES ENFANTS: L’âge minimum d’embauche des enfants est fixé à 15 ans, âge jusqu’auquel en géné- ral ils restent à l’école. Les enfants de plus de 13 ans peuvent être engagés pour des travaux légers jusqu’à 9 heures par semaine pendant l’année scolaire et jusqu’à 15 heures par semaine pendant les vacances. L’embauche des jeunes âgés de 15 à 20 ans est strictement réglementée ; ils ne peuvent travailler ni la nuit, ni les dimanches, ni dans des conditions dangereuses. Des fonctionnaires gouvernementaux inspectent les entreprises qui emploient des enfants. La 2ème édition du Baromètre indiquait que chaque année quelques employeurs étaient condamnés pour enfreinte à la loi. En 2002, il n’y a eu aucune condamnation. Depuis près de 100 ans, le gouvernement lutte contre le trafic de jeunes filles à des fins d’exploitation sexuelle commerciale. La loi prévoit une lourde peine d’emprisonnement pour les personnes reconnues coupables d’employer des enfants à des fins de prostitution. En 2002, la police a pris part aux grandes opérations inter- nationales anti-pédophiles. Quelque 800 locaux suisses ont été fouillés et de nombreux ordinateurs et autres bases de données ont été confisqués. Pour lutter contre la pornographie enfantine sur Internet, le bureau fédéral de police offre un service de surveillance sur son site Internet.

DROITS SYNDICAUX: Tous les travailleurs, y compris les étrangers, ont le droit de former un syndicat et d’y adhé- rer. Les changements constitutionnels entrés en vigueur en juillet 2002 prévoient une protection spécifique du droit de grève. Auparavant, les fonctionnaires, y compris les enseignants, n’étaient pas autorisés à mener des actions de grève. En janvier 2003, sept cantons et un grand nombre de communes n’étaient pas en conformité avec la loi. Les travailleurs sont légalement autorisés à se syndiquer et à négocier collectivement. Environ un tiers d’entre eux sont syndiqués. La Fédération suisse des syndicats révèle que les employeurs tentent de plus en plus de contourner la négociation collective.

Organisation membre de l’IE / Nombre de membres: Dachverband Schweizer Lehrerinnen und Lehrer [LCH] / 20.400 Association syndicale et pédagogique des enseignantes et des enseignants de Suisse romande [SER] / 7.097 Schweizerischer Verband des Personals Oeffentlicher Dienste [VPOD] / 4.141

La Suisse est devenue membre à part entière de l'ONU le 10 septembre 2002. SUISSE

BAROMÈTRE DE L’IE SUR LES DROITS HUMAINS ET SYNDICAUX DANS LE SECTEUR DE L’ÉDUCATION - 2004 303 SURINAME République du Suriname • Population: 436.494

Population <15: 31,5% % du PNB afférent à l’enseignement: Analphabétisme: Espérance de vie à la naissance: m: 68 - f: 73 Taux de scolarisation brut, pré-primaire: Espérance de scolarité (années): Taux de scolarisation brut, primaire: 92% % d’élèves ayant atteint la 5ème année du primaire en 2000: Taux de scolarisation brut, secondaire: Nbre d’étudiants de l’enseignement supérieur par 100.000 habitants: 3.000 Nbre d’élèves du primaire par enseignant: % des dépenses du gouvernement afférentes à l’enseignement:

Ratification des Conventions du BIT: 29 87 98 100 105 111 138 169 182

SYSTEME EDUCATIF: Cette société extraordinairement complexe du point de vue ethnique s’est développée durant la période coloniale hollandaise. Lorsque le commerce des esclaves africains a été aboli en 1863, les Pays-Bas ont importé de la main-d’œuvre bon marché d’Inde et des Indes orientales hollandaises. A ce moment-là, outre divers peu- ples autochtones, la colonie abritait une population esclave fugitive qui s’était échappée de Guyane française et du Brésil. Ces différences ethniques, culturelles et linguistiques continuent d’être un obstacle à une identité nationale. Indépendant depuis 1975, le Surinam a hérité d’un système éducatif inapproprié, calqué sur celui des Pays-Bas, avec le néerlandais pour langue d’instruction. La fréquentation scolaire est obligatoire jusqu’à 12 ans. Cette obligation est toutefois limitée géographiquement. 70% des enfants de la capitale, Paramaribo, et d’autres régions côtières limitrophes fréquentent l’é- cole primaire. Mais au-delà de cette étroite zone, la plupart des enfants en âge scolaire n’ont pas accès à l’enseignement faute de transport, d’infrastructures ou d’enseignants. Même lorsque les écoles sont disponibles, la pression économique croissante pousse les enfants à interrompre leur éducation pour travailler. 70% de la population vit en dessous du seuil de pauvreté. Les Amérindiens autochtones (3% de la population) et les Maroons, descendants des esclaves africains fugi- tifs (10% de la population), vivent dans des régions retirées de l’intérieur du pays et n’ont pratiquement pas la possibili- té d’offrir une éducation à leurs enfants. En dépit du fait que le Surinam n’a pas d’ennemi connu, le pays a dépensé plus pour la défense que pour l’éducation. Il y a une école de formation des enseignants, une école professionnelle et une école technique. Située à Paramaribo, l’Université possède une faculté de droit et une faculté de médecine.

EGALITES DES SEXES: Le nombre des enseignantes au Surinam est passé de 82% en 1990 à 90% en 2000, selon le Rapport mondial de suivi de 2003/2004. Le taux d’analphabétisme des femmes adultes est environ le double de celui des hommes. Les filles ont maintenant égalité d’accès à l’éducation. Les femmes sont victimes de discrimination écono- mique dans l’emploi et dans les taux de salaire pour un travail essentiellement similaire. L’égalité d’accès des femmes à des postes de direction est entravée par des obstacles historiques et culturels. Traditionnellement, le rôle des femmes a été celui de mère et de ménagère. Une activité politique et professionnelle n’était pas considérée convenable. Bien que des changements soient intervenus ces derniers temps, les femmes sont toujours désavantagées. Les garanties constitution- nelles d’égalité des sexes ne sont pas respectées et la Loi du mariage asiatique autorise les parents d’origine asiatique à arranger un mariage pour leurs enfants sans leur consentement.

LIBERTE ACADEMIQUE: Aucun rapport n’indique une restriction de la liberté académique de la part du gou- vernement.

TRAVAIL DES ENFANTS: La loi fixe à 14 ans l’âge minimum d’embauche, mais elle n’est respectée que spora- diquement. A Paramaribo, de nombreux enfants de moins de 14 ans travaillent comme vendeurs ambulants, vendeurs SURINAME

304 BAROMÈTRE DE L’IE SUR LES DROITS HUMAINS ET SYNDICAUX DANS LE SECTEUR DE L’ÉDUCATION - 2004 SURINAME

de journaux ou aides de magasin. Tant dans la capitale que dans les campagnes, les enfants subissent une pression éco- nomique croissante qui les pousse à interrompre leur scolarité pour travailler. La traite des jeunes filles pour la prostitu- tion, une des pires formes de travail des enfants, existe également.

DROITS SYNDICAUX: Près de 60% de la main-d’œuvre est syndiquée. Les employés de la fonction publique sont maintenant autorisés à adhérer à un syndicat et jouissent du droit de grève. La Constitution reconnaît explicitement le droit d’organisation et de négociation collective.

Organisation membre de l’IE / Nombre de membres: Bond van Leraren [BL] / 600 SURINAME

BAROMÈTRE DE L’IE SUR LES DROITS HUMAINS ET SYNDICAUX DANS LE SECTEUR DE L’ÉDUCATION - 2004 305 SWAZILAND Royaume du Swaziland • Population: 1.123.605

Population <15: 44% % du PNB afférent à l’enseignement: 1,5% Analphabétisme: 19,7% Espérance de vie à la naissance: 37 Taux de scolarisation brut, pré-primaire: Espérance de scolarité (années): Taux de scolarisation brut, primaire: % d’élèves ayant atteint la 5ème année du primaire en 2000: Taux de scolarisation brut, secondaire: Nbre d’étudiants de l’enseignement supérieur par 100.000 habitants: 4.761 Nbre d’élèves du primaire par enseignant: % des dépenses du gouvernement afférentes à l’enseignement: 1%

Ratification des Conventions du BIT: 29 87 98 100 105 111 138 169 182

SYSTEME EDUCATIF: L’éducation n’est pas garantie par la Constitution et l’instruction de base n’est ni obliga- toire ni gratuite. Toutefois, elle demeure largement accessible et 99% des enfants bénéficient d’une scolarisation primai- re. Des statistiques non officielles révèlent qu’une majorité d’enfants terminent leurs sept années d’enseignement pri- maire et poursuivent leurs études dans l’enseignement secondaire inférieur. Un nombre plus restreint d’élèves est diplô- mé de l’enseignement secondaire supérieur (12e année). Le gouvernement paie le salaire des enseignants tandis que les frais de scolarité couvrent les livres et le financement des bâtiments. Il est parfois nécessaire de dégager des sommes sup- plémentaires pour l’entretien des bâtiments, y compris le logement des enseignants. Le gouvernement ne prévoit pas l’in- troduction d’une éducation gratuite, universelle et obligatoire. L’Université du Swaziland dispose de deux campus.

EGALITES DES SEXES: Les taux d’alphabétisation et de fréquentation scolaire sont à peu près équivalents pour les hommes et les femmes. 48% des étudiants inscrits à l’université sont des jeunes filles. Des séminaires et ateliers sur l’égalité des sexes figurent régulièrement au programme de l’université. Les femmes ont pleinement le droit de partici- per à la vie politique mais peu d’entre elles sont présentes à l’Assemblée législative, au Sénat ou au sein du Cabinet.

LIBERTE ACADEMIQUE: La faculté de l’Université du Swaziland peut pratiquer l’autocensure et la liberté aca- démique est limitée par une interdiction formelle d’organisation de partis politiques et réunions politiques. Le Royaume ne supporte pas les critiques et prend souvent pour cible l’Université au premier signe de contestation. Par exemple, en décembre 2002, la police a évacué l’Université et a suspendu les cours après deux jours de manifestations. Le mouvement de protestation était apparu suite à ce que les étudiants considéraient comme une ingérence du roi Mswati dans l’indé- pendance du judiciaire et la primauté du droit et contre la proposition gouvernementale d’acheter un avion pour la famille royale.

TRAVAIL DES ENFANTS: La Loi sur l’emploi de 1980 interdit l’embauche d’enfants de moins de 15 ans dans une entreprise industrielle, sauf dans les cas où seuls des membres de la famille sont employés par l’entreprise, ou enco- re dans les écoles techniques où les enfants travaillent sous la supervision d’un enseignant ou d’une personne agréée. Le travail des enfants dans le secteur officiel n’est pas courant. Pourtant, les enfants en dessous de l’âge minimum sont sou- vent engagés dans le secteur agricole, en particulier dans l’est du pays, région de la culture du coton. Les enfants sont également employés comme domestiques et comme gardiens de troupeaux dans les zones rurales. Le nombre d’enfants des rues ne cesse de croître dans les villes de Mbabane et Manzini et les rapports indiquent que les enfants font l’objet d’un trafic du Swaziland vers le Mozambique sous la fausse promesse d’opportunités économiques, mais à de véritables fins de prostitution. SWAZILAND

306 BAROMÈTRE DE L’IE SUR LES DROITS HUMAINS ET SYNDICAUX DANS LE SECTEUR DE L’ÉDUCATION - 2004 SWAZILAND

DROITS SYNDICAUX: L’agitation des étudiants et des travailleurs a poussé la monarchie à autoriser, à contre- coeur, certaines réformes politiques mineures, ainsi qu’un certain degré de démocratie. La Loi sur les relations du travail de 2000, telle qu’amendée, autorise les travailleurs à former des syndicats, à rédiger leur propre constitution et à négo- cier les termes et conditions de leur embauche. Les grèves sont autorisées en dernier recours, lorsque toutes les autres pro- cédures de négociation ont été épuisées. Cette loi était supposée rendre la législation swazie conforme aux normes inter- nationales mais, selon la Confédération internationale des syndicats libres (CISL), elle conserve de nombreuses restric- tions de la loi qu’elle a remplacée. Les directeurs d’écoles ne jouissent toujours pas de la liberté de s’associer et ne peu- vent adhérer à l’affilié de l’IE, SNAT. En mars 2001, suite à l’arrestation des dirigeants du SNAT, une mission de l’IE s’est rendue au Swaziland et, accompagnée de collègues du SNAT, a rencontré le Premier ministre et les ministres de l’Education et du Travail obtenant la certitude que le dialogue allait s’ouvrir avec le syndicat d’enseignants. SNAT s’est activement engagé à renforcer son niveau d’infrastructure scolaire en collaboration avec le syndicat d’enseignants sué- dois, Lärarförbundet, collaboration qui a débuté en 1999. Le secrétaire général de la Swaziland Federation of Trade Unions (SFTU) est toujours confronté à diverses formes de harcèlement et d’intimidation. Lors de la conférence de l’Organisation internationale du travail (OIT), un sénateur swazi, délégué du gouvernement à la conférence, a menacé publiquement le secrétaire général s’il «continuait à poser des problèmes à son pays et à l’Etat.»

Organisation membre de l’IE / Nombre de membres: Swaziland National Association of Teachers [SNAT] / 6.157 SWAZILAND

BAROMÈTRE DE L’IE SUR LES DROITS HUMAINS ET SYNDICAUX DANS LE SECTEUR DE L’ÉDUCATION - 2004 307 TAÏWAN Population: 22.548.009

Population <15: 21% % du PNB afférent à l’enseignement: Analphabétisme: 5,3% Espérance de vie à la naissance: m: 73- f: 79 Taux de scolarisation brut, pré-primaire: Espérance de scolarité (années): Taux de scolarisation brut, primaire: % d’élèves ayant atteint la 5ème année du primaire en 2000: Taux de scolarisation brut, secondaire: Nbre d’étudiants de l’enseignement supérieur par 100.000 habitants: Nbre d’élèves du primaire par enseignant: % des dépenses du gouvernement afférentes à l’enseignement:

La République populaire de Chine a remplacé Taïwan au sein de l'OIT en 1971. Taiwan ne peut être admis en qualité de membre des Nations Unies.

SYSTEME EDUCATIF: L’éducation est gratuite et obligatoire pour tous les enfants âgés de 6 à 15 ans. Le taux net d’inscription dans les établissements d’enseignements primaire et secondaire inférieurs est supérieur à 99%. Selon les sta- tistiques du ministère de l’Information, la population malayo-polynésienne autochtone de Taïwan s’élève approximati- vement à 430.000 personnes. Le ministère de l’Education prévoit l’organisation de certains cours de langue aborigène dans les écoles primaires. Ces dernières années, une augmentation notable du nombre d’enfants autochtones terminant leurs études primaires a été enregistrée et de récentes initiatives ont été prises afin d’améliorer leur statut. Le ministère subventionne l’enseignement universitaire pour la population aborigène et la politique actuelle du gouvernement cher- che à préserver leur culture, leur histoire et leur langue grâce à des centres d’études aborigènes. Le pays compte 100 insti- tutions d’enseignement supérieur, dont l’Université Nationale de Taïwan à Taipei. Plus de deux tiers des institutions sont privées.

EGALITES DES SEXES: Le salaire moyen des femmes est inférieur de 15% à celui des hommes. Le ministère de l’Éducation a lancé un programme visant à promouvoir l’égalité des chances en matière d’instruction. En 2001, le pré- sident a une fois de plus affirmé la détermination du gouvernement de protéger les jeunes femmes contre l’exploitation sexuelle commerciale.

LIBERTE ACADEMIQUE: En règle générale, les rapports ne mentionnent aucune restriction de la liberté acadé- mique de la part du gouvernement.

TRAVAIL DES ENFANTS: La Loi sur les normes du travail stipule que l’âge minimum d’embauche pour tout type de travail est fixé à 15 ans. Bien que Taïwan ne soit pas en mesure de ratifier formellement les conventions de l’Organisation internationale du travail (OIT), le pays a toutefois repris les ingrédients essentiels de la Convention 182 dans sa loi nationale. Les modifications législatives habilitent les autorités à poursuivre en justice les personnes qui for- cent les mineurs d’âge à accomplir des actes de nature sexuelle ou qui paient afin d’avoir des relations sexuelles avec des enfants de moins de 14 ans. La loi interdit aux enfants d’accomplir des actes de nature pornographique. Elle inflige de lourdes peines aux citoyens arrêtés à l’étranger pour avoir eu des relations sexuelles avec des enfants. La prostitution enfantine reste un problème majeur, surtout parmi la population autochtone. La vente d’enfants autochtones par leur famille à des fins de prostitution n’est plus tolérée.

DROITS SYNDICAUX: Bien que Taïwan ne soit pas membre de l’OIT, le président de la Fédération taïwanaise du travail, soutenu par la Confédération internationale des syndicats libres (CISL), a participé à la conférence de l’OIT orga- TAÏWAN

308 BAROMÈTRE DE L’IE SUR LES DROITS HUMAINS ET SYNDICAUX DANS LE SECTEUR DE L’ÉDUCATION - 2004 TAÏWAN

nisée à Genève en juin 2002. En 1995, l’appareil judiciaire du gouvernement a déclaré que le droit de former des syndi- cats était protégé par la Constitution. Cependant, en attendant qu’une loi de mise en œuvre soit votée, les enseignants, les fonctionnaires et les travailleurs de l’industrie de la défense n’ont pas le droit de former des syndicats. En 2002, des discussions ont eu lieu pour décider d’accorder ou non aux enseignants et aux fonctionnaires le droit de former des syn- dicats. Le 28 septembre, Journée nationale des enseignants, quelque 60 000 enseignants et partisans ont défilé dans les rues de Taipei pour demander l’octroi de droits humains fondamentaux aux éducateurs et la suppression de la loi inter- disant aux enseignants de se syndiquer et de négocier collectivement. Il s’agissait de la première manifestation organi- sée par la profession depuis l’arrivée au pouvoir du Kuomintang à la fin des années 1940.

Organisation membre de l’IE / Nombre de membres: China Education Society [CES] / 10.500 National Teachers' Association R.O.C. [NTA] / 10.893 TAÏWAN

BAROMÈTRE DE L’IE SUR LES DROITS HUMAINS ET SYNDICAUX DANS LE SECTEUR DE L’ÉDUCATION - 2004 309 TANZANIE République unie de Tanzanie • Population: 37.187.939

Population <15: 44,6% % du PNB afférent à l’enseignement: 2,1% Analphabétisme: 24% Espérance de vie à la naissance: 51 Taux de scolarisation brut, pré-primaire: Espérance de scolarité (années): Taux de scolarisation brut, primaire: % d’élèves ayant atteint la 5ème année du primaire en 2000: Taux de scolarisation brut, secondaire: Nbre d’étudiants de l’enseignement supérieur par 100.000 habitants: 21.960 Nbre d’élèves du primaire par enseignant: % des dépenses du gouvernement afférentes à l’enseignement:

Ratification des Conventions du BIT: 29 87 98 100 105 111 138 169 182

SYSTEME EDUCATIF: La loi prévoit sept années d’instruction obligatoire, mais les écoles sont trop peu nom- breuses pour accueillir tous les enfants. Au moins 2,5 millions d’enfants en âge scolaire ne vont pas à l’école. 50% des enfants inscrits à l’école ne terminent pas l’enseignement primaire obligatoire. La qualité de l’éducation est très faible et les enfants qui obtiennent un diplôme de l’enseignement primaire ne disposent que de peu de compétences. Au cours des 20 dernières années, l’enseignement public, en particulier, s’est détérioré. Les familles riches inscrivent leurs enfants dans des écoles privées ou dans des écoles confessionnelles. L’introduction des taxes «utilisateur payeur» pour les frais d’étu- des s’est avérée une politique désastreuse. Selon le rapport des ONG au UNCRC, de nombreux parents refusent de payer, soit parce qu’ils ne peuvent se le permettre, soit parce qu’ils n’ont pas confiance dans l’utilisation correcte de ces fonds : certains enfants finissent l’école primaire sans n’avoir jamais possédé un seul manuel. Selon ces mêmes ONG, des enfants se plaignent de harcèlement, d’humiliation et parfois même d’avoir été battus devant leurs camarades et d’être «renvoyés à la maison et prévenus de ne pas revenir à l’école tant qu’ils ne reviendront pas avec de l’argent.» La poli- tique officielle insiste sur le fait que les enfants souffrant d’un handicap doivent bénéficier d’une intégration, mais en fait très peu d’enfants nécessitant des traitements et des équipements particuliers peuvent profiter de l’enseignement. Il n’existe que 18 écoles spéciales sur un total de plus de 12.000. Seuls 6% des étudiants continuent dans l’enseignement secondaire et bien que des institutions d’enseignement supérieur comportent 9 universités, le nombre cumulé d’inscrip- tions n’est que de 22.000. L’Initiative de financement accéléré de la Banque mondiale, lancée en 2002 afin d’assister un groupe de pays à réaliser l’éducation pour tous d’ici 2015, a envisagé d’inclure la Tanzanie parmi les pays bénéficiaires. Toutefois au début de l’année 2004, la Tanzanie n’avait toujours pas reçu les fonds de ce programme.

EGALITES DES SEXES: Bien que l’enseignement des filles se soit amélioré annuellement pendant les années 1990, leur nombre reste inférieur à celui des garçons d’au moins 25% à tous les niveaux.

LIBERTE ACADEMIQUE: Le gouvernement n’impose pas de restriction à la liberté académique. Les professeurs d’université continuent à critiquer ouvertement les politiques gouvernementales depuis le milieu des années 1990.

TRAVAIL DES ENFANTS: Près de 30% d’enfants âgés de 10 à 14 ans font partie de la main-d’œuvre. La loi inter- dit aux enfants de moins de 14 ans de travailler dans le secteur officiel, tant dans les zones urbaines que rurales, et le gouvernement veille à ce que cette interdiction soit appliquée. Cependant, cette disposition ne s’applique pas aux enfants travaillant dans la ferme familiale ou comme gardiens de troupeaux. Les jeunes âgés de 12 à 15 ans peuvent être enga- gés sur une base journalière et toucher un salaire quotidien, mais ils doivent avoir la permission de leurs parents et retourner chez eux le soir. L’âge minimum pour le travail sous contrat dans les activités approuvées est fixé à 15 ans. La loi interdit à tout adolescent de travailler dans des conditions qui pourraient être nocives à sa santé. Les enfants âgés de TANZANIE

310 BAROMÈTRE DE L’IE SUR LES DROITS HUMAINS ET SYNDICAUX DANS LE SECTEUR DE L’ÉDUCATION - 2004 TANZANIE

12 à 15 ans employés dans l’industrie ne peuvent travailler qu’entre l’aube et le crépuscule. Mais le nombre d’inspec- teurs chargés d’appliquer ces dispositions est insuffisant. Quelque 5.000 enfants sont employés dans les plantations de sisal, de thé, de tabac et de café. Le travail dans les plantations de sisal est particulièrement dangereux et nocif pour les enfants : les problèmes cutanés et respiratoires sont nombreux et les enfants ne sont pas munis de vêtements de protec- tion. Entre 1.500 et 3.000 enfants travaillent dans des mines de pierres précieuses non-réglementées. Les enfants aident également leurs parents dans des ateliers clandestins qui fabriquent toutes sortes d’articles. Des centaines de milliers d’enfants, surtout des filles, travaillent comme domestiques. En règle générale, les «filles de maison» travaillent jusqu’à 15 heures par jour, sept jours par semaine, sont isolées des autres enfants de leur âge et ne peuvent pas jouer. Elles sont exposées aux abus physiques et sexuels et touchent une paie dérisoire. La prostitution enfantine, y compris la prostitu- tion enfantine forcée, est une réalité.

DROITS SYNDICAUX: Les travailleurs n’ont le droit de faire grève qu’au terme de procédures de médiation et de conciliation longues et compliquées. La loi récente sur les syndicats a donné aux travailleurs le droit de former des syn- dicats, mais en même temps cette loi a dissout la Fédération tanzanienne des Syndicats Libres (Tanzania Federation of Free Trade Unions) qui comportait 11 syndicats indépendants, dont un seulement, l’affilié à l’IE TTU, était dûment enre- gistré. Selon la CISL, la nouvelle loi contient plusieurs restrictions aux droits syndicaux. La négociation collective est reconnue légalement, mais ne s’applique pas au secteur public pour lequel le gouvernement fixe les salaires. Depuis la 2ème édition du Baromètre, la Tanzanie a ratifié les Conventions 100, 111 et 182 de l’OIT. Les questions relatives au tra- vail sont traitées par les territoires et non par l’Etat fédéral et des lois distinctes existent pour les Iles de Zanzibar et de Pemba. Le syndicat Zanzibar Teachers’ Union, est devenue une organisation membre de l’IE au cours de l’année 2003.

Organisation membre de l’IE / Nombre de membres: Tanzania Teachers' Union [TTU] / 90.000 Zanzibar Teachers' Union [ZATU] / 2.100

Selon le Haut Commissariat des Nations Unies pour les Réfugiés (UNHCR), la Tanzanie, l'un des plus pauvres pays du monde, abritait 987.000 réfugiés en 2002. Malgré l'aide des agences internationales, cette situation impose un énorme fardeau sur les ressources déjà limitées de la Tanzanie. TANZANIE

BAROMÈTRE DE L’IE SUR LES DROITS HUMAINS ET SYNDICAUX DANS LE SECTEUR DE L’ÉDUCATION - 2004 311 TCHAD République du Tchad • Population: 8.997.237

Population <15: 46,6% % du PNB afférent à l’enseignement: 2% Analphabétisme: 55,8% Espérance de vie à la naissance: m: 43,5 - f: 45 Taux de scolarisation brut, pré-primaire: Espérance de scolarité (années): Taux de scolarisation brut, primaire: 58% % d’élèves ayant atteint la 5ème année du primaire en 2000: 54% Taux de scolarisation brut, secondaire: m: 17,9 - f: 5,1% Nbre d’étudiants de l’enseignement supérieur par 100.000 habitants: 5.901 Nbre d’élèves du primaire par enseignant: 69 % des dépenses du gouvernement afférentes à l’enseignement:

Ratification des Conventions du BIT: 29 87 98 100 105 111 138 139 182

SYSTEME EDUCATIF: L’instabilité ethnique a nui au droit des enfants tchadiens à bénéficier d’une éducation de base au cours des trois dernières décennies. L’enseignement public reste financé de manière inadaptée et il n’existe aucu- ne disposition rendant l’instruction obligatoire, bien que celle-ci soit inscrite dans la constitution. De 2001 à 2003, la politique gouvernementale en matière d’éducation a mis l’accent sur les infrastructures et l’équipement des classes. Le 12 décembre 2002, un groupe d’étudiants du Lycée bilingue du Centre à N’Djamena a poignardé à mort un enseignant et en a blessé quatre autres. Quelques jours avant le meurtre, au cours d’une discussion un enseignant avait déclaré à ses étudiants que les membres d’une certaine ethnie étaient autrefois des esclaves ; à la suite de cette affirmation l’en- seignant avait été agressé par les parents de ses élèves.

EGALITES DES SEXES: Pour les filles, les possibilités d’éducation sont limitées. En 2002, il y avait à peu près autant de filles que de garçons inscrits à l’école primaire, mais le pourcentage de filles en secondaire est extrêmement faible, la coutume du mariage précoce en étant essentiellement la cause. Dans les régions rurales, les femmes font la plu- part des travaux agricoles et sont donc découragées de faire des études. Le manque de possibilités éducatives a pour consé- quence que les femmes trouvent difficilement du travail dans le secteur formel. Les jeunes filles représentent seulement 15% des inscriptions universitaires. Selon le Rapport de surveillance de l’Education Pour Tous (EPT), le Tchad figure parmi les pays risquant de ne pas atteindre la parité entre garçons et filles d’ici à 2005. Les mutilations génitales fémi- nines (MGF) sont pratique courante. L’infibulation, la forme la plus grave, est pratiquée dans la région voisine du Soudan. Les MGF ont lieu sur les fillettes avant la puberté et représentent un rite de passage.

LIBERTE ACADEMIQUE: Les rapports disponibles ne fournissent pas d’information sur la liberté académique, mais celle-ci ne semble pas être restreinte.

TRAVAIL DES ENFANTS: Le Code du travail fixe l’âge minimum d’embauche à 14 ans dans le secteur formel. Le gouvernement ne fait pas respecter la loi. L’interdiction du travail forcé et de l’esclavage des enfants n’est pas non plus appliquée de façon stricte. Certains rapports font état de pratiques d’esclavage et de travail forcé et obligatoire chez les enfants des communautés vivant de l’agriculture et de l’élevage. L’UNICEF estime que le pays compte environ 600 enfants-soldats, bien que la loi interdise cet état de fait. La coalition pour mettre un terme à l’utilisation des enfants-sol- dats indique qu’il n’existe pas de restriction efficace dans le recrutement militaire de volontaires qui obtiennent le consentement d’un tuteur. Le gouvernement n’a pas amélioré la législation concernant l’âge minimum de recrutement et a été accusé de recruter des enfants de moins de 13 ans pour détecter des mines. L’UNICEF estime aussi que le pays compte environ 10 000 enfants des rues. Selon l’agence internationale, 65,5% des mineurs travaillent, y compris ceux s’acquittant de tâches domestiques pendant plus de 4 heures par jour. Ils travaillent soit dans leur famille, soit pour quel- TCHAD

312 BAROMÈTRE DE L’IE SUR LES DROITS HUMAINS ET SYNDICAUX DANS LE SECTEUR DE L’ÉDUCATION - 2004 TCHAD

qu’un d’étranger à la famille. Un enfant sur cinq entre 6 et 18 ans travaille dans le secteur informel urbain. Des fillettes travaillent comme domestiques, surtout à N’Djamena. Des rapports provenant du Sud du pays font état de familles ayant loué leurs enfants à des gardiens de troupeau nomades pour qu’ils aident à s’occuper des animaux. Les enfants sont sou- vent maltraités et renvoyés chez leurs parents pratiquement sans compensation financière pour leur travail. En septem- bre 2002, la quasi officielle Commission nationale sur les droits de l’homme a écrit une lettre de protestation au Premier ministre concernant des rapports faisant état d’enfants vendus et exploités à Koumra et dans d’autres villes de la région de Mandoul. La Commission a demandé aux autorités locales et nationales de mettre fin à ce problème et de nommer une commission spéciale pour enquêter et identifier les responsables. A la fin de l’année, aucune action n’avait été entre- prise. En 2002, le gouvernement a cofinancé avec l’UNICEF un certain nombre d’ateliers, de séminaires et de program- mes radiophoniques pour sensibiliser la population au problème du travail des enfants.

DROITS SYNDICAUX: La Constitution reconnaît la liberté syndicale et le droit d’organisation, ainsi que le droit de grève, excepté pour l’armée. Une ordonnance de 1962 exige l’autorisation du ministère de l’Intérieur pour la mise sur pied de toute association et donne aux autorités le pouvoir d’en superviser leur gestion. La Constitution et le Code du tra- vail ne protègent pas spécifiquement le droit à la négociation collective. Ces dernières années ont été marquées par des grèves périodiques concernant les salaires impayés des enseignants, y compris en 2002.

Organisation membre de l’IE / Nombre de membres: Syndicat des Enseignants du Tchad [SET] / 8.600 TCHAD

BAROMÈTRE DE L’IE SUR LES DROITS HUMAINS ET SYNDICAUX DANS LE SECTEUR DE L’ÉDUCATION - 2004 313 THAÏLANDE Royaume de Thaïlande • Population: 62.354.402

Population <15: 25,9% % du PNB afférent à l’enseignement: 5,4% Analphabétisme: 4,3% Espérance de vie à la naissance: m: 65 - f: 72 Taux de scolarisation brut, pré-primaire: Espérance de scolarité (années): Taux de scolarisation brut, primaire: 85% % d’élèves ayant atteint la 5ème année du primaire en 2000: 97% Taux de scolarisation brut, secondaire: 56% Nbre d’étudiants de l’enseignement supérieur par 100.000 habitants: 2.095.694 Nbre d’élèves du primaire par enseignant: % des dépenses du gouvernement afférentes à l’enseignement: 31%

Ratification des Conventions du BIT: 29 87 98 100 105 111 138 169 182

SYSTEME EDUCATIF: L’exigence selon laquelle les enfants doivent bénéficier de six années d’éducation gratuite a été prolongée à neuf années en 1999 et la Constitution prévoit aujourd’hui un accès libre à l’éducation jusqu’à la 12e année. Ces améliorations statutaires ne sont pas réalistes à court terme et n’ont pas été mises en oeuvre. Seuls 23% des enfants terminent leurs études primaires (6ème année), et seuls 10% des élèves sont diplômés de l’école secondaire (12ème année). Les écoles publiques sont tenues d’inclure une instruction religieuse bouddhiste ou islamique aux niveaux primaire et secondaire. Les membres de la Hill Tribe sont confrontés à diverses formes de discrimination et n’ont pas accès à une éducation adéquate. De sources gouvernementales, seuls 8% des enfants thaïlandais handicapés sont nor- malement scolarisés. La Thaïlande compte 25 universités publiques, y compris deux très grandes universités publiques, et quelque 45 universités privées et institutions d’enseignement supérieur. Il existe 36 établissements de formation des enseignants.

EGALITES DES SEXES: Le taux d’alphabétisation de la Thaïlande est élevé, celui des hommes (97%) étant légè- rement supérieur à celui des femmes (93%). Les garçons issus de milieux défavorisés ont droit à une éducation gratuite dans des écoles religieuses. Celles-ci ne sont pas ouvertes aux filles. Le ministère de l’Education a cependant mis sur pied un système national de bourses en faveur des filles pauvres «à risque». Les jeunes filles thaïlandaises ont l’égalité d’ac- cès à l’enseignement supérieur et plus de la moitié des étudiants diplômés de l’université en 2002 étaient de sexe fémi- nin. 65% des enseignants du cycle primaire sont des femmes. Il n’existe aucune restriction légale à la participation des femmes à la fonction publique, mais elles sont sous-représentées aux postes de haut fonctionnaire dans les services publics, en dépit du fait qu’elles représentent plus de la moitié des employés de ce secteur.

LIBERTE ACADEMIQUE: En règle générale, le gouvernement respecte la liberté académique et la Constitution fait spécifiquement référence au droit d’engagement dans l’effort académique. Le ministère de l’Education peut réviser les manuels scolaires des écoles publiques.

TRAVAIL DES ENFANTS: La prolongation de trois ans de la scolarisation obligatoire et l’extension de la gratui- té jusqu’au terme de l’enseignement secondaire témoignent d’une vraie tentative du gouvernement de lutter contre le travail des enfants. Le gouvernement a également relevé l’âge minimum d’embauche à 15 ans. Bien que l’application des lois relatives au travail des enfants n’ait pas été rigoureuse, le ministère du Travail a augmenté le nombre d’inspec- teurs chargés d’enquêter sur le sujet. Le nombre d’enfants embauchés dans des ateliers d’exploitation n’a pas diminué. Cette situation est notamment due au fait que le nombre sans cesse croissant d’immigrants illégaux provenant des pays voisins augmente les probabilités de tels abus. La Thaïlande est une source, un point de passage et un lieu de destina- tion du trafic des enfants, y compris à des fins d’asservissement, de travail forcé et de prostitution. L’implication dans l’or- THAÏLANDE

314 BAROMÈTRE DE L’IE SUR LES DROITS HUMAINS ET SYNDICAUX DANS LE SECTEUR DE L’ÉDUCATION - 2004 THAÏLANDE

ganisation de la prostitution enfantine est aujourd’hui considérée comme un crime. Le gouvernement estime à 35.000 le nombre d’enfants victimes de touristes pédophiles. Bien que les poursuites judiciaires ne soient pas fréquentes, un cer- tain nombre d’ONG et d’agences gouvernementales ont mis en place des programmes de réhabilitation pour les enfants sauvés de la prostitution. Les cas de VIH sont élevés. Les syndicats d’enseignants, la Confédération des employeurs de Thaïlande et de nombreuses ONG nationales oeuvrent à promouvoir les droits des enfants et à mettre un terme à leur exploitation.

DROITS SYNDICAUX: Les enseignants ont le droit de former des syndicats et de négocier collectivement lorsqu’ils atteignent le seuil élevé de 50 000 membres. Dans le cas contraire, la Loi sur les relations de travail dans les entreprises publiques de 1991, qui abolit les syndicats pour les employés du secteur public, reste applicable. En vertu de cette loi, les Associations d’employés des entreprises d’Etat remplacent les syndicats dans le secteur public. Ils ne peuvent négocier col- lectivement ou faire grève et jouent un rôle consultatif limité. Le gouvernement fixe les salaires des fonctionnaires. Selon la Confédération internationale des syndicats libres (CISL), le gouvernement prépare une révision de la loi sur les rela- tions de travail qui affaiblira encore la négociation collective et le droit de grève. La loi accordera au ministre du Travail de nouveaux pouvoirs considérables lui permettant d’imposer son arbitrage.

Organisation membre de l’IE / Nombre de membres: The Education Society of Thailand [EST] / 1.000 Federation of Elementary Education Teachers' Association of Thailand [FEETAT] / 42.000 Private School Teachers' Association of Thailand [PSTAT] / 1.500 National Thai Teachers' Union [NTTU] /4.610 THAÏLANDE

BAROMÈTRE DE L’IE SUR LES DROITS HUMAINS ET SYNDICAUX DANS LE SECTEUR DE L’ÉDUCATION - 2004 315 TIMOR-LESTE République démocratique du Timor-Leste • Population: 794.298

Population <15: 44% % du PNB afférent à l’enseignement: Analphabétisme: 52% Espérance de vie à la naissance: m: 62- f: 67 Taux de scolarisation brut, pré-primaire: Espérance de scolarité (années): Taux de scolarisation brut, primaire: % d’élèves ayant atteint la 5ème année du primaire en 2000: Taux de scolarisation brut, secondaire: Nbre d’étudiants de l’enseignement supérieur par 100.000 habitants: Nbre d’élèves du primaire par enseignant: % des dépenses du gouvernement afférentes à l’enseignement:

SYSTEME EDUCATIF: 75% des écoles ont été détruites ou ont été gravement endommagées au cours des attaques des milices. Cependant, devoir remplacer ou restaurer les bâtiments scolaires n’est qu’un des nombreux problèmes tou- chant l’éducation au Timor-Leste. La pénurie des enseignants atteint un niveau critique et la majorité de ceux qui sont en exercice ne sont pas formés. Même sous la domination indonésienne, seuls 10% des 6.672 enseignants primaires étaient diplômés. Avant l’indépendance, 80% des 2.000 enseignants du cycle secondaire étaient indonésiens. Ils sont par- tis depuis et ne reviendront pas. Lorsque l’administration portugaise s’est débarrassée du Timor Oriental en 1975, 98% de la population était timoraise et 2% chinoise. En 2003, le rapport était de 78% de Timorais, 2% de Chinois et 20% d’Indonésiens - résultat de la migration des citoyens indonésiens et de la guerre civile. La politique de migration a appor- té le Bahasa, langue officielle de l’Indonésie, au Timor oriental. Et avant l’indépendance, la langue d’instruction à tous les niveaux de l’éducation, y compris l’université et la formation des enseignants, était le Bahasa. La langue principale des autochtones, le Tetum, était désapprouvée et n’était pas enseignée à l’école, le portugais non plus. Les autorités actuelles privilégient l’usage du Tetum et du portugais dans les écoles et tous deux ont un statut officiel. Certains Timorais plaident en faveur de l’anglais, considéré comme universel. La question est compliquée par le fait que de nom- breux enfants et jeunes adultes qui ont reçu une instruction sous le régime indonésien seront maintenant désavantagés. L’usage de plusieurs langues dans la classe est une solution temporaire mais qui constitue un poids supplémentaire pour l’un des pays les plus pauvres du monde, où la majorité de la population vit en milieu rural de l’agriculture de subsis- tance. L’UNICEF prédit qu’au moins 18 000 enseignants devraient être recrutés et quelque 700.000 livres scolaires impri- més et distribués. En 2000-2001, 75% des enfants en âge scolaire (de six ans et plus) recevaient l’enseignement de 4.000 enseignants répartis dans 713 écoles primaires, malgré le fait que bon nombre d’entre elles n’avaient pas de toit. La moyenne du nombre d’élèves par enseignant est d’un enseignant pour 55 élèves, mais dans certaines classes les ensei- gnants ont quelquefois entre 120 et 200 élèves. La plupart des enfants n’ont que 2 à 4 heures d’instruction par jour et celle-ci n’est pas gratuite. A la mi-2002 on comptait 57 écoles maternelles, 8 publiques et 49 privées. Vingt-deux d’entre elles se trouvent dans la capitale, Dili. Séparée du Timor-Leste et entourée de la province indonésienne du Timor occi- dental, l’enclave d’Oecussi (Amembo) représente une autre complication pour la reconstruction et le développement d’un système éducatif au Timor-Leste. L’Oecussi a une population de 50.000 personnes. Bien que l’enclave ait maintenu des liens historiques de longue date avec le Portugal, le peuple et l’économie ont toujours été liés au Timor occidental. Par exemple, la lingua franca est le Baiqueuo, un dialecte de la langue du Timor occidental.

EGALITES DES SEXES: Environ 61% de la population adulte féminine étaient analphabètes à l’indépendance. En 2001-02, le taux brut des inscriptions des filles à l’école primaire était de 95%. Dans certains districts du pays, il n’y a aucune enseignante primaire - un fait considéré avoir un impact négatif sur les opportunités éducatives des filles à l’é- cole. TIMOR-LESTE

316 BAROMÈTRE DE L’IE SUR LES DROITS HUMAINS ET SYNDICAUX DANS LE SECTEUR DE L’ÉDUCATION - 2004 TIMOR-LESTE

LIBERTE ACADEMIQUE: Selon l’information disponible la plus fiable, le gouvernement respecte la liberté aca- démique à l’Université du Timor-Leste, à Dili.

TRAVAIL DES ENFANTS: Certains enfants ne vont pas à l’école. Ils travaillent pour aider leur famille. Un rap- port de l’IE révèle que la pauvreté empêche les enfants en âge scolaire d’être scolarisés, notamment dans les régions rura- les et isolées. Amnesty International (AI) déclare que les conditions des enfants en détention ne sont pas conformes aux critères minima de l’ONU et qu’entre autres problèmes, les enfants ne sont pas complètement séparés des adultes.

DROITS SYNDICAUX: L’East Timor Teachers’ Union, ETTU, a obtenu son adhésion à l’IE en juillet 2001. Les diri- geants d’ETTU sont arrivés pratiquement sans connaissances syndicales. Les syndicats d’enseignants australiens organi- sent des programmes de formation. L’IE a proposé un projet de coopération au développement prévoyant une formation syndicale et de dirigeants, ainsi que des fonds pour ouvrir un bureau du syndicat. Le Rapport annuel de l’IE pour l’an- née 2002 indique que plusieurs de ses affiliés, dont FENPROF, Portugal, AEU, Australie et AFT, Etats-Unis, ont des projets bilatéraux avec des enseignants locaux.

Organisation membre de l’IE / Nombre de membres: East Timor Teachers' Union [ETTA] / 575

Le 20 mai 2002, le Timor-Leste (appelé précédemment Timor Est) a été reconnu par la communauté internationale comme un état indépendant et la plus récente démocratie du monde. Il est devenu le 191ème membre de l'Organisation des Nations Unies le 27 septembre 2002 et le 177ème membre de l'OIT le 19 août 2003. La décision hâtive en 1974-75 du gouvernement Spinola de renoncer à ses responsabilités outremer équivalait, pour le Timor Est, à un pur et simple abandon de la part du Portugal. En 1975, alors que la communauté internationale regardait faire et ne réagissait que par une timide remontrance, le Timor Est était envahi, annexé et déclaré pro- vince de la République d'Indonésie. Au cours des deux décennies suivantes, la guerre civile, la famine et les persécutions ont fait quelque 200.000 morts chez les Timorais. En 1999, l'Indonésie a autorisé un référendum sur l'autodétermination et le Timor Est a voté massivement pour l'indépendance. Dès le lendemain du référendum, des bandes de miliciens qui étaient contre l'indépendance et certaines unités de l'armée indonésienne se sont déchaînées à travers le pays, détruisant systématiquement 85% des infras- tructures du pays et tuant plusieurs milliers de personnes. Un tiers de la population s'est enfuie vers la province indonésienne du Timor Ouest (Nusa Teuggara Timur), et un autre tiers a trouvé refuge dans les montagnes de l'arrière-pays. Le Conseil de Sécurité de l'ONU a autorisé le déploiement d'une force multinationale qui a réussi à restaurer l'ordre. Lorsque le territoire a commencé à revivre après les tactiques extrêmes des milices, l'ONU a organisé une vaste opération humanitaire, comprenant nourriture et d'au- tres services de base. Les premières élections libres dans le pays se sont déroulées le 30 août 2001. TIMOR-LESTE

BAROMÈTRE DE L’IE SUR LES DROITS HUMAINS ET SYNDICAUX DANS LE SECTEUR DE L’ÉDUCATION - 2004 317 TOGO République du Togo • Population: 5.285.501

Population <15: 44,1% % du PNB afférent à l’enseignement: 4,8% Analphabétisme: m: 27,7 - f: 57,5% Espérance de vie à la naissance: m: 48 - f: 52 Taux de scolarisation brut, pré-primaire: 2,2% Espérance de scolarité (années): m: 12 - f: 8 Taux de scolarisation brut, primaire: m: 100 - f: 82% % d’élèves ayant atteint la 5ème année du primaire en 2000: 74% Taux de scolarisation brut, secondaire: m: 50,2 - f: 22,2% Nbre d’étudiants de l’enseignement supérieur par 100.000 habitants: 15.171 Nbre d’élèves du primaire par enseignant: 37 % des dépenses du gouvernement afférentes à l’enseignement: 23,2%

Ratification des Conventions du BIT: 29 87 98 100 105 111 138 169 182

SYSTEME EDUCATIF: En vertu de la Constitution, le gouvernement fournit une éducation gratuite dans des éco- les publiques. Elle est obligatoire pour les enfants des deux sexes jusqu’à l’âge de 15 ans, mais cette exigence n’est pas rigoureusement respectée. Toutefois, selon les statistiques gouvernementales, une amélioration notable de la fréquenta- tion scolaire a été enregistrée au cours des dernières années. Les écoles missionnaires restent importantes et instruisent près de la moitié des élèves. Durant l’année académique 2001-2002, les forces de sécurité ont violemment dispersé les étudiants sur le campus de l’Université de Lomé. Les étudiants protestaient contre le retard du versement de leurs bour- ses. Le président et le vice-président d’une organisation estudiantine non officielle, la CEUL, qui avaient été expulsés de l’Université aux environs de mi-2001, sont demeurés persona non grata pour l’année académique 2002-2003.

EGALITES DES SEXES: Les femmes sont légalement égales aux hommes mais elles sont confrontées à diverses formes de discrimination, surtout dans le domaine de l’éducation. Selon les statistiques de l’UNESCO, le taux d’alpha- bétisation des femmes a augmenté, passant de 28,7% en 1990 à 42,5% en 2000. Le nombre de filles qui fréquentent l’é- cole primaire a augmenté, passant de 39,6% en 1990 à 44% en 2000. Toutefois, le nombre d’enfants, filles et garçons, qui recommencent leur année demeure très élevé, à l’instar du taux d’abandon scolaire. Le nombre d’enseignantes dans les écoles primaires reste faible à seulement 20% de l’ensemble du corps professoral. Près de 18% des étudiants inscrits à l’u- niversité sont des jeunes filles. Les mutilations génitales féminines (MGF) sont illégales et ne sont pas pratiquées par les plus grands groupes ethniques. Toutefois, elles sont toujours pratiquées sur les très jeunes fillettes de certains groupes. En collaboration avec des ONG et avec une aide internationale, le gouvernement soutient des programmes éducatifs contre les MGF dans les régions où cette pratique demeure une tradition.

LIBERTE ACADEMIQUE: Une certaine tendance à l’autocensure règne au sein de l’unique université publique du pays, étant donné qu’autant la faculté que les étudiants savent parfaitement qu’ils sont surveillés par des informa- teurs du gouvernement. Des forces de sécurité sont toujours sur le campus de l’Université. Le fait que les membres de la faculté ne soient pas autorisés à élire leur propre recteur n’arrange pas la situation.

TRAVAIL DES ENFANTS: Le Code du travail togolais interdit l’embauche des enfants de moins de 14 ans, mais la législation n’est appliquée que dans le secteur formel dans les zones urbaines. Dans les zones urbaines et rurales, les très jeunes enfants aident généralement leur famille, en particulier dans l’agriculture et le petit commerce. La loi n’a- borde pas spécifiquement la question du travail obligatoire et forcé des enfants, et ceux-ci sont parfois contraints à tra- vailler, surtout comme domestiques. Le ministère en charge de combattre les infractions à la Convention 182 de l’OIT ne dispose pas des moyens suffisants pour être efficace. Le trafic international des enfants demeure un problème. La majo- rité des victimes du trafic d’enfants provient des zones rurales les plus pauvres. Les parents vendent parfois leurs enfants TOGO

318 BAROMÈTRE DE L’IE SUR LES DROITS HUMAINS ET SYNDICAUX DANS LE SECTEUR DE L’ÉDUCATION - 2004 TOGO

contre des produits de base ou sont victimes de la duperie des trafiquants. Durant l’année 2001-2002, le programme OIT/IPEC a collaboré avec des ONG locales, afin que la population puisse prendre conscience de la gravité du problème.

DROITS SYNDICAUX: Selon la Conférération internationale des syndicats libres (CISL), l’attitude anti-syndica- le du régime a miné le mouvement syndicaliste togolais. La Constitution accorde à la plupart des travailleurs, y compris les enseignants, le droit d’adhérer à des syndicats et le droit de grève. Le Code du travail accorde formellement aux tra- vailleurs le droit de s’organiser et de négocier collectivement. Toutefois, la négociation collective est limitée par le gou- vernement, principal employeur dans le secteur officiel, qui insiste sur un accord national unique permettant de déter- miner les normes salariales pour tous les salariés du secteur économique officiel. Les salaires des enseignants sont rare- ment payés à temps.

Organisation membre de l’IE / Nombre de membres: Fédération des Syndicats de l'Education Nationale [FESEN] / 7.781 TOGO

BAROMÈTRE DE L’IE SUR LES DROITS HUMAINS ET SYNDICAUX DANS LE SECTEUR DE L’ÉDUCATION - 2004 319 TONGA Royaume des Tonga • Population: 106.137

Population <15: 39,5% % du PNB afférent à l’enseignement: Analphabétisme: 1,5% Espérance de vie à la naissance: m: 66 - f: 71 Taux de scolarisation brut, pré-primaire: Espérance de scolarité (années): Taux de scolarisation brut, primaire: 91% % d’élèves ayant atteint la 5ème année du primaire en 2000: Taux de scolarisation brut, secondaire: 100% Nbre d’étudiants de l’enseignement supérieur par 100.000 habitants: 364 Nbre d’élèves du primaire par enseignant: % des dépenses du gouvernement afférentes à l’enseignement:

Les Tonga ne sont pas membres de l'OIT.

SYSTEME EDUCATIF: Bien que l’éducation ne soit pas garantie par la Constitution, elle est obligatoire depuis 1882. Elle est universelle et gratuite depuis l’âge de six ans jusqu’à 14 ans. Le taux de fréquentation scolaire est bon et le taux d’alphabétisation compte parmi les plus élevés du Pacifique. Selon le Rapport mondial 2003-2004 de l’Education Pour Tous (EPT), l’accent est mis sur l’amélioration de la qualité du niveau de l’enseignement primaire, de sorte que les enfants soient idéalement préparés à entrer à l’école secondaire. L’enseignement secondaire est accessible à tous les enfants jusqu’à la fin du cycle secondaire supérieur. A l’exception de 11 d’entre elles, les 116 écoles primaires sont publiques, mais trois quarts des élèves du secondaire fréquentent des écoles non gouvernementales, soutenues par les églises et qui bénéficient de subventions de l’Etat. Les programmes éducatifs de la petite enfance sont gérés par des orga- nisations privées. Il existe un centre de cours du soir rattaché à l’Université du Pacifique Sud dans la capitale, Nuku’alofa, et l’Institut Atenisi, un collège privé, propose différents programmes académiques et collabore avec l’Université d’Auckland, Nouvelle-Zélande. Le Royaume compte un institut de formation des professeurs et de plusieurs institutions post-secondaires.

EGALITES DES SEXES: Bien que Tonga soit une société patriarcale et que les femmes jouent généralement un rôle subalterne, elles bénéficient de l’égalité d’accès aux écoles et représentent la majorité des étudiants dans les institu- tions d’enseignement supérieur. Les femmes occupent plusieurs postes prestigieux au sein du gouvernement. Les lois héritées du passé, en particulier celles relatives à la terre, discriminent encore les femmes.

LIBERTE ACADEMIQUE: La Constitution prévoit la liberté académique. Néanmoins, les critiques envers le roi, sa famille et le gouvernement sont mal tolérées. Le roi a proposé des modifications à la Constitution qui, si elles sont accep- tées, réduiront la liberté d’expression. Par le biais d’un décret, le roi peut également mettre l’autorité judiciaire dans une impasse afin de modifier la loi du Royaume. Tonga est l’un des 12 pays détenteurs de l’Université du Pacifique Sud. Le Conseil de l’Université est reconnu comme étant l’autorité responsable en matière d’enseignement et de recherche. (Voir également Fidji.)

TRAVAIL DES ENFANTS: Le travail des enfants est inexistant dans le secteur formel de l’économie, bien qu’au- cune législation ne l’interdise.

DROITS SYNDICAUX: Les travailleurs ont le droit de former des syndicats. La FITA, l’organisation affiliée à l’IE, et la Nurses Association ont fusionné en vertu de la Loi sur la fusion des entreprises. Ces syndicats ne disposent d’aucun droit formel de négociation, bien que dans la pratique ils aient contribué à la conclusion d’accords collectifs avec le gou- vernement. Une loi de 1963 accorde le droit de grève, mais aucune loi visant à l’application de ce droit n’a été adoptée. TONGA

320 BAROMÈTRE DE L’IE SUR LES DROITS HUMAINS ET SYNDICAUX DANS LE SECTEUR DE L’ÉDUCATION - 2004 TONGA

Organisation membre de l’IE / Nombre de membres: Friendly Islands Teachers' Association [FITA] / 475

Les Tonga sont un archipel de plus de 150 îles dont seules 36 sont habitées de façon permanente. Le Royaume des Tonga a été admis aux Nations Unies en 1999, mais avait déjà ratifié, en tant que non membre, la Convention des Nations Unies relative aux droits de l'enfant. TONGA

BAROMÈTRE DE L’IE SUR LES DROITS HUMAINS ET SYNDICAUX DANS LE SECTEUR DE L’ÉDUCATION - 2004 321 TRINIDAD-ET-TOBAGO République de Trinidad-et-Tobago • Population: 1.163.724

Population <15: 24,1% % du PNB afférent à l’enseignement: 4% Analphabétisme: 1,6% Espérance de vie à la naissance: 74 Taux de scolarisation brut, pré-primaire: Espérance de scolarité (années): Taux de scolarisation brut, primaire: 92% % d’élèves ayant atteint la 5ème année du primaire en 2000: 100% Taux de scolarisation brut, secondaire: m: 72 - f: 75% Nbre d’étudiants de l’enseignement supérieur par 100.000 habitants: 8.614 Nbre d’élèves du primaire par enseignant: 25 % des dépenses du gouvernement afférentes à l’enseignement: 16,7%

Ratification des Conventions du BIT: 29 87 98 100 105 111 138 169 182

SYSTEME EDUCATIF: L’éducation est gratuite et obligatoire pour les enfants âgés de 6 à 12 ans. La politique du gouvernement prévoit d’étendre l’accès gratuit à l’école secondaire jusqu’à 16 ans. Cependant, le taux de 70% de passa- ge de l’école primaire à l’école secondaire, indiqué dans la 2ème édition du Baromètre de l’IE, n’a pas augmenté. Le pays est l’un des plus prospères des Caraïbes grâce à son pétrole et à la production et au traitement de gaz naturel. Le touris- me, surtout à Tobago, est en croissance et va encore prendre de l’essor. Le gouvernement a consacré des fonds à la cons- truction de nouvelles infrastructures pour décharger les classes surpeuplées et remplacer les installations en dessous des normes habituelles. Il existe un problème de violence occasionnelle dans les classes perpétrée par des gangs. Trinidad est devenu un point de transbordement des drogues en provenance d’Amérique du Sud destinées aux Etats-Unis et à l’Europe. La violence liée aux gangs a augmenté. L’enseignement supérieur est dispensé par des centres de formation des enseignants, des établissements d’enseignement technique et par l’Université des Indes occidentales. A Tobago, en février 2003, un enseignant primaire d’un certain âge a été poignardé à mort devant ses élèves. Le mobile du meurtre, commis par un jeune homme, était que l’enseignant était accusé d’avoir des relations incestueuses avec une élève. Il n’existe aucune législation qui définisse ou protège les droits des personnes handicapées.

EGALITES DES SEXES: Selon l’UNESCO, au cours des années 1990, l’égalité des sexes a été pratiquement attein- te dans l’éducation. Les filles ont tendance à fréquenter l’école plus longtemps, sont plus susceptibles de terminer leur éducation secondaire et représentent 60% des étudiants inscrits au niveau tertiaire. Le nombre des enseignantes dans les écoles primaires est passé de 68% en 1990 à 75% en 2000. Aucune loi ne fait obstacle à la participation des femmes au gouvernement ou en politique. On trouve de nombreuses femmes dans les affaires, dans les professions libérales et dans le service public, quoique peu d’entre elles occupent des postes à haute responsabilité. Il n’existe pas de loi garantissant un salaire égal pour un travail égal.

LIBERTE ACADEMIQUE: Aucun rapport ne fait état d’une restriction de la liberté académique de la part du gou- vernement.

TRAVAIL DES ENFANTS: L’âge minimum d’embauche est fixé à 12 ans. Les enfants âgés de 12 à 14 ans sont autorisés à travailler uniquement dans les entreprises familiales. En matière de travail des enfants, l’application de la législation est peu rigoureuse. Il n’est pas rare de rencontrer dans la rue des enfants marchands ambulants ou qui men- dient. Des gangs de criminels emploient certains enfants comme gardes ou coursiers dans le trafic de drogue. Les rap- ports d’ONG et de l’OIT semblent indiquer que la prostitution enfantine a été un problème ces récentes années, mais la police n’a recensé aucun cas en 2002. La République ne condamne plus les enfants au châtiment corporel ou à la pri- son. Les délinquants mineurs de 15 ans et plus sont détenus dans un centre de formation de jeunesse. Les délinquants

TRINIDAD-ET-TOBAGO plus jeunes sont envoyés dans une école technique.

322 BAROMÈTRE DE L’IE SUR LES DROITS HUMAINS ET SYNDICAUX DANS LE SECTEUR DE L’ÉDUCATION - 2004 TRINIDAD-ET-TOBAGO

DROITS SYNDICAUX: Tous les travailleurs, y compris le personnel des entreprises d’état, ont le droit de former des syndicats et d’y adhérer. Il n’y a pas eu d’allégement des restrictions appliquées dans le secteur public concernant le droit à la négociation collective ou le droit de grève. Les «services essentiels» incluent les enseignants qui ont l’interdic- tion de se mettre en grève. Le gouvernement ignore les demandes de réforme législatives qui la rendraient en conformi- té avec les Conventions de l’OIT qu’il a ratifiées. Les syndicats sont indépendants ne sont pas contrôlés par le gouverne- ment et un parti politique.

Organisation membre de l’IE / Nombre de membres: Trinidad and Tobago Unified Teachers' Association [T&TUTA] / 8.400 TRINIDAD-ET-TOBAGO

BAROMÈTRE DE L’IE SUR LES DROITS HUMAINS ET SYNDICAUX DANS LE SECTEUR DE L’ÉDUCATION - 2004 323 TUNISIE République de Tunisie • Population: 9.815.644

Population <15: 29,4% % du PNB afférent à l’enseignement: 6,8% Analphabétisme: m: 18,6 - f: 39,4% Espérance de vie à la naissance: m: 70,5 - f: 74,5 Taux de scolarisation brut, pré-primaire: 15,8% Espérance de scolarité (années): 14 Taux de scolarisation brut, primaire: m: 98,2 - f: 97,1% % d’élèves ayant atteint la 5ème année du primaire en 2000: 93% Taux de scolarisation brut, secondaire: m: 73 - f: 76,2% Nbre d’étudiants de l’enseignement supérieur par 100.000 habitants: 207.388 Nbre d’élèves du primaire par enseignant: 23 % des dépenses du gouvernement afférentes à l’enseignement: 17,4%

Ratification des Conventions du BIT: 29 87 98 100 105 111 138 169 182

SYSTEME EDUCATIF: Selon les statistiques gouvernementales, seuls 4,2% des Tunisiens vit au dessous du seuil de pauvreté. L’éducation bénéficie d’une part considérable du budget national et est gratuite et obligatoire jusqu’à l’âge de 16 ans. Les statistiques officielles révèlent que 99,1% des enfants fréquentent l’école primaire à temps plein. Près de 80% des garçons issus des zones urbaines vont à l’école jusqu’à l’âge de 16 ans, contre 60% des jeunes des zones rurales. Les statistiques témoignent d’améliorations dans la quasi-totalité des catégories depuis la publication de l’édition 2001 du Baromètre de l’IE. Le taux d’analphabétisme chez les adultes est en baisse de 3 à 4% tant chez les hommes que chez les femmes. L’éducation à la petite enfance a augmenté de 4,8%. Le taux brut de scolarisation secondaire a augmenté de 7% chez les garçons et celui des filles de 13,2%. Durant la décennie 1990-2000, l’espérance de scolarité a doublé pour attein- dre 14 ans. Le pays compte plus de 40 institutions d’enseignement supérieur. Grâce à des fonds publics et internationaux, plusieurs ONG assurent une assistance éducative active, professionnelle et récréative aux enfants et aux jeunes adultes handicapés mentaux. La loi interdit toute discrimination basée sur l’incapacité mentale et impose qu’au moins 1% des emplois des secteurs public et privé soient réservés aux personnes handicapées.

EGALITES DES SEXES: Pendant 31 ans, durant les années qui ont suivi l’indépendance obtenue de la France, les femmes ont joui de droits incomparables à ceux des autres nations arabes. Elles sont toutefois toujours victimes de dis- crimination en matière d’emploi dans le secteur privé, et dans une moindre mesure dans le secteur public. Les femmes représentent 37% du personnel de la fonction publique, 24% des juristes tunisiens et environ 49% des étudiants inscrits à l’université pour l’année académique 2002-2003. Selon le rapport mondial 2003 de l’Education Pour Tous (EPT), les femmes représentent 50% des enseignants du niveau primaire. Le taux d’alphabétisation des femmes adultes a augmenté de 14,1% au cours de la dernière décennie du 20e siècle. Les droits héréditaires, basés sur la loi de la Sharia et sur la tra- dition, discriminent les femmes. Ces dernières continuent également d’être victimes de discrimination économique.

LIBERTE ACADEMIQUE: Le gouvernement limite la liberté académique. Selon les professeurs d’université, le gouvernement encouragerait l’autocensure en brandissant la menace de contrôles fiscaux, du contrôle des titularisations et promotions universitaires. La publication de travaux de recherche et autres sujets académiques est sous surveillance. La copie des documents utilisés lors de séminaires et le nom des participants aux séminaires et aux conférences éduca- tives doit être soumise à l’avance au ministère de l’enseignement supérieure. La présence de policiers sur les campus uni- versitaires entrave toute liberté de parole.

TRAVAIL DES ENFANTS: L’âge minimum d’embauche pour le travail manuel est fixé à 18 ans et à 16 ans dans l’industrie. L’âge minimum pour le travail léger dans l’agriculture et d’autres secteurs non industriels est de 13 ans. Le temps total que les jeunes âgés de 14 à 16 ans passent à l’école et au travail ne peut dépasser 7 heures par jour. Pourtant, TUNISIE

324 BAROMÈTRE DE L’IE SUR LES DROITS HUMAINS ET SYNDICAUX DANS LE SECTEUR DE L’ÉDUCATION - 2004 TUNISIE

de jeunes enfants exécutent souvent des travaux agricoles dans les zones rurales et travaillent comme vendeurs dans les zones urbaines, principalement pendant les vacances scolaires d’été. Le travail des enfants existe sous la forme déguisée d’apprentissage, notamment dans l’industrie artisanale. Une étude indépendante a conclu que l’embauche de filles mineures en tant que domestiques a diminué grâce à l’application plus stricte des lois relatives à la fréquentation sco- laire et à l’âge minimum d’embauche. Le travail obligatoire et forcé des enfants est strictement interdit. Aucun rapport publié en 2002 n’a fait mention de trafic dans, vers ou depuis la Tunisie, bien que la loi ne l’interdise pas de façon spé- cifique. Il existe un ministère de l’Enfance et de la Jeunesse, ainsi qu’un délégué présidentiel à la Protection des droits et du bien-être des enfants. Le Code pour la protection des enfants interdit toute forme d’abus, d’abandon et d’exploitation sexuelle ou économique des enfants. En cas de condamnation, les amendes sont sévères.

DROITS SYNDICAUX: La Constitution et le Code du travail mentionnent expressément le droit des travailleurs de former des syndicats. Les syndicats, y compris ceux représentant les fonctionnaires, ont le droit de faire grève, à condi- tion qu’ils donnent un préavis de grève de 10 jours et que leur intention soit acceptée par l’unique fédération du travail du pays. En réalité, l’approbation préalable est rarement rendue obligatoire et de nombreuses grèves ont été organisées à court terme sur les salaires et les conditions de travail en 1999. Le droit à l’organisation et à la négociation collective est protégé par la loi et observé dans la pratique. La Confédération internationale des syndicats libres (CISL) a qualifié l’exigence d’approbation préalable accordée par l’unique fédération des travailleurs du pays de violation aux droits des travailleurs. Toutefois, le gouvernement a toléré de courtes grèves, techniquement illégales, au cours de l’année 2002.

Organisation membre de l’IE / Nombre de membres: Syndicat Général de l'Enseignement de Base [SGEB] / 60.000 Syndicat Général de l'Enseignement Supérieur et de la Recherche Scientifique [SGERS-UGTT] / 1.000 TUNISIE

BAROMÈTRE DE L’IE SUR LES DROITS HUMAINS ET SYNDICAUX DANS LE SECTEUR DE L’ÉDUCATION - 2004 325 TURQUIE République de Turquie • Population: 67.308.928

Population <15: % du PNB afférent à l’enseignement: 3,5% Analphabétisme: 14,5% Espérance de vie à la naissance: 69 Taux de scolarisation brut, pré-primaire: 5,7% Espérance de scolarité (années): Taux de scolarisation brut, primaire: % d’élèves ayant atteint la 5ème année du primaire en 2000: Taux de scolarisation brut, secondaire: m: 67,3 - f: 47,7% Nbre d’étudiants de l’enseignement supérieur par 100.000 habitants: 1.607.388 Nbre d’élèves du primaire par enseignant: % des dépenses du gouvernement afférentes à l’enseignement:

Ratification des Conventions du BIT: 29 87 98 100 105 111 138 169 182

SYSTEME EDUCATIF: L’éducation primaire est gratuite, obligatoire et laïque pour tous les Turcs. En 1998, l’ins- truction obligatoire a été prolongée de 3 ans, passant de 5 ans à 8 ans, soit jusqu’à l’âge de 14 ans. Bien que la Turquie soit un état laïc, l’instruction religieuse et morale dans les écoles publiques est obligatoire pour les musulmans. Le gou- vernement n’autorise pas les cours coraniques privés. Seuls les adhérents aux religions ayant des liens historiques avec la Turquie - les étudiants grecs orthodoxes, chrétiens arméniens et juifs - peuvent suivre des cours de religion dans les écoles publiques. Les gens d’origine kurde, une population ethnique et linguistique distincte, habitent de larges régions à l’intérieur de plusieurs pays limitrophes : le NE de l’Irak, le NO de l’Iran, le NE de la Syrie, l’Arménie et surtout le SE et l’Est de la Turquie où ils sont environ 14 millions. Bien que la fin de l’empire ottoman ait permis la création d’un Etat autonome kurde, le Traité de Lausanne (1923) ne mentionnait pas les aspirations kurdes d’avoir leur propre patrie. Tout au long du 20ème siècle, les Kurdes ont souffert de persécution en série et de déplacements en masse, et tant l’Irak que la Turquie ont commis contre eux d’horribles actes de répression. La politique du gouvernement turc a longtemps été l’assimilation totale de ses citoyens kurdes. Cela explique en partie les combats dans le sud-ouest de la Turquie (1985- 2000) entre les forces gouvernementales et une faction de guérilla kurde (le PKK) qui ont coûté la vie à 30.000 person- nes, dont des enseignants (cible délibérée du PKK jusqu’en 1996). Les combats les plus durs ont eu lieu en 1992 lorsque les forces du gouvernement ont tué plus de 20.000 kurdes et fait 2 millions de réfugiés.. Les enfants ont énormément souf- fert de ce cycle de violence : en tant que réfugiés et personnes déplacées à l’intérieur du pays, et aussi de savoir que leurs enseignants ou enseignantes avaient été ou risquaient d’être assassinés. Ayant été relocalisés dans des lieux où les res- sources nécessaires à un enseignement de base faisaient souvent défaut, leur droit à l’éducation a été gravement pertur- bé. L’état d’urgence, décrété sous la loi quasi militaire dans les provinces du Sud-Est, a été finalement levé vers la fin 2002. Au cours de cette année, le gouvernement a continué de mettre des obstacles à la langue et à la culture kurdes. Plusieurs enseignants ont été licenciés pour avoir chanté des chants kurdes dans un bus, et plus de 1.000 étudiants ont été arrêtés pour avoir envoyé une pétition à un recteur d’université demandant que le kurde devienne un cours option- nel. Comme le note la Columbia Encyclopædia, «les réformes adoptées en 2002 et 2003 pour faciliter l’entrée de la Turquie dans l’Union européenne (UE) incluaient la fin des interdictions de l’éducation privée en kurde et le droit de donner des prénoms kurdes aux enfants.» La langue kurde et les études en kurde sont maintenant autorisées, du moins en théorie. En mai 2003, l’IE a puisé dans son fonds de solidarité à la suite d’un vaste tremblement de terre qui a secoué l’Est de la Turquie. La destruction d’un dortoir scolaire près de la ville de Bingöl a coûté la vie à 84 enfants. Le pays comp- te plus de 200 établissements d’enseignement supérieur. Environ 20 d’entre eux ont un statut universitaire. L’entrée dans les universités de Turquie est extrêmement compétitive.

EGALITES DES SEXES: L’allongement à huit ans de l’enseignement obligatoire devait permettre à davantage de filles, notamment dans les milieux ruraux, de continuer leur éducation. Selon les statistiques du ministère de TURQUIE

326 BAROMÈTRE DE L’IE SUR LES DROITS HUMAINS ET SYNDICAUX DANS LE SECTEUR DE L’ÉDUCATION - 2004 TURQUIE

l’Education, le pourcentage des filles inscrites dans les écoles primaires est passé de 79% à 97% au cours des six derniè- res années. En 2003, les jeunes filles représentaient plus de 41% des étudiants inscrits dans l’enseignement supérieur et plus d’un tiers des étudiants universitaires. La Constitution garantit l’égalité des droits politiques entre hommes et fem- mes. En janvier 2002, les femmes ont obtenu l’égalité légale avec les hommes. Le suicide parmi les jeunes filles contrain- tes au mariage persiste dans les provinces kurdes du Sud-Est et de l’Est. On signale une augmentation des «suicides for- cés» - c’est-à-dire du meurtre perpétré par les membres de la famille qui tentent ainsi d’éviter l’inculpation «d’assassi- nat pour l’honneur». De manière similaire, ce sont de préférence des mineurs qui sont choisis pour exécuter les «assas- sinats pour l’honneur» car ils sont moins lourdement condamnés. Le Rapport de Human Rights Watch (HRW) de 2003 fait état de milliers d’étudiantes auxquelles l’accès à l’école secondaire et à l’université a été refusé parce qu’elles por- taient le hijab. Des enseignantes et étudiantes ont également fait l’objet d’interdiction ou de pénalisation pour port du foulard. Le gouvernement a ratifié le Protocole facultatif à la Convention de l’ONU sur l’Elimination de toutes les formes de discrimination contre les femmes (CEDAW), qui permet de déposer des plaintes au niveau international, si la justice n’est pas disposée à les recevoir au niveau national.

LIBERTE ACADEMIQUE: La Constitution stipule que toutes les institutions d’enseignement sont subordonnées au ministère de l’Education nationale. Aucun rapport ne cite une restriction de la liberté académique de la part du gou- vernement, mais il existe une autocensure sur certaines questions sensibles.

TRAVAIL DES ENFANTS: L’Institut national des statistiques estime qu’environ un million d’enfants travaillent. Cependant, le même rapport affirme qu’il y a eu une baisse de 50% du travail des enfants dans la seconde partie des années 1990. Cette diminution semble se poursuivre, le chiffre cité pour les premiers six mois de 2002 étant une baisse de 8,6%. La Constitution et la législation du travail interdisent l’embauche d’enfants de moins de 15 ans, à l’exception des enfants de 13 à 14 ans qui, s’ils sont inscrits dans une école ou suivent une formation technique et professionnelle, peuvent effectuer un travail léger et à temps partiel. La Constitution interdit également aux enfants d’effectuer des tra- vaux physiquement fatigants, tels le travail souterrain dans des mines ou le travail de nuit. Le ministère du Travail ne fait appliquer ces lois de manière efficace que dans le secteur industriel formel. Le travail des enfants dans la rue est très répandu. 10.000 enfants travaillent dans les rues d’Istanbul. Certains parents contraignent leurs enfants à travailler et à mendier dans les rues. Le gouvernement gère 28 centres offrant une assistance aux enfants des rues. Mais le travail des enfants concerne surtout les régions rurales et les secteurs informels de l’économie, notamment dans les exploitations familiales et, pour les filles, dans les travaux d’artisanat traditionnel. Le gouvernement participe aux programmes d’ac- tion IPEC/OIT et cherche activement à combattre le travail des enfants depuis le début des années 1990. Le crime orga- nisé est impliqué dans le trafic de jeunes filles à des fins de prostitution forcée.

DROITS SYNDICAUX: Depuis la publication de la 2ème édition de son Baromètre en 2001, l’IE a lancé un cer- tain nombre d’appels d’action urgente (AAU) concernant la Turquie. Les relations entre l’affilié de l’IE, EGITIM-SEN, et les autorités se sont progressivement détériorées. Tout au long de l’année 2002, les dirigeants du syndicat ont fréquem- TURQUIE ment et arbitrairement subi arrestation, suspension, mutation sans préavis, licenciement ou expulsion. Certains mili- tants ont fait l’objet d’une enquête relative à l’utilisation légitime de leur liberté d’expression et d’association. En décem- bre 2002, un tribunal d’Ankara a reconnu coupable et condamné Alaaddin Dincer, Président d’EGITIM-SEN et cinq aut- res membres du syndicat, à 15 mois d’emprisonnement pour «avoir participé à une réunion non autorisée et avoir dés- obéi à l’ordre de se disperser.» La Cour d’appel a statué en leur faveur, mais le cas a été à nouveau porté en justice devant la Cour criminelle de Turquie. Le soutien d’EGITIM-SEN à l’éducation en langue maternelle a été la raison du

BAROMÈTRE DE L’IE SUR LES DROITS HUMAINS ET SYNDICAUX DANS LE SECTEUR DE L’ÉDUCATION - 2004 327 TURQUIE

harcèlement constant de ses dirigeants et membres. La Confédération internationale des syndicats libres (CISL) déclare qu’en dépit des récents changements constitutionnels et législatifs, les lois du travail restent généralement inadéquates pour protéger efficacement les droits syndicaux des travailleurs. Le droit d’association a été limité. Les syndicats doivent obtenir une permission officielle pour organiser des réunions ou des rassemblements et sont tenus d’autoriser des repré- sentants du gouvernement à assister à leurs conventions et à enregistrer leurs débats. Depuis 1997, les fonctionnaires, y compris les enseignants, ont le droit de former des syndicats et d’y adhérer. Cependant, la loi ne leur confère pas le droit de négociation collective ou de grève.

Organisation membre de l’IE / Nombre de membres: Syndicat des Fonctionnaires Publics du Secteur de l'Education [EGITIM-SEN] / 122.158 TURQUIE

328 BAROMÈTRE DE L’IE SUR LES DROITS HUMAINS ET SYNDICAUX DANS LE SECTEUR DE L’ÉDUCATION - 2004 TUVALU Population: 11.146

Population <15: 32,6% % du PNB afférent à l’enseignement: Analphabétisme: 5% Espérance de vie à la naissance: m: 64 - f: 69 Taux de scolarisation brut, pré-primaire: Espérance de scolarité (années): Taux de scolarisation brut, primaire: 104% % d’élèves ayant atteint la 5ème année du primaire en 2000: Taux de scolarisation brut, secondaire: Nbre d’étudiants de l’enseignement supérieur par 100.000 habitants: Nbre d’élèves du primaire par enseignant: % des dépenses du gouvernement afférentes à l’enseignement:

Tuvalu n'est pas membre de l'OIT. Tuvalu a été admis aux Nations Unies en 2000. Alors qu'il n'était pas encore membre de l'ONU, il a ratifié en 1995 la Convention des Nations Unies relative aux droits de l'enfant.

SYSTEME EDUCATIF: L’éducation est gratuite et obligatoire pour tous les enfants de 6 à 15 ans. Il existe des éco- les primaires sur chacun des neuf atolls habités. Plus de la moitié de la population du pays habite la capitale, Fongafale, sur l’atoll de Funafuti. L’école secondaire nationale, qui sert à l’ensemble du pays, y est située. Le gouvernement reçoit une aide financière provenant de différentes sources, notamment de la France, de l’Union européenne, du Royaume-Uni, du Japon, du Canada, de l’Australie et de la Nouvelle-Zélande. La réserve d’un fonds de contribution, créé en 1987 par les principaux donateurs, couvre un quart du budget annuel et a permis à Tuvalu de commencer à améliorer son systè- me éducatif. Cela donnera la possibilité à des étudiants qualifiés de suivre une éducation supérieure à l’étranger, notam- ment une formation au métier d’enseignant. Cela permettra également d’introduire des programmes pour la petite enfance et les besoins particuliers, de mettre en œuvre des initiatives visant à établir l’égalité des sexes à l’école et d’a- méliorer les équipements sur les îles les plus isolées. Un certain nombre d’habitants de Tuvalu sont des marins pêcheurs travaillant sur des navires de pêche. Une école maritime, ouverte en 1981 sur l’atoll de Funafuti, dispense à ses recrues une formation de huit mois. EGALITES DES SEXES: En 1998, un rapport consacré au système éducatif du pays recommandait que les filles disposent de l’égalité d’accès à l’école. En grande partie du fait des traditions culturelles, le rôle des femmes reste en effet limité et subordonné. Un nombre croissant de femmes occupe des postes dans les secteurs de la santé et de l’éducation.

LIBERTE ACADEMIQUE: Tuvalu, qui est l’un des 12 pays copropriétaires de l’Université du Pacifique sud, n’en- trave pas l’indépendance académique de l’Université. (Voir aussi Fidji.)

TRAVAIL DES ENFANTS: La législation du travail interdit aux enfants de moins de 14 ans de travailler. Elle inter- dit également l’embauche d’enfants de moins de 15 ans pour des travaux industriels ou sur un navire. Elle stipule par ailleurs que les enfants de moins de 18 ans ne peuvent conclure de contrats officiels, notamment des contrats de travail. Les enfants sont rarement employés en dehors des secteurs traditionnels de l’économie.

DROITS SYNDICAUX: Les travailleurs sont libres de s’organiser en syndicats et de choisir leurs propres représen- tants, mais la majorité des habitants n’a pas d’emploi fixe et exerce une activité de subsistance. La loi prévoit le droit de TUVALU grève, mais aucune grève n’a jamais été enregistrée. Dans le secteur public, les fonctionnaires, les enseignants et les infir- mières - qui représentent moins de 1.000 salariés au total - sont regroupés en associations qui, à l’heure actuelle, n’ont pas le statut de syndicat. Le seul syndicat reconnu est le Tuvalu Seamen’s Union. Dans le secteur privé comme dans la fonction publique, les procédures juridiques de règlement des conflits sont rarement utilisées. En revanche, les deux par- ties entament généralement des discussions, en dehors de toute confrontation, dans l’un des différents centres de réuni- on polyvalents des atolls.

BAROMÈTRE DE L’IE SUR LES DROITS HUMAINS ET SYNDICAUX DANS LE SECTEUR DE L’ÉDUCATION - 2004 329 TUVALU

Organisation membre de l’IE / Nombre de membres: Tuvalu Teachers' Association [TTA] / 98

Tuvalu est un Etat insulaire de basse altitude dont la hauteur au-dessus du niveau de la mer culmine à 5 mètres. Le pays est très préoccupé par les effets des changements cli- matiques mondiaux. Le gouvernement a déjà fait appel à l'Australie et la Nouvelle-Zélande pour accueillir ses habitants si une montée du niveau de la mer rend l'évacuation nécessaire. Bien que l'archipel s'étende sur une superficie océanique de 1 060 000 kilomètres carrés, l'intégralité de la surface habitable n'est que de 26 kilomètres carrés. Elle est par conséquent densément peuplée. A la fin de l'année 2003, la petite nation insulaire de Nuie, qui souffre d'un sérieux problème de sous-population, a proposé d'ac- cueillir de nombreux habitants de Tuvalu en tant que résidents permanents. TUVALU

330 BAROMÈTRE DE L’IE SUR LES DROITS HUMAINS ET SYNDICAUX DANS LE SECTEUR DE L’ÉDUCATION - 2004 URUGUAY République orientale d’Uruguay • Population: 3.386.575

Population <15: 24,7% % du PNB afférent à l’enseignement: 2,8% Analphabétisme: 2,4% Espérance de vie à la naissance: m: 72 - f: 79 Taux de scolarisation brut, pré-primaire: 59,2% Espérance de scolarité (années): m: 13 - f: 14 Taux de scolarisation brut, primaire: 90% % d’élèves ayant atteint la 5ème année du primaire en 2000: 91% Taux de scolarisation brut, secondaire: m: 84,4 - f: 99% Nbre d’étudiants de l’enseignement supérieur par 100.000 habitants: 97.541 Nbre d’élèves du primaire par enseignant: 20 % des dépenses du gouvernement afférentes à l’enseignement:

Ratification des Conventions du BIT: 29 87 98 100 105 111 138 169 182

SYSTEME EDUCATIF: L’éducation pré-primaire, primaire et secondaire est gratuite, obligatoire, laïque et essen- tiellement mixte depuis la fin du 19e siècle. Le système éducatif repose sur une scolarité de neuf ans. 95% des enfants achèvent leurs études primaires. Le taux d’alphabétisation et le nombre d’étudiants inscrits dans l’enseignement secon- daire sont les plus élevés d’Amérique latine. 90% des écoles primaires sont publiques. L’enseignement général dispensé dans les écoles secondaires comprend six ans d’instruction divisés en deux cycles de trois ans, dont le premier est obli- gatoire. Bien que 40% des écoles secondaires soient privées, plus de 80% des étudiants sont inscrits dans des écoles publiques. L’éducation est également gratuite au niveau tertiaire à l’université publique, l’Université de la République. Le pays compte 40 institutions de formation des enseignants et ceux-ci sont parfaitement qualifiés. La pénurie d’offres d’emploi convenables a poussé bon nombre de jeunes diplômés uruguayens à quitter le pays. Les Afro-Urugayens repré- sentent 6% de la population et leur taux d’analphabétisme adulte est le double de la moyenne nationale.

EGALITES DES SEXES: 60% des étudiants à l’université publique sont des jeunes filles. Le pourcentage des Afro- Urugayennes inscrites dans l’enseignement supérieur n’est que le tiers de celui du reste de la population. Le salaire des femmes s’élève aux deux tiers de celui des hommes, poursuivant une progression lente mais continue vers l’égalité des salaires.

LIBERTE ACADEMIQUE: Aucun rapport n’indique une restriction de la liberté académique de la part du gou- vernement. L’Université de la République et l’Université catholique d’Uruguay sont toutes deux autonomes.

TRAVAIL DES ENFANTS: Le travail illégal des enfants n’est pas considéré comme un problème grave. En vertu de la loi en vigueur, les enfants âgés de moins de 14 ans n’ont pas le droit de travailler et cette loi est respectée. Une per- mission de travailler n’est accordée qu’aux mineurs qui ont accompli neuf ans d’instruction obligatoire ou qui restent inscrits à l’école et travaillent pour pouvoir terminer la période d’instruction obligatoire. Les enfants de moins de 18 ans ne peuvent pas exercer d’activité dangereuse ou fatigante, ni travailler la nuit. Les contrôles des rémunérations et des

heures prestées sont plus stricts pour les enfants que pour les adultes. Les enfants âgés de plus de 16 ans peuvent enta- URUGUAY mer une action en justice en cas de non-paiement de leur salaire; en outre, les enfants ont légalement le droit de dispo- ser de leurs revenus. Cependant, de nombreux enfants travaillent comme vendeurs ambulants dans le secteur informel en pleine expansion ou dans le secteur agricole, le travail dans ces deux secteurs étant généralement moins réglementé et moins rémunéré qu’ailleurs. De rares rapports font état de trafic de filles à des fins de prostitution.

BAROMÈTRE DE L’IE SUR LES DROITS HUMAINS ET SYNDICAUX DANS LE SECTEUR DE L’ÉDUCATION - 2004 331 URUGUAY

DROITS SYNDICAUX: Les fonctionnaires, les employés d’entreprises gérées par l’Etat, ainsi que les travailleurs du secteur privé ont le droit d’adhérer à un syndicat. Environ 13% des travailleurs du secteur privé et plus de 80% des tra- vailleurs du secteur public sont syndiqués. La négociation collective engagée entre entreprises et syndicats détermine un certain nombre de salaires du secteur privé. Mais, dans le secteur public, c’est le pouvoir exécutif qui fixe les salaires. En vertu de la Constitution, les travailleurs jouissent du droit de grève. Plusieurs grèves ont eu lieu dans le secteur de l’édu- cation au cours de 2002, dont une grève des étudiants qui a paralysé l’Université de la République pendant plus d’un mois.

Organisation membre de l’IE / Nombre de membres: Federación Democrática de Maestros y Funcionarios de Educación Primaria [FEDMYFEP] / 1.600 Unión Funcionarios Docentes de Uruguay [UFDAUTU-Uruguay] / 3.600 URUGUAY

332 BAROMÈTRE DE L’IE SUR LES DROITS HUMAINS ET SYNDICAUX DANS LE SECTEUR DE L’ÉDUCATION - 2004 VANUATU République de Vanuatu • Population: 196.178

Population <15: 41,6% % du PNB afférent à l’enseignement: 7,3% Analphabétisme: Espérance de vie à la naissance: m: 60 - f: 63 Taux de scolarisation brut, pré-primaire: Espérance de scolarité (années): Taux de scolarisation brut, primaire: 96% % d’élèves ayant atteint la 5ème année du primaire en 2000: 101% Taux de scolarisation brut, secondaire: Nbre d’étudiants de l’enseignement supérieur par 100.000 habitants: 52 Nbre d’élèves du primaire par enseignant: % des dépenses du gouvernement afférentes à l’enseignement: 17,4%

Vanuatu est devenu le 176ème Etat membre de l'OIT le 22 mai 2003. Avec l'aide de l'OIT, un forum national a été mis en place pour exa- miner les Conventions fondamentales et leur possible ratification. SYSTEME EDUCATIF: Au moins la moitié de la population adulte est analphabète et l’accès à l’éducation reste limité. L’école n’est pas obligatoire et le taux d’abandon est élevé. L’enseignement dans les classes est d’autant plus com- pliqué que Vanuatu possède trois langues officielles. L’anglais et le français sont les langues d’instruction à l’école, mais la population ni-vanuatu parle le bichlamar, un pidgin mélanésien provenant de l’anglais. Le gouvernement assure le financement et paie les salaires des enseignants employés par les écoles confessionnelles chrétiennes. Il ne subventionne pas les écoles non chrétiennes, ni les autres écoles privées. Au début de l’année 2002, un grave tremblement de terre a causé de nombreux dégâts et détruit des bâtiments scolaires. Vanuatu possède trois établissements d’enseignement supé- rieur, un centre de formation des enseignants, une école de formation technique et un campus universitaire.

EGALITES DES SEXES: Vanuatu a une organisation traditionnelle patriarcale et les femmes y sont discriminées, bien que la Constitution interdise la discrimination et qu’une loi reconnaisse l’égalité des droits. L’éducation des filles est généralement perçue comme inutile et, après le mariage, elles sont considérées comme la propriété de leur époux. Ces pratiques coutumières sont d’autant plus fortes que la majorité des ni-vanuatu, hommes et femmes, sont analpha- bètes. Le gouvernement affirme qu’il s’est engagé à financer huit années d’éducation pour tous d’ici 2010. Peu d’indi- cateurs, pour ne pas dire aucun, viennent appuyer ces propos.

LIBERTE ACADEMIQUE: Aucun rapport ne fait état d’une restriction de la liberté académique de la part du gou- vernement. Vanuatu accueille l’un des trois campus de l’Université du Pacifique Sud, Emalus, situé dans la capitale, Port-Vila. Il reconnaît le Conseil de l’université comme l’autorité concernant l’enseignement et la recherche. (Voir aussi Fidji.)

TRAVAIL DES ENFANTS: La loi interdit aux enfants de moins de 12 ans de travailler en dehors de la production agricole familiale, où beaucoup d’enfants aident leurs parents. L’embauche d’enfants de 12 à 18 ans est assortie de res- trictions liées à la catégorie professionnelle et aux conditions de travail. Le rapport de l’Education Pour Tous (EPT) sur Vanuatu insiste sur la nécessité d’un contrôle des formes illégales de travail des enfants et d’une protection dans ce domaine. VANUATU

DROITS SYNDICAUX: Tous les travailleurs ont le droit de fonder des syndicats, d’y adhérer et de négocier collec- tivement. Les syndicats ne peuvent adhérer à des fédérations syndicales internationales sans l’approbation du gouverne- ment. Le Vanuatu Council of Trade Unions est membre de la Confédération internationale des syndicats libres (CISL). L’affilié de l’IE, VTU, représente le principal syndicat de la République, puisqu’il rassemble environ 50% des travailleurs syndiqués. Organisation membre de l’IE / Nombre de membres: Vanuatu Teachers' Union [VTU] / 500

BAROMÈTRE DE L’IE SUR LES DROITS HUMAINS ET SYNDICAUX DANS LE SECTEUR DE L’ÉDUCATION - 2004 333 VENEZUELA République bolivarienne du Venezuela • Population: 24.287.670

Population <15: 33,5% % du PNB afférent à l’enseignement: Analphabétisme: 7,2% Espérance de vie à la naissance: m: 70,5- f: 76 Taux de scolarisation brut, pré-primaire: 48,1% Espérance de scolarité (années): Taux de scolarisation brut, primaire: 88% % d’élèves ayant atteint la 5ème année du primaire en 2000: 91% Taux de scolarisation brut, secondaire: m: 54,2 - f: 64,6% Nbre d’étudiants de l’enseignement supérieur par 100.000 habitants: 681.174 Nbre d’élèves du primaire par enseignant: % des dépenses du gouvernement afférentes à l’enseignement:

Ratification des Conventions du BIT: 29 87 98 100 105 111 138 169 182

SYSTEME EDUCATIF: L’instruction est obligatoire, gratuite et universelle pendant 10 années, soit entre 5 et 15 ans. Cependant, 57% des enfants quittent l’école avant la neuvième année. En 2002, les déficits budgétaires et la sta- gnation économique ont contribué à la réduction des dépenses du gouvernement en matière d’éducation, de santé et de services sociaux. Le ministère de l’Education consacre de toute manière une proportion démesurée du budget à l’ensei- gnement supérieur, ce qui entraîne un manque chronique de fonds pour l’éducation primaire et secondaire. Selon l’UNICEF, des centaines de milliers d’enfants n’ont pas accès au système éducatif. Près de 250.000 citoyens qui ont perdu leur logement et leurs infrastructures scolaires lors des inondations et glissements de terrain de 1999 restent des person- nes déplacées à l’intérieur du pays. En outre, environ un million d’enfants n’ont pas droit à l’aide de l’Etat, dont l’édu- cation fait partie, du fait que leur naissance n’a pas été enregistrée en bonne et due forme. Le pays compte environ 315.000 autochtones qui vivent généralement dans des zones rurales isolées où ils n’ont pas accès à l’enseignement. Depuis la dernière édition du Baromètre, le Venezuela a ratifié la convention 169 de l’OIT.

EGALITES DES SEXES: Les femmes représentent la moitié des étudiants dans la plupart des universités et, en moyenne, plus de 60% des inscriptions dans d’autres institutions d’enseignement supérieur.

LIBERTE ACADEMIQUE: Le gouvernement a généralement respecté la liberté académique, mais au cours de 2002-03 l’autonomie des universités du pays a été menacée. Les institutions publiques d’enseignement supérieur, appe- lées «universités expérimentales», sont gérées par un Conseil supérieur dont une majorité des membres peut être nom- mée par le gouvernement. Celui-ci a réussi à remplacer les dirigeants des universités à l’intérieur du pays par des alliés politiques.

TRAVAIL DES ENFANTS: La législation en matière de travail des enfants est correctement mise en œuvre dans le secteur formel de l’économie, mais n’est pas respectée dans le secteur informel où travaillent la plupart des enfants. Un programme qui aurait pu mieux protéger les enfants travaillant dans le secteur informel a été remis à une date indé- terminée par manque de fonds. 76% des enfants vivent dans la pauvreté et cette pauvreté croissante se traduit par une augmentation des abandons. L’ONG CECODAP estime que le nombre d’enfants qui travaillent dans le secteur informel est passé de 1,2 million en 1999 à 1,6 million en 2003. En règle générale, les enfants travaillent pendant un nombre d’heures supérieur à celui autorisé par la loi. Le Code du travail stipule que les enfants âgés de 14 à 16 ans n’ont pas le droit de travailler dans les mines ou les hauts fourneaux ; d’exercer une activité présentant un danger pour leur vie ou leur santé, ou qui pourrait porter préjudice à leur développement intellectuel ou moral ; ou encore de participer à des spectacles publics. Selon CECODAP, plus de 200.000 enfants sont impliqués dans la prostitution, le trafic de drogue et la petite délinquance. Mais il n’existe pas de chiffres fiables permettant de mesurer l’étendue du problème. VENEZUELA

334 BAROMÈTRE DE L’IE SUR LES DROITS HUMAINS ET SYNDICAUX DANS LE SECTEUR DE L’ÉDUCATION - 2004 VENEZUELA

DROITS SYNDICAUX: Pour la CISL, 2002 a été une année de grave conflit politique et social et «de nombreuses situations ont culminé en une confrontation ayant constitué une menace pour la survie du système démocratique. Le gouvernement est resté sur ses positions et a refusé de reconnaître le syndicat national principal, ainsi que d’autres par- tenaires sociaux.» Les deux grèves générales de l’année, la première en avril et la seconde en décembre, ont directement émané de manifestations pour exiger que la politique gouvernementale respecte les droits inscrits à la Constitution du Venezuela. La grève d’avril a été une tentative pour forcer le Président Hugo Chavez à démissionner. Le Rapport HRW de 2003 déclare «qu’après la tentative de coup d’Etat ... la grave fracture dans la société vénézuélienne, les constantes mani- festations politiques et la dégradation de la situation économique ont fait peser sur le pays la menace d’un conflit vio- lent et ont mis en péril la démocratie et la loi et l’ordre. Le Code du travail accorde le droit de former des syndicats et d’y adhérer à tous les employés des secteurs public et privé qui jouissent également du droit de grève. Cependant, la législa- tion autorise le Président à ordonner aux grévistes de reprendre le travail et à soumettre leur conflit à un arbitrage, s’il estime que la grève met en péril «la vie ou la sécurité de tous les citoyens ou d’une partie d’entre eux.» Tous les tra- vailleurs des secteurs public et privé ont le droit à la négociation collective. Comme l’indique le Rapport annuel de l’IE de 2001, toute action dénigrant l’éducation publique et visant à la privatiser est particulièrement inquiétante aux yeux des éducateurs vénézuéliens. L’affiliée de l’IE, la FETRAE, a mobilisé ses adhérents et a organisé grèves et manifestations pour exprimer son opposition à la privatisation.

Organisation membre de l’IE / Nombre de membres: FETRA-Ensenañza [FETRAE] / 8.000 VENEZUELA

BAROMÈTRE DE L’IE SUR LES DROITS HUMAINS ET SYNDICAUX DANS LE SECTEUR DE L’ÉDUCATION - 2004 335 ZAMBIE République de Zambie • Population: 9.959.037

Population <15: 46,4% % du PNB afférent à l’enseignement: 2,3% Analphabétisme: 21% Espérance de vie à la naissance: 37 Taux de scolarisation brut, pré-primaire: Espérance de scolarité (années): Taux de scolarisation brut, primaire: % d’élèves ayant atteint la 5ème année du primaire en 2000: Taux de scolarisation brut, secondaire: Nbre d’étudiants de l’enseignement supérieur par 100.000 habitants: 24.553 Nbre d’élèves du primaire par enseignant: % des dépenses du gouvernement afférentes à l’enseignement: 17,6%

Ratification des Conventions du BIT: 29 87 98 100 105 111 138 169 182

SYSTEME EDUCATIF: La Zambie est un pays extrêmement pauvre mais qui s’est engagé à donner à tous les enfants l’accès à l’enseignement de base d’ici l’année 2015. L’enseignement est maintenant obligatoire jusqu’à la neu- vième année, mais il n’était pas à la portée de nombreuses familles jusqu’à ce que le gouvernement annonce en mars 2002 la suppression des frais scolaires et décide que les uniformes ne seraient désormais plus obligatoires pour les élèves de l’enseignement primaire. Bien que ces changements survenus dans la politique éducative aient stoppé le déclin des inscriptions à l’école primaire, les services restent néanmoins inadéquats, les écoles manquent de matériel et d’ensei- gnants. Moins de 20% des élèves qui obtiennent un diplôme de l’instruction primaire poursuivent leurs études dans l’en- seignement secondaire supérieur. Le taux d’adultes malades du VIH/SIDA s’élevait à 20% en 1999. La Zambie faisait par- tie des pays retenus pour recevoir des fonds dans le cadre de l’Initiative de la voie rapide de la Banque mondiale (World Bank Fast Track Initiative), lancée en 2002. Les fonds pour cette initiative n’ont pas encore été mis à la disposition de la Zambie.

EGALITES DES SEXES: Les filles et les garçons entrent à l’école primaire en nombres quasiment égaux, mais moins de filles continuent dans l’enseignement secondaire ou supérieur.

LIBERTE ACADEMIQUE: Le gouvernement ne restreint généralement pas la liberté académique à l’Université de Zambie, bien que le ministère de l’Education puisse nommer des membres au conseil universitaire.

TRAVAIL DES ENFANTS: L’âge minimum d’embauche des enfants est fixé à 16 ans et la loi applique effective- ment cette loi dans le secteur formel, secteur dans lequel, en raison du taux de chômage élevé des adultes, aucun emploi n’est ouvert aux enfants. La loi ne s’applique par contre pas à ceux qui travaillent dans les fermes de subsistance, les ser- vices domestiques, le travail ménager et dans de nombreux autres secteurs informels. Elle n’est pas non plus appliquée dans le cas de la prostitution enfantine. Dans les zones urbaines, les enfants sont généralement engagés comme vendeurs ambulants dans les rues. Le nombre d’enfants des rues à Lusaka est passé de 35 000 en 1991 à 95 000 en 2001, en par- tie en raison du nombre croissant de parents morts du VIH/SIDA. Près de 75% de tous les ménages en Zambie s’occupent d’au moins un orphelin et 7% des ménages sont tenus par des enfants en raison de la mort des deux parents.

DROITS SYNDICAUX: La Constitution accorde aux travailleurs le droit de former des syndicats et d’y adhérer et environ 60% des 300 000 travailleurs du secteur formel sont syndiqués. Les travailleurs ont le droit de s’organiser, le droit à la négociation collective et le droit de grève. Les employeurs et les organisations dans chaque industrie négocient col- lectivement des conventions grâce à un conseil commun au sein duquel le gouvernement n’interfère pas. Les fonction- naires et les enseignants négocient directement avec le gouvernement. La loi codifie le principe «une industrie, une orga- ZAMBIE

336 BAROMÈTRE DE L’IE SUR LES DROITS HUMAINS ET SYNDICAUX DANS LE SECTEUR DE L’ÉDUCATION - 2004 ZAMBIE

nisation» et le gouvernement utilise ce concept pour justifier le fait qu’il continue à refuser aux enseignants du secon- daire le droit de former ou d’adhérer à une organisation séparée du ZNUT (Zambian National Union of Teachers). Au cours de l’année 2003, le ZNUT a entamé une grève avec le soutien de l’IE pour protester contre le retard pris par le gou- vernement pour honorer les accords et contre le fait qu’il n’avait pas consulté les enseignants de Zambie sur des ques- tions importantes.

Organisation membre de l’IE / Nombre de membres: Zambia National Union of Teachers [ZNUT] / 35.000

Le Haut Commissariat des Nations Unies aux Réfugiés (HCR) a estimé qu'en 2002, il y avait 275.000 réfugiés en Zambie. ZAMBIE

BAROMÈTRE DE L’IE SUR LES DROITS HUMAINS ET SYNDICAUX DANS LE SECTEUR DE L’ÉDUCATION - 2004 337 ZIMBABWE République du Zimbabwe • Population: 11.376.676

Population <15: 43,5% % du PNB afférent à l’enseignement: 10,4% Analphabétisme: 10,7% Espérance de vie à la naissance: m: 37 - f: 35 Taux de scolarisation brut, pré-primaire: Espérance de scolarité (années): Taux de scolarisation brut, primaire: % d’élèves ayant atteint la 5ème année du primaire en 2000: Taux de scolarisation brut, secondaire: Nbre d’étudiants de l’enseignement supérieur par 100.000 habitants: 48.894 Nbre d’élèves du primaire par enseignant: % des dépenses du gouvernement afférentes à l’enseignement:

Ratification des Conventions du BIT: 29 87 98 100 105 111 138 169 182

SYSTEME EDUCATIF: Le Zimbabwe n’a pas de système scolaire obligatoire mais le nombre d’inscriptions était élevé jusqu’en 1992, date de la réintroduction des frais de scolarité dans les écoles primaires urbaines et secondaires rura- les. Les inscriptions ont alors diminué dans des proportions significatives. Le gouvernement a établi un programme d’oc- troi de subventions pour les enfants nécessiteux mais il ne disposait pas d’assez de fonds et la corruption a miné la pro- cédure de sélection des bénéficiaires. Le programme scolaire inclut un cours sur les droits humains - ce programme était en place au cours des années 2000-03 lorsque les membres du parti dominant, le ZANU-PF, s’en est pris aux enseignants, a envahi des centaines d’écoles et a décidé de la fermeture de certaines d’entre elles qui ont ensuite été utilisées comme centres de torture. Le gouvernement a ordonné aux étudiants entrant à l’université, dans la formation d’enseignants ou dans la fonction publique de présenter un diplôme obtenu dans un camp de jeunesse national. Ces camps servent osten- siblement à inculquer la fierté, à développer certaines capacités et à mettre en valeur le mouvement d’indépendance. Des sources dignes de foi rapportent que leur objectif réel est d’inculquer l’allégeance au ZANU-PF et de former les cadets aux aptitudes paramilitaires et à l’expertise en matière d’oppression politique.

EGALITES DES SEXES: Près de 9% de la population masculine adulte est illettrée, comparé aux 18% de la popu- lation féminine adulte. Les frais de scolarité ont considérablement augmenté en raison de l’inflation galopante. Lorsque ceux-ci deviennent un fardeau, c’est le plus souvent les filles qui quittent l’école. Même pendant les périodes écono- miques plus fastes, moins de filles que de garçons vont à l’école secondaire dans la plupart des régions. On estime que sur l’ensemble des étudiants inscrits dans l’enseignement supérieur, 40% sont du sexe féminin.

LIBERTE ACADEMIQUE: La loi portant sur un amendement relatif à l’Université du Zimbabwe et la loi du Conseil national de l’enseignement supérieur réduisent la liberté académique en limitant l’autonomie des universités. C’est le gouvernement qui décide de toutes les nominations importantes.

TRAVAIL DES ENFANTS: Un taux de 75% de chômage a effectivement éliminé le travail des enfants de certains des secteurs de l’économie formelle. Le travail des enfants a représenté un problème dans le secteur formel de l’agricul- ture, spécialement au cours des saisons de plantation et de récolte. Celui-ci a également décliné car de nombreuses fer- mes ont été abandonnées ou ont cessé de produire des récoltes commerciales suite aux expulsions forcées de travailleurs et de leur famille des fermes et plantations. Le nombre de personnes expulsées se monte à quelque 500.000 et celles-ci se retrouvent sans toit ni nourriture. La majorité d’entre elles sont des femmes et des enfants. Certains experts estiment qu’un tiers de la population adulte est victime du VIH/SIDA et prédisent que la conséquence pourrait en être un million d’orphelins d’ici 2005. En 2002 les orphelinats et les maisons d’accueil étaient saturées et incapables de faire face au pro- blème des enfants sans parents. Il n’existe pas de politique en vigueur ou de fonds de réserve qui puissent parer à la crise ZIMBABWE

338 BAROMÈTRE DE L’IE SUR LES DROITS HUMAINS ET SYNDICAUX DANS LE SECTEUR DE L’ÉDUCATION - 2004 ZIMBABWE

inévitable qui se dessine. Les grands-parents ou les frères et sœurs doivent prendre soin des jeunes enfants. Les rapports indiquent que de nombreux orphelins deviennent les victimes d’abus sexuels. Les enfants des rues et les problèmes liés à leur existence misérable ont été identifiés dans l’édition précédente du Baromètre de l’IE - vols, cambriolages, violence de la rue, consommation de drogue, prostitution et mort prématurée. Chaque semaine, le nombre d’enfants affamés et sans toit augmente.

DROITS SYNDICAUX: La Confédération internationale des syndicats libres (CISL) a déclaré que l’année 2002 avait été marquée par «le plus haut degré de violence et d’intimidation que le Zimbabwe ait jamais connu contre les syn- dicalistes et les défenseurs de la démocratie.» Au cours de l’année 2002, les sympathisants du parti ZANU-PF ont multi- plié leurs attaques contre les enseignants soupçonnés de soutenir le mouvement d’opposition, le Movement for Democratic Change (MDC). Amnesty International (AI) rapporte qu’en octobre 2002, une grève des enseignants, menée par le syndicat progressiste des enseignants du Zimbabwe (PTUZ), a dû faire face à une force de police excessive et plus de 600 enseignants ont été ensuite licenciés par le gouvernement. L’IE a vivement protesté contre ces licenciements et a demandé que les enseignants soient réintégrés. La loi sur les relations industrielles (LRA) offre aux travailleurs du sec- teur privé la liberté d’association et la liberté d’organiser des syndicats ou d’y adhérer. La LRA ne couvre pas les fonc- tionnaires, ni leurs associations, ni même la ZIMTA, l’affiliée à l’IE. Le gouvernement fixe les conditions d’emploi des fonctionnaires, les considère comme des travailleurs essentiels et leur interdit l’action de grève. Une réforme de loi datant de 1999 permet aux «travailleurs essentiels» non couverts par la LRA d’adhérer à des syndicats et de leur octroyer le droit de grève dans certaines limites. Les enseignants peuvent négocier collectivement même si une telle activité reste à la dis- crétion du ministère du Travail. Les membres de ZIMTA ont lancé une action de grève en mai 2003 qui a mené à des négociations couronnées de succès sur l’amélioration de leurs salaires et indemnités.

Organisation membre de l’IE / Nombre de membres: Zimbabwe Educational Scientific and Cultural Workers Union [ZESSCWU] / 6.000 Zimbabwe Teachers' Association [ZIMTA] / 45.000 Zimbabwe Teachers' Union [ZITU] / 13.000 ZIMBABWE

BAROMÈTRE DE L’IE SUR LES DROITS HUMAINS ET SYNDICAUX DANS LE SECTEUR DE L’ÉDUCATION - 2004 339 A NNEXES

CONVENTION DES NATIONS UNIES RELATIVE AUX DROITS DE L'ENFANT

PRÉAMBULE

Les États parties à la présente Convention, Considérant que, conformément aux principes proclamés dans la Charte des Nations Unies, la reconnaissance de la digni- té inhérente à tous les membres de la famille humains ainsi que l'égalité et le caractère inaliénable de leurs droits dont le fondement de la liberté, de la justice et de la paix dans le monde, Ayant présent à l'esprit le fait que les peuples des Nations Unies ont, dans la Charte des Nations Unies, proclamé à nou- veau leur foi dans les droits fondamentaux de l'homme et dans la dignité et la valeur de la personne humaine, et qu'ils ont résolu de favoriser le progrès social et d'instaurer de meilleures conditions de vie dans une liberté plus grande, Reconnaissant que les Nations Unies, dans la Déclaration universelle des droits de l'homme et dans les Pactes interna- tionaux relatifs aux droits de l'homme, ont proclamé et sont convenues que chacun peut se prévaloir de tous les droits et de toutes les libertés qui y sont énoncés, sans distinction aucune, notamment de race, de couleur, de sexe, de langue, de religion, d'opinion politique ou de toute autre opinion, d'origine nationale ou sociale, de fortune, de naissance ou de toute autre situation, Rappelant que, dans la Déclaration universelle des droits de l'homme, les Nations Unies ont proclamé que l'enfance a droit à une aide et à une assistance spéciales, Convaincus que la famille, unité fondamentale de la société et milieu naturel pour la croissance et le bien-être de tous ses membres, et en particulier des enfants, doit recevoir la protection et l'assistance dont elle a besoin pour pouvoir jouer pleinement son rôle dans la communauté, Reconnaissant que l'enfant, pour l'épanouissement harmonieux de sa personnalité, doit grandir dans le milieu familial, dans un climat de bonheur, d'amour et de compréhension, Considérant qu'il importe de préparer pleinement l'enfant à avoir une vie individuelle dans la société, et de l'élever dans l'esprit des idéaux proclamés dans la Charte des Nations Unies, et en particulier dans un esprit de paix, de dignité, de tolérance, de liberté, d'égalité et de solidarité, Ayant présent à l'esprit que la nécessité d'accorder une protection spéciale à l'enfant a été énoncée dans la Déclaration de Genève de 1924 sur les droits de l'enfant et dans la Déclaration des droits de l'enfant adoptée par les Nations Unies en 1959, et qu'elle a été reconnue dans la Déclaration universelle des droits de l'homme, dans le pacte international rela- tif aux droits civils et politiques (en particulier aux articles 23 et 24) dans le pacte international relatif aux droits éco- nomiques, sociaux et culturels (en particulier à l'article 10) et dans les statuts et instruments pertinents des institutions spécialisées et des organisations internationales qui se préoccupent du bien-être de l'enfant, Ayant présent à l'esprit que comme indiqué dans la déclaration des droits de l'enfant, adopté le 20 novembre 1959 par l'assemblée générale des Nations Unies, "l'enfant, en raison de son manque de maturité physique et intellectuelle, a besoin d'une protection spéciale et de soins spéciaux, notamment d'une protection juridique appropriée, avant, comme après la naissance", Rappelant les dispositions de la Déclaration sur les principes sociaux et juridiques applicables à la protection et au bien- être des enfants, envisagés surtout sous l'angle des pratiques en matière d'adoption et de placement familial sur les plans national et international (résolution 41/85 de l'Assemblée générale, en date du 3 décembre 1986) de l'Ensemble de règles minima des Nations Unies concernant l'administration de la justice pour mineurs ("Règles de Beijing"- résolution 40/33 de l'Assemblée générale, en date du 29 novembre 1985) et de la Déclaration sur la protection des femmes et des enfants en période d'urgence et de conflit armé (résolution 3318 (XXIX) de l'Assemblée générale, en date du 14 décembre 1974), Reconnaissant qu'il y a dans tous les pays du monde des enfants qui vivent dans des conditions particulièrement diffi- ciles, et qu'il est nécessaire d'accorder à ces enfants une attention particulière, Tenant dûment compte de l'importance des traditions et valeurs culturelles de chaque peuple dans la protection et le développement harmonieux de l'enfant, Reconnaissant l'importance de la coopération internationale pour l'amélioration des conditions de vie des enfants dans tous les pays, et en particulier dans les pays en développement,

BAROMÈTRE DE L’IE SUR LES DROITS HUMAINS ET SYNDICAUX DANS LE SECTEUR DE L’ÉDUCATION - 2004 341 ENFANT ’

Sont convenus de ce qui suit : PREMIERE PARTIE Article premier Au sens de la présente convention, un enfant s'entend de tout être humain âgé de moins de dix-huit ans, sauf si la majorité est atteinte plus tôt, en vertu de la législation qui lui est applicable.

Article 2 1. Les États parties s'engagent à respecter les droits qui sont énoncés dans la présente Convention et à les garan- tir à tout enfant relevant de leur juridiction, sans distinction aucune, indépendamment de toute considération de race, de couleur, de sexe, de langue, de religion, d'opinion politique ou autre de l'enfant ou de ses parents ou représentants légaux, de leur origine nationale, ethnique ou sociale, de leur situation de fortune, de leur incapacité, de leur naissance ou de toute autre situation. 2. Les États parties prennent toutes les mesures appropriées pour que l'enfant soit effectivement protégé contre toutes formes de discrimination ou de sanction motivées par la situation juridique, les activités, les opinions ONVENTION DES DROITS DE L déclarées ou les convictions de ses parents, de ses représentants légaux ou des membres de sa famille. C

Article 3 1. Dans toutes les décisions qui concernent les enfants, qu'elles soient le fait des institutions publiques ou pri- vées de protection sociale, des tribunaux, des autorités administratives ou des organes législatifs, l'intérêt supé- rieur de l'enfant doit être une considération primordiale. 2. Les États parties s'engagent à assurer à l'enfant la protection et les soins nécessaires à son bien-être, compte tenu des droits et des devoirs de ses parents, de ses tuteurs ou des autres personnes légalement responsables de lui, et ils prennent à cette fin toutes les mesures législatives et administratives appropriées. 3. Les États parties veillent à ce que le fonctionnement des institutions, services et établissements qui ont la char- ge des enfants et assurent leur protection soit conforme aux normes fixées par les autorités compétentes, par- ticulièrement dans le domaine de la sécurité et de la santé et en ce qui concerne le nombre et la compétence de leur personnel ainsi que l'existence d'un contrôle approprié.

Article 4 Les États parties s'engagent à prendre toutes les mesures législatives, administratives et autres qui sont nécessaires pour mettre en œuvre les droits reconnus dans la présente Convention. Dans le cas des droits économiques, sociaux et cul- turels, ils prennent ces mesures dans toutes les limites des ressources dont ils disposent et, s'il y a lieu, dans le cadre de la coopération internationale.

Article 5 Les États parties respectent la responsabilité, le droit et le devoir qu'ont les parents ou, le cas échéant, les membres de la famille élargie ou de la communauté, comme prévu par la coutume locale, les tuteurs ou autres personnes légale- ment responsables de l'enfant, de donner à celui-ci, d'une manière qui corresponde au développement de ses capaci- tés, l'orientation et les conseils appropriés à l'exercice des droits que lui reconnaît la présente Convention.

Article 6 1. Les États parties reconnaissent que tout enfant a un droit inhérent à la vie. 2. Les États parties assurent dans toute la mesure possible la survie et le développement de l'enfant.

Article 7 1. L'enfant est enregistré aussitôt sa naissance et a dès celle-ci le droit à un nom, le droit d'acquérir une natio- nalité et, dans la mesure du possible, le droit de connaître ses parents et être élevé par eux. 2. Les États parties veillent à mettre ces droits en œuvre conformément à leur législation nationale et aux obli- gations que leur imposent les instruments internationaux applicables en la matière, en particulier dans les cas où faute de cela l'enfant se trouverait apatride.

342 BAROMÈTRE DE L’IE SUR LES DROITS HUMAINS ET SYNDICAUX DANS LE SECTEUR DE L’ÉDUCATION - 2004 C NETO E RISD L DE DROITS DES ONVENTION

Article 8 1. Les États parties s'engagent à respecter le droit de l'enfant de préserver son identité, y compris sa nationalité, son nom et ses relations familiales, tels qu'ils sont reconnus par la loi, sans ingérence illégale. 2. Si un enfant est illégalement privé des éléments constitutifs de son identité ou de certains d'entre eux, les États parties doivent lui accorder une assistance et une protection appropriées, pour que son identité soit rétablie aussi rapidement que possible.

Article 9 1. Les États parties veillent à ce que l'enfant ne soit pas séparé de ses parents contre leur gré, à moins que les auto- rités compétentes ne décident, sous réserve de révision judiciaire et conformément aux lois et procédures appli- cables, que cette séparation est nécessaire dans intérêt supérieur de l'enfant. Une décision en ce sens peut être ’

nécessaire dans certains cas particuliers, par exemple lorsque les parents maltraitent ou négligent l'enfant, ou ENFANT lorsqu'ils vivent séparément et qu'une décision doit être prise au sujet du lieu de résidence de l'enfant. 2. Dans tous les cas prévus au paragraphe 1, toutes les parties intéressées doivent avoir la possibilité de participer aux délibérations et de faire connaître leurs vues. 3. Les États parties respectent le droit de l'enfant séparé de ses deux parents ou de l'un d'eux d'entretenir réguliè- rement des relations personnelles et des contacts directs avec ses deux parents, sauf si cela est contraire à inté- rêt supérieur de l'enfant 4. Lorsque la séparation résulte de mesures prises par un État partie, telles que la détention, l'emprisonnement, l'exil, l'expulsion ou la mort (y compris la mort, quelle qu'en soit la cause, survenue en cours de détention) des deux parents ou de l'un d'eux, ou de l'enfant, l'État partie donne sur demande aux parents, à l'enfant ou, s'il y a lieu, à un autre membre de la famille les renseignements essentiels sur le lieu où se trouvent le membre ou les membres de la famille, à moins que la divulgation de ces renseignements ne soit préjudiciable au bien-être de l'enfant. Les États parties veillent en outre à ce que la présentation d'une telle demande n'entraîne pas en elle- même de conséquences fâcheuses pour la personne ou les personnes intéressées.

Article 10 1. Conformément à l'obligation incombant aux États parties en vertu du paragraphe 1 de l'article 9, toute deman- de faite par un enfant ou ses parents en vue d'entrer dans un État partie ou de le quitter aux fins de réunifica- tion familiale est considérée par les États parties. dans un esprit positif, avec humanité et diligence. Les États parties veillent en outre à ce que la présentation d'une telle demande n'entraîne pas de conséquences fâcheuses pour les auteurs de la demande et les membres de leurs familles. 2. Un enfant dont les parents résident dans des États différents a le droit d'entretenir, sauf circonstances excep- tionnelles, des relations personnelles et des contacts directs réguliers avec ses deux parents. À cette fin, et conformément à l'obligation incombant aux États parties en vertu du paragraphe 2 de l'article 9, les États par- ties respectent le droit qu'ont l'enfant et ses parents de quitter tout pays, y compris le leur, et de revenir dans leur propre pays. Le droit de quitter tout pays ne peut faire l'objet que des restrictions prescrites par la loi qui sont nécessaires pour protéger la sécurité nationale, l'ordre public, la santé ou la moralité publiques, ou les droits et libertés d'autrui, et qui sont compatibles avec les autres droits reconnus dans la présente Convention.

Article 11 1. Les États parties prennent des mesures pour lutter contre les déplacements et les non-retour illicites d'enfants à l'étranger. 2. À cette fin, les États parties favorisent la conclusion d'accords bilatéraux ou multilatéraux ou l'adhésion aux accords existants.

Article 12 1. Les États parties garantissent à l'enfant qui est capable de discernement le droit d'exprimer librement son opi- nion sur toute question l'intéressant, les opinions de l'enfant étant dûment prises en considération eu égard à son âge et à son degré de maturité. 2. À cette fin, on donnera notamment à l'enfant la possibilité être entendu dans toute procédure judiciaire ou administrative l'intéressant, soit directement, soit par l'intermédiaire d'un représentant ou d'un organisme approprié, de façon compatible avec les règles de procédure de la législation nationale.

BAROMÈTRE DE L’IE SUR LES DROITS HUMAINS ET SYNDICAUX DANS LE SECTEUR DE L’ÉDUCATION - 2004 343 ENFANT ’

Article 13 1. L'enfant a droit à la liberté d'expression. Ce droit comprend la liberté de rechercher, de recevoir et de répandre des informations et des idées de toute espèce, sans considération de frontières, sous une forme orale, écrite, imprimée ou artistique, ou par tout autre moyen du choix de l'enfant. 2. L'exercice de ce droit ne peut faire l'objet que des seules restrictions qui sont prescrites par la loi et qui sont nécessaires : a) Au respect des droits ou de la réputation d'autrui ; ou b) À la sauvegarde de la sécurité nationale, de l'ordre public, de la santé ou de la moralité publiques.

Article 14 1. Les États parties respectent le droit de l'enfant à la liberté de pensée, de conscience et de religion. 2. Les États parties respectent le droit et le devoir des parents ou, le cas échéant, des représentants légaux de l'en- fant, de guider celui-ci dans l'exercice du droit susmentionné d'une manière qui corresponde au développe- ment de ses capacités. ONVENTION DES DROITS DE L 3. La liberté de manifester sa religion ou ses convictions ne peut être soumise qu'aux seules restrictions qui sont C prescrites par la loi et qui sont nécessaires pour préserver la sûreté publique, l'ordre public, la santé et la mora- lité publiques, ou les libertés et droits fondamentaux d'autrui.

Article 15 1. Les États parties reconnaissent les droits de l'enfant à la liberté d'association et à la liberté de réunion paci- fique. 2. L'exercice de ces droits ne peut faire l'objet que des seules restrictions qui sont prescrites par la loi et qui sont nécessaires dans une société démocratique, dans l'intérêt de la sécurité nationale, de la sûreté publique ou de l'ordre public, ou pour protéger la santé ou la moralité publiques, ou les droits et libertés d'autrui.

Article 16 1. Nul enfant ne fera l'objet d'immixtions arbitraires ou illégales dans sa vie privée, sa famille, son domicile ou sa correspondance, ni d'atteintes illégales à son honneur et à sa réputation. 2. L'enfant a droit à la protection de la loi contre de telles immixtions ou de telles atteintes.

Article 17 Les États parties reconnaissent l'importance de la fonction remplie par les médias et veillent à ce que l'enfant ait accès à une information et à des matériels provenant de sources nationales et internationales diverses, notamment ceux qui visent à promouvoir son bien-être social, spirituel et moral ainsi que sa santé physique et mentale. À cette fin, les États parties: a) Encouragent les médias à diffuser une information et des matériels qui présentent une utilité sociale et cul- turelle pour l'enfant et répondent à l'esprit de l'article 29; b) Encouragent la coopération internationale en vue de produire, d'échanger et de diffuser une information et des matériels de ce type provenant de différentes sources culturelles, nationales et internationales; c) Encouragent la production et la diffusion de livres pour enfants; d) Encouragent les médias à tenir particulièrement compte des besoins linguistiques des enfants autochtones ou appartenant à un groupe minoritaire; e) Favorisent l'élaboration de principes directeurs appropriés destinés à protéger l'enfant contre l'information et les matériels qui nuisent à son bien-être, compte tenu des dispositions des articles 13 et 18.

Article 18 1. Les États parties s'emploient de leur mieux à assurer la reconnaissance du principe selon lequel les deux parents ont une responsabilité commune pour ce qui est d'élever l'enfant et d'assurer son développement. La respon- sabilité d'élever l'enfant et d'assurer son développement incombe au premier chef aux parents ou, le cas échéant, à ses représentants légaux. Ceux-ci doivent être guidés avant tout par l'intérêt supérieur de l'enfant. 2. Pour garantir et promouvoir les droits énoncés dans la présente Convention, les États parties accordent l'aide appropriée aux parents et aux représentants légaux de l'enfant dans l'exercice de la responsabilité qui leur

344 BAROMÈTRE DE L’IE SUR LES DROITS HUMAINS ET SYNDICAUX DANS LE SECTEUR DE L’ÉDUCATION - 2004 C NETO E RISD L DE DROITS DES ONVENTION

incombe d'élever l'enfant et assurent la mise en place d'institutions. d'établissements et de services chargés de veiller au bien-être des enfants. 3. Les États parties prennent toutes les mesures appropriées pour assurer aux enfants dont les parents travaillent le droit de bénéficier des services et établissements de garde d'enfants pour lesquels ils remplissent les condi- tions requises.

Article 19 1. Les États parties prennent toutes les mesures législatives, administratives, sociales et éducatives appropriées pour protéger l'enfant contre toutes formes de violence, d'atteinte ou de brutalités physiques ou mentales, d'aban- don ou de négligence, de mauvais traitements ou d'exploitation, y compris la violence sexuelle, pendant qu'il est sous la garde de ses parents ou de l'un d'eux, de son ou ses représentants légaux ou de toute autre personne à qui il est confié. ’ 2. Ces mesures de protection comprendront, selon qu'il conviendra, des procédures efficaces pour l'établissement ENFANT de programmes sociaux visant à fournir l'appui nécessaire à l'enfant et à ceux à qui il est confié, ainsi que pour d'autres formes de prévention, et aux fins d'identification, de rapport, de renvoi, d'enquête, de traitement et de suivi pour les cas de mauvais traitements de l'enfant décrits ci-dessus, et comprendre également, selon qu'il conviendra, des procédures d'intervention judiciaire.

Article 20 1. Tout enfant qui est temporairement ou définitivement privé de son milieu familial, ou qui dans son propre inté- rêt ne peut être laissé dans ce milieu, a droit à une protection et une aide spéciales de l'État. 2. Les États parties prévoient pour cet enfant une protection de remplacement conforme à leur législation natio- nale. 3. Cette protection de remplacement peut notamment avoir la forme du placement dans une famille, de la "Kafala" de droit islamique, de l'adoption ou, en cas de nécessité, du placement dans un établissement pour enfants approprié. Dans le choix entre ces solutions, il est dûment tenu compte de la nécessité d'une certaine continui- té dans l'éducation de l'enfant, ainsi que de son origine ethnique, religieuse, culturelle et linguistique.

Article 21 Les États parties qui admettent et/ou autorisent l'adoption s'assurent que l'intérêt supérieur de l'enfant est la considé- ration primordiale en la matière, et : a) Veillent à ce que l'adoption d'un enfant ne soit autorisée que par les autorités compétentes, qui vérifient, conformément à la loi et aux procédures applicables et sur la base de tous les renseignements fiables relatifs au cas considéré, que l'adoption peut avoir lieu eu égard à la situation de l'enfant par rapport à ses père et mère, parents et représentants légaux et que, le cas échéant, les personnes intéressées ont donné leur consentement à l'adoption en connaissance de cause, après s'être entourées des avis nécessaires ; b) Reconnaissent que l'adoption à l'étranger peut être envisagée comme un autre moyen d'assurer les soins nécessaires à l'enfant, si celui-ci ne peut, dans son pays d'origine, être placé dans une famille nourricière ou adoptive ou être convenablement élevé ; c) Veillent, en cas d'adoption à l'étranger, à ce que l'enfant ait le bénéfice de garanties et de normes équivalant à celles existant en cas d'adoption nationale ; d) Prennent toutes les mesures appropriées pour veiller à ce que, en cas d'adoption à l'étranger, le placement de l'enfant ne se traduise pas par un profit matériel indu pour les personnes qui en sont responsables ; e) Poursuivent les objectifs du présent article en concluant des arrangements ou des accords bilatéraux ou mul- tilatéraux, selon les cas, et s'efforcent dans ce cadre de veiller à ce que les placements d'enfants à l'étranger soient effectués par des autorités ou des organes compétents.

Article 22 1. Les États parties prennent les mesures appropriées pour qu'un enfant qui cherche à obtenir le statut de réfugié ou qui est considéré comme réfugié en vertu des règles et procédures du droit international ou national appli- cable, qu'il soit seul ou accompagné de ses père et mère ou de toute autre personne, bénéficie de la protection et de l'assistance humanitaire voulues pour lui permettre de jouir des droits que lui reconnaissent la présente Convention et les autres instruments internationaux relatifs aux droits de l'homme ou de caractère humanitai- re auxquels lesdits États sont parties. 2. À cette fin, les États parties collaborent, selon qu'ils le jugent nécessaire, à tous les efforts faits par

BAROMÈTRE DE L’IE SUR LES DROITS HUMAINS ET SYNDICAUX DANS LE SECTEUR DE L’ÉDUCATION - 2004 345 ENFANT ’

l'Organisation des Nations Unies et les autres organisations intergouvernementales ou non gouvernementales compétentes collaborant avec l'Organisation des Nations Unies pour protéger et aider les enfants qui se trou- vent en pareille situation et pour rechercher les père et mère ou autres membres de la famille de tout enfant réfugié en vue d'obtenir les renseignements nécessaires pour le réunir à sa famille. Lorsque ni le père, ni la mère, ni aucun autre membre de la famille ne peut être retrouvé, l'enfant se voit accorder, selon les principes énoncés dans la présente Convention, la même protection que tout autre enfant définitivement ou temporai- rement privé de son milieu familial pour quelque raison que ce soit.

Article 23 1. Les États parties reconnaissent que les enfants mentalement ou physiquement handicapés doivent mener une vie pleine et décente, dans des conditions qui garantissent leur dignité, favorisent leur autonomie et facilitent leur participation active à la vie de la collectivité. 2. Les États parties reconnaissent le droit des enfants handicapés de bénéficier de soins spéciaux et encouragent et assurent, dans la mesure des ressources disponibles, l'octroi, sur demande, aux enfants handicapés remplis- sant les conditions requises et à ceux qui en ont la charge, d'une aide adaptée à l'état de l'enfant et à la situa-

ONVENTION DES DROITS DE L tion de ses parents ou de ceux à qui il est confié. C 3. Eu égard aux besoins particuliers des enfants handicapés, l'aide fournie conformément au paragraphe 2 est gratuite chaque fois qu'il est possible, compte tenu des ressources financières de leurs parents ou de ceux à qui l'enfant est confié, et elle est conçue de telle sorte que les enfants handicapés aient effectivement accès à l'éducation, à la formation, aux soins de santé, à la rééducation, à la préparation à l'emploi et aux activités récréatives, et bénéficient de ces services de façon propre à assurer une intégration sociale aussi complète que possible et leur épanouissement personnel, y compris dans le domaine culturel et spirituel. 4. Dans un esprit de coopération internationale, les États parties favorisent l'échange d'informations pertinentes dans le domaine des soins de santé préventifs et du traitement médical, psychologique et fonctionnel des enfants handicapés, y compris par la diffusion d'informations concernant les méthodes de rééducation et les services de formation professionnelle, ainsi que l'accès à ces données, en vue de permettre aux États parties d'améliorer leurs capacités et leurs compétences et d'élargir leur expérience dans ces domaines. À cet égard, il est tenu particulièrement compte des besoins des pays en développement.

Article 24 1. Les États parties reconnaissent le droit de l'enfant de jouir du meilleur état de santé possible et de bénéficier de services médicaux et de rééducation. Ils s'efforcent de garantir qu'aucun enfant ne soit privé du droit d'avoir accès à ces services. 2. Les États parties s'efforcent d'assurer la réalisation intégrale du droit susmentionné et, en particulier, prennent des mesures appropriées pour: a) Réduire la mortalité parmi les nourrissons et les enfants ; b) Assurer à tous les enfants l'assistance médicale et les soins de santé nécessaires, l'accent étant mis sur le développement des soins de santé primaires ; c) Lutter contre la maladie et la malnutrition, y compris dans le cadre des soins de santé primaires, grâce notamment à l'utilisation de techniques aisément disponibles et à la fourniture d'aliments nutritifs et d'eau potable, compte tenu des dangers et des risques de pollution du milieu naturel ; d) Assurer aux mères des soins prénatals et postnatals appropriés ; e) Faire en sorte que tous les groupes de la société, en particulier les parents et les enfants, reçoivent une infor- mation sur la santé et la nutrition de l'enfant, les avantages de l'allaitement au sein, l'hygiène et la salubrité de l'environnement et la prévention des accidents, et bénéficient d'une aide leur permettant de mettre à pro- fit cette information ; f) Développer les soins de santé préventifs, les conseils aux parents et l'éducation et les services en matière de planification familiale. 3. Les États parties prennent toutes les mesures efficaces appropriées en vue d'abolir les pratiques traditionnelles préjudiciables à la santé des enfants. 4. Les États parties s'engagent à favoriser et à encourager la coopération internationale en vue d'assurer pro- gressivement la pleine réalisation du droit reconnu dans le présent article. À cet égard, il est tenu particuliè- rement compte des besoins des pays en développement

346 BAROMÈTRE DE L’IE SUR LES DROITS HUMAINS ET SYNDICAUX DANS LE SECTEUR DE L’ÉDUCATION - 2004 C NETO E RISD L DE DROITS DES ONVENTION

Article 25 Les États parties reconnaissent à l'enfant qui a été placé par les autorités compétentes pour recevoir des soins, une pro- tection ou un traitement physique ou mental, le droit à un examen périodique dudit traitement et de toute autre cir- constance relative à son placement.

Article 26 1. Les États parties reconnaissent à tout enfant le droit de bénéficier de la sécurité sociale, y compris les assurances sociales, et prennent les mesures nécessaires pour assurer la pleine réalisation de ce droit en conformité avec leur législation nationale. 2. Les prestations doivent, lorsqu'il y a lieu, être accordées compte tenu des ressources et de la situation de l'en- fant et des personnes responsables de son entretien, ainsi que de toute autre considération applicable à la ’

demande de prestation faite par l'enfant ou en son nom. ENFANT

Article 27 1. Les États parties reconnaissent le droit de tout enfant à un niveau de vie suffisant pour permettre son dévelop- pement physique, mental. spirituel, moral et social. 2. C'est aux parents ou autres personnes ayant la charge de l'enfant qu'incombe au premier chef la responsabilité d'assurer, dans les limites de leurs possibilités et de leurs moyens financiers, les conditions de vie nécessaires au développement de l'enfant. 3. Les États parties adoptent les mesures appropriées, compte tenu des conditions nationales et dans la mesure de leurs moyens, pour aider les parents et autres personnes ayant la charge de l'enfant à mettre en œuvre ce droit et offrent, en cas de besoin, une assistance matérielle et des programmes d'appui, notamment en ce qui concer- ne l'alimentation, le vêtement et le logement. 4. Les États parties prennent toutes les mesures appropriées en vue d'assurer le recouvrement de la pension ali- mentaire de l'enfant auprès de ses parents ou des autres personnes ayant une responsabilité financière à son égard, que ce soit sur leur territoire ou à l'étranger. En particulier, pour tenir compte des cas où la personne qui a une responsabilité financière à l'égard de l'enfant vit dans un État autre que celui de l'enfant, les États par- ties favorisent l'adhésion à des accords internationaux ou la conclusion de tels accords ainsi que l'adoption de tous autres arrangements appropriés.

Article 28 1. Les États parties reconnaissent le droit de l'enfant à l'éducation, et en particulier, en vue d'assurer l'exercice de ce droit progressivement et sur la base de l'égalité des chances: a) Ils rendent l'enseignement primaire obligatoire et gratuit pour tous ; b) Ils encouragent l'organisation de différentes formes d'enseignement secondaire, tant général que profession- nel, les rendent ouvertes et accessibles à tout enfant, et prennent des mesures appropriées telles que l'instaura- tion de la gratuité de l'enseignement et l'offre d'une aide financière en cas de besoin ; c) Ils assurent à tous l'accès à l'enseignement supérieur, en fonction des capacités de chacun, par tous les moyens appropriés ; d) Ils rendent ouvertes et accessibles à tout enfant l'information et l'orientation scolaires et professionnelles ; e) Ils prennent des mesures pour encourager la régularité de la fréquentation scolaire et la réduction des taux d'abandon scolaire. 2. Les États parties prennent toutes les mesures appropriées pour veiller à ce que la discipline scolaire soit appli- quée d'une manière compatible avec la dignité de l'enfant en tant être humain et conformément à la présente Convention. 3. Les États parties favorisent et encouragent la coopération internationale dans le domaine de l'éducation, en vue notamment de contribuer à éliminer l'ignorance et l'analphabétisme dans le monde et de faciliter l'accès aux connaissances scientifiques et techniques et aux méthodes d'enseignement modernes. À cet égard, il est tenu particulièrement compte des besoins des pays en développement.

Article 29 1. Les États parties conviennent que l'éducation de l'enfant doit viser à : a) Favoriser l'épanouissement de la personnalité de l'enfant et le développement de ses dons et des ses aptitudes

BAROMÈTRE DE L’IE SUR LES DROITS HUMAINS ET SYNDICAUX DANS LE SECTEUR DE L’ÉDUCATION - 2004 347 ENFANT ’

mentales et physiques, dans toute la mesure de leurs potentialités ; b) Inculquer à l'enfant le respect des droits de l'homme et des libertés fondamentales, et des principes consa- crés dans la Charte des Nations Unies ; c) Inculquer à l'enfant le respect de ses parents, de son identité, de sa langue et de ses valeurs culturelles, ainsi que le respect des valeurs nationales du pays dans lequel il vit, du pays duquel il peut être originaire et des civilisations différentes de la sienne ; d) Préparer l'enfant à assumer les responsabilités de la vie dans une société libre, dans un esprit de compré- hension, de paix, de tolérance, d'égalité entre les sexes et d'amitié entre tous les peuples et groupes ethniques, nationaux et religieux, et avec les personnes d'origine autochtone ; e) Inculquer à l'enfant le respect du milieu naturel. 2. Aucune disposition du présent article ou de l'article 28 ne sera interprétée d'une manière qui porte atteinte à la liberté des personnes physiques ou morales de créer et de diriger des établissements d'enseignement, à condition que les principes énoncés au paragraphe 1 du présent article soient respectés et que l'éducation dis- pensée dans ces établissements soit conforme aux normes minimales que l'État aura prescrites.

ONVENTION DES DROITS DE L Article 30 C Dans les États où il existe des minorités ethniques, religieuses ou linguistiques ou des personnes d'origine autochtone, un enfant autochtone ou appartenant à une de ces minorités ne peut être privé du droit d'avoir sa propre vie cultu- relle, de professer et de pratiquer sa propre religion ou d'employer sa propre langue en commun avec les autres membres de son groupe.

Article 31 1. Les États parties reconnaissent à l'enfant le droit au repos et aux loisirs, de se livrer au jeu et à des activités récréatives propres à son âge, et de participer librement à la vie culturelle et artistique. 2. Les États parties respectent et favorisent le droit de l'enfant de participer pleinement à la vie culturelle et artis- tique, et encouragent l'organisation à son intention de moyens appropriés de loisirs et d'activités récréatives, artistiques et culturelles, dans des conditions d'égalité.

Article 32 1. Les États parties reconnaissent le droit de l'enfant d'être protégé contre l'exploitation économique et de n'être astreint à aucun travail comportant des risques ou susceptible de compromettre son éducation ou de nuire à son développement physique, mental, spirituel, moral ou social. 2. Les États parties prennent des mesures législatives. administratives, sociales et éducatives pour assurer l'appli- cation du présent article. À cette fin, et compte tenu des dispositions pertinentes des autres instruments inter- nationaux, les États parties, en particulier: a) Fixent un âge minimum ou des âges minimums d'admission à l'emploi ; b) Prévoient une réglementation appropriée des horaires de travail et des conditions d'emploi ; c) Prévoient des peines ou autres sanctions appropriées pour assurer l'application effective du présent article.

Article 33 Les États parties prennent toutes les mesures appropriées, y compris des mesures législatives, administratives, sociales et éducatives, pour protéger les enfants contre l'usage illicite de stupéfiants et de substances psychotropes, tels que les définissent les conventions internationales pertinentes, et pour empêcher que des enfants ne soient utilisés pour la pro- duction et le trafic illicites de ces substances.

Article 34 Les États parties s'engagent à protéger l'enfant contre toutes les formes d'exploitation sexuelle et de violence sexuel- le. À cette fin, les États prennent en particulier toutes les mesures appropriées sur les plans national, bilatéral et mul- tilatéral pour empêcher : a) Que des enfants ne soient incités ou contraints à se livrer à une activité sexuelle illégale ; b) Que des enfants ne soient exploités à des fins de prostitution ou autres pratiques sexuelles illégales ; c) Que des enfants ne soient exploités aux fins de la production de spectacles ou de matériel de caractère por- nographique.

348 BAROMÈTRE DE L’IE SUR LES DROITS HUMAINS ET SYNDICAUX DANS LE SECTEUR DE L’ÉDUCATION - 2004 C NETO E RISD L DE DROITS DES ONVENTION

Article 35 Les États parties prennent toutes les mesures appropriées sur les plans national, bilatéral et multilatéral pour empêcher l'enlèvement, la vente ou la traite d'enfants à quelque fin que ce soit et sous quelque forme que ce soit.

Article 36 Les États parties protègent l'enfant contre toutes autres formes d'exploitation préjudiciables à tout aspect de son bien- être.

Article 37 Les États parties veillent à ce que :

a) Nul enfant ne soit soumis à la torture ni à des peines ou traitements cruels, inhumains ou dégradants: ni la ’ peine capitale ni l'emprisonnement à vie sans possibilité de libération ne doivent être prononcés pour les infrac- ENFANT tions commises par des personnes âgées de moins de 18 ans ; b) Nul enfant ne soit privé de liberté de façon illégale ou arbitraire: l'arrestation, la détention ou l'emprisonne- ment d'un enfant doit être en conformité avec la loi, être qu'une mesure de dernier ressort et être d'une durée aussi brève que possible : c) Tout enfant privé de liberté soit traité avec humanité et avec le respect dû à la dignité de la personne humai- ne, et d'une manière tenant compte des besoins des personnes de son âge: en particulier, tout enfant privé de liberté sera séparé des adultes, à moins que l'on n'estime préférable de ne pas le faire dans intérêt supérieur de l'enfant, et il a le droit de rester en contact avec sa famille par la correspondance et par des visites, sauf cir- constances exceptionnelles ; d) Les enfants privés de liberté aient le droit d'avoir rapidement accès à l'assistance juridique ou à toute assis- tance appropriée, ainsi que le droit de contester la légalité de leur privation de liberté devant un tribunal ou une autre autorité compétente, indépendante et impartiale, et à ce qu'une décision rapide soit prise en la matière.

Article 38 1. Les États parties s'engagent à respecter et à faire respecter les règles du droit humanitaire international qui leur sont applicables en cas de conflit armé et dont la protection s'étend aux enfants. 2. Les États parties prennent toutes les mesures possibles dans la pratique pour veiller à ce que les personnes n'ayant pas atteint âge de 15 ans ne participent pas directement aux hostilités. 3. Les États parties s'abstiennent d'enrôler dans leurs forces armées toute personne n'ayant pas atteint âge de 15 ans. Lorsqu'ils incorporent des personnes de plus de 15 ans mais de moins de 18 ans, les États parties s'efforcent d'enrôler en priorité les plus âgées. 4. Conformément à l'obligation qui leur incombe en vertu du droit humanitaire international de protéger la popu- lation civile en cas de conflit armé, les États parties prennent toutes les mesures possibles dans la pratique pour que les enfants qui sont touchés par un conflit armé bénéficient d'une protection et de soins.

Article 39 Les États parties prennent toutes les mesures appropriées pour faciliter la réadaptation physique et psychologique et la réinsertion sociale de tout enfant victime de toute forme de négligence, d'exploitation ou de sévices, de torture ou de toute autre forme de peines ou traitements cruels, inhumains ou dégradants, ou de conflit armé. Cette réadaptation et cette réinsertion se déroulent dans des conditions qui favorisent la santé, le respect de soi et la dignité de l'enfant.

Article 40 1. Les États parties reconnaissent à tout enfant suspecté, accusé ou convaincu d'infraction à la loi pénale le droit à un traitement qui soit de nature à favoriser son sens de la dignité et de la valeur personnelle, qui renforce son respect pour les droits de l'homme et les libertés fondamentales d'autrui, et qui tienne compte de son âge ainsi que de la nécessité de faciliter sa réintégration dans la société et de lui faire assumer un rôle constructif au sein de celle-ci. 2. À cette fin. et compte tenu des dispositions pertinentes des instruments internationaux, les États parties veillent en particulier : a) À ce qu'aucun enfant ne soit suspecté, accusé ou convaincu d'infraction à la loi pénale en raison d'actions ou d'omissions qui n'étaient pas interdites par le droit national ou international au moment où elles ont été com- mises ;

BAROMÈTRE DE L’IE SUR LES DROITS HUMAINS ET SYNDICAUX DANS LE SECTEUR DE L’ÉDUCATION - 2004 349 ENFANT ’

b) À ce que tout enfant suspecté ou accusé d'infraction à la loi pénale ait au moins le droit aux garanties sui- vantes: I - à être présumé innocent jusqu'à ce que sa culpabilité ait été légalement établie ; II - à être informé dans le plus court délai et directement des accusations portées contre lui, ou, le cas échéant, par l'intermédiaire de ses parents ou représentants légaux, et à bénéficier d'une assistance juridique ou de toute autre assistance appropriée pour la préparation et la présentation de sa défense. III - à ce que sa cause soit entendue sans retard par une autorité ou une instance judiciaire compétentes, indé- pendantes et impartiales, selon une procédure équitable aux termes de la loi, en présence de son conseil juri- dique ou autre et, à moins que cela ne soit jugé contraire à l'intérêt supérieur de l'enfant en raison notam- ment de son âge ou de sa situation, en présence de ses parents ou représentants légaux ; IV - à ne pas être contraint de témoigner ou de s'avouer coupable; à interroger ou faire interroger les témoins à charge, et à obtenir la comparution et l'interrogatoire des témoins à décharge dans des conditions d'égalité ; V - s'il est reconnu avoir enfreint la loi pénale, à faire appel de cette décision et de toute mesure arrêtée en conséquence devant une autorité ou une instance judiciaire supérieure compétentes, indépendantes et impar- tiales, conformément à la loi ; ONVENTION DES DROITS DE L VI - à se faire assister gratuitement d'un interprète s'il ne comprend ou ne parle pas la langue utilisée ; C VII - à ce que sa vie privée soit pleinement respectée à tous les stades de la procédure. 3. Les États parties s'efforcent de promouvoir l'adoption de lois, de procédures, la mise en place d'autorités et d'institutions spécialement conçues pour les enfants suspectés, accusés ou convaincus d'infraction à la loi pénale, et en particulier : a) D'établir un âge minimum au-dessous duquel les enfants seront présumés n'avoir pas la capacité d'en- freindre la loi pénale ; b) De prendre des mesures, chaque fois que cela est possible et souhaitable, pour traiter ces enfants sans recou- rir à la procédure judiciaire, étant cependant entendu que les droits de l'homme et les garanties légales doi- vent être pleinement respectés. 4. Toute une gamme de dispositions, relatives notamment aux soins, à l'orientation et à la supervision, aux conseils, à la probation, au placement familial, aux programmes d'éducation générale et professionnelle et aux solutions autres qu'institutionnelles seront prévues en vue d'assurer aux enfants un traitement conforme à leur bien-être et proportionné à leur situation et à l'infraction.

Article 41 Aucune des dispositions de la présente Convention ne porte atteinte aux dispositions plus propices à la réalisation des droits de l'enfant qui peuvent figurer : a) Dans la législation d'un État partie ; b) Dans le droit international en vigueur pour cet État.

DEUXIEME PARTIE Article 42 Les États parties s'engagent à faire largement connaître les principes et les dispositions de la présente Convention, par des moyens actifs et appropriés, aux adultes comme aux enfants.

Article 43 1. Aux fins d'examiner les progrès accomplis par les États parties dans l'exécution des obligations contractées par eux en vertu de la présente Convention, il est institué un Comité des droits de l'enfant qui s'acquitte des fonc- tions définies ci-après. 2. Le Comité se compose de 10 experts de haute moralité et possédant une compétence reconnue dans le domai- ne visé par la présente Convention. Ses membres sont élus par les États parties parmi leurs ressortissants et siè- gent à titre personnel, compte tenu de la nécessité d'assurer une répartition géographique équitable et eu égard aux principaux systèmes juridiques. 3. Les membres du Comité sont élus au scrutin secret sur une liste de personnes désignées par les États parties. Chaque État partie peut désigner un candidat parmi ses ressortissants. 4. La première élection aura lieu dans les six mois suivant la date d'entrée en vigueur de la présente Convention.

350 BAROMÈTRE DE L’IE SUR LES DROITS HUMAINS ET SYNDICAUX DANS LE SECTEUR DE L’ÉDUCATION - 2004 C NETO E RISD L DE DROITS DES ONVENTION

Les élections auront lieu ensuite tous les deux ans. Quatre mois au moins avant la date de chaque élection, le Secrétaire général de l'Organisation des Nations Unies invitera par écrit les États parties à proposer leurs candi- dats dans un délai de deux mois. Le Secrétaire général dressera ensuite la liste alphabétique des candidats ainsi désignés, en indiquant les États parties qui les ont désignés, et la communiquera aux États parties à la présen- te Convention. 5. Les élections ont lieu lors des réunions des États parties, convoquées par le Secrétaire général au Siège de l'Organisation des Nations Unies. À ces réunions, pour lesquelles le quorum est constitué par les deux tiers des États parties, les candidats élus au Comité sont ceux qui obtiennent le plus grand nombre de voix et la majori- té absolue des voix des États parties présents et votants. 6. Les membres du Comité sont élus pour quatre ans. Ils sont rééligibles si leur candidature est présentée à nou- veau. Le mandat de cinq des membres élus lors de la première élection prend fin au bout de deux ans. Les noms de ces cinq membres seront tirés au sort par le président de la réunion immédiatement après la première élec- ’

tion. ENFANT 7. En cas de décès ou de démission d'un membre du Comité, ou si, pour toute autre raison, un membre déclare ne plus pouvoir exercer ses fonctions au sein du Comité, l'État partie qui avait présenté sa candidature nomme un autre expert parmi ses ressortissants pour pourvoir le poste ainsi vacant jusqu'à l'expiration du mandat corres- pondant. sous réserve de l'approbation du Comité. 8. Le Comité adopte son règlement intérieur. 9. Le Comité élit son bureau pour une période de deux ans 10. Les réunions du Comité se tiennent normalement au Siège de l'Organisation des Nations Unies, ou en tout autre lieu approprié déterminé par le Comité. Le Comité se réunit normalement chaque année. La durée de ses ses- sions est déterminée et modifiée, si nécessaire, par une réunion des États parties à la présente Convention, sous réserve de l'approbation de l'Assemblée générale. 11. Le Secrétaire général de l'organisation des Nations Unies met à la disposition du Comité le personnel et les ins- tallations qui lui sont nécessaires pour s'acquitter efficacement des fonctions qui lui sont confiées en vertu de la présente Convention. 12. Les membres du Comité institué en vertu de la présente Convention reçoivent, avec l'approbation de l'Assemblée générale, des émoluments prélevés sur les ressources de l'Organisation des Nations Unies dans les conditions et selon les modalités fixées par l'Assemblée générale.

Article 44 1. Les États parties s'engagent à soumettre au Comité, par l'entremise du Secrétaire général de l'Organisation des Nations Unies, des rapports sur les mesures qu'ils auront adoptées pour donner effet aux droits reconnus dans la présente Convention et sur les progrès réalisés dans la jouissance de ces droits : a) Dans les deux ans à compter de la date de l'entrée en vigueur de la présente Convention pour les États par- ties intéressés, b) Par la suite, tous les cinq ans. 2. Les rapports établis en application du présent article doivent, le cas échéant, indiquer les facteurs et les diffi- cultés empêchant les États parties de s'acquitter pleinement des obligations prévues dans la présente Convention. Ils doivent également contenir des renseignements suffisants pour donner au Comité une idée pré- cise de l'application de la Convention dans le pays considéré. 3. Les États parties ayant présenté au Comité un rapport initial complet n'ont pas, dans les rapports qu'ils lui pré- sentent ensuite conformément à l'alinéa b) du paragraphe 1, à répéter les renseignements de base antérieure- ment communiqués. 4. Le Comité peut demander aux États parties tous renseignements complémentaires relatifs à l'application de la Convention. 5. Le Comité soumet tous les deux ans à l'Assemblée générale, par l'entremise du Conseil économique et social, un rapport sur ses activités.

Article 45 Pour promouvoir l'application effective de la Convention et encourager la coopération internationale dans le domaine visé par la Convention : a) Les institutions spécialisées, l'UNICEF et d'autres organes des Nations Unies ont le droit de se faire représen- ter lors de l'examen de l'application des dispositions de la présente Convention qui relèvent de leur mandat. Le

BAROMÈTRE DE L’IE SUR LES DROITS HUMAINS ET SYNDICAUX DANS LE SECTEUR DE L’ÉDUCATION - 2004 351 ENFANT ’

Comité peut inviter les institutions spécialisées, l'UNICEF et tous autres organismes compétents qu'il jugera appropriés à donner des avis spécialisés sur l'application de la Convention dans les domaines qui relèvent de leur mandat respectif. Il peut inviter les institutions spécialisées, l'UNICEF et d'autres organes des Nations Unies à lui présenter des rapports sur l'application de la Convention dans les secteurs qui relèvent de leur domaine d'activité. b) Le Comité transmet, s'il le juge nécessaire, aux institutions spécialisées, à l'UNICEF et aux autres organismes compétents tout rapport des États parties contenant une demande ou indiquant un besoin de conseils ou d'as- sistance techniques, accompagné, le cas échéant, des observations et suggestions du Comité touchant ladite demande ou indication. c) Le Comité peut recommander à l'Assemblée générale de prier le Secrétaire général de procéder pour le Comité à des études sur des questions spécifiques touchant les droits de l'enfant. d) Le Comité peut faire des suggestions et des recommandations d'ordre général fondées sur les renseigne- ments reçus en application des articles 44 et 45 de la présente Convention. Ces suggestions et recommanda- tions d'ordre général sont transmises à tout État partie intéressé et portées à l'attention de l'Assemblée Générale, accompagnées, le cas échéant, des observations des États parties.

ONVENTION DES DROITS DE L TROISIEME PARTIE C Article 46 La présente Convention est ouverte à la signature de tous les États.

Article 47 La présente Convention est sujette à ratification. Les instruments de ratification seront déposés.

Article 48 La présente Convention restera ouverte à l'adhésion de tout État. Les instruments d'adhésion seront déposés auprès du Secrétaire général de l'Organisation des Nations Unies.

Article 49 1. La présente Convention entrera en vigueur le trentième jour qui suivra la date du dépôt auprès du Secrétaire général de l'Organisation des Nations Unies du vingtième instrument de ratification ou d'adhésion. 2. Pour chacun des États qui ratifieront la présente Convention ou y adhéreront par le dépôt du vingtième ins- trument de ratification ou d'adhésion, la Convention entrera en vigueur le trentième jour qui suivra le dépôt par cet État de son instrument de ratification ou d'adhésion.

Article 50 1. Tout État partie peut proposer un amendement et en déposer le texte auprès du Secrétaire général de l'Organisation des Nations Unies. Le secrétaire général communique alors la proposition d'amendement aux États parties, en leur demandant de lui faire savoir s'ils sont favorables à la convocation d'une conférence des États parties en vue de l'examen de la proposition et de sa mise aux voix. Si, dans les quatre mois qui suivent la date de cette communication, un tiers au moins des États parties se prononcent en faveur de la convoca- tion d'une telle conférence, le Secrétaire général convoque la conférence sous les auspices de l'Organisation des Nations Unies. Tout amendement adopté par la majorité des États parties présents et votants à la confé- rence est soumis pour approbation à l'Assemblée générale des Nations Unies. 2. Tout amendement adopté conformément aux dispositions du paragraphe 1 du présent article entre en vigueur lorsqu'il a été approuvé par l'Assemblée générale des nations Unies et accepté par une majorité des deux tiers des États parties. 3. Lorsqu'un amendement entre en vigueur, il a force obligatoire pour les États parties qui l'ont accepté, les autres États parties demeurant liés par les dispositions de la présente Convention et par tous amendements antérieurs acceptés par eux.

Article 51 1. Le secrétaire général de l'Organisation des Nations Unies recevra et communiquera à tous les États le texte des réserves qui auront été faites par les États au moment de la ratification ou de l'adhésion. 2. Aucune réserve incompatible avec l'objet et le but de la présente Convention n'est autorisée.

352 BAROMÈTRE DE L’IE SUR LES DROITS HUMAINS ET SYNDICAUX DANS LE SECTEUR DE L’ÉDUCATION - 2004 C NETO E RISD L DE DROITS DES ONVENTION

3. Les réserves peuvent être retirées à tout moment par notification adressée au Secrétaire général de l'Organisation des Nations Unies, lequel en informe tous les États parties à la Convention. La notification prend effet à la date à laquelle elle est reçue par le Secrétaire général.

Article 52 Tout État partie peut dénoncer la présente Convention par notification écrite adressée au Secrétaire général de l'Organisation des Nations Unies. La dénonciation prend effet un an après la date à laquelle la notification a été reçue par le Secrétaire général.

Article 53 Le Secrétaire général de l'Organisation des Nations Unies est désigné comme dépositaire de la présente Convention. ’ ENFANT Article 54 L'original de la présente Convention, dont les textes anglais, arabe, chinois, espagnol, français et russe font également foi, sera déposé auprès du Secrétaire général de l'Organisation des Nations Unies. En foi de quoi les plénipotentiaires soussignés, dûment habilités par leurs gouvernements respectifs, ont signé la pré- sente Convention.

BAROMÈTRE DE L’IE SUR LES DROITS HUMAINS ET SYNDICAUX DANS LE SECTEUR DE L’ÉDUCATION - 2004 353 CONVENTION 29 SUR LE TRAVAIL FORCÉ, 1930 NNEXES A La Conférence générale de l'Organisation internationale du Travail, Convoquée à Genève par le Conseil d'administration du Bureau international du Travail, et s'y étant réunie le 10 juin 1930, en sa quatorzième session; Après avoir décidé d'adopter diverses propositions relatives au travail forcé ou obligatoire, question comprise dans le premier point de l'ordre du jour de la session; Après avoir décidé que ces propositions prendraient la forme d'une convention internationale, adopte, ce vingt-huitième jour de juin mil neuf cent trente, la convention ci-après, qui sera dénommée Convention sur le travail forcé, 1930, à ratifier par les Membres de l'Organisation internationale du Travail conformément aux dis- positions de la Constitution de l'Organisation internationale du Travail.

Article 1 1. Tout Membre de l'Organisation internationale du Travail qui ratifie la présente convention s'engage à sup- primer l'emploi du travail forcé ou obligatoire sous toutes ses formes dans le plus bref délai possible. 2. En vue de cette suppression totale, le travail forcé ou obligatoire pourra être employé, pendant la période transitoire, uniquement pour des fins publiques et à titre exceptionnel, dans les conditions et avec les garan- ties stipulées par les articles qui suivent. 3. A l'expiration d'un délai de cinq ans à partir de l'entrée en vigueur de la présente convention et à l'occa- sion du rapport prévu à l'article 31 ci-dessous, le Conseil d'administration du Bureau international du Travail examinera la possibilité de supprimer sans nouveau délai le travail forcé ou obligatoire sous toutes ses formes et décidera s'il y a lieu d'inscrire cette question à l'ordre du jour de la Conférence.

Article 2 1. Aux fins de la présente convention, le terme travail forcé ou obligatoire désignera tout travail ou service exigé d'un individu sous la menace d'une peine quelconque et pour lequel ledit individu ne s'est pas offert de plein gré. 2. Toutefois, le terme travail forcé ou obligatoire ne comprendra pas, aux fins de la présente convention: a) tout travail ou service exigé en vertu des lois sur le service militaire obligatoire et affecté à des travaux d'un caractère purement militaire; b) tout travail ou service faisant partie des obligations civiques normales des citoyens d'un pays se gouver- nant pleinement lui-même; c) tout travail ou service exigé d'un individu comme conséquence d'une condamnation prononcée par une décision judiciaire, à la condition que ce travail ou service soit exécuté sous la surveillance et le contrôle des autorités publiques et que ledit individu ne soit pas concédé ou mis à la disposition de particuliers, com- pagnies ou personnes morales privées; d) tout travail ou service exigé dans les cas de force majeure, c'est-à-dire dans les cas de guerre, de sinistres ou menaces de sinistres tels qu'incendies, inondations, famines, tremblements de terre, épidémies et épi- zooties violentes, invasions d'animaux, d'insectes ou de parasites végétaux nuisibles, et en général toutes circonstances mettant en danger ou risquant de mettre en danger la vie ou les conditions normales d'exis- tence de l'ensemble ou d'une partie de la population; e) les menus travaux de village, c'est-à-dire les travaux exécutés dans l'intérêt direct de la collectivité par les membres de celle-ci, travaux qui, de ce chef, peuvent être considérés comme des obligations civiques normales incombant aux membres de la collectivité, à condition que la population elle-même ou ses repré- sentants directs aient le droit de se prononcer sur le bien-fondé de ces travaux.

Article 3 Aux fins de la présente convention, le terme autorités compétentes désignera soit les autorités métropolitaines, soit les autorités centrales supérieures du territoire intéressé.

Article 4 1. Les autorités compétentes ne devront pas imposer ou laisser imposer le travail forcé ou obligatoire au pro- fit de particuliers, de compagnies ou de personnes morales privées. 2. Si une telle forme de travail forcé ou obligatoire au profit de particuliers, de compagnies ou de personnes morales privées existe à la date à laquelle la ratification de la présente convention par un Membre est enre- gistrée par le Directeur général du Bureau international du Travail, ce Membre devra supprimer complèment

354 BAROMÈTRE DE L’IE SUR LES DROITS HUMAINS ET SYNDICAUX DANS LE SECTEUR DE L’ÉDUCATION - 2004 C ONVENTION

ledit travail forcé ou obligatoire dès la date de l'entrée en vigueur de la présente convention à son égard.

Article 5 29 1. Aucune concession accordée à des particuliers, à des compagnies ou à des personnes morales privées ne devra

avoir pour conséquence l'imposition d'une forme quelconque de travail forcé ou obligatoire en vue de pro- FORCÉ TRAVAIL LE SUR duire ou de recueillir les produits que ces particuliers, compagnies ou personnes morales privées utilisent ou dont ils font le commerce. 2. Si des concessions existantes comportent des dispositions ayant pour conséquence l'imposition d'un tel tra- vail forcé ou obligatoire, ces dispositions devront être rescindées aussitôt que possible afin de satisfaire aux prescriptions de l'article premier de la présente convention.

Article 6 Les fonctionnaires de l'administration, même lorsqu'ils devront encourager les populations dont ils ont la charge à s'adonner à une forme quelconque de travail, ne devront pas exercer sur ces populations une contrainte collective ou individuelle en vue de les faire travailler pour des particuliers, compagnies ou personnes morales privées.

Article 7 1. Les chefs qui n'exercent pas des fonctions administratives ne devront pas avoir recours au travail forcé ou obligatoire. 2. Les chefs exerçant des fonctions administratives pourront, avec l'autorisation expresse des autorités compé- tentes, avoir recours au travail forcé ou obligatoire dans les conditions visées à l'article 10 de la présente convention. 3. Les chefs légalement reconnus et ne recevant pas une rémunération adéquate sous d'autres formes pourront bénéficier de la jouissance de services personnels dûment réglementés, toutes mesures utiles devant être prises pour prévenir les abus.

Article 8 1. La responsabilité de toute décision de recourir au travail forcé ou obligatoire incombera aux autorités civiles supérieures du territoire intéressé. 2. Toutefois, ces autorités pourront déléguer aux autorités locales supérieures le pouvoir d'imposer du travail forcé ou obligatoire dans les cas où ce travail n'aura pas pour effet d'éloigner les travailleurs de leur résidence habi- tuelle. Ces autorités pourront également déléguer aux autorités locales supérieures, pour les périodes et dans les conditions qui seront stipulées par la réglementation prévue à l'article 23 de la présente convention, le pou- voir d'imposer un travail forcé ou obligatoire pour l'exécution duquel les travailleurs devront s'éloigner de leur résidence habituelle, lorsqu'il s'agira de faciliter le déplacement de fonctionnaires de l'administration dans l'exercice de leurs fonctions et le transport du matériel de l'administration.

Article 9 Sauf dispositions contraires stipulées à l'article 10 de la présente convention, toute autorité ayant le droit d'imposer du travail forcé ou obligatoire ne devra permettre le recours à cette forme de travail que si elle s'est d'abord assurée: a) que le service ou travail à exécuter est d'un intérêt direct et important pour la collectivité appelée à l'exécu- ter; b) que ce service ou travail est d'une nécessité actuelle ou imminente; c) qu'il a été impossible de se procurer la main-d'oeuvre volontaire pour l'exécution de ce service ou travail mal- gré l'offre de salaires et de conditions de travail au moins égaux à ceux qui sont pratiqués dans le territoire inté- ressé pour des travaux ou services analogues; d) qu'il ne résultera pas du travail ou service un fardeau trop lourd pour la population actuelle, eu égard à la main-d'oeuvre disponible et à son aptitude à entreprendre le travail en question.

Article 10 1. Le travail forcé ou obligatoire demandé à titre d'impôt et le travail forcé ou obligatoire imposé, pour des travaux d'intérêt public, par des chefs qui exercent des fonctions administratives devront être progressivement suppri- més. 2. En attendant cette abolition, lorsque le travail forcé ou obligatoire sera demandé à titre d'impôt et lorsque le tra- vail forcé ou obligatoire sera imposé par des chefs qui exercent des fonctions administratives, en vue de l'exécu-

BAROMÈTRE DE L’IE SUR LES DROITS HUMAINS ET SYNDICAUX DANS LE SECTEUR DE L’ÉDUCATION - 2004 355 tion de travaux d'intérêt public, les autorités intéressées devront s'assurer préalablement: a) que le service ou travail à exécuter est d'un intérêt direct et important pour la collectivité appelée à l'exécu- ter; b) que ce service ou travail est d'une nécessité actuelle ou imminente; c) qu'il ne résultera pas du travail ou service un fardeau trop lourd pour la population actuelle, eu égard à la main-d'oeuvre disponible et à son aptitude à entreprendre le travail en question;

SUR LE TRAVAIL FORCÉ d) que l'exécution de ce travail ou service n'obligera pas les travailleurs à s'éloigner du lieu de leur résidence habituelle;

29 e) que l'exécution de ce travail ou service sera dirigée conformément aux exigences de la religion, de la vie socia- le ou de l'agriculture.

Article 11 1. Seuls les adultes valides du sexe masculin dont l'âge ne sera pas présumé inférieur à dix-huit ans ni supérieur à quarante-cinq pourront être assujettis au travail forcé ou obligatoire. Sauf pour les catégories de travail visées à l'article 10 de la présente convention, les limitations et conditions suivantes devront être observées: a) reconnaissance préalable dans tous les cas où cela sera possible, par un médecin désigné par l'administration, ONVENTION de l'absence de toute maladie contagieuse et de l'aptitude physique des intéressés à supporter le travail impo- C sé et les conditions où il sera exécuté; b) exemption du personnel des écoles, élèves et professeurs, ainsi que du personnel administratif en général; c) maintien dans chaque collectivité du nombre d'hommes adultes et valides indispensables à la vie familiale et sociale; d) respect des liens conjugaux et familiaux. 2. Aux fins indiquées par l'alinéa c) ci-dessus, la réglementation prévue à l'article 23 de la présente convention fixera la proportion d'individus de la population permanente mâle et valide qui pourra faire l'objet d'un prélè- vement déterminé, sans toutefois que cette proportion puisse, en aucun cas, dépasser 25 pour cent de cette population. En fixant cette proportion, les autorités compétentes devront tenir compte de la densité de la popu- lation, du développement social et physique de cette population, de l'époque de l'année et de l'état des travaux à effectuer par les intéressés sur place et à leur propre compte; d'une manière générale, elles devront respecter les nécessités économiques et sociales de la vie normale de la collectivité envisagée.

Article 12 1. La période maximum pendant laquelle un individu quelconque pourra être astreint au travail forcé ou obliga- toire sous ses diverses formes ne devra pas dépasser soixante jours par période de douze mois, les jours de voya- ge nécessaires pour aller au lieu de travail et pour en revenir devant être compris dans ces soixante jours. 2. Chaque travailleur astreint au travail forcé ou obligatoire devra être muni d'un certificat indiquant les périodes de travail forcé ou obligatoire qu'il aura effectuées.

Article 13 1. Les heures normales de travail de toute personne astreinte au travail forcé ou obligatoire devront être les mêmes que celles en usage pour le travail libre et les heures de travail effectuées en sus de la durée normale devront être rémunérées aux mêmes taux que les taux en usage pour les heures supplémentaires des travailleurs libres. 2. Un jour de repos hebdomadaire devra être accordé à toutes les personnes soumises à une forme quelconque de travail forcé ou obligatoire et ce jour devra coïncider autant que possible avec le jour consacré par la tradition ou les usages du pays ou de la région.

Article 14 1. A l'exception du travail prévu à l'article 10 de la présente convention, le travail forcé ou obligatoire sous toutes ses formes devra être rémunéré en espèces et à des taux qui, pour le même genre de travail, ne devront être inférieurs ni à ceux en vigueur dans la région où les travailleurs sont employés, ni à ceux en vigueur dans la région où les travailleurs ont été recrutés. 2. Dans le cas de travail imposé par des chefs dans l'exercice de leurs fonctions administratives, le paiement de salaires dans les conditions prévues au paragraphe précédent devra être introduit aussitôt que possible. 3. Les salaires devront être versés à chaque travailleur individuellement et non à son chef de tribu ou à tout autre autorité.

356 BAROMÈTRE DE L’IE SUR LES DROITS HUMAINS ET SYNDICAUX DANS LE SECTEUR DE L’ÉDUCATION - 2004 C ONVENTION

4. Les jours de voyage pour aller au lieu de travail et pour en revenir devront être comptés pour le paiement des salaires comme journées de travail. 29 5. Le présent article n'aura pas pour effet d'interdire la fourniture aux travailleurs des rations alimentaires habi- tuelles comme partie du salaire, ces rations devant être au moins équivalentes à la somme d'argent qu'elles sont

censées représenter; mais aucune déduction ne devra être opérée sur le salaire, ni pour l'acquittement des impôts, FORCÉ TRAVAIL LE SUR ni pour la nourriture, les vêtements et le logement spéciaux qui seront fournis aux travailleurs pour les mainte- nir en état de continuer leur travail eu égard aux conditions spéciales de leur emploi, ni pour la fourniture d'ou- tils.

Article 15 1. Toute législation concernant la réparation des accidents ou des maladies résultant du travail et toute législation prévoyant l'indemnisation des personnes à la charge de travailleurs décédés ou invalides, qui sont ou seront en vigueur sur le territoire intéressé, devront s'appliquer aux personnes assujetties au travail forcé ou obligatoire dans les mêmes conditions qu'aux travailleurs libres. 2. De toute façon, toute autorité employant un travailleur au travail forcé ou obligatoire devra avoir l'obligation d'assurer la subsistance dudit travailleur si un accident ou une maladie résultant de son travail a pour effet de le rendre totalement ou partiellement incapable de subvenir à ses besoins. Cette autorité devra également avoir l'obligation de prendre des mesures pour assurer l'entretien de toute personne effectivement à la charge dudit travailleur en cas d'incapacité ou de décès résultant du travail.

Article 16 1. Les personnes soumises au travail forcé ou obligatoire ne devront pas, sauf dans les cas de nécessité exception- nelle, être transférées dans des régions où les conditions de nourriture et de climat seraient tellement différentes de celles auxquelles elles ont été accoutumées qu'elles offriraient un danger pour leur santé. 2. Dans aucun cas un tel transfert de travailleurs ne sera autorisé sans que toutes les mesures d'hygiène et d'habi- tat qui s'imposent pour leur installation et pour la sauvegarde de leur santé n'aient été strictement appliquées. 3. Lorsqu'un tel transfert ne pourra être évité, des mesures assurant l'adaptation progressive des travailleurs aux nouvelles conditions de nourriture et de climat devront être adoptées après avis du service médical compétent. 4. Dans les cas où ces travailleurs sont appelés à exécuter un travail régulier auquel ils ne sont pas accoutumés, des mesures devront être prises pour assurer leur adaptation à ce genre de travail, notamment en ce qui concerne l'entraînement progressif, les heures de travail, l'aménagement de repos intercalaires et les améliorations ou accroissements de rations alimentaires qui pourraient être nécessaires.

Article 17 Avant d'autoriser tout recours au travail forcé ou obligatoire pour des travaux de construction ou d'entretien qui oblige- ront les travailleurs à séjourner sur des lieux de travail pendant une période prolongée, les autorités compétentes devront s'assurer: 1) que toutes les mesures nécessaires ont été prises pour assurer l'hygiène des travailleurs et leur garantir les soins médicaux indispensables, et que, en particulier: a) ces travailleurs subissent un examen médical avant de com- mencer les travaux et de nouveaux examens à des intervalles déterminés durant la durée de l'emploi; b) il a été prévu un personnel médical suffisant ainsi que les dispensaires, infirmeries, hôpitaux et matériel nécessaires pour faire face à tous les besoins; c) la bonne hygiène des lieux de travail, l'approvisionnement des travailleurs en eau, en vivres, en combustibles et matériel de cuisine ont été assurés d'une manière satisfaisante et des vêtements et un logement satisfaisants ont été prévus s'il est nécessaire; 2) que des mesures appropriées ont été prises pour assurer la subsistance de la famille du travailleur, notamment en facilitant l'envoi d'une partie du salaire à celle-ci, par un procédé sûr, avec l'assentiment ou sur la demande du travailleur; 3) que les voyages des travailleurs pour aller au lieu du travail et pour en revenir seront assurés par l'administration, sous sa responsabilité et à ses frais, et que l'administration facilitera ces voyages en utilisant dans la plus large mesure possible tous les moyens de transport disponibles; 4) que, en cas de maladie ou d'accident du travailleur entraînant une incapacité de travail d'une certaine durée, le rapatriement du travailleur sera assuré aux frais de l'administration; 5) que tout travailleur qui désirerait rester sur place comme travailleur libre, à l'expiration de sa période de travail forcé ou obligatoire, aura la faculté de le faire sans être déchu, pendant une période de deux ans, de ses droits au rapatriement gratuit.

BAROMÈTRE DE L’IE SUR LES DROITS HUMAINS ET SYNDICAUX DANS LE SECTEUR DE L’ÉDUCATION - 2004 357 Article 18 1. Le travail forcé ou obligatoire pour le transport de personnes ou de marchandises, par exemple pour le por- tage et le pagayage, devra être supprimé dans le plus bref délai possible et, en attendant cette suppression, les autorités compétentes devront édicter des règlements fixant notamment: a) l'obligation de n'utiliser ce travail que pour faciliter le déplacement de fonctionnaires de l'administration dans l'exercice de leurs fonctions, ou le transport du matériel de l'administration, ou, en cas de nécessité absolument urgente, le transport d'autres personnes que des fonctionnaires; SUR LE TRAVAIL FORCÉ b) l'obligation de n'employer à de tels transports que des hommes reconnus physiquement aptes à ce tra- vail par un examen médical préalable, dans tous les cas où cet examen est possible; dans les cas où il ne sera 29 pas possible, la personne employant cette main-d'oeuvre devra s'assurer, sous sa responsabilité, que les travailleurs employés ont l'aptitude physique requise et ne souffrent pas d'une maladie contagieuse; c) la charge maximum à porter par les travailleurs; d) le parcours maximum qui pourra être imposé à ces travailleurs du lieu de leur résidence; e) le nombre maximum de jour par mois, ou par toute autre période, pendant lesquels ces travailleurs pourront être réquisitionnés, en comprenant dans ce nombre les journées du voyage de retour;

ONVENTION f) les personnes qui sont autorisées à faire appel à cette forme de travail forcé ou obligatoire ainsi que la

C mesure dans laquelle elles ont le droit d'y recourir. 2. En fixant les maxima dont il est question sous les lettres c), d), e) du paragraphe précédent, les autorités compétentes devront tenir compte des divers éléments à considérer, notamment de l'aptitude physique de la population qui devra subir la réquisition, de la nature de l'itinéraire à parcourir, ainsi que des conditions climatiques. 3. Les autorités compétentes devront, en outre, prendre des dispositions pour que le trajet quotidien normal des porteurs ne dépasse pas une distance correspondant à la durée moyenne d'une journée de travail de huit heures, étant entendu que, pour la déterminer, on devra tenir compte non seulement de la charge à porter et de la distance à parcourir, mais encore de l'état de la route, de l'époque de l'année et de tous autres élé- ments à considérer; s'il était nécessaire d'imposer aux porteurs des heures de marche supplémentaires, celles-ci devront être rémunérées à des taux plus élevés que les taux normaux.

Article 19 1. Les autorités compétentes ne devront autoriser le recours aux cultures obligatoires que dans le but de prévenir la famine ou une disette de produits alimentaires et toujours sous la réserve que les denrées ou les produits ainsi obtenus devront rester la propriété des individus ou de la collectivité qui les auront produits. 2. Le présent article ne devra pas avoir pour effet, lorsque la production se trouve organisée suivant la loi et la coutume, sur une base communale et lorsque les produits ou les bénéfices provenant de la vente de ces pro- duits restent la propriété de la collectivité, de supprimer l'obligation pour les membres de la collectivité de s'ac- quitter du travail ainsi imposé.

Article 20 Les législations prévoyant une répression collective applicable à une collectivité entière pour des délits commis par quelques-uns de ses membres ne devront pas comporter le travail forcé ou obligatoire pour une collectivité comme une des méthodes de répression.

Article 21 Il ne sera pas fait appel au travail forcé ou obligatoire pour les travaux souterrains à exécuter dans les mines.

Article 22 Les rapports annuels que les Membres qui ratifient la présente convention s'engagent à présenter au Bureau interna- tional du Travail, conformément aux dispositions de l'article 22 de la Constitution de l'Organisation internationale du Travail, sur les mesures prises par eux pour donner effet aux dispositions de la présente convention, devront contenir des informations aussi complètes que possible, pour chaque territoire intéressé, sur la mesure dans laquelle il aura été fait appel au travail forcé ou obligatoire dans ce territoire, ainsi que sur les points suivants: fins auxquelles ce travail aura été effectué; taux de morbidité et de mortalité; heures de travail; méthodes de paiement des salaires et taux de ces derniers; ainsi que tous autres renseignements pertinents.

358 BAROMÈTRE DE L’IE SUR LES DROITS HUMAINS ET SYNDICAUX DANS LE SECTEUR DE L’ÉDUCATION - 2004 C ONVENTION

Article 23 1. Pour donner effet aux dispositions de la présente convention, les autorités compétentes devront promulguer une 29 réglementation complète et précise sur l'emploi du travail forcé ou obligatoire. 2. Cette réglementation devra comporter, notamment, des règles permettant à chaque personne assujettie au tra- vail forcé ou obligatoire de présenter aux autorités toutes réclamations relatives aux conditions de travail qui FORCÉ TRAVAIL LE SUR lui sont faites et lui donnant des garanties que ces réclamations seront examinées et prises en considération.

Article 24 Des mesures appropriées devront être prises dans tous les cas pour assurer la stricte application des règlements concer- nant l'emploi du travail forcé ou obligatoire, soit par l'extension au travail forcé ou obligatoire des attributions de tout organisme d'inspection déjà créé pour la surveillance du travail libre, soit par tout autre système convenable. Des mesures devront également être prises pour que ces règlements soient portés à la connaissance des personnes assujet- ties au travail forcé ou obligatoire.

Article 25 Le fait d'exiger illégalement du travail forcé ou obligatoire sera passible de sanctions pénales et tout Membre ratifiant la présente convention aura l'obligation de s'assurer que les sanctions imposées par la loi sont réellement efficaces et strictement appliquées.

Article 26 1. Tout Membre de l'Organisation internationale du Travail qui ratifie la présente convention s'engage à l'appliquer aux territoires soumis à sa souveraineté, juridiction, protection, suzeraineté, tutelle ou autorité, dans la mesure où il a le droit de souscrire des obligations touchant à des questions de juridiction intérieure. Toutefois, si ce Membre veut se prévaloir des dispositions de l'article 35 de la Constitution de l'Organisation internationale du Travail, il devra accompagner sa ratification d'une déclaration faisant connaître: 1) les territoires dans lesquels il entend appliquer intégralement les dispositions de la présente convention; 2) les territoires dans lesquels il entend appliquer les dispositions de la présente convention avec des modifica- tions et en quoi consistent lesdites modifications; 3) les territoires pour lesquels il réserve sa décision. 2. La déclaration susmentionnée sera réputée partie intégrante de la ratification et portera des effets identiques. Tout membre qui formulera une telle déclaration aura la faculté de renoncer, par une nouvelle déclaration, à tout ou partie des réserves contenues, en vertu des alinéas 2 et 3 ci-dessus, dans sa déclaration antérieure.

Article 27 Les ratifications officielles de la présente convention dans les conditions établies par la Constitution de l'Organisation internationale du Travail seront communiquées au Directeur général du Bureau international du Travail et par lui enre- gistrées..

Article 28 1. La présente convention ne liera que les Membres de l'Organisation internationale du Travail dont la ratification aura été enregistrée au Bureau international du Travail. 2. Elle entrera en vigueur douze mois après que les ratifications de deux Membres auront été enregistrées par le Directeur général. 3. Par la suite, cette convention entrera en vigueur pour chaque Membre douze mois après la date où sa ratifica- tion aura été enregistrée.

Article 29 Aussitôt que les ratifications de deux Membres de l'Organisation internationale du Travail auront été enregistrées au Bureau international du Travail, le Directeur général du Bureau international du Travail notifiera ce fait à tous les Membres de l'Organisation internationale du Travail. Il leur notifiera également l'enregistrement des ratifications qui lui seront ultérieurement communiquées par tous autres Membres de l'Organisation.

BAROMÈTRE DE L’IE SUR LES DROITS HUMAINS ET SYNDICAUX DANS LE SECTEUR DE L’ÉDUCATION - 2004 359 Article 30 1. Tout Membre ayant ratifié la présente convention peut la dénoncer à l'expiration d'une période de dix années après la date de la mise en vigueur initiale de la convention, par un acte communiqué au Directeur général du Bureau international du Travail, et par lui enregistré. La dénonciation ne prendra effet qu'une année aprés avoir été enregistrée au Bureau international du Travail. 2. Tout Membre ayant ratifié la présente convention qui, dans le délai d'une année après l'expiration de la pério- de de dix années mentionnée au paragraphe précédent, ne fera pas usage de la faculté de dénonciation pré- SUR LE TRAVAIL FORCÉ vue par le présent article, sera lié pour une nouvelle période de cinq années, et, par la suite pourra dénoncer la présente convention à l'expiration de chaque période de cinq années dans les conditions prévues au présent article. 29

Article 31 A l'expiration de chaque période de dix années à compter de l'entrée en vigueur de la présente convention, le Conseil d'administration du Bureau international du Travail devra présenter à la Conférence générale un rapport sur l'applica- tion de la présente convention et décidera s'il y a lieu d'inscrire à l'ordre du jour de la Conférence la question de sa révision totale ou partielle. ONVENTION

C Article 32 1. Au cas où la Conférence internationale adopterait une nouvelle convention portant révision totale ou partielle de la présente convention, la ratification par un Membre de la nouvelle convention portant revision entraînerait de plein droit dénonciation de la présente convention sans condition de délai, nonobstant l'article 30 ci-dessus, sous réserve que la nouvelle convention portant revision soit entrée en vigueur; 2. A partir de la date de l'entrée en vigueur de la nouvelle convention portant revision, la présente convention cesserait d'être ouverte à la ratification des Membres. 3. La présente convention demeurerait en tout cas en vigueur dans sa forme et teneur pour les Membres qui l'au- raient ratifiée et qui ne ratifieraient pas la convention portant revision.

Article 33 Les textes français et anglais de la présente convention feront foi l'un et l'autre.

360 BAROMÈTRE DE L’IE SUR LES DROITS HUMAINS ET SYNDICAUX DANS LE SECTEUR DE L’ÉDUCATION - 2004 A NNEXES

CONVENTION 87 SUR LA LIBERTÉ SYNDICALE ET LA PROTECTION DU DROIT SYNDICAL, 1948 La Conférence générale de l'Organisation internationale du Travail, Convoquée à San Francisco par le Conseil d'administration du Bureau international du Travail, et s'y étant réunie le 17 juin 1948, en sa trente et unième session; Après avoir décidé d'adopter sous forme d'une convention diverses propositions relatives à la liberté syndicale et la pro- tection du droit syndical, question qui constitue le septième point à l'ordre du jour de la session; Considérant que le Préambule de la Constitution de l'Organisation internationale du Travail énonce, parmi les moyens susceptibles d'améliorer la condition des travailleurs et d'assurer la paix, l'affirmation du principe de la liberté syndica- le; Considérant que la Déclaration de Philadelphie a proclamé de nouveau que la liberté d'expression et d'association est une condition indispensable d'un progrès soutenu; Considérant que la Conférence internationale du Travail, à sa trentième session, a adopté à l'unanimité les principes qui doivent être à la base de la réglementation internationale; Considérant que l'Assemblée générale des Nations Unies, à sa deuxième session, a fait siens ces principes et a invité l'Organisation internationale du Travail à poursuivre tous ses efforts afin qu'il soit possible d'adopter une ou plusieurs conventions internationales, adopte, ce neuvième jour de juillet mil neuf cent quarante-huit, la convention ci-après, qui sera dénommée Convention sur la liberté syndicale et la protection du droit syndical, 1948.

Partie I. Liberté Syndicale

Article 1 Tout Membre de l'Organisation internationale du Travail pour lequel la présente convention est en vigueur s'engage à donner effet aux dispositions suivantes.

Article 2 Les travailleurs et les employeurs, sans distinction d'aucune sorte, ont le droit, sans autorisation préalable, de constituer des organisations de leur choix, ainsi que celui de s'affilier à ces organisations, à la seule condition de se conformer aux statuts de ces dernières.

Article 3 1. Les organisations de travailleurs et d'employeurs ont le droit d'élaborer leurs statuts et règlements administra- tifs, d'élire librement leurs représentants, d'organiser leur gestion et leur activité, et de formuler leur program- me d'action. 2. Les autorités publiques doivent s'abstenir de toute intervention de nature à limiter ce droit ou à en entraver l'exercice légal.

Article 4 Les organisations de travailleurs et d'employeurs ne sont pas sujettes à dissolution ou à suspension par voie administra- tive.

Article 5 Les organisations de travailleurs et d'employeurs ont le droit de constituer des fédérations et des confédérations ainsi que celui de s'y affilier, et toute organisation, fédération ou confédération a le droit de s'affilier à des organisations internationales de travailleurs et d'employeurs.

Article 6 Les dispositions des articles 2, 3 et 4 ci-dessus s'appliquent aux fédérations et aux confédérations des organisations de travailleurs et d'employeurs.

Article 7 L'acquisition de la personnalité juridique par les organisations de travailleurs et d'employeurs, leurs fédérations et confé-

BAROMÈTRE DE L’IE SUR LES DROITS HUMAINS ET SYNDICAUX DANS LE SECTEUR DE L’ÉDUCATION - 2004 361 dérations, ne peut être subordonnée à des conditions de nature à mettre en cause l'application des dispositions des articles 2, 3 et 4 ci-dessus.

Article 8 1. Dans l'exercice des droits qui leur sont reconnus par la présente convention, les travailleurs, les employeurs et leurs organisations respectives sont tenus, à l'instar des autres personnes ou collectivités organisées, de res- pecter la légalité. 2. La législation nationale ne devra porter atteinte ni être appliquée de manière à porter atteinte aux garanties prévues par la présente convention.

Article 9 1. La mesure dans laquelle les garanties prévues par la présente convention s'appliqueront aux forces armées et à la police sera déterminée par la législation nationale. 2. Conformément aux principes établis par le paragraphe 8 de l'article 19 de la Constitution de l'Organisation internationale du Travail, la ratification de cette convention par un Membre ne devra pas être considérée comme affectant toute loi, toute sentence, toute coutume ou tout accord déjà existants qui accordent aux membres des forces armées et de la police des garanties prévues par la présente convention.

Article 10 Dans la présente convention, le terme organisation signifie toute organisation de travailleurs ou d'employeurs ayant pour but de promouvoir et de défendre les intérêts des travailleurs ou des employeurs.

Partie II. Protection du Droit Syndical

Article 11 Tout Membre de l'Organisation internationale du Travail pour lequel la présente convention est en vigueur s'engage à prendre toutes mesures nécessaires et appropriées en vue d'assurer aux travailleurs et aux employeurs le libre exercice du droit syndical.

SUR LA LIBERTÉ SYNDICALE ET LA PROTECTION DUPartie DROIT SYNDICAL III. Mesures Diverses

87 Article 12 1. En ce qui concerne les territoires mentionnés par l'article 35 de la Constitution de l'Organisation internatio- nale de Travail telle qu'elle a été amendée par l'Instrument d'amendement à la Constitution de l'Organisation internationale du Travail, 1946, à l'exclusion des territoires visés par les paragraphes 4 et 5 dudit article ainsi amendé, tout Membre de l'Organisation qui ratifie la présente convention doit communiquer au Directeur général du Bureau international du Travail, dans le plus bref délai possible après sa ratification, une déclara- tion faisant connaître:

ONVENTION a) les territoires pour lesquels il s'engage à ce que les dispositions de la convention soient appliquées sans

C modification; b) les territoires pour lesquels il s'engage à ce que les dispositions de la convention soient appliquées avec des modifications, et en quoi consistent lesdites modifications; c) les territoires auxquels la convention est inapplicable et, dans ces cas, les raisons pour lesquelles elle est inapplicable; d) les territoires pour lesquels il réserve sa décision. 2. les engagements mentionnés aux alinéas a) et b) du paragraphe 1 du présent article seront réputés partie inté- grante de la ratification et porteront des effets identiques. 3. Tout Membre pourra renoncer par une nouvelle déclaration à tout ou partie des réserves contenues dans sa déclaration antérieure en vertu des alinéas b), c) ou d) du paragraphe 1 du présent article. 4. Tout Membre pourra, pendant les périodes au cours dequelles la présente convention peut être dénoncée conformément aux dispositions de l'article 16, communiquer au Directeur général une nouvelle déclaration

362 BAROMÈTRE DE L’IE SUR LES DROITS HUMAINS ET SYNDICAUX DANS LE SECTEUR DE L’ÉDUCATION - 2004 C ONVENTION

modifiant à tout autre égard les termes de toute déclaration antérieure et faisant connaître la situation dans des territoires déterminés. 87 Article 13

1. Lorsque les questions traitées par la présente convention entrent dans le cadre de la compétence propre SYNDICAL des DROIT DU PROTECTION LA ET SYNDICALE LIBERTÉ LA SUR autorités d'un territoire non métropolitain, le Membre responsable des relations internationales de ce territoire, en accord avec le gouvernement dudit territoire, pourra communiquer au Directeur général du Bureau interna- tional du Travail une déclaration d'acceptation, au nom de ce territoire, des obligations de la présente conven- tion. 2. Une déclaration d'acceptation des obligations de la présente convention peut être communiquée au Directeur général du Bureau international du Travail: a) par deux ou plusieurs Membres de l'Organisation pour un terri- toire placé sous leur autorité conjointe; b) par toute autorité internationale responsable de l'administration d'un territoire en vertu des dispositions de la Charte des Nations Unies ou de toute autre disposition en vigueur à l'égard de ce territoire. 3. Les déclarations communiquées au Directeur général du Bureau international du Travail conformément aux dis- positions des paragraphes précédents du présent article doivent indiquer si les dispositions de la convention seront appliquées dans le territoire avec ou sans modification; lorsque la déclaration indique que les dispositions de la convention s'appliquent sous réserve de modifications, elle doit spécifier en quoi consistent lesdites modi- fications. 4. Le Membre ou les Membres ou l'autorité internationale intéressés pourront renoncer entièrement ou partielle- ment par une déclaration ultérieure au droit d'invoquer une modification indiquée dans une déclaration anté- rieure. 5. Le Membre ou les Membres ou l'autorité internationale intéressés pourront, pendant les périodes au cours des- quelles la convention peut être dénoncée conformément aux dispositions de l'article 16, communiquer au Directeur général une nouvelle déclaration modifiant à tout autre égard les termes de toute déclaration anté- rieure et faisant connaître la situation en ce qui concerne l'application de cette convention.

Partie IV. Dispositions Finales

Article 14 Les ratifications formelles de la présente convention seront communiquées au Directeur général du Bureau internatio- nal du Travail et par lui enregistrées.

Article 15 1. La présente convention ne liera que les Membres de l'Organisation internationale du Travail dont la ratification aura été enregistrée par le Directeur général. 2. Elle entrera en vigueur douze mois après que les ratifications de deux Membres auront été enregistrées par le Directeur général. 3. Par la suite, cette convention entrera en vigueur pour chaque Membre douze mois après la date où sa ratifica- tion aura été enregistrée.

Article 16 1. Tout Membre ayant ratifié la présente convention peut la dénoncer à l'expiration d'une période de dix années après la date de la mise en vigueur initiale de la convention, par un acte communiqué au Directeur général du Bureau international du Travail et par lui enregistré. La dénonciation ne prendra effet qu'une année après avoir été enregistrée. 2. Tout Membre ayant ratifié la présente convention qui, dans le délai d'une année après l'expiration de la pério- de de dix années mentionnée au paragraphe précédent, ne fera pas usage de la faculté de dénonciation prévue par le présent article sera lié par une nouvelle période de dix années et, par la suite, pourra dénoncer la pré- sente convention à l'expiration de chaque période de dix années dans les conditions prévues au présent article.

Article 17 1. Le Directeur général du Bureau international du Travail notifiera à tous les Membres de l'Organisation interna-

BAROMÈTRE DE L’IE SUR LES DROITS HUMAINS ET SYNDICAUX DANS LE SECTEUR DE L’ÉDUCATION - 2004 363 tionale du Travail l'enregistrement de toutes les ratifications, déclarations et dénonciations qui lui seront com- muniquées par les Membres de l'Organisation. 2. En notifiant aux Membres de l'Organisation l'enregistrement de la deuxième ratification qui lui aura été com- muniquée, le Directeur général appellera l'attention des Membres de l'Organisation sur la date à laquelle la présente convention entrera en vigueur.

Article 18 Le Directeur général du Bureau international du Travail communiquera au Secrétaire général des Nations Unies, aux fins d'enregistrement, conformément à l'article 102 de la Charte des Nations Unies, des renseignements complets au sujet de toutes ratifications et de tous actes de dénonciation qu'il aura enregistrés conformément aux articles précé- dents.

Article 19 A l'expiration du chaque période de dix années à compter de l'entrée en vigueur de la présente convention, le Conseil d'administration du Bureau international du travail devra présenter à la Conférence générale un rapport sur l'applica- tion de la présente convention et décidera s'il y a lieu d'inscrire à l'ordre du jour de la Conférence la question de sa révision totale ou partielle.

Article 20 1. Au cas où la Conférence adopterait une nouvelle convention portant révision totale ou partielle de la présen- te convention, et à moins que la nouvelle convention ne dispose autrement: a) la ratification par un Membre de la nouvelle convention portant revision entraînerait de plein droit, non- obstant l'article 16 ci-dessus, dénonciation immédiate de la présente convention, sous réserve que la nouvel- le convention portant revision soit entrée en vigueur; b) à partir de la date de l'entrée en vigueur de la nouvelle convention portant revision, la présente convention cesserait d'être ouverte à la ratification des Membres. 2. La présente convention demeurerait en tout cas en vigueur dans sa forme et teneur pour les Membres qui l'au- raient ratifiée et qui ne ratifieraient pas la convention portant revision.

Article 21 Les versions française et anglaise du texte de la présente convention font également foi. SUR LA LIBERTÉ SYNDICALE ET LA PROTECTION DU DROIT SYNDICAL 87 ONVENTION C

364 BAROMÈTRE DE L’IE SUR LES DROITS HUMAINS ET SYNDICAUX DANS LE SECTEUR DE L’ÉDUCATION - 2004 A NNEXES

CONVENTION 98 SUR LE DROIT D'ORGANISATION ET DE NÉGOCIATION COLLECTIVE, 1949 La Conférence générale de l'Organisation internationale du Travail, Convoquée à Genève par le Conseil d'administration du Bureau international du Travail, et s'y étant réunie le 8 juin 1949, en sa trente-deuxième session; Après avoir décidé d'adopter diverses propositions relatives à l'application des principes du droit d'organisation et de négociation collective, question qui constitue le quatrième point à l'ordre du jour de la session; Après avoir décidé que ces propositions prendraient la forme d'une convention internationale, adopte, ce premier jour de juillet mil neuf cent quarante-neuf, la convention ci-après, qui sera dénommée Convention sur le droit d'organisation et de négociation collective, 1949.

Article 1 1. Les travailleurs doivent bénéficier d'une protection adéquate contre tous actes de discrimination tendant à por- ter atteinte à la liberté syndicale en matière d'emploi. 2. Une telle protection doit notamment s'appliquer en ce qui concerne les actes ayant pour but de: a) subordonner l'emploi d'un travailleur à la condition qu'il ne s'affilie pas à un syndicat ou cesse de faire par- tie d'un syndicat; b) congédier un travailleur ou lui porter préjudice par tous autres moyens, en raison de son affiliation syndica- le ou de sa participation à des activités syndicales en dehors des heures de travail ou, avec le consentement de l'employeur, durant les heures de travail.

Article 2 1. Les organisations de travailleurs et d'employeurs doivent bénéficier d'une protection adéquate contre tous actes d'ingérence des unes à l'égard des autres, soit directement, soit par leurs agents ou membres dans leur forma- tion, leur fonctionnement et leur administration. 2. Sont notamment assimilées à des actes d'ingérence au sens du présent article des mesures tendant à provoquer la création d'organisations de travailleurs dominées par un employeur ou une organisation d'employeurs, ou à soutenir des organisations de travailleurs par des moyens financiers ou autrement, dans le dessein de placer ces organisations sous le contrôle d'un employeur ou d'une organisation d'employeurs.

Article 3 Des organismes appropriés aux conditions nationales doivent, si nécessaire, être institués pour assurer le respect du droit d'organisation défini par les articles précédents.

Article 4 Des mesures appropriées aux conditions nationales doivent, si nécessaire, être prises pour encourager et promouvoir le développement et l'utilisation les plus larges de procédures de négociation volontaire de conventions collectives entre les employeurs et les organisations d'employeurs d'une part, et les organisations de travailleurs d'autre part, en vue de régler par ce moyen les conditions d'emploi.

Article 5 1. La mesure dans laquelle les garanties prévues par la présente convention s'appliqueront aux forces armées ou à la police sera déterminée par la législation nationale. 2. Conformément aux principes établis par le paragraphe 8 de l'article 19 de la Constitution de l'Organisation internationale du Travail, la ratification de cette convention par un Membre ne devra pas être considérée comme affectant toute loi, toute sentence, toute coutume ou tout accord déjà existants qui accordent aux membres des forces armées et de la police des garanties prévues par la présente convention.

Article 6 La présente convention ne traite pas de la situation des fonctionnaires publics et ne pourra, en aucune manière, être interprétée comme portant préjudice à leurs droits ou à leur statut.

Article 7 Les ratifications formelles de la présente convention seront communiquées au Directeur général du Bureau internatio- nal du Travail et par lui enregistrées.

BAROMÈTRE DE L’IE SUR LES DROITS HUMAINS ET SYNDICAUX DANS LE SECTEUR DE L’ÉDUCATION - 2004 365 Article 8 1. La présente convention ne liera que les Membres de l'Organisation internationale du Travail dont la ratifica- tion aura été enregistrée par le Directeur général. 2. Elle entrera en vigueur douze mois après que les ratifications de deux Membres auront été enregistrées par le Directeur général. 3. Par la suite, cette convention entrera en vigueur pour chaque Membre douze mois après la date où sa ratifi- cation aura été enregistrée.

Article 9 1. Les déclarations qui seront communiquées au Directeur général du Bureau international du Travail conformé- ment au paragraphe 2 de l'article 35 de la Constitution de l'Organisation internationale du Travail devront faire connaître: a) les territoires pour lesquels le Membre intéressé s'engage à ce que les dispositions de la convention soient appliquées sans modification; b) les territoires pour lesquels il s'engage à ce que les dispositions de la convention soient appliquées avec des modifications, et en quoi consistent lesdites modifications; c) les territoires auxquels la convention est inapplicable et, dans ces cas, les raisons pour lesquelles elle est inapplicable; d) les territoires pour lesquels il réserve sa décision en attendant un examen plus approfondi de la situation à l'égard desdits territoires. ORGANISATION ET DE NÉGOCIATION COLLECTIVE ' 2. Les engagements mentionnés aux alinéas a) et b) du paragraphe 1 du présent article seront réputés partie inté- grante de la ratification et porteront des effets identiques. 3. Tout Membre pourra renoncer, par une nouvelle déclaration, à tout ou partie des réserves contenues dans sa déclaration antérieure en vertu des alinéas b), c) ou d) du paragraphe 1 du présent article. 4. Tout Membre pourra, pendant les périodes au cours desquelles la présente convention peut être dénoncée conformément aux dispositions de l'article 11, communiquer au Directeur général une nouvelle déclaration modifiant à tout autre égard les termes du toute déclaration antérieure et faisant connaître la situation dans des territoires déterminés. SUR LE DROIT D Article 10 1. Les déclarations communiquées au Directeur général du Bureau international du Travail conformément aux 98 paragraphes 4 et 5 de l'article 35 de la Constitution de l'Organisation internationale du Travail doivent indi- quer si les dispositions de la convention seront appliquées dans le territoire avec ou sans modifications; lorsque la déclaration indique que les disposition indique que les dispositions de la convention s'appliquent sous réser- ve de modifications, elle doit spécifier en quoi consistent lesdites modifications. 2. Le Membre ou les Membres ou l'autorité internationale intéressés pourront renoncer entièrement ou partiel- lement, par une déclaration ultérieure, au droit d'invoquer une modification indiquée dans une déclaration antérieure. ONVENTION 3. Le Membre ou les Membres ou l'autorité internationale intéressés pourront, pendant les périodes au cours des- C quelles la convention peut être dénoncée conformément aux dispositions de l'article 11, communiquer au Directeur général une nouvelle déclaration modifiant à tout autre égard les termes d'une déclaration anté- rieure en faisant connaître la situation en ce qui concerne l'application de cette convention.

Article 11 1. Tout Membre ayant ratifié la présente convention peut la dénoncer à l'expiration d'une période de dix années après la date de la mise en vigueur initiale de la convention, par un acte communiqué au Directeur général du Bureau international du Travail et par lui enregistré. La dénonciation ne prendra effet qu'une année après avoir été enregistrée. 2. Tout Membre ayant ratifié la présente convention qui, dans le délai d'une année après l'expiration de la pério- de de dix années mentionnée au paragraphe précédent, ne fera pas usage de la faculté de dénonciation pré- vue par le présent article sera lié pour une nouvelle période de dix années et, par la suite, pourra dénoncer la présente convention à l'expiration de chaque période de dix années dans les conditions prévues au présent article.

366 BAROMÈTRE DE L’IE SUR LES DROITS HUMAINS ET SYNDICAUX DANS LE SECTEUR DE L’ÉDUCATION - 2004 C ONVENTION

Article 12 1. Le Directeur général du Bureau international du Travail notifiera à tous les Membres de l'Organisation interna- 98 tionale du Travail l'enregistrement de toutes les ratifications et dénonciations qui lui seront communiquées par les Membres de l'Organisation.

2. En notifiant aux Membres de l'Organisation l'enregistrement de la deuxième ratification qui lui aura été com- D DROIT LE SUR muniquée, le Directeur général appellera l'attention des Membres de l'Organisation sur la date à laquelle la pré- sente convention entrera en vigueur.

Article 13 Le Directeur général du Bureau international du Travail communiquera au Secrétaire général des Nations Unies, aux fins d'enregistrement, conformément à l'article 102 de la Charte des Nations Unies, des renseignements complets au sujet de toutes ratifications et de tous actes de dénonciation qu'il aura enregistrés conformément aux articles précédents. '

Article 14 COLLECTIVE NÉGOCIATION DE ET ORGANISATION Chaque fois qu'il jugera nécessaire, le Conseil d'administration du Bureau international du travail présentera à la Conférence générale un rapport sur l'application de la présente convention et examinera s'il y a lieu d'inscrire à l'ordre du jour de la Conférence la question de sa révision totale ou partielle.

Article 15 1. Au cas où la Conférence adopterait une nouvelle convention portant révision totale ou partielle de la présente convention, et à moins que la nouvelle convention ne dispose autrement: a) la ratification par un Membre de la nouvelle convention portant revision entraînerait de plein droit, nonobs- tant l'article 14 ci-dessus, dénonciation immédiate de la présente convention, sous réserve que la nouvelle convention portant revision soit entrée en vigueur; b) à partir de la date de l'entrée en vigueur de la nouvelle convention portant revision, la présente convention cesserait d'être ouverte à la ratification des Membres. 2. La présente convention demeurerait en tout cas en vigueur dans sa forme et teneur pour les Membres qui l'au- raient ratifiée et qui ne ratifieraient pas la convention portant revision.

Article 16 Les versions française et anglaise du texte de la présente convention font également foi.

BAROMÈTRE DE L’IE SUR LES DROITS HUMAINS ET SYNDICAUX DANS LE SECTEUR DE L’ÉDUCATION - 2004 367 CONVENTION 100 SUR L'ÉGALITÉ DE RÉMUNÉRATION, 1951 NNEXES A La Conférence générale de l'Organisation internationale du Travail, Convoquée à Genève par le Conseil d'administration du Bureau international du Travail, et s'y étant réunie le 6 juin 1951, en sa trente-quatrième session; Après avoir décidé d'adopter diverses propositions relatives au principe de l'égalité de rémunération entre la main- d'oeuvre masculine et la main-d'oeuvre féminine pour un travail de valeur égale, question qui constitue le septième point à l'ordre du jour de la session; Après avoir décidé que ces propositions prendraient la forme d'une convention internationale, adopte, ce vingt-neuvième jour de juin mil neuf cent cinquante et un, la convention ci-après, qui sera dénommée Convention sur l'égalité de rémunération, 1951.

Article 1 Aux fins de la présente convention: a) le terme rémunération comprend le salaire ou traitement ordinaire, de base ou minimum, et tous autres avantages, payés directement ou indirectement, en espèces ou en nature, par l'employeur au travailleur en rai- son de l'emploi de ce dernier; b) l'expression égalité de rémunération entre la main-d'oeuvre masculine et la main-d'oeuvre féminine pour un travail de valeur égale se réfère aux taux de rémunération fixés sans discrimination fondée sur le sexe.

Article 2 1. Chaque Membre devra, par des moyens adaptés aux méthodes en vigueur pour la fixation des taux de rému- nération, encourager et, dans la mesure où ceci est compatible avec lesdites méthodes, assurer l'application à tous les travailleurs du principe de l'égalité de rémunération entre la main-d'oeuvre masculine et la main- d'oeuvre féminine pour un travail de valeur égale. 2. Ce principe pourra être appliqué au moyen: a) soit de la législation nationale; b) soit de tout système de fixation de la rémunération établi ou reconnu par la législation; c) soit de conventions collectives passées entre employeurs et travailleurs; d) soit d'une combinaison de ces divers moyens.

Article 3 1. Lorsque de telles mesures seront de nature à faciliter l'application de la présente convention, des mesures seront prises pour encourager l'évaluation objective des emplois sur la base des travaux qu'ils comportent. 2. Les méthodes à suivre pour cette évaluation pourront faire l'objet de décisions, soit de la part des autorités compétentes en ce qui concerne la fixation des taux de rémunération, soit, si les taux de rémunération sont fixés en vertu de conventions collectives, de la part des parties à ces conventions. 3. Les différences entre les taux de rémunération qui correspondent, sans considération de sexe, à des différences résultant d'une telle évaluation objective dans les travaux à effectuer ne devront pas être considérées comme contraires au principe de l'égalité de rémunération entre la main-d'oeuvre masculine et la main-d'oeuvre fémi- nine pour un travail de valeur égale.

Article 4 Chaque Membre collaborera, de la manière qui conviendra, avec les organisations d'employeurs et de travailleurs inté- ressées, en vue de donner effet aux dispositions de la présente convention.

Article 5 Les ratifications formelles de la présente convention seront communiquées au Directeur général du Bureau internatio- nal du Travail et par lui enregistrées.

Article 6 1. La présente convention ne liera que les Membres de l'Organisation internationale du Travail dont la ratifica- tion aura été enregistrée par le Directeur général.

368 BAROMÈTRE DE L’IE SUR LES DROITS HUMAINS ET SYNDICAUX DANS LE SECTEUR DE L’ÉDUCATION - 2004 C ONVENTION

2. Elle entrera en vigueur douze mois après que les ratifications de deux Membres auront été enregistrées par le Directeur général. 1 3. Par la suite, cette convention entrera en vigueur pour chaque Membre douze mois après la date où sa ratifica- 00 tion aura été enregistrée.

Article 7 L SUR 1. Les déclarations qui seront communiquées au Directeur général du Bureau international du Travail conformé- ment au paragraphe 2 de l'article 35 de la Constitution de l'Organisation internationale du Travail devront faire

connaître: ' GLT ERÉMUNÉRATION DE ÉGALITÉ a) les territoires pour lesquels le Membre intéressé s'engage à ce que les dispositions de la convention soient appliquées sans modification; b) les territoires pour lesquels il s'engage à ce que les dispositions de la convention soient appliquées avec des modifications, et en quoi consistent lesdites modifications; c) les territoires auxquels la convention est inapplicable et, dans ces cas, les raisons pour lesquelles elle est inap- plicable; d) les territoires pour lesquels il réserve sa décision en attendant un examen plus approfondi de la situation à l'égard desdits territoires. 2. Les engagements mentionnés aux alinéas a) et b) du paragraphe 1 du présent article seront réputés partie inté- grante de la ratification et porteront des effets identiques. 3. Tout Membre pourra renoncer, par une nouvelle déclaration, à tout ou partie des réserves contenues dans sa déclaration antérieure en vertu des alinéas b), c) ou d) du paragraphe 1 du présent article. 4. Tout Membre pourra, pendant les périodes au cours desquelles la présente convention peut être dénoncée conformément aux dispositions de l'article 9, communiquer au Directeur général une nouvelle déclaration modi- fiant à tout autre égard les termes de toute déclaration antérieure et faisant connaître la situation dans des ter- ritoires déterminés.

Article 8 1. Les déclarations communiquées au Directeur général du Bureau international du Travail conformément aux paragraphes 4 et 5 de l'article 35 de la Constitution de l'Organisation internationale du Travail doivent indiquer si les dispositions de la convention seront appliquées dans le territoire avec ou sans modifications; lorsque la déclaration indique que les dispositions de la convention s'appliquent sous réserve de modifications, elle doit spécifier en quoi consistent lesdites modifications. 2. Le Membre ou les Membres ou l'autorité internationale intéressés pourront renoncer entièrement ou partielle- ment, par une déclaration ultérieure, au droit d'invoquer une modification indiquée dans une déclaration anté- rieure. 3. Le Membre ou les Membres ou l'autorité internationale intéressés pourront, pendant les périodes au cours des- quelles la convention peut être dénoncée conformément aux dispositions de l'article 9, communiquer au Directeur général une nouvelle déclaration modifiant à tout autre égard les termes d'une déclaration antérieu- re en faisant connaître la situation en ce qui concerne l'application de cette convention.

Article 9 1. Tout Membre ayant ratifié la présente convention peut la dénoncer à l'expiration d'une période de dix années après la date de la mise en vigueur initiale de la convention, par un acte communiqué au Directeur général du Bureau international du Travail et par lui enregistré. La dénonciation ne prendra effet qu'une année après avoir été enregistrée. 2. Tout Membre ayant ratifié la présente convention qui, dans le délai d'une année après l'expiration de la pério- de de dix années mentionnée au paragraphe précédent, ne fera pas usage de la faculté de dénonciation prévue par le présent article sera lié pour une nouvelle période de dix années et, par la suite, pourra dénoncer la pré- sente convention à l'expiration de chaque période de dix années dans les conditions prévues au présent article. Article 10 1. Le Directeur général du Bureau international du Travail notifiera à tous les Membres de l'Organisation interna- tionale du Travail l'enregistrement de toutes les ratifications et dénonciations qui lui seront communiquées par les Membres de l'Organisation. 2. En notifiant aux Membres de l'Organisation l'enregistrement de la deuxième ratification qui lui aura été com-

BAROMÈTRE DE L’IE SUR LES DROITS HUMAINS ET SYNDICAUX DANS LE SECTEUR DE L’ÉDUCATION - 2004 369 muniquée, le Directeur général appellera l'attention des Membres de l'Organisation sur la date à laquelle la présente convention entrera en vigueur.

Article 11 Le Directeur général du Bureau international du Travail communiquera au Secrétaire général des Nations Unies, aux fins d'enregistrement, conformément à l'article 102 de la Charte des Nations Unies, des renseignements complets au sujet de toutes ratifications et de tous actes de dénonciation qu'il aura enregistrés conformément aux articles précé- dents.

Article 12 ÉGALITÉ DE RÉMUNÉRATION ' Chaque fois qu'il le jugera nécessaire, le Conseil d'administration du Bureau international du travail présentera à la Conférence générale un rapport sur l'application de la présente convention et examinera s'il y a lieu d'inscrire à l'ordre du jour de la Conférence la question de sa révision totale ou partielle. SUR L Article 13

00 1. Au cas où la Conférence adopterait une nouvelle convention portant révision totale ou partielle de la présen-

1 te convention, et à moins que la nouvelle convention ne dispose autrement: a) la ratification par un Membre de la nouvelle convention portant revision entraînerait de plein droit, non- obstant l'article 9 ci-dessus, dénonciation immédiate de la présente convention, sous réserve que la nouvelle convention portant revision soit entrée en vigueur; b) à partir de la date de l'entrée en vigueur de la nouvelle convention portant revision, la présente convention cesserait d'être ouverte à la ratification des Membres. 2. La présente convention demeurerait en tout cas en vigueur dans sa forme et teneur pour les Membres qui l'au-

ONVENTION raient ratifiée et qui ne ratifieraient pas la convention portant revision. C Article 14 Les versions française et anglaise du texte de la présente convention font également foi.

370 BAROMÈTRE DE L’IE SUR LES DROITS HUMAINS ET SYNDICAUX DANS LE SECTEUR DE L’ÉDUCATION - 2004 A NNEXES

CONVENTION 105 SUR L'ABOLITION DU TRAVAIL FORCÉ, 1957

La Conférence générale de l'Organisation internationale du Travail, Convoquée à Genève par le Conseil d'administration du Bureau international du Travail, et s'y étant réunie le 5 juin 1957, en sa quarantième session; Après avoir examiné la question du travail forcé, qui constitue le quatrième point à l'ordre du jour de la session; Après avoir pris note des dispositions de la convention sur le travail forcé, 1930; Après avoir noté que la convention de 1926 relative à l'esclavage prévoit que des mesures utiles doivent être prises pour éviter que le travail forcé ou obligatoire n'amène des conditions analogues à l'esclavage et que la convention supplé- mentaire de 1956 relative à l'abolition de l'esclavage, de la traite des esclaves et des institutions et pratiques analogues à l'esclavage vise à obtenir l'abolition complète de la servitude pour dettes et du servage; Après avoir noté que la convention sur la protection du salaire, 1949, énonce que le salaire sera payé à intervalles régu- liers et interdit les modes de paiement qui privent le travailleur de toute possibilité réelle de quitter son emploi; Après avoir décidé d'adopter d'autres propositions relatives à l'abolition de certaines formes de travail forcé ou obliga- toire constituant une violation des droits de l'homme tels qu'ils sont visés par la Charte des Nations Unies et énoncés dans la Déclaration universelle des droits de l'homme; Après avoir décidé que ces propositions prendraient la forme d'une convention internationale, adopte, ce vingt-cinquième jour de juin mil neuf cent cinquante-sept, la convention ci-après, qui sera dénommée Convention sur l'abolition du travail forcé, 1957.

Article 1 Tout Membre de l'Organisation internationale du Travail qui ratifie la présente convention s'engage à supprimer le tra- vail forcé ou obligatoire et à n'y recourir sous aucune forme: a) en tant que mesure de coercition ou d'éducation politique ou en tant que sanction à l'égard de personnes qui ont ou expriment certaines opinions politiques ou manifestent leur opposition idéologique à l'ordre politique, social ou économique établi; b) en tant que méthode de mobilisation et d'utilisation de la main-d'oeuvre à des fins de développement éco- nomique; c) en tant que mesure de discipline du travail; d) en tant que punition pour avoir participé à des grèves; e) en tant que mesure de discrimination raciale, sociale, nationale ou religieuse.

Article 2 Tout Membre de l'Organisation internationale du Travail qui ratifie la présente convention s'engage à prendre des mesures efficaces en vue de l'abolition immédiate et complète du travail forcé ou obligatoire tel qu'il est décrit à l'ar- ticle 1 de la présente convention.

Article 3 Les ratifications formelles de la présente convention seront communiquées au Directeur général du Bureau internatio- nal du Travail et par lui enregistrées.

Article 4 1. La présente convention ne liera que les Membres de l'Organisation internationale du Travail dont la ratification aura été enregistrée par le Directeur général. 2. Elle entrera en vigueur douze mois après que les ratifications de deux Membres auront été enregistrées par le Directeur général. 3. Par la suite, cette convention entrera en vigueur pour chaque Membre douze mois après la date où sa ratifica- tion aura été enregistrée.

Article 5 1. Tout Membre ayant ratifié la présente convention peut la dénoncer à l'expiration d'une période de dix années après la date de la mise en vigueur initiale de la convention, par un acte communiqué au Directeur général du Bureau international du Travail et par lui enregistré. La dénonciation ne prendra effet qu'une année après avoir été enregistrée.

BAROMÈTRE DE L’IE SUR LES DROITS HUMAINS ET SYNDICAUX DANS LE SECTEUR DE L’ÉDUCATION - 2004 371 2. Tout Membre ayant ratifié la présente convention qui, dans le délai d'une année après l'expiration de la pério- de de dix années mentionnée au paragraphe précédent, ne fera pas usage de la faculté de dénonciation pré- vue par le présent article sera lié pour une nouvelle période de dix années et, par la suite, pourra dénoncer la présente convention à l'expiration de chaque période de dix années dans les conditions prévues au présent article.

Article 6 1. Le Directeur général du Bureau international du Travail notifiera à tous les Membres de l'Organisation inter- nationale du Travail l'enregistrement de toutes les ratifications et dénonciations qui lui seront communiquées par les Membres de l'Organisation. 2. En notifiant aux Membres de l'Organisation l'enregistrement de la deuxième ratification qui lui aura été com-

ABOLITION DU TRAVAIL FORCÉ muniquée, le Directeur général appellera l'attention des Membres de l'Organisation sur la date à laquelle la ' présente convention entrera en vigueur.

Article 7 SUR L Le Directeur général du Bureau international du Travail communiquera au Secrétaire général des Nations Unies, aux fins d'enregistrement, conformément à l'article 102 de la Charte des Nations Unies, des renseignements complets au

05 sujet de toutes ratifications et de tous actes de dénonciation qu'il aura enregistrés conformément aux articles précé-

1 dents.

Article 8 Chaque fois qu'il le jugera nécessaire, le Conseil d'administration du Bureau international du travail présentera à la Conférence générale un rapport sur l'application de la présente convention et examinera s'il y a lieu d'inscrire à l'ordre du jour de la Conférence la question de sa révision totale ou partielle.

ONVENTION Article 9 C 1. Au cas où la Conférence adopterait une nouvelle convention portant révision totale ou partielle de la présen- te convention, et à moins que la nouvelle convention ne dispose autrement: a) la ratification par un Membre de la nouvelle convention portant revision entraînerait de plein droit, non- obstant l'article 5 ci-dessus, dénonciation immédiate de la présente convention, sous réserve que la nouvelle convention portant revision soit entrée en vigueur; b) à partir de la date de l'entrée en vigueur de la nouvelle convention portant revision, la présente convention cesserait d'être ouverte à la ratification des Membres. 2. La présente convention demeurerait en tout cas en vigueur dans sa forme et teneur pour les Membres qui l'au- raient ratifiée et qui ne ratifieraient pas la convention portant revision.

Article 10 Les versions française et anglaise du texte de la présente convention font également foi.

372 BAROMÈTRE DE L’IE SUR LES DROITS HUMAINS ET SYNDICAUX DANS LE SECTEUR DE L’ÉDUCATION - 2004 A NNEXES

CONVENTION 111 CONCERNANT LA DISCRIMINATION (EMPLOI ET PROFESSION), 1958 La Conférence générale de l'Organisation internationale du Travail, Convoquée à Genève par le Conseil d'administration du Bureau international du Travail, et s'y étant réunie le 4 juin 1958, en sa quarante-deuxième session; Après avoir décidé d'adopter diverses propositions relatives à la discrimination en matière d'emploi et de profession, question qui constitue le quatrième point à l'ordre du jour de la session; Après avoir décidé que ces propositions prendraient la forme d'une convention internationale; Considérant que la Déclaration de Philadelphie affirme que tous les êtres humains, quels que soient leur race, leur croyance ou leur sexe, ont le droit de poursuivre leur progrès matériel et leur développement spirituel dans la liberté et la dignité, dans la sécurité économique et avec des chances égales; Considérant en outre que la discrimination constitue une violation de droits énoncés dans la Déclaration universelle des droits de l'homme, adopte, ce vingt-cinquième jour de juin mil neuf cent cinquante-huit, la convention ci-après, qui sera dénommée Convention concernant la discrimination (emploi et profession), 1958.

Article 1 1. Aux fins de la présente convention, le terme discrimination comprend: a) toute distinction, exclusion ou préférence fondée sur la race, la couleur, le sexe, la religion, l'opinion politique, l'ascendance nationale ou l'origine sociale, qui a pour effet de détruire ou d'altérer l'égalité de chances ou de traitement en matière d'emploi ou de profession; b) toute autre distinction, exclusion ou préférence ayant pour effet de détruire ou d'altérer l'égalité de chances ou de traitement en matière d'emploi ou de profession, qui pourra être spécifiée par le Membre intéressé après consultation des organisations représentatives d'employeurs et de travailleurs, s'il en existe, et d'autres orga- nismes appropriés. 2. Les distinctions, exclusions ou préférences fondées sur les qualifications exigées pour un emploi déterminé ne sont pas considérées comme des discriminations. 3. Aux fins de la présente convention, les mots emploi et [ profession ] recouvrent l'accès à la formation profes- sionnelle, l'accès à l'emploi et aux différentes professions, ainsi que les conditions d'emploi.

Article 2 Tout Membre pour lequel la présente convention est en vigueur s'engage à formuler et à appliquer une politique natio- nale visant à promouvoir, par des méthodes adaptées aux circonstances et aux usages nationaux, l'égalité de chances et de traitement en matière d'emploi et de profession, afin d'éliminer toute discrimination en cette matière.

Article 3 Tout Membre pour lequel la présente convention est en vigueur doit par des méthodes adaptées aux circonstances et aux usages nationaux: a) s'efforcer d'obtenir la collaboration des organisations d'employeurs et de travailleurs et d'autres organismes appropriés pour favoriser l'acceptation et l'application de cette politique; b) promulguer des lois et encourager des programmes d'éducation propres à assurer cette acceptation et cette application; c) abroger toute disposition législative et modifier toute disposition ou pratique administratives qui sont incom- patibles avec ladite politique; d) suivre ladite politique en ce qui concerne les emplois soumis au contrôle direct d'une autorité nationale; e) assurer l'application de ladite politique dans les activités des services d'orientation professionnelle, de forma- tion professionnelle et de placement soumis au contrôle d'une autorité nationale; f) indiquer, dans ses rapports annuels sur l'application de la convention, les mesures prises conformément à cette politique et les résultats obtenus. Article 4 Ne sont pas considérées comme des discriminations toutes mesures affectant une personne qui fait individuellement l'objet d'une suspicion légitime de se livrer à une activité préjudiciable à la sécurité de l'Etat ou dont il est établi qu'el- le se livre en fait à cette activité, pour autant que ladite personne ait le droit de recourir à une instance compétente éta- blie suivant la pratique nationale.

BAROMÈTRE DE L’IE SUR LES DROITS HUMAINS ET SYNDICAUX DANS LE SECTEUR DE L’ÉDUCATION - 2004 373 Article 5 1. Les mesures spéciales de protection ou d'assistance prévues dans d'autres conventions ou recommandations adoptées par la Conférence internationale du Travail ne sont pas considérées comme des discriminations. 2. Tout Membre peut, après consultation, là où elles existent, des organisations représentatives d'employeurs et de travailleurs, définir comme non discriminatoires toutes autres mesures spéciales destinées à tenir compte des besoins particuliers de personnes à l'égard desquelles une protection ou une assistance spéciale est, d'une façon générale, reconnue nécessaire pour des raisons telles que le sexe, l'âge, l'invalidité, des charges de famil- le ou le niveau social ou culturel.

Article 6 Tout Membre qui ratifie la présente convention s'engage à l'appliquer aux territoires non métropolitains, conformé- ment aux dispositions de la Constitution de l'Organisation internationale du Travail.

CONCERNANT LA DISCRIMINATION Article 7 Les ratifications formelles de la présente convention seront communiquées au Directeur général du Bureau internatio- nal du Travail et par lui enregistrées. 111

Article 8 1. La présente convention ne liera que les Membres de l'Organisation internationale du Travail dont la ratifica- tion aura été enregistrée par le Directeur général. 2. Elle entrera en vigueur douze mois après que les ratifications de deux Membres auront été enregistrées par le Directeur général.

ONVENTION 3. Par la suite, cette convention entrera en vigueur pour chaque Membre douze mois après la date où sa ratifi-

C cation aura été enregistrée.

Article 9 1. Tout Membre ayant ratifié la présente convention peut la dénoncer à l'expiration d'une période de dix années après la date de la mise en vigueur initiale de la convention, par un acte communiqué au Directeur général du Bureau international du Travail et par lui enregistré. La dénonciation ne prendra effet qu'une année après avoir été enregistrée. 2. Tout Membre ayant ratifié la présente convention qui, dans le délai d'une année après l'expiration de la pério- de de dix années mentionnée au paragraphe précédent, ne fera pas usage de la faculté de dénonciation pré- vue par le présent article sera lié pour une nouvelle période de dix années et, par la suite, pourra dénoncer la présente convention à l'expiration de chaque période de dix années dans les conditions prévues au présent article.

Article 10 1. Le Directeur général du Bureau international du Travail notifiera à tous les Membres de l'Organisation inter- nationale du Travail l'enregistrement de toutes les ratifications et dénonciations qui lui seront communiquées par les Membres de l'Organisation. 2. En notifiant aux Membres de l'Organisation l'enregistrement de la deuxième ratification qui lui aura été com- muniquée, le Directeur général appellera l'attention des Membres de l'Organisation sur la date à laquelle la présente convention entrera en vigueur.

Article 11 Le Directeur général du Bureau international du Travail communiquera au Secrétaire général des Nations Unies, aux fins d'enregistrement, conformément à l'article 102 de la Charte des Nations Unies, des renseignements complets au sujet de toutes ratifications et de tous actes de dénonciation qu'il aura enregistrés conformément aux articles précé- dents.

Article 12 Chaque fois qu'il le jugera nécessaire, le Conseil d'administration du Bureau international du travail présentera à la Conférence générale un rapport sur l'application de la présente convention et examinera s'il y a lieu d'inscrire à l'ordre du jour de la Conférence la question de sa révision totale ou partielle.

374 BAROMÈTRE DE L’IE SUR LES DROITS HUMAINS ET SYNDICAUX DANS LE SECTEUR DE L’ÉDUCATION - 2004 C ONVENTION

Article 13 1. Au cas où la Conférence adopterait une nouvelle convention portant révision totale ou partielle de la présente 111 111 convention, et à moins que la nouvelle convention ne dispose autrement: a) la ratification par un Membre de la nouvelle convention portant revision entraînerait de plein droit, nonobs- tant l'article 9 ci-dessus, dénonciation immédiate de la présente convention, sous réserve que la nouvelle OCRATL DISCRIMINATION LA CONCERNANT convention portant revision soit entrée en vigueur; b) à partir de la date de l'entrée en vigueur de la nouvelle convention portant revision, la présente convention cesserait d'être ouverte à la ratification des Membres. 2. La présente convention demeurerait en tout cas en vigueur dans sa forme et teneur pour les Membres qui l'au- raient ratifiée et qui ne ratifieraient pas la convention portant revision.

Article 14 Les versions française et anglaise du texte de la présente convention font également foi.

BAROMÈTRE DE L’IE SUR LES DROITS HUMAINS ET SYNDICAUX DANS LE SECTEUR DE L’ÉDUCATION - 2004 375 CONVENTION 138 SUR L'ÂGE MINIMUM, 1973 NNEXES A La Conférence générale de l'Organisation internationale du Travail, Convoquée à Genève par le Conseil d'administration du Bureau international du Travail, et s'y étant réunie le 6 juin 1973, en sa cinquante-huitième session; Après avoir décidé d'adopter diverses propositions relatives à l'âge minimum d'admission à l'emploi, question qui constitue le quatrième point à l'ordre du jour de la session; Notant les termes de la convention sur l'âge minimum (industrie), 1919; de la convention sur l'âge minimum (travail maritime), 1920; de la convention sur l'âge minimum (agriculture), 1921; de la convention sur l'âge minimum (soutiers et chauffeurs), 1921; de la convention sur l'âge minimum (travaux non industriels), 1932; de la convention (révisée) sur l'âge minimum (travail maritime), 1936; de la convention (révisée) de l'âge minimum (industrie), 1937; de la conven- tion (révisée) sur l'âge minimum (travaux non industriels), 1937; de la convention sur l'âge minimum (pêcheurs), 1959, et de la convention sur l'âge minimum (travaux souterrains), 1965; Considérant que le moment est venu d'adopter un instrument général sur ce sujet, qui devrait graduellement rempla- cer les instruments existants applicables à des secteurs économiques limités, en vue de l'abolition totale du travail des enfants; Après avoir décidé que cet instrument prendrait la forme d'une convention internationale, adopte, ce vingt-sixième jour de juin mil neuf cent soixante-treize, la convention ci-après, qui sera dénommée Convention sur l'âge minimum, 1973.

Article 1 Tout Membre pour lequel la présente convention est en vigueur s'engage à poursuivre une politique nationale visant à assurer l'abolition effective du travail des enfants et à élever progressivement l'âge minimum d'admission à l'emploi ou au travail à un niveau permettant aux adolescents d'atteindre le plus complet développement physique et mental.

Article 2 1. Tout Membre qui ratifie la présente convention devra spécifier, dans une déclaration annexée à sa ratification, un âge minimum d'admission à l'emploi ou au travail sur son territoire et dans les moyens de transport imma- triculés sur son territoire; sous réserve des dispositions des articles 4 à 8 de la présente convention, aucune personne d'un âge inférieur à ce minimum ne devra être admise à l'emploi ou au travail dans une profession quelconque. 2. Tout Membre ayant ratifié la présente convention pourra, par la suite, informer le Directeur général du Bureau international du Travail, par de nouvelles déclarations, qu'il relève l'âge minimum spécifié précédemment. 3. L'âge minimum spécifié conformément au paragraphe 1 du présent article ne devra pas être inférieur à l'âge auquel cesse la scolarité obligatoire, ni en tout cas à quinze ans. 4. Nonobstant les dispositions du paragraphe 3 du présent article, tout Membre dont l'économie et les institu- tions scolaires ne sont pas suffisamment développées pourra, après consultation des organisations d'em- ployeurs et de travailleurs intéressées, s'il en existe, spécifier, en une première étape, un âge minimum de qua- torze ans. 5. Tout Membre qui aura spécifié un âge minimum de quatorze ans en vertu du paragraphe précédent devra, dans les rapports qu'il est tenu de présenter au titre de l'article 22 de la Constitution de l'Organisation internatio- nale du Travail, déclarer: a) soit que le motif de sa décision persiste; b) soit qu'il renonce à se prévaloir du paragraphe 4 ci-dessus à partir d'une date déterminée.

Article 3 1. L'âge minimum d'admission à tout type d'emploi ou de travail qui, par sa nature ou les conditions dans les- quelles il s'exerce, est susceptible de compromettre la santé, la sécurité ou la moralité des adolescents ne devra pas être inférieur à dix-huit ans. 2. Les types d'emploi ou de travail visés au paragraphe 1 ci-dessus seront déterminés par la législation nationale ou l'au- torité compétente, après consultation des organisations d'employeurs et de travailleurs intéressées, s'il en existe. 3. Nonobstant les dispositions du paragraphe 1 ci-dessus, la législation nationale ou l'autorité compétente pour- ra, après consultation des organisations d'employeurs et de travailleurs intéressées, s'il en existe, autoriser l'em- ploi ou le travail d'adolescents dès l'âge de seize ans à condition que leur santé, leur sécurité et leur moralité soient pleinement garanties et qu'ils aient reçu, dans la branche d'activité correspondante, une instruction spé- cifique et adéquate ou une formation professionnelle.

376 BAROMÈTRE DE L’IE SUR LES DROITS HUMAINS ET SYNDICAUX DANS LE SECTEUR DE L’ÉDUCATION - 2004 C ONVENTION

Article 4 1. Pour autant que cela soit nécessaire et après avoir consulté les organisations d'employeurs et de travailleurs 138 intéressées, s'il en existe, l'autorité compétente pourra ne pas appliquer la présente convention à des catégories limitées d'emploi ou de travail lorsque l'application de la présente convention à ces catégories soulèverait des difficultés d'exécution spéciales et importantes.

2. Tout Membre qui ratifie la présente convention devra, dans le premier rapport sur l'application de celle-ci qu'il L SUR est tenu de présenter au titre de l'article 22 de la Constitution de l'Organisation internationale du Travail, indi- quer, avec motifs à l'appui, les catégories d'emploi qui auraient été l'objet d'une exclusion au titre du paragraphe 1 du présent article, et exposer, dans ses rapports ultérieurs, l'état de sa législation et de sa pratique quant à ces ' catégories, en précisant dans quelle mesure il a été donné effet ou il est proposé de donner effet à la présente MINIMUM ÂGE convention à l'égard desdites catégories. 3. Le présent article n'autorise pas à exclure du champ d'application de la présente convention les emplois ou tra- vaux visés à l'article 3.

Article 5 1. Tout Membre dont l'économie et les services administratifs n'ont pas atteint un développement suffisant pour- ra, après consultation des organisations d'employeurs et de travailleurs intéressées, s'il en existe, limiter, en une première étape, le champ d'application de la présente convention. 2. Tout Membre qui se prévaut du paragraphe 1 du présent article devra spécifier, dans une déclaration annexée à sa ratification, les branches d'activité économique ou les types d'entreprises auxquels s'appliqueront les dispo- sitions de la présente convention. 3. Le champ d'application de la présente convention devra comprendre au moins: les industries extractives; les industries manufacturières; le bâtiment et les travaux publics; l'électricité, le gaz et l'eau; les services sanitaires; les transports, entrepôts et communications; les plantations et autres entreprises agricoles exploitées principa- lement à des fins commerciales, à l'exclusion des entreprises familiales ou de petites dimensions produisant pour le marché local et n'employant pas régulièrement des travailleurs salariés. 4. Tout Membre ayant limité le champ d'application de la convention en vertu du présent article: a) devra indiquer, dans les rapports qu'il est tenu de présenter au titre de l'article 22 de la Constitution de l'Organisation internationale du Travail, la situation générale de l'emploi ou du travail des adolescents et des enfants dans les branches d'activité qui sont exclues du champ d'application de la présente convention ainsi que tout progrès réalisé en vue d'une plus large application des dispositions de la convention; b) pourra, en tout temps, étendre le champ d'application de la convention par une déclaration adressée au Directeur général du Bureau international du Travail.

Article 6 La présente convention ne s'applique ni au travail effectué par des enfants ou des adolescents dans des établissements d'enseignement général, dans des écoles professionnelles ou techniques ou dans d'autres institutions de formation pro- fessionnelle, ni au travail effectué par des personnes d'au moins quatorze ans dans des entreprises, lorsque ce travail est accompli conformément aux conditions prescrites par l'autorité compétente après consultation des organisations d'em- ployeurs et de travailleurs intéressées, s'il en existe, et qu'il fait partie intégrante: a) soit d'un enseignement ou d'une formation professionnelle dont la responsabilité incombe au premier chef à une école ou à un institution de formation professionnelle; b) soit d'un programme de formation professionnelle approuvé par l'autorité compétente et exécuté principa- lement ou entièrement dans une entreprise; c) soit d'un programme d'orientation destiné à faciliter le choix d'une profession ou d'un type de formation pro- fessionnelle.

Article 7 1. La législation nationale pourra autoriser l'emploi à des travaux légers des personnes de treize à quinze ans ou l'exécution, par ces personnes, de tels travaux, à condition que ceux-ci: a) ne soient pas susceptibles de porter préjudice à leur santé ou à leur développement; b) ne soient pas de nature à porter préjudice à leur assiduité scolaire, à leur participation à des programmes d'orientation ou de formation professionnelles approuvés par l'autorité compétente ou à leur aptitude à béné- ficier de l'instruction reçue.

BAROMÈTRE DE L’IE SUR LES DROITS HUMAINS ET SYNDICAUX DANS LE SECTEUR DE L’ÉDUCATION - 2004 377 2. La législation nationale pourra aussi, sous réserve des conditions prévues aux alinéas a) et b) du paragraphe 1 ci-dessus, autoriser l'emploi ou le travail des personnes d'au moins quinze ans qui n'ont pas encore terminé

ÂGE MINIMUM leur scolarité obligatoire. ' 3. L'autorité compétente déterminera les activités dans lesquelles l'emploi ou le travail pourra être autorisé conformément aux paragraphes 1 et 2 du présent article et prescrira la durée, en heures, et les conditions de l'emploi ou du travail dont il s'agit.

SUR L 4. Nonobstant les dispositions des paragraphes 1 et 2 du présent article, un Membre qui a fait usage des dispo- sitions du paragraphe 4 de l'article 2 peut, tant qu'il s'en prévaut, substituer les âges de douze et quatorze ans aux âges de treize et quinze ans indiqués au paragraphe 1 et l'âge de quatorze ans à l'âge de quinze ans indi- qué au paragraphe 2 du présent article. 138

Article 8 1. Après consultation des organisations d'employeurs et de travailleurs intéressées, s'il en existe, l'autorité com- pétente pourra, en dérogation à l'interdiction d'emploi ou de travail prévue à l'article 2 de la présente conven- tion, autoriser, dans des cas individuels, la participation à des activités telles que des spectacles artistiques. 2. Les autorisations ainsi accordées devront limiter la durée en heures de l'emploi ou du travail autorisés et en

ONVENTION prescrire les conditions. C Article 9 1. L'autorité compétente devra prendre toutes les mesures nécessaires, y compris des sanctions appropriées, en vue d'assurer l'application effective des dispositions de la présente convention. 2. La législation nationale ou l'autorité compétente devra déterminer les personnes tenues de respecter les dis- positions donnant effet à la convention. 3. La législation nationale ou l'autorité compétente devra prescrire les registres ou autres documents que l'em- ployeur devra tenir et conserver à disposition; ces registres ou documents devront indiquer le nom et l'âge ou la date de naissance, dûment attestés dans la mesure du possible, des personnes occupées par lui ou travaillant pour lui et dont l'âge est inférieur à dix-huit ans.

Article 10 1. La présente convention porte révision de la convention sur l'âge minimum (industrie), 1919; de la convention sur l'âge minimum (travail maritime), 1920; de la convention sur l'âge minimum (agriculture), 1921; de la convention sur l'âge minimum (soutiers et chauffeurs), 1921; de la convention sur l'âge minimum (travaux non industriels), 1932; de la convention (révisée) sur l'âge minimum (travail maritime), 1936; de la convention (révisée) de l'âge minimum (industrie), 1937; de la convention (révisée) sur l'âge minimum (travaux non indus- triels), 1937; de la convention sur l'âge minimum (pêcheurs), 1959, et de la convention sur l'âge minimum (tra- vaux souterrains), 1965, dans les conditions fixées ci-après. 2. L'entrée en vigueur de la présente convention ne ferme pas à une ratification ultérieure la convention (révi- sée) sur l'âge minimum (travail maritime), 1936; la convention (révisée) de l'âge minimum (industrie), 1937; la convention (révisée) sur l'âge minimum (travaux non industriels), 1937; la convention sur l'âge minimum (pêcheurs), 1959, et la convention sur l'âge minimum (travaux souterrains), 1965. 3. La convention sur l'âge minimum (industrie), 1919; la convention sur l'âge minimum (travail maritime), 1920; la convention sur l'âge minimum (agriculture), 1921, et la convention sur l'âge minimum (soutiers et chauf- feurs), 1921, seront fermées à toute ratification ultérieure lorsque tous les Etats Membres parties à ces conven- tions consentiront à cette fermeture, soit en ratifiant la présente convention, soit par une déclaration com- muniquée au Directeur général du Bureau international du Travail. 4. Dès l'entrée en vigueur de la présente convention: a) le fait qu'un Membre partie à la convention (révisée) de l'âge minimum (industrie), 1937, accepte les obli- gations de la présente convention et fixe, conformément à l'article 2 de la présente convention, un âge mini- mum d'au moins quinze ans entraîne de plein droit la dénonciation immédiate de la convention (révisée) de l'âge minimum (industrie), 1937; b) le fait qu'un Membre partie à la convention sur l'âge minimum (travaux non industriels), 1932, accepte les obligations de la présente convention pour les travaux non industriels au sens de ladite convention entraîne de plein droit la dénonciation immédiate de la convention sur l'âge minimum (travaux non industriels), 1932; c) le fait qu'un Membre partie à la convention (révisée) sur l'âge minimum (travaux non industriels), 1937, accepte les obligations de la présente convention pour les travaux non industriels au sens de ladite conven-

378 BAROMÈTRE DE L’IE SUR LES DROITS HUMAINS ET SYNDICAUX DANS LE SECTEUR DE L’ÉDUCATION - 2004 C ONVENTION

tion et fixe, conformément à l'article 2 de la présente convention, un âge minimum d'au moins quinze ans entraîne de plein droit la dénonciation immédiate de la convention (révisée) sur l'âge minimum (travaux non industriels), 1937; 138 d) le fait qu'un Membre partie à la convention (révisée) sur l'âge minimum (travail maritime), 1936, accepte les obligations de la présente convention pour le travail maritime et, soit fixe, conformément à l'article 2 de la pré-

sente convention, un âge minimum d'au moins quinze ans, soit précise que l'article 3 de la présente convention L SUR s'applique au travail maritime, entraîne de plein droit la dénonciation immédiate de la convention (révisée) sur l'âge minimum (travail maritime), 1936; e) le fait qu'un Membre partie à la convention sur l'âge minimum (pêcheurs), 1959, accepte les obligations de ' la présente convention pour la pêche maritime et, soit fixe, conformément à l'article 2 de la présente conven- MINIMUM ÂGE tion, un âge minimum d'au moins quinze ans, soit précise que l'article 3 de la présente convention s'applique à la pêche maritime, entraîne de plein droit la dénonciation immédiate de la convention sur l'âge minimum (pêcheurs), 1959; f) le fait qu'un Membre partie à la convention sur l'âge minimum (travaux souterrains), 1965, accepte les obli- gations de la présente convention et, soit fixe, conformément à l'article 2 de la présente convention, un âge minimum au moins égal à celui qu'il avait spécifié en exécution de la convention de 1965, soit précise qu'un tel âge s'applique, conformément à l'article 3 de la présente convention, aux travaux souterrains, entraîne de plein droit la dénonciation immédiate de la convention sur l'âge minimum (travaux souterrains), 1965. 5. Dès l'entrée en vigueur de la présente convention: a) l'acceptation des obligations de la présente convention entraîne la dénonciation de la convention sur l'âge minimum (industrie), 1919, en application de son article 12; b) l'acceptation des obligations de la présente convention pour l'agriculture entraîne la dénonciation de la convention sur l'âge minimum (agriculture), 1921, en application de son article 9; c) l'acceptation des obligations de la présente convention pour le travail maritime entraîne la dénonciation de la convention sur l'âge minimum (travail maritime), 1920, en application de son article 10, et de la convention sur l'âge minimum (soutiers et chauffeurs), 1921, en application de son article 12.

Article 11 Les ratifications formelles de la présente convention seront communiquées au Directeur général du Bureau internatio- nal du Travail et par lui enregistrées.

Article 12 1. La présente convention ne liera que les Membres de l'Organisation internationale du Travail dont la ratification aura été enregistrée par le Directeur général. 2. Elle entrera en vigueur douze mois après que les ratifications de deux Membres auront été enregistrées par le Directeur général. 3. Par la suite, cette convention entrera en vigueur pour chaque Membre douze mois après la date où sa ratifica- tion aura été enregistrée.

Article 13 1. Tout Membre ayant ratifié la présente convention peut la dénoncer à l'expiration d'une période de dix années après la date de la mise en vigueur initiale de la convention, par un acte communiqué au Directeur général du Bureau international du Travail et par lui enregistré. La dénonciation ne prendra effet qu'une année après avoir été enregistrée. 2. Tout Membre ayant ratifié la présente convention qui, dans le délai d'une année après l'expiration de la pério- de de dix années mentionnée au paragraphe précédent, ne fera pas usage de la faculté de dénonciation prévue par le présent article sera lié par une nouvelle période de dix années et, par la suite, pourra dénoncer la pré- sente convention à l'expiration de chaque période de dix années dans les conditions prévues au présent article.

Article 14 1. Le Directeur général du Bureau international du Travail notifiera à tous les Membres de l'Organisation interna- tionale du Travail l'enregistrement de toutes les ratifications et dénonciations qui lui seront communiquées par les Membres de l'Organisation. 2. En notifiant aux Membres de l'Organisation l'enregistrement de la deuxième ratification qui lui aura été com-

BAROMÈTRE DE L’IE SUR LES DROITS HUMAINS ET SYNDICAUX DANS LE SECTEUR DE L’ÉDUCATION - 2004 379 muniquée, le Directeur général appellera l'attention des Membres de l'Organisation sur la date à laquelle la présente convention entrera en vigueur. ÂGE MINIMUM ' Article 15 Le Directeur général du Bureau international du Travail communiquera au Secrétaire général des Nations Unies, aux fins d'enregistrement, conformément à l'article 102 de la Charte des Nations Unies, des renseignements complets au SUR L sujet de toutes ratifications et de tous actes de dénonciation qu'il aura enregistrés conformément aux articles précé- dents.

138 Article 16 Chaque fois qu'il le jugera nécessaire, le Conseil d'administration du Bureau international du travail présentera à la Conférence générale un rapport sur l'application de la présente convention et examinera s'il y a lieu d'inscrire à l'ordre du jour de la Conférence la question de sa révision totale ou partielle.

Article 17 1. Au cas où la Conférence adopterait une nouvelle convention portant révision totale ou partielle de la présen-

ONVENTION te convention, et à moins que la nouvelle convention ne dispose autrement:

C a) la ratification par un Membre de la nouvelle convention portant revision entraînerait de plein droit, non- obstant l'article 13 ci-dessus, dénonciation immédiate de la présente convention, sous réserve que la nouvel- le convention portant revision soit entrée en vigueur; b) à partir de la date de l'entrée en vigueur de la nouvelle convention portant revision, la présente convention cesserait d'être ouverte à la ratification des Membres. 2. La présente convention demeurerait en tout cas en vigueur dans sa forme et teneur pour les Membres qui l'au- raient ratifiée et qui ne ratifieraient pas la convention portant revision.

Article 18 Les versions française et anglaise du texte de la présente convention font également foi.

380 BAROMÈTRE DE L’IE SUR LES DROITS HUMAINS ET SYNDICAUX DANS LE SECTEUR DE L’ÉDUCATION - 2004 A NNEXES

CONVENTION 169 RELATIVE AUX PEUPLES INDIGÈNES ET TRIBAUX, 1989 La Conférence générale de l'Organisation internationale du Travail, Convoquée à Genève par le Conseil d'administration du Bureau international du Travail, et s'y étant réunie le 7 juin 1989, en sa 76e session; Notant les normes internationales énoncées dans la convention et la recommandation relatives aux populations abori- gènes et tribales, 1957; Rappelant les termes de la Déclaration universelle des droits de l'homme, du Pacte international relatif aux droits éco- nomiques, sociaux et culturels, du Pacte international relatif aux droits civils et politiques, et des nombreux instruments internationaux concernant la prévention de la discrimination; Considérant que, étant donné l'évolution du droit international depuis 1957 et l'évolution qui est intervenue dans la situation des peuples indigènes et tribaux dans toutes les régions du monde, il y a lieu d'adopter de nouvelles normes internationales sur la question en vue de supprimer l'orientation des normes antérieures, qui visaient à l'assimilation; Prenant acte de l'aspiration des peuples en question à avoir le contrôle de leurs institutions, de leurs modes de vie et de leur développement économique propres et à conserver et développer leur identité, leur langue et leur religion dans le cadre des Etats où ils vivent; Notant que, dans de nombreuses parties du monde, ces peuples ne peuvent jouir des droits fondamentaux de l'homme au même degré que le reste de la population des Etats où ils vivent et que leurs lois, valeurs, coutumes et perspectives ont souvent subi une érosion; Appelant l'attention sur la contribution particulière des peuples indigènes et tribaux à la diversité culturelle et à l'har- monie sociale et écologique de l'humanité ainsi qu'à la coopération et à la compréhension internationales; Notant que les dispositions ci-après ont été établies avec la collaboration des Nations Unies, de l'Organisation des Nations Unies pour l'alimentation et l'agriculture, de l'Organisation des Nations Unies pour l'éducation, la science et la culture et de l'Organisation mondiale de la santé ainsi que de l'Institut indigéniste interaméricain, aux niveaux appro- priés et pour leurs domaines respectifs, et que l'on se propose de poursuivre cette coopération en vue de promouvoir et d'assurer leur application; Après avoir décidé d'adopter diverses propositions concernant la révision partielle de la convention (no. 107) relative aux populations aborigènes et tribales, 1957, question qui constitue le quatrième point à l'ordre du jour de la session; Après avoir décidé que ces propositions prendraient la forme d'une convention internationale révisant la convention relative aux populations aborigènes et tribales, 1957, adopte, ce vingt-septième jour de juin mil neuf cent quatre-vingt-neuf, la convention ci-après, qui sera dénommée Convention relative aux peuples indigènes et tribaux, 1989.

Partie I. Politique Générale

Article 1 1. La présente convention s'applique: a) aux peuples tribaux dans les pays indépendants qui se distinguent des autres secteurs de la communauté nationale par leurs conditions sociales, culturelles et économiques et qui sont régis totalement ou partiellement par des coutumes ou des traditions qui leur sont propres ou par une législation spéciale; b) aux peuples dans les pays indépendants qui sont considérés comme indigènes du fait qu'ils descendent des populations qui habitaient le pays, ou une région géographique à laquelle appartient le pays, à l'époque de la conquête ou de la colonisation ou de l'établissement des frontières actuelles de l'Etat, et qui, quel que soit leur statut juridique, conservent leurs institutions sociales, économiques, culturelles et politiques propres ou cer- taines d'entre elles. 2. Le sentiment d'appartenance indigène ou tribale doit être considéré comme un critère fondamental pour déter- miner les groupes auxquels s'appliquent les dispositions de la présente convention. 3. L'emploi du terme peuples dans la présente convention ne peut en aucune manière être interprété comme ayant des implications de quelque nature que ce soit quant aux droits qui peuvent s'attacher à ce terme en vertu du droit international.

Article 2 1. Il incombe aux gouvernements, avec la participation des peuples intéressés, de développer une action coordon- née et systématique en vue de protéger les droits de ces peuples et de garantir le respect de leur intégrité. 2. Cette action doit comprendre des mesures visant à:

BAROMÈTRE DE L’IE SUR LES DROITS HUMAINS ET SYNDICAUX DANS LE SECTEUR DE L’ÉDUCATION - 2004 381 a) assurer que les membres desdits peuples bénéficient, sur un pied d'égalité, des droits et possibilités que la législation nationale accorde aux autres membres de la population; b) promouvoir la pleine réalisation des droits sociaux, économiques et culturels de ces peuples, dans le respect de leur identité sociale et culturelle, de leurs coutumes et traditions et de leurs institutions; c) aider les membres desdits peuples à éliminer les écarts socio-économiques qui peuvent exister entre des membres indigènes et d'autres membres de la communauté nationale, d'une manière compatible avec leurs aspirations et leur mode de vie.

Article 3 1. Les peuples indigènes et tribaux doivent jouir pleinement des droits de l'homme et des libertés fondamentales, sans entrave ni discrimination. Les dispositions de cette convention doivent être appliquées sans discrimina- tion aux femmes et aux hommes de ces peuples. 2. Aucune forme de force ou de coercition ne doit être utilisée en violation des droits de l'homme et des libertés fondamentales des peuples intéressés, y compris des droits prévus par la présente convention.

Article 4 1. Des mesures spéciales doivent être adoptées, en tant que de besoin, en vue de sauvegarder les personnes, les institutions, les biens, le travail, la culture et l'environnement des peuples intéressés. 2. Ces mesures spéciales ne doivent pas être contraires aux désirs librement exprimés des peuples intéressés.

RELATIVE AUX PEUPLES INDIGÈNES ET TRIBAUX 3. Lesdites mesures ne doivent porter aucune atteinte à la jouissance, sans discrimination, de la généralité des droits qui s'attachent à la qualité de citoyen.

Article 5 169 En appliquant les dispositions de la présente convention, il faudra: a) reconnaître et protéger les valeurs et les pratiques sociales, culturelles, religieuses et spirituelles de ces peuples et prendre dûment en considération la nature des problèmes qui se posent à eux, en tant que groupes comme en tant qu'individus; b) respecter l'intégrité des valeurs, des pratiques et des institutions desdits peuples; c) adopter, avec la participation et la coopération des peuples affectés, des mesures tendant à aplanir les dif-

ONVENTION ficultés que ceux-ci éprouvent à faire face à de nouvelles conditions de vie et de travail. C Article 6 1. En appliquant les dispositions de la présente convention, les gouvernements doivent: a) consulter les peuples intéressés, par des procédures appropriées, et en particulier à travers leurs institutions représentatives, chaque fois que l'on envisage des mesures législatives ou administratives susceptibles de les toucher directement; b) mettre en place les moyens par lesquels lesdits peuples peuvent, à égalité au moins avec les autres secteurs de la population, participer librement et à tous les niveaux à la prise de décisions dans les institutions électives et les organismes administratifs et autres qui sont responsables des politiques et des programmes qui les concernent; c) mettre en place les moyens permettant de développer pleinement les institutions et initiatives propres à ces peuples et, s'il y a lieu, leur fournir les ressources nécessaires à cette fin. 2. Les consultations effectuées en application de la présente convention doivent être menées de bonne foi et sous une forme appropriée aux circonstances, en vue de parvenir à un accord ou d'obtenir un consentement au sujet des mesures envisagées.

Article 7 1. Les peuples intéressés doivent avoir le droit de décider de leurs propres priorités en ce qui concerne le proces- sus du développement, dans la mesure où celui-ci a une incidence sur leur vie, leurs croyances, leurs institu- tions et leur bien-être spirituel et les terres qu'ils occupent ou utilisent d'une autre manière, et d'exercer autant que possible un contrôle sur leur développement économique, social et culturel propre. En outre, lesdits peuples doivent participer à l'élaboration, à la mise en oeuvre et à l'évaluation des plans et programmes de développement national et régional susceptibles de les toucher directement.

382 BAROMÈTRE DE L’IE SUR LES DROITS HUMAINS ET SYNDICAUX DANS LE SECTEUR DE L’ÉDUCATION - 2004 C ONVENTION

2. L'amélioration des conditions de vie et de travail des peuples intéressés et de leur niveau de santé et d'éduca- tion, avec leur participation et leur coopération, doit être prioritaire dans les plans de développement écono- mique d'ensemble des régions qu'ils habitent. Les projets particuliers de développement de ces régions doivent 169 également être conçus de manière à promouvoir une telle amélioration. 3. Les gouvernements doivent faire en sorte que, s'il y a lieu, des études soient effectuées en coopération avec les

peuples intéressés, afin d'évaluer l'incidence sociale, spirituelle, culturelle et sur l'environnement que les activi- TRIBAUX ET INDIGÈNES PEUPLES AUX RELATIVE tés de développement prévues pourraient avoir sur eux. Les résultats de ces études doivent être considérés comme un critère fondamental pour la mise en oeuvre de ces activités. 4. Les gouvernements doivent prendre des mesures, en coopération avec les peuples intéressés, pour protéger et préserver l'environnement dans les territoires qu'ils habitent.

Article 8 1. En appliquant la législation nationale aux peuples intéressés, il doit être dûment tenu compte de leurs coutumes ou de leur droit coutumier. 2. Les peuples intéressés doivent avoir le droit de conserver leurs coutumes et institutions dès lors qu'elles ne sont pas incompatibles avec les droits fondamentaux définis par le système juridique national et avec les droits de l'homme reconnus au niveau international. Des procédures doivent être établies, en tant que de besoin, pour résoudre les conflits éventuellement soulevés par l'application de ce principe. 3. L'application des paragraphes 1 et 2 du présent article ne doit pas empêcher les membres desdits peuples d'exer- cer les droits reconnus à tous les citoyens et d'assumer les obligations correspondantes.

Article 9 1. Dans la mesure où cela est compatible avec le système juridique national et avec les droits de l'homme recon- nus au niveau international, les méthodes auxquelles les peuples intéressés ont recours à titre coutumier pour réprimer les délits commis par leurs membres doivent être respectées. 2. Les autorités et les tribunaux appelés à statuer en matière pénale doivent tenir compte des coutumes de ces peuples dans ce domaine.

Article 10 1. Lorsque des sanctions pénales prévues par la législation générale sont infligées à des membres des peuples inté- ressés, il doit être tenu compte de leurs caractéristiques économiques, sociales et culturelles. 2. La préférence doit être donnée à des formes de sanction autres que l'emprisonnement.

Article 11 La prestation obligatoire de services personnels, rétribués ou non, imposée sous quelque forme que ce soit aux membres des peuples intéressés, doit être interdite sous peine de sanctions légales, sauf dans les cas prévus par la loi pour tous les citoyens.

Article 12 Les peuples intéressés doivent bénéficier d'une protection contre la violation de leurs droits et pouvoir engager une pro- cédure légale, individuellement ou par l'intermédiaire de leurs organes représentatifs, pour assurer le respect effectif de ces droits. Des mesures doivent être prises pour faire en sorte que, dans toute procédure légale, les membres de ces peuples puissent comprendre et se faire comprendre, au besoin grâce à un interprète ou par d'autres moyens efficaces.

Partie II. Terres

Article 13 1. En appliquant les dispositions de cette partie de la convention, les gouvernements doivent respecter l'impor- tance spéciale que revêt pour la culture et les valeurs spirituelles des peuples intéressés la relation qu'ils entre- tiennent avec les terres ou territoires, ou avec les deux, selon le cas, qu'ils occupent ou utilisent d'une autre manière, et en particulier des aspects collectifs de cette relation. 2. L'utilisation du terme terres dans les articles 15 et 16 comprend le concept de territoires, qui recouvre la tota- lité de l'environnement des régions que les peuples intéressés occupent ou qu'ils utilisent d'une autre manière.

BAROMÈTRE DE L’IE SUR LES DROITS HUMAINS ET SYNDICAUX DANS LE SECTEUR DE L’ÉDUCATION - 2004 383 Article 14 1. Les droits de propriété et de possession sur les terres qu'ils occupent traditionnellement doivent être reconnus aux peuples intéressés. En outre, des mesures doivent être prises dans les cas appropriés pour sauvegarder le droit des peuples intéressés d'utiliser les terres non exclusivement occupées par eux, mais auxquelles ils ont traditionnellement accès pour leurs activités traditionnelles et de subsistance. Une attention particulière doit être portée à cet égard à la situation des peuples nomades et des agriculteurs itinérants. 2. Les gouvernements doivent en tant que de besoin prendre des mesures pour identifier les terres que les peuples intéressés occupent traditionnellement et pour garantir la protection effective de leurs droits de propriété et de possession. 3. Des procédures adéquates doivent être instituées dans le cadre du système juridique national en vue de tran- cher les revendications relatives à des terres émanant des peuples intéressés.

Article 15 1. Les droits des peuples intéressés sur les ressources naturelles dont sont dotées leurs terres doivent être spécia- lement sauvegardés. Ces droits comprennent celui, pour ces peuples, de participer à l'utilisation, à la gestion et à la conservation de ces ressources. 2. Dans les cas où l'Etat conserve la propriété des minéraux ou des ressources du sous-sol ou des droits à d'autres ressources dont sont dotées les terres, les gouvernements doivent établir ou maintenir des procédures pour consulter les peuples intéressés dans le but de déterminer si et dans quelle mesure les intérêts de ces peuples sont menacés avant d'entreprendre ou d'autoriser tout programme de prospection ou d'exploitation des res-

RELATIVE AUX PEUPLES INDIGÈNES ET TRIBAUX sources dont sont dotées leurs terres. Les peuples intéressés doivent, chaque fois que c'est possible, participer aux avantages découlant de ces activités et doivent recevoir une indemnisation équitable pour tout domma- ge qu'ils pourraient subir en raison de telles activités. 169 Article 16 1. Sous réserve des paragraphes suivants du présent article, les peuples intéressés ne doivent pas être déplacés des terres qu'ils occupent. 2. Lorsque le déplacement et la réinstallation desdits peuples sont jugés nécessaires à titre exceptionnel, ils ne doivent avoir lieu qu'avec leur consentement, donné librement et en toute connaissance de cause. Lorsque ce consentement ne peut être obtenu, ils ne doivent avoir lieu qu'à l'issue de procédures appropriées établies par la législation nationale et comprenant, s'il y a lieu, des enquêtes publiques où les peuples intéressés aient la ONVENTION possibilité d'être représentés de façon efficace. C 3. Chaque fois que possible, ces peuples doivent avoir le droit de retourner sur leurs terres traditionnelles, dès que les raisons qui ont motivé leur déplacement et leur réinstallation cessent d'exister. 4. Dans le cas où un tel retour n'est pas possible, ainsi que déterminé par un accord ou, en l'absence d'un tel accord, au moyen de procédures appropriées, ces peuples doivent recevoir, dans toute la mesure possible, des terres de qualité et de statut juridique au moins égaux à ceux des terres qu'ils occupaient antérieurement et leur permettant de subvenir à leurs besoins du moment et d'assurer leur développement futur. Lorsque les peuples intéressés expriment une préférence pour une indemnisation en espèces ou en nature, ils doivent être ainsi indemnisés, sous réserve des garanties appropriées. 5. Les personnes ainsi déplacées et réinstallées doivent être entièrement indemnisées de toute perte ou de tout dommage subi par elles de ce fait.

Article 17 1. Les modes de transmission des droits sur la terre entre leurs membres établis par les peuples intéressés doivent être respectés. 2. Les peuples intéressés doivent être consultés lorsqu'on examine leur capacité d'aliéner leurs terres ou de trans- mettre d'une autre manière leurs droits sur ces terres en dehors de leur communauté. 3. Les personnes qui n'appartiennent pas à ces peuples doivent être empêchées de se prévaloir des coutumes des- dits peuples ou de l'ignorance de leurs membres à l'égard de la loi en vue d'obtenir la propriété, la possession ou la jouissance de terres leur appartenant..

Article 18 La loi doit prévoir des sanctions adéquates pour toute entrée non autorisée sur les terres des peuples intéressés, ou

384 BAROMÈTRE DE L’IE SUR LES DROITS HUMAINS ET SYNDICAUX DANS LE SECTEUR DE L’ÉDUCATION - 2004 C ONVENTION

toute utilisation non autorisée de ces terres, et les gouvernements doivent prendre des mesures pour empêcher ces infractions. 169

Article 19

Les programmes agraires nationaux doivent garantir aux peuples intéressés des conditions équivalentes à celles dont TRIBAUX ET INDIGÈNES PEUPLES AUX RELATIVE bénéficient les autres secteurs de la population en ce qui concerne: a) l'octroi de terres supplémentaires quand les terres dont lesdits peuples disposent sont insuffisantes pour leur assurer les éléments d'une existence normale, ou pour faire face à leur éventuel accroissement numérique; b) l'octroi des moyens nécessaires à la mise en valeur des terres que ces peuples possèdent déjà.

Partie III. Recrutement et Conditions D'Emploi

Article 20 1. Les gouvernements doivent, dans le cadre de la législation nationale et en coopération avec les peuples intéres- sés, prendre des mesures spéciales pour assurer aux travailleurs appartenant à ces peuples une protection effi- cace en ce qui concerne le recrutement et les conditions d'emploi, dans la mesure où ils ne sont pas efficace- ment protégés par la législation applicable aux travailleurs en général. 2. Les gouvernements doivent faire tout ce qui est en leur pouvoir pour éviter toute discrimination entre les tra- vailleurs appartenant aux peuples intéressés et les autres travailleurs, notamment en ce qui concerne: a) l'accès à l'emploi, y compris aux emplois qualifiés, ainsi que les mesures de promotion et d'avancement; b) la rémunération égale pour un travail de valeur égale; c) l'assistance médicale et sociale, la sécurité et la santé au travail, toutes les prestations de sécurité sociale et tous autres avantages découlant de l'emploi, ainsi que le logement; d) le droit d'association, le droit de se livrer librement à toutes activités syndicales non contraires à la loi et le droit de conclure des conventions collectives avec des employeurs ou avec des organisations d'employeurs. 3. Les mesures prises doivent notamment viser à ce que: a) les travailleurs appartenant aux peuples intéressés, y compris les travailleurs saisonniers, occasionnels et migrants employés dans l'agriculture ou dans d'autres activités, de même que ceux employés par des pour- voyeurs de main-d'oeuvre, jouissent de la protection accordée par la législation et la pratique nationales aux autres travailleurs de ces catégories dans les mêmes secteurs, et qu'ils soient pleinement informés de leurs droits en vertu de la législation du travail et des moyens de recours auxquels ils peuvent avoir accès; b) les travailleurs appartenant à ces peuples ne soient pas soumis à des conditions de travail qui mettent en dan- ger leur santé, en particulier en raison d'une exposition à des pesticides ou à d'autres substances toxiques; c) les travailleurs appartenant à ces peuples ne soient pas soumis à des systèmes de recrutement coercitifs, y compris la servitude pour dette sous toutes ses formes; d) les travailleurs appartenant à ces peuples jouissent de l'égalité de chances et de traitement entre hommes et femmes dans l'emploi et d'une protection contre le harcèlement sexuel. 4. Une attention particulière doit être portée à la création de services adéquats d'inspection du travail dans les régions où des travailleurs appartenant aux peuples intéressés exercent des activités salariées, de façon à assu- rer le respect des dispositions de la présente partie de la convention.

Partie IV. Formation Professionnelle, Artisanat et Industries Rurales

Article 21 Les membres des peuples intéressés doivent pouvoir bénéficier de moyens de formation professionnelle au moins égaux à ceux accordés aux autres citoyens.

Article 22 1. Des mesures doivent être prises pour promouvoir la participation volontaire des membres des peuples intéressés aux programmes de formation professionnelle d'application générale.

BAROMÈTRE DE L’IE SUR LES DROITS HUMAINS ET SYNDICAUX DANS LE SECTEUR DE L’ÉDUCATION - 2004 385 2. Lorsque les programmes de formation professionnelle d'application générale existants ne répondent pas aux besoins propres des peuples intéressés, les gouvernements doivent, avec la participation de ceux-ci, faire en sorte que des programmes et des moyens spéciaux de formation soient mis à leur disposition. 3. Les programmes spéciaux de formation doivent se fonder sur le milieu économique, la situation sociale et cul- turelle et les besoins concrets des peuples intéressés. Toute étude en ce domaine doit être réalisée en coopé- ration avec ces peuples, qui doivent être consultés au sujet de l'organisation et du fonctionnement de ces pro- grammes. Lorsque c'est possible, ces peuples doivent assumer progressivement la responsabilité de l'organisa- tion et du fonctionnement de ces programmes spéciaux de formation, s'ils en décident ainsi.

Article 23 1. L'artisanat, les industries rurales et communautaires, les activités relevant de l'économie de subsistance et les activités traditionnelles des peuples intéressés, telles que la chasse, la pêche, la chasse à la trappe et la cueillet- te, doivent être reconnus en tant que facteurs importants du maintien de leur culture ainsi que de leur auto- suffisance et de leur développement économiques. Les gouvernements doivent, avec la participation de ces peuples, et, s'il y a lieu, faire en sorte que ces activités soient renforcées et promues. 2. A la demande des peuples intéressés, il doit leur être fourni, lorsque c'est possible, une aide technique et finan- cière appropriée qui tienne compte des techniques traditionnelles et des caractéristiques culturelles de ces peuples ainsi que de l'importance d'un développement durable et équitable.

Partie V. Sécurité Sociale et Santé RELATIVE AUX PEUPLES INDIGÈNES ET TRIBAUX

Article 24

169 Les régimes de sécurité sociale doivent être progressivement étendus aux peuples intéressés et être appliqués sans dis- crimination à leur encontre.

Article 25 1. Les gouvernements doivent faire en sorte que des services de santé adéquats soient mis à la disposition des peuples intéressés ou doivent leur donner les moyens leur permettant d'organiser et de dispenser de tels ser- vices sous leur responsabilité et leur contrôle propres, de manière à ce qu'ils puissent jouir du plus haut niveau possible de santé physique et mentale. ONVENTION

C 2. Les services de santé doivent être autant que possible organisés au niveau communautaire. Ces services doi- vent être planifiés et administrés en coopération avec les peuples intéressés et tenir compte de leurs condi- tions économiques, géographiques, sociales et culturelles, ainsi que de leurs méthodes de soins préventifs, pra- tiques de guérison et remèdes traditionnels. 3. Le système de soins de santé doit accorder la préférence à la formation et à l'emploi de personnel de santé des communautés locales et se concentrer sur les soins de santé primaires, tout en restant en rapport étroit avec les autres niveaux de services de santé. 4. La prestation de tels services de santé doit être coordonnée avec les autres mesures sociales, économiques et culturelles prises dans le pays.

Partie VI. Education et Moyens de Communication

Article 26 Des mesures doivent être prises pour assurer aux membres des peuples intéressés la possibilité d'acquérir une éduca- tion à tous les niveaux au moins sur un pied d'égalité avec le reste de la communauté nationale.

Article 27 1. Les programmes et les services d'éducation pour les peuples intéressés doivent être développés et mis en oeuvre en coopération avec ceux-ci pour répondre à leurs besoins particuliers et doivent couvrir leur histoire, leurs connaissances et leurs techniques, leurs systèmes de valeurs et leurs autres aspirations sociales, économiques et culturelles. 2. L'autorité compétente doit faire en sorte que la formation des membres des peuples intéressés et leur partici-

386 BAROMÈTRE DE L’IE SUR LES DROITS HUMAINS ET SYNDICAUX DANS LE SECTEUR DE L’ÉDUCATION - 2004 C ONVENTION

pation à la formulation et à l'exécution des programmes d'éducation soient assurées afin que la responsabilité de la conduite desdits programmes puisse être progressivement transférée à ces peuples s'il y a lieu. 169 3. De plus, les gouvernements doivent reconnaître le droit de ces peuples de créer leurs propres institutions et moyens d'éducation, à condition que ces institutions répondent aux normes minimales établies par l'autorité compétente en consultation avec ces peuples. Des ressources appropriées doivent leur être fournies à cette fin. EAIEAXPULSIDGNSE TRIBAUX ET INDIGÈNES PEUPLES AUX RELATIVE Article 28 1. Lorsque cela est réalisable, un enseignement doit être donné aux enfants des peuples intéressés pour leur apprendre à lire et à écrire dans leur propre langue indigène ou dans la langue qui est le plus communément utilisée par le groupe auquel ils appartiennent. Lorsque cela n'est pas réalisable, les autorités compétentes doi- vent entreprendre des consultations avec ces peuples en vue de l'adoption de mesures permettant d'atteindre cet objectif. 2. Des mesures adéquates doivent être prises pour assurer que ces peuples aient la possibilité d'atteindre la maî- trise de la langue nationale ou de l'une des langues officielles du pays. 3. Des dispositions doivent être prises pour sauvegarder les langues indigènes des peuples intéressés et en pro- mouvoir le développement et la pratique.

Article 29 L'éducation doit viser à donner aux enfants des peuples intéressés des connaissances générales et des aptitudes qui les aident à participer pleinement et sur un pied d'égalité à la vie de leur propre communauté ainsi qu'à celle de la com- munauté nationale.

Article 30 1. Les gouvernements doivent prendre des mesures adaptées aux traditions et aux cultures des peuples intéressés, en vue de leur faire connaître leurs droits et obligations, notamment en ce qui concerne le travail, les possibili- tés économiques, les questions d'éducation et de santé, les services sociaux et les droits résultant de la présen- te convention. 2. A cette fin, on aura recours, si nécessaire, à des traductions écrites et à l'utilisation des moyens de communica- tion de masse dans les langues desdits peuples.

Article 31 Des mesures de caractère éducatif doivent être prises dans tous les secteurs de la communauté nationale, et particuliè- rement dans ceux qui sont le plus directement en contact avec les peuples intéressés, afin d'éliminer les préjugés qu'ils pourraient nourrir à l'égard de ces peuples. A cette fin, des efforts doivent être faits pour assurer que les livres d'histoi- re et autres matériels pédagogiques fournissent une description équitable, exacte et documentée des sociétés et cultures des peuples intéressés.

Partie VII. Contacts et Coopération à Travers les Frontières

Article 32 Les gouvernements doivent prendre les mesures appropriées, y compris au moyen d'accords internationaux, pour facili- ter les contacts et la coopération entre les peuples indigènes et tribaux à travers les frontières, y compris dans les domaines économique, social, culturel, spirituel et de l'environnement.

Partie VIII. Administration

Article 33 1. L'autorité gouvernementale responsable des questions faisant l'objet de la présente convention doit s'assurer que des institutions ou autres mécanismes appropriés existent pour administrer les programmes affectant les peuples intéressés et qu'ils disposent des moyens nécessaires à l'accomplissement de leurs fonctions. 2. Ces programmes doivent inclure:

BAROMÈTRE DE L’IE SUR LES DROITS HUMAINS ET SYNDICAUX DANS LE SECTEUR DE L’ÉDUCATION - 2004 387 a) la planification, la coordination, la mise en oeuvre et l'évaluation, en coopération avec les peuples intéres- sés, des mesures prévues par la présente convention; b) la soumission aux autorités compétentes de propositions de mesures législatives et autres et le contrôle de l'application de ces mesures, en coopération avec les peuples intéressés.

Partie IX. Dispositions Générales

Article 34 La nature et la portée des mesures à prendre pour donner effet à la présente convention doivent être déterminées avec souplesse, compte tenu des conditions particulières à chaque pays.

Article 35 L'application des dispositions de la présente convention ne doit pas porter atteinte aux droits et aux avantages garan- tis aux peuples intéressés en vertu d'autres conventions et recommandations, d'instruments internationaux, de traités, ou de lois, sentences, coutumes ou accords nationaux.

Partie IX. Dispositions Finales RELATIVE AUX PEUPLES INDIGÈNES ET TRIBAUX Article 36 La présente convention révise la convention relative aux populations aborigènes et tribales, 1957. 169 Article 37 Les ratifications formelles de la présente convention seront communiquées au Directeur général du Bureau internatio- nal du Travail et par lui enregistrées.

Article 38

ONVENTION 1. La présente convention ne liera que les Membres de l'Organisation internationale du Travail dont la ratifica-

C tion aura été enregistrée par le Directeur général. 2. Elle entrera en vigueur douze mois après que les ratifications de deux Membres auront été enregistrées par le Directeur général. 3. Par la suite, cette convention entrera en vigueur pour chaque Membre douze mois après la date où sa ratifi- cation aura été enregistrée.

Article 39 1. Tout Membre ayant ratifié la présente convention peut la dénoncer à l'expiration d'une période de dix années après la date de la mise en vigueur initiale de la convention, par un acte communiqué au Directeur général du Bureau international du Travail et par lui enregistré. La dénonciation ne prendra effet qu'une année après avoir été enregistrée. 2. Tout Membre ayant ratifié la présente convention qui, dans le délai d'une année après l'expiration de la pério- de de dix années mentionnée au paragraphe précédent, ne fera pas usage de la faculté de dénonciation pré- vue par le présent article sera lié pour une nouvelle période de dix années et, par la suite, pourra dénoncer la présente convention à l'expiration de chaque période de dix années dans les conditions prévues au présent article. Article 40 1. Le Directeur général du Bureau international du Travail notifiera à tous les Membres de l'Organisation inter- nationale du Travail l'enregistrement de toutes les ratifications et dénonciations qui lui seront communiquées par les Membres de l'Organisation. 2. En notifiant aux Membres de l'Organisation l'enregistrement de la deuxième ratification qui lui aura été com- muniquée, le Directeur général appellera l'attention des Membres de l'Organisation sur la date à laquelle la présente convention entrera en vigueur.

388 BAROMÈTRE DE L’IE SUR LES DROITS HUMAINS ET SYNDICAUX DANS LE SECTEUR DE L’ÉDUCATION - 2004 C ONVENTION

Article 41 Le Directeur général du Bureau international du Travail communiquera au Secrétaire général des Nations Unies, aux fins 169 d'enregistrement, conformément à l'article 102 de la Charte des Nations Unies, des renseignements complets au sujet de toutes ratifications et de tous actes de dénonciation qu'il aura enregistrés conformément aux articles précédents. EAIEAXPULSIDGNSE TRIBAUX ET INDIGÈNES PEUPLES AUX RELATIVE Article 42 Chaque fois qu'il le jugera nécessaire, le Conseil d'administration du Bureau international du Travail présentera à la Conférence générale un rapport sur l'application de la présente convention et examinera s'il y a lieu d'inscrire à l'ordre du jour de la Conférence la question de sa révision totale ou partielle.

Article 43 1. Au cas où la Conférence adopterait une nouvelle convention portant révision totale ou partielle de la présente convention, et à moins que la nouvelle convention ne dispose autrement: a) la ratification par un Membre de la nouvelle convention portant révision entraînerait de plein droit, nonobs- tant l'article 39 ci-dessus, dénonciation immédiate de la présente convention, sous réserve que la nouvelle convention portant révision soit entrée en vigueur; b) à partir de la date de l'entrée en vigueur de la nouvelle convention portant révision, la présente convention cesserait d'être ouverte à la ratification des Membres. 2. La présente convention demeurerait en tout cas en vigueur dans sa forme et teneur pour les Membres qui l'au- raient ratifiée et qui ne ratifieraient pas la convention portant révision..

Article 44 Les versions française et anglaise du texte de la présente convention font également foi.

BAROMÈTRE DE L’IE SUR LES DROITS HUMAINS ET SYNDICAUX DANS LE SECTEUR DE L’ÉDUCATION - 2004 389 CONVENTION 182 SUR LES PIRES FORMES DE TRAVAIL NNEXES DES ENFANTS, 1999 A PRÉAMBULE

La Conférence générale de l'Organisation internationale du Travail, Convoquée à Genève par le Conseil d'administration du Bureau international du Travail, et s'y étant réunie le 1er juin 1999, en sa quatre-vingt-septième session; Considérant la nécessité d'adopter de nouveaux instruments visant l'interdiction et l'élimination des pires formes de travail des enfants en tant que priorité majeure de l'action nationale et internationale, notamment de la coopéra- tion et de l'assistance internationales, pour compléter la convention et la recommandation concernant l'âge mini- mum d'admission à l'emploi, 1973, qui demeurent des instruments fondamentaux en ce qui concerne le travail des enfants; Considérant que l'élimination effective des pires formes de travail des enfants exige une action d'ensemble immé- diate, qui tienne compte de l'importance d'une éducation de base gratuite et de la nécessité de soustraire de toutes ces formes de travail les enfants concernés et d'assurer leur réadaptation et leur intégration sociale, tout en pre- nant en considération les besoins de leurs familles; Rappelant la résolution concernant l'élimination du travail des enfants adoptée par la Conférence internationale du Travail à sa quatre-vingt-troisième session, en 1996; Reconnaissant que le travail des enfants est pour une large part provoqué par la pauvreté et que la solution à long terme réside dans la croissance économique soutenue menant au progrès social, et en particulier à l'atténuation de la pauvreté et à l'éducation universelle; Rappelant la Convention relative aux droits de l'enfant, adoptée le 20 novembre 1989 par l'Assemblée générale des Nations Unies; Rappelant la Déclaration de l'OIT relative aux principes et droits fondamentaux au travail et son suivi, adoptée par la Conférence internationale du Travail à sa quatre-vingt-sixième session, en 1998; Rappelant que certaines des pires formes de travail des enfants sont couvertes par d'autres instruments internatio- naux, en particulier la convention sur le travail forcé, 1930, et la Convention supplémentaire des Nations Unies rela- tive à l'abolition de l'esclavage, de la traite des esclaves et des institutions et pratiques analogues à l'esclavage, 1956; Après avoir décidé d'adopter diverses propositions relatives au travail des enfants, question qui constitue le qua- trième point à l'ordre du jour de la session; Après avoir décidé que ces propositions prendraient la forme d'une convention internationale, adopte, ce dix-septième jour de juin mil neuf cent quatre-vingt-dix-neuf, la convention ci-après, qui sera dénom- mée Convention sur les pires formes de travail des enfants, 1999.

Article 1 Tout Membre qui ratifie la présente convention doit prendre des mesures immédiates et efficaces pour assurer l'in- terdiction et l'élimination des pires formes de travail des enfants et ce, de toute urgence.

Article 2 Aux fins de la présente convention, le terme “enfant” s'applique à l'ensemble des personnes de moins de 18 ans.

Article 3 Aux fins de la présente convention, l'expression “les pires formes de travail des enfants” comprend: a) toutes les formes d'esclavage ou pratiques analogues, telles que la vente et la traite des enfants, la ser- vitude pour dettes et le servageainsi que le travail forcé ou obligatoire, y compris le recrutement forcé ou obligatoire des enfants en vue de leur utilisation dans des conflits armés; b) l'utilisation, le recrutement ou l'offre d'un enfant à des fins de prostitution, de production de matériel pornographique ou de spectacles pornographiques; c) l'utilisation, le recrutement ou l'offre d'un enfant aux fins d'activités illicites, notamment pour la pro- duction et le trafic de stupéfiants, tels que les définissent les conventions internationales pertinentes; d) les travaux qui, par leur nature ou les conditions dans lesquelles ils s'exercent, sont susceptibles de nuire à la santé, à la sécurité ou à la moralité de l'enfant.

390 BAROMÈTRE DE L’IE SUR LES DROITS HUMAINS ET SYNDICAUX DANS LE SECTEUR DE L’ÉDUCATION - 2004 C ONVENTION

Article 4 182 1. Les types de travail visés à l'article 3 d) doivent être déterminés par la législation nationale ou l'autorité com- pétente, après consultation des organisations d'employeurs et de travailleurs intéressées, en prenant en consi- dération les normes internationales pertinentes, et en particulier les paragraphes 3 et 4 de la recommanda- U E IE OMSD RVI E ENFANTS DES TRAVAIL DE FORMES PIRES LES SUR tion sur les pires formes de travail des enfants, 1999. 2. L'autorité compétente, après consultation des organisations d'employeurs et de travailleurs intéressées, doit localiser les types de travail ainsi déterminés. 3. La liste des types de travail déterminés conformément au paragraphe 1 du présent article doit être périodi- quement examinée et, au besoin, révisée en consultation avec les organisations d'employeurs et de tra- vailleurs intéressées.

Article 5 Tout Membre doit, après consultation des organisations d'employeurs et de travailleurs, établir ou désigner des méca- nismes appropriés pour surveiller l'application des dispositions donnant effet à la présente convention.

Article 6 1. Tout Membre doit élaborer et mettre en oeuvre des programmes d'action en vue d'éliminer en priorité les pires formes de travail des enfants. 2. Ces programmes d'action doivent être élaborés et mis en oeuvre en consultation avec les institutions publiques compétentes et les organisations d'employeurs et de travailleurs, le cas échéant en prenant en considération les vues d'autres groupes intéressés.

Article 7 1. Tout Membre doit prendre toutes les mesures nécessaires pour assurer la mise en œuvre effective et le res- pect des dispositions donnant effet à la présente convention, y compris par l'établissement et l'application de sanctions pénales ou, le cas échéant, d'autres sanctions. 2. Tout Membre doit, en tenant compte de l'importance de l'éducation en vue de l'élimination du travail des enfants, prendre des mesures efficaces dans un délai déterminé pour:

a) empêcher que des enfants ne soient engagés dans les pires formes de travail des enfants; , 1999 b) prévoir l'aide directe nécessaire et appropriée pour soustraire les enfants des pires formes de travail des enfants et assurer leur réadaptation et leur intégration sociale; c) assurer l'accès à l'éducation de base gratuite et, lorsque cela est possible et approprié, à la formation pro- fessionnelle pour tous les enfants qui auront été soustraits des pires formes de travail des enfants; d) identifier les enfants particulièrement exposés à des risques et entrer en contact direct avec eux; e) tenir compte de la situation particulière des filles. 3. Tout Membre doit désigner l'autorité compétente chargée de la mise en oeuvre des dispositions donnant effet à la présente convention.

Article 8 Les Membres doivent prendre des mesures appropriées afin de s'entraider pour donner effet aux dispositions de la présente convention par une coopération et/ou une assistance internationale renforcées, y compris par des mesures de soutien au développement économique et social, aux programmes d'éradication de la pauvreté et à l'éducation universelle.

Article 9 Les ratifications formelles de la présente convention seront communiquées au Directeur général du Bureau interna- tional du Travail et par lui enregistrées.

BAROMÈTRE DE L’IE SUR LES DROITS HUMAINS ET SYNDICAUX DANS LE SECTEUR DE L’ÉDUCATION - 2004 391 , 1999

Article 10 1. La présente convention ne liera que les Membres de l'Organisation internationale du Travail dont la ratifi- cation aura été enregistrée par le Directeur général du Bureau international du Travail. 2. Elle entrera en vigueur douze mois après que les ratifications de deux Membres auront été enregistrées par le Directeur général. 3. Par la suite, cette convention entrera en vigueur pour chaque Membre douze mois après la date où sa rati- fication aura été enregistrée.

Article 11 1. Tout Membre ayant ratifié la présente convention peut la dénoncer à l'expiration d'une période de dix années après la date de la mise en vigueur initiale de la convention, par un acte communiqué au Directeur général du Bureau international du Travail et par lui enregistré. La dénonciation ne prendra effet qu'une année après avoir été enregistrée. 2. Tout Membre ayant ratifié la présente convention qui, dans le délai d'une année après l'expiration de la période de dix années mentionnée au paragraphe précédent, ne fera pas usage de la faculté de dénoncia- tion prévue par le présent article sera lié pour une nouvelle période de dix années et, par la suite, pourra dénoncer la présente convention à l'expiration de chaque période de dix années dans les conditions prévues au présent article.

Article 12 1. Le Directeur général du Bureau international du Travail notifiera à tous les Membres de l'Organisation inter- nationale du Travail l'enregistrement de toutes les ratifications et de tous actes de dénonciation qui lui seront communiqués par les Membres de l'Organisation. 2. En notifiant aux Membres de l'Organisation l'enregistrement de la deuxième ratification qui lui aura été communiquée, le Directeur général appellera l'attention des Membres de l'Organisation sur la date à laquel- le la présente convention entrera en vigueur. SUR LES PIRES FORMES DE TRAVAIL DES ENFANTS

Article 13

182 Le Directeur général du Bureau international du Travail communiquera au Secrétaire général des Nations Unies, aux fins d'enregistrement, conformément à l'article 102 de la Charte des Nations Unies, des renseignements complets au sujet de toutes ratifications et de tous actes de dénonciation qu'il aura enregistrés conformément aux articles pré- cédents.

Article 14 Chaque fois qu'il le jugera nécessaire, le Conseil d'administration du Bureau international du Travail présentera à la ONVENTION Conférence générale un rapport sur l'application de la présente convention et examinera s'il y a lieu d'inscrire à C l'ordre du jour de la Conférence la question de sa révision totale ou partielle.

Article 15 1. Au cas où la Conférence adopterait une nouvelle convention portant révision totale ou partielle de la pré- sente convention, et à moins que la nouvelle convention ne dispose autrement: a) la ratification par un Membre de la nouvelle convention portant révision entraînerait de plein droit, non- obstant l'article 11 ci-dessus, dénonciation immédiate de la présente convention, sous réserve que la nou- velle convention portant révision soit entrée en vigueur; b) à partir de la date de l'entrée en vigueur de la nouvelle convention portant révision, la présente conven- tion cesserait d'être ouverte à la ratification des Membres. 2. La présente convention demeurerait en tout cas en vigueur dans sa forme et teneur pour les Membres qui l'auraient ratifiée et qui ne ratifieraient pas la convention portant révision.

392 BAROMÈTRE DE L’IE SUR LES DROITS HUMAINS ET SYNDICAUX DANS LE SECTEUR DE L’ÉDUCATION - 2004 A NNEXES

RECOMMANDATION 190 SUR LES PIRES FORMES DE TRAVAIL DES ENFANTS, 1999 PRÉAMBULE

La Conférence générale de l'Organisation internationale du Travail, Convoquée à Genève par le Conseil d'administration du Bureau international du Travail, et s'y étant réunie le 1er juin 1999, en sa quatre-vingt-septième session; Après avoir adopté la convention sur les pires formes de travail des enfants, 1999; Après avoir décidé d'adopter diverses propositions relatives au travail des enfants, question qui constitue le quatrième point à l'ordre du jour de la session; Après avoir décidé que ces propositions prendraient la forme d'une recommandation complétant la convention sur les pires formes de travail des enfants, 1999, adopte, ce dix-septième jour de juin mil neuf cent quatre-vingt-dix-neuf, la recommandation ci-après, qui sera dénom- mée Recommandation sur les pires formes de travail des enfants, 1999.

1. Les dispositions de la présente recommandation complètent celles de la convention sur les pires formes de tra- vail des enfants, 1999 (ci-après dénommée "la convention"), et devraient s'appliquer conjointement avec elles.

I. Programmes d'action 2. Les programmes d'action visés à l'article 6 de la convention devraient être élaborés et mis en œuvre de toute urgence, en consultation avec les institutions publiques compétentes et les organisations d'employeurs et de tra- vailleurs, en prenant en considération les vues des enfants directement affectés par les pires formes de travail des enfants ainsi que les vues de leurs familles et, le cas échéant, celles d'autres groupes intéressés acquis aux objectifs de la convention et de la présente recommandation. Ces programmes devraient viser, entre autres, à:

a) identifier et dénoncer les pires formes de travail des enfants; b) empêcher que des enfants ne soient engagés dans les pires formes de travail des enfants ou les y soustraire, les protéger de représailles, assurer leur ré-adaptation et leur intégration sociale par des mesures tenant comp- te de leurs besoins en matière d'éducation et de leurs besoins physiques et psychologiques; c) accorder une attention particulière: i) aux plus jeunes enfants; ii) aux enfants de sexe féminin; iii) au problème des travaux exécutés dans des situations qui échappent aux regards extérieurs, où les filles sont particulièrement exposées à des risques; iv) à d'autres groupes d'enfants spécialement vulnérables ou ayant des besoins particuliers; d) identifier les communautés dans lesquelles les enfants sont particulièrement exposés à des risques, entrer en contact et travailler avec elles; e) informer, sensibiliser et mobiliser l'opinion publique et les groupes intéressés, y compris les enfants et leurs familles.

II. Travaux dangereux 3. En déterminant les types de travail visés à l'article 3 d) de la convention et leur localisation, il faudrait, entre autres, prendre en considération: a) les travaux qui exposent les enfants à des sévices physiques, psychologiques ou sexuels; b) les travaux qui s'effectuent sous terre, sous l'eau, à des hauteurs dangereuses ou dans des espaces confinés; c) les travaux qui s'effectuent avec des machines, du matériel ou des outils dangereux, ou qui impliquent de manipuler ou porter de lourdes charges; d) les travaux qui s'effectuent dans un milieu malsain pouvant, par exemple, exposer des enfants à des sub- stances, des agents ou des procédés dangereux, ou à des conditions de température, de bruit ou de vibrations préjudiciables à leur santé; e) les travaux qui s'effectuent dans des conditions particulièrement difficiles, par exemple pendant de longues heures, ou la nuit, ou pour lesquels l'enfant est retenu de manière injustifiée dans les locaux de l'employeur.

BAROMÈTRE DE L’IE SUR LES DROITS HUMAINS ET SYNDICAUX DANS LE SECTEUR DE L’ÉDUCATION - 2004 393 , 1999

4. En ce qui concerne les types de travail visés à l'article 3 d) de la convention ainsi qu'au paragraphe 3 ci-des- sus, la législation nationale ou l'autorité compétente peut, après consultation des organisations d'employeurs et de travailleurs intéressées, autoriser l'emploi ou le travail à partir de l'âge de 16 ans, pour autant que la santé, la sécurité et la moralité de ces enfants soient totalement protégées et qu'ils aient reçu un enseigne- ment particulier ou une formation professionnelle adaptés à la branche d'activité dans laquelle ils seront occu- pés.

III. Mise en œuvre 5. (1) Des informations détaillées et des données statistiques sur la nature et l'étendue du travail des enfants devraient être compilées et tenues à jour en vue d'établir les priorités de l'action nationale visant à abolir le travail des enfants et, en particulier, à interdire et éliminer ses pires formes et ce, de toute urgence. (2) Dans la mesure du possible, ces informations et données statistiques devraient comprendre des données ventilées par sexe, groupe d'âge, profession, branche d'activité économique, situation dans la profession, fré- quentation scolaire et localisation géographique. L'importance d'un système efficace d'enregistrement des naissances comportant la délivrance d'actes de naissance devrait être prise en considération. (3) Des données pertinentes devraient être compilées et tenues à jour en ce qui concerne les violations des dis- positions nationales visant l'interdiction et l'élimination des pires formes de travail des enfants. 6. La compilation et le traitement des informations et données mentionnées au paragraphe 5 ci-dessus devraient être effectués en tenant dûment compte du droit à la protection de la vie privée. 7. Les informations compilées conformément au paragraphe 5 ci-dessus devraient être régulièrement communi- quées au Bureau international du Travail. 8. Les Membres devraient établir ou désigner des mécanismes nationaux appropriés pour surveiller l'application des dispositions nationales visant l'interdiction et l'élimination des pires formes de travail des enfants, après consultation des organisations d'employeurs et de travailleurs. 9. Les Membres devraient veiller à ce que les autorités compétentes chargées de mettre en oeuvre les dispositions nationales visant l'interdiction et l'élimination des pires formes de travail des enfants coopèrent entre elles et

SUR LES PIRES FORMES DE TRAVAIL DES ENFANTS coordonnent leurs activités. 10. La législation nationale ou l'autorité compétente devrait déterminer les personnes qui seront tenues respon- sables en cas de non-respect des dispositions nationales concernant l'interdiction et l'élimination des pires

190 formes de travail des enfants. 11. Les Membres devraient, pour autant que cela soit compatible avec le droit national, coopérer aux efforts inter- nationaux visant à interdire et éliminer les pires formes de travail des enfants et ce, de toute urgence, en: a) rassemblant et échangeant des informations concernant les infractions pénales, y compris celles impliquant des réseaux internationaux; b) recherchant et poursuivant les personnes impliquées dans la vente et la traite des enfants ou dans l'utilisa- tion, le recrutement ou l'offre d'enfants aux fins d'activités illicites, de prostitution ou de production de maté- riel pornographique ou de spectacles pornographiques; c) tenant un registre des auteurs de telles infractions. 12. Les Membres devraient prévoir que les pires formes de travail des enfants indiquées ci-après sont des infrac-

ECOMMANDATION tions pénales:

R a) toutes les formes d'esclavage ou pratiques analogues, telles que la vente et la traite des enfants, la servitu- de pour dettes et le servage ainsi que le travail forcé ou obligatoire, y compris le recrutement forcé ou obli- gatoire des enfants en vue de leur utilisation dans les conflits armés; b) l'utilisation, le recrutement ou l'offre d'un enfant à des fins de prostitution, de production de matériel por- nographique ou de spectacles pornographiques; c) l'utilisation, le recrutement ou l'offre d'un enfant aux fins d'activités illicites, notamment pour la produc- tion et le trafic de stupéfiants, tels que les définissent les conventions internationales pertinentes, ou pour des activités qui impliquent le port ou l'utilisation illégaux d'armes à feu ou d'autres armes. 13. Les Membres devraient veiller à ce que des sanctions, y compris s'il y a lieu des sanctions pénales, soient appli- quées en cas de violation des dispositions nationales visant l'interdiction et l'élimination des types de travail mentionnés à l'article 3 d) de la convention. 14. Le cas échéant, les Membres devraient également prévoir de toute urgence d'autres moyens administratifs, civils ou pénaux en vue d'assurer l'application effective des dispositions nationales visant l'interdiction et l'éli-

394 BAROMÈTRE DE L’IE SUR LES DROITS HUMAINS ET SYNDICAUX DANS LE SECTEUR DE L’ÉDUCATION - 2004 R ECOMMANDATION

mination des pires formes de travail des enfants, par exemple la surveillance particulière des entreprises qui ont eu recours aux pires formes de travail des enfants et, en cas de violation persistante, le retrait temporaire ou définitif de leur permis d'exploitation. 15. D'autres mesures visant l'interdiction et l'élimination des pires formes de travail des enfants pourraient notam- ment consister à:

a) informer, sensibiliser et mobiliser le grand public, y compris les dirigeants politiques nationaux et locaux, les 190 parlementaires et les autorités judiciaires; b) associer et former les organisations d'employeurs et de travailleurs et les organisations civiques;

c) dispenser la formation appropriée aux agents des administrations intéressés, en particulier aux inspecteurs et ENFANTS DES TRAVAIL DE FORMES PIRES LES SUR aux représentants de la loi, ainsi qu'à d'autres professionnels concernés; d) permettre à tout Membre de poursuivre sur son territoire ses ressortissants qui commettent des infractions aux dispositions de sa législation nationale visant l'interdiction et l'élimination immédiate des pires formes de travail des enfants, même lorsque ces infractions sont commises en dehors de son territoire; e) simplifier les procédures judiciaires et administratives et veiller à ce qu'elles soient appropriées et rapides; f) encourager les entreprises à mettre au point des politiques visant à promouvoir les objectifs de la convention; g) recenser et faire connaître les meilleures pratiques relatives à l'élimination du travail des enfants; h) faire connaître les dispositions juridiques ou autres relatives au travail des enfants dans les langues ou dia- lectes divers; i) prévoir des procédures spéciales de plainte et des dispositions visant à protéger contre toutes discriminations et représailles ceux qui font légitimement état de violations des dispositions de la convention et mettre en place des lignes téléphoniques ou centres d'assistance et des médiateurs; j) adopter des mesures appropriées en vue d'améliorer les infrastructures éducatives et la formation nécessaire aux enseignants pour répondre aux besoins des garçons et des filles; k) dans la mesure du possible, tenir compte dans les programmes d'action nationaux de la nécessité: i) de promouvoir l’emploi et la formation professionnelle des parents et des adultes appartenant à la famil- le des enfants qui travaillent dans les conditions couvertes par la convention; ii) de sensibiliser les parents au problème des enfants travaillant dans ces conditions. 16. Une coopération et/ou une assistance internationales renforcées entre les Membres en vue de l’interdiction et de l’élimination effective des pires formes de travail des enfants devraient compléter les efforts déployés à l’échelle nationale et pourraient, le cas échéant, être développées et mises en œuvre en consultation avec les organisations d’employeurs et de travailleurs. Une telle coopération et/ou assistance internationales devraient inclure: a) la mobilisation de ressources pour des programmes nationaux ou internationaux; b) l’assistance mutuelle en matière juridique; c) l’assistance technique, y compris l’échange d’informations; d) des mesures de soutien au développement économique et social, aux programmes d’éradication de la pau- , 1999 vreté et à l’éducation universelle.

BAROMÈTRE DE L’IE SUR LES DROITS HUMAINS ET SYNDICAUX DANS LE SECTEUR DE L’ÉDUCATION - 2004 395 B IBLIOGRAPHIE

Rapport du Programme des Nations Unies pour le développement 2003 - PNUD/UNDP, New York. (Publié à Dublin, Irlande, le 8 juillet 2003)

Rapport mondial de suivi sur l'éducation pour tous 2002, "Le monde est-il sur la bonne voie – UNESCO, Paris, 2002

Rapport annuel sur les violations des droits syndicaux 2003 - CISL, Bruxelles, 2003

Country Reports on Human Rights Practices 2002 - Bureau of Democracy, Human Rights and Labor, Département d'Etat américain, Washington DC, 2003

Ratifications des conventions fondamentales de l'OIT par pays (au 23 novembre 2003) - OIT, Genève, 2003

The State of the World’s Children 2003 - UNICEF, New York, 2003

Rapport annuel 2003 d'Amnesty International - Londres, 2003

Rapport mondial 2003 de Human Rights Watch - New York, Bruxelles, Genève, 2003

Country Reports 2003 - www.countryreports.org

All Africa.com - allAfrica.comEducation

The Economist Country Briefings - The Economist Intelligence Unit, Londres, Sao Paulo, San Francisco, Hong Kong, 2003

Eurydice: l'éducation dans les pays de l'UE et d'autres pays et régions d'Europe - www.eurydice.org

Rapports annuels 2001 et 2002 de l'Internationale de l'Education

Magazines de l'Internationale de l'Education 2001, 2002

318ème- 324ème Rapports du Comité de la liberté syndicale - BIT, Genève, 1999, 2000, 2001.

Mondes de l'Education de l'Internationale de l'Education - Numéros 1-6, 2003

BAROMÈTRE DE L’IE SUR LES DROITS HUMAINS ET SYNDICAUX DANS LE SECTEUR DE L’ÉDUCATION - 2004 397 4

Le Baromètre 2004 de l'Internationale de l’Education sur les 200 droits humains et syndicaux dans le secteur de l'éducation BAROMÈTRE de l'IE sur les droits se concentre sur cinq droits humains fondamentaux: le droit humains et syndicaux dans le secteur de l'éducation à l'éducation pour les filles et les garçons, la parité dans ❚ ➜ ➜ l'éducation et la société, la liberté académique, le droit de l'enfant à une protection contre l'exploitation et le droit de constituer des syndicats, de s'y affilier et d'avoir recours à la négociation collective.

Le but du Baromètre est de mesurer les avancées réalisées dans le respect de ces droits fondamentaux dans chaque pays où l’IE compte des membres.

Depuis la précédente parution du Baromètre de l'IE en 2001, l’Internationale de l’Education a gagné des organisations affiliées dans sept pays ou territoires supplémentaires - Afghanistan, Cambodge, Kazakhstan, Koweït, Ouzbekistan, Serbie, Timor et Ukraine - ce qui porte le total des pays et territoires couverts par le Baromètre à 162.

Pour cette 3e édition de son Baromètre, l'IE a voulu mettre le projecteur sur l'égalité des sexes qui constitue l'un des 8 objectifs du millénaire pour le déve- loppement adoptés par l'ONU et l'un des objectifs majeurs de l'initiative Education Pour Tous. Le cadre d'action Education Pour Tous, adopté par le Forum mondial pour l'Education à Dakar, prévoit la réalisation de la parité entre les sexes dans l'enseignement primaire et secondaire d'ici à 2005. La lecture de ce Baromètre montre que l'objectif ne sera pas atteint dans les délais fixés.

Ce Baromètre montre également que malgré l'adoption d'instruments interna- tionaux, le travail des enfants est encore une réalité dans beaucoup de pays, que la liberté académique reste souvent une affirmation théorique et que, dans de nombreux Etats, les enseignants sont privés des droits fondamentaux garan- tissant leur pleine participation au dialogue social.

INTERNATIONALE DE L’EDUCATION 5 bd du Roi Albert II 1210 Bruxelles, Belgique BAROMÈTRE DE L’IE Tél. +32 2 224 0611 Fax: +32 2 224 0606 [email protected] www.ei-ie.org