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Les Lys Des Champs (Analyse) Lilies of the Field Sainte-Marie-Éleuthère

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Les Lys Des Champs (Analyse) Lilies of the Field Sainte-Marie-Éleuthère Document généré le 23 sept. 2021 15:13 Séquences La revue de cinéma Les Lys des champs (analyse) Lilies of the Field Sainte-Marie-Éleuthère Joie et espérance Numéro 41, avril 1965 URI : https://id.erudit.org/iderudit/51809ac Aller au sommaire du numéro Éditeur(s) La revue Séquences Inc. ISSN 0037-2412 (imprimé) 1923-5100 (numérique) Découvrir la revue Citer cet article Sainte-Marie-Éleuthère (1965). Les Lys des champs (analyse). Séquences, (41), 31–36. Tous droits réservés © La revue Séquences Inc., 1965 Ce document est protégé par la loi sur le droit d’auteur. L’utilisation des services d’Érudit (y compris la reproduction) est assujettie à sa politique d’utilisation que vous pouvez consulter en ligne. https://apropos.erudit.org/fr/usagers/politique-dutilisation/ Cet article est diffusé et préservé par Érudit. Érudit est un consortium interuniversitaire sans but lucratif composé de l’Université de Montréal, l’Université Laval et l’Université du Québec à Montréal. Il a pour mission la promotion et la valorisation de la recherche. https://www.erudit.org/fr/ LES LIS DES CHAMPS (LILIES OF THE FIELD) A 2),documentatio n 1. Générique (Juan) ; Lisa Mann (Soeur Gertrude J.­ Isa Crino (Soeur Agnès); Francesca Jar- Américain 1963. Real. : Ralph Nelson —• vis (Soeur Albertine); Pamela Branch Seen. : James Poe, d'après un roman de W. E. Barrett — Phot. : Ernest Haller — (Soeur Elisabeth); Don Frazer (le père Mus. : Jerry Goldsmith — Int. : Sidney Murphy); Ralph Nelson (Harold AshtonJ Poitier (Homer Smith); Lilia Skala (Mè­ — Prod. : Ralph Nelson — Dist. : United re Maria, supérieure) ; Stanley Adams Artists — Durée : 94 min. AVRIL 1965 31 2. Le scénario vant d'accéder à la réalisation au ciné­ ma. D'abord acteur, puis écrivain de théâtre, il travailla pour la télévision Ea Arizona, un ouvrier noir itiné­ américaine. Il est jeune, élégant et sym­ rant, Homer Smith, s'arrête à une mai­ pathique : c'est lui, qui dans le film, son de ferme isolée pour demander de ioue le personnage de Harold Ashton, l'eau. Ce sont des religieuses qui y ré­ l'entrepreneur. Mais surtout, Ralph Nel­ sident et leur supérieure. Mère Maria, son est doué d'un talent qui déjà s'af­ ne perd pas de temps à mobiliser Smith firme. Deux de ses pièces de théâ­ pour divers travaux. Le salaire tarde à tre furent couronnées à Broadway et le venir cependant et les efforts de l'hom­ film que nous étudions s'est vu attri­ me pour se faire payer n'aboutissent buer, en 1963, le prix de l'OCLC, à Ou'à l'engager dans de nouvelles tâches, Berlin, le prix Interfilm, le prix Luther dont la construction d'une chapelle. Rose d'origine protestante et cejui de Homer Smith, subjugué par l'autorité l'Association for the Progress of Co­ de la supérieure, se met à l'oeuvre. Il loured People. Sidney Poitier décrocha doit partager le maigre menu des soeurs au même festival le prix de la meilleure et les conduire à la messe le dimanche. interprétation, exploit qu'il renouvela à Le Père Murphy dit cette messe sur un la distribution des Oscars à Hollywood. autel improvisé derrière une camion­ Requiem for a Heavyweight (Requiem nette. Pour subvenir aux besoins des pour un champion) 1962 précéda Lilies soeurs, Smith se trouve un emploi chez of the Field, qui fut suivi de quatre un entrepreneur de la ville voisine. Les autres films : Soldier in the Rain (La murs de la chapelle s'élèvent lentement dernière Bagarre), Pate is the Hunter mais bientôt les matériaux font dé­ (Le Crash mystérieux), Pather Goose faut. Smith s'en va ; il semble que le (Grand méchant Loup appelle) et beau rêve de Mère Maria se soit ef­ Scratch a Thief. fondré. Pourtant quelques semaines plus tard, l'ouvrier reparaît et la population des environs vient donner un coup de Pour Les Lis des champs, Ralph Nel­ main. Le Noir accepte mal l'aide des son se fit producteur. Ses principaux autres mais il finit par s'y résigner et collaborateurs recrutés, il pressentit Sid­ il dirige les travaux avec entrain. En­ ney Poitier pouf le rôle de Homer fin la chapelle s'élève dans le désert Smith. Celui-ci avait lu le roman de et le Père Murphv peut enfin célébrer William Barrett, écrivain catholique, la messe dans un lieu de culte. Mère duquel Tames Poe a tiré le scénario. Maria échafaude déjà d'autres rêves Enthousiasmé, Sidney Poitier accepta, mais Homer Smith, lui, reprend la même s'il lui fallait renoncer à un con­ route en chantant le negro spiritual trat plus avantageux. Pour les autres qu'il a appris aux religieuses. rôles, Ralph Nelson retint les services de comédiens moins connus. La distri­ bution fut offerte à la compagnie United 3. Le réalisateur Artists qui accepta de risquer une mise de fonds plutôt minime. L'enthousiasme Ancien pilote de guerre, Ralph Nel­ que l'on sent dans le film est celui-là son a franchi des étapes diverses a- même de l'équipe au travail. 32 SÉQUENCES 1. Le sujet verbales entre la Supérieure et le Noir supposent chez celle-là un respect de "C'est une histoire d'amour sans l'autre authentique. Et ce désir de bâ­ sexualité, un roman d'une grande puis­ tir une école et un hôpital après la cha­ sance d'émotion sans violence, un ap­ pelle témoigne du souci que Mère Ma­ pel à des relations plus humaines sans ria prend des âmes et des corps du prédication" : voilà comment Ralph prochain. Nelson lui-même définit le sujet de son Est-il vrai que cette histoire de cha­ film Les Lis des champs. pelle à bâtir soit capable de nous é- En effet, une histoire de foi, d'es­ mouvoir ? Te le crois. La générosité du pérance et d'amour, la plus évangélique Noir dont l'humble désir de faire quel­ qui soit, est ici racontée. Par quel mira­ que chose "tout seul" et un peu de cle la Mère Maria et ses religieuses, ré­ vanité ne sont pas cachés, la simplicité fugiées de l'Allemagne de l'Est, ont-elles naïve des religieuses, la force et le franchi le mur de Berlin et sont-elles courage de la Supérieure, la résigna­ arrivées en Arizona ? C'est leur secret. tion du prêtre missionnaire, l'élan de Mais ce qui est clair, c'est que dans leur toute une population dénuée de biens vie, il n'y a place que pour le Sei­ matériels mais riche de coeur, réveil­ gneur servi dans le travail et la prière. lent en l'âme du spectateur ému et char­ La foi s'épanouit en espérance, car si mé des sentiments qu'il est heureux d'é­ Dieu se manifeste dans les événements prouver. Des catholiques, un protestant qui tissent les jours. Il saura conduire baptiste, des religieuses étrangères, des à bonne fin les oeuvres entreprises pour croyants et des incroyants, des blancs et sa gloire. Une telle foi, une si invinci­ un Noir : images d'une humanité qui, ble espérance prennent leur racine dans malgré ses faiblesses et ses limites évi­ un grand amour. Il faut bien dire que dentes, conjugue ses efforts dans un cet amour n'éclate pas chez la Mère travail dont la fin dépasse le temps. Maria avec autant d'évidence que sa Enfin le film constitue en lui-même foi et qu'elle semble avoir dissocié les un appel à l'entr'aide, à l'oecuménis­ deux aspects essentiels du précepte é- me. Les religieuses n'essaient pas de vangélique : "Vous aimerez le Seigneur convertir le Noir et la Supérieure le votre Dieu de tout votre coeur, de tou­ présente comme "l'envoyé de Dieu, du te votre âme, de toutes vos forces et le Dieu de toutes les fois du monde". Cha­ prochain comme vous-même pour l'a­ cun peut travailler à la chapelle selon mour de Dieu". Mais on peut penser que ses talents, ses ressources et son coeur : si la foi atténuait par l'éclat du zèle même celui qui "prend une assurance" l'amour d'un prochain plus humble, pour l'au-delà, malgré son incroyance et cette charité, à la réflexion, était là ses vues intéressées, est accepté comme comme la source cachée qui rend humi­ un frère. de et fertile toute une terre. Comment Il faut bien dite que ce sujet aux s'expliquerait, sans amour profond, la résonances profondément chrétiennes paix et la joie qui régnent en cette pe­ n'entraîne pas le spectateur dans des tite communauté ? Les passes d'armes réflexions très profondes et qu'il n'v a AVRIL 1965 pas le "choc" du surnaturel. La pauvreté celle qui se dégage du type d'homme des religieuses, par exemple, i n'est\ pas qu'est Homer Smith. sentie comme le dénuement) tragique Ce Npir vit surtout par le coeur. de la Cabiria de Fellini. C'est la fraî­ Avec les religieuses, il partage le sa­ cheur, la simplicité de l'Evangile qu'on laire des deux jours de travail chez peut respirer un moment et Ralph Nel­ Ashton. Lui seul a le droit de parler des son n'a pas trahi son sujet. défauts de la Mère Maria et il prend sa défense contre Tuan, contre Ashton : 2. Les personnages et "Mais elle est charmante, la vieille !" Sa religion s'exprime dans le chant de les interprètes l'Amen qu'il enseigne aux religieuses. Ils sont deux face à face, s opposant La chaleur de ses sentiments, son hu­ ou composant : un Noir. Homer Smith, mour et son optimisme se traduisent et une religieuse, la Mère Maria.
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