Les différents modèles économiques du logiciel libre

Une étude réalisée par IDC sur l'initiative du Secrétariat d'Etat à l'industrie

Décembre 2001 Le Marché Français du Logiciel Libre

Sommaire Général

1. Principales conclusions 5 1.1 Le modèle de R&D Open Source et ses conséquences 5 1.2 Les modèles de revenus Open Source et leurs conséquences 6 1.3 Les voies offertes aux acteurs informatiques 7 1.4 Les trois conditions du succès industriel pour une initiative Open Source 8 2. Le monde du logiciel face à des modèles économiques en évolution 11 2.1 Quelle notion de liberté derrière le concept du logiciel libre ? 11 2.2 La chaîne de valeur dans son contexte 12 2.2.1 R&D, distribution, support et prix des licences 12 2.2.2 La ligne de partage n'est pas figée 14 2.3 Un nouveau modèle de R&D 15 2.3.1 Développer à moindres coûts pour une meilleure qualité ? 15 2.3.2 Vers une professionnalisation de la R&D Open Source 18 2.4 Un nouveau modèle de revenus 19 2.5 Synthèse, les stratégies des acteurs 20 2.5.1 Les conditions du marché 20 2.5.2 Imposer un standard 21 2.5.3 Intégrer l'Open Source, la mise en place de partenariats 21 2.5.4 Faire face à la position dominante d’un concurrent 24 2.5.5 Vendre des compétences services de haut niveau 25 2.5.6 Jouer avec la bonne image véhiculée par l'Open Source 27 2.5.7 Retenir les ressources hautement qualifiées 27

3. Bilan de l’offre de logiciels libres 29 3.1 Que faut-il entendre dans le concept de logiciel libre ? 29 3.1.1 Bref rappel historique 29 3.2 Les modèles de licences Open Source 29 3.2.1 La licence GPL 30 3.2.2 La validité juridique de la licence GPL 31

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3.2.3 D’autres types de licences 31 3.3 Liste des logiciels libres 32 3.3.1 Une liste de plusieurs milliers de logiciels 32 3.3.2 Les OS 33 3.3.3 Les bases de données 34 3.3.4 Serveurs Web 35 3.3.5 Langages et Outils de développements 35 4. L'Open Source s'est imposée sur certains types de logiciels 37 4.1 Apache 37 4.2 Les serveurs d'application, nouvelle étape ? 37 4.3 Linux 38 4.3.1 La pénétration de Linux dans les entreprises françaises 39 4.3.2 Intranet, messagerie et internet sont les applications privilégiées 40 4.3.3 Tendance à la consolidation de l'industrie Linux 43

5. Annexes 44 5.1 Liste des licences de logiciels libres 44

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Sommaire des figures

Figure 1 La chaîne de valeur, marché traditionnel versus Open Source ...... 13 Figure 2 : La perception des avantages de Linux .... 16 Figure 3 : La cohérence de la licence GPL ...... 30 Figure 4 : Evaluation du nombre de logiciels libres ...... 32 Figure 5 : Proportion des entreprises françaises utilisant Linux en opération ...... 39 Figure 6 : Linux face aux autres OS dans les entreprises françaises ...... 40 Figure 7 : Les applications gérées ou testées sous Linux ...... 41 Figure 8 : Positionnement d'Unix, NT et Linux en fonction des applications supportées ...... 41 Figure 9 : Le Développement de l'Industrie Linux en Europe ...... 43

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Sommaire des tableaux

Tableau 1 : Avantages et inconvénients du modèle de R&D Open Source....15 Tableau 2 : Définition des six stratégies Open Source...... 20 Tableau 4 : Les relations entre constructeurs et éditeurs Linux en France ....23 Tableau 5 : Gamme de Produits et Prix de la distribution MandrakeSoft .....26

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1. Principales conclusions

Le concept de logiciel libre (ou Open Source) date d'une vingtaine d'années, mais durant de nombreuses années sa renommée n'a pas dépassé les frontières des communautés de programmeurs Open Source. Le nombre de logiciels libres n'a cependant cessé d’augmenter durant toutes ces années, et IDC estime aujourd'hui leur nombre à plus de 11 000. Même si, globalement le domaine de prédilection des logiciels libres est celui d'Internet et du multimédia, toutes les couches logicielles sont concernées, de l'infrastructure logicielle (OS, Bases de données, middleware) aux interfaces utilisateurs en passant par les applications.

Le mouvement Open Source est entré dans une nouvelle phase de développement depuis deux à trois ans avec, d'une part, sa large médiatisation favorisée par le succès de ses deux produits phares, Linux et Apache, et, d'autre part, la naissance à de très nombreux petits éditeurs (plusieurs dizaines) issus, pour la plupart d'entre eux, d'une des "communautés" de programmeurs du monde Open Source. Sa réussite se mesure également par le nombre de plus en plus élevé d'acteurs traditionnels - qu'ils soient éditeurs, constructeurs, sociétés de services, petits et grands - qui ont d'ores et déjà pris position par rapport au mouvement du logiciel libre et annoncent leur stratégie autour de Linux, d'Apache, ou d'une démarche Open Source plus globale. Des milliers de logiciels libres, des dizaines de nouvelles sociétés, les acteurs traditionnels qui prennent acte de son essor… L'objet de cette étude est de faire un bilan du mouvement Open Source en France, et dans le monde, afin d'en tirer des enseignements sur les conséquences du mouvement du logiciel libre sur le marché de l'informatique. En effet, l'Open Source propose un modèle de diffusion des logiciels en rupture avec les modèles traditionnels de l'industrie du logiciel. Son essor crée un nouveau cadre au sein duquel les acteurs traditionnels de l'informatique peuvent explorer une variété de modèles économiques, qu'ils soient nouveaux ou déjà mis en pratique mais rarement utilisés. Dans ce rapport, nous abordons la série de questions suivantes : quel est l'impact des nouveaux modèles de diffusion des logiciels Open Source sur la chaîne de la valeur des acteurs traditionnels du monde de l'informatique ? Quelle est la portée des expériences en cours aujourd'hui ? Sur quels domaines pourront-elles s'imposer ? Quelles opportunités se dessinent pour les acteurs traditionnels de l'informatique ?

1.1 Le modèle de R&D Open Source et ses conséquences

Le modèle R&D Open Source repose sur un principe d'accessibilité du code source d'un programme. Les développeurs qui accèdent au code source ont ensuite la liberté de l'utiliser, d'effectuer des modifications et de publier des versions améliorées sans en demander la permission à quiconque et sans payer un quelconque droit (type copyright) attaché au logiciel. L'accès au code source peut être payant - la gratuité du code source n'est pas nécessairement liée au concept du logiciel libre - c'est-à-dire que les programmeurs peuvent avoir à payer pour obtenir une copie d'un logiciel libre ou peuvent l'obtenir gratuitement. Mais dans tous les cas, il bénéficie de la liberté de copier et de modifier le logiciel, et même d'en vendre des copies.

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Dans ce contexte, le modèle R&D Open Source s'appuie sur un mode de développement "communautaire" qui mobilise de très nombreux développeurs (on parle de plusieurs dizaines de milliers de développeurs pour Linux) non seulement pour des tâches de programmation, mais également pour les tâches de tests et de validation des différentes versions des logiciels. Le travail collaboratif de programmation, de test, validation, comparaison qui se met en place au sein d'une communauté Open Source peut ainsi dépasser les moyens mobilisables par un éditeur classique. On perçoit tout de suite les avantages du modèle de R&D Open source mais aussi ses limites :  Les avantages du modèle de R&D Open Source portent principalement sur des coûts de développement réduits et sur la mobilisation de ressources potentiellement très importantes pour la programmation et les tests. En contrepartie le code source est offert librement et est téléchargeable par qui le désire.  Les principales limites du modèle de R&D Open Source est qu'il est incapable de proposer aux utilisateurs une perspective sur ses possibilités futures d'utilisation. L'utilisateur potentiel ne peut jamais être sûr que la configuration qu'il souhaite sera réalisée - et quand elle le sera. En d'autres termes, un logiciel Open Source n'offre pas de garantie au client (niveau réel des fonctionnalités, support, mises à jour…).

Pour faire face aux attentes du marché tout en conservant une part de ses avantages, le modèle de R&D de l'Open Source tendra, selon IDC, à se "professionnaliser". C'est-à-dire que la gestion de son évolution et la prise en charge de son développement seront principalement le fait d'ingénieurs et de développeurs salariés par des éditeurs souvent acteurs du marché traditionnel de l'informatique. Au final, l'aboutissement de la professionnalisation de la R&D devrait conduire à deux modèles de développement :  un modèle de développement mutualisé sur les gros projets tels que Linux. Le gain majeur est une réduction de coût des développements ; sa limite est l'affectation des ressources au seul développement de fonctionnalités consensuelles ;  un développement de produit supporté pour l'essentiel par un acteur seul. L'objectif de cette démarche est d'ouvrir le produit à un grand nombre d'utilisateurs potentiels tout en maîtrisant le développement de fonctionnalités évoluées ; sa limite est la part du coût de développement supportée par l'éditeur de tête.

1.2 Les modèles de revenus Open Source et leurs conséquences

Trois modèles de source de revenus se dessinent au travers de l'analyse des premières expériences Open Source.

 Un logiciel est distribué gratuitement sur le marché mais sous certaines conditions d'utilisation au-delà desquelles le client paye la licence. Dans ces conditions de licence, une partie du code source est accessible et l'utilisation du logiciel est, par exemple, limitée à des tests d'évaluation ou à certains types de développements. De grands acteurs de l'informatique mondiale (IBM, Microsoft, Sun…) utilisent ce modèle de prix. L'avantage pour eux est

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d'étendre la distribution de leurs produits à moindres coûts pour leurs clients tout en gagnant une aura Open Source.

 La distribution d'un logiciel en Open Source ouvre des opportunités pour vendre du service à valeur ajoutée autour de l'utilisation du logiciel. La difficulté pour les entreprises qui s'engagent dans cette voie est de se différencier de la concurrence puisque, en théorie, leurs clients sont également libres de changer de prestataire de services tout en conservant le même logiciel Open Source.

 Le logiciel Open Source est intégré dans une offre logicielle ou de matériel plus large. Ce troisième modèle s'applique principalement à des logiciels libres qui, en tant que composante d'une offre plus vaste vendue par des acteurs d'envergure, sont porteurs des caractéristiques suivantes : – ils intègrent des fonctionnalités de base, consensuelles voire standardisées dans le système ; – ils possèdent une valeur marginale dans la chaîne de valeurs des solutions informatiques auxquelles ils sont intégrés (prix bas, marges faibles) ; – la différenciation des solutions informatiques auxquelles ils sont intégrés tend à se faire sur d'autres fonctions que les fonctions de base.

1.3 Les voies offertes aux acteurs informatiques En considérant la tendance observée sur le modèle de R&D Open Source est les évolutions de ses modèles de revenus, six stratégies se dégagent qui permettent aux acteurs traditionnels du marché de l'informatique de tirer parti des opportunités offertes par l'Open Source (voir le tableau ci-dessous). Les premières expériences en cours dans le domaine Open Source suivent une de ces stratégies ou une combinaison de ces stratégies.

Modèle de R&D Modèle de prix Prise en charge de la majeure partie de la R&D mutualisée R&D Le logiciel Open Source est intégré Imposer un standard Intégrer l'Open Source dans un autre logiciel ou un matériel Le logiciel Open Source est intégré Faire face à la position dominante Vendre des compétences services de dans une prestation de service à d’un concurrent haut niveau valeur ajoutée Le client utilise et paye ses licences Jouer avec la bonne image véhiculée Retenir les ressources hautement par l'Open Source qualifiées

 Le modèle de la standardisation consiste à imposer un logiciel Open Source, ou un bout de logiciel Open Source, en tant que standard d’un marché. L’enjeu est d’autant important, et l’objectif d’autant plus réalisable, lorsque le marché est émergeant et porteur de nouvelles technologies. Cela a été le cas des protocoles TCP/IP et SNMP dont la stabilisation est allée de pair avec l’émergence de la technologie des réseaux informatiques.

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 L’intégration d’une offre Open Source dans une offre plus globale est une stratégie d'ores et déjà suivi par plusieurs acteurs traditionnels du monde informatique (par exemple, IBM distribue une version modifiée du serveur Web Apache dans sa suite WebSphere, Dell intègre la version Linux de Red Hat dans ses serveurs en sortie d'usine). Ces acteurs voient dans l’Open Source une opportunité pour étendre leurs ventes de technologie : – elle peut s’appliquer sur un marché mature mais dont certaines fonctions critiques tendent à se déplacer. C'est le cas, par exemple, du marché des serveurs sur lequel une offre multi plate-formes fait désormais partie des critères différenciants ; – elle ne peut se mettre en place qu’avec des technologies Open Source matures aptes à diffuser sur un marché dans des conditions économiques traditionnelles.

 L’Open Source peut être une alternative envisageable pour une société qui, faisant face à un ou plusieurs concurrents aux positions dominantes et solidement établies n'est pas en mesure d'imposer son produit sur le marché dans les conditions économiques classiques. Pour exister, la solution peut passer par la distribution de son produit en ouvrant ses sources pour fédérer un grand nombre d'utilisateurs et devenir ainsi une force sur le marché. Dans une certaine mesure, Linux ou ont été lancés pour faire face à des positions dominantes, nous détaillons dans le cadre de ce rapport le cas de EADS Matra Datavision.

 La vente de compétences services de haut niveau autour d’un logiciel Open Source est une alternative qui s'applique sur un marché émergeant ou sur une nouvelle technologie. L'exemple des distributions Linux est développé dans ce rapport. Selon IDC ce modèle de valeur ajoutée peut également être utilisé de manière efficace par des sociétés de services pour étendre leurs revenus.

 Jouer avec la bonne image véhiculée par l'Open Source : un moteur majeur du marché informatique est la communication. Le mouvement Open Source véhicule une image de liberté, de technologie innovante, de partage communautaire ; une image éloignée des pratiques économiques standards et de leurs contraintes. Des sociétés telles que SAP, IBM ou Sun ont fait des annonces Open Source avant tout dans une optique de communication.

 Dans un contexte de grandes difficultés de recrutement, l'entreprise peut avoir intérêt à encourager la participation de ses meilleurs développeurs à des projets Open Source suivant une politique de motivation des ressources hautement qualifiées.

1.4 Les trois conditions du succès industriel pour une initiative Open Source

Si l'offre Open source est foisonnante (plusieurs milliers de logiciels) les succès économiques ainsi que les expériences menées par les ténors du marché informatique sont beaucoup moins nombreuses et se limitent à quelques dizaines de cas.

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Le niveau de l'offre Open Source est très inégal. Elle recouvre un ensemble de produits très vaste et très fragmenté en termes technologiques. Les produits complets sont relativement rares. La plupart des projets concernent des composants spécifiques (bouts de programmes bien définis, librairies pour une fonction précise, utilitaires et outils particuliers) qui demandent un certain niveau d'expertise pour être manipulés. Hors le marché demande des produits packagés et complets plutôt que de composants disparates : selon les données IDC, la grande majorité (près de 90%) des équipes informatiques qui ont déployé le serveur Web Apache pour leurs applications en entreprise ne se sont jamais préoccupé du code source du serveur pourtant en Open Source. C'est là une première condition du succès commercial d'un logiciel Open Source : il doit être intégré au sein d'un produit pour pouvoir attaquer un marché avec une chance de réussir. Par ailleurs, IDC estime qu'une seconde condition de succès est que l'initiative logiciel libre doit être soutenue par une organisation structurée dont le but est d'imposer son produit sur le marché. En d'autres termes, les produits doivent être adossés à une entreprise, un groupement ou une association qui seuls peuvent fournir la structure et la visibilité essentielles pour s'imposer. IDC observe également que les expériences réussies du marché Open Source portent sur l'intégration de logiciels d'infrastructure (OS, serveurs…) : – les OS : Linux et les systèmes dérivés de BSD (FreeBSD, OpenBSD et NetBSD) sont des systèmes d'exploitations libres de types Unix ; – serveurs Web : un des logiciels les plus célèbres dans le monde Open Source est sans aucun doute le logiciel connu sous le nom d’Apache Web server. Aujourd'hui, plus de 3,5 millions de sites Web tournent sous Apache ; – pratiquement tous les langages de programmation actuels possèdent des implémentations libres (C, C++, Fortran, Perl, Python, Java, PostScript, Basic, Ruby...). Ces logiciels ont eu tendance à « niveler le terrain » en banalisant un ensemble commun de fonctionnalités de base auxquelles les utilisateurs et fournisseurs pouvaient ajouter une contribution leurs procurant un avantage compétitif. IDC a identifié cette banalisation comme une troisième condition du succès d'une initiative Open Source. Après avoir investi marché des systèmes d'exploitation, notamment avec Linux, et dominé le marché des serveurs Web, avec Apache, le mouvement Open Source devrait maintenant attaquer de nouveaux domaines en montant dans les couches logicielles. Dans cette dynamique, les serveurs d'application représentent une étape de développement logique. Nous présentons dans ce rapport le cas de Lutris Technologies, une société américaine qui a développé un serveur d'application, né d'une initiative Open Source appelée Enhydra. Ce serveur d'application fait le pont entre les applications HTML, XML, et Java et permet aux concepteurs des pages Web et aux développeurs de logiciels de travailler indépendamment mais en synergie sur le même projet. Il s’appuie sur l’initiative ObjectWeb, qui a été lancée en octobre 1999 par Bull, France Telecom et l’INRIA dans l’optique de fournir aux développeurs tout un ensemble de composants logiciels pour le déploiement de plates-formes applicatives réparties. ObjectWeb se pose en tant que fédérateur des initiatives Opensource autour des Middleware d’entreprise. ObjectWeb s’appuie sur trois solutions logicielles :

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¾ JonAS, un serveur d’application EJB qui vient de la R&D logicielle (Evidian) du groupe Bull. JonAS a été téléchargé par près de 50 000 dévéleoppeurs dans le monde, et mis en œuvre dans plusieurs centaines d’applications opérationnelles. Il est également intégré dans le Enhydra, le serveur d’application de la société Lutris Enterprise ; ¾ Jonathan, un ORB (Object Request Broker) initialement développé par France Telecom R&D ; ¾ Joram, une mise en œuvre de JMS utilisant la technologie Scalagent.

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2. Le monde du logiciel face à des modèles économiques en évolution

Un logiciel Open Source (ou libre) est un produit dont le code source est disponible pour toute personne désireuse de l’utiliser ou le modifier. En général, le code original est développé, testé, puis lancé en tant que logiciel libre.

Nous avons tous entendu parler aujourd'hui des logiciels libres (Open Source), au moins pour ce qui concerne les deux figures emblématiques de ce mouvement : Linux et Apache. Au-delà de la renommée très médiatisée de ce nouveau mode de diffusion de programme il faut bien constater que son impact est désormais indéniable sur le marché de l'informatique. Le mouvement du logiciel libre a donné naissance à de très nombreux petits éditeurs issus, pour la plupart d'entre eux, d'une des "communautés" de programmeurs du monde Open Source. Mais là ne réside certainement pas le principal résultat de son impact sur le marché du logiciel. Son succès se mesure surtout par le nombre élevé d'acteurs traditionnels - qu'ils soient éditeurs, constructeurs, sociétés de service, petits et grands - qui ont d'ores et déjà pris position par rapport au mouvement du logiciel libre et annoncent leur stratégie, Open Source pour l'un, Linux pour l'autre ou Apache pour un troisième…

2.1 Quelle notion de liberté derrière le concept du logiciel libre ?

L'essor du logiciel libre s'appuie sur un nouveau modèle économique très différent de ceux développés depuis des années par l'industrie du logiciel. Ce modèle repose sur un principe d'accessibilité du code source d'un programme. Les développeurs qui accèdent au code source ont ensuite la liberté de l'utiliser, d'effectuer des modifications et de publier des versions améliorées. L'expression « Logiciel libre » fait référence à la liberté pour les utilisateurs d'exécuter, de copier, de distribuer, d'étudier, de modifier et d'améliorer le logiciel. Un programme est un logiciel libre si les utilisateurs ont toutes ces libertés : libre de redistribuer des copies, avec ou sans modification, gratuitement ou non, dans tous pays. Cette liberté signifie notamment qu'une fois en possession du logiciel, chaque programmeur peut le modifier, l'utiliser, le distribuer sans en demander la permission à quiconque et sans payer un quelconque droit (type copyright) attaché au logiciel. L'accessibilité du code source est une condition nécessaire par le concept du logiciel libre ; en effet, avoir la liberté d'effectuer des modifications, et de publier des versions améliorées, implique d'accéder au code source du programme. Cet accès peut être payant - la gratuité du code source n'est pas nécessairement lié au concept du logiciel libre - c'est-à-dire que les programmeurs peuvent avoir à payer pour obtenir une copie d'un logiciel libre ou peuvent l'obtenir gratuitement. Mais dans tous les cas, il bénéficie de la liberté de copier et de modifier le logiciel, et même d'en vendre des copies.

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De fait, l'Open Source propose un modèle de diffusion des logiciels en rupture avec les modèles traditionnels de l'industrie du logiciel. Mais son succès, surtout ceux de certains produits phares tels que Linux et Apache, crée un nouveau cadre au sein duquel les acteurs traditionnels de l'informatique peuvent explorer une variété de modèles économiques, qu'ils soient nouveaux ou déjà mis en pratique mais rarement utilisés. Quel est l'impact de ces nouveaux modèles sur la chaîne de la valeur des acteurs traditionnels du monde de l'informatique ? Quelle est la portée des expériences en cours aujourd'hui ? Nous examinons ces questions dans le chapitre présent.

2.2 La chaîne de valeur dans son contexte

2.2.1 R&D, distribution, support et prix des licences

Le modèle économique de l'Open Source, tel qu'il est défini autour de la notion de "liberté" est en rupture avec les modèles traditionnels du marché du logiciel sur quelques caractéristiques majeures. Nous les décrivons ci-dessous selon quatre axes clés de la chaîne de valeur du marché des logiciels : le développement (R&D), la distribution, le support, et le prix des licences.

• R&D Sur le marché traditionnel du logiciel, les développements des produits et des solutions sont réalisés par les propres équipes internes de développeurs des éditeurs ou bien sont obtenus par acquisitions ou par des accords de partenariats et d'alliances. Tout membre de la communauté Open Source développe ses produits dans le cadre d'un environnement ouvert. Les travaux sont mis à la disposition de la communauté.

• Distribution Le marché traditionnel n'utilisait jusqu'à il y a peu qu'avec parcimonie le Web pour la distribution de ses produits. La communauté Open Source utilise de façon prédominante le Web comme un canal de distribution à part entière à la fois pour les logiciels d'infrastructure et pour les applications.

• Vente et prix des licences Le marché traditionnel se rémunère sur la vente de licences et de ses mises à jour. Le prix des licences est fixé selon différents critères qui sont pour les principaux d'entre eux le nombre d'utilisateurs, le nombre de machines, le nombre de processeurs… Le développement d'un logiciel peut être également financé par un client pour un besoin spécifique. La plupart des licences des produits Open Source sont gratuites, c'est le cas des plus célèbres d'entres-elles : Linux et Apache. Néanmoins, certains types de licences Open Source acceptent le principe de non gratuité des produits développés sous certaines conditions.

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• Support Le marché traditionnel développe des offres de support et des programmes de formation pour leurs partenaires. Ces offres et ces programmes sont de différents niveaux de complexité. Dans le cadre de la communauté Open Source, le support consiste principalement à l'échange d'e-mails avec les développeurs et les distributeurs et des chats/news groups sur l'Internet.

La figure suivante symbolise les différences des chaînes de valeur du marché traditionnel et du marché Open Source suivant les quatre axes définis ci-dessus.

Figure 1 La chaîne de valeur, marché traditionnel versus Open

Chaîne de la Marché Traditionnel Open Source valeur

En Interne Communauté a travers le monde R & D Volontaires Acquisition Partenariats

Distribution Web, Réseau, OEMs

Support Direct, Partenaires Communauté Prix et vente Chaque utilisateur Sources disponibles gratuitement des Licences sur le Net Chaque machine Les évolutions doivent être partagées

Réplication non permise Réplication encouragée

Source : IDC, 2000

Source

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2.2.2 La ligne de partage n'est pas figée

L'émergence du logiciel libre est allée de pair avec l'arrivée de nouveaux acteurs spécialisés sur la vente de produits et de services Open Source (les "Pure Plays"). Pour prendre, avec Linux, l'exemple le plus connu, on peut citer parmi les nombreuses "Start Up" qui se sont montées autour de l'offre du nouvel OS les noms de Caldera, MandrakeSoft, Red Hat, SuSe, TurboLinux… L'arrivée de nouveaux acteurs constitue certainement un des premiers éléments de l'impact du mouvement Open Source sur le marché traditionnel du logiciel. Un impact qui sera renforcé par l'inévitable dynamique de consolidation des éditeurs qui contribuera en retour à soutenir le développement des produits.

Mais l'impact de l'Open Source sur le marché traditionnel du logiciel sera sans doute bien plus important du fait de l'adoption de certaines caractéristiques de son modèle par les acteurs traditionnels de l'informatique et par les nouvelles opportunités qu'il peut ouvrir cette fois ci à l'ensemble du marché traditionnel de l'informatique (logiciel, service constructeur).

En effet, la ligne de partage entre les deux modèles, le traditionnel et l'Open Source, n'est pas figée et ont perçoit dès à présent des éléments de convergence entre les deux modèles. Les acteurs traditionnels de l'édition bénéficient de l'influence de certaines pratiques de l'Open Source. Les exemples sont nombreux, nous les décrirons plus loin dans ce rapport, mais on peut citer dès à présent des exemples relatifs à l'utilisation du Web pour distribuer et vendre en ligne des logiciels ou pour créer une dynamique de support communautaire.

Le premier exemple vient d'Oracle qui, parmi les éditeurs traditionnels, a fait figure de pionnier en mettant en place un service de vente en ligne dès 1999. Dans le même ordre d'idée, en lançant son site utilisateurs "OTN" l'éditeur a voulu favoriser le développement d'un service de support gratuit reposant à la fois sur la communauté des utilisateurs Oracle et sur des informations délivrées par l'éditeur (conseil aux utilisateurs, forums, base de donnée technique…). Un autre exemple est fourni par qui, tout en gardant la mainmise sur la propriété et la vente des licences Java, a encouragé des développeurs venant de différents horizons à participer à l'élaboration des spécifications Java. Dans la suite de ce chapitre, notre ligne de conduite va être de présenter les prises de positions Open Source des acteurs traditionnels de l'informatique tout en tâchant d'analyser leurs impacts sur le marché et d'en présenter les nouvelles opportunités qui en découlent. Parce qu'ils sont de loin les plus importants, nous focalisons notre analyse sur deux axes majeurs de la chaîne de la valeur ajoutée qui sont le modèle de R&D et le modèle de revenus.

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2.3 Un nouveau modèle de R&D Les avantages du modèle de R&D Open Source sont connus et largement débattus dans la presse et dans la communauté Open Source : ils portent principalement sur des coûts de développement réduits et sur une meilleure qualité théorique des produits.

Tableau 1 : Avantages et inconvénients du modèle de R&D Open Source

Avantages Inconvénients Coûts de développement réduits Absence de garantie Meilleure qualité des logiciels Mauvaise perspective d'évolution future Pérennité du produit chez le client Risque de fragmentation des offres

Notre propos est ici d'analyser quel impact peut avoir ce modèle de développement sur l'activité des acteurs déjà en place sur le marché de l'informatique et quel parti ils peuvent en tirer. Nous présentons également quels sont les avantages apportés aux clients par le modèle de R&D Open Source mais aussi les problèmes qu'il pose.

2.3.1 Développer à moindres coûts pour une meilleure qualité ?

• Des coûts de développement réduits La communauté Open Source s'est systématique appuyée sur le Web comme outil de communication. Les créateurs de Linux par exemple ont, dès leurs débuts, utilisé le Web pour donner accès à tout développeur qui le désirait aux travaux sur Linux. Cela leur a permis de trouver le temps de développement et les ressources nécessaires, ceci à l'échelle mondiale, pour la mise au point des drivers, des utilitaires, et même de programmes dont ils avaient besoin. On entrevoit tout de suite le potentiel de réduction des coûts de R&D dont ce modèle est porteur. La contrepartie tient bien sûr à ce que le code source est offert librement et est téléchargeable par n'importe qui – et chacun peut en faire ce qu'il veut du moment que le résultat de son travail est retourné auprès de la communauté.

• Une meilleure qualité des logiciels et de leurs performances D'autres avantages sont habituellement mentionnés par les offreurs de logiciels Open Source. Ils portent notamment sur la meilleure qualité des logiciels et de leurs performances. Cette qualité tiendrait au mode de développement communautaire Open Source qui mobilise de nombreux développeurs (on parle de plusieurs dizaines de milliers de développeurs pour Linux) non seulement pour des tâches de programmation, mais également pour les tâches de tests et de validation des différentes versions des logiciels. Le travail collaboratif de test, validation, comparaison qui se met en place au sein d'une communauté Open Source dépasserait ainsi les moyens mobilisables par un éditeur classique ; le résultat en serait des logiciels plus fiables et plus performants.

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• La perception des clients L'argument est séduisant et, selon les données à notre disposition (une enquête auprès des utilisateurs de Linux), il semblerait qu'effectivement les entreprises sont sensibles à ce type d'arguments puisque avec le faible coût de Linux elles en font un argument prioritaire de leur adoption de l'OS (voir Figure 2, page 13). En effet, derrière l'argument fort de la gratuité, Linux bénéficie d'une bonne image en terme de robustesse, mais aussi de stabilité. La disponibilité du code source, une des bases du principe de diffusion des OS libres est également bien classée dans les qualités que les utilisateurs prêtent à Linux. Par ailleurs, la lecture des résultats montre que les clients peuvent être segmentés en deux groupes selon l'intérêt qu'ils trouvent dans l'adoption de Linux. Le premier segment est constitué par des PME- PMI très sensibles au prix ; l’autre segment regroupe les grandes entreprises privilégiant un haut niveau de services à l’aspect prix.

Figure 2 : La perception des avantages de Linux

Tous répondants Utilisateurs de Linux Gratuité 78% 60% 47% Robustesse et fiabilité 25% 31% Disponibilité du code source 21% 28% Stabilité de l'OS 19% 23% Performance 14% 16% Compatibilité avec les applications 11% 10% Adapté à une infrastructure réseau complexe 3% 9% Plus sécurisé 6% 9% Administration facile 6% 9% Coûts d'exploitation maîtrisés 4% 7% Adapté à l'Internet 4% 4% Le support par les constructeurs 2%

0% 10% 20% 30% 40% 50% 60% 70% 80%

• La pérennité du produit est acquise chez le client Un autre argument porte sur la pérennité du produit qui est acquise chez le client : dès lors que la source est en accès libre, l'éditeur peut arrêter le développement de son produit (ou disparaître) sans que cela ne perturbe trop l'entreprise cliente. Cette dernière, qui dispose du code source, peut faire vivre le logiciel selon ses besoins et ne se trouve plus pieds et poings liés à l'évolution d'un éditeur et à sa stratégie de développement du produit. Mais cette pérennité, qui repose sur le principe même du modèle de R&D Open Source, se paye d'un autre problème posé aux clients Open Source : un logiciel Open Source n'offre pas de garantie au client (niveau réel des fonctionnalités, support, mises à jour…). En d'autres termes, le modèle de R&D Open Source est incapable de proposer aux utilisateurs une perspective sur ses possibilités futures d'utilisation. L'utilisateur potentiel ne peut jamais être sûr que la configuration qu'il souhaite sera réalisée - et quand elle le sera.

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Si l'on prend le cas de Linux, on constate que les utilisateurs prennent aujourd'hui Linux pour ce qu'il est en l'utilisant pour les applications qu'il peut supporter (voir Figure 7, page 41). Ils ne s'engageront dans de nouvelles utilisations que dans la mesure où elles sont en phase avec les directions prises par le développement de Linux. C'est d'ailleurs en partie pour répondre à ce défaut de perspective que les distributions mettent en place des prestations de services de conseil, d'expertise, de personnalisation. Grâce à ces services, elles peuvent mieux coller à la demande de leurs clients.

• Le risque de la fragmentation des offres Un autre risque en germe dans le modèle de R&D Open Source est la menace de voir se constituer une offre commerciale fragmentée. Le risque est aujourd'hui particulièrement fort pour Linux, dont le marché tend à se structurer autour de différentes distributions qui intègrent au noyau Linux des librairies, des interfaces utilisateur, des drivers, et tout un ensemble d'outils et d'applications. Ce modèle de développement conduit à mettre en place des applications légèrement différentes les unes des autres. Le risque est, dans ces conditions, de voir se développer un mouvement de fragmentation de l'offre Linux qui déboucherait sur une différentiation marquée des différentes distributions en packages à valeur ajoutée incompatibles les uns avec les autres – selon le même mouvement qui a prévalu lors de la différentiation d'Unix. La réponse de la communauté Linux consiste à conserver le même noyau Linux - qui reste en Open Source - quels que soient les développements entrepris par les distributions. Dans ce contexte, la R&D de Linux repose sur des développeurs individuels, ou sur des projets, qui sont intégrés à des programmes plus vastes portant sur des interfaces utilisateurs, des outils de gestion et d'administration et d'autres fonctionnalités. A titre d'illustration, MandrakeSoft appuie sa R&D, outre ses 60 développeurs salariés, sur un réseau d'un millier de développeurs appartenant à la communauté Linux. Ce réseau Open Source correspond à une force de R&D de 200 développeurs environ. L'animation du réseau se fait par le projet Cooker géré par MandrakeSoft et qui regroupe tous les développeurs travaillant sur la distribution. Trois personnes sont dédiées à l'animation de ce réseau chez le distributeur français. Le recrutement des développeurs est libre mais tous les travaux sont validés par les équipes internes de MandrakeSoft. Par ailleurs, MandrakeSoft contribue lui-même à la « communauté » en affectant des « développeurs maison » sur certains ateliers (par exemple, 3 salariés MandrakeSoft travaillent sur KDE, une interface utilisateur). Un autre exemple est fourni par RedHat dont le modèle économique passe désormais par le développement spécifique d'applications pour ses clients constructeurs qui peuvent aller jusqu’à intégrer la version Linux de RedHat en sortie d’usine dans leurs machines. La compatibilité avec les autres distributions est assurée par le fait qu'elles sont toutes bâties autour du même code source. RedHat qui emploie 600 développeurs dans le monde participe directement à l'évolution du noyau Linux en y affectant une partie de ses ressources.

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2.3.2 Vers une professionnalisation de la R&D Open Source Selon IDC, le modèle de R&D de l'Open Source tendra à se "professionnaliser" pour répondre aux attentes des marchés ; c'est-à-dire que la gestion de son évolution et la prise en charge de son développement seront le fait d'ingénieurs et de développeurs salariés par des éditeurs souvent acteurs du marché de traditionnel de l'informatique. Le mouvement en cours sur le marché Linux nous servir encore une fois d'exemple. Le phénomène de professionnalisation de la R&D Linux est lié d'une part à l'ampleur pris par le projet et d'autre part aux contraintes supportées par les distributions majeures telles que RedHat ou SuSE. La complexité technique du projet est telle qu'il demande désormais un très haut niveau de ressources extrêmement compétentes et disponibles pour évoluer. D'autre part, les distributions aux ambitions commerciales élevées sont soumises aux contraintes habituelles des éditeurs portant sur le cycle de renouvellement rapide des produits et leur adéquation toujours plus fine aux attentes du marché. Pour pouvoir anticiper et maîtriser les évolutions du noyau Linux, il leur faut participer activement à son développement. Par exemple, au sein du comité en charge de l'approbation des évolutions du noyau Linux, 7 personnes sur dix sont employées par RedHat. En terme de modèle de R&D, le développement Linux prend la forme d'un consortium de R&D ou plusieurs sociétés développent leurs propres produits autour du même noyau de base. La professionnalisation de la R&D Open Source ne signifie pas pour autant la disparition de la communauté des développeurs. D'abord, parce que rien n'interdira à quiconque de télécharger le code de source et d'y faire les développements qu'il souhaite. D'autre part parce que les éditeurs ont intérêt, ne serait ce que pour des questions d'économies, à s'appuyer sur un réseau de développeurs externes. Selon IDC, dans un contexte de professionnalisation de la R&D, les relations entre sociétés commerciales et recherche institutionnelle tendront à se contractualiser. Les formes peuvent être multiples - partenariats, bourses, aides à la recherches - mais les universités et les instituts de recherches ont un rôle clé à jouer dans un domaine qu'elles ont largement contribué à développer et qui aujourd'hui prend une dimension économique certaine. Au final, l'aboutissement de la professionnalisation de la R&D devrait conduire à deux modèles de développement : ƒ Un modèle de développement mutualisé sur les gros projets tels que Linux. Le gain majeur est une réduction de coût des développements ; sa limite est l'affectation des ressources au seul développement de fonctionnalités consensuelles. ƒ Un développement de produit supporté pour l'essentiel par un acteur seul. L'objectif de cette démarche est d'ouvrir le produit à un grand nombre d'utilisateurs potentiels tout en maîtrisant le développement de fonctionnalités évoluées ; sa limite est la part du coût de développement supportée par l'éditeur de tête.

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2.4 Un nouveau modèle de revenus Trois modèles de source de revenus se dessinent au travers de l'analyse des premières expériences Open Source.

• Le client utilise et paye ses licences Un logiciel est distribué gratuitement sur le marché mais sous certaines conditions d'utilisation au-delà desquelles le client paye la licence. C'est ce que fait par exemple IBM en distribuant DB2 selon les conditions d'une licence libre qui permet uniquement d'évaluer DB2 pour des tests ou des développements. Si une partie du code source est accessible, il n'est pas possible de revendre les développements apportés dessus (on peut cependant les communiquer à IBM…). D'autres grands acteurs de l'informatique mondiale (Microsoft, Sun…) utilisent ce modèle de prix. L'avantage pour eux est d'étendre la distribution de leurs produits à moindres coûts pour leurs clients (l'argument consiste à dire "essayez le produit, il est gratuit") tout en gagnant une aura Open Source.

• Le logiciel Open Source est intégré dans une prestation de service à valeur ajouté La distribution d'un logiciel en Open Source ouvre des opportunités pour vendre du service à valeur ajoutée autour de l'utilisation du logiciel. Selon IDC ce modèle de valeur ajoutée peut être utilisé de manière efficace par des sociétés de services pour étendre leurs revenus. La difficulté pour les entreprises qui s'engagent dans cette voie est de se différencier de la concurrence puisque, en théorie, leurs clients sont également libres de changer de prestataire de services tout en conservant le même logiciel Open Source. Un autre type de revenu généré par la distribution de logiciel Open Source est la vente de support et de formation. Des sociétés telles que Red Hat sont parvenues à créer un flux de revenus important en vendant du support autour de leur distribution Linux. Dans ce cas aussi, la prestation offerte est fragilisée face à la concurrence puisque le logiciel en Open Source est accessible à tout le monde. Il est évident que d'autres sociétés peuvent monter une offre de support autour de la distribution Linux de Red Hat. Une des seules barrières à l'entrée sur ce marché vient de la préférence des utilisateurs pour souscrire à un support délivré par l'éditeur à l'origine du logiciel.

• Le logiciel Open Source est intégré dans un autre logiciel ou un matériel C'est ce troisième modèle qui a le potentiel pour modifier durablement l'industrie du logiciel et de la fabrication de matériel. Il s'applique principalement à des logiciels qui, en tant que composante d'une offre plus vaste (système) vendue par des acteurs d'envergure, sont porteurs de certaines caractéristiques bien précises :  ils intègrent des fonctionnalités de base, consensuelles voire standardisées dans le système ;  ils possèdent une valeur marginale dans la chaîne de valeurs des solutions informatiques auxquelles ils sont intégrés (prix bas, marges faibles) ;

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 la différenciation des solutions informatiques auxquelles ils sont intégrés tend à se faire sur d'autres fonctions que les fonctions de base. IDC observe qu'une tendance du marché Open Source est d'aller vers l'intégration de logiciels d'infrastructure (OS, serveurs…). A titre d'illustration, des produits tels que Apache mais aussi TCP/IP, SNMP ou SendMail, illustrent la capacité des technologies Open Source à s'intégrer dans des solutions plus vastes. Ces technologies ont eu tendance à « niveler le terrain », banalisant un ensemble commun de fonctionnalités de base auxquelles les utilisateurs et fournisseurs pouvaient ajouter une contribution leur procurant un avantage compétitif. IDC a fréquemment identifié cette banalisation comme une des tendances lourdes du marché des serveurs applications (voir plus loin le cas de Lutris avec le serveur d’applications Enhydra).

2.5 Synthèse, les stratégies des acteurs En croisant les deux axes majeurs de la chaîne de valeur de l'Open Source, il est possible de bâtir une grille d'analyse qui permet de segmenter les stratégies des acteurs traditionnels du marché de l'informatique pour tirer parti des opportunités offertes par l'Open Source.

Tableau 2 : Définition des six stratégies Open Source Modèle de R&D Modèle de prix Prise en charge de la majeure partie de la R&D mutualisée R&D Le logiciel Open Source est intégré Imposer un standard Intégrer l'Open Source dans un autre logiciel ou un matériel Le logiciel Open Source est intégré Faire face à la position dominante Vendre des compétences services de dans une prestation de service à d’un concurrent haut niveau valeur ajouté Le client utilise et paye ses licences Jouer avec la bonne image véhiculée Retenir les ressources hautement par l'Open Source qualifiées

2.5.1 Les conditions du marché Les six stratégies qui se dégagent n’ont pas bien sûr la même valeur ; surfer sur la bonne image véhiculée par l’Open Source ou retenir les ressources hautement qualifiées n’ont pas le même impact sur la chaîne de valeur de l’éditeur qu’imposer un standard. Par ailleurs le programme Open Source mis en place par un acteur traditionnel du monde informatique peut s’appuyer sur plusieurs de ces stratégies. Enfin, nous le verrons dans les sections suivantes, chacune de ces stratégies s’applique à des conditions de marchés spécifiques favorables à l'émergence d'une nouvelle offre viable Open Source et que nous pouvons résumer ainsi. Initialement, ces logiciels apparaissent sur des marchés nouveaux dont la chaîne de la valeur est en rupture avec les marchés traditionnels. Par exemple, Apache a été clairement porté par la vague Internet, les valeurs prioritaires d'Internet étant sont coût très faible, sa simplicité. Linux est également apparu sur un marché aux valeurs différentes du marché des OS traditionnels : la gratuité, les fonctionnalités

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et l'ouverture du code étaient les valeurs dominantes dans le monde communautaire de Linux. Avec le temps, les améliorations de performances des technologies sont telles qu’elles sont en mesure de concurrencer les solutions présentent sur les marchés traditionnels. Ainsi, l'adoption massive de l'Internet comme outil de communication par les entreprises doit beaucoup aux améliorations apportées à la sécurité du réseau et à son débit ; le succès du Web aidant, le nombre de serveurs Apache déployés dans le monde s'élève désormais à plusieurs millions. De même, l'amélioration des performances et des fonctionnalités de Linux, le développement de son offre de support et documentation, a permis à l'OS libre de prendre position sur le marché des OS serveurs. Les acteurs traditionnels doivent dès lors tenir compte de l'arrivée de ces logiciels porteurs d'un nouveau modèle de chaîne de valeur et ajuster leur position pour en tirer partie. En conclusion, on peut dire que ce modèle s’applique principalement à trois types de marché : ƒ Un marché émergeant porteur de nouvelles technologies (exemple des serveurs Web avec Apache). ƒ Un marché sur lequel les fonctions critiques se déplacent (exemple du marché des serveurs ou domine aujourd'hui la haute disponibilité, l'évolutivité, la fiabilité). ƒ Un marché sur lequel un acteur est en forte position dominante.

2.5.2 Imposer un standard Le modèle de la standardisation consiste à imposer un logiciel Open Source, ou un bout de logiciel Open Source, en tant que standard d’un marché. L’enjeu est d’autant important, et l’objectif d’autant plus réalisable, lorsque le marché est émergeant et porteur de nouvelles technologies. Cela a été le cas des protocoles TCP/IP et SNMP dont la stabilisation est allée de pair avec l’émergence de la technologie des réseaux informatiques. Dans ce cas la valeur ajoutée peut prendre différentes formes pour l'entreprise. Celle ci peut, par exemple, acquérir une position dominante en tant qu'Autorité de certification pour la "marque" standardisée. Elle peut également bénéficier d'une avance technologique, d'une renommée, d'une visibilité sur le marché obtenues par son standard et dégager ainsi des revenus générés de manière indirecte par son standard.

2.5.3 Intégrer l'Open Source, la mise en place de partenariats

L’intégration d’une offre Open Source dans une offre plus globale pose la question des partenariats entre le fournisseur de l’offre logicielle Open Source et le fournisseur de la technologie globale. Cette stratégie est portée par des acteurs traditionnels du monde informatique qui voient dans l’Open Source une opportunité pour étendre leurs ventes de technologie :  Elle peut s’appliquer sur un marché mature mais dont certaines fonctions critiques tendent à se déplacer. C'est le cas, par exemple, du marché des serveurs sur lequel une offre multi plates-formes font parti désormais des critères différenciants.

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 Elle ne peut se mettre en place qu’avec des technologies Open Source matures aptes à diffuser sur un marché dans des conditions économiques traditionnelles.

Un premier exemple est fourni par IBM qui distribue notamment une version modifiée du serveur Web Apache dans sa suite WebSphere (il est vrai que la licence d’Apache est l’une des plus « amicales » dans la communauté Open Source). Nous développons ci-après le cas de Linux.

• Les partenariats de certification de Linux

L'intérêt manifeste porté par la plupart des grands constructeurs informatiques à l'environnement Linux conduit les plus grandes distributions mondiales à négocier des partenariats de certification de leur version Linux avec certains constructeurs. Dans ces conditions, le partenariat peut aller jusqu’à intégrer les produits Linux en sortie d'usine sur des plates-formes appartenant à différentes catégories : terminaux Internet, PC, serveurs, consoles de jeux, téléphones mobiles. A titre d'exemple, RedHat à d'ores et déjà conclu des contrats de partenariats OEM avec Dell sur serveurs, IBM sur la gamme de serveurs NetFinity, Compaq sur la plate- forme et Alpha.

Un autre marché semble vouloir s'ouvrir à Linux. Il s'agit du monde de l'informatique embarquée comprenant à la fois les fabricants de téléphones mobiles, de consoles de jeu, et d'une manière générale les constructeurs de terminaux orientés internet ou de type de poche/embarqué. Dans ce domaine Linux offre à la fois une licence bon marché et des possibilités de porter un OS sur mesure pour une application spécifique.

L'enjeu pour les distributions Linux à forte ambition de développement est de faire certifier leurs produits par les majors de l'informatique mondiale et d'entrer ainsi dans leurs catalogues produits. Les places sont chères ; IBM limite pour l'instant ses accords de partenariats avec quatre distributions - RedHat, SuSE, Caldera, TurboLinux et MandrakeSoft (certification sur la gamme de serveurs NetFinity). Les constructeurs et les éditeurs internationaux, qui feront le marché Linux, construiront leurs partenariats avec des distributions d'envergure internationale ou très fortement implantées au niveau régional (en Europe, en Asie, en Amérique...).

La stratégie de MandrakeSoft est exemplaire à ce sujet. Cette distribution, encore très localisée en France, a mis en place une stratégie qui passe par les États-Unis et, d'une manière générale, par un fort développement à l'international. En juin 2000, MandrakeSoft a lancé une filiale (100%) aux États-Unis qui compte à fin 2000 une vingtaine de personnes. Basée sur la côte ouest des États-Unis, à Pasadenna et à Berkeley, cette filiale est en charge de développer les ventes, le marketing, et les partenariats. MandrakeSoft envisage de vendre aux États-Unis environ 150 000 Packs en 2001 pour un chiffre d'affaires dépassant 40 millions de francs. Courant 2001, MandrakeSoft compte également ouvrir des représentations au Royaume- Uni et en Allemagne.

Selon IDC, les distributions qui pèseront sur le marché Linux seront celles qui auront réussi à établir des accords de certification, voire d’OEM, avec les grands noms de l'informatique dans les domaines des serveurs et de l'embarqué.

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• Les positions des constructeurs en France

Les majors de l'informatique client/serveur se sont aujourd'hui lancés sur le marché Linux : IBM, Intel et HP, mais aussi Fujitsu-Siemens. Fujitsu-Siemens et IBM contribuent au développement et à la commercialisation des produits SuSE, IBM/Intel intègrent également RedHat, et HP/IBM/Intel se sont engagés dans le projet Trillian pour Linux sur IA64. De même des éditeurs de poids, tels Oracle ou SAP, ont porté sur leurs produits sur des distributions Linux (RedHat notamment). Le tableau suivant recense les partenariats noués entre les distributeurs Linux et les grands constructeurs du marché de l'informatique.

Tableau 3 : Les relations entre constructeurs et éditeurs Linux en France

Caldera MandrakeSoft RedHat SuSE TurboLinux Compaq S S S Fujitsu-Siemens P P HP S P(1) PS S IBM ? P S S Sun (1) En cours pour la France P : partenariat avec l’éditeur S : relations de support

‰ Compaq La société possède une gamme de plus de 400 produits compatibles avec Linux. Elle n’a en revanche ni de version propre de Linux ni d’offre packagée avec l’OS libre et s’appuie sur son réseau de revendeurs qui peuvent assurer l’intégration de Linux sur les produits Compaq (ProLiant, Prosignia, les systèmes AlphaServer et les PC DeskPro). Les distributions Linux intégrables sont RedHat et TurboLinux. Compaq assure par ailleurs le support de RedHat Linux dans le monde entier et localement celui de SuSE Linux et TurboLinux

‰ Hewlett-Packard HP propose des produits sous environnement Linux, comme OpenMail. HP intègre Linux dans certains produits : ses stations de travail VISUALIZE peuvent être pré installées avec RedHat Linux. TurboLinux 6.0 sera également disponible sur certaines stations de travail, et HP travaille en collaboration avec les développeurs open source et LinuxCare pour porter Linux sur ses systèmes PA-RISC. Depuis 2 ans, HP assure le support de Linux (quelle que soit la distribution) sur plate-forme Intel et à partir de Juillet 2001 sur HP 9000. Ce service est proposé en collaboration avec LinuxCare, qui peut assister les techniciens de HP dans la résolution de problèmes complexes.

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‰ IBM IBM commercialise une grande variété de matériels et logiciels pour Linux comme les serveurs Netfinity et les portables ThinkPad. Linux peut être pré installé sur ces produits ; les S/390 IBM peuvent eux aussi faire tourner Linux. Le réseau de partenaires commerciaux traditionnels revend les offres IBM pour Linux. IBM est également partenaire avec la plupart des grands distributeurs Linux, dont RedHat, TurboLinux et SuSE, qui peuvent proposer les offres de support IBM.

‰ Sun Microsystems Sun est éditeur de l'Unix Solaris qui est sa seule offre d'OS ; la société collabore avec la communauté des développeurs Linux pour favoriser le portage d'applications Linux sur Sparc.

2.5.4 Faire face à la position dominante d’un concurrent L’Open Source peut être une alternative envisageable pour une société qui, faisant face à un ou plusieurs concurrents aux positions dominantes et solidement établies n'est pas en mesure d'imposer son produit sur le marché dans les conditions économiques classiques. Pour exister, la solution peut passer par la distribution de son produit en ouvrant ses sources pour fédérer un grand nombre d'utilisateurs et devenir ainsi une force sur le marché. Dans une certaine mesure, Linux ou Java ont été lancée pour faire face à des positions dominantes. Le langage Java de Sun peut être considéré comme un produit de type Open Source, dans la mesure où le constructeur a encouragé des développeurs venant de différents horizons à participer à l'élaboration des spécifications Java. Cependant, Sun garde la mainmise sur la propriété et la vente des licences Java.

‰ L’exemple que nous développons ci-dessous est celui de EADS Matra Datavision.

EADS Matra Datavision distribue depuis décembre 1999 le logiciel Open CASCADE en mode Open Source. Open CASCADE est un ensemble de librairies C++ destinées au développement d’applications graphiques et de CAO. EADS Matra Datavision affiche clairement sa volonté de développer le produit sous un mode collaboratif. Les objectifs visés par cette stratégie sont principalement au nombre de 4 : 9 faire d'Open CASCADE un standard sur son marché ; 9 créer une forte demande en prestation de services et de support de haut niveau ; 9 mutualiser les efforts de R&D ; 9 tirer partie de l'usage d'Internet. EADS Matra Datavision a décompté près de 10 000 téléchargements depuis la mise en ligne d'Open CASCADE en décembre 1999. Les téléchargements proviennent à 90% d'entreprises soit un nombre d'environ 9 000 entreprises qui disposent aujourd'hui d'Open CASCADE ; ce qui est remarquable en terme de diffusion et de couverture du marché

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si on compare ce nombre aux 130 clients dont disposait CASCADE avant d'être distribué en mode Open Source. Les sources de revenus sont issues des prestations de services de haut niveau vendu par EADS Matra Datavision à ses clients Open CASCADE. En 2000 EADS Matra Datavision a généré un chiffre d'affaires de 14 millions de francs de services à partir de la diffusion libre d'Open CASCADE, c'est un résultat bien au-dessus des performances des distributeurs Linux qui n'affichaient pas de tels niveaux de revenus 1 an seulement après le lancement de leurs produits. De fait, EADS Matra Datavision est très ambitieuse pour 2001 puisqu'elle envisage de pratiquement quadrupler ses revenus sur 2001 puis de quadrupler à nouveau son chiffre d'affaires sur les deux années suivantes. Les prestations de services recouvrent 2 grands types d'activité : 9 le consulting, le développement d'applications spécifiques et la formation ; 9 le support de haut niveau

2.5.5 Vendre des compétences services de haut niveau Cette stratégie consiste à développer une offre de services de haut niveau autour d’un logiciel Open Source.

• L'exemple de Linux : de la vente de "Packs" associés à du support… Une première pratique commerciale s'est développée au sein de la constellation Linux qui consiste à vendre, à un prix très faible, copie d'une distribution Linux pré-configurée et livrée sous CD-ROM. La vente Une première pratique commerciale s'est développée au sein de la constellation Linux qui consiste à vendre, à un prix très faible, copie d'une distribution Linux pré-configurée et livrée sous CD-ROM. La vente de la distribution, appelée également "Pack", est associée habituellement avec un support à l'installation gratuit couvrant une période de 3 mois ; le prix va de quelques centaines de francs pour les produits clients à 2000/3000 francs pour les produits serveurs. MandrakeSoft et RedHat sont les principaux acteurs dans ce domaine en France. MandrakeSoft a réalisé un chiffre d'affaires de 24 millions de francs au niveau mondial avec ce type de distribution sur son exercice fiscal 2000 clos le 30 septembre, dont 10 millions de francs en France. Les revenus mondiaux de RedHat générés par la vente de "Packs" vont s'élever à 22 millions de dollars en 2000 (soit environ 158 millions de francs), dont 14 millions de francs en France selon les estimations IDC.

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A titre d'illustration le tableau suivant précise, pour chaque gamme de produit de MandrakeSoft, les prestations proposées et le prix de commercialisation.

Tableau 4 : Gamme de Produits et Prix de la distribution MandrakeSoft Power Pack De Desk Top Corporate Server Luxe Type Grand public Entreprise / Client Entreprise / Serveur Prix public 450 FTTC 490 FTTC 2 400 FTTC Nombre de licences Illimitées Illimitées Illimitées Nombre d'applications 2 300 1 500 1 000 environ Support A l'installation A l'installation Configuration + assistance Apache et serveur de messagerie Contact support E-mail E-mail + téléphone E-mail + téléphone Durée du support 100 jours 30 jours 30 jours

Le prix de la distribution tiré de chaque vente ne génère pas de revenus suffisants pour couvrir les coûts de développement commercial et de service client : bien qu'on soit dans l'univers du logiciel libre, une structure commerciale et marketing ainsi qu'une organisation de support sont nécessaires pour acquérir une visibilité et gagner des parts de marchés sur ce qui reste avant tout un marché. MandrakeSoft et RedHat ont tous deux bâti en France, et dans le monde, un réseau de distribution indirect qui passe par un premier niveau de grossistes qui adressent des distributeurs (pour les ventes en entreprises) et des grandes surfaces (telles Surcouf, FNAC, Auchan, Carrefour...). L'équipe commerciale de MandrakeSoft est composée d'une dizaine de personnes en France qui sont chargées d'animer le réseau de vente indirecte mais aussi d'adresser les grands comptes pour la mise en place des offres de services spécifiques.

• … à la vente de prestations de services

Pour faire à ces contraintes, les distributeurs les plus actifs proposent désormais une offre de services à valeur ajoutée qui se décline en prestations de support de niveau 2 et 3, de formation, et de conseil/personnalisation. Ces prestations sont tout à fait en ligne avec les pratiques en cours dans le domaine des services sur le marché traditionnel du logiciel. Ainsi, le support se vend par lots d'incidents et est assuré à partir d'un contact avec un centre d'appel. De même, les prestations de conseil consistent en un rôle classique d'expertise d'éditeur pour personnaliser la distribution Linux aux besoins d'un client, sous forme soit de solutions pré- packagées (matérielles, logicielles et services) soit de solutions sur-mesure. Ces développements ont conduit à l'apparition d'un modèle économique mixte où des distributeurs tels que MandrakeSoft, RedHat, SuSE (un leader européen), qui ont vu une réelle opportunité de générer de nouveaux revenus dans la fourniture de nouveaux services tant dans le domaine du matériel que dans le domaine du logiciel, côtoient des acteurs encore "purs" Open Source qui délivrent gratuitement leurs logiciels avec un minimum de services.

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La question est toujours de savoir si les modèles de ventes permettront de faire des profits suffisants pour assurer le développement des entreprises aujourd'hui engagées sur le marché Linux. Le prix de la distribution tant du système d'exploitation que du matériel et des services associés est relativement bas, et la "consommation" de capitaux est élevée. Les distributions les plus actives ne cachent pas leurs ambitions commerciales et n'ont pas hésité à adopter certaines pratiques de monde des affaires pour se développer et financer leur croissance en passant par les opérations de fusions/acquisitions et de levée de fonds. Par exemple, RedHat a repris en main son réseau de distribution mondial en achetant les distributions locales indépendantes qui avaient signé des contrats de représentation RedHat et qui désormais vont intégrer la structure RedHat. MandrakeSoft a levé environ 100 millions de francs auprès d'investisseurs tels que Axa, ViVentures, Eliad, BBS Finance, ABN Amro.

2.5.6 Jouer avec la bonne image véhiculée par l'Open Source Un moteur majeur du marché informatique est la communication. Les effets de modes (concepts, slogans, acronymes) sont utilisés par les entreprises du secteur pour communiquer de manière intensive autour des derniers thèmes porteurs : après l'eBusiness, le CRM et la nouvelle économie, on assiste aujourd'hui à l'émergence de l'eProcurement, du xSP et de l'Open Source. Des entreprises telles que SAP ou IBM ont bien perçu le parti qu'elles pouvaient tirer en terme d'image d'un soutien au mouvement Open Source qui véhicule une image de liberté, de technologie innovante, de partage communautaire ; une image éloigné des pratiques économiques standards et de leurs contraintes. Les exemples abondent de sociétés qui ont fait des annonces Open Source avant tout dans une optique de communication. Citons ici SAP qui annoncé en octobre 2000 que son SGBDR SAPdb devenait un produit Open Source, mais aussi Sun avec Solaris 8, ou IBM avec DB2. La pratique Open Source consiste le plus souvent dans ce cas à distribuer en Open Source des licences développeurs permettant des tests.

‰ En mars 2000 Sun a lancé Solaris 8 et a décidé de mettre à disposition gratuitement le code source du système. A l’instar du modèle Linux, le logiciel coûtera 75 $, prix couvrant les coûts de la société. En plus d’être gratuit, Solaris – en partenariat avec des sociétés comme Oracle et iPlanet – comporte des licences développeurs permettant les tests. Ce nouveau modèle marketing devrait avoir un impact sur environ 400 éditeurs en France.

‰ De même la licence Open Source IBM pour DB2 permet uniquement d'évaluer le système de gestion de base de données pour des tests ou des développements. Il n'est pas possible de la compiler, revendre, décomposer…

2.5.7 Retenir les ressources hautement qualifiées L’impact de ce dernier point demeure marginal sur la chaîne de valeur de l’édition des logiciels. Cependant il peut répondre aujourd’hui à une préoccupation majeure des entreprises informatiques qui est le recrutement et la motivation des ressources compétentes.

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Selon les dernières études et recherches d'IDC portant sur les effectifs informatiques en France, la pénurie de ressources qualifiées s’est chiffrée à près de 184 000 informaticiens professionnels en 2000 pour une demande totale estimée à 1,75 millions de personnes. La pénurie devrait s’aggraver dans les années à venir et les projections anticipent un déficit de près de 224 000 personnes à l'horizon 2003. Le phénomène n’est bien sûr pas propre à la France et la pénurie des ressources de compétence informatique s’étend tant aux Etats-Unis qu’en Europe. Dans un contexte, l'entreprise peut avoir intérêt à encourager la participation de ses meilleurs développeurs à des projets Open Source, ces derniers pouvant y trouver un facteur de motivation supplémentaire pour rester dans l’entreprise. Ils voient ainsi une sorte de défi à la pratique du développement de logiciels avec une programmation plus libre pouvant suivre son propre rythme, sa propre inspiration. En outre, l'Open Source, qui fonctionne en partie sur le mode de reconnaissance universitaire, favorise le développement de la notoriété personnelle des meilleurs développeurs par leurs pairs. Par la publication, un développeur peut ainsi atteindre une visibilité et être reconnu comme compétent par ses pairs. De plus, les développeurs participent à des projets qui les intéressent, ce qui augmente la gratitude symbolique qu’ils peuvent tirer de leur participation à un projet Open Source.

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3. Bilan de l’offre de logiciels libres

3.1 Que faut-il entendre dans le concept de logiciel libre ?

3.1.1 Bref rappel historique Au début des années 80, Richard Stallman fut à l’origine d’un projet baptisé GNU (« GNU’s Not Unix »), destiné à créer toute une gamme de code source gratuit, dont une version d’Unix, qui avait été lancé par AT&T et était devenu le standard de facto pour une nouvelle classe d’ordinateurs, les stations de travail. Stallman créa notamment une licence appelée GPL (GNU Public Licence), qui accordait une grande liberté aux utilisateurs de GNU, avec une exception importante : Users were required to donate any changes/improvements that they made to the code back to the original copyright owner (also coined “copyleft”). Pendant la même période, il y eut un bref mouvement dans le monde DOS quand des personnes publièrent du code source dans le domaine public sans aucune restriction. Beaucoup de ces programmes étaient de petits utilitaires, et non des systèmes à grande échelle. Ce phénomène semble avoir trouvé sa fin avec l'avènement de Microsoft Windows en tant que système d’exploitation dominant sur le marché du PC, et a été largement remplacé par le mouvement shareware, où l’auteur du programme permet à l’utilisateur de s’en servir sans payer immédiatement, avec des systèmes divers visant à obtenir un paiement des utilisateurs satisfaits par le programme. Ces logiciels étaient au départ publiés avec leur code source, ce qui est devenu beaucoup moins fréquent aujourd’hui. Dans les années qui suivirent, le terme « open source » (forme générique de « source code included ») fit son apparition. Cette forme générique de l’appellation était problématique : les utilisateurs devaient naviguer à travers une multitude de pages de licence pour comprendre ce qu’ils étaient en droit de faire avec un produit particulier. Bien que ce phénomène ne soit guère différent des logiciels traditionnels, il rendait flou un message qui aurait dû être clair dans la communauté Open Source, car il y a une cohérence dans toutes les licences de la communauté : l’utilisateur est libre d’utiliser le programme, et même de le modifier, sans violer la licence. En 1998, en réponse à l’annonce de Netscape qui allait rendre public le code source de son navigateur, le terme Open Source fut défini et déposé en tant que marque. Open Source est une définition large mais encore contrôlée du concept de « code source ouvert ». Elle essaie de préciser certains paramètres pour que les utilisateurs n’aient pas à se préoccuper trop avant avec les nuances particulières d’une licence, en connaissant certaines possibilités que cette licence ne peut leur dénier.

3.2 Les modèles de licences Open Source Il existe de nombreux modèles de licences de logiciels libres, IDC en recense une trentaine (voir l'Annexe). La principale (en nombre de projets de logiciels libres) est la licence développée à partir du projet GNU ; il s'agit de la licence GPL (General Public License).

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3.2.1 La licence GPL La licence GPL est un modèle de licence proposée en 1991 par la Free Software Foundation. Le projet GNU, a utilisé la notion de « copyleft » pour protéger les libertés de la licence GPL, c’est-à-dire la distribution d’un programme dans le domaine public, sans copyright. Les objectifs majeurs poursuivis par la licence sont doubles : la liberté de sources et la liberté de reproduction. Du côté de l'auteur, la licence GPL implique une liberté de publication et d'industrialisation sans contrainte. Du côté de l'utilisateur, elle implique le droit de reproduction et d'adaptation sans contrainte autre que l'obligation de republier toute modification. La cohérence du modèle tient en fait à cette seule contrainte : l'ouverture des sources et leur gratuité n'a de sens que dans un contexte de liberté de reproduction et d'adaptation des codes ; mais pour que le système d’échange perdure et s'enrichisse, il est nécessaire d'imposer l'obligation de publication et de mise à disposition de toute modification ou adaptation. Cette obligation repose sur le principe de l'héritage obligatoire : tout développement basé sur un programme GPL doit être GPL

Figure 3 : La cohérence de la licence GPL

Accès libre et gratuit aux sources et aux programmes

Tout développement Reproduction et basé sur un adpatation des programme GPL doit programmes être GPL

Outre le modèle de licence de base GPL, il existe une forme atténuée de licence GPL, appelée la LGPL pour Lesser General Public License, qui autorise la combinaison d'éléments libres et non libres dans un même produits (elle n’est pas strictement « Copyleft »).

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3.2.2 La validité juridique de la licence GPL Le modèle GPL n'a pas aujourd'hui de valeur juridique en France car il n'a pas été transposé dans le dispositif législatif. Il n'offre pas de garantie en cas d'usage abusif (un éditeur peut modifier un logiciel GPL pour en faire un produit fermé), aucune sanction n'étant prévue dans ce cas. Le respect de la licence GPL repose plutôt sur un engagement moral de l'utilisateur à suivre les caractéristiques de la licence que l'on peut résumer ainsi : • Liberté de reproduction pour le licencié ; • Engagement de mise à disposition des sources ; • Héritage obligatoire : tout développement basé sur un programme GPL doit être GPL ; • Citation des contributeurs et mention des modifications ; Par ailleurs, il n'y a pas de jurisprudence, tant aux États-Unis qu'en France, en ce qui concerne les litiges liés aux licences GPL.

3.2.3 D’autres types de licences Il faut dès à présent noter que de nombreuses entreprises utilisent des logiciels GPL : plus de 3,5 millions de sites Web dans le monde tournent sous Apache ; près de 10% des grandes entreprises françaises (de plus de 500 salariés) utilisent aujourd'hui une application fonctionnant sous Linux. Cependant, dans la mesure où la licence GPL exige de partager tous les changements du code source, les entreprises commerciales opposent des réticentes fortes à modifier un programme GPL car elles sont ensuite obligées (au sens légal du GPL) de rendre publics ces changements : une seule ligne de code GPL dans un logiciel le rend GPL ; c’est ce qui est appelé un logiciel « corrompu » par une licence « virale ». Les développements réalisés par des entreprises autour d'un logiciel Open Source deviendraient dans ces conditions visibles à la concurrence, annihilant de fait un avantage concurrentiel puisque les entreprises n’ont aucun moyen de protéger la propriété intellectuelle de leurs travaux. De fait, si de nombreuses entreprises utilisent des logiciels GPL, elles sont beaucoup moins nombreuses à les utiliser dans la conception et le développement de logiciels commerciaux ou non. Ces contraintes sont tournées par d’autres types de licences libres mais qui sont plus ou moins permissives par rapport à la notion de « Copyleft » et qui contiennent des séries de restrictions propres à les rendre, dans certains cas, incompatibles avec la licence GPL. Nous l’avons déjà souligné, des poids lourds de l’informatique tels que IBM ou Sun proposent des licences de logiciels libres qui permettent la diffusion de logiciels Open Source auprès des développeurs pour des usages de tests de produits. Nous présentons ci-après un panorama des logiciels libres disponibles en précisant les différents types de licence auxquels ils obéissent.

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3.3 Liste des logiciels libres

3.3.1 Une liste de plusieurs milliers de logiciels Le nombre de logiciels libres ne cesse d’augmenter, IDC estime aujourd'hui leur nombre à plus de 11 000. Toutes les couches logicielles sont concernées, de l'infrastructure logicielle (OS, Bases de données, middleware) aux interfaces utilisateurs en passant par les applications (voir la figure ci-dessous). Globalement, quelles que soient les couches logicielles, le domaine de prédilection des logiciels libres est celui d'Internet et du multimédia. A titre d'illustration, si l'on examine le cas des applications, ce sont les applications purement Web qui sont les plus représentées avec plus de 800 logiciels, suivies par les jeux avec près de 600 logiciels, puis on trouve, par exemple, des applications de commerce électronique (une quarantaine), des applications financières et de gestion (une soixantaine), les suites bureautiques (une soixantaine).

Figure 4 : Evaluation du nombre de logiciels libres Projets logiciels libres Interfaces Utilisateurs 2100 Applications 1700 Serveurs et Middleware 3900 Réseau 900 Bases de données 200 Outils de développement 2700 Systèmes d'exploitation 60

Comment déterminer dans cette offre foisonnante les outils qui ont le potentiel pour rencontrer un marché et donc avoir un impact économique sur le marché de l'informatique ? Le niveau de l'offre est très inégal. Elle recouvre un ensemble de produits très vaste et très fragmenté en termes technologiques. Les produits complets sont relativement rares. La plupart des projets concernent des composants spécifiques (bouts de programmes bien définis, librairies pour une fonction précise, utilitaires et outils particuliers) qui demandent un certain niveau d'expertise pour être manipulés. Hors les entreprises souhaitent disposer de produits packagés et complets plutôt que de composants disparates : selon les données IDC, la grande majorité (près de 90%) des équipes informatiques qui ont déployé le serveur Web Apache pour leurs applications en entreprise ne se sont jamais préoccupé du code source du serveur pourtant en Open Source. C'est là une première condition du succès commercial d'un logiciel Open Source : il doit être intégré au sein d'un produit pour pouvoir attaquer un marché avec une chance de réussir. Par ailleurs, IDC estime qu'une seconde condition de succès est que l'initiative logiciel libre doit être soutenue par une organisation structurée dont le but est d'imposer son produit sur le marché. En d'autres termes, les produits doivent être

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adossés à une entreprise, un groupement ou une association qui seuls peuvent fournir la structure et la visibilité essentielles pour s'imposer. Nous présentons ci-après une sélection de produits qui fonctionnent sous une licence (plus ou moins) libre et qui sont présents sur les domaines des systèmes d'exploitation, des bases de données, des serveurs Web et des outils de développement pour des applications de conception. Nous avons retenu les produits qui étaient supportés par des structures importantes de type entreprise, association, groupement.

3.3.2 Les OS Linux et les systèmes dérivés de BSD (FreeBSD, OpenBSD et NetBSD) sont des systèmes d'exploitations libres de types Unix. Il est à noter que la plupart des implantations commerciales d’Unix, par exemple Solaris de Sun Microsystems, contiennent du code d'origine BSD. om du logiciel Auteur Licence Caractéristiques os Cygnus Solutions Free To Use But OS pour application temps réel Restricted embarquée eeBSD The FreeBSD BSD License OS Unix Project (U.C. Berkeley) ferno Développé à l'origine Free To Use But OS pour système embarqué par les Bell Labs Restricted tBSD The NetBSD BSD License OS Unix Foundation, Inc. penBSD OpenBSD Project BSD License OS Unix Team an 9 Computer Science OSI Approved OS réseau Research Cent nux Distributions ƒ ASPLinux ƒ kama ƒ Nexus Linux ƒ Black Cat Linux ƒ Kimberlite ƒ Rabid Squirrel Linux ƒ Caldera eDesktop ƒ KSI Linux ƒ Red Hat Linux ƒ Conectiva Linux ƒ Laonux ƒ Relax Linux ƒ Corel Linux ƒ Leetnux ƒ ROCK Linux ƒ Debian GNU/Linux ƒ Linux-Mandrake ƒ Slackware ƒ ELKS ƒ LNXS ƒ Stampede Linux ƒ EtLinux ƒ LuteLinux ƒ SuSE Linux ƒ Gentoo Linux (ex ƒ Mizi Linux ƒ TurboLinux Enoch) ƒ MPIS Linux Server ƒ TINY ƒ JBLinux

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3.3.3 Les bases de données

Nom du logiciel Auteur Licence Caractéristiques Adaptive Server Enterprise Sybase Free To Use But Pour une haute disponibilité des (anciennement Sybase SQL Restricted données (applications Internet) Server db.linux Centura Software Mozilla Public Base de données embarquée License (MPL) DB2 Universal Database for IBM Free To Use But La licence permet uniquement Linux Restricted d'évaluer DB2 pour des tests ou développements. Il n'est pas pos de la compiler, revendre, décomposer… SQL Server GNU SQL Server GNU General Public Base de données relationnelle m Developers License (GPL) utilisateurs INFORMIX-SE Informix Software Other/Proprietary Base de données pour applicatio License de taille petite ou moyenne InterBase Inprise Mozilla Public Base de données relationnelle License (MPL) Lotus Domino R5 Sneak Lotus Development Other/Proprietary Version de Domino Preview team License with Free Trial Mini SQL 2.0 Hughes GNU General Public Deuxième génération de la base Technologies Pty. License (GPL) données mSQL Ltd Mini SQL 2.0 Hughes Free for non- Base de données consommant p Technologies Pty. commercial use de ressources systèmes, pour jeu Ltd données de petite taille MySQL The MySQL GNU General Public Serveur SQL Development Team License (GPL) NetSQL Munica Corporation Free for non- Serveur SQL 'léger' commercial use ObjStore ObjectStore Artistic License Base de données orientée objet PostgreSQL PostgreSQL Global BSD License Base de données orientée objet Development Group SOLID Embedded Engine Solid Information Other/Proprietary Moteur de gestion des données Technology Ltd License embarqué

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3.3.4 Serveurs Web om du logiciel Auteur Licence Caractéristiques ache The Apache Project BSD License terprise Edition iPlanet Web Server Other/Proprietary Team License karta - Tomcat The Apache The Apache License Serveur écrit en java Software Foundation ty Greg Wilkins Artistic License Serveur écrit en java ebSphere IBM Free To Use But Ensemble de logiciels comprenant Restricted un serveur Web tami iMatix Corporation OSI Approved us Web Server Zeus Technology Other/Proprietary Vise le marché de l'ISP Ltd License

3.3.5 Langages et Outils de développements Pratiquement tous les langages de programmation actuels possèdent des implémentations (interpréteurs ou compilateurs) libres. Citons quelques exemples: C, C++, Fortran, ADA, Pascal, SmallTalk, Objective-C, Lisp, Forth, Prolog, Perl, Python, Tcl/Tk, Java, PostScript, Basic, Ruby... Le tableau ci-dessous recense des offres Open Source d'outils de développements. om du logiciel Auteur Licence Caractéristiques BASE 4GL Conetic Software Suite de développement comprenant Systems un environnement, un langage de script, des librairies d'applications, langage d'interface en C de Crusader New Planet Software Environnement de développement deGuide Omnicore Environnement de développement intégré deWarrior MetroWerks Environnement de développement intégré pour applications Linux tensys TelcoSoft Environnement de développement intégré pour applications de communications rte for Java Sun Microsystems Environnement de développement intégré pour plate-forme Java2

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4. L'Open Source s'est imposée sur certains types de logiciels

4.1 Apache Un des logiciels les plus célèbres dans le monde Open Source est sans aucun doute le logiciel connu sous le nom d’Apache Web server. Ce produits est né de l’Apache HTTP Server Project, un projet lancé par ce qui était alors l’Apache Group (aujourd’hui l’Apache Software Foundation). La fondation, qui revendique plus de 3,5 millions de sites Web tournant sous Apache, est réputée pour avoir adopté un modèle de licence relativement souple et très intéressant pour les sociétés désireuses d’utiliser l’Open Source à leur avantage. Elle est cependant toujours restée très rigoureuse dans son respect du modèle Open Source. La structure par « projet » est au cœur de la stratégie de la fondation, qui est de proposer un support financier, juridique et organisationnel pour les différents projets dont elle a la charge à un moment donné. Sa mission est de catalyser le temps et les compétences de ses membres. Elle est habilité à recevoir des donations en argent et en équipements pour faire avancer ses projets. De ce fait, l’Apache Software Foundation fournit un cadre multidimensionnel, relayé par un site Web et des mailing lists, grâce auquel les développeurs peuvent travailler en synergie pour développer des applications et des technologies selon le modèle Open Source. Seuls les particuliers ayant collaboré à au moins un projet collaboratif sont admis dans la fondation à ce jour, mais celle-ci étudie l’éventualité de permettre à des sociétés de devenir membres. Dans tous les cas, des particuliers peuvent représenter la société qui les emploie.

4.2 Les serveurs d'application, nouvelle étape ? Aujourd'hui, les succès l'activité la plus visible de l'Open Source s'est focalisée sur les systèmes d'exploitation. Une autre technologie Open Source, Apache, continue à dominer le marché des serveurs Web. Le mouvement Open Source doit maintenant monter dans les couches logicielles vers d'autres domaines - et dans cette dynamique, les serveurs d'application représentent une étape de développement logique. Lutris Technologies a développé un serveur d'application, né d'une initiative Open Source appelée Enhydra, qui fait le pont entre les applications HTML, XML, et Java et permet aux concepteurs des pages Web et aux développeurs de logiciels de travailler indépendamment mai en synergie sur le même projet. A la manière du marché des serveurs Web qui a vu un produit majeur (avec Apache) émerger d'une initiative Open Source, le marché des serveurs d'application pourrait rapidement connaître la même situation avec l'émergence d'un ou plusieurs acteurs forts issus du monde de l'open Source. IDC observe qu'une tendance du marché est d'aller vers la 'banalisation' d'un ensemble de fonctionnalités de base intégré dans le cœur du serveur d'application. Cet ensemble de fonctionnalités pourrait être mis en Open source dans le but d'y ajouter des services et des configurations essentielles pour construire et déployer des solutions eBusiness à grande échelle. Des standards émergeants, en particulier ceux qui se

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focalisent sur les technologies Java tels les EJB et Java 2 Enterprise Edition (J2EE), pourront faciliter l'ouverture de fonctionnalités de base des serveurs d'application en permettant la mise sur pied d'une plate-forme technologique commune sur laquelle les évolutions pourront être déployées. Cependant, marché des serveurs d'application est d'ores et déjà plus mature et compétitif que ne l'était le marché des serveurs Web lorsque Apache est apparu. Il est probable que la 'banalisation' possible de certaines fonctionnalités de base n'aboutira pas à une norme commune mais plutôt à un ensemble de fonctionnalités 'souhaitées' que chaque éditeur mettra en œuvre à sa manière. Un scénario plus probable consisterait à voir arriver sur le marché un serveur d'application en tant que produit Open Source, avec en filigrane la promesse de s'appuyer sur les bénéfices des processus de développement Open Source pour construire un serveur d'application de meilleure qualité. Cependant, l'importance prise par la plate-forme serveur d'application dans le monde de l'eBusiness milite pour une approche Open Source quelque peu différente. Traditionnellement, la plupart des efforts Open Source se sont focalisés sur l'activité des développeurs dans une logique de défis technologiques à relever plutôt que de recherche de la satisfaction d'un besoin du marché. Tandis que les serveurs d'application pourraient clairement tirer partie des avantages procurés par une approche Open Source, leur couplage fréquent et étroit avec des services professionnels dans l'assistance et la construction d'architectures complexes multitiers pourrait inciter les sociétés de service à s'impliquer dans l'effort Open Source pour construire une technologie robuste, fiable et évolutive.

4.3 Linux Jusqu'à il y a peu, les utilisateurs Linux en France étaient très difficiles à trouver en entreprise. Linux c'est d'abord diffusé dans un cadre personnel et grand public (pour travailler chez soi) ou dans un cadre universitaire et de recherche institutionnelle. Ces deux dernières années on a vu se manifester un intérêt croissant pour le nouveau système d'exploitation dans les entreprises et, selon la dernière enquête IDC, à fin 2000, 32,1% des entreprises françaises utilisaient déjà Linux ou comptaient le tester dans un avenir prévisible.

Sur le plan Européen, on constate que le taux d'adoption de Linux est très différent d'un pays à l'autre. L'adoption de Linux dépend de plusieurs paramètre qui peuvent varier fortement d'un pays à l'autre tels que la couverture du sujet par la presse spécialisée, les possibilités d'obtenir du support pour la plate-forme, et l'attachement des utilisateurs aux plates-formes établies… la France se situe dans la bonne moyenne, au niveau du Royaume-Uni mais est distancée par l'Allemagne, le pays où la densité des utilisateurs Linux semble être la plus élevée en Europe.

Nous présentons dans ce chapitre les résultats d'une enquête menée par IDC sur l'utilisation de Linux au sein des entreprises françaises. L'enquête s'est déroulée au cours du mois de mai 2000 et porté sur l'interview de 383 entreprises de plus de 100 salariés.

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4.3.1 La pénétration de Linux dans les entreprises françaises

Les résultats de l'enquête révèlent qu'à la mi-2000, 10% des entreprises françaises utilisaient déjà Linux de façon opérationnelle. C'est un nombre important vu la jeunesse de l'OS en termes de diffusion dans l'univers professionnel. La dynamique est réelle puisque 8,5% des entreprises sont en phase de tests et que 13,6% en ont programmé. Les résultats de l'enquête permettent d'anticiper le taux de pénétration de Linux auprès des entreprises françaises. Selon IDC, près de 23% des entreprises utiliseront Linux de façon opérationnelle en France à la fin 2001 (voir la Figure 5).

Figure 5 : Proportion des entreprises françaises utilisant Linux en opération

40%

30% 23% 17% 20% 13% 10% 10% 5%

0% S2 1999 S1 2000 S2 2000 S1 2001 S2 2001 Source : IDC France, 2000

L'intérêt pour Linux se confirme si l'on considère la très faible proportion d'entreprises qui se déclarent non intéressées ou déçues par l'utilisation de Linux : 3% déclarent ne jamais vouloir tester Linux, et 3,1% des entreprises l'ont déjà abandonné après tests. Les entreprises qui ont déclaré avoir abandonné Linux après des tests non concluants peuvent être classées en 3 groupes : ‰ les entreprises qui ont eut des résultats non concluants sur des tests liés à l'internet/intranet ; ‰ celles qui abandonné Linux par manque de couverture de besoins bureautiques ou métier ; ‰ celles qui n'ont pas obtenu les résultats escomptés sur des utilisations de Linux en serveur de fichier ou d'imprimantes.

A titre de comparaison, la Figure 6 de la page 40 présente les taux de pénétration des différents OS serveurs au sein des entreprises françaises.

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Figure 6 : Linux face aux autres OS dans les entreprises françaises

100% 91%

80% 56% 60% 42% 40% 25% 20% 10% 13% 3% 0% Windows Unix AS400 Netware Linux Windows Autres OS NT 2000 Source : IDC, 2000

4.3.2 Intranet, messagerie et internet sont les applications privilégiées Les entreprises utilisent Linux préférentiellement sur les application IP et sur les fonctions de serveur d'entrée de gamme (serveur de fichier, d'imprimante, de messagerie, voir la Figure 7). En d'autres termes, le poids de Linux est actuellement inversement proportionnel à la criticité des applications. Un premier constat est donc de conclure que les entreprises maintiennent encore le nouvel OS sous observation, et éloigné des fonctions et des contenus stratégiques. L'offre logicielle applicative autour de Linux a été peu abondante jusqu'à récemment. La majorité des applications disponibles aujourd'hui se trouvent dans les domaines liés au web et au réseau, tant en ce qui concerne la partie client que la partie serveur : navigateurs et éditeurs du côté client, et serveurs de messagerie, serveurs web, serveurs d'imprimante, serveurs d'accès et firewalls du côté serveur. Les outils de développement et les utilitaires, en particulier d'impression, sont également bien représentés dans l'offre applicative autour de Linux : cela est le signe que la plupart des utilisateurs Linux ont jusqu'à présent développé pour une grande part leurs applications eux-mêmes à l'aide des différents outils et utilitaires à leur disposition.

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Figure 7 : Les applications gérées ou testées sous Linux

60% 59%

50% 45% 45%

40% 35% 30% 31% 30% 21% 20% 17% 17% 13% 11% 9% 10% 6%

0%

CRM Autres Intranet ERP/PGI e-Business Sauvegardes Site internet DataWarehouse fichier, imprimante Application Métier Gestion d'entreprise Messagerie/Groupware Gestion de Production Source : IDC France, 2000

Cependant, la vitesse d'évolution du marché joue à plein, et aujourd'hui des applications Linux peuvent être trouvées dans pratiquement tous les domaines majeurs du logiciel. Les bases de données sont d'ores et déjà très bien représentées. On y trouve des produits commerciaux bien connus tels que Oracle 8i et 9i, DB2 d'IBM, Adabas de Software AG, Informix, Ingress et Sybase. Si les applications de gestion ne sont pas encore nombreuses, le mouvement va prendre de l'amplitude, le moteur du marché des applicatifs de gestion sur Linux étant aujourd'hui celui de l'offre technologique. En conclusion, les résultats de l'enquête IDC montrent que les utilisateurs ne lanceront des projets de déploiement de Linux que sur les domaines applicatifs couverts par l'offre. Selon IDC, l'offre du marché des applicatifs de gestion va rapidement être portée sur Linux, dans les limites cependant des possibilités de Linux qui posent des limites à l'extension des applications à grande échelle et à la haute disponibilité. La Figure 8 positionne Unix, NT et Linux sur les différentes applications supportées.

Figure 8 : Positionnement d'Unix, NT et Linux en fonction des applications supportées

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Positionnement relatif d'Unix, NT et Linux

Usage

CRM Gestion -Business ERP/PGI Messagerie e

Internet "simple" DataWarehouse réseau, cache,… Application Métier fichier, imprimante Internet "complexe" Gestion de Production

Criticité

Unix NT Linux

Aujourd'hui Linux est surtout présent dans les équipements mobiles/embarqués, les firewalls et autres applications réseaux et web. Les équipements télécom pourraient bien prendre le relais comme moteur de la croissance au côté de la dynamique des plates-formes strictement propriétaires qui évoluent vers des systèmes plus ouverts. De même, la convergence voix/données, qui peut prendre plusieurs formes via la téléphonie sur IP, les standards du câble, poussera sans doute à la mise en place de plates-formes plus standardisées ; un contexte où Linux sera un des choix possibles évident. Pour les applications fortement évolutives, telles que le routage, Linux pourrait s'avérer insuffisamment mature. Dans tous les domaines, où un déploiement et une interfaçage horizontal aux standards ouverts est nécessaire, Linux a un très fort potentiel étant donné sa configuration déjà robuste et adaptable, de petite taille et coût faible. Le marché se développe rapidement, et, dans le même temps, l'offre gagne en maturité et s'aligne sur l'offre commerciale existante – à l'exception du mécanisme propre à l'espace Linux qui semble fonctionner suivant un modèle où le marché est poussé par l'offre technologique plutôt que tiré par la demande. L'industrie Linux attire aujourd'hui de plus en plus d'acteurs à forte capacité financière, ce qui concourt à consolider le marché et à le pérenniser. Par ailleurs, les industries automobiles, des télécommunications et des médias commencent à s'intéresser au nouvel OS. Les principaux efforts de développement se concentrent autour de certaines applications client serveur spécifiques. Le portage de Linux sur l'ensemble des serveurs commerciaux ne pourra se faire qu'à plus long terme lorsque la plate- forme sera en mesure d'assurer des services d'évolutivité, de fiabilité, de disponibilité élevée.

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4.3.3 Tendance à la consolidation de l'industrie Linux L'évolution de l'industrie Linux peut être modélisée en trois phases. Au cours de la première phase - assez longue, elle a duré 8 ans - la communauté Open Source s'est mise en place et le noyau de base de Linux a été développé. Cette première phase (appelée phase "Fun"), qui n'a pas dépassé les frontières de la communauté Open Source Linux, a préparé le terrain au lancement des très nombreuses distributions qui se sont multipliées à partir de 1998 (phase de capitalisation de la R&D). La plupart de ses sociétés sont en fait de très petite taille, employant 1 et 5 personnes compétentes sur Linux. Elles distribuent presque toutes des solutions spécifiques pour des applications liées à l'utilisation du web. La troisième phase, celle de la consolidation du marché a commencé dès les premiers mois 2000. Les fusions acquisitions, les partenariats vont se multiplier pour aboutir à un marché consolider entre une poignée de grands acteurs. Cette évolution en trois phase est tout à fait classique d'un marché informatique, mais l'industrie Linux a évolué beaucoup plus rapidement et beaucoup plus brusquement que les autres secteurs informatiques (voir la courbe en pointillés sur le graphique suivant).

Figure 9 : Le Développement de l'Industrie Linux en Europe Une autre exception le marché du web. En effet, le marché Linux présente ainsi des similitudes avec le marché du web tel qu'il était il y a de cela quelques années, lorsqu'une floraison de petites sociétés et quelques gros acteurs en sont rapidement venu à une phase de consolidation. Ces derniers mois, nous avons vu la disparition des dot.com "companies" les plus fragiles financièrement, qui ont, dans leur ensemble, ignoré les règles de bases et les bonnes pratiques du monde des affaires, au premier rang desquelles la fourniture de valeur ajoutée à leurs clients et la réalisation de profits. Selon IDC, le marché Linux devrait avoir un comportement similaire avec un mouvement de consolidation rapide – et, à brève échéance, la disparition des sociétés les plus fragiles financièrement. Dans ce contexte, on peut s'attendre à ce que des entreprises clés, telles que IBM, Dell, Intel, Oracle, SAP porteront, au-delà de la phase de consolidation qui débute, les développements futurs, les réalisations, et le support de Linux.

Le marché Nombre Assainissement de Sociétés Assainissement Fun Capitalisation Consolidation 160 140 120 100 80 60 40 20 0 91 nov- fé vr- Temps 98 00 gh I j k lmnopqrs tuvwxyz Industrie "Ordinaire" Linux

Source : IDC France, 2000

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5. Annexes

5.1 Liste des licences de logiciels libres Voici une liste des types de licences existant dans le monde du logiciel libre. • Artifex Public License (AFPL) • Eiffel Forum License (EFL) • Free for non-commercial use • Free To Use But Restricted • Freely Distributable • Freeware • Netscape Public License (NPL) • Nokia Open Source License (NOKOS) • OSI Approved – Artistic License – BSD License – GNU Free Documentation License (FDL) – GNU General Public License (GPL) – GNU Lesser General Public License (LGPL) – IBM Public License – MIT/X Consortium License – MITRE Collaborative Virtual Workspace License (CVW) – Mozilla Public License (MPL) – Other/Proprietary License with Source – Python License – QT Public License (QPL) – Ricoh Source Code Public License – zlib/libpng License – Other/Proprietary License • Other/Proprietary License with Free Trial • Public Domain • Shareware • SUN Binary Code License • SUN Community Source License

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• The Apache License • The PHP License • Voxel Public License (VPL

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Direction Générale de l’Industrie, des Technologies de l’Information et des Postes Le Bervil, 12 rue Villiot 65572 Paris Cedex 12 tel : +33 1 44 87 17 17 http://www.industrie.gouv.fr et http://www.telecom.gouv.fr

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