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Festival International de Musique Classique

Royal Juillet Musical de Saint-Hubert 56e édition

Rêveries, passions,… Du 28 juin au 28 juillet 2013

www.juilletmusicaldesainthubert.be La musique n’est pas un objet que l’on peut posséder. La musique est un chemin. L’amour non plus ne se possède pas, lui aussi est un chemin.

La musique et l’amour nous transportent. Ils nous déposent un instant sur les rivages de la Beauté.

Voilà pourquoi, depuis toujours, les chemins de la musique et ceux de l’amour se croisent et s’entrelacent.

Armel Job

2 Edito Le Royal Juillet Musical de Saint-Hubert, représentant de la Province de Luxembourg au sein du Festival de Wallonie, est enchanté de vous accueillir cette année dans le cadre de sa cinquante-sixième édition. Nous espérons qu’elle sera parfaitement réussie, nous permettant de rassembler une fois de plus un nombre de spectateurs largement supérieur à 4000.

Le Festival de Wallonie nous a invités cette année à orienter notre programme vers un thème qui ne pourra que recueillir une adhésion unanime : « Rêveries, passions… », thème qui nous amènera tout naturellement à magnif ier l’Amour.

Vous pourrez constater que les prestigieux ensembles et solistes, belges et étrangers qui se produiront cette année au Royal Juillet Musical ont installé l’Amour dans tous les replis de leur programme : Ouverture du « Vaisseau Fantôme », histoire d’amour s’il en fût ; Liebesliedwalzer de Brahms, « Passions de l’âme » ; « How pleasant ‘tis to Love! » ; Bernard Caprasse « With Love », etc. Mais la musique n’est-elle pas indissociable de l’amour ? Président du Royal Juillet Musical de Saint-Hubert Signalons que Patrick Davin, invité d’honneur du Festival de Wallonie 2013, Gouverneur de la Province se produira le 7 juillet à Marche avec le Chœur de Chambre de Namur. de Luxembourg Nous reprendrons cette année notre excellente collaboration avec le Festival de Wiltz. Nos deux Festivals ont inscrit à leur programme de 2013 un concert de l’Orchestre Anima Eterna.

Signalons également que nous organiserons cette année dix grands concerts au lieu de neuf les années précédentes : Benoît Mernier, accompagné de la cantatrice Sophie Karthäuser, se produira sur le magnif ique nouvel orgue de l’église de La Roche. La Roche devient de ce fait un nouveau lieu s’ouvrant à notre Festival.

Comme les années précédentes, le Royal Juillet Musical maintiendra sa politique en faveur des jeunes artistes en organisant quatre concerts « coup de cœur » permettant à des jeunes talents prometteurs originaires ou non de notre Province de s’exprimer en public (signalons une heureuse conséquence de cette politique : le soliste qui se produira cette année le 6 juillet à Saint-Hubert avec l’Orchestre National de Belgique ne sera autre que le jeune harpiste David Lootvoet, coup de cœur en 2005, et qui est aujourd’hui harpe solo à l’Orchestre de l’Opéra de Paris) ; et en mettant sur pied un « Festival des Jeunes » ouvert aux meilleurs élèves des Académies de Musique de la Province de Luxembourg, qui se produiront dans un spectacle pluridisciplinaire.

Une première pour notre Festival : la pianiste Juliana Steinbach, soliste du concert de clôture, donnera une master class le 28 juillet.

Le Royal Juillet Musical poursuivra également cette année sa collaboration avec les Cellules Article 27 de la Province en vue de permettre l’accès aux concerts des personnes économiquement démunies. Il organisera à nouveau par ailleurs un concert dans un home pour personnes âgées.

Merci une fois de plus aux généreux sponsors, mécènes et partenaires du Royal Juillet Musical et à la Province de Luxembourg qui, avec l’aide de la Fédération Touristique du Luxembourg belge et des Communes accueillant nos concerts, nous apportent à nouveau cette année – en dépit d’une conjoncture économique diff icile – une importante contribution f inancière et matérielle.

Et merci au Festival de Wallonie qui offre comme toujours un soutien artistique et f inancier eff icace et généreux à son représentant luxembourgeois.

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Edito La musique classique est un art et un plaisir à vivre, à partager, de clôture par la pianiste et elle se doit d’être accessible au plus grand nombre. Juliana Steinbach. Pour nous en convaincre, si besoin, le Festival de Wallonie a opté cette année pour un thème particulièrement séduisant : Terre de festivals, « Rêveries, passions… ». Un thème que le Royal Juillet Musical la Province de Luxembourg a choisi de décliner sous toutes ses formes, entre ciel et terre. peut s’enorgueillir d’accueillir un festival de musique Depuis 1958 de très grands artistes, de très grands classique aussi prestigieux orchestres se sont succédé, et se succèdent encore, que le Royal Juillet au Royal Juillet Musical, pour nous faire apprécier Musical, un festival où tous les plus grands compositeurs. les genres sont représentés : musique ancienne, baroque, L’édition 2013 n’échappera pas à la règle puisque nous romantique, contemporaine, Philippe Greisch, avons, cette année, l’immense plaisir d’apprécier Ludwig vocale, instrumentale, Administrateur délégué van Beethoven, Richard Wagner, Joaquín Rodrigo, Johannes profane, sacrée, musique de Brahms, Robert Schumann, Wolfgang Amadeus Mozart, chambre ou symphonique... Carl Philipp Emanuel Bach, Joseph Haydn, Maurice Ravel, Serge Prokofiev, Piotr Ilitch Tchaïkovski, Johann Sebastian Soyez les bienvenus à Saint-Hubert, où se déroulent Bach, Henry Purcell, Dimitri Chostakovitch, Felix Mendelssohn- traditionnellement les concerts d’ouverture et de clôture, Bartholdy, Franz Schubert,…Une palette exceptionnelle, mais aussi à Marche, Libin, Nassogne, La Roche, Libramont. vous en conviendrez! A Forrières, Arville, Smuid et Awenne, pour les concerts « Coup de Cœur ». Sans oublier le désormais traditionnel Saluons aussi les talentueux interprètes, solistes, ensembles spectacle pour enfants à la Ferme de Chirmont, le 14 juillet. et orchestres qui nous ouvrent la voie du rêve et de l’évasion : l’Orchestre National de Belgique, avec Andrey Boreyko à Formulons le vœu que ce très beau programme attire un la baguette; le Chœur de Chambre de Namur, sous la direction public nombreux et que les plus jeunes prennent autant de de Patrick Davin, par ailleurs, invité d’honneur du Festival plaisir que leurs aînés à apprécier la musique classique. de Wallonie 2013 ; Anima Eterna, avec Jos van Immerseel ; Boyan Vodenitcharov et les Solistes de la Monnaie ; Scherzi Nous conclurons par cette citation de circonstance, attribuée Musicali ; ; les Quatuors Alfama et Byron… à Wolfgang Amadeus Mozart : « Le vrai génie ne saurait être sans cœur. Car ni une intelligence supérieure à elle seule, Notons encore le concert inaugural du nouvel orgue de ni l’imagination seule, ni les deux ensemble ne font le génie. l’église décanale de La Roche-en-Ardenne, avec Benoît Amour ! Amour ! Amour ! Voilà l’âme du génie. Mernier et la soprano Sophie Karthäuser. Et, enfin, le concert (Avril 1787) ». Introduction aux concerts La passion et le rêve sont des éléments essentiels Les moyens réunis par les compositeurs pour de toute création artistique, et les musiciens de traduire cette étonnante palette de tous les âges n’ont pu soustraire leur esprit et sentiments sont eux-mêmes très diversifiés, leur imagination à l’emprise des sentiments allant de la voix jusqu’au majestueux orchestre les plus forts qui traversent une vie. symphonique, du piano, l’ami de toujours, à l’orgue, l’envoyé plénipotentiaire de l’humanité Ce sont là, en effet, de véritables et précieux auprès de Dieu. Vous retrouverez tous ces mondes ferments pour une création conçue à l’aune de sonores sensibles au gré des rendez-vous fixés tout la diversité des émotions qui jalonnent une au long du mois de juillet, en compagnie d’artistes existence et dont les artistes sont des traducteurs inspirés, jeunes pousses au tempérament fougueux inspirés. Ces émotions, tour à tour puissantes ou ou musiciens expérimentés, grands arpenteurs des raffinées, revendiquées avec intensité ou via mondes rêvés et des émotions subtiles. de délicats chuchotis, présentent une variété de textures dont notre programmation Tous n’auront qu’une ambition : vous faire tout se propose de vous donner un aperçu. simplement partager l’émotion et le pouvoir de la musique, celle des moments uniques au S’y côtoient en effet les chants d’amour cours desquels le temps lui-même est suspendu ouvertement déclarés avec passion, les dialogues et où les mots seuls ne peuvent plus traduire raffinés des alcôves où bruissent soupirs et l’intensité des battements d’un cœur amoureux. confidences, les accords majestueux d’une foi vibrante, ou encore les souvenirs émus, les albums Els Celis de voyage transcendés par la douce nostalgie. Conseillère artistique

5 Coups de cœur 2013 à ne pas manquer !

La Sonatine Le Chœur d’Enfants & de Jeunes Forrières Mozaïk Voices, Ensemble vocal Eglise Saint-Martin Jean Lambert & Gwendolyne Spies, direction Ensemble Estampe Vendredi 28 juin 2013 I 20h Ensemble instrumental Jehanne Strepenne, direction et violon Evelyne Marmann, violon Une belle histoire d’amourS… Rainer Staringer, alto Qu’il soit sacré ou profane, l’Amour se décline en d’infinies variations Borbala Janitsek, violoncelle qui alimentent nos vies de cette substance vitale, source de vraie joie. Carolina Valbuena, clavecin L’amour vertueux, qui engendre les saints et les vrais héros, au même Emmanuel Teusch, hautbois titre que le simple sentiment bienveillant, inspirent depuis des siècles Monique Richard-Persoons, flûte traversière l’artiste à travers des oeuvres dont la beauté nous touche souvent, Carolina Valbuena, Marin Baslon, piano nous émeut parfois et contribue à nous rendre heureux. Gwendolyne Spies, soprano Le programme de ce concert est construit autour de quelques Aurélie Lambert, mezzo-soprano compositions choisies dans le répertoire vocal d’hier et d’aujourd’hui; véritables chefs d’oeuvre ou simples chansons, ces quelques pièces Programme véhiculent des thèmes qui s’insinueront dans le coeur et l’esprit de ceux I - Amour Sacré qui veulent bien les accueillir avec bonté: une offrande musicale offerte Ennio Morricone I Gabriel’s oboe à un peuple lointain, la souffrance d’une mère devant le calvaire de son fils, joie de celle qui berce son enfant, gratitude et amour divin, mais Felix Mendelssohn-Bartholdy I aussi amour humain, de la justice, de la droiture, du beau et du bien; Extrait Elias: Hebe deine Augen auf témoignages d’amitié et simple plaisir d’une musique partagée, voilà le menu de cette soirée estivale que nous vous souhaitons agréable! (Trio des Anges) Ernani Aguiar I Salmo 150 Les choristes de La SONATINE et de MOZAÏK VOICES vous remercient John Rutter I Agnus Dei vivement pour votre présence. Giovanni Battista Pergolesi I Extraits Stabat Mater : La Sonatine Stabat Mater - Fac ut ardeat - « La SONATINE » asbl – Ecole de Chant Choral d’Arlon est Sancta Mater istud agas - Amen un chœur d’enfants et de Jeunes créé en 1987 par Jean Lambert. Antonio Vivalidi I La découverte du monde de la musique polyphonique et l’apprentissage du chant demandent un cheminement long et Magnificat (RV 610) : Magnificat- progressif que la Sonatine propose de parcourir dès le plus jeune Et exultavit - Et misericordia eius âge (à partir de 5 ans). Structurée en Ecole, à côté de la pratique hebdomadaire du chant choral, la Sonatine propose des cours de - Fecit potentiam - Deposuit, Esurientes - solfège et de chant dispensés par des professeurs diplômés. Suscepit Israel - Sicut locutus - Gloria patri Depuis plus de 25 ans déjà, la chorale partage son plaisir de chanter II - Amours profanes avec des jeunes de tous horizons. C’est ainsi que le chœur a des amis partout en Europe et jusqu’au Japon. Yves Piller I Pinsons du Nord Gioacchino Rossini I Duo des Chats L’ensemble compte à son actif plusieurs prix récoltés lors de différents concours : 1er prix de l’Europees Festival voor de Jeugd William L. Dawson à Neerpelt (B), 1er prix européen à Wiltz (GD Lux), prix du meilleur I Ain’ a that good news! chœur d’enfants au concours de la Communauté Française,… Quelques invitations prestigieuses constituent aussi de véritables J. Lennon-P. Mc Cartney- récompenses, parmi elles : invitée « coup de cœur » à 3 reprises au The Kings Singers I Yesterday Festival du Juillet Musical de Saint-Hubert (2005-2007 et ...2013), Ian Grant-Lionel Rand I Let there be love participation avec les Chœurs de la Monnaie et Aka Moon aux représentations organisées pour le 175ème anniversaire de la Negro Spiritual I Let it shine Belgique, invitation à représenter la Province de Luxembourg au Maritza Nunez-Timo: Juhani Kyllönen Palais Royal de Laeken, rencontre avec la Famille Royale,… I Duerme dulce nino Après « Traits d’Union » et « Couleurs locales », le troisième CD Extraits Traits d’Union : de la Sonatine qui s’intitule « La SONATINE chante… des compositeurs Belges et Français » reprend, entre autre, Choses à se dire, Nationalités un premier enregistrement mondial de la version avec orchestre “Climatsong” (Chanson du Climat) du Cirque Volant de Jean Absil. 6 Mozaïk Voices La naissance de cet ensemble vocal de jeunes adultes est la suite logique du long voix notamment avec Hélène Bernardy, Philippe Ponthir, parcours musical qu’ils ont vécu, pour la plupart, Marie-Reine Nimax, Laure Delcampe, et depuis plusieurs au sein de la SONATINE, asbl Ecole de Chant Choral d’Arlon, mois maintenant avec Gwendoline Spies qui lui dispense sous la direction de Jean Lambert. Leur répertoire, comme ses meilleurs conseils de professionnelle du chant. leur nom le sous-entend, n’exclut aucun genre musical et Elle a également suivi un stage et des cours particuliers c’est avec un plaisir égal et une curiosité insatiable qu’ils de jazz vocal auprès de Vincent Antoine, musicien et explorent les musiques vocales de tous styles, qu’elles soient artiste d’exception aux multiples facettes. sacrées ou profanes, a cappella ou accompagnées. Mozaïk Après avoir chanté longtemps dans le registre soprano, Voices se produit en général au court de concerts qu’il Aurélie s’oriente maintenant de plus en plus vers celui de partage avec les jeunes de la Sonatine. Ils ont notamment mezzo-soprano et la complicité qui réuni aujourd’hui ces fait leurs débuts au Japon en 2008 et se sont produit à deux anciennes choristes de la Sonatine est particulièrement la Philharmonie de Luxembourg, à Londres, Bruxelles vivante dans le programme baroque de ce concert. ainsi qu’à plusieurs reprises à Arlon et dans la région. En plus de son rôle de choriste de Mozaïk Voices, Aurélie anime depuis de nombreuses années la Cantourelle Jean Lambert de la Sonatine (enfants de 5 à 7 ans) au sein de laquelle La Direction Musicale de la Sonatine est assurée par les plus jeunes choristes peuvent profiter de ses son fondateur Jean Lambert. Musicien amateur, celui-ci compétences pédagogiques d’institutrice en même temps pratique cet art avec passion depuis sa jeunesse. Outre que de ses qualités musicales. le chant qui occupe une place primordiale depuis son enfance comme choriste et soliste, son parcours musical, sous l’impulsion du Frère Charles Lesire, est passé par l’étude du violon auprès de Raymond Labranche, le Ensemble Estampe solfège et l’harmonie écrite à l’Académie d’Arlon, les « ESTAMPE » est un ensemble de musique de chambre cours de direction chez Pierre Nimax et les nombreux à «géométrie variable» qui réunit des musiciens stages de directions suivis en Belgique et en France. Après professionnels passionnés et talentueux autour de projets avoir fait partie de plusieurs ensembles vocaux, il est d’accompagnements de divers chœurs et ensembles vocaux, encore actuellement membre du Chœur de Chambre du et de créations d’oeuvres contemporaines. La violoniste Conservatoire de Luxembourg et s’initie au hautbois. Jehanne Strepenne assure la direction de cet ensemble. Au sein de Mozaïk Voices, il joint le plaisir de chanter à celui de diriger. Cette participation active favorise Jehanne Strepenne sensiblement l’engagement individuel de chaque choriste Elle est Belge, violoniste diplômée du conservatoire et la complicité réciproque dans un esprit chambriste. Tchaïkovski de Moscou en tant que soliste, musicienne de chambre, artiste d’orchestre et pédagogue et elle est Gwendoline Spies agrégée du conservatoire de Mons. Jehanne Strepenne Ancienne choriste de la Sonatine, Gwendoline a obtenu est professeur de violon à l’école privée «Les petits son Master en chant classique en 2009 au Koninklijk violons» à Ethe (Belgique). Elle est membre de l’orchestre Conservatorium Brussel. Après une solide formation de chambre Estro Armonico et de l’ensemble de musique auprès de professeurs tels que Margarida Natividade, contemporaine Luxembourg Sinfonietta. Dinah Bryant, Alexander Oliver, Beatrijs De Vos, Elle joue régulièrement pour l’orchestre de chambre Greta De Reyghere, Benoît Giaux, Hélène Bernardy..., « Les musiciens » de Luxembourg. elle poursuit diverses expériences en art lyrique, études Elle attache beaucoup d’importance à la musique de de scènes (Nozze de Figaro, Carmen, West Side Story...), chambre et joue dans différentes formations. masterclasses internationales, stages de musique pour Elle aime explorer le patrimoine musical régional et enfants,...et se produit également en récital. le présenter au public (redécouverte du compositeur En plus de la formation vocale qu’elle assure au sein de gaumais Antoine Toulmonde). Elle est promotrice de projets la Sonatine depuis 2 années, elle a accepté de prendre la pédagogiques permettant une meilleure approche de direction du choeur d’enfants pour cette année 2012-2013. la musique classique (concerts-conférences à l’Académie de Bertrix, à l’Université de Luxembourg). Elle est Aurélie Lambert également membre du comité musical du Pôle musical et Elle a fait partie de la SONATINE dès sa fondation en 1987. de l’orchestre philharmonique transfrontalier, dont elle Au départ de l’univers musical familial, elle s’est ensuite est konzertmeister. Elle assure la direction musicale de construit une solide formation en participant à différents cet orchestre. Elle se produit régulièrement en soliste, en stages de chant et de direction au sein de la fédération ACJ, récital ou au sein de petits ensembles en Belgique, France, de l’IMEP et de l’INECC. Elle n’a jamais cessé de travailler sa Luxembourg, Allemagne, Tchéquie, Estonie, Russie, Chine. 7

Saint-Hubert Basilique Samedi 29 juin 2013 I 20h Festival des Jeunes

La soirée des Académies ! Comme l’Académie de Saint-Hubert fête cette année ses 50 ans, il a été décidé d’organiser la neuvième édition du Festival des Jeunes dans la Basilique. Cet évènement est le fruit d’une étroite collaboration entre les Académies de musique, des arts de la parole, de danse et des beaux-arts de la Province de Luxembourg et du Festival Royal Juillet Musical de Saint-Hubert d’une part, mais également de Belfius qui soutient, depuis de nombreuses années déjà, les jeunes artistes belges. Déborah Delsupexhe, Cette fois, le public découvrira un ensemble Chœur d’Enfants, Danse, de nouveaux talents, grâce à un spectacle Marie-Odile Coquay, pluridisciplinaire diversifié. Louise Thomas, Eloïse Barreau, Camille Pêcheur, Venez nombreux encourager ces jeunes artistes ! Martin Gennen

Programme Jean-Sébastien BACH Isaac ALBENIZ (1860-1909) Heinrich SUTERMEISTER (1685-1750) I « Asturias » (1910-1995) I Concerto en fa mineur BWV 1056 Déborah Delsupexhe, guitare I « Capriccio » Largo (2° mouvement) – Académie de Musique de Bertrix, Marie-Odile Coquay, clarinette Allegro (1° mouvement) classe de Geneviève Wavreille Académie de Musique d’Arlon, Martin Gennen, piano classe de Marc Sosson Académie de Musique de Malmedy, Eugène BOZZA (1905-1991) classe de Pascale et Bénédicte I « Soir dans les montagnes » Wim MERTENS (°1953) Peiffer-Chavet Camille Pêcheur, flûte traversière I “Struggle for Pleasure” Ensemble à cordes « Accord’Ames» Cécile Brion, piano (Arr. JM. Monart) pour percussions sous la direction de Gérard Close Académie de Musique de Bouillon, Christine ARNOULD, Timothée DENEFFE, classe de Vicky Vaernewyck Louis PAUL, Maxime BORLON Jean-Sébastien BACH Académie de Musique de Saint-Hubert, Joachim ANDERSEN (1847-1909) classe de Jean-Michel Monart (1685-1750) I “Scherzino” op. 55 n° 6 I Concerto en ré mineur BWV 1043 Eloïse Barreau, flûte traversière Nebojsa Jovan ZIVKOVIC Vivace – Largo ma non tanto - Allegro Cécile Brion, piano Fanny SARLETTE, hautbois I “Sizilianisches Lied – Silvia’s Lied” Académie de Musique de Bouillon, Timothée DENEFFE, marimba Olivier SCHMITT, violon classe de Vicky Vaernewyck Académie de Musique de Malmedy, Académie de Musique de Saint-Hubert, classe de Jean-Michel Monart classe de Bénédicte Chavet (hautbois) Georges BIZET (1838-1875) Ancien élève de la classe de Yasmina I « Chœur des enfants des rues », CINQ CHANSONS Chauveheid (violon) extrait de « Carmen » Michel Polnareff - Actuellement élève de Philippe Koch Eloïse Barreau et Camille Pêcheur, Qui a tué Grand-maman (Conservatoire Royal de Liège) flûte traversière Yves Duteil - La puce et le pianiste Ensemble à cordes « Accord’Ames» sous Cécile Brion, piano Jean Humenry - Mon bateau de papier la direction de Gérard Close Académie de Musique de Bouillon, D. Waggoner - Enfants de paix classe de Vicky Vaernewyck « Autrement » - Spectacle danse, Arr : E. Rentz/R. Byrnes - Arlequin dans sa boutique musique, paroles Wolfgang Amadeus MOZART Chœur d’enfants Acalux Chorégraphie et mise en scène : (1756-1791) Académies de Musique de Saint-Hubert Sophie Yernaux I « Giunse alfin… Deh vieni », et Neufchâteau Musiques : air de Susanna, extrait de Direction : Anne-Françoise Lebrun Dario Marianelli et Secret Garden « Le Nozze di Figaro » Interprètes : Lambert Clara (également Louise Thomas, soprano soliste violon), Bidaine Eléonore, Cécile Brion, piano Burrows Inès, Renier Emmeline, Académie de Musique de Bouillon, Thiry Chloé classe de Sophie Dury Académie de Musique de Bastogne, classe de Sophie Yernaux 9

Saint-Hubert Basilique Samedi 6 juillet 2013 I 20h Orchestre National de Belgique

Andrey David Boreyko Lootvoet

Andrey Boreyko, direction David Lootvoet, harpe

Paysages romantiques Programme Richard Wagner (1813 – 1883) Un bouquet de senteurs I Ouverture «Le Vaisseau Fantôme» et d’épices variées Joaquin Rodrigo (1901 – 1999) C’est avec des moyens très différents I Concerto de Aranjuez mais ô combien efficaces que Beethoven pour harpe et orchestre évoque le destin d’un héros, - Allegro con spirito tandis que Wagner peint le redoutable - Adagio - Allegro gentile Vaisseau fantôme et que Rodrigo chante sa terre natale. * * *

Au final, un tableau des plus variés, Ludwig VAN Beethoven (1770 – 1827) un kaléidoscope de couleurs et I Symphonie n°3 en Es majeur, un très beau voyage en perspective ! op. 55 “Héroïque” - Allegro con brio - Marcia funebre - Adagio assai - Scherzo : Allegro vivace - Alla breve - Tempo primo - Finale : Allegro molto - Poco Andante - Presto

11 Les interprètes

Andrey Boreyko I direction Tout en terminant avec succès Orchestre National Né à Saint-Pétersbourg. Études sa scolarité, il suit durant deux de Belgique de direction d’orchestre et de ans l’enseignement de Germaine Depuis plus de 75 ans, l’ONB in- composition au Conservatoire Lorenzini. En 1999, il obtient après terprète avec passion les grands Rimsky-Korsakov de sa ville natale. un an d’études au Conservatoire classiques du répertoire sympho- Actuellement : e.a. directeur musi- Royal de Rotterdam un premier prix nique et soutient avec la même cal du Düsseldorfer Symphoniker, à l’unanimité et réussit la même vigueur la musique de son temps. et premier chef invité du Radio- année le concours d’admission du Andrey Boreyko est son nouveau Sinfonieorchester Stuttgart et de Conservatoire National Supérieur directeur musical et succède ainsi l’Orquesta Sinfónica de Euskadi de de Paris dans la classe d’Isabelle à des chefs aussi inspirés qu’André San Sebastian. Septembre 2012- Moretti. Il y remporte en 2003 un Cluytens, Michael Gielen, Mikko 2017, chef principal de l’ONB. In- premier prix de musique de cham- Franck ou Walter Weller. L’orches- térêt pour la musique postérieure bre et en 2004 un premier prix de tre est un partenaire privilégié du à 1900 et proche collaboration harpe à l’unanimité. Par ailleurs, Palais des Beaux-Arts de Bruxelles avec Górecki, Gubaidulina et Pärt. en 1996 il remporte le premier et se produit régulièrement auprès Vaste discographie dévoilant sa di- prix du Concours International Lily des trois communautés de Belgique versité artistique. Enregistrements Laskine et l’année suivante le deuxiè- à travers l’ensemble des provinces d’œuvres de Takemitsu, Silvestrov, me prix du Concours International du pays. Il collabore étroitement Chostakovitch et Pärt. 2011: enre- Félix Godefroid. En 2004, il est lau- avec le Concours Reine Elisabeth, gistrement du concerto pour violon réat du Festival Musical d’Automne accompagne les plus grandes voix Chain 2 de Lutoslawsky avec le Los des Jeunes Interprètes, ces concours de l’opéra, développe de nombreux Angeles Philharmonics et le violo- lui permettent de se produire en projets éducatifs à destination des niste M. Chalifour. tant que soliste dans divers festivals jeunes. Sa réputation internationa- aussi bien en Europe qu’en Asie le ne cesse de se renforcer, par les David Lootvoet I Harpe ou aux Etats-Unis. En 2003, il est concerts et sa série de disques pri- Né en Belgique (Arlon) le 14 mai sélectionné pour l’Orchestre ainsi més chez Fuga Libera. 1981, David Lootvoet commence que pour le Festival de Verbier lors des études musicales dès l’âge de d’auditions mondiales sous la direc- 7 ans. Après quelques cours parti- tion de chefs tels que James Levine, culiers, il intègre le Conservatoire Youri Termikanov, Mikko Franck, Supérieur du Luxembourg dans la Charles Dutoit, Valery Guerguiev, classe de Charlette Boulet où il ob- Seiji Osawa. tient son premier prix de harpe à Depuis décembre 2005, David l’unanimité à l’âge de 14 ans. Lootvoet occupe la place de pre- mière Harpe Solo à l’orchestre de l’Opéra National de Paris. Les commentaires Compositeur au tempérament gé- œuvres marquantes de Beethoven celle du général Bonaparte. Il est in- néreux, Ludwig van Beethoven sont parcourues par ces préoccu- déniable que ce dernier est présent laisse l’image d’un artiste qui évo- pations sociales et politiques, tels à l’esprit du compositeur au mo- lue en marge de la société (sa sur- l’opéra Fidelio ou le célèbre Hymne ment où il écrit sa Troisième Sym- dité précoce ne l’aide certes pas à à la Joie de la Neuvième Sympho- phonie, ou encore son Cinquième s’insérer dans les cercles bourgeois nie. D’autres opus magnifient la Concerto pour piano, en tant que et aristocrates viennois) mais qui figure du héros vers qui tous les champion d’un nouveau monde ca- paradoxalement est très à l’écoute regards convergent dans l’espoir pable enfin de briser le carcan de d’un monde qui bouge, mû par d’un destin fabuleux, voire d’une la dictature, de l’immobilisme et de de nouveaux idéaux. Il se montre rédemption collective. Idée abso- la féodalité. On sait que Beethoven ainsi très intéressé par les idées des lument romantique que celle-là, envisage réellement d’appeler sa Lumières, par les utopies de la Ré- que Beethoven incarne idéalement nouvelle symphonie « Bonaparte » volution française, par une certaine en matière musicale pour sa géné- (il le précise à son éditeur dans une idée de nouvelle fraternité hu- ration. De ce point de vue, il est lettre du 26 août 1804). Mais bien- maine… et par les héros qui sem- logique que l’épopée révolution- tôt la désillusion est grande, comme blent les plus à même de porter ces naire française serve de terreau le raconte son ami Ferdinand Ries : idéaux, de mobiliser les énergies, à l’imagination du compositeur, « dans cette symphonie, Beethoven de concrétiser les aspirations légiti- et plus encore la figure héroïque s’était proposé pour sujet Bona- mes des peuples d’Europe. Plusieurs qui s’en dégage irrésistiblement : parte, à l’époque où celui-ci était

12 Les commentaires (suite)

encore premier consul. Jusqu’alors, principal, emprunté au ballet Les achève l’écriture de son opéra en Beethoven en faisait un cas extra- Créatures de Prométhée. Quand 1841 avec l’Ouverture que vous ordinaire et voyait en lui l’égal des on connaît les idées humanistes écouterez ce soir. A la scène, l’œu- plus grands consuls romains. J’ai vu de Beethoven, on ne s’étonne pas vre connaît des débuts un peu hési- moi-même, ainsi que plusieurs de qu’il se soit intéressé au mythe de tants, entraînant diverses retouches ses amis intimes, cette symphonie Prométhée, le premier des héros, de la part du compositeur. Elle s’im- écrite en partition sur sa table ; tout celui qui découvre à l’homme tou- pose néanmoins progressivement en haut de la feuille de titre était tes ses possibilités et la noblesse de en Europe à partir des années 1870, écrit le nom de Buonaparte. Je fus sa destinée. Comme dans la future pour faire finalement le tour du le premier qui apporta à Beethoven Neuvième Symphonie, elle aussi monde avant la fin du 19ème siècle. la nouvelle que Bonaparte s’était chargée de symbolisme, le Finale déclaré empereur. Là-dessus, il en- est donc l’apothéose de l’œuvre, et Le Vaisseau Fantôme est aujourd’hui tra en fureur et s’écria : « ce n’est c’est ici que le thème de Prométhée l’un des opéras les plus appréciés donc rien de plus qu’un homme prend toute sa signification. de Wagner. Un des amis du com- ordinaire ! Maintenant, il va fouler Jusqu’au bout, Beethoven haïra le positeur lui a dit un jour « où que aux pieds tous les droits humains, Bonaparte devenu Napoléon. Mais vous ouvriez cette partition, le vent il n’obéira plus qu’à ses ambitions ; le témoignage musical de ce mo- vous frappe au visage ! » Cette bel- il voudra s’élever au-dessus de tous ment d’histoire demeure ! Appre- le formule s’applique en tout cas les autres, il deviendra un tyran ! » nant en 1821 la mort de Napoléon à l’Ouverture, qui nous emmène Il alla vers sa table, saisit la feuille de à Sainte-Hélène, Beethoven décla- d’emblée en pleine bourrasque, et titre, la déchira de bout en bout et re : « il y a dix-sept ans que j’ai écrit nous offre une image de navire, de la jeta par terre. La première page la musique qui convient à ce triste nuit et d’orage particulièrement fut réécrite à nouveau, et alors la événement. » prenante. symphonie reçut pour la première fois son titre : Sinfonia grande - Que l’univers de Richard Wagner Par rapport à ce déferlement sau- Eroica – per festeggiare il sovvenire à l’opéra soit peuplé de héros est vage des éléments, le Concierto de di un grand’uomo ( pour célébrer le une évidence ! En voici un à la Aranjuez de Joaquín Rodrigo ap- souvenir d’un grand homme). » réputation des plus sulfureuses : paraît comme une oasis de calme La Troisième Symphonie marque le Hollandais volant, marin maudit et de sérénité, balayée par un doux une étape capitale dans l’œuvre de qui, tous les sept ans, a le droit d’ac- zéphyr aux accents voluptueux. Beethoven et même dans l’histoire coster afin de chercher une femme Adepte d’une écriture foncière- de la musique, car elle est sans pré- qui, par sa fidélité éternelle, lui ment tonale qui sait flatter le patri- cédent par sa durée (une cinquan- rendra la liberté suprême, la mort. moine folklorique espagnol sans en taine de minutes, ce qui déconcerte Une histoire qui doit dire quelque être l’esclave, Rodrigo s’est forgé le public de l’époque), son énergie chose même aux plus jeunes d’entre une carrière honorable au cours rythmique, l’importance des dé- nous puisque les Studios Disney s’en de laquelle il s’est taillé une répu- veloppements, la puissance de sa sont intelligemment emparés au tation de spécialiste de cette forme construction. Ecrite en 1803/1804 moment de concevoir leurs fameux très classique qu’est le concerto. et créée en avril 1805 au théâtre Pirates des Caraïbes ! Des années 1930 jusqu’aux années An der Wien, elle est la première 1980, il a ainsi composé des concer- d’une série d’œuvres qui font de C’est en français que Wagner écrit tos pour guitare, pour harpe, pour Beethoven un modèle à la fois la première mouture du scénario flûte, pour piano, pour violoncelle, admiré et intimidant pour plu- du Vaisseau Fantôme, inspiré d’une pour violon,… : des œuvres colo- sieurs générations de musiciens. En nouvelle de Heinrich Heine. C’est rées, facilement abordables par substituant Eroica à Buonaparte, que le compositeur vise alors une tous les publics, pleines d’effets Beethoven élargit la portée de son carrière parisienne, et son récent savoureux et de climats poétiques. œuvre, en lui donnant une dimen- voyage très mouvementé en Mer Le Concierto d’Aranjuez, qui porte sion plus universelle. Le titre géné- Baltique (allant de Riga à Londres, le nom de l’un des palais royaux les ral de la symphonie s’applique de en 1839) l’a tellement marqué qu’il plus imposants de Madrid, date de toute évidence au premier mouve- semble encore l’esprit plongé dans 1939. Il s’agit d’un concerto pour ment, qui frappe par sa grandeur, la tempête : un « coup de tabac » guitare, dédié à l’un des plus grands son énergie, sa puissance, sa coda de première catégorie, qui avait virtuoses de l’époque, Regino Sainz triomphante. Il concerne égale- obligé le capitaine du navire à cher- de la Manza. Il vous est présenté ment le second mouvement, qui est cher asile de toute justesse dans le ce soir dans une version arrangée une marche funèbre d’une ampleur petit port norvégien de Sandvike pour harpe, un instrument très ap- sans précédent, solennel et grandio- (c’est là qu’accosteront le navire précié lui aussi par Rodrigo comme se hommage posthume au héros. de Daland puis le Hollandais vo- en témoigne son superbe Concierto Si le Scherzo semble plus réservé lant dans la version définitive du serenata pour harpe et orchestre par rapport à l’ambiance fiévreuse Vaisseau Fantôme). (1952). qui l’entoure, le Finale renoue avec cette thématique héroïque, no- N’ayant pu s’imposer en France, tamment par le biais de son thème Wagner revient en Allemagne et

13 Entretien avec David Lootvoet

à l’opéra de la Monnaie, comme une grande culture musicale mais quoi l’histoire se répète…!) et son extrêmement différente: l’échan- instrument a été conservé dans ge fut enthousiasmant. la famille. Ainsi depuis tout petit je passais devant cet instrument I Puis après, un grand qui a dû bien plus m’impressionner tournant dans votre vie : que le piano familial. 2005. Vous avez remporté le L’amour de la musique a toujours concours de Super Soliste à été là. Je réagissais beaucoup à la l’Opéra National de Paris. musique et dès mes trois ans j’ai Quel titre prestigieux que demandé une guitare pour ma peu de musiciens pourront Saint-Nicolas. s’approprier ! Pourriez-vous A l’âge de cinq ans c’est une harpe nous détailler cette étape ? que j’ai réclamée à mes parents Oui, rentrer au sein d’une grande qui cèderont un an plus tard à ma formation telle que celle de l’Opé- demande. Comme ma famille ne ra de Paris change le quotidien. savait pas où m’inscrire afin d’étu- Depuis la fin de mes études au dier cet instrument, ma grand- CNSM de Paris en juillet 2004 j’ai I Voici un grand moment tant mère a écrit à Lily Laskine (rien de commencé à passer des concours attendu pour vous comme moins…!) afin de savoir où je pou- d’orchestre et un an et demi plus pour nous ! La finalité de vais trouver une personne pour me tard j’ai eu la chance de réussir nos coups de cœur est bien faire débuter. celui qui me tenait le plus à cœur. de pouvoir un jour inviter J’ai alors rencontré Madame Nous étions si mes souvenirs sont le jeune talent dans un Boulet-Fourot qui m’enseignera bons à peu près 60 candidats pré- de nos grands concerts. la harpe en cours privé, je l’ai ensui- sents ce jour-là. Au départ il y avait Plusieurs de nos spectateurs te suivie au Conservatoire Grand- deux places à pourvoir mais j’ai se souviendront de votre Ducal de Luxembourg. finalement été le seul à avoir été magnifique prestation en pris. Un concours comme celui-là 2005… On avait compris que I Tout quiconque a déjà vu est toujours ardu et compliqué. devant nous se produisait un jouer un(e) harpiste de tout Ardu car le concours se décompose artiste en devenir et originaire près comprend l’immense en trois tours éliminatoires où l’ins- de notre province ! Je suppose difficulté de cet instrument … trumentiste doit jouer derrière pa- que vous êtes heureux de Je suppose que l’apprentissage ravent les œuvres solo et d’orches- revenir chez nous dans de demande beaucoup de tre les plus difficiles du répertoire. telles circonstances ? persévérance ? Compliqué car il y a toujours une En effet, je suis très content de Vu l’envergure de l’instrument et le part d’imprévu et de subjectif lors pouvoir revenir jouer dans ma ré- jeu de pédales à actionner, la har- d’un concours de musique. On est gion. Il est vrai que ce concert de pe est assurément un instrument dans un bon jour ou pas, en forme 2005 avec le percussionniste Pascal difficile. Néanmoins je pense qu’à ou malade, cela change la donne. Viglino restera un très bon sou- partir d’un certain niveau, tous les De plus, malgré un bon concours venir pour moi, tant dans l’élabo- instruments sont difficiles. Vouloir le jury pourra préférer un candidat ration du programme que nous s’approcher d’un idéal musical quel plutôt qu’un autre car il répondra avions choisi que dans l’accueil que soit son mode d’expression est plus aux attentes spécifiques d’un très chaleureux du public de Saint- un travail sans fin. orchestre précis. Hubert. En effet, bien que le pro- gramme ait été très contemporain, I Avant d’aller à Paris, vous I Et vous voici « plongé » dans de nombreux spectateurs étaient avez réalisé un opéra en Inde ? le grand répertoire de l’opéra ! venus nous témoigner leur intérêt D’où venait cette idée ? Aviez-vous déjà une affinité pour ces œuvres pourtant réputées En quoi consistait ce projet ? avec la musique d’opéra ou très difficiles d’accès, de compré- J’ai en effet participé à la réa- est-ce depuis votre entrée hension et d’écoute ! lisation d’un opéra en Inde. Cet dans l’orchestre que vous avez opéra s’inscrivait dans le désir de appris à connaître, apprécier I Quel a été l’élément promouvoir la musique classique et… et probablement aimer déclencheur pour le choix de dans un pays où elle est quasi- le répertoire ? la harpe ? D’où vient l’amour ment inconnue. Nous étions une Je n’avais à vrai dire pas encore pour la musique ? dizaine de musiciens européens à d’affinités spécifiques avec la mu- Le choix de la harpe a dû commen- encadrer les musiciens indiens ve- sique lyrique ou alors plus avec des cer par une attirance esthétique. nant pour la plupart des studios de lieder que l’opéra. J’ai découvert En effet mon arrière-grand-mère Hollywood. Ce fut une expérience un répertoire très riche qui m’est était harpiste (et a d’ailleurs joué très enrichissante car l’Inde a aussi maintenant très cher.

14 De plus je pense que spécialement particulier que vous admirez I Je suppose que vous n’avez pour un/une harpiste le travail dans ou qui vous ont marqué ? pas souvent l’occasion de une maison lyrique est très diffé- Je crois que je citerai Esa-Pekka jouer comme soliste avec rent de celui d’une maison sympho- Salonnen pour son magnétisme un orchestre symphonique nique. et Seiji Osawa pour sa force tran- et voilà que l’occasion Dans le répertoire symphonique, quille. se présente, chez vous, avec la harpe apporte plus souvent une le prestigieux Orchestre couleur qu’une partie mélodique I Je suppose qu’au niveau National de Belgique ? ou thématique. Au contraire, dans du répertoire vous avez Qu’est-ce que cela signifie la musique lyrique et plus fréquem- certainement une préférence pour vous ? ment encore dans le bel canto, les pour un ou plusieurs Même si j’ai eu plusieurs fois compositeurs ont souvent écrit des compositeurs ? l’opportunité de jouer en soliste solos entiers lors de la romance du Un opéra préféré ? avec orchestre, je suis évidemment ténor avec la soprano. De même C’est très difficile pour moi de don- très heureux de jouer avec un des dans le répertoire de ballet qui est ner une préférence. J’adore Puccini, meilleurs orchestres de Belgique! aussi souvent abordé par l’Orches- Strauss, Wagner, Mozart etc.. C’est tre de l’Opéra de Paris, une cadence peut-être la variété que j’aime le I Pourquoi avoir choisi entière est souvent écrite pour la plus car chaque période et chaque le concerto di Aranjuez de harpe. Cet instrument prend peut- compositeur ont leur charme. Rodrigo (qui est très connu), être alors une tout autre envergure surtout dans la version pour qu’au sein d’un orchestre sympho- I Le fait que le rôle de la harpe guitare et orchestre ? nique. dans certains répertoires soit Car c’est un concerto que je n’avais moins à l’avant plan ne vous pas encore joué et qui m’attire de- I Quand je regarde pose pas de problème, je sup- puis la petite enfance. le programme des différentes pose. Je m’imagine que la par- saisons, rien que les dernières tie de la harpe dans un opéra I Avez-vous d’autres projets années c’est vraiment comme « Pelléas et Mélisande » dans le futur ? impressionnant de voir les est beaucoup plus importante, Il y a toujours beaucoup de projets grands artistes qui y sont « audible » et riche que dans en cours, séance d’enregistrement, venus : pour ne citer que certaines autres partitions… musique de film, récitals, … quelques noms : Roberto En effet, le rôle de la harpe peut Alagna, Jonas Kaufman, être très important ou à l’inverse se I Un rêve? Anna Netrebko, Renée résumer à une petite participation. Bizarrement, rien de spécial ne me Fleming, Rolando Villazon, Il est plus agréable et gratifiant vient à l’esprit ; du moment où j’ai Nathalie Dessay,… sous les d’avoir une belle partie à jouer plu- compris que j’allais devenir harpis- baguettes de chefs comme tôt que de minuter les moments te professionnel, j’ai toujours rêvé Christoph Eschenbach, James où l’on ne joue pas afin de rentrer d’être dans un grand orchestre. Levine, Esa-Pekka Salonen, dans la fosse au bon moment. Je Aujourd’hui j’y suis et je profite de Pierre Boulez, Valery Gergiev, me console cependant en me di- chaque moment avec cet ensemble Seiji Osawa… Même si les sant que même si je n’ai que quel- et de toutes les opportunités que artistes un peu moins connus ques mesures à jouer parfois, cette cela m’offre, en tant que soliste, sont probablement aussi partie reste en solo et unique. Sans pédagogue ou chambriste. intéressants, cela doit être une dévaloriser d’autres instruments, expérience enrichissante de lorsque 14 ou 15 violons jouent Nous vous souhaitons un im- travailler avec le top mondial ? la même partie, ils ont une moindre mense succès ce samedi 6 juillet Pouvoir travailler avec de tels artis- importance individuelle et thémati- dans la superbe Basilique de tes est une chance et un privilège. que que la partie unique et donc Saint-Hubert ! Le travail qu’ils effectuent avec solo de la harpe. l’orchestre change entièrement (Interview : Els Celis) ce dernier. Son son, sa dynamique I A côté de votre carrière me changent aussi car ils vont me à l’opéra jouez-vous dans faire entendre et voir des choses d’autres ensembles ? Ou uniques. Ils vont réussir aussi à ex- comme soliste ? Est-ce difficile traire le meilleur de nous-mêmes ce de trouver des possibilités à qui rend ces moments et concerts Paris, à l’étranger ? exceptionnels. J’ai la chance d’être appelé pour divers projets que ce soit de la mu- I Au niveau des préférences sique de chambre, des enregistre- personnelles, y a-t-il un ou ments de films ou de participer à plusieurs chefs d’orchestre en des festivals en France ou ailleurs.

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Coups de cœur 2013 à ne pas manquer ! Arville Eglise Saint-Paul Dimanche 7 juillet 2013 I 15h Duo Hottias - Mathey Blossom Rhapsody Louise Hottias, percussions Percussions et bois... quoi de plus naturel ? me direz-vous. Le vent chantant Rudy Mathey, clarinette entre les feuilles, la chute des pommes de pin, les pas d’un écureuil de passage... Partant d’une telle formation, la direction de ce programme était toute tracée. Blossom Rhapsody est un recueil musical illustrant le naturel dans toutes ses Programme formes ainsi que leurs interactions avec l’humain. Intro Louise Hottias (percussions) et Rudy théâtre musical (dont le troisième membre Henri POUSSEUR (1929-2009) Mathey (clarinette), deux artistes issus des est la talentueuse chanteuse, Zoé Pireaux), Pour Baudelaire forêts ardennaises qui se sont rencontrés trio de musique contemporaine scénique. au Conservatoire Royal de Musique Pour ce spectacle, les deux interprètes ont de Liège, dans la classe de musique de imaginé un programme abordable pour Séquence 1 chambre de Vincent Royer. Ils sont tous tous et varié, parcourant l’histoire de la Mésomède DE CRÈTE deux membres fondateurs d’un trio de musique, de l’antiquité jusqu’à nos jours. (vers 130 après JC) I Hymne au Soleil Louise Hottias Karlheinz Stockhausen Louise Hottias a commencé la musique déjà participé à de nombreux festivals, (1928-2007) à l’âge de 5 ans. Elle a tout d’abord notamment le festival Ars Musica et I Tierkreis op 41 étudié le piano durant 10 ans puis s’est le festival Images Sonores dans lequel consacrée à ses deux autres instruments, elle a été invitée en tant que soliste en les percussions et le violoncelle qu’elle a percussions. Elle est régulièrement en Séquence 2 commencés respectivement à l’âge de contact avec des compositeurs actuels tels Heinrich Ignaz Franz VON Biber 10 et 11 ans. Elle étudie actuellement au que Michel Fourgon et Frederick d’Haene (1644-1704) Conservatoire de Liège en dernière année dont elle interprête les œuvres. I Sonata representativa de percussions dans la classe de Georges- Louise développe une passion pour Elie Octors et Gerrit Nullens. la pédagogie de la musique et Olivier Truan En 2008, elle a été lauréate du concours parallèlement à ses études, elle travaille I The Chase Dexia Classics en percussions. Louise est à L’Ecole Européenne de Luxembourg en Baudoin DE JAER (°1962) régulièrement sollicitée par l’Opéra de tant que professeur de musique. I Éclat du cerisier Liège ainsi que par l’Orchestre Acalux Depuis 2011, elle est régulièrement dirigé par Xavier Haag et elle a d’ailleurs engagée comme membre du jury en eu l’occasion de jouer en tant que soliste percussions aux Académies de Séquence 3 avec ce même orchestre. De plus, elle a Saint-Hubert et de Neufchâteau. Garrett List (°1943) I Flesh and Steel Rudy Mathey John Cage (1912-1992) Rudy Mathey commence ses activités I Experience 2 d’étendre ses références musicales et artistiques à l’âge de 3 ans en chantant se forme à de nombreux styles : dans une chorale de chants folkloriques. le Klezmer, la musique balkanique, Outro Voix de fausset, il chante dans des chœurs irlandaise, le Folk. Il se forme également Fabrizio Cassol (°1964) en tant que soliste jusqu’à l’âge de 12 ans à l’improvisation libre et au jazz. I Birds 10 et se forme parallèlement au jeu scénique. Il développe à nouveau sa formation de Ses débuts de clarinettiste se font dès comédien et remonte sur les planches l’âge de 7 ans à l’Académie d’Arlon et il se grâce aux stages de Seul en Scène de découvre une passion pour cet instrument. J. Lambert et B. Belvaux. Cet apprentissage « Cet instrument m’a permis de continuer lui donne l’envie d’écrire un spectacle à chanter même lorsque ma voix muait ! » entier, en y travaillant en parallèle à Louise Hottias est disait-il. Il rejoint le Conservatoire Royal ses études. Il découvre également des lauréate Belfius Classics. de Musique de Liège en 2008, dans la compositeurs de musique demandant une classe de J.P. Peuvion. Il se découvre un mise en scène et un jeu de comédien de grand intérêt pour les musiques classiques la part des interprètes. Cette rencontre des et contemporaines. Par après, il décide styles le suivra tout au long de sa carrière. 17

Marche-en-Famenne Programme Eglise Saint-Remacle Robert Schumann (1810 - 1856) I Spanisches Liederspiel op. 74 Dimanche 7 juillet 2013 I 20h (l’opérette espagnole) Introduction au concert - Es ist verraten par Patrick Davin I 19h15 - Ich bin geliebt I Minnespiel op. 101 - Schön ist das Fest des Lenzes - So wahr die Sonne scheinet I Spanische Liebeslieder Le Chœur de (Chants d’amour espagnols) - Dunkler Lichtglanz, blinder Blick Chambre de Namur Johannes Brahms (1833 – 1897) I Zigeuner Lieder, op.103 (Chants tziganes) - He, Zigeuner, greife in die Saiten - Hochgetürmte Rimaflut - Wißt ihr, wann mein Kindchen - Lieber Gott, du weißt - Brauner Bursche führt zum Tanze - Röslein dreie in der Reihe - Kommt dir manchmal in den Sinn Patrick Daniel Muhiddin - Horch, der Wind klagt in den Zweigen - Weit und breit schaut niemand mich an Davin Blumenthal Dürrüoglu - Mond verhüllt sein Angesicht - Rote Abendwolken ziehn am Firmament LiebesLieder I Liebesliederwalzer, op.52 (Chants et valses d’amour) Chants d’amour, lettres d’amour : - Rede, Mädchen, allzu liebes - Am Gesteine rauscht die Flut - O die Frauen le Romantisme au quotidien - Wie des Abends schöne Röthe - Die grüne Hopfenranke Avec Johannes Brahms, l’ami de toujours, - Ein kleiner, hübscher Vogel Robert et Clara Schumann nous emmènent - Wohl schön bewandt - Wenn so lind dein Auge mir sur les chemins de l’amour, chantent ou - Am Donaustrande, da steht ein Haus parlent en termes qui nous touchent. Au fil - O wie sanft die Quelle sich - Nein, es ist nicht auszukommen des mélodies lumineuses et de lettres intimes, - Schlosser auf, und mache Schlösser - Vögelein durchrauscht die Luft une escapade dans ce que le Romantisme - Sieh, wie ist die Welle klar offre de plus humain et de plus vrai. - Nachtigall, sie singt so schön - Ein dunkeler Schacht ist Liebe - Nicht wandle, mein LIcht Patrick Davin, direction - Es bebet das Gesträuche I Neue Liebesliederwalzer, op.65 (1869) Daniel Blumenthal et - Verzicht, o Herz, auf Rettung Muhiddin Dürrüoglu , piano - Finstere Schatten der Nacht - An jeder Hand die Finger - Ihr schwarzen Augen Noémie Dujardin et - Wahre, wahre deinen Sohn Eric De Staercke, narrateurs - Weiche Gräser im Revier - Alles, alles in den Wind - Schwarzer Wald Vincent Dujardin, mise en espace - Flammenauge, dunkles Haar - Zum Schluss

Lecture de textes de Clara Schumann et de Johannes Brahms 19 Les interprètes

Patrick Davin Jean Tubéry, Simon Halsey, Daniel Blumenthal I piano Présent sur le terrain de la créa- Sigiswald Kuijken, Pierre Bartholo- D’origine américaine, Daniel tion contemporaine ou dirigeant mée, Patrick Davin, Roy Goodman, Blumenthal est né en Allemagne. les grands classiques du répertoire, Michael Schneider, Philippe Pierlot, Il commence ses études à l’âge de Patrick Davin confirme une carrière Philippe Herreweghe, Peter Phillips, cinq ans et décroche les diplômes ouverte à toutes les musiques. Christophe Rousset, Eduardo López de l’Université de Michigan et de Elève de Boulez, il a assuré la Banzo, Guy Van Waas, etc. la Julliard School de New York, où création de nombreuses œuvres À son actif il a près de 50 enregis- il obtient également son doctorat. de compositeurs parmi lesquels trements, notamment chez Ricer- Il assiste ensuite à des cours parti- Ph. Boesmans, V. Globokar, M. car, grandement appréciés par la culiers auprès de Benjamin Kaplan Schafer, H. et D. Pousseur, B. Mer- critique (nominations aux Victoires à Londres. Il est lauréat de nom- nier, ou encore K. Defoort. En tant de la Musique Classique, Choc du breux concours internationaux : que chef d’orchestre, il a travaillé Monde de la Musique, Diapason Sydney, Leeds, Genève, Busoni et en Allemagne, en France, en Suis- d’Or, Joker de Crescendo, 10 de Reine Elisabeth de Belgique. En se, en Autriche, en Belgique et au Classica-Répertoire, Prix Cæcilia…). 1995, il a fait partie du jury de ce Luxembourg. Il a également dirigé Le Chœur de Chambre de Namur dernier concours. Il donne réguliè- des productions d’opéra en collabo- s’est également vu attribuer le rement des récitals et des concerts ration avec les plus grands metteurs Grand Prix de l’Académie Char- dans le monde entier. Aussi brillant en scène en Europe et collabore les Cros en 2003, le Prix Liliane en musique de chambre, en soliste chaque année à des productions Bettencourt 2006, et les Octaves de la qu’avec orchestre, il s’est fait le dé- de La Monnaie. Il a été chef attitré Musique 2007, 2010 et 2011, caté- fenseur des œuvres délaissées. Il a de l’ensemble L’Itinéraire (Paris), gorie « musique classique ». ainsi interprété en première mon- de l’ensemble Musiques Nouvelles En 2010, la direction artistique du diale le Trio de Claude Debussy. Il se (Belgique) et du Chœur de Chambre Chœur de Chambre de Namur a été produit régulièrement avec des ar- de Namur et premier chef invité de confiée au jeune chef argentin Leo- tistes et des orchestres de grand re- l’Opéra de Marseille; il est actuelle- nardo García Alarcón. nom : London Symphony Orchestra, ment premier chef invité de l’Opéra Cette nouvelle collaboration a Orchestre du Capitole de Toulouse, de Liège, professeur de direction immédiatement été couronnée Royal Liverpool Philharmonic, Or- d’orchestre au Conservatoire de de succès, en concert comme en chestre de la Radio Hollandaise Bruxelles (section néerlandophone) disque (Judas Maccabaeus de (avec Jean Fournet au Concertge- et est le directeur musical de l’Or- Haendel, Vespro a San Marco de bouw d’Amsterdam), Houston Sym- chestre Symphonique de Mulhou- Vivaldi, Il Diluvio universale de phony et tous les orchestres belges. se. En 2013, Il est commissaire du Falvetti, Motets et Messe de Sa discographie comporte des dizai- Festival Ars Musica et invité d’hon- Giorgi,…). Le répertoire abor- nes de CD. Il enseigne actuellement neur du Festival de Wallonie. dé par le chœur est très large, le piano au Conservatoire Royal de puisqu’il s’étend du Moyen-Age Musique de Bruxelles. à la musique contemporaine. Chœur de Chambre En 2012, Il Diluvio Universale de Mi- de Namur chelangelo Falvetti a été distingué Muhiddin Dürrüoglu I piano Direction artistique par le jury du prestigieux Cæcilia Pianiste et compositeur, Muhid- I Leonardo García Alarcón Prize. din Dürrüoglu est entré dès l’âge Depuis sa création en 1987, le Chœur de onze ans au Conservatoire de Chambre de Namur s’attache à En 2013, le Chœur de Chambre de d’Ankara, où il a bénéficié d’un la défense du patrimoine musical Namur apparaîtra dans 6 disques: régime spécial réservé aux enfants de sa région d’origine (concerts et Carmina Latina, une compilation surdoués. En 1987, il s’installe en enregistrements consacrés à Lassus, de musiques espagnoles et d’Amé- Belgique pour compléter sa for- Rogier, Hayne, Du Mont, Fiocco, rique Latine, Thésée de Gossec et mation au Conservatoire Royal de Gossec, Grétry…) tout en abordant Ulisse Nell’ Isola di Circe de Zampo- Bruxelles. Il y est l’élève de Jean- de grandes œuvres du répertoire ni, 2 opéras ressuscités, un Requiem Claude Vanden Eynden pour le choral (oratorios de Haendel, mes- étonnant et Phaeton de Lully. piano et de Jacqueline Fontyn pour ses, motets et passions de Bach, Par ailleurs, la préparation du la composition. Deux ans plus tard, Requiem de Mozart et Fauré,…). Chœur de Chambre de Namur pour il entre à la Chapelle musicale Invité des festivals les plus répu- les productions confiées aux chefs Reine Elisabeth, dont il sort gradué tés d’Europe, le Chœur de Cham- invités est régulièrement assurée en 1992. Il est finaliste du Concours bre de Namur travaille sous la di- par Thibaut Lenaerts. européen de piano en 1991, puis rection de chefs prestigieux tels Le Chœur de Chambre de Namur lauréat du concours Nany Philip- Marc Minkowski, Jordi Savall, Eric bénéficie du soutien de la Commu- part. A l’Indiana University School Ericson, Erik van Nevel, Louis Devos, nauté française Wallonie-Bruxel- of Music, à Bloomington (USA), il Pierre Cao, Jean-Claude Malgoire, les (service de la musique et de la effectue un doctorat en piano. danse), de la Loterie Nationale, de la Ville et de la Province de Namur.

20 En 1993, il commence à se faire re de comédien, seul en scène ou au Vincent Dujardin reconnaître comme compositeur. sein d’une troupe, il assure la mise I conception, réalisation Ses concerts l’ont déjà mené dans en scène de nombreux spectacles. et mise en espace de nombreux pays et il participe À la RTBF, il participe à des émis- Vincent Dujardin commence très activement à la vie musicale belge. sions de télévision et de radio. Il a tôt l’étude de l’art dramatique au Accompagnateur, puis professeur enseigné à l’École supérieure des Conservatoire Royal de Bruxelles, au Conservatoire Royal de Bruxel- Arts du Cirque de Bruxelles ESAC. dans la classe d’André Debaar et de les, il a enregistré plusieurs œuvres Bernard Marbaix. Durant toutes ces de compositeurs de notre pays. Noémie Dujardin I narratrice années, il dirige de front ses études Lauréat de la Fondation de la Voca- Originaire de Durnal, Noémie et ses débuts de comédien sur les tion, il est le partenaire régulier de Dujardin s’est formée au Conser- scènes professionnelles. Au théâtre, Ronald Van Spaendonck et de vatoire National Supérieur d’Art il interprète, entre autres, Musset, Marie Hallynck, avec lesquels il a Dramatique de Paris-CNSAD, dans Tchékhov, Feydeau, Jarry, Proust, fondé l’ensemble Khéops. les classes d’Andrzej Seweryn et de Tardieu... Plus volontiers metteur Dominique Valadié. Au Conser- en scène, Vincent Dujardin travaille Érik De Staercke I narrateur vatoire de Bruxelles, elle a suivi pour divers théâtres et compagnies. Érik De Staercke est un auteur, un les cours de Michel de Warzée et Il est très friand du répertoire clas- comédien et un metteur en scène de Charles Kleinberg. Elle a tra- sique mais il s’intéresse aussi à cer- belge. Après avoir suivi les cours de vaillé avec Michel Kacenelenbogen, tains auteurs plus contemporains. l’IAD, où il enseigne actuellement, Roman Polanski, Jean-Yves Ruf, il fonde avec d’autres comédiens le Frédéric Bélier-Garcia. En 2012, «Théâtre loyal du Trac». À la même elle a joué au cinéma dans La Reli- époque, il fait partie des premières gieuse de Guillaume Nicloux et, au recrues de la Ligue d’improvisation théâtre, dans La vie est un rêve (2012) belge. Tout en poursuivant sa carriè- de P. Calderon de la Marca. Les commentaires LIEBESLIEDER-WALZER gnées au piano, voient le jour, se pour autant un déficit qualitatif Le siècle de l’Amateur diffusent et font le bonheur des dans la forme ou le fond : le génie de musique amateurs … et des éditeurs. se reconnaît aussi dans la simpli- Dans le vaste champ des pratiques Mais le point commun à la majorité cité d’une valse ou la candeur d’un musicales en Occident, le concept de ces productions, c’est le piano. chant de sensibilité populaire. de Hausmuzik est sans doute une Instrument de tous les possibles, Par ailleurs, Brahms et Schumann des réalités les plus significatives il introduit l’orchestre dans le salon ont dirigé des chœurs. Leur connais- des pays germaniques – mais pas privé, accompagne la maîtresse de sance de la voix, leur habileté à seulement – durant tout le 19ème maison dotée d’un joli filet de voix, harmoniser de manière suggestive, siècle. Déjà présent au siècle précé- se conjugue avec plaisir au violon leur goût pour les chants tradition- dent, le culte de la musique chez des amis et…devient rapidement nels (Brahms en faisait la collection soi, en famille, entre amis, dans des gage de bonne éducation pour les dès son plus jeune âge), leur envie cercles d’amateurs éclairés, connaît jeunes filles. d’offrir à leurs propres choristes et un développement extraordinaire : Le programme de ce soir nous à d’autres chœurs des pages inédi- une frénésie de pratique que va plonge dans l’univers sonore de tes : tout cela les a bien sûr encou- permettre puis encourager l’édi- cette société hyper-musicalisée. ragés dans l’écriture des multiples tion de milliers de compositions A côté des prestations des grands recueils. Ainsi, et on l’ignore le sans trop de virtuosité, destinées à virtuoses, presque toujours compo- plus souvent, l’intégrale des pièces ceux que le goût mène à faire de la siteurs, la pratique amateur, dans chorales de Brahms représente, en voix chantée ou de l’instrument un les couches un tant soit peu favo- termes de volume, la partie la plus compagnon au quotidien. risées, revêt une véritable valeur importante de son œuvre. Chez Transcriptions d’œuvres sympho- sociale. Et si Schumann et Brahms Schumann, on compte un numéro niques, compositions originales de font assurément partie du cercle d’opus choral pour deux de piano musique de chambre, souvent décli- restreint des tout grands, cette pra- ou de lieder. Le chant choral : un nées dans de multiples instrumen- tique amateur largement répan- genre qui n’avait rien d’anecdoti- tations, œuvres vocales, du solo au due les a sans aucun doute incités que chez les compositeurs du 19ème quatuor, chœurs d’hommes ou de à favoriser tout autant l’écriture siècle, assurément… femmes, chœurs mixtes, parfois a d’œuvres destinées au plus grand capella, le plus souvent accompa- nombre. Sans que l’on ait à souffrir

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Les commentaires (suite)

Robert Schumann (Zwickau, 1810 Une importance extrême consen- et nous étonne aujourd’hui. Car Endenich-Bonn , 1856) tie à la subjectivité, jusque dans Brahms est un tendre, un hédoniste Florestan, fantasque et impulsif, ses aspects les plus fantasques pui- subtil tout autant qu’un amateur face à Eusebius, tendre et discret… sés dans son propre imaginaire ou de plaisirs simples au quotidien. Les deux personnages mis en mu- dans ses auteurs préférés (dont Du point de vue artistique, maître sique dans plusieurs de ses œuvres E.T.A Hoffmann), conduisent véri- imparable de la forme et de l’écri- occuperont la vie de Schumann. Le tablement Schumann au panthéon ture (il étudia Bach et Palestrina), il compositeur signera d’ailleurs sou- du Romantisme. se montre presque classique dans sa vent ses lettres de l’un ou l’autre de sensibilité romantique. Mais aussi, ces prénoms. Signe extérieur d’une Johannes Brahms (Hambourg, et on le dit trop peu, voici un hom- personnalité dédoublée qui ne ces- 1833 – Vienne, 1897) me véritablement passionné par des sera de le tourmenter… Contrairement à son aîné Schu- enjeux musicaux assez peu présents La vie est pour Schumann une lente mann, Brahms connut une vie pres- chez ses pairs. Sait-on ainsi qu’il mais inexorable préparation à une que sereine, bien que fort animée fut un précurseur dans la réédition fin tragique. Lutter, à tous niveaux, dans ses premières années par les fiable d’œuvres baroques (il publia de manière incessante, lui fait per- aléas de la vie de virtuose. notamment les 4 livres de clavecin dre l’équilibre et le pousse hors de Pianiste – encore enfant – dans de Couperin) ? Et mesure-t-on à la vie par une porte peu digne de les tavernes de Hambourg, jeune quel point l’art populaire le fasci- son génie. Lutter, disions-nous…. concertiste en tournées incessantes, nait ? Son attrait pour la musique Il lui faut d’abord se battre avec parfois avec le violoniste tzigane de danse en est le plus bel exem- son professeur de piano, Friedrich Remenyi, puis maître de musique ple. Pour piano à 4 mains, outre les Wieck, pour obtenir l’union amou- d’une cour princière, directeur de Valses op 39, Brahms a laissé d’étin- reuse et civile avec sa fille Clara ; société chorale à Detmold et chef celantes Danses Hongroises et d’ha- ne cesser de s’investir dans la cri- de chœur à Vienne, où sa notoriété biles transcriptions des Ländler de tique musicale pour dénoncer les croissante l’incite à s’établir défini- Schubert. Et, surtout, deux opus musiciens sans âme ou endormis tivement.…Une vie bien remplie, de valses chantées qui demeurent par leur conservatisme (à ses yeux, un tracé maîtrisé, une existence parmi ses plus belles productions : un devoir vital) ; pour s’être détruit tout entière dévolue au concert et les Liebeslieder-Walzer. en partie la main avec un appareil à la création, mais un destin per- Le compositeur touche avec bon- assouplissant de son invention, re- sonnel marqué par la rencontre, heur à tous les genres musicaux, à noncer à sa carrière de concertiste à Dusseldorf en 1853, du couple l’exception de l’opéra (« Plutôt me et se voir contraint de confier à sa Schumann. marier que d’écrire un opéra !»). femme l’exécution de ses œuvres « Aimez-vous Brahms ? » Même si Sa musique vocale montre à elle au concert; cohabiter, enfin, et dès le roman de Françoise Sagan ne seule ses multiples sensibilités musi- son plus jeune âge, avec une santé parle guère de musique, son titre cales : les chemins, tous empruntés du corps à tout moment vacillante évoque on ne peut mieux la mise avec bonheur, vont du lied authen- et avec celle de l’esprit en prise à de de côté dont Brahms fut victime tiquement romantique au chœur cruels errements. jusqu’il y a peu dans nos pays latins. sacré d’esprit palestrinien, en pas- Et pourtant, le miracle a lieu. Même En 1953, Jean Chantavoine publie sant par les chansons populaires à si les ultimes semaines de sa vie ne « Le Romantisme dans la musique quatre voix et par des compositions nous laissent guère que des pages européenne ». On peut y lire ceci, à la distribution quasi expérimen- blanches, Schumann montre cette qui nous laisse pantois : « Le subli- tale (les trois merveilleux Chants force – ce besoin – de composer me manque parce que Brahms n’a pour chœur de femmes, deux cors dans les moments les plus tourmen- rien d’un martyr : ce n’est qu’un pe- et harpe). tés autant que dans les jours heu- tit bourgeois moyen, qui travaille reux fleurissant entre deux orages. honnêtement et consciencieuse- Un trio mythique En témoignent ces Gesänge der ment, avec des ambitions qui ne Chacun connaît l’amitié inaltérable Frühe véritablement lunaires, (les sont pas à sa taille ». Les temps ont qui lie Brahms au couple Schumann. Chants de l’Aube), confiés au piano certes changé et le grand public est Lorsque Robert et Clara, chez eux, lors du séjour à l’hôpital psychia- aujourd’hui gagné par l’admiration à Düsseldorf, rencontrent le jeune trique d’Endenich, sa dernière de- sans borne que Schumann vouait à musicien de Hambourg, quelque meure, en lisière de Bonn. son jeune ami Brahms. chose se noue, bien plus que l’ad- L’œuvre de Schumann embrasse Pourquoi ce long purgatoire, en miration dont Robert, fondateur tous les genres : pièces pour piano, tout cas hors des terres germani- et critique de la Neue Zeitschrift musique de chambre, musique vo- ques ? Brahms, il est vrai, en digne für Muzik tient à témoigner sans cale et symphonique et, même, successeur du Beethoven tardif, le tarder dans l’édition du 25 octobre l’opéra. Mais son génie marquera moins populaire, trouve souvent 1853 : « Il est venu, l’élu, au berceau surtout d’un style inégalable ses son équilibre artistique dans des duquel les grâces et les héros sem- pièces pour piano, l’instrument œuvres larges, aux développements blent avoir veillé ! » confident, et ses lieder dont les impressionnants (on pense aux Tout a été dit, étudié ou suggéré sur poèmes choisis chez les plus grands symphonies, aux quintettes, au Re- les relations du trio : amour fou de montrent sa culture littéraire im- quiem Allemand…). Mais Dieu sait Robert et Clara, amitié profonde et pressionnante. pourtant si ce musicien nous touche réciproque avec Johannes, amour

23 Les commentaires (suite)

à demi inavoué de celui-ci pour Quel rapport entre Brahms et la val- les cercles chorals que dans le grand Clara, mélange de tendresse quasi se ? Après les premières années de public. Et ils montrent aujourd’hui, maternelle (elle était son aînée de tournées incessantes comme pianis- s’il le fallait encore, l’étourdissante 14 ans) et d’attirance amoureuse te compositeur, Brahms prend le pli capacité de Brahms de couvrir avec de Clara pour Johannes, réserve et de se reposer et de découvrir enfin génie des pans très éloignés de la élégance du cœur chez Johannes la littérature (sa riche bibliothèque, production musicale. lorsque Robert se jette dans le Rhin en grande partie non investie, l’y et, sauvé, finit sa vie dans les tour- aide sans aucun doute). Cette pas- Les Tziganes et la musique à ments de l’esprit... Qu’importe ! sion ne le quittera plus. Après les l’époque Romantique Ces trois-là se sont motivés, encou- poésies de Goethe, de Schiller, mais On cite souvent Franz Liszt comme ragés, appréciés. Ils se dédicaçaient aussi les écrits de Dante ou Sopho- responsable de la confusion entre leurs plus belles créations, s’échan- cle, il lit avec beaucoup d’intérêt le les musiques populaires tzigane et geaient leurs œuvres pour nourrir Polydora de Georg Friederich Dau- hongroise. Si, effectivement, il si- leurs récitals respectifs, se prêtaient mer (1800-1875). Dans son ouvra- gne en 1859 un opuscule montrant des thèmes à fins de variations… ge, Daumer, philosophe, poète et un flou certain (« Des Bohémiens et Une rencontre d’artistes parmi les connu aussi comme l’éducateur du de leur musique »), on peut consi- plus riches et les plus émouvantes mystérieux Kaspar Hauser, propose dérer que, depuis la présence de de l’histoire de la musique occiden- un ensemble de textes de chansons musiciens tziganes dans l’empire tale. traduites par ses soins et présentées austro-hongrois, il est souvent dif- Les lettres de Clara Wieck et Robert comme issues « du monde entier ». ficile de différencier ce qui relève Schumann sont bien connues et Cet ensemble est en fait essentiel- de l’art populaire hongrois et de nous touchent encore aujourd’hui : lement articulé autour de poèmes la tradition tzigane, tant les deux rédigées pour la plupart avant le issus de Hongrie, de Russie et de Po- cultures se sont interpénétrées. Et mariage des deux musiciens, elles logne. Le thème central du recueil le pouvoir en place bien avant Liszt, comptent parmi les plus beaux poè- est l’amour, avec ses mille facettes sous le règne de Joseph II, n’avait mes d’amour jamais écrits. L’autre et ses différents noms d’emprunt, sans doute pas facilité les choses partie de leur correspondance est avec la liberté comme prénom et la en confiant aux Tziganes - revêtus plus réduite et, surtout, totalement Nature comme témoin. Tout le Ro- d’habits militaires autrichiens - les déchirante. Robert ne s’appartient mantisme s’y retrouve… fameux Verbunkos, petits spectacles plus et se confie à Clara depuis sa Le livre de Daumer plaît beaucoup joués et dansés, donnés à la campa- chambre de la clinique psychiatri- à Brahms. Celui-ci s’en inspire et, en gne pour inviter au recrutement de que d’Endenich. termes musicaux, veut y associer la soldats dans l’armée impériale. La correspondance entre Clara et danse qui fait fureur, tente de ma- Toujours est-il que, comme Liszt Johannes, elle, s’étend sur 42 ans. rier la valse – et seulement elle - et - mais lui était hongrois - Brahms, De la première rencontre aux der- le thème de l’amour. Brahms tient Schumann et, avant eux, Haydn et niers mois de la vie de Clara (1896), là une combinaison gagnante : Schubert, ont souvent intégré dans les lettres révèlent une évolution le succès du premier recueil des leurs musiques des éléments tziga- des sentiments que la réserve et la Liebeslieder-Walzer est immédiat nes, authentiques ou imaginaires, pudeur affichées rendent souvent et retentissant ! usant indifféremment, pour les ca- mystérieuse. Mais, sous les précau- Loin de chercher la virtuosité, le ractériser, des vocables « Hongrois » tions, on perçoit la flamme, vive et compositeur, dans ses deux cycles ou « Tziganes » : formules mélodi- passionnée, alimentée sans doute de valses chantées, laisse le bon ques ornementales typées, rubato par une alchimie du cœur où co- amateur maîtriser sans trop de mal appuyé, accélérations étourdissan- habitent, sans trop se reconnaître, la partie pianistique ou vocale pour tes et, pour ce qui est des Zigeuner- amour, amitié et admiration. pouvoir se consacrer à l’expression lieder de ce soir, un fréquent mou- des poèmes traduits par Daumer. vement de Czardas… La rencontre Les Liebeslieder-Walzer La forme est chaque fois concise, le de Brahms, dans sa jeunesse, avec Encore jugée immorale vers 1815, - trait juste, la rhétorique évidente. le violoniste tzigane Remenyi fut, des danseurs enlacés, cela ne faisait La fusion de la voix et du piano est on le sait, un moment marquant guère bon genre – la valse passe parfaite. A tel point, et on les com- dans l’évolution de sa vie de com- progressivement, vers 1830, du sta- prend, que les musiciens actuels né- positeur. Cette rencontre renvoie à tut de danse populaire à celui de gligent souvent la possibilité laissée maints endroits de son œuvre (réé- plaisir bourgeois, si ce n’est aristo- par le compositeur – et sans doute coutez le final du Concerto pour cratique. Entre polka et danses de dictée par des raisons commerciales Violon !). caractère, elle va dynamiser le bal - de jouer ses œuvres pour le seul Mais mis à part les éléments musi- tout entier. Avec Johann Strauss piano (la voix est indiquée « ad libi- caux immédiatement séducteurs, (admiré par Brahms) et ses innom- tum » dans le premier recueil). le besoin inextinguible de liberté brables émules, les soirées où l’on L’opus 52 a été composé à Vienne, des Tziganes - la vie de Bohème – vient pour danser autant que pour en 1868-69, l’opus 65 en 1874, bien si présent dans l’idéal romantique, se montrer deviennent la distrac- après les années passées en Allema- n’explique-t-il pas en partie l’inef- tion première de la ville impériale : gne près des Schumann. Edités à la fable attrait des compositeurs du à Vienne, en 1832, on donne 772 suite de l’imposant Requiem Alle- 19ème siècle pour cette sensibilité bals ! mand, ces merveilleux recueils de aux couleurs lointaines et étranges, miniatures offrent au compositeur si présente dans l’empire austro- une renommée accrue, tant dans hongrois ?

24 Les textes chantés

Robert Schumann Dass ich sollte von mir weisen Robert Schumann C’est pourquoi je pense que l’amour, Spanisches liederspiel Liebesgruss und Liebesflehn. Spanisches liederspiel Qu’ils dénigrent, est un honneur pour op. 74 Doch mein Herzlein ist nun leider op. 74 moi ; Es ist verraten Weich, wie’s Gott uns Mädchen C’est trahi Celui qui m’aime, je l’aime aussi, Daß ihr steht in Liebesglut, giebt, Que vous êtes dans le feu de l’amour, Et j’aime et je suis aimée. Schlaue, läßt sich leicht gewahren, Wer mich liebt, den lieb’ ich wieder, Rusées, cela s’aperçoit facilement ; Denn die Wangen offenbaren, Und ich weiss, ich bin geliebt. Car les joues révèlent Si j’étais de pierre et de fer, Was geheim im Herzen ruht. Emanuel von Geibel (1815-1884) Ce qui repose secrètement dans le Vous pourriez insister cœur. Que je devrais repousser Stets an Seufzern sich zu weiden, Toujours se complaire en soupirs, Les hommages et les prières de Stets zu weinen statt zu singen, Robert Schumann Toujours à pleurer au lieu de chanter, l’amour. Wach die Nächte hinzubringen Minnespiel op.101 Passer les nuits éveillées Mais mon petit cœur est maintenant malheureusement Und den süßen Schlaf zu meiden: Schön ist das Fest Et fuir le doux sommeil : Das sind Zeichen jener Glut, Ce sont les signes de ce feu Tendre, comme Dieu le donne à nous des Lenzes les jeunes filles ; Die dein Antlitz läßt gewahren, Schön ist das Fest des Lenzes. Que ton visage laisse apercevoir ; Celui qui m’aime, je l’aime aussi, Und die Wangen offenbaren, Doch währt es nur der Tage drei! Car les joues révèlent Et j’aime et je suis aimée. Was geheim im Herzen ruht. Hast du ein Lieb, bekränz es Ce qui repose secrètement dans le Mit Rosen, eh’ sie gehn vorbei! cœur. Emanuel von Geibel (1815-1884) Daß ihr steht in Liebesglut, Hast du ein Glas, kredenz es, Schlaue, läßt sich leicht gewahren, O Schenk, und singe mir dabei: Que vous êtes dans le feu de l’amour, Denn die Wangen offenbaren, Schön ist das Fest des Lenzes Rusées, cela s’aperçoit facilement ; Robert Schumann Was geheim im Herzen ruht. Doch währt es nur der Tage drei! Car les joues révèlent Minnespiel op.101 Ce qui repose secrètement dans le Belle est la fête Liebe, Geld und Kummer halt’ ich Friedrich Rückert (1788-1866) cœur. du printemps Für am schwersten zu verhehlen, Amour, argent et chagrin sont pour Belle est la fête du printemps Denn auch bei den strengsten moi Qui pourtant ne dure que trois jours Seelen So wahr die Les plus difficiles à cacher ; Si tu as une amoureuse, couronne-la Drängen sie sich vor gewaltig. Sonne scheinet Car même chez les âmes les plus de roses Jener unruhvolle Mut So wahr die Sonne scheinet, fortes Avant qu’elles ne fanent Läßt zu deutlich sie gewahren, So wahr die Flamme sprüht, Ils se précipitent avec force. Und die Wangen offenbaren, So wahr die Wolke weinet, Cette humeur pleine d’agitation Si tu as un verre, offre à boire Was geheim im Herzen ruht. So wahr der Frühling blüht; Les laisse apercevoir distinctement, Garçon, en nous chantant : So wahr hab’ ich empfunden, Emanuel von Geibel (1815-1884) Et les joues révèlent Qu’elle est belle la fête du printemps, Wie ich dich halt’ umwunden: Ce qui repose secrètement dans le Qui pourtant ne dure que trois jours. Du liebst mich, wie ich dich, cœur. Dich lieb’ ich, wie du mich. Friedrich Rückert (1788-1866) Ich bin geliebt Emanuel von Geibel (1815-1884) Mögen alle bösen Zungen Die Sonne mag verscheinen, Aussi vrai Immer sprechen, was beliebt: Die Wolke nicht mehr weinen, que luit le soleil Wer mich liebt, den lieb’ ich wieder, Die Flamme mag versprühn, Je suis aimée Aussi vrai que luit le soleil, Und ich weiss, ich bin geliebt. Der Frühling nicht mehr blühn! Que toutes les mauvaises langues Aussi vrai que pleure le nuage, Wir wollen uns umwinden Disent toujours ce qu’elles aiment : Aussi vrai que rayonne la flamme, Schlimme, schlimme Reden flüstern Und immer so empfinden; Celui qui m’aime, je l’aime aussi, Aussi vrai que fleurit le printemps, Eure Zungen schonungslos, Du liebst mich, wie ich dich, Et j’aime et je suis aimée. Aussi vrai que j’ai ressenti, Doch ich weiss es, sie sind lüstern Dich lieb’ ich, wie du mich. Alors que je te tenais enlacée : Nach unschuld’gem Blute bloss. Des paroles mauvaises, mauvaises, Que tu m’aimes comme je t’aime, Nimmer soll es mich bekümmern, Friedrich Rückert (1788-1866) sont chuchotées Que je t’aime comme tu m’aimes. Schwatzt so viel es euch beliebt; Par vos langues sans modération, Wer mich liebt, den lieb’ ich wieder, Mais je sais qu’elles ont envie Le soleil peut s’éteindre, Und ich weiss, ich bin geliebt. Seulement de sang innocent. Le nuage cessé de pleurer, Jamais cela ne m’inquiétera, La flamme se refroidir, Zur Verleumdung sich verstehet Bavardez autant que vous voulez : Le printemps ne plus fleurir ! nur, Celui qui m’aime, je l’aime aussi, Nous voulons nous enlacer Wem Lieb’ und Gunst gebrach, Et j’aime et je suis aimée. Et ainsi toujours ressentir Weil’s ihm selber elend gehet Que tu m’aimes, comme je t’aime Und ihn niemand minnt und mag. Se prêter à la calomnie Que je t’aime, comme tu m’aimes. Darum denk’ ich, dass die Liebe, Est la seule chose pour celui à qui Drum sie schmähn, mir Ehre giebt; manque amour et affection, Friedrich Rückert (1788-1866) Wer mich liebt, den lieb’ ich wieder, Puisqu’il est lui-même si misérable Und ich weiss, ich bin geliebt. Et que personne ne l’aime ni ne le désire. Wenn ich wär’ aus Stein und Eisen, C’est pourquoi je pense que l’amour, Möchtet ihr darauf bestehn,

25 Les textes chantés (suite)

Robert Schumann Inniglich Robert Schumann Cher Dieu, Spanisches Liebeslieder Küß ich dich, Spanisches Liebeslieder tu sais combien souvent op.138 Dich erschuf der liebe Himmel op.138 je me suis repentie Dunkler Lichtglanz, Einzig nur für mich! Sombre éclat lumineux, Cher Dieu, tu sais combien souvent je blinder Blick Hugo Conrat (fl1883-1883) regard aveugle me suis repentie, Dunkler Lichtglanz, blinder Blick, Sombre éclat lumineux, regard aveugle, D’avoir donné à mon bien-aimé une Totes Leben, Lust voll Plage, Vie morte, plaisir et peine, fois un baiser. Glück erfüllt von Mißgeschick, Lieber Gott, du weißt Bonheur empli de malheurs, Le cœur a commandé que je devais Trübes Lachen, frohe Klage, Lieber Gott, du weißt, wie oft Rire triste, plainte gaie, l’embrasser, Süße Galle, holde Pein, bereut ich hab, Douce amertume, gracieux tourments, Je penserai, aussi longtemps que je Fried’ und Krieg in einem Herzen, Daß ich meinem Liebsten einst ein Guerre et paix du coeur, vivrais, à ce premier baiser. Das kannst, Liebe, du nur sein, Küßchen gab. Amour, ce ne peut être que toi, Mit der Lust erkauft durch Schme- Herz gebot, daß ich ihn küssen Le plaisir acheté au prix de la douleur. Cher Dieu, tu sais combien souvent dans la nuit silencieuse rzen. muß, Emanuel von Geibel (1815-1884) Dans la joie et la peine j’ai pensé à Emanuel von Geibel (1815-1884) Denk so lang ich leb an diesen ersten Kuß. mon trésor. L’amour est doux bien qu’amer soit Lieber Gott, du weißt, wie oft in Hé, tzigane ! stiller Nacht le repentir, Johannes Brahms Fais résonner les cordes Mon pauvre cœur restera toujours à Ich in Lust und Leid an meinen Hé, tzigane ! Fais résonner les cordes ! Zigeunerlieder op.103 lui, toujours à lui. He, Zigeuner, greife in Schatz gedacht. Joue le chant de la jeune fille infidèle ! die Saiten Lieb ist süß, wenn bitter auch die Que les cordes pleurent, gémissent, Hugo Conrat (fl1883-1883) Reu, He, Zigeuner, greife in die Saiten ein! d’angoisse attristée, Armes Herze bleibt ihm ewig, ewig Spiel das Lied vom ungetreuen Jusqu’à ce que les larmes brûlantes treu. Mägdelein! baignent ces joues ! Le garçon brun conduit à la danse Laß die Saiten weinen, klagen, Hugo Conrat (fl1883-1883) Hugo Conrat (fl1883-1883) traurig bange, Le garçon brun conduit à la danse Bis die heiße Träne netzet diese Sa belle amie aux yeux bleus ; Il fait claquer hardiment ensemble les Wange! Brauner Bursche führt Flot de la Rima zum Tanze éperons, Hugo Conrat (fl1883-1883) qui se dresse haut L’air de la csardas commence. Brauner Bursche führt zum Tanze Flot de la Rima qui se dresse haut, Sein blauäugig schönes Kind, Comme tu es trouble ; Il embrasse et presse sur son cœur sa Schlägt die Sporen keck zusammen, Sur ta rive je gémis Hochgetürmte Rimaflut douce colombe, Hochgetürmte Rimaflut, wie bist Csardas-Melodie beginnt, Tout fort après toi, mon amour ! Küßt und herzt sein süßes Täubchen, Il la fait tourner, l’entraîne, il jubile du so trüb; et bondit ; Dreht sie, führt sie, jauchzt und Les vagues fuient, les vagues coulent An dem Ufer klag ich laut nach dir, Il lance trois florins d’argent brillants springt; à grand flot, mein Lieb! Sur la cymbale pour qu’elle résonne. Wellen fliehen, Wellen strömen, Wirft drei blanke Silbergulden Elles rugissent jusqu’à la plage vers moi. Rauschen an dem Strand heran Auf das Cimbal, daß es klingt. Sur la rive de la Rima laissez-moi Hugo Conrat (fl1883-1883) zu mir; Hugo Conrat (fl1883-1883) Éternellement pleurer sur elle ! An dem Rimaufer laßt mich ewig Hugo Conrat (fl1883-1883) weinen nach ihr! Trois petites roses 6 : Röslein dreie in der dans la rangée… Hugo Conrat (fl1883-1883) Trois petites roses dans la rangée Reihe Savez-vous, quand mon fleurissent si rouge, Röslein dreie in der Reihe blühn petit enfant est le plus so rot, Que le garçon aille avec une fille n’est Wißt ihr, wann mein beau de tous ? pas défendu ! Kindchen Daß der Bursch zum Mädel gehe, Savez-vous, quand mon petit enfant ist kein Verbot! Ô cher Dieu, si c’était défendu, Wißt ihr, wann mein Kindchen est le plus beau de tous ? Le beau et vaste monde ne serait déjà Am allerschönsten ist? Lieber Gott, wenn das verboten Quand sa douce petite bouche badine wär, plus là ; Wenn ihr süßes Mündchen et rit et embrasse. Rester célibataire serait un péché ! Scherzt und lacht und küßt. Ständ die schöne weite Welt schon Ma petite fille, tu es à moi, je Schätzelein, längst nicht mehr, t’embrasse ardemment, Ledig bleiben Sünde wär! Le plus beau village de l’Alföld est Du bist mein, Toi que le cher ciel n’a créé que pour Ketschemete, Inniglich Schönstes Städtchen in Alföld ist moi ! Ketschkemet, Là vivent de nombreuses filles jolies Küß ich dich, et gentilles ! Dich erschuf der liebe Himmel Dort gibt es gar viele Mädchen Savez-vous, quand mon amour me schmuck und nett! Amis, allez-y pour choisir une fiancée, Einzig nur für mich! plaît le plus ? Demandez sa main et bâtissez votre Wißt ihr, wann mein Liebster Freunde, sucht euch dort ein Bräut- Quand dans ses bras il me tient serrée. chen aus, maison, Am besten mir gefällt? Petit trésor, tu es à moi, je t’embrasse Videz les coupes de joie. Wenn in seinen Armen Freit um ihre Hand und gründet ardemment, Er mich umschlungen hält. euer Haus, Toi que le cher ciel n’a créé que pour Hugo Conrat (fl1883-1883) Schätzelein, Freudenbecher leeret aus! moi ! Du bist mein, Hugo Conrat (fl1883-1883) Hugo Conrat (fl1883-1883)

26 Kommt dir manchmal in Wollt ich zürnend dich betrüben, Est-ce que parfois Pour toi mon cœur s’enflamme den Sinn… Sprich wie könnt ich dich dann il te vient à… ardemment, Kommt dir manchmal in den Sinn, lieben? Est-ce que parfois il te vient à l’esprit, Aucune langue ne peut te l’avouer. Mein süßes Lieb, Heiß für dich mein Herz entbrennt, mon doux amour, Bientôt fou de l’ivresse de l’amour Was du einst mit heil’gem Eide Keine Zunge dir’s bekennt. Quel serment sacré une fois tu m’as fait ? Bientôt comme une colombe tendre Mir gelobt? Bald in Liebesrausch unsinnig, Ne me trompe pas, ne me quitte pas, et chère. Täusch mich nicht, Bald wie Täubchen sanft und innig. Tu ne sais pas combien je t’aime, Hugo Conrat (fl1883-1883) verlaß mich nicht, Hugo Conrat (fl1883-1883) Aime-moi comme je t’aime, Du weißt nicht wie Alors la grâce de Dieu se répandra lieb ich dich hab, sur toi ! Les nuages rouges Lieb du mich, wie ich dich, Rote Abendwolken ziehn Hugo Conrat (fl1883-1883) du soir traînent Dann strömt Gottes Huld am Firmament dans le firmament auf dich herab! Rote Abendwolken ziehn Les nuages rouges du soir traînent Hugo Conrat (fl1883-1883) Am Firmament, Écoute, le vent gémit dans le firmament, Sehnsuchtsvoll nach dir, mein Lieb, dans les branches Plein de désir pour toi, Das Herze brennt; Écoute, le vent gémit dans les Mon amour, mon cœur brûle, Horch, der Wind klagt in Himmel strahlt in glühnder Pracht branches tristement et doucement ; Le ciel brille d’éclat magnifique, den Zweigen Und ich träum bei Tag und Nacht Doux amour, nous devons nous Et je rêve nuit et jour Horch, der Wind klagt in den Zwei- Nur allein von dem süßen Liebchen séparer : bonne nuit. Seulement de mon doux petit amour. mein. Ah, comme je reposais volontiers dans gen traurig sacht; Hugo Conrat (fl1883-1883) Süßes Lieb, wir müssen scheiden: Hugo Conrat (fl1883-1883) tes bras, gute Nacht. Mais l’heure de la séparation Ach wie gern in deinen Armen approche, Dieu te protège. Johannes Brahms ruhte ich, Johannes Brahms Liebeslieder op. 52 Sombre est la nuit, aucune petite Doch die Trennungsstunde naht, Liebeslieder op. 52 Parle, jeune fille, Gott schütze dich. étoile ne donne de lumière ; Rede, Mädchen, trop chérie Dunkel ist die Nacht, kein Sternlein Doux amour, fais confiance à Dieu et allzu liebes Parle, jeune fille, trop chérie, spendet Licht; ne pleure pas ; Qui dans ma poitrine, froide, Süßes Lieb, vertrau auf Gott und Le bon Dieu me ramènera un jour Rede, Mädchen, allzu liebes, A projeté d’un regard weine nicht; vers toi, das mir in die Brust, die kühle, Ces sauvages et brûlants sentiments ! Führt der liebe Gott mich einst zu Nous resterons unis pour toujours hat geschleudert mit dem Blicke dir zurück, dans la joie de l’amour. diese wilden Glutgefühle! N’attendriras-tu pas ton cœur, Bleiben ewig wir vereint in Liebes- Hugo Conrat (fl1883-1883) Veux-tu, comme une bigote, glück. Willst du nicht dein Herz erwei- Rester sans intimes félicités, Hugo Conrat (fl1883-1883) chen, Ou veux-tu que je vienne ? willst du, eine Überfromme, Partout personne rasten ohne traute Wonne, ne me regarde Rester sans intimes félicités, Weit und breit schaut oder willst du, daß ich komme? Partout personne ne me regarde, Je ne paierai pas un prix si amer. niemand mich an Et si on me hait, que m’importe ? Allez viens, toi aux yeux noirs, Rasten ohne traute Wonne, Seul mon trésor doit m’aimer Viens, lorsque se lèvent les étoiles. Weit und breit schaut niemand nicht so bitter will ich büßen. toujours, mich an, Komme nur, du schwarzes Auge. Doit m’embrasser, m’enlacer et me Le flot se jette Und wenn sie mich hassen, was Komme, wenn die Sterne grüßen. presser sur son cœur dans l’éternité. contre les rochers liegt mir dran? Le flot se jette contre les rochers, Nur mein Schatz der soll mich Aucune étoile ne brille dans la nuit Puissamment projeté. lieben allezeit, Am Gesteine rauscht sombre ; Ici, ceux qui ne savent soupirer, Soll mich küssen, umarmen und die Flut Aucune fleur ne resplendit pour moi L’apprendront de l’amour. herzen in Ewigkeit. Am Gesteine rauscht die Flut, avec son parfum magnifique. Kein Stern blickt in finsterer Nacht; heftig angetrieben; Tes yeux sont pour moi des fleurs et Keine Blum mir strahlt in duftiger wer da nicht zu seufzen weiß, l’éclat d’étoiles, Ô les femmes, Pracht. lernt es unterm Lieben. Ils brillent pour moi si aimablement, ô les femmes Deine Augen sind mir Blumen, ils fleurissent seulement pour moi. Ô les femmes, ô les femmes, Sternenschein, Hugo Conrat (fl1883-1883) Comme elles éveillent la volupté ! Die mir leuchten so freundlich, die O die Frauen Il y a longtemps que je serais moine, blühen nur mir allein. O die Frauen, o die Frauen, Si ce n’étaient les femmes ! Hugo Conrat (fl1883-1883) wie sie Wonne tauen! La lune voile son visage Wäre lang ein Mönch geworden, La lune voile son visage, wären nicht die Frauen! Doux amour, je ne suis pas fâché avec toi. Mond verhüllt Si je voulais t’attrister avec ma colère, sein Angesicht alors Mond verhüllt sein Angesicht, Comment je pourrais t’aimer ? Süßes Lieb, ich zürne dir nicht.

27 Les textes chantés (suite)

Wie des Abends ja, durch zehn Wände Comme le beau soir Oui, à travers dix murs, schöne Röthe erkannte mich rougeoyant J’étais distinguée Wie des Abends schöne Röte des Freundes Sehe. Comme le beau soir rougeoyant, Par le regard de mon ami. möcht ich arme Dirne glühn, Doch jetzo, wehe, Pauvre fille, je voudrais rayonner, Pourtant, maintenant, hélas, Einem, Einem zu gefallen, wenn ich dem Kalten Pour plaire à quelqu’un, Lorsque devant le frigide, sonder Ende Wonne sprühn. auch noch so dicht Et rayonner d’une volupté sans fin. Je suis tout près, vorm Auge stehe, Devant ses yeux, es merkts sein Auge, Ni ses yeux, ni son cœur Die grüne Hopfenranke sein Herze nicht. Les verts sarments Ne me reconnaissent. Die grüne Hopfenranke, de houblon sie schlängelt auf der Erde hin. Les verts sarments de houblon Die junge, schöne Dirne, Wenn so lind Serpentent sur la terre, Lorsque tes yeux so traurig ist ihr Sinn! dein Auge mir Jeune et belle fille, me regardent Wenn so lind dein Auge mir Que tes pensées sont tristes ! Lorsque tes yeux me regardent Du höre, grüne Ranke! und so lieblich schauet, Si tendrement et si amoureusement, Was hebst du dich nicht him- jede letze Trübe flieht Écoute, vert sarment ! Cela chasse les derniers troubles melwärts? welche mich umgrauet. Pourquoi ne t’élèves-tu pas vers le ciel ? Qui m’enserrent d’effroi. Du höre, schöne Dirne! Écoute, jolie fille ! Was ist so schwer dein Herz? Dieser Liebe schöne Glut, Pourquoi as-tu le cœur si lourd ? Le bel éclat de cet amour, laß sie nicht verstieben! Ne le laisse pas retomber ! Wie höbe sich die Ranke, Nimmer wird, wie ich, so treu Comment le rameau pourrait-il s’élever Jamais aucun autre ne t’aimera der keine Stütze Kraft verleiht? dich ein andrer lieben. Sans qu’on lui prête appui ? Aussi fidèlement que moi. Wie wäre die Dirne fröhlich, Comment la fille pourrait-elle être gaie, wenn ihr das Liebste weit? Quand son bien-aimé est loin d’elle ? Am Donaustrande, Sur les plages du Danube da steht ein Haus Sur les plages du Danube, Ein kleiner, Am Donaustrande, Un joli petit oiseau Il y a une maison, hübscher Vogel da steht ein Haus, Un joli petit oiseau Là une fille aux joues roses Ein kleiner, hübscher Vogel da schaut ein rosiges Prit son envol Regarde dehors. nahm den Flug Mädchen aus. Vers le jardin zum Garten hin, Bien garni de fruits. La fille, da gab es Obst genug. Das Mädchen, Si j’étais un joli Elle est bien enclose, Wenn ich ein hübscher, es ist wohl gut gehegt, Petit oiseau, Dix cadenas de fer kleiner Vogel wär, zehn eiserne Riegel Je ne traînerais pas, Sont posés à sa porte. ich säumte nicht, sind vor die Türe gelegt. Je ferais comme lui. ich täte so wie der. Dix cadenas de fer Zehn eiserne Riegel Un perfide gluau C’est une plaisanterie, Leimruten-Arglist das ist ein Spaß; À cet endroit le guette ; Je les fais sauter, lauert an dem Ort; die spreng ich Le pauvre oiseau Comme s’ils étaient de verre. der arme Vogel als wären sie nur von Glas. Ne peux s’en dégager. konnte nicht mehr fort. Si j’étais un joli Wenn ich ein hübscher, Petit oiseau, Ô comme kleiner Vogel wär, O wie sanft die J’attendrais bien, la source doucement ich säumte doch, Quelle sich Je ne ferais pas comme lui. Ô comme la source doucement ich täte nicht wie der. O wie sanft die Quelle sich Serpente a travers la prairie ! durch die Wiese windet! L’oiseau vint Ô que c’est beau quand l’amour Der Vogel kam O wie schön, wenn Liebe sich Sur une jolie main Rencontre l’amour ! in eine schöne Hand, zu der Liebe findet! Qui ne le captura pas, da tat es ihm, Le chanceux. dem Glücklichen, nicht and. Si j’étais un joli Non, on ne peut bien Wenn ich ein hübscher, Nein, es ist nicht Petit oiseau, s’entendre kleiner Vogel wär, auszukommen Je ne tarderais pas, Non, on ne peut bien s’entendre ich säumte nicht, Nein, es ist nicht auszukommen Je ferais comme lui. Avec les gens ; ich täte doch wie der. mit den Leuten; Tous savent si perfidement Alles wissen sie so giftig Tout interpréter. auszudeuten. J’étais joliment satisfaite Wohl schön bewandt J’étais joliment satisfaite Si je suis gai, je dois nourrir Wohl schön bewandt Bin ich heiter, hegen soll ich Auparavant, Des pulsions légères ; war es vor ehe lose Triebe; De ma vie, Si je suis silencieux, cela veut dire mit meinem Leben, bin ich still, so heißt’s, ich wäre De mon amour ; Que je suis fou d’amour. mit meiner Liebe; irr aus Liebe. À travers un mur, durch eine Wand,

28 Schlosser auf, Es bebet das Gesträuche Debout, serrurier, Le buisson tremble und mache Schlösser Es bebet das Gesträuche, et fais des serrures Le buisson tremble, Schlosser auf! und mache Schlösser, gestreift hat es im Fluge Debout, serrurier, et fais des serrures, Effleuré par le vol Schlösser ohne Zahl; ein Vögelein. Des serrures sans nombre ; D’un petit oiseau. denn die bösen Mäuler will ich In gleicher Art erbebet Car les méchantes gueules je veux De la même façon schließen allzumal. die Seele mir, erschüttert Les fermer toutes à la fois. Mon âme est agitée von Liebe, Lust und Leide, Par l’amour, le plaisir et la douleur, gedenkt sie dein. Quand elle pense à toi. Vögelein Le petit oiseau durchrauscht die Luft fonce en l’air Vögelein durchrauscht die Luft, Johannes Brahms Le petit oiseau fonce en l’air Johannes Brahms sucht nach einem Aste; Neue Liebeslieder op.65 Il cherche une branche ; Neue Liebeslieder op.65 und das Herz, ein Herz begehrt’s, Verzicht, o Herz, Et un cœur, un cœur, il désire un cœur, Ô cœur, renonce à tout wo es selig raste. auf Rettung Et heureux, faire halte. sauvetage Verzicht, o Herz, auf Rettung, dich wagend in der Liebe Meer! Ô cœur, renonce à tout sauvetage Sieh, wie ist Denn tausend Nachen schwimmen Vois comme Si tu t’aventures sur les eaux de l’amour ! die Welle klar zertrümmert am Gestad umher! la vague est claire Car mille nacelles fracassées Sieh, wie ist die Welle klar, Georg Friedrich Daumer (1800-1875) Vois comme la vague est claire, Flottent sur leur rivage ! blickt der Mond hernieder! La lune regarde vers le bas ! Georg Friedrich Daumer (1800-1875) Die du meine Liebe bist, Toi qui es mon amour, liebe du mich wieder! Finstere Schatten Aime-moi à nouveau ! der Nacht Sombres ombres Finstere Schatten der Nacht, de la nuit Nachtigall, Wogen- und Wirbelgefahr! Le rossignol chante Sombres ombres de la nuit sie singt so schön Sind wohl, die da gelind si joliment Dangers de vagues et tourbillons ! Nachtigall, sie singt so schön, rasten auf sicherem Lande, Le rossignol chante si joliment, Ceux qui paisiblement wenn die Sterne funkeln. euch zu begreifen im Stande? Lorsque brillent les étoiles, Restent sur la terre ferme Liebe mich, geliebtes Herz, Das ist der nur allein, Aime-moi, cœur aimé, Sont-ils en mesure de vous comprendre ? küsse mich im Dunkeln! welcher auf wilder See Embrasse-moi dans le noir ! Ceux-là seuls le sont stürmischer Öde treibt, Qui sur la mer sauvage Meilen entfernt vom Strande. Naviguent sur les déserts, Ein dunkeler L’amour est À des milles de la côte. Schacht ist Liebe Georg Friedrich Daumer (1800-1875) un sombre puits Ein dunkeler Schacht ist Liebe, L’amour est un sombre puits, Georg Friedrich Daumer (1800-1875) ein gar zu gefährlicher Bronnen; Une source par trop dangereuse ; da fiel ich hinein, ich Armer, An jeder Hand die Finger J’y suis tombé, pauvre de moi, À chaque main kann weder hören noch sehn, An jeder Hand die Finger Je ne puis ni entendre ni voir, mes doigts nur denken an meine Wonnen, hatt’ ich bedeckt mit Ringen, Seulement penser à ma félicité, À chaque main mes doigts nur stöhnen in meinen Wehn. die mir geschenkt mein Bruder Seulement gémir de douleur. Étaient couverts d’anneaux in seinem Liebessinn. Que m’avait offerts mon frère Und einen nach dem andern Ma lumière, Avec tendresse. Nicht wandle, mein Licht gab ich dem schönen, ne te promène pas Et les uns après les autres, Nicht wandle, mein Licht, dort aber unwürdigen Jüngling hin. là-bas dehos Je les ai donnés à ce bel, außen Ma lumière, ne te promène pas là-bas Mais indigne, adolescent. im Flurbereich! dehors, Die Füße würden dir, die zarten, Ihr schwarzen Augen Dans la région des champs ! Yeux noirs, Ihr schwarzen Augen, ihr dürft nur zu naß, zu weich. Tes pieds, les délicats, vous n’avez qu’à cligner winken; Deviendraient trop mouillés, trop Yeux noirs, vous n’avez qu’à cligner ; Paläste fallen und Städte sinken. All überströmt sind dort die Wege, tendres. Les palais s’écroulent et les villes die Stege dir; Wie sollte steh’n in solchem Strauß sombrent. so überreichlich tränte dorten mein Herz, von Karten das schwa- Inondés sont là-bas les chemins Comment dans son château de cartes das Auge mir. che Haus? Qui mènent à toi ; Mon cœur pourrait-il résister à un tel Georg Friedrich Daumer (1800-1875) Tant là-bas pleuraient assaut ? Mes yeux. Georg Friedrich Daumer (1800-1875)

29 30 Les textes chantés (suite)

Wahre, Was dir einzig wert, es steht vor Protège, protège ton fils La grâce d’une union t’est à jamais wahre deinen Sohn Augen; Protège, protège ton fils, interdite. Wahre, wahre deinen Sohn, ewig untersagt ist Huldvereinung. Du malheur, voisine, Georg Friedrich Daumer (1800-1875) Nachbarin, vor Wehe, Georg Friedrich Daumer (1800-1875) Car avec mes yeux noirs, weil ich ihn mit schwarzem Aug’ Je vais l’ensorceler. zu bezaubern gehe. Yeux de braise, O wie brennt das Auge mir, Flammenauge, Ô, comme mes yeux brûlent cheveux noirs das zu Zünden fordert! dunkles Haar Et veulent l’allumer ! Yeux de braise, cheveux noirs Flammet ihm die Seele nicht -- Flammenauge, dunkles Haar, Si son âme ne s’enflamme, Ravissant et hardi garçon, deine Hütte lodert. Knabe wonnig und verwogen, Ta chaumière s’embrase. Par toi le chagrin est entré Georg Friedrich Daumer (1800-1875) Kummer ist durch dich hinein Georg Friedrich Daumer (1800-1875) Dans mon pauvre cœur ! in mein armes Herz gezogen! Une aire à l’herbe molle Le feu du soleil peut-il devenir glace, Weiche Gräser im Revier Kann in Eis der Sonne Brand, Une aire à l’herbe molle, Le jour se changer en nuit ? Weiche Gräser im Revier, sich in Nacht der Tag verkehren? Beaux et tranquilles petits coins ! La brûlante poitrine d’un homme schöne, stille Plätzchen! Kann die heisse Menschenbrust Ô comme il est doux de se reposer ici Respirer sans embraser le désir ? O, wie linde ruht es hier atmen ohne Glutbegehren? Avec une petite amie ! sich mit einem Schätzchen! Les prairies sont-elles si pleines de Ist die Flur so voller Licht, lumière daß die Blum’ im Dunkel stehe? Tout est perdu Pour que les fleurs se dressent dans Alles, alles in den Wind Ist die Welt so voller Lust, dans le vent le noir ? Alles, alles in den Wind daß das Herz in Qual vergehe? Tout est perdu dans le vent, Le monde est-il si plein de plaisir sagst du mir, du Schmeichler! Georg Friedrich Daumer (1800-1875) Tout ce que tu m’as dit, flatteur ! Pour que le cœur se meure de Alle samt verloren sind Tout aussi perdus tourments ? deine Müh’n, du Heuchler! Tes efforts, hypocrite ! Georg Friedrich Daumer (1800-1875) Einem andern Fang’ zu lieb Zum Schluss stelle deine Falle! Nun, ihr Musen, genug! Installe ton piège Denn du bist ein loser Dieb, Vergebens strebt ihr zu schildern, Pour aimer une autre prise ! Pour finir denn du bist um alle! wie sich Jammer und Glück Car tu es un voleur effronté Vous les muses, assez, maintenant ! Georg Friedrich Daumer (1800-1875) wechseln in liebender Brust. Car tu les courtises toutes ! Vous essayez en vain de décrire Heilen könnet die Wunden Georg Friedrich Daumer (1800-1875) Comment misère et bonheur Schwarzer Wald ihr nicht, die Amor geschlagen, Alternent dans un cœur amoureux. Schwarzer Wald, dein Schatten ist aber Linderung kommt einzig, Vous ne pouvez pas guérir so düster! ihr Guten, von euch. Noire forêt, ton ombre Les blessures infligées par Amour, Armes Herz, dein Leiden ist so Johann Wolfgang von Goethe est si obscure Mais l’apaisement vient seul, drückend! (1749-1832) Noire forêt, ton ombre est si obscure ! De vous, vous, si bonnes. Pauvre cœur, ta peine est si Johann Wolfgang von Goethe oppressante ! (1749-1832) La seule chose qui compte pour toi est devant tes yeux ;

Le Festival remercie la brasserie « Le Cercle » pour la mise à disposition de la salle de conférence pour l’introduction au concert. 31

Saint-Hubert Basilique Samedi 13 juillet 2013 I 20h Introduction au concert par Jos van Immerseel I Palais Abbatial I 19h15 Anima Eterna Programme

Carl Philipp Emanuel Bach (1714-1788) I Symphonie nr. 2 en Si bémol majeur Wq 182/2 I Symphonie nr. 4 en La majeur Dur Wq 182/4

Wolfgang Amadeus Mozart (1756-1791) I Concerto pour piano « Lützow » en Ut majeur KV 246 - Allegro aperto - Andante - Finale - tempo di minuetto

Jos van Immerseel * * *

Joseph Haydn (1732-1809) Triptyque classique I Sinfonie nr 57 en Ré majeur - Adagio - Allegro L’éveil des passions à - Adagio la mode classique - Menuet Alors que le classicisme est à son apogée, - Prestissimo cultivant les vertus de l’équilibre et de la raison, un vent de folie se lève, brouillant les pistes et révélant la face obscure et tourmentée des sentiments. Les compositeurs proposent alors une musique pleine d’émotion, parcourue de frissons pré- romantiques…

Jos van Immerseel, direction et pianoforte

33 Les interprètes

Jos van Immerseel forte de Mozart et les symphonies de chaque projet est d’identifier Le pianiste et chef d’orchestre Jos de Beethoven, récompensés par de les objectifs du compositeur et de van Immerseel est l’un des grands nombreux prix internationaux. baser l’interprétation sur ce qu’il noms de l’interprétation histori- a voulu transmettre. Dans la pra- que. Il a étudié l’orgue, le piano et Parmi ses partenaires actuels de tique, cela signifie que, lors des le clavecin au Conservatoire d’An- musique de chambre, citons Midori répétitions, les musiciens revisitent vers, sa ville natale. Jos van Immer- Seiler, Thomas Bauer, Sergei Isto- souvent des manières évidentes de seel a débuté sa carrière musicale min et Claire Chevallier. jouer la musique et adoptent une comme pianiste et claveciniste. Ses approche différente si nécessaire. interprétations et enregistrements Jos van Immerseel a enseigné aux sur des instruments historiques ont conservatoires de Paris, Bâle et La première étape d’un projet contribué à la reconnaissance inter- Amsterdam et partage aujourd’hui consiste à trouver la partition la nationale dont il jouit aujourd’hui régulièrement ses connaissances plus authentique. Une fois le bon encore. lors de masterclasses et séminaires matériel identifié, Anima Eterna en Europe, aux États-Unis et au Ja- Brugge se met en quête des ins- En 1987, il fonda Anima Eterna, pon. truments adéquats et des musi- l’orchestre qu’il dirige encore et ciens qui conviennent, puis recher- qui a depuis été rebaptisé Anima Anima Eterna che le rythme des morceaux et la Eterna Brugge (AEB). Grâce aux L’orchestre Anima Eterna Brugge meilleure façon de les jouer. Dans musiciens de l’orchestre, Jos van ne peut se ranger dans aucune ce processus, la musicologie joue Immerseel a trouvé un moyen de catégorie musicale traditionnelle. un rôle important. En raison de sa matérialiser sa conception de l’in- Ce n’est plus un ensemble spécia- méthode de travail minutieuse et terprétation musicale. lisé depuis longtemps déjà. Mais originale, Anima Eterna Brugge ce n’est pas non plus un orchestre propose des interprétations qui Ni comme pianiste, ni comme chef symphonique traditionnel. Lors de surprennent souvent et convain- d’orchestre, il ne s’est limité à la sa création en 1987, l’orchestre vi- quent immédiatement, déplaisent musique baroque, automatique- sait un objectif clair : interpréter le peut-être parfois à un certain pu- ment associée à l’interprétation plus fidèlement possible la musique blic, mais ne laissent jamais indif- historique. Avec son orchestre, il baroque, notamment en recourant férent, ni n’ennuient. s’est ouvert à un répertoire tou- à des instruments adaptés. jours plus jeune. Aujourd’hui, Jos Anima Eterna Brugge a enregistré van Immerseel et Anima Eterna Sans s’écarter de leur mission d’in- de nombreux CD auprès de divers Brugge ne jouent plus seulement terprétation la plus authentique labels. Depuis 2002, les interpréta- des morceaux du classicisme vien- possible du patrimoine musical, les tions d’Anima Eterna Brugge sont nois, mais aussi des œuvres de la musiciens d’Anima Eterna Brugge exclusivement publiées chez Zig fin du XIXe siècle jusqu’au début et Jos van Immerseel se sont tournés Zag Territoires, un label parisien. de l’époque moderne, dont celles vers un répertoire de plus en plus À ce jour, 20 CD sont parus chez des compositeurs Ravel, Debussy large. Après la musique ancienne, Zig Zag. Les enregistrements de et Gershwin. Outre son travail de ils se sont penchés sur la période l’orchestre récoltent d’ordinaire musicien et chef d’orchestre, Jos classique et romantique. Depuis, des critiques élogieuses et sont ré- van Immerseel se consacre à la Anima Eterna Brugge joue des œu- gulièrement récompensés par des recherche scientifique axée sur la vres comme le Boléro de Ravel et prix internationaux. musique et intègre ses découvertes la musique de Francis Poulenc. Le dans ses interprétations musicales. nombre de collaborateurs a suivi En 2002, le Concertgebouw de l’élargissement du répertoire. En Brugge ouvrait ses portes ; un an Sa vaste collection de pianos et fonction de la distribution néces- plus tard Anima Eterna Brugge de- clavecins historiques joue un rôle saire, le nombre de musiciens par venait l’orchestre résident de cette prépondérant dans son travail de projet peut varier de sept à plus de salle de concert exceptionnelle. musicien. Elle lui permet de choi- quatre-vingts. En plus d’un réseau Anima Eterna Brugge est aussi un sir le bon instrument pour chaque fixe, quelque 250 musiciens font partenaire musical fixe de l’Opéra projet, ce qui donne souvent lieu à partie de l’orchestre. Ils ont été de Dijon. des interprétations aussi magnifi- invités en raison de leur spécialisa- ques que surprenantes. tion dans une période ou en raison des instruments dont ils jouent. Jos van Immerseel a immortalisé son travail de soliste, chef d’or- Anima Eterna Brugge est un or- chestre et accompagnateur dans chestre de projets. Les musiciens se un nombre impressionnant d’en- réunissent environ six fois par an registrements, parmi lesquels l’in- pour les répétitions, représenta- tégrale des concertos pour piano- tions et éventuels enregistrements des programmes de concerts com- posés avec soin. Le point de départ

34 Les commentaires

Dans les années 1760 et 1770, alors ravissement des idées au dérou- ment virtuose et brillant un moment que le classicisme est à son apogée, lement original et audacieux, des assombri par un passage mineur très cultivant les vertus de l’équilibre et formes et des modulations d’une expressif. Le mouvement lent pré- de la raison, un vent de folie se lève, grande nouveauté et d’une infinie sente lui aussi un épisode mineur de brouillant les pistes et révélant la variété. Jamais sans doute un es- caractère pathétique, tandis que le face obscure et tourmentée des sen- prit génial n’a produit une musique Rondo final comprend également timents. Quelques compositeurs se témoignant de tant de grandeur, de quelques pages un peu ambiguës laissent alors séduire par ces frissons hardiesse et d’humour. » qui insèrent comme un moment préromantiques pour renouer avec d’inquiétude dans une ambiance un art d’écrire qui fait davantage la C’est d’abord en tant que clave- générale plutôt sereine. L’œuvre place à l’émotion, à l’improvisation, ciniste et pianiste que le jeune présente donc un intérêt certain, à la fantaisie. Wolfgang Amadeus Mozart même si elle n’atteint pas la trans- Carl Philip Emanuel Bach fait construit sa carrière de musicien. cendance géniale des grandes œu- partie de ce cercle restreint. Ses C’est clairement le virtuose qui s’im- vres de la maturité. symphonies, écrites à Berlin puis à pose à l’époque, le compositeur Hambourg, révèlent bien son origi- prenant ensuite le relais avec de A la fois modèle, confrère et ami de nalité, son style unique très éloigné plus en plus de force. Pour autant, Mozart, Joseph Haydn est de son des standards de l’école de Mann- même lorsqu’il triomphe ensuite côté l’incontestable chef de file de heim ou des compositeurs viennois. à l’orchestre et à l’opéra, Mozart l’école classique viennoise dans le Selon Eugene Helm, auteur d’un n’oublie pas son pianoforte chéri. domaine de la symphonie. Pas moins catalogue thématique de l’œuvre Il lui consacre une part non négli- de 104 œuvres de ce type jalonnent du compositeur, « elles proclament geable de son énergie créatrice pour en effet sa longue carrière, achevée que les jours de la sinfonia d’opéra lui offrir nombre de pièces solistes, au moment où un certain Beetho- à l’italienne sont révolus, et qu’une quelques pages inoubliables dans ven prend le relais pour mener l’hé- symphonie, pour mériter son nom, le domaine de la musique de cham- ritage des classiques sur d’autres doit se révéler surprenante et bre, et enfin un magnifique corpus rives. Le corpus des symphonies de audacieuse en son premier mouve- de 27 concertos qui font le bonheur Haydn présente donc un intérêt ma- ment, méditativement belle en son des mélomanes aujourd’hui comme jeur, non seulement du fait de sa va- deuxième et gaie ou innocente en hier. Plus nombreux que chez n’im- leur intrinsèque, mais aussi pour son son troisième. » porte quel autre compositeur de rôle de témoin de l’évolution struc- son envergure, les concertos pour turelle et esthétique de la musique Ces œuvres sont destinées aux cor- clavier accompagnent donc Mozart d’orchestre à Vienne, depuis le style des seules (ou dans une seconde tout au long de sa carrière, révé- galant des débuts jusqu’aux chefs- version avec vents), et sont tou- lant une richesse et une variété qui d’œuvre de la maturité, en passant tes construites en trois mouve- en font un exemple unique dans par les œuvres plus tourmentées et ments. Le dédicataire du cycle des l’histoire de la musique, ainsi qu’un contrastées de la période Sturm und six symphonies écrites par Bach en modèle pour les générations suivan- Drang (Orage et Passion). C’est pré- 1773 (Wq.182/1-6) n’est pas n’im- tes. Le compositeur a d’autant plus cisément à cette période de « crise porte qui, puisqu’il s’agit du Baron considéré ces concertos comme des romantique », qui a pris le nom d’un Gottfried van Swieten, ambassa- miroirs et des témoins de ses aspi- mouvement littéraire de l’époque, deur d’Autriche à Berlin, puis Direc- rations les plus intimes qu’il en est qu’appartient la Symphonie n°57 teur de la bibliothèque impériale à alors leur interprète de prédilec- en Ré majeur (1774). L’introduction Vienne, organisateur de concerts tion. On a ainsi conservé nombre Adagio, énergique et souple à la privés à Vienne auxquels participent de cadences notées par Mozart à fois, n’est pas sans évoquer le mon- Haydn et Mozart, redécouvreur sur le la suite de ses nombreux concerts. de de l’opera buffa. Elle débouche continent des oratorios de Haendel Le Concerto n°8 en do majeur sur un bondissant Allegro, léger et (dont il commande l’un ou l’autre ar- KV 246 date d’avril 1776. C’est aéré. L’Adagio qui suit est simple rangement à Mozart) et auteur des une œuvre de commande, destinée d’apparence mais très subtil dans les livrets des Sept Paroles du Christ, de à la comtesse Lützow, femme du détails et d’une rare pureté mélodi- La Création et des Saisons de Haydn. commandant de la citadelle de que, tandis que le Menuet évoque Excusez du peu ! Van Swieten com- Salzbourg et excellente pia- la valse de manière assez irrésisti- mande ces œuvres en demandant au niste d’après les témoigna- ble. Le Finale prestissimo permet à compositeur de donner libre cours à ges de l’époque. Parmi les œu- Haydn de faire l’étalage de toute sa son imagination et à son inspiration. vres de jeunesse de Mozart, science, ainsi que de son penchant Bach ne se l’est pas laissé dire, si l’on il est généralement considéré com- bien connu pour les allusions humo- en croit un témoignage publié peu me le premier concerto qui se dé- ristiques et les références à la musi- après sa mort : « Bach composa alors gage quelque peu de l’esthétique que populaire. Le thème est en effet pour le Baron van Swieten à Vienne galante alors prédominante pour d’origine populaire autrichienne six grandes symphonies pour or- développer par moments un dis- (repris également par le composi- chestre, où, comme l’avait souhaité cours plus contrasté au sein d’une teur Alessandro Poglietti dans un Swieten, il se laissa complètement structure élaborant un véritable dia- caprice pour clavecin sur les cris de la aller, sans tenir compte des difficul- logue entre le soliste et l’orchestre. poule et du coq), et Haydn le traite tés d’exécution qui en résulteraient Le premier mouvement laisse appa- en mouvement perpétuel avec une nécessairement […] Sans vraiment raître un travail thématique très soi- grande virtuosité. les comprendre, on écouta avec gné qui culmine dans le développe-

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Saint-Hubert Ferme de Chirmont Dimanche 14 juillet 2013 I 15h Petit Poucet, La Belle, La Bête et Cie. Voyage musical au pays des contes à déguster Conception et réalisation du spectacle Autour de Ma Mère l’Oye de Ravel, Sybille Wilson, textes et mise en scène ce spectacle musical, en complicité avec Floriane Devigne, réalisation du film une narratrice et la projection d’images, Muhiddin Dürrüoglu, propose d’entrer dans l’univers des contes arrangements musicaux féeriques. Deux couples d’artistes sont mis en scène par Sybille Wilson, dans le cadre Interprètes d’un festival dédié à l’amour et dont l’objet Marie-Laure Girard, narration est de faire rêver les enfants en découvrant Marie Hallynck, violoncelle musicalement les héros et héroïnes de Muhiddin Dürrüoglu, la littérature enfantine. Cédric Tiberghien, piano Pour les enfants à partir de 5 ans Programme

Les contes, on peut les raconter, les inventer, les écouter, les jouer, les question- Maurice Ravel ner ou les rejeter. On peut les mettre en musique, comme on peut les filmer. I Prélude de « Ma Mère l’Oye » On peut rentrer dedans, puis en sortir, les haïr, puis les aimer, les provoquer puis les accueillir. On peut y voir des histoires lointaines, comme on peut y I Danse du Rouet déceler des histoires présentes et personnelles. I Pavane de la Et il y a des contes où l’on peut faire tout cela en même temps. Il en est ainsi Belle au Bois Dormant du spectacle Petit Poucet, La Belle, La Bête et Cie. I Petit Poucet Tout commence sur un écran… Des enfants traversent la nuit en voiture. Piotr Ilitch Tchaïkovski Marie-Laure, qui les accompagne, connaît comme « Ma Mère L’Oye » des tas I Introduction de récits et de personnages. Ils arrivent devant une grande maison féerique. « La Belle au Bois Dormant » Soudain, en pénétrant dans le salon de cette maison, Marie-Laure quitte le film I Pas de Caractère et arrive sur scène dans ce même salon. Des musiciens y répètent des contes de Ravel, de Tchaïkovski et de Henze. Savent-il que leurs enfants vivent au même I Le Chat Botté et la instant des aventures nourries de ces histoires merveilleuses, et qu’ils subissent, Chatte Blanche comme des héros de contes, les doutes et les angoisses de la vie ? Et les enfants, I Panorama que comprennent-ils du monde enchanté que créent leurs parents ? I Valse Par un va-et-vient entre scène et écran, musique, texte et images, ce spectacle Hans Werner Henze se faufile dans les mondes et les imaginaires des parents et des enfants. I Pollicino Sybille Wilson Maurice ravel I Le jardin féerique

37 Les interprètes

le, créé, joué et dansé à deux avec mer, très jeune, une carrière de so- Céline Pernas. La même année, ce liste internationale. Elle a déjà joué spectacle reçoit le Prix du jury et le en soliste avec une trentaine d’or- Prix du public au Festival de Cou- chestres réputés, belges ou étran- langes. Récemment, on a pu la voir gers, et est invitée à se produire au Théâtre des Variétés et au Théâ- en récital dans les salles les plus tre Michel à Paris dans Merlin l’en- prestigieuses, telles le Concertge- chanteur et La légende de la fée bouw d’Amsterdam, la Muziekve- Mélusine. rein de Vienne, le Wigmore Hall Marie-Laure Girard-Tiberghien de Londres, la Cité de la Musique Née à Saintes, Marie-Laure à Paris, le Carnegie Hall à New Girard-Tiberghien obtient un Pre- York… En musique de chambre, mier Prix et un Prix d’Honneur au elle s’est produite avec les artistes Conservatoire de Cognac, puis elle les plus renommés. Ses enregistre- se perfectionne à Paris avec Jean ments sont récompensés par de Davy et Odile Mallet aux Tréteaux nombreuses distinctions. Elle en- de France avant d’entrer aux seigne depuis l’âge de dix-huit ans Ateliers du Sudden, dirigés par au Conservatoire Royal de Bruxel- Raymond Acquaviva (Comédie les. Elle joue sur un violoncelle du Française). Marie-Laure Girard- Marie Hallynck luthier vénitien Matteo Goffriller Tiberghien joue, depuis ses dé- Née dans une famille de musiciens, de 1717. buts, dans des registres très variés : Marie Hallynck commence l’étude L’Apollon de Bellac de Giraudoux, du violoncelle à Tournai, sa ville Le Dindon de Feydeau, Le pain natale, puis travaille à Paris avec de Ménage de Jules Renard et de Reine Flachot. Sa solide formation nombreux spectacles jeunes publics auprès d’Edmond Baert à Bruxelles, comme L’Ile au Trésor, Une étoile Janos Starker aux U.S.A. et Natalia pour Noël ou Charline ne veut pas Gutman en Allemagne, sa forte se laver. Elle participe au Festival personnalité et les nombreux prix de Gavarnie en 2003 et quatre fois qu’elle a remportés lors des concours au Festival d’Avignon avec Oscar, nationaux et internationaux (dont Je suis ta mémoire, Le pacte et le célèbre concours Eurovision Muhiddin Dürrüoglu Fêlure. En 2007, elle participe à la 1992, les concours de Douai, d’Eind- Pianiste et compositeur, Muhid- création de « 36 », un spectacle hoven, de Gand, de Barcelone, din Dürrüoglu est entré dès l’âge autour de la guerre civile espagno- de Paris…) lui ont permis d’enta- de onze ans au Conservatoire

21 Grand Rue 6870 Awenne (Saint-Hubert)

T Hotel 0032 (0)84 36 65 23 T Restaurant 0032 (0)84 36 65 04 F 0032 (0)84 36 63 68 M [email protected] 38 d’Ankara où il a bénéficié d’un régime a réalisés dans ce domaine, notam- spécial réservé aux enfants surdoués. ment un récital de mélodies fran- En 1987, il s’installe en Belgi- çaises avec Sophie Karthäuser. Son que pour compléter sa formation dernier disque - Variations Sympho- au Conservatoire Royal de Bruxel- niques et « Les Djinns » de C. Franck les. Il y est l’élève de Jean-Claude avec l’Orchestre Philharmonique Vanden Eynden pour le piano et Royal de Liège et François-Xavier de Jacqueline Fontyn pour la com- Roth - est sorti chez Cyprès, salué position. Deux ans plus tard, il en- unanimement par la critique. Cédric Tiberghien tre à la Chapelle musicale Reine La carrière internationale de Elisabeth, dont il sort gradué en Cédric Tiberghien s’épanouit sur cinq 1992. Il est finaliste du Concours continents, le voyant apparaître sur européen de Piano en 1991, les scènes les plus prestigieuses du puis lauréat du concours Nany monde, y compris le Carnegie Hall Philippart. A l’Indiana University à New York, ou encore, le Musikve- School of Music, à Bloomington rein de Vienne. Cédric a étudié au (USA), il effectue un doctorat en Conservatoire de Paris où il a reçu le piano. En 1993, il commence à Premier Prix à l’âge de 17 ans. Il a été se faire reconnaître comme com- ensuite lauréat de plusieurs grands Sybille Wilson positeur. Ses concerts l’ont déjà concours internationaux avant de La metteur en scène Sybille Wilson mené dans de nombreux pays et remporter le 1er Prix du Concours étudie le violon au Conservatoire il participe activement à la vie Marguerite Long-Jacques Thibaud de Bruxelles et ensuite la littérature musicale belge. Accompagnateur, en 1998. Avec plus de 60 concertos à à l’Université de Cambridge. Elle se puis professeur au Conservatoire son répertoire, Cédric Tiberghien est dirige vers la mise en scène d’opéra Royal de Bruxelles, il a enregis- apparu avec un palmarès impression- et travaille pendant plusieurs an- tré plusieurs œuvres de compo- nant d’orchestres internationaux et nées au Théâtre de la Monnaie. Elle siteurs de notre pays. Lauréat de français. Il entretient également une assure des reprises de productions la Fondation de la Vocation, il est passion pour la musique de cham- en Europe et aux Etats-Unis et col- le partenaire régulier de Ronald bre, comptant parmi ses partenaires labore actuellement avec Robert Van Spaendonck et de Marie réguliers la violoniste Alina Ibragi- Lepage sur des projets de théâtre. Hallynck, avec lesquels il a fondé mova, la soprano Sophie Karthäuser Sybille Wilson élabore ses propres l’ensemble Kheops. et le violoncelliste Pieter Wispelwey. mises en scène d’opéra ou de spec- Son enthousiasme pour ce genre est tacles musicaux depuis plusieurs an- illustré par les enregistrements qu’il nées dans divers pays d’Europe.

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Libin Eglise Notre-Dame du Mont-Carmel Dimanche 14 juillet 2013 I 20h Boyan Vodenitcharov & les Solistes de la Monnaie Programme Wolfgang Amadeus Mozart (1756-1791) I Divertimento pour hautbois, clarinette, basson KV 439b - Allegro - Menuetto - Larghetto - Menuetto - Rondo,allegro

I Quintette en Es KV 452 - Largo - Allegro Moderato - Larghetto Voces Intimae - Allegretto

Musique de chambre, miroir des *** passions intimes C’est avec une sensibilité à fleur de peau Ludwig VAN Beethoven (1770-1827) I Quintette en Es opus 16 et un extraordinaire sens des nuances - Grave que Mozart et Beethoven nous parlent de - Allegro ma non troppo sentiments, de sensations, de vibrations de - Andante cantabile l’âme. Ces mets musicaux particulièrement - Rondo, allegro ma non troppo succulents vous sont servis ce soir par des interprètes d’exception, qui sauront vous en révéler les saveurs subtiles.

Boyan Vodenitcharov, piano Luk Nielandt, hautbois Ivo Lybeert, clarinette Dirk Noyen, basson Jean-Noël Melleret, cor

41 Les interprètes

Boyan Vodenitcharov Zipperling - dans des trios de Haydn, prix et a notamment été lauréat Né en 1960, le pianiste Boyan ainsi que des sonates pour violon du Trompconcours d’Eindhoven, Vodenitcharov a déjà remporté le et pianoforte et quatuors à clavier Pays-Bas en 1978 et du Concours deuxième prix du Concours inter- de Mozart. Il collabore également Tenuto en 1979. national Senegallia lorsqu’il rentre avec d’autres grands spécialistes Ivo est clarinettiste solo et chef de au Conservatoire d’Etat de Sofia de la musique ancienne comme Mar- pupitre de l’Orchestre symphoni- en 1979. Il obtient ensuite, entre cel Ponseele, Sigiwald Kuijken, Jan que de la Monnaie depuis 1985. autres, le troisième Prix au Concours Vermeulen, Piet Kuijken. Il est par ailleurs membre du ‘ Mon- international de Busoni en 1981, le A part ses activités d’instrumentiste, naie Wind Quintet’ et de l’Octuor à Premier Grand Prix de L’Union des Boyan Vodenitcharov travaille éga- vent de la Monnaie. Compositeurs Bulgare au concours lement dans le domaine de la com- Il a notamment collaboré comme so- national en 1982 et le troisième Prix position et l’improvisation. Plusieurs liste avec l’Orchestre de Filharmonie au Concours international Reine de ses œuvres ont été jouées en et l’Orchestre symphonique de la Elisabeth en 1983. En 1986 et 1987, France, en Allemagne, en Belgique BRT, et il a travaillé avec des grands il obtient le « Fullbright Grant » pour et en Bulgarie. chefs d’orchestre dont Christoph von se perfectionner auprès de Léon En tant qu’improvisateur il collabore Dohnanyi, Charles Dutoit, Michaël Fleischer au Peabody Conservatory avec le pianiste de jazz Arnould Mas- Gielen, Kent Nagano, Kazushi Ono, de Baltimore. sart et le saxophoniste Steve Hou- Antonio Pappano, Sir John Pritchard Depuis lors, Boyan Vodenitcharov a ben, son partenaire dans les cd « Les et Michaël Schönwandt. été acclamé aussi bien en Europe, valses » paru chez Mogno Music et Il s’est produit en tant que soliste en qu’aux Etats-Unis, au Canada ou au « Darker Scales » paru chez Igloo. Belgique et à l’étranger. Japon. Plusieurs importants festi- Sa discographie récente comprend Il était professeur invité du Conser- vals comme le Festival de Flandre, le des pièces solo de Brahms (sur vatoire de Rotterdam de 1992 à Festival de Wallonie, le Festival Ars Bôsendorfer 1880) et Debussy (sur 1998, il a régulièrement donné des Musica en Belgique, le Piano Festival Erard 1910) pour le label Explicit ! , master classes. Depuis 1979, il est d’Amsterdam, le Midem en France, des sonates de Mozart (sur Walter professeur au ‘Koninklijk Vlaams etc. l’ont invité à se produire à nom- 1795) pour Fuga Libera, ainsi qu’un Muziekconservatorium’ d’Anvers. breuses reprises. On a pu apprécier projet de musique improvisée pour ses qualités musicales dans autant de piano solo. Dirk Noyen prestigieuses salles de concert que le De 1987 à 1991, il fut professeur de Dirk Noyen a étudié le basson et Palais des Beaux-Arts de Bruxelles, piano au Conservatoire d’Etat de la musique de chambre au Lemmens- le Concertgebouw d’Amsterdam, le Sofia. Il a ensuite enseigné le piano et instituut de Louvain et il a obtenu Palais de la Musique de Strasbourg, la musique de chambre aux Conser- son diplôme supérieur. En 1985, il a la Salle Smetana de Prague, le Sun- vatoires Royaux de Gand et de Liè- été lauréat du concours Tenuto et tori Hall de Tokyo. Concertiste de ge. Actuellement, il est professeur il a participé au ‘ Jonge Mensen op renommée internationale, il a été de piano, pianoforte et d’improvi- het Concertpodium’ aux Pays-Bas. accompagné par de nombreux or- sation au Koninklijk Conservatorium En 1988, il a été lauréat du Tromp- chestres, tels l’Orchestre national de Bruxelles. En 2003, 2007 et 2010 concours d’ Eindhoven, Pays-Bas. de Belgique, les Philharmoniques de il a été membre du jury du Concours Depuis 1981, il est premier basso- Liège et de Flandre, le Residentie Or- international Reine Elisabeth. niste solo et chef de pupitre de l’Or- kest de La Haye, le Schwerin Staats- chestre symphonique de la Monnaie kapelle, le Philharmonique de Sofia, Luk Nielandt et professeur invité au Lemmensins- le Kärtner Sinfonie Orchester… Aprés avoir été pendant des années tituut de Louvain. Il fait également On remarque son engagement en- soliste hautbois de l’Orchestre Phil- partie du ‘Monnaie Wind Quintet’ vers la création contemporaine, harmonique de Flandre, du Brabants et de l’Octuor à vent de la Monnaie. grâce à ses nombreuses exécutions Orkest de de Prometheus-ensemble, Il se produit avec des ensembles de de pièces d’aujourd’hui (souvent Luk Nielandt est actuellement solis- musique de chambre tels que l’En- écrites spécialement pour lui), le te hautbois du Théâtre Royal de la semble Ictus, le quatuor de bassons cd Contemporary Bulgarian Piano Monnaie à Bruxelles. Son répertoire Phenix et le trio baroque La Giancin- Music pour le label Gega, ainsi que va de la musique baroque à des tina. ses collaborations avec l’ensemble oeuvres solo de Berio, des concertos En 1992, il a représenté la Belgique Musiques Nouvelles ou le chorogra- de Bach, Mozart, Maritinu, Strauss, à l’Internationale Basson-Festival de phe Frédéric Flamand. Lutoslawski, Schnittke et d’autres, IJsbreker à Amsterdam, et en 1992- Depuis une vingtaine d’années, avec des chefs tel qu’on Ono, Krenz, 1993, il a régulièrement été invite il s’intéresse aux instruments an- Shipway, Soustrot, Joo etc. Il joue par le London Philharmonic Orches- ciens comme le tangentenflügel du hautbois chez I Solisti del Vento tra pour une série de concerts aux ou le pianoforte. C’est sur ces ins- et est actuellement professeur de Festivals d’ Edimbourg et de Lucer- truments qu’il a enregistré pour hautbois au Conservatoire Royal ne, aux BBC Proms au Royal Albert PHI trois trios à clavier de Mozart d’Anvers. Hall et a participle à plusieurs enre- ainsi qu’une sélection de sonates de gistrements cd. Haydn. Chez Denon, on le retrouve Ivo Lybeert Il a travaillé avec des ensembles aux côtés de Ryo Terakado dans une Ivo Lybeeert a étudié au ‘Konink- belges et étrangers, notamment intégrale de sonates pour violon et lijk Vlaams Muziekconservato- sous la direction musicale de piano de Beethoven. Chez Flora, rium’ d’ Anvers auprès de Walter chefs d’orchestre tels que Charles avec François Fernandez et Rainer Boeykens. Il a reçu de nombreux Dutoit, Kazushi Ono, Antonio

42 Les interprètes (suite)

Pappano, Wolfgang Sawallisch, en 2008 il a enregistré un disque de France) à Paris 2ème /4 éme cor-grave Klaus Tenstedt et Christoph von jazz ‘ Bassoon 4 All ‘ vol. I et II avec le pendant 5 ans. Il deviant 1er cor-solo à Dohnanyi. quatuor bassons Phenix. l’Orchestre National de Lille pendant Il a participle à des nombreux en- 20 ans, et enseigne le cor au conser- registrements et a proposé en 1996 Jean-Noël Melleret vatoire de Tourcoing (France). son premier cd solo avec le ‘Concer- Jean-Noël Melleret a été l’élève Depuis 2001 Jean-Noël Melleret est to pour bassoon ‘ et la ‘ Sinfonia de Georges Barboteu au CNSM 1er cor de l’Orchestre du Théâtre concertante’ de W.A. Mozart. Il a par de Paris. Après avoir obtenu un Royal de la Monnaie à Bruxelles et ailleurs realisé un enregistrement 1er prix de cor, il a joué à l’Orchestre il est membre du ‘ Monnaie Wind solo avec Tars Lootens, ‘ Where Dirk Colonne de Paris comme 3ème / 1er cor Quintet’ et de l’Octuor à vent de la Noyen meets Tars Lootens’, mélant pendant trois ans. Puis il entre à l’Or- Monnaie. musique classique et jazz. En 2000 et chestre National de France (Radio- Les commentaires C’est avec une sensibilité à fleur de rée autour d’un jeu de thèmes et de d’une introduction lente (Grave), et peau et un extraordinaire sens des motifs dans lequel, malgré la pré- le matériel thématique est toujours nuances que Mozart et Beetho- dominance concertante du piano, exposé au piano avant d’être repris ven nous parlent de sentiments, de les vents sont traités de façon auto- en imitation par les vents. D’une sensations, de vibrations de l’âme. nome et avec une égale importance, manière générale, Beethoven ap- Ces mets musicaux particulièrement révèle toute sa subtilité. L’Allegro porte des éléments nouveaux dans succulents vous sont servis ce soir moderato, entonné calmement par la partie pianistique, expressive et par des interprètes d’exception, qui le piano auquel répondent ensuite robuste, par opposition aux parties sauront vous en révéler les saveurs les vents, présente un caractère des vents, plus proches du carac- subtiles. plutôt pastoral que vient animer, tère de la sérénade. Même si cette Les quintettes de Mozart et de dans le développement, un habile composition de jeunesse n’atteint Beethoven ont l’un par rapport jeu d’imitations et de réponses en- pas la divine légèreté du modèle à l’autre une relation quasiment tre piano et vents. Le Larghetto ne mozartien, elle recèle les très gran- père-fils. Sans l’œuvre de Mozart, met pas particulièrement à l’hon- des qualités d’un génie en devenir. que Beethoven appréciait beau- neur son thème principal, chantant Ainsi, l’Allegro ma non troppo offre coup, l’opus 16 de ce dernier n’aurait comme un Lied, mais davantage un thème principal caractéristique peut-être pas vu le jour. toute une série d’idées secondaires. de « l’héroïsme » beethovénien qui La partie médiane mène d’ailleurs à repose sur un ton affirmatif et im- Le quintette en mi bémol majeur un enchevêtrement harmonique as- périeux que le piano impose d’em- KV 452 a été joué pour la première sez audacieux, très modulant et de blée. L’Andante cantabile qui suit se fois le 1er avril 1784 dans une aca- caractère relativement dramatique, coule dans une forme libre pleine de démie au cours de laquelle Mozart auquel met fin le retour apaisant du chaleur et de sensualité, tandis que proposait également au public un thème principal. Très dynamique, le l’Allegro final est un Rondo enjoué concerto pour piano et trois sym- Rondo final possède un refrain mé- écrit à partir d’un thème de chasse. phonies. Le compositeur était assez morable, gracieux et noble à la fois, Le piano mène la danse, une fois en- fier de son œuvre, si l’on s’en réfère exposé au piano puis repris en tutti, core, en alternance ou en tutti avec à l’une des lettres qu’il écrit alors à auquel répondent des couplets aux des parties de vents pleines d’imagi- son père : « Je considère que c’est atmosphères changeantes, parfois nation, à l’écriture particulièrement ce que j’ai écrit de mieux jusqu’à mélancoliques. La partie conclusive aérée. présent… J’aurais tant voulu que va de l’avant avec gaieté, permet- vous puissiez l’entendre, et enten- tant au passage un magnifique dia- Face à ces deux chefs-d’œuvre, le dre comme il a été bien interprété. » logue concertant entre les différents Divertimento pour hautbois, clari- Cet opus, qui est resté sa seule par- protagonistes. nette et basson KV Anh. 229 appa- tition pour vents et piano, est en ef- raît comme un délicat et charmant fet largement apprécié, aujourd’hui Il est incontestable que le jeune apéritif. La référence aux sérénades comme hier. A la fois musique de Beethoven a cette œuvre de et autres musiques de divertisse- chambre raffinée, divertissement Mozart en tête lorsqu’il compose ment, très à la mode dans la bonne aristocratique et parfait exemple son Quintette op. 16, créé à Vienne société viennoise de l’époque, est de dialogue concertant, il appa- le 6 avril 1797 avec lui-même au ici très claire. Nulle intention de raît comme une brillante réussite piano. La distribution, bien sûr, mais marquer l’histoire de la musique de qu’aucun autre compositeur de sa aussi la tonalité et le caractère des la part de Mozart, qui se plaît au génération n’a égalée. D’emblée, le trois mouvements sont identiques. contraire à exploiter au mieux le po- vaste Largo introductif indique clai- L’hommage de Beethoven à Mozart tentiel mélodique et le fruité sonore rement que le compositeur place son va même plus loin, puisque dans le des différents instruments au service œuvre non dans la lignée des séré- mouvement central le thème prin- d’une musique toute entière conçue nades divertissantes mais bien dans cipal est emprunté à l’air charmant pour charmer les oreilles… le cadre d’une musique de chambre de Zerlina, « Batti, Batti » extrait de raffinée à haute ambition artistique. Don Giovanni. Suivant le modèle de La construction du discours, élabo- Mozart, l’Allegro initial est précédé

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La Roche-en-Ardenne Eglise décanale Saint-Nicolas Vendredi 19 juillet 2013 I 20h Introduction au concert par Benoît Mernier I 19h15 Programme Dietrich Buxtehude (1637-1707) I Toccata en Fa majeur BuxWV 156* Choral Vater unser BuxWV 219 Sophie Karthäuser Heinrich Schütz (1585-1672) I Ich will den Herren loben allezeit SWV 306 (Keine geistliche Konzerte) et Benoît Mernier Girolamo Frescobaldi (1583-1643) I Toccata avanti la Messa della Madona (Fiori Musicali)* Alessandro Grandi (vers 1577 – 1630) I O quam tu pulchra es Claudio Monteverdi (1567-1643) I Laudate Dominum Allessandro Grandi (vers 1577-1630) Sophie Benoît I Cantabo Domino Karthäuser Mernier Pablo Bruna (1611-1679) I Tiento sobre la letania del la Virgen* La voix des Anges I Benoît Mernier (°1964) Improvisation* Ad majorem Dei Gloriam ou l’alliance idéale de la voix et de l’orgue * * * Le baroque en musique est un véritable Johann Sebastian Bach (1685-1750) théâtre des passions, tour à tour profanes et I Liebster Gott, erbarme dich sacrées, amoureuses et mystiques. En voici (Cantate BWV 179) un bel exemple, puisé aux meilleures sources I Meine Seele erhebt den Herren du baroque italien et du piétisme allemand. BWV 648 (Schübler Chorale)* I Ich will dir mein Herze schenken L’occasion rêvée de mêler les séductions de (Matthäus Passion BWV 244) la voix au souffle généreux de l’orgue, I Wachet auf ruft uns die Stimme écrin de choix et partenaire attentif. BWV 645 (Schübler Chorale)* I Bete, bete, bete aber auch dabei Concert d’inauguration du nouvel orgue (Cantate BWV 115) I Kommst du nun, Jesu BWV 650 Sophie Karthäuser, soprano (Schübler Chorale)* Benoît Mernier, orgue Benoît Mernier (°1964) I Improvisation* Wolfgang Amadeus Mozart (1756-1791) I Motet Exultate Jubilate KV165

* pour orgue

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Sophie Karthäuser I soprano Charles Cros). Elle enregistre égale- Trio Medicis, le Trio Fibonacci ; les Sophie Karthäuser est née à Mal- ment le rôle-titre de La Finta Giar- ensembles Oxalys, Ictus, Musiques medy. Grâce à une bourse du British diniera de Mozart avec René Jacobs Nouvelles, le Chœur de Chambre Council et de la Fondation Belge de et « Green » un récital de mélodies de Namur, l’Orchestre du Théâtre la Vocation, elle parfait sa formation françaises avec le pianiste Cédric Royal de la Monnaie, l’Orchestre avec Noëlle Barker à la Guildhall Tiberghien. Philharmonique de Liège, l’Orches- School of Music and Drama de Lon- Ses projets la mèneront à Vienne tre National de Belgique, l’Orches- dres. pour Idomeneo et Faramondo, tre Philharmonique de Radio-Fran- Elle a été invitée à se produire à Bruxelles pour Tamerlano, en ce, l’Orchestre Philharmonique de avec des ensembles prestigieux tels tournée avec René Jacobs pour la Radio de Vienne,… que l’Academy of Ancient Music, Le Nozze di Figaro et Orlando Plusieurs de ses œuvres ont été Les Arts Florissants, La Petite Ban- ainsi qu’avec Jérémie Rhorer pour récompensées par des prix en de, Les Folies Françoises, l’Akade- Fidelio. Elle a de très nombreux Belgique et à l’étranger : Artifices mie für Alte Musik, le Freiburger récitals et concerts programmés pour orgue en 1990 à «La Tribune Barockorchester, le Gewandhaus notamment à Bozar, au Wigmore Internationale des Compositeurs» Leipzig, Le Cercle de l’Harmo- Hall, au Festival de Saint-Denis, patronnée par l’UNESCO ; Blake nie... sous la direction musicale de à Gaveau avec des chefs tels qu’ Songs pour voix et orchestre de Riccardo Chailly, William Christie, Andreas Spering, Christian Arming, chambre par l’Académie Royale de Thomas Hengelbrock, René Jacobs, René Jacobs, Louis Langrée et Phi- Belgique en 1995. Son Quintette John Eliot Gardiner, Louis Lan- lippe Herreweghe. avec clarinette a reçu en 1999 le grée, Marc Minkowski, Christophe Prix Paul Gilson de la Communauté Rousset, Kurt Masur, Marcello Viotti, Benoît Mernier des Radios Publiques de Langue Kent Nagano et Christian Zacharias. Benoît Mernier est né en Belgique en Française. Ses « Cinq Inventions » Sophie Karthäuser a interprété de 1964. C’est par l’orgue qu’il aborde pour orgue ont été sélectionnées par nombreux rôles mozartiens, dont la musique avec Firmin Decerf pour la ISCM pour l’édition 2003 de son Tamiri (Il Re pastore) au Théâtre étudier ensuite au Conservatoire festival. des Champs-Élysées à Paris, Serpetta Royal de Liège où il a remporté Durant la saison 2002-2003, Benoît (La Finta Giardiniera) au Konzer- de nombreux Premiers Prix et le Mernier était « compositeur en ré- thaus de Berlin, sa première Susanna Diplôme Supérieur d’orgue dans sidence » au Palais des Beaux-Arts (Le Nozze di Figaro) à l’Opéra de la classe de Jean Ferrard dont il fut de Bruxelles et au festival autri- Lyon et Ilia (Idomeneo) au Festival l’assistant pendant plusieurs an- chien Carinthischer Sommer 2004. d’Aix-en-Provence et à l’Opéra Na- nées aux Conservatoires de Liège Le Concours International Reine Eli- tional du Rhin. À la Monnaie, elle et de Bruxelles. Il s’est ensuite per- sabeth lui a commandé l’oeuvre im- a notamment chanté Eco/Euridice/ fectionné pendant deux ans avec posée pour la session chant en 2004. La Musica (L’Orfeo, Monteverdi), Jean Boyer. Il a été invité d’honneur au Festival Zerlina (Don Giovanni, Mozart), Il découvre la musique d’aujourd’hui de Wallonie en 2008 où son Concer- Eritea (Eliogabalo, Cavalli), Ha- à Liège, au contact de Claude Le- to pour piano a été interprété par nako (Hanjo, Hosokawa), ainsi que doux, Henri Pousseur, Bernard Foc- Cédric Tiberghien et l’Orchestre Pamina (Die Zauberflöte, Mozart), croulle, Célestin Deliège et Philippe Philharmonique de Liège Wallonie- Calisto/Eternità (La Calisto, Cavalli), Ilia Boesmans avec qui il travaille en- Bruxelles sous la direction de Pascal (Idomeneo) et Angelica (Orlando). suite la composition. Rophé. En 2003, elle a remporté le Prix du Benoît Mernier consacre une par- Son premier opéra «Frühlings Public au prestigieux concours de tie de son temps à l’orgue en tant Erwachen» d’après F. Wedekind sur mélodie du Wigmore Hall de Lon- qu’interprète et pédagogue. Il se un livret de Jacques De Decker, lui a dres. Elle se produit régulièrement produit comme soliste en Belgi- été commandé par le Théâtre de la en récital et collabore avec les pia- que et à l’étranger (en Europe, au Monnaie à Bruxelles et y a été créé nistes Graham Johnson, Eugene Canada, au Mexique ou au Japon). en mars 2007. Une reprise en créa- Asti, David Lively et Cédric Tiber- Il a enregistré plusieurs disques dont tion française a eu lieu à l’Opéra du ghien. Elle a notamment chanté le l’un s’est vu décerner le Grand Prix de Rhin en septembre 2008. Spanisches Liederbuch (Wolf) avec l’Académie du disque Charles Cros. Cyprès a publié plusieurs disques Stephan Loges à l’Opéra national du Jouées et souvent créées dans consacrés à ses œuvres dont un cof- Rhin et se produit en récital au Théâ- le cadre de festivals tels que Ars fret CD/DVD de son opéra récom- tre Royal de La Monnaie, à Montréal, Musica, Présences, Wien Modern, pensé par un Diapason d’or. à la Philharmonie de Berlin, au Wig- Gaudeamus, World Music Days Un livre publié chez Mardaga lui a more Hall, à Bozar (Bruxelles), au (ISCM), Prague Premieres, ses œu- été consacré (« L’Eveil du Printemps, Carnegie Hall et à l’Opéra de Paris. vres sont interprétées par des naissance d’un opéra »). Sa discographie comprend un enre- musiciens et ensembles réputés : Un nouvel opéra commandé par gistrement solo d’airs de Grétry (Dia- Michaël Schönwandt, Pascal Rophé, le Théâtre de la Monnaie y a pason découverte), l’intégrale des Bertrand de Billy, Ronald Zollman, été créé en mars 2013 dans une mélodies de Mozart, des airs de Mo- Patrick Davin, Paul Daniel, Lorraine mise en scène et dramaturgie de zart avec Kazushi Ono et l’Orchestre Vaillancourt, Pierre Bartholomée, Karl-Ernst et Ursel Herrmann en col- symphonique de la Monnaie (FFFF Georges-Elie Octors, Jonas Alber, laboration avec Joël Lauwers d’après Télérama, Prix Gabriel Dussurget de le Quatuor Arditti, l’Ensemble «La Dispute» de Marivaux. Il a été l’Académie du disque) et Faramondo Modern, le Nouvel Ensemble édité chez Durand (Universal Music de Händel (Grand Prix de l’Académie Moderne, le Quatuor Danel, le Publishing Classical).

46 Les interprètes (suite)

La fondation Koussevitzky lui a fait Benoît Mernier vit et travaille à rieur de Musique et de Pédagogie la commande d’une nouvelle œu- Bruxelles. Il est titulaire de l’orgue (IMEP) à Namur. vre pour le Pro Arte Quartet qui de l’église Notre-Dame au Sablon Depuis 2007, il est membre de sera créée aux Etats-Unis durant la à Bruxelles et professeur d’orgue l’Académie Royale de Belgique saison 2013-14. et d’improvisation à l’Institut supé- (Classe des Beaux-Arts). Les commentaires Le baroque en musique est un vé- la production de musique instru- cécité contractée dès l’enfance. ritable théâtre des passions, tour mentale, laquelle désormais doit Il s’impose à son époque comme à tour profanes et sacrées, amou- tenir également de véritables « dis- l’un des grands spécialistes des reuses et mystiques. En voici un bel cours » en suivant les principes de la Tientos, pièces en contrepoint qui exemple, puisé aux meilleures sour- rhétorique. Concernant la musique tiennent à la fois du prélude et du ces du baroque italien et du pié- d’orgue, le guide nous vient égale- ricercar. Ce répertoire spécifique- tisme allemand. L’occasion rêvée de ment d’Italie. Il s’agit de Girolamo ment espagnol jouit alors d’une mêler les séductions de la voix au Frescobaldi, un compositeur dont grande faveur, et Bruna va lui don- souffle généreux de l’orgue, écrin « toute la science était au bout de ner tout son relief à travers des œu- de choix et partenaire attentif. ses doigts », si l’on en croit Marin vres qui combinent le côté savant Mersenne. Protégé des plus puis- de la construction contrapuntique Recitar cantando, tel est l’idéal du santes familles italiennes (dont les et l’aspect brillant de la virtuosité. baroque naissant, porté par l’imagi- Barberini à Rome), Frescobaldi va Revenons enfin en Allemagne, nation d’une série de compositeurs mener une carrière des plus pres- mais cette fois au 18ème siècle, pour italiens inspirés. La musique, et tout tigieuses. Organiste notamment y apprécier tout d’abord, et en al- particulièrement le chant, se doit à Florence et à St-Pierre de Rome, ternance, deux aspects essentiels donc de transcender le texte (sacré il publiera plusieurs recueils qui jet- de l’œuvre de Johann Sebastian ou profane), d’exprimer sa subs- tent les fondements du répertoire Bach : celui des formidables airs tantifique moelle avec les accents d’orgue pour plusieurs générations. qui parsèment ses cantates, orato- les plus forts et les plus sincères. C’est ainsi par exemple qu’il porte à rios et passions en leur apportant La puissance du verbe en sort ma- maturité un style de Toccata pour chaque fois un supplément d’âme gnifiée, presque portée à incandes- orgue dont les principes resteront (le grand orgue se substituant pour cence. Claudio Monteverdi est valables tout au long du siècle : l’occasion à l’orchestre), et celui très certainement le plus célèbre de épisodes dramatiquement contras- des chorals, domaine dans lequel ces compositeurs qui apportent une tés, contrepoint linéaire, harmo- le compositeur allemand a pu le véritable révolution esthétique dans nies étranges, rythmes complexes, mieux exprimer à l’instrument tou- l’histoire de la musique. Auteur de virtuosité. L’exemple des premiers te la profondeur de sa spiritualité. grandes œuvres sacrées (rappe- maîtres italiens va bien entendu lons-nous les célèbres Vespro della essaimer lui aussi dans l’Europe en- Ce sentiment mystique ne se ressent Beata Vergine), d’opéras fameux tière, et notamment en Allemagne, guère chez le Wolfgang Amadeus (au premier rang desquels l’Orfeo, où se crée alors une puissante et Mozart de l’Exsultate Jubilate en premier chef-d’œuvre du genre) prestigieuse école d’orgue dont le fa majeur KV 165, pièce impres- et de magnifiques madrigaux, le principal représentant à la fin du sionnante composée en 1773 pour compositeur italien a considéra- 17ème siècle est Dietrich Buxtehu- le sopraniste Venanzio Rauzzini. blement collaboré au triomphe du de, virtuose réputé et compositeur Nul besoin de rappeler à quel point nouvel idéal musical baroque. Son inspiré qui va grandement faire le jeune compositeur de seize ans a élève allemand préféré, Heinrich évoluer la technique de l’instru- réussi là un véritable chef-d’œuvre. Schütz, retiendra parfaitement la ment (tout particulièrement au pé- Mais par sa construction et son ca- leçon, en se faisant fort d’importer dalier). Maître admiré, Buxtehude ractère, il est indéniable que ce mo- ces nouvelles techniques jusqu’au ne manquera pas de servir d’exem- tet évoque davantage le monde de cœur de l’Allemagne luthérienne. ple et de source d’inspiration au l’opéra que celui de l’église. Ainsi Parmi ces pionniers figure égale- jeune Johann Sebastian Bach, tant par exemple, l’Alleluia final s’appa- ment Alessandro Grandi, maître dans le domaine des grandes œu- rente à un air de bravoure extrait de chapelle à Ferrare avant de de- vres concertantes et virtuoses (Pré- d’un opéra seria. Confusion des venir l’assistant de Monteverdi à ludes, Fantaisies, Toccatas…) que genres, peut-être, mais authentique Venise. Grandi a participé active- dans le répertoire plus directement réussite pour cette pièce justement ment à l’éclosion de ce style mo- lié au culte luthérien, écrit à partir célèbre, véritable scène de concert nodique et concertant, notamment des mélodies de chorals. L’école es- pour voix et orchestre, conçue en dans le domaine du motet. O quam pagnole d’orgue au 17ème siècle, trois mouvements : un Allegro plein tu pulchra es, composé en 1625, est très spécifique dans sa manière d’allant, un Andante expressif et un bel exemple de l’intensité émo- comme dans la facture des instru- délicat, que sépare un court recita- tionnelle de la musique de Grandi, ments, est également représentée tivo secco, et enfin le spectaculaire brillant mélodiste et dramaturge. dans ce programme varié à travers Allegro final de l’Alleluia. De quoi Parti du domaine vocal, le nouvel la figure de Pablo Bruna, dit « El achever un concert sur une note ex- idéal baroque va très vite irriguer ciago de Daroca » à cause d’une travertie et triomphante !

47 Les textes chantés

Ich will denn herren Liebster Gott, Ich will denn herren Liebster Gott, loben allezeit erbarme dich loben allezeit erbarme dich Ich will den Herren loben allezeit, Liebster Gott, erbarme dich , bien-aimé, aie pitié de moi, sein Lob soll immerdar Laß mir Trost und Gnad erscheinen O quam o pulchra es Laisse ton réconfort et ta grâce in meinem Munde sein, Alleluja. ! Ô comme tu es belle m’apparaître !_ Meine Seele soll sich ruhmen des Meine Sünden kränken mich Mon amie, ma colombe Mes péchés m’affligent_ Herren, Als ein Eiter in Gebeinen, Ma belle Comme du pus dans mes os,_ daß es die Elenden horen und sich Hilf mir, Jesu, Gottes Lamm, Tes yeux de colombes, Aide-moi, Jésus, agneau de Dieu,_ freuen, Ich versink im tiefen Schlamm! Tes cheveux sont comme des Je me noie dans de la boue Alleluja. troupeaux de chèvres profonde ! Preiset mit mir den Herren, Et tes dents sont comme des und laßt uns miteinander Ich will dir mein Herze rangées de rames, seinen Namen erhören, Alleluja. Ich will dir mein Herze schenken, Viens depuis le Liban, viens et tu Ich will dir mein Herze Da ich den Herren suchte, antwor- Senke dich, mein Heil, hinein ! seras couronnée. Je te donnerai mon cœur,_ tet er mir, Ich will mich in dir versenken ; Viens rapidement, arrive mon Plonge dedans, mon Sauveur,_ und errettet mich aus aller meiner Ist dir gleich die Welt zu klein, épouse, Je plongerai moi-même en toi ;_ Furcht, Ei, so sollst du mir allein Surgit ma chérie, ma pureté, Si le monde est trop petit pour toi,_ Alleluja, und half mir Mehr als Welt und Himmel sein. Surgit, viens, parce que je me Ah, toi seul tu seras pour moi_ aus allen meinen Nöten, languis d’amour. Plus que le ciel et la terre. Alleluja. Bete, bete, bete auch dabei Bete aber auch dabei Bete, bete, bete auch dabei Mitten in dem Wachen! Laudate Dominum Mais prie aussi_ Pendant ta veille ! O quam o pulchra es _Bitte bei der großen Schuld, Louez le Seigneur dans son Implore, pour ta grande faute,_ O quam tu pulchra es, Deinen Richter um Geduld, sanctuaire; La pitié de ton juge,_ Amica mea, columba mea Soll er dich von Sünden frei Louez-le au firmament de sa vertu. Pour qu’il te délivre du péché_ Formosa mea Und gereinigt machen! Louez-le dans ses vertus; Et te purifie ! Oculi tui columbarum Louez-le au son de la trompe; Capilli tui sicut greges caprarum louez-le par le psaltérion et la Et dentes tui sicut greges tonsarum. Exsultate jubilate cithare. Veni de Libano, veni coronaberis Exsultate, jubilate, Louez-le par le tambour et la Exsultate jubilate Exultez, réjouissez-vous Surge propera, surge sponsa mea, o vos animae beatae, danse; O, âmes bienheureuses Surge dilecta mea, immaculata ; dulcia cantica canendo Louez-le par les cordes et l’orgue. Chantant de doux cantiques Surge, veni, quia amore langue. cantui vestro respondendo, Louez-le par les cymbales bien psallant aethera cum me. sonnantes; En réponse à votre chant, louez-le par les cymbales jubilantes. Laissez le ciel chanter avec moi. Laudate Dominum Fulget amica dies, Que toute âme loue le Seigneur! Louez le Seigneur. Le jour amical brille enfin, Laudate Dominum in sanctis ejus; iam fugere et nubila et procellae ; Alleluia. Nuages et tempêtes ont fuit laudate eum in firmamento virtutis exortus est justis inexspectata désormais ejus. quies. Un calme inespéré est revenu pour Laudate eum in virtutibus ejus; Undique obscura regnabat nox ; les justes Laudate eum in sono tubae; surgite tandem laeti, qui timuistis Cantabo Domino laudate eum in psalterio et cithara. adhuc, Toute ma vie je chanterai pour le De tous côtés l’obscurité régnait Laudate eum in tympano et choro; et iucundi aurorae fortunatae, Seigneur, Relevez-vous enfin, joyeux, ceux laudate eum in chordis et organo. frondes dextera plena et lilia date. Alleluia qu’elle a effrayés jusqu’ici, Laudate eum in cymbalis bene Pour mon Dieu, je chanterai des Et réjouissez-vous de cette aurore, sonantibus; Tu virginum corona, psaumes ma vie durant. En lui tendant la main droite pleine laudate eum in cymbalis jubilatio- tu nobis pacem dona, Alleluia de guirlandes et de lys nibus. tu consolare affectus, Que pour Lui mon éloquence soit Omnis spiritus laudet Dominum! unde suspirat cor. agréable, O couronne de la Vierge, Laudate Dominum. Vraiment, je serai charmé par le Donne-nous la paix Alleluia. Alleluia, alleluia Seigneur, Alleluia Toi qui consoles nos maux Je serai charmé par le Seigneur, en Où le cœur soupire. Cantabo Domino Dieu, Jésus, Alleluia Alleluia, alleluia Cantabo Domino in vita mea Alleluja Psallam Deo meo, quam diu fuero Alleluja Jucundum sit ei eloquium meum ego vero delectabor in Domino. Alleluja

48 l’Orgue

Historique est un exemple frappant, presque jeux sans tirasse grâce à ces anches Cet instrument fût conçu et interpellant. Il serait aisé de croire ou ses mixtures (marque de fabri- construit par la manufacture d’or- que l’orgue fût conçu pour l’église que du style baroque allemand), gue allemande en 1978, pour de La Roche-en-Ardenne. et peut tout aussi bien proposer un l’église Saint-Lambertus d’Erkelenz Un autre atout est simplement le solo avec ses jeux de détails. (petite ville allemande non loin fait que l’instrument soit posé au Cerise sur le gâteau : ce qui ajoute de la frontière belge). Il est entiè- sol. Ceci permet de multiples cho- encore plus de caractère à cet orgue, rement mécanique, et l’originalité ses : apprécier visuellement le jeu ce sont bien sûr les trois jeux dispo- de ce buffet (meuble) majestueux de l’organiste en concert, bénéfi- nibles grâce à l’appel du « Spanish vient sans doute du fait, rarissime, cier de la place disponible pour y Werk », autrement dit, du clavier qu’il fût dessiné par un architecte. placer un ensemble instrumental Espagnol. Il s’agit des trompettes Cependant, non-adapté à l’édifice, ou vocal, allant du petit ensemble en chamade (tuyaux horizontaux), l’orgue ne parvenait pas à dévoiler de musique de chambre jusqu’au la trompette espagnole de 16’ et l’ampleur de ses ressources sonores. grand orchestre symphonique. le grand cornet. De plus, orienté plein sud, derrière un immense vitrail transparent, L’orgue de concert Ce qui fait surtout le charme de il était difficile de maintenir l’ac- Il s’agit d’un orgue de 49 regis- cet instrument, est que lorsqu’on cord, vu les grandes différences de tres répartis sur trois claviers et regroupe toutes ces couleurs et ces température. Les responsables déci- un pédalier. Il fait 12 mètres de esthétiques différentes, le résultat dèrent alors de le vendre pour en haut, pèse 14 tonnes, possède ap- est tout à fait homogène, et rend replacer un neuf dans le fond de proximativement 4300 tuyaux, et cet orgue unique. Cet orgue est un la nef centrale. est situé dans le transept nord de très bon équilibre entre diversité Quelques heures après sa mise en l’église. Il constitue aujourd’hui un et authenticité : il permet de jouer vente sur la toile, il fût déjà repéré des plus imposants instruments de la quasi-totalité du répertoire tout par l’organiste de La Roche, Arnaud Wallonie. en gardant beaucoup de caractère Hubert, ainsi que par son père Paul Le clavier principal (grand orgue), dans chaque esthétique. Hubert. Ils se sont ensuite empressés situé au sommet de l’orgue, fut d’aller mesurer, dans l’église, l’es- pensé dans le style néobaroque L’orgue liturgique pace dans lequel l’orgue était sus- allemand. Le second clavier (placé Les sonorités de l’orgue convien- ceptible d’être placé. Ils sont donc dans une boîte d’expression, elle- nent parfaitement pour les offices allés le voir quelques jours plus tard même située au centre du buffet) religieux. En effet, le plein jeu très accompagnés des doyens Pascal propose des couleurs semblables à riche donne une nouvelle dimen- Roger (La Roche) et Luc Lysy (Char- celles des orgues français du 19ème sion aux grandes processions solen- leroi). Ils eurent la confirmation que et 20ème siècle. C’est pourquoi c’est nelles, ses jeux de fonds très larges l’orgue était en bon état et à la pre- le seul clavier où les noms des re- suscitent et soutiennent le chant de mière écoute, tout le monde tomba gistres sont en français et non en l’assemblée, les bourdons et les flû- sur le charme de l’instrument et ils allemand. Le dernier clavier est, tes délicates accompagnent les dif- ont décidé de confier l’important quant à lui, un Pectoral. Mot pro- férents solistes, tandis que les voix chantier du démontage, du trans- venant de « poitrine », cela signifie célestes et les gambes incitent au port, du remontage, et de l’accord que les tuyaux se situent pratique- recueillement. au facteur belge Pieter Vanhaeke. ment en face de l’organiste, c’est-à- Il est également un instrument pro- dire juste au-dessus de la console. pice à l’art de l’improvisation, vu L’orgue dans l’église Ce petit clavier constitue à lui seul le nombre infini de combinaisons de La Roche un petit orgue. En effet, sa méca- et de couleurs possibles. De plus, Tous les problèmes acoustiques nique légère et ses attaques très il permet évidemment à l’organiste qui étaient présents dans l’église précises font de lui un « gros orgue d’interpréter tout le grand répertoi- d’Erkelenz ont totalement disparu positif » parfaitement adapté à la re liturgique, qu’il soit instrumental grâce à la configuration de l’église musique de chambre, ou encore (pièces pour orgue composées sur de La Roche. De plus, le buffet s’in- au dialogue avec le grand orgue. des thèmes religieux destinés à des tègre parfaitement dans sa nou- Pour terminer, la pédale, divisée en temps liturgiques bien précis) ou velle demeure, tant au niveau de sa deux sommiers (l’un au niveau du vocal (chant de l’assemblée, psau- taille que de son style architectural. pectoral, et l’autre dans les deux mes, chant choral). La forme de l’instrument épousant tourelles latérales), possède une le dessin des deux pierres tomba- riche palette de couleurs. Elle est les fixées au fond du transept en capable de soutenir un grand plein-

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Nassogne Collégiale Saint-Monon Samedi 20 juillet 2013 I 20h Introduction au concert par Nicolas Achten Nassogne, Collégiale Saint-Monon I 19h15 Scherzi Musicali

Programme Henry Purcell (1656-1695) I How pleasant ‘tis to Love

- Sound the Trumpet - Ah! How pleasant ‘tis to Love! Nicolas Achten - O Solitude! - Almand in D minor How pleasant ‘tis to Love ! - Still I’m whishing Les amours du poète et - Seek not to know les séductions de l’île enchantée - Corant & Hornpipe in D minor - Musick for a While Henry Purcell, l’Orpheus Britannicus, est le - Sweeter than Roses compositeur anglais par excellence, qui à lui seul incarne le renouveau de la musique de - A new Ground in E minor son pays à la fin du 17e siècle. A la croisée des - ’Tis Nature’s Voice influences anglaise, française et italienne, il a - From Rosie Bow’rs - Hornpipe in E minor imposé un style à nul autre pareil, qui met en valeur de façon idéale toutes les subtilités de - They tell us that you sa langue maternelle, et fait de lui le guide de mighty Powers above toute une génération. - Ah! how happy are we - The plaint: O let me Weep! - A ground in D minor Reinoud Van Mechelen, ténor - Round O in D minor Laura Pok, flûte à bec Justin Glaie, viole de gambe - Strike the Viol, touch the Lute - Prelude in A minor Solmund Nystabakk, guitare baroque - In vain the am’rous Flute Simon Linné, théorbe anglais - An Evening Hymn Nicolas Achten, baryton, harpe triple et virginal

51 Les interprètes

Scherzi Musicali « Petits Motets » consacré au com- décerné par l’Union de la presse Scherzi Musicali compte parmi les positeur bruxellois Joseph-Hector musicale belge. jeunes ensembles remarqués dans Fiocco (label Musique en Wallonie, le monde de la musique ancienne. collection inédits). Depuis 2010, Né à Bruxelles en 1985, il mène de Il est fondé et dirigé par Nicolas Scherzi Musicali enregistre en ex- front des études de chant, luth, Achten, l’un des rares chanteurs clusivité pour le label Alpha : « La clavecin et harpe triple aux Conser- classiques à s’accompagner de di- Catena d’Adone » de Domenico vatoires Royaux de Bruxelles et la vers instruments (luths, harpe, cla- Mazzocchi (premier opéra romain), Haye, et complète sa formation vecin), renouant avec la pratique enregistré pour la première fois, lors de diverses master classes, no- historique. A géométrie variable, est publié en janvier 2012. tamment à l’Académie baroque Scherzi Musicali rassemble de jeu- d’Ambronay et au Centre de la nes chanteurs et instrumentistes Chacun de leurs enregistrements Voix de Royaumont. désireux comme lui de repenser a suscité un enthousiasme réel de l’approche de la musique ancien- la presse internationale : Diapason Nicolas se produit depuis 2004 avec ne, cherchant à servir le plus juste- d’or découverte, Joker de Crescen- quelques-uns de plus prestigieux ment la musique avec un réel souci do, La Clef de ResMusica, Prelude ensembles de musique ancienne, de pertinence musicologique. S’ils Classics Award 2009, 4 étoiles du parmi lesquels l’Arpeggiata, la s’attellent principalement à faire Monde de la Musique, Muse d’Or, Fenice, La Petite Bande, Ausonia, réentendre un patrimoine délaissé, Ring de Classique Info, « Outstan- les Agrémens, Akadêmia, Les Ta- ils n’en négligent pas pour autant ding » dans l’International Record lens Lyriques, Il Fondamento, Les les œuvres phares du répertoire, Review… Musiciens du Louvre, Il Seminario qu’il s’agisse de musique profane, Musicale, le Poème Harmonique, sacrée ou d’opéra. Scherzi Musicali est soutenu par Akademie für Alte Musik Berlin, et Depuis 2006, Scherzi Musicali se la Fédération Wallonie-Bruxelles sous la direction de chefs tels Jean produit en Belgique, France, Pays- (Direction générale de la Culture, Tubéry, Sigiswald Kuijken, Marc Bas, Luxembourg, Espagne, Portu- Service de la Musique) et par la Minkowski, Christophe Rousset et gal, Italie et Angleterre : Festival Commune d’Ixelles. René Jacobs. van Vlaanderen, De Bijloke (e.a. un « Featuring concert » avec Emma Il est aujourd’hui l’un des rares Kirkby), Concertgebouw Brugge, chanteurs classiques à s’accom- De Singel, Bozar, Festival de Wal- pagner de divers instruments, lonie, L’Automne Musical de Spa, renouant avec la pratique histori- Operadagen Rotterdam, AMIA que. Désireux d’approfondir cette Strasbourg, Festival Baroque de démarche et de mettre en pratique Pontoise, Venitian Center for Baro- ses recherches sur la musique an- que Music, etc. Scherzi Musicali est cienne, il fonde l’ensemble Scherzi sélectionné par le Réseau Européen Musicali, dont les concerts et en- de Musique Ancienne et invité à registrements suscitent l’enthou- se produire lors de leur Showcase siasme unanime du public et de à la Casa da Musica en novembre la presse internationale (Diapason 2011. d’or découverte, Joker de Crescen- do, La Clef de ResMusica, Prelude Conscient de sa mission éducative, Classics Award 2009, 4 étoiles du Scherzi Musicali collabore avec les Monde de la Musique, Muse d’Or, « Jeunesses Musicales » et « Jeugd Ring de Classique Info, « Outstan- en Muziek », en menant des action ding » dans l’International Record pédagogiques autour de la musi- Nicolas Achten I baryton, luth, Review…). que baroque au sein d’établisse- clavecin, harpe triple ments scolaires. direction artistique Nicolas Achten est professeur de Scherzi Musicali consacre ses débuts Baryton, claveciniste, luthiste, har- luth au Conservatoire royal de discographiques à des œuvres iné- piste et chef d’ensemble, Nicolas Bruxelles, de harpe ancienne et dites en CD. « L’Euridice » de Giulio Achten est une figure montante le chant baroque à l’académie de Caccini (premier opéra qui ait été dans le monde de la musique an- Woluwé-Saint-Lambert. Il est di- imprimé), et l’album « Dulcis Amor cienne : lauréat du VIIème Concours recteur musical des stages d’été de Iesu » (motets de Giovanni Felice International de Chant baroque de Muziektheater Transparant, ensei- Sances), ont été publiés par le la- Chimay en 2006, il est élu artiste gne au Séminaire International de bel Ricercar. Parait ensuite l’album classique de l’année 2009 aux Oc- Musique Ancienne en Wallonie, et taves de la Musique et « Prix du est régulièrement professeur invi- jeune musicien de l’année 2009 » té à l’University of East Anglia, au Yorke Trust (Norfolk) et à l’Opera- studio Vlaanderen.

52 Les commentaires

How pleasant ‘tis to Love! à sa cour, après un séjour à la cour volumes de l’Orpheus Britannicus Il est des expressions artistiques qui de son cousin Louis XIV (1652- rassemblent majoritairement des semblent avoir traversé le temps 1654), un univers musical lullyste extraits de sa musique de théâtre avec une évidente facilité. La musi- fortement inspiré par celui du Roi (Fairy Queen, King Arthur, Indian que d’Henry Purcell en fait partie. Soleil. Il fonde les 24 Violins, com- Queen, Oedipus, Bonduca, the Tem- Comptant parmi les rares composi- me le souverain français le fit quel- pest, etc.). Ces songs sont accompa- teurs à avoir connu un vif succès de ques années plus tôt. Le poste de gnées par la basse continue, tantôt leur vivant, Purcell est, du fait d’une Master of the Kings Musick est alors agrémentée d’un ou plusieurs ins- mort prématurée, rapidement hissé confié au Français Louis Grabu; de truments mélodiques. C’est dans au rang de légendes telles que Per- plus, l’influence française est ren- ce recueil que nous avons puisé golesi, Mozart ou encore Schubert. forcée par la présence de Robert la majorité des œuvres de ce pro- Cambert, ou celle encore des musi- gramme. Nombreux sont les jeunes chan- ciens français qui les accompagnent teurs qui s’essaient à ses songs au et introduisent à Londres les pre- De nombreuses sources datant du cours de leur formation. N’y ayant miers hautbois et bassons. Désor- dix-septième siècle témoignent de pas fait exception, je me souviens mais, les fastes de la cour ainsi que chanteurs qui, à l’image d’Orphée, encore du choc lorsque je décou- dans l’écriture musicale reflètent accompagnent leur chant de l’un vris Musick for a while ou encore O inévitablement cette influence : les ou l’autre des instruments de basse Solitude : pureté du langage, éco- effectifs sont français, la danse est continue. Chantant moi-même en nomie de moyens presque classici- française, l’ornementation est fran- m’accompagnant, l’idée d’aborder sante dans une expression pourtant çaise, et l’opéra anglais est on ne cet Orphée britannique et d’en réa- bien baroque, efficacité et sincé- peut plus… français. Le plus célè- liser un enregistrement semblait rité expressives… Voilà peut-être bre d’entre eux, Dido & Aeneas de s’imposer. Bien qu’au cours des der- quelques aspects qui donnent à la Purcell, illustre parfaitement ce phé- nières décennies, l’écriture subtile musique de Purcell son intempora- nomène: sous forme de tragédie et raffinée de Purcell ait connu plus lité, fascinant tant les pionniers du lyrique miniature, avec une ouver- de succès auprès des voix aiguës renouveau baroqueux que les com- ture dite «à la française» (avec des jusqu’à devenir le bastion des positeurs du vingtième siècle tels rythmes pointés), de nombreuses contre-ténors, nous avons ici opté Britten ou Nyman. danses et des chœurs, il n’est pas pour un dialogue peu habituel en- sans rappeler Actéon de Charpen- tre baryton et ténor. Une musique cosmopolite tier, dont l’histoire est par ailleurs L’Angleterre du début du dix-sep- clairement évoquée dans l’opéra. Face à la qualité constante qui ca- tième siècle connaît une richesse Mais n’y voyons point une soudaine ractérise l’œuvre de Purcell, la sé- culturelle et musicale florissante. fièvre pour le « goût français » ou lection des songs qui constituent ce Forte d’une longue tradition, l’es- son langage particulier. En effet, programme n’a pas été tâche facile. thétique musicale anglaise est bien cette orientation tient moins d’un Nous avons donc opéré par « coups affirmée. Malgré une prédominan- choix esthétique que d’une idéo- de cœur » et n’avons pas cherché à ce du style polyphonique de la Re- logie politico-religieuse ; le moyen éviter les « tubes » (qui n’en sont naissance, le nouveau style récitatif pour le nouveau souverain et sa pas sans raison d’ailleurs) parmi les- italien fait son entrée à Londres cour d’afficher leur volonté de bâ- quels O Solitude, Musick for a whi- grâce à Nicolas Lanier. tir un royaume nouveau, semblable le, The Plaint ou An Evening Hymn, à celui de son cousin, absolutiste et airs hypnotiques construits sur des La prise de pouvoir par Olivier catholique. basses obstinées (ou Ground, dans Cromwell bouleverse la situation la terminologie anglaise de l’épo- lorsqu’au nom d’une austérité Henry Purcell ou que). Nous ne nous sommes pas toute puritaine et d’un éphémère l’Orphée britannique non plus refusé certains airs norma- Commonwealth, il interdit rassem- C’est dans ce contexte qu’en 1659, lement réservés aux voix féminines, blements publics et divertissements. Purcell voit le jour. Fils de gentil- puisqu’à l’époque qui nous intéres- Ainsi, de 1642 à 1659, les théâtres homme, Henry étudie l’orgue et se, attribuer un rôle de femme à un sont fermés, les représentations la composition sous la tutelle de homme — au théâtre par exemple publiques interdites et la musique Pelham Humfrey puis de John Blow. — était chose fréquente : The Plaint confinée à la pratique domestique. Musicien prodige, il s’illustre dans ou From Rosie Bow’rs connaissent Les musiciens, eux, prennent le che- la musique instrumentale et vocale, donc ici une lecture moins conven- min de l’exil ou des campagnes. profane, sacrée et scénique (thea- tionnelle. Enfin, nous avons tenu, tre music, masques, opéra). Il meurt dans ce programme, à faire dialo- A la restauration de la monarchie en 1695, à l’âge de 36 ans, proba- guer œuvres instrumentales et flo- en 1660, la vie musicale anglaise blement atteint de la tuberculose. rilège de chansons. se voit ravivée par les musiciens qui, de retour d’exil ou de cours Une petite partie de son œuvre est Bien que passionnante, la musique étrangères, apportent avec eux des publiée de son vivant et l’on doit de Purcell demeure délicate à abor- influences nouvelles. Le roi Charles beaucoup à sa veuve, Frances, qui der du fait des interprétations qui II lui-même, siégeant depuis peu fait imprimer de nombreux recueils ont marqué la discographie qui exis- sur le trône d’Angleterre, instaure posthumes. Parmi ceux-ci, les deux te autour du compositeur. En tant

53 Les commentaires (suite)

qu’interprète, trouver sa propre voie All the instruments of joy… son homonyme italien : outre quel- dans ce répertoire n’est pas chose Pour ce projet, il nous a semblé es- ques divergences en matière d’ac- aisée. Pour ce projet, nous avons sentiel de recréer un univers sonore cord (en sol, avec un ravalement tenté de soumettre à la critique tel qu’il aurait pu être à Londres du simple) et de cordage (deux cordes quantité de paramètres, pratiques temps de Purcell. Si certains instru- pour chaque note, comme un luth), et habitudes en nous interrogeant ments étaient indubitablement en la grande particularité du théorbe par exemple sur les conséquences vogue, d’autres demeuraient peut- anglais est que, pour éviter une qu’a pu avoir l’influence française être plus couramment utilisés que transition brusque entre le petit jeu sur le paysage musical de Londres. ce que nous entendons habituel- et le grand jeu, un sillet propre à Car, en important leur musique, il lement dans ce répertoire. La cou- chaque note de basse permet d’en est peu probable que les Français verture des recueils de l’Orpheus augmenter la longueur progressi- aient fait abstraction de l’inégalité Britannicus mentionne le violon vement (comme sur un clavecin ou rythmique qui caractérise celle-ci. et la flûte pour les symphonies, et une harpe) et de garantir ainsi une En effet, en France, les croches écri- l’orgue, le clavecin ou le theorbo- couleur homogène et équilibrée. tes de manière égale rythmique- lute pour la basse continue. Ceci ment sont jouées de façon inégale s’explique probablement par une Enfin, pour ce qui est de l’accord, (on pourrait comparer cela au ryth- stratégie commerciale de l’éditeur : nous avons opté pour un tempé- me swing dans le jazz). Cette iné- les hautbois et trompettes, parfois rament mésotonique au quart de galité découle de la musicalité de stipulés dans la partition, étaient comma. Ses tierces pures offrent la langue française (long – court). probablement trop peu joués par- une stabilité acoustique idéale pour Or, cette inégalité existe tout autant mi les amateurs pour nécessiter de la musique tonale quand les modu- dans la langue anglaise, mais appa- les annoncer sur la page de garde. lations harmoniques le permettent. raît parfois sous forme rythmique On peut donc supposer qu’il en Du point de vue mélodique, l’iné- inversée (court – long) aussi appe- est de même pour les instruments galité des demi-tons sert on ne peut lée « rythme lombard » ou Scotch de basse continue. Notre point de mieux les nombreux chromatismes snap. La notation de lignes vocales départ a dès lors été de relever les et dissonances épicées telles que et des récitatifs montre de toute instruments mentionnés dans les des superpositions majeur/mineur évidence une volonté d’épouser la textes des songs pour les adjoin- nées d’une logique contrapuntique rythmique de la langue, l’écriture dre à l’équipe. Ainsi, viole, guitare, héritée de la grande tradition du de la musique de clavier semblant luth (terme générique pouvant à consort « renaissance ». Par ailleurs, confirmer cette théorie. On -pour l’époque tout aussi bien évoquer le ce choix se trouve renforcé par les rait logiquement en déduire que théorbe) et flûte, viennent colorer témoignages écrits et organologi- l’inégalité s’applique généralement l’ensemble. ques qui laissent supposer que le aux passages dont l’écriture est as- mésotonique est longtemps resté le similée à la danse française, de Chacun des instruments utilisés est tempérament de référence. même que l’existence d’une forme une copie fidèle d’instruments tels de rubato naturel, potentiellement qu’ils ont pu être utilisés à Londres Si notre démarche se veut de pro- influencé par la tradition folklori- du temps de Purcell. On sait le goût poser des pistes d’interprétation que et comparable à la sprezzatura prononcé des Anglais pour des ins- que nous pensons fidèles à l’idiome des Italiens. Nous avons tenté de ré- truments plus archaïques (la viole sonore anglais de la fin du dix-sep- pondre à toutes ces questions avec à six cordes de 1624), parfois de tième, notre seul objectif a été de instinct et bon sens ; mais l’aspect facture italienne (le virginal — ici servir Purcell et de partager avec le majeur qui a guidé notre démarche cordé en boyau — dont l’original se public notre amour de sa musique. concerne les instruments. trouve dans la collection de la reine Elisabeth I, ou encore la harpe tri- Nicolas Achten ple). L’instrument le plus particulier est peut-être le théorbe anglais, dont la construction diffère fort de

54 Les textes chantés

Sound the trumpet Must my hopes to nothing fall? Sonnez trompette Drusilla ne peut-elle donner plus_? ‘till around O you know not half your treasure; jusqu’à ce qu’aux A-t-elle épuisé toutes ses You make the listening Give me more, give over measure, alentours ressources_? shores rebound. Yet you can never, never give me all. Retentissent les rives attentives. Mon espoir doit il s’évanouir au On the sprightly hautboy play (Thomas Betterton) Jouez le hautbois pétillant, néant_? All the instruments of joy Et tous les instruments de joie Oh, tu ne connais pas même la moitié de ton trésor_; That skillful numbers can employ Seek not to know what Dont de nombreux talents peuvent To celebrate the glories of this day. Donne-moi plus, donne-moi avec must not be reveal’d, se servir (Nahum Tate) Pour célébrer les réjouissances de exagération, Joys only flow when Fate is most Car jamais tu ne pourras tout me ce jour. donner. Ah, how pleasant conceal’d. Too busy man wou’d find his ‘tis to Love! Ah, combien sorrows more Every moment does improve; Ne cherche pas If future fortunes he shou’d know il est agréable d’aimer Joys surprising now I meet, Chaque moment se fait meilleur_: à savoir ce qui ne doit Nothing’s like love, so charming, before: Des joies me viennent par surprise, être révélé, sweet. For by that knowledge of his destiny Rien n’est aussi doux et charmant Seules les joies abondent quand le He wou’d not live at all but always destin est bien dissimulé. Some do make a god of pleasure, que l’amour. dye; Un homme trop préoccupé Others worship hoarded treasure; trouverait ses souffrances accrues While the lover’s still addressing Enquire not then who shall from Certains font du plaisir un Dieu, S’il devait déjà connaître sort_; To his nymph for ev’ry blessing. bonds be freed, D’autres adorent leur trésor amassé_; Car par cette connaissance de sa Pendant que l’amant, lui, s’adresse (John Dryden) Who ‘tis shall wear a Crown, or destinée, toujours who shall bleed. Il ne vivrait pas, mais mourrait sans O solitude, A sa nymphe pour chaque cesse. bénédiction. my sweetest choice! All must submit to their appointed doom, Ne cherche donc pas à savoir qui Places devoted to the night, sera libéré de ses liens, Remote from tumult and Fate and misfortune will too quic- La Solitude à Alcidon O que j’ayme la solitude_! Qui portera une couronne ou qui from noise, kly come; va se vider de son sang. How ye my restless thoughts Let me no more with powerful Que ces lieux sacrez à la nuit, delight! Charms be prest, Esloignez du monde & du bruit, Tous doivent se soumettre à leur Plaisent à mon inquietude_! I am forbid by Fate to tell the rest. fin programmée_: O heav’ns! what content is mine Le destin et l’infortune ne To see these trees, which have (John Dryden) Mon Dieu! que mes yeux sont contens viendront que bien trop vite. appear’d Que l’on ne m’oppresse plus par de From the nativity of time, Musick for a while De voir ces bois, qui se trouverent A la nativité du temps, puissants sortilèges, And which all ages have rever’d, Shall all your Cares beguile, Le destin m’interdit de dévoiler le To look today as fresh and green Et que tous les siècles reverent, Wond’ring how your Pains were Estre encore aussi beaux et vers, reste. As when their beauties first were eas’d, seen. Qu’aux premiers jours de And disdaining to be pleas’d, l’Univers_! La musique O, how agreeable a sight Till Alecto free the Dead, Que je prens de plaisir à voir pour un moment These hanging mountains From their eternal Band; Détournera tous vos soucis_; Ces monts pendans en precipices, do appear, Vous vous étonnerez de voir vos Till the Snakes drop from her Head, Qui, pour les coups du desespoir, Which th’ unhappy would invite douleurs soulagées,_ And the Whip from out her Hand. Sont aux malheureux si propices, To finish all their sorrows here, Et ne daignerez plus être satisfaits, (John Dryden) Quand la cruauté de leur sort, When their hard fate makes them Jusqu’à ce que Alecto libère les morts Les force à rechercher la mort_! endure De leur lien éternel, Such woes as only death can cure. Sweeter than Roses, O que j’ayme la solitude_! Jusqu’à ce que les serpents lui or cool Ev’ning Breeze, C’est l’element des bons esprits, tombent de la tête, O, how I solitude adore! On a warm Flowery shore, That element of noblest wit, C’est par elle que j’ay compris Et le fouet de la main. Where I have learnt Apollo’s lore, was the Dear Kiss; L’Art d’Apollon sans nulle estude. Without the pains to study it: First trembling made me freeze; Je l’ayme pour l’amour de toy, Plus doux que des roses, For thy sake I in love am grown Then shot like Fire all o’er. Connaissant que ton humeur ou que la fraîche With what thy fancy does pursue; What Magick has victorious Love! l’ayme: Mais quand je pense bien à moy, brise du soir But when I think upon my own, For all I touch or see since that Sur une chaude rive fleurie_: tel fut I hate it for that reason too, dear Kiss, Je la hay pour la raison mesme Car elle pourroit me ravir ce cher baiser_; Because it needs must hinder me I hourly prove, all is Love to me. Il m’a d’abord fait trembler, m’a From seeing and from serving thee. L’heur de te voir et te servir. (author unknown) (Marc-Antoine Girard fait geler, (Katherine Philips) Puis m’a atteint tout entier tel un feu. Still I’m wishing, still desiring; de Saint-Amant, 1617) ‘Tis Nature’s Voice; thro’ Quelle magie a l’Amour victorieux_! Car tout ce que je touche ou vois Still she’s giving, all the moveing Wood J’espère encore, Of Creatures understood: depuis ce cher baiser, I requiring; je désire encore, Et je l’éprouve à toute heure, tout The Universal Tongue to none Yet each gift I think too small. Bien qu’elle donne, me semble être amour. Still the more I am presented, Of all her numerous Race unk- encore je sollicite. Pourtant, je trouve chaque don Still the less I am contented, nown! trop modeste. C’est la voix de [Tho’] she vows she has giv’n me all. From her it learnt the mighty Art To court the Ear or strike the Heart: Plus je suis gâté, la Nature, à travers Can Drusilla give no more? At once the Passions to express and Moins je suis contenté, le bois mouvant, Pourtant, elle jure de m’avoir Comprise par toute créature: Has she lavish’d all her store? move; donné tout ce qu’elle pouvait. Le langage universel qu’aucune

55 Les textes chantés

We hear, and strait we grieve or They tell us that you De toutes ses nombreuses espèces On nous dit que vous, hate, rejoyce or Love: mighty powers above, n’ignore_! dieux suprêmes, Par elle fut enseigné l’art suprême In unseen Chains it does the Make Perfect your joys and your Rendez parfaites vos joies et vos De charmer l’oreille ou toucher bénédictions par l’amour_; Fancy bind; blessings by love; le cœur_: At once it Charms the Sense and Ah! why do you suffer the Blessing D’à la fois exprimer les passions et Ah_! Pourquoi Captivates the Mind. that’s there; d’émouvoir_; (Nicholas Brady) To give a poor Lover such sad On entend, et d’emblée on souffre souffrez-vous torments here? ou on déteste, on se réjouit ou on la bénédiction qui est là, From Rosie Bow’rs Yet tho’ for my passion such grief aime_: Si c’est pour donner ici à un pauvre amant de si tristes tourments_? I endure, Par des chaînes invisibles, where Sleep’s Et bien que, pour ma passion, je the God of Love My Love shall like yours, still be elle lie l’imagination_; A la fois, elle charme les sens et supporte une telle douleur, constant and pure. Hither ye little waiting Cupids fly; captive l’esprit. Mon amour, tel que le vôtre, sera Teach me in soft Melodious Songs, (John Dryden) toujours constant et pur. to move Depuis les berceaux Ah_! Comme nous sommes heureux, With tender Passion, my Heart’s Ah! How happy are we, Libres de toutes passions humaines: de roses où dort darling joy: From humane passions free: Ces locataires sauvages du cœur le dieu de l’amour, Ah! Let the Soul of Musick Tune Those wild tenants of the Breast Ne pourront jamais perturber Volez par ici, vous petits cupidons my Voice No never can disturb our rest; notre repos. oisifs. Dès lors, nous plaignons To Win dear Strephon who Yet we pitty tender Souls Apprenez-moi à émouvoir par de les tendres âmes my Soul enjoys. Whom the Tyrant Love controls. douces chansons mélodieuses, Que contrôle le tyrannique Amour. (John Dryden) Or if more influencing Avec une tendre passion, la joie chérie de mon cœur. Is to be brisk and Airy, La Plainte The Plaint Ah! Puisse l’âme de la musique With a Step and a Bound, accorder ma voix Oh, laissez-moi pleurer, And a Frisk from the Ground O let me weep! for ever weep! pleurer à jamais ! My Eyes no more shall welcome Pour gagner le cœur de ce cher I will Trip like any Fairy; Strephon qui réjouit mon âme. Plus jamais mes yeux ne pourront As once on Ida Dancing, Sleep; accueillir le sommeil_; Ou, si pour plus d’effet Je me cacherai de la vue du jour, Were three Celestial Bodies, I’le hide me from the sight of Day, And sigh my Soul away. Il faut être vif et léger, Et laisserai s’échapper mon âme With an Air, and a Face Avec un pas, un bond, par des soupirs. And a Shape, and a Grace, He’s gone, he’s gone, his loss deplore; Puis un saut depuis le sol, Il est parti, je déplore sa perte, Let me charm like Beauty’s God- Je sautillerai à l’instar d’une fée_; And I shall never see him more. Et je ne le reverrai plus jamais. dess. Comme jadis sur le mont Ida, Dansaient trois déesses célestes, Frottez la viole, Ah! ‘tis in vain, ‘tis all in vain, Strike the Viol, Avec un air, un visage, Death and Despair must end the touch the Lute, une forme et une grâce, pincez le luth, Éveillez la harpe, fatal pain; Wake the Harp, inspire the Flute: Puissé-je charmer comme la déesse de Cold despair disguis’d like Snow la beauté. soufflez dans la flûte_: Sing, your Patronesse’s Praise Chantez des louanges à votre and Rain Ah_! C’est en vain, c’est bien en vain_! In cheerful and Harmonious Lays. patronne Falls on my Breast! (Nicholas Brady) La mort et le désespoir doivent mettre fin à ma peine fatale_; En des vers joyeux et harmonieux. Bleak winds in Tempests Blow, Le désespoir froid sous l’apparence de My Veins all Shiver, and my Fingers In vain the am’rous Flute neige et pluie En vain, la flûte Glow, and soft Guitar, Tombe sur ma poitrine. amoureuse et My pulse beats a dead March for Jointly labour to inspire la douce guitare, Wanton Heat and loose Desire; Des vents lugubres soufflent en lost repose, tempête, Œuvrent conjointement à inspirer And to a solid lump of Ice my poor Whilst thy chaste Airs do gently Mes veines frissonnent toutes, et mes une ardeur vive et un désir fond Heart is froze. move doigts sont rougis, désinhibé. Seraphic Flames and Heav’nly Love. Mon pouls bat une marche funèbre Tandis que tes airs chastes agitent Or say ye Pow’rs, my Peace to (Nicholas Brady) pour un repos perdu, tendrement Crown, Puis mon cœur se gèle pour devenir Des flammes séraphiques et Shall I Thaw myself or drown? An Evening Hymn un solide bloc de glace. un amour céleste. Amongst the foaming billows Now that the Sun hath veil’d his Increasing, all with Tears I shed, Mais, dites-moi, vous tout puissants, Light, pour retrouver ma paix, Hymne du soir On Beds of Ooze, and Chrystal Maintenant que le soleil a voilé And bid the World good Night; Dois-je me laisser fondre ou me noyer sa lumière, Pillows To the soft Bed, my Body I dispose, Parmi les flots écumants Et souhaité une bonne nuit Lay down my Love-sick head? Grossis des larmes que j’ai versées, But where shall my Soul repose? au monde, Et, sur des lits de limon et des oreillers No, I’le straight run Mad, Dear God, even in Thy Arms, and Je dispose mon corps sur une douce de cristal, That soon my Heart will warm, can there be couche_; Poser ma tête malade d’amour_? When once the Sense is fled, Any so sweet Security! Mais où reposera mon âme_? Love has no pow’r to Charm: Then to thy Rest, O my Soul! Non_! Je vais directement perdre la Cher Dieu, même dans tes bras, Wild thro’ the woods I’ll fly, And singing, praise tête, peut-il être Robes, Locks shall thus be tore; The Mercy that prolongs thy Days. De sorte que bientôt mon cœur va Une si douce sécurité_? A Thousand Deaths I’le dye, Hallelujah! s’échauffer_: Dès lors, repose-toi, oh mon âme_! (William Fuller) Une fois qu’on a perdu tout sens, Et en chantant, E’re thus in vain adore. L’amour n’a plus le pouvoir de Loue la miséricorde qui prolonge (Thomas d’Uffrey) charmer. tes jours. Je vais m’envoler sauvagement à Alléluia. travers les bois, Vêtements et cadenas dès lors Traductions_: Nicolas Achten arrachés, Je mourrai de mille morts Avant même de pouvoir adorer en vain. 56 Coups de cœur 2013 à ne pas manquer ! Smuid Eglise Sainte-Marguerite Dimanche 21 juillet 2013 I 15h Expression et virtuosité Entre passion et complémentarité Camille Babut du Marès, Fondé en 2010 par Camille Babut du Marès et Maiko Inoue, le Cosmopolitan Duo puise son inspiration dans le parcours et la personnalité hétéroclites de ses deux violon membres. Alors qu’elles ne pensaient jouer en duo qu’à l’occasion d’un concert Maiko Inoue, piano unique il y a trois ans, Camille et Maiko, fortes d’une belle entente musicale, ont décidé de continuer leur parcours commun, entre passion et complémentarité. Maiko dédie depuis longtemps une majeure partie de sa carrière à la musique de chambre ; parallèlement à sa carrière de soliste, Camille a donc trouvé en elle une partenaire idéale pour développer un répertoire empreint de sensibilité et traversant Programme les siècles. Depuis la formation de leur ensemble, Maiko, pianiste d’origine japonaise, Wolfgang Amadeus Mozart et Camille, jeune violoniste belge, ont mis sur pied divers programmes musicaux (1756-1791) qu’elles interprètent régulièrement sur les scènes belges, françaises et allemandes. I Sonate No. 21 Fidèle à son habitude d’offrir une balade musicale riche et variée, le Cosmopolitan Duo vous emmènera pour l’occasion sur les traces de Mozart, Kreisler, Chausson ou en mi mineur, K 304 encore Ravel, entre expressivité et virtuosité. - Allegro - Tempo di Minuetto Camille Babut du Marès

Suscitant une rare symbiose et un réel l’étranger, le dernier en date n’étant autre Ernest Chausson (1855-1899) enthousiasme du public lors de ses concerts, que le Premier Prix décerné à l’Osaka I Poème, op. 25 la violoniste Camille Babut du Marès se International Music Competition. produit régulièrement sur les scènes belges Elle a enrichi son expérience auprès de Fritz Kreisler (1875-1962) et européennes. musiciens prestigieux tels que Zakhar La jeune Bruxelloise commence l’étude du Bron, Pierre Amoyal, Gérard Poulet, Felix I Tambourin Chinois - Op. 3 violon à l’âge de 4 ans et se perfectionne Andrievsky, Renaud Capuçon, Miriam Fried, ensuite auprès de Véronique Bogaerts Philippe Graffin, David Grimal, Leonid Maurice Ravel (1875-1937) (Conservatoire Royal de Musique de Kerbel, Itzhak Rashkovsky, … I Tzigane Bruxelles), Boris Belkin (Conservatoire de Elle se produit également en soliste avec I Rhapsodie de concert Maastricht), Yuri Zhislin (Royal College of l’Orchestre Symphonique de Liège, le Music) et Michael Vaiman (Hochschule für Philharmonic Orchestra, … Musik und Tanz Köln). Par ailleurs, elle se passionne pour la Camille a été finaliste et lauréate de musique de chambre et a tout récemment plusieurs concours, tant en Belgique qu’à mis sur pied son trio et son quatuor à cordes. Maiko Inoue Maiko a commencé le piano à l’âge de 6 d’enseignement supérieur. ans. Après avoir obtenu son diplôme au Maiko a été finaliste des concours d’Izuka et College of Music d’Osaka, sa ville natale, du Kawai Music Competition. elle s’installe à Strasbourg. Elle y suit les Passionnée de musique de chambre, elle s’y cours d’Amy Lin et décroche son diplôme dédie pour une part importante et sera un de spécialisation. Un an plus tard, elle des fondateurs en 2002 du Trio Mistral, trio obtient à l’unanimité le diplôme de concert sui s’est produit à travers le monde et dont de musique de chambre dans la classe certains concerts ont été radiodiffusés. d’Armand Angster et Denis Dercourt. Maiko est directeur artistique du Festival Elle suit ensuite les cours de Thomas Vana à International de Musique de Chambre à la Hochschule für Musik de Karlsruhe et se Jodoigne qui se déroule chaque année en voit attribuer, avec la plus haute distinction, octobre. le Master de piano. Lors de ses concerts en solo, duo, trio ou Après l’Allemagne, destination la Belgique. accompagnement, son public fait souvent Elle suit les cours de Gilberte Boucher part de la même émotion : la clarté de et Evgeni Moguilevsky au Conservatoire son jeu conduit vers une parenthèse de Royal de Bruxelles et y réussit l’agrégation béatitude. 57

Libramont Centre Culturel Dimanche 21 juillet 2013 I 20h Witloof Bay

With Love ! Programme Musique variée a capella Quelques classiques s’aventurent sur les (Jazz, Pop, Chansons,…) chemins du jazz et de la pop, en combinant la maîtrise technique, l’imagination sans frontières, l’ouverture à différentes influences ethniques. Voilà bien une bouffée d’air frais et un moment de convivialité, au service de la meilleure musique.

I Witloof Bay interprète ses propres batterie et toutes sortes de compositions, ainsi que des bruitages avec sa bouche. reprises de chansons pop, folk ou Ce concept donne l’illusion de jazz, le tout uniquement grâce la présence d’instruments, à la voix humaine et de manière ce qui rend le spectacle ludique et spectaculaire. virtuose à la fois.

I Les cinq chanteurs reproduisent I Witloof Bay est composé de la mélodie, les harmonies et la trois Wallons, deux Bruxellois et basse, tandis que le beatboxer un Flamand, dans une parfaite reproduit tous les sons d’une harmonie vocale et humaine.

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Les interprètes

Witloof Bay En 2005, cinq amis chanteurs belges que Chorale, qui eut lieu en Pata- Cinq chanteurs professionnels et un se rassemblent autour d’une même gonie (Argentine) du 3 au 11 août virtuose du beatboxing: voilà une passion pour le jazz et la pop a cap- 2011. Cette invitation signifie que recette savoureuse ! Witloof Bay, pella en petit ensemble. Tous vénè- le groupe est l’un des meilleurs du groupe de pop vocale a cappella, rent des groupes de référence tels monde dans sa discipline. est composé de 6 belges originaires que The Real Group, Rajaton, The Witloof Bay prépare son second al- de Wallonie, Flandres, et Bruxel- Swingle Singers, etc. L’idée germe, bum, basé sur des compositions ori- les... et ce dans une harmonie qui les premiers arrangements sont ginales. La sortie est programmée ravit autant le grand public que les écrits par les membres du groupe, pour novembre 2013, et sera assor- spécialistes du genre. les répétitions vont bon train, à la tie d’un tout nouveau show. recherche d’un son et d’un style qui Le groupe arrange lui-même des leur soient spécifiques. Les Artistes chansons, que ce soient de grands Mathilde Sevrin I Soprano standards ou des titres moins cé- Après quelques temps, le besoin se Originaire de Tournai, Mathilde est lèbres, issus de la pop française fit sentir d’ajouter du rythme aux diplômée en chant du Conserva- ou anglaise, du jazz, ou du folk. chansons travaillées, et le souhait toire Royal de Mons. Elle enseigne Plusieurs chansons originales sont fut émis que la percussion soit uni- le chant en académie et se produit également au programme et fe- quement vocale afin de rester un dans divers ensembles profession- ront l’objet d’un second album en groupe totalement a cappella. C’est nels tels que le Chœur de Chambre automne 2013. La particularité de en cherchant sur internet qu’un des de Namur. (cover : Alexia Saffery) ces arrangements et compositions chanteurs a découvert le monde est la virtuosité vocale requise pour du beatboxing. L’option de la per- Florence Huby I Alto donner l’illusion qu’un orchestre se cussion vocale a donc été choisie, Originaire de Dinant, mais habi- trouve sur scène. amenant un groove savoureux au tant à Redu, Florence est diplômée groupe. en chant et direction de chœur du Le résultat de cette combinaison : Le groupe, composé de musiciens Conservatoire de Liège. Elle ensei- un concert ludique et impression- des trois régions du pays, assume gne le chant choral en académie, nant à la fois. Witloof Bay a chanté pleinement sa belgitude et opte et est choriste professionnelle no- au festival Polyfollia de Saint-Lô pour un nom au doux parfum tamment pour The Voice Belgique. (Normandie) en octobre 2008, il a d’autodérision: Witloof Bay. (cover : Marie Jennes) également partagé la scène avec En 2008, Witloof Bay sort son pre- The Real Group, The Manhattan mier album, essentiellement com- Nicolas Dorian I Ténor Transfer et les Swingle Singers, posé de reprises. Bruxellois, Nicolas est diplômé en participé au Vocal Jazz Summit de Witloof Bay a remporté le A Cap- chant de l’Imep (Namur), et a étu- Mayence (Allemagne), au festival pella Music Award 2010 pour l’ar- dié la comédie musicale à la Royal Solevoci à Varese (Italie), au Lon- rangement de la chanson « Dans la Academy of Music de Londres. Il don A Cappella Festival, aux Chora- Prison de Londres », dans la catégo- enseigne le chant pop et est coach lies de Vaison-la-Romaine (France), rie « meilleur arrangement d’une artistique pour The Voice Belgique. au Symposium Mondial sur la Mu- chanson folk / world ». sique Chorale en Patagonie (Argen- Witloof Bay s’est produit en Belgi- Benoît Giaux I Baryton tine) en tant qu’un des 25 meilleurs que, France, Angleterre, Allema- Diplômé en chant du Conservatoire groupes vocaux du monde, en août gne, Italie, Suisse, Suède, Hollan- Royal de Liège, le namurois Benoît 2011. Witloof Bay s’est produit éga- de, Finlande, Argentine , Estonie, Giaux enseigne le chant à l’Imep lement en Suisse, France, Suède, Luxembourg… (Namur), poursuit une carrière de Hollande, Finlande, Estonie, Colom- Le 12 février 2011, Witloof Bay a soliste avec divers ensembles pro- bie, Canada… ! gagné la finale belge de l’Eurovi- fessionnels, et dirige La Choraline – sion de la Chanson, remportant les Chœur de Jeunes de La Monnaie. Witloof Bay a remporté le A Cap- suffrages maximum à la fois du jury pella Music Award 2010 pour l’ar- professionnel et du grand public. Etienne Debaisieux I Basse rangement de la chanson « Dans la C’est avec le titre Après avoir débuté à Bruxelles, Prison de Londres ». (B. Giaux / RoxorLoops – prod Aka- Etienne Debaisieux exerce la pro- Enfin, le 12 février 2011, Witloof Bay music) que Witloof Bay a défendu fession de facteur d’orgues dans a gagné la finale belge de l’Eurovi- les couleurs de la Belgique jusqu’en le Brabant wallon. Il est également sion de la Chanson, remportant les demi-finale du concours Eurovision, soliste et choriste professionnel au suffrages maximum à la fois du jury à Düsseldorf, le 12 mai 2011, ratant sein du Chœur de Chambre de Na- professionnel et du grand public. la finale à un point près. Mathilde mur. C’est donc avec le titre « With Love Sevrin étant en congé de maternité Baby » que Witloof Bay a défendu à cette époque, c’est la soprano Stijn Bearelle I Beatboxing les couleurs de la Belgique jusqu’en Alexia Saffery qui a assuré tout le Ce jeune Bruxellois néerlando- demi-finale du concours Eurovi- projet « Eurovision » en tant qu’in- phone partage sa vie entre le beat- sion, à Düsseldorf, en mai 2011. térimaire. boxing, discipline dans laquelle il Pour en savoir plus (photos, videos, Witloof Bay fut l’un des 25 ensem- excelle, et les études de Sciences concerts…) : www.witloofbay.be bles vocaux invités à prester au 9è économiques. Symposium Mondial sur la Musi-

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Lavacherie Eglise Saint-Aubin Samedi 27 juillet 2013 I 20h Quatuor Alfama Quatuor Byron Programme Joseph Haydn I Quatuor, opus 76 n°4 en Si bémol majeur « Lever du soleil » - Allegro con spirito - Adagio - Menuetto - Allegro ma non troppo (par le Quatuor Alfama)

Dimitri Chostakovitch I Quatuor, N° 8 en Ut majeur - Largo - Allegro molto - Allegretto L’Union fait la force - Largo Deux excellents quatuors unis - Largo pour le meilleur ! (par le Quatuor Byron) Le quatuor à cordes reste en musique * * * le lieu par excellence des dialogues intimes,

de l’heure exquise des sentiments dévoilés. Felix Mendelssohn-Bartholdy En voici une très belle illustration, encore I Octuor op. 20 en magnifiée par l’union rare et pourtant Mi bémol majeur indispensable de deux quatuors abordant - Allegro moderato les rivages de l’une des œuvres les plus - Andante - Scherzo ambitieuses de Mendelssohn. - Presto Quatuor Alfama: Quatuor Byron : Elsa de Lacerda, violon Wendy Ghysels, violon Céline Bodson, violon François James, violon Kris Hellemans, alto Robin Lemmel, alto Renaat Ackaert, violoncelle Caroline Devars, violoncelle

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Quatuor Alfama lonie, Salle Philharmonique de Liè- Belcea, d’ Eberhard Feltz et de Györ- Subtilité, élégance et dynamisme ge…) et à l’étranger (Auditorium du gy Kurtág. sont les marques du Quatuor Alfama Musée d’Orsay, Opéra de Bordeaux, Depuis plusieurs années, le Quatuor qui compte désormais parmi les jeu- Opéra de Dijon, Festival du prieuré Byron se produit lors de nombreux nes formations les plus en vues du de Chirens, les heures musicales concerts : Guildhall Ensemble Festival paysage musical belge. de Cunault, les musicales du Golfe, of London, Promenades Musicales Après 5 ans d’existence, Alfama Jeudis musicaux de Royan, Festival de Fontainebleau, Festival de Belle- poursuit son travail avec les précieux de Sully/Loire…) en compagnie no- rive, Schubertiades, Salle Paderewski conseils du Quatuor Danel. Sélec- tamment du jeune pianiste français de Lausanne, Tonhalle de Zürich, tionné par le Centre Européen de Guillaume Coppola, de la mezzo-so- Concertgebouw d’Amsterdam, Théa- musique de chambre ProQuartet en prano Albane Carrère ou encore de tre de Jérusalem... On le retrouve ré- 2006, le Quatuor Alfama a suivi les la violoncelliste Camille Thomas. gulièrement sur les ondes des radios enseignements de Walter Levin du Suisses Espace 2, RSRDSR 2, des radios Quatuor Lasalle et Rainer Schmidt du Quatuor Byron belges musiq 3 et Klara et des radios Quatuor Hagen et se perfectionne Les quatre musiciens du Quatuor françaises France inter (Carrefour de cette année auprès de Heime Muller Byron se sont rencontrés autour du l’Odéon) et France Musique. (Quatuor Artemis) et Eberhard Feltz. Bassin Lémanique sous l’impulsion Parallèlement à son activité d’inter- Le Quatuor Alfama a enregistré en de Gábor Takács-Nagy . Ils ont voulu prète, le Quatuor Byron s’implique compagnie du guitariste Denis Sung- rendre hommage à Lord Byron, qui dans la pédagogie musicale en ani- Hô (Rising Star 2004/2005) le quin- fut par ses actes et ses écrits le pre- mant de nombreux stages. tette de Léo Brouwer pour Fuga Li- mier grand Européen moderne. En 2009, le Quatuor Byron rempor- bera ainsi que l’intégrale des œuvres te le Prix du Public au Concours de pour quatuor à cordes de Frédéric Le Quatuor Byron débute sa forma- Musique de Chambre du Pour-Cent Devreese pour le label Kalidisc. Ces tion à la Haute Ecole de Musique Culturel Migros, profitant ainsi de deux enregistrements ont été unani- de Genève dans la classe de Gábor son soutien pour deux années. Le mement salués par la critique belge Takács-Nagy. Il y obtient un Master Quatuor Byron bénéficie également et internationale. Le Quatuor Alfa- de quatuor à cordes en 2010. Parallè- du soutien actif de Proquartet-CEMC, ma a sorti son troisième CD «Quar- lement le Quatuor Byron étudie dans de la SACEM , de la SPEDIDAM , de la tettsatz» pour le label Fuga Libera et la classe du Quatuor Ysaÿe au C.N.R FCM , de Pro Helvetia, ainsi que de la prépare en 2013 un enregistrement de Paris de 2006 à 2008. Il poursuit Swiss Global Artistic Foundation. entièrement consacré à Schumann. également sa formation au sein du En janvier 2011,le CD Chostakovitch Le Quatuor Alfama multiplie les en- programme européen Proquartet- (quatuors 8 et 9, Polka et Elégie) gagements en Belgique (Festival de CEMC. Il a eu l’occasion de participer paru pour le label Aparté/Harmonia l’Ete mosan, Brussel Summer Festival aux master classes de membres des Mundi a été salué par la critique in- Ostbelgienfestival, Festival de Wal- Quatuors Berg, Hagen, Cleveland, ternationale. Les commentaires Joseph Haydn est généralement posé » : un allegro de forme sonate Le quatrième de ces quatuors considéré comme le père du qua- et de tempo assez vif est suivi d’un op.76, « Lever de soleil » tire son tuor. C’est lui, en effet, qui a fait mouvement lent (adagio ou andan- nom (d’origine anglaise) de ses évoluer définitivement le genre en te), d’un menuet (allegretto) et d’un premières mesures, l’un des plus lui donnant ses lettres de noblesse finale généralement vivace. extraordinaires débuts de tout le en tant que lieu par excellence de L’origine des Six Quatuors op.76 répertoire. Sa conception du temps l’expression la plus raffinée des n’est pas très claire. On pense que est presque schubertienne. Le thè- idéaux classiques, bien éloigné du Haydn a commencé leur écriture me principal, très chantant, s’élève simple divertissement léger des ori- dans le courant de l’année 1796 en effet doucement au premier gines. C’est lui aussi qui a fait de pour les terminer en 1797. C’est le violon sur un accord de tonique Vienne dès les années 1780 le lieu dernier cycle complet de quatuors des trois autres instruments. Cette privilégié de composition des qua- composés par Haydn alors que ce impression de lenteur, voire d’im- tuors à cordes les plus intéressants dernier a achevé son fabuleux par- mobilité, se prolonge de manière et les plus consistants de l’époque, cours à l’orchestre (sa dernière sym- très surprenante pour un Allegro la capitale autrichienne supplan- phonie, n°104, date de 1795) et qu’il con spirito, jusqu’au moment où la tant alors Paris et les grandes villes se consacre prioritairement à son musique prend véritablement son d’Italie où le genre avait prospéré oratorio La Création (commencé lui élan, prélude à un crescendo très jusque-là. C’est lui enfin qui a fixé la aussi en 1796 et créé en 1798). C’est dramatique. Tout le mouvement va forme définitive du quatuor classi- le Haydn en fin de carrière, capable dès lors osciller entre quelques pa- que en quatre mouvements, et cela de tirer tous les enseignements d’un ges mystérieuses et d’autres pleines à partir du recueil composé en 1787 formidable parcours de créateur, qui d’élan. Le sublime Adagio qui suit et dédié à Frédéric Guillaume II de est à l’œuvre ici, avec une acuité et impose lui aussi une impression de Prusse. Dès l’opus 50, car c’est de lui une créativité qui prouvent qu’il est lenteur, propre à laisser exhaler les qu’il s’agit, le modèle est donc « dé- encore au sommet de son art. parfums subtils d’une musique qui alterne les épisodes sereins et poi-

64 Les commentaires (suite)

gnants. Le Menuetto, rapide et très juif extrait du Deuxième Trio… » Ce jours on ne trouve une perfection évocateur des musiques populaires côté autobiographique est évident plus grande chez un maître aussi qui ont toujours intéressé Haydn, dès les premières mesures du Largo, jeune ». précède l’Allegro final de forme lied lequel débute sur la signature des L’imposant Allegro initial propose construit à partir d’une contredanse. initiales du compositeur (DSCH, soit une succession de motifs et d’am- Ce mouvement à la particularité de ré-mi bémol-ut-si bécarre) au violon- biances assez remarquable, que Men- comprendre plusieurs variations de celle, repris en canon. L’atmosphère delssohn manie et combine avec une tempo. Ces dernières conduisent générale du mouvement reste mys- science déjà bien affûtée. Sa maîtrise progressivement à un paroxysme de térieuse, le seul élan provenant de la du contrepoint, notamment, impres- vitesse et de vituosité qui constitue citation de la Première Symphonie. sionne. Il s’agit de l’un des premiers un véritable feu d’artifices final. L’Allegro qui suit est une danse de exemples marquants de sa techni- Pris à partie par les autorités so- plus en plus frénétique, menée par le que exemplaire de fusion des motifs. viétiques en 1936, à propos de premier violon. Celui-ci finit littéra- L’Andante qui suit dévoile un décor l’immoralité de son opéra Lady lement par s’essoufler et se déstruc- mélancolique, à l’image d’une vieille Macbeth du district de Mzensk, turer sous les coups de boutoir des balade médiévale. Comme l’a si bien Dimitri Chostakovitch devra faire sforzandos des autres instruments. dit E. Wolff, un biographe de Men- preuve tout au long des années sui- L’œuvre enchaîne alors un Allegretto delssohn, voici « un chœur d’anges vantes de beaucoup de prudence âpre et plein de colère, un premier aux voix tendres, qui évoquent le ciel afin de ne pas susciter les foudres du Largo qui semble s’orienter vers un dans une langue douce et claire, où pouvoir, et tout particulièrement de chant funèbre (citations du Dies Irae passe un souffle de rêverie intime ». Staline (qui ne voyait en lui qu’un ex- et d’un air déchirant extrait de Lady Le Scherzo, ensuite, est le premier cellent compositeur de musiques de Macbeth), et enfin un second Largo exemple connu de ce qu’on appellera films et un chantre acceptable des qui s’achève en sourdine, dans la pé- un « scherzo féérique », expression cérémonies officielles). C’est à partir nombre. idéale d’un fantastique mendelssoh- de là qu’il a considéré le domaine Dès le 19ème siècle, un certain nom- nien qui puise ici ses sources dans le de la musique de chambre, et plus bre de compositeurs cherchent à Faust de Goethe. La recette inventée précisément le quatuor à cordes, trouver une voie médiane entre le par le jeune compositeur est impara- comme un refuge, un journal intime, raffnement du quatuor à cordes et ble : tempo très vif, rythmes acérés, un domaine réservé. C’est ainsi que la puissance de l’orchestre à cordes. ininterrompus, aériens, accords as- Chostakovitch va devenir l’un des Ainsi naît l’idée de l’octuor à cordes, sourdis et mystérieux, brumeux, qui plus grands spécialistes du quatuor à qui constitue en quelque sorte un viennent enfin, sur un point - d’or cordes au 20ème siècle, avec Bartok. compromis intéressant. L’Allemagne gue, interrompre cette course. Fan- Quinze œuvres au total, dont la der- romantique sera l’une des terres ny, la sœur tant aimée de Felix, dé- nière achevée en 1974, un an avant d’élection de ce nouveau genre, no- crit cette ambiance unique : « C’est sa mort, tel est le bilan du composi- tamment via d’authentiques spécia- une vraie réussite. Il n’a confié qu’à teur, qui a progressivement donné au listes comme le compositeur et violo- moi seule les chimères qui l’ont ins- genre une puissance quasi sympho- niste virtuose Ludwig Spohr. C’est le piré. Le morceau se joue staccato et nique dont les idées de programme 15 octobre 1825 que le jeune Felix pianissimo, les frissons des trémolos, sont évidentes mais non explicites. Mendelssohn apporte la dernière les échos des trilles qui jettent des Le Quatuor à cordes n°8 en ut mi- main à son Octuor pour quatre vio- éclairs furtifs, tout est neuf, étrange, neur op. 110 a été écrit en 1960 lons, deux altos et deux violoncelles et pourtant tellement séduisant, après une visite du compositeur à en mi bémol majeur, opus 20. Il s’agit familier, qu’il semble qu’un souffle Dresde, encore ravagée par les stig- là d’un authentique octuor à cordes, léger vous élève vers le monde des mates du fameux bombardement qui se distingue des œuvres de Spo- esprits. On a envie d’enfourcher particulièrement meurtrier de 1945. hr, auteur de nombreux « doubles un balai pour suivre cette joyeuse Cette œuvre amère et violente, ex- quatuors », et de celui de Schubert troupe ». Le Presto se présente, lui, pressioniste et spectaculaire, a donc (avec bois). L’œuvre marque les es- comme un finale joyeux qui associe, été rapidement considérée comme prits dès sa création, en tant que dans le souvenir de l’Ouverture de une dénonciation des horreurs du témoignage d’un génie adolescent la Flûte enchantée (et dans la même fascisme. Chose que le compositeur sans pareil à l’époque, capable de tonalité héroïco-maçonnique de mi ne cautionne nullement si l’on en renouer avec la grâce mozartienne bémol majeur), fugato et scherzo. La croit ce qu’il a laissé dans ses mémoi- tout en l’inscrivant dans un contexte maîtrise technique du compositeur y res : « On la qualifia de « dénoncia- romantique. Les commentaires sont éclate brillamment en un kaléidos- tion du fascisme ». Pour dire cela, il éloquents : « jamais encore une cope de couleurs et d’effets soutenu fallait être à la fois aveugle et sourd. œuvre de musique de chambre n’a par une construction savante, la- Car, dans ce quatuor, tout est clair rayonné à ce point de jeunesse, de quelle culmine dans une superposi- comme un abécédaire. J’y cite Lady fougue et de passion. Sa vitalité, tion en contrepoint renversable de Macbeth, la Première Symphonie, la son charme, sa liberté de concep- tous les thèmes utilisés par le com- Cinquième. Qu’est-ce que le fascis- tion et sa richesse thématique positeur. Remarquable réalisation, me a à voir avec cela ? J’y fais enten- sont absolument remarquables ». portée par un élan irrésistible, et qui dre un chant russe à la mémoire des Schumann, subjugué, ajoutera sa se conclut dans l’allégresse… victimes de la Révolution… Dans ce voix à ce cortège de louanges : « Ni même quatuor, je reprends un thème dans les temps anciens, ni de nos

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Saint-Hubert Eglise Saint-Gilles-aux-Prés Dimanche 28 juillet 2013 I 11h Master Class Juliana Steinbach Juliana Steinbach, la pianiste du récital de ce soir (voir page 71), a très aimablement accepté de partager le jour même de son concert les richesses de son talent avec notre fidèle public et trois jeunes pianistes pleins de promesses: Léna Kollmeier et Eloïse Pekel (originaires de notre province) et Martin Gennen (originaire de Malmedy).

Martin Gennen Martin Gennen (18 ans) a commencé le de Malmedy où il suit également piano à l’âge de 7 ans. Il est en dernière des cours de musique de chambre et année de piano à l’Académie de musique d’histoire de l’art.

Martin Gennen Léna Kollmeier Léna (21 ans) commence le piano à l’âge Léna remporte un premier prix piano de 5 ans. Elle fréquente les Académies au concours Dexia Classics. d’Arlon, Bastogne et Auderghem et, à Léna est actuellement élève au 15 ans, rentre comme jeune talent au Conservatoire Royal de Liège dans la Conservatoire Royal de Liège. En 2009, classe de piano d’Etienne Rappe.

Léna Kollmeier Eloïse Pekel A l’âge de 7 ans, EloIse Pekel (24 ans) Conservatorium Brussel dans la classe entre à l’Académie de Saint-Hubert. de Daniel Blumenthal. En 2001, elle obtient le « premier prix Afin de compléter sa formation, elle spécial » au Concours de piano de Longwy, travaille depuis cette année avec Rena en France. En 2004 elle est lauréate du Shereshevskaya à l’Ecole Normale de Concours Dexia Classics. Musique Alfred Cortot à Paris. Elle a achevé en juin dernier son master à l’unanimité avec distinction au Koninklijk Eloïse Pekel

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Coups de cœur 2013 à ne pas manquer !

Saint-Hubert Awenne Home Herman Eglise Saint-Martin Vendredi 26 juillet 2013 I 15h (uniquement pour les résidents et Dimanche 28 juillet 2013 I 15h le Centre d’Andage) Duo Fagnoul-Kollmeier A travers les époques Julie Fagnoul, Julie et Léna se sont rencontrées au stage international music academy à Dinant saxophone et en 2007. Toutes deux lauréates du concours Dexia Classics, elles se retrouvent flûte traversière afin de vous proposer un concert hors du commun et éclectique, vous faisant traverser les époques à travers des solos ou duos à la flûte, au saxophone et Léna Kollmeier, piano au piano. Laissez-vous chavirer dans ce voyage musical ! Léna Kollmeier Julie Fagnoul et Léna Kollmeier Léna Kollmeier, née en 1992, commence d’Oye à Habay-La-Neuve et au festival sont lauréates du le piano dès l’âge de 5 ans, avec comme Mai’li Mai’lo. concours Belfius Classics professeur Patricia Hecq à Metzert. En juin 2010, Léna s’est produite comme Elle suit ensuite durant six ans des cours soliste dans le 20ième concerto de Mozart à l’Académie de musique d’Arlon avec les Archets du Sablon de Bastogne Programme sous la houlette de Mlle Hoff. dirigé par J.M Georges. Ronald Binge (1910-1979) À 15 ans, Léna rentre dans la filière Elle a également joué à trois reprises, I Concerto pour « Jeunes talents » au Conservatoire Royal en automne 2010 dans le cadre d’un de Liège dans la classe d’Étienne Rappe. projet transfrontalier, le 1er mouvement saxophone alto Rondo - Elle intègre alors pendant un an les cours du concerto de Schumann avec à l’Académie d’Auderghem chez Pierre l’orchestre professionnel Estro Armonico Franz Schubert (1797-1828) Thomas et ensuite, effectue sa dernière de Luxembourg sous la baguette de I Sonate en la Majeur, année à l’Académie de Bastogne dans Dominique Bodson. n° 20, D959 - Allegro la classe de Francis Penning. Léna est actuellement élève en B3 au En novembre 2009, Léna remporte un Conservatoire Royal de Liège dans Jacob TER Veldhuis (°1951) premier prix piano au concours national la classe de piano d’Etienne Rappe. I Billie Dexia Classics et se produit à Elle s’intéresse à l’aspect pédagogique de la Monnaie à Bruxelles. la musique et dans ce cadre, a participé à Elle a suivi plusieurs Master Classes chez un projet en Equateur durant l’été 2012. Johannes Brahms (1833-1897) Dominique Cornil, Natacha Zdobnova, La musique contemporaine ne la laisse pas I Ballade n°1 op.10 Dana Protopopescu et également des indifférente, elle a d’ailleurs joué, cette stages de jazz au «Jazz en Gaume» et à année, une œuvre de Patrick Loiseleur Sergueï Prokofiev (1891-1953) l’AKDT à Libramont. Elle a donné divers au festival du clavier contemporain au I Sonate op.14 n°2 récitals notamment au château du Pont Conservatoire Chopin à Paris. en ré mineur - Allegro ma non troppo Julie Fagnoul Julie Fagnoul est née en 1992 à la médaille de l’académie OVA et réussit Astor Piazzolla (1921-1992) Marche-en-Famenne et est domicilié à avec Excellence au saxophone alto au I Tango - Etude n°5 Barvaux s/Ourthe. Issue d’une famille de Conservatoire de Ciney où elle reçoit musiciens, Julie apprend le solfège dès également la médaille de la Ville. Domenico Scarlatti son plus jeune âge et puis la pratique En 2010, elle participe au 6ème Festival (1685-1757) d’un instrument de musique : des Jeunes en l’Eglise St-Pierre à Bastogne I Sonate en si mineur L33 d’abord la flûte traversière, ensuite le au saxophone et elle obtient un second saxophone alto et plus tard le tuba basse. prix à la flûte au 46ème Concours National Nikolaï Kapustin (°1937) Elle prend part à de nombreux concours « Dexia Classics » à Bruxelles. musicaux organisés par la Fédération En 2011, elle présente un Récital I Etude de concert Musicale du Luxembourg Belge et au Château du Pont d’Oye à la flûte. op. 40 n°1 - Prélude elle adhère à plusieurs stages de musique Membre actif de La Lyre luxembourgeoise en internat. de Barvaux s/Ourthe depuis plus de Cécile Chaminade (1857-1944) En 2009, la commune de Durbuy lui 12 ans, Julie joue également en renfort I Concertino pour flûte décerne un mérite culturel. dans d’autres ensembles de la province En juin 2010 elle obtient une Grande et ce afin d’entretenir ses connaissances op.107 Distinction à la flûte traversière et musicales. 69

Saint-Hubert Eglise Saint-Gilles-aux-Prés Dimanche 28 juillet 2013 I 20h Master class (voir page 67) I 11h Juliana Steinbach Programme Wolfgang Amadeus Mozart (1756-1791) I Fantaisie en ut majeur K.475

Franz Schubert (1797-1828) I Wanderer-Fantaisie en ut majeur opus 15 D.760

Franz Schubert (1797-1828) / Franz Liszt (1811-1886) I Erlkönig

* * * Le voyageur romantique Robert Schumann (1810-1856) I Arabesque opus 18 L’album souvenir du Wanderer, I Fantaisie opus 17 plein de fantaisie et de nostalgie Trois compositeurs au programme, qui incarnent autant d’univers musicaux différents, depuis le classicisme parfait de Mozart jusqu’aux délicieux tableaux romantiques de Schumann, en passant par les « divines longueurs » de Schubert. Une manière de voyage initiatique, aux sensations variées et dépaysantes.

71 L’interprète

Juliana Steinbach berto Micheli, Juliana Steinbach a dio, Opéra Bastille, Opéra Garnier, Née au Brésil, Juliana Steinbach a été récompensée lors de plusieurs Théâtre Mogador, Théâtre Marigny, entamé ses études musicales en Fran- concours : le Concours Internatio- Athénée Théâtre Louis-Jouvet, Salle ce. Elle étudie d’abord au Conserva- nal Artlivre à São Paulo, les Ren- Cortot), dans diverses séries françai- toire de Lyon puis au Conservatoire contres Internationales de Tel-Hai ses (Salle Molière à Lyon, Esplanade de Paris (CNSM) auprès de Bruno et le Concours International de Jeu- à Saint-Etienne, Opéra de Nantes), Rigutto et Pierre-Laurent Aimard ; nes Pianistes à Meknès. En France, sur de grandes scènes européennes elle y a obtenu les Premiers Prix de elle a reçu le Prix Flame, la Bourse (La Monnaie de Bruxelles, Gewand- piano et musique de chambre et a Musicale du Zonta International, haus de Leipzig, Musikhalle de été admise en 2002 à l’unanimité le Grand Prix et le Prix Spécial du Hambourg, Gasteig de Münich, en Troisième Cycle de piano dans Forum Musical de Normandie. Académie Franz Liszt de Budapest, la classe de Jacques Rouvier, rem- Rudolfinum de Prague, Teatro della portant à cette occasion le Prix de Juliana Steinbach se produit en Pergola et Teatro Comunale de Flo- la Fondation Alfred Reinhold, un soliste avec divers orchestres : rence, Teatro São Luis de Lisbonne) piano à queue Blüthner. Orchestre Philharmonique de Nice, et dans de prestigieux festivals Orchestre Symphonique et Lyrique (Périgord Noir en France, Salzburg Juliana Steinbach a ensuite été de Paris, Orchestre des Lauréats en Autriche, Bologna Festival et l’élève de Franco Scala au sein de du Conservatoire, Orchestre des Lago Maggiore en Italie, Santander l’Académie Internationale de Piano Jeunes de Fribourg, le Rundfunk en Espagne, Farsund en Norvège). d’Imola (Italie), de Maria João Pires Blasorchester de Leipzig, Orches- Depuis 2005, Juliana Steinbach est dans sa résidence de Belgais (Por- tre Symphonique Mav de Buda- la fondatrice et directrice artistique tugal) et de Pnina Salzman à Tel- pest, Orchestre Symphonique d’Is- du festival “Musique en Brionnais” Aviv (Israël). Elle a reçu lors de di- raël, Orchestre Symphonique de la verses masterclasses les conseils de Paraíba (Brésil), collaborant avec Son premier récital au disque, Dmitri Bashkirov, Alicia De Larro- des chefs comme Sergio Monterisi, “Tableaux” (Paraty/Intégral -2010) cha, Christoph Eschenbach, Péter Michael Cousteau, François-Xavier réunit des oeuvres pour piano Frankl, Emanuel Krasovsky. En mai Roth, Théophanis Kapsopoulos, Jan de Debussy et Moussorgski. Son 2007 elle a obtenu le Graduate Cober, László Kovács, Mendi Rodan second album, “Hommage à Diploma de la Julliard School et João Linhares. Debussy” (Genuin 2012), s’inscrit (New York). dans la continuité de son explora- En récital ou en musique de cham- tion de ce répertoire. Cet album Lauréate des Fondations Cziffra, bre, elle se produit à Paris (Théâtre est récompensé en mai 2012 par la Meyer, Natexis Groupe Banques du Châtelet, Auditorium du Louvre, distinction “Maestro” du magazine Populaires, Alfred Reinhold et Um- Cité de la Musique, Maison de la Ra- “Pianiste”.

72 Les commentaires (suite)

Tout au long de la carrière de est incontestablement la sonate. avec régularité à l’écriture d’œu- Wolfgang Amadeus Mozart, le Mozart ne s’est par contre que rela- vres pour clavier remarquables de clavier a occupé une place de choix. tivement peu intéressé à la fantai- fraîcheur d’inspiration et d’élégan- Le clavecin puis le pianoforte ont en sie, et le sommet dans ce domaine ce savoureuse. A côté d’un impor- effet accompagné son évolution, de est la Fantaisie en ut mineur KV 475, tant cycle de sonates, Schubert a l’enfant prodige au compositeur de achevée le 20 mai 1785 à Vienne, laissé toute une série de pièces lyri- la maturité. Ses authentiques dons et publiée simultanément avec la ques de conception libre, isolées ou de virtuose ont également consti- Sonate en ut mineur KV 457. Cette groupées par cycle : on y trouve les tué une source de revenus non né- publication des deux œuvres en un Moments Musicaux, les Impromp- gligeable, alors que son destin pro- seul volume est plus que symboli- tus, les Klavierstücke, mais aussi des fessionnel subissait des hauts et des que car il existe un lien intime entre pages dans lesquelles le composi- bas ! La plupart des compositions elles : même émotion, même agita- teur exploite à merveille ses réelles pour clavier de Mozart sont desti- tion tragique et mêmes instants de affinités avec le répertoire popu- nées au pianoforte. Leur interpré- tendresse. Mozart fait ici l’étalage laire. tation exige un jeu très spécifique : de toute sa science de l’improvi- D’une manière générale, Schubert précision du toucher, naturel de sation. La structure « libre » de la apparaît presque comme un com- l’expression, sensibilité du phrasé fantaisie l’y invite, loin des carcans positeur de transition, encore lié mélodique et clarté de l’élocution. que la sonate impose. Il déploie par bien des aspects à la tradition Selon C.M. Girdlestone, « il faut donc en de multiples combinaisons classique (en témoigne notamment jouer sa musique telle qu’elle est un matériel thématique d’une rare son attachement à la forme de la et, pour cela, être comme elle, tour richesse, qu’il manipule avec finesse sonate, inspirée des modèles de à tour vigoureux, gracieux, délicat, au-dessus d’une base harmonique Haydn, Mozart et Beethoven) et gai, spirituel, sombre, pétillant, souvent audacieuse, en veillant à pourtant investi par ailleurs du rôle profond et toujours clair. » Tout un bien alterner les épisodes lyriques de pionnier (il fait partie de ceux programme ! Les pages dédiées par et les pages plus légères et sourian- qui inventent au clavier la pièce lyri- Mozart à son instrument fétiche tes. Ajoutez-y une bonne dose de que de brève dimension, qui fera le témoignent de sa créativité sans virtuosité et quelques accents plus délice de plusieurs générations de cesse en éveil, de la fraîcheur de ses dramatiques pour obtenir la recet- romantiques). En dehors des sona- idées mélodiques et de la vigueur te de ce cocktail très réussi. tes, la Wanderer-Fantasie en ut ma- de sa conception rythmique. De vé- Franz Schubert ne possédait pas jeur D. 760 est le seul chef-d’œuvre ritables petits bijoux de joie sincère les formidables dons pianistiques de grande envergure de Schubert et d’émotion subtile. Le genre le de son prédécesseur, mais cela ne pour le piano. Sa virtuosité, notam- plus fréquenté par le compositeur l’a pas empêché de se consacrer ment, la place largement au-dessus

73 Les commentaires

les analystes s’accordent pour re- connaître dans la Wanderer-Fanta- sie le modèle le plus important de la Sonate en si mineur de Liszt. Ce fameux thème unique, Schubert est allé le chercher dans l’un de ses plus beaux lieder, Der Wanderer (le voyageur), composé en 1816. Ce poème, d’une nostalgie et d’une mélancolie profondes, culmine sur les paroles « Là-bas où tu n’es pas, là-bas est le bonheur ». Sur cette base, le compositeur autrichien va bâtir un monument de virtuosité, on l’a dit, mais aussi riche d’am- biances très diverses, de l’hyperac- tif et extraverti Allegro initial à l’ex- pression intense et émouvante de l’Adagio, en passant par un Scherzo lyrique très modulant et un Allegro final plein de maîtrise contrapunti- que, dont la coda virtuose et triom- phale constitue véritablement le point d’orgue. Franz Liszt, on l’a dit, s’est inté- ressé à la Wanderer-Fantasie, mais aussi plus généralement à ce que de la plupart des autres œuvres du formel : quatre parties enchaînées, d’aucuns considèrent comme le compositeur autrichien. Il est signi- correspondant plus ou moins aux cœur sensible de l’œuvre de Schu- ficatif de ce point de vue que Franz quatre mouvements d’une sonate bert, à savoir le monde du Lied. Il Liszt se soit intéressé à cette œuvre traditionnelle, et issues toutes qua- est vrai que le compositeur autri- au point d’en réaliser une transcrip- tre de la transformation d’un thè- chien y a fait l’étalage d’un génie tion pour piano et orchestre. Il était me nourricier unique. C’est là une très particulier, apte à saisir ici les fasciné autant par cette virtuosité, anticipation géniale des principes moindres émotions de l’âme hu- précisément, que par la nouveauté formels du poème symphonique maine. Les Lieder de Schubert ont apportée par Schubert au niveau que Liszt va bientôt créer, et tous intéressé maints compositeurs au

74 19ème siècle, qui en ont fait notam- immédiatement séduisante par tage encore sur le plan symbolique, ment des arrangements pour or- son caractère souriant et détendu. Schumann se plaçant ici comme chestre ou des transcriptions pour le L’élément mélodique principal, l’héritier du Beethoven des derniè- piano. Ainsi par exemple, le fameux que Schumann utilise en tant que res sonates. Franz Liszt, seul inter- Erlkönig (Le Roi des Aulnes), formi- refrain, est doux et tendre, et don- prète alors capable de comprendre dable ballade romantique mélan- ne le ton à l’ensemble de l’œuvre, et de maîtriser parfaitement les der- geant tragique et surnaturel, n’a seulement interrompu de manière nières œuvres de Beethoven, ne s’y pas été sans frapper l’imagination fugace par deux intermèdes ; l’un est pas trompé, qualifiant d’emblée d’autres romantiques tels Berlioz généreux et passionné, l’autre plus cette Fantaisie de « merveilleuse et (magnifique arrangement pour énergique et humoristique. magnifique ». L’œuvre s’articule en orchestre) ou Liszt (remarquable Contrairement à ce que son titre trois mouvements, ce qui en fait transcription pour piano seul). pourrait laisser croire, la Fantaisie une sorte de sonate déguisée. L’ex- Musicien romantique par excel- en ut majeur opus 17 n’est pas une trême tension fébrile du premier lence, Robert Schumann apparaît œuvre légère, voire de récréation, mouvement (A jouer d’un bout à comme un véritable poète musicien mais bien l’un des opus pianistiques l’autre d’une manière fantastique qui s’est exprimé avec une aisance les plus aboutis du compositeur. et passionnée nous dit Schumann) particulière au clavier. Au piano, C’est que les circonstances qui ont fait place, après de nombreux sou- son confident privilégié, il a destiné présidé à l’élaboration de cette œu- bresauts, à l’ivresse de l’action vi- un grand nombre d’œuvres qui ex- vre, en 1836, sont d’une réelle gra- rile du second mouvement (dédié à ploitent au mieux tout le potentiel vité. Séparé de Clara par la volonté l’origine à Beethoven sous le titre expressif de l’instrument. Une par- du père de celle-ci, Schumann passe Arcs de Triomphe), puis à l’immense tie essentielle de la production de en effet par une phase de profond paix presque surnaturelle du Finale Schumann dans la première moitié désespoir. La signification intime (Lent et soutenu, toujours dans les de sa carrière de compositeur est de l’œuvre apparaît totalement nuances douces). Schumann termi- donc exclusivement consacrée à son dans une lettre de Robert adressée ne donc son œuvre maîtresse en un instrument de prédilection. Dans deux ans plus tard à sa bien-aimée : sublime finale, sorte d’hymne à la ce cadre, des œuvres comme « Pour comprendre la Fantaisie, nuit aux ambiances quasi schuber- Kreisleriana, l’Humoresque, ou Car- il faut que tu te reportes à ce mal- tiennes, expression d’extase nostal- naval sont très significatives : on heureux été de 1836 où j’avais re- gique propre aux Hymnes fameux y perçoit toute la profondeur des noncé à toi… La première partie est de Novalis, forme aussi de catharsis sentiments et des émotions dont sans aucun doute ce que j’ai écrit de qui permet l’arrachement au cercle un artiste romantique généreux et plus passionné, une plainte déchi- maudit du tourment intérieur. exalté peut être le héraut. rante vers toi ». L’ambition de l’œu- L’Arabesque en ut majeur op. vre est colossale, non seulement 18 apparaît plus légère et directe, sur le plan technique mais davan-

75 Organisation et partenaires

LE FESTIVAL ROYAL JUILLET MUSICAL I Avec le concours de la Cellule Article 27 pour le FESTIVAL DU LUXEMBOURG Nord-Luxembourg, de l’ASBL Lire et Ecrire Luxem- I est organisé par le Département des Affaires Cultu- bourg et de l’ASBL A Parte, le Juillet Musical offre des relles de la Province de Luxembourg et bénéficie de places bon marché pour les personnes économique- la collaboration de l’a.s.b.l. Les Amis du Royal Juillet ment démunies. Musical de Saint-Hubert, de la Ville de Saint- Hubert, des Communes de Libin, Nassogne, Libramont, RENSEIGNEMENTS ET RESERVATIONS : Marche, Sainte-Ode, La Roche-en-Ardenne et de la Secrétariat du Royal Juillet Musical de Saint-Hubert Fédération Touristique du Luxembourg belge. Rue du Moulin, 2 - Mirwart I est placé sous la présidence de Monsieur Bernard B-6870 SAINT-HUBERT CAPRASSE, Gouverneur de la Province de Luxem- I Par tél : 084 46 60 97 bourg et sous la présidence d’honneur de Messieurs I Par fax* : 084 37 85 60 Paul PIERRET ( ), Président fondateur et Jacques I Par e-mail*: [email protected] PLANCHARD, Gouverneur honoraire de la Province de I Via notre site www.juilletmusicaldesainthubert.be Luxembourg. (*) Merci de préciser : l’adresse complète, le numéro de téléphone, le nombre I Berceau des services culturels de la Province de de places, la catégorie de prix, le type de réduction, l’intituléc du concert. Luxembourg et de l’Académie Internationale d’Eté de Wallonie, le Juillet Musical a été créé en 1958 et Réservations constitué en A.S.B.L. le 10 avril 1975. du 27 mai au 26 juillet I du mardi au vendredi

de 10h à 12h et de 13h30 à 16h

BOURG

INCE DE LUXEM DE INCE

OV PR

76 Conseil d’Administration

Président Administrateurs Monsieur Bernard CAPRASSE Monsieur Arnold BAILLIEUX, Conseiller communal et Président du Centre Culturel d’Aubange Gouverneur de la Province de Luxembourg Monsieur Denis BAUDET, Notaire honoraire, Saint-Hubert Monsieur Jean-Pierre BISSOT, Jeunesse Musicale de Luxembourg/Gaume Jazz Festival Vice-Présidente Monsieur Rudy DE BOUW, Chef d’orchestre, Athus Madame Marie-Anne ROUARD Monsieur Francis BOSSICART, Responsable du Centre d’Hébergement et de Loisirs, Mirwart Vice-Président et Secrétaire, Monsieur Xavier BOSSU, Commissaire d’arrondissement, Arlon Président des comités Comte Olivier de BRIEY de programmation et Monsieur Jean-Paul DACHY, Conseiller communal, Saint-Hubert des relations publiques Monsieur Olivier DERVAUX, Conseiller Communal, Saint-Hubert Monsieur Patrick NOTHOMB Conseiller du Gouverneur Monsieur Francis DUPONT, Président de l’asbl Fondation Saint-Hubert Ambassadeur honoraire Madame Maryse FELIX, Saint-Hubert Monsieur le Doyen Philippe GOOSSE, Saint-Hubert Administrateur-Délégué Monsieur Philippe GREISCH Monsieur Xavier HAAG, Directeur de l’Académie de Musique de Saint-Hubert Madame Véronique HURT, Conservateur du Musée des Celtes de Libramont Conseillère Artistique et Monsieur André LUZOT, Fonctionnaire provincial honoraire Coordinatrice Monsieur André MAILLE, Directeur honoraire de l’Académie de Musique de Saint-Hubert Madame Els CELIS Musicologue Madame Thérèse MEUNIER, Wellin Monsieur Baudouin MUYLLE, Secrétaire général du Festival de Wallonie, Namur Administrateur et Trésorière Docteur Christian NGONGANG, Echevin de la Culture de Marche-en-Famenne Madame Chantal MARCHAND Miroir des Festivals Madame Isabelle PONCELET, Bourgmestre, Habay-la-Neuve Madame Christine SERSON, Présidente du Musée Ducal, Bouillon Madame Anne SLACHMUYLDERS, Echevine de la Culture de Saint-Hubert Madame Marie-Christine SMEYERS, Logopède Madame Paule SMEYERS, Présidente du Comité des Fêtes de la Ville de Saint-Hubert Monsieur Jean-Marie TOUSSAINT

Garage Mazzoni S.A. Rue de Neufchâteau 232 I B-6600 Bastogne Tél : 0032(0)61 24 06 07 Fax : 0032(0)61 21 37 11

Rue de l’Hydrion 117 I B-6700 Arlon Tél : 0032(0)63 24 00 80 Fax : 0032(0)63 24 00 81 77 Les Amis

Conseil d’Administration Administrateurs

President Madame Bertrand ARNOULD, Ochamps Monsieur Olivier DERVAUX, Saint-Hubert Madame Noelle BLONDEAU, Saint-Hubert Monsieur Francis DUPONT, Saint-Hubert Administrateur Délégué Monsieur Guy JORIS, Awenne Madame Maryse FELIX, Saint-Hubert Monsieur André LUZOT, Saint-Hubert Monsieur André MAILLE, Saint-Hubert Secrétaire Madame Christiane PARRIERE-CHARDOME, Libin Madame Marie-Claire COCHART, Saint-Hubert Monsieur Jean PIERRET, Saint-Hubert Madame Marie-Anne ROUARD, Saint-Hubert Trésorière Madame Maddy SLACHMUYLDERS-ZEMER, Saint-Hubert Madame Annie COLLETTE, Saint-Hubert Madame Marie-Christine SMEYERS, Saint-Hubert Madame Euphania SMEYERS-GEENS, Saint-Hubert

Qui sommes - nous ? 7 juillet I Marche-en-Famenne (Salle Taverne «Le Cercle»): « Les Amis du Juillet Musical », des amoureux de Introduction au concert «Liebes Lieder» la musique classique aimant la basilique et la ville de par Patrick Davin, direction St-Hubert, sont constitués, à la base, de fidèles audi- teurs des concerts organisés par le Juillet Musical, 13 juillet I Saint-Hubert (Palais Abbatial): très souvent même, depuis de très nombreuses années. Introduction au concert «Triptyque classique» Ils ont été rejoints progressivement par des personnes par Jos van Immerseel, direction et pianoforte actives dans les localités concernées par les programmes décentralisés : Nassogne et Libin. 19 juillet I La Roche-en-Ardenne (Eglise): Introduction au concert «Voix des Anges» D’ailleurs, des personnes motivées, habitant les autres par Benoît Mernier, organiste localités (Libramont, Sainte-Ode) seraient les bienve- nues. 20 juillet I Nassogne (Eglise): Introduction au concert `« How pleasant ‘tis to Love! » Adhérez à l’a.s.b.l. « Les Amis du par Nicolas Achten, direction Royal Juillet Musical de Saint-Hubert » ! Vous nous donnerez les moyens de poursuivre avec plus d’enthousiasme encore nos activités de promotion Que faisons – nous ? d’une musique de qualité dans notre belle province. « Les Amis du Juillet Musical » se donnent pour pre- Vous encouragerez par la même occasion les artistes qui mières tâches de faire la promotion de notre Festival consacrent tant d’énergie à leur passion. et de créer un climat d’amitié entre tous les interve- Notre Conseil d’Administration, avec l’aide de la Ville, nants de nos concerts : auditeurs habituels et nouveaux, fait essentiellement la promotion des concerts et prend musiciens et organisateurs. Ils veillent, dans un climat ponctuellement des initiatives qui soutiennent la bonne de confiance, à établir des contacts harmonieux avec la entente entre tous les partenaires de notre Festival. Province, la Commune, la Paroisse. Enfin, ils se -char gent de missions plus concrètes : faire connaître partout les programmes des concerts et aider la ville à arborer Introductions aux concerts durant l’été, les couleurs de notre Festival. La présentation d’un concert s’avère bien souvent utile et parfois passionnante. Des introductions aux concerts seront assurées par des musiciens qui vous expliqueront le programme et le si- tueront dans son cadre historique et artistique. Ces in- troductions commencent à 19h15 précises dans un local près du lieu du concert. L’équipe d’accueil qui sera pré- sente dès 19h vous donnera tous les détails lorsque vous leur manifesterez votre présence. Si vous n’avez pas en- core réservé votre place pour le concert, il est conseillé de le faire avant l’introduction de celui-ci.

78 Membres d‘honneur et membres sympathisants

Membres d’honneur Madame Marie-Josée ALAIME, Transinne Monsieur et Madame Jacques MARTENS, Sainte-Ode Monsieur et Madame Jean-Marie ARQUIN-TILLIERE, Meix-dvt-Virton Madame Monique MATHELET, Hodister Monsieur et Madame BAUVIR, Houffalize Madame Thérèse MEUNIER-GEUDVERT, Wellin Monsieur et Madame Jacques BOURGEOIS-VAN WASSENHOVE, Bruxelles Monsieur et Madame Klaus MEYER-HORN-THIEME, Frankfurt Monsieur et Madame Philippe CARLIER-SEEUWS, Messancy Monsieur et Madame Pierre NICOLAS-FONTAINE, Transinne Monsieur et Madame CASSIERS-GREINDL, Orsinfaing Monsieur et Madame Charles ORBAN de XIVRY, La Roche-en-Ardenne Madame Yvette CONSTANT-CARLIER, Bastogne Monsieur et Madame Grégoire ORBAN de XIVRY, Bruxelles Monsieur et Madame Jean et Yvonne CRAEN-RODENBACH, Anvers Monsieur et Madame ORBAN-GHYSSENS, Redu Monsieur et Madame Jean-Paul DACHY, Vesqueville Monsieur et Madame PETERS-NYERGES, Overijse Monsieur Jacques DEFAY, Rendeux Madame Anny ROOSE, Mirwart Madame Danielle DENIES, Robelmont Madame Marie-Anne ROUARD, Marche-en-Famenne Monsieur Jean-Claude DIERICKX-VISSCHERS, Rochefort Madame Nathalie RYELANDT, Bruxelles Monsieur et Madame Luc DIEUDONNE, Saint-Hubert Monsieur Pierre SCHWAB, Neufchâteau Monsieur et Madame Etienne DUPONT-LALOT, Saint-Hubert Madame Anne SLACHMUYLDERS, Saint-Hubert Madame Marie-Thérèse DURY, Neufchâteau Madame Marie-Christine SMEYERS, Saint-Hubert Galerie Denise VAN DE VELDE, Aalst Madame Euphania SMEYERS-GEENS, Saint-Hubert Madame Danielle GASPAR, Houffalize Madame Inès THIBAUT, Bruxelles Monsieur et Madame Marc GOFFART, Bruxelles Monsieur Ghislain THISE, Bastogne Monsieur et Madame Louis GOFFIN, Athus Monsieur Alain TIMMERMANS, Saint-Hubert Monsieur et Madame GROSJEAN-NOKIN, Bruxelles Madame Cécile TIMMERMANS, Bruxelles Monsieur et Madame GUILMOT-NOKIN, Bruxelles Madame Gabriéla TROQUAY, Edegem Madame Marie KINET, Grupont Monsieur Paul VAN BAVEL, Bruxelles Madame Danielle LAFORET-DEBIERE, Braine-L’Alleud Monsieur André VANDE VELDE, Aalst Madame Cécile LANDENNE, Neufchâteau Monsieur Damien VANDERSTICHELEN, Forrières Monsieur et Madame Louis LANGE, Nassogne Monsieur Hugo VAN ROSSEM, Hatrival Monsieur et Madame Maurice LEFEVRE, Mirwart Monsieur et Madame VIROUX-MARCHAND, Ciney Monsieur Jean LEROY, Ave et Auffe Madame Mireille WERY, Beauraing Monsieur José LORENT, Transinne Monsieur et Madame Maurice WUIDAR-PAYS, Gembes Monsieur André LUZOT, Saint-Hubert Monsieur Jean ZORATTI, ING Saint-Hubert Monsieur André MAILLE, Saint-Hubert Madame Marieke ZWANINK, Melreux

Membres sympathisants

Auberge du Grand Gousier, Mirwart Fleuriste L’ORCHIDEE, Saint-Hubert Madame Gisèle ARNOLDY-ROUSSEAU, Saint-Hubert LORENT PNEUS, Saint-Hubert Monsieur et Madame BILLION-SANTI, Neufchâteau Madame Thérèse QUINET, Mont-sur-Marchienne Boulangerie – Pâtisserie Godfroid, Arville Lingerie LUNELL, Saint-Hubert Boulangerie – Pâtisserie STOZ, Saint-Hubert Optique SONNET, Saint-Hubert Boutique GEOFFREY, Saint-Hubert Pharmacie Delcourt, Saint-Hubert Boulangerie-Pâtisserie ARNOULD, Saint-Hubert Press Shop, Saint-Hubert Madame Anne-Marie COTTIN, Opticienne KRYS, Vielsalm Restaurant Le Camélia, Saint-Hubert Madame Josiane DEVAUX-BOURDON, Saint-Hubert Restaurant Romain des Bois, Saint-Hubert Monsieur et Madame Albert DUVIVIER-COTTIN, Vielsalm Monsieur Walter VAN RIJSBERGEN, Ranst Madame Léa FELIX-SOWER, Saint-Hubert Madame Cathy VERDONCK, Marche-en-Famenne Fleuriste COTE JARDIN, Saint-Hubert

79

Index

Editorial Bernard Caprasse, Président 3 Concert 20 juillet Scherzi Musicali 51 Editorial Philippe Greisch, 5 Coup de cœur 21 juillet Duo Cosmopolitan 57 Administrateur-délégué Concert 21 juillet Witloof Bay 59 Introduction Els Celis, Conseillère artistique 5 Concert 27 juillet Quatuor Alfama et Quatuor Byron 63 Coup de cœur 28 juin La Sonatine & Mozaïk Voices 6 Master class 28 juillet Juliana Steinbach 67 Festival des Jeunes La soirée des Académies 9 Coup de cœur 28 juillet Duo Fagnoul - Kollmeier 69 Concert 6 juillet Orchestre National de Belgique 11 Concert 28 juillet Juliana Steinbach 71 Coup de cœur 7 juillet Duo Hottias - Mathey 17 Organisation et partenaires 76 Concert 7 juillet Le Chœur de Chambre de Namur 19 Conseil d’Administration du Royal Juillet Musical 77 Concert 13 juillet Anima Eterna 33 Conseil d’Administration des Amis du Royal Juillet Musical 78 Spectacle famille Petit Poucet, La Belle, La Bête et Cie 37 Les Membres d’honneurs et sympathisants 79 14 juillet Les partenaires du Festival de Wallonie 81 Concert 14 juillet Boyan Vodenitcharov 41 & Les Solistes de la Monnaie Concert 19 juillet Sophie Karthäuser et Benoît Mernier 45

Colophon

Composition : Els Celis Crédits photos : Page 11 : Jimmy Kets (A. Boreyko) – Wim Van Eeskeek (ONB). Page 33: David Samyn (J. Van Immerseel). Page 45: Alvaro Yanez (S. Karthäuser) – Textes sur les oeuvres : Jean-Marie Marchal Bernard Coutant (B. Mernier). Page 51: Philip van Ootegem (Scherzi Musicali & N. Achten). Conception graphique : Agence Redpepper Page 63 : Julien Claessens (Alfama). Page 71: Palazs Böröcz - Pilvax Studio (J. Steinbach)

82 Souvenirs 2012

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