!"#!$%&'()*+,-.!!"!/0&'(1232425($6$((#/7"700((0#.$8(9:((9*;2(0

Nicolas Bacri (né 1961) utilisés dans les différentes parties, se réfèrent à une même lui-même, avait introduit une Gavotte à la place d’un Œuvres pour source : deux thèmes exposés au début de l’oeuvre dans scherzo ou d’un éventuel menuet, dans sa propre Nicolas l’Adagio doloroso, contemplatif et douloureux. Symphonie « Classique ». L’Arioso barocco e fuga mono- Dans Notes étrangères, son ouvrage de réflexion esthétique forme, non seulement comme organisation rigoureuse des Le compositeur inclut au cœur de sa sonate, un Scherzo dica a due voci (2006) est un résumé du recueil, avec ses sur sa situation comme compositeur d’aujourd’hui, Nicolas matériaux, mais aussi comme régulation du flux des sombre et angoissant, avec ses trilles sarcastiques, ses deux pièces situées aux extrêmes de la leçon que le BACRI Bacri déclarait : contrastes expressifs. « J’aime cette possibilité d’une rythmes désarticulés, son tempo haletant et ses registres compositeur a voulu tirer du « classicisme baroquisant » : « Ma musique n’est pas néoclassique, elle est classique métamorphose de l’écoute impliquée par deux niveaux de contrastés. Les idées exposées dans la première partie du « l’Arioso barocco frôle l’exercice de style alors que la car elle retient du classicisme ce qu’il a d’intemporel : la lecture : l’une sensible, l’autre intellectualisée se fécondant Scherzo incorporent des éléments musicaux provenant des Fuga monodica représente une appropriation d’un principe Piano Music rigueur de l’expression. mutuellement. » thèmes du mouvement liminaire et aboutissent à un ample esthétique, tout en limitant drastiquement les conséquences Ma musique n’est pas néoromantique, elle est Le Prélude et Fugue, op. 91, écrit à Bayonne en développement aux accents martelés, sauvages et trépi- qu’il pourra avoir sur le style. » Sans parler du tour de Sonate No. 2 • Diletto classico romantique car elle retient du romantisme ce qu’il a septembre 2004 pour le 4e concours International « Piano dants. Au centre, en guise de trio, revient soudainement la force contrapuntique que cette fugue représente (on a d’intemporel : la densité de l’expression. Campus » de Pontoise, est dédié au compositeur René musique modifiée du premier thème désolé de l’Adagio constamment l’impression d’entendre deux voix sans que Prélude et fugue • L’Enfance de l’Art Ma musique est moderne, car elle retient du modern- Maillard. À l’instar de Chostakovitch, Bacri démontre que initial, avant une reprise du Scherzo, mais avec un jamais deux sons différents ne soient joués simultanément), isme ce qu’il a d’intemporel : l’élargissement du champ de cette forme baroque conduite à son apogée par Johann développement plus court. Le final expose un thème c’est la pièce la plus personnelle du recueil, illustrant bien l’expression. Sebastian Bach au clavecin et à l’orgue, demeure un terrain ressemblant à un sujet de fugue qui n’est qu’un autre aspect ce que nomme « classicisme atemporel ». Ma musique est postmoderne, car elle retient du fertile pour l’imagination et l’invention d’un compositeur du premier thème de l’Adagio, dans une apparence Les Deux Esquisses lyriques, op. 103a sont des pièces Eliane Reyes postmodernisme ce qu’il a d’intemporel : le mélange des au XXIe siècle. Le prélude, en un ut majeur rutilant, joue rythmique totalement différente. Un épisode médian en de caractère dans le style de la musique romantique des techniques d’expression. » le rôle d’une introduction et ne peut être dissocié de la 5/8 dérive du second thème. Le retour du sujet est inter- écoles nationales, d’une expression lyrique et intime, dans Cet esprit d’indépendance, il l’avait sans doute ren- fugue, parce qu’il en esquisse la tête du sujet. L’exposition rompu par un bref passage lent qui ramène à la main le Conte russe (2006), nostalgique et sentimentale, dans le contré dès 1979 en travaillant auprès du compositeur Louis de la fugue, à quatre entrées, fait entendre un sujet très gauche le thème initial sous sa forme rythmique originale, Paysage scandinave (2007). Saguer (1907-1991), un créateur discret mais libre et expressif. L’intérêt du propos musical réside dans dans un environnement de trilles et d’arabesques chroma- Les dernières pièces de ce programme appartiennent authentique. Il reçut aussi une formation au Conservatoire l’utilisation conséquente du sujet et de ses fragments ainsi tiques de la main droite, avant la conclusion fondée aux années 1976-1979 des débuts du compositeur. Le titre National Supérieur de Musique de Paris (1980-1983), avec que dans la variété de ses présentations. Peu avant la fin, successivement sur les deux thèmes. du recueil L’Enfance de l’Art évoque à merveille, aussi et pour la composition, le tempo devient deux fois plus lent. La musique prend Diletto classico op. 100, (en français, « Plaisir bien la période de jeunesse dont elles proviennent que les Claude Ballif pour l’analyse et pour alors un tour poétique, avant une conclusion retentissante classique », un titre qui annonce l’espièglerie du propos) premiers pas de leur auteur dans le domaine de la l’orchestration. De 1983 à 1985, il fut à Rome pensionnaire en ut majeur, sur une figure rythmique dérivée de la fin du est constitué de trois cahiers autonomes : Suite baroque, composition. L’influence de l’École de Vienne est de la Villa Médicis. Il considère toujours comme sujet. Sonatina classica et Arioso barocco e fuga monodica. Ce perceptible mais aussi son dépassement au profit d’un importantes dans sa production sept œuvres écrites pen- La Sonate n°2, composée à Bruxelles en 2007 (rév. pastiche, « principalement humoristique », est néanmoins lyrisme intemporel qui, après la parenthèse post-sérielle dant cette période de 1980 à 1987 dans le sillage de l’avant- 2008/10), est dédiée au pianiste Julien Quentin, créateur de l’occasion pour le compositeur, comme dans sa Symphonie des années 80, deviendra la marque semble-t-il définitive garde post-sérielle de l’époque, dont la Première la première version. La version définitive fut créée par n°4 (Symphonie classique « Sturm und Drang »), « de du compositeur. Symphonie (1983-84) dédiée à . Eliane Reyes. Lors de l’édition de la partition, Bacri eut s’interroger sur ses racines musicales ». « Contrairement Le Petit Prélude est une courte pièce composée en 1978 Les signes d’une démarche créatrice postmoderne l’idée d’ajouter in memoriam Kenneth Leighton, en à l’exercice de style qui ne cherche qu’à imiter, le pastiche et révisée en 2003. commencent à apparaître dans le pour violoncelle hommage au remarquable compositeur écossais, qui avait – écrit-il – est une recherche d’approfondissement de son Les Petites variations sur un thème dodécaphonique, (1985-87) dédié à Henri Dutilleux et la Seconde Symphonie déclaré : « Aux environs de la trentaine, j’étais soucieux propre style à travers l’hommage à une forme d’expression composées à Paris en septembre 1979, sont au nombre de « Sinfonia dolorosa » (1986/88/90). Délaissant l’emploi d’être à la mode, j’utilisais les techniques sérielles et toutes révolue ». Si la Suite baroque (2006-2007) s’inscrit par le sept. Le thème naît d’une cellule de trois sons et démontre C exclusif du langage atonal, Nicolas Bacri élargit alors son les nouveautés, mais cela ne me tracasse plus main- caractère des pièces réunies et leur facture dans la qu’il est possible de faire une musique empreinte de poésie, style dans un esprit de synthèse, en prenant en compte la tenant. », une phrase que Nicolas Bacri aurait pu prononcer. descendance des suites des maîtres anciens, la Sonatina quelque soit le langage, pourvu que le lyrisme soit présent. richesse de l’attraction et de la répulsion des sons dans le Exigeant une grande virtuosité, la Deuxième Sonate pour classica (2007), en dépit d’un premier mouvement en L’œuvre est dédiée à l’un des meilleurs compositeurs M champ de la tonalité élargie à toutes les échelles modales. piano, une composition à la fois pleine d’émotion et forme sonate, est plus surprenante avec sa Fuga diatonica français du XXe siècle, Serge Nigg, précurseur de la Il accorde aussi une grande importance à la « direction- enflammée, se présente, à l’instar de la Sonate de Liszt, en finale et surtout sa Gavotte médiane, une danse oubliée musique dodécaphonique en France. Y nalité » de la musique, condition primordiale de sa une forme continue faite de plusieurs sections. L’œuvre aux temps du classicisme viennois. Il faut évidemment y perception. C’est pourquoi il porte un soin particulier à la est d’une grande unité tant les matériaux thématiques voir un hommage à Prokofiev, un compositeur admiré qui, © 2010 Gérald Hugon WORLD PREMIÈRE RECORDINGS K 5 8.572530 6 8.572530 !"#!$%&'()*+,-.!!"!/0&'(1232425($6$((#/7"700((0#.$8(9:((9*;2(#

Nicolas Bacri (b. 1961) two themes set out at the beginning of the work in the monodica a due voci (2006) sums up the overall Eliane Reyes Piano Music contemplative and sorrowful Adagio doloroso. collection, with its two elements situated at either end of Born in 1977, Eliane Reyes gave her first recital at the age of five. She has studied with J-C. Vanden Eynden, H. Leygraf, At the heart of the Sonata is a Scherzo which, with its the historical lesson the wanted to take from J. Rouvier, B. Engerer and A. Weiss, and has benefitted from the advice of György Cziffra, Vladimir Ashkenazy and In his book Notes étrangères, Nicolas Bacri reflects on rigorously organising materials but of regulating the flow sarcastic trills, broken rhythms, breathless tempo and “Baroque-leaning Classicism”: “the Arioso barocco Martha Argerich. She has followed courses at leading European institutions, including the Paris CNSM (3rd cycle), his position as a composer today and makes the following of expressive contrasts. “I love the idea that the listening contrasting registers, is both sombre and alarming. The borders on a stylistic exercise whereas the Fuga monodica the Brussels Conservatoire Royal de Musique, the Chapelle Musicale Reine Elisabeth and the Berlin Hochschule der statement: experience may metamorphose as the music is interpreted ideas laid out at the start incorporate musical elements represents the appropriation of an aesthetic principle, Künste. She is a laureate of several international competitions, including Ettlingen, Montréal and Clara Schumann. “My music is not neo-Classical, it is Classical, for it on two different levels, one emotional, one intellectual, taken from the themes of the opening movement and lead while drastically limiting its possible stylistic con- Since her débuts with the Amsterdam Concertgebouw Orchestra and at the Tibor Varga Festival at the age of eleven, retains the timeless aspect of Classicism: the rigour of the two feeding into one another.” to a broad development with wild and hectic hammered- sequences”. As well as the fugue’s being a contrapuntal she has enjoyed a distinguished career as a soloist and chamber musician, with invitations to play at halls such as the expression. The Prelude and Fugue, Op.91, composed in Bayonne out accents. In the middle, acting as a trio, there suddenly tour de force (one has the constant impression of hearing Vienna Musikverein, Paris Cité de la Musique, Prague Rudolfinum, Hamburg Laeiszhalle, and Festspielhaus Baden- My music is not neo-Romantic, it is Romantic, for it in September for the Fourth Pontoise International “Piano appears a modified version of the first, desolate theme two parts despite the fact that two different sounds are Baden. She has collaborated with violinist Lorenzo Gatto to tour Europe as a ‘Rising Star’ in 2010/2011. Eliane Reyes retains the timeless aspect of Romanticism: the density Campus” competition, is dedicated to fellow composer from the opening Adagio, before a reprise of the Scherzo never played simultaneously), this is the most personal is the dedicatee of several pieces by Nicolas Bacri, among many other . She teaches at the Paris Conservatoire of expression. René Maillard. Like Shostakovich before him, Bacri here but with a shorter development section. The finale piece in the collection, and a fine illustration of what Bacri National Supérieur de Musique. www.eliane-reyes.com My music is Modernist, for it retains the timeless proves that the Baroque form that reached its apogee with introduces a theme which resembles a fugue subject but calls “atemporal Classicism”. aspect of Modernism: the broadening of the field of Bach’s harpsichord and organ works, remains fertile is, in fact, simply another aspect of the Adagio’s first The Deux Esquisses lyriques, Op.103, (Two Lyrical expression. ground for a composer’s imagination and invention, even theme in a totally different rhythmic guise. A central Sketches), are character pieces in Romantic, nationalist My music is Postmodern, for it retains the timeless in the 21st Century. The Prelude, in a sparkling C major, episode in 5/8 is derived from the second subject. The style. Conte russe (Russian Tale, 2006) is lyrical and aspect of Postmodernism: the mixture of techniques of acts as an introduction and is inextricably linked to the return of the subject is interrupted by a brief slow passage intimate, while Paysage scandinave (Scandinavian Land- expression.” Fugue in that it sketches out the head of its subject. The in which the left hand plays the opening theme in its scape, 2007) is nostalgic and sentimental. He may perhaps have begun to develop this four-part exposition in the fugue reveals a highly original rhythmic form, surrounded by trills and chromatic The final works on this album are some of the independence of spirit as far back as 1979 while studying expressive subject, and the interest of the musical arabesques in the right hand, before a conclusion based on composer’s earliest, dating from the period 1976 to 1979. with composer Louis Saguer (1907-91), a man of subtle discourse lies in the subsequent use of this and its each of the two themes in turn. The title L’Enfance de l’Art (The Childhood of Art) but freely inspired and individual creative powers. Bacri fragments as well as in the variety of ways in which it is Diletto classico, Op.100, (in English, “Classical perfectly conjures up both the youthful period in which the also trained at the Paris Conservatoire (1980-83), studying presented. Shortly before the end, the tempo halves. The Delight”, a title that points to the piece’s mischievous pieces in this collection were written and the composer’s composition with Serge Nigg and Michel Philippot, music then takes on a lyrical aspect, before a resounding nature), comprises three autonomous “notebooks”: Suite first steps in the field of composition. The influence of analysis with Claude Ballif and orchestration with Marius C major conclusion on a rhythmic figure derived from the baroque, Sonatina classica and Arioso barocco e fuga the Second Viennese School is discernible but it is also Constant. Between 1983 and 1985 he was in residency at end of the subject. monodica. This pastiche, while “essentially humorous”, is clear that he has moved beyond it, to the benefit of a the Villa Medici in Rome. Bacri himself still sees seven of Sonata No. 2, written in Brussels in 2007 (revised nonetheless an opportunity for Bacri, as in his timeless lyricism which, since the post-serial period of the works he wrote in this early period (1980 to 1987) as 2008/10), is dedicated to pianist Julien Quentin, who gave No.4 (Symphonie classique “Sturm und Drang”), to the 1980s, has seemingly become his music’s defining a key part of his production. Composed in the wake of the première of the original. The final version was first “question himself about his musical roots”. “Unlike a characteristic. the post-serial avant-garde of the day, these include his performed by Eliane Reyes. When the score was stylistic exercise, whose only aim is to imitate,” he has The Petit Prélude is a very short work written in 1978 First Symphony, dedicated to Elliott Carter. published, Bacri added the words “in memoriam Kenneth written, “the pastiche is an attempt to improve one’s own and revised in 2003, while the seven Petites variations sur Indications of a Postmodern approach began to appear Leighton”, in homage to the remarkable Scottish com- style by paying tribute to an earlier form of expression.” un thème dodécaphonique (Short Variations on a Twelve- in his Cello Concerto (1985-87), dedicated to Henri poser, who had written: “During my thirties, I was very The character and style of the pieces in the Suite baroque tone Theme) were composed in Paris in September 1979. Dutilleux, and his Symphony No. 2 “Sinfonia dolorosa” worried about being up-to-date, using serial techniques (2006-07) make it an obvious descendant of the old Their theme is generated from a three-note cell and shows (1986/88/90). Bacri abandoned the exclusive use of and anything else that was going but this does not bother masters’ suites, but the Sonatina classica (2007), despite that it is possible to write music full of poetry, whatever atonality and broadened his style in a spirit of synthesis, me now.” – words with which Bacri could certainly its sonata-form opening movement, has some surprises in the language may be, as long as it possesses lyricism. The taking into account the potential riches to be mined from sympathise. Requiring great virtuosity of its performer, store, with its final Fuga diatonica and, above all, its work is dedicated to one of the best French composers of the attraction and repulsion of sounds in a tonal field the Second Piano Sonata is a work full of both fire and central Gavotte, a dance that had fallen into neglect in the the twentieth century, the twelve-tone pioneer Serge Nigg. extended to take in all modal scales. He also places great emotion and, like Liszt’s Sonata, is made up of several days of Viennese Classicism. The latter is evidently a importance on the “directionality” of music, seeing it as sections to be played without breaks. Its tremendous sense tribute to Prokofiev, a composer Bacri admires and who © 2010 Gérald Hugon Eliane Reyes and Nicolas Bacri Photo: Eric Manas an elemental aspect of perception. This is why he places of unity stems from the fact that so many of the materials included a Gavotte rather than a scherzo or a minuet in his Translated by Susannah Howe particular emphasis on form, as a means not only of used in the different sections refer back to a single source: own “Classical” Symphony. The Arioso barocco e fuga 2 8.572530 3 8.572530 4 8.572530