Du même auteur, aux éditions Amatteis :

- La vie rurale en Seine-et-Marne (1982), 12e mille, épuisé

- Histoire de Seine-et-Marne : vie paysanne (1987), 12e mille, épuisé

- La Seine-et-Marne 1939 - 1945 : tome 1 : De l'avant-guerre à l'occupation allemande (1984) épuisé tome 2 : La vie quotidienne sous l'occupation (1985) tome 3 : De la résistance à la victoire (1985) tome 4 : L'été de la liberté (1987)

- Promenades dans le Passé : tome 2 : La Ferté-sous- et ses environs (1986) tome 3 : Lagny, Chelles et leurs environs (1987) tome 4 : M eaux et ses environs (1988) tome 5 : et ses environs (1988) tome 6 : Crécy-en-Brie et ses environs (1989)

- Moulins et Meuniers d'autrefois, bande dessinée, (1983)

- Au Sud-Aveyron : La vie quotidienne au pays de l'enfant sauvage (1989), épuisé

- Un régiment seine-et-marnais : le 2ge Dragons (1989)

Couverture : Lizy-sur-Ourcq, la rue du Moulin, vers 1910. Aquarelle de Guy-Christian CANAT, 1990.

@ 1990 - Editions Amatteis ISBN 2-86849-090-5 René-Charles PLANCKE

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Préface de

Pierre Meutey

Conseiller général Président de la Commission de l'action économique et de l'emploi Maire de

Editions AMATTEIS 77350 - Le Mée-sur-Seine 1990 A la mémoire glorieuse du lieutenant Charles Péguy de la 1ge Compagnie du 276e R.I. et de tous les soldats français, marocains, algériens, anglais, morts pour la , tombés pour notre liberté lors de la bataille de l'Ourcq 6-9 septembre 1914 Préface

L'œil briard est souvent lisse comme cette eau de l'Ourcq où viennent s'abreuver depuis 3 000 ans tant de chevaux vifs et de troupes fières accourus nombreux de loin et qui repartent plus tard, amoindris s'en retournant. Briard ne bronche. Lizy-sur-Ourcq est un site, un bourg, un canton, une histoire - tous tout lisses. Brie ne se livre. Un peu sur Valois, un peu sur Multien. Tout en Brie. Un peu sévère mais souvent coquin. Toujours fermé mais toujours plus plein de nouveau venus. De Polonais et de Flamands qui restent en pleines lignes longues des Monuments aux Morts des Communes. Pays fier. A l'horizon, des ombres. Vers le Sud, celle de Beckett venu là-bas sur nos frontières attendre Godot: Vers le Nord, les voiles brumeuses de Sylvie et des Filles du Feu de Gérard de Nerval. Passés au large également, avec un œil mais pas un mot, Balzac, Victor Hugo... et Armand Lanoux pour lequel "l'Ourcq est une fille de France qui travaille en usine". Pays discret. Lizy-sur-Rien : les grands dictionnaires des siècles classiques ignorent et le bourg et sa rivière. Il faut attendre l'encyclopédie, juste pour une petite goutte de quatre lignes d'Ourcq mal relues et avec une coquille de l'imprimeur. Taisons le dernier synode protestant de 1684, à la veille de la signature à au Sud... dans la Seine-et- Marne grandiose des pouvoirs et des puissants... - du funeste Edit de 1685, révoquant les illusions de Paix et de tolérance de celui de Nantes. Pays de silence. Quelques très vieux pourtant, vous parleront d'hier. De la première bataille de la Marne. De von Kluck, du Kronprinz et de nombreux clochers d'où ils croyaient voir Paris. Des lettrés vous citeront pêle-mêle la tour de May, les messages optiques des Templiers, les guetteurs de DCA des années 40. Et les Cosaques hirsutes de 1815. Et les Anglais brutaux de la Guerre de Cent Ans. Et les vestiges de 70 lorsque le Sous-préfet de , Allemand nommé par Bismarck. Et 40 et 44. Et la sépulture mérovingienne de Vendrest avec les ateliers de taille de silex de la vallée de l'Ourcq. Mémoires rarement ébrieuses mais parfois échauffées. Pays de souvenir. Lizy-sur-Demain. Lizy-sur-Vert. Sur une Ourcq toute neuve, refaite, comme re- peinte, bien lavée dans un lit restauré. Lizy-sur-2 000 et au-delà avec pleins de projets. Lizy-sur-Vivre avec déjà un quart de ses emplois dans l'industrie. Lizy-sur-Progrès dans les terres fertiles de son plateau et dans le vert de sa vallée. Pays de volonté. Lizy-sur-Culture, avec des balbutiements de plus en plus clairs de musiques, d'expositions, de théâtres ; avec son projet de musée où l'on ferait volontiers place d'honneur au Bronze que David d'Angers coula il y a un siècle et demi des traits de notre poète local Magu, enfant de Paris formé à l'école de et du travail de la ferme, éminent représentant de cette "poésie du peuple", que George Sand fit apprendre à lire à la France. Pays d'espoir. Pierre MEUTEY Conseiller général Maire de Vendrest

Vous l'avouerais-je, amis lecteurs, dans cette série « Promenades dans le passé » c'est le présent volume que j'ai eu le plus de plaisir à rédiger, non pour des raisons historiques, il est des contrées de notre département au passé plus lourd ou encore plus glorieux, mais pour tout ce que j'y ai découvert. Je ne connaissais pas la région. Quand je me décidai à aller visiter le canton de Lizy-sur-Ourcq, où, mis à part Etrépilly, (à cause des combats de 1914 qui m'intéressaient) et Marcilly (surtout sa râperie, pour des raisons professionnelles du temps lointain où je travaillais à la sucrerie de Meaux) je ne connaissais rien. Ma visite m'a procuré de bien agréables surprises. Certes, de ci, de là, on voit des commerces fermés et des maisons en fort mauvais état alors qu'à quelques mètres on construit des habitations neuves. Si les pouvoirs publics et les organismes spécialisés subventionnaient la réfection de logements anciens - comme ils prêtent pour les constructions neuves - le cœur de certains villages serait sauvé. Il n'empêche, pour ne citer que ces quelques exemples, j'ai été pris par le charme provincial de la place de Mary-sur-Marne, par l'étrange église de Coulombs, par la beauté du château de la Trousse, par l'ensemble du bourg de Crouy - où l'on mange fort bien - par les paysages de cette « Petite Suisse de Multien » et j'ai été heureusement étonné par 7 l'entretien réalisé, ou actuellement entrepris, de nombreuses petites églises et suis resté admiratif devant la tâche entreprise par l'association Saint-Victor à l'église du Plessis- Placy. Je puis vous l'assurer, vous ferez - si vous suivez mon conseil - de fort belles excursions en visitant la région où vous entraîne ce nouveau livre. Quelques esprits « pacifistes » lui reprocheront peut-être certains aspects « milita- ristes ». Ce serait oublier que la région connût la bataille de l'Ourcq de septembre 1914 et qu'elle appartint au camp retranché de Paris jusqu'en novembre 1918. Les passer sous silence serait faire fi de l'Histoire ! Sachez quand même que vous avez entre les mains un ouvrage exceptionnel, non pas par le texte, le travail ou les recherches qu'il a demandés, mais par le nombre et la qualité des illustrations qu'il présente : c'est surtout un véritable reportage sur la vie quotidienne dans le canton de Lizy entre 1903 et 1914. Puis-je vous souhaiter, amis lecteurs, deux bonnes promenades : l'une dans le passé et sans préjuger de mon livre, l'autre dans le présent, et je puis vous assurer que vous ne regretterez pas la seconde proposition. Et Dieu sait que notre Seine-et-Marne est un beau département ! Dommage que trop souvent il serve d'exutoire à la région parisienne avec les parcs de loisirs, terrains d'aviation, décharges plus ou moins contrôlées, trains à grande vitesse, etc. Mais la partie ici présentée n'a pas trop souffert, pour le moment, du modernisme ; ce n'est pas que je sois contre ce modernisme, mais trop c'est trop et en toute chose, il faut mesure garder. Encore un mot sur le mode d'emploi de ce livre : chaque chapitre - comme dans tous les livres de la série Promenades dans le passé - se présente ainsi : après une très courte présentation historique, chaque localité (commune et quelquefois hameau s'il fut jadis paroisse ou commune à part entière) est décrite en 1830 puis en 1900 à des exceptions près car, dans le canton de Lizy-sur-Ourcq, nombreuses furent les modifica- tions territoriales, suppressions de paroisses puis de communes, rattachements ou créa- tions que vous découvrirez au fil des pages. Parfois, des faits divers ou des légendes du terroir émaillent le texte ; un rappel des fêtes et des traditions locales ainsi qu'un tableau(l) de la population et des notables - établi de cinq en cinq ans de 1840 à 1930 complètent cette évocation. Mais le plus important, il convient d'insister, est l'illustration. Il s'agit en majorité de cartes postales de l'âge d'or (1900 - 1914), plus rarement de photographies (dont les commentaires sont adaptés à l'époque de la prise de vue) qui toutes ont fait l'objet d'une véritable enquête à la loupe avec contrôle et recoupements afin d'éviter les erreurs, ce qui ne veut pas dire qu'il n'en reste pas ! Alors, amis lecteurs, bonne promenade dans le passé, et si vous partez à la découverte du canton de Lizy-sur-Ourcq avec ce livre sous le bras pour comparer hier à aujourd'hui, il n'est pas sûr du tout que votre préférence aille du côté d'aujourd'hui... R.C.P.

8 Notes

I.- Il a semblé préférable d'opter pour des tableaux, certes moins complets qu'une liste mais plus évocateurs. Organisation administrative

Lors de la création de la Seine-et-Marne il y a deux cents ans, la région étudiée dans ce livre était divisée ainsi : District de Meaux : Canton de Crouy-sur-Ourcq : Coulombs, Crouy-sur-Ourcq, , Douy-la-Ra- mée, Germigny-sous-Coulombs, Tresmes (Gesvres-le-Duc), May-en-Multien, Le Ples- sis-Placy, Puisieux, Vaux-sous-Coulombs, Vendrest,Vincy-Manœuvre. Canton de Lizy-sur-Ourcq : Armentières, , , Congis, Crépoil, Echampeu, Les Essarts et Grandchamp, Etrépilly, Isles-les-Meldeuses, , Lizy- sur-Ourcq, Marcilly, Mary, , Rademont, Tancrou, Trocy, Villers-le-Rigault. Cette liste donnée par Henri Stein et Jean Hubert dans le Dictionnaire topographi- que du Département de Seine-et-Marne (1954) implique un court commentaire : Isles- les-Meldeuses n'a jamais été une commune indépendante avant 1906. Déjà, sous l'An- cien Régime, c'était un hameau d'Armentières et son église était une succursale de cette même paroisse. Quant au canton de Crouy, il fut supprimé par arrêté du 25 fructidor an IX (12 septembre 1801) et les communes qui le composaient réunies à celui de Lizy.

Un arrêté du 13 décembre 1973 a créé le district de Lizy-sur-Ourcq regroupant, 9 disent Marie Le Mée-Orsetti et René Le Mée dans Paroisses et Communes de France, dictionnaire d'histoire administrative et démographique : Seine-et-Marne (C.N.R.S. 1988), 18 communes du canton de Lizy-sur-Ourcq. Le siège est fixé à la mairie de Lizy-sur-Ourcq. Or, en lisant attentivement cet ouvrage, on peut constater que c'est 20, et non 18, communes qui figurent dans ce district, c'est à dire toutes les communes du canton sauf Armentières et Isles-les-Meldeuses.

La Marne, du 15 février 1990, nous apprend qu'il existe maintenant un Syndicat intercommunal présidé par le maire de Lizy-sur-Ourcq, qui regroupe toutes Les communes du canton plus la commune de Rosoy-en-Multien (Oise).

On trouvera, à plusieurs reprises, dans ce livre la mention « doyenné de Gandelu ». C'est, de nos jours, un village de l'Aisne (canton de Neuilly-Saint-Front, arrondissement de Soissons), pratiquement frontalier de la Seine-et-Marne, à une quinzaine de kilomètres de Lizy-sur-Ourcq, 386 habitants en 1931, château du XVe et église des XIIIe et XVIe siècles. C'est sous la forme Lisiacum que l'on trouve la première mention écrite de la bourgade et ce, en 1160. Elle est appelée Lisy-en-Multien vers 1340 et Lisy-sur-Ourc dès 1395. Les avis sont partagés sur cette étymologie. Nous aurions aimé retenir l'hypothèse la plus jolie : Lizy viendrait de Isis qui aurait eu là un temple avant que le culte de la Vierge ne remplaçât celui de la déesse égyptienne de la fertilité, gardienne de la famille, sœur et épouse d'Osiris et mère d'Horus. Aux temps gréco-romains, son culte se répandit, en effet, en Grèce, en Italie et en Gaule ; elle était, alors, considérée comme le principe femelle de la génération et de la nature. Hélas Paul Bailly nous empêche de rêver : Lizy signifierait tout simplement le terroir des lises (glaise, argile)...

10

2. Le vieux château (XIIe siècle) vers 1905 En fait le château a été construit au XVIe siècle par Charles du Broullat, en remplacement d'un manoir féodal appelé la Gonèse ; c'est une maison forte, close d'épaisses murailles percées de fenêtres rectangulaires et étroites, garnie de trois tours dont une, servant de donjon, a disparu. Il s'y tint le dernier synode protestant en 1683. Le château cessa d'être habité après la révocation de l'Edit de Nantes et la dispersion des huit enfants de Jacques d'Angennes de Montlouet, mort en 1658. Le château, diminué de son troisième étage, servit ensuite de moulin, puis de manufacture de papier dirigée par les frères Montgolfier. La mairie de Lizy y fut installée quelque temps. Avant la Révolution

En 1770, le seigneur de Lizy est le comte d'Harville. On y compte 280 feux (foyers fiscaux)(l) . Les habitants y possèdent 70 chevaux, 86 vaches et 910 moutons. La mesure agraire locale est l'arpent de Paris ou petit arpent de 100 perches de 18 pieds de côté soit : 1 pied de 0,324839 m x 18 = 5,847102 m et 5,847102 x 5,847102 = 34 ares 19 Il n'y a pas de terres incultes. Le terroir de la paroisse, converti en mesure métrique, mis en valeur est de 455 ha 05 dont 317 ha 62 de bonnes terres 105 ha 47 de terres médiocres 31 ha 96 de prés 455 ha 05 qui se divisent ainsi : aux privilégiés : 42 ha 73 aux fermiers : 356 ha 94 • aux autres locataires : 36 ha 24 393 ha 18 en culture aux petits propriétaires 19 ha 14 Total 455 ha 05 Le seigneur fait ne valoir que 42 ha 73 de bois Les terres de culture sont réparties en sept laboureurs : - Etienne Thibault (une ferme seigneuriale) 33 ha 15 - François Jacquin (Terres de l'église et autres) 14 ha 35 - Jacques Ouvré (plusieurs propriétaires) 10 ha 25 - Jacques Robert (trois fermes à plusieurs propriétaires) 190 ha 80 - Jean Pierre Denis Harrouard (deux fermes seigneuriales) 133 ha 03 11 - Michel Prévost (terres de l'Hôtel-Dieu) 7 ha 50 - Mazure et Dubois, petits propriétaires, ensemble 4 ha 10 Total 393 ha 18 On trouve dans le bourg :

- trois boulangers - deux mariniers - cinq bouchers - deux maçons - un bourrelier - un maréchal-ferrant - six cabaretiers - deux notaires - un charron - un pêcheur - un cribleur - un perruquier - deux chapeliers - un pâtissier - quatre chirurgiens - quatre serruriers - cinq cordonniers - un sellier - un chaudronnier - quatre tailleurs d'habits - un corroyeur - deux commissionnaires en grains - deux charpentiers - trois jardiniers - treize épiciers-merciers - un coquetier - deux fripiers - un vitrier - quatre mégissiers - cinq bourgeois( l) - cinq menuisiers - cent soixante-et-un manouvriers - deux marchands drapiers et jardiniers - deux marchands-toiliers - un meunier(2) 1. Propriétaires sans profession mais imposables 2. Sébastien Marleux exploitant les trois moulins banaux 3. Les vannes Saint-Hubert avant 1911 4. Les ruines des écluses du moulin à huile vers 1905 En 1631, Denis Folligny, bourgeois de Paris, obtint de En 1768, Lizy comptait trois moulins à blé. En 1770 l'un Louis XIII la concession d'un péage sur l'Ourcq à avait été transformé en moulin à drap, un autre en charge de poursuivre et d'achever les travaux moulin à huile, qui disparurent avant 1789. Le moulin commencés... un siècle plus tôt, pour le rendre naviga- à huile fut reconstruit ensuite puisqu'il existait de ble. A Lizy, il obtint du seigneur, Jacques d'Angennes, nouveau en 1845 en tant que fabrique d'huile à brûler la cession d'une partie de son parc pour y creuser une (maison Adolphe Gauthier) qui n'est plus répertoriée dérivation évitant les moulins. Ce canal s'appellera le en 1850. En 1905, le moulin-à-huile n'est plus qu'un canal Saint-Hubert et à partir du jour où il fut en écart de la commune. service, les bateaux ne passèrent plus sur la partie de la rivière mouvant les moulins (1636)

En 1789, Lizy-sur-Ourcq fait partie de l'élection de Meaux, dont il suit la coutume, et de la généralité de Paris. Son église Saint-Médard appartient au diocèse de Meaux, doyenné de Gandelu. Il n'y a plus que 250 feux. 12 Le dernier seigneur de Lizy

Le dernier seigneur de Lizy est Louis-Au- guste Jouvenel des Ursins, comte d'Harville, né à Paris, paroisse Saint-Sulpice, le 23 avril 1749. Il embrasse très jeune la carrière des armes, il est sous-lieutenant aux carabiniers. En 1788, il est maréchal de camp (général de brigade) ; il adhère aux idées de la Révolution ; en 1792, il est lieutenant-général à l'armée du Nord et combat à Jemmappes. Le 6 avril 1793, le général d'Harville est suspendu par les représentants du peuple Hentz et La Porte, puis décrété d'arrestation à la suite d'une machination et de calomnies (et non pas comme complice de Dumouriez, lequel n'avait pas encore trahi) malgré l'opposition de ses su- bordonnés qui réclament la libération de leur bon 5. Le comte d'Harville Auguste ; envoyé devant le tribunal révolution- naire, il est acquitté. En effet, Fouquier-Tinville, l'accusateur public avait reconnu que les 6. Le château avant 1914 Quand, sous la Révolution, la citoyenne Harville dut vendre le domaine de la Trousse, elle fit construire cette demeure vis-à-vis du vieux châ- teau de Lizy. L. Michelin la qualifiait de maison de campagne ; il est vrai qu'elle a été agrandie depuis. A la mort de Mmc d'Harville, le 19 janvier 1836, le château habité par la baronne de Morell, nièce de la défunte et dont le salon était le ren- dez-vous de la société la plus distinguée, passa à une autre de ses nièces, la marquise d'Eyra- gues. De 1884 à 1937, au moins, ce château appartint à Me Chaudré, avocat à la Cour d'appel, 8 rue de Villersexel puis 215 bd St-Germain à Paris. Bonaparte, premier Consul venu inspecter les travaux du canal de l'Ourcq et Joséphine passè- rent là, reçus par Mme d'Harville, quelques heures le 1" mars 1803.

preuves de la culpabilité de l'accusé faisaient défaut. Il reste toutefois sous les verrous comme suspect. Il est libéré par le Comité de salut public le 20 août 1794 et réintégré le 18 mars 1795. Il est affecté à l'armée du Nord puis à celle de Sambre-et-Meuse et devient en 1797 inspecteur général de cavalerie. Sénateur en 1801, il est retraité cette année-là. Vice-président du Sénat en 1803, il est pourvu de la sénatorie de Turin en 1804. Il est fait grand aigle de la Légion d'honneur en juin 1805, nommé écuyer et chevalier d'honneur de l'impératrice en 1806 et comte d'Empire en 1808 puis gouverneur des Tuileries et du Louvre. Louis XVIII le nomme pair de France en 1814. Le général comte d'Harville est mort le 8 mai 1815 à Lizy-sur-Ourcq (son dossier militaire indiquerait à Harville, Meuse) et fut inhumé à Doue. Son nom est gravé sur l'Arc de Triomphe. 13 Avant la Révolution, il était seigneur de Doue, de la Bergeresse et marquis de Trainel. Il avait épousé le 15 avril 1761 Marie Hen- riette Augustine Renée Dal Pozzo, marquise de La Trousse, dame de Lizy, qui, comme son mari, avait des idées libérales. La jeune mariée appor- tait en dot 28 000 livres de revenus et le château de La Trousse. Le contrat de mariage avait été signé par le roi, le dauphin, les princes de Condé, de Conti, de Lamballe, les ducs de Bourbon et de Penthièvre. La comtesse d'Harville, généreuse et bienfaisante, vendit l'ancien marquisat de La Trousse pendant l'incarcération de son mari et fit construire à Lizy un « château » plus mo- deste où elle reçut le premier consul et Joséphine venus inspecter les travaux du canal de l'Ourcq. Après la mort du général, Mme d'Harville vécut retirée, le plus souvent à Lizy où elle se 7. La comtesse d'Harville montrait pieuse, charitable et de bonne humeur. Elle mourut le 19 janvier 1836 à l'âge de 87 ans et fut enterrée à Lizy. 8. Propriété et ferme du Vieux Moulin avant 1905 Le 28 février 1814, les troupes des maréchaux Mortier et Marmont chassent les Prussiens de Lizy. L'engage- ment cause à l'ennemi 150 à 200 tués et autant de prisonniers contre 80 des nôtres mis hors de combat. Le lendemain, 1er mars, Blücher décide de reprendre le bourg. Les Russes, commandés par Kapzewitsch, se retranchent dans le hameau du Vieux-Moulin ; un duel d'artillerie laissa des traces sur les murs des bâti- ments. Vers 1880 on y voyait encore des boiseries brisées par les projectiles, des boulets étaient fichés dans les murailles et des arbres portaient des cicatrices d'éclats et de balles.

9. La propriété de Vieux-Moulin avant 1905 Précisons que le Vieux-Moulin est sur Ocquerre ; la mention « Vieux-Moulins sur l'Ourcq » n'apparaît 14 que sur le cadastre de 1835 peut on lire dans le Dictionnaire topographique de Seine-et-Marne. Pourtant, en 1774 le meunier de Vieux-Moulin dut reconnaître devant notaire qu'il n'avait pas le droit de travailler pour les particuliers de Lizy qui ressortissaient des moulins banaux. En 1830, ce Vieux-Mou- lin appartient à M. Hallé ; en 1876 le hameau de Vieux-Moulins avait 4 maisons et 15 habitants. Les propriétaires successifs de ce domaine furent :

En 1830

En ce début du XIXe siècle, Lizy a 1 197 habitants qui ont la chance de vivre dans un vallon agréable, presque au confluent de l'Ourcq et de la Marne, à la naissance du canal de l'Ourcq, à une demie-lieue du grand chemin de Meaux à La Ferté-Milon. On y compte 630 hectares de terres labourables dont environ 160 de médiocre qualité et une quarantaine d'hectares de prairie répartis en trois fermes : La Halle appartenant à Robert et Richemont, Saint-Laurent à Richemont et la ferme du Pont au chevalier Desmaisons. On y trouve également cinq moulins à farine dont trois sont à la comtesse d'Harville qui possède également « le château » qui n'est qu'une maison de campagne et un moulin à huile appartenant à Gautier. Le bourg possède également une 10. Le pont du canal de l'Ourcq avant 1906 Depuis longtemps il était question de dériver les eaux de l'Ourcq et de les amener directement à Paris. Paul Riquet avait obtenu en 1676 la concession de cette entreprise. Il commença le creusement jusqu'à Meaux mais sa mort survenue en 1683 arrêta les travaux. Un décret du 19 mai 1802 ordonna la créa- tion de dérivation de l'Ourcq et d'un bassin près de la Villette. En 1813, la navigation était ouverte de Paris à Claye. Les invasions de 1814 et de 1815 arrêtèrent les tra- vaux qui ne furent terminés que fin 1822. En 1876, la ville de Paris résilia le bail consenti au concession- naire (compagnie Vassal et Saint-Dizier) du 1er jan- vier 1823 au 31 décembre 1921. Les marchandises ayant transité par le canal à Lizy de juillet 1889 à juillet 1890 s'élevaient à 15 500 tonnes, dont 8 000 T de betteraves et de houille (arrivage) et 2 750 T de sucre et de pulpes (départ).

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11. Vue intérieure de la ferme Huvier avant 1912 Il s'agit de la ferme dite de Lizy, anciennement de la Halle, seule grande exploitation existant encore en 1880. Elle a appartenu à : - 1791 : vicomte de Pioger, vendue nationalement en l'an IV, - an VI : Jacques-François-Marie Robert, dit Robert le Diable, - 1830 : Robert et Richemont, - 1880 : Mme Duparc, née Papon, petite-nièce de J.F.M. Robert, Etienne Garnier, fermier, - 1890 : Duparc, Etienne Garnier, fermier, - 1903 : Duparc, Garnier fermier, - 1913 : Huvier qui l'exploite - 1937 : Huvier qui l'exploite. Profitons-en pour tordre le cou à une légende : Robert le Diable, figure originale issue d'une très vieille famille de laboureurs de Lizy mort en 1825, s'il fut un arriviste d'une prodigieuse activité, ne fut pas l'homme cruel qui précipitait ses épouses dans le puits du bois de Tambourin et qui possédait 99 fermes et 99 moulins mais, entre autres, la ferme, qu'il fit modèle, de Beauval, le château de Condé-Sainte-Libiaire, les terres du duc de Gesvres à May. Louis Benoist écrivait de lui il y a tout juste cent ans : la mémoire qu'il a laissée n'est peut-être pas entourée de sympathie, mais elle n'est pas non plus l'objet ni de haine ni d'aversion. 12. Le moulin Courtier avant 1914 Les exploitants successifs de ce moulin édifié en 1832 furent : - 1900 : Courtier-Desplanques, - 1930 : Mme Vve Henri Courtier, 16 - 1937 : Jacques Courtier (encore exploitant en 1958)

13. La place du Marché avant 1905 A gauche, la maréchalerie Goujon. A droite, la charcuterie-buvette Lallemand et l'imprimerie Flon. Le marché, pas très important, est véritablement un marché campagnard. filature de laine. Il s'y tient un commerce considérable de céréales et de farines et le marché du jeudi (qui sera déplacé au vendredi vers 1835) attire beaucoup de cultivateurs des environs venus vendre leurs grains. L'église Saint-Médard renferme d'anciennes pierres tombales effacées par le temps. L'hôpital, fort ancien, est devenu bureau de charité. A Bellevue, il y a une carrière de pierre de taille exploitée par Gautier. Lizy est chef-lieu de canton, siège d'une justice de paix et résidence d'une brigade de gendarmerie ainsi que bureau de poste aux lettres. *

Un décret impérial du 19 janvier 1866 supprimera le commissaire de police canto- nal de Lizy.

La célébrité oubliée de Lizy :

Magu, le poète tisserand (1788-1860) Louis-Marie-Eléonore Magu, de nos jours bien oublié, naquit rue du Temple à Paris le 25 mars 1788, d'un père marchand de toile, bourgeois vaniteux et borné qui ne trouva rien de mieux que d'utiliser la fortune gagnée dans le commerce pour s'acheter un titre de noblesse. Survint la Révolution qui fit un feu de joie des titres et autres privilèges. Vers 1796 ou 1798, le ci-devant noble toilier, ruiné, se réfugia avec sa famille à Tancrou où il se fit marchand forain. La famille Magu avait-elle de la parenté dans la région pour qu'elle vienne s'y 17 établir ? Il existait, en effet, un Louis Magu vigneron à Crépoil en 1765 et un Louis Magu, cultivateur à Germigny en décembre 1785. Cette famille Magu existait encore dans ce village en 1937. George Sand, dans la préface qu'elle écrivit pour le second recueil de poésies de Magu, rappelait sa jeunesse pitoyable : Pendant trois hivers, cet enfant de pauvre reçut au village de Tancrou l'instruction primaire beaucoup plus humble alors qu'aujour- d'hui. L'été il travaillait à ôter les cailloux et les chardons. Dès l'âge de vingt ans, atteint d'une ophtalmie cruelle et devenu presque aveugle, il n'en continua pas moins cet état de tisserand et sa lecture favorite de La Fontaine dans ses intervalles de santé. Il aima tendrement sa compagne, éleva une nombreuse famille(2) et supporta beaucoup de misère. Depuis quelques années, il est devenu célèbre sans savoir comment... D'abord colporteur comme son père, il apprit le métier de tisserand à vingt ans : Cours devant moi, ma petite navette, Passe, passe rapidement, C'est toi qui nourris le poète, Aussi t'aime-t-il tendrement. En 1814, le village de Tancrou fut saccagé par les Alliés et la maison de Magu détruite. Il vint alors s'établir à Lizy où il reprit son dur et peu lucratif métier : Oh ! combien de courage et de philosophie Il faut pour supporter les maux de cette vie ? Tout prouve qu'ici bas, plaisir, labeur, repos, Rien n'est sûr, si ce n'est la mort et les impôts ! Les premières poésies de Magu, parues en 1838 ou 1839, obtinrent un véritable suc- cès. Il reçut de tous les côtés des témoignages de sympathie. Le tirage des 2 000 volumes s'épuisait de jour en jour. Pour l'humble arti- san c'était la gloire et la fortune. Fêté et choyé dans plusieurs salons parisiens, visité dans sa maisonnette par de beaux esprits, dont George Sand, et de belles dames, il n'en fut pas plus fier. En 1858, ayant eu la douleur de perdre sa femme, Magu vint demeurer rue du Vert- Bois à Paris, chez sa fille Félicie, veuve depuis quatre ans de Jérome-Pierre Gaillard, ouvrier- serrurier et poète lui-aussi, qui était né en 1815 à Sainte-Aude d'une famille de bergers et qui fut député de Seine-et-Marne de 1849 à 1851. C'est là que, pris d'un malaise en des- cendant l'étroit escalier de la maison, Magu tomba et se fractura le crâne. Son ami, le docteur Broussais, le fit transporter à l'hôpital de la Charité où il mourut le 13 mars 1860. Moi je regrette mon village 18 Comme l'oiselet mis en cage Doit regrette le vert feuillage Où son nid était suspendu, 14. Louis-Marie-Eléonore Magu (1788-1860) Sa bonne mère il se rappelle, (cliché Archives Départementales de S&M) Il était si bien auprès d'elle... Quand il s'abritait sous son aile, Plus de mère, il a tout perdu.

En 1900

En ce début du XXe siècle, le canton de Lizy a une population de 10 670 habitants, une superficie de 24 156 hectares, répartis en 23 communes dont Me Roy, notaire à Lizy, est conseiller général, et le Dr Despaux, médecin à Crouy, est conseiller d'arrondisse- ment. Le canton compte 3 147 électeurs.

Pour arriver à Lizy-sur-Ourcq de Paris, on peut prendre le train car, depuis le 1er juin 1894, la ville est desservie par la ligne de l'Est, sur l'embranchement de à La Ferté-Milon. Le trajet dure, en moyenne, 1 h 20. Le voyage coûte 6,70 F en lre classe, 4,55 F en 2e et 2,95 F en 3e. M. Blanchard est chef de gare. Il existe un service de voitures publiques chez l'aubergiste Dollé (hôtel de la Gare) pour Meaux par Congis et Varreddes. 15. La gare, avant 1907 16. La gare, vers 1903 Devant la station, la voiture publique de Dollé pour Les études pour l'implantation du chemin de fer de May-en-Multien. En 1903, Dollé assurait encore avec Trilport à la Ferté-Milon concédé à la compagnie de l'Est sa patache le service de Lizy à Meaux par Congis et par la loi de décembre 1883 étaient terminées en 1889 et Varreddes, qui partait le matin à 10 h 30 de Lizy et l'on se félicitait du début imminent des travaux, car les quittait Meaux à 16 h 15. Il ne peut pas concurrencer le crédits avaient été inscrits au budget de 1890. rail très longtemps. Mais qu'attend devant la gare ce Dans le fond, la gare édifiée en 1890, dont M. Baret est gendarmè en grande tenue ? ------le chef en 1903. A droite, le café de la gare.

17. L'intérieur de la gare, avant 1907 18. La gare - L'avenue, vers 1903 A gauche, le sémaphore, les toilettes « hommes » dé- Il est évident que l'arrivée du chemin de fer a donné corées des réclames du chocolat Menier puis la gare : un coup de fouet à l'économie endormie de Lizy dont messageries, bagages, chef de gare, salle d'attente lre le marché aux grains avait été absorbé par celui de et 2e classes, salle d'attente 3e classe. Meaux. A gauche, une maison en construction avec, sur le trottoir, un abri de chantier. Un peu plus loin, à droite, le café-restaurant Martin.

19. L'avenue de la gare, vers 1901 A gauche, le café-restaurant-tabac-location de chevaux et voitures Dollé. Remarquez la tête de cheval qui sort 20. L'avenue de la gare, avant 1914 de l'œil de bœuf du fronton triangulaire. Au centre, la A gauche, le café-restaurant de la gare. Dollé a fait pendule électrique fournie par la maison Paul Garnier repeindre sa façade et ses inscriptions. La tête de cheval à Paris. A droite, le café Boutroye. est devenue blanche. A droite, l'autre café a disparu. 21. La place et l'avenue de la gare, avant 1937 22. L'avenue de la gare, avant 1906 A gauche, le café de la gare tenu par Lecubin (1920), A droite, le café-restaurant Martin-Hébert. Il n'est pas Joly (1925) et Cottard (1930). A droite, la scierie méca- impossible qu'on y célèbre des fiançailles. L'éditeur de nique, maison Galand en 1884, Galand et Marcou (1890 cette carte est le débitant de tabac P. Simon. Dans les - 1937 au moins). A l'extrême droite, on peut lire années 1925, le successeur de Martin, Gustave Freytag, « écuries » ; l'inscription était encore visible en 1988. appellera l'établissement « l'hôtel du Sapeur », tenu par Diviné en 1937. En 1988, ce sera « le relais de l'Ourcq ».

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23. L'hôtel du Sapeur, vers 1930 La salle à manger.

Les guides touristiques indiquent que Lizy possède une de ces halles du XVIe siè- cle, que les promeneurs rencontrent toujours avec plaisir ; un immense comble aigu sur de lourds piliers cylindriques en pierre garnis de chapiteaux et suffisamment espacés pour que la halle soit claire. L'église est assez intéressante avec quelques vitraux anciens d'une fort belle coloration. Malheureusement Alexis Martin n'a pas actualisé ses Etapes d'un touriste en France : la vieille halle a été démolie en 1899. 24. L'ancienne halle, avant 1899 Si ce vénérable monument figure encore dans les guides touristiques de 1900, il a été malencontreusement démoli l'année précédente.

La commune bénéficie du télégraphe et du télé- phone ; Mme Chevalot est re- ceveuse du bureau de poste. Le marché a lieu le vendredi 21 et il y a une foire le premier dimanche d'octobre. Il y a 1 831 habitants dont 467 électeurs. A la tête du conseil mu- nicipal de treize membres, nous trouvons M. Garnier, maire et M. Lanéry, adjoint. M. Vassel est secrétaire de mairie. Pour le maintien de l'or- dre public, la sauvegarde des personnes et des biens, il existe la brigade de gendar- merie à pied dont le chef est le brigadier Bègue, la subdivi- sion des sapeurs-pompiers commandée par les lieute- nants Surel et Molin, sans ou- 25. La grande rue - Les postes, vers 1903 blier les gardes champêtres Les postes, ou plutôt le bureau de poste, c'est le bâtiment Dalissier, qui est aussi tam- lépreux de droite. En face, le café-tabac de la Poste, maison Simon. bour-afficheur, et Enocq. 26. La place Harrouard et du Marché, avant 1905 A gauche, la boulangerie Royer. Dans le fond le restaurant que Perrin a repris à Mathieu et la maréchalerie Goujon.

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27. La place du Marché, vers 1925 (carte éditée par Lemoine, café de l'hôtel de ville). Dans le fond, le café Bossuat et le maréchal-ferrant Jama-Goujon qui va se moderniser : une camionnette stationne devant la forge !

L'abbé Lange, curé de 2e classe, est le doyen. Pour l'enseignement, nous avons M. Vion, instituteur communal avec ses adjoints Poulain et Chezeaux, Mlle Thirion, institutrice laïque avec Mme Baudoin son adjointe, les sœurs augustines de Meaux, institutrices libres et Mlle Champetier, directrice de l'asile (école maternelle). Il n'est de commune si paisible soit-elle qui puisse se passer de magistrats ou d'officiers ministériels, c'est pourquoi nous pouvons avoir recours à M. Despré, le juge 28. La mairie, avant 1906 En 1831, la mairie de trouve place de la Halle, dans un pavillon du château de la comtesse d'Harville, puis, en 1850 au « vieux château » de la marquise d'Eyragues. En 1854, cet hôtel de ville est édifié à l'initiative du maire Frédéric Benoist. La grille est offerte par le député Gareau et l'horloge par César Harrouard. Dans sa grande salle, outre une bibliothèque communale créée par Louis Benoist, il y avait un petit musée de minéraux, de coquillages et d'oiseaux empaillés offert à la ville par la marquise d'Eyragues. Maintenant, c'est le bureau de poste qui occupe ce bâtiment. 23

29. La place de la Gendarmerie en 1899 A gauche, la brigade de gendarmerie à pied, commandée par le brigadier Bègue. C'était là que s'élevait la ferme de la Charrue au XVIe siècle. La maison en meulière du fond est maintenant l'hôtel de ville. de paix ou à ses suppléants Me Roy et Me Nansot, à Me Peythieux, greffier, au déjà nommé Me Roy, notaire, Mes Vendeuil et Richoux, huissiers, M. Grand, géomètre. Un nid de poule se forme dans votre rue, ce qui n'a rien d'étonnant avec les charrois vers la fabrique de sucre, n'hésitez pas à le signaler à M. Prou qui est l'agent voyer. 30. L'église, vers 1904 L'église Saint-Médard est du XVIe siècle. Elle a remplacé un édifice plus ancien. Elle est inachevée, le collatéral gauche s'arrête à la deuxième travée. Elle fut consacrée le 30 juillet 1611 par Jean de Vieuxpont, évêque de Meaux de 1602 à 1623. Dans le clocher, il existe une cloche datée de 1743 laissée à la Révolution pour sonner le tocsin, une seconde datée de 1553 venant de l'église d'Echampeu et une troisième de 1634 dont on ignore la provenance. 24

31. L'école communale des filles, avant 1914. En 1851 l'école communale des filles fut créée et installée au vieux château. En 1913 l'institutrice laïque est MJle Fauvet qui a pour adjointe Mlle Margoteaux.

N'oublions pas ces humbles représentants des services fiscaux même s'ils sont souvent décriés : le percepteur Pezé, le receveur de l'enregistrement Champeaux, le receveur des contributions indirectes Génin avec ses commis principaux François et Sandré. 32. L'école des filles. Il s'agit de la classe de lre, celle qui mène au certificat d'études et, pour beaucoup de ces jeunes filles, à l'apprentissage et au début de la vie active dès 14 ans... Malheureusement rien ne permet de dater cette photographie (années 1935 - 1940 ?)

33. La propriété Lebarque, avant 1918. A gauche, la mairie ; à droite « les Tamaris », propriété du notaire Lebarque. De 1785, date à 25 laquelle il n'y avait qu'une étude, à 1961 (au moins), Lizy n'a connu que six notaires en plus d'un siècle trois-quart : - 1785 - 1822 : Me Noël-Fraçois Picart - 1822 - 1848 : Me Frédéric Benoist, - 1848 - 1876 : Mc Louis-Désiré Benoist, son gendre, - 1876 - vers 1900 : Me Auguste Roy, son gendre, - vers 1900 - vers 1930 : Me Lebarque, - vers 1930 - encore en 1961 : Me Marsaux.

Si vous êtes souffrants, vo u ferez appel aux soins éclairés des docteurs Guillot et Chartier, au pharmacien Bégué. Si votre épouse attend un heureux événement, prévenez Mme Thuret ou Mme Juge, sages-femmes, et si votre cheval est fiévreux, appelez le vétérinaire Jacquemin. Enfin, en cette prétendue belle époque où il n'y a pas de protection sociale, vous auriez intérêt à adhérer à la Société de secours mutuels dont M. Desplanques est président(3). Et si maintenant, nous allions faire un tour en ville, histoire de faire un peu de lèche-vitrines. Commençons par les hôtels-restaurants : Au Soleil d'Or (Moritz), Au Lion d'Or vieux jeu de mot Au lit on dort dont nos pères raffolaient (Aubry), hôtel de /' Ourcq (Van Derdonck), recommandé par le Touring Club, avec chambre noire pour photo- graphe, Hôtel de la Gare (Dollé), Hôtel parisien (Malingue). Quand vous saurez que 34. La grande rue, vers 1903. A gauche, le bourrelier-sellier Maréchal s'est mis au goût du jour : il vend de l'essence ! Après une boucherie, le chapelier-coiffeur Soyer se signale par une enseigne en forme de gibus. A droite, précédant une boulangerie au pittoresque monte-sac, qui n'était pas pittoresque quand il s'agissait d'y hisser des culasses (sacs de farine de 120 kg) ! l'hôtel du Soleil d'Or qui a successivement appartenu à Duflocq (avant 1884 et jusqu'en 1899), à Moritz (jusqu'aux années 1919), à Duhamel (en 1920) puis à Lelièvre (de 1925, au plus tard, aux années 1935. En 1937, plus répertorié, le Soleil d'Or s'est couché. Lizy compte également dix auberges et le Café du Commerce tenu par Carré, vous saurez qu'il y a un dé- bit de boissons pour 114 ha- 26 bitants. Outre ces débits de boissons, nous avons à Lizy deux bouchers, trois bou- langers, trois charcutiers, neuf épiciers, quatre frui- tiers, cinq marchands de fromage qui sont déjà réper- toriés soit comme épicier soit comme fruitier, la laite- rie Letexier et Adam dont M. Jaggi est le gérant, un pâtissier, trois marchands de vins en gros et un distil- lateur. Vous pouvez avoir re- cours aux bons offices de Santerre ou de Podevin qui 35. L'hôtel du Lion d'Or, vers 1905. L'établissement est tenu par Aubry (avant 1884 et jusqu'en 1904) ; en sont les propriétaires de ba- 1905 c'est Pleurdeau qui l'exploite : déjeuners et dîners à toute heure depuis teaux-lavoirs, et pour être 1,25 F et on prend des pensionnaires. En 1913, il n'est plus mentionné et il présentables de la tête aux semble que le nouveau propriétaire, Van Derdonck, l'ait rebaptisé le Faisan doré. En 1920, il est redevenu le Lion d'Or, toujours tenu par Van pieds, vous avez le choix Derdonck, puis, de 1925 aux alentours de 1937, par Jumaux. En 1946, c'est l'hôtel Bessert ; vers 1958, la Taverne. 36. Le rue du Moulin, vers 1913. Cette carte a été éditée par le coiffeur-chapelier-marchand de journaux Soyer. A droite, le café L. Minot, bien nommé pour travailler rue du moulin ! entre trois bonnetiers, deux chapeliers, trois coiffeurs, trois cordonniers qui vendent aussi des chaussures, deux corsetiers (Mesdames, il faut souffrir pour être belles !) trois merciers, trois marchandes de mode et lingerie, quatre marchands de nouveautés et draperies, deux tailleurs. 27

37. Les bords du canal, vers 1913. C'est Au rendez-vous des pêcheurs et de la marine (maisonGiraut). Au milieu des consommateurs attablés, un sous-officier de dragons. 38. Les bateaux-lavoirs, avant 1913. Au premier plan, le lavoir de l'Avenir (tout le monde sait que « l'Avenir appartient à ceux qui se lavent tôt » !), au second plan la coulerie-blanchisserie Podevin. Est-ce bien sérieux d'installer une coulerie sur un bateau-lavoir et de s'appeler Podevin quand on risque de boire la tasse ? Les patrons de ces bateaux-lavoirs furent : 1884 : Conseil, 1890 : Santerre (c'est pour cela qu 'il est sur l'eau) et Conseil, 1900 : Santerre et Podevin, 1913 : Sebire et Simon, 1920 : Brouet, 1935 : Gérard et Lamiral (l'amiral de bateau-lavoir !), 1930 à 1937 (au moins) : Chéron.

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39. Le pont du Filoir (XIIe s. ou XIV" selon l'éditeur !), vers 1905. Lizy et ses environs comptèrent de nombreux tisserands, foulons et drapiers. Il exista même un moulin à drap dans le milieu du XVIIIe siècle. Est-ce de ces industries disparues que ce pont tire son nom ? Question qui laisse la laveuse, agenouillée dans sa lavote, complètement indifférente ; qu importe ceux qui filaient là jadis pourvu qu'elle coule son linge ! En fait, c'est « une avenue plantée d 'arbres, dite le Filoir, avec pont-levis sur la rivière, qui reliait le vieux château à la rue joignant le moulin a la place publique ». 40. La place du Marché et la grand rue, avant 1913. A gauche, l'imprimerie-librairie-mercerie G. Flon où l'on peut acheter également des articles de pêche et des couronnes mortuaires, puis le restaurant-buvette du charcutier Wallez et sa charcuterie. A droite, la pharmacie Porthée. Pour bien vous porter, remèdes Porthée semble vous dire le marchand de vins aux belles bacchantes, ce qui est normal pour un disciple de Bacchus !

Vous avez l'intention de faire construire ou d'améliorer votre maison, vous tombez bien, car tous les corps de métier sont là à votre service : deux marchands de bois à brûler ou de construction, quatre marchands de charbons, un charpentier, un ébéniste, trois en- trepreneurs de bâtiments, un marchand de faïence, un quincaillier, quatre ferblantiers- 29 lampistes qui sont aussi chaudronniers-étameurs, un fumiste, deux horlogers-bijoutiers,

41. La grande rue, avant 1907. A gauche le charcutier Lambert qui a remplacé Lallemand, successeur de Meunier, vers 1902. En 1913 ce commerce sera tenu par Wallez. En moins de trente ans (1884 -1913), cette charcuterie aura connu quatre propriétaires et n'existera plus en 1920. A droite la pharmacie parisienne tenue par Porthée. 42. Une prise d'armes, en 1915. Les troupes - des militaires au repos dans la région - quittent la place du Marché pour emprunter la grande rue. Le défilé passe entre la charcuterie Wallez et la pharmacie parisienne. La maison qui se trouve entre l'officine et la quincaillerie Comble a été construite vers 1903. trois menuisiers et trois peintres-vitriers. La scierie mécanique à vapeur est tenue par la maison Galand et Marcou, entreprise de charpentes ; il y a aussi un tourneur en bois et trois serruriers. Deux toiseurs-métreurs se feront un plaisir de vérifier devis et mé- 30 moires...

43. La grande rue, vers 1903. A droite, la charcuterie Bestaux, la maison Soyer (chapellerie, salon de coiffure, journaux, édition de cartes postales) et la boucherie Béclu. A gauche, la boite aux lettres du bureau de poste, le charbonnier Comel qui est également ferblantier- lampiste, la boulangerie Copin, avec son très beau monte-sac, et le Soleil d'Or (maison Moritz-Morin). 44. La grande rue, avant 1909. A gauche un facteur sort du bureau de poste dont Mme Rabaté est receveuse. A droite, le tabac Simon qui est aussi le Café de la Poste.

Vous voulez naviguer paisiblement sur l'Ourcq, vous pouvez vous commander un bateau chez Bourgeois qui en construit. Pour vous promener dans les environs, vous pouvez louer un cheval et une voiture Au Lion d'Or ou à l' Hôtel de la Gare (où vous pouvez utiliser les messageries). 31

45. La grande rue vers 1935 A droite, le café de l hôtel de ville (maison Laîné) où l'on vend aussi du tabac et des articles de pêche ; on peut donc y prendre des verres et des vers... Ce café était tenu par Iten en 1903, Rafin en 1913 et Lemoine en 1920. Promenades dans le passé

Une collection en cours de parution, intéressant tout le département de Seine-et- Marne, soit environ 540 communes. Notre but est de reproduire et commenter sur plusieurs années et d'une façon très soignée, plus de 10 000 cartes postales et photos anciennes des années 1900 à 1930. Ce travail formidable et de longue haleine est mené par l'intarissable René-Charles Plancke, dans un style volontairement simple et vivant destiné au grand public. A cette occasion, nous avons besoin de l'aide des lecteurs et de tout ceux qui pourraient nous « montrer » et expliquer les photos et cartes postales anciennes dont ils connaissent l'histoire ou l'anecdote. L'ordre géographique de la série se créera d'après la demande, et avec l'aide apportée par les lecteurs. Actuellement les titres disponibles sont :

Claye-Souilly et ses environs Tome 1 par la Sté d'Histoire de Claye Ouvrage témoignant de la vie d'autrefois à Claye-Souilly et dans ses communes environnantes (Annet-sur-Marne, , Charny, , , Fresnes- sur-Marne, Gressy-en-France, , Juilly, Le Mesnil-Amelot, Messy, Mitry-Mory, , Le Pin, Le Plessis-aux-Bois, Précy-sur-Marne, Saint-Mesmes, , 332 , , Villeroy, Villevaudé, ). Cette promenade décrit la vie quotidienne d'il y a quatre-vingts années à peine et permet de se rendre compte de la profonde évolution du monde rural. 1985, 160 x 240, 272 pages, 325 ill., 800 g Prix : 120 F. La Ferté-sous-jouarre et ses environs Tome 2 Vie d'autrefois de la Ferté-sous-Jouarre et dans les communes environnantes (, Bussières, , Changy, , Courcelles, Jouarre, , Méry- sur-Marne, Nanteuil-sur-Marne, Orly-sur-Morin, Pierre-Levée, Reuil-en-Brie, Saâcy- sur-Marne, Sainte-Aulde, Saint-Cyr-sur-Morin, Saint-Jean-les-Deux-Jumeaux, Saint- Ouen-sur-Morin, , Sept-Sorts, Signy-Signets, Ussy-sur-Marne.) 2eme édition 1986, 160 x 240, 248 pages, 306 ill, 740 g, Prix : 120 F Lagny-Chelles et leurs environs Tome 3 Promenade historique à travers la photographie et les cartes postales anciennes. Communes de Brou, Bussy-Saint-Georges, Bussy-Saint-Martin, , Chali- fert, Champs-sur-Marne, Chanteloup, Chelles, Chessy, Collégien, Conches, , , , , Lagny, , Montévrain, , , Saint-Thibault, Thorigny, Torcy, Vaires. 1987, 160 x 240, 310 pages, 380 photos, 940 g, Prix : 120 F Meaux et ses environs Tome 4 A travers 400 illustrations, photos, cartes postales anciennes du début du siècle, promenades dans Meaux et 17 communes environnantes : Barcy, Chambry, Chauconin, Grégy-les-Meaux, , Germigny-l'Evêque, Isles-les-, Mareuil-les- Meaux, Montceaux-les-Meaux, , Nanteuil-les-Meaux, Neufmontiers, Pen- chard, , Trilport, Varreddes, Villenoy. 1988, 160 x 240, 304 pages, 400 ill, 900 g, Prix : 120 F Provins et ses environs Tome 5 A travers 280 illustrations, cartes postales et photographies anciennes, promenez- vous dans Provins et vingt-quatre communes environnantes : Chalautre-la-Grande, Cha- lautre-la-Petite, , Chenoise, Cucharmoy, , Hermé, , La Cha- pelle-St-Sulpice, Léchelle, Longueville, Lourps, Melz-sur-Seine, , , , Saint-Brice, Sainte-Colombe, Saint-Hilliers, Saint-Loup-de-Naud, Soisy-Bouy, , , Vulaines-les-Provins. 1989, 160 x 240, 260 pages, 280 ill., 760 g Prix : 120 F Crécy-en-Brie et ses environs Tome 6 Crécy, son dernier seigneur, ses arquebusiers, ses auberges, ses tanneries, ses foires et fêtes, ses sociétés locales, sa vie quotidienne à la Belle Epoque. Bailly-Romainvilliers, , Boutigny, Condé-Ste-Libiaire, Couilly, ses moulins, son abbaye, la maison des Comédiens, , , ses châtelains, Louis Braille, , , 333 La Chapelle-sous-Crécy, La Haute-Maison, Lesches, Magny-le-Hongre, Maisoncelles, , Quincy-Voisins et l'église de Ségy, Saint-Fiacre, son prieuré et ses pèlerinages, Saint-Germain, Saint-Martin-les-, Sancy, Serris, , , Villiers-sur-Morin, le du nord de la Brie, Voulangis. 1989, 160 x 240, 328 pages, 380 ill., 860 g Prix : 140 F Histoire d'eau en Seine-et-Marne par Hélène Fatoux Tome 1 Les sources, canaux, abreuvoirs, rivières, puits, fontaines, lavoirs L'auteur a souhaité faire revivre, par l'intermédiaire de la carte postale ancienne, quelques aspects de l'utilisation de l'eau dans la vie quotidienne simple et humble de nos ancêtres. L'eau, source de vie, est une histoire passionnante à découvrir sous toutes ses facettes. Qu'elle jaillisse où bon lui semble, qu'elle coule librement le long des champs et des bois, qu'elle soit domptée, canalisée, voie navigable, docile au fond des puits, abondante à la goulotte des fontaines, courante dans un bassin où les villageoises viennent rincer leurs lessives, l'eau a toujours été au centre de la vie des hommes. Les lavandières, les blanchisseuses, les laveuses sont ici à l'honneur, car nous voulons nous souvenir de leur dur métier. Eté comme hiver, en toutes saisons, installées dans les lieux divers et pittoresques à l'usage du lavage, vous les découvrirez dans une promenade à la recherche du passé de notre département de Seine-et-Marne. 1987, réédition 1988, 160 x 240, 320 pages, 400 ill., 980 g. Prix : 140 F