FILOZOFICKÁ FAKULTA MU BRNO ÚSTAV ROMÁNSKÝCH JAZYKŮ A LITERATUR

FRANCOUZSKÝ JAZYK A LITERATURA

LINGUA FRANCA DANS LE BOURGEOIS GENTILHOMME ET LE SICILIEN OU L’AMOUR PEINTRE DE MOLIÈRE : UNE ANALYSE SÉMANTIQUE, STYLISTIQUE ET TRADUCTIONNELLE Jakub Adam-Augustin Volf

Vedoucí práce: doc. Christophe Gérard L. Cusimano

Brno 2018/2019 PROHLÁŠENÍ

Prohlašuji, že jsem magisterskou práci « dans le Bourgeois Gentilhomme et le Sicilien ou L’Amour peintre de Molière : une analyse sémantique, stylistique et traductionnelle » vypracoval samostatně pod vedením vedoucího magisterské práce a uvedl jsem všechny prameny jmenované v bibliografickém soupisu. Souhlasím, aby práce byla uložena na FF MU v Brně a byla zpřístupněna ke studijním účelům.

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PODĚKOVÁNÍ

Velmi děkuji doc. Christophovi Gérardu L. Cusimanovi za osobní odborné vedení, přínosnou pomoc a cenné rady, kterými mě podněcoval při zpracovávání mé magisterské práce. Rovněž bych rád poděkoval PhDr. Pavle Doležalové, Ph.D. za rady ohledně překladatelství a za to, že mi utvořila pozitivní přístup k tomuto oboru, a Mgr. Bc. Vítu Bočkovi, Ph.D. za to, že mne seznámil s tématem Lingua Franca a poskytl mi materiály k jeho zpracování. Děkuji taktéž Mgr. Danuši Čižmíkové, Ph.D. za rady, které mi poskytla ohledně arabského jazyka.

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ANOTACE

Anotace – česky: VOLF, Jakub Adam-Augustin. Lingua Franca dans Le Bourgeois Gentilhomme et Le Sicilien ou L’Amour peintre de Molière : une analyse sémantique, stylistique et traductionnelle (Lingua Franca v Molièrově díle Měšťák šlechticem a Sicilián aneb Láska malířem: sémantická, stylistická a překladová analýza). Brno: Filozofická fakulta Univerzity Masarykovy v Brně, 2018/19. 135 stran. Magisterská práce. Cílem práce je analýza vybraných pasáží z Molièrových her Le Bourgeois Gentilhomme (Mešťák šlechticem) a Le Sicilien ou L’Amour peintre (Sicilián aneb Láska malířem), které jsou pravděpodobně sepsány v jazyce zvaném Lingua Franca. Dané pasáže budou podrobeny sémantické a stylistické analýze, na jejichž základě bude vypracován co nejpřesnější český a francouzský překlad, který by odpovídal originálu. Mimoto budou podrobeny analýze také doposud vydané české překlady daných pasáží, které vyhotovil J. Z. Novák, Svatopluk Kadlec a Hanuš Jelínek, stejně tak jako vybrané francouzské překlady. Práce bude mít tedy celkem tři hlavní stati: sémantickou, stylistickou a překladovou.

Klíčová slova: Molière, Lingua Franca, lingua franca, sabir, al-farangī, langue franque, pidžin, kreolština, Le Bourgeois Gentilhomme, Měšťák šlechticem, Le Sicilien ou L’Amour peintre, Sicilián aneb Láska malířem.

Annotation – English: VOLF, Jakub Adam-Augustin. Lingua Franca dans Le Bourgeois Gentilhomme et Le Sicilien ou L’Amour peintre de Molière : une analyse sémantique, stylistique et traductionnelle (Lingua Franca in "Le Bourgeois Gentilhomme" and "Le Sicilien ou L’Amour peintre“ of Molière: semantic, stylistic and translation study). Brno: Faculty of Arts, Masaryk University in Brno, 2018/19. 135 pages. Master’s thesis. The aim of the thesis is an analyse of the chosen passages of Molière’s plays “Le Bourgeois Gentilhomme” (The Bourgeois Gentleman or The Middle- Class Aristocrat or The Would-Be Noble) and “Le Sicilien ou L’Amour peintre” (The Sicilian, or Love the Painter) which are probably written in the language known as Lingua Franca. The chosen passages will be put to a semantic and

4 stylistic analyse whose the bases the most precise Czech and French translations that correspond to the original one will be done. Moreover the Czech translations which J. Z. Novák, Svatopluk Kadlec and Hanuš Jelínek have done and the French ones will be put to analyse. The thesis will have three parts in total: the semantic, the stylistic one and the translation one.

Keywords: Molière, Lingua Franca, lingua franca, sabir, al-farangī, langue franque, , creole, Le Bourgeois Gentilhomme, The Bourgeois Gentleman, The Middle-Class Aristocrat, The Would-Be Noble, Le Sicilien ou L’Amour peintre, The Sicilian, or Love the Painter.

Annotation – français : VOLF, Jakub Adam-Augustin. Lingua Franca dans Le Bourgeois Gentilhomme et Le Sicilien ou L’Amour peintre de Molière : une analyse sémantique, stylistique et traductionnelle. Brno : Faculté des Lettres, Université Masaryk Brno, 2018/19. 135 pages. Thèse de Master. Le but de cette thèse est d’effectuer une analyse des passages choisis de « Le Bourgeois Gentilhomme » et de « Le Sicilien ou L’Amour peintre » qui sont probablement écrits en langue appelée Lingua Franca. Ces passages seront mis en une analyse sémantique et stylistique, sur la base de laquelle l’auteur élaborera les traductions en tchèque et en française les plus précises, fidèles à l’original. Entre outres, les traductions tchèques des passages analysés, élaborées par J. Z. Novák, Svatopluk Kadlec et Hanuš Jelínek, aussi que les traductions françaises seront mises en analyse. La thèse dont aura trois parties importantes : celle sémantique, stylistique et celle traductionnelle.

Les mots clés : Molière, Lingua Franca, lingua franca, sabir, al-farangī, langue franque, pidgin, créole, Le Bourgeois Gentilhomme, Le Sicilien ou L’Amour peintre.

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TABLE DES MATIÈRES

I. MÉTHODOLOGIE ET LES SOURCES DE BASE ...... 8 1.1. Méthodologie ...... 8 1.2. Molière et les sources de base ...... 9 1.2.1. La vie de Molière et son œuvre ...... 9 1.2.2. Le Sicilien ou L’Amour peintre ...... 11 1.2.3. Le Bourgeois Gentilhomme ...... 12 II. LES ET LES LANGUES CRÉOLES ...... 15 2.1. Les pidgins ...... 15 2.2. Les créoles ...... 17 III. LINGUA FRANCA ...... 20 3.1. Lingua Franca Mediterranea ...... 20 3.2. Molière et la Lingua Franca Mediterranea ...... 24 IV. ANALYSE DU CORPUS DE LA LINGUA FRANCA DE MOLIÈRE...... 26 4.1.L’analyse sémantique ...... 26 4.1.1. Le Bourgeois Gentilhomme – passage 1 ...... 26 4.1.2. Le Bourgeois Gentilhomme – passage 2 ...... 31 4.1.3. Le Bourgeois Gentilhomme – passage 3 ...... 39 4.1.4. Le Bourgeois Gentilhomme – passage 4 ...... 48 4.1.5. Le Bourgeois Gentilhomme – passage 5 ...... 57 4.1.6. Le Sicilien ou L’Amour peintre – passage 6 ...... 67 4.1.7. Tableau résumatif du lexique de la Lingua Franca de Molière ...... 79 4.1.8. Tabeau résumatif du lexique de la Lingua Franca de Molière – l’influence et l’origine potentielle d‘autres langues ...... 81 4.2. L‘analyse traductionnelle et stylistique – la comparaison des traductions existantes ...... 86 4.2.1. Le Bourgeois Gentilhomme et Le Sicilien ou L’Amour peintre : les traductions françaises – le commentaire ...... 86 4.2.2. Le Bourgeois Gentilhomme et Le Sicilien ou L’Amour peintre : les traductions tchèques – le commentaire ...... 88 4.3. L‘analyse traductionnelle et stylistique – les traductions proposées ...... 91 4.3.1. Le Bourgeois Gentilhomme – passage 1 ...... 91 4.3.2. Le Bourgeois Gentilhomme – passage 2 ...... 93 4.3.3. Le Bourgeois Gentilhomme – passage 3 ...... 94 4.3.4. Le Bourgeois Gentilhomme – passage 4 ...... 97 4.3.5. Le Bourgeois Gentilhomme – passage 5 ...... 99 4.3.6. Le Sicilien ou L’Amour peintre – passage 6 ...... 101 V. CONCLUSION ...... 104

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VI. BIBLIOGRAPHIE ...... 110 6.1. Bibliographie ...... 110 6.2. Sitographie ...... 113 6.3. Les dictionnaires – sitographie ...... 114 VII. ANNEXES ...... 124 7.1. Les traductions françaises ...... 124 7.1.1. Le Bourgeois Gentilhomme – passage 1 ...... 124 7.1.2. Le Bourgeois Gentilhomme – passage 2 ...... 124 7.1.3. Le Bourgeois Gentilhomme – passage 3 ...... 125 7.1.4. Le Bourgeois Gentilhomme – passage 4 ...... 126 7.1.5. Le Bourgeois Gentilhomme – passage 5 ...... 128 7.1.6. Le Sicilien ou L’Amour peintre – passage 6 ...... 129 7.2. Les traductions tchèques ...... 129 7.2.1. Le Bourgeois Gentilhomme – passage 1 ...... 129 7.2.2. Le Bourgeois Gentilhomme – passage 2 ...... 130 7.2.3. Le Bourgeois Gentilhomme – passage 3 ...... 130 7.2.4. Le Bourgeois Gentilhomme – passage 4 ...... 132 7.2.5. Le Bourgeois Gentilhomme – passage 5 ...... 133 7.2.6. Le Sicilien ou L’Amour peintre – passage 6 ...... 135

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I. MÉTHODOLOGIE ET LES SOURCES DE BASE

Dans cette partie de notre travail, nous allons décrire notre méthodologie (méthode et procédés) et nos sources de base, c’est-à-dire les pièces de Molière Le Bourgeois Gentilhomme et Le Sicilien ou L’Amour peintre.

1.1. MÉTHODOLOGIE

Le but de cette thèse est d’effectuer une analyse des passages choisis de « Le Bourgeois Gentilhomme » et de « Le Sicilien ou l’Amour peintre » qui sont probablement écrits en langue appelée Lingua Franca, une langue qui rendit possible la communication entre l’Europe et l’Orient à l’époque de l’Antiquité et du Moyen-Âge. Ces passages seront mis en une analyse sémantique et stylistique, sur la base de lesquelles nous allons élaborer les traductions en tchèque et en français les plus précises, fidèles à l’original. L’analyse sémantique comprendra surtout l’analyse du vocabulaire, à savoir l’étymologie des mots et la signification possible. Entre outres, les traductions tchèques des passages analysés, élaborées par J. Z. Novák, Svatopluk Kadlec et Hanuš Jelínek, aussi que les traductions françaises seront mises en analyse ; nous allons décrire surtout les approches dont les interprètes tchèques et français ont traduit les mots ou les passages moins compréhensibles, ce qui concerne aussi la problématique de la stylistique. La thèse donc aura trois parties importantes : celle sémantique, stylistique et celle traductionnelle. Pour ce qui est de notre motivation par rapport à la Lingua Franca, nous avons été initié à la problématique de cette langue pendant le cours semestriel qui propose notre université, celui de MED60 Lingua Franca : lochneská příšera ve Středomoří (Lingua Franca : le monstre du Loch Ness dans la Méditerranée) sous la conduite de Mgr. Bc. Vít Boček, Ph.D. Celui-ci nous a familiarisé avec le terme lui-même et son ambigüité, avec toutes les sources de la Lingua Franca et leur disponibilité ; il a aussi mis la Lingua Franca en contexte avec les pidgins, les langues créoles ou avec l’argot de Polari. Quand nous avons eu vu les textes concernant Molière, nous avons tout de suite réalisé que c’était précisément cela ce que nous voulions analyser. Nous sommes très passionné pour la langue classique de Molière et quand nous avions trouvé la possibilité de l’analyser d’un point de vue différent, nous n’avons pas tardé une minute.

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1.2. MOLIÈRE ET LES SOURCES DE BASE

Cette partie de notre travail va présenter non seulement les deux sources littéraires fondamentales françaises de la Lingua Franca, mais aussi la personnalité de Molière elle-même.

1.2.1. LA VIE DE MOLIÈRE ET SON ŒUVRE

Molière, par son nom propre Jean-Baptiste Poquelin, naquit à Paris en l’an de 1622 dans la famille d’une bourgeoisie riche : et le père de sa mère et le père de son père étaient des marchands cossus qui assurèrent de l’aisance à la nouvelle famille ; le père de Molière lui-même continuait à exercer le métier de son père qui était tapissier, puis aussi le Maître tapissier du roi ce qui attribuait à la famille une position privilégiée aussi qu’un salaire d’appoint abondant.1 Néanmoins, cette vie idyllique bourgeoise fut endommagée par la mort de la mère de Molière quand celui-ci avait dix ans seulement ; il s’attacha à son père et à son grand-père maternel Louis de Cressé. Grâce à celui-ci le petit Jean- Baptiste découvrit de l’amour pour les arts, mais surtout pour l’art théâtral, en tenant compagnie à son grand-père dans les théâtres divers parisiens à maintes occasions, grâce celui-là le petit Jean-Baptiste obtint l’une des meilleures formations scolaires au Collège jésuite de Clermont où il trouva de la prédilection pour le théâtre comique en lisant les auteurs classiques comme Plaute, Térence ou Lucrèce. Puis il continuait ses études à Orléans et en 1642 il les accomplit en devenant avocat. Par le souhait de son père, il se mit cependant à occuper le métier de tapissier en pouvant ainsi travailler aussi à la cour royale de Louis XIII.2 L’amour et la prédilection pour le théâtre pourtant séduisirent Molière et, en ayant créé une troupe théâtrale de L’Illustre théâtre, formée par ses amis bourgeois et par la famille des comédiens de Béjart, il décida, en l’an de 1645, de quitter la cité de Paris et son métier, en laissant à part sa carrière prometteuse de Maître tapissier du roi.3 C’était à L’Illustre théâtre où Jean-Baptiste jouait sous son pseudonyme célèbre de Molière. La troupe se mit en voyage vers le sud de la France où Molière présenta ses

1 RADIMSKÁ, Jitka ; HORAŽDOVSKÁ, Marcela (2001). Antologie francouzské literatury – Anthologie de la littérature française. FRAUS : Plzeň, 2001. 172 pages. ISBN 80-7238-098-2, p. 29 ; KUČERA, Jan Pavel (2006). Molière : moralista a posměváček. Paseka : Praha, 2006. 307 stran. ISBN 80-7185-758-0, p. 24. 2 Kučera (2006, p. 24) ; Radimská, Horaždovská (2001, p. 29). 3 BRETT, Vladimír (1967). Molière. Orbis : Praha, 1967. 257 stran, p. 50 ; Radimská, Horaždovská (2001, p. 29). 9 premières comédies sous sa direction et sous la protection d’Armand de Bourbon, le prince de Conti. Là, il se familiarisa avec les milieux provinciaux de grands seigneurs, des bourgeois, des paysans dont il pouvait observer les mœurs et le langage qu’il introduisait dans ses œuvres. Grâce à Armand de Bourbon et à Madame Béjart la troupe gagna l’affection du frère du roi, de la cour royale et même du roi lui-même.4 À partir de l’an 1659, en s’étant définitivement réinstallée à Paris, la troupe présentait ses pièces au Palais Royal en tant que Troupe de Monsieur frère unique du roi, c’est-à-dire un ensemble théâtral profitant des bénéfices de la cour et des pensions en résultant5 ; il redemanda son poste de Maître de tapissier du roi, bien qu’il ne l’exerçât plus jamais, en demandant aussi le poste de « tapissier ordinaire de la maison du roi » pour son frère cadet.6 Molière devenait de plus en plus célèbre et aimable dans les yeux du roi que celui-ci décida d’attribuer au groupe de Molière d’autres privilèges et il renomma la troupe en « Troupe du roi au Palais Royal ».7 Les années dorées commencèrent et l’an 1965 pouvait être considéré comme le début des années dorées de Molière où il collaborait avec les grands hommes de cette époque-là tels que Jean-Baptiste Lully, Pierre Corneille ou Philippe Quinault8 ; les années d’or triomphantes finirent par la mort de Molière en l’an de 1673, conditionnée par la maladie de tuberculose, accompagnée de la dépendance énorme au travail aussi que de l’ambiance socio-familiale compliquée (la mort de son fils premier-né, les tromperies de sa femme, les intrigues d’autres troupes comédiennes, les restrictions de la part de l’Église ou de la Cour, …). Molière mourut quasi à la scène, juste la nuit après le spectacle de sa dernière comédie-ballet de Le Malade imaginaire.9 Il nous laissa une quarantaine d’œuvres dramatiques, très souvent accompagnées d’entrées de ballet ou de musique, quelques poèmes et quelques lettres personnelles.10 Molière est mort, mais il occupera pourtant toujours un poste important dans la culture littéraire française et mondiale, en était celui de mêmes valeurs

4 MIKEŠ, Vladimír (2001). Divadlo francouzského baroka. AMU : Praha, 2001. 399 stran. ISBN 80-85883- 91-0, pp. 305 et 313 ; Radimská, Horaždovská (2001, p. 29). 5 Mikeš (2001, p. 313) ; Radimská, Horaždovská (2001, p. 29). 6 Mikeš (2001, p. 313). 7 Mikeš (2001, p. 313) ; Kučera (2006, pp. 165-166). 8 Brett (1967, pp. 194-196) ; Kučera (2006, pp. 165-166) ; Radimská, Horaždovská (2001, p. 30). 9 Kučera (2006, pp. 152 et 262), Brett (1967, p. 83). 10 BOURQUI, Claude (1999). Les sources de Molière : Répertoire critique des sources littéraires et dramatiques. SEDES : Paris, 1999. 479 pages. ISBN 2718195312, p. 23. 10 et d’importance que Dante pour les Italiens, que Cervantes pour les Espagnols, que Shakespeare pour les Anglais ou que Goethe pour les Allemands.11

1.2.2. LE SICILIEN OU L’AMOUR PEINTRE

Le Sicilien ou L’Amour peintre est une comédie-ballet, présentée premièrement le 14 février 1667. Cette pièce dénote la structure suivante : Acte I (19 scènes + scène dernière). Dans la pièce, il y a beaucoup de personnages dont nous n’allons remarquer que 5 personnages principaux : Adraste (gentilhomme français, amant d’Isidore), Dom Pèdre (Sicilien, amant d’Isidore), Isidore (Grecque, esclave de Dom Pèdre), Climène (sœur d’Adraste) et Hali (valet d’Adraste).12 En ce qui touche l’intrigue, elle est assez simple. Adraste tombe amoureux d’Isidore qui fut délivrée par Dom Pèdre. Celui-ci la prit pour la femme et, poussé par la jalousie, la retient chez soi comme « une esclave ». Pour cette raison, Adraste qui ne sait pas si Isidore lui rend son amour, ourdit avec son valet Hali une intrigue, à savoir qu’Adraste loue une troupe des musiciens qui jouent une chanson d’un berger amoureux devant la maison d’Isidore et Dom Pèdre pour déclarer ainsi l’amour d’Adraste à Isidore ; malheureusement, Isidore n’entend rien et la tentative est sans succès. Une nouvelle tentative finit de la même manière et, entre autres, Dom Pèdre décèle les intentions de Hali et d’Adraste en leur interdisant de revenir. Hali et Adraste inventent un autre plan : Adraste va se faire passer pour le peintre Damon, son meilleur ami, qui devrait effectuer un portrait d’Isidore lorsque Hali, sous déguisement d’un Espagnol, devrait détourner l’attention de Dom Pèdre (la scène en Lingua Franca). Et ainsi se passa-t-il et Adraste réussit à obtenir les vœux d’amour d’Isidore. En ce moment il ne suffit qu’Adraste aide Isidore à s’enfuir de la maison de Dom Père sans être inaperçue. Pour cette raison, Adraste invente un autre piège : Climène, la sœur d’Adraste, va feindre de quérir de l’aide à Dom Pèdre. Elle se plaint qu’elle doive sortir seulement toute vêtue d’une toile obligatoire à cause de la jalousie de son mari Adraste. Don Pèdre admoneste

11 Radimská, Horaždovská (2001, p. 29). 12 Tout Molière – Le Sicilien ou L’Amour peintre. Disponible online : http://www.toutmoliere.net/ notice,405498.html [consulté en novembre 2018]. En ce qui concerne l’intrigue de cette pièce, nous nous sommes appuyé sur la même source (Tout Molière) et sur notre lecture personnelle, parce qu’il est impossible de trouver toute l’intrigue dans une littérature spécialisée ou même sur les sites des théâtres. Notre lecture personnelle est basée sur le livre : MOLIÈRE (1936). Lékařem proti své vůli. Sicilián aneb Láska malířem. Hraběnka z Escarbagnas. Česká Akademie věd a umění : Praha, 1936. Přeložil Hanuš Jelínek. 190 stran, pp. 97-143. 11

Adraste en lui demandant qu’il se réconcilie avec sa femme en preuve de leur amitié future. Lorsque Dom Pèdre réprimande Adraste, Climène échange sa toile avec Isidore. Une fois reconciliés, « les époux » sortent de la maison : Adraste et Isidore, vêtue comme Climène. Dans la scène dernière, Climène sans toile annonce à Dom Pèdre qu’il fut trompé et qu’Isidore quitta la maison avec son chevalier aimé.

1.2.3. LE BOURGEOIS GENTILHOMME

Le Bourgeois Gentilhomme est une comédie-ballet, présentée premièrement le 14 octobre 1670. Cette pièce présente la structure suivante : Acte I (2 scènes), Acte II (5 scènes), Acte III (16 scènes), Acte IV (5 scènes) et Acte V (5 scènes + scène dernière). Dans la pièce, il y a beaucoup de personnages dont nous allons noter seulement 6 personnages principaux : Monsieur Jourdain (bourgeois), Madame Jourdain (sa femme), Lucile (fille de Mrs Jourdain), Cléonte (amoureux de Lucile), Covielle (valet de Cléonte) et Nicole (servante, amante de Covielle).13 Quant à l’intrigue de cette pièce, l’on peut observer deux lignes thématiques : a) Mrs Jourdain, un riche bourgeois, mais malheureusement suffisamment sot, naïf et malhabile, aimerait bien devenir une personne puissante, célèbre et érudite comme le sont, à son avis, tous les artistocrates en espérant qu’il la deviendra aussi un jour. Pour cette raison, il engage un Maître de danse, un Maître de philosophie, un Maître d’armes et un Maître tailleur qui devraient l’aider à devenir aristocrate en lui accordant une formation aristocratique ou, au cas de Maître tailleur, les vêtements qui portent les gens « de qualité ». Malheureusement, quoique ces enseignants voient que Mrs Jourdain n’est pas assez compétent ni doué, ils le flattent en ne pas voulant perdre « sa source de l’argent ». Les deux artistocrates endettés, la marquise Dorimène et son amant le comte Dorante, en profitent eux aussi : Mrs Jourdain aime leur présence en se sentant « une meilleure personne » sans voir que cette noblesse n’est pas son ami, mais seulement un autre flatteur calculateur.

13 Tout Molière – Le Bourgeois Gentilhomme. Disponible online : http://www.toutmoliere.net/ notice,405362.html [consulté en novembre 2018]. En ce qui concerne l’intrigue de cette pièce, nous nous sommes appuyé sur la même source (Tout Molière) et sur notre lecture personnelle, parce qu’il est impossible de trouver toute l’intrigue dans une littérature spécialisée ou même sur les sites des théâtres. Notre lecture personnelle est basée sur le livre : MOLIÈRE (1949). Théâtre : Tome IV. Hachette : 1949, Paris. 350 pages. ISBN 7316-1-5-1949, pp. 240-326. 12

b) Jeune Cléonte désire obtenir la main de Lucile, fille de Mrs Jourdain. Malheureusement, celui-ci, sous l’influence de « son aberration aristocratique », ne donne la main de sa fille qu’à un grand homme de qualité, c’est-à-dire à un aristocrate. Pour cette raison, Cléonte et son valet Coville avec son amante Nicole ourdissent une intrigue : Cléonte va feindre d’être fils d’un sultan et Covielle son guide. Tout cela se réalise pendant la célèbre « cérémonie turque » : Mrs Jourdain est anobli par « le fils du sultan » et, sous la poussée de la joie, il consentit à lui donner la main de sa fille de Lucile ; Lucile et Mme Jourdain, en ayant reconnu que le fils du sultan n’est que Cléonte camouflé, en sont d’accord. Tous sont contents et la pièce finit par la scène nommée « Le ballet des nations » que certains scientifiques passent pour un éloge de l’influence politique de Louis XVI. Pour conclure, nous mentionnons aussi quelques remarques sur la célèbre « cérémonie turque » qui comprend les passages de la Lingua Franca. Cette passage comique et parodique ne fut introduite à Le Bourgeois Gentilhomme d’une manière fortuite. L’ambassadeur turc, envoyé par Suleïman Aga, ne tomba pas suffisamment en admiration devant la splendeur et les cérémonies dans les Versailles, ce qui mit en colère le Roi Louis XIV qui ensuite ordonna, par l’intermédiaire de Colbert, que Molière introduisît quelque chose de ridicule à la manière turcque à sa pièce et ainsi la cérémonie turque prit-elle sa naissance. Le Roi envoya le Chevalier d’Arvieux (par son nom de l’origine provençale Arviou), consul dans les pays d’Alep, d’Algier, de Tripoli et du Levant, pour aider Molière.14 Le Chevalier d’Arvieux commémore dans ses mémoires qu’il aidait Molière pendant 8 jours dans sa maison, surtout avec les habillements et les mœurs des Turcs. En ce qui concerne la langue, il avoua qu’il connaissait bien le turc et l‘arabe (qui sont aussi présents dans le Bourgeois Gentilhomme) : il aidait donc Molière avec les expressions turques et arabes (Hu la ba…, …ouch alla, Hi valla, … )15. Mais, au contraire, il avoua qu’il ne connaissait pas assez suffisamment « le sabir de Tunis » pour pouvoir s’en servir dans la communication.16 Qui aida donc Molière avec la Lingua Franca ?

14 POWEL, John S. (2006). Le Bourgeois gentilhomme : Molière and music. In D. Bradby & A. Calder (Eds.), The Cambridge Companion to Moliere. Cambridge : Cambridge University Press. ISBN 9781139001090, pp. 121-138 ; p. 121. ; MARTINO, Pierre (1911). La cérémonie turque du „Bourgeois gentilhomme“. In Presses Universitaires de France (éds.). Revue d'Histoire littéraire de la France. 18e Année, No. 1 (1911), pp. 37-60 ; p. 43. 15 Martino (1911, p. 46 et 50). 16 Idem, p. 43. 13

En ce qui concerne le caractère de la cérémonie turque, il y a des preuves qu’il s’agit d’une ridicule caricature des cérémonies turques des derviches, surtout celle d’initiation (les expressions arabes et turques, les actes d’initiation, …) aussi que d’une parodie de la religion et de l‘Église en général. Les actes d’initiation des Turcs aussi que de l’Église partagent les mêmes actes : a) l’interrogation sur la religion (Dice, Turque…, per deffender Palestina), b) l’interrogation sur les mœurs (Ti non star furba/forfanta …), c) l’interrogation sur l’état social (Ti star nobilé) et d) l’imitation de l’adoubement d’un chevalier (+ le calembour avec le nom « Jourdain », référant à la Palestine) ou d’un derviche (pigliar schiabbola).17 Peut-être y a-t-il plus d’idées sous-entendues, mais elles s’évanouirent ensemble avec les actualités de cette époque-là. Quelques autres scientifiques considèrent la cérémonie turque comme la critique et la protestation contre les cérémonies absurdes dans les Versailles,18 par exemple, contre la chasse aux titres, ce qui serait, dans de cas de Louis XIV, la chasse au titre de « le premier gentilhomme de la chambre du roi ».19

17 Martino (1911, pp. 56-57) ; NICOLICH, Robert N. (1972). Classicism and Baroque in "Le Bourgeois Gentilhomme". In American Association of Teachers of French (éds.). The French Review. Special Issue, Vol. 45, No. 4, Studies on the French Theater (Spring, 1972), pp. 21-30 ; p. 26. 18 WELCH, Ellen R (2012). Going behind the Scenes with Le bourgeois gentilhomme: Staging Critical Spectatorship at Louis XIV's Court. In American Association of Teachers of French (éds.). The French Review. Vol. 85, No. 5 (April 2012), pp. 848-860. ; p. 850. 19 Nicolich (1972, p. 28). 14

II. LES PIDGINS ET LES LANGUES CRÉOLES

Dans cette partie de notre travail, nous allons traiter un petit peu des pidgins et des langues créoles, parce la Lingua Franca appartient à ce groupe des langues de contact, caractérisées par un lexique, une orthographe, une prononciation et une structure simple ou simplifiée20.

2.1. LES PIDGINS

Pour ce qui est de la définition d’un pidgin, l’on considère un pidgin comme une langue de contact, créée par certains groupes des gens, qui entrent dans un contact régulier ou fréquent et qui ont besoin de réaliser une communication, mais qui, eux-mêmes, n’ont pas aucune langue en commun.21 Cette langue fonctionne toujours comme une langue-outil d’un usage spécifique et limité, c’est-à-dire que les personnes, qui s’en servent, l’utilisent seulement pour pouvoir réaliser, par exemple, un commerce d’échange tandis que dans les autres situations de la vie ils se servent de leur langue maternelle.22 En ce qui touche l’origine du nom « pidgin », il y existent 4 théories : ce mot provient soit d’une altération du mot anglais « beachee » (fr. plage), utilisé au Pacifique sud23, soit d’une langue des Indiens d’Amérique (pidian, fr. peuple)24, soit d’une altération chinoise du mot anglais « business »25, soit de l’hébreu (pidjon, fr. commerce, échange)26. La théorie la plus acceptée est celle d’une altération chinoise.

20 LEFEBVRE, Claire (2004). Issues in he Sudy of Pidgin and Creole Languages. John Benjamins Publishing Company : Amserdam/Philadelphia, 2004. 362 pages. ISBN 90-272-3080-3. ; pp. 12-14. 21 VELUPILLAI, Viveka (2015). Pidgins, Creoles and Mixed Languages : An introduction. John Benjamins Publishins Company : Amsterdam, 2015. 599 pages. ISBN 978-90-272-5271-5, p. 15 ; MICHAELIS, Susanne Maria (2013a). The survey of pidgin and Creole languages : Volume I, English-based and Dutch-based languages. Oxford University Press : Oxford, 2013. 448 pages. ISBN 978-0-19-969140- 1, p. 33. 22 Velupillai (2015, p. 16) ; Michaelis (2013a, p. 34) ; ISA, Baba Zunna et alii (2015). The Comcept of Pidgin and Creole. In Journal of Humanities And Social Science, Vol. 20, Iss. 3, Ver. V (Mar. 2015), pp. 14- 21. ; p. 14. 23 Velupillai (2015, p. 22). 24 HALL, Robert A (1966). Pidgin and Creole Languages. Cornell University Press : New York, 1966. 188 pages, p. 7 ; Velupillai (2015, p. 23). 25 Hall (1966, p. 7) ; Velupillai (2015, p. 23). 26 TODD, Loreto (1990). Pidgins and Creoles. Routledge : New York, 1990. 117 pages. ISBN 0-415-05311- 0, pp. 13 ; Velupillai (2015, p. 23). 15

Comme toutes les langues traditionnelles, les pidgins développent aussi en ayant 4 phases de l’évolution : a) jargon (prépidgin), b) pidgin (pidgin stable), c) pidgin développé (pidgin-créole) d) pidgin en train de la nativisation (formation d’un créole). En ce qui touche la première phase, a) celle du jargon ou du prépidgin, elle se caractérise par la phase des « tentatives-erreurs » où toutes les deux ou plusieurs parties participant à la communication sont en train de trouver les éléments de base d’une communication commune ; il en donc suit que cette langue est très variable sur tous ses niveaux de langue en n’ayant pas encore une structure stable.27 b) La phrase du pidgin (d’un pidgin stable) se caractérise par la phase où tous les éléments de la communication se stabilisent et l’on est capable de trouver les normes linguistiques situationnelles que l’on peut apprendre pour en pouvoir profiter. La durée de vie d’un tel pidgin est logiquement limitée au laps de temps où l’on en a besoin, ce qui pourrait durer des années, des décades ou des siècles. Il est important de mentionner que l’usage de cette langue est encore limité aux situations spécifiques, selon lesquelles l’on peut catégoriser les pidgins (pidgins de commerce, p. maritimes, p. militaires, p. d’esclaves, p. urbains, p. industriels, …).28 c) La troisième phase de la pidginaison, celle d’un pidgin développé ou d’un pidgin-créole, se caractérise par la phase d’une stabilité majeure de celle d’un pidgin stable et par le moment où cette langue devient un élément important ou voire indispensable de la communication. Si indispensable, cette langue peut substituer facilement la langue maternelle. Le pidgin-créole se trouve à la limite d’un pidgin et d’un créole, mais en comparaison avec un pidgin, il dénote un usage situationnel illimité, en comparaison avec un créole, il n’occupe pas encore le rôle d’une langue maternelle.29 d) La nativisation d’un pidgin est une phase où le pidgin devient une langue de l’usage commun ou national, en ayant des locuteurs natifs. Deux facteurs suivants facilitent la nativisation d’un pidgin : 1) le développement du pidgin dans un territoire multilingue et 2) l’usage du pidgin dans une communication avec les non-natifs.30 Pour conclure la problématique des pidgins, nous allons donner un exemple d’un pidgin français, dont nous avons choisi celui appelé « Tay Boi »

27 Velupillai (2015, pp. 18-19, 25-30) ; Todd (1990, pp. 31-33). 28 Velupillai (2015, pp. 19-20) ; Isa (2015, pp. 19-20). 29 Velupillai (2015, pp. 20-21) ; Isa (2015, pp. 19-20). 30 Todd (1990, pp. 52-55). 16 qui était utilisé au Viêt Nam jusqu’aux années 60 du XXème siècle ; ce pidgin dénote une grande influence de la prononciation vietnamienne31 : a) Paul plus paresseux dans classe. [bɔn bʏ lɪi ba rɛ sʏɯ dɐn kʏ lɐt]. (Paul est le plus paresseux de la classe)32 b) Lui bon mais pas intelligent. [lɪi bʌʋŋ͡ m mɛə ba ɐn̪ tei rɐŋ~ʐɐn̪ ]. (Il est bon, mais il n’est pas intelligent.)33

2.2. LES CRÉOLES

Quant à la description d’un créole, il est évident de la théorie précédente qu’il s’agit d’un pidgin qui a subi la phase de la nativisation, en devenant donc une langue maternelle commune d’un usage multidimensionnel. L’étymologie du mot « créole » est plus claire que celle du pidgin : ce mot provient du portugais « crioulo (fr. servant de l’origine non-européenne) », ce qui puis indiquait aussi la langue de ces personnes. Le mot fut emprunté par les Espagnols qui le modifièrent en « criollo » que les Français empruntèrent en le modifiant en « créole ». Telle est l’origine de ce mot.34 Pour la naissance d’un créole, l’on distingue 5 théories : la théorie monogénétique, la théorie des substrats, la théorie des superstrats, la théorie universalistique et la théorie « feature pool hypothesis ». En ce qui concerne a) la théorie monogétique, elle considère tous les créoles comme les langues qui prirent l’origine d’un seul pidgin, celui portugais, utilisé dans la Méditerranée et à l’Afrique du nord à partir du XVème siècle. Ce pidgin fut relexifié (à savoir, son lexique fut remplacé par un autre lexique), c’est pourquoi tous les pidgins et les créoles dénotent une structure similaire. Cette théorie est acceptée par la plupart des scientifiques, mais beaucoup d’eux ne sont pas d’accord avec l’affirmation que le pidgin-mère fut de l’origine portugaise.35 b) la théorie des substrats propose que les créoles fussent influencés surtout par les langues- substrats (les langues autochtones), à savoir les langues des assujettis qui appliquèrent les principes de leur grammaire, de leur lexique et de leur

31 INTERNATIONAL CONFERENCE ON PIDGIN AND CREOLE LANGUAGES (1971). Pidginization and Creolization of Languages. Dell Hymes (ed.). CUP Archive : New York, 1971. 530 pages. ISBN 0-521- 07833-4. ; pp. 47-48. 32 Idem, p. 54. 33 Eodem, p. 54. 34 HOLM, John A. (1988). Pidgin and Creoles : Volume 1, Theory and Sructure. Cambridge Universiy Press : New York, 1988. 280 pages. ISBN 0-521-24980-5. ; p. 9. 35 SEYA, Anand (2017). French Creoles : A Comprehensive and Comparative Grammar. Routledge : New York, 2017. 499 pages. ISBN 978-1-138-01564-7. ; pp. 2-3. 17 phonologie sur la langue des conquérants ; c’est pourquoi l’on trouve certains phénomènes phonologiques, structurels ou de lexique seulement dans les langues créoles et non dans les langues européennes.36 c) la théorie des superstrats suggère que les créoles soient soit les dialectes des langues- (c’est-à-dire des langues-fournisseurs du lexique), soit qu’ils ne les soient pas en descendant directement des langues-lexifiers. Cette théorie est promue, par exemple, par scientifique Chaudenson qui présente deux phases de cette théorie : 1) la société d’habitation (l’étape où les esclaves étaient en contact avec les langues-lexifiers) et 2) la société de plantation (l’étape où les esclaves n’étaient qu’en contact avec les esclaves de l’étape 1, c’est-à-dire qu’ils apprenaient l’approximation de l’approximation de la langue-).37 d) la théorie universalistique veut dire que les créoles sont les langues des enfants des esclaves, à savoir qu’il y avait une phase de la pidginisation concernant les parents de ces enfants et puis la phase de la créolisation de ce pidgin parental par ces enfants. Il y a des scientifiques qui sont opposés à cette affirmation, en faisant preuve que la créolisation n’est pas un procédé d’une génération comme cela était au cas du créole appelé Sranan (beaucoup de générations d’évolution) ou du créole haïtien (3 générations d’évolution).38 Pour ce qui est de la théorie e) feature pool hypothesis, elle propose qu’il y ait toujours une piscine des langues-lexifiers qui concurrencent mutuellement dont prend l’origine une langue commune sur la base de l’économie linguistique (la fréquence, la régularité, la signification transparente, l’importance phonologique, …) sous l’influence des facteurs écologiques et éthnographiques.39 En ce qui concerne les langues créoles, basées sur le français, on en connaît 9 jusqu’à nos jours : le créole haïtien, le créole guadeloupéen, le créole martiniquais, le créole guyanais, le créole réunionnais, le créole louisianais, le créole mauricien, le créole seychellois et le tayo, créole de la Nouvelle- Calédonie.40 Nous allons décrire seulement celui de Haïti, parce que ce créole

36 Lefebvre (2004, p. 17-18) ; Seya (2017, p. 3) ; STOLZ, Thomas (2007). Lexical typologiy, language contact and creolization. In MIHATSCH, W., SOKOL, M. (éds.). Sprachen, Gesellschaften und Kulturen in Lateinamerika. Peter Lang : Frankfurt am Main, 2007. 264 Seiten. ISBN 978-3-631-54554-6, pp. 19- 36 ; pp. 30, 33-34. 37 Lefebvre (2004, p. 17) ; Seya (2017, p. 3-4). 38 Lefebvre (2004, p. 19-20) ; Seya (2017, pp. 4-5). 39 Seya (2017, p. 5-6). 40 MICHAELIS, Susanne Maria (2013b). The survey of pidgin and Creole languages : Volume II, Portuguese- based, Spanish-based, and French-based languages. Oxford University Press : Oxford, 2013. 448 pages. ISBN 978-0-19-969141-8, pp. 196, 205, 220, 229, 241, 250, 261 et 271 ; Seya (2017, pp. 10- 13). 18 est utilisé par le plus grand nombre de locuteurs natifs de tous les créoles basés sur le français. Le créole haïtien englobe 9,5 millions de locuteurs natifs ce qui est quasi toute la population de Haïti (93 %) ; la population restante préfère de se servir du français (7 %) à cause de son prestige. Ce créole est devenu langue nationale, protégée par la constitution. À partir de l’an 1979, on l’utilise aussi en tant que langue d’éducation et pour cette raison, l’on peut trouver déjà environs 15 dictionnaires de cette langue.41 Jusqu’à l’an de 1979, le français dénotait un statut majeur en tant qu’une langue des élites, d’éducation et d’administration lorsque le créole haïtien occupait la position d’une langue de la communication informelle quotidienne.42 À la fin, nous allons montrer quelques phrases exemplaires de cette langue, en expliquant leurs lexèmes en parenthèses : a) Lè nou fin pale, m ap pati (lors nous finir parler, moi après partir).43 b) Li pèd pawòl, li pa sa pale (lui perd parole, lui pas savoir parler).44

Pour conclure, nous voudrions noter que la distinction entre les pidgins et les créoles n’est pas parfois considérée comme nette ou pertinente, parce l’on peut trouver certains pidgins qui dénotent la même manière d’expansion que les langues créoles, donc l’on devrait les passer plutôt pour les créoles que les pidgins. Certains scientifiques supportent cette affirmation en disant qu’il n’est pas important de distinguer les pidgins des créoles, puisqu’il est plutôt important de considérer la stabilisation des pidgins comme plus signifiante que la nativisation des créoles. Pour cette raison, ils se servent du terme commun PCs langues (pidgin-créole langues) que des termes imprécis de « pidgin » ou de « créole ».45 Ayant déjà touché les problèmes avec la terminologie, nous mentionnons aussi que le terme de « langues de contact » n’est pas assez précis, puisqu’il englobe non seulement les pidgins et les créoles, mais aussi les langues mixtes. Pour cette raison, certains scientifiques recommandent de se servir plutôt du terme « PCs langues » en tant que terme englobant seulement les pidgins et les créoles.46

41 Michaelis (2013b, p. 196). 42 Seya (2017, p. 11). 43 Michaelis (2013b, p. 199). 44 Idem, p. 200. 45 Lefebvre (2004, pp. 5-6). 46 Michaelis (2013a, p. 35). 19

III. LINGUA FRANCA

Lingua Franca est un terme ambigu, polysémique. Pour cette raison, nous avons tout d’abord à expliquer la terminologie de la Lingua Franca. La Lingua Franca dans son sens primordial réfère à un pidgin stable moyenâgeux méditerranéen, utilisé surtout pour les raisons de commerce. Puis, ce terme donna naissance à un terme plus commun de « lingua franca » (l’on ne sait pas quand, mais l’on suppose que cela se soit produit après les extensions des colonies européennes en Amérique, Afrique et en Asie), référant à n’importe quel pidgin, en étant donc le synonyme désuet du « pidgin ».47 La signification du terme « lingua franca » fut encore élargie en devenant un terme encore plus commun qui réfère à une langue qui facilite la communication entre les lecteurs dont la langue maternelle n’est pas la même ; il s’agit donc d’une langue de l’importance internationale, partagée par les gens pour les raisons diverses (à l’époque du Moyen-Âge, cela était le latin en tant que langue des savants et de la diplomatie, puis, à l’époque moderne, le latin fut remplacé par le français qui lui-même fut remplacé par l’anglais après la Seconde Guerre mondiale).48 La lingua franca/Lingua Franca peut donc signifier : a) le nom propre d’un pidgin méditerranéen (écrit très souvent « Lingua Franca »49) b) le synonyme désuet du pidgin (écrit très souvent « lingua franca ») c) une langue de l’importance internationale qui facilite la communication entre les gens qui ne partagent pas la même langue maternelle (écrit très souvent « lingua franca ») En ce qui concerne notre recherche, il s’agit donc logiquement d‘une analyse de la Lingua Franca, un pidgin méditerranéen.

3.1. LINGUA FRANCA MEDITERRANEA

La recherche de la Lingua Franca Mediterranea restait assez longtemps à part de l’intérêt des créolistes jusqu’à l’an de 1909 (où Hugo Schuchardt,

47 BROSCH, C. (2015). On the conceptual history of the term Lingua Franca. In Apples: Journal of Applied Language Studies, 9/1, pp. 71-85 ; pp. 71-74. 48 Idem, pp. 74-76 ; OSTLER, Nicholas (2010). The last lingua franca : The rise and fall of world languages. Penguin Books : London, 2010. 330 pages. ISBN 978-846-14216-1., pp. xv-xx. 49 L‘usage du terme de la Lingua Franca pour dénommer n’importe quel pidgin ; veuillez voir, par exemple, CLYNE, Michel (2000). Lingua Franca and ethnolects in Europa and beyond. In Sociolinguistica, 14, 83-89. 20 cofondateur de la créolistique,50 mentionna La Lingua Franca pour la première fois) et tout cela malgré qu’il puisse s’agir d’un pidgin le plus ancien qui se base sur le lexique européen et qui, en outre, aurait pu jouer un rôle important sur la genèse de tous les pidgins et les créoles.51 Par définition, la Lingua Franca était un pidgin stable52, basé surtout sur l’italien avec une addition de l’espagnol, du portugais, de l’arabe, du grec et du berbère. Il prit probablement son origine dans l’est de la Méditerranée après la quatrième croisade (1202-1204) pour pouvoir satisfaire les besoins commerciaux de l’Europe (tout d’abord seulement des cités de Gênes et de Venise) avec les pays du Levant, à savoir avec les Arabes, les Turcs et les Berbères. Puis, la Lingua Franca se répandit vers l’ouest de la Méditerranée. Par son origine, il s’agissait d’une langue d’un contact commercial qui devint ensuite aussi une langue de toutes les activités économiques dans la Méditerranée, y compris la piraterie et la commerce avec les esclaves. Ce pidgin fonctionnait aussi comme une langue commune des esclaves-chrétiens dans les colonies esclavagistes comme, par exemple, Alger. Cette « langue » mystérieuse disparut juste après que le champ d’action et d’influence de la Lingua Franca eut été envahi par les langues nationaux, surtout par le français au XIXème siècle.53 Néanmoins, selon les dernières analyses-opinions de C. Aslanov, la Lingua Franca fût un pidgin basé sur le portugais, puis complété aussi par l’espagnol et l’italien. Premièrement, ce pidgin aurait été utilité pour réaliser un contact entre les Portugais et les Marocains, d’où prirent naissance la variante espagnolisante en Alger et la variante italianisante en Tunisie et à Tripoli. Cette Lingua Franca aurait du être utilisée surtout pour réaliser la communication entre les chrétiens dans ces trois endroits. Pour la communication entre les chrétiens et les Arabes, Aslanov affirme qu’il y aurait dû être un arabe simplifié. Pour tout cela, il propose plusieurs raisons : l’influence de l’arabe et du turc très faible sur la Lingua Franca, les textes de la Lingua Franca écrits seulement par les Européens, le système verbal et nominal absolument opposé à celui de

50 SCHUCHARDT, Hugo. (1909). Die Lingua Franca. Zeitschrift für Romanische Philologie, 33, pp. 441-461. 51 ARENDS, Jacques (1999). A bibliography of Lingua Franca. The Carrier Pidgin : a newsletter for those interested in pidgin and creole languages 26, pp. 4-5 et 33-35 ; p. 4. 52 Selon le témoignage de Haedo dans sa publication, il aurait pu s’agir aussi d’un créole. Haedo témoigne que : « cette langue était utilisée dans chaque maison, et par les Turcs et les Maures, et par les hommes, les femmes et les enfants. Tout le monde paralait en Lingua Franca. » SELBACH, R. R. (2007). Lingua Franca of Mediterranean (1350-1830) : Finding Nessie ? In Ureland, P. S. – Lodge, A. – Pugh, S. (eds). Language Contact and Minority Languages on the Littorals of Europe. Logos-Verl. : Berlin, 2007. 394 pages. ISBN 9783832516444, pp. 149-160 ; p. 154. 53 Velupillai (2015, p. 151) ; Selbach (2007, p. 149) ; Brosch (2015, p. 71-73). 21 l’arabe et le fait que le portugais était une langue-intermédiaire du lexique arabe pour l’espagnol, l’italien et le français.54 En ce qui concerne les sources primaires de la Lingua Franca (à savoir les attestations physiques de cette langue), il y en a 48 en total dont 17 (35 %) sont les sources littéraires (c’est-à-dire les sources comme p.ex. Le Bourgeois Gentilhomme) et 31 (65 %) sont les sources de caractère documentaire (à savoir, les sources comme p.ex. les carnets de voyage).55 Quoique les sources documentaires puissent paraître comme plus nombreux, cela n’est pas ainsi pour ce qui est de leur contenu : les sources documentaires contiennent parfois seulement quelques mentions textuelles de la Lingua Franca, parfois seulement une, rarement des textes plus volumineux. Nous n’allons pas cependant énumérer toutes les sources l’une après l’autre, nous allons proposer juste le tableau résumatif suivant qui comprend les sources les plus importantes qui attestent que la Lingua Franca était probablement une sorte d’un pidgin méditerranéen utilisée à partir du XIVème siècle jusqu’au XIXème siècle :56

LES ATTESTATIONS DE LA LINGUA FRANCA MEDITERRANEA (LES SOURCES LES PLUS IMPORTANTES)

AN ŒUVRE (NOM) AUTEUR LIEU TYPE 1353 Zerbitana Retica anonyme Djerba poème dialogue 1484 Fabri Alexandrie fragment fragment d’un récit de voyage 1520 Villancico Encina Terre sainte chanson fragment Djerba et 1528 Giovio fragment une lettre adressée au pape Rome 1545 Zingana Giancarli Rovigo pièce de théâtre probablement 1581 Matona mia cara Lasso chanson Europe mémoires 1600 Dallam Rhode fragment de Master Thomas Dallam 1612 Topographia de Argel Haedo (ed.) Alger fragment Histoire dela Barbarie et de 1637 Pierre Dan Barbarie fragment ses corsaires fragment 1644 Tamayo Alger fragment dialogue avec un jésuite 1670 Le bourgeois Gentilhomme Molière France pièce de théâtre 1670 Diccionario Trinitario: Serrano Alger fragment

54 ASLANOV, C. (2014). Lingua Franca in the Western Mediterranean : between myth and reality. In BESTERS-DILGER, J., DENMARKAR, C., PFÄNDER, S., RABUS, A. (eds.). Congruence in Contact- Induced Language Change : Language Families, Typological Resemblance, and Perceived Similarity. De Gruyer : Berlin, 2014, pp. 122-136 ; pp. 122-126 et 131. 55 Arends (1999, pp. 4-5 et 33-35). 56 Selbach (2007, p. 151-152). 22

les rapports missionnaires 1697 L’Europe galante de la Mothe Turquie pièce de théâtre 1760 L’Impresario delle Smirne Goldoni Turquie pièce de théâtre Nachrichten und 1800 Bemerkungen über den Rehbinder Alger fragment algerischen Staat Avventure ed osservazioni 1817 Pananti Alger fragment sopra le coste di Barberia dictionnaire et Dictionnaire de la Langue Marseille et 1830 anonyme dialogues en Franque ou Petit Mauresque Alger exemples

Il y a encore des sources primaires, datées avant l’an de 1353 (p.ex. Credo in latinikè glôtta, Contrasto della Zerbitana, …), mais leur caractère est bizarre, il s’agit plutôt d’un latin corrompu ou d‘un dialecte italien que de la Lingua Franca elle-même ; néanmoins, l’on ne le sait pas avec certitude. Il y encore des sources après la date de 1830 (p.ex. L’Argérie qui s’en va, Voyage dans le sud de la Tunisie, …), mais elles présentent un mélange bizarre de l’arabe, du français et du sabir (=La Lingua Franca) ce qui est aussi loin de notre Lingua Franca.57 Pour cette raison, l’on préfère les sources plus évidentes que, par exemple, celles que nous avons présentées dans le tableau. En ayant déjà abordé la désignation « sabir », nous aimerions bien aussi expliquer la vaste nomenclature de la Lingua Franca. L’on peut rencontre les termes tels que sabir, le petit mauresque ou al-farangī/ lisān al-faranĝ, référant à la Lingua Franca58 ; le terme « sabir » provient de la variante du verbe savoir « saber » dans plusieurs langues romanes (portugais, espagnol, occitan, catalan, …).59 Le petit mauresque et le terme utilisé dans le dictionnaire de la Lingua Franca. Le terme al-farangī et ses variantes provient de l’arabe, attesté déjà au IXème siècle dans les textes arabes pour dénoter la langue des Européens, à l’exception de la langue des Grecs et des Slaves ; J. Dakhlia propose que ce terme pourrait référer seulement à la langue de l’Andalousie.60 Afin de faire la référence à la lingua franca, l’on utilise aussi le terme de « sabir ». Parfois, l’on trouve aussi le terme « franco », formé analogiquement à la Lingua Franca ; ce terme néanmoins réfère aussi à la langue des barbares de la Méditerranée

57 Arends (1999, pp. 4 et 33) ; CIFOLETTI, Guido. (1989). La Lingua Franca Mediterranea. Unipress : Padova, 1989. 253 pagine. ; pp. 208-210. 58 Selbach (2007, p. 149). 59 ARNAVIELLE, Teddy (2005). Langues : Histoires et usages dans l’aire méditéranéenne. L’Harmattan : Paris, 2005. 342 pages. ISBN 2-7475-9056-9. ; p. 281. 60 DAKHLIA, Jocelyne (2008). Lingua franca: Histoire d’une langue métisse en Méditerranée. Actes sud : France, 2008. 591 pages. ISBN 978-2-7427-8077-8. ; p. 43. 23 occidentale.61 Il y a aussi des différences internationales pour référer à la Lingua Franca, par exemple, les Anglais se servent du terme « fancko », les Alemands « franchensprache » et les Français utilisent le terme de « la langue franque ».62 Pour conclure ce chapitre, nous voudrions aussi noter que, grâce à l’enthousiasme des espérantistes, l’on peut trouver la Lingua Franca Nova (LFN), une langue auxiliaire internationale commune, basée sur l’espagnol, l’italien, le français, le catalan et le portugais qui a déjà son dictionnaire, sa grammaire fixe et les manuels d’apprentissage. L’inventeur de cette langue artificielle est Cornelis George Boerée, professeur-psychologue de l’Université Shippensburg en Pennsylvanie.63

3.2. MOLIÈRE ET LA LINGUA FRANCA MEDITERRANEA

En ce qui touche la Lingua Franca et la personnalité de Molière, le chercheur R. E. Wood propose 3 manières dont Molière ait pu se familiariser avec la Lingua Franca :64 1) Molière aurait pu entendre utiliser la Lingua Franca ou voire s’en servir lui-même pendant son adolescence, au temps où il aidait son père à maintenir la boutique de tapisserie à Paris. Cette boutique ne se trouvait pas loin du marché central de Paris, il était donc possible que son père fût en contact avec les tapissiers, les vendeurs d’étoffes et les autres marchands orientaux d’outre- mer qui pussent se servir de la Lingua Franca. Néanmoins, nulles bibliographies standards n’en offrent aucunes preuves. 2) Molière aurait pu aussi venir en contact avec la Lingua Franca pendant son séjour d’un acteur vagabond dans le sud de la France où il jouait beaucoup pour les marchands de Lombardie ou de Tuscania qui apportaient avec eux leurs acteurs italiens. Ces acteurs n’étaient que de l’origine italienne, mais ils étaient aussi les immigrés d’outre-mer qui auraient pu utiliser la Lingua Franca,

61 Arnavielle (2005, p. 281). 62 Selbach (2007, p. 149). 63 Les sites officiels de la LFN. Disponible online : http://elefen.org ; Les sites officiels de l’Omniglot. Disponible online : http://www.omniglot.com/writing/lfn.htm ; Les sites officiels de The Info List. Disponible online : http://www.theinfolist.com/php/SummaryGet.php?FindGo=Lingua_Franca _Nova [consulté en décembre 2018] ; FORSYTH, Richard (2012). In Praise of Fluffy Bunnies. Disponible online : http://www.richardsandesforsyth.net/docs/bunnies.pdf . 64 WOOD, R. E. (1971). The Lingua Franca in Molière’s Le Bourgeois Gentilhomme. In University of South Florida Language Quarterly (USF Language Quarterly) 10 (1/2), pp. 2-6 ; p. 3. 24 surtout en contact avec les Français. Cela peut expliquer pourquoi la Lingua Franca de Molière dénote « une nature italienne ». 3) Le Chevalier d’Arvieux, consul-ambassadeur de Louis XIV au Levant, aurait pu servir à Molière en tant qu’intermédiaire de la culture, des mœurs et de la Lingua Franca. Sa Majesté le Roi lui-même procura Molière et Lully par cet ambassadeur.

Comme nous avons déjà dit, la pièce de Le Sicilien ou L’Amour peintre fut écrite en 1667, ce qui fut 3 ans avant la rencontre de Molière avec le Chevalier d’Arvieux ; l’influence de celui-ci sur cette pièce peut alors être exclue. Les sources de la Lingua Franca pour cette pièce donc auraient du être soit le contact de Molière avec les marchands arabes ou turcs à Paris, soit le contact de Molière avec les acteurs d’outre-mer pendant son séjour en Italie, soit toutes les deux possibilités. En ce qui touche l’influence du Chevalier d’Arvieux sur la pièce de Le Bourgeois Gentilhomme, cette influence est possible, quoique peu possible, parce que le Chevalier d’Arvieux avoua, dans ses mémoires, qu’il connaissait la Lingua Franca, mais pas autant pour qu’il s’en servît dans la communication. En outre, les exemples de la Lingua Franca que celui-ci présenta dans ses mémoires, ne sont pas, de notre point de vue, assez convaincants : « Benvenuto, como estar, bono, forte, gramercy ; non far tanta fantasia »65. Il ne mentionna rien d’autre que ces morceaux des phrases de base.

65 ARVIEUX, Laurent d’. (1735). Mémoires du chevalier d'Arvieux, envoyé extraordinaire du Roy à la Porte, consul d'Alep, d'Alger, de Tripoli et autres Échelles du Levant : contenant ses voyages à Constantinople, dans l'Asie, la Syrie, la Palestine, l'Égypte et la Barbarie.... Tome III. C.-J.-B. Delespine : Paris, 1735. 584 pages. ; pp. 418, 423 et 431. 25

IV. ANALYSE DU CORPUS DE LA LINGUA FRANCA DE MOLIÈRE

Dans cette partie de notre travail, nous allons présenter les passages choisis en les accompagnant des commentaires et des explications. Cette analyse aura 3 parties importantes : celle d’une analyse sémantique, celle d’une analyse stylistique et traductionnelle des traductions existantes et celle dans laquelle nous allons proposer nos propres traductions des passages analysés en les accompagnant des commentaires.

4.1.L’ANALYSE SÉMANTIQUE

Dans cette partie de notre analyse, nous allons nous concentrer surtout sur la signification, le caractère et l’origine possible du lexique présenté dans le corpus de la Lingua Franca de Molière (à savoir, l’influence de l’espagnol, de l’italien ou du français)66.

4.1.1. LE BOURGEOIS GENTILHOMME – PASSAGE 1

Nous pouvons trouver le premier passage à analyser dans l’acte IV, scène 5 de Le Bourgeois Gentilhomme ; il s’agit du solo de Mufti :

A) MUFTI – SOLO 1 (Bourgeois Gentilhomme, Acte IV, Scène 5)

ORIGINAL67 COMMENTAIRE LE MUFTI : se (conj.)69 – l’influence de l’italien, de l’espagnol ou du français (se, Se ti sabir, si : si)70 ; ti (pron.) – le COI/COD en fonction du sujet, l’influence de Ti rispondir68, l’italien, de l’espagnol ou du français (ti/te, te/ti : te/toi) ; sabir (v.) – Se non sabir, l’influence de l‘espagnol ou de l’italien (sapere, saber : savoir), l’arabe Tazir, tazir. n’a pas de « p », pourquoi « p » → « b », dans la variante italienne – Mi star Mufti, l’assimilation ; rispondir/respondir (v.) – l’influence de l’espagnol ou Ti qui star ti? de l’italien (rispondere , responder : répondre) ; non (adv.) – Non intendir; l’influence de l’italien, de l’espagnol ou du français (non, non Tazir, tazir. (désuet.) : non) ; tazir (v.) – l’influence de l’italien ou du français

66 Nous avons exclu l’influence du portugais ou du catalan, puisque nous ne connaissons pas ces langues et, en outre, ces langues n’ont pas de dictionnaires étymologiques d’une bonne qualité, ce qui compliquerait toute la recherche. 67 Molière (1949, p. 309) ; Acte 4, scène 5. 68 La variante de « respondir » en Molière (1965, p. 179). 69 Les marques de base : verbe (v.), déterminant (dét.), nom (n.), pronom (pron.), adjectif (adj.), adverbe (adv.), préposition (prép.), conjonction (conj.), interjection (interj.), phrase (phr.), suffixe (suff.). 70 Les entrées sont toujours rangées dans la même série : (italien, espagnol : français) ; les exceptions seront marquées. 26

(tacere : taire) avec l’approximation de la prononciation pour l’arabe [tʃ → z] ; mi (pron.) – le COI/COD en fonction du sujet, l’influence de l’italien, de l’espagnol ou du français (mi/me, me/mí : me/moi), mais plutôt de l’italien seulement ; star (v.) – l’influence de l’italien ou de l’espagnol (stare, estar : être), l’élimination du « e » prothétique n’est pas problème : veuillez voir l’entrée « scarcina » ; Mufti (n. prop. et com.) – l’influence de l’arabe (muftí : l’interprète de la loi musulmane) ; qui (pron.) – l’influence de l’italien ou du français (chi : qui) ; intendir (v.) – l’influence de l’espagnol ou de l’italien (intendere, entender : comprendre, entendre).

Pour analyser le lexique de ce passage, l’on peut le commenter ainsi. Par rapport à la conjonction se (fr. si71), nous trouvons qu’il y a une influence de l’italien « se »72, de l’espagnol « si »73 ou du français « si » ; il est possible que la variante espagnole ou française ait subi l’approximation de la prononciation, à savoir que l’« i » fermé ait été remplacé par l’« e » ouvert dans une syllabe ouverte accentuée. L’on peut le considérer comme une influence de l’arabe ou du turc ; ce changement ne touche que cette conjonction, mais il y en a beaucoup d’autres preuves dans tout le corpus de Molière. Le pronom personnel ti (fr. tu), le COI/COD du pronom personnel « tu » de l’italien, de l’espagnol ou du français (ti/te74, te/ti75 : te/toi76) en fonction du sujet, est une marque typique des PCs langues, y compris les PCs basés sur les langues romanes, qui se servent surtout des pronoms du COI ou du COD en fonction du sujet. Le pronom personnel italien, espagnol et français qui termine par -e (te, te, te) aurait pu subir l’approximation de la prononciation (e → i) sous l’influence de l’arabe. La variante française « toi », dans l’ancien français « tei » aurait pu passer la monophtongaison en produisant la forme de « ti », quoique cela eût été un changement peu possible ; pour cette raison toutes les formes du COI et COD des langues romanes choisies peuvent être passées pour les formes potentielles

71 Centre National de Ressources Textuelles et Lexicales (CNRTL) – l’entrée « si ». Disponible online : http://www.cnrtl.fr/etymologie/si [consulté en novembre 2018]. 72 Treccani – l’entrée « se ». Disponible online : http://www.treccani.it/vocabolario/se2/ [consulté en novembre 2018]. 73 Real Academia Española. Diccionario de la lengua española (sigle – RAE : DLE) – l’entrée « se ». Disponible online : http://dle.rae.es/?id=XmM8PPL|XmMshCc [consulté en novembre 2018]. 74 Treccani – l’entrée « ti ». Disponible online : http://www.treccani.it/vocabolario/ti2/ ; Treccani – l’entrée « te ». Disponible online : http://www.treccani.it/vocabolario/te1_res-3641f6ae-0036- 11de-9d89-0016357eee51/ [consulté en novembre 2018]. 75 RAE : DLE – l’entrée « te ». Disponible online : http://dle.rae.es/?id=ZHbpNE9|ZHbtI24 ; RAE : DLE – l’entrée « ti ». Disponible online : http://dle.rae.es/?id=ZhjwWgn [consulté en novembre 2018]. 76 CNRTL – l’entrée « te ». Disponible online : http://www.cnrtl.fr/etymologie/te ; CNRTL – l’entrée « toi ». Disponible online : http://www.cnrtl.fr/etymologie/toi [consulté en novembre 2018]. 27 sourcières de « ti » dans la Lingua Franca. Le verbe sabir (fr. savoir77) paraît être emprunté à l’espagnol ou à l’italien (sapere78, saber79 : savoir) ; d’un seul coup d’œil, l’on pourrait dire que ce mot ne provient que de l’espagnol, mais grâce à l’influence de l’arabe qui n’a pas de consonne « p » qu’il remplace par la consonne « b »80, l’on peut voir aussi l’influence de l’italien et son verbe « sapere » qui, sous l’influence de l’apocope (à savoir de la contraction ou de l’élimination de la partie finale du mot, dans notre cas il s’agit de la voyelle finale « e ») et sous l’influence de l’arabe, aurait pu produire la forme de « sabir ». Le verbe rispondir et sa variante respondir (fr. répondre81) pourraient provenir de l’italien « rispondere82 » ou de l’espagnol « responder83 », en ayant subi l’approximation de la prononciation de l’« e » vers l’« i » dans les positions accentuées ; la forme italienne aurait dû aussi être influencée par l’apocope, la perte de l’« e » final. L’adverbe de négation non (fr. non) pourrait être influencé par l’italien « non »84, l’espagnol « non (désuet.) »85 ou du français « non »86 ; la nasalisation en français est un changement tardif, les Arabes et les Turcs donc auraient pu emprunter la forme non-nasalisée. La forme espagnole est aujourd’hui considérée comme désuète, mais cela n’exclut pas son influence possible sur cet adverbe dans la Lingua Franca. Le verbe tazir (fr. taire87) pourrait provenir de l’italien

77 CNRTL – l’entrée « savoir ». Disponible online : http://www.cnrtl.fr/etymologie/savoir [consulté en novembre 2018]. 78 Treccani – l’entrée « sapere ». Disponible online : http://www.treccani.it/vocabolario/sapere2/ [consulté en novembre 2018]. 79 RAE : DLE – l’entrée « saber ». Disponible online : http://dle.rae.es/?id=WsvRvUO|WswcTXr [consulté en novembre 2018]. 80 Veuillez voir, par exemple, Le Dictionnaire de la langue franque ou petit mauresque, suivi de quelques dialogues familiers et d'un vocabulaire de mots arabes les plus usuels, à l'usage des Français en Afrique (1831). Feissat et Demonchy : Marseille, 1831. 109 pages. Sur la page no 41, il y a pour le nom français « hôpital » mentionné le synonyme « osbidal » en Langue Franque qui dénote ce changement de « p » en « b » ainsi que l’apocope de « e » final. Et il y en plusieurs exemplaires dans tout le dictionnaire. 81 CNRTL – l’entrée « répondre ». Disponible online : http://www.cnrtl.fr/etymologie/répondre [consulté en novembre 2018]. 82 Treccani – l’entrée « rispondere ». Disponible online : http://www.treccani.it/vocabolario/rispondere/ [consulté en novembre 2018]. 83 RAE : DLE – l’entrée « respoder ». Disponible online : http://dle.rae.es/?id=WCjZamy [consulté en novembre 2018]. 84 Treccani – l’entrée « non ». Disponible online : http://www.treccani.it/vocabolario/non/ [consulté en novembre 2018]. 85 RAE : DLE – l’entrée « non ». Disponible online : http://dle.rae.es/?id=QalgZpX|QamvHwa [consulté en novembre 2018]. 86 CNRTL – l’entrée « non ». Disponible online : http://www.cnrtl.fr/etymologie/non [consulté en novembre 2018]. 87 CNRTL – l’entrée « taire ». Disponible online : http://www.cnrtl.fr/etymologie/taire [consulté en novembre 2018]. 28

« tacere »88, en ayant subi l’approximation de la prononciation du [tʃ] italien vers le [z] arabe ; le verbe ne dénote pas l’origine espagnole, puisque le « tacere » latin n’était pas productif dans cette langue, en ayant été remplacé par le verbe vulgaire latin « callare », provenant du verbe grec « χαλᾶν : descendre »89. La source potentielle paraîtrait aussi le verbe « taire » dans l’ancien français où l’on trouve les formes asigmatiques « taire, teire, tere », utilisées très souvent, aussi que les variantes sigmatiques « taisir, teisir, tesir, toisir », moins connues, mais utilisées.90 L’on ne peut pas alors exclure entièrement l’influence du français. Le pronom personnel mi (fr. je) en fonction du sujet, pourrait provenir de l’italien, de l’espagnol ou du français, en étant formé par les variantes des pronoms personnels du « je » dans ces trois langues (mi/me91, me/mí92 : me/moi93). En ce qui concerne les variantes avec -e final (me, me, me), elles auraient pu subir l’approximation de la prononciation (e → i) sous l’influence de l’arabe ; il faut aussi mentionner que la variante française « moi », existant dans l’ancien français sous forme de « mei », aurait été aussi la source potentielle du « mi » de la Lingua Franca, en ayant passé la monophtongaison sous l’influence de l’arabe ou du turc (mei → mi). Il s’agit d’un cas extrême mais l’on ne peut pas l’omettre. Le pronom « mi » de la Lingua Franca est la marque de la stabilisation de ce pidgin. Le verbe star (fr. être94) dénote l’influence de l’italien « stare »95 ou de l’espagnol « estar »96 ; celui-ci subissant l’élimination de l’« e » prothétique (estar → star), celui-là l’apocope (stare → star) ; la variante française « être » passa déjà le changement de la syncope dans l’ancien français (estare → estre) ;

88 Treccani – l’entrée « tacere ». Disponible online : http://www.treccani.it/vocabolario/tacere/ [consulté en novembre 2018]. 89 RAE : DLE – l’entrée « callar ». Disponible online : http://dle.rae.es/?id=6pebbaT [consulté en novembre 2018]. 90 OKADA, Machio, OGURISU, Hitoshi. Tableaux de conjugaison de l’ancien français (TCAF), 2007-2012. L’entrée « taire ». Disponible online : http://micmap.org/dicfro/search/tableaux-de- conjugaison/taire [consulté en novembre 2018]. 91 Treccani – l’entrée « mi ». Disponible online : http://www.treccani.it/vocabolario/mi1/ ; Treccani – l’entrée « me ». Disponible online : http://www.treccani.it/vocabolario/me1/ [consulté en novembre 2018]. 92 RAE : DLE – l’entrée « me ». Disponible online : http://dle.rae.es/?id=OhaNBJs ; RAE : DLE – l’entrée « mí ». Disponible online : http://dle.rae.es/?id=P9vGzr7 [consulté en novembre 2018]. 93 CNRTL – l’entrée « me ». Disponible online : http://www.cnrtl.fr/etymologie/me ; CNRTL – l’entrée « moi ». Disponible online : http://www.cnrtl.fr/etymologie/moi [consulté en novembre 2018]. 94 CNRTL – l’entrée « être ». Disponible online : http://www.cnrtl.fr/etymologie/être [consulté en novembre 2018]. 95 Treccani – l’entrée « stare ». Disponible online : http://www.treccani.it/vocabolario/stare/ [consulté en novembre 2018]. 96 RAE : DLE – l’entrée « estar ». Disponible online : http://dle.rae.es/?id=GnJiqdL [consulté en novembre 2018]. 29 il faut alors exclure son influence dans le cas de la Lingua Franca. Le nom propre et commun mufti (fr. mufti) provient de l’arabe muftí97, en signifiant celui qui interprète la loi musulmane. Le pronom interrogatif qui (fr. qui) paraît prendre l’origine dans l’italien ou le français (chi98 : qui99) ; l’espagnol se sert de la forme « quién »100. Le verbe intendir (fr. comprendre, entendre) présente les signes de l’italien « intendere »101 ou de l’espagnol « entender »102 ; tous les deux verbes influencés par l’approximation hypothétique de la voyelle « e » vers la voyelle « i » dans les positions non-accentuées. Le verbe « entendre » du français ne convient pas à cette forme de la Lingua Franca, parce qu’il existait déjà sous forme actuelle dans l’ancien français, en ayant passé la syncope dans le latin vulgaire (*intendere → intendre). En outre, la signification « comprendre » du verbe italien n’est pas la signification principale et la plus utilisée, c’est la signification « percevoir par l’ouïe » ; au contraire de cela, le verbe espagnol « entender » dénote principalement la signification « comprendre. ». Nous pouvons donc en déduire que l’influence de l’espagnol est plausible dans ce cas. Pour conclure, nous voudrions noter que ce passage dénote les caractères de la stabilisation (les pronoms personnels du COI/COD en fonction du sujet) et que les changements que le lexique italien, français ou espagnol aurait pu subis sont : l’apocope (stare → star), l’élimination de l’« e » prothétique, à savoir l’aphérèse (estar → star), la monophtongaison (mei → mi) ou de certains types de l’approximation de la prononciation (si → se, saber → sabir, tacere → tazir, sapere → sabir). Ce passage contient 21 mots en total dont seulement 12 lexèmes, à savoir 12 unités à signification singulière. Pour ce qui est du caractère de la Lingua Franca dans ce passage, elle ne dénote rien de particulier ce qui pourrait indiquer que cela n’est pas la Lingua Franca.

97 Larousse – l’entrée « mufti ». Disponible online : https://www.larousse.fr/dictionnaires /francais/mufti/53117?q=muphti#209742 [consulté en novembre 2018]. 98 Treccani – l’entrée « chi ». Disponible online : http://www.treccani.it/vocabolario/chi1/ [consulté en novembre 2018]. 99 CNRTL – l’entrée « qui ». Disponible online : http://www.cnrtl.fr/etymologie/qui [consulté en novembre 2018]. 100 RAE : DLE – l’entrée « quién ». Disponible online : http://dle.rae.es/?id=Uphrd7C [consulté en novembre 2018]. 101 Treccani – l’entrée « intendere ». Disponible online : http://www.treccani.it/vocabolario/intendere/ [consulté en novembre 2018]. 102 RAE : DLE – l’entrée « entender ». Disponible online : http://dle.rae.es/?id=Fgmrlt6|FgqY9Xy [consulté en novembre 2018]. 30

4.1.2. LE BOURGEOIS GENTILHOMME – PASSAGE 2

Le deuxième passage se trouve dans le même acte et la même scène ; il s’agit de nouveau du solo de Mufti :

B) MUFTI – SOLO 2 (Bourgeois Gentilhomme, Acte IV, Scène 5)

ORIGINAL103 COMMENTAIRE LE MUFTI : Mahametta (n. prop.) – l’influence du latin, de l’italien ou du Mahametta per Giourdina, français (lat. Mahometus, Mahametus, Mohametus, it. Mi pregar, sera é mattina. Maometto : Mahomet), l’assimilation de la prononciation ; -a Voler far un Paladina final (suff.) – le suffixe verbal masculin arabe ; le suffixe Dé Giourdina, dé Giourdina, substantival féminin arabe ou roman – plus de régularité, plus Dar turbanta, é dar scarcina, faciles à apprendre ; per (prép.) – l’influence de l’italien (per : Con galera é brigantina, pour) ; Giourdina (nom. prop.) – Jourdain écrit en Per deffender Palestina. l’italianisant ; mi (pron.) – le COI/COD en fonction du sujet, Mahametta per Giourdina, l’influence de l’italien, de l’espagnol ou du français (mi/me, Mi pregar, sera é mattina. me/mí : me/moi) ; pregar (v.) – l’influence de l’italien (pregare : prier), l’apocope ; sera (n.) – l’influence de l’italien (sera : soir, soirée) ; é (conj.) – l’influence de l’italien ou du français (e : et), une orthographe intentionnelle française de Molière ; mattina (n.) – l’influence de l’italien, de l’espagnol ou du français (mattina, matino (désuet.) : matin) ; voler (v.) – l’influence de l’italien (volere : vouloir), l’apocope, pourquoi n’y-a-t-il pas d’approximation de la prononciation de l’« e » vers l’« i » ? ; far (v.) – l’influence de l’italien (fare : faire), l’apocope ; un (dét.) – l’influence de l’italien, de l’espagnol ou du français (un, un : un), une construction bizarre « far un paladina » ; paladina (n.) – l’influence de l’italien, de l’espagnol ou du français (paladino, paladín : paladin) ; dé (prép.) – l’influence de l’italien, de l’espagnol ou du français (di, de : de), une orthographe intentionnelle française de Molière ; dar (v.) – l’influence de l’italien ou de l’espagnol (dare, dar : donner) ; turbanta (n.) – l’influence de l’espagnol, de l’italien ou du français (turbante, turbante : turban) ; scarcina (n.) – l’influence de l’espagnol qui emprunta l’adjectif « scarso (fr. raccourci, diminué) » à l’italien en en formant le mot « escarcina » que les Arabes empruntèrent en éliminant l’« e » prothétique ; con (prép.) – l’influence de l’espagnol, de l’italien ou du français (con, con : avec) ; galera (n.) – l’influence de l’espagnol ou l’italien (galera/galea, galera : galère) ; brigantina (n.) – l’influence de l’italien (brigantino : brigantin) ; deffender (v.) – l’influence l’espagnol ou de l’italien (difendere, defender : défendre) ; Palestina (n. prop.) – le nom propre, l’influence de l’italien, de l’espagnol ou du français (Palestina, Palestina : Palestine).

103 Molière (1949, p. 309) ; Acte 4, scène 5. 31

Voilà, l’analyse lexicale : le nom propre Mahametta (fr. Mahomet) dénote l’influence du latin « Mahametus »104, du français « Mahomet »105, surtout par sa structure, ou de l’italien « Maometto »106 ; le synonyme espagnol « Mahoma »107 n’y convient pas. De surplus, l’on aperçoit l’écriture italienne, surtout les « tt » que l’on peut trouver dans le synonyme italien « Maometto » qui, au contraire ne contient pas de « h » ; il pourrait s’agit d’une orthographe influencée par Molière qui respectait les règles de l’orthographe française en les entremêlant avec celles de l’italien, ce qui nous paraît un peu bizarre parce que Molière connaissait bien l’italien. Le nom italien pourrait aussi être la source de ce mot grâce à l’assimilation de la prononciation (Maometto → Maametto) sous l’influence de l’arabe et sous l’influence de Molière qui aurait pu ajouter le « h », quoiqu’on le prononçât ou pas. De plus, l’on ne connaît pas la prononciation de ce mot dans cette pièce, donc l’on ne peut qu’estimer la prononciation réelle : si l’« h » avait été prononcé, il y aurait eu de l’influence du latin, de l’arabe ou du français (les Français eux-mêmes utilisèrent le « h » aspiré jusqu’aux XVIIème- XVIIIème siècles, il n’aurait alors pas été aucun problème pour eux de l’imiter108), si non, il y aurait eu de l’influence de l’italien. Nous estimons que Molière, en

104 Il y a de nombreuses variations de ce nom propre en latin : Mahum, Maho, Mahometus, Mahumetus, Machometus, Mahometes, Mahametus, Mohamettus, … Du CANGE, et alli. (1883- 1887). Glossarium mediae et infimae latinitatis. Niort : L. Favre, 1883-1887. Disponible online: http://ducange.enc.sorbonne.fr/?clear=1 . L’entrée – « Mahum/Maho ». Disponible online : http://ducange.enc.sorbonne.fr/Mahum ; HOFFMANNUS, Iacobus (1698). Lexicon universale. Disponible online : https://www2.uni-mannheim.de/mateo/camenaref/hofmann.html . Les entrées « Mahometus, Mahumetus, Machometus ou Mahometes ». Disponible online : https://www2.uni-mannheim.de/mateo/camenaref/hofmann/hof3/s0190a.html , https://www2. uni-mannheim.de/mateo/camenaref/hofmann/hof3/s0020a.html ; MERIAN, Matthaeus (1649). Archontologia Cosmica, sive imperiorum, regnorum ... omnium per totum terrarum orbem commentarii luculentissimi ... primo opera & studio Jo. Ludovici Gotofredi, ex gallico ... exemplari in sermonem latinum conversi (etc.). Francfort, 1649. Iohanis Ludovicus Gotofred traduisit du français en latin. 197 pages, p. 149. L’entrée – « Mahametus ». Disponible online : https://books.google.cz/books?id=K1VjAAAAcAAJ&pg=RA1-PA149&lpg=RA1-PA149&dq= Mahametus&source=bl&ots=e7xv6Cqc9F&sig=ovGanVyELXhyj2mPxKsMv7RQk7Q&hl=cs&sa=X&v ed=2ahUKEwjLwu267vTeAhUNKVAKHXzKBH8Q6AEwCHoECAMQAQ#v=onepage&q=Mahametus &f=false ; AERTS, Willem J. (2015). Michaellis Pselli Historia Syntomos. Walter de Gruyter : Berlin, 2015. 267 pages, p.173. L’entrée – « Mohamettus ». Disponible online : https://books.google.cz/books?id=C3tdDwAAQBAJ&pg=PA173&lpg=PA173&dq=Mohametus&so urce=bl&ots=NpstoqdkMy&sig=FkUkI5JMrbsU9j00JjpmJxYFwLQ&hl=cs&sa=X&ved=2ahUKEwjp2e D97_TeAhWIlosKHYFNCoYQ6AEwEHoECAkQAQ#v=onepage&q=Mohametus&f=false). 105 CNRTL – l’entrée « Mahomet ». Disponible online : http://www.cnrtl.fr/definition/mahomet [consulté en novembre 2018]. 106 Treccani – l’entrée « maometto ». Disponible online : http://www.treccani.it/enciclopedia/maometto [consulté en novembre 2018]. 107 Dictionnaire Definiciona : Definición y etymología. L’entrée « escarcina ». Disponible online : https://definiciona.com/escarcina/ [consulté en novembre 2018]. 108 MACHONIS, Peter A (1990). Histoire de la langue : Du latin à l’ancien français. University Press of America : Boston, 1990. 261 pages. ISBN 9780819178749. ; pp. 92-93. 32

étant bien conscient de l’orthographe italienne, ait voulu plutôt mettre en relief la prononciation avec « h » et pour cette raison il l’ajouta dans l’orthographe italienne de ce mot pour prévenir les acteurs de ce changement de la prononciation. En outre, les Arabes et les Turcs prononçaient cet « h » avec certitude. Le suffixe -a final pourrait référer au suffixe -a masculin arabe qui concerne les verbes au prétérit en dénotant la 3. personne masculin du singulier109 (ce qui est aussi la forme verbale dictionnairique de base) ; dans ce cas, nous croyons cependant qu’ils s’agit plutôt du suffixe substantival ou adjectival féminin -a que l’on trouve dans les langues romanes, le latin et les langues arabes110 qui représente un adjectif ou un nom féminin au singulier ; la variante de l’emprunt à l’italien ou à l’espagnol est plus possible que l’emprunt à l’arabe. Les PCs langues ont, en effet, tendance à emprunter les formes féminines des substantifs et des adjectifs en les utilisant d’une manière générale, à savoir pour tous les deux genres ; les PCs langues préfèrent les formes féminines parce que ces formes présentent plus de régularités et sont plus faciles à apprendre et à déchiffrer. L’influence du suffixe -a arabe masculin peut être trouvable chez Molière surtout vu de certains verbes ; il pourrait s’agir aussi de l’influence des langues romanes et leur futur simple qui comprend le suffixe -a dans la 3. personne du singulier. La préposition per (fr. pour) présente absolument l’influence de l’italien « per »111 ; ni l’espagnol ni le français ne possède aucune forme proche de ladite préposition. Dans l’ancien français l’on trouve la préposition « per »112, mais elle dénote un usage spécifique que la préposition usuelle « por, pur, pour, pro »113. Nous pouvons donc éliminer l’influence du français. Le nom propre Giourdina (fr. Jourdain) nous paraît comme un calque de Molière qui décida d’italianiser le nom de Jourdain pour que ce nom convînt aux besoins de la Lingua Franca présentée dans le texte ; l’on ne trouve cette forme que dans les passages de la Lingua Franca. Le pronom personnel mi (fr. je) en fonction du sujet, provient du COI ou COD des pronoms personnels de « je » de l’italien, de l’espagnol ou du français. En ce qui concerne

109 Arabic learning resources – conjugation for Standard and Egyptian Arabic. Disponible online : https://arabic.desert-sky.net/g_conj.html [consulté en novembre 2018]. 110 Arabic learning resources – in Egyptian Arabic. Disponible online : https://arabic.desert- sky.net/g_nouns.html ; Arabic learning resources – in Egyptian Arabic. Disponible online : https://arabic.desert-sky.net/g_adj.html [consulté en novembre 2018]. 111 Treccani – l’entrée « per ». Disponible online : http://www.treccani.it/vocabolario/per [consulté en novembre 2018]. 112 GODEFROY, Frédéric (1881). Dictionnaire de l’ancienne langue française. F. Vieweg : Paris, 1881. 788 pages. Vol. V., p. 730. 113 Godefroy (1881, vol. VI., p. 279). 33 les variantes avec -e final (me, me, me), elles auraient pu subir l’approximation de la prononciation (e → i) sous l’influence de l’arabe ; il faut aussi mentionner que la variante française « moi », existant dans l’ancien français sous forme de « mei », aurait pu être aussi la source potentielle du « mi » de la Lingua Franca, en ayant passé la monophtongaison sous l’influence de l’arabe ou du turc (mei → mi). Il s’agit d’un cas extrême mais l’on ne peut pas l’omettre. Le pronom « mi » de la Lingua Franca est la marque de la stabilisation de ce pidgin. Le verbe pregar (fr. prier) dénote l’influence de l’italien « pregare »114 ; le lexique français et espagnol ne possède pas cette forme verbale. Le verbe italien aurait dû subir la syncope (pregare → pregar). Le nom commun sera (fr. soir, soirée) dénote l’influence de l’italien « sera »115 ; le français et l’espagnol ne se servent pas de ce mot, en l’ayant jadis remplacé par un autre synonyme latin « sero (fr.), tarde (es.) ». La conjonction é (fr. et) dénote assurément l’influence de l’italien ou du français (e116 : et117) dont l’orthographe fut intentionnellement francisée par Molière pour les acteurs français qui ne l’auraient pas prononcé comme [e], mais comme [ə] si Molière n’avait pas utilisé l’accent aigu. Dans l’espagnol, l’on y trouve la conjonction « y » et sa variante d’alternance « e »118 dont nous doutons qu’elle ait pu avoir l’influence sur cette conjonction de la Lingua Franca en tant que très peu utilisée. Le nom commun mattina (fr. matin119) présente les caractères de l’italien « mattina »120, non seulement par sa forme phonétique, mais surtout par son écriture qui fut italianisée par Molière. Le mot pourrait provenir aussi de l’espagnol « matino (désuet.) », aujourd’hui considéré comme désuet, mais cela n’élimine pas son influence potentielle sur ce mot dans la Lingua Franca ; dans ce cas, le suffixe -a refléterait l’influence du suffixe -a féminin de l’italien ou de l’espagnol (ou de l’arabe) sous l’influence de l’arabe ou du turc afin de former les formes plus régulières et analogiques. Il est aussi

114 Treccani – l’entrée « pregare ». Disponible online : http://www.treccani.it/vocabolario/pregare/ [consulté en novembre 2018]. 115 Treccani – l’entrée « sera ». Disponible online : http://www.treccani.it/vocabolario/sera/ [consulté en novembre 2018]. 116 Treccani – l’entrée « e ». Disponible online : http://www.treccani.it/vocabolario/e/ [consulté en novembre 2018]. 117 CNRTL – l’entrée « et ». Disponible online : http://www.cnrtl.fr/etymologie/et [consulté en novembre 2018]. 118 RAE : DLE – l’entrée « e ». Disponible online : http://dle.rae.es/?id=EIVnk2C|EIVzI8t [consulté en novembre 2018]. 119 CNRTL – l’entrée « matin ». Disponible online : http://www.cnrtl.fr/etymologie/matin [consulté en novembre 2018]. 120 Treccani – l’entrée « mattina ». Disponible online : http://www.treccani.it/vocabolario/mattina/ [consulté en novembre 2018]. 34 possible que ce mot ait été emprunté au français, parce que la nasalisation est un procédé tardif, les Arabes et les Turcs donc auraient pu emprunter ce mot avant en ajoutant le suffixe -a. Cela est très peu probable, mais l’on ne peut pas l’omettre. Le verbe voler (fr. vouloir) provient probablement de l’italien « volere »121, puisque l’espagnol ne possède pas ce verbe dans son lexique (le verbe latin volere fut remplacé par le verbe quaerere, esp. querer122) et la forme « voler » dans l’ancien français est un phénomène plutôt marginal, l’on utilisait de préférence les formes telles que « voleir, vuleir, voloir, etc. »123 ; nous considérons la forme « voler » dans l’ancien français plutôt comme une forme analogique, conservant l’orthographe latine. Le verbe italien subit l’apocope en créant la forme « voler » de la Lingua Franca. Par rapport à cette forme, nous restons ravi un peu pourquoi cette forme n’ait pas subi l’approximation de la prononciation de l’« e » vers l’« i » comme dans les autres cas (p.ex. saber → sabir). Il nous arrive une explication : l’usage fréquent de ce verbe aurait pu conserver sa forme ; les PCs langues tendent à utiliser les verbes modaux ou des constructions similaires pour exprimer certains modes verbaux124. Le verbe vouloir aurait alors pu être utilisé pour former le futur ou l’impératif, par exemple, tout en conservant sa forme originale. Le verbe far (fr. faire) paraît prendre son origine dans l’italien « fare »125, subissant l’apocope sous l’influence de l’arabe. Ce verbe pourrait aussi dénoter l’influence de l’ancien français, mais nous le considérons peu probable, puisque la forme française « fare/farre »126 était un phénomène marginal, conservant plutôt l’orthographe latine que référant à la prononciation de cette époque-là. Les formes les plus fréquentes dans l’ancien français étaient « faire, feire ou fere ». Le déterminant indéfini un

121 Treccani – l’entrée « volere ». Disponible online : http://www.treccani.it/vocabolario/volere1/ [consulté en novembre 2018]. 122 RAE : DLE – l’entrée « querer ». Disponible online : http://dle.rae.es/?id=UnvXEIb|Unz1d3h [consulté en novembre 2018]. 123 TCAF – l’entrée « vouloir ». Disponible online : http://www.micmap.org/dicfro/search/tableaux-de- conjugaison/voleir [consulté en novembre 2018]. 124 Veuillez voir, par exemple, Le Dictionnaire de la langue franque ou petit mauresque (1831), Préface : Là, on y présente la construction « bisogno mi andar » pour exprimer le futur « j’irai ». De la même manière aurait pu fonctionner le verbe « volere ». 125 Treccani – l’entrée « fare ». Disponible online : http://www.treccani.it/vocabolario/fare2/ [consulté en novembre 2018]. 126 TCAF – l’entrée « faire ». Disponible online : http://micmap.org/dicfro/search/tableaux-de- conjugaison/faire [consulté en novembre 2018]. 35

(fr. un) pourrait provenir de l’italien, de l’espagnol ou du français (un127, un128 : un129). L’influence française est, dans ce cas, très marginale, parce que dans l’ancien français l’on se sert encore du cas sujet de « uns » ou des formes nasalisées « unc, ung »130 dont l’on peut déduire qu’il aurait été très difficile pour les Arabes ou les Turc de l’emprunter sous forme de « un ». En surplus, les formes plus ultérieures de « un » dans le moyen français ne dénotaient pas la prononciation qui s’approchât de celle de « un ». Les Turcs ou les Arabes donc auraient dû emprunter cet indéfini avant le procédé de la nasalisation, tout en devant aussi éliminer le -s final. Cette manière aurait été très compliquée et nous devons constater qu’elle est donc peu probable. En outre, pour ce qui est de la construction « far un paladina », elle est très bizarre parce que les PCs langues tendent à éliminer les articles. Peut-être est-ce une preuve de la romanisation de ce texte de la part de Molière ? Le nom commun paladina (fr. paladin131) dénote l’influence de l’italien « paladino »132, de l’espagnol « paladín »133 ou du français. La préposition dé (fr. de) paraît prendre son origine dans l’italien « di »134, de l’espagnol « de »135 ou du français « de »136 ; l’orthographe est, paraît-elle, intentionnellement modifiée par Molière, voulant faire l’opposition entre « dé [de] » et « de [də] » dans le texte de Mrs Jourdain ; le changement de la prononciation italienne de [di] en [de] est conditionné par l’ouverture et l’accent de la syllabe sous l’influence de l’arabe. Le verbe dar (fr.

127 Treccani – l’entrée « uno ». Disponible online : http://www.treccani.it/vocabolario/uno/ [consulté en novembre 2018]. 128 RAE : DLE – l’entrée « uno ». Disponible online : http://dle.rae.es/?id=b6hEWeB [consulté en novembre 2018]. 129 CNRTL – l’entrée « un ». Disponible online : http://www.cnrtl.fr/etymologie/un [consulté en novembre 2018]. 130 Godefroy (1881, vol. VIII., p. 114). 131 CNRTL – l’entrée « paladin ». Disponible online : http://www.cnrtl.fr/etymologie/paladin [consulté en novembre 2018]. 132 Treccani – l’entrée « paladino ». Disponible online : http://www.treccani.it/vocabolario/paladino/ [consulté en novembre 2018]. 133 RAE : DLE – l’entrée « paladín ». Disponible online : http://dle.rae.es/?id=RVJuXin [consulté en novembre 2018]. 134 Treccani – l’entrée « de ». Disponible online : http://www.treccani.it/vocabolario/de_res-9848f722- 0017-11de-9d89-0016357eee51/ [consulté en novembre 2018]. 135 RAE : DLE – l’entrée « de ». Disponible online : http://dle.rae.es/?id=BtDkacL|BtFYznp [consulté en novembre 2018]. 136 CNRTL – l’entrée « de ». Disponible online : http://www.cnrtl.fr/etymologie/de [consulté en novembre 2018]. 36 donner) dénote les caractères de l’italien ou de l’espagnol (dare137, dar138 : donner) ; l’ancien français remplaça le verbe latin dare (fr. donner) par le verbe d’une signification proche donare (donner au sens d’offrir un don), nous pouvons donc exclure son influence dans ce cas. Le nom commun turbanta (fr. turban) présente l’influence de l’italien « turbante »139, de l’espagnol « turbante »140 ou du français ; dans l’ancien français, l’on se sert du mot « tourbelon »141, puis remplacé par les synonymes « turbant/turban » dont seulement celui de « turban » a survécu jusqu’à nos jours.142 L’on ne connaît la prononciation précise, mais selon les règles de la prononciation de l’ancien et du moyen français, le « t » final aurait pu être prononcé jusqu’au XVème siècle ; l’influence du français est aussi possible, quoique marginale. Le suffixe -a final est probablement l’emprunt du suffixe féminin -a à l’italien, à l’espagnol ou à l’arabe. Comme nous avons déjà dit, il s’agit d’un phénomène typique pour les PCs langues. Il est peu probable que ce suffixe réfère au suffixe verbal masculin arabe -a. Le nom commun scarcina (fr. sabre, poignard) provient de l’espagnol ; l’espagnol lui-même eut emprunté l’adjectif « scarso (fr. raccourci, diminué) »143 à l’italien dont il forma le mot « escarcina »144 (une épée raccourcie, sabre) que les Arabes/Turcs empruntèrent, en éliminant l’« e » prothétique, à savoir en réalisant l’aphérèse (l’élimination d’une ou plusieurs syllabes au commencement du mot). L’élimination de l’« e » prothétique est aussi possible dans le cas du verbe « estar », présenté dans ce texte comme « star ». La préposition con (fr. avec) eut été influencé par l’italien « con »145, l’espagnol

137 Treccani – l’entrée « dare ». Disponible online : http://www.treccani.it/vocabolario/dare2/ [consulté en novembre 2018]. 138 RAE : DLE – l’entrée « dar ». Disponible online : http://dle.rae.es/?id=BrtRK35 [consulté en novembre 2018]. 139 Treccani – l’entrée « turbante ». Disponible online : http://www.treccani.it/vocabolario/turbante/ [consulté en novembre 2018]. 140 RAE : DLE – l’entrée « turbante ». Disponible online : http://dle.rae.es/?id=avyJO3N [consulté en novembre 2018]. 141 Godefroy (1881, vol. VII., p. 777). 142 CNRTL – l’entrée « turban ». Disponible online : http://www.cnrtl.fr/etymologie/turban [consulté en novembre 2018]. 143 Dizionario etimologico di Pianigiani – l’entrée « scorso ». Disponibile online : https://www.etimo.it/?term=scarso&find=Cerca [consulté en novembre 2018]. 144 RAE : DLE – l’entrée « escarcina ». Disponible online : http://dle.rae.es/?id=GBMBLtG [consulté en novembre 2018] ; Dictionnaire Definiciona : Definición y etymología. L’entrée « escarcina ». Disponible online : https://definiciona.com/escarcina/ [consulté en novembre 2018]. 145 Treccani – l’entrée « con ». Disponible online : http://www.treccani.it/vocabolario/con2/ [consulté en novembre 2018]. 37

« con »146 ou par le français ; dans l’ancien français l’on se servait de la préposition « con » très fréquemment. Là, l’on peut trouver cette préposition sous forme de « con, cun, com, cum »147. L’on ne peut pas alors hypothétiquement exclure l’influence du français. Le nom commun galera (fr. galère) dénote l’influence de l’italien « galea/galera »148 ou de l’espagnol « galera »149 ; le mot « galère » français est un emprunt du XVIème siècle au catalan ; l’ancien français se servait du mot « galée »150, emprunté au grec ancien, puis remplacé par l’emprunt au catalan. L’influence du français dans ce cas dont paraît un phénomène marginal ; l’influence de l’espagnol semble, au contraire, très vraisemblable. Le nom commun brigantina (fr. brigantine) provient assurément de l’italien « brigantino/a »151. En ce qui concerne le français et l’espagnol : le français emprunta ce mot à l’italien152, l’espagnol puis emprunta ce mot au français153, il est donc évident que ce nom provient de l’italien d’où les Arabes et les Turcs l’empruntèrent vraisemblablement. Le suffixe -a est probablement le suffixe féminin -a roman ; les PCs langes préfèrent emprunter la forme féminine à celle masculine parce que la forme féminine présente plus de régularités et est plus simple à apprendre. Le verbe deffender (fr. défendre) pourrait provenir de l’italien « difendere »154 ou de l’espagnol « defender »155 ; le « ff » paraît être l’orthographe intentionnelle de Molière qui voulait refléter la prononciation ouverte de l’« e » ([dɛfɛndɛr] x [defɛndɛr]), en la mettant ainsi en relief pour les acteurs français. Néanmoins, il est mystérieux pourquoi les Arabes ou les Turcs n’aient pas modifié la prononciation de

146 RAE : DLE – l’entrée « con ». Disponible online : http://dle.rae.es/?id=A5cH5M4 [consulté en novembre 2018]. 147 Godeffroy (1881, vol. II, p. 216). 148 Treccani – l’entrée « galera ». Disponible online : http://www.treccani.it/vocabolario/galera/ [consulté en novembre 2018]. 149 RAE : DLE – l’entrée « galera → galea ». Disponible online : http://dle.rae.es/?id=IjCh2q6 [consulté en novembre 2018]. 150 CNRTL – l’entrée « galère ». Disponible online : http://www.cnrtl.fr/etymologie/galère [consulté en novembre 2018] ; Godeffroy (1881, vol. IV, p. 207). 151 Treccani – l’entrée « brigantino/brignantina ». Disponible online : http://www.treccani.it/ vocabolario/brigantino/ ; http://www.treccani.it/vocabolario/ricerca/brigantina/ [consulté en novembre 2018]. 152 CNRTL – l’entrée « brigantin/e ». Disponible online : http://www.cnrtl.fr/etymologie/brigantin , http://www.cnrtl.fr/etymologie/brigantine [consulté en novembre 2018]. 153 Dictionnaire Definiciona : Definición y etymología. L’entrée « brigantín ». Disponible online : https://definiciona.com/bregantin/ [consulté en novembre 2018]. 154 Treccani – l’entrée « difendere ». Disponible online : http://www.treccani.it/vocabolario/difendere/ [consulté en novembre 2018]. 155 RAE : DLE – l’entrée « defender ». Disponible online : http://dle.rae.es/?id=C1sjxz1 [consulté en novembre 2018]. 38

« deffender » en « defendir » ou « difendir » comme dans le cas de « rispondir/respondir » ou « intendir » pour la rendre plus facile pour eux… L’origine du nom propre Palestina (fr. Palestine) pourrait être déduite de l’italien, de l’espagnol ou du français (Palestina156, Palestina157 : Palestine158). En somme, ce passage comprend 36 mots en total, dont 22 lexèmes (y compris le suffixe -a). Tous les changements que l’on peut observer dans ce passage sont : l’apocope (pregare → pregar), l’aphérèse (escarcina → scarcina), l’assimilation de la prononciation (maometto → maametto), l’approximation de la prononciation (mei → mi, di → dé), la monophtongaison (mei → mi), la (re)suffixation (Mahametto → mahametta), la francisation (e→ é, de → dé) et l’italianisation (Jourdain → Giordina). La Lingua Franca de ce passage ne dénote rien de spécial, sauf l’orthographe inusuelle française et le suffixe substantival -a féminin utilisé pour tous les deux genres.

4.1.3. LE BOURGEOIS GENTILHOMME – PASSAGE 3

En ce qui concerne le passage suivant, il paraît un peu différent de ceux que nous avons vus jusqu’à ce moment ; il s’agit de la scène de Mufti avec les Turcs :

C) MUFTI AVEC LES TURCS 1 (Bourgeois Gentilhomme, Acte IV, Scène 5),

ORIGINAL159 COMMENTAIRE LE MUFTI : dice (v.) – la seule forme verbale concrète : Dice, Turque, qui star quista? l’influence de l’italien « dice », la forme de l’indicatif Anabatista? Anabatista? du présent 3. p. sg., utilisée en tant qu’impératif ? ou LES TURCS : l’influence de l’espagnol (decir : dire) ? ; -e (suff.) – le Ioc. suffixe -a mis en pluriel (-e) sous logique de l’italien ? LE MUFTI : ; Turque (n.) – la seule forme nominale concrète : le Zuinglista? nominatif pluriel (l’influence de l’italien : l’analogie LES TURCS : avec le pluriel féminin), Turqu* – l’influence de Ioc. l’italien, de l’espagnol ou du français ; qui (pron.) – LE MUFTI : l’influence de l’italien ou du français (chi : qui) ; star Coffita? (v.) – l’influence de l’italien ou de l’espagnol (stare, LES TURCS : estar : être) ; l’élimination de l’« e » prothétique Ioc. n’est pas aucun problème : veuillez voir l’entrée LE MUFTI : « scarcina » ; quista (pron.) – l’influence de l’italien

156 Treccani – l’entrée « Palestina ». Disponible online : http://www.treccani.it/enciclopedia/palestina [consulté en novembre 2018]. 157 RAE : DLE – l’entrée « Palestina ». Disponible online : http://dle.rae.es/?id=RXZ8Scj [consulté en novembre 2018]. 158 CNRTL – l’entrée « Palestine ». Disponible online : http://www.cnrtl.fr/etymologie/Palestine [consulté en novembre 2018]. 159 Molière (19nn, pp. 310-311) ; Acte 4, scène 5. 39

Hussita? Morista? Fronista? ou de l’espagnol (questo, aquesto (poét.) : ce), LES TURCS : l’approximation de la prononciation de l’« e » vers Ioc. l’« i » ; -a final (suff.) – le suffixe verbal masculin LE MUFTI : arabe ou roman, le suffixe substantival féminin arabe Ioc, ioc, ioc. Star pagana? ou roman – plus de régularité, plus faciles à LES TURCS : apprendre ; Anabatista (n.) – l’influence de l’italien Ioc. (anabattista : anabaptiste) ; Zunglista (n.) LE MUFTI : – l’influence de l’italien, de l’espagnol ou du français Luterana? (zuinglista, zuinglista : zuingliste) ; ioc (adv.) – LES TURCS : probablement l’influence du turc (l’adverbe de Ioc. négation yok : non, ne...pas) ; Coffita (n.) LE MUFTI : – l’influence du latin coptita, ae, variante de coptus, Puritana? i., l’influencé par la prononciation française de LES TURCS : l’époque de Molière où l’on utilise cophte [kɔft] au Ioc. lieu de copte [kɔpt] ou l’influence de l’italien LE MUFTI : copto/cofto ? ou de l’arabe ? ; Hussita (n.) – Bramina? Moffina? Zurina? l’influence du latin, de l’italien, du français ou de LES TURCS : l’espagnol (lat. hussita, it. ussita/hussita, es. husita : Ioc. Ioc. Ioc. hussite) ; Morista (n.) – l’influence de l’italien, de LE MUFTI : l’espagnol ou du français (moro, moro : maure) ; Ioc, ioc, ioc. Mohamétana? Fronista (n.) – l’influence du grec (φρονέω : penser), Mohamétana? d’où le calque froniste, à savoir penseur, philosophe LES TURCS : ; pagana (n.) – l’influence de l’espagnol ou de l’italien Hi valla. Hi valla. (pagano, pagano : païen) ; Luterana (n.) – l’influence LE MUFTI : de l’italien ou de l’espagnol (luterano, luterano : Como chamara? Como chamara? luthérien) ; Puritana (n.) – l’influence de l’italien ou LES TURCS : de l’espagnol (puritano, puritano : puritain) ; Giourdina, Giourdina. Bramina (n.) – l’influence de l’italien (bramino : LE MUFTI : brahmanique) ; Moffina (n.) – l’influence du grec Giourdina, Giourdina. Μω(υ)σῆς (fr. Moïse) et du latin -inus → Mossinus, LES TURCS : juif ? ; Mossina – une cité grecque ; Zurina (n.) – Giourdina, Giourdina. l’influence de l’arabe (Suria : Syrie, Syrienne) ou du français Syrien ; Mohamétana (n). – l’influence du latin, de l’italien, de l’espagnol ou du français (lat. Mohametanus, it. maomettano, es. mahometano : mahométan) ; l’orthographe française intentionnelle de Molière ; Hi valla (interj.) – l’influence du turc (eyvallah : par Allah, certainement, absolument) ; Como (adv.) – l’influence de l’espagnol ou de l’italien (come/como (dial., vx.), como : comment) ; chamara (v.) – l’influence de l’italien (chiamare : appeler), l’assimilation de la prononciation pour l’arabe ; Giourdina (n. prop.) – Jourdain écrit en l’italianisant, l’orthographe intentionnelle de Molière ?.

Quant au lexique de ce passage, nous pouvons le caractériser ainsi : l’impératif dice (fr. dites !), dénote le caractère de l’italien « dice »160 ou de

160 Treccani – l’entrée « dire ». Disponible online : http://www.treccani.it/vocabolario/dire [consulté en novembre 2018]. 40 l’espagnol « dice »161 : soit il s’agit de l’indicatif du présent 3. per. sg. (dice, dice : il dit) utilisé en tant qu’impératif, soit il s’agit du suffixe -a italien, espagnol ou arabe mis en pluriel sous logique de l’italien (p.ex. donna → donne, fr. la femme → les femmes) et appliqué au verbe par les Arabes et les Turcs. Le nom commun Turque (fr. Turc) présente l’influence de l’espagnol, de l’italien ou du français (Turco162, Turco163 : Turc164). En ce qui concerne le suffixe -e, il s’agit, comme dans le cas précédent, de l’analogie avec le pluriel italien. Le pronom interrogatif qui (fr. qui) paraît prendre l’origine dans l’italien ou le français (chi165 : qui166) ; l’espagnol se sert de la forme « quién »167. Le verbe star dénote l’influence de l’italien « stare »168 ou de l’espagnol « estar »169 ; celui-ci subissant l’élimination de l’« e » prothétique (estar → star), celui-là l’apocope (stare → star). Le pronom démonstratif quista (fr. ce) provient de l’italien « questo »170, subissant l’approximation de la prononciation de l’« e » vers l’« i » dans la syllabe fermée accentuée. Ce pronom pourrait provenir aussi de l’espagnol où l’on trouve la forme « aquesto (poét.) »171, mais la forme aurait dû subir l’aphérèse (aquesto → questo). Ce changement nous paraît possible (veuillez comparer « scarcina »), nous le considérons cependant comme moins possible que l’emprunt simple à l’italien. Le suffixe -a final pourrait référer au suffixe -a masculin arabe qui concerne les verbes au prétérit dont nous avons déjà parlé ; dans ce cas, nous croyons cependant qu’ils s’agit plutôt du suffixe féminin -a que l’on trouve dans les langues romanes et les langues arabes qui dénote un adjectif ou un nom

161 RAE : DLE – l’entrée « decir ». Disponible online : http://dle.rae.es/?id=BxLriBU|BxMOE45 [consulté en novembre 2018]. 162 Treccani – l’entrée « turco ». Disponible online : http://www.treccani.it/vocabolario/turco1/ [consulté en novembre 2018]. 163 RAE : DLE – l’entrée « turco ». Disponible online : http://dle.rae.es/?id=ax7qDJy [consulté en novembre 2018]. 164 CNRTL – l’entrée « turc ». Disponible online : http://www.cnrtl.fr/etymologie/turc [consulté en novembre 2018]. 165 Treccani – l’entrée « chi ». Disponible online : http://www.treccani.it/vocabolario/chi1/ [consulté en novembre 2018]. 166 CNRTL – l’entrée « qui ». Disponible online : http://www.cnrtl.fr/etymologie/qui [consulté en novembre 2018]. 167 RAE : DLE – l’entrée « quién ». Disponible online : http://dle.rae.es/?id=Uphrd7C [consulté en novembre 2018]. 168 Treccani – l’entrée « stare ». Disponible online : http://www.treccani.it/vocabolario/stare/ [consulté en novembre 2018]. 169 RAE : DLE – l’entrée « estar ». Disponible online : http://dle.rae.es/?id=GnJiqdL [consulté en novembre 2018]. 170 Treccani – l’entrée « questo ». Disponible online : http://www.treccani.it/vocabolario/questo/ [consulté en novembre 2018]. 171 RAE : DLE – l’entrée « aquesto ». Disponible online : http://dle.rae.es/?id=3MckQqi [consulté en novembre 2018]. 41 féminin au singulier ; la variante de l’emprunt à l’italien ou à l’espagnol est plus possible que l’emprunt à l’arabe. Dans les deux cas, surtout vu les substantifs et les adjectifs, l’on peut considérer le suffixe -a plutôt comme l’influence des langues romanes, plus précisément de l’italien ou de l’espagnol, dans l’autre cas, vu les verbes, l’on peut le passer plutôt comme l’influence de l’arabe. Le nom commun Anabatista (fr. anabaptiste) pourrait provenir de l’italien « anabattista »172 parce que la forme espagnole et française (anabaptista173, anabaptiste174) et sa prononciation ne correspond pas à la forme de Molière. Le nom commun Zuinglista (fr. zwingliste, zwinglien) présente l’influence de l’italien, de l’espagnol ou du français (zuingliano/zwingliano/zwinglista /zuinglista175, zwingliano : zwingliste/ zwinglien176). Dans le cas du français et de l’italien, l’on trouve même les mêmes suffixes « -ista/-iste ». Le suffixe -a est probablement l’analogie avec le suffixe -a féminin roman ou arabe. L’adverbe de négation ioc (fr. non, ne…pas) provient du turc « yok »177 qui est un adverbe de négation de plusieurs fonctions. Le nom commun Coffita (fr. copte) offre plusieurs possibilités de l’influence : soit il s’agit d’un latinisme « coptita », la variante de « coptus », influencé par la prononciation italienne, française ou arabe, soit il s’agit d’un mot de l’origine italienne (copto/cofto), française (cophte) ou arabe (Qubt, Qift, Quft), accompagné par le suffixe -ita178. Pour ce qui est du mot « cophte » en français, il dénote la vieille prononciation [kɔft], remplacée au XIXème siècle par la prononciation [kɔpt] et l’orthographe « copte ». En ce qui touche l’origine de ce mot, nous préférions la seconde variante parce qu’elle nous paraît plus vraisemblable. Il faut aussi mentionner qu’il pourrait

172 Treccani – l’entrée « anabattista ». Disponible online : http://www.treccani.it/vocabolario/ anabattista/ [consulté en novembre 2018]. 173 RAE : DLE – l’entrée « anabaptista ». Disponible online : http://dle.rae.es/?id=2Tki4yv [consulté en novembre 2018]. 174 CNRTL – l’entrée « anabaptiste ». Disponible online : http://www.cnrtl.fr/etymologie/anabaptiste [consulté en novembre 2018]. 175 Treccani – l’entrée « zuingliano ». Disponible online : http://www.treccani.it/vocabolario/zuingliano/ ; ALDO, Gabrielli. Grande dizionario italiano – l’entrée « zwinglista ». Disponibile online : http://www.grandidizionari.it/Dizionario_Italiano/parola/Z/zwinglista.aspx [consulté en novembre 2018]. 176 CNRTL – l’entrée « zwinglien ». Disponible online : http://www.cnrtl.fr/etymologie/zwinglien ; CNRTL – l’entrée « zwingliste ». Disponible online : http://www.cnrtl.fr/etymologie/zwingliste [consulté en novembre 2018]. 177 LINGEA – turecko-český slovník. L’entrée « yok ». Disponible online : https://slovniky.lingea.cz/turecko- cesky/yok [consulté en novembre 2018]. 178 CNRTL – l’entrée « copte ». Disponible online : http://www.cnrtl.fr/etymologie/copte ; Treccani – l’entrée « copto ». Disponible online : http://www.treccani.it/vocabolario/copto/ [consulté en novembre 2018]. 42 s’agir d’un calque de Molière. Le nom commun Hussita (fr. hussite179) dénote l’influence du latin « hussita »180, de l’italien « ussita/hussita »181, du français ou de l’espagnol qui se sert de la forme « husita »182. C’est cependant un mot d’origine latine. L’on ne sait pas la prononciation de ce mot, l’on ne peut pas donc affirmer avec certitude l’influence linguistique. Il s’agit d’un mot avec le « h » aspiré dans le français, donc l’on peut considérer que les acteurs le prononçaient ainsi ; dans ce cas, l’on pourrait préférer l’influence du français, parce que si le « h » n’avait pas été prononcé, Molière aurait préféré l’orthographe italienne dont la forme présentée est la plus proche. Le mot commun Morista (fr. Maure, le chrétien convertis à l’islam, ?) pourrait provenir de l’italien, de l’espagnol ou du français (moro, moro : maure) ; le suffixe -ista nous paraît analogique, formé aux besoins de Molière. La signification de ce mot n’est pas certaine, mais l’on explique très souvent comme « maure ». En outre, au Moyen- Âge et à l’époque moderne tôtive, le terme « maure » lui-même indiquait les musulmans ou les chrétiens-convertis à l’islam de l’Afrique.183 Le mot « Moriste » pourrait, vu le mot « Froniste » suivant, référer aussi à une personne sainte : st. Maure qui fonda plusieurs monastères bénédictins, en tant que successeur immédiat de St. Benoît.184 Cette interprétation paraît un peu extrême, mais elle convient bien aux besoins de Molière, à savoir à la critique de l’Église. Dans ce cas, il s’agirait de la critique des abbés et des monastères. Pourtant, nous préférions le plus l’interprétation de « chrétien converti à l’islam ». Le mot commun Froniste (fr. penseur, philosophe, ?) présente l’influence du verbe grec « φρονέω »185 (fr. penser) d’où, croyons-nous, Molière créa le calque de froniste. Le Froniste pourrait référer aussi à une personne sainte, c’est-à-dire st. Fremin

179 CNRTL – l’entrée « hussite ». Disponible online : http://www.cnrtl.fr/etymologie/hussite [consulté en novembre 2018]. 180 Dictionnaire Du Cange et alii. L’entrée « hussitae ». Disponible online : http://ducange.enc.sorbonne.fr /HUSSITAE [consulté en novembre 2018]. 181 Treccani – l’entrée « ussita ». Disponible online : http://www.treccani.it/vocabolario/ussita/ [consulté en novembre 2018]. 182 RAE : DLE – l’entrée « husita ». Disponible online : http://dle.rae.es/?id=Kr49RHR [consulté en novembre 2018]. 183 BLACKMORE, Josiah (2009). Moorings : Portugese Expansion and the Writting of Africa. University of Minnesota Press : Minnesota, 2009. 203 pages. ISBN SBN 978-0-8166-4832-0 ; pp. xvi-xvii. 184 CHLUMSKÝ, Jan. Světci k nám hovoří – l’entrée « sv. Maur ». Disponible online : http://catholica.cz/index.php?id=191 [consulté en novembre 2018]. 185 LIDDLE and SCOTT (1940). Greek-English lexicon. – l’entrée « φρονέω ». Disponible online : http://www.perseus.tufts.edu/hopper/text?doc=Perseus:text:1999.04.0057:entry=frone/w Dictionnaire Du Cange et alii. L’entrée « fronimus ». Disponible online : http://ducange.enc.sorbonne.fr/FRONIMUS ; Dictionnaire Du Cange et alii. L’entrée « phronymus ». Disponible online : http://ducange.enc.sorbonne.fr/PHRONYMUS [consulté en novembre 2018]. 43

(sanctus Phronymus en latin), martyre français qui fit convertir de grandes quantités de païens au christianisme dans peu de temps.186 De nouveau, cela pourrait paraître extrême, mais convenable aux besoins de Molière : dans ce cas, il s’agirait de la critique des missionnaires. Le nom commun pagana (fr. païen) pourrait être influencé par l’italien ou l’espagnol (pagano187, pagano188 : païen) ; le suffixe -a final est une analogie avec les noms féminins italiens et espagnols ou, ce qui est moins probable, avec les noms féminins arabes. Le nom commun Luterana (fr. luthérien) dénote l’influence de l’italien ou de l’espagnol (luterano189, luterano190 : luthérien191) ; en ce qui concerne l’écriture, elle respecte les règles de ces deux langues ; le français se servit toujours de la forme avec « h ». Le nom commun Puritana (fr. Puritain, ? jésuite ?) dénote les caractéristiques de l’italien ou de l’espagnol (puritano192, puritano193 : puritain194) qui l’empruntèrent à l’anglais ainsi que le français ; celui-ci se servit toujours le suffixe -ain [ɛ̃], il est donc impossible que les Turcs ou les Arabes aient emprunté ce mot au français. La signification sous-entendue, comme dans le cas de « Morista » et « Fronista », pourrait être « jésuite », parce que c’était eux qui provoquèrent, ensemble avec les Franciscains, les Protestants, les Anabaptistes et les premiers méthodistes, une reformation, en étant liés étroitement au purisme, et c’était aussi eux qui étaient les premiers missionnaires. Le nom commun Bramina (fr. brahmanique) provient

186 GROSEZ, J. É (1726). Journal des saints, ou Méditations pour tous les jours de l’année. François Foppens : Bruxelles, 1726, p. 66. Disponible online : https://books.google.cz/books?id=ZPSI9dDN- F0C&printsec=frontcover&hl=cs&source=gbs_ge_summary_r&cad=0#v=onepage&q&f=false ; Paleographia – Millesimo – Table géographique des saints. Disponible online : http://www.palaeographia.org/millesimo/mmo/Notice/notice.htm?P=extraDoc/geoFrame.htm [consulté en novembre 2018]. 187 Treccani – l’entrée « pagano ». Disponible online : http://www.treccani.it/vocabolario/pagano/ [consulté en novembre 2018]. 188 RAE : DLE – l’entrée « pagano ». Disponible online : http://dle.rae.es/?id=RRmXoF5 |RRo9Qqj|RRp8r7M [consulté en novembre 2018]. 189 Treccani – l’entrée « luterano ». Disponible online : http://www.treccani.it/vocabolario/luterano/ [consulté en novembre 2018]. 190 RAE : DLE – l’entrée « luterano ». Disponible online : http://dle.rae.es/?id=NjnjwcN [consulté en novembre 2018]. 191 CNRTL – l’entrée « luthérien ». Disponible online : http://www.cnrtl.fr/etymologie/luthérien [consulté en novembre 2018]. 192 Treccani – l’entrée « puritano ». Disponible online : http://www.treccani.it/vocabolario/puritano/ [consulté en novembre 2018]. 193 RAE : DLE – l’entrée « puritano ». Disponible online : http://dle.rae.es/?id=UirwXAd [consulté en novembre 2018]. 194 CNRTL – l’entrée « puritain ». Disponible online : http://www.cnrtl.fr/etymologie/puritain [consulté en novembre 2018]. 44 certainement de l’italien « bramino »195 ; le synonyme espagnol « brahmán/brahmano »196 et français « brahmanique »197 ne correspond pas à cette forme présentée par Molière. Le com commun Moffina (fr. Juif ?, habitant de Mossina – Grec orthodoxe ?, habitant de Messina ?) est un mot compliqué. Le dictionnaire de la LF propose la signification de « monophysite »198 dont nous ne sommes pas d’accord du tout parce qu’elle nous paraît comme une solution impossible, artificiellement inventée ; en outre, nous ne savons pas d’où l’on ait pu déduire cette signification… Nous préférons la signification de « juif » ou de « habitant de Mossina, Grec orthodoxe ». Nous trouvons l’explication de la signification de « juif » dans le nom de Moïse et son synonyme grec Μω(υ)σῆς199 : Molière, afin de faire une référence à un fondateur d’une religion comme dans le cas du mot « Bramino » forma le calque de « mossina », en se basant sur Moïse, prophète des juifs, et en imitant le suffixe de « Bramino », à savoir -ino. Au surplus, cette énumération comique des fondateurs et des mouvements religieux manque des juifs qui faisaient une partie considérable des religions en Europe, une nation très souvent ridiculisée et moquée. Nous ne voulons pas croire que Molière, en ridiculisant les religions de tout le monde, ait oublié de mentionner les juifs haïs… Molière aurait donc pu tout simplement faire ce calque, en sachant que les formes utilisées dans les langues romanes (ou dans la Lingua Franca) qui réfèrent aux juifs n’étaient pas convenables (it. ebraico, giudeo, es. hebreo, judío, fr. hébreu, juif), étant trop longues et avec les suffixes inconvenables. Quant à l’explication de « habitant de Mossina », elle correspond logiquement avec l’adjectif suivant « Zurina », référant à l’habitant de la Syrie. Mossine était une cité lydienne200 ; Lydie était un royaume antique d’une importance extraordinaire, très connu aux Grecs et aux Romans. Lydie jouait

195 Treccani – l’entrée « bramino ». Disponible online : http://www.treccani.it/vocabolario/bramino1/ [consulté en novembre 2018]. 196 RAE : DLE – l’entrée « brahmán ». Disponible online : http://dle.rae.es/?id=62FmG8I [consulté en novembre 2018]. 197 Dictionnaire Cordiale – l’entrée « brahmanique ». Disponible online : https://www.cordial.fr/ dictionnaire/definition/brahmanique.php [consulté en novembre 2018]. 198 CORRÉ, Alan D. (2003). A Glossary of Lingua Franca. ; p. 36. Disponible sur les sites officiels de l’Université de Wisconsin : https://minds.wisconsin.edu/bitstream/item/3920/glossary4.pdf [consulté en novembre 2018]. 199 Perseus. New Testament. – Luc : 16 : 29. Disponible online : http://www.perseus.tufts.edu/hopper/ text?doc=Perseus%3Atext%3A1999.01.0155%3Abook%3DLuke%3Achapter%3D16%3Averse%3D2 9 ; Perseus. New Testament. – Luc : 24 : 44. Disponible online : http://www.perseus. tufts.edu/hopper/text?doc=Perseus%3Atext%3A1999.01.0155%3Abook%3DLuke%3Achapter%3 D24%3Averse%3D44 [consulté en novembre 2018]. 200 CRAMER, J. A. (1832). Geographical and historical description of Asia Minor. University of Oxford : Oxford, 1832. Vol. I. 497 pages. ; p. 474. 45 aussi un rôle important pendant les croisades comme l’Empire de Nicée jusqu’à la conquête des Turcs en l’an de 1390201. Il y avait des Grecs orthodoxes jusqu’à la génocide intentionnelle turque de cette nation en Turquie qui finit par la signature de la Traité de Lausanne en l’an 1923202. Mossina dont pourrait référer soit aux Turcs musulmans, soit aux Grecs orthodoxes de Mossine. Néanmoins selon la réponse des Turcs « ioc », l’on doit supposer qu’il s’agisse plutôt des Grecs orthodoxes parce que si ce mot avait référé aux musulmans, ils auraient répondu « Hi valla » parce que c’était la réponse que Mufti attendait. De surcroît, ce nom pourrait référer, par l’allusion ou pas, à la cité de Messina où se déroula la bataille de Lépante, bataille la plus fameuse pour les chrétiens et la plus humiliante pour les Ottomans ; cette guerre est le symbole de la victoire des chrétiens sur les musulmans et de la fin de l’expansion de l’Empire Ottomane.203 Nous sommes fort convaincu qu’il ne s’agit pas seulement d’une ressemblance fortuite des noms… Le nom commun Zurina (fr. syrien, chrétien de l’Orient) pourrait dénoter l’influence de l’arabe suriun/suria204 ou du français syrien205 ; l’italien et l’espagnol se servent des formes différentes : it. siro/sirio, siriano, siriaco206, es. sirio, siriano, siriaco207. L’adjectif « syrien » lui-même provient du grec ancien Σύριος que et l’arabe et les langues romanes empruntèrent. Le nom commun Mohamétana (fr. Mahométan208) paraît être influencé par le latin « Mahometanus »209, le français, l’espagnol

201 VASILIEV, Alexander (1952). History of the Byzantine Empire, 324–1453. University of Wisconsin Press : Wiscosin, 1952. 846 pages. ISBN 978-0-299-80926-3., p. 546. ; GARRATY, J. A ., GAY, Peter (1972). The Columbia history of the world. Harper & Row : New York, 1972. 1237 pages. ISBN 0880290048., p. 454. 202 JONES, Adam (2010). Genocide: A Comprehensive Introduction. Routledge : New York, 2010. 680 pages. ISBN 978-1136937972 ; p. 163. ; The Treaty of Lausanne, disponible sur Encyclopaedia Britannica : https://www.britannica.com/event/Treaty-of-Lausanne-1923 [consulté en novembre 2018]. 203 KONSTAM, Angus (2003). The Greates Naval Battle of the Renaissance. Osprey Publishing : Oxford, 2003. 96 pages. ISBN 978-1841764092. ; pp. 20-23. 204 Dictionnaire Larousse français-arabe. L’entrée « syrien ». Disponible online : https://www.larousse.fr/dictionnaires/francais-arabe/Syrien/37483#37484 [consulté en novembre 2018]. 205 CNRTL – l’entrée « syrien ». Disponible online : http://www.cnrtl.fr/etymologie/syrien [consulté en novembre 2018]. 206 Treccani – l’entrée « siro ». Disponible online : http://www.treccani.it/vocabolario/siro/ ; Treccani – l’entrée « siriano ». Disponible online : http://www.treccani.it/vocabolario/siriano/ [consulté en novembre 2018]. 207 RAE : DLE – l’entrée « siro ». Disponible online : http://dle.rae.es/?id=Y1JVM62 ; RAE : DLE – l’entrée « siriano ». Disponible online : http://dle.rae.es/?id=Y11gYax [consulté en novembre 2018]. 208 CNRTL – l’entrée « mahométan ». Disponible online : http://www.cnrtl.fr/definition/mahometan [consulté en novembre 2018]. 209 SMITH, W., HALL, T. D. (1871). A Copious and Critical English-Latin Dictionnary. Cincinnati : New York, 1871. 964 pages. ; p. 457. 46

« mahometano »210 ou l’italien « maomettano »211 ; l’espagnol emprunta cet adjectif au français. Ce mot pourrait provenir aussi de l’italien, subi la métathèse (maomettano → moamettano) ; Molière ne fit que l’ajouter le « h » en suivant l’orthographe française ou la prononciation réelle. Le suffixe -a est probablement l’emprunt à l’italien/espagnol/arabe : le suffixe féminin -a. L’interjection Hi valla (fr. par Allah, certainement, absolument) provient avec certitude du turc « eyvallah »212. L’adverbe interrogatif como (fr. comme) pourrait provenir de l’espagnol « como »213 ou de l’italien « come »214, subi l’assimilation de la prononciation de l’« e » vers l’« o ». Peut-être pourrait-il aussi provenir d’un dialecte italien. En outre, l’ancienne variante italienne de « come » est « como ». La variante espagnole reste cependant celle la plus vraisemblable. Le verbe chamara (fr. appeler) semble être influencé par l’italien « chiamare »215, prononcé ici comme [ʃama:ʁa], influencé par l’arabe qui fit l’assimilation de la prononciation de [kj] → [ʃ], la prononciation plus proche de l’arabe. Le nom propre Giourdina (fr. Jourdain) nous paraît comme un calque de Molière qui décida d’italianiser le nom de Jourdain pour que ce nom convînt aux besoins de la Lingua Franca présentée dans le texte ; l’on ne trouve cette forme que dans ce texte de la Lingua Franca ; dans les autres parties de la pièce l’on se sert du terme « Jourdain ». En résumé, ce passage englobe 49 mots en total, dont 25 lexèmes (y compris le suffixe -a et le suffixe -e). Les procédés que l’on peut trouver dans ce passage sont : la francisation (Mohametana → Mohamétana), l’italianisation (Jourdain → Giourdina), l’apocope (stare → star), l’aphérèse (estar → star), la (re)suffixation (Zurino → Zurina, Moro → Morista, Turca → Turque) et l’approximation de la prononciation (Mossina → Moffina). En outre, dans ce passage, l’on peut apercevoir l’influence de Molière qui se servit de la réelle Lingua Franca, mais pour les termes, que cette langue ne possédait pas, il

210 RAE : DLE – l’entrée « mahometano ». Disponible online : http://dle.rae.es/?id=NvdYj8g [consulté en novembre 2018]. 211 Treccani – l’entrée « maomettano ». Disponible online : http://www.treccani.it/vocabolario /maomettano_(Sinonimi-e-Contrari) [consulté en novembre 2018]. 212 Dictionnaire de Tureng – l’entrée « eyvallah ». Disponible online : http://tureng.com/en/turkish- english/eyvallah [consulté en novembre 2018]. 213 RAE : DLE – l’entrée « como ». Disponible online : http://dle.rae.es/?id=9xWAAKF|9xWxEd9 [consulté en novembre 2018]. 214 Treccani – l’entrée « come ». Disponible online : http://www.treccani.it/vocabolario/come/ [consulté en novembre 2018]. 215 Treccani – l’entrée « chiamare ». Disponible online : http://www.treccani.it/vocabolario/chiamare/ [consulté en novembre 2018]. 47 n’hésitait pas à en inventer des termes nouveaux, à savoir surtout les termes qui concernent la religion ; ce passage caricature, comme nous avons déjà dit, l’Église aussi que les Turcs et leur politique en général. Dans ce passage, l’on trouve aussi les deux usages spécifiques du suffixe -a, à savoir pour les substantifs et les adjectifs (p.ex. furba, Zurina) et pour les verbes (chamara). Pour ce qui est des substantifs, nous sommes persuadé qu’il s’agit plutôt de l’influence des langues romanes que de l’arabe, parce que le suffixe féminin arabe est normalement -at, seulement dans la bouche du peuple l’on trouve la forme raccourcie -a ; en outre, ce phénomène du raccourcissement est relativement nouveau. Quant aux adverbes, nous croyons, au contraire, qu’il s’agit plutôt de l’influence de l’arabe que des langues romanes en mettant à côté la possibilité que cela soit l’invention de Molière. Dans le cas de « chamara », l’on ne peut pas supposer que ce verbe doive exprimer le futur ou le passé ; l’on ne doit l’accepter que la possibilité que cela soit l’influence de l’arabe où cet « a » devrait référer au masculin verbal, en ayant perdu la marque du temps au profit du genre. Néanmoins, l’on trouve d’autres preuves de cet « a » verbal dans les autres textes de la Lingua Franca (veuillez voir le texte de « Il mercante armeno »216 de V. Malamani où cet « a » réfère au prétérit masculin). Cette preuve donc affaiblit la possibilité que cela soit juste une invention de Molière pour trouver une harmonie du rythme et des vers. Dans ce cas, nous pensons qu’il s’agit d’une influence arabe dont Molière profita sans savoir le bien utiliser.

4.1.4. LE BOURGEOIS GENTILHOMME – PASSAGE 4

Le passage suivant présente le reste de la conversation entre Mufti et les Turcs ; voici son analyse :

D) MUFTI AVEC LES TURCS 2 (Bourgeois Gentilhomme, Acte IV, Scène 5)

ORIGINAL217 COMMENTAIRE LE MUFTI : star (v.) – l’influence de l’italien ou de Star bon Turca Giourdina? l’espagnol (stare, estar : être) ; l’élimination de LES TURCS : l’« e » prothétique n’est pas problème : veuillez Hi valla. voir l’entrée « scarcina » ; bon (adj.) – l’influence LE MUFTI : de l’italien, de l’espagnol ou du français Hu la ba ba la chou ba la ba ba la da.

216 University of Wisconsin. Les recherches sur la Lingua Franca sous la conduite d’Allan D. Corré et aliis (Bellamn, Parkvall, Rossetti, Dr. Zago, Mr. Yann Vincent of Tokyo). Disponible online : https://minds.wisconsin.edu/bitstream/item/3920/edition3/texts.html#ballads [conslulté en novembre 2018]. 217 Molière (1949, p. 309-310) ; Acte 4, Scène 5. 48

LES TURCS : (buono/bono (pop.), bono (désuet.) : bon), mais Hu la ba ba la chou ba la ba ba la da. plutôt de l’italien seulement : la LE MUFTI : monophtongaison de la consonne spirante labio- Ti non star furba? vélaire voisée du « uo » (buono : bon) ; Turca (n.) LES TURCS : – l’influence de l’italien, de l’espagnol ou du No, no, no. français (Turco, Turco : Turc), l’analogie avec le LE MUFTI : suffixe féminin italien ou espagnol ; -a final (suff.) Non star furfanta218? – le suffixe verbal masculin arabe ou roman, le LES TURCS : suffixe substantival féminin arabe ou roman – plus No, no, no. de régularité, plus faciles à apprendre ; Giourdina LE MUFTI : (nom. prop.) – Jourdain écrit en l‘italianisant ; Hi Donar turbanta, donar turbanta. valla (interj.) – l’influence du turc (eyvallah : par LES TURCS : Allah, oui, certainement) ; Hu la ba ba la chou ba Ti non star furba? la ba ba la da (phr.) – probablement une imitation No, no, no. du turc (baba : père, ala : excellent, allah : dieu), Non star furfanta? l’imitation de la phrase du Coran : « La Ilaha Ila No, no, no. Allah Hu » (Coran, 37 : 35, 47 : 19), à savoir « il n’y Donar turbanta, donar turbanta. a d’autre dieu qu’Allah » ? ; Ti (pron.) – l’influence LE MUFTI : de l’italien, de l’espagnol ou du français, le Ti star nobilé, é non star fabbola. COI/COD en fonction du sujet ; non (adv.) – Pigliar schiabbola. l’influence de l’italien, de l’espagnol ou du français LES TURCS : (non, non (désuet.) : non) ; furba (adj.) – Ti star nobilé, é non star fabbola. l’influence de l’italien ou du français (furbo : Pigliar schiabbola. fourbe), mais plutôt de l’italien seulement ; LE MUFTI : furfanta/forfanta (n.) – l’influence de l’italien Dara, dara, bastonara, bastonara. (furfante : canaille) ; no (adv.) – l’influence de LES TURCS : l’italien ou de l’espagnol (no, no : non) ; donar (v.) Dara, dara, bastonara, bastonara. – l’influence de l’italien ou de l’espagnol (donare, LE MUFTI : donar : donner) ; turbanta (n.) – l’influence de Non tener honta, l’espagnol, de l’italien ou du français (turbante, Questa star ultima affronta219. turbante : turban) ; nobilé (adj.) – l’influence de LES TURCS : l’italien (nobile : noble), une transcription Non tener honta, intentionnelle française de Molière ; é (conj.) – Questa star ultima affronta. l’influence de l’italien ou du français (e : et), une orthographe intentionnelle française de Molière ; fabbola – l’influence de l’italien ou de l’espagnol (favola, fábula : fable), l’arable n’a pas de « v », seulement « w » → l’assimilation vers « b » ; pigliar (v.) – l’influence de l’italien ou de l’espagnol (pigliare (fam.), pillar : prendre) ; schiabbola (n.) – l’influence de l’italien (sciabola : sabre) ; dara (v.) – l’influence de l’italien ou de l’espagnol (dare, dar : donner), soit la seule forme verbale (3. p. sg. du futur simple), soit le suffixe verbal masculin arabe -a ; bastonara (v.) – l’influence de l’italien (bastonare : bâtonner), le suffixe masculin verbal arabe -a ou le futur simple roman ; tener (v.) – l’influence de l’italien ou de l’espagnol (tenere, tener : tenir), pourquoi

218 La variante de « forfanta » en Molière (1965, p. 181). 219 La variante de « l’ultima affronta » en Molière (1965, p. 181). 49

n’y a-t-il pas le changement tener → tenir comme dans le cas de rispondere → rispondir ? ou le changement de l’orthographe tener → ténér ? ; honta (n.) – l’influence du français (ou de l’italien), le « h » aspiré prononcé en français jusqu’au XVIIème ou XVIIIème siècle, donc les Turcs et les Arabes auraient pu l’emprunter avec le « h » aspiré ; questa (pron.) – l’influence de l’italien ou de l’espagnol (questo, aquesto (poét.) : ce), la variante de quisto ; ultima (adj.) – l’influence de l’italien, de l’espagnol ou du français (ultimo, último : ultime) ; affronta (n.) – l’influence de l’italien ou du français (affronto, afrenta : affront).

Pour ce qui est du verbe star (fr. être) dénote l’influence de l’italien « stare »220 ou de l’espagnol « estar »221 ; celui-ci subissant l’élimination de l’« e » prothétique (estar → star), celui-là l’apocope (stare → star). L’adjectif bon (fr. bon222) présente l’influence de l’italien « buono »223, de l’espagnol « bono (désuet.) » ou du français. Dans le cas de l’italien, il s’agirait de l’influence de l’arabe : la simplification de la diphtongue « uo » en « o » ; la monophtongaison se réalise en « o », puisque cette voyelle est accentuée tandis que celle de « u » pas. Dans l’italien, l’on trouve aussi la forme populaire « bono »224 qui pourrait aussi être la source de ce nom dans la Lingua Franca. Cela se réaliserait de la même façon à propos de « bueno » espagnol qui produirait « beno » sous l’influence de la monophtongaison (bueno → beno) ; le « bueno » espagnol n’aurait pas pu être la forme sourcière, sauf sa forme plus vieillie et désuète « bono »225 que les Arabes et Turc auraient pu emprunter. Quant au « bon » français, l’on doit mentionner que la nasalisation est un phénomène tardif dans l’ancien français, les Arabes et les Turcs donc auraient pu emprunter la forme non-nasalisé. Le nom commun Turca (fr. Turc) présente

220 Treccani – l’entrée « stare ». Disponible online : http://www.treccani.it/vocabolario/stare/ [consulté en novembre 2018]. 221 RAE : DLE – l’entrée « estar ». Disponible online : http://dle.rae.es/?id=GnJiqdL [consulté en novembre 2018]. 222 CNRTL – l’entrée « bon ». Disponible online : http://www.cnrtl.fr/definition/bon [consulté en novembre 2018]. 223 Treccani – l’entrée « buono ». Disponible online : http://www.treccani.it/vocabolario/buono1/ [consulté en novembre 2018]. 224 Treccani – l’entrée « bono ». Disponible online : http://www.treccani.it/vocabolario/bono/ [consulté en novembre 2018]. 225 RAE : DLE – l’entrée « bono ». Disponible online : http://dle.rae.es/?id=5raHxcs [consulté en novembre 2018]. 50 l’influence de l’espagnol, de l’italien ou du français (Turco226, Turco227 : Turc228). Le suffixe -a final est probablement l’influence du suffixe -a féminin de l’italien, de l’espagnol ou de l’arabe ; l’influence du suffixe -a féminin arabe nous paraît moins impossible. Les PCs langues ont, en effet, tendance à emprunter les formes féminines des substantifs et des adjectifs en les utilisant d’une manière générale, à savoir pour tous les deux genres ; les PCs langues préfèrent les formes féminines parce que ces formes présentent plus de régularités et sont plus faciles à apprendre et à déchiffrer. En ce qui concerne les verbes, il pourrait s’agir de l’influence du suffixe -a masculin du prétérit arabe ou du suffixe -a du futur simple des langues romanes. Le nom propre Giourdina (fr. Jourdain) nous paraît comme un calque de Molière qui décida d’italianiser le nom de Jourdain pour que ce nom convînt aux besoins de la Lingua Franca présentée dans le texte ; l’on ne trouve cette forme que dans ce texte de la Lingua Franca, dans les autres parties de la pièce, l’on trouve la forme française. L’interjection Hi valla (fr. par Allah, certainement, absolument) provient avec certitude du turc « eyvallah »229. Le phrase Hu la ba ba la chou ba la ba ba la da (signification incertaine) est probablement l’imitation du turc (baba : père, ala : excellent, alla : allah)230 ; peut-être s’agit-il d’une imitation de la phrase « La Ilaha Ila Allah Hu »231 du Coran, la phrase très connue qui veut dire « il n’y a d’autre dieu qu’Allah ». Le pronom personnel ti (fr. tu), le COI/COD des variantes du pronom personnel « tu » de l’italien, du français ou de l’espagnol en fonction du sujet (ti/te232, te/ti233 : te/toi234), est une marque typique des PCs langues, y compris

226 Treccani – l’entrée « turco ». Disponible online : http://www.treccani.it/vocabolario/turco1/ [consulté en novembre 2018]. 227 RAE : DLE – l’entrée « turco ». Disponible online : http://dle.rae.es/?id=ax7qDJy [consulté en novembre 2018]. 228 CNRTL – l’entrée « turc ». Disponible online : http://www.cnrtl.fr/definition/turc [consulté en novembre 2018]. 229 Dictionnaire de Tureng – l’entrée « eyvallah ». Disponible online : http://tureng.com/en/turkish- english/eyvallah [consulté en novembre 2018]. 230 LINGEA – turecko-český slovník. L’entrée « baba ». Disponible online : https://slovniky.lingea.cz /turecko-cesky/baba ; LINGEA – turecko-český slovník. L’entrée « ala ». Disponible online : https://slovniky.lingea.cz/turecko-cesky/ala ; LINGEA – turecko-český slovník. L’entrée « Allah ». Disponible online : https://slovniky.lingea.cz/turecko-cesky/Allah [consulté en novembre 2018]. 231 Veuillez voir le Coran 37 : 35, 47 : 19. 232 Treccani – l’entrée « ti ». Disponible online : http://www.treccani.it/vocabolario/ti2/ ; Treccani – l’entrée « te ». Disponible online : http://www.treccani.it/vocabolario/te1_res-3641f6ae-0036- 11de-9d89-0016357eee51/ [consulté en novembre 2018]. 233 RAE : DLE – l’entrée « te ». Disponible online : http://dle.rae.es/?id=ZHbpNE9|ZHbtI24 ; RAE : DLE – l’entrée « ti ». Disponible online : http://dle.rae.es/?id=ZhjwWgn [consulté en novembre 2018]. 234 CNRTL – l’entrée « te ». Disponible online : http://www.cnrtl.fr/etymologie/te ; CNRTL – l’entrée « toi ». Disponible online : [consulté en novembre 2018]. 51 les PCs langues basées sur les langues romanes, qui se servent surtout des pronoms du COI ou du COD en fonction du sujet. Le pronom personnel italien, espagnol et français, terminé par -e (te, te, te) auraient pu passer l’approximation de la prononciation (e → i) sous l’influence de l’arabe. La variante française « toi », dans l’ancien français « tei » aurait pu subir la monophtongaison en produisant la forme de « ti », bien que cela fût un changement peu possible ; pour cette raison toutes les formes du COI et COD peuvent être passées pour les formes potentielles sourcières de « ti » dans la Lingua Franca. L’adverbe de négation non (fr. non) pourrait être influencé par l’italien « non »235, de l’espagnol « non (désuet.)236 » ou du français « non »237 ; la nasalisation en français est un changement tardif, les Arabes et les Turcs alors auraient pu emprunter la forme non-nasalisée. La forme espagnole, aujourd’hui considérée comme désuète, pourrait aussi considérée comme une source possible de cet adverbe dans la Lingua Franca de Molière. L’adjectif furba (fr. fourbe238) fut l’influencé par l’italien « furbo »239 ou par le français ; le suffixe -a féminin est probablement l’influence de l’espagnol ou de l’italien ; il est peu possible que cela soit l’influence du suffixe -a féminin arabe. Les PCs langues le préfèrent ainsi. Le nom commun furfanta (fr. canaille) dénote l’influence de l’italien « furfante »240 ; le suffixe -a est probablement le suffixe -a féminin de l’italien ou de l’espagnol. L’adverbe de négation no (fr. non) provient de l’italien « no »241 ou de l’espagnol « no »242 ; il est peu possible qu’il provienne du français parce que la nasalisation est un procédé d’évolution relativement tardif, les Turcs et les Arabes alors auraient emprunté plutôt « non » que « no », influencé par la dénasalisation. Le verbe donar (fr. donner) présente l’influence de l’italien

235 Treccani – l’entrée « non ». Disponible online : http://www.treccani.it/vocabolario/non/ [consulté en novembre 2018]. 236 RAE : DLE – l’entrée « non ». Disponible online : http://dle.rae.es/?id=QalgZpX|QamvHwa [consulté en novembre 2018]. 237 CNRTL – l’entrée « non ». Disponible online : http://www.cnrtl.fr/etymologie/non [consulté en novembre 2018]. 238 CNRTL – l’entrée « fourbe ». Disponible online : http://www.cnrtl.fr/etymologie/fourbe [consulté en novembre 2018]. 239 Treccani – l’entrée « furbo ». Disponible online : http://www.treccani.it/vocabolario/furbo/ [consulté en novembre 2018]. 240 Treccani – l’entrée « furfante ». Disponible online : http://www.treccani.it/vocabolario/furfante/ [consulté en novembre 2018]. 241 Treccani – l’entrée « no ». Disponible online : http://www.treccani.it/vocabolario/no/ [consulté en novembre 2018]. 242 RAE : DLE – l’entrée « no ». Disponible online : http://dle.rae.es/?id=QXiSBq2 [consulté en novembre 2018]. 52

« donare243 : fr. offrir un don » ou de l’espagnol « donar244 : fr. offrir un don » ; dans le cas de l’italien, le verbe aurait pu subir l’apocope (donare → donar) ; dans l’ancien français, l’on trouve les formes telles que « doner, doneir, donner, donneir ou duner », rien ce qui évoque le verbe « dare ». L’on peut donc éliminer son influence dans ce cas. Le nom commun turbanta (fr. turban) dénote l’influence de l’italien « turbante »245, de l’espagnol « turbante »246 ou du français ; dans l’ancien français, l’on se sert du mot « tourbelon »247, puis remplacé par les synonymes « turbant/turban » dont seulement celui de « turban » a survécu jusqu’à nos jours.248 L’on ne connaît pas la prononciation précise, mais selon les règles de l’ancien et du moyen français, le « t » final aurait pu être prononcé jusqu’au XVème siècle ; l’influence du français est aussi possible, quoique marginale. Le suffixe -a final est probablement l’emprunt du suffixe féminin -a à l’italien ou à l’espagnol. L’adjectif nobilé (fr. noble) pourrait provenir de l’italien « nobile »249 ; ni le français ni l’espagnol ne possède les formes convenables à un tel emprunt (noble250, noble251) parce que leurs formes subirent la syncope, à savoir l’élimination d’une voyelle interconsonantique dans la position non-accentuée. La conjonction é (fr. et) dénote assurément l’influence de l’italien ou du français (e252 : et253) dont l’orthographe fut intentionnellement francisée par Molière pour les acteurs français. Dans l’espagnol, l’on y trouve la conjonction « y » et sa variante d’alternance

243 Treccani – l’entrée « donare ». Disponible online : http://www.treccani.it/vocabolario/donare/ [consulté en novembre 2018]. 244 RAE : DLE – l’entrée « donar ». Disponible online : http://dle.rae.es/?id=E7vNWWw [consulté en novembre 2018]. 245 Treccani – l’entrée « turbante ». Disponible online : http://www.treccani.it/vocabolario/turbante/ [consulté en novembre 2018]. 246 RAE : DLE – l’entrée « turbante ». Disponible online : http://dle.rae.es/?id=avyJO3N [consulté en novembre 2018]. 247 Godefroy (1881, vol. VII., p. 777). 248 CNRTL – l’entrée « turban ». Disponible online : http://www.cnrtl.fr/etymologie/turban [consulté en novembre 2018]. 249 Treccani – l’entrée « nobile ». Disponible online : http://www.treccani.it/vocabolario/nobile/ [consulté en novembre 2018]. 250 CNRTL – l’entrée « noble ». Disponible online : http://www.cnrtl.fr/etymologie/noble [consulté en novembre 2018]. 251 RAE : DLE – l’entrée « noble ». Disponible online : http://dle.rae.es/?id=QXmgzdH [consulté en novembre 2018]. 252 Treccani – l’entrée « e ». Disponible online : http://www.treccani.it/vocabolario/e/ [consulté en novembre 2018]. 253 CNRTL – l’entrée « et ». Disponible online : http://www.cnrtl.fr/etymologie/et [consulté en novembre 2018]. 53

« e »254 dont nous doutons qu’elle ait pu avoir de l’influence sur cette conjonction de la Lingua Franca en tant que très peu utilisée. Le nom commun fabbola (fr. fable) pourrait provenir de l’italien « favola »255 ou de l’espagnol « fábula »256 ; la forme espagnole subit l’assimilation de la prononciation que l’on appelle la réduction de tension de l’entourage phonétique : la prononciation de « o » est plus proche de « a » que de « u », pour cette raison il y a ce changement de « u » → « o ». En ce qui concerne la forme italienne, elle pourrait provenir soit d’un dialecte ou d’une forme moins commune : veuillez comparer, par exemple, devono – debbono (fr. ils doivent) et les formes de même caractère que l’on trouve dans l’italien très souvent, soit cette variante pourrait être influencée par l’arabe qui ne connaît pas la consonne « v » qu’il remplace par « b » dans la Lingua Franca ce que nous avons déjà expliqué en traitant du verbe « sabir » (passage 1). Le verbe pigliar (fr. prendre) dénote l’influence de l’italien « pigliare »257 ou de l’espagnol « pillar »258 ; la forme italienne subit l’apocope (pigliare → pigliar) ; la forme espagnole est un emprunt à l’italien. Le nom commun schiabbola présente certainement l’influence de l’italien « sciabola »259 ; le « bb » est probablement l’orthographe intentionnelle de Molière. Le verbe dara (fr. donner) dénote les caractères de l’italien ou de l’espagnol (dare260, dar261 : donner) ; l’ancien français remplaça le verbe latin dare (fr. donner) par le verbe d’une signification proche donare (donner au sens d’offrir un don), nous pouvons donc exclure son influence dans ce cas. Le suffixe -a verbal final est probablement l’emprunt du suffixe masculin -a à l’arabe ; il est implausible que ce suffixe -a provienne du suffixe -a du future simple de l’italien, de l’espagnol ou du français, parce que les PCs langues évitent d’emprunter les formes toutes faites, en préférant former leurs propres par périphrase, puisque les formes verbales

254 RAE : DLE – l’entrée « e ». Disponible online : http://dle.rae.es/?id=EIVnk2C|EIVzI8t [consulté en novembre 2018]. 255 Treccani – l’entrée « favola ». Disponible online : http://www.treccani.it/vocabolario/favola1/ [consulté en novembre 2018]. 256 RAE : DLE – l’entrée « fábula ». Disponible online : http://dle.rae.es/?id=HRcRBBV [consulté en novembre 2018]. 257 Treccani – l’entrée « pigliare ». Disponible online : http://www.treccani.it/vocabolario/pigliare/ [consulté en novembre 2018]. 258 RAE : DLE – l’entrée « pillar ». Disponible online : http://dle.rae.es/?id=T0BTFmP [consulté en novembre 2018]. 259 Treccani – l’entrée « sciabola ». Disponible online : http://www.treccani.it/vocabolario/sciabola/ [consulté en novembre 2018]. 260 Treccani – l’entrée « dare ». Disponible online : http://www.treccani.it/vocabolario/dare2/ [consulté en novembre 2018]. 261 RAE : DLE – l’entrée « dar ». Disponible online : http://dle.rae.es/?id=BrtRK35 [consulté en novembre 2018]. 54 formées par la périphrase sont plus évidentes et plus faciles à utiliser. Il pourrait s’agir aussi d’une invention de Molière. Le verbe bastonara (fr. bâtonner262) pourrait provenir de l’italien « bastonare »263. Dans l’ancien français l’on trouve la forme inconvenable « bastoner »264, l’on peut donc exclure son influence dans ce cas. Le suffixe -a pourrait aussi, comme dans le cas précédent, référer au suffixe verbal masculin arabe -a ou au suffixe -a du futur simple ; l’influence arabe est plus possible. Il pourrait s’agit aussi d’un jeu de mots de Molière… Le verbe tener (fr. tenir) dénote l’influence de l’italien « tenere » ou de l’espagnol « tener » ; la forme italienne subit l’apocope (tenere → tener). En ce qui touche l’ancien français, l’on y trouve les formes de ce verbe « tenir, tenoir, tener »265 dont la plus utilisée est celle de « tenoir »266 ; la forme « tener » semble suivre l’orthographe latine et pas refléter la prononciation actuelle. Il nous reste cependant une : pourquoi il n’y a pas de ce changement de l’« e » en l’« i » comme dans les cas de « rispondir, intendir, sabir, etc. », à savoir le changement de « tener » en « tenir » ? Et pourquoi Molière ne changea-t-il pas l’orthographe de « tener » en « ténér » du moins ? Nous ne savons pas répondre… Le nom commun honta (fr. honte267) pourrait être influencé par le français ou l’italien « onta »268 ; l’influence du français est plus vraisemblable parce que l’italien emprunta ce mot au français. Néanmoins l’on ne sait pas la manière dont ce mot était prononcé : ce mot aurait pu être prononcé comme [ɔnta], dénotant l’influence de l’italien, et c’était Molière qui lui attribua le « h » français. On ne sait pas. Le « h » aspiré cependant fut prononcé jusqu’au XVIIIème, au moins au XVIIème siècle269, il en donc suit que, si l’« h » s’était prononcé, il y avait une influence française ou arabe évidente. Nous sommes fort persuadé que l’« h » était prononcé, non seulement parce que le « h » aspiré était encore prononcé à cette époque-là, mais surtout parce que la cour royale considérait la perte de l’aspiration de le « h » aspiré comme inacceptable et grossière. Le

262 CNRTL – l’entrée « bâtonner ». Disponible online : http://www.cnrtl.fr/etymologie/bâtonner [consulté en novembre 2018]. 263 Treccani – l’entrée « bastonare ». Disponible online : http://www.treccani.it/vocabolario/bastonare/ [consulté en novembre 2018]. 264 Godefroy (1881, vol. I., p. 595). 265 TCAF – l’entrée « tenir ». Disponible online : http://micmap.org/dicfro/search/tableaux-de- conjugaison/tenir [consulté en novembre 2018]. 266 Godefroy (1881, vol. VII., p. 680). 267 CNRTL – l’entrée « honte ». Disponible online : http://www.cnrtl.fr/etymologie/honte [consulté en novembre 2018]. 268 Treccani – l’entrée « onta ». Disponible online : http://www.treccani.it/vocabolario/onta/ [consulté en novembre 2018]. 269 Machonis (1990, pp. 92-93). 55 pronom démonstratif questa (fr. ce) provient de l’italien « questo »270 ; il y a aussi la variante « quista » (veuillez voir le passage 3). Ce pronom pourrait provenir aussi de l’espagnol où l’on trouve la forme « aquesto (poét.) »271, mais la forme aurait dû subir l’aphérèse (à savoir l’élimination d’une ou plusieurs syllabes au commencement du mot ; aquesto → questo). Ce changement nous paraît possible, nous le considérons cependant comme moins possible que l’emprunt simple à l’italien. Le suffixe -a est probablement l’influence du suffixe a- féminin italien ou espagnol ; il pourrait aussi dénoter l’influence du suffixe -a féminin arabe. L’adjectif ultima (fr. ultime) prend son origine dans l’italien, l’espagnol ou le français (ultimo272, ultimo273 : ultime274) ; le suffixe -a est de nouveau l’influence probable du suffixe féminin italien ou espagnol -a. Le nom commun affronta (fr. affront) pourrait provenir de l’italien ou du français (affronto275 : affront276) ; le suffixe -a pourrait être un emprunt du suffixe féminin -a à l’italien ou à l’espagnol. Le « ff » est probablement l’influence de Molière qui connaissait l’italien. En ce qui concerne la variante française, elle fut empruntée à l’italien. L’influence de l’espagnol peut être exclue dans ce cas, parce qu’il ne comprend pas une forme de ce substantif convenable ; il ne possède que la forme « afrenta »277. Pour conclure, nous pouvons constater qu’il y a 80 mots en total, dont 26 lexèmes (y compris le suffixe -a) dans ce passage. Nous pouvons observer les procédés des changements suivants : l’apocope (stare → star), l’aphérèse (estar → star), la monophtongaison (tei → ti, buono → bono), la dénasalisation (non → no) ou la (re)suffixation (Turco → Turca). La Lingua Franca dans ce passage ne présente rien de bizarre, à l’exception de l’usage du suffixe -a verbal et substantival ; nous préférons constater que le suffixe -a verbale est une

270 Treccani – l’entrée « questo ». Disponible online : http://www.treccani.it/vocabolario/ricerca/questo/ [consulté en novembre 2018]. 271 RAE : DLE – l’entrée « aquesto ». Disponible online : http://dle.rae.es/?id=3MckQqi [consulté en novembre 2018]. 272 Treccani – l’entrée « ultimo ». Disponible online : http://www.treccani.it/vocabolario/ricerca/ultimo/ [consulté en novembre 2018]. 273 RAE : DLE – l’entrée « último ». Disponible online : http://dle.rae.es/?id=b2MGGOS [consulté en novembre 2018]. 274 CNRTL – l’entrée « ultime ». Disponible online : http://www.cnrtl.fr/etymologie/ultime [consulté en novembre 2018]. 275 Treccani – l’entrée « affronto ». Disponible online : http://www.treccani.it/vocabolario/affronto/ [consulté en novembre 2018]. 276 CNRTL – l’entrée « affront ». Disponible online : http://www.cnrtl.fr/etymologie/affront [consulté en novembre 2018]. 277 RAE : DLE – l’entrée « afrenta ». Disponible online : http://dle.rae.es/?id=10oyk5Z [consulté en novembre 2018]. 56 influence de l’arabe, le suffixe -a substantival, au contraire, l’influence de l’italien ou de l’espagnol.

4.1.5. LE BOURGEOIS GENTILHOMME – PASSAGE 5

Le passage suivant est une compilation du passage 2 et du passage 4, mais il y a plus d’éléments francisant :

E) MONSIEUR JOURDIAN AVEC MADAME JOURDAIN (Bourgeois Gentilhomme, Acte V, Scène 1)

ORIGINAL278 COMMENTAIRE MONSIEUR JOURDAIN Mohameta (n. prop.) – l’influence du Mohameta per Iordina279. latin, de l’italien ou du français (lat. MADAME JOURDAIN Mahometus, Mahametus, Mohametus, it. Qu’est-ce que cela veut dire ? Maometto : Mahomet) ; la variante de MONSIEUR JOURDAIN Mahametta ; -a final (suff.) – le suffixe Iordina, c’est-à-dire Jourdain. verbal masculin arabe ou roman, le suffixe MADAME JOURDAIN substantival féminin arabe ou roman – Hé bien ! quoi, Jourdain ? plus de régularité, plus faciles à apprendre MONSIEUR JOURDAIN ; per (prép.) – l’influence de l’italien (per : Voler far un Paladina de Iordina. pour) ; Iordina/Jordina (n. prop.) – la MADAME JOURDAIN variante de Giourdina ; pourquoi y a-t-il ce Comment ? changement soudain ? (parce que MONSIEUR JOURDAIN Jourdain parle ?) ; voler (v.) – l’influence Dar turbanta con galera. de l’italien (volere : vouloir) ; far (v.) – MADAME JOURDAIN l’influence de l’italien (fare : faire) ; un Qu’est-ce à dire cela ? (dét.) – l’influence de l’italien, de MONSIEUR JOURDAIN l’espagnol ou du français (un, un : un) ; Per deffender Palestina. paladina (n.) – l’influence de l’italien, de MADAME JOURDAIN l’espagnol ou du français (paladino, Que voulez-vous donc dire ? paladín : paladin) ; de (prép.) – la variation MONSIEUR JOURDAIN de « dé », le changement est-il Dara dara bastonara. conditionné par le personnage de MADAME JOURDAIN Jourdain ? ; dar (v.) – l’influence de italien Qu’est-ce donc que ce jargon-là ? ou de l’espagnol (dar, dare : donner) ; MONSIEUR JOURDAIN turbanta (n.) – l’influence de l’espagnol, Non tener honta: de l’italien ou du français (turbante, questa star l’ultima affronta. turbante : turban) ; con (prép.) – MADAME JOURDAIN l’influence de l’espagnol, de l’italien ou du Qu’est-ce que c’est donc que tout cela ? français (con, con : avec) ; galera (n.) – MONSIEUR JOURDAIN l’influence de l’espagnol ou de l’italien Hou la ba ba la chou ba la ba ba la da. (galera, galera/galea : galère) ; deffender MADAME JOURDAIN (v.) – l’influence de l’espagnol ou de Hélas ! mon Dieu ! mon mari est devenu fou. l’italien (defender, difendere : défendre), pourquoi n’y a-t-il pas de changement de

278 Molière (1949, p. 310-312) ; Acte V, scène 1. 279 La variante de « Jordina » en Molière (1965, p. 182). 57

l’orthographe pour Jourdain (défendér) ? ; Palestina (n. prop.) – l’influence de l’italien, de l’espagnol ou du français (Palestina, Palestina : Palestine) ; dara (v.) – l’influence de l’italien ou de l’espagnol (dare, dar : donner), soit la seule forme verbale (3. p. sg. du futur simple), soit le suffixe verbal masculin arabe -a ; bastonara (v.) – l’influence de l’italien (bastonare : bâtonner), le suffixe masculin arabe -a ou le futur simple roman ; non (adv.) – l’influence de l’italien, de l’espagnol ou du français (non, non (désuet.) : non) ; tener (v.) – l’influence de l’italien ou de l’espagnol (tenere, tener : tenir), pourquoi n’y a-t-il pas le changement tener → tenir comme rispondere → rispondir ? ou le changement de l’orthographe tener → ténér pour Jourdain ? ; honta (n.) – l’influence du français ou (de l’italien), le « h » aspiré prononcé en français jusqu’au XVIIème ou XVIIIème siècle, donc les Turcs et les Arabes auraient pu l’emprunter avec le « h » aspiré ; questa (pron.) – l’influence de l’italien ou de l’espagnol (questo, aquesto (poét.) : ce), la variante de quisto ; star (v.) – l’influence de l’italien ou de l’espagnol (stare, estar : être) ; l’élimination de l’« e » prothétique n’est pas problème : veuillez voir l’entrée « scarcina » ; l’ (dét.) – l’influence du personnage de Jourdain ? ; l’influence de l’italien ou du français ; ultima (adj.) – l’influence de l’italien, de l’espagnol ou du français (ultimo, último : ultime) ; affronta (n.) – l’influence de l’italien ou du français (affronto, afrenta : affront) ; Hou la ba ba la chou ba la ba ba la da (phr.) – probablement une imitation du turc (baba : père, ala : excellent, allah : dieu), l’imitation de la phrase du Coran : « La Ilaha Ila Allah Hu » (Coran, 37 : 35, 47 : 19), à savoir « il n’y a d’autre dieu qu’Allah » ? ; hou – changement pour Jourdain ?.

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L’analyse sémantique de ce passage est suivante : le nom propre Mohameta (fr. Mahomet280) prend son origine dans le latin « Mohametus »281, surtout par sa structure, dans l’italien « Maometto »282 ou dans le français ; le synonyme espagnol « Mahoma »283 n’y convient pas. La variante italienne est aussi possible, parce que la forme italienne aurait pu subir la métathèse (Maometto → Moametto) et Molière n’aurait pu qu’y ajouter l’« h » sous l’influence de l’orthographe française. Ou les Arabes et Turcs eux-mêmes… Malheureusement, dans ce cas, l’on ne connaît pas la prononciation, donc l’on ne peut pas constater précisément s’il s’agit d’un emprunt au latin ou à l’italien ou au français. L’orthographe de Molière est un peu bizarre par rapport à ce mot, pace que l’on devrait l’écrire « Mohaméta » pour le bien prononcer en français ; ainsi les Français ont-ils du mal à le prononcer. Pourquoi le fit- il ainsi ? En outre, veuillez comparer ce nom avec celui du passage 2 (Mahametta x Mohameta) dont la forme Mohameta est une forme francisée, analogique à celle de « Mahomet ». Nous passons ce changement pour un élément comique intentionnel de Molière qui voulait mettre en relief la nationalité de Mrs Jourdain. Le suffixe -a final pourrait référer au suffixe -a masculin arabe qui concerne les verbes au prétérit en dénotant la 3. personne

280 CNRTL – l’entrée « mahomet ». Disponible online : http://www.cnrtl.fr/definition/mahomet [consulté en novembre 2018]. 281 Il y a de nombreuses variations de ce nom propre en latin : Mahum, Maho, Mahometus, Mahumetus, Machometus, Mahometes, Mahametus, Mohamettus, … Du CANGE, et alli. (1883- 1887). Glossarium mediae et infimae latinitatis. Niort : L. Favre, 1883-1887. Disponible online: http://ducange.enc.sorbonne.fr/?clear=1 . L’entrée – « Mahum/Maho ». Disponible online : http://ducange.enc.sorbonne.fr/Mahum ; HOFFMANNUS, Iacobus (1698). Lexicon universale. Disponible online : https://www2.uni-mannheim.de/mateo/camenaref/hofmann.html . Les entrées « Mahometus, Mahumetus, Machometus ou Mahometes ». Disponible online : https://www2.uni-mannheim.de/mateo/camenaref/hofmann/hof3/s0190a.html , https://www2. uni-mannheim.de/mateo/camenaref/hofmann/hof3/s0020a.html ; MERIAN, Matthaeus (1649). Archontologia Cosmica, sive imperiorum, regnorum ... omnium per totum terrarum orbem commentarii luculentissimi ... primo opera & studio Jo. Ludovici Gotofredi, ex gallico ... exemplari in sermonem latinum conversi (etc.). Francfort, 1649. Iohanis Ludovicus Gotofred traduisit du français en latin. 197 pages, p. 149. L’entrée – « Mahametus ». Disponible online : https://books.google.cz/books?id=K1VjAAAAcAAJ&pg=RA1-PA149&lpg=RA1-PA149&dq= Mahametus&source=bl&ots=e7xv6Cqc9F&sig=ovGanVyELXhyj2mPxKsMv7RQk7Q&hl=cs&sa=X&v ed=2ahUKEwjLwu267vTeAhUNKVAKHXzKBH8Q6AEwCHoECAMQAQ#v=onepage&q=Mahametus &f=false ; AERTS, Willem J. (2015). Michaellis Pselli Historia Syntomos. Walter de Gruyter : Berlin, 2015. 267 pages, p.173. L’entrée – « Mohamettus ». Disponible online : https://books.google.cz/books?id=C3tdDwAAQBAJ&pg=PA173&lpg=PA173&dq=Mohametus&so urce=bl&ots=NpstoqdkMy&sig=FkUkI5JMrbsU9j00JjpmJxYFwLQ&hl=cs&sa=X&ved=2ahUKEwjp2e D97_TeAhWIlosKHYFNCoYQ6AEwEHoECAkQAQ#v=onepage&q=Mohametus&f=false). 282 Treccani – l’entrée « maometto ». Disponible online : http://www.treccani.it/enciclopedia/maometto [consulté en novembre 2018] 283 Dictionnaire Definiciona : Definición y etymología. L’entrée « Mahoma ». Disponible online : https://definiciona.com/mahoma/ [consulté en novembre 2018]. 59 masculin du singulier284 ; dans ce cas, nous croyons cependant qu’ils s’agit plutôt du suffixe féminin -a que l’on trouve dans les langues romanes, le latin et les langues arabes285 en exprimant un adjectif ou un nom féminin au singulier ; la variante de l’emprunt à l’italien ou à l’espagnol est plus possible que l’emprunt à l’arabe. Les PCs langues ont, en effet, tendance à emprunter les formes féminines des substantifs et des adjectifs en les utilisant d’une manière générale, à savoir pour tous les deux genres ; les PCs langues préfèrent les formes féminines parce que ces formes présentent plus de régularités et sont plus faciles à apprendre et à déchiffrer. L’influence du suffixe -a arabe masculin peut être trouvable chez Molière surtout vu de certains verbes ; il pourrait s’agir aussi de l’influence des langues romanes et leur futur simple qui comprend le suffixe -a dans la 3. personne du singulier. La préposition per (fr. pour286) présente l’influence de l’italien « per »287 ; ni l’espagnol ni français ne possède pas ladite préposition sous cette forme. Dans l’ancien français l’on trouve souvent les formes suivantes : « por, pur, pour, pro »288, mais aussi des formes « par, per »289 ; néanmoins les formes « per, par » avaient un usage spécifique qui ne concourait presque pas à l’usage des prépositions « por, pur, pour, pro ». Dans ce cas-ci, l’ancien français se servait de la préposition « por » et ses variantes, l’on peut donc exclure son influence. Le nom propre Iordina (fr. Jourdain) nous paraît comme un calque de Molière qui décida de refranciser la forme italianisée Giourdina pour ridiculiser toute la situation encore plus ; la prononciation de ce nom était probablement française tandis que le nom « Giourdina » dénotait plutôt la prononciation italienne, à savoir de la Lingua Franca. Le verbe voler (fr. vouloir) provient probablement de l’italien « volere »290, puisque l’espagnol ne possède pas ce verbe dans son lexique (le

284 Arabic learning resources – Verb conjugation for Standard and Egyptian Arabic. Disponible online : https://arabic.desert-sky.net/g_conj.html [consulté en novembre 2018]. 285 Arabic learning resources – Nouns in Egyptian Arabic. Disponible online : https://arabic.desert- sky.net/g_nouns.html ; Arabic learning resources – Adjectives in Egyptian Arabic. Disponible online : https://arabic.desert-sky.net/g_adj.html [consulté en novembre 2018]. 286 CNRTL – l’entrée « pour ». Disponible online : http://www.cnrtl.fr/etymologie/pour [consulté en novembre 2018]. 287 Treccani – l’entrée « per ». Disponible online : http://www.treccani.it/enciclopedia/ricerca/per/ [consulté en novembre 2018]. 288 Godefroy (1881, vol. VI., p. 279). 289 Godefroy (1881, vol. V., p. 730). 290 Treccani – l’entrée « volere ». Disponible online : http://www.treccani.it/vocabolario/volere2 [consulté en novembre 2018]. 60 verbe latin volere fut remplacé par le verbe quaerere, esp. querer)291 et la forme « voler » dans l’ancien français est un phénomène plutôt marginal, l’on utilisait de préférence les formes telles que « voleir, vuleir, voloir, etc. »292 ; nous passons la forme « voler » dans l’ancien français plutôt pour une forme analogique, conservant l’orthographe latine. Le verbe italien subit l’apocope (volere → voler) en créant la forme « voler » de la Lingua Franca. Par rapport à cette forme, nous restons étonné un peu pourquoi cette forme n’ait pas subi l’approximation de la prononciation de l’« e » vers l’« i » comme dans les autres cas (p.ex. saber → sabir). Il s’agit, comme nous avons déjà expliqué, de l’influence d’un usage plus fréquent. Le verbe far (fr. faire) dénote l’influence de l’italien « fare »293, subissant l’apocope sous l’influence de l’arabe. Ce verbe pourrait aussi dénoter l’influence de l’ancien français, mais nous le considérons peu vraisemblable, puisque la forme française « fare/farre » était un phénomène marginal, conservant plutôt l’orthographe latine que référant à la prononciation de cette époque-là. Dans l’ancien français, les formes les plus fréquentes étaient « faire, feire ou fere »294. Le déterminant indéfini un (fr. un) présente l’influence de l’italien, de l’espagnol ou du français (un295, un296 : un297). L’influence française est, dans ce cas, très marginale comme nous avons déjà expliqué avant. De surplus, en ce qui concerne la construction « far un paladina », elle est très curieuse parce que les PCs langues tendent à éliminer les articles et il y en a un… Peut-être est-ce une preuve de la romanisation de ce texte de la part de Molière ? Le nom commun paladina (fr. paladin298) paraît prendre son origine dans l’italien « paladino »299,

291 RAE : DLE – l’entrée « querer ». Disponible online : http://dle.rae.es/?id=UnvXEIb|Unz1d3h [consulté en novembre 2018]. 292 TCAF – l’entrée « vouloir ». Disponible online : http://micmap.org/dicfro/search/tableaux-de- conjugaison/voleir [consulté en novembre 2018]. 293 Treccani – l’entrée « fare ». Disponible online : http://www.treccani.it/vocabolario/fare2/ [consulté en novembre 2018]. 294 TCAF – l’entrée « faire ». Disponible online : http://micmap.org/dicfro/search/tableaux-de- conjugaison/faire [consulté en novembre 2018]. 295 Treccani – l’entrée « uno ». Disponible online : http://www.treccani.it/vocabolario/uno/ [consulté en novembre 2018]. 296 RAE : DLE – l’entrée « uno ». Disponible online : http://dle.rae.es/?id=b6hEWeB [consulté en novembre 2018]. 297 CNRTL – l’entrée « un ». Disponible online : http://www.cnrtl.fr/etymologie/un [consulté en novembre 2018]. 298 CNRTL – l’entrée « paladin ». Disponible online : http://www.cnrtl.fr/etymologie/paladin [consulté en novembre 2018]. 299 Treccani – l’entrée « paladino ». Disponible online : http://www.treccani.it/vocabolario/paladino/ [consulté en novembre 2018]. 61 l’espagnol « paladín »300 ou le français. Par rapport à ce mot, nous ne devons pas omettre de mentionner que et l’espagnol et le français empruntèrent ce mot à l’italien, ce qui cependant n’exclut pas leur influence possible. La forme italienne reste pourtant comme la source plausible. La préposition de (fr. de) paraît prendre son origine dans l’italien « di »301, de l’espagnol « de »302 ou du français « de »303 ; l’orthographe est, paraît-elle, intentionnellement modifiée par Molière, voulant faire l’opposition entre « dé » et « de » dans le texte de Mrs Jourdain ; le changement de la prononciation italienne de [di] en [de] pourrait être conditionné par l’ouverture et l’accent de la syllabe sous l’influence de l’arabe. Le verbe dar (fr. donner) dénote les caractères de l’italien ou de l’espagnol (dare304, dar305 : donner) ; l’ancien français remplaça le verbe latin dare (fr. donner) par le verbe d’une signification proche donare (donner dans le sens d’offrir un don), nous pouvons donc exclure son influence dans ce cas. Nous pouvons observer que Mufti avec les Turcs (passage 4) et Mrs Jourdain (passage 5) utilisent la forme verbale différente : tandis que les Turcs avec Mufti disent « donar turbata », Mrs Jourdain utilise la forme logiquement correcte « dar turbanta ». Nous pensons que Molière ridiculise l’usage fautif du verbe « donare » que les Turcs et Mufti utilisent en opposition de Mrs Jourdain qui est conscient de la signification du verbe italien « donare : offrir un don » et pour cette raison il utilise la forme « dare », modifiée de la manière à la Lingua Franca. La cour de Louis XIV connaissait bien l’italien et tout cela ne rend que toute la situation plus comique. Ou peut-être ces verbes devraient-ils avoir une signification différente (offrir un turbant x donner un turbant) ? Le nom commun turbanta (fr. turban306) dénote l’influence de l’italien « turbante »307, de

300 RAE : DLE – l’entrée « paladín ». Disponible online : http://dle.rae.es/?id=RVJuXin [consulté en novembre 2018]. 301 Treccani – l’entrée « de ». Disponible online : http://www.treccani.it/vocabolario/de_res-9848f722- 0017-11de-9d89-0016357eee51/ [consulté en novembre 2018]. 302 RAE : DLE – l’entrée « de ». Disponible online : http://dle.rae.es/?id=BtDkacL|BtFYznp [consulté en novembre 2018]. 303 CNRTL – l’entrée « de ». Disponible online : http://www.cnrtl.fr/etymologie/de [consulté en novembre 2018]. 304 Treccani – l’entrée « dare ». Disponible online : http://www.treccani.it/vocabolario/dare2/ [consulté en novembre 2018]. 305 RAE : DLE – l’entrée « dar ». Disponible online : http://dle.rae.es/?id=BrtRK35 [consulté en novembre 2018]. 306 CNRTL – l’entrée « turban ». Disponible online : http://www.cnrtl.fr/etymologie/turban [consulté en novembre 2018]. 307 Treccani – l’entrée « turbante ». Disponible online : http://www.treccani.it/vocabolario/turbante/ [consulté en novembre 2018]. 62 l’espagnol « turbante »308 ou du français ; dans l’ancien français, l’on se servait du mot « tourbelon »309, puis remplacé par les synonymes « turbant/turban » dont seulement celui de « turban » a survécu jusqu’à nos jours.310 L’on ne connaît la prononciation précise, mais selon les règles de la prononciation de l’ancien et du moyen français, le « t » final aurait pu être prononcé jusqu’au XVème siècle ; l’influence du français est aussi possible, quoique marginale. Le suffixe -a final est probablement l’emprunt du suffixe féminin -a à l’italien ou à l’espagnol. Comme nous avons déjà dit, il s’agit d’un phénomène typique pour les PCs langues. Il est presque impossible que ce suffixe réfère au suffixe -a féminin arabe. La préposition con (fr. avec) pourrait être influencée par l’italien « con »311, l’espagnol « con »312 ou par le français ; dans l’ancien français l’on utilisa la préposition « con » maintes fois. Là, l’on peut trouver cette préposition sous forme de « con, cun, com, cum »313. L’on ne peut pas donc hypothétiquement exclure l’influence possible du français. Le nom commun galera (fr. galère) dénote l’influence de l’italien « galea/galera »314 ou de l’espagnol « galera »315 ; le mot « galère » français est un emprunt du XVIème siècle au catalan ; l’ancien français se servait du mot « galée »316, emprunté au grec ancien, puis remplacé par l’emprunt au catalan. L’influence du français dans ce cas donc paraît un phénomène plutôt marginal ; l’influence de l’espagnol semble, au contraire, plausible. Le verbe deffender (fr. défendre) pourrait provenir de l’italien « difendere »317 ou de l’espagnol « defender »318 ; le « ff » paraît être l’orthographe intentionnelle de Molière qui voulait refléter la prononciation ouverte de « e [ɛ] ». Néanmoins, il est étrange pourquoi les Arabes ou les Turcs

308 RAE : DLE – l’entrée « turbante ». Disponible online : http://dle.rae.es/?id=avyJO3N [consulté en novembre 2018]. 309 Godefroy (1881, vol. VII., p. 777). 310 CNRTL – l’entrée « turban ». Disponible online : http://www.cnrtl.fr/etymologie/turban [consulté en novembre 2018]. 311 Treccani – l’entrée « con ». Disponible online : http://www.treccani.it/vocabolario/con2/ [consulté en novembre 2018]. 312 RAE : DLE – l’entrée « con ». Disponible online : http://dle.rae.es/?id=A5cH5M4 [consulté en novembre 2018]. 313 Godeffroy (1881, vol. II, p. 216). 314 Treccani – l’entrée « galera ». Disponible online : http://www.treccani.it/vocabolario/galera/ [consulté en novembre 2018]. 315 RAE : DLE – l’entrée « galera ». Disponible online : http://dle.rae.es/?id=IjhfbAO [consulté en novembre 2018]. 316 Godeffroy (1881, vol. IV, p. 207). 317 Treccani – l’entrée « difendere ». Disponible online : http://www.treccani.it/vocabolario/difendere/ [consulté en novembre 2018]. 318 RAE : DLE – l’entrée « defender ». Disponible online : http://dle.rae.es/?id=C1sjxz1 [consulté en novembre 2018]. 63 n’aient pas modifié la prononciation de « deffender » en « defendir » ou « difendir » comme dans le cas de « rispondir/respondir » ou « intendir » pour la rendre plus facile pour eux… L’origine du nom propre Palestina (fr. Palestine) pourrait être déduite de l’italien, de l’espagnol ou du français (Palestina319, Palestina320 : Palestine321). Le verbe dara (fr. donner) présente les caractères de l’italien ou de l’espagnol (dare322, dar323 : donner) ; l’ancien français remplaça le verbe latin dare (fr. donner) par le verbe d’une signification proche donare (donner dans le sens d’offrir un don). Nous pouvons donc exclure son influence dans ce cas. Le suffixe -a pourrait référer, dans ce cas, à l’influence de l’arabe où ce suffixe exprime 3. personne masculine du singulier du prétérit. Il est aussi possible que cela soit un usage fautif du suffixe féminin italien -a ; nous le considérons cependant très peu possible. Quelques-uns le pourraient passer pour le suffixe -a du futur simple (mais c’est peu probable parce que les pidgins ou les langes créoles ne le font pas ainsi). Le verbe bastonara (fr. bâtonner324) pourrait provenir de l’italien « bastonare »325. Cette forme verbale ne peut pas être influencée par le français, parce que, dans l’ancien français, l’on trouve la forme « bastoner »326 qui n’est pas convenable avec celle de « bastonara ». Le suffixe -a pourrait aussi, comme dans le cas précédent, référer au suffixe verbal masculin arabe -a, au suffixe -a du futur simple ou au suffixe féminin italien - a ; l’influence arabe est plausible. L’adverbe de négation non (fr. non) pourrait être influencé par l’italien « non »327, l’espagnol « non (désuet.) »328 ou par le français « non »329 ; la nasalisation en français est un changement tardif, les

319 Treccani – l’entrée « Palestina ». Disponible online : http://www.treccani.it/enciclopedia/palestina [consulté en novembre 2018]. 320 RAE : DLE – l’entrée « Palestina ». Disponible online : http://dle.rae.es/?id=RXZ8Scj [consulté en novembre 2018]. 321 CNRTL – l’entrée « Palestine ». Disponible online : http://www.cnrtl.fr/definition/palestine [consulté en novembre 2018]. 322 Treccani – l’entrée « dare ». Disponible online : http://www.treccani.it/vocabolario/dare2/ [consulté en novembre 2018]. 323 RAE : DLE – l’entrée « dar ». Disponible online : http://dle.rae.es/?id=BrtRK35 [consulté en novembre 2018]. 324 CNRTL – l’entrée « bâtonner ». Disponible online : http://www.cnrtl.fr/etymologie/bâtonner [consulté en novembre 2018]. 325 Treccani – l’entrée « bastonare ». Disponible online : http://www.treccani.it/vocabolario/bastonare/ [consulté en novembre 2018]. 326 Godefroy (1881, vol. I., p. 595). 327 Treccani – l’entrée « non ». Disponible online : http://www.treccani.it/vocabolario/non/ [consulté en novembre 2018]. 328 RAE : DLE – l’entrée « non ». Disponible online : http://dle.rae.es/?id=QalgZpX|QamvHwa [consulté en novembre 2018]. 329 CNRTL – l’entrée « non ». Disponible online : http://www.cnrtl.fr/etymologie/non [consulté en novembre 2018]. 64

Arabes et les Turcs donc auraient pu emprunter la forme non-nasalisée. Le verbe tener (fr. tenir) présente l’influence de l’italien « tenere »330 ou de l’espagnol « tener »331 ; la forme italienne subit l’apocope (tenere → tener). En ce qui concerne l’ancien français, l’on y trouve les formes de ce verbe telles que « tenir, tenoir, tener »332 dont la plus utilisée est celle de « tenoir »333 ; la forme « tener » semble suivre l’orthographe latine et pas refléter la prononciation actuelle. Néanmoins, nous nous demandons pourquoi il n’y a pas de ce changement de l’« e » en l’« i » comme dans les cas de « rispondir, intendir, sabir, etc. », à savoir le changement de « tener » en « tenir » ? Et pourquoi Molière ne changea-t-il pas l’orthographe de « tener » en « ténér » pour le moins ? Ainsi la prononciation français serait [tənər] et non [tener] ou [tɛnɛr] ; dans tous cas, les Français n’auraient pas pu prononcer ce verbe à la française, parce que ils n’auraient pas été capable de le prononcer ainsi à l’exception s’ils avaient suivi l’ancien prononciation que la cour royale elle-même suivait. Le nom commun honta (fr. honte334) présente l’influence du français ou de l’italien « onta »335 ; l’influence du français est plausible parce que l’italien emprunta ce mot au français. Néanmoins l’on ne sait pas la manière dont ce mot était prononcé : ce mot aurait pu être prononcé comme [ɔnta], dénotant l’influence de l’italien, et c’était Molière qui lui attribua le « h » français. On ne sait pas. Néanmoins, le « h » aspiré était prononcé jusqu’aux XVIIème-XVIIIème siècles336, il en alors suit que, si le « h » se prononçait, il y avait une influence française ou arabe évidente. Les Arabes et les Turcs eux-mêmes n’auraient pas eu aucun problème de le prononcer avec un « h » aspiré. Le pronom démonstratif questa (fr. ce) pourrait prendre son origine dans l’italien « questo »337 ; il y a aussi la variante « quista » (veuillez voir le passage 3). Ce pronom pourrait provenir aussi de l’espagnol où

330 Treccani – l’entrée « tenere ». Disponible online : http://www.treccani.it/vocabolario/tenere/ [consulté en novembre 2018]. 331 RAE : DLE – l’entrée « tener ». Disponible online : http://dle.rae.es/?id=ZT8sFSB [consulté en novembre 2018]. 332 TCAF – l’entrée « tenir ». Disponible online : http://micmap.org/dicfro/search/tableaux-de- conjugaison/tenir [consulté en novembre 2018]. 333 Godefroy (1881, vol. VII., p. 680). 334 CNRTL – l’entrée « honte ». Disponible online : http://www.cnrtl.fr/etymologie/honte [consulté en novembre 2018]. 335 Treccani – l’entrée « onta ». Disponible online : http://www.treccani.it/vocabolario/onta/ 336 Machonis (1990, pp. 92-93). 337 Treccani – l’entrée « questo ». Disponible online : http://www.treccani.it/vocabolario/questo/ [consulté en novembre 2018]. 65 l’on trouve la forme « aquesto (poét.) »338, mais la forme aurait dû subir l’aphérèse (à savoir l’élimination d’une ou plusieurs syllabes au commencement du mot ; aquesto → questo). Ce changement nous paraît possible, nous le considérons cependant comme moins possible que l’emprunt simple à l’italien. Le suffixe -a est probablement l’influence du suffixe -a féminin italien, espagnol ou arabe. Le verbe star (fr. être) dénote l’influence de l’italien « stare »339 ou de l’espagnol « estar »340 ; celui-ci subissant l’élimination de l’« e » prothétique (estar → star), celui-là l’apocope (stare → star). Le déterminant défini l’ (fr. l’341) est présent sur ce lieu dans tous les manuscrits ; dans quelques-uns, l’on le trouve aussi dans la scène précédente, à savoir dans le passage 4. Nous le considérons comme l’influence de Molière qui voulait franciser toute la scène comme il est évident d’autres indices. Si l’on prend en considération que l’article est présent dans toutes les deux scènes (passage 4 et 5), l’on peut le considérer comme l’influence de l’italien « l’ »342 ou du français. Néanmoins, nous le passons pour peu vraisemblable, parce que les pidgins et les langues créoles tendent à éviter d’utiliser les articles en général. L’adjectif ultima (fr. ultime) pourrait provenir de l’italien, de l’espagnol ou du français (ultimo343, último344 : ultime345) ; le suffixe -a est l’influence probable du suffixe -a féminin italien, espagnol ou arabe. Le nom commun affronta (fr. affront) présente l’influence de l’italien, de l’espagnol ou du français (affronto346, afrenta347 : affront348) ; le suffixe -a pourrait être un emprunt du suffixe féminin -a à l’italien, à l’espagnol ou à

338 RAE : DLE – l’entrée « aquesto ». Disponible online : http://dle.rae.es/?id=3MckQqi [consulté en novembre 2018]. 339 Treccani – l’entrée « stare ». Disponible online : http://www.treccani.it/vocabolario/stare/ [consulté en novembre 2018]. 340 RAE : DLE – l’entrée « aquesto ». Disponible online : http://dle.rae.es/?id=3MckQqi [consulté en novembre 2018]. 341 CNRTL – l’entrée « le ». Disponible online : http://www.cnrtl.fr/etymologie/le [consulté en novembre 2018]. 342 Treccani – l’entrée « il ». Disponible online : http://www.treccani.it/vocabolario/il1/ [consulté en novembre 2018]. 343 Treccani – l’entrée « ultimo ». Disponible online : http://www.treccani.it/vocabolario/ultimo/ [consulté en novembre 2018]. 344 RAE : DLE – l’entrée « último ». Disponible online : http://dle.rae.es/?id=b2MGGOS [consulté en novembre 2018]. 345 CNRTL – l’entrée « ultime ». Disponible online : http://www.cnrtl.fr/etymologie/ultime [consulté en novembre 2018]. 346 Treccani – l’entrée « affronto ». Disponible online : http://www.treccani.it/vocabolario/affronto/ [consulté en novembre 2018]. 347 RAE : DLE – l’entrée « afrenta ». Disponible online : http://dle.rae.es/?id=10oyk5Z [consulté en novembre 2018]. 348 CNRTL – l’entrée « affront ». Disponible online : http://www.cnrtl.fr/etymologie/affront [consulté en novembre 2018]. 66 l’arabe (bien que l’influence de l’arabe soit, dans ces cas, la moins possible). Il possible que l’orthographe « ff » soit l’influence de Molière qui connaissait bien l’italien. La phrase Hou la ba ba la chou ba la ba ba la da (signification incertaine) est probablement l’imitation du turc (baba : père, ala : excellent, alla : allah)349 ; peut-être s’agit-il d’une imitation de la phrase « La Ilaha Ila Allah Hu »350 du Coran, la phrase très connue qui veut dire « il n’y a d’autre dieu qu’Allah ». Veuillez comparer, s’il vous plaît, le changement de l’orthographe de « Hu » dans le passage précédent (passage 4) et dans ce passage où l’on trouve la forme francisée « Hou » : il s’agit d’un changement intentionnel de Molière pour faire montrer que Mrs. Jourdain est un Français et pas un Turc. En résumé, dans ce passage, nous pouvons y trouver 28 mots dont 26 lexèmes, y compris le suffixe -a. Les procédés possibles que l’on peut apercevoir sont tels : l’apocope (volere → voler), l’aphérèse (estar → star), la métathèse (maometto → moametto), la francisation (Giourdina → Jordina, defender → deffender) ou la (re)suffixation (Mohameto → Mohameta, dare → dara). Ce passage est une imitation des passages 2 et 4, mais il dénote quelques traits de la francisation intentionnelle de Molière : Mohameta, Iordina/Jordina, de, dar, l’ et Hou. En ce qui concerne le suffixe -a, nous tenons toujours à la même opinion : le suffixe -a substantival ou adjectival est une influence de l’italien ou de l’espagnol, le suffixe -a verbal est une influence de l’arabe.

4.1.6. LE SICILIEN OU L’AMOUR PEINTRE – PASSAGE 6

Le passage suivant de Le Sicilien ou L’Amour Peintre représente un dialogue chanté entre Hali, valet d’Adraste, et dom Pèdre :

F) HALI AVEC DOM PÈDRE (Le Sicilien, Acte I, Scène 8)

ORIGINAL351 COMMENTAIRE HALI : chiribirida ouch alla (phr.) – l’imitation de l’arabe (inch’Allah Chiribirida ouch alla ! : si Allah le veut) ; star (v.) – l’influence de l’italien ou de Star bon Turca, l’espagnol (stare, estar : être) ; l’élimination de l’« e » Non aver danara, prothétique n’est pas problème : veuillez voir l’entrée Ti voler comprara, « scarcina » ; bon (adj.) – l’influence du de l’italien, de Mi servir a ti, l’espagnol ou du français (buono/bono (pop.), bono

349 LINGEA – turecko-český slovník. L’entrée « baba ». Disponible online : https://slovniky.lingea.cz /turecko-cesky/baba ; LINGEA – turecko-český slovník. L’entrée « ala ». Disponible online : https://slovniky.lingea.cz/turecko-cesky/ala ; LINGEA – turecko-český slovník. L’entrée « Allah ». Disponible online : https://slovniky.lingea.cz/turecko-cesky/Allah [consulté en novembre 2018]. 350 Coran 37 : 35, 47 : 19. 351 Molière (1963, p. 181-182) ; Acte I, Scène 8 67

Se pagar per mi, (désuet.) : bon), mais plutôt de l’italien seulement, la Far bona coucina352, monophtongaison de la consonne spirante labio-vélaire Mi levar matina, voisée du « uo » (buono : bon) ; Turca (n.) – l’influence de Far boler caldara, l’italien, de l’espagnol ou du français (Turco, Turco : Turc) ; -a Parlara, parlara, final (suff.) – le suffixe verbal masculin arabe ou roman, le Ti voler compara suffixe substantival féminin arabe ou roman – plus de … régularité, plus faciles à apprendre ; non (adv.) – l’influence DOM PÈDRE : de l’italien, de l’espagnol ou du français (non, non (désuet.) : Chiribirida ouch alla, non) ; aver (v.) – l’influence de l’italien (avere : avoir) ; danara Mi ti non comprara, (n.) – l’influence de l’italien ou de l’espagnol (dinaro, dinero : Ma ti bastonara, denier) ; Ti (pron.) – l’influence de l’italien, de l’espagnol ou Si, si, non andara, du français, le COI/COD en fonction du sujet ; voler (v.) – Andara, andara, l’influence de l’italien (volere : vouloir) ; comprara (v.) – O ti bastonara. l’influence de l’italien ou de l’espagnol (comprare, comprar : acheter), soit la seule forme verbale (3. p. sg. du futur simple), soit le suffixe verbal masculin arabe -a ; mi (pron.) – l’influence de l’italien, de l’espagnol ou du français (mi/me, me/mí : me/moi), le COI/COD en fonction du sujet ; servir – l’influence de l’italien, de l’espagnol ou du français (servire, servir : servir) ; a (prép.) – l’évidence unique de la préposition « a », l’influence de l’italien, de l’espagnol ou du français (a, a : à) ; ti (pron.) – le pronom tonique en fonction du COI, l’influence de l’espagnol, de l’italien ou du français (te, ti : toi) ; se (conj.) – l’influence de l’italien, de l’espagnol ou du français (se, si : si) ; pagar (v.) – l’influence de l’italien ou de l’espagnol (pagare, pagar : payer) ; per (prép.) – l’influence de l’italien (per : pour) ; mi (pron.) – le pronom tonique en fonction du COI, l’influence de l’espagnol, de l’italien ou du français (me, mí : moi) ; far (v.) – l’influence de l’italien (fare : faire) ; bona (adj.) – l’influence de l’italien, de l’espagnol ou du français, mais plutôt de l’italien seulement ; coucina/cucina (n.) – l’influence de l’italien ou de l’espagnol (cucina, cocina : cuisine), une transcription intentionnelle française de Molière ; mi levar (v. pron.) – le verbe pronominal, formé d’un pronom atone en fonction du COD, l’influence de l’espagnol, de l’italien ou du français (mi/me, me/mí : me/moi), mais plutôt de l’italien seulement, l’influence de l’italien ou de l’espagnol (levarsi, levarse (désuet.) : se lever) ; matina (n.) – la variante de « mattina », l’influence de l’italien, de l’espagnol ou du français (mattina, matino (désuet.) : matin) ; boler (v.) – l’influence de l’italien, de l’espagnol ou du français (bollire, bullir : bouillir) ; caldara (n.) – l’influence de l’italien ou de l’espagnol (caldaia/caldara, caldera : chaudière) ; parlara (v.) – l’influence de l’italien ou de l’espagnol (parlare, parlar (fam.) : parler), mais plutôt de l’italien seulement, soit la seule forme verbale (3. p. sg. du futur simple), soit le suffixe verbal masculin arabe -a ; ma (conj.) – l’influence de l’italien (ma : mais) ; ti (pron.) – le pronom atone en fonction du COD, l’influence de l’espagnol, de l’italien ou du français (ti/te, te/ti : te/toi), mais plutôt de

352 La variante de « cucina » en Molière (19nn, p. 89-90). 68

l’italien seulement ; bastonara (v.) – l’influence de l’italien (bastonare : bâtonner), soit la seule forme verbale (3. p. sg. du futur simple), soit le suffixe verbal masculin arabe -a ; si (conj.) – l’influence de l’italien, de l’espagnol ou du français (se, si : si) ; andara (v.) – l’influence de l’italien ou de l’espagnol (andare, andar : aller), soit la seule forme verbale (3. p. sg. du futur simple), soit le suffixe verbal masculin arabe -a ; o (conj.) – l’influence de l’italien, de l’espagnol ou du français (o (littér.), o : ou).

Nous avons élaboré cette analyse sémantique de ce passage : La phrase chiribirida ouch alla (signification incertaine) paraît imiter la langue arabe, surtout la partie finale de la phrase « inch’Allah »353 qui signifie « si Allah le veut ». Le verbe star (fr. être) présente l’influence de l’italien « stare »354 ou de l’espagnol « estar »355 ; celui-ci subissant l’élimination de l’« e » prothétique (estar → star), celui-là l’apocope (stare → star). L’adjectif bon (fr. bon356) présente l’influence de l’italien « buono »357, de l’espagnol « bono (désuet.) »358 ou du français. Dans le cas de l’italien, il s’agit de l’influence de l’arabe : la simplification de la diphtongue « uo » en « o » ; la monophtongaison se réalise en « o », puisque cette voyelle est accentuée tandis que celle de « u » pas. Dans l’italien, l’on y trouve aussi la forme populaire « bono »359 qui pourrait aussi être la source potentielle de ce nom dans la Lingua Franca. Ceci se réaliserait de la même façon à propos de « bueno » espagnol qui produirait « beno » sous l’influence de la monophtongaison (bueno → beno) ; le « bueno » espagnol n’aurait pas pu être la forme sourcière, sauf sa forme plus vieillie et désuète « bono » que les Arabes et Turc auraient pu emprunter. Quant au « bon » français, l’on doit mentionner que la nasalisation est un phénomène tardif dans l’ancien français, les Arabes et les Turcs donc auraient pu emprunter ce mot

353 SCS.ABZ.CZ Slovník cizích slov – l’entrée « inšalláh ». Disponible online : https://slovnik-cizich- slov.abz.cz/web.php/slovo/insallah-arabsky [consulté en novembre 2018]. 354 Treccani – l’entrée « stare ». Disponible online : http://www.treccani.it/vocabolario/stare/ [consulté en novembre 2018]. 355 RAE : DLE – l’entrée « estar ». Disponible online : http://dle.rae.es/?id=GnJiqdL [consulté en novembre 2018]. 356 CNRTL – l’entrée « bon ». Disponible online : http://www.cnrtl.fr/definition/bon [consulté en novembre 2018]. 357 Treccani – l’entrée « buono ». Disponible online : http://www.treccani.it/vocabolario/buono1/ [consulté en novembre 2018]. 358 RAE : DLE – l’entrée « bono ». Disponible online : http://dle.rae.es/?id=5raHxcs [consulté en novembre 2018]. 359 Treccani – l’entrée « bono ». Disponible online : http://www.treccani.it/vocabolario/bono/ [consulté en novembre 2018]. 69 avant le procédé de la nasalisation. Le nom commun Turca (fr. Turc) présente l’influence de l’espagnol, de l’italien ou du français (Turco360, Turco361 : Turc362) ; le suffixe -a est probablement l’influence du suffixe substantival ou adjectival - a féminin de l’italien ou de l’espagnol (ou de l’arabe) que les pidgins et les langues créoles préfèrent aux suffixes masculins. Le suffixe -a final pourrait référer au suffixe -a masculin arabe qui concerne les verbes au prétérit en dénotant la 3. personne masculine du singulier363 (ce qui est aussi la forme dictionnairique de base) ; dans ce cas, nous croyons cependant qu’ils s’agit plutôt du suffixe féminin -a que l’on trouve dans les langues romanes, le latin et la langue arabe364 en exprimant un adjectif ou un nom féminin au singulier ; la variante de l’emprunt à l’italien ou à l’espagnol est plus possible que l’emprunt à l’arabe. Les PCs langues tendent, en effet, à emprunter les formes féminines des substantifs et des adjectifs en s’en servant d’une manière générale, à savoir pour tous les deux genres ; les PCs langues préfèrent les formes féminines parce que ces formes dénotent plus de régularités et sont plus faciles à apprendre et à déchiffrer. L’influence du suffixe -a arabe masculin peut être trouvable chez Molière surtout vu certains verbes ; il pourrait s’agir aussi de l’influence des langues romanes et leur futur simple qui comprend le suffixe -a dans la 3. personne du singulier. L’adverbe de négation non (fr. non) pourrait dénoter les caractères de l’italien « non »365, de l’espagnol « non »366 ou du français « non »367 ; la nasalisation en français est un changement tardif, les Arabes et les Turcs donc auraient pu emprunter la forme non-nasalisée. La forme espagnole « non » qui est aujourd’hui considérée comme une forme désuète aurait pu aussi avoir de l’influence sur cet adverbe dans la Lingua

360 Treccani – l’entrée « turco ». Disponible online : http://www.treccani.it/vocabolario/turco1/ [consulté en novembre 2018]. 361 RAE : DLE – l’entrée « turco ». Disponible online : http://dle.rae.es/?id=ax7qDJy [consulté en novembre 2018]. 362 CNRTL – l’entrée « turc ». Disponible online : http://www.cnrtl.fr/etymologie/turc [consulté en novembre 2018]. 363 Arabic learning resources – Verb conjugation for Standard and Egyptian Arabic. Disponible online : https://arabic.desert-sky.net/g_conj.html [consulté en novembre 2018]. 364 Arabic learning resources – Nouns in Egyptian Arabic. Disponible online : https://arabic.desert- sky.net/g_nouns.html ; Arabic learning resources – Adjectives in Egyptian Arabic. Disponible online : https://arabic.desert-sky.net/g_adj.html [consulté en novembre 2018]. 365 Treccani – l’entrée « non ». Disponible online : http://www.treccani.it/vocabolario/non/ [consulté en novembre 2018]. 366 RAE : DLE – l’entrée « non ». Disponible online : http://dle.rae.es/?id=QalgZpX|QamvHwa [consulté en novembre 2018]. 367 CNRTL – l’entrée « non ». Disponible online : http://www.cnrtl.fr/etymologie/non [consulté en novembre 2018]. 70

Franca. Le verbe aver (fr. avoir) provient plausiblement de l’italien « avere »368, en ayant subi l’apocope (avere → aver) ; il est aussi possible qu’il ait été emprunté au français bien que la forme « aver » fût rare dans l’ancien français ; les formes les plus répandues étaient « aveir, haveir ou avoir »369. Entre autres, nous sommes fort persuadé que la forme française « aver » reflétait plutôt l’écriture latine que la prononciation actuelle de cette époque-là. Le nom commun danara (fr. denier) dénote l’influence de l’italien « dinaro »370 ou de l’espagnol « dinero »371 ; l’ancien français se servait du terme « dener »372. La forme italienne est la plus vraisemblable comme la source de « danara » en Lingua Franca : sous l’influence de l’assimilation avec l’« a » au milieu du mot (dinara) et avec le suffixe -a final (dinara) c’est plausible. La forme espagnole aurait dû réaliser l’assimilation deux fois ce qui est presque impossible. Le pronom personnel ti (fr. tu), le COI/COD de l’italien, du français ou de l’espagnol en fonction du sujet (ti/te373, te/ti374 : te/toi375), est une marque typique des PCs langues, y compris les pidgins et les créoles basés sur les langues romanes, qui se servent surtout des pronoms du COI ou du COD en fonction du sujet. Le pronom personnel italien, espagnol et français qui termine par -e (te, te, te) aurait pu subir l’approximation de la prononciation (e → i) sous l’influence de l’arabe. La variante française « toi », dans l’ancien français « tei » aurait pu passer la monophtongaison en produisant la forme de « ti », bien que cela fût un changement peu possible ; pour cette raison toutes les formes du COI et COD peuvent être passées pour les formes potentielles sourcières de « ti » dans la Lingua Franca. Le verbe voler (fr. vouloir) prend son origine

368 Treccani – l’entrée « avere ». Disponible online : http://www.treccani.it/vocabolario/avere2/ [consulté en novembre 2018]. 369 TCAF – l’entrée « avoir ». Disponible online : http://micmap.org/dicfro/search/tableaux-de- conjugaison/aveir [consulté en novembre 2018]. 370 Treccani – l’entrée « dinaro ». Disponible online : http://www.treccani.it/vocabolario/dinaro/ [consulté en novembre 2018]. 371 RAE : DLE – l’entrée « dinero ». Disponible online : http://dle.rae.es/?id=Doas5g0 [consulté en novembre 2018]. 372 CNRTL – l’entrée « denier ». Disponible online : http://www.cnrtl.fr/etymologie/denier [consulté en novembre 2018]. 373 Treccani – l’entrée « ti ». Disponible online : http://www.treccani.it/vocabolario/ti2/ ; Treccani – l’entrée « te ». Disponible online : http://www.treccani.it/vocabolario/te1_res-3641f6ae-0036- 11de-9d89-0016357eee51/ [consulté en novembre 2018]. 374 RAE : DLE – l’entrée « te ». Disponible online : http://dle.rae.es/?id=ZHbpNE9|ZHbtI24 ; RAE : DLE – l’entrée « ti ». Disponible online : http://dle.rae.es/?id=ZhjwWgn [consulté en novembre 2018]. 375 CNRTL – l’entrée « te ». Disponible online : http://www.cnrtl.fr/etymologie/te ; CNRTL – l’entrée « toi ». Disponible online : http://www.cnrtl.fr/etymologie/toi [consulté en novembre 2018]. 71 probablement de l’italien « volere »376, puisque l’espagnol ne possède pas ce verbe dans son lexique (le verbe latin volere fut remplacé par le verbe quaerere, esp. querer)377 et la forme « voler » dans l’ancien français est un phénomène plutôt marginal : l’on utilisait de préférence les formes telles que « voleir, vuleir, voloir, etc. »378 ; nous considérons la forme « voler » en ancien français plutôt comme une forme analogique, conservant l’orthographe latine. Le verbe italien subit l’apocope en créant la forme « voler » de la Lingua Franca (volere → voler). En ce qui touche cette forme, nous sommes un peu surpris pourquoi cette forme n’ait pas subi l’approximation de la prononciation de l’« e » vers l’« i » comme dans les autres cas (p.ex. saber → sabir). Peut-être à cause d’un usage abondant. Le verbe comprara (fr. acheter) pourrait provenir de l’italien « comprare »379 ou de l’espagnol « comprar »380 ; le français a conservé le sens primordial du verbe « comparer » jusqu’à nos jours tandis que l’italien et l’espagnol changèrent son sens en « acheter » déjà dans le latin vulgaire. Le suffixe -a pourrait référer au suffixe verbal masculin arabe -a. Le pronom personnel mi (fr. je) en fonction du sujet, provient du COI ou COD de l’italien, de l’espagnol ou du français (mi/me381, me/mí382 : me/moi383). En ce qui concerne les variantes avec -e final (me, me, me), elles auraient pu subir l’approximation de la prononciation (e → i) sous l’influence de l’arabe ; il faut aussi mentionner que la variante française « moi », existant dans l’ancien français sous forme de « mei », aurait pu être aussi la source potentielle de « mi » de la Lingua Franca, en ayant passé la monophtongaison sous l’influence de l’arabe ou du turc (mei → mi). Il s’agit d’un cas extrême mais l’on ne peut pas l’omettre. Le pronom « mi » de la Lingua Franca est la marque de la stabilisation

376 Treccani – l’entrée « volere ». Disponible online : http://www.treccani.it/vocabolario/volere2/ [consulté en novembre 2018]. 377 RAE : DLE – l’entrée « querer ». Disponible online : http://dle.rae.es/?id=UnvXEIb|Unz1d3h [consulté en novembre 2018]. 378 TCAF – l’entrée « vouloir ». Disponible online : http://micmap.org/dicfro/search/tableaux-de- conjugaison/voleir [consulté en novembre 2018]. 379 Treccani – l’entrée « comprare ». Disponible online : http://www.treccani.it/vocabolario/comprare/ [consulté en novembre 2018]. 380 RAE : DLE – l’entrée « comprar ». Disponible online : http://dle.rae.es/?id=A2uSS6N [consulté en novembre 2018]. 381 Treccani – l’entrée « mi ». Disponible online : http://www.treccani.it/vocabolario/mi1/ ; Treccani – l’entrée « me ». Disponible online : http://www.treccani.it/vocabolario/me1/ [consulté en novembre 2018]. 382 RAE : DLE – l’entrée « me ». Disponible online : http://dle.rae.es/?id=OhaNBJs ; RAE : DLE – l’entrée « mí ». Disponible online : http://dle.rae.es/?id=P9vGzr7 [consulté en novembre 2018]. 383 CNRTL – l’entrée « me ». Disponible online : http://www.cnrtl.fr/etymologie/me ; CNRTL – l’entrée « moi ». Disponible online : http://www.cnrtl.fr/etymologie/moi [consulté en novembre 2018]. 72 de cette langue. Le verbe servir (fr. servir) pourrait dénoter l’influence de l’italien, de l’espagnol ou du français (servire384, servir385 : servir386) ; la forme italienne aurait dû subir l’apocope (servire → servir). Il est aussi curieux que les Arabes n’aient pas changé la prononciation de ce verbe de « servir » en « serbir » pour faciliter la prononciation ; les Arabes n’ont pas de la consonne « v », seulement « w », prononcé comme dans l’anglais. Néanmoins, nous trouvons d’autres exemples relatifs à ce verbe, prononcé sans b : « servitù, servizio, … »387 dans le dictionnaire de la Lingua Franca. La préposition a (fr. à) pourrait provenir de l’italien, du français ou de l’espagnol (a388, a389 : à390). Dans ce texte, il s’agit de la preuve que la préposition « a » est utilisée dans la Lingua Franca pour exprimer le COI. Le pronom tonique ti (fr. toi) en fonction du COI dénote l’influence de l’italien, de l’espagnol ou du français (ti/te391, te/ti392 : te/toi393) ; le procédé du changement des variantes qui terminent par -e vient d’être expliqué ci-dessus. La conjonction se (fr. si) présente l’influence de l’italien « se »394, de l’espagnol « si »395 ou du français « si »396 ; il est possible que la variante espagnole et française ait subi l’approximation de la prononciation, à savoir que l’« i » fermé ait été remplacé par l’« e » ouvert dans une syllabe ouverte accentuée sous l’influence de l’arabe ou du turc. Le verbe pagar (fr. payer)

384 Treccani – l’entrée « servire ». Disponible online : http://www.treccani.it/vocabolario/servire/ [consulté en novembre 2018]. 385 RAE : DLE – l’entrée « servir ». Disponible online : http://dle.rae.es/?id=XhmNpPs [consulté en novembre 2018]. 386 CNRTL – l’entrée « servir ». Disponible online : http://www.cnrtl.fr/etymologie/servir [consulté en novembre 2018]. 387 Corré (2003, p. 54). 388 Treccani – l’entrée « a ». Disponible online : http://www.treccani.it/vocabolario/a2/ [consulté en novembre 2018]. 389 RAE : DLE – l’entrée « a ». Disponible online : http://dle.rae.es/?id=002rZ9U|003Ov93 [consulté en novembre 2018]. 390 CNRTL – l’entrée « à ». Disponible online : http://www.cnrtl.fr/etymologie/à [consulté en novembre 2018]. 391 Treccani – l’entrée « ti ». Disponible online : http://www.treccani.it/vocabolario/ti2/ ; Treccani – l’entrée « te ». Disponible online : http://www.treccani.it/vocabolario/te1_res-3641f6ae-0036- 11de-9d89-0016357eee51/ [consulté en novembre 2018]. 392 RAE : DLE – l’entrée « te ». Disponible online : http://dle.rae.es/?id=ZHbpNE9|ZHbtI24 ; RAE : DLE – l’entrée « ti ». Disponible online : http://dle.rae.es/?id=ZhjwWgn [consulté en novembre 2018]. 393 CNRTL – l’entrée « te ». Disponible online : http://www.cnrtl.fr/etymologie/te ; CNRTL – l’entrée « toi ». Disponible online : http://www.cnrtl.fr/etymologie/toi [consulté en novembre 2018]. 394 Treccani – l’entrée « se ». Disponible online : http://www.treccani.it/vocabolario/se2/ [consulté en novembre 2018]. 395 RAE : DLE – l’entrée « si ». Disponible online : http://dle.rae.es/?id=XmM8PPL|XmMshCc [consulté en novembre 2018]. 396 CNRTL – l’entrée « si ». Disponible online : http://www.cnrtl.fr/etymologie/si [consulté en novembre 2018]. 73 pourrait être influencé par l’italien ou de l’espagnol (pagare397, pagar398 : payer) ; la variante italienne aurait dû subir l’apocope (pagare → pagar). Il est impossible qu’il y ait de l’influence française, parce qu’à partir de l’époque de l’ancien français l’on trouve déjà les formes « paiier ou paier »399. La préposition per (fr. pour) présente absolument l’influence de l’italien « per »400 ; ni l’espagnol ni le français ne possèdent pas cette forme de ladite préposition. L’ancien français possède la préposition « per »401, mais elle dénote un usage spécifique, très éloigné de celui-ci ; l’ancien français aurait utilisé dans cette locution la préposition « pour », y compris ses variantes telles que « por, pur, pour, pro »402. Dans ce cas, il s’agit aussi de la preuve que la Lingua Franca se sert de cette préposition pour exprimer le COI. Le pronom personnel tonique mi (fr. moi) en fonction du COI présente l’influence de l’italien, de l’espagnol ou du français (mi/me403, me/mí404 : me/moi405) ; les langues créoles et les pidgins ont tendance à se servir d’une manière universelle des pronoms personnels du COI ou COD plus que des pronoms personnels-sujets. Il plausible que ce pronom provient d’un pronom personnel atone du COD (me, me : me). Dans ce cas, le pronom aurait dû passer l’approximation de la prononciation de l’« e » vers l’« i » sous l’influence de l’arabe ou du turc. Le verbe far (fr. faire) présente l’influence de l’italien « fare »406 ; le verbe passa l’apocope sous l’influence de l’arabe (fare → far). Ce verbe pourrait dénoter aussi l’influence de l’ancien français, mais nous le considérons peu possible, parce que la forme française « fare/farre » était un phénomène marginal, conservant plutôt l’orthographe latine que référant à la prononciation de cette époque-là. Les formes les plus usuelles dans

397 Treccani – l’entrée « pagare ». Disponible online : http://www.treccani.it/vocabolario/pagare/ [consulté en novembre 2018]. 398 RAE : DLE – l’entrée « pagar ». Disponible online : http://dle.rae.es/?id=RRsftEh [consulté en novembre 2018]. 399 TCAF – l’entrée « paier ». Disponible online : http://micmap.org/dicfro/search/tableaux-de- conjugaison/paier [consulté en novembre 2018]. 400 Treccani – l’entrée « per ». Disponible online : http://www.treccani.it/vocabolario/per/ [consulté en novembre 2018]. 401 Godefroy (1881, vol. V., p. 730). 402 Godefroy (1881, vol. VI., p. 279). 403 Treccani – l’entrée « mi ». Disponible online : http://www.treccani.it/vocabolario/mi1/ ; Treccani – l’entrée « me ». Disponible online http://www.treccani.it/vocabolario/me1/ [consulté en novembre 2018]. 404 RAE : DLE – l’entrée « me ». Disponible online : http://dle.rae.es/?id=OhaNBJs ; RAE : DLE – l’entrée « mí ». Disponible online : http://dle.rae.es/?id=P9vGzr7 [consulté en novembre 2018]. 405 CNRTL – l’entrée « me ». Disponible online : http://www.cnrtl.fr/etymologie/me ; CNRTL – l’entrée « moi ». Disponible online : http://www.cnrtl.fr/etymologie/moi [consulté en novembre 2018]. 406 Treccani – l’entrée « fare ». Disponible online : http://www.treccani.it/vocabolario/fare2/ [consulté en novembre 2018]. 74 l’ancien français étaient « faire, feire ou fere »407. L’adjectif bona (fr. bonne) est la variante féminine possible de l’adjectif « bon » que nous avons déjà expliqué ci-dessus. Le nom commun coucina/cucina pourrait dénoter l’influence de l’italien ou de l’espagnol (cucina408, cocina409 : cuisine410) ; en ce qui concerne l’orthographe, nous pensons qu’elle fut francisée par Molière qui ne voulait pas que les acteurs le prononçassent [kysina], mais [kusina]. Pour ce qui est de l’ancien français, l’on y trouve déjà la forme connue de « cuisine » ; son influence peut alors être exclue. Le verbe pronominal mi levar (fr. je me lève), formé d’un pronom atone en fonction du COD (mi/me, me/mí : me/moi), prend son origine dans l’italien ou de l’espagnol (levar(si)411, levar(se) (désuet.)412 : (se) lever) ; l’ancien français se servait des formes « (se) lever ou (se) leveir »413 et l’espagnol actuel utilise la forme « levantar(se) »414. Il reste une question par rapport à cette forme verbale : S’agit-il d’un verbe pronominal ou seulement d’un verbe avec un pronom personnel-sujet ? Nous croyons qu’il s’agit de la forme pronominale, mal interprétée par les Turcs et les Arabes qui l’utilisaient en tant qu’un verbe classique, à savoir sujet + verbe. Nous l’avons cependant classée comme un verbe pronominal. Le nom commun matina (fr. matin415), la variante de « mattina » (veuillez comparer avec le passage 2), présente les caractères de l’italien « mattina »416 ou de l’espagnol « matino (désuet.) »417 ; la forme espagnole est aujourd’hui considérée comme désuète, mais cela ne l’élimine pas son influence potentielle sur ce mot dans la Lingua Franca ; dans ce cas, le suffixe -a reflèterait l’influence du suffixe -a féminin de l’italien ou de l’espagnol (ou de

407 TCAF – l’entrée « faire ». Disponible online : http://micmap.org/dicfro/search/tableaux-de- conjugaison/faire [consulté en novembre 2018]. 408 Treccani – l’entrée « cucina ». Disponible online : http://www.treccani.it/vocabolario/cucina/ [consulté en novembre 2018]. 409 RAE : DLE – l’entrée « cocina ». Disponible online : http://dle.rae.es/?id=9aoCL5w [consulté en novembre 2018]. 410 Godefroy (1881, vol. II., p. 398). 411 Treccani – l’entrée « levarsi ». Disponible online : http://www.treccani.it/vocabolario/levare/ [consulté en novembre 2018]. 412 RAE : DLE – l’entrée « levar ». Disponible online : http://dle.rae.es/?id=NCUP1BF [consulté en novembre 2018]. 413 TCAF – l’entrée « lever ». Disponible online : http://micmap.org/dicfro/search/tableaux-de- conjugaison/lever [consulté en novembre 2018]. 414 RAE : DLE – l’entrée « levantar ». Disponible online : http://dle.rae.es/?id=NCGZ75o [consulté en novembre 2018]. 415 CNRTL – l’entrée « matin ». Disponible online : http://www.cnrtl.fr/etymologie/matin [consulté en novembre 2018]. 416 Treccani – l’entrée « mattina ». Disponible online : http://www.treccani.it/vocabolario/mattina/ [consulté en novembre 2018]. 417 RAE : DLE – l’entrée « matino ». Disponible online : http://dle.rae.es/?id=Oc96mPU [consulté en novembre 2018]. 75 l’arabe) sous l’influence de l’arabe ou du turc afin de former les formes plus régulières et analogiques. Il est aussi possible que ce mot ait été emprunté au français, parce que la nasalisation est un procédé tardif, les Arabes et les Turc alors auraient pu emprunter ce mot avant en ajoutant le suffixe -a. Cela est très peu probable, mais l’on ne peut pas l’omettre. Le verbe boler (fr. bouillir) présente l’influence de l’italien, de l’espagnol ou du français (bollire418, bullir419 : bouillir) avec l’approximation de la prononciation de l’« i » vers l’« e » dans la position fermée non-accentuée. Par rapport à l’origine italienne, le verbe aurait dû subir l’apocope (bollire → bollir) et puis l’approximation de la prononciation. Dans l’ancien français, l’on y trouve les formes de ce verbe telles que « boillir, bolir, boulir, boullir, bulir, builir ou boudre »420 ; la forme « bolir » était relativement fréquente, donc l’on ne peut pas exclure l’influence française dans ce cas. Le nom commun caldara (fr. chaudière) dénote l’influence de l’italien ou de l’espagnol (caldai/caldara (vx.)421, caldera422 : chaudière) ; la forme italienne « caldara » est aujourd’hui passée pour vieillie, mais cela n’exclut pas son influence sur ce mot dans la Lingua Franca. Il est peu possible que la source de ce terme soit le français, parce la forme non-palatalisé « caldere » fut attestée dernièrement au XIIème siècle ; au siècle suivant, l’on trouve déjà l’orthographe qui dénote la palatalisation du « c » en « ch » et la vélarisation du « al » en « au », à savoir la forme de « chaudiere ».423 Le verbe parlara (fr. parler) présente les caractéristiques de l’italien ou de l’espagnol (parlare424, parlar (fam.)425 : parler426) ; la version italienne aurait dû subir l’apocope (parlare → parlar). Le suffixe -a pourrait être l’influencé par le suffixe -a verbal arabe ou roman ; il est aussi possible que cela soit une invention de Molière. Il est presque un non-

418 Treccani – l’entrée « bollire ». Disponible online : http://www.treccani.it/vocabolario/bollire/ [consulté en novembre 2018]. 419 RAE : DLE – l’entrée « bullir ». Disponible online : http://dle.rae.es/?id=6HcrfYZ [consulté en novembre 2018]. 420 TCAF – l’entrée « boullir ». Disponible online : http://micmap.org/dicfro/search/tableaux-de- conjugaison/boullir [consulté en novembre 2018]. 421 Treccani – l’entrée « caldaia ». Disponible online : http://www.treccani.it/vocabolario/caldaia/ [consulté en novembre 2018]. 422 RAE : DLE – l’entrée « caldera ». Disponible online : http://dle.rae.es/?id=6l3rs02 [consulté en novembre 2018]. 423 CNRTL – l’entrée « chaudière ». Disponible online : http://www.cnrtl.fr/etymologie/chaudière [consulté novembre 2018]. 424 Treccani – l’entrée « parlare ». Disponible online : http://www.treccani.it/vocabolario/parlare2/ [consulté en novembre 2018]. 425 RAE : DLE – l’entrée « parlar ». Disponible online : http://dle.rae.es/?id=Rx32tzT [consulté en novembre 2018]. 426 CNRTL – l’entrée « parler ». Disponible online : http://www.cnrtl.fr/etymologie/parler [consulté en novembre 2018]. 76 sens de le considérer comme le suffixe substantival ou adjectival féminin -a de l’italien, de l’espagnol ou de l’arabe. L’on doit exclure l’influence du français, parce qu’il n’y a aucune forme convenable à celle de la Lingua Franca dans le français, y compris les formes dans l’ancien français où l’on trouve les formes telles que « parler, paller, paler ou paileir »427. La conjonction ma (fr. mais) présente l’influence de l’italien « ma »428 ; l’espagnol ne possède pas ce mot dans son lexique et le français ne le possède pas sous cette forme ; dans l’ancien français, l’on y trouve déjà la forme « mais ». Le pronom atone ti (fr. te) en fonction du COD pourrait provenir de l’espagnol, de l’italien ou du français (ti/te429, te/ti430 : te/toi431) ; ici l’on voit que cette forme du COD ne sert pas seulement comme le sujet, mais aussi comme un objet direct. Quant aux formes de ces pronoms personnels romans qui terminent par -e, nous avons déjà expliqué les changements qui les touchent ci-dessus. Le verbe bastonara (fr. bâtonner432) pourrait être influencé par l’italien « bastonare »433. Dans l’ancien français l’on trouve la forme inconvenable « bastoner »434, l’on peut donc exclure son influence dans ce cas. Le suffixe -a pourrait aussi, comme dans le cas précédent, référer au suffixe verbal -a arabe, au suffixe -a du futur simple roman ou au suffixe -a féminin italien, espagnol ou arabe ; l’influence du suffixe -a verbal masculin arabe est plausible. La conjonction si (fr. si) pourrait dénoter l’influence de l’italien, de l’espagnol ou du français (se435, si436 : si437) ; la variante italienne aurait dû subir l’approximation de la prononciation de l’« e » en l’« i »

427 TCAF – l’entrée « parler ». Disponible online : http://micmap.org/dicfro/search/tableaux-de- conjugaison/parler [consulté en novembre 2018]. 428 Treccani – l’entrée « ma ». Disponible online : http://www.treccani.it/vocabolario/ma1/ [consulté en novembre 2018]. 429 Treccani – l’entrée « ti ». Disponible online : http://www.treccani.it/vocabolario/ti2/ ; Treccani – l’entrée « te ». Disponible online : http://www.treccani.it/vocabolario/te1_res-3641f6ae-0036- 11de-9d89-0016357eee51/ [consulté en novembre 2018]. 430 RAE : DLE – l’entrée « te ». Disponible online : http://dle.rae.es/?id=ZHbpNE9|ZHbtI24 ; RAE : DLE – l’entrée « ti ». Disponible online : http://dle.rae.es/?id=ZhjwWgn [consulté en novembre 2018]. 431 CNRTL – l’entrée « te ». Disponible online : http://www.cnrtl.fr/etymologie/te ; CNRTL – l’entrée « toi ». Disponible online : http://www.cnrtl.fr/etymologie/toi [consulté en novembre 2018]. 432 CNRTL – l’entrée « bâtonner ». Disponible online : http://www.cnrtl.fr/etymologie/bâtonner [consulté en novembre 2018]. 433 Treccani – l’entrée « bastonare ». Disponible online : http://www.treccani.it/vocabolario/bastonare/ [consulté en novembre 2018]. 434 Godefroy (1881, vol. I., p. 595). 435 Treccani – l’entrée « se ». Disponible online : http://www.treccani.it/vocabolario/se2/ [consulté en novembre 2018]. 436 RAE : DLE – l’entrée « si ». Disponible online : http://dle.rae.es/?id=XmM8PPL|XmMshCc [consulté en novembre 2018]. 437 CNRTL – l’entrée « si ». Disponible online : http://www.cnrtl.fr/etymologie/si [consulté en novembre 2018]. 77 dans une syllabe ouverte non-accentuée sous l’influence de l’arabe. Le verbe andara (fr. aller) présente l’influence de l’italien ou de l’espagnol (andare438, andar439 : aller) ; le français ne possède pas cette forme verbale, y compris l’ancien français. Le suffixe -a pourrait indiquer plusieurs phénomènes : soit le suffixe -a verbal arabe, soit le suffixe -a du future simple, soit le suffixe féminin substantival ou adjectival féminin de l’italien, de l’espagnol ou de l’arabe ; l’usage fautif du suffixe substantival ou adjectival féminin ou l’usage du suffixe verbal arabe paraissent les plus possibles parce qu’il n’est pas usuel que les pidgins ou les langues créoles empruntent les modes verbaux concrets. La conjonction o (fr. ou) pourrait être influencée par l’italien, l’espagnol ou par le français (o (lett.)440, o441 : ou) ; dans l’ancien français, l’on peut y trouver les formes « o, u » jusqu’au XIIème siècle.442 Nous ne pouvons donc pas exclure entièrement l’influence du français. Dans ce passage, l’on peut compter 49 mots en total, dont 33 lexèmes, y compris le suffixe -a. Les procédés que l’on peut observer par rapport aux emprunts des langues romanes ou sous l’influence de Molière sont surtout : l’apocope (stare → star), l’aphérèse (estar → star), la francisation (cucina → coucina), l’approximation de la prononciation (te → ti), la monophtongaison (tei → ti), la (re)suffixation (Turco → Turca, comprare → comprara) ou le changement du sens (donare → = dare).

438 Treccani – l’entrée « andare ». Disponible online : http://www.treccani.it/vocabolario/andare1/ [consulté en novembre 2018]. 439 RAE : DLE – l’entrée « andar ». Disponible online : http://dle.rae.es/?id=2ZGgAPa|2ZIziL7 [consulté en novembre 2018]. 440 Treccani – l’entrée « o ». Disponible online : http://www.treccani.it/vocabolario/o_%28Sinonimi-e- Contrari%29/ [consulté en novembre 2018]. 441 RAE : DLE – l’entrée « o ». Disponible online : http://dle.rae.es/?id=QlqTEX0|Qlr66uc|Qltkqeu [consulté en novembre 2018]. 442 CNRTL – l’entrée : « ou ». Disponible online : http://www.cnrtl.fr/etymologie/ou [consulté novembre 2018]. 78

4.1.7. TABLEAU RÉSUMATIF DU LEXIQUE DE LA LINGUA FRANCA DE MOLIÈRE

Quant au lexique de Molière, nous avons élaboré le tableau suivant :

LINGUA FRANCA EN MOLIÈRE : LES CATÉGORIES GRAMMATICALES ET LES AUTRES CATÉGORIES CATÉGORIE LEXÈMES DE LA LINGUA FRANCA TOTAL : 335 GRAMMATICALE ET LES (OCCURRENCE) LEXÈMES : 88 AUTRES SPÉCIFICATIONS andara (3), aver (1), bastonara (7), boler (1), comprara (3), dar/dara (3 + 6 = 9), deffender trans. (2), dice (1), donar (4), far (4), chamara (2), Total : 77 + intendir (1), pagar (1), parlara (2), pigliar (2), (22,98 %) Verbes intran. pregar (2), rispondir/respondir (1), sabir (2), Lexèmes : 24 servir (1), star (16), tazir (4), tener (3), voler (27,27 %) (4), pronom. mi levar (1)443 Total : 3 défini l’ (1) (0,90 %) Déterminants Lexèmes : 2 indéfini un (2) (2,27 %) affronta (3), Anabattista (1), Bramina (1), brigantina (1), caldara (1), Coffita (1), coucina/cucina (1), danara (1), fabbola (2), Fronista (1), furfanta/forfanta (2), galera (2), honta (3), Hussita (1), Luterana (1), communs matina/mattina (3), Moffina (1), Morista (1), Total : 68 pagana (1), paladina (2), Puritana (1), (20,30 %) Noms scarcina (1), sera (2), schiabbola (2), Lexèmes : 33 turbanta (6), Turca (2), Turque (1), Zuinglista (37,50 %) (1), Zurina (1) Iordina, Jordina/Giourdina (2 + 11 = 13), Mahameta/Mohamétana/Mohameta (2 + 2 propres + 1 = 5), Mufti (1), Palestina (2) sujet mi (4), ti (8) Total : 23 COI mi (2), ti (1) (6,87 %) Pronoms COD ti (2) Lexèmes : 7 dém. quista/questa (1 + 3 = 4) (7,95 %) interr. qui (2)

443 Nous avons catégorisé ce verbe comme un verbe pronominal, bien que l’on peut le catégoriser aussi seulement comme un verbe « levar » avec un pronom « mi » en fonction du sujet. Nous préférons la catégorie du verbe pronominal, puisque l’italien ou l’espagnol l’utilise ainsi (mi levo, me levo) ; les Arabes ou les Turcs eux-mêmes ont cependant pu mal comprendre sa structure, en le comprenant seulement comme un verbe avec un sujet, à savoir de la manière dont ils s’en servent en Lingua Franca. 79

Total : 10 Bon (2), bona (1), furba (2), nobilé (2), ultima (2,99 %) Adjectifs (3) Lexèmes : 5 (5,68 %) Total : 44 de nég. non (14), ioc (16), no (12) (13,13 %) Adverbes Lexèmes : 4 interr. como (2) (4,55 %) Total : 12 (3,58 %) Prépositions a (1), con (2), dé/de (2 + 1 = 3), per (6) Lexèmes : 4 (4,55 %) Total : 11 (3,28 %) Conjonctions é (4), ma (1), o (1), se/si (3 + 2 = 5) Lexèmes : 4 (4,55 %) Total : 3 (0,90 %) Interjections Hi valla (3) Lexème : 1 (1,14 %) Total : 5 Chiribirida ouch alla (2) Phrases (1,49 %) Hu la ba ba la chou ba la ba ba la da/Hou la incompréhensibles Lexèmes : 2 ba ba la chou ba la ba ba la da (2 + 1 = 3) (2,27 %) Total : 79 -a final (verbes : 23, substantifs : 45, adjectifs (23,58 %) Suffixes : 5, pronoms : 4 = 77), -e final (2) Lexèmes : 2 (2,27 %)

En général, nous pouvons constater que le corpus de la Lingua Franca de Molière contient 335 mots en général (y compris les répétitions des mots) que l’on peut catégoriser selon les occurrences et décrire ainsi :

1) les suffixes -a/-e, dénotant l’influence de l’arabe ou des langues romanes (ou de Molière) (79 occ. ; 23,58 %) 2) les verbes (77 occ. ; 22,98 %) 3) les noms (68 occ. ; 20,30 %) 4) les adverbes (44 occ. ; 13,13 %) 5) les pronoms (23 occ. ; 6,87 %) 6) les prépositions (12 occ. ; 3,58 %) 7) les conjonctions (11 occ. ; 3,28 %) 8) les adjectifs (10 occ. ; 2,99 %) 9) les phrases incompréhensibles, à savoir l’imitation du turc ou de l’arabe (5 occ. ; 1,49 %)

80

10) les interjections (3 occ. ; 0,90 %) et les déterminants (3 occ. ; 0,90 %).

Si l’on omet les répétitions du lexique en se concentrant seulement sur les unités d’une signification particulière par rapport aux autres unités (= lexèmes), nous pouvons affirmer que le corpus de Molière ne possède que 88 lexèmes que l’on peut ranger selon les occurrences ainsi :

1) les noms (33 occ. ; 37,50 %) 2) les verbes (24 occ. ; 27,27 %) 3) les pronoms (7 occ. ; 7,95 %) 4) les adjectifs (5 occ. ; 5,68 %) 5) les adverbes (4 occ. ; 4,55 %), les prépositions (4 occ. ; 4,55 %) et les conjonctions (4 occ. ; 4,55 %) 6) les déterminants (2 occ. ; 2,27 %), les phrases incompréhensibles, c’est-à-dire l’imitation du turc ou de l’arabe (2 occ. ; 2,27 %), et les suffixes -a/-e (2 occ. ; 2,27 %) 7) les interjections (1 occ. ; 1,14 %).

4.1.8. TABEAU RÉSUMATIF DU LEXIQUE DE LA LINGUA FRANCA DE MOLIÈRE – L’INFLUENCE ET L’ORIGINE POTENTIELLE D‘AUTRES LANGUES

Pour ce qui est de l’origine/de l’influence potentielle des mots et des lexèmes dans le corpus de Molière, nous avons élaboré le tableau suivant :

LINGUA FRANCA EN MOLIÈRE : LES LANGUES DE SOURCES DES LEXÈMES TOTAL : 335 L’ORIGINE DE LA FORME DU LEXÈMES DE LA LINGUA FRANCA LEXÈMES : LEXÈME (OCCURRENCE) 87444 Verbes boler (1), servir (1) Dét. un (2) Total : 71 matina/mattina (3), Morista (1), paladina Italien/espagnol/ (21,19 %) Noms (2), Palestina (2), turbanta (6), Turca (2), français Lexèmes : 22 Turque (1), Zuinglista (1) (25,29 %) Pronoms mi (6), ti (11) Adjectifs bon (2), bona (1), ultima (3)

444 Le nombre différent de lexèmes de ce tableau est conditionné par le fait qu’il y des différences liées à ce point de vue différent : veuillez comparer les lexèmes tels que « ti », « mi » et leur classification dans le tableau précédent. Veuillez comparer de la même façon les noms propres « Mohamétan » et « Mohametta », etc. 81

Adverbes non (14) Prép. a (1), con (2), dé/de (2 + 1 = 3) Conjonct. o (1), se/si (5) andara (3), comprara (3), dar/dara (9), deffender (2), dice (1), donar (4), intendir Verbes (1), mi levar (1), pagar (1), parlara (2), pigliar (2), rispondir/respondir (1), sabir (2), star (16), tener (3) Total : 133 caldara (1), coucina/cucina (1), danara (39,70 %) Italien/espagnol Noms (1), fabbola (2), galera (2), Luterana (1), Lexèmes : 27 pagana (1), Puritana (1) (31,03 %) Pronom. questa/quista (4) Adverbes como (2), no (12) -a suffixe féminin : les subst. + pron. + Suff. adj. (54)445 Verbe tazir (4) Total : 16 Dét. l’ (1) (4,78 %) Italien/français Noms affronta (3), furba (2) Lexèmes : 6 Pronoms qui (2) (6,90 %) Conj. é (4) aver (1), bastonara (7), far (4), pregar (2), Verbe voler (4), chamara (2) sera (2), brigantina (1), Bramina (1), Total : 40 Noms Anabattista (1), furfanta (2), schiabbola (11,94 %) Italien (2) Lexèmes : 16 Adjectifs nobilé (2) (18,39 %) Prép. per (6) Conj. ma (1) Suff. -e final (2) Total : 1 (0,30 %) Espagnol Nom. scarcina (1) Lexèmes : 1 (1,15 %) Total : 16 Giourdina/(Iordina/Jordina) (11 + 2 = 13), (4,78 %) Français Noms honta (3) Lexèmes : 2 (2,30 %) Total : 3 Français/italien, (0,90 %) Noms Hussita (1), Mohamétana (2) espagnol/latin Lexèmes : 2 (2,30 %) Total : 3 Français/italien/ (0,90 %) Noms Mahametta/Mohameta (2 + 1 = 3) latin Lexèmes : 1 (1,15 %)

445 Comme l’on peut apercevoir, nous avons décidé de discerner l’influence des langues romanes (de l’espagnol et de l’italien) et de l’arabe par rapport au suffixe -a. Dans ce cas, nous avons pris cette décision : il y a une influence des langues romanes s’il s’agit d’un substantif ou d’un adjectif (la variante plausible) et une influence arabe s’il s’agit des verbes (la variante plausible). 82

Total : 1 (0,30 %) Arabe/français Noms Zurina (1) Lexèmes : 1 (1,15 %) Total : 1 Français/italien/ (0,30 %) Noms Coffita (1) latin/arabe Lexèmes : 1 (1,14 %) Total : 1 (0,30 %) Grec Noms Fronista (1) Lexèmes : 1 (1,15 %) Total : 1 (0,30 %) Grec/latin Noms Moffina (1) Lexèmes : 1 (1,15 %) Adverbes ioc (16) Total : 22 Interj. Hi valla (3) (6,57 %) Turc Hu la ba ba la chou ba la ba ba la da/ Hou Lexèmes : 3 Phrases la ba ba la chou ba la ba ba la da (3) (3,45 %) -a suffixe masculin – les verbes seulement Total : 26 Suff. (23) (7,76 %) Arabe Phrases Chiribirida ouch alla (2) Lexèmes : 3 Nom Mufti (1) (3,45 %)

En ce qui touche le lexique de Molière du point de vue de l’origine ou l’influence potentielle d’autres langues, nous avons obtenu ces résultats : le corpus de Molière contient 335 mots, y compris les répétitions des mots, que nous pouvons classer selon l’influence/l’origine potentielle ainsi :

1) (IT/ES) : le lexique de l’influence potentielle de l’italien (et/ou) de l’espagnol (133 occ. ; 39,70 %) 2) (IT/ES/FR) : le lexique de l’influence potentielle de l’italien (et/ou) de l’espagnol (et/ou) du français (71 occ. ; 21,19 %) 3) (IT) : le lexique de l’influence potentielle de l’italien (40 occ. ; 11,94 %) 4) (AR) : le lexique de l’influence potentielle de l’arabe (26 occ. ; 7,76 %) 5) (TUR) : le lexique de l’influence potentielle du turc (22 occ. ; 6,57 %) 6) le lexique de l’influence potentielle de a) (IT/FR) : de l’italien (et/ou) du français (16 occ. ; 4,78 %) b) (FR) : du français (16 occ. ; 4,78 %) 7) le lexique de l’influence potentielle de :

83

a) (FR/IT/ES/LT) : du français (et/ou) de l’italien (et/ou) de l’espagnol (et/ou) du latin (3 occ. ; 0,90 %) b) (FR/IT/LT) : du français (et/ou) de l’italien (et/ou) du latin (3 occ. ; 0,90 %) 8) le lexique de l’influence potentielle de : a) (FR/AR) : du français (et/ou) de l’arabe (1 occ. ; 0,30 %) b) (FR/IT/LT/AR) : du français (et/ou) de l’italien (et/ou) du latin (et/ou) de l’arabe (1 occ. ; 0,30 %) c) (GR) : du grec (1 occ. ; 0,30 %) d) (LT/GR) : du latin (et/ou) du grec (1 occ. ; 0,30 %) e) (ES) : de l’espagnol (1 occ. ; 0,30 %)

En ce qui concerne seulement les lexèmes et non tout le corpus de Molière, la situation est un peu différente :

1) (IT/ES) : le lexique de l’influence potentielle de l’italien (et/ou) de l’espagnol (27 occ. ; 31,03 %) 2) (IT/ES/FR) : le lexique de l’influence potentielle de l’italien (et/ou) de l’espagnol (et/ou) du français (22 occ. ; 25,29 %) 3) (IT) : le lexique de l’influence potentielle de l’italien (16 occ. ; 18,39 %) 4) (IT/FR) : le lexique de l’influence potentielle de l’italien (et/ou) du français (6 occ. ; 6,90 %) 5) le lexique de l’influence potentielle de : a) (AR) : de l’arabe (3 occ. ; 3,45 %) b) (TUR) : du turc (3 occ. ; 3,40´5 %) 6) le lexique de l’influence potentielle de : a) (FR) : du français (2 occ. ; 2,30 %) b) (FR/IT/ES/LT) : du français (et/ou) de l’italien (et/ou) de l’espagnol (et/ou) du latin (2 occ. ; 2,30 %) 7) le lexique de l’influence potentielle de : a) (ES) : de l’espagnol (1 occ. ; 1,15 %) b) (FR/IT/LT) : du français (et/ou) de l’italien (et/ou) du latin (1 occ. ; 1,15 %) c) (FR/AR) : du français (et/ou) de l’arabe (1 occ. ; 1,15 %)

84

d) (FR/IT/LT/AR) : du français (et/ou) de l’italien (et/ou) du latin (et/ou) de l’arabe (1 occ. ; 1,15 %) f) (GR) : du grec (1 occ. ; 1,15 %) g) (LT/GR) : du latin (et/ou) du grec (1 occ. ; 1,15 %)

En général, nous pouvons conclure cette partie en constatant que la Lingua Franca de Molière contient le lexique provenant potentionnellement de l’italien, de l’espagnol, du français, de l’arabe, du turc, du grec et du latin dont le lexique le plus fréquent est basé sur le lexique de l’italien, de l’espagnol, du français, de l’arabe et du turc. L’influence du grec est un peu discutable parce l’on ne peut la trouver qu’au troisième passage où l’on aperçoit l’influence de l’invention de Molière la plus marquante. Relativement au latin, nous avons une remarque : nous aurions été capable de trouver de l’influence du latin presque dans tous les mots provenant de l’italien, de l’espagnol ou du français, mais nous ne l’avons pris en considération que dans les cas des noms propres ou communs qui décrivent les réalités de la religion (p.ex. Mohametta, hussita, etc.), parce que nous sommes fort persuadé que la langue de communication des marins ou des marchands n’était pas le latin, mais une langue vive que les marins et les commerçants savaient et utilisaient, à savoir l’italien, l’espagnol et le français ; de plus, la Lingua Franca était aussi la langue des esclaves-chrétiens dans les pays musulmans et nous doutons que les esclaves-chrétiens connussent le latin ou qu’ils s’en même servissent au détriment de leur langue maternelle… L’influence du latin ne peut être réduite qu’aux réalités bien connues, aux termes scientifiques ou enracinés dans la conscience des gens, ce qui, dans le cas de Molière, sont juste les termes concernant la religion dont nous venons de parler. À la fin, nous voudrions noter par rapport à l’origine/l’influence potentielle des langues cela : dans le cas où il y aurait une possibilité de plusieurs langues parmi lesquelles il y aurait l’italien ou l’espagnol, l’on doit prendre en considération que l’influence de ces langues est plausible que celle des autres, parce que c’étaient surtout les Espagnols et les Italiens qui entretenaient le commerce avec les Turcs et les Arabes pour tout le reste de l’Europe.

85

4.2. L‘ANALYSE TRADUCTIONNELLE ET STYLISTIQUE – LA COMPARAISON DES TRADUCTIONS EXISTANTES

En ce qui concerne les traductions françaises des passages analysés, la situation est très diversifiée : dans la plupart des cas, il n’y a pas de traductions ou, pour le moins, de propositions des traductions ; il n’y a même pas un commentaire détaillé : l’on ne se contente très souvent que de la remarque qu’il s’agit probablement de la Lingua Franca (d’un sabir). Rien de plus. L’on n’explique ni la fonction du texte de la Lingua Franca, ni son caractère étrange, ni les circonstances de l’origine. Rien. Dans les cas peu nombreux, l’on trouve des traductions/propositions des traductions mentionnées dans les bas de pages ou dans les annexes du livre. Néanmoins de nouveau, sans aucun autre commentaire que celui qui mentionne qu’il s’agit de la Lingua Franca (d’un sabir). Quant aux traductions tchèques de ces passages, il y en a deux pour Le Bourgeois Gentilhomme (de l’an 1955 et de l’an 1980) et une pour Le Sicilien ou L’Amour peintre (de l’an 1936). Le Bourgeois Gentilhomme a été traduit par Svatopluk Kadlec (1955) et par J. Z. Novák (1980) ; Le Sicilien ou L’Amour peintre a été traduit par Hanuš Jelínek (1936). Les œuvres elles-mêmes ne contiennent pas de commentaires qui donneraient des informations supplémentaires sur la Lingua Franca ou sur les circonstances de l’origine de cette œuvre. En caractérisant les traductions tchèques et françaises, nous n’allons pas décrire chaque passage d’une manière singulière, mais nous allons présenter juste un passage exemplaire dans lequel nous allons décrire les caractéristiques que nous avons remarquées en indiquant le passage 1-5 (par rapport à Le Bourgeois Gentilhomme) et le passage 6 (vu le Sicilien ou L’Amour peintre) où l’on peut trouver ces phénomènes que nous allons décrire. Les traductions de tous les passages, et tchèques et françaises, seront disponibles dans les annexes.

4.2.1. LE BOURGEOIS GENTILHOMME ET LE SICILIEN OU L’AMOUR PEINTRE : LES TRADUCTIONS FRANÇAISES – LE COMMENTAIRE

Si l’on devait présenter les caractères des traductions françaises, il y en a deux archétypes qui peuvent être représentés par les deux traductions

86 suivantes, celle de l’an 1949 et celle de l’an 19nn ; toutes les deux traductions ont été présentées dans le bas de page ou dans les annexes des livres :

A) MUFTI – SOLO 1 (Bourgeois Gentilhomme)

TRADUCTION TRADUCTION FRANÇAISE ORIGINAL446 FRANÇAISE (1949)447 (19NN)448 LE MUFTI : LE MUFTI : LE MUPHTI : Se ti sabir, Si toi savoir, Si tu sais, Ti rispondir449, toi répondre ; réponds ; Se non sabir, si non savoir, si tu ne sais pas, Tazir, tazir. te taire, te taire. tais-toi. Mi star Mufti, Moi être Mufti ; Je suis muphti ; Ti qui star ti? toi, qui être, toi ? toi, qui es-tu ? Non intendir; (Toi) pas entendre (= comprendre): Tu ne comprends pas ? Tazir, tazir. te taire, te taire. Tais-toi.

En ce qui touche la traduction française de l’an 1949, il s’agit d’une traduction fidèle, respectant non seulement le nombre de syllabes des vers, mais aussi les rimes et le sens lui-même ; parfois, elle remplace les termes moins communs par ceux plus communs (comprendre, cimeterre ; passage 1 et 2). Nous apprécions l’usage des pronoms personnels toniques (moi, toi ; pass. 1, 2 et 4) au lieu des pronoms personnels-sujets (je, tu, etc.) ; cela conserve plus le caractère étrange d’un pidgin ou d’une langue créole. Malheureusement, cette traduction ne reflète point aucuns changements phonétiques (p.ex. Giourdina/Jordina – pass. 2 et 5 ; Hu la ba ba la chou…/Hou la baba la chou… – pass. 4 et 5) ou du lexique (dar turbanta/donar turbanta – pass. 2 et 4). De l’autre côté, nous apprécions que l’on traduit les termes turcs ou arabes (Hi valla, yok – pass. 3). Il y a une particularité à propos de cette traduction : l’auteur lui-même ne savait pas traduire le passage 3 compliqué, il ne l’a donc pas traduit du tout. La seconde traduction, celle de l’an 19nn, est, au contraire, une traduction sémantique libre qui ne respecte ni le nombre de syllabes ni les rimes des vers. Le traducteur propose aussi une traduction du passage 3 que le traducteur de l’an 1949 abandonné sans l’avoir traduit. Néanmoins, cette traduction, comme la traduction précédente, ne prend pas en considération les changements phonétiques, stylistiques ou sémantiques ; en outre, dans le

446 Molière (1949, p. 309) ; Acte 4, Scène 5. 447 Molière (1949, p. 345). 448 Molière (19nn, p. 310). 449 La variante de « respondir » en Molière (1965, p. 179). 87 passage 6, le traducteur remplace le « tu » originel par « vous » français, ce que nous considérons comme une faute, puisque, dans les PCs, l’on ne reflète jamais cela ; ainsi cela est-il un élément troublant. Par rapport à toutes les deux traductions, nous avons encore à noter que les interprètes n’ont pas traduit le passage 5, à savoir le passage basé sur les passages 2 et 4. Cela n’est pas une faute, parce que le lecteur ou le spectateur lui-même peut déduire le sens de ce passage en s’appuyant sur les traductions des passages 2 et 4. Nous passons cependant la pauvreté du commentaire dans les bas de pages ou dans les annexes pour une faute plus grave, voir essentielle. En général, nous pouvons constater que l’approche des traducteurs est opposée, que les traducteurs ne reflètent ni les changements phonétiques ni ceux du lexique, mais ils étaient cependant capables d’élaborer des traductions passables, suffisantes.

4.2.2. LE BOURGEOIS GENTILHOMME ET LE SICILIEN OU L’AMOUR PEINTRE : LES TRADUCTIONS TCHÈQUES – LE COMMENTAIRE

En ce qui concerne les traductions tchèques, il n’y a que deux traductions existantes suivantes de la pièce de Le Bourgeois Gentilhomme :

A) MUFTI – SOLO 2 (Bourgeois Gentilhomme)

TRADUCTION TRADUCTION TCHÈQUE ORIGINAL450 TCHÈQUE (1955)451 (1980)452 LE MUFTI : MUFTI: MUFTI: Mahametta per Giourdina, Mohameda za Jordina Zdráv efendi, zdráv Jordán, Mi pregar, sera é mattina. nikdy prosit nebýt líná. Brzy nebýt malý pán. Voler far un Paladina Chtít udělat paladina Už efendi, už Jordán, Dé Giourdina, dé Giourdina, iz Jordina, iz Jordina. Hlava schovat do turbán. Dar turbanta, é dar scarcina, Dát turbanta, pelerina, Teď efendi, teď Jordán, Con galera é brigantina, šablenka i brigantina, Muset nosit jatagán. Per deffender Palestina. aby bránit Palestina. Za efendi, za Jordán, Mahametta per Giourdina, Mohameda za Joridna My se modlit alkorán. Mi pregar, sera é mattina. nikdy prosit nebýt líná. Zdráv efendi, zdráv Jordán, Brzy už být velký pán!

La traduction tchèque de Svatopluk Kadlec (1955) paraît être une traduction fidèle qui respecte d’une manière absolue les rimes et le nombre de syllabes des vers, mais aussi quasi totalement le sens et la stylistique (p. ex.

450 Molière (1949, p. 309) ; Acte 4, Scène 5. 451 Molière (1955, p. 354) ; Čtvrté dějství, výstup 10. 452 Molière (1980, p. 69) ; Čtvrté dějství, výstup 10. 88

Star bon Turca Giourdina ? → Dobrý Turek být Jordina? – pass. 4). Cette traduction dénote quelques petits traits de la naturalisation453 (šablenka, Hej, Vallah!, Allah, baba hu!, iok – pass. 2 et 4). Nous apprécions la traduction du « iok » turc par l’expression étrangéissante de « ni » ; le lecteur lui-même cependant comprend de quoi il s’agit. Au contraire de cela, la traduction de J. Z. Novák (1980) dénote beaucoup d’aspects de l’exotisation, c’est-à-dire du procédé traductologique opposé à la naturalisation454 (efendi, jatagán, alkorán – pass. 2, paša Jordán – pass. 3, Alibaba Baba Jaga – pass. 5). Cette traduction pourrait être aussi classée comme libre : l’interprète ne respecte ni le sens ni la longueur des vers ; il ne fait qu’imiter tout cela. Le traducteur respecte cependant la rime qui garantit la fluidité du texte. En outre, cette traduction présente beaucoup d’ironie et de parodie (Démonista, Šamanista – pass. 3 ; Heja bedán!, Astra kala, halabala!, Jordánbaši, bambulaši – pass. 4, Alibaba Baba Jaga, Ismail email – pass. 5). En ce qui concerne la traduction du passage 5, nous croyions que les traducteurs n’allaient que copier les traductions qu’ils avaient effectuées dans les passages 2 et 4, mais nous nous sommes trompé : Svatopluk Kadlec (1955) avait réalisé sa traduction comme nous l’avons supposée (il n’avait que fait copier les traductions qu’il avait déjà effectuées), mais J. Z. Novák s’était servi de ses traductions seulement partiellement en inventant aussi de nouvelles variantes (Ismail email, Alibaba Baba Jaga). En résumé, nous pouvons constater qu’il s’agit de deux traductions dont le caractère peut être considéré comme opposé. Toutes les deux traductions ne reflètent ni les changements du lexique ni les changements phonétiques. Ce sont pourtant les traductions acceptables et bien senties. Pour ce qui est de la traduction tchèque de la pièce de Le Sicilien ou L’Amour peintre, nous n’avons trouvé que celle-ci :

453 La définition de la naturatisation selon Z. Raková : « Stratégie traductive opposée à l´exotisation suivant laquelle le traducteur tend à faire apparaître comme local, présent et normal (naturel) tout élément culturel du texte. C´est une stratégie qui fait passer le texte traduit pour un texte original. Elle modifie le texte source en y introduisant les éléments culturels appartenant à la culture cible (à la culture propre du traducteur). » RAKOVÁ, Z. (2014). Les théories de la traduction. Masarykova universita : Brno, 2014. 263 pages. ISBN 978‒80‒210‒6891‒9, p. 244. 454 La définition de l’exotisation selon Z. Raková : « Stratégie traductive qui permet de conserver les éléments culturels appartenant à une culture différente de la culture cible, en général ces éléments appartiennent à la culture source. Il s´agit de l´approximation stylistique du texte cible au contexte de l´auteur et du lecteur modèle du texte source au niveau des paramètres culturels, et leur transposition dans le texte cible. C´est le choix des éléments typiques pour la culture source et atypiques pour le style (le thème et la langue) de la culture cible. » Idem, p. 239. 89

F) HALI AVEC DOM PÈDRE (Sicilien)

TRADUCTION TCHÈQUE ORIGINAL455 (1936)456 HALI : HALI: … … Chiribirida ouch alla ! Čiribirida uch alla. Star bon Turca, Já dobrý Turek být. Non aver danara, Denáry nemít. Ti voler comprara, Zda ty mě koupit chtít? Mi servir a ti, Já tobě sloužit. Se pagar per mi, Ty za mě platit. Far bona coucina457, Já dobře uvařit, Mi levar matina, z postele vyskočit, Far boler caldara, [pod kotlem zatopit] Parlara, parlara, Povědít, povědít, Ti voler compara Jestli mě koupit chtít? … … DOM PÈDRE : DON PEDRO: Chiribirida ouch all, Čiribidida uch alla! Mi ti non comprara, Já tebe nekoupit, Ma ti bastonara, ale ti namlátit, Si, si, non andara, jestli se neztratit. Andara, andara, Odejít, odejít, O ti bastonara. nebo ti namlátit.

Cette traduction de Hanuš Jelínek n’est pas une traduction toute fidèle, parce qu’elle ne respecte pas le nombre de syllabes des vers dans tous les cas ; néanmoins, elle s’approche beaucoup d’une telle traduction. L’on peut observer que le traducteur a essayé de respecter les rimes. Il a aussi conservé le caractère étrange de ce passage en imitant la Lingua Franca et en se servant du terme de « denáry » ce que nous passons pour une bonne tentative à conserver le caractère exotisant de ce passage. C’est une bonne traduction, bien qu’il y ait encore de petites possibilités de la perfectionner.

455 Molière (1963, pp. 181-182). 456 Molière (1936, pp. 119-120). 457 La variante de « cucina » en Molière (19nn, pp. 89-90). 90

4.3. L‘ANALYSE TRADUCTIONNELLE ET STYLISTIQUE – LES TRADUCTIONS PROPOSÉES

Pour ce qui est des recommandations par rapport aux traductions des passages de la Lingua Franca analysés, nous voudrions remarquer cela : la traduction artistique française, à savoir celle qui suivrait la structure et le caractère de la Lingua Franca, n’est pas nécessaire, parce que le lecteur ou le spectateur lui-même voit ou entend la forme originale ; il a juste besoin que l’on lui explique et éclaircisse le sens et le caractère de ces passages de la Lingua Franca, c’est-à-dire que l’on mentionne qu’il s’agit probablement d’une langue appelée Lingua Franca, en décrivant quelques caractéristiques de cette langue (les dates, l’usage, etc.) et en expliquant aussi (sous forme des notes en bas de pages ou dans les annexes) le caractère artistique et les circonstances historiques pour lesquelles Molière décida d’introduire cette langue à sa pièce. Pour cette raison, nous n’offrirons qu’une traduction française sémantique. Au contraire de cela, pour ce qui est des traductions dans les autres langues (y compris celle tchèque), la situation est absolument opposée : il est opportun de suivre la structure et les caractères de la Lingua Franca sinon les passages choisis perdent leur caractère comique et particulier, ce qui n’est pas désirable parce que Molière lui-même introduisit la Lingua Franca à sa pièce juste pour son caractère étrange, comique et ludique. Pour cette raison, nous avons décidé d’élaborer une traduction tchèque artistique, suivant les caractères des pidgins et de la Lingua Franca de Molière, y compris le nombre de syllabes des vers. Ces passages sont quand même chantés, il siérait donc de respecter aussi le nombre de syllabes des vers. En ce moment, nous allons présenter nos traductions (française et tchèque) de chaque passage analysé en décrivant ses caractères spécifiques auxquels chaque interprète devrait faire attention.

4.3.1. LE BOURGEOIS GENTILHOMME – PASSAGE 1

Pour ce qui est de ce passage, nous proposons les traductions suivantes ; la traduction tchèque suit le nombre de syllabes :

91

A) MUFTI – SOLO 1 (Bourgeois Gentilhomme) TRADUCTION ORIGINAL458 TRADUCTION TCHÈQUE FRANÇAISE LE MUFTI : LE MUFTI : MUFTI: Se ti sabir, Si tu sais, Když ty vědět, Ti rispondir459, réponds ! odpovědět, Se non sabir, Si tu ne sais pas, když nevědět, Tazir, tazir. tais-toi donc ! mlcet, mlcet. Mi star Mufti, Je suis Mufti, Já být Mufti, Ti qui star ti? toi, tu es qui ? ty kdo být ty? Non intendir; Tu ne comprends pas, Nerozumět? Tazir, tazir. tais-toi donc ! Mlcet, mlcet!

La traduction française devrait conserver surtout le sens de ce passage en Lingua Franca, mais il y cependant une remarque que nous devons noter en analysant ce passage : il s’agit des termes de la réduplication sémantique (p.ex. tazir, tazir, ti – ti). Dans ce cas, nous recommandons de ne pas répéter les expressions, mais d’utiliser plutôt un intensifiant sémantique, parce que les langues telles que les pidgins ou les langues créoles se servent de la répétition de plusieurs façons : l’intensification, la mise en relief, la formation du pluriel, la formation de la question, etc. Nous croyons que l’intensification serait convenable à cette traduction, pour cette raison nous avons utilisé l’intensificateur « donc » pour éviter la répétition de « tazir, tazir » et le pronom personnel tonique « toi » pour exprimer la répétition de « ti – ti ». En ce qui concerne la traduction en tchèque, il y a plus de remarques à noter : l’on devrait suivre le caractère de la Lingua Franca, à savoir conserver la structure d’un pidgin, et de suivre le nombre de syllabes des vers en essayant d’imiter le rythme ; ce passage est écrit en tétrasyllabe. L’on devrait utiliser un vocabulaire le plus commun possible, parce que c’est juste ce type du vocabulaire que les PCs empruntent : en pratique, cela veut dire que, par exemple, « se » français devrait être traduit par « když » tchèque et non par « pokud » ou « jestli(že) » qui sont moins fréquents et dont l’usage est plus spécifique. Pour cette raison, nous avons décidé d’utiliser le terme « když ». Au surplus, par rapport à ce passage, nous pensons que l’interprète devrait aussi refléter le changement de la prononciation arabe du verbe « tazir » ; pour cette raison, nous avons résolu de modifier la prononciation standardisée de « mlčet » en « mlcet », ce qui produit l’effet désirable : le lecteur tchèque remarque le changement de la prononciation

458 Molière (1949, p. 309) ; Acte 4, Scène 5. 459 La variante de « respondir » en Molière (1965, p. 179). 92 sans avoir aucune complication à comprendre le sens du verbe. En ce qui concerne l’usage des verbes, nous recommandons, en traduisant ce passage en tchèque, de se servir plutôt des verbes sans préfixes (s’il n’y a pas de changement du sens remarquable, par exemple : vařit et uvařit x vařit et zavařit), parce que les pidgins tendent à faciliter l’usage des verbes et il est peu probable qu’ils empruntent une forme verbale préfixée.

4.3.2. LE BOURGEOIS GENTILHOMME – PASSAGE 2

Par rapport aux traductions du passage 2, nous proposons les traductions suivantes :

B) MUFTI – SOLO 2 (Bourgeois Gentilhomme)

ORIGINAL460 TRADUCTION FRANÇAISE TRADUCTION TCHÈQUE LE MUFTI : LE MUFTI : MUFTI: Mahametta per Giourdina, Je prierai Mahomet pour Mahameta za Džoudýna. Mi pregar, sera é mattina. Jourdain le soir et le matin. Je prosit včera, dnes i rána. Voler far un Paladina veux faire un paladin de Já chtít dělat paladýna Dé Giourdina, dé Giourdina, Jourdain, je (lui) donne un ze Džourdýna, ze Džourdýna, Dar turbanta, é dar scarcina, turban et un sabre avec une dát šavlenka, dát turbána, Con galera é brigantina, galère et une brigantine s galéra a brigantýna, Per deffender Palestina. pour défendre la Palestine. aby bránit Palestýna. Mahametta per Giourdina, Je prierai Mahomet pour Mahameta za Džoudýna Mi pregar, sera é mattina. Jourdain le soir et le matin. prosit včera, dnes i rána.

La traduction française proposée pourrait être classée comme une traduction sémantique, respectant pleinement le sens du passage. La traduction tchèque proposée est presque fidèle, il y a juste de petites modifications à cause de l’octosyllabe ou des différences lexicales. En tant qu’interprète, nous faisions attention surtout aux éléments qui distinguent ce passage des passages 4 et 5 qui contiennent quelques expressions similaires. Il s’agit surtout de ces différences : Giourdina (passage 2) x Iordina/Joridina (passage 5), dé (p. 2) x de (p. 5), dar turbanta (p. 2 + 5 p.) x donar turbanta (p. 4), Mahametta (p. 2) x Mohameta (p. 5). Le passage 4 devrait contenir un autre verbe (par exemple, offrir qui remplacerait le donner français), le passage 5 devrait subir la francisation, ce qui signifie, par exemple, d’utiliser une langue plus correcte. Pour ces raisons, nous avons décidé d’utiliser le nom « Džourdýna » au lieu de « Jourdain » pour refléter la prononciation et l’écriture

460 Molière (1949, p. 309) ; Acte 4, Scène 5. 93 différente, la préposition « ze » au lieu de « z » pour exprimer la différence entre « dé » et « de », etc. En plus, nous avons aussi pris en considération nos recommandations du passage précédent. Il y aussi une autre remarque que nous devons mentionner : dans ce passage, y compris dans les passages suivants, l’on y trouve des noms masculins (p.ex. turbanta) qui dénotent un changement du genre grammatical (du masculin en féminin) ; il faut donc refléter ce changement dans la traduction. Au surplus, ainsi le texte dénotera- t-il plus d’authenticité, parce que les pidgins et les langues créoles le font ainsi. Dans les passages suivants, l’on ne trouve que les noms « transgenrés », mais aussi des pronoms démonstratifs et les adjectifs d’un usage fautif du genre.

4.3.3. LE BOURGEOIS GENTILHOMME – PASSAGE 3

En ce qui concerne le passage 3, nous avons élaboré ces traductions :

C) MUFTI AVEC LES TURCS 1 (Bourgeois Gentilhomme)

ORIGINAL461 TRADUCTION FRANÇAISE TRADUCTION TCHÈQUE LE MUFTI : LE MUFTI : MUFTI: Dice, Turque, qui star Dites, Turcs, qui est celui- Říkat, Turky, kdo být tahle? quista? là ? C’est un Anabaptista? Anabaptista? Anabatista? Anabatista? anabaptiste ? LES TURCS : LES TURCS : TURCI: Ioc. Non. (en turc) Ne. (turecky) LE MUFTI : LE MUFTI : MUFTI: Zuinglista? Un zwingliste ? Zwinglista? LES TURCS : LES TURCS : TURCI: Ioc. Non. (en turc) Ne. (turecky) LE MUFTI : LE MUFTI : MUFTI: Coffita? Un copte ? Koptista? LES TURCS : LES TURCS : TURCI: Ioc. Non. (en turc) Ne. (turecky) LE MUFTI : LE MUFTI : MUFTI: Hussita? Morista? Un hussite ? Un converti Husita? Maurista? Fronista? à l’islam ? Un Sofista?462 philosophe ? LES TURCS : LES TURCS : TURCI: Ioc. Non. (en turc) Ne. (turecky) LE MUFTI : LE MUFTI : MUFTI: Ioc, ioc, ioc. Star pagana? Non, non, non. (en turc) Ne, ne, ne. (turecky) Být C’est un païen ? pohán?463 LES TURCS : LES TURCS : TURCI: Ioc. Non. (en turc) Ne. (turecky)

461 Molière (19nn, pp. 310-311) ; Acte 4, Scène 5. 462 La traduction recommandée selon le sens : Husista? K islámu konvertista? Filozofista ? 463 La traduction recommandée selon le sens : Ateista. 94

LE MUFTI : LE MUFTI : MUFTI: Luterana? Un luthérien ? Být luterán?464 LES TURCS : LES TURCS : TURCI: Ioc. Non. (en turc) Ne. (turecky) LE MUFTI : LE MUFTI : MUFTI: Puritana? Un puritain ? Být puritán?465 LES TURCS : LES TURCS : TURCI: Ioc. Non. (en turc) Ne. (turecky) LE MUFTI : LE MUFTI : MUFTI: Bramina? Moffina? Un hindouiste ? Un Být bráhmán? Být řeckán ? Zurina? chrétien orthodoxe de Být křištán?466 Mossina ? Un chrétien syrien ? LES TURCS : LES TURCS : TURCI: Ioc. Ioc. Ioc. Non. (en turc) Ne, ne, ne. (turecky) LE MUFTI : LE MUFTI : MUFTI: Ioc, ioc, ioc. Non, non, non. (en turc) Ne, ne, ne. (turecky) Mohamétana? Il est donc un Být mohametán ? Mohamétana? mahométan ? Být mohametán ? LES TURCS : LES TURCS : TURCI: Hi valla. Hi valla. Je l’affirme par Allah. Ano, tak být! Ano, tak být! (en turc) (turecky) LE MUFTI : LE MUFTI : MUFTI: Como chamara? Como Et comment s’appelle-t- Jak se šmenovat? Jak se chamara? il ? šmenovat? LES TURCS : LES TURCS : TURCI: Giourdina, Giourdina. C’est Jourdain. Džourdýna, Džourdýna. LE MUFTI : LE MUFTI : MUFTI: Giourdina, Giourdina. C’est Jourdain. Džourdýna, Džourdýna. LES TURCS : LES TURCS : TURCI: Giourdina, Giourdina. C’est Jourdain. Džourdýna, Džourdýna.

Quant à la traduction française, nous devons dire que ce passage était celui le plus difficile à traduire, parce qu’il y a quelques mots d’une signification incertaine ou de plusieurs significations ; le passage lui-même dénote un caractère parodique en évoquant quelques significations sous-entendues. Il dépend donc de l’interprète quelle traduction il veut suivre. Nous recommanderions d’effectuer une traduction parodique sur la religion, en expliquant le caractère sous-entendu dans le bas de page ou dans les annexes. Pour ce qui est des répétitions, nous les évitions en se servant, comme dans les passages précédents, des intensificateurs (Giourdina, Giourdina. → C’est Jourdain., etc.). En ce qui touche la traduction tchèque, elle était très difficile à

464 La traduction recommandée selon le sens : Reformista, Luterán. 465 La traduction recommandée selon le sens : Jehovista, Sionista. 466 La traduction recommandée selon le sens : Hinduista? Z Mossina grecista? Ze Sýria kristianista? 95

élaborer, surtout de suivre le nombre de syllabes des vers et leur sens en même temps. Nous avons cependant quelques remarques par rapport à ce passage et sa traduction en tchèque : le nom féminin « Turque » est en pluriel, pour cette raison, nous avons utilisé la traduction « Turky ». Le pronom démonstratif « quista » dénote le genre féminin, nous l’avons donc traduit par « tahle ». Le passage opère avec deux suffixes, celui de « -ista » et « -ana », y compris leurs allomorphes « -ita » et « -ina » ; ces suffixes sont utilisés parfois d’une manière correcte, parfois d’une manière incorrecte. Nous croyons qu’il est cependant important d’imiter ce changement des suffixes par n’importe quels deux suffixes tchèques. Nous avons choisi l’alternance des suffixes « -ista » et « -án », mais car le suffixe « -án » n’est pas si long que le suffixe de Molière « -ana », nous étions obligé d’utiliser le remplissage stylistique de « být » afin de respecter la longueur des vers. En ce qui concerne l’adverbe de négation « yok », nous proposons de le traduire en notant que la langue originale est le turc ; il serait aussi possible de ne pas traduire cette expression en notant seulement qu’il s’agit d’un terme turc qui signifie « non ». Mais si l’on fait ainsi, l’on ne devrait pas aussi traduire l’expression « Hi valla » en notant ce qu’elle signifie. Pour ce qui est des termes compliqués à traduire à cause de la versification, il y en a 4 : Fronista, Morista, Moffina et Zurina. Pour ce qui est du terme « Fronista », nous pensons que nous avons trouvé un terme tchèque plus ou moins adéquat, celui de « sofista » qui englobe la signification de « philosophe ». En ce qui concerne le terme « Morista », il est impossible d’expliquer « un converti à l’islam » dans 3 syllabes ; pour cette raison, nous étions obligé de conserver la forme originale en modifiant seulement l’écriture (Maurista). Il était aussi difficile de trouver un terme adéquat pour le terme « Moffina » de la signification de « chrétien orthodoxe » ; nous y avons réussi partiellement en le traduisant par le terme « řeckán » qui réfère à la Grèce où l’on trouve des chrétiens orthodoxes ; cette signification ne sera pas cependant assez évidente à tous les lecteurs. Nous avons même changé la prononciation et l’écriture de ce mot pour respecter la forme de « Moffina », une modification phonétique potentielle de « Mossina ». Nous avons traité le terme « Zurina » de la même manière, parce qu’il est impossible d’expliquer la signification « chrétien de Syrie » en 3 syllabes. En outre, nous considérons le terme « Syřan » comme pas assez évident à tous pour dénoter le christianisme. Pour cette raison, nous l’avons traduit par « křišťán » ce qui est plus évident ; nous avons aussi dû respecter le changement de la prononciation : c’est pourquoi nous avons changé « křesťan » en « křišťán ». Quant à l’expression « Hi

96 valla », nous l’avons traduite comme « Ano, tak být! » en remarquant que les Turcs le disent en turc ; comme nous avons déjà dit, il serait aussi possible de ne pas traduire cette expression en notant sa signification dans le bas de page ou dans les annexes. L’expression « como chamara » dénote un changement de la prononciation, c’est pourquoi nous avons résolu de changer aussi la prononciation en tchèque, en la traduisant par « jak se šmenovat ». Le terme « Džourdýna » a été déjà expliqué dans le passage précédent.

4.3.4. LE BOURGEOIS GENTILHOMME – PASSAGE 4

Relativement au passage 4, nous avons élaboré ces traductions :

D) MUFTI AVEC LES TURCS 2 (Bourgeois Gentilhomme)

ORIGINAL467 TRADUCTION FRANÇAISE TRADUCTION TCHÈQUE LE MUFTI : LE MUFTI : MUFTI: Star bon Turca Jourdain est-il un Dobrá Turk být Džourdýna? Giourdina? bon Turc ? LES TURCS : LES TURCS : TURCI: Hi valla. Je l’affirme par Allah Ano, tak být! (turecky) (en turc). LE MUFTI : LE MUFTI : MUFTI: Hu la ba ba la chou ba la Hu la ba ba la chou ba Hu la ba ba la šu ba la ba ba ba ba la da. la ba ba la da. la da. (nápodoba turečtiny) (l‘imitation du turc) LES TURCS : LES TURCS : TURCI: Hu la ba ba la chou ba la Hu la ba ba la chou ba Hu la ba ba la šu ba la ba ba ba ba la da. la ba ba la da. la da. LE MUFTI : LE MUFTI : MUFTI: Ti non star furba? Tu n’es pas un fourbe ? Neklamat, nelhát?470 LES TURCS : LES TURCS : TURCI: No, no, no. Non, non, non. Ne, ne, ne. LE MUFTI : LE MUFTI : MUFTI: Non star furfanta468? Un filou ? Neloupit, nekrást? LES TURCS : LES TURCS : TURCI: No, no, no. Non, non, non. Ne, ne, ne. LE MUFTI : LE MUFTI : MUFTI: Donar turbanta, donar Alors, on lui offre un Darovat turbán, darovat turbanta. turban. turbán. LES TURCS : LES TURCS : TURCI: Ti non star furba? Tu n’es pas un fourbe ? Neklamat, nelhát? No, no, no. Non, non, non. Ne, ne, ne. Non star furfanta? Un filou ? Neloupit, nekrást?

467 Molière (1949, pp. 309-310) ; Acte 4, Scène 5. 468 La variante de « forfanta » en Molière (1965, p. 181). 470 La variante de « ty nepodvádět? » respecterait mieux la structure, mais elle ne nous plaît pas à cause de sa diction plate. 97

No, no, no. Non, non, non. Ne, ne, ne. Donar turbanta, donar Alors, on lui offre un Darovat turbán, darovat turbanta. turban. turbán.

LE MUFTI : LE MUFTI : MUFTI: Ti star nobilé, é non star Tu es noble et (cela) Šlechetný ty být, to výmysl fabbola. n’est pas une fable. nebýt. Pigliar schiabbola. Prends ce sabre ! Šavlenku si vzít! LES TURCS : LES TURCS : TURCI: Ti star nobilé, é non star Tu es noble et (cela) Šlechetný ty být, to výmysl fabbola. n’est pas une fable. nebýt. Pigliar schiabbola. Prends ce sabre. Šavlenku si vzít! LE MUFTI : LE MUFTI : MUFTI: Dara, dara, bastonara, Alors, qu’on lui donne Bít! Bít! Sekec, mazec mít!471 bastonara. une bâtonnade ! Sekec, mazec mít! LES TURCS : LES TURCS : TURCI: Dara, dara, bastonara, Alors, qu‘on lui donne Bít! Bít! Sekec, mazec mít! bastonara. une bâtonnade ! Sekec, mazec mít! LE MUFTI : LE MUFTI : MUFTI: Non tener honta, N‘aie pas de honte ! Nic se nestudít, to naposledy questa star ultima Ceci est le dernier ji potupít! affronta469. affront. LES TURCS : LES TURCS : TURCI: Non tener honta, N‘aie pas de honte ! Nic se nestudít, to naposledy questa star ultima Ceci est le dernier ji potupít! affronta. affront.

En ce qui concerne la traduction française, il n’y a rien de particulier ce que nous n’ayons pas encore dit. Nous notons juste que nous avons remplacé les réduplications par les intensificateurs (donar turbanta, donar turbanta → Alors, qu’on lui offre un turban ! ; Dara, dara, bastonara, bastonara. → Alors, qu’on lui donne une bâtonnade !). Au contraire de cela, nous avons quelques remarques à noter par rapport à la traduction tchèque. Il faut mentionner surtout la traduction des expressions adjectivales telles que « Ti non star furba » et « non star forfanta ». Le tchèque est une langue verbale, il est donc nécessaire de soit traduire les expressions de « furba » et « forfanta » par les substantifs, accompagné du verbe « être » (ty nebýt klamář, ty nebýt zloděj, etc.), ce qui ne nous ne plaît pas, soit de traduire ces expressions par les verbes concrets (Ty nepodvádět, ty nepustošit, etc.), mais il est pourtant très difficile de trouver un verbe à 4 syllabes, ayant cette signification. Nous avons donc décidé de se servir des synonymes et de la réduplication du sens (typique pour les pidgins) en traduisant ces expressions par « neklamat, nelhát » et par « neloupit, nekrást ».

469 La variante de « l’ultima affronta » en Molière (1965, p. 181). 471 Notre variante alternative : « Šlech a rána, baštonáda! ». 98

En outre, lesdites expressions proposées ne dénotent qu’une meilleure diction, mais ils suivent aussi la même rime : cette construction est aussi meilleur que celle de « verbe + substantif », parce que tous les substantifs n’ont pas de mêmes suffixes, l’on devrait donc chercher longuement deux substantifs convenables. La cacophonie est la raison principale pour laquelle nous avons abandonné la traduction de « verbe + substantif », c’est-à-dire les expressions comme « ty nebýt klamář, ty nebýt zloděj », etc. Dans ce passage, il y a la construction « donar turbanta » dont nous avons déjà parlé dans le passage précédent ; il faut la distinguer de la construction « dar turbanta ». Nous l’avons donc traduite par « darovat turbán ». Par rapport à l’expression « questa star ultima affronta », il est opportun de la distinguer du passage suivant où l’on trouve une modification de cette expression « questa star l’ultima affronta », une sorte de francisation, à savoir la manière dont Mrs Jourdain corrige la faute de l’absence de l’article qui est tout naturel pour tous les Français dans cette expression. Nous avons donc résolu de traduire cette expression par « Nic se nestudít, to naposledy ji potupít », en modifiant l’accent des verbes pour former une rime meilleure et pour remarquer le caractère agrammatical, et en ajoutant le pronom personnel « ji » explétif à cause de la longueur du vers. Cette expression sera, dans le passage suivant, changé en « Nic se nestudit, to naposledy ho potupit » pour refléter la correction de la langue de Mrs Jourdain. Nous croyons que le changement de « ji » en « ho » rend le changement plus évident que seulement le changement de l’accent « nestudít, potupít → nestudit, potupit ». En ce qui concerne d’autres modifications, nous n’avons plus mentionné les changements concernant le changement du genre des adjectifs, des noms ou des pronoms démonstratifs aussi que les changements touchant la prononciation ou la traduction dont nous avons déjà parlé dans les passages précédents (p.ex. Hi valla, Giourdina, etc.).

4.3.5. LE BOURGEOIS GENTILHOMME – PASSAGE 5

Pour ce qui est du passage dans lequel figure Mrs Jourdain avec Mme Jourdain, nous l’avons traduit ainsi :

99

E) MONSIEUR JOURDAIN AVEC MADAME JOURDAIN (Bourgeois Gentilhomme)

TRADUCTION TRADUCTION TCHÈQUE ORIGINAL472 FRANÇAISE MONSIEUR JOURDAIN Il ne faut pas PAN JOURDAIN Mohameta per Iordina473. retraduire ce Mohameda za Žordýna. MADAME JOURDAIN passage, le PANÍ JOURDAINOVÁ Qu’est-ce que cela veut dire ? lecteur/le Co tím chcete říct? MONSIEUR JOURDAIN spectateur PAN JOURDAIN Iordina, c’est-à-dire Jourdain. peut déduire Žordýna, to je Jordán. MADAME JOURDAIN son sens en se PANÍ JOURDAINOVÁ Hé bien ! quoi, Jourdain ? basant sur les No, dobře. Co?! Jordán?! MONSIEUR JOURDAIN traductions PAN JOURDAIN Voler far un Paladina de Iordina. précédentes. On ráčit dělat paladýna z Žordýna MADAME JOURDAIN PANÍ JOURDAINOVÁ Comment ? Prosím? MONSIEUR JOURDAIN PAN JOURDAIN Dar turbanta con galera. Dar turbána i s galéra. MADAME JOURDAIN PANÍ JOURDAINOVÁ Qu’est-ce à dire cela ? Co to má znamenat? MONSIEUR JOURDAIN PAN JOURDAIN Per deffender Palestina. Aby bránit Palestýna. MADAME JOURDAIN PANÍ JOURDAINOVÁ Que voulez-vous donc dire ? No, ale co tím chcete říct? MONSIEUR JOURDAIN PAN JOURDAIN Dara dara bastonara. Bít! Bít! A sekec, mazec mít! MADAME JOURDAIN PANÍ JOURDAINOVÁ Qu’est-ce donc que ce jargon-là ? Co je to za hatlamatilku? MONSIEUR JOURDAIN PAN JOURDAIN Non tener honta: Nic se nestudit, to naposledy ho questa star l’ultima affronta. potupit! MADAME JOURDAIN PANÍ JOURDAINOVÁ Qu’est-ce que c’est donc que tout Co má toto všechno zamenat? cela ? MONSIEUR JOURDAIN PAN JOURDAIN Hou la ba ba la chou ba la ba ba la Hou la ba ba la šou ba la ba ba la da. da. MADAME JOURDAIN PANÍ JOURDAINOVÁ Hélas ! Mon Dieu ! Mon mari est Panno na Nebi! Můj manžel se devenu fou. zbláznil!

Comme ce passage est basé sur les passages 2 et 4, il ne faut pas le retraduire en français, puisqu’au cas d’une traduction sémantique, l’on ne doit pas refléter les différences concernant le changement du lexique ou de la prononciation. Néanmoins, cela n’est pas le cas de la traduction tchèque

472 Molière (1949, pp. 310-312) ; Acte V, Scène 1. 473 La variante de « Jordina » en Molière (1965, p. 182). 100 artistique qui devrait respecter toutes ces différences. Il s’agit surtout du changement de la prononciation de « Giourdina → Iordina/Jordina » que nous avons traduit par « Džourdýna → Žordýna », la différence de « Hu la ba ba la chou ba la ba ba la da. → Hou la ba ba la chou ba la ba ba la da. » que nous avons reflétée par « Hu la ba ba la šu ba la ba ba la da. → Hou la ba ba la šou ba la ba ba la da. ». Nous avons aussi englobé le changement de la prononciation de « de » par rapport au « dé » du passage 2 ; nous l’avons fait ainsi : « ze → z ». Le changement de la structure grammaticale « ultima affronta → l’ultima affronta », nous l’avons déjà mentionné dans le commentaire du passage précédent. Il y a aussi un changement de la traduction de « voler far un paladina de Iordina » : tandis que la traduction du passage 2 contient un « já » explétif (Já chtít dělat paladýna ze Džourdýna.), dans ce passage, nous avons été obligé de modifier cette traduction en « On ráčit dělat paladýna z Žordýna. », parce que « já » ne donnerait aucun sens dans ce passage, et, en outre, à cause de la modification de « ze » en « z », nous avions perdu une syllabe, c’est pourquoi nous avons aussi changé « chtít » monosyllabique en « ráčit » dissyllabique pour substituer la syllabe manquante. De la même manière, nous avons substitué une syllabe manquante dans l’expression « Bít! Bít! Sekec, mazec mít! Sekec, mazec mít! » par un « a » explétif, en formant l’expression suivante : « Bít! Bít! A sekec, mazec mít! ». Dans l’originale, il y a une opposition de « Dara, dara, bastonara, bastonara. » et « Dara, dara, bastonara. ».

4.3.6. LE SICILIEN OU L’AMOUR PEINTRE – PASSAGE 6

Par rapport à la traduction du passage de l’œuvre de Le Sicilien ou L’Amour peintre, nous avons élaboré les traductions suivantes :

F) HALI AVEC DOM PÈDRE (Sicilien)

ORIGINAL474 TRADUCTION FRANÇAISE TRADUCTION TCHÈQUE HALI : HALI : HALI: Chiribirida ouch alla ! Chiribirida ouch alla ! Čiribidida ušalách! (pseudoturc) (pseudoturečtina) Star bon Turca, Je suis un bon Turc, Dobrá Turk‘ být, Non aver danara, je n’ai pas d’argent. penízka já nemít. Ti voler comprara, Tu veux m’acheter ? Ty koupit jeho chtít? Mi servir a ti, Je te servirai Tobě já sloužit, Se pagar per mi, si tu payes pour moi. za něj když platit.

474 Molière (1963, pp. 181-182). 101

Far bona coucina475, Je fais une bonne cuisine, Já dobře uvařit, Mi levar matina, Je me lève tôt le matin, ráno se probudit, Far boler caldara, Je fais bouillir le chaudron. na vodu postavit, Parlara, parlara, Réponds donc si povědít, povědít, Ti voler compara tu veux acheter ! když ty koupit chtít? … … … DOM PÈDRE : DOM PÈDRE : DON PEDRO: Chiribirida ouch alla, Chiribirida ouch alla ! Čiribidida ušalách! (pseudoturc) (pseudoturečtina) Mi ti non comprara, Je ne t’achèterai pas, Já tebe nekoupit, Ma ti bastonara, mais je te bâtonnerai holí ti naložit, Si, si, non andara, si tu ne t’en vas pas ! když ty se neztratit. Andara, andara, Va-t’en donc ! nejít, neodejít O ti bastonara. Sinon je te bâtonnerai ! holí ti naložit.

La traduction française n’était pas exigeante. Nous faisions attention surtout aux réduplications sémantiques (parlara, parlara, etc.) en essayant de les traduire en utilisant les intensificateurs (p.ex. donc). En ce qui concerne les expressions turques, nous recommandons de les expliquer dans le bas de page ou dans les annexes ainsi qu’expliquer le caractère du texte lui-même. Par rapport à la traduction en tchèque, nous avons ces remarques : l’expression « Chiribirida ouch alla ! » est une imitation du turc, nous n’avons changé que la prononciation de cette expression en notant qu’il s’agit d’un pseudoturc. Nous avons traduit la conjonction « se » par « když » parce que « když » est un terme plus universel que « pokud » ou « jestli(že) », il est donc plus probable que les étrangers l’apprennent et l’utilisent. L’expression « Star bon Turca » était un peu difficile à traduire, parce que les pidgins et les langues créoles préfèrent les substantifs et les adjectifs féminins, l’on devrait la traduire plutôt par « dobrá Turka být », mais cela ne respecte pas le nombre de syllabes du vers ; pour cette raison, nous l’avons traduite par « Dobrá Turk‘ být » ce qui imite la forme de Molière et le caractère des pidgins. La forme « dobrý Turk‘ být » ne serait pas convenable parce que la forme féminine « Turka » n’est pas évidente. Pour ce qui est des expressions « Ti voler comprara » ou « se pagar per mi », nous étions obligé d’utiliser les variantes du pronom personnel « on » en tant que remplissage, en formant ainsi les traductions suivantes : « Ty koupit jeho chtít? » et « za něj když platit. ». Nous savons qu’il serait mieux d’utiliser les pronoms féminins « ji, ní », mais malheureusement ces variantes du pronom féminin tchèque « ona » ne sont pas si longues que celles masculines ; ainsi serions-nous obligé de chercher d’autres expressions de la même signification.

475 La variante de « cucina » en Molière (19nn, pp. 89-90). 102

C’est pourquoi nous avons décidé de se servir du pronom personnel « on ». En ce qui concerne le genre des adjectifs, des noms et des pronoms, l’on devrait aussi préférer les formes féminines à celles masculines (p.ex. penízek → penízka). Ayant déjà mentionné le vers avec « penízka », nous devons avouer d’avoir utilisé le remplissage de « já » dans ce vers à cause d’une syllabe manquante. À la fin, nous devons aussi remarquer qu’il était inévitable de traduire quelques verbes par les équivalents tchèques non-préfixés (vařit → uvařit), ce qui serait mieux pour imiter les pidgins, mais nous n’y avons pas réussi dans tous les cas, puisque nous étions forcé soit de respecter le nombre de syllabes des vers, soit de respecter la signification des vers.

103

V. CONCLUSION

Nous avons résolu d’analyser d’un point de vue sémantique, stylistique et traductionnel les passages de Molière qui contiennent les traces possibles de la Lingua Franca, un pidgin mystérieux, utilisé dans la Méditerranée depuis le Moyen-Âge tôtif jusqu’au XIXème siècle. L’on peut trouver ces passages dans Le Bourgeois Gentilhomme (5 passages en total), appelés « La cérémonie turque » en général, et dans Le Sicilien ou L’Amour peintre (1 passage en total). Tous les passages analysés semblent dénoter les caractères de la Lingua Franca, bien que quelques-uns présentent les indices de l’invention de Molière, surtout celui dans le Bourgeois Gentilhomme qui caricature la religion (passage 3). Néanmoins, l’on peut constater que Molière se servit de la réelle Lingua Franca, mais au moment où il n’y avait pas de lexique de la Lingua Franca correspondant à ses besoins, il profita de ses connaissances de l’italien, du latin ou du grec en inventant de nouveaux mots, exclusivement les termes concernant la religion (Fronista, Morista, Mossina, …). Les passages 3-6 présentent un caractère un peu bizarre à cause des suffixes -a verbaux dont la signification n’est pas assez certaine : dans les passages 4-6, l’on pourrait considérer ces suffixes comme les suffixes -a verbaux du futur simple roman, mais pas dans le passage 3 ; ces suffixes pourraient aussi référer au prétérit arabe, mais pas dans tous les cas. Il ne reste que deux possibilités : soit l’invention possible de Molière, soit l’influence potentielle de l’arabe, mal interprétée par Molière : la forme verbale avec -a du prétérit représente la forme dictionnairique de base, à savoir une sorte d’infinitif, que Molière utilisa pour les raisons de l’harmonie et de la ressemblance avec le futur simple des langues romanes. En outre, il y a un texte de l’origine italienne (Il Mercante Armeno) qui prouve que ce suffixe -a dénote vraisemblablement l’influence de l’arabe, c’est- à-dire du prétérit arabe. Dans lesdits passages, l’on peut y trouver aussi le suffixe -a substantival ou adjectival qui pourrait dénoter soit l’influence du suffixe féminin de l’italien ou d’espagnol (Turco → Turca), soit l’influence du suffixe féminin arabe populaire (Turco → Turcat (soutenu)/Turca (pop.)) ; la forme du pluriel de ce suffixe sous l’influence de l’italien est aussi attestée dans ces passages (Turca → Turque) : l’influence de l’italien est donc évidemment dominante. Pour cette raison, nous avons décidé de catégoriser le suffixe -a substantival et adjectival comme l’influence des langues romanes et le suffixe - a verbal comme l’influence de l’arabe, tout en excluant la possibilité que Molière

104 ait pu inventer ce suffixe. La Lingua Franca de Molière dénote aussi un caractère francisant intentionnel soit pour les raisons artistiques (le passage 5 avec Mrs Jourdain, p.ex. Iordina, Hou la ba ba…, l’ultima affronta, …), soit pour les raisons pratiques de la prononciation française (deffender, é, dé, …) qui ne sont pas toujours respectées (tener, Mohameta, …) ; l’on ne peut pas donc déduire précisément la manière dont ces passages étaient prononcés. Les passages analysés présentent aussi l’influence de l’italianisation (Jourdain → Giourdina) ou de l’arabisation (intendere/entender → intendir, rispondere/responder → respondir/rispondir, tacere → tazir, sapere/saber → sabir, maometta → maametta, chiamare [kjama:re] → chamare [ʃama:re], …). Pour ce qui est de la connaissance de Molière de la Lingua Franca, nous sommes convaincu qu’il rencontra cette langue, ou un autre pidgin méridional du moins, pendant son séjour dans le sud de la France ou pendant son adolescence dans la boutique de son père comme le témoigne l’œuvre de Le Sicilien ou L’Amour peintre, composée avant de la rencontre de Molière avec le Chevalier d’Arvieux. Néanmoins, cela n’exclut pas l’évidence que celui-ci aida Molière à composer les passages de la Lingua Franca dans Le Bourgeois Gentilhomme, surtout les expressions turques et arabes, présentées non seulement dans les passages de la Lingua Franca, mais aussi dans d’autres passages de toute l’œuvre ; il l’aida Molière aussi avec les costumes des Turcs en fournissant Molière des informations sur les manières religieuses et communes des Arabes et des Turcs. L’influence du Chevalier d’Arvieux sur la Lingua Franca de Molière ne nous paraît pas assez convaincante, parce que le Chevalier d’Arvieux mentionna dans ses mémoires qu’il ne connaissait pas assez cette langue pour s’en servir, sauf la remarque qu’il s’agissait d’une langue basée de ¾ sur l’italien. En ce qui concerne l’analyse sémantique, nous pouvons constater que le corpus de Molière de la Lingua Franca contient 335 mots en général (y compris les répétitions des mots) que l’on peut catégoriser et décrire ainsi : le plus nombreux sont les suffixes -a/-e, dénotant l’influence de l’arabe ou des langues romanes (ou de Molière) qui occupent 23,58 % (79 occurrences) du lexique du corpus. Ensuite ce sont les verbes (77 occ. ; 22,98 %), puis les noms (68 occ. ; 20,30 %), les adverbes (44 occ. ; 13,13 %), les pronoms (23 occ. ; 6,87 %), les prépositions (12 occ. ; 3,58 %), les conjonctions (11 occ. ; 3,28 %), les adjectifs (10 occ. ; 2,99 %), les phrases incompréhensibles, à savoir l’imitation du turc ou de l’arabe (5 occ. ; 1,49 %) et à la fin ce sont les interjections (3 occ. ; 0,90 %)

105 et les déterminants (3 occ. ; 0,90 %). Si l’on omet les répétitions du lexique en se concentrant seulement sur les unités d’une signification particulière par rapport aux autres unités (c’est-à-dire sur les lexèmes), nous pouvons affirmer que le corpus de Molière ne possède que 88 lexèmes que l’on peut ranger selon les occurrences ainsi : les plus fréquents sont les noms (33 occ. ; 37,50 %), puis les verbes (24 occ. ; 27,27 %), les pronoms (7 occ. ; 7,95 %), les adjectifs (5 occ. ; 5,68 %), puis les adverbes (4 occ. ; 4,55 %), les prépositions (4 occ. ; 4,55 %) et les conjonctions (4 occ. ; 4,55 %), puis les déterminants (2 occ. ; 2,27 %), les phrases incompréhensibles, c’est-à-dire l’imitation du turc ou de l’arabe (2 occ. ; 2,27 %) et les suffixes -a/-e (2 occ. ; 2,27 %). Les dernières sont les interjections (1 occ. ; 1,14 %). Pour ce qui est de l’origine ou de l’influence potentielle d’autres langues par rapport au lexique de la Lingua Franca de Molière, nous avons à affirmer que parmi les 335 mots du corpus de Molière, il y en a 133 provenant de l’italien et/ou de l’espagnol (39,70 %), 71 mots provenant de l’italien et/ou de l’espagnol et/ou du français (21,19 %), 40 mots provenant de l’italien (11,94 %), 26 mots provenant de l’arabe (7,76 %), 22 mots provenant du turc (6,57 %), 16 mots provenant du français (4,78 %), 15 mots provenant de l’italien et/ou du français (4,78 %), 3 mots provenant du français et/ou de l’italien et/ou de l’espagnol et/ou du latin (0,90 %), 3 mots provenant du français et/ou de l’italien et/ou du latin (0,90 %), 1 mot provenant du français et/ou de l’arabe (0,30 %), 1 mot provenant du français et/ou de l’italien et/ou du latin et/ou de l’arabe (0,30 %), 1 mot de l’origine grecque potentielle (0,30 %), 1 mot provenant du latin et/ou du grec (0,30 %) et 1 mot provenant de l’espagnol (0,30 %). En omettant les répétitions et en ayant fait une analyse des lexèmes, l’on trouve 87 lexèmes en total dont 27 lexèmes de l’origine potentielle italienne et/ou espagnole (31,03 %), 22 lexèmes de l’origine potentielle italienne et/ou espagnole et/ou française (25,29 %), 16 lexèmes de l’origine potentielle italienne (18,39 %), 6 lexèmes de l’origine potentielle italienne et/ou française (6,90 %), 3 lexèmes de l’origine potentielle arabe (3,45 %), 3 lexèmes de l’origine potentielle turque (3,45 %), 2 lexèmes de l’origine potentielle française (2,30 %), 2 lexèmes de l’origine potentielle française et/ou italienne et/ou espagnole et/ou latine (2,30 %), 1 lexème de l’origine potentielle espagnole (1,15 %), 1 lexème de l’origine potentielle française et/ou italienne et/ou latine (1,15 %), 1 lexème de l’origine potentielle arabe et/ou française (1,15 %), 1 lexème de l‘origine potentielle française et/ou italienne et/ou latine et/ou arabe (1,15 %), 1 lexème

106 de l’origine potentielle grecque (1,15 %) et 1 lexème de l’origine potentielle latine et/ou grecque (1,15 %). Les procédés que le lexique des langues romanes aurait pu subir en formant le lexique de la Lingua Franca et que nous avons décrits en analysant les passages singuliers sont : l’apocope (pregare → pregar, volere → voler, stare → star, …), l’aphérèse (escarcina → scarcina, estar → star, …), la monophtongaison (buono → bono, mei → mi, …), l’approximation de la prononciation sous l’influence de l’arabe ou du turc (si → se, saber → sabir, tacere → tazir, sapere → sabir, maometta → maametta, chiamare [kjama:re] → chamare [ʃama:re], …), l’italianisation (Jourdain → Giourdina), la francisation (e → é, de → dé, …), la (re)suffixation (Turca → Turque, Moro → Morista, Mahametto → Mahametta, …), la dénasalisation (non → no), la métathèse (Maometto → Moametto) et le changement du sens (donare → = dare). En ce qui touche la partie de l’analyse traductionnelle et stylistique, nous avons choisi deux œuvres-archétypes exemplaires françaises pour décrire les approches traductologiques françaises aux passages analysés de la Lingua Franca ; afin de décrire les approches traductologique tchèques, nous avons présenté 3 traductions existantes tchèques. Quant aux approches des Français, nous devons constater que ceux-ci ne tendent pas d’une manière majoritaire à traduire les passages de la Lingua Franca, en ajoutant seulement la note qu’il s’agit d’un texte dans la Lingua Franca ou d’un sabir. En général, ils ne proposent pas d’autres commentaires. Les traductions exemplaires que nous avons choisies présentent deux approches traductologiques différentes : la traduction de l’an 1949 est une traduction fidèle, respectant le caractère de la Lingua Franca, y compris la longueur des vers ou les rimes. Ce type de la traduction est cependant inutile pour le public français, parce que ce public peut voir l’original, à savoir et la structure et le caractère de la Lingua Franca ; une traduction sémantique commentée serait donc plus convenable aux besoins d’un tel public. Au contraire de cela, la traduction de l’an 19nn est une traduction sémantique libre qui ne respecte ni la longueur des vers ou le nombre de syllabes ni les rimes. Parfois, l’on trouve des interprétations qui modifient trop le sens de la Lingua Franca que cela soit à cause de la négligence ou de l’ignorance des traducteurs. Ces traductions ne reflètent ni les changements du lexique ni ceux de la prononciation : cela n’est pas une faute, puisqu’un lecteur/spectateur attentif peut s’en apercevoir. Lesdites traductions avaient été élaborées par les éditeurs qui ont eux-mêmes aussi traduit les passages de la

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Lingua Franca non seulement dans Le Bourgeois Gentilhomme, mais aussi dans Le Sicilien ou L’Amour peintre. Pour ce qui est des traductions tchèques, il n’y a que 3 traductions tchèques disponibles des passages analysés : 2 traductions de Le Bourgeois Gentilhomme (de l’an 1955 et de l’an 1980) et 1 traduction de Le Sicilien ou L’Amour peintre (de l’an 1936) ; celle-ci élaborée par Hanuš Jelínek et celles-là faites par Svatopluk Kadlec et J. Z. Novák. Il y a deux approches traductologiques par rapport aux passages analysés : Svatopluk Kadlec a élaboré une traduction presque fidèle et naturalisante, en respectant quasi toujours les rimes et la longueur des vers tandis que J. Z. Novák et Hanuš Jelínek ont traduit les passages d’une manière libre et exotisante, en imitant les rimes sans respecter le nombre de syllabes des vers ; en outre, la traduction de J. Z. Novák ne respecte pas aussi souvent le sens des passages de la Lingua Franca. Toutes les trois traductions ne reflètent point les changements de la prononciation ou du lexique ce que nous passons pour une faute traductologique, quoique pas toute grave. Pour ce qui touche la partie concernant nos propositions des traductions des passages analysés, nous avons élaboré : 6 x traduction libre française et 6 x traduction artistique tchèque avec un commentaire sur les choix du lexique ou de la stylistique. Nous avons résolu que les traductions françaises devraient être libres et devraient mettre l’accent sur le sens de la traduction, parce que les lecteurs/spectateurs français sont capables de voir l’original, il n’est pas donc nécessaire d’imiter la structure ou le caractère de la Lingua Franca. Ce type de la traduction exige cependant un commentaire pour que le lecteur/spectateur soit au courant des informations suivantes : ce qui est la Lingua Franca et pourquoi Molière utilisa cette langue dans son œuvre, à savoir un contexte linguistique, social et historique. Sinon cette pièce perd sa valeur d’énoncé pour le lecteur/spectateur contemporain. Et cela serait une faute du traducteur en tant qu’intermédiaire de l’œuvre. Par rapport aux traductions en tchèque, nous recommandons d’élaborer une traduction fidèle artistique qui conserve le nombre de syllabes des vers et les rimes. Elle devrait aussi respecter le changement du lexique (p.ex. donar/dar, Mahametta/Mohameta, etc.) aussi que le changement de la prononciation (Giourdina/Jordina, Hu la ba…/Hou la ba…, etc.), parce que ce sont les aspects importants des passages analysés. L’élaboration d’un commentaire sur la Lingua Franca et sur le contexte socio- historique est aussi essentielle pour que le lecteur/spectateur tchèque

108 comprenne le message des passages en Lingua Franca. Pour conserver le caractère d’un pidgin, nous recommandons de se servir des adjectifs, des pronoms et des substantifs féminins, s’agisse-t-il des noms masculins (p.ex. dobrá Turka být), de les utiliser toujours au cas du sujet (p.ex. dobrá žena vidět), et d’utiliser avec préférence les infinitifs et, si le vers et le sens le permet, les verbes sans préfixes (p.ex. vařit et non uvařit avec préférence). En ce qui concerne les pronoms personnels, nous recommandons de se servir des pronoms personnels toniques (p.ex. tebe, jeho), parce que cela correspond mieux au caractère des PCs langues.

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VI. BIBLIOGRAPHIE

6.1. BIBLIOGRAPHIE

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123

VII. ANNEXES 7.1. LES TRADUCTIONS FRANÇAISES

7.1.1. LE BOURGEOIS GENTILHOMME – PASSAGE 1

A) MUFTI – SOLO 1 (Bourgeois Gentilhomme)

TRADUCTION TRADUCTION FRANÇAISE ORIGINAL476 FRANÇAISE (1949)477 (19NN)478 LE MUFTI : LE MUFTI : LE MUPHTI : Se ti sabir, Si toi savoir, Si tu sais, Ti rispondir479, toi répondre ; réponds ; Se non sabir, si non savoir, si tu ne sais pas, Tazir, tazir. te taire, te taire. tais-toi. Mi star Mufti, Moi être Mufti ; Je suis muphti ; Ti qui star ti? toi, qui être, toi ? toi, qui es-tu ? Non intendir; (Toi) pas entendre (= comprendre): Tu ne comprends pas ? Tazir, tazir. te taire, te taire. Tais-toi.

7.1.2. LE BOURGEOIS GENTILHOMME – PASSAGE 2

B) MUFTI – SOLO 2 (Bourgeois Gentilhomme)

TRADUCTION FRANÇAISE TRADUCTION FRANÇAISE ORIGINAL480 (1949)481 (19NN)482 LE MUFTI : LE MUFTI : LE MUPHTI : Mahametta per Giourdina, Mahomet, pour Jourdain Pour Jourdain, Mi pregar, sera é mattina. moi prier soir et matin ; je prierai Mahomet soir et matin. Voler far un Paladina vouloir faire un paladin Je veux faire de Jourdain un Dé Giourdina, dé Giourdina, de Jourdain, de Jourdain. paladin. Dar turbanta, é dar scarcina, Donner turban et donner Je lui donnerai Con galera é brigantina, cimeterre, turban et sabre, Per deffender Palestina. avec galère et brigantine, avec galère et brigantin, Mahametta per Giourdina, pour défendre Palstine. pour défendre la Palestine. Mi pregar, sera é mattina. Mahomet, pour Jourdain Pour Jourdain, moi prier soir et matin. je prierai Mahomet soir et matin.

476 Molière (1949, p. 309) ; Acte 4, Scène 5. 477 Molière (1949, p. 345). 478 Molière (19nn, p. 310). 479 La variante de « respondir » en Molière (1965, p. 179). 480 Molière (1949, p. 309) ; Acte 4, Scène 5. 481 Molière (1949, p. 345). 482 Molière (19nn, p. 312). 124

7.1.3. LE BOURGEOIS GENTILHOMME – PASSAGE 3

C) MUFTI AVEC LES TURCS 1 (Bourgeois Gentilhomme)

TRADUCTION ORIGINAL483 FRANÇAISE TRADUCTION FRANÇAISE (19NN)485 (1949)484 LE MUFTI : LE MUFTI : Dice, Turque, qui star Pas de traduction Dis, Turc, quel est celui-ci ? quista? Est-il anabaptiste ? Anabatista? Anabatista? LES TURCS : LES TURCS : Non. Ioc. LE MUFTI : LE MUFTI : Zwinglien ? Zuinglista? LES TURCS : LES TURCS : Non. Ioc. LE MUFTI : LE MUFTI : Cophte ? Coffita? LES TURCS : LES TURCS : Non. Ioc. LE MUFTI : LE MUFTI : Hussite, more, phroniste (ou Hussita? Morista? contemplatif) ? Fronista? LES TURCS : LES TURCS : Non. Ioc. LE MUFTI : LE MUFTI : Non, non, non. Est-il païen ? Ioc, ioc, ioc. Star LES TURCS : pagana? Non. LES TURCS : LE MUFTI : Ioc. Luthérien ? LE MUFTI : LES TURCS : Luterana? Non. LES TURCS : LE MUFTI : Ioc. Puritain ? LE MUFTI : LES TURCS : Puritana? Non. LES TURCS : LE MUFTI : Ioc. Bramine ? Moffina? Zurina? LE MUFTI : LES TURCS : Bramina? Moffina? Non, non, non. Zurina? LE MUFTI : LES TURCS : Non, non, non. Ioc. Ioc. Ioc. Mahométan ? LE MUFTI : Mahométan ? Ioc, ioc, ioc. LES TURCS : Mohamétana? Oui, par Dieu !

483 Molière (19nn, pp. 310-311) ; Acte 4, Scène 5. 484 Molière (1949). 485 Molière (19nn, pp. 311-312). 125

Mohamétana? LE MUFTI : LES TURCS : Comment s’appelle-t-il? Hi valla. Hi valla. LES TURCS : LE MUFTI : Jourdain. Como chamara? Como LE MUFTI : chamara? Jourdain ? LES TURCS : LES TURCS : Giourdina, Giourdina. Jourdain. LE MUFTI : Giourdina, Giourdina. LES TURCS : Giourdina, Giourdina.

7.1.4. LE BOURGEOIS GENTILHOMME – PASSAGE 4

D) MUFTI AVEC LES TURCS 2 (Bourgeois Gentilhomme)

TRADUCTION FRANÇAISE TRADUCTION FRANÇAISE ORIGINAL486 (1949)487 (19NN)488 LE MUFTI : LE MUFTI : LE MUFTI : Star bon Turca Giourdina? Être bon Turc, Jourdain ? Est-il bon Turc, Jourdain ? LES TURCS : LES TURCS : LES TURCS : Hi valla. Je l’affirme par Dieu Oui, par Dieu ! LE MUFTI : LE MUFTI : LE MUFTI : Hu la ba ba la chou ba la ba Hu la ba ba la chou ba la ba Hu la ba ba la chou ba la ba ba ba la da. ba la da. la da. LES TURCS : LES TURCS : LES TURCS : Hu la ba ba la chou ba la ba Hu la ba ba la chou ba la ba Hu la ba ba la chou ba la ba ba ba la da. ba la da. la da.

LE MUFTI : LE MUFTI : LE MUFTI : Ti non star furba? Toi pas être fourbe ? Tu n’es pas un fourbe ? LES TURCS : No, no, no. LES TURCS : LES TURCS : LE MUFTI : Non, non, non. Non, non, non. Non star furfanta489? LES TURCS : LE MUFTI : LE MUFTI : No, no, no. Pas être fripon ? Tu n’es pas un imposteur ? LE MUFTI : Donar turbanta, donar LES TURCS : LES TURCS : turbanta. Non, non, non. Non, non, non. LES TURCS : Ti non star furba? No, no, no. LE MUFTI : LE MUFTI : Non star furfanta? Donner le turban.

486 Molière (1949, pp. 309-310) ; Acte 4, Scène 5. 487 Molière (1949, p. 345). 488 Molière (19nn, pp. 312-315). 489 La variante de « forfanta » en Molière (1965, p. 181). 126

No, no, no. Donner turban, donner Donar turbanta, donar turban. turbanta. LE MUFTI : LES TURCS : Ti star nobilé, é non star LES TURCS : Tu n’es pas un fourbe ? fabbola. Toi pas être fourbe ? Non, non, non. Pigliar schiabbola. Non, non, non. Tu n’es pas un imposteur ? LES TURCS : Pas être fripon ? Non, non, non. Ti star nobilé, é non star Non, non, non. Donner le turban. fabbola. Donner turban, donner Pigliar schiabbola. turban. LE MUFTI : LE MUFTI : LE MUFTI : Tu es noble, ce n’est point une Dara, dara, bastonara, Toi être noble et (cela) pas fable. bastonara. être fable. Prends ce sabre ! LES TURCS : Prendre sabre. Dara, dara, bastonara, bastonara. LES TURCS : LE MUFTI : LES TURCS : Tu es noble, ce n’est point une Non tener honta, Toi être noble et (cela) pas fable. Questa star ultima être fable. Prends ce sabre ! affronta490. Prendre sabre. LE MUFTI : LES TURCS : LE MUFTI : Donnez, donnez bastonnade. Non tener honta, Donner, donner, bâtonner, Questa star ultima affronta. bâtonner.

LES TURCS : LES TURCS : Donnez, donnez bastonnade. Donner, donner, bâtonner, bâtonner. LE MUFTI : LE MUFTI : N’aie point de honte, Ne pas avoir honte, Voilà le dernier affront. Celui-ci est le dernier affront. LES TURCS : N’aie point de honte, LES TURCS : Voilà le dernier affront. Ne pas avoir honte, Celui-ci est le dernier affront.

490 La variante de « l’ultima affronta » en Molière (1965, p. 181). 127

7.1.5. LE BOURGEOIS GENTILHOMME – PASSAGE 5

E) MONSIEUR JOURDAIN AVEC MADAME JOURDAIN (Bourgeois Gentilhomme)

TRADUCTION TRADUCTION ORIGINAL491 FRANÇAISE FRANÇAISE (1949)492 (19NN)493 MONSIEUR JOURDAIN Pas de traduction Pas de traduction Mohameta per Iordina494. MADAME JOURDAIN Qu’est-ce que cela veut dire ? MONSIEUR JOURDAIN Iordina, c’est-à-dire Jourdain. MADAME JOURDAIN Hé bien ! quoi, Jourdain ? MONSIEUR JOURDAIN Voler far un Paladina de Iordina. MADAME JOURDAIN Comment ? MONSIEUR JOURDAIN Dar turbanta con galera. MADAME JOURDAIN Qu’est-ce à dire cela ? MONSIEUR JOURDAIN Per deffender Palestina. MADAME JOURDAIN Que voulez-vous donc dire ? MONSIEUR JOURDAIN Dara dara bastonara. MADAME JOURDAIN Qu’est-ce donc que ce jargon-là ? MONSIEUR JOURDAIN Non tener honta: questa star l’ultima affronta. MADAME JOURDAIN Qu’est-ce que c’est donc que tout cela ? MONSIEUR JOURDAIN Hou la ba ba la chou ba la ba ba la da. MADAME JOURDAIN Hélas ! Mon Dieu ! Mon mari est devenu fou.

491 Molière (1949, pp. 310-312) ; Acte V, Scène 1. 492 Molière (1949). 493 Molière (19nn). 494 La variante de « Jordina » en Molière (1965, p. 182). 128

7.1.6. LE SICILIEN OU L’AMOUR PEINTRE – PASSAGE 6

F) HALI AVEC DOM PÈDRE (Sicilien, Acte I, Scène 8)

TRADUCTION FRANÇAISE TRADUCTION FRANÇAISE ORIGINAL495 (1949)496 (19NN)497 HALI : HALI : HALI : Chiribirida ouch alla ! Chiribirida ouch alla ! Chiribirida ouch alla ! Star bon Turca, (Moi) être bon Turc, Je suis bon Turc ; Non aver danara, (Moi) n’avoir argent. je n’ai point d’argent : Ti voler comprara, Toi vouloir (m’)acheter ? voulez-vous m’acheter ? Mi servir a ti, Moi servir à toi, Je vous servirai Se pagar per mi, Si (toi) payer pour moi : Si vous payez pour m’avoir, Far bona coucina498, Moi faire bonne cuisine, je ferai bonne cuisine, Mi levar matina, Me lever matin, je me lèverai matin, Far boler caldara, Faire bouillir la marmite. je ferai bouillir la marmite. Parlara, parlara, (Toi) parler, parler : Parlez, parlez ; Ti voler compara Toi vouloir (m’)acheter voulez-vous m’acheter ? … … … DOM PÈDRE : DOM PÈDRE : DOM PÈDRE : Chiribirida ouch all, Chiribirida ouch alla, Chiribirida ouch alla ! Mi ti non comprara, Moi pas acheter toi, Je ne t’achèterai pas, Ma ti bastonara, Mais bâtonner toi, mais je te bâtonnerai Si, si, non andara, Si toi pas t’en aller. si tu ne t’en vas pas. Andara, andara, T’en aller, t’aller, Vas-t’en, vas-t’en, O ti bastonara. Ou (moi) bâtonner toi. ou je te bâtonnerai.

7.2. LES TRADUCTIONS TCHÈQUES

7.2.1. LE BOURGEOIS GENTILHOMME – PASSAGE 1

A) MUFTI – SOLO 1 (Bourgeois Gentilhomme)

TRADUCTION TRADUCTION TCHÈQUE ORIGINAL499 TCHÈQUE (1955)500 (1980)501 LE MUFTI : MUFTI: MUFTI: Se ti sabir, Když ty vědět, Mahmud Ahmed, Ti rispondir502, Odpovědět. klenout a hned! Se non sabir, Když ne vědět, Mufti já být,

495 Molière (1963, pp. 181-182). 496 Molière (1949, p. 344). 497 Molière (19nn, pp. 89-90). 498 La variante de « cucina » en Molière (19nn, pp. 89-90). 499 Molière (1949, p. 309) ; Acte 4, Scène 5. 500 Molière (1955, p. 354) ; Čtvrté dějství, výstup 10. 501 Molière (1980, p. 69) ; Čtvrté dějství, výstup 10. 502 La variante de « respondir » en Molière (1965, p. 179). 129

Tazir, tazir. Mlčet, mlčet. s úctou zdravit! Mi star Mufti, Já být Mufti, Já poroučet, Ti qui star ti? Kdo být tu ty? ty jen klečet, Non intendir; Nerozumět já poroučet, Tazir, tazir. — mlčet, mlčet. ty jen mlčet!

7.2.2. LE BOURGEOIS GENTILHOMME – PASSAGE 2

B) MUFTI – SOLO 2 (Bourgeois Gentilhomme)

TRADUCTION TRADUCTION TCHÈQUE ORIGINAL503 TCHÈQUE (1955)504 (1980)505 LE MUFTI : MUFTI: MUFTI: Mahametta per Giourdina, Mohameda za Jordina Zdráv efendi, zdráv Jordán, Mi pregar, sera é mattina. nikdy prosit nebýt líná. Brzy nebýt malý pán. Voler far un Paladina Chtít udělat paladina Už efendi, už Jordán, Dé Giourdina, dé Giourdina, Iz Jordina, iz Jordina. Hlava schovat do turbán. Dar turbanta, é dar scarcina, Dát turbanta, pelerina, Teď efendi, teď Jordán, Con galera é brigantina, šablenka i brigantina, Muset nosit jatagán. Per deffender Palestina. aby bránit Palestina. Za efendi, za Jordán, Mahametta per Giourdina, Mohameda za Joridna My se modlit alkorán. Mi pregar, sera é mattina. nikdy prosit nebýt líná. Zdráv efendi, zdráv Jordán, Brzy už být velký pán!

7.2.3. LE BOURGEOIS GENTILHOMME – PASSAGE 3

C) MUFTI AVEC LES TURCS 1 (Bourgeois Gentilhomme)

TRADUCTION TRADUCTION TCHÈQUE ORIGINAL506 TCHÈQUE (1955)507 (1980)508 LE MUFTI : MUFTI: MUFTI: Dice, Turque, qui star Kdo být, Turku, ten muž Kdo ten pán? Anglikán? quista? jistá? Anabatista? Anabaptista? Anabatista? Anabaptista? LES TURCS : TURCI: TURCI: Ioc. Ni. Net. LE MUFTI : MUFTI: MUFTI: Zuinglista? Zwinglista? Luterán? LES TURCS : TURCI: TURCI: Ioc. Ni. Net. LE MUFTI : MUFTI: MUFTI:

503 Molière (1949, p. 309) ; Acte 4, Scène 5. 504 Molière (1955, p. 356) ; Čtvrté dějství, výstup 11. 505 Molière (1980, p. 71) ; Čtvrté dějství, výstup 11. 506 Molière (19nn, pp. 310-311) ; Acte 4, Scène 5. 507 Molière (1955, pp. 354-356) ; Čtvrté dějství, výstup 11. 508 Molière (1980, pp. 70-71) ; Čtvrté dějství, výstup 11. 130

Coffita? Koptista? Puritán? LES TURCS : TURCI: TURCI: Ioc. Ni. Net. LE MUFTI : MUFTI: MUFTI: Hussita? Morista? Hussita? Morista? Hussita? Zwinglista? Fronista? Fronista? LES TURCS : TURCI: TURCI: Ioc. Ni, ni, ni. Net. LE MUFTI : MUFTI: MUFTI: Ioc, ioc, ioc. Star pagana? Ni, ni, ni. Být pohana? Nebo být baptista? LES TURCS : TURCI: TURCI: Ioc. Ni. Net. Net. Net. LE MUFTI : MUFTI: MUFTI: Luterana? Luterana? Démonista? LES TURCS : TURCI: TURCI: Ioc. Ni. Net. LE MUFTI : MUFTI: MUFTI: Puritana? Puritana? Šamanista? LES TURCS : TURCI: TURCI: Ioc. Ni. Net. LE MUFTI : MUFTI: MUFTI: Bramina? Moffina? Zurina? Bramina? Moffina? Brahmanista? Zurina? LES TURCS : TURCI: TURCI: Ioc. Ioc. Ioc. Ni, ni, ni. Net. LE MUFTI : MUFTI: MUFTI: Ioc, ioc, ioc. Ni, ni, ni. Mohamedana? Tak být ten pán Mohamétana? Mohamedana? mohamedán? Mohamétana? LES TURCS : TURCI: TURCI: Hi valla. Hi valla. Hej, Vallah! Hej, Vallah! Heja bedán! Mohamedán! LE MUFTI : MUFTI: MUFTI: Como chamara? Como Jak se nazývat? Jak se Jak být nazýván? chamara? nazývat? LES TURCS : TURCI: TURCI: Giourdina, Giourdina. Jorina, Jordina. Paša Jordán. LE MUFTI : MUFTI: MUFTI: Giourdina, Giourdina. Jorina, Jordina. Paša Jordán? Paša Jordán? LES TURCS : TURCI: TURCI: Giourdina, Giourdina. Jorina, Jordina. Paša Jordán? Paša Jordán?

131

7.2.4. LE BOURGEOIS GENTILHOMME – PASSAGE 4

D) MUFTI AVEC LES TURCS 2 (Bourgeois Gentilhomme)

TRADUCTION TRADUCTION TCHÈQUE ORIGINAL509 TCHÈQUE (1955)510 (1980)511 LE MUFTI : MUFTI: MUFTI: Star bon Turca Giourdina? Dobrý Turek být Jordina ? Dobrý Turek být náš Jordán? LES TURCS : TURCI: TURCI: Hi valla. Hej, Vallah! Hej, Vallah! Heja bedán! Heja bedán! LE MUFTI : MUFTI: MUFTI: Hu la ba ba la chou ba la Allah, baba, hu! Allah Astra kala, halabala, ba ba la da. baba hu! astra kala, halabala! Hu! LES TURCS : TURCI: TURCI: Hu la ba ba la chou ba la Allah, baba, hu! Allah Halabala, halabala, ba ba la da. baba hu! halabala. Hu! LE MUFTI : MUFTI: MUFTI: Ti non star furba? Ty ne tady lhát? Já poroučet, ty jen mlčet! LES TURCS : TURCI: TURCI: No, no, no. Ne, ne, ne. Mlčet, klečet! Klečet, mlčet! LE MUFTI : MUFTI : MUFTI: Non star furfanta512? Nic mám namlouvat? Pospíchat turban dát, ať on krátce Turek stát se!

LES TURCS : TURCI: TURCI: No, no, no. Ne, ne, ne. Pospíchat turban dát, ať on krátce Turek stát se! LE MUFTI : MUFTI: MUFTI: Donar turbanta, donar Turbanta mu dát! Jatagán turbanta. pro Jordán. Šavle brát, pasovat. LES TURCS : TURCI: TURCI: Ti non star furba? Ty ne tady lhát? Jordánbaši No, no, no. Ne, ne, ne. bambulaši, Non star furfanta? Nic nám namlouvat? Jordánbaši No, no, no. Ne, ne, ne. bambulaši. Donar turbanta, donar Turbanta mu dát! turbanta.

509 Molière (1949, pp. 309-310) ; Acte 4, Scène 5. 510 Molière (1955, pp. 356-358) ; Čtvrté dějství, výstup 11. 511 Molière (1980, pp. 71-74) ; Čtvrté dějství, výstup 11. 512 La variante de « forfanta » en Molière (1965, p. 181). 132

LE MUFTI : MUFTI: MUFTI: Ti star nobilé, é non star Ty být velký pán, to ne ? fabbola. báchorka. Pigliar schiabbola. Tu mít šablenka. LES TURCS : TURCI: TURCI: Ti star nobilé, é non star Ty být velký pán, to ne ? fabbola. báchorka. Pigliar schiabbola. Tu mít šablenka. LE MUFTI : MUFTI: MUFTI: Dara, dara, bastonara, Mazat záda, bastonáda! Jen víc ran, bastonara. ať Jordán velký pán! Jordánbaši bambulaši! LES TURCS : TURCI: TURCI: Dara, dara, bastonara, Mazat záda, bastonáda! Jen více ran, bastonara. ať Jordán velký pán! LE MUFTI : MUFTI: MUFTI: Non tener honta, Nic se nehanbit, Mahmud Ahmed Questa star ultima poslední to urážka už být. Mlátit, a hned! affronta513. LES TURCS : TURCI: TURCI: Non tener honta, Nic se nehanbit, Ať Jordán Questa star ultima poslední to urážka už být. Velký pán! affronta. Jordanbaši Bambulaši!

7.2.5. LE BOURGEOIS GENTILHOMME – PASSAGE 5

E) MRS JOURDAIN ET MME JOURDAIN (Bourgeois Gentilhomme)

TRADUCTION TRADUCTION TCHÈQUE ORIGINAL514 TCHÈQUE (1955)515 (1980)516 … … … MONSIEUR JOURDAIN PAN JORDÁN JORDÁN Mohameta per Iordina517. Mohameda za Jordina… Zdráv efendi, zdráv Jordán… MADAME JOURDAIN PANÍ JORDÁNOVÁ JORDÁNOVÁ Qu’est-ce que cela veut Co to má být? Co to blábolíte? dire ? MONSIEUR JOURDAIN PAN JORDÁN PAN JORDÁN Iordina, c’est-à-dire Jordina, to znamená Zdráv Jordán, to je jako Jourdain. Jordán. bych já byl zdráv. MADAME JOURDAIN PANÍ JORDÁNOVÁ PANÍ JORDÁNOVÁ

513 La variante de « l’ultima affronta » en Molière (1965, p. 181). 514 Molière (1949, pp. 310-312) ; Acte 5, Scène 1. 515 Molière (1955, p. 360) ; Čtvrté dějství, výstup 11. 516 Molière (1980, pp. 75-76) ; Čtvrté dějství, výstup 11. 517 La variante de « Jordina » en Molière (1965, p. 182). 133

Hé bien ! quoi, Jourdain ? Nu a? Co je s Jordánem? No ne! MONSIEUR JOURDAIN PAN JORDÁN PAN JORDÁN Voler far un Paladina de Chtít udělat paladina iz Hlava schovat do turbán… Iordina. Jordina, iz Jordina. MADAME JOURDAIN PANÍ JORDÁNOVÁ PANÍ JORDÁNOVÁ Comment ? Cože? Cože? MONSIEUR JOURDAIN PAN JORDÁN PAN JORDÁN Dar turbanta con galera. Dát turbanta, pelerina, My se modlit alkorán… šablenka i brigantina… MADAME JOURDAIN PANÍ JORDÁNOVÁ PANÍ JORDÁNOVÁ Qu’est-ce à dire cela ? Co to má znamenat? Já vám nerozumím. MONSIEUR JOURDAIN PAN JORDÁN PAN JORDÁN Per deffender Palestina. Aby bránit Palestina. Alibaba Baba Jaga, Alibaba, Baba Jaga. MADAME JOURDAIN PANÍ JORDÁNOVÁ PANÍ JORDÁNOVÁ Que voulez-vous donc dire ? Co tím vším chceš říci? Jak to mluvíte? MONSIEUR JOURDAIN PAN JORDÁN PAN JORDÁN Dara dara bastonara. Mazat záda, bastonáda! Ismail email, Ismail email. MADAME JOURDAIN PANÍ JORDÁNOVÁ PANÍ JORDÁNOVÁ Qu’est-ce donc que ce Co je tohle za hatlaninu, Kde jste sebrat tuhle jargon-là ? proboha? hatmatilku? MONSIEUR JOURDAIN PAN JORDÁN PAN JORDÁN Non tener honta: Nic se nehanbit, poslední ? questa star l’ultima affronta. to urážka už být. MADAME JOURDAIN PANÍ JORDÁNOVÁ PANÍ JORDÁNOVÁ Qu’est-ce que c’est donc Co to všechno vůbec je? ? que tout cela ? MONSIEUR JOURDAIN PAN JORDÁN PAN JORDÁN Hou la ba ba la chou ba la ba Halabala fuk! Halabala fuk! Astra kala halabala, astra ba la da. kala halabala, astra kala halabala! Halabala hu! MADAME JOURDAIN PANÍ JORDÁNOVÁ PANÍ JORDÁNOVÁ Hélas ! mon Dieu ! mon mari Ach, Bože na nebi! Můj Prokristovyrány! Můj muž est devenu fou. muž se zbláznil! se dočista zbláznil! … … …

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7.2.6. LE SICILIEN OU L’AMOUR PEINTRE – PASSAGE 6

F) HALI AVEC DOM PÈDRE (Sicilien)

TRADUCTION TCHÈQUE ORIGINAL518 (1936)519 HALI : HALI: … … Chiribirida ouch alla ! Čiribirida uch alla. Star bon Turca, Já dobrý Turek být. Non aver danara, Denáry nemít. Ti voler comprara, Zda ty mě koupit chtít? Mi servir a ti, Já tobě sloužit. Se pagar per mi, Ty za mě platit. Far bona coucina520, Já dobře uvařit, Mi levar matina, z postele vyskočit, Far boler caldara, [pod kotlem zatopit] Parlara, parlara, Povědít, povědít, Ti voler compara Jestli mě koupit chtít? … … DOM PÈDRE : DON PEDRO: Chiribirida ouch all, Čiribidida uch alla! Mi ti non comprara, Já tebe nekoupit, Ma ti bastonara, ale ti namlátit, Si, si, non andara, jestli se neztratit. Andara, andara, Odejít, odejít, O ti bastonara. nebo ti namlátit.

518 Molière (1963, pp. 181-182). 519 Molière (1936, pp. 119-120). 520 La variante de « cucina » en Molière (19nn, pp. 89-90). 135