Le Point Sur Certains Ravageurs Du Cedre De L
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LE POINT SUR CERTAINS � RAVAGE URS DU CEDRE DE L'ATLAS EN AFRIQUE DU NORD, EN FRANCE ET EN EUROPE par Jean-Pierre FA BRE */ Mohamed MOUNA **/ Paul DU MERLE * et Souad BENHALIMA ** Tanourinne), une Tenthrède du genre 1. Introduction Cephalcia, inconnue jusqu'en 1996, provoque depuis cette époque des défeuillaisons impressionnantes Depuis une vingtaine d'années nos dans son aire d'extension en France et (DEMOLIN, non publié). Ces ravageurs connaissances sur les ravageurs du en Europe. En ce qui concerne les pour l'instant inconnus car peu actifs cèdre de l'Atlas, Cedrus atlantica ravageurs du cèdre du Liban, C. libani sont susceptibles d'être transportés Manetti, ont très fortement progressé A. Rich., dans son aire naturelle on accidentellement et risquent d'être aussi bien dans le domaine de la des pourra se reporter à un autre article retrouvés un jour dans nos peuple (ALPTEKIN cription de nouvelles espèces que dans publié récemment et al, ments comme ce fut le cas, il y a une ceux de la biologie et des méthodes de 1997). trentaine d'années, pour la tordeuse protection des peuplements. La liste des ravageurs du cèdre de Ep inatia cedricida (cf. infra). Concernant ce dernier point, l'intro l'Atlas ici considérés n'est pas exhaus L'apparition de tels dégâts dans de duction dans le sud-est de la France tive, les Processionnaires en sont nouveaux milieux peut avoir pour d'un parasitoïde spécifique originaire exclues, ces dernières devant être trai cause l'un ou plusieurs des facteurs de l'aire naturelle du cèdre de l'Atlas a tées dans une autre publication. De suivants : insecte ravageur s'installant permis de réduire de façon durable les plus, d'autres ennemis du cèdre n'ayant sur une origine géographique plus sen pullulations d'un puceron ayant suivi jamais provoqué de pullulations spec sible, introduction d'individus poten l'extension de ce conifère au Nord de taculaires dans son aire naturelle sont tiellement plus dangereux ayant résisté la Méditerranée (lutte biologique). Par probablement passés inaperçus jusqu'à au transport, conditions climatiques ailleurs, des progrès dans l'identifica présent. Ainsi, dans l'aire naturelle de plus favorables, absence d'ennemis tion des phéromones sexuelles des tor C. libani au Liban (cédraie de naturels ... deuses permettront de les utiliser à des fins de surveillance de l'extension des ravageurs. 2. Les ravageurs du cèdre en Cette synthèse a pour objet de faire le point sur les connaissances acquises Afrique du Nord sur certains ravageurs du cèdre de l'Atlas dans son aire naturelle en 2. ,. La tordeuse du cèdre du Liban Afrique du Nord (Maroc, Algérie) et Acleris undulana Wa lsingham - Historique et répartition trouvée dans toute cette région (ACATAY EKICI, * I.N.RA, Unité de Recherches géographique , 1952 ; 1970) avant Forestières Méditerranéennes, d'être découverte en Afrique du Nord Avenue Vivaldi, F-84000 Avignon Acleris undulana a été décrit d'Asie (FABRE & MOUNA, 1983). A. undulana ** Institut Scientifique, Avenue Ibn Mineure par WALSINGHAM en 1900. a colonisé les cédraies atlasiques Batouta, BP 703, Rabat 10106, Maroc Ultérieurement, cette tordeuse a été marocaines (Moyen et Grand Atlas) ; 203 forêt ml/literlBRéeRRe t. xx, n° 4, décembre 1999 Photo 1 (ci-dessus) : Redébourrement après une attaque d'Acleris undulana Photo 2 (ci-contre) : Dégâts de la tordeuse Acleris undulana. Au premier plan un cèdre du Liban mort en Turquie Photos J.P.-Fabre/INRA celles situées dans le Rif et en Algérie reliés entre eux par de la soie, tombent juillet. Les chrysalides sont localisées sont apparemment indemnes. Sa pré au sol qu'ils peuvent finir par recou dans des fourreaux situés au centre des sence sur le Cèdre de l'Atlas au Maroc vrir. Après une forte attaque, on jeunes aiguilles attaqués ou indemnes aurait pour origine une introduction assiste le plus souvent à un redébour (Cf. photo 3) ou dans les anfractuosi accidentelle de l'insecte à partir de son rement tardif des cèdres caractérisé tés des troncs. Les adultes émergent aire naturelle située en Asie Mineure par des aiguilles plus courtes (Cf. vers la fin du mois de juillet ou au sur le cèdre du Liban. photo 1). En Turquie, A. undulana est début d'août et gagnent les fissures des un des ravageurs les plus importants troncs ou les branches couvertes de des cédraies et peut provoquer, lors de lichens où ils vont passer l'automne et - Dégâts et diagnostic ses gradations, la mort de nombreux l 'hi ver. Durant cette période, les A. undulana peut se développer sur arbres (Cf. photo 2). femelles subissent une diapause ova les trois espèces de cèdre du pourtour rienne (arrêt du développement repro méditerranéen : Cedrus atlantica, C. ducteur). Les ovocytes sont bloqués au - Biologie et cycle évolutif libani et C. brevifolia Hooler. stade de prévitellogenèse. Dans la A. undulana présente une seule Les dégâts s'observent au printemps nature, cette diapause est levée pen génération par an. La ponte a lieu au (MOUNA, 1983). L'ensemble du houp dant l'hiver ou au début du printemps, printemps, vers la mi-mai ou la mi pier des arbres est attaqué, indépen dès que les conditions climatiques juin selon les années. Les œufs sont damment de leur âge et de leur deviennent favorables. Les mâles, déposés, en général en amas d'une emplacement. De loin, les arbres atta quant à eux, paraissent apte à se repro trentaine d'individus, entre les qués sont facilement repérables à leur duire dès leur émergence, mais aiguilles de l'année venant d'achever aspect jaune-brun dû principalement l'accouplement n'aura lieu qu' au prin leur débourrement. Ils sont collés entre au feuillage desséché. Sur les branches temps suivant, époque à laquelle les eux par la femelle en une sorte de bou de cèdre se trouvent des rameaux femelles, sorties de diapause, devien quet (Cf. Fig 1). courts ou mésoblastes portant généra nent réceptives (MOUNA, 1988). lement de 4 à 5 rosettes d'aiguilles Après quelques jours d'incubation situées à la base du bourgeon apical. (de 4 à 10 jours), les œufs donnent - Protection des cédraies Chaque année, après le débourrement, naissance à des larves qui passent par une nouvelle rosette d'aiguilles appa 5 stades de développement (Cf. Fig 2). contre la tordeuse raît au centre du mésoblaste. Les che Jusqu'au 3èm, stade, les chenilles se Les possibilités de lutte chimique nilles d'A. undulana se nourrissent nourrissent d'aiguilles de l'année, tout sont très limitées en forêt. Au Maroc, essentiellement des aiguilles de l'année en restant cachées dans des sortes de l'utilisation de pesticides dans les (rosette centrale) mais elles s'attaquent loges ou de fourreaux qu'elles confec cédraies ne peut être envisagée que si aussi aux aiguilles âgées, au moins en tionnent en reliant la rosette centrale le ravageur risque de mettre en péril la période de gradation. Chaque chenille du mésoblaste (nouvelles aiguilles) par survie des arbres, ce qui ne fut pas le consomme au cours de son développe des fils de soie. À partir du 4èm, stade cas au cours de la gradation observée à ment de 4 à 6 mésoblastes. Les et durant le S'm" la larve se nourrit à partir de 1980. De plus, les premiers aiguilles attaquées sont rassemblées l'air libre sans construire de vraie loge. stades larvaires (stades 1 à 3) d'A. par des fils di soie constituant une Pendant ce dernier stade, la chenille undulana sont difficilement acces sorte de fourreau dans lequel se tient consomme aussi les aiguilles des sibles, en particulier aux insecticides la chenille. Les restes desséchés des années précédentes (MOUNA, 1988). qui agissent par ingestion car ceux-ci aiguilles attaquées, parfois encore La nymphose a lieu vers la mi- ont une faible rémanence et sont faci- 204 ® Fig. 1 : A - Emplacement de la ponte d'Acleris undulana Fig. 2 : Les 5 stades larvaires d'Acleris undulana. sur cèdre : bouquet ouvert (a) laissant voir les œufs (b) et la substance qui relie les aiguilles entre elles (c), bou quet encore fermé (d). B - Œufs de la tordeuse : œuf jaune (1) et œuf sur le point d'éclore (2) laissant voir par transparence la capsule céphalique de la future larve. sont des espèces indigènes bien connues pour leur polypha gie aux dépens de nombreuses espèces de microlépidoptères. Tout ceci conforte l'hypothèse selon laquelle A. undulana a été introduit accidentellement dans cette région à partir de l'aire naturelle du cèdre du Liban en Asie Mineure. Des prospections ont été effectuées dans l'aire d'origine de la tordeuse (MOUNA, missions en Turquie : 1989 ; 1990 ; 1991 et 1992). Le ravageur y présente un complexe parasi taire plus important. Certains parasitoïdes n'ont comme hôte connu qu'A. undulana. C'est le cas, en particulier, du ChaIcidien Brachymeria rugulosa qui se montre très effi cace. L'introduction au Maroc de tels parasitoïdes spéci fiques mériterait d'être envisagée (lutte biologique). Photo 3 : Acleris undulana : Chrysalide éclose entre les aiguilles. Photo J.P.-Fabre/INRA 2.2. Les autres tordeuses en Afrique du Nord lement lessivés (MOUNA, 1986a). En Turquie, des essais avec des organochlorés ont donné quelques résultats (EKICI, 1970) Les prospections faites ces dernières années par les ento mais ces produits sont à l'heure actuelle interdits à cause de mologistes forestiers ont mis en évidence la présence d'autres leur toxicité pour l'homme. Ils sont, de toute façon, peu espèces de tordeuses a priori tout aussi importantes. L'une recommandables du fait de leur action non ciblée sur la d'elles, Ep inotia cedricida Diakonoff, a d'ores et déjà colo faune entomologique.