L'histoire en CHÂTEAUX rOSTS DE SAVOIE

Châteaux des Allinges

Revue trimestrielle de culture et d'information historique

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la Société Savoisienne d'Histoire et d'Archéologie Chambéry Société Savoisienne d'Histoire et d'Archéologie

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. Gérant-responsable de la revue: A. PALLUEL-GUILLARD. L'HISTOIRE EN SAVOIE

Revue de culture et d'information historique

(paraissant tous les trois mois, éditée par les soins de la Société Savoisienne d'Histoire et d'Archéologie)

78 année N 25 - MARS 1972 Abonnement 14 F Le numéro : 4 F

SOMMAIRE

A. PERRET - Les Châteaux-forts de Savoie

LES CHATEAUX-FORTS DE SAVOIE

Les châteaux ont eu, dans toute l'Europe occidentale, une grande importance historique au Moyen-Age puisqu'ils furent à la fois des lieux de refuge et des moyens de domination. Dans les pays montagneux où les demeures fortifiées pouvaient être édifiées en des sites naturellement forts, la prédominance politique et stratégique des châteaux s'est impo• sée à tel point que le ressort territorial, qui dépendait des plus importants d'entre eux, resta, sous le nom de châtellenie puis de mandement, la circonscription administrative de base, même après que les progrès de l'artillerie eurent réduit la valeur défensive des forteresses médiévales.

Beaucoup de nos actuels cantons portent encore le nom de châteaux de la Maison de Savoie ou des seigneurs les plus importants. C'est ainsi que les cantons de Chambéry, d'Aix, du Châtelard, des Echelles, de Montmélian, de Pont-de-Beauvoisin, de La Rochette, d'Aiguebelle, de , de Chamoux, de Beaufort, d', de et de Bourg- Saint-Maurice doivent leur nom à d'anciennes châtellenies. Certains châteaux ont servi à baptiser de grandes seigneuries ou des régions naturelles : le Faucigny, le Beaufortain, la Chautagne, les Cuines, les Hurtières et probablement les Bauges. La seigneurie des importants sires de Faucigny, devenue une des provinces qui composent la Savoie, tire son nom d'une forteresse, dont les ruines dominent la vallée de l'Arve ; le Beaufortain n'est autre que la châtellenie médiévale de Beaufort. Chautagne fut le nom d'un château, situé dans la commune de Serrières. Celui de Cuine, à Sainte-Marie-de-Cuines, a donné son nom à deux paroisses. Le château d'Hurtières, situé à Saint-Georges-d'Hurtières, a lui aussi dénommé deux paroisses. Les Bauges sont une extension toponymique du Châtelard de Boges, nom qui semble avoir été à l'origine réservé à la seule forteresse du Châtelard.

Bien des communes tiennent leurs toponymes des châteaux auprès desquels elles se sont développées. Ce nom peut être celui de la demeure fortifiée elle-même : Châteauneuf, Le Châtel, Le Châtelard, Châtillon- sur-Cluses. La commune a très souvent pris le nom du site où s'élève la forteresse : Entremont-le-Vieux, La Roche-sur-Foron, Apremont, La Rochette, Montmélian. Le Châtel de Conflans (au-dessus d') était situé, comme son nom l'indique, au confluent de deux rivières : l'Isère et l'Arly.

La construction des châteaux

Il est souvent difficile de déterminer l'époque de la construction des plus anciens châteaux savoyards. Les historiens font généralement re• monter à la décadence carolingienne et aux incursions sarrasines une première phase d'édification de châteaux médiévaux de la région alpine. Il est évident que dès l'époque romaine il a existé des points d'appui fortifiés, en particulier près des passages sur le Rhône (castrum de Chancy, étudié par M. Louis Blondel) et pour barrer les défilés des Alpes, les « cluses », comme l'a montré M. Pierre Duparc. Les Burgondes et les Lombards ont utilisé en les modifiant certaines des défenses construites sous le Bas Empire ou ont remployé le matériau antique pour de nouvelles constructions. A Chancy près du défilé de l'Ecluse le castrum romain a été maintenu en état de service. Dans la vallée de Suse se voyaient encore au Xl^ siècle les restes des remparts élevés par Didier, roi des Lombards, dans les cluses alpines. Les monuments civils romains en ruines serviront au Moyen-Age de carrières pour l'édification des demeures seigneuriales. C'est ainsi qu'à Aoste les principales construc• tions antiques devinrent des forteresses et des tours médiévales. La tour de Langin (à Machilly, Haute-Savoie) fut élevée sur des substructions antiques, récemment mises à jour. A Aix-les-Bains l'ancien temple romain, dit de Diane, a été englobé dans le château des Seyssel, seigneurs d'Aix. Des briques et des médailles romaines furent retrouvées dans les ruines du château de Saint-Cassin aux environs de Chambéry. Le castrum des comtes carolingiens de Genève était situé, semble-t-il, au milieu du forum du Bas Empire.

Certains sites, commandant des voies de passage obligées, se sont imposés de tout temps à l'attention des hommes. Lorsque ceux-ci

- 2 - n'avaient pas sous la main le beau matériau romain ou qu'ils ne disposaient que d'une pierre dure et longue à tailler. Ils utilisèrent souvent le bois, qui abondait dans les régions montagneuses. Dans le Valais l'usage des tours en bois s'est prolongé fort tard. Il est probable qu'en Savoie le bois a été utilisé à l'origine. Seul il permettait une rapide mise en état de défense. A cause de sa fragilité il était ensuite remplacé par de la maçonnerie. Le château des Marches, sentinelle avancée face au Dauphiné, fut d'abord construit, en 1301-1302, avec du bois venu des Bauges, des Minières et d'Aiguebelle. Il serait imprudent de conclure, d'après la nature des maçonneries d'une fortification, que le site n'a pas été mis en état de défense antérieurement avec un matériau léger. Les constructions de pierre elles-mêmes ont fait l'objet, au cours des siècles, de si nombreux remaniements qu'elles datent très généralement d'époques variées. L'appareil de la base d'une tour et celui de la partie haute peuvent être de siècles différents.

Les chartes du Moyen-Age antérieures au Xl^ siècle sont trop rares pour que nous puissions connaître par des documents écrits l'existence de châteaux en Savoie avant cette époque. Nous savons que vers 1014 le château de Saint-Cassin a été donné par le roi Rodolphe III de Bour• gogne à son épouse, la reine Hermengarde, qu'en 1015 le même souverain céda à Hermengarde, Miolans et Châteauneuf-sur-Isère. Peut- être ces libéralités n'impliquaient-elles pas la possession directe de ces châteaux, mais seulement la supériorité sur ceux-ci. En tout cas, dans la seconde moitié du Xl^ siècle, Miolans est tenu par la famille de Miolans-Charbonnières. Le Châtelard de Dorche (commune de Chancy, Ain), qui domine le cours du Rhône et relèvera au XI11^ siècle de Pierre de Savoie, est cité dès 1025. Le Châtelard en Bauges existait vers 1090. Le château de Charbonnières, au-dessus d'Aiguebelle, mentionné en 1043 dans un acte de véracité suspecte, est cependant fort ancien. En 1057, le bourg de Chambéry est mentionné. Un bourg est alors une aggloméra• tion ceinte de murs, édifiée près de l'abri d'un château.

Au début du Xll^ siècle une liste des paroisses du décanat de Savoie cite pour la partie actuellement savoisienne de ce territoire, des châteaux d'Aix, de Chambéry, de Couz, d'Apremont, d', de et de Miolans. Le château de Montmélian n'existe pas encore.. Il sera vraisemblablement édifié vers le milieu du XI1^ siècle, lorsque les possessions de la famille delphinale et celles des comtes de Savoie devinrent limitrophes.

La première mention d'un château dans un document ancien ne signifie naturellement pas que l'édifice subsistant ou ses ruines doivent être datés de cette époque, car une nouvelle construction a pu remplacer l'ancienne. Ainsi le château de Miolans, cité par une charte de 1015, est dans son état actuel en grande partie du XV^ siècle. Il a cependant conservé quelques vestiges de la période romane.

Une nouvelle phase importante de l'histoire des châteaux savoyards s'ouvre avec Pierre de Savoie, qui sera de 1263 à 1268, comte de Savoie sous le nom de Pierre II. Marié en 1234 avec l'héritière du Faucigny et

- 3 - ayant reçu en 1255 pour sa part héréditaire le Chablais et le Bas-Valais, il avait, avant d'accéder au comté de Savoie, joué un rôle politique très important dans les Alpes et en Angleterre, avait réussi à évincer le comte de Genève d'un certain nombre de châteaux, acquis par des conquêtes et une série d'achats le pays de Vaud et une partie du Viennois. Oncle du couple royal anglais, Pierre de Savoie avait rendu de grands services diplomatiques et militaires au roi d'Angleterre, dont il reçut des revenus considérables, qui lui facilitèrent ses acquisitions territoriales et lui permirent de transformer ses châteaux et d'en élever de nouveaux. Ayant guerroyé dans la Guyenne anglaise, Pierre de Savoie et son entourage durent remarquer les donjons circulaires, qui existaient alors dans les possessions continentales des Plantagenets. C'était un net progrès sur la tour carrée, qui laissait des angles morts pour le tir. C'est à l'époque de Pierre de Savoie que le donjon circulaire s'introduisit dans les domaines savoyards ainsi que de grands perfectionnements de l'archi• tecture militaire. Pierre Meinier fut le principal maftre-d'œuvre des châteaux de Pierre de Savoie. D'autres seigneurs de la région alpine suivront à leur tour l'impulsion donnée, qui s'étendra dans tous les Etats de la Maison de Savoie en Helvétie et en Vallée d'Aoste. Parmi les donjons circulaires élevés dans la deuxième moitié du XI11^ siècle on peut citer ceux de Langin (vers 1250), de Conthey en Valais (1255-1259), de Romont et Yverdon en Pays de Vaud, de Bonneville et La Roche-sur-Foron, de La Bâthie et Feissons en Tarentaise, etc.

Le comte Philippe l^rde Savoie (1268-1285), successeur de Pierre II, fit édifier en Viennois le château de Saint-Georges d'Espéranche. Son constructeur, dit le maftre Jacques de Saint-Georges, a travaillé aussi en Pays de Galles, où bien des châteaux de cette époque s'apparentent à l'architecture militaire savoyarde.

Avec le comte Amédée V (1285-1323) une période nouvelle com• mence. La Maison de Savoie, qui a porté jusqu'alors beaucoup de son attention sur ses domaines périphériques, affermit ses positions au cœur de ses^tats tout en luttant contre les seigneurs rivaux : dauphin de Viennois, comte de Genève principalement. Ce ne sont que luttes continuelles : prises, destructions et reconstructions de châteaux. Pour n'être pas surpris par l'adversaire, il faut bâtir rapidement. C'est alors que s'édifient des fortifications, vite élevées, dites bâties, comme la Bâtie de Seyssel à Barby. La frontière près du Dauphiné est protégée par la construction en 1301-1304 du château et de la ville neuve fortifiée des Marches. En Chablais, le château d'Yvoire fut reconstruit à partir de 1306 et une ville neuve ceinte de murs fut alors bâtie. C'est l'époque où le siège et la prise des châteaux se perfectionnent grâce à de puissantes machines de siège. Edouard de Savoie, fils d'Amédée V, est passé maftre dans cet art de la guerre. En 1305 il reprend, après seize jours de siège, le Châtelard de Boges, qui avait quelques jours plus tôt été enlevé traîtreusement par les gens de Hugues Dauphin, seigneur de Faucigny. En 1287, le siège du château de l'Ile, à Genève, avait duré quatorze semaines avant sa prise par le comte de Savoie.

- 4 - Amédée V fit exécuter de nombreux travaux au château du Bourget que son père avait construit à partir de 1248. De simple domus ou maison forte, le Bourget devint un important château ou castrum.

En 1295, Amédée V, déjà possesseur du bourg de Chambéry, fit l'acquisition du château, que lui céda François de La Rochette, seigneur de Chambéry. La demeure primitive, qui s'élevait sur une motte artificielle, dite le Mollard de la Poype, était d'étendue restreinte. Le comte Amédée V la transforma à partir de 1297 en un vaste château, qui occupa peut-être déjà le périmètre actuel. La porte de la Herse fut construite dès le début du XIV^ siècle ainsi que la magna aula ou grande salle de réception du magnum castrum, soit du « grand château », partie neuve, qui était reliée à la Poype. En 1309-1313, le château de Montmélian, chef-lieu du bailliage de Savoie, est flanqué de tours. Un dessin de cette forteresse à la date de 1339 la montre avec ses quatre tours élancées et leurs archères. Le type du château savoyard rectangu• laire, cantonné de quatre tours d'angle, se répand dans tout le Pays de Vaud. , ^

Dans la seconde moitié du XIV^ siècle, par crainte des brigandages des grandes compagnies les enceintes des villes et bourgs sont remises en état. Les fortifications des châteaux sont rénovées : on travaille à Montmélian et à Chignin. Au XV^ siècle, les principales forteresses se transforment pour résister aux progrès techniques dont disposent les assaillants.

Miolans s'étend sur deux cents mètres de longueur et presque soixante de largeur et reçoit tous les perfectionnements défensifs possi• bles de l'architecture militaire.

Le prestige incite aussi à de grands travaux. Amédée VIII fait construire la grande tour ronde subsistante du château de Chambéry, ouvrage terminé en 1413. Il fit embellir et transformer cette résidence princière, édifier les grandes cuisines et la Sainte-Chapelle. De 1440 à 1455 le duc Louis compléta ces travaux en faisant élever la tour du Carrefour.

La fin du Moyen-Age vit la concentration des demeures seigneuriales en quelques mains. Un certain nombre de familles puissantes s'étei• gnirent en ligne masculine. Par mariage ou par héritage leurs biens passèrent dans la propriété de quelques familles subsistantes, qui effec• tuèrent ainsi un véritable cumul de châteaux. Ainsi Les Montmayeur, héritiers des Briançon, vicomtes de Tarentaise, et des -Apre- mont, tiennent au XV® siècle, outre leurs châteaux patrimoniaux de Montmayeur et d'Aimé, ceux de Briançon, d'Aigueblanche, du Crest à Bellecombe en Tarentaise, de Saint-Alban, des Marches, d'Apremont, d'Entremont-le-Vieux et de Bellecombe-en-Bauges. Les Seyssel, barons d'Aix, se sont divisés en plusieurs branches, dont l'une a hérité de la famille des La Chambre, vicomte de . Entre les mains des membres de la famille de Seyssel se trouvent à cette époque les châteaux d'Aix, de , de Châtillon-en-Chautagne, de la Serraz,

- 5 - de Saint-Cassin, d'Aiguebelette, de Choisel, de La Bâtie {à Barby), de IVIontfalcon (à ), de Châteauneuf, , Chamoux, Cha- mousset, la maison forte d'Aiton, les châteaux de La Rochette, d'Hur- tière, de La Chambre, de Cuine, d', etc. avec les seigneuries et fiefs qui en dépendaient.

L'agitation, à cette époque, de grands féodaux et, en particulier la rébellion de Jacques, comte de Montmayeur, contre les interventions de l'administration ducale, devenue plus envahissante, s'expliquent mieux si l'on songe à la puissance locale que pouvait donner à des seigneurs une telle possession de châteaux et de ressources. Il est vrai que les principales forteresses restèrent aux mains des ducs de Savoie et que l'artillerie enlevait déjà aux châteaux une grande partie de leur valeur militaire.

Emmanuel-Philibert, afin d'accroftre les possibilités de défense de Montmélian contre la sape et le canon, transforma à partir de 1561 ce château en une puissante forteresse. Il fit élever le fort de l'Annonciade près de Rumilly, en 1569.

Les guerres de la fin du XVI® siècle et du XVII® siècle virent le déclin et la ruine des châteaux qui avaient jusque là conservé une valeur militaire. Lesdiguières s'empara en 1591 et en 1595 du château des Echelles, qu'il brûla. En 1597, il canonne et emporte les châteaux de La Rochette, de l'Heuille et de Charbonnières et celui de Chamousset est brûlé. Créqui s'empare à son tour, en 1630 des châteaux de l'Heuille et de Charbonnières. Montmélian, qui avait d'abord résisté à Sully puis capitulé en 1600, résista victorieusement en 1630 aux troupes de Richelieu, et ne capitula en 1691 et 1705 qu'après deux sièges héroïques et longuement supportés. Sur ordre de Vauban la célèbre forteresse fut rasée en 1706.

L'artillerie avait donc eu raison des principales forteresses, qui disparurent donc par faits de guerre ou faute d'entretien, car elles étaient devenues inutiles à la défense du pays. Presque seules les demeures seigneuriales d'importance secondaire, modernisées pour les rendre plus confortables, vont survivre.

La situation et l'architecture des châteaux

Les châteaux savoyards peuvent, suivant leur site, être divisés en deux catégories : ceux de montage et ceux de plaine. Les premiers sont évidemment nombreux dans nos pays, où le relief occupe une grande superficie. La position dominante est naturellement forte. Elle a été recherchée de bonne heure pour y élever des fortifications. L'enceinte est alors de forme irrégulière, car elle épouse la forme du haut de l'éminence qui sert d'assise aux édifices. Les châteaux les plus anciens se composent d'ailleurs le plus souvent d'une simple tour au pied de laquelle s'adjoindra à partir du XII® siècle un logis rudimentaire, appelé dans les textes latins, l'au/a. La tour est un lieu de guet, un poste de

- 6 - surveillance, qui surplombe une route, un pont, un étranglement de vallée. C'est souvent un lieu de perception de péage. A l'époque romane, elle est carrée. L'entrée se trouvait au premier ou au second étage. L'accès se pratiquait par une échelle extérieure ou un pont volant. Les étages étaient séparés par des planchers. Ils n'étaient pas voûtés. Des galeries ou des hourds en bois faisaient saillie à l'extérieur et des contreforts pouvaient, comme aux Allinges et à Faucigny, renforcer les angles. Il y eut des tours très importantes, comme celle d'Allinges-Vieux, dont la superficie dépassait 20 mètres sur dix-huit.

Parmi les châteaux de montagne caractéristiques on peut citer les châteaux d'Allinges et de Féternes en Chablais, celui de Châtillon- sur-Cluses, la tour d'Hermillon, dite du Châtel, qui permettait au comte de Savoie de surveiller l'accès de la cité épiscopale de Saint-Jean-de- Maurienne, le château comtal de Salins près de la ville métropolitaine de Moûtiers, celui de Briançon, tenu par les vicomtes de Tarentaise. Il était juché dans un étroit défilé de l'Isère au-dessus d'un pont qu'il fallait obligatoirement franchir pour se rendre en Haute-Tarentaise. Le château de Miolans était élevé sur un éperon rocheux en vue du confluent de l'Isère et de l'.

Les châteaux de plaine ont un plan plus régulier, généralement rectangulaire ou carré. Leurs constructeurs cherchèrent cependant, pour les avantages de la défense, à tirer parti des moindres dénivellations du terrain. Faute d'escarpement suffisant le donjon est souvent assis sur une élévation artificielle, la motte, le mollard ou la poype. Des fossés sont creusés autour de l'enceinte. Les bras de rivières sont utilisés, comme ceux de l'Albanne à Chambéry. Les fortifications en plaine, qui ne sont pas gênées dans leur extension, ont pu atteindre une certaine dimension. Auprès d'elles des bourgs murés se sont créés. Chambéry, Aix, Annecy et Le Bourget appartiennent à cette catégorie de châteaux.

Jusque vers le milieu du XIII® siècle les châteaux des comtes de Savoie, souvent réduits ou presque à une simple tour, ont une destina• tion essentiellement militaire. En temps de paix, ils ne sont habités que par quelques guetteurs. Les comtes de Savoie préfèrent séjourner à cette époque dans des maisons religieuses ou dans des maisons particulières plutôt que de résider dans des constructions aussi inconfortables. Seuls le château de Chillon sur le lac Léman, ceux de Montmélian et de Pierre-Châtel et, un peu plus tard, les châteaux de Chambéry, du Bourget et d'Annecy présentèrent plus d'importance et plus d'attraits.

Jusqu'à l'époque de Pierre de Savoie les tours sont carrées ou rectangulaires, parfois polygonales, comme la Poype de Ternier (à Saint-Julien), qui semble dater du XII® siècle, mais ce dernier plan est alors exceptionnel.

Nous avons vu que la tour circulaire a été introduite dans les Etats savoyards à partir du milieu du XIII® siècle par Pierre de Savoie, ses ingénieurs et maîtres-d'œuvre. Ce nouveau type de construction, mieux

- 7 - adapté à la défense, va se répandre rapidement. On distingue trois périodes dans l'histoire de ces tours, qui ont été étudiées par M. Louis Blondel.

De 1250 à 1258, les donjons circulaires sont montés sur un rez-de- chaussée servant de cave et couvert d'une voûte en forme de calotte sphérique où s'ouvre une trappe. Au-dessus le premier étage est acces• sible de l'extérieur par une échelle ou un pont-levis. Il peut y avoir plusieurs étages. Une voûte, sommée d'une pyramide conique, semble avoir recouvert ces monuments. L'épaisseur des murs par rapport au vide intérieur est des cinq septièmes au rez-de-chaussée au début de cette période, comme à Langin et au Crédoz, puis les pleins s'amincissent et n'occupent plus que les quatre septièmes.

De 1258 à 1268, lors de la deuxième période les maçonneries occupent les deux tiers du diamètre de la surface. Les voûtes peuvent subsister au couronnement, mais disparaissent au rez-de-chaussée (La Bâthie en Tarentaise). Certains donjons ont des escaliers pris dans l'intérieur des murs (La Roche-sur-Foron, Martigny et Saillon).

De 1268 au début du XIV® siècle, au cours d'une troisième période, une grande évolution se fait. Les pleins diminuent par rapport aux vides et ne représentent plus en moyenne que les trois septièmes. Les murs intérieurs sont en retrait successif d'étage en étage, ce qui se voit tout spécialement dans les tours de Tarentaise.

Les maçonneries du XI® siècle au début du XIII® sont en petit appareil. Il y a souvent des matériaux variés : mélange de pierre et brique. Des poutres sont noyées dans la maçonnerie (elles ont disparu, mais il reste les cavités). Des pierres de rivière sont utilisées. La disposition de l'appareil peut être en forme de feuilles de fougère, dessin coupé de bandes de pierres plates, comme à Faucigny, aux Allinges. La pierre de taille et les gros blocs renforcent les angles. A la fin de cette période l'appareil devient plus régulier.

Au XIII® siècle, les maçonneries, quoique plus soignées, sont cepen• dant faites d'un blocage de cailloux roulés. Des cordons de pierre, à différentes hauteurs, rappellent parfois les anciens lits de briques. De grands quartiers de roche revêtent des tours plus importantes (La Roche-sur-Foron). L'appareil moyen régulier finit par s'imposer. Les bases des tours, en raison des perfectionnement des machines de sièges, doivent être renforcées. Il faut utiliser pour elles la pierre de taille.

Les châteaux prennent alors des développements. Il se composent de trois parties : dans une plus large enceinte se trouve le planum castrum, le « plain-château » où s'élèvent les demeures des nobles et des familiers ou serviteurs, attachés au service du seigneur ou à la défense de la forteresse ; une deuxième partie comprend Vaula ou logis du seigneur ; enfin le donjon ou la tour s'appuie généralement à l'enceinte extérieure.

- 8 - Au XIV® siècle le bois disparaft souvent au profit de la maçonnerie dans la plupart des parties du château où il avait subsisté jusque-là (hourds, échauguettes). Il est cependant encore utilisé dans les contrées plus alpines, où des « loges » en bois persistent (château de Fénis en Vallée d'Aoste). Les tours,souvent circulaires, adoptent aussi des formes plus variées (tour polygonale du château de Chambéry. Des tours plus nombreuses flanquent l'enceinte extérieure. La défense se perfectionne et les logements d'habitation deviennent plus spacieux, moins inconfor• tables et sont parfois décorés avec luxe.

Les châteaux et la formation territoriale de la Savoie.

Dans un pays de relief, où le château, protégé très souvent par des pentes abruptes, fut un instrument incomparable de domination, la possession de forteresses a eu une influence indéniable dans les progrès domaniaux de la Maison de Savoie et des principaux seigneurs laïques ou ecclésiastiques : comtes de Genève, seigneurs de Faucigny, archevêques de Tarentaise, évêques de Genève et de Maurienne. La mainmise sur les châteaux les plus importants, les mieux placés sur les grandes voies de communication fut un objectif constant des dynastes locaux. Il faut généralement distinguer plusieurs phases dans l'appropriation d'un châ• teau par un grand seigneur au détriment du possesseur d'origine. L'élévation au voisinage immédiat de la forteresse convoitée d'un château plus puissant amoindrit la valeur militaire de la plus ancienne construction et est un moyen de pression efficace pour s'assurer la maîtrise de l'ensemble. A Cessens, comme aux Allinges, il y eut ainsi « un château-neuf » et un « châteaux-vieux ». Dans chacun de ces deux cas le « château-neuf » tombe sous la suzeraineté ou la possession directe des comtes de Savoie. Par contre le « château-vieux » de Cessens est tenu par le seigneur de Grésy sous condition d'hommage au comte de Genève. L'édification d'une nouvelle construction paraft souvent être due à l'initiative d'un pufné de la famille seigneuriale, comme ce fut le cas à Beaufort. A Conflans le comte de Savoie fait entrer sous sa dépendance et dans ses intérêts la branche cadette de la famille de Conflans et finira par y créer une châtellenie comtale. La Maison de Savoie obtient souvent,pour commencer, la supériorité féodale contre / une augmentation de fief ou une somme d'argent, puis elle acquiert dans une deuxième phase la possession directe. Elle procède aussi par échange ou par « gagerie ». Le comte peut céder un château, dont la possession est moins utile à la défense du comté, contre une forteresse mieux située à ce point de vue. La « gagerie » est une hypothèque, qui comporte la dépossession du débiteur, qui garde cependant la faculté de racheter son bien, mais généralement le seigneur désargenté n'était pas en mesure d'exercer cette possibilité. Cependant le château de Cham• béry, que Thomas de Savoie, fils pumé du comte Thomas I®"", avait reçu par «gagerie» en 1255, eut de nouveau un seigneur particulier vers 1278 et ne fut acquis définitivement qu'en 1295 par le comte Amédée V.

- 9 - La Maison de Savoie semble avoir possédé peu de châteaux au XI® siècle. Vers le milieu du XII® siècle elle paraît avoir disposé de Montmélian et de Charbonnières au-dessus d'Aiguebelle, forteresse qui avait appartenu aux seigneurs de Charbonnières et de Miolans. Avant la fin de ce siècle Chillon sur son rocher, baigné par le lac Léman, est tenu par les comtes de Savoie.

De 1207 à 1267 le comte Thomas I®"" et surtout son fils Pierre de Savoie s'emparent progressivement des châteaux et des seigneuries de la Suisse Romande; Amédée IV (1233-1253) acquiert la mouvance d'un certain nombre de châteaux de la Vallée d'Aoste ; Amédée V (1285-1323) renforce ses positions dans le comté de Savoie proprement dit.

L'acquisition du Faucigny en 1355 et du Genevois, en 1401, par Amédée VI et Amédée VIKpermettra à la Maison de Savoie de bénéficier de la politique d'acquisitions menée avant eux dans ces régions par les seigneurs de Faucigny et les comtes de Genève.

Avant ces deux grandes acquisitions, en 1325, les Etats savoyards se composent de huit bailliages subdivisés en châtellenies.

Le bailliage de Savoie comporte dix-sept châtellenies : Montmélian, Chambéry, Le Bourget, Montfalcon, Cusy, Le Châtelard, Faverges, Entremont, Les Marches, Tournon, Ugine, Conflans, Tarentaise (Sa• lins), Maurienne (Hermillon), Aiguebelle, La Rochette et Les Mol• lettes.

Le baillage de groupe les châtellenies de Novalaise, Voiron, Saint-Laurent-du-Pont, Ppnt-de-Beauvoisin, Saint-Genix, Ile-de-Ciers, Dolomieu et de et .

Le bailliage de Viennois se compose des châtellenies de Saint-Georges d'Espéranche, Chabons, La Côte-Saint-André et Boczosel, Saint-Jean- de-Bournay, Septême, Fallavier, La Verpillière, Saint-Symphorien- d'Ozon, Azieu et Jonage.

Le bailliage de Bresse a les châtellenies de Bourg, Coligny, Treffort, Saint-Etienne, Jasseron, Saint-André, Pont-d'Ain, Ambronay et Saint- Germain.

Le bailliage de Bugey est divisé en châtellenies de Rossillon, Saint- Rambert, Lompnès, Balon, Seyssel, Léaz et l'Ecluse.

Le baillage de Chablais est composé des châtellenies de Chillon, Genève, Versoix, Corbière, Yvoire, Allinges et Thonon, Evian et Féternes, Saint-Maurice-d'Agaune, Saxon et Entremont, Conthey, Saillon, La Tour de Vevey, Vevey, Châtel-Saint-Denis en Fruence, Payerne et Morat.

Les chefs-lieux de ces bailliages se trouvaient dans les principaux châteaux : Montmélian, Voiron, Saint-Georges-d'Espéranche, Bourg,

- 10 - Rossillon et Chillon. A Chambéry se concentre les organismes de l'autorité supérieure.

Il faut ajouter à cet ensemble les châtellenies transalpines d'Aoste, Châtel-Argent, Bard et Donas, Montaido et Ivrée ainsi que celles de Suse, Avigliana, Rivoli, Caselle, Cirié, et Lanzo.

Sur ces châteaux et sur leur ressort territorial, la châtellenie, la Maison de Savoie assied désormais sa puissance. Dans chaque bailliage un représentant de l'autorité comtale, le bailli, siège dans la principale forteresse de la circonscription. Il exerce des pouvoirs administratifs et militaires, jouit de la prééminence sur les châtelains, les surveille. Il se met à leur tête en cas de guerre. La circonscription de base, la châtellenie, est confiée à un châtelain, qui réside dans le château comtal qui lui est confié. Ce n'est pas le possesseur du château, mais un agent du comte. Il a des fonctions militaires, judiciaires, administratives et financières. C'est un fonctionnaire, nommé généralement pour un temps plus au moins limité. Passé ce délai, une autre châtellenie ou des fonctions de bailli peuvent lui être confiées.

Dans la seconde moitié du XIV® siècle les comtes, qui voulurent remplir un trésor épuisé par les guerres, en vinrent à engager des offices de châtelain. Par ce biais de grandes familles seigneuriales, en échange d'une somme avancée pour l'entrée en possession, accaparèrent des châtellenies et s'y maintinrent parfois pendant plusieurs générations. Au XVI® siècle les fonctions de châtelain furent affermées au dernier enréchisseur pour un temps limité. Les châteaux n'ont plus alors de valeur militaire et les familles nobles se désintéressent de ces fonctions, qui sont surtout occupées par des notaires. Pour rentrer dans leurs débours ceux-ci négligent beaucoup l'entretien des châteaux, ce qui va accélérer le déclin de ces forteresses.

Comme les comtes et ducs de Savoie, les grands seigneurs, pourvus d'un certain nombre de châteaux, qu'ils ne pouvaient tous surveiller, se faisaient représenter par des châtelains, qui exerçaient en leur nom la justice locale.

Les châtelains furent des agents fidèles de l'autorité supérieure. Ceux de la Maison de Savoie furent souvent rappelés à l'ordre pour excès de zèle. Leurs empiétements en vue d'accroître les droits du prince servirent en définitive la cause de la formation d'un Etat alpestre. Les châteaux savoyards ont joué un rôle historique de premier plan puisque les plus importants d'entre eux ont été utilisés pour unifier la Savoie et lui donner une armature administrative.

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Gex étant tout proche de Gevève, ce fut dans cette ville qu'en octobre 1353, le Comte Vert rassembla son armée pour cette expédition. Avec les troupes savoyardes, il y manda de nombreux seigneurs du Pays de Vaud. Ils amenèrent les hommes de leurs terres, et arrivèrent suivis de 160 chevaux et de 2 570 clients vaudois, qui servirent pendant vingt- deux jours. Le comte Pierre de Gruyère, le vice-châtelain de Chillon et d'autres encore accoururent aussi. Des compagnies de brigands vinrent de Piémont, conduites par Gabriel de Rivoli ; Barthélémy Proz, et d'autres connétables d'Ivrée, de Rivarolo et du Canavais... Le prince d'Achaïe envoya aussi des troupes de renforts. Des charpentiers, des ingénieurs, des mineurs de la Suisse et du Val de Lanzo furent engagés. Leur chef semble avoir été Jean de Longecombe, damoiseau, et tandisque des gardes étaient placés sur le cols du Jura, dans des barques sur le lac et jusqu'en Faucigny pour empêcher tout secours de parvenir à la place assiégée, l'armée se mit en marche.

Le chemin n'est pas long jusqu'à Gex, et aucun obstacle n'y fut rencontré. Les assiégeants purent donc, sans autre difficulté que les mauvaises routes, tirer et charroyer leurs lourdes machines de guerre jusque sous les murs de la ville. La plupart de ces engins furent fabriqués à Chillon, par les soins du châtelain, ou à Genève, par ceux du vidomne, qui firent transporter les échelles, les manteaux, les cordes et les crocs par bateaux jusqu'à Versoix, et de là par chars jusque sous les murs de Gex. Le siège commença le 26 octobre. Le Comte Vert lui-même le dirigeait et sa tente avec celles de ses vassaux est dressée en face de la ville. Chaque jour, Guillaume des Clées, son panetier, cuisait le pain servi à sa table ; chaque soir le camp s'éclairait, les seigneurs illuminaient leurs tentes avec des torches de cire, sorte de cierges, et des chandelles achetées à Belley. Guillaume de Revoyre était chargé des subsistances de l'armée. Le siège dura un peu plus de deux semaines.

(J. CORDEY, Les comtes de Savoie et les rois de France pendant la guerre de Cent Ans, Paris, 1911, p. 115-1171.

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