Savoie CHÂTEAUX Rosts DE SAVOIE
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L'histoire en Savoie CHÂTEAUX rOSTS DE SAVOIE Châteaux des Allinges Revue trimestrielle de culture et d'information historique éditée par la Société Savoisienne d'Histoire et d'Archéologie Chambéry Société Savoisienne d'Histoire et d'Archéologie - Siège général : Square de Lannoy-de-BIssy - 73-Chambéry — Trésorerie: 18, avenue de Bassens - 73-Chambéry . ce.P. Lyon 2345-98 . Gérant-responsable de la revue: A. PALLUEL-GUILLARD. L'HISTOIRE EN SAVOIE Revue de culture et d'information historique (paraissant tous les trois mois, éditée par les soins de la Société Savoisienne d'Histoire et d'Archéologie) 78 année N 25 - MARS 1972 Abonnement 14 F Le numéro : 4 F SOMMAIRE A. PERRET - Les Châteaux-forts de Savoie LES CHATEAUX-FORTS DE SAVOIE Les châteaux ont eu, dans toute l'Europe occidentale, une grande importance historique au Moyen-Age puisqu'ils furent à la fois des lieux de refuge et des moyens de domination. Dans les pays montagneux où les demeures fortifiées pouvaient être édifiées en des sites naturellement forts, la prédominance politique et stratégique des châteaux s'est impo• sée à tel point que le ressort territorial, qui dépendait des plus importants d'entre eux, resta, sous le nom de châtellenie puis de mandement, la circonscription administrative de base, même après que les progrès de l'artillerie eurent réduit la valeur défensive des forteresses médiévales. Beaucoup de nos actuels cantons portent encore le nom de châteaux de la Maison de Savoie ou des seigneurs les plus importants. C'est ainsi que les cantons de Chambéry, d'Aix, du Châtelard, des Echelles, de Montmélian, de Pont-de-Beauvoisin, de La Rochette, d'Aiguebelle, de La Chambre, de Chamoux, de Beaufort, d'Ugine, de Bozel et de Bourg- Saint-Maurice doivent leur nom à d'anciennes châtellenies. Certains châteaux ont servi à baptiser de grandes seigneuries ou des régions naturelles : le Faucigny, le Beaufortain, la Chautagne, les Cuines, les Hurtières et probablement les Bauges. La seigneurie des importants sires de Faucigny, devenue une des provinces qui composent la Savoie, tire son nom d'une forteresse, dont les ruines dominent la vallée de l'Arve ; le Beaufortain n'est autre que la châtellenie médiévale de Beaufort. Chautagne fut le nom d'un château, situé dans la commune de Serrières. Celui de Cuine, à Sainte-Marie-de-Cuines, a donné son nom à deux paroisses. Le château d'Hurtières, situé à Saint-Georges-d'Hurtières, a lui aussi dénommé deux paroisses. Les Bauges sont une extension toponymique du Châtelard de Boges, nom qui semble avoir été à l'origine réservé à la seule forteresse du Châtelard. Bien des communes tiennent leurs toponymes des châteaux auprès desquels elles se sont développées. Ce nom peut être celui de la demeure fortifiée elle-même : Châteauneuf, Le Châtel, Le Châtelard, Châtillon- sur-Cluses. La commune a très souvent pris le nom du site où s'élève la forteresse : Entremont-le-Vieux, La Roche-sur-Foron, Apremont, La Rochette, Montmélian. Le Châtel de Conflans (au-dessus d'Albertville) était situé, comme son nom l'indique, au confluent de deux rivières : l'Isère et l'Arly. La construction des châteaux Il est souvent difficile de déterminer l'époque de la construction des plus anciens châteaux savoyards. Les historiens font généralement re• monter à la décadence carolingienne et aux incursions sarrasines une première phase d'édification de châteaux médiévaux de la région alpine. Il est évident que dès l'époque romaine il a existé des points d'appui fortifiés, en particulier près des passages sur le Rhône (castrum de Chancy, étudié par M. Louis Blondel) et pour barrer les défilés des Alpes, les « cluses », comme l'a montré M. Pierre Duparc. Les Burgondes et les Lombards ont utilisé en les modifiant certaines des défenses construites sous le Bas Empire ou ont remployé le matériau antique pour de nouvelles constructions. A Chancy près du défilé de l'Ecluse le castrum romain a été maintenu en état de service. Dans la vallée de Suse se voyaient encore au Xl^ siècle les restes des remparts élevés par Didier, roi des Lombards, dans les cluses alpines. Les monuments civils romains en ruines serviront au Moyen-Age de carrières pour l'édification des demeures seigneuriales. C'est ainsi qu'à Aoste les principales construc• tions antiques devinrent des forteresses et des tours médiévales. La tour de Langin (à Machilly, Haute-Savoie) fut élevée sur des substructions antiques, récemment mises à jour. A Aix-les-Bains l'ancien temple romain, dit de Diane, a été englobé dans le château des Seyssel, seigneurs d'Aix. Des briques et des médailles romaines furent retrouvées dans les ruines du château de Saint-Cassin aux environs de Chambéry. Le castrum des comtes carolingiens de Genève était situé, semble-t-il, au milieu du forum du Bas Empire. Certains sites, commandant des voies de passage obligées, se sont imposés de tout temps à l'attention des hommes. Lorsque ceux-ci - 2 - n'avaient pas sous la main le beau matériau romain ou qu'ils ne disposaient que d'une pierre dure et longue à tailler. Ils utilisèrent souvent le bois, qui abondait dans les régions montagneuses. Dans le Valais l'usage des tours en bois s'est prolongé fort tard. Il est probable qu'en Savoie le bois a été utilisé à l'origine. Seul il permettait une rapide mise en état de défense. A cause de sa fragilité il était ensuite remplacé par de la maçonnerie. Le château des Marches, sentinelle avancée face au Dauphiné, fut d'abord construit, en 1301-1302, avec du bois venu des Bauges, des Minières et d'Aiguebelle. Il serait imprudent de conclure, d'après la nature des maçonneries d'une fortification, que le site n'a pas été mis en état de défense antérieurement avec un matériau léger. Les constructions de pierre elles-mêmes ont fait l'objet, au cours des siècles, de si nombreux remaniements qu'elles datent très généralement d'époques variées. L'appareil de la base d'une tour et celui de la partie haute peuvent être de siècles différents. Les chartes du Moyen-Age antérieures au Xl^ siècle sont trop rares pour que nous puissions connaître par des documents écrits l'existence de châteaux en Savoie avant cette époque. Nous savons que vers 1014 le château de Saint-Cassin a été donné par le roi Rodolphe III de Bour• gogne à son épouse, la reine Hermengarde, qu'en 1015 le même souverain céda à Hermengarde, Miolans et Châteauneuf-sur-Isère. Peut- être ces libéralités n'impliquaient-elles pas la possession directe de ces châteaux, mais seulement la supériorité sur ceux-ci. En tout cas, dans la seconde moitié du Xl^ siècle, Miolans est tenu par la famille de Miolans-Charbonnières. Le Châtelard de Dorche (commune de Chancy, Ain), qui domine le cours du Rhône et relèvera au XI11^ siècle de Pierre de Savoie, est cité dès 1025. Le Châtelard en Bauges existait vers 1090. Le château de Charbonnières, au-dessus d'Aiguebelle, mentionné en 1043 dans un acte de véracité suspecte, est cependant fort ancien. En 1057, le bourg de Chambéry est mentionné. Un bourg est alors une aggloméra• tion ceinte de murs, édifiée près de l'abri d'un château. Au début du Xll^ siècle une liste des paroisses du décanat de Savoie cite pour la partie actuellement savoisienne de ce territoire, les chapelles des châteaux d'Aix, de Chambéry, de Couz, d'Apremont, d'Arvillard, de Chignin et de Miolans. Le château de Montmélian n'existe pas encore.. Il sera vraisemblablement édifié vers le milieu du XI1^ siècle, lorsque les possessions de la famille delphinale et celles des comtes de Savoie devinrent limitrophes. La première mention d'un château dans un document ancien ne signifie naturellement pas que l'édifice subsistant ou ses ruines doivent être datés de cette époque, car une nouvelle construction a pu remplacer l'ancienne. Ainsi le château de Miolans, cité par une charte de 1015, est dans son état actuel en grande partie du XV^ siècle. Il a cependant conservé quelques vestiges de la période romane. Une nouvelle phase importante de l'histoire des châteaux savoyards s'ouvre avec Pierre de Savoie, qui sera de 1263 à 1268, comte de Savoie sous le nom de Pierre II. Marié en 1234 avec l'héritière du Faucigny et - 3 - ayant reçu en 1255 pour sa part héréditaire le Chablais et le Bas-Valais, il avait, avant d'accéder au comté de Savoie, joué un rôle politique très important dans les Alpes et en Angleterre, avait réussi à évincer le comte de Genève d'un certain nombre de châteaux, acquis par des conquêtes et une série d'achats le pays de Vaud et une partie du Viennois. Oncle du couple royal anglais, Pierre de Savoie avait rendu de grands services diplomatiques et militaires au roi d'Angleterre, dont il reçut des revenus considérables, qui lui facilitèrent ses acquisitions territoriales et lui permirent de transformer ses châteaux et d'en élever de nouveaux. Ayant guerroyé dans la Guyenne anglaise, Pierre de Savoie et son entourage durent remarquer les donjons circulaires, qui existaient alors dans les possessions continentales des Plantagenets. C'était un net progrès sur la tour carrée, qui laissait des angles morts pour le tir. C'est à l'époque de Pierre de Savoie que le donjon circulaire s'introduisit dans les domaines savoyards ainsi que de grands perfectionnements de l'archi• tecture militaire. Pierre Meinier fut le principal maftre-d'œuvre des châteaux de Pierre de Savoie. D'autres seigneurs de la région alpine suivront à leur tour l'impulsion donnée, qui s'étendra dans tous les Etats de la Maison de Savoie en Helvétie et en Vallée d'Aoste.