Document réalisé pour

la Mairie de Camplong et le Conseil Général de l’Hérault.

PRESENTATION, RECHERCHES ET ANALYSES : Georges PILE 31 rue Robespierre 45400 Fleury-les-Aubrais Février 2005, (revu et complété en février 2011)

1 CAMPLONG, UNE VIEILLE HISTOIRE

D’après le dictionnaire topographique de l’Hérault publié en 1865 par Eugène THOMAS, les références historiques du lieu de Camplong situé dans le canton de Bédarieux sont assez anciennes.

- « Campus longus , année 1080 (archives de l’abbaye de Caunes ( minervois ?? ); - H istoire du Languedoc, pr. c. 311) ; - année 1095 (2° cartulaire de la cathédrale de Narbonne ibid. 340 ) ; - année 1122 (cartulaire de Gellonne ( St Guilhem le désert ) 132 v°); - année 1191 (cartulaire de l’abbaye de Maguelonne E 326 ); - année 1527 (pouillé); - Camplont , année 1353 ( Libre de memorias), - Camplong , année 1529 (dominicains de H. L. V, pr . c . 85) ; -année 1625 (pouillé); -année 1649 (ibid.); -année 1761 (ibid.).

"Camplong fut aussi une seigneurie de la viguerie de Carcassonne ",

(Commentaire Georges PILE : cette dernière affirmation semble plus discutable, car Eugène THOMAS a peut-être confondu notre Camplong avec Camplong d’Aude ??).

Autres Ref : en 1271, « la Baronnie de Boussagues était placée dans la juridiction de la Sénéchaussée de Carcassonne et Béziers… ». (Ref : Dr BRUNEL Jules ,"Le passé de la haute vallée de l’Orb " (page 80), bulletin spécial de la S.A.H.H.C.H de Bédarieux, 1989.

Déjà « en 1317 …Bédarieux faisait partie du diocèse de Béziers, sénéchaussée de Carcassonne ». (Ref : ALLAIRE Roger , " Histoire de Bédarieux " (Page 24), publié en 1911, réédition Lacour novembre 1990).

Au Moyen-Age et durant toute la période de l’ancien Régime, Camplong faisait partie l’une des 44 paroisses dépendantes de l’Archiprêtré de Boussagues et de l’évêché de Béziers. (Ref : Abbé ALZIEU Gérard , « Les églises de l’archiprêtré de Boussagues au Moyen- Age », bulletin N° 12- 1989, S.A.H.H.C.H de Bédarieux).

LES DEUX EGLISES DE CAMPLONG :

L’église Saint-Sauveur du Puy :

On peut raisonnablement penser que la fondation de cette église pourrait remonter à l’époque de Charlemagne. Cette église placée sous le vocable de « St Sauveur » le faisant fortement penser. Les deux abbayes bénédictines antiques de Villemagne et de (filles de l’abbaye d’ ) fondées à l’époque carolingienne pourraient en être les promoteurs.

2 "Cette ancienne église paroissiale est située sur la crête entre les vallons de Camplong et de . Son vocable place sa fondation à l’époque carolingienne. Elle est mentionnée pour la première fois dans une bulle d’Innocent II en faveur de l’abbaye de Joncels à laquelle elle appartenait "ecclésiam S. Salvatoris de Podio" (en 1135). On la retrouve par la suite dans un nombre respectable de documents jusqu’à la fin du Moyen-âge. Les « Pouillés » de XIV° s. indiquent son recteur "rector S. Salvatoris de Podio".

(Ref : abbé ALZIEU Gérard, « Brefs historiques sur les deux monastères de Joncels et Villemagne », bulletins N° 13-1990 – N° 14-1991 (pour Joncels) ---N° 19-1996 et N° 20– 1997 (pour Villemagne).

La première paroisse antique :

C’est en 1142 dans le cartulaire de l’abbaye de Sylvanès, qu’est mentionnée pour la première fois dans les textes l’existence de « la paroisse de Camplong ». A cette époque il semble bien n’y avoir qu’une seule église pour la paroisse de Camplong/Graissessac: St Sauveur-du- Puy. (Ecclesiam. S. Salvatoris de Podio in episcopatu Bitterensis)

(Mais au 16° s. et surtout au début du 17° siècle), "…les guerres de religion lui furent fatales. C’est dans l’église de Camplong que fut transféré le service paroissial. "

"Une chapelle, dédiée aussi au Sauveur, fut construite à Graissessac pour permettre aux habitants de ce secteur d’avoir chez eux la célébration de la messe les dimanches et fêtes par le vicaire secondaire de Camplong. Cependant, l’évêque ordonna de s’y rendre chaque année en pèlerinage pour la fête du Sauveur le 6 août " (Détails de la visite pastorale qu’effectua en 1636 de Mgr Clément De Bonsi évêque de Béziers).

Cette église de construction gothique n’est pas le bâtiment originel de ce lieu de culte. De par sa position au sommet d’une montagne assez élevée, et aussi de son éloignement de toute habitation ou village, l’église de St Sauveur nous ferait penser à un sanctuaire rural wisigothique, mais en l’état actuel de nos connaissances, rien ne permet de l’affirmer : il n’y a même pas de trace du sanctuaire qui a dû précéder l’édifice actuel qui paraît construit directement sur le rocher. " (Ref : FARGIER Louis, GOURDIOLE Robert et SIGNOLES André, bulletin N° 5-1982, de la S.A.H.H.C.H-de Bédarieux).

(*) Cette église qui n’est pas « orientée » (comme les églises pré-romane), puisque le chœur et la nef sont situés dans un axe Nord-Ouest-Sud-Est. Cependant, la nef de St Sauveur du mur oriental jusqu’à la hauteur des 2 chapelles est de l’époque romane. Sa très belle « voûte en pierre » est construite en berceau brisé (ainsi qu’un « arc doubleau »), soutenue par des murs très épais et massifs (absence de « contrefort »). Cette nef est éclairée par 2 petites fenêtres de type meurtrières (dans les murs Nord-E st et Sud-Ouest pour éviter tous désordres qui pourraient les fragiliser) et d’un petit « oculus » sur le mur oriental.

Il existait également une porte en plein cintre situé dans le mur Nord-est de la nef, elle fut murée à une époque indéterminée. De nos jours cette porte est encore visible dans le mur de la nef.

3 La porte d’entrée actuelle située sud-ouest, elle semble avoir été percée à une date plus récente. Mais il est difficile d’estimer à quelle époque ces transformations eurent lieu.

Pour la nef, on peut raisonnablement faire remonter la construction de cette partie de l’église entre les années 1110-1150. En effet, on peut estimer que les progrès de construction de ce type de voûte, ne s’est vraiment répandu en Languedoc qu’après les années 1120. Avant cette date beaucoup d’églises de la région n’étaient pourvues que de nefs charpentées, (les exemples sont fort nombreux dans les églises très anciennes des Hauts Cantons). Durant la période romane les architectes connaissaient bien la voûte en berceau brisé, ce modèle avait été importé de l’Arménie dès les débuts des croisades.

« ..Le succès du berceau brisé, qui allait peu à peu se substituer au berceau plein cintre, s’explique sans doute en partie par les avantages d’une voûte qui, engendrée par deux segments de cercle s’affrontant à la clef, pousse moins au vide et s’avère, de ce fait, plus facile à contrebuter que le berceau en plein cintre….Les formes héritées de l’architecture romaine commencent à s’effacer devant les formes anguleuses qui vont s’imposer jusqu’à la fin du Moyen Âge. Aussi l’introduction, dans un certain nombre d’églises romanes du début du 12° siècle, d’arcs et de voûtes au tracé brisé marqua-t-elle un tournant important dans l’histoire de l’architecture médiévale » Ref : Eliane VERGNOLES "L’art Roman En " « l’adoption de la voûte en berceau brisé » (chapitre II, page 200) Flammarion avril 1994.

Ici dans ce monument, seule la chapelle Sud-Ouest est de facture gothique, (voûte sur croisée d’ogive), donc bien postérieure à la nef. La chapelle Nord-Est et le chœur, furent vraisemblablement restaurés après le passage de Mgr de Bonsi en 1636. La voûte du chœur est constituée de 5 voûtains et la chapelle Nord-Est pourvue d’une voûte d’arrêtes. Ces diverses restaurations ont effacées les destructions des guerres de religion. Dans cette partie du bâtiment les reprises sont très visibles à cause de l’emploi de mâche-fer comme liant.

Durant plusieurs centaines d’années, ce sont les Marguilliers et Fabriciens de Camplong qui avaient en charge l’entretien et l’organisation du cultuel de cette église.

D’après les témoignages recueillis dans les années 1950-1960, le culte y fut définitivement abandonné après la guerre de 1914. Par la suite, ce bâtiment eut à souffrir d’un certain nombre de dégradations.

La lecture des questionnaires préliminaires sur les visites décanales ou pastorales des évêques de Montpellier, nous informe sur la lente mais inexorable dégradation de cet ancien lieu de culte. Voici les réponses que l’on trouve aux questions du « chapitre 3 : Monuments Religieux : » « -Y a-t-il des chapelles publiques, semi-publiques ou privées ? » « - Quel office religieux y fait-on ? » les réponses : 1931 : « néant » pour le bâtiment, et « néant » pour les offices religieux. 1936 : « une (chapelle) totalement abandonnée ».

4 1940 : pas de notation dans le questionnaire. 1942 : « une chapelle publique en très mauvais état ». 1952 : « une chapelle publique presque en ruines, »… « aucun » (office religieux) 1956 : « chapelle St Sauveur en ruines… aucun office.. »

Dans le cadre d’une opération de sauvegarde du patrimoine, cette vénérable église a subit une sérieuse restauration en 1990-1991 : - réfection d’une partie des voûtes en mauvais état (voûtains du chœur, voûte de la croisée d’ogive de la chapelle Sud-Ouest). - réfection totale de la couverture en lauzes des voûtes de la nef, du chœur, des chapelles, - réfection du clocheton sur le mur oriental qui avait totalement disparu, - réfection du sol en béton sur toute la surface intérieure de l’édifice,

-décrépissage de tous les murs et de la voûte de la nef. Ce travail est plus discutable, car cela a eu pour effet de faire disparaître toutes les traces de peintures très anciennes : ocre rouge et jaune, imitant « l’opus réticulatum » ou appareil losangé très ancien, et sur la voûte des peintures de même couleur imitant un appareil régulier.

- pose d’une grille mobile en fer à la porte principale, - pose de barres de protection en fer pour les fenêtres, - réfection totale du petit parvis extérieur et du mur de soutènement.

- aménagement des abords de l’édifice avec tables, bancs de pique-nique, et barbecue en pierre et briques. - débroussaillage des abords de l’édifice et du cimetière circulaire. - nouveau sentier pour accéder à l’église.

Dans cette église et dans ses abords on trouve encore des fragments importants du maître- autel en marbre mouluré veiné de rose et brun (de type sarcophage, en marbre de St Nazaire de Ladarez). (*) (Ref : PILE Georges : Analyse architecturale du bâtiment cultuel)

Une très belle photographie en noir et blanc que nous devons à Gaston SAUVY, prise à l’intérieur de cet édifice vers les années 1935-1936, nous montre les murs crépis et blanchis, le maître-autel de facture baroque encore en parfait état, ainsi qu’une partie du mobilier encore place. (Ref : cliché aujourd’hui conservé par la famille d’Alex SAUVY, (fils de Gaston SAUVY) à St Gervais/Mare).

L’église Sainte-Marie de Camplong :

Nous ne savons pas grand chose sur les débuts de la construction de cet édifice. Dans le courant du 12° siècle ou au début du 13° siècle il est probable que les habitants de la paroisse Camplong entreprennent la construction de cette deuxième église mais cette fois dans le village. Elle est connue sous les vocables de Ste-Marie de Camplong ou N.D De Camplong, on trouve parfois dans les textes anciens le vocable de N.D de la Chandeleur.

5 Toujours d’après le "dictionnaire topographique de L’Hérault " établi par Eugène THOMAS (1865) :

« Camplong était une cure de l’ancien diocèse de Béziers -Ecclesia S. Stéphani de Campolongo , an 1118 , (Baluze Bull. n° 12 et 38) ; mais, soit qu’il s’agisse ici d’une simple chapelle, soit que la paroisse eût quitté le patronage de saint Etienne pour adopter celui de la sainte Vierge, on trouve sainte-Marie de Champlong, an 1518 (pouillé) ; et B.M.V . de Camplong, an 1780 (état offic. des églises de Béziers).

C’est l’actuelle église paroissiale de Camplong. A l’origine elle était annexe de St Sauveur du Puy, c’est pourquoi nous ne la trouvons pas mentionnée avant le 14°s. (pouillés*). Parmi les prérogatives des syndics de la Baronnie de Boussagues, dont Camplong faisait partie, nous trouvons l’entretien des églises et parmi elles, celle de Camplong " ecclesias…Beate Marie de Campo Longo " « Eglise Bienheureuse Marie de Champ Long », ( 1364 , Fonds Thézan . page 160, et élections Consulaires faites à Boussagues en l’an 1364 ),

(Ref : docteur Jules BRUNEL : "Le passé de la haute vallée de l’Orb " bulletin spécial de 1989 S.A.H.H.C.H de Bédarieux). (* Pouillés : registres dans lesquels on écrivait les actes concernant les églises et la description de leurs biens).

Une nouvelle hypothèse : D’après l’ouvrage imprimé d’ Etienne Baluze (1630-1718) , il se pourrait bien (mais cela reste qu’une hypothèse) que la première construction d’un bâtiment religieux dans le village aurait peut-être était placé sous le vocable de St Etienne. Puis au cours du 12°-13° siècle et sous l’influence d’un nouveau courant religieux, l’édifice cultuel aurait peut-être changé de vocable pour être placé sous celui de la Vierge . C’est la grande époque où en France se développe le culte de la Vierge dans les églises de l’Auvergne et de la Hte Auvergne. Ce rapide changement est dû à l’influence du grand pèlerinage de Compostelle. Camplong se trouvait très près de l’un de ces chemins qui menait à Compostelle, celui de Arles à Toulouse (La via Tolosana).

Au début du second millénaire, le fait de placer ce premier édifice sous la protection de St Etienne est tout à fait possible. Durant plusieurs siècles, un nombre important d’églises avaient comme saint patron le diacre Etienne , l’un des premiers martyrs.

Si l’on en croit Eliane VERGNOLES (voir bibliographie) l’engouement pour ce saint avant et autour de l’An Mil était très important. On trouve d’ailleurs à cette époque d’abondantes représentations de ce saint diacre, soit dans manuscrits enluminés : comme le Sacramentaire de St Etienne de limoges, divers Béatus, des bibles, etc… soit sur fresques murales qui nous sont parvenues comme celle d’Auxerre.

Ces divers emprunts à l’histoire de St Etienne inaugureront dès le 11° s les débuts de la sculpture romane en France que l’on peut voir sur les plaques sculptées du val de Loire : comme celles de la tour-porche de l’Abbaye de St Benoît sur Loire, les églises d’Azay-le- rideau, Cormery….etc …que l’on peut encore admirer de nos jours.

ND de Camplong nouveau siège de la Paroisse : L’abandon de St Sauveur du Puy après les guerres de religion, en fit le siège de la paroisse après 1622. Cette date marque l’épisode de la bataille dite du " Fort de Graissessac " défendu

6 par les Protestants de Graissessac qui furent assaillis par les troupes Catholiques envoyées par le Duc de Montmorency, alors Gouverneur du Languedoc. C’est à cette époque que Mgr de BONZI décide de la création de la nouvelle paroisse de Graissessac. (Ref : Abbé ALZIEU Gérard , « Les paroisses de la haute vallée de la mare sous l’ancien régime», bulletin N° 22-1999, S.A.H.H.C.H de Bédarieux). (Ref : Abbé ALZIEU Gérard , « Catholique et Protestants à Graissessac, l’Eglise et le Temple », bulletin N° 32-2009» (publication de son dernier article avant son décès) S.A.H.H.C.H de Bédarieux).

L’église de Camplong au temps de la Révocation de l’Edit de Nantes (d’octobre 1685 à l’Edit de Tolérance 1787). Un chapitre déjà rédigé sera inclus dans cette étude. Il concerne l’histoire des deux Congrégations qui furent installée à Camplong durant cette longue et douloureuse histoire d’intolérance sous l’Ancien Régime (lutte contre tous les protestants):

- La Congrégation du St Rosaire (mai 1684) - La Congrégation du St Sacrement de l’autel (1715).

L’église de Camplong au temps du Premier Empire et de la Restauration: Un chapitre également rédigé, sera inclus dans cette étude. Il est consacré à la réorganisation du culte à Camplong après la Révolution française (Règlements et Lois sur la nouvelle organisation des Conseils Fabriques). La remise en place de la Marguillerie/Fabrique de Camplong, son fonctionnement et ses disfonctionnements. Lois et règlements de cette structure.

La reconstruction de l’église Ste Marie De Camplong au temps du curé Jean-Fulcran FABRE

Année 1826 : L’église primitive ND de Camplong figure dans le premier plan cadastral du village, dressé en cette année 1826.

Le 16 février 1837 : Départ du curé de Camplong : Dominique CACARIÉ. Ce prêtre, très controversé à cause de ses mœurs, est resté à ce poste du 1° juillet 1827 au 16 février 1837. ( Ref : Abbé ALZIEU Gérard, "Visite pastorale de Mgr THIBAULT évêque de Montpellier, dans les cantons de Bédarieux, Lunas, et St Gervais en 1836." bulletin N° 24-2001, S.A.H.H.C.H-de Bédarieux).

Le 16 mars 1837 : Nomination du curé Jean-Fulcran FABRE. Ce curé restera à ce poste jusqu’au 29 août 1862.

7 A partir de 1837, le curé Jean-Fulcran FABRE, (oncle du poète et romancier Ferdinand FABRE), en poste dans la paroisse de Camplong, fut à l’origine de la reconstruction de cette église. L'église primitive fut démolie en partie et remplacée par l’édifice actuel plus grand. La vieille église Ste Marie était devenue trop petite au regard d’une population grandissante venue chercher du travail dans les mines, et qui avait fini par s’établir durablement dans l’une des communes du bassin houiller. Mais cette reconstruction s’inscrit également dans un mouvement plus général de construction ou reconstruction des lieux de culte dans le département de l’Hérault et particulièrement dans les Hauts Cantons. (Ref : BELLAN Gilles, « L’inspiration médiévale dans les constructions du 19° siècle des Hauts Cantons », bulletin N° 08–1985, S.A.H.H.C.H de Bédarieux).

Une reconstruction conflictuelle et violente :

D’après les analyses des registres des comptes de la Paroisse de Camplong (registres des Marguilliers et Fabriciens 1684-1880), nous pouvons suivre les évolutions de cette reconstruction. Ce que l’on peut dire, c’est que cette reconstruction ne se passa pas sans heurts ni déchirements. L’accroissement de l’exploitation des mines de charbon, l’arrivée de travailleurs migrants très pauvres, la Révolution de 1848, les idées « laïques et socialistes » qui circulent dans le village et dans le salariat des mines naissant, vont avoir des conséquences sur la vie sociale et politique de Camplong. Toutes ces causes vont contribuer à la baisse très rapide de la pratique religieuse dans la population du village (mais également dans tout le bassin minier). Cette déchristianisation durable, sera constatée et consignée dans les rapports successifs que feront les évêques du diocèse de Montpellier lors de leurs visites pastorales dans la paroisse au cours de la première moitié du 20° siècle. (Ref sur cette affaire : PILE Georges, « Apparition d’un parti d’opposition dans un village de mineurs de la haute vallée de l’Orb au XIX° siècle » bulletin N° 18-1995 de la S.A.H.H.C.H de Bédarieux).

Fin de 1837 : à partir de cette date l’édifice fut remanié.

Au 19° siècle, à lieu le changement de vocable de l’église: A partir de 1837, époque de sa reconstruction, a lieu le changement de son vocable. Cette église est actuellement répertoriée dans l’annuaire diocésain de l’évêché de Montpellier sous le nom de « Notre Seigneur en sa présentation » (au temple). Après avoir consulté les nombreuses archives de la paroisse postérieures à 1837, la date exacte de ce changement de vocable est restée totalement introuvable.

Vers 1997-1999, à la suite d’un ravalement total à l’intérieur de cet édifice, il fut découvert qu’une partie du mur Nord de la nef et du mur Occidental (ancienne porte d’entrée murée) auraient été de l’église primitive. (Ref : rapport inaugural en 1990 de Mr Pierre VERNAZOBRES, dernier curé résidant de Graissessac/Camplong, (décédé en février 2007).

8 En 1843 , les relations conflictuelles qu’ont entretenue la Fabrique (et son curé) avec la Municipalité d’alors ainsi que le manque de financements pérennes, ont ralenti considérablement cette reconstruction. Les travaux ont même été stoppés durant quelque temps.

Malgré ces conflits, les aménagements intérieurs se sont poursuivis :

En 1844 , sont projetés la construction du clocher et l’agrandissement du chœur,

Le 16 août 1844 , Construction et pose des stalles, et d’autres travaux. Est réglée la somme de 1606 Frs à Mr Pierre DURAND, menuisier, "pour construction et la pose des stalles " ainsi que de "certains ouvrages ".

Le 27 mars1845 : Le curé FABRE envoie une lettre assez violente dans ses propos, au maire de l’époque Raymond-Charles MOTTE. C’est vraiment le début des hostilités et des affrontements avec la municipalité et une partie du village. Ces affrontements se termineront avec le départ forcé du curé Fulcran FABRE en août 1862, après une tentative « d’apostasie collective » d’un groupe de Camplonnais contre leur curé. (Ref PILE Georges : "Apparition d'un parti d'opposition dans un village de mineur au 19° siècle ", bulletin N° 18-1995, S.A.H.H.C.H-de Bédarieux, 1995.

Année 1847 :

En avril ou mai 1847 Mr Guilhaume CIFFRE Président de la Fabrique fait don à l’église du Maître-Autel en marbre blanc et noir. Ce dernier sera posé dans l’édifice en avril ou mai 1847. C’est l’entreprise Galiéni et Cie (ou Galiéri) qui se charge de ces travaux. Mais déjà le 03 juin de cette même année, des désordres sont constaté sur l’autel au niveau de la porte du tabernacle. Le Curé FABRE fait des réclamations auprès de l’entrepreneur en lui faisant parvenir un courrier.

Le 30 mai 1847 : A lieu le déplacement de l’appui de communion sous l’arc doubleau à l’entrée du chœur.

Nouvelle intervention de la Fabrique auprès du préfet pour demander de l’aide afin de relancer et de parachever la construction de l’édifice :

"…les travaux furent suspendus vers la fin de 1843. Cette suspension fut provoquée par l’administration municipale qui ne vit pas avec plaisir le déplacement de la Ste Table que la Fabrique crut nécessaire d’opérer …".

Les rapports du curé et de la Fabrique avec les Municipalités successives n’ont jamais été favorables pour la poursuite de la construction de ce nouvel édifice.

Car pour réaliser les travaux d’agrandissements de la nouvelle église un nouveau problème se posait : il fallait implanter les nouveaux murs de la nef et de la chapelle sud, sur le petit

9 cimetière attenant. Cette situation allait poser à l’époque d’importantes divergences de vues avec la Municipalité.

Les problèmes financiers et administratifs qui devaient permettre le déplacement de ce petit cimetière (situé sur le flanc sud de l’église), ont ralenti cette reconstruction, la Municipalité faisant traîner son déménagement définitif.

Les travaux de reconstruction de l’église seront repris avec l’abandon de ce vieux cimetière, qui était jugé trop étroit pour une population grandissante venue s’installer au village pour travailler à l’exploitation des mines de charbon (débuts de l’immigration régionale et européenne).

Le cimetière de ND de Camplong: Il existait à Camplong 2 cimetières : celui de St Sauveur-du-Puy (très ancien, peut-être de type wisighotique, non attenant à l’église, et protégé par une enceinte circulaire en pierres sèches, toujours visible de nos jours). D’après Jules NOYER, ancien secrétaire de la mairie de Camplong, la dernière inhumation dans ce cimetière daterait au tout début des années 1900, mais aucune trace dans les archives ne viendra confirmer cette information.

Un autre cimetière était établi au chevet de l'église ND de Camplong. Peut-être existait-il depuis le 13° siècle, car depuis le Moyen-Age la tradition de créer des lieux de sépultures autour des églises paroissiales ont persisté un peu partout en France. (Ref : LAUWERS Michel, « Naissance du cimetière (chrétien), lieux sacré et terre des morts dans l’occident médiéval », chez Aubier, mars 2005).

On envisage la fermeture du cimetière autour de l’église

Sous le Règne de Charles X (1824-1830) des lois de santé publique furent promulguées. On peut affirmer que ces nouvelles lois marquent le début de la laïcisation des cimetières en France.

A Camplong, à partir des années 1847, les autorités religieuses et municipales commencent à se préoccuper des problèmes d'hygiène et de salubrité publique. Des épidémies (surtout de choléra) sont signalées à plusieurs reprises dans tout le département. Or nous savons que la population des villages de Graissessac/Camplong a également été très touchée par ces épidémies.s (Ref : PILE Georges, « Analyses des relevés systématiques des actes dans les registres paroissiaux de Camplong 1793-1925 », non publié). (Ref : SCANZI Michel, « Le choléra dans l’Hérault au XIXe siècle » Bulletin N° 20-1997, S.A.H.H.HC.H de Bédarieux).

Créer un nouveau cimetière :

Dans des lettres adressées au Préfet par les membres de La Fabrique paroissiale, nous pouvons mieux évaluer la situation du village à cette époque. La Municipalité traînant un peu les pieds pour procéder à l'ouverture d'un autre lieu de sépulture.

10 La lettre du 30 mai 1847 porte essentiellement sur les problèmes liés à l’arrêt des travaux de l’agrandissement de l’église paroissiale qui doit empiéter sur le cimetière. Mais elle porte également sur la nécessité de fermer ce petit cimetière qui se trouve au chevet sud de l’église et de le transférer dans un autre endroit:

Lettre du curé (Fulcran FABRE) et de la Fabrique au Préfet de l’Hérault :

"Monsieur le Préfet, "... édifier le mur de clôture (de la nouvelle église) que Monseigneur l’Evêque lors de sa dernière visite, ordonna de porter en de là du passage du presbytère, afin que le curé ne fut pas obligé de fouler sous ses pieds des cadavres, pour se rendre à son habitation, tout cela a diminué la grandeur du cimetière . D’autre part: la population augmente progressivement et présentement plus qu’en d’autres localités, à cause du grand développement que prend de jour en jour l’exploitation des mines de houille; il en résulte que le terrain du cimetière n’est plus en rapport avec la population de la paroisse . Que le cimetière avoisine les habitations, c’est là sans doute des inconvénients qui peut avoir des suites fâcheuses. Mais être obligé d’exhumer un cadavre, pour en inhumer un autre ; c’est là un inconvénient plus grave en lui-même, puisqu’il oblige à violer le respect religieux dû aux morts, et plus grave par les suites qu’il entraîne, puisqu’exposées au soleil des terres imprégnées de corruptions ne peuvent qu’exhaler des odeurs malfaisantes . Voilà Monsieur le Préfet la triste nécessité où est réduite la commune de votre département... Car peut-il en être autrement, quand une population de 700 âmes à peu près, n’a qu’un cimetière de 370 mètres carrés de superficie ? ...". Autre lettre de mai 1847 :

"Monsieur le Préfet, Les soussignés ont l’honneur de vous supplier au nom de la paroisse qu’il vous plaise, inviter l’Autorité Municipale d’aviser le plus promptement possible, aux moyens de transférer le cimetière du lieu où il est en un lieu plus commode et plus spacieux. Les soussignés ont cru utile d’accompagner leur demande du plan topographique du cimetière actuel, levé avec la plus grande exactitude géométrique, afin que d’un simple coup d’œil, vous puissiez voir Monsieur le Préfet, combien est juste la demande... et par conséquent, combien il est urgent d’y faire droit. Les envahissements qui depuis 1826 jusqu’en 1844 ont, successivement eu lieu sur le terrain du cimetière ... "

Lettre du 12 février 1848 : "Monsieur le Préfet, Sous la date du 30 mai dernier, les soussignés membres du conseil de Fabrique succursale de Camplong, ont l’honneur de vous exposer qu’il y avait indispensable nécessité de transférer en un autre lieu le cimetière de la dite paroisse, soit parce qu’il se trouve évidemment trop petit, eu égard à la population, soit parce qu’il se trouve contigu aux habitations.

Prenant en considération une demande qui intéresse un aussi haut point une commune, Monsieur le Préfet invita Mr le Maire à assembler le Conseil Municipal pour donner son avis. Le Conseil Municipal reconnut à l’unanimité l’urgence de transférer ailleurs le cimetière, en conséquence Mr le Maire reçut ultérieurement de Monsieur le Préfet l’autorisation de traiter avec l’individu sur le terrain duquel il doit être établi le nouveau cimetière, et d’obtenir de laisser une promesse de vente.

11 Après quelques difficultés, cette promesse fut enfin donnée. Alors les soussignés espérant que l’affaire touchait à sa fin, ils se sont trompés, elle est aujourd’hui ce qu’elle était il y a six mois. C’est pour ce motif, Monsieur le Préfet, que les soussignés vous supplient instamment de daigner remédier à un tel état de chose qui, s’il se prolongeait ne pourrait que devenir funeste pour la paroisse .... "

Après bien des tractations, ce cimetière fut abandonné en 1849 . Cependant on note encore une inhumation dans ce lieu en 1871 : "... le sept novembre a été inhumé dans l'ancien cimetière de la paroisse le corps de Léopold VALIN (de la famille VALLINO, italienne d’origine) , âgé de 27 mois ...".

Le nouveau cimetière communal: l2 octobre 1849 : Ouverture du nouveau cimetière près du pont de la Planque : Le Préfet semble avoir fait accélérer les choses puisque ce jour là a lieu la première inhumation dans le nouveau cimetière près du pont de la Planque.

Le curé Jean-Fulcran FABRE note dans le registre cette première inhumation: "L’an que dessus et le deux du mois d’octobre, a été inhumé dans le nouveau cimetière de la paroisse le corps d’Elisabeth Débru, épouse de Jacques Débru, décédée la veille à l’âge de quatre vingt ans ... "

AUTRES LIEUX D'INHUMATIONS PRIVES:

Il existait à Camplong d'autres lieux d'inhumations.

Le petit cimetière sur la route de la mine: le 25 août 1851 : Nous ne savons pas l'année de sa construction, cependant nous trouvons des traces d'inhumations dans ce lieu le 25 août 1851 . Il s'agit d'un décès après un accouchement, hélas fort nombreux au 19° siècle.

"L’an que dessus et le vingt cinq du mois d’août a été inhumé, dans un champ appartenant à la famille , le corps de Madame Cécile, Antoinette, Justine Salles, épouse de Mr Etienne Paliès, contôleur, décédée le jour d’hier, sur la paroisse de Bédarieux, à l’âge de vingt six ans ".

La mère et son fils Antoine-Etienne PALIES décédé à l’âge de cinq mois, ont été inhumés dans la même tombe.

De nos jours dans ce petit cimetière à l’abandon, on peut encore voir deux ou trois pierres tombales, et sur l'une d'elle les inscriptions à demi effacées des deux personnes ci-dessus.

Les caveaux familiaux:

Une autre tradition voit le jour au cours du 19° siècle : la construction de caveaux sur des terrains privés destinés aux inhumations familiales. Cette tradition sera réglementée puis interdite par les autorités civiles au 20° siècle (laïcisation des cimetières).

12 "le 30 mai 1850, Anne Saury, veuve de feu Jacques Résséguier, décédée le 29 mai 1850 âgée de 64 ans, a été inhumé dans une de ses propriétés , après bénédiction de la tombe "

A ce jour nous n’avons pu situer le lieu exact de cette inhumation.

De nos jours il existe encore un caveau situé au dessus des écoles. Ce caveau appartient à la famille de Jules NOYER

NOUVEAUX TRAVAUX A L’EGLISE DE CAMPLONG :

Le 30 mars 1856 : Eglise Ste Marie, projet de construction d’une nouvelle sacristie

Le 1° avril 1860 : Réparation urgente à la charpente du chœur et du toit . Nouvelle réunion extraordinaire de la Fabrique. Cette réunion a pour objet de voter une nouvelle dépense imprévue. En effet cette année là :

"l’entrait de la partie de la charpente posée à l’entrée du chœur s’est rompu et que pourtant il est rigoureusement nécessaire d’aviser aux moyens de remettre celle-ci en état de solidité… ." Le devis de cette réparation se monte à 322 Frs. Une lettre est envoyée au sous-préfet pour lui demander une aide, qu’il accepte à hauteur de 257 Frs, et la Fabrique " votera et complètera je l’espère, la somme nécessaire pour la réparation de cette partie de la charpente, somme qui d’après le devis s’élève à 257 Frs… ".

Une somme de 65 Frs est votée, " qui figurera au budget de l’exercice de la présente année à titre d’excédent de la recette sur les dépenses…considérant qu’il est urgent que la toiture soit remise dans un état de solidité… "

La fin des travaux de l’église N.D de Camplong :

Au départ du curé Fulcran FABRE en août 1862 (départ forcé à la suite d’une «* tentative d’apostasie collective »), l’édifice cultuel n’était pas achevé dans sa totalité.

D’après les comptes de la Fabrique, il semble que l’achèvement des travaux du gros œuvre de l’église ne sera terminé que vers 1869 . Il ne restera par la suite que quelques aménagements à faire, (pose des vitraux, de l’horloge, des cloches, etc..)

C’est son successeur le curé Fulcran BOUSQUET qui achèvera l’édifice avec l’aide de la Fabrique. Ce curé aura fort à faire pour parachever l’œuvre du curé FABRE, car ce dernier laisse les finances de la paroisse dans un état d’indigence. (Ref sur cette affaire : PILE Georges, « Apparition d’un parti d’opposition dans un village de mineurs de la haute vallée de l’Orb au XIX° siècle » bulletin N° 18 de la S.A.H.H.C.H de Bédarieux, 1995).

(*) (Ref : Apostasie: du grec apostasis : abandon, litt. abandon public d’une religion, d’une doctrine, d’un Parti). dictionnaireLarousse. Ici il s’agissait d’une tentative de changement de religion en public et qui concernait 50 personnes environ).

13 le 29 septembre 1862 : Nomination provisoire du Curé A. BADUEL. Il restera à cette charge jusqu’au 9 juillet 1863.

Le 2 février 1863 : Bénédiction d’une statue de la vierge sur la place du village . La construction de ce petit monument religieux fut décidée par le curé Fulcran FABRE. C’est son remplaçant : le curé A. BADUEL qui en fera son inauguration

"A rapporter au 2 février- ... la préparation du plan, l’achat de la pierre du piédestal et l’achat de la statue, avaient été faite l’année précédente par notre prédécesseur Monsieur le curé FABRE, d’honorée mémoire. Tout les paroissiens avaient, sans exception rivalisé de zèle et de générosité pour l’heureux accomplissement de cette oeuvre... J’avoue n’avoir eu en arrivant dans cette paroisse, qu’à conclure la police pour l’érection du piédestal, par lequel nous avions adopté de préférence, au plan de M. FABRE, le plan de la paroisse de Ceilhe. Et c’est avec le sieur CAUQUIL, de Bédarieux que nous traitâmes.... Avec l’agrément et sous la bénédiction très gracieuse de Monseigneur l’évêque, nous avons appelé pour nous présider Monsieur le curé Doyen de St Alexandre. La Procession et la bénédiction s’accomplirent solennellement au milieu d’un grand concours de peuple et d’ecclésiastiques. Puisse la Sainte Mère de Dieu regarder avec plus de complaisance le peuple qui l’a choisie de tout temps pour patronne. Et puisse ce modeste monument élevé à sa gloire garder et grandir chaque jour, dans cette paroisse, la foi, et l’esprit religieux, et toutes les vertus chrétiennes... "

le 12 juillet 1863 : Nomination provisoire de l’abbé VERGNES, curé de St Etienne-de- Mursan. Il restera à cette charge jusqu’au 31 août 1863.

13 octobre 1863 : Nomination d’un nouveau curé à Camplong : l’abbé Fulcran BOUSQUET. Ce curé restera à la tête de la paroisse jusqu’au 31 août 1890.

Le 25/01/1864 : Le Conseil de Fabrique se réunit en session extraordinaire. Cette réunion a pour objet de revoir le problème du vote d’un nouvel emprunt du montant de 382,04 Frs qui doit servir aux réparations du presbytère. Cet emprunt vient d’être refusé par le sous-préfet de Béziers en date du 20/12/1863. Pour que cet emprunt puisse être réalisé par la Fabrique, le sous-préfet exige prioritairement qu’on lui fournisse :

1° l’état des comptes des trois dernières années , 2° du budget de l’établissement pour l’année courante, 3° d’un tableau d’amortissement de l’emprunt. Le sous-préfet exige en outre : "une délibération nouvelle du Conseil de Fabrique ".

14 Le 16 avril 1871 : a lieu une nouvelle réunion Conseil de Fabrique (en session ordinaire cette fois). Cette réunion est très importante car elle va :

"procéder à l’examen des comptes de l’année écoulée…ensuite le Conseil désirant porter un regard sur toutes les dépenses ou achats extraordinaires qu’il a votés verbalement et qui ont été faits depuis 1853 jusqu’à ce jour, consultations faites des registres et indépendamment des dettes considérables qui ont été payées les deux premières années, il a été reconnu que la Fabrique a acheté ":

un ornement complet drap d’or fin à Mr VIALARD 475,00 Frs a payé la flèche du clocher faite par Mr CHEVALLIER 1520,00 Frs a payé les bancs de l’église faits par SAUVY, menuisier, 130,00 Frs a fait dorer les vases sacrés à Mr VIALARD 152,50 Frs a fait travailler à la toiture du clocher le Sr. REVELAT 138,00 Frs a acheté une pendule pour le clocher à DEBRU 70,00 Frs a fait blanchir, recrépir l’église par le plâtrier BARTHES 744,80 Frs a fait peindre l’église par BASCOUL 232,00 Frs a payé à VIGNES, peintre vitrier pour travail à l’église 325,00 Frs a payé aussi à REVELAT pour travail à l’église 51,50 Frs elle a payé au serrurier CARMES pour fenêtres et grille en fer 265,00 Frs a payé au Sr. FINOT pour honoraires de ses peines 60,00 Frs elle a fait construire la grille des chaises 35,00 Frs a fait redorer et argenter les vases sacrés au Sr. PERRETTI 263,00 Frs elle a acheté un grand tapis 75,00 Frs elle a acheté les grands rideaux pour le jeudi saint 35,00 Frs de plus elle a acheté les 4 fenêtres en fer du chœur avec peinture 104,00 Frs a acheté chez COULAZOU un tour d’autel, un tabouret des ??? 200,00 Frs enfin a acheté de la laine pour confectionner le beau tapis fait par les Sœurs 10,00 Frs

C’est donc 4950,80 Frs de dépenses extraordinaires qui ont été faites. Il faut observer que dans cette même période de temps la Fabrique a reçu la somme de 3000,00 Frs pour Fondations à acquitter.

Elle donne actuellement 88,50 Frs à Mr le curé, plus un intérêt de 21,00 Frs qu’elle paye momentanément à qui de droit, ce qui supporte une somme de 109,50 Frs d’intérêts provenant d’un capital de 2200,00 Frs, représentant les Fondations totales.

Il est facile à la Fabrique avec ses simples produits annuels de faire dans peu de temps ce capital qu’elle placera sûrement et avec ces intérêts elle couvrira les frais des Fondations : alors elle pourra songer sans crainte à de grandes réparations ou achats dont elle aura besoin. Le Conseil n’ayant plus rien à délibérer, le Président a levé la séance. Fait à Camplong 16 avril 1871. "

Le 1° Janvier 1872 : pose de l’Horloge , et construction d’un belvédère en fer pour sécuriser et faciliter les futures interventions de réparations à la toiture du clocher,

15 ainsi que pour effectuer le dépannage de la mécanique du timbre de l’horloge située au sommet de la flèche. Dans sa réunion du 1° janvier de cette année là :

" Mr le Président a dit " : "Messieurs, lorsqu’il a été question de placer l’horloge qui a été mise au clocher de l’église, la Fabrique a été d’avis pour favoriser le pays de venir en aide dans le (illisible) des frais tant que ses ressources pourraient le lui permettre. De plus, pour faciliter l’ascension auprès du timbre qui est placé au bout de la flèche en cas de dérangement et surtout en cas de détérioration à la toiture de la flèche, la Fabrique a consenti à la construction du belvédère en fer, afin d’éviter tout espèce de malheur et pour servir le monument. Afin que l’honorabilité de la Fabrique ne soit pas mise en doute, vu les malheurs du temps qui obligent à ne faire que les dépenses qui sont strictes et nécessaires, il serait bon je crois, de verser le reliquat de l’exercice précédent qui est de 170 Frs , entre les mains de Mr le Maire à titre d’indemnité pour couvrir les frais de l’horloge. De plus, dès que l’argent des chaises de l’exercice 1872 sera rentré, il serait urgent que la Fabrique payait le montant du Belvédère qu’elle a commandée….

Le Conseil de Fabrique a été unanime de verser entre les mains de Mr le Maire, la somme de 170 Frs qu’il avait en caisse, pour payer les frais de l’horloge, de plus il délègue Mr le Trésorier de bien vouloir bien s’informer auprès de qui de droit, avec les titres en main ce que coûte le belvédère et d’en payer le montant dès que l’argent de la caisse lui permettra de couvrir le total… ".

Le 04 avril 1875 : achèvement de la construction de l’escalier du clocher et diverses réparations aux murs et aux fenêtres, cloisons et portes du clocher. La Fabrique accepte le projet de liquidation de la dette contractée par la municipalité auprès des horlogers de Béziers qui en ont fourni le mécanisme.

"… attendu que l’administration municipale se propose avec le concours de l’autorité supérieure d’achever la construction de l’escalier du clocher et les diverses réparations à faire aux murs et aux fenêtres, cloisons et portes du dit clocher, la Fabrique en reconnaissance de ce travail, déclare à l’unanimité que dès que Mr le Préfet aura approuvé et ordonnancé le dit travail, elle liquidera la dette qui est à la charge de la commune vis à vis d’horlogers Granier et Langres ( ?) de Béziers pour l’horloge qu’ils ont fournie à Camplong …"

Le 08 avril 1877 : La Fabrique a fini par régler la dette Municipalité de Camplong pour l’achat de l’Horloge. En contre-partie la Mairie a pris à sa charge les dépenses faites pour le clocher, le presbytère et le cimetière. La Fabrique décide également de faire un enduit au glacis pour remettre en état une partie du pavement de la nef qui est fortement dégradé.

"…En échange des grands sacrifices que la Fabrique s’est volontairement imposés pour le payement et le placement de l’horloge qui était à la charge de la commune, impuissante qu’elle était à solder cette dépense, la municipalité en reconnaissance de cette bonne œuvre

16 soit par imposition ou autrement, elle a paré à ses dépenses qui ont été faites au clocher , au presbytère et au cimetière pour la somme de 800,00 Frs… "

"…Vu le mauvais état dans lequel se trouve le pavé de la nef de l’église, la Fabrique émet le vœu s’il y a possibilité de repaver cette partie par un enduit ou glacis qui moins coûteux que le pavage est aussi solide et aussi beau, de façon qu’il ne resterait plus que la sacristie que l’on ferait paver dès que les ressources le permettront …"

Le 28 avril 1878 : La Fabrique a fait paver l’église, la sacristie, le presbytère . Elle a fait construire une salle pour loger les chaises, de plus elle a fait changer le mouton (battant) de la vieille cloche de l’église, baptisée le 29/02/1735. (Ref : ORLIAC Jean , « relevés des B.M.S de 1633 à1792 »).

Elle a également avancé à la commune, le paiement du travail exécuté par le maçon Jean CHAVARNAC. La Fabrique décide aussi ce jour là de remplacer les 4 vitraux du chœur, et procèdera au blanchissage de la nef de l’église jusqu’à la corniche.

"…il a été constaté que les dépenses se sont élevées à la somme de 274, 55 Frs, et que les dépenses extraordinaires provenant du pavage de l’église, sacristie, presbytère ; construction d’une salle pour loger les chaises, mouton en fonte de la cloche, achat d’un candélabre , croix bénitier, avances faites à la commune pour payer à Chavarnac, maçon, le tout détaillé dans le journal de la Fabrique …"

"…De plus, comme il est urgent d’obtenir la propreté dans l’église ainsi que la décence, il est utile de remplacer le vitrail des 4 fenêtres du sanctuaire qui tombe de vétusté pour y mettre des vitraux peints représentant les 4 Evangélistes, on procèdera ensuite au blanchissage de la nef de l’église jusqu’à la corniche "…

Le 07 novembre 1878 : A lieu la bénédiction du nouveau chemin de croix (restauré) et placé sur les murs de la nef de l’église (série de 12 tableaux encadrés et peints à l’huile sur toile).

"…Bénédiction du chemin de croix, L’an mil huit cent soixante dix huit et le sept novembre, nous curé de la paroisse de Camplong, vu la supplique que nous avions adressée à Monseigneur l’évêque le deux courant, vu la réponse de sa Grandeur à la date du 3 du même mois en vertu de laquelle nous sommes autorisé à établir dans notre église les stations du chemin de croix que nous avions fait restaurer dans la peinture et la dorure, avons procédé dans notre particulier à la cérémonie de la bénédiction du chemin de croix y attachant les indulgences et autres privilèges spirituels accordés par les souverains Pontifes. En foi de ce, avons dressé le présent procès verbal qui a été signé par les membres de la Fabrique présents à la cérémonie"… Camplong le 7 novembre 1878 "…

Le 20 avril 1879 : La Fabrique a procédé aux règlements des factures :

17 de la restauration du chemin de croix, de la restauration de la Statue de la Vierge sur la place du village , des grilles., pour la fenêtre de l’église, pour l’achat de 4 petits lustres, pour l’intervention de Mr REVELAT pour son travail, la restauration des stalles , les portes et fenêtres de l’église , de la confection des volets du presbytère, ainsi que les fenêtres en fer et plusieurs grillages.

Elle a également réglé partiellement les tableaux du chœur réalisés par Mr CAUMETTE (et non réalisés par Mlle Durand comme certaine personne le laissait entendre au village) . Il reste à devoir les vitraux de l’église fait par Mr PAGES de Montpellier et autres articles relatés dans le journal de la Fabrique.

06 juillet 1879 : La Fabrique décide d’ouvrir 2 fenêtres aveugles dans le chœur et d’y placer 2 nouveaux vitraux.

"…Mr le Président a pris la parole et a dit à l’assemblée que les dépenses qui avaient été faites pour la réparation et la décoration de l’intérieur de l’église en avaient changé entièrement son aspect à la satisfaction des paroissiens, néanmoins, a-t-il ajouté, le sanctuaire renferme une lacune qu’il serait bon à mon avis de faire disparaître, si vous êtes messieurs de mon avis, attendu que les fonds qui nous restent en caisse après avoir achevé de payer le peintre, nous permettent encore de pourvoir à la dépense que je vous propose. Il existe vous savez deux fenêtres dans le sanctuaire qui sont fermées, pour établir la régularité complète, il serait bon de les ouvrir, d’autant plus que le prix de 30,00 Frs proposé par Mr Pagès , peintre verrier, pour les deux sujets à représenter ne serait pas trop onéreux ; ces deux ouvertures embelliraient d’avantage et feraient entièrement disparaître cette obscurité de la voûte qui blesse les regards des fidèles, et donneraient plus de lumière à cette partie de l’église "…

05 octobre 1879 : La Fabrique a réglé la facture des 2 vitraux à Mr Pagès, peintre-verrier à Montpellier . Le Curé Fulcran BOUSQUET a procédé à la bénédiction des 4 tableaux qui ornent le chœur, ainsi que des statues de Ste Vierge, de St Joseph et de Ste Barbe.

"…L’an mil huit cent soixante et dix neuf et le cinq octobre, nous curé de la paroisse de Camplong ayant obtenu verbalement auprès de Mr le Grand Vicaire, l’autorisation de bénir les statues de la Ste Vierge, de St Joseph et de Ste Barbe, ainsi que des tableaux de l’annonciation, de la visitation, de l’assomption, et de l’ascension, avons procédé dans notre particulier à la susdite cérémonie conformément à ce qui est tracé dans le Rituel Romain. En foi de ce, j’ai dressé le présent procès verbal que j’ai signé"… Fulcran BOUSQUET "…

Le 04 avril 1880 : La Fabrique se trouve en possession des 2 vitraux qu’elle a commandés et payés à Mr Pagès. Elle décide de faire ouvrir les 2 fenêtres du chœur dès que ses finances le permettront.

18 "…Attendu que la fabrique se trouve en possession des deux vitraux qui doivent achever l’embellissement du sanctuaire de l’église, il est urgent dès que ses ressources pécuniaires le lui permettront d’ouvrir les deux fenêtres qui sont fermées afin de compléter son œuvre en faisant disparaître cette irrégularité. La Fabrique n’ayant tant à cœur fera tout son possible pour qu’il soit donné suite à ce travail aussi prochainement qu’elle le pourra "…

Le 24 avril 1881 : Les comptes de la Fabrique étant excellents, le Conseil décide de faire très rapidement l’ouverture des 2 fenêtres a fin de faire poser les 2 vitraux neufs.

"…Dans sa délibération de l’année précédente le Conseil avait manifesté le désir de procéder à l’ouverture des deux fenêtres du sanctuaire qui sont fermées, pour y placer les 2 vitraux qui sont en sa possession dès que les ressources pécuniaires lui permettraient de s’occuper de ce travail. Le Conseil pensant que la somme de 656,52 Frs qui est en caisse est plus que suffisante pour terminer cette œuvre d’embellissement du sanctuaire, est unanime dans sa décision à ce que au plus tôt il soit procédé à cette œuvre "…

Le 02 juillet 1882 : Au cours de cette réunion, le Conseil de Fabrique rend un hommage unanime à Mr Guilhaume CIFFRE (ancien Maire et ancien Président de ce Conseil) qui vient de décéder. Le compte rendu de ce rapport nous informe que Mr CIFFRE avait fait don en 1847 du maître-Autel en marbre, et avait fait également don d’une somme d’argent de 1100 Frs pour l’achat d’un ostensoir en vermeil ainsi que d’un calice.

01 avril 1883 : Le conseil de Fabrique décide :

"…d’acheter une écharpe pour l’ordinaire des offices et un ombrellino qui est requis dans l’administration des sacrements chez les malades "…

Entre 1884 et 1906, le registre des délibérations du Conseil de Fabrique ne contient plus que les comptes globaux des recettes et des dépenses. Les différentes dépenses d’entretiens des bâtiments ou des achats divers ne sont plus décrites en détails durant toutes ces années.

31 août 1890 : départ de l’abbé Fulcran BOUSQUET. Ce curé était resté en poste dans la paroisse depuis le 13 octobre 1863,

14 septembre 1890 : Nomination d’un nouveau curé à Camplong : l’abbé Irénée CHARDEYRE, (pas d’installation canonique) . Ce curé restera à la tête de la paroisse jusqu’à sa mort survenue le 12 janvier 1927. (C’est la première fois que j’ai pu archiver les premières photos d’un curé à Camplong. Il existe une série de 5 ou 6 photos, ou le curé Chardeyre y figure avec un petit groupe

19 d’acolytes ou de communiants. Ces photos s’échelonnent entre les années 1892-1893 et 1925-1927, date de son décès à Camplong).

Le 17 décembre 1901 : Alors que le carillonneur sonnait à toute volée l’approche des fêtes de Noël, l’unique (vieille) cloche de l’église fut détruite ce jour là.

Le 04 mai 1902 : Procès-verbal de la bénédiction de deux cloches de l’église de Camplong :

"…L’an du Seigneur mil neuf cent deux et le quatre du mois de mai, premier dimanche du mois, sous le pontificat de Léon XIII, Pape, et la présidence d’Emile LOUBET premier magistrat de la République Française, avec l’autorisation de Monseigneur François-Marie- Anatole de Rovérié de Cabrières, évêque de Montpellier, d’, Béziers, Lodève, et St Pons- de-Thomières, nous soussigné, curé de la succursale de Camplong, du Doyenné de Bédarieux (St Alexandre, diocèse de Montpellier, dans le département de l’Hérault, avons présidé à la bénédiction de deux cloches, pesant 720 et 363 kilogrammes, donnant la note FA et la note LA très juste et parfaitement harmonisées.

Le FA porte gravés sur ses flancs les noms et prénom des parrain et marraine : Louis VERDIER et Marguerite DURAND, enfants de deux familles des plus honorables et des plus aisées du pays.

La LA porte également imprimés sur ses côtés à l’extérieur les noms et prénoms du parrain et de la marraine : Frédéric et Adèle ROUMIGUIER, frère et sœur, enfants de Mr et Mme Léopold ROUMIGUIER, habitant la ville de Béziers et originaires de Camplong.

Sur le pourtour des deux cloches on lit encore gravés les noms et prénoms de Mgr de CABRIERES, évêque de Montpellier, de Mr CHARDAYRE, curé de la paroisse et de Mr Félix SAUVY, président de la Fabrique.

La cérémonie de la bénédiction qui a eu lieu dans l’église paroissiale, dans l’après-midi, cette bénédiction a été donnée par le T. R. P. GUY, religieux du franciscain de l’observance, gardien du couvent de Béziers, délégué à cet effet par l’autorité diocésaine.

Les prêtres assistant le célébrant ont été : Mr, Mr, Les abbés Félix GAYRAUD, curé de St Etienne-de-Mursan et BOUDOU, curé de Clairac. Comme simples assistants à la cérémonie, avaient pris place dans le chœur ; Mrs les abbés François DOR, curé de Graissessac, BLANC, curé de Boussagues, et CARRIERE, aumônier de l’Hôpital Général de Béziers. Tous les membres du Conseil de Fabrique à la suite de leur Président avaient pris place au banc d’œuvre.

Nos deux cloches artistiques, sorties des ateliers de l’habile A. FARNIER de Dijon, ont été payées deux francs cent. le kilogramme, soit 2599,20 Frs qui sont le produit d’une quête faite dans la paroisse, de quêtes faites dans l’église, de petits dons faits par des personnes originaires ou amies de la paroisse et principalement des offrandes généreuses de trois honorables familles : les demoiselles DURAND de Béziers, Mr Jacques VERDIER de Camplong et Mr Léopold ROUMIGUIER de Béziers.

20 L’œuvre de nos cloches s’imposa à la suite d’un accident survenu à notre unique cloche, déjà vieille de 125 ans, de la maison TRIADOU de Rodez, qui la mit hors d’usage le 17 décembre de l’année 1901 au moment où le carillonneur Ulysse CARQUET, sonnait à toute volée pour annoncer les joyeuses fêtes de Noël.

La population qui avait des sympathies marquées pour sa vieille cloche fut très affectée quand elle apprit qu’elle s’était cassée; elle se montra très généreuse pour lui donner une remplaçante. La somme recueillie ayant dépassé nos prévisions, le Conseil de Fabrique décida qu’il y avait lieu de faire l’acquisition d’une seconde. C’est le cas de répéter : à quelque chose, malheur est bon.

Lecture faite du présent procès-verbal, tous les Membres du Conseil de Fabrique et les prêtres présents à la cérémonie ont signé avec nous sur le registre"… Camplong le 4 mai 1902 "…

Il est à remarquer que la vieille cloche qui fut cassée le 17 décembre 1901, n’avait pas 125 ans comme l’écrit avec inexactitude le rédacteur, mais bien âgée de 166 ans (baptisée le 29/02/1735 !!!) (Ref Jean ORLIAC -Relevés des registres paroissiaux de Camplong 1633-1792 - page 123, Fiches N° 520 et 527).

A Camplong Les Marguilliers devaient veiller à l’entretien de deux cloches: l’une à l’église Ste Marie et l’autre à l’église St Sauveur. (Ref : Registres des Comptes des Marguilliers et Fabriciens –1684-1906).

Contrairement à une idée reçue dans le village (même encore de nos jour), en ce début du 20° siècle le Conseil de Fabrique de Camplong ne pouvait faire appel à la maison GRANIER de Castanet-le-Bas, mais à un « Maître Saintier » de Dijon pour acheter ces deux cloches.

En effet, ce n’est que vers 1930 que la famille GRANIER de Castanet-le-Bas avait décidé d’étendre son activité d’« esquilhiers » ou « sonnetier » (fabricant de « sonnailles » en tôle encuivrée et autres « grelots » en bronze), en tentant l’expérience de la fonte de cloches d’églises avec l’aide d’un ingénieur allemand. (Ref : SIGNOLES André, « La fonderie de cloches de François GRANIER, Castanet- Hérépian », bulletin N° 09-1986, S.A.H.H.C.H de Bédarieux).

LA PAROISSE DE CAMPLONG DANS LA TOURMENTE

1905 : LE PRINCIPE DE LA SÉPARATION DES ÉGLISES ET DE L’ÉTAT

Mai 1902 : Le Président du Conseil Emile COMBES attaque les Congrégations Religieuses à la Chambre des Députés. La majorité des évêques français signent une pétition contre la politique de COMBES.

21 Décembre 1902 : Le Président COMBES suspend le traitement de trois évêques suspectés d’être les initiateurs de la pétition, dont Mgr TOUCHET évêque d’Orléans. Désormais la séparation apparaît comme une solution possible au conflit entre le gouvernement et l’Eglise de France. Cependant, les Israélites et les Protestants de France acceptent le principe de cette séparation.

20 Juin 1903 : A Camplong aussi les débats autour de la loi sur la séparation sont la cause de nombreux incidents. M. CUSSOL, alors maire de la commune prend un arrêté contre le curé M. Irénée CHARDEYRE :

"Commune de Camplong " Nous Maire de la commune de Camplong, vu l’article 97 53 de la loi du 5 avril 1884, Considérant que pour éviter qu’il se produise de nouveau des faits regrettables, qui ont été occasionnés par le desservant de la paroisse , Arrétons, Article 1°- Les processions de tout culte sont interdites sur le territoire de la commune. Article 2°- Le garde champêtre est chargé de l’exécution du présent arrêté.

Camplong le 20 Juin 1903 le Maire: Cussol, Pour copie conforme" "Vu et approuvé par le Préfet de l’Hérault ," Signé: "Le conseiller de Préfecture .

03 juillet 1905 : UNE LOI COMBATTUE La Chambre des députés adopte le projet de séparation par le gouvernement ROUVIER et Aristide BRIAND. Avant le vote du sénat, Mgr TOUCHET principal opposant fulmine et martèle dans une lettre publique que la loi « est mal faite, illibérale, spoliatrice, mesquine, injuste, prélude à une guerre religieuse à mort, anticatholique … »

Décembre 1905 : Vote de la Loi sur la séparation des l’Eglises et de l’Etat. Tous les Conseils de Fabrique sont dissous : Le 09 décembre, les sénateurs adoptent le texte déjà voté par les députés.

A partir de 1906 : Après le vote de la loi sur la séparation, suspension des comptes dans les registres de la Fabrique de Camplong. Cette interruption durera 18 ans.

Dès le début de 1906 : Israélites et protestants appliquent la loi et constituent des associations cultuelles qui reçoivent après inventaires, la dévolution des biens cultuels. Malgré ses aspects conciliateurs, la loi se heurte au refus obstiné de l’Eglise catholique dont l’évêque d’Orléans est l’un des principaux « activistes ».

18 février 1906 : Mgr TOUCHET, (comme d’autres évêques), lit dans sa cathédrale, devant 8 000 fidèles, la bulle du pape Pie X « Vehementernos », qui condamne le principe même de la séparation.

22 C’est le début des oppositions farouches « aux inventaires », il y a de nombreux incidents tant à Paris qu’en province.

Fin Mai 1906 : Vers un apaisement timide du conflit : A lieu l’assemblée plénière épiscopale, 48 évêques contre 26 se déclarent favorables aux associations cultuelles. Mais l’évêque d’Orléans par fidélité au pape dont il espère la béatification puis la canonisation de Jeanne d’Arc, reste à la tête de la minorité qui refuse tout. Alors faute d’associations pour les gérer, les biens cultuels catholiques sont mis sous séquestres. Des escarmouches ici ou là entre cléricaux et anticléricaux animent quelques villes ou villages.

Décembre 1906 : débuts des expulsions des religieux: Comme Mgr TOUCHET expulsé de son palais épiscopal d’Orléans, le curé de Camplong M. Irénée CHARDEYRE est lui aussi expulsé de son presbytère. Ce n’est que le 02 octobre 1927 que son successeur M. AMIEL, pourra réintégrer ce lieu de résidence.

A partir de 1907 : Radicaux et cléricaux s’empoignent autour des défilés religieux, civils ou militaires. Mais l’application de la loi n’interrompt ni ne change les pratiques de culte. Les églises restent à la disposition des curés.

1908 : s’esquisse enfin un apaisement durable. A partir de cette année là, les passions et les tensions commencent à retomber.

1914-1920 : La Grande Guerre et la fin d’un conflit politico-religieux. On peut dire que c’est dans l’adversité de la guerre et la vie dans les tranchées que s’opère la nécessaire réconciliation entre les deux courants cléricaux et laïques. Après les épreuves de la Grande guerre et la Victoire, le pape Benoît XV canonise Jeanne d’Arc en 1920. Dans tout le pays, un consentement unanime et patriotique galvanise l’opinion autour de cette canonisation.

En 1922 : Le plus farouche des opposants « Mgr TOUCHET est promu cardinal ».

En 1924 : La paix enfin retrouvée : Le pape Pie XI accepte les associations cultuelles sous le nom de diocésaines, et « le cardinal d’Orléans, principal opposant à la loi fait de même ».

Epilogue : Vécue dans l’instant comme une rupture par deux minorités, cléricale et laïciste, la séparation apparaît assez rapidement à la majeure partie de l’opinion comme l’œuvre d’apaisement souhaitée par Aristide BRIAND.

(Ref : Archives Départementales du Loiret, « Exposition sur la séparation des Eglises et de l’Etat, 2005 », rapporté dans un article de la revue du Conseil Général du Loiret).

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FIN DE LA 1° PARTIE

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