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Séquences La revue de cinéma

Gonzo : The Life and Work of Dr. Hunter S. Thompson, États-Unis 2008, 120 minutes Olivier Bourque

Number 258, January–February 2009

URI: https://id.erudit.org/iderudit/44996ac

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Publisher(s) La revue Séquences Inc.

ISSN 0037-2412 (print) 1923-5100 (digital)

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Cite this review Bourque, O. (2009). Review of [Gonzo : The Life and Work of Dr. Hunter S. Thompson, États-Unis 2008, 120 minutes]. Séquences, (258), 22–22.

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Annie Leibovitz: Gonzo : The Life and Work Life Through a Lens of Dr. Hunter S. Thompson ans le parc du château de Versailles, une grande femme xx I e crois que son histoire est tragique. Car d'un côté il était Dblonde dirige les opérations et prend des clichés des J aimant et généreux. Et de l'autre, il était absolument cruel. » acteurs jouant leurs personnages pour Marie-Antoinette Voilà comment la première femme de l'écrivain et journaliste de Sofia Coppola en vue d'une publication de plusieurs pages Hunter S. Thompson le décrit dès les premières minutes du dans un magazine. Cette photographe est Annie Leibovitz film Gonzo. Un documentaire choc dans l'univers délirant de filmée par sa sœur Barbara pour un épisode de la série celui qui a popularisé cette pratique journalistique en totale American Masters de la télévision publique américaine PBS liberté et dans lequel le reporter se met en scène en évoquant présenté en 2006 sur ce réseau. Cette série propose des ses impressions, ses émotions. portraits le plus souvent assez flatteurs d'artistes au travail, Le jeune journaliste trouva notamment son style en retapant artistes qui sont reconnus au moins pour un certain temps The Great Gatàby pour en connaître la sonorité, la structure. comme des maîtres dans leur domaine. Mais au lieu de copier l'œuvre du grand Fitzgerald, Thompson La réalisatrice emploie des a vite fait la rencontre de ses démons, préférant l'Amérique photos et films super 8 brute, celle de la rue et des chemins poussiéreux, en rupture ainsi que des témoignages avec les littéraires de son époque. d'autres membres de sa Dès sa première œuvre, famille pour montrer COLLECTOR S EûH ION Thompson frappe un grand comment les voyages de coup. En 1966, il publie Hell's cette fille de militaire Angels, une incursion d'une américain ont formé l'œil année complète dans le cercle de cette photographe qui très fermé des célèbres motards. voyait le monde à travers En ressort, un livre icono­ le cadre de la fenêtre d'une claste où ses grands thèmes auto. Dans la vingtaine, sont déjà présents : l'expé­ Annie devient photographe rimentation des drogues, la pour le nouveau magazine violence, le sexe, l'envers du de la contre-culture Rolling rêve américain. Suivent de mul­ Stone. Elle y montre un tiples événements qui marquent talent certain de reportage, autant Thompson que la société réussissant à s'immiscer H~--~ américaine. Ainsi, il fait partie dans les groupes de de la foule agressée par les musiciens et autres artistes pour produire des portraits qui policiers à la convention des démocrates de 1968. Déjà, feront sa gloire et celle de son magazine. quelques mois auparavant, il voit «son candidat», Bobby La plupart des commentaires des personnes interviewées Kennedy, être assassiné à Los Angeles. Son cynisme grandit sont laudatifs et le film montre assez longtemps certaines à l'égard du pouvoir et contribuera à construire son œuvre. photos, mais la part réservée à la critique n'est laissée qu'à Gonzo n'épargne pas les détails sur l'écrivain : sa passion une seule spécialiste. La relation amoureuse avec Susan pour les armes à feu, son travail comme reporter au Rolling Sontag est rapidement décrite et les problèmes de drogue Stoneà, sa retraite hallucinée et controversée à Aspen où il sont survolés. La venue d'Annie Leibovitz à Vanity Fair et à s'est présenté en vain pour devenir shérif du comté, sa Vogue avec ses photos plus préparées, plus construites est rencontre avec Oscar Zêta Acosta, qui va inspirer un de ses narrée avec beaucoup plus d'exemples et d'extraits de mise récits mythiques, Las Vegaà Parano, récit labyrinthique teinté en place mais, encore là, la réalisatrice ne fait qu'esquisser de LSD, son reportage lors des primaires démocrates de 1972, la critique du statut de la célébrité dans ce monde contem­ où il était clairement pro-George McGovern, sa haine pour porain où tout un chacun peut devenir célèbre pour peu de Richard Nixon, sa dépendance aux drogues, sa déchéance... temps et souvent pour de bizarres raisons. Les réflexions de Susan Sontag sur la photographie auraient pu dans ce con­ Au final de ce film passionnant comme une plongée dans texte être employées utilement. Le lien familial trop fort l'histoire américaine, une impression forte: Thompson, tout entre le sujet et la réalisatrice semble donc avoir escamoté autant que Godard, a compris son époque, l'a exprimé en collage certaines pistes et le spectateur reste sur sa faim après avoir d'images fortes appuyé par un génie qui donne le vertige. admiré plusieurs des œuvres de l'artiste. EXTRAS : Le making of du documentaire, incluant des EXTRAS : Près d'une heure de témoignages supplémentaires. scènes supprimées et des extraits audio. OLIVIER BOURQUE Luc CHAPUT • États-Unis 2008, 120 minutes - Réal.: - Scén.: Alex Gibney, • États-Unis 2007, 83 minutes — Réal.: Barbara Leibovitz — Scén.: d'après les écrits de Hunter S. Thompson - Avec: Alex Gibney, Jason Kliot, Barbara Leibovitz — Avec: Annie Leibovitz, Jann Wenner, , Demi Eva Orner, Joana Vicente, Ralph Steadman, Jann Wenner.Graydon Carter, Moore, Yoko Ono, Mikhail Baryshnikov — Dist.: Métropole. Alison Ellwood - Dist: Métropole.

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