De Darwin À Lamarck Kropotkine Biologiste (1910-1919)
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De Darwin à Lamarck Kropotkine biologiste (1910-1919) Pierre Kropotkine Renaud Garcia (éd.) Traducteur : Renaud Garcia DOI : 10.4000/books.enseditions.5114 Éditeur : ENS Éditions Lieu d'édition : Lyon Année d'édition : 2015 Date de mise en ligne : 9 novembre 2015 Collection : La croisée des chemins ISBN électronique : 9782847886887 http://books.openedition.org Édition imprimée Nombre de pages : 236 Référence électronique KROPOTKINE, Pierre. De Darwin à Lamarck : Kropotkine biologiste (1910-1919). Nouvelle édition [en ligne]. Lyon : ENS Éditions, 2015 (généré le 10 décembre 2020). Disponible sur Internet : <http:// books.openedition.org/enseditions/5114>. ISBN : 9782847886887. DOI : https://doi.org/10.4000/ books.enseditions.5114. Ce document a été généré automatiquement le 10 décembre 2020. © ENS Éditions, 2015 Conditions d’utilisation : http://www.openedition.org/6540 1 Avec L’entraide. Un facteur de l’évolution (1902), le scientifique darwinien et théoricien anarchiste Pierre Kropotkine a essayé d’établir que l’entraide était un facteur de l’évolution autant sinon plus important que la compétition. L’évolution ne pouvait se résumer à la survie des plus aptes dans un cadre malthusien. Mais s’il existe dans la nature une entraide intra-spécifique, qu’en est-il des rapports inter- spécifiques, et entre les organismes en général et le milieu ? Dans une série de sept articles pour la revue scientifique The Nineteenth Century and After, publiés entre 1910-1919, Kropotkine a essayé de répondre à ces questions en s’appuyant sur les expériences et théories lamarckiennes disponibles à l’époque. Il en ressort une vision de l’évolution dans laquelle la sélection naturelle ne joue plus qu’un rôle secondaire, et où l’influence du milieu sur la structure, le développement et la conduite collective des organismes vivants s’avère décisive, conformément aux thèses de Jean-Baptiste Lamarck. Publiés avant que les modèles issus de la génétique ne soient incorporés au darwinisme, ces articles incarnent un moment charnière de l’histoire des sciences, celui de la formation fragile d’une synthèse lamarcko-darwinienne. Ils permettent par ailleurs de mieux comprendre, dans la pensée de Kropotkine, comment la nature échappe décidément à tout fonctionnement malthusien et comment l’entraide dans la nature trouve son prolongement dans l’histoire humaine. En ce sens, ces articles jamais traduits jusqu’ici constituent un chaînon manquant entre le chapitre initial de l’entraide sur les animaux et le second chapitre, dédié aux institutions des peuples primitifs. When he wrote Mutual Aid. A Factor of Evolution (1902), darwinist scientist and anarchist thinker Peter Kropotkin endeavoured to demonstrate that mutual aid is by no means a less significant factor of evolution than competition - and actually may be the most significant. As a result, evolution couldn’t be reduced to the survival of the fittest in a malthusian setting. Nevertheless, if there is intraspecific mutual aid, what about interspecific mutual aid, as well as broad relations between organisms and their environment ? Kropotkin addressed those issues in a series of seven articles published between 1910 and 1919 in Nineteenth Century and After. He relied on a wide range of material, mostly Lamarckian, available at the time. The outlook on evolution shaped thereby is one in which natural selection is confined to an ancillary role, whereas the direct influence of environment on organisms’ structure, development et collective behaviour proves crucial, as french zoologist Jean-Baptiste Lamarck had showed. Those articles were published before the building of genetics patterns into Darwinism. As such, they stand at a turning point in the history of science, designing a shaky lamarcko-darwinian synthesis. Besides, they grant us a better understanding of Kropotkin’s thought, in view of the way nature definitely proceeds according to non-malthusian rules, and in view of the way natural mutual aid extends itself in human history. This is the reason why those previously untranslated articles make up a missing link between Mutual Aid first chapter on animals and chapter two, dealing with « savages ». 2 SOMMAIRE Présentation Renaud Garcia Un complément indispensable de L’entraide Les articles : une polémique anti-weismannienne Points critiques Perspectives Note sur la traduction La théorie de l’évolution et l’entraide I II III IV L’action directe du milieu sur les plantes I II III IV V La réponse des animaux à leur milieu I II III IV V VI L’hérédité des caractères acquis. Difficultés théoriques I II III IV V VI VII La variation héritée chez les plantes I II III IV V VI La variation héritée chez les animaux I II III IV V VI 3 L’action directe du milieu et l’évolution I II III IV V VI VII VIII 4 NOTE DE L’ÉDITEUR Articles réunis, traduits et présentés par Renaud Garcia. Ce volume de traductions complète l'ouvrage de Renaud Garcia La nature de l'entraide. Pierre Kropotkine et les fondements biologiques de l'anarchisme également disponible sur OpenEdition Books. 5 Présentation Renaud Garcia 1 Il est proposé au lecteur sept articles de biologie écrits entre 1910 et 1919 par le géographe, naturaliste et théoricien de l’anarchisme Pierre Kropotkine (1842-1921). Ces sept articles furent publiés dans les colonnes de la revue Nineteenth Century (rebaptisée The Nineteenth Century and After après 1900), où Kropotkine avait régulièrement écrit depuis les années 1890, qu’il s’agisse d’articles formant les matériaux de ce qui allait devenir L’entraide, son ouvrage majeur publié en 1902, ou de comptes rendus des avancées scientifiques du moment et des ouvrages importants en biologie, géologie, physique ou chimie, sous le titre « Recent science ». Ces articles se sont enchaînés comme suit : à un article inaugural, de janvier 1910, sur « La théorie de l’évolution et l’entraide », ont succédé en juillet puis novembre et décembre de la même année deux articles, intitulés « L’action directe du milieu sur les plantes » et « La réponse des animaux à leur milieu ». Un article central parut en mars 1912 sous le titre « L’hérédité des caractères acquis : difficultés théoriques ». Deux textes connexes, « La variation héritée chez les plantes » et « La variation héritée chez les animaux » parurent respectivement en octobre 1914 et novembre 1915. Enfin, l’article « L’action directe du milieu et l’évolution » conclut la série en janvier 1919. 2 Comme leurs titres suffisent à l’indiquer, ces contributions prennent position dans un brûlant débat darwinien, à la charnière des XIXe et XX e siècles, concernant plusieurs points : la question de l’hérédité des caractères acquis, le statut de la variation chez les végétaux et les animaux, et enfin le rôle évolutionnaire de la sélection naturelle. Ce débat opposait plusieurs « camps » scientifiques parfois irréconciliables : on trouvait d’un côté des darwiniens « purs », partisans de la sélection naturelle qui minoraient l’action motrice du milieu pour l’évolution, soulignée – parmi bien d’autres aspects cependant – par Jean-Baptiste de Lamarck (1744-1829) dans sa Philosophie zoologique, cinquante ans avant Darwin. Ils annonçaient les développements futurs de la génétique. Face à eux se dressait l’école « néo-lamarckienne », dont les contours ne sont pas aisés à retranscrire. Telle qu’elle apparaît dans les articles de Kropotkine, on peut s’entendre sur le fait qu’au-delà d’un retour à Lamarck, elle cherchait à concilier son transformisme avec une téléologie de la nature incorporant une perspective sinon explicitement religieuse, du moins 6 spiritualiste. Or, entre ces deux camps se trouvaient tous ceux qui cherchaient à retravailler le modèle évolutionniste darwinien de L’origine des espèces en incluant les facteurs lamarckiens dans la transformation des espèces, et cela sans quitter le terrain matérialiste défriché par Darwin, mais déjà, à bien y regarder, par Lamarck lui-même. Kropotkine faisait partie de ces savants-là, et les articles qu’il écrivit entre 1910 et 1919 rapportent du dedans les relations conflictuelles entre ces trois courants évolutionnistes. 3 La traduction de ces articles s’inscrit dans un processus de réédition de textes de Kropotkine, initié par plusieurs maisons d’édition indépendantes1, afin de mieux faire connaître la pensée de ce polymathe, à la croisée de plusieurs disciplines, dont la pensée scientifique a nourri largement l’engagement politique. On y découvrira cependant un Kropotkine savant, facette moins immédiatement connue que celle du théoricien du communisme-anarchiste. Or, du point de vue d’une lecture interne – pour commencer – ces articles sont cruciaux en ce qu’ils s’inscrivent pleinement dans ce que l’on peut bien appeler le système anarchiste de Kropotkine, en permettant d’en mieux saisir les articulations. Un complément indispensable de L’entraide 4 Lorsque l’on avance à propos de l’œuvre de Kropotkine l’expression, en apparence outrée, de système anarchiste, il convient de rappeler ce qu’il en disait lui-même dans La science moderne et l’anarchie (1901) : L’anarchie est une conception de l’univers, basée sur une interprétation mécanique des phénomènes, qui embrasse toute la nature, y compris la vie des sociétés. Sa méthode est celle des sciences naturelles ; et par cette méthode, toute conclusion scientifique doit être vérifiée. Sa tendance, c’est de fonder une philosophie synthétique qui comprendrait tous les faits de la Nature – y compris la vie des sociétés humaines et leurs problèmes économiques, politiques et moraux.2 5 On se trouve donc face à une philosophie continuiste. Le terme de naturalisme lui conviendrait tout à fait, exprimant l’idée que la nature humaine n’est qu’un développement de la nature extérieure, ayant hérité par l’évolution d’un ensemble de potentialités qui trouvent à s’exprimer dans divers contextes institutionnels. Or, pour Kropotkine, le legs de l’évolution est d’abord coopératif, quoi qu’aient pu en dire les défenseurs zélés de la concurrence à tout crin sur le marché libéral, ou les apôtres de la violence étatique cherchant à juguler le chaos des forces humaines.