LA VERSION COMPLETE DE VOTRE GUIDE NEW YORK 2014 en numérique ou en papier en 3 clics

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Disponible sur EDITION Directeurs de collection et auteurs : Dominique AUZIAS et Jean Paul LABOURDETTE Welcome Auteurs : Gaétan MATHIEU, Charlotte PAVARD, Clémentine GALLOT, Jean-Paul LABOURDETTE, Dominique AUZIAS et alter Directeur Editorial : Stéphan SZEREMETA to New York ! Rédaction France : François TOURNIE, Jeff BUCHE, Grégoire DECONIHOUT, Perrine GALAZKA Rédaction Monde : Patrick MARINGE, Caroline MICHELOT, Morgane VESLIN, Julien BERNARD, A peine les portes de l’aéroport John Fitzgerald Kennedy Pierre-Yves SOUCHET passées, la magie opère. Les taxis jaunes se succèdent FABRICATION dans un capharnaüm réjouissant. Un rapide geste de la Responsable Studio : Sophie LECHERTIER main, aperçu des dizaines de fois dans les films de Woody assistée de Romain AUDREN Maquette et Montage : Julie BORDES, Élodie Allen ou dans Sex and the City, et un chauffeur s’arrête. CLAVIER, Sandrine MECKING, Delphine PAGANO, Prochain arrêt, New York. Assis sur la banquette arrière, Laurie PILLOIS on aperçoit au loin et sa skyline. Toutes les Iconographie et Cartographie : Robin BEDDAR images connues de la ville se mélangent. On a l’impres- WEB ET NUMERIQUE sion de déjà connaître New York. On se trompe. Times Directeur technique : Lionel CAZAUMAYOU Chef de projet et développeurs : Jean-Marc Square, l’Empire State Building, la statue de la Liberté, REYMUND assisté de Florian FAZER, Anthony le pont de Brooklyn étonnent encore et toujours. Et ces GUYOT, Cédric MAILLOUX, Christophe PERREAU lieux mémorables ne sont que la partie visible d’une Animatrice Web : Caroline LOLLIEROU ville aux mille facettes. New York, c’est aussi les rues DIRECTION COMMERCIALE étroites de , l’animation et les odeurs Directeur commercial et web : Olivier AZPIROZ Responsable Régies locales : de Bleecker Street, les maisons victoriennes de Ditmas Michel GRANSEIGNE Park, les cafés de Williamsburg, les boutiques de la Adjoint : Victor CORREIA Cinquième avenue... New York fait partie de ces villes où Relation Clientèle : Nathalie GONCALVES et Vimla MEETTOO se perdre est un régal. On découvre alors, au coin d’une REGIE NATIONALE : rue, un jardin caché, des enfants qui jouent avec l’eau Responsable Régie Nationale : Aurélien d’une borne d’incendie, un match de basket de rue, un MILTENBERGER assisté de Sandra RUFFIEUX quartet reprenant a cappella Michael Jackson... Et l’on Chefs de Publicité : Caroline AUBRY, Perrine DE CARNE MARCEIN, Caroline GENTELET, Sacha apprend à connaître les autochtones. Ils sont américains, GOURAND, Alexandra GUILLAUME, Stéphanie mexicains, chinois, portoricains, philippins, italiens, mais MORRIS, Caroline PREAU, Virginie SMADJA avant tout New-Yorkais. Et ils aiment qu’on découvre leur REGIE INTERNATIONALE : ville. Ils vous diront que New York leur donne l’envie de Directrice : Karine VIROT assistée de Elise CADIOU se surpasser, la volonté de rencontrer sans cesse de Chefs de Publicité : Romain COLLYER, Camille ESMIEU, Guillaume LABOUREUR nouvelles personnes. Ville-monde où le melting-pot est une règle d’or, New York rassemble plus de 8 millions DIFFUSION ET PROMOTION Directeur des Ventes : Bénédicte MOULET d’âmes vivant à un rythme effréné. S’immiscer dans le assisté d’Aissatou DIOP et Alicia FILANKEMBO quotidien d’un New-Yorkais pour plusieurs jours n’est pas Responsable des ventes : Jean-Pierre GHEZ de tout repos. Là où le Financial District, le quartier des Relations Presse-Partenariats : Jean-Mary MARCHAL affaires, se vide après 18h, le Lower East Side, quartier ADMINISTRATION aux immigrations multiples, n’est jamais aussi peuplé qu’à Président : Jean-Paul LABOURDETTE 1h du matin. Il n’y qu’à voir les diners, qui proposent les Directeur Administratif et Financier : plats américains les plus classiques, faire salle comble Gérard BRODIN minuit passé. Avec ses cinq boroughs, tous différents Directrice des Ressources Humaines : Dina BOURDEAU assistée de Léa BENARD, les uns des autres, New York ne décevra personne. S’il Sandra MORAIS est impossible de dompter la ville, ce guide va essayer Responsable informatique : Pascal LE GOFF de rendre compte du New York d’aujourd’hui et de vous Responsable Comptabilité : Nicolas FESQUET assisté de Jeannine DEMIRDJIAN, Oumy DIOUF, aider à profiter au mieux du spectacle quotidien qui sera Christelle MANEBARD sous vos yeux, forcément ébahis. Recouvrement : Fabien BONNAN assisté de Sandra BRIJLALL L’équipe de rédaction Standard : Jehanne AOUMEUR REMERCIEMENTS. Aux deux Nicole, à Daniel et Lilian. LE PETIT FUTE NEW YORK 2014-2015„ „ 16e édition „ Petit Futé a été fondé par Dominique AUZIAS. Il est édité par Les Nouvelles Editions de l’Université 18, rue des Volontaires - 75015 Paris. & 01 53 69 70 00 - Fax : 01 42 73 15 24 Internet : www.petitfute.com SAS au capital de 1 000 000 € - RC PARIS B 309 769 966 Couverture : © Lisa-Blue Impression : Imprimerie de Champagne – 52200 Langres Dépôt légal : février 2014 ISBN : 9782746970380

Pour nous contacter par email, indiquez le nom de famille en minuscule suivi de @petitfute.com Pour le courrier des lecteurs : [email protected] Sommaire

„„ Cinéma ...... 63 INVITATION Littérature ...... 65 AU VOYAGE „ Médias ...... 66 Les plus de New York ...... 9 Musique ...... 69 Fiche technique ...... 11 Peinture et arts graphiques ...... 71 Idées de séjour ...... 14 Festivités ...... 74 Janvier ...... 74 Février ...... 74 „„DÉCOUVERTE „ Mars ...... 74 New York en 30 mots-clés ...... 20 Mai ...... 74 Survol de New York ...... 29 Juin ...... 75 Juillet ...... 75 Géographie ...... 29 Août ...... 76 Climat ...... 30 Septembre ...... 76 Environnement – écologie ...... 32 Octobre ...... 76 Histoire ...... 34 Novembre ...... 77 Politique et économie ...... 52 Décembre ...... 77 Politique ...... 52 Cuisine new-yorkaise ...... 78 Économie ...... 53 Produits caractéristiques ...... 78 Principales ressources ...... 53 Habitudes alimentaires ...... 79 Place du tourisme ...... 54 Jeux, loisirs et sports ...... 82 Population et langues ...... 55 Enfants du pays ...... 84 Mode de vie ...... 56 Vie sociale ...... 56 Mœurs et faits de société ...... 58 „„MANHATTAN „ Religion ...... 60 Quartiers ...... 90 Arts et culture ...... 61 Se déplacer ...... 120 Architecture ...... 61 Pratique ...... 131 © AUTHOR’S IMAGE

Cour italienne du Metropolitan Museum of Art (Upper East Side). AUTHOR’S IMAGE ©

Les nombreuses enseignes de Chinatown.

Se loger ...... 134 Se restaurer ...... 159 „„ORGANISER Sortir ...... 193 SON SÉJOUR „ À voir – À faire ...... 224 Pense futé ...... 350 Balades ...... 271 Argent ...... 350 Shopping ...... 277 Bagages ...... 352 Sports – Détente – Loisirs ...... 300 Décalage horaire ...... 353 Gay et lesbien ...... 304 Électricité, poids et mesures ...... 353 Formalités, visa et douanes ...... 354 Horaires d’ouverture ...... 356 „„LES AUTRES Internet ...... 356 BOROUGHS „ Jours fériés ...... 356 Langues parlées ...... 357 Brooklyn ...... 308 Poste ...... 358 Quartiers ...... 311 Quand partir ? ...... 358 Williamsburg ...... 311 Santé ...... 359 Prospect Park Slope ...... 314 Sécurité et accessibilité ...... 360 Se déplacer ...... 315 Téléphone ...... 362 Pratique ...... 315 S’informer ...... 364 Se loger ...... 316 À voir – À lire ...... 364 Se restaurer ...... 317 Avant son départ ...... 365 Sortir ...... 326 Sur place ...... 366 À voir – À faire ...... 328 Magazines et émissions ...... 366 Balades ...... 332 Comment partir ? ...... 367 Shopping ...... 333 Partir en voyage organisé ...... 367 Sports – Détente – Loisirs ...... 335 Partir seul ...... 373 Queens ...... 336 Séjourner ...... 377 The Bronx ...... 342 Rester ...... 379 Staten Island ...... 346 Index ...... 381

INVITATION AU VOYAGE

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- - qu’ils avaient avaient qu’ils grungy

South Street Seaport (Financial District). South Street Seaport (Financial

Les plus vite. soit Quelle qu’en votre connaissance, New demeure York à découvrir et représente une des expériencesurbaines ultimesaux Etats-Unis. Ceux qui ontvisité New dans York les années 1980-90 seront peut-être déçus de ne plus retrouver le New York laissé. Certes la enrichie, ville s’est les artistes etles marginaux ont été poussés en-dehors de la ville, mais New reste York une métropole des d’attirer continue qui multi-culturelle jeunes pleins de rêves du monde Des entier. nouveaux arrivant qui font de New une York ville dynamique. Et en lisant ce guide, vous vousrendez compte que la Grosse Pomme encorea beaucoup offrirà de jour comme de nuit. à Prospect Park le verdoyant. Le Queens faitla part belle aux quartiers ethniques noirs-améri (coréens,jamaïquains, chinois, etc.) italiens, mexicains, dominicains, cains, et le Bronx, surprenant et attachant, s’affran chit peu à peu de sa mauvaise réputation. Quant Staten à Island, elle a legoût de la province. Aucune ville ne propose autant de diversité et ne se métamorphose aussi

block business de New York

dans De l’ensemble. Williamsburg le branché York. Vous serez surpris par les ambiances variées qui se dégagent de ses nombreux quartiers, Manhattan résidentiels plus qu’à dense. Et la visite Brooklyn la de Et dense. aidera vous à approfondir votre connaissance de New possibles, immense et extraordinairement L’Upper EastL’Upper Side est sélect, l’Upper West Side chic et gourmand, Harlem authentique eten mutation. New est York un champdes Chelsea festif. Midtown est démesuré et Times Square féerique,du genre babylonien. 1980.Greenwich Village est bohème, libre et contestataire, SoHo chic, TriBeCa branché, rock’n’roll, fidèle au New des York années exotiques, Little Italy conserve les saveurs italo-américaines conformes aux clichés du cinéma. Il se dégage de l’East Village et du Lower East Side une atmosphère plutôt forcené, Chinatown regorge senteurs de à l’autre, on traverse plus rue, qu’une on Le Financial District d’univers. change oscille entre pittoresque et Manhattan visages. Chaque quartier mille a d’un et, propre identité son détient L’ultime expérienceL’ultime urbaine 10 LES PLUS DE NEW YORK

La capitale mondiale Quand mégalopole rime de la culture avec qualité de la vie Petits ou grands, qu’ils soient consacrés à A New York, la qualité de l’environnement est l’art classique, contemporain ou abstrait, bonne. Cette ville portuaire, une île sur l’Atlan- au design, au Moyen Age, à l’histoire de la tique, compose avec un climat souvent rude, communauté juive ou ukrainienne, plus de mais sain (continental). L’hiver est la plupart du cent cinquante musées sont à découvrir à temps sec et ensoleillé, ponctué de tempêtes de New York. Le Met est le plus grand musée neige impressionnantes. L’été, il fait très chaud d’Occident, et le Museum of Natural History et humide. Mais, en toute saison, la lumière, le plus grand du monde dans son genre (et vive, claire et motivante, irradie généreusement le mieux fourni), le nom du MoMA a fait la ville. L’air y est bon, même dans des zones le tour du monde, tout comme l’architec- fortement urbanisées, grâce, notamment, à ture du Guggenheim. La Frick Collection est l’aération de ses axes et à la présence de un trésor avec ses chefs-d’œuvre de tous nombreux parcs. Central Park, bien sûr, mais les artistes majeurs du XIVe au XIXe siècle, aussi Battery Park, Riverside Park, Highbridge collectionnés avec dévotion par Henry Clay Park, la High Line et les innombrables petites Frick. Autant de lieux où les collections et oasis de verdure (les fameux West Pocket les expositions sont synonymes d’excel- Parks), plantées dans la jungle urbaine. A lence. De quoi satisfaire les visiteurs les Brooklyn s’érige le bucolique Prospect Park, plus exigeants et les plus férus de culture. Le dans le Queens, l’immense Flushing Meadows- spectacle vivant n’est pas en reste : chaque Corona Park. Dans le Bronx, pas moins d’un soir un opéra, un concert de jazz, de rock, quart de la surface est occupé par des parcs, de hip-hop, de musique brésilienne ou une dont le magnifique Bronx Zoo. Et qui dit océan, représentation d’orchestre philharmonique dit plage. Il y en a un certain nombre dans les a lieu dans une des nombreuses salles de environs de New York, mais aussi non loin du spectacle de la ville. Pas de doute, New York cœur de la ville. La cohabitation de la nature est une terre bénie pour les sens et les cellules avec un urbanisme très avancé est un des grises. secrets de l’équilibre de New York. Et du plaisir qu’on a à y séjourner ou à y vivre… Une vie nocturne sans équivalent Un voyage à travers New York, the city that never sleeps (la ville les cuisines du monde qui ne dort jamais), est sans conteste une des Plus de dix mille restaurants régalent le palais villes au monde où la vie nocturne offre le plus des New-Yorkais. Que manger une fois arrivé de possibilités. Si vous aimez sortir, boire un dans les tentacules de la Big Apple ? De verre ou danser toute la nuit, New York est the tout ! Il y a bien sûr la cuisine américaine, place to be. D’autant que le métro fonctionne sous toutes ses formes et ses influences : 24h/24. Les bars rivalisent de décorations les Deli’s avec leur cortège de plats et de originales, de cocktails et de concepts pour sandwichs d’inspiration italienne ou juive attirer un chaland bien sollicité. Les clubs d’Europe de l’Est, les barbecues, les cajuns, aux dimensions souvent hors normes ont les tex-mex ou la soul food afro-américaine. des sonos parmi les plus performantes et La cuisine asiatique y est également à des soirées parmi les plus folles au monde. l’honneur. Les restaurants chinois, japonais, Y défilent en permanence les meilleurs DJ coréens, thaïs et indiens figurent parmi les de la planète (normal, beaucoup y résident). plus nombreux. Les saveurs européennes ne Les New-Yorkais écoutent leurs envies, sans manquent pas : les bistrots français et les crainte du jugement d’autrui. Sortir, au sens trattorias italiennes marchent fort. Si vous large, constitue une véritable culture pour eux, voulez manger espagnol, polonais, russe, qui n’est pas réservée aux seuls 16-35 ans irlandais ou ukrainien, c’est aussi possible ! et pas limitée aux vendredis et samedis soir. Les restaurants cubains et portoricains sont, Dans une ville qui regorge de célibataires, on eux aussi, nombreux, et vous pourrez même sort souvent pour se rencontrer et croquer vous initier à la cuisine éthiopienne, goûteuse la vie à pleines dents. Un grand souffle de et originale. N’hésitez pas à faire un régime liberté se propage dans la ville à la tombée avant de partir, car New York sera un régal de la nuit. New York est bel et bien le paradis pour les gourmets et les gourmands, les des couche-tard ! gastronomes et les aventureux.

Idées de séjour

New York est une des capitales mondiales du joyau Art déco, et marchez jusqu’au siège des tourisme, son immensité géographique et la Nations unies, impressionnante ville dans la diversité de ses centres d’intérêt offrent une ville et Etat dans l’Etat (et le seul endroit où infinité de possibilités. Paradoxalement, elles vous pouvez acheter le fameux timbre de peuvent déconcerter le visiteur cherchant à l’ONU). Promenez-vous dans Tudor City, à savoir par où commencer et comment les sélec- quelques blocks en face de l’ONU, où vous tionner. Nous vous proposons ici des pistes, à admirerez les beaux immeubles et profiterez adapter selon votre temps et vos envies. Deux de l’atmosphère paisible qui y règne. Revenez conseils pour bien profiter de votre séjour : vous sur la 5th Avenue par la 46th Street et montez lever tôt (même si vous pouvez vous coucher vers la majestueuse St Patrick Cathedral et le tard !) et bien préparer vos journées de visite, Rockefeller Center. A découvrir : ses Channel pour rayonner dans un quartier ou une zone et Gardens, sa statue de Prométhée et sa Lower éviter de multiplier les va-et-vient. Plaza, où sont installés, en hiver, un arbre de Noël géant et une imposante patinoire. Et si Séjour court : vous n’êtes pas monté au sommet de l’Empire un week-end à New York State, essayez le sommet du Rockefeller, le Deux jours pour parcourir New York, c’est bien Top of The Rock, moins bondé. De là, un peu, mais vous aurez au moins une idée de ce détour s’impose pour une visite du MoMA. que c’est que de croquer la Grosse Pomme ! w Jour 2. Direction Downtown pour un passage w Jour 1. Pour vous immerger dans New à Ground Zero, le site où se dressaient les Twin York au plus vite, commencez votre journée Towers. Vous pourrez apprécier l’immense sur Union Square. Cette immense place est chantier en cours autour de la tour 1 du World à l’image de la ville : bruyante, excitante et Trade Center, le gratte-ciel le plus haut de la éclectique. Des danseurs de hip-hop, des ville. Faites un saut au City Hall et au pied joueurs d’échecs, des caricaturistes, des du Woolworth Building. Traverser le pont de groupes de musique et un marché bio se Brooklyn dans les deux sens pour la magnifique côtoient dans un joyeux capharnaüm. A partir vue sur le sud de la ville. Une fois revenu à d’Union Square, sur la 14e rue, remontez Manhattan, descendez le long de Broadway Broadway jusqu’à la 44e rue. Vous croiserez jusqu’à Battery Park. Vous croiserez en route, le Flatiron Building et Washington Square Park pour un coup d’œil ou une visite, Wall Street sur la 23e rue, le quartier coréen Korea Town avec le New York Stock Exchange et le Federal et Greeley Square sur la 32e rue. Arrêtez-vous Hall, le Museum of the American Indian sur à Macy’s, le plus grand centre commercial au Bowling Green ou le Museum of Jewish Heritage monde, et au Manhattan Mall sur la 34e rue de Battery Park. De là, embarquez sur le ferry pour acheter des jeans Levi’s par chers à JC pour la statue de la Liberté et Ellis Island, petite Penney. Continuez sur Broadway jusqu’à Times île par laquelle ont transité (venant du monde Square sur la 44e rue. Déambuler sur entier), les aïeux d’un quart de la population Broadway est aussi le meilleur moyen de américaine. Au retour, faites une balade par le découvrir la verticalité de la ville. Depuis South Street Seaport, le long et autour de Fulton Union Square, la hauteur des immeubles est Street et du Fish Market, un des plus vieux progressive jusqu’à Times Square. Après avoir quartiers de New York et haut lieu de la mafia. pris des photos des immenses publicités, Dîner à Chinatown et sortie dans un lounge chic direction l’Empire State Building, pour une SoHo, un wine bar de Greenwich Village ou une des vues les plus incroyables au monde. Puis boite de nuit branchée du Meatpacking District. remontez la 5th Avenue jusqu’à la New York Public Library, reconnaissable à ses deux Séjour long : lions de pierre devant l’entrée. Adjacent à une semaine à New York la bibliothèque, Bryant Park, toujours très w animé été comme hiver. Bifurquez à droite Jours 1 et 2. Suivez l’itinéraire du week- vers Grand Central, chef-d’œuvre du style end ci-dessus. Beaux-Arts. Continuez vers l’est, le long de w Jour 3. Culture et nature. Quoi de mieux, la 42nd Street. Admirez le Chrysler Building, pour commencer sa journée, qu’une longue IDÉES DE SÉJOUR 15 balade à Central Park, le poumon de New w Jour 6. Brooklyn. La diversité de cette York ? Vous pourrez même y louer une banlieue de Manhattan mérite qu’on y passe bicyclette pour en faire le tour (cela ne vous la journée. L’ambiance y est différente, plus demanderait pas loin d’une journée entière calme et plus reposante. Traversez de bon pour le faire à pied). Arrêtez-vous sur la grande matin l’emblématique Brooklyn Bridge. pelouse du parc, à hauteur de la 86e rue Vous allez tomber sur un quartier bohème pour regarder un match amateur de baseball. peuplé d’artistes : DUMBO (Down Under Ensuite, direction le Museum Mile (dans the Manhattan Bridge Overpass). Visite du l’Upper East Side), où près d’une quinzaine Brooklyn Museum of Art, dont l’esplanade, de superbes musées se succèdent le long du récemment rénovée et résolument moderne, parc, sur 1,5 km. Le plus fameux d’entre eux, contraste avec le reste du bâtiment. A ne pas le Metropolitan Museum of Art (l’équivalent rater : la collection sur l’Egypte ancienne, une INVITATION AU VOYAGE du Louvre), est immanquable. Vous pourrez des plus belles au monde. Continuez votre arpenter des heures ses somptueuses galeries. journée par la visite de l’adjacent et ravissant Entre la Frick Collection, la Neue Galerie, le Brooklyn Botanic Garden (à admirer : un jardin Whitney ou le Guggenheim (pour ne citer que de roses d’une beauté à couper le souffle, les plus fameux), le choix ne sera pas facile, surtout au mois de juin) avant d’effectuer mais pourquoi ne pas tous les visiter, quitte à une balade dans le vieux quartier de Brooklyn revenir le lendemain ? En dessous de Central Heights (à proximité du Brooklyn Bridge), où Park se trouve l’indispensable musée d’Art les bâtiments figurent parmi les plus beaux de moderne, le MoMA. Vous pouvez tout à fait la ville. Marchez le long de la promenade qui répartir sur deux jours une visite plus poussée fait face aux buildings de Downtown et admirez du Museum Mile. Vous ne le regretterez pas. un spectaculaire coucher de soleil. Rendez- w Jour 4. Quartiers ethniques et shopping. vous à Williamsburg le soir. Baladez-vous sur Après le faste des musées et des grandes Bedford Ave pour trouver un bon restaurant zones touristiques, les balades dans l’East puis sur les rues parallèles Berry et Driggs Village et le Lower East Side permettent de pour un bar sympa. Enfin, marchez jusqu’à souffler un peu, de s’éloigner de la foule et des l’East River pour avoir une vue inoubliable de buildings et de s’imprégner de l’ambiance de Manhattan la nuit. ces quartiers. Commencez par vous restaurer w Jour 7. Greenwich Village et Chelsea. dans un des Deli’s typiques du coin, puis partez Dernière journée. Détente, balades informelles à la découverte de ce quartier multiethnique (juif dans le très attachant et intimiste quartier d’Europe de l’Est au sud du Lower East Side, de Greenwich Village. Prenez une photo polonais et ukrainien vers la 2nd Avenue, indien de l’immeuble ou étaient censés habiter sur Curry Row) et des bars du coin. Nombre de les protagonistes de la série Friends, au boutiques de fripes, de jeunes créateurs, de croisement de Grove et Bedford Ave. Détour déco et d’antiquités vous attendent. Allez plus dans le Meatpacking District, un quartier qui au sud et arpentez les quartiers de Chinatown oscille entre vétustes entrepôts de viande, (fascinant d’activité) et de NoLita, au nord de magasins branchés hors de prix, restaurants Little Italy (entre-temps suspendu et boutiques à la mode et clubs, et découverte de Chelsea élégantes). De quoi terminer son tour du monde et de ses galeries pour finir. Retour à l’hôtel en une journée d’une belle manière. et direction l’aéroport. w Jour 5. Harlem et l’Upper West Side. Montez w Si vous disposez de 10 ou 15 jours, vers Harlem et ses vieilles maisons de briques, profitez-en pour aller à Coney Island, avec promenez-vous dans ce quartier en plein sa fête foraine du fond des âges, passez renouveau autour de la 125th Street et régalez- une journée à la plage à Rockaway ou prenez vous avec de la soul food ou un gospel. Faites le ferry pour découvrir Staten Island. Vous un tour sur le campus de Columbia University, pourrez également aller dans le Bronx pour une des facultés les plus prestigieuses des visiter le fantastique zoo, ou dans le Queens Etats-Unis. Baladez-vous dans le sud de pour y visiter, entre autres musées, le PS1, l’Upper West Side entre la 80e rue et la 59e annexe du MoMA et Centre d’art contemporain rue. Arrêter-vous à Central park ouest, à qui met en valeur le visage actuel de l’art hauteur de la 72e rue. D’un côté de la rue, le contemporain américain. Des soirées Warm Dakota Hôtel, d’où sortait John Lennon avant Up prisées par les jeunes, avec des DJ à la de se faire assassiner en 1980. En face de mode, sont organisées ici certains jours de la l’hôtel, dans le parc, une plaque à sa mémoire. semaine et surtout le samedi en été. 16 IDÉES DE SÉJOUR

Séjours thématiques Mariel Hemingway annonce à Woody Allen qu’elle part étudier à Londres. Dans Crimes et Le New York de Woody Allen Délits (1989), Alda propose à Woody un job à Le cinéaste américain préféré des Français l’élégante Tavern on the Green, le restaurant est new-yorkais jusqu’au bout des ongles. le plus célèbre de Central Park, mythique Source d’inspiration inépuisable, sa ville de mais malheureusement fermé depuis 2010. prédilection plante le décor de la majorité Et la cérémonie de mariage qui clôt le film est de ses films. En témoigne le premier plan- tournée au non moins célèbre hôtel Waldorf séquence de Manhattan (1979), véritable Astoria. hommage à la beauté spectaculaire de cette w Last but not least, deux adresses fétiches ville. On retrouve les thèmes chers à Woody de Meurtres mystérieux à Manhattan (1993). La Allen dans ce film assez autobiographique : New York Public Library, lieu romantique le jazz, l’amitié, l’écriture et bien sûr, les n° 2 dans le film ! Et souvenez-vous du corps femmes… sans vie découvert à l’intérieur de l’hôtel « La célébrité m’a apporté un gros avantage : Waldron, le Chelsea Hotel dans la vraie vie. les femmes qui me disent non sont plus belles Cet hôtel célébrissime est fréquenté par les qu’autrefois ». artistes depuis toujours. Voici une liste non exhaustive d’endroits glanés « J’aimerais terminer sur un message d’espoir. au fil des scènes d’Annie Hall, de Manhattan Je n’en ai pas. En échange, est-ce que deux ou de Broadway Danny Rose qui permet, sur messages de désespoir vous iraient ? » les pas du réalisateur, de découvrir parmi les (Woody Allen). lieux les plus emblématiques de Big Apple. w A Midwood. C’est au fin fond de Brooklyn, Jazz in New York dans ce quartier juif, perdu et résidentiel, New York est la capitale mondiale du que tout commence. « Des erreurs, j’en ai jazz (et du hip-hop !). Les noms de clubs fait. D’abord, je suis né. Première erreur ! » sonnent comme autant de performances Allen Königsberg (le vrai nom de Woody Allen) légendaires et de moments clés de l’évo- y grandit. lution de cette musique. Beaucoup de ses Il fait déjà rire ses camarades de classe de la plus grands musiciens vivent à New York et Midwood High School, qui lui inspirent cette s’y produisent régulièrement, qu’il s’agisse boutade : « J’ai été expulsé du lycée pour des « historiques » ou de l’avant-garde. Le avoir triché pendant un examen de méta- passionné de jazz a de quoi avoir le tournis physique ; je lisais dans les pensées de mon et risque de passer quelques nuits blanches voisin ». A part ça, l’intérêt touristique de ce après avoir pris connaissance du programme quartier est quasiment nul, à l’exception de hebdomadaire des concerts… Amateur ou la fameuse pizzeria Di Fara à Brooklyn. M° novice, il serait dommage de quitter la Grosse Avenue J (ligne Q). Pomme sans avoir passé une soirée dans la pénombre des clubs. Nous avons sélectionné w Restons à Brooklyn. C’est à Coney Island, des établissements d’exception, qu’il s’agisse ce quartier russe connu pour sa plage et ses des incontournables ou des repères de jeunes fêtes foraines, qu’ont été tournées des scènes talents. De quoi vibrer pendant quelques de son film oscarisé Annie Hall. M° Coney bonnes soirées… Nous vous conseillons Island (ligne W). de vous renseigner sur la programmation w À Manhattan. Plusieurs restos ont été des clubs, sur les prix (variables, mais qui immortalisés par la caméra de Woody. Le vont rarement au-delà de 20 à 50 US$) et Carnegie Deli, ce deli apparaît dans Broadway les horaires des sets (variables eux aussi). Danny Rose. Dean & Deluca, des scènes Il est également possible de réserver auprès du film Maris et Femmes se passent dans des clubs. ce café de SoHo. Quant à John’s Pizzeria, Du côté des grands classiques, le Blue le cinéaste n’est pas le seul à apprécier Note et le Village Vanguard dans le West cette vieille pizzeria familiale et populaire Village sont les deux clubs de jazz les plus du Village. Al Pacino, Frank Sinatra, Harry connus au monde (ils sont aussi chers et pris Connick Jr. et Rudolph Giuliani ont compté ou d’assaut par les touristes). Les jazzmen de comptent parmi ses clients. John’s apparaît renom y ont donné certaines de leurs plus dans Manhattan, dans la scène où la jeune fameuses prestations et y ont enregistré en IDÉES DE SÉJOUR 17 live. Coltrane, Monk, Evans, Rollins… La avec Audrey Hepburn, un café à la main, en programmation de ces salles, irréprochable, train d’admirer les vitrines de la boutique. rime toujours avec grande classe. L’Iridium Tiffany & Co. n’a pas bougé depuis le tournage, figure également sur la liste des clubs dans en 1961. lesquels on peut se rendre les yeux fermés. w Harlem East, sur les traces d’un des films Le Birdland demeure magique, même s’il les plus emblématiques sur New York, West est en légère perte de vitesse. Le Jazz at Side Story. Les deux gangs rivaux, les Sharks Lincoln Center, administré par le trompet- et les Jets s’affrontent au début du film, et tiste Wynton Marsalis, met également à dans la scène finale sur la cour de récréation l’honneur, dans un cadre plus institutionnel, de l’école située sur la 110e rue, entre 1st la grande époque du jazz. Enfin, St Nick’s Avenue et 2nd Avenue. Plusieurs scènes INVITATION AU VOYAGE Pub est une adresse encore un peu cachée à ont d’ailleurs été tournées sur ce block, et Harlem et fréquentée par des habitués. Pour vous reconnaîtrez les beaux immeubles en un parcours plus avant-gardiste, direction briques avec leurs escaliers de secours. Seules la Knitting Factory, haut lieu de la contre- les voitures garées devant ont changées. culture, qui a déménagé à Brooklyn. D’autres Harlem Est est un quartier à découvrir car il clubs, plus petits, constituent des hauts lieux a, dans son ensemble, peut changé en terme de l’avant-garde : le Fat Cat, ouvert très d’architecture. tard dans la nuit, propose des jam-sessions w e intenses et enfiévrées où se mélangent talents F.A.O. Schwartz, sur la 59 rue entre Park confirmés et jeunes musiciens en passe de Ave et Madison Ave est plus qu’un magasin de se faire un nom. Autre sélection : le Smoke, jouets. C’est aussi le berceau de la célébrité où de glorieux quadragénaires et quinqua- de Tom Hanks. En 1988, le jeune acteur génaires viennent régaler le public chaque américain crève l’écran dans le film Big lors week-end. d’une fameuse scène où l’acteur joue une mélodie en sautant sur les touches d’un New York à travers ses films piano géant. Il faut le voir pour le croire. On a l’impression de connaître New York sans Le piano est toujours là et plaît toujours y avoir jamais mis les pieds. Il faut dire que autant aux enfants et aux nostalgiques la ville occupe l’actualité mais également du film. le grand écran. Depuis toujours, New York w New York Public Library, ce lieu iconique fascine les réalisateurs. Quand il ne la détruise de New York est un très présent dans de pas (Independance Day, le Jour d’Après, nombreux films où les personnages ont un Cloverfield), les réalisateurs filment la Grosse travail de recherche à faire. On retrouve la Pomme sous tous ses angles. bibliothèque dans L’Affaire Thomas Crown, w Midtown East, le 15 septembre 1954, des Spider-Man, ou Sex And the City : The centaines de photographes furent invités à se Movie. C’est aussi ici que se réfugient les rendre au coin de la 52e rue et de Lexington. Le survivants du Jour d’après, non sans brûler réalisateur de Sept ans de réflexion, s’apprêtait quelques livres pour se réchauffer. en effet à tourner une des plus célèbres scènes w TriBeCa dispose de la caserne de pompiers du cinéma : Marylin Monroe, marchant dans la plus célèbre de New York ! C’est effet les rues de New York surprise par le passage derrière les portes de la caserne du 14N. sur une bouche de métro qui soulevait sa robe Moore Street que se trouvait la Ghostbusters blanche. Le réalisateur, Billy Wilder, fit refaire FireHouse ! Qui sait, Bill Murray cache la scène plusieurs fois, provoquant la colère du peut-être encore quelques aliens dans ce petit ami de l’époque de Marylin, le joueur de lieu ! baseball Joe DiMaggio. Deux semaines plus w Times Square a été le théâtre d’une photo tard, les deux stars se séparaient. d’une star de cinéma très célèbre, symbole du w Midtown East toujours, juste au sud de New York de l’époque. Si la photo n’est pas Central Park pour marcher sur les pas d’une tirée d’un film, on y voit l’acteur James Dean autre star de la mode et du cinéma Audrey sous la pluie, habillé d’un trenchcoat, une Hepburn. C’est en effet devant le magasin cigarette à la bouche. Cette photo a été prise Tiffany & Co., au croisement de la 57e rue et en 1955 par Dennis Stock lors du tournage de la 5e Avenue que furent tournées plusieurs de La Fureur de vivre, sur la 7e Avenue entre scènes d’extérieur de Diamants sur canapés la 43e et 44e rue.

DÉCOUVERTE AUTHOR’S IMAGE Vue sur l’Hudson Vue River depuis l’Empire State Building. © New York en 30 mots-clés

Accessibilité campagne de pub. Pour les artistes new- New York mérite une médaille pour son aide yorkais, comédiens ou musiciens, jouer à New aux handicapés dans leur vie quotidienne. Les York représentait une consécration. L’un d’eux trottoirs sont abaissés à chaque intersection, a dit un jour : « Il y a beaucoup de pommes tous les bus sont équipés d’un élévateur pour dans l’arbre du succès, mais quand tu joues à fauteuil roulant, actionné par le chauffeur, New York, tu cueilles la grosse pomme » Une et disposent de places spéciales réservées. autre version nous apprend que les artistes Banques, distributeurs bancaires, toilettes, surnommaient « la pomme » la boule qui se bibliothèques, sites touristiques et même forme dans la gorge ou au niveau de l’estomac certains hôtels sont pensés pour eux, et on quand on a le trac. Pour eux, se produire leur donne partout priorité, spontanément. à New York, c’était la « grosse pomme ». Tout contribue à offrir une réelle autonomie L’origine de ce surnom vient peut-être du nom aux personnes invalides. En revanche, rares d’un night-club de Harlem dont l’enseigne sont les stations de métro accessibles aux affichait The Big Apple. Les musiciens de persons with disabilities (pour les connaître, jazz qui s’y produisaient auraient étendu référez-vous à un plan). Il en va de même ce nom à toute la ville. Autre explication : pour les non-voyants : touches des ascen- en 1971, lors d’une campagne publicitaire seurs, guichets automatiques et distribu- de promotion du tourisme à New York, le teurs bancaires sont écrites en braille. Et les terme « Big Apple » a été adopté pour définir cannes blanches, même escortées de leur la ville, et les affiches de l’époque mettaient chien (eye-seeing dog), trouvent toujours en valeur de belles pommes golden. Depuis, une bonne âme pour leur faire traverser l’expression « Big Apple » collerait à la peau la rue ou les aider dans les transports en de New York. En tout cas, elle est restée commun. dans l’esprit des New-Yorkais et est encore utilisée aujourd’hui pour promouvoir le Bagels tourisme. Le bagel, c’est la baguette du New-Yorkais ! Importé par les immigrants d’Europe de l’Est Broadway au XIXe siècle, le bagel s’achète dans les L’avenue la plus célèbre de New York s’étend delicatessen, ou épiceries (deli). Ce pain sur 21 kilomètres sur Manhattan et sur rond avec un trou au milieu se décline sous 3,2 kilomètres dans le Bronx. Il faut ajouter toutes les formes : plain (normal), sesame à cela les 29 kilomètres de l’avenue qui se (avec des graines de sésame), garlic (à l’ail), situe en dehors de la ville de New York, au ou everything (avec tout). Il se mange plutôt Nord. A noter qu’il existe également une autre toasté, avec du fromage frais ou du saumon. A Broadway Avenue à Brooklyn. ne pas confondre avec le bialy, qui ressemble Broadway est évidemment célèbre dans le à un bagel sans trou (il y a des subtilités !). monde pour être l’avenue où se trouvent les théâtres qui accueillent les comédies Big Apple musicales. Cette section de l’avenue où La « Grosse Pomme », le fameux surnom de se succèdent les théâtres est à hauteur de New York. Cette appellation traduit toute l’im- Times Square, entre la 35e et la 50e rue. portance culturelle et artistique de cette ville Le quartier s’anime à partir de 18h lorsque pour les artistes du monde entier. Plusieurs touristes et New-Yorkais boivent un dernier voies sont possibles pour expliquer l’origine du verre avant d’assister à une représentation. nom « Big Apple » : ce nom a pu être donné Même effervescence vers 23h, à la sortie des par les artistes qui se produisaient à New théâtres, où les fans attendent les stars des York dans les années 1930, et a été repris comédies musicales pour un autographe ou au tout début des années 1970 lors d’une une photo. NEW YORK EN 30 MOTS-CLÉS 21

Cinéma offres spéciales, formules, soldes, déstockage, New York a été le cadre d’une quantité inima- happy hours et autres promotions innombrables ginable de films. La ville s’est prêtée à tous et incessantes qui ne manqueront pas de se les styles de films, et les réalisateurs ont su y manifester à vous. Sachez-le avant de partir : trouver l’inspiration qui leur a permis de créer vous dépenserez bien plus que prévu à New des chefs-d’œuvre. Des cinéastes renommés York. A moins d’être moine tibétain, et encore… comme Woody Allen, Martin Scorsese ou Spike Lee ont utilisé New York comme toile de fond Diversité dans bon nombre de leurs films. Avant de partir, A New York, on rencontre le monde entier, c’est courez dans le magasin de location de DVD le le fameux melting-pot. En ce sens, l’on entend plus proche et faites une cure de télévision. souvent dire que New York se distingue du reste Côté comédies musicales : West Side Story des Etats-Unis. Certains quartiers regroupent (1961), Hair (1979), Fame (1980), New York des communautés, à l’instar de Chinatown, du New York (1977), La Fièvre du samedi soir nord de Harlem (Noirs américains), du Queens DÉCOUVERTE (1977). Pour les comédies drôles et roman- où s’est installée une importante commu- tiques : Annie Hall (1977), Recherche Susan nauté Philippine, de Washington Heights où désespérément (1985), Big (1988), Quand Harry les hispaniques, de plus en plus présents dans rencontre Sally (1989), Nuit Blanche à Seattle le pays, sont nombreux. Certains quartiers (1993) ou Un amour à New York (2011). Des « branchés » sont appréciés par les artistes, films retracent le passé et l’histoire de New comme Williamsburg, Red Hook et DuMBo, à York et de sa population : Le Parrain I, II et III Brooklyn. D’autres, comme SoHo et TriBeCa, (1972-1990), Radio Days (1987), Wall Street regorgent de magasins, d’ateliers de mode, 1 et 2 (1987 et 2010). New York a été pour et de restaurants haut de gamme. Enfin des certains réalisateurs le lieu privilégié d’histoires quartiers d’affaires comme le Financial District tragiques ou cauchemardesques : After Hours ou Midtown East regorgent d’hommes d’affaires (1985), Marathon Man (1976), Rosemary’s Baby au téléphone, un café à la main. Dans les (1968), Taxi Driver (1976), Do The Right Thing avenues de la Grosse Pomme, il n’est pas (1989), Gangs of New York (2002). Sans oublier rare de croiser des trader en costume cravate le fameux King Kong (1933), ou encore un film hélant un taxi, des femmes en tailleur basket comme Manhattan de Woody Allen, hommage marchant vers leur lieu de travail au pas de du cinéaste à sa ville. course, des touristes et des étudiants du monde Il n’est pas impossible que durant votre séjour entier. New York est une ville qui fait rêver. Elle vous tombiez sur le tournage d’un film, d’une est le symbole du capitalisme et de la réussite série ou d’une télé-réalité. Chaque jour, on professionnelle. Et si la crise a porté un coup au dénombre une cinquantaine de shooting dans rêve américain, New York reste une des rares toute la ville ! Pour connaître les lieux et les villes où les offres d’emploi ne manquent pas. dates exacts, connectez-vous sur le site : www.onlocationvacations.com « Express » Trains Les métros de New York sont divisés en deux Consumérisme catégories. Les locals qui s’arrêtent à tous Un séjour à New York constitue une plongée à les arrêts de la ligne et les express qui eux pic dans le temple mondial du consumérisme sautent plusieurs stations. Certains de ces et de l’entertainment (symbolisé par Times métros dits express deviennent néanmoins Square). Dans les rues de la ville, la tentation de local entre minuit et 6h du matin. Les distances dépenser de l’argent est toujours là, lancinante ! étant parfois tellement longues, il est indis- Un en-cas sur le coup de 16h, en passant devant pensable de prendre un train express lorsque une bakery bien cosy ; un haut charmant pour l’on veut se rendre de Brooklyn au nord de Madame, aperçu en vitrine ; des T-Shirt Friends, Manhattan, par exemple. Vérifiez, avant de Sex and The City ou encore Barack Obama ; monter dans le métro, si le train est local ou un restaurant avec formule spéciale buffet et express. Les termes « local » ou « express » boissons illimitées, parce que cela vaut vraiment sont écrits sur plusieurs panneaux le long la peine ; le concert du soir d’un artiste, qui du quai. Si jamais vous vous trompez, vous vous fait rêver depuis des années et que vous risquez de vous retrouver un peu loin de la n’aurez jamais l’occasion de voir en France, destination souhaitée… Mais pourquoi pas etc. Tout cela est entretenu par les réductions, un peu d’imprévu dans son séjour ? 22 NEW YORK EN 30 MOTS-CLÉS

Extension et gentrification après par les artistes et les jeunes en quête A New York, les prix de l’immobilier sont d’une nouvelle terre d’élection. Résultat : la inabordables. Beaucoup de raisons à cela : ville s’étend sans cesse dans un mouvement le niveau de vie moyen est élevé, les loyers répété à l’infini. La gentrification touche de plus peuvent évoluer beaucoup plus librement en plus Brooklyn et un phénomène nouveau qu’en France (parfois du mois au mois), les a été constaté en 2012 : des habitants des assurances sont coûteuses et la demande de quartiers aujourd’hui branchés de Williamsburg logement toujours très élevée (de nouveaux et Park Slope à Brooklyn décident de revenir habitants et immigrants continuent d’affluer), s’installer à Manhattan dans l’Upper West etc. Trop à l’étroit sur ses 56,6 km2, Manhattan Side ou le Financial District car les loyers sont abrite dans des tours qui rivalisent de hauteur parfois moins chers ! une masse humaine en nombre croissant. Françaises, Français Manhattan construit des gratte-ciel de plus en plus vertigineux, transforme en lofts de Près d’un tiers des Français résidant aux luxe d’anciens ateliers de SoHo ou de NoHo, Etats-Unis vit à New York. Beaucoup d’entre eux sont jeunes (36 ans en moyenne) et ils étouffe, sature, craque de partout, et demande sont nombreux à profiter de la double nationa- à ses boroughs de lui prêter main-forte pour lité. La présence française est dynamique et se désengorger. Résultat : les prix flambent, présente dans de nombreux secteurs de l’acti- même en périphérie. En 2013, le loyer mensuel vité locale : restauration, banques, professions moyen d’un appartement une chambre (en libérales, commerces de luxe, mode, distribu- plus d’un salon-cuisine) à Manhattan était de tion. Les deux tiers des sociétés françaises 3 150 US$, et de 4 398 US$ pour un deux- implantées aux Etats-Unis ont leur siège à chambres. Le quartier le plus cher étant New York et la France se situe au 11e rang TriBeCa avec un prix moyen de 4 180 US$ des partenaires commerciaux des Etats-Unis pour une chambre et de 6 275 US$ pour pour les échanges de biens. La communauté deux chambres. Même en colocation, avoir française, patchwork de profils dont le seul de l’espace à New York est un véritable luxe. point commun est l’appartenance à la langue, Quant aux quartiers très branchés, les prix fait cohabiter milliardaires, garçons de café, à l’achat peuvent atteindre 5 millions de scientifiques, cadres supérieurs, banquiers, dollars pour un loft rénové. Il est fréquent femmes au foyer, étudiants, artistes, aventu- d’entendre les New-Yorkais se plaindre de la riers ou oisifs. Traditionnellement, les Français gentrification, un phénomène qui touche les ont la réputation d’être individualistes. Ils quartiers dégradés et bon marché, qui sont n’offrent donc pas le meilleur exemple d’une peu à peu pris d’assaut par des promoteurs communauté soudée et solidaire, à la manière immobiliers. La reconstruction et la rénovation des expatriés des pays de l’Est ou d’Amérique du quartier entraînent alors un afflux des latine. Mais, pour peu qu’on s’ancre dans la classes moyennes, une augmentation des ville et qu’on ne perde pas le contact avec ses loyers et de la spéculation immobilière. La concitoyens, on découvre qu’à New York, c’est gentrification a particulièrement touché l’ancien comme à Clochemerle. Les habitants de la quartier bohème de Greenwich Village, terreau Grosse Pomme éprouvent souvent des senti- de la contre-culture dans les années 1960, ments contradictoires envers cet allié, agacés désormais l’un des plus onéreux. Certains par un certain complexe de supériorité gaulois coins de Harlem, ainsi que le Lower East Side, et une avarice avérée (le problème culturel Alphabet City, Greenpoint ou Williamsburg, des tips, les « pourboires »). Cela n’empêche réputés infréquentables et dangereux il y a pas le pays d’incarner l’idée du luxe, de la 15 ans, sont devenus très à la mode et voient légèreté, de la tradition, du charme. Paris is leurs loyers exploser. Cette hausse a forcé les so romantic. Et les French lovers… Le mythe. locataires les plus démunis à s’installer à l’est La France est d’abord le symbole du vin, des de Brooklyn ou du Queens : une grande partie parfums désormais accessibles à des millions des travailleurs de Manhattan vit désormais d’acheteurs et d’acheteuses, et de la mode : dans un autre borough et fait de longs trajets sur Madison Avenue ou sur la 5th Avenue, se chaque matin. Pendant que des yuppies s’ins- succèdent Lanvin, Saint Laurent Rive Gauche, tallent, avalisant les nouveaux tarifs pratiqués, Cartier, Balmain, Sonia Rykiel, Agnès B… les anciens habitants du quartier (souvent Des Oasis cossues implantées sur l’un des issus des communautés noires, hispaniques et trottoirs les plus chers du monde. Ce qui ne d’Europe de l’Est) sont les premiers à s’exiler veut pas dire que le prêt-à-porter français pour raisons financières, imités quelque temps connaît encore les jours dorés du début des NEW YORK EN 30 MOTS-CLÉS 23 années 1980, tant s’en faut. Malgré les tracas- car, en prime, le prix des cigarettes est élevé series, les vins français restent la référence (environ 14,50 US$ le paquet). Les prix sont en matière d’œnologie, et le cinéma français néanmoins très variés entre les Etats. En est toujours la production européenne la plus 2013, un paquet ne coûtait en moyenne que distribuée aux Etats-Unis (elle n’en représente 4,96 US$ dans le Kentucky. Pour faire des pas moins un chiffre infime). Les New-Yorkais économies sur les cigarettes, vous pouvez raffolent aussi de chanson française vieillotte toujours traverser l’Hudson River pour acheter (Piaf, toujours) et de la musique électro-pop un paquet dans le New Jersey qui vous coûtera made in France (Daft Punk, Phoenix, David un peu moins de 10 US$. Guetta, Air, Justice). Quant aux presque cent restaurants français implantés à New York, Kilomètres force est de constater, sans chauvinisme, Vous allez accumuler des kilomètres et des qu’ils constituent la référence gastronomique kilomètres dans cette ville sans même vous suprême dans une ville pourtant fertile en en rendre compte (il y a environ 6 500 km de cuisine internationale. En 1870, Revillon était rues à New York). Alors prévoyez de bonnes DÉCOUVERTE la première entreprise française à se propulser chaussures ! Si vous voulez vraiment découvrir outre-Atlantique. Aujourd’hui, avec un boom New York, il faut marcher. Le métro est certes remarquable au cours des vingt dernières un moyen plus rapide et moins fatigant pour années, plus de 800 sociétés françaises sont se déplacer, mais, sous terre, vous risquez installées dans l’ensemble des Etats-Unis, de manquer l’essentiel. avec une prédilection pour New York, Los Angeles, la Floride et le Texas : de Sofitel à La ville qui ne dort jamais l’Aérospatiale, de Pechiney à Elf Aquitaine, Si Paris s’éveille à 5h, comme le dit la chanson de Bouygues au Club Med, de Gaumont à de Jacques Dutronc, New York ne s’endort Hachette, de l’Institut Pasteur à Perrier, du jamais. De jour comme de nuit, les voitures croissant à la fusée Ariane… et les passants affluent sur les avenues. Le New York demeure l’attraction n° 1 des ronronnement de la ville ne s’arrête à aucun candidats à l’expatriation aux Etats-Unis. Ils y moment. Du Bronx à Brooklyn, en passant trouvent un climat européen aux dimensions de par Manhattan et Queens, l’activité ne cesse l’Amérique, tout en jouissant d’une présence jamais vraiment. Dans cette ville où règne française palpable dans l’énormité urbaine. énergie et dynamisme, tout un chacun peut Ils y découvrent aussi un visage agréable trouver ce qu’il désire à n’importe quelle de la francophilie américaine : de nombreux heure du jour et de la nuit. De plus, la ville New-Yorkais parlent le français et apprécient regorge de delis, ces épiceries ouvertes 7j/7 et la France. Les Français expatriés ont une pour la plupart 24h/24. Bon côté de l’activité bonne carte à jouer à New York : qu’ils soient incessante, vous ne vous retrouverez jamais ou non partie prenante de la communauté seul le soir dans une rue, ni même dans le française, ils doivent se confronter intelli- métro. Alors n’hésitez pas à profiter de la ville gemment au dur jeu du challenge américain. autant que votre sommeil vous l’autorise ! Fumeurs Livreurs à vélo New York n’est pas le paradis des fumeurs. A New York, on peut se faire livrer à n’importe Comme dans beaucoup de villes américaines, quelle heure… Bon nombre de ces livraisons il est interdit de fumer dans les lieux publics. se font à vélo. Les coursiers étant payés à Depuis le 29 mars 2003, les restaurants, les la tâche, ce sont de véritables bolides qui bars et les boîtes sont devenus non-fumeurs déboulent de partout sur leurs deux-roues, (même la plupart des terrasses de cafés !). Et se faufilent entre les voitures, empruntent les en 2011, l’interdiction s’est étendue aux parcs, sens interdits, passent au rouge et louvoient plages et autres lieux de plein air. La notion entre le trottoir et la chaussée. Soyez toujours d’espace privé ayant tendance à s’étendre, sur vos gardes quand vous traversez la rue, on vous regardera parfois de travers lorsque même si le signal vous indique que c’est à vous allumerez une cigarette (même dehors !). vous de passer et regardez bien dans les Pour acheter un paquet de cigarettes, il faut deux sens pour vous assurer que la voie avoir 21 ans et le justifier avec un papier est libre. Et si vous êtes la personne à qui la d’identité. Les paquets s’achètent dans les pizza est destinée, n’oubliez-pas de donner delis ou les pharmacies (douce ironie !). Si un tip à votre livreur. Et, faites comme les vous avez l’intention d’arrêter de fumer, un New-Yorkais, rajoutez un dollar si la livraison séjour aux Etats-Unis peut être un bon remède a eu lieu sous la pluie. 24 NEW YORK EN 30 MOTS-CLÉS

Majorité regardant les cartes. Elles viennent vous Dans l’Etat de New York, elle est à 18 ans. chercher sur le trottoir et tentent de vous En revanche, la majorité ne donne pas le amadouer, vous appellent Honey ou Darling droit d’acheter de l’alcool ni de commander et essaient de vous entraîner dans leur antre. des boissons alcoolisées dans les bars. Il Vu le nombre de boutiques de ce type, les faut avoir 21 ans au minimum pour cela, on affaires doivent marcher. Pour environ 5 à vous demandera systématiquement votre 10 US$, vous pourrez connaître votre destin carte d’identité ou votre passeport (c’est la lors de palm readings, ou « lecture des lignes loi) même si vous n’avez que des cheveux de la main », et, pour 20 à 30 US$, on vous blancs sur le crâne. Toutefois, les Américains tirera les cartes. de New York peuvent commencer à conduire dès 16 ans. Rencontres Manhattan est une ville de célibataires : on Marathon y vient pour réussir dans sa carrière avant Le marathon de New York se déroule tous de fonder une famille. Vous n’y verrez pas les ans, le premier dimanche de novembre. Il beaucoup d’enfants, les familles vivant plutôt incarne l’une des principales épreuves d’athlé- dans les boroughs périphériques. Une aussi tisme américain et le plus grand marathon des vaste concentration de célibataires exige Etats-Unis. Environ 30 000 coureurs du monde l’existence de règles très explicites (que faire entier y participent chaque année, encouragés au premier date, le premier rendez-vous, par plus de deux millions de spectateurs. Le et aux suivants) ainsi qu’une forte culture parcours traverse les cinq boroughs de New single. Et si New York est une ville où l’on York. Après un départ de Staten Island du sort beaucoup, on constate sans peine que pont Verrazano, les coureurs passent à travers les hommes et les femmes – s’ils cohabitent Brooklyn, le Queens, le Bronx, et finissent nécessairement dans le domaine du travail leur parcours à Manhattan, avec une arrivée – s’imposent dans leur vie privée des réserves prévue à Central Park. qui reflètent leur puritanisme. De plus en plus de New-Yorkais ont donc recours à « New York, New York » Internet pour trouver l’âme sœur. Le site de En 1979, le chanteur et acteur d’origine rencontres gratuit Okcupid connaît un succès italienne Frank Sinatra écrit New York, New phénoménal dans la Grosse Pomme, avec York, hymne à la Grosse Pomme dans lequel plus de 250 000 utilisateurs. Un phénomène il dit son envie de conquérir New York. « If qui change des fameux blind dates (littérale- I can make it there, I’ll make it anywhere » ment : le « rendez-vous aveugle ») et speed (Si je peux réussir dans cette ville, alors je dating. On estime qu’il y a à New York deux pourrai réussir partout ailleurs), chante- hommes célibataires pour une seule femme, t-il. Ces mots mettent en lumière le fait alors mesdames, préparez-vous à une forte que, de tout temps, New York a vu et voit compétition ! défiler beaucoup de personnes ayant soif de réussite, d’ambitieux (et aussi beaucoup Rotten Apple d’opportunistes) voulant faire fortune. C’est La « Pomme pourrie », telle est l’appellation LA ville de tous les possibles, la ville qui brille, ironique (par opposition à la Big Apple, surnom fait rêver et constitue un tremplin pour les officiel de New York) donnée par les habitants artistes. Un deuxième hymne s’est greffé à des quartiers pauvres et repris par tous les New York, Empire State of Mind, du rappeur New-Yorkais à une époque pas si éloignée où Jay-Z, désormais joué avant chaque match la criminalité était omniprésente. Si la ville a de l’équipe de basket des New York Knicks changé de visage dans ce domaine, l’appel- et des Brooklyn Nets, au même titre que la lation perdure et trouve d’autres motifs d’être chanson de Sinatra. employée (corruption des fonctionnaires, pauvreté des projets, etc.). Psychics Dans les rues de New York, on croise très Saint-Valentin fréquemment des petites boutiques de La Saint-Valentin est une fête très importante voyantes. Certaines prédisent l’avenir en aux Etats-Unis, à l’origine de quelques mani- regardant dans leur boule de cristal, d’autres festations plutôt originales. Chaque année, en faisant appel aux esprits divins ou en on offre la possibilité à une cinquantaine de NEW YORK EN 30 MOTS-CLÉS 25 couples de se marier au dernier étage d’un Skyline des plus hauts gratte-ciel de New York. Par La skyline est la ligne d’horizon formée par exemple celle du très romantique et très les toits des gratte-ciel. La skyline de New renommé Empire State Building. Les couples York est la plus connue et l’une des plus belles désirant participer à cette cérémonie originale du monde. On peut, entre autres, admirer et très américaine doivent déposer une candi- la skyline new-yorkaise depuis le pont de dature avec une lettre de motivation au début Brooklyn ou du pont du ferry qui se rend à de l’année. Staten Island. Les quartiers de Williamsburg à Brooklyn et de Long Island City dans le Queens Sex and the City offrent également une vue imprenable sur les Cette série à succès de HBO qui s’est terminée buildings de Manhattan. en 2004, mais continue d’être diffusée, met en scène les péripéties de quatre New-Yorkaises Skyscrapers en quête de l’âme sœur et donne une image Les gratte-ciel sont l’une des caractéristiques DÉCOUVERTE très glamour de Manhattan. Le film Sex and de New York, par leur nombre, leur variété, the City, gros succès au box-office, est d’ail- leur forme, leur matière et leur hauteur. Ils leurs sorti en 2008, suivi du deuxième volet confèrent à la ville une singularité attachante, en 2010. La série met en lumière les bars qui révèle sa beauté (une beauté à couper le branchés de l’île qui voient défiler tous les souffle) lorsqu’on contemple Manhattan le yuppies (Young Urban Professional, ou jeune soir tombant, depuis le Brooklyn Bridge ou cadre dynamique). Ce qui n’est pas dit dans la depuis la vedette au retour d’Ellis Island, ou série, c’est que les bars et les restaurants en encore de Staten Island. Savez-vous que c’est vogue sont dans l’ensemble assez onéreux. en 1902 qu’est né le premier gratte-ciel ? Il faut donc bien regarder la carte à l’entrée Il s’agit du Flatiron Building, haut de 91 m, des restaurants. Cela étant, on peut se faire record mondial pour l’époque. De nos jours, plaisir un soir en savourant le fameux Martini, une bonne quarantaine d’édifices new-yorkais cocktail à base de gin et de vermouth (à ne dépassent les 200 m. Le Woolworth mesure pas confondre avec le Martini blanc, rouge 241 m, le Chrysler 320 m, et l’Empire State ou rosé), que les héroïnes de la série sirotent Building 380 m. Le One World Trade center, régulièrement dans les bars, en faisant leur qui a remplacé les tours jumelles détruites le plus beau sourire à un charmant garçon qui 11 septembre 2001, est depuis avril 2013 le passe à côté d’elles. La ville de New York plus haut gratte-ciel de Manhattan. L’antenne organise des Sex and the City tours. de la tour culmine à 541 m. AUTHOR’S IMAGE ©

Saxophoniste de la station de métro Lincoln Center (Upper West Side). 26 NEW YORK EN 30 MOTS-CLÉS

Subway nuit afin que leurs œuvres voyagent dans Le métro de New York est réellement un lieu tout New York et que les crews (bandes) de vivant et fascinant. Dans les stations, tous South Bronx sachent que ceux de Franklin les arts sont représentés. Des musiciens, Avenue à Brooklyn sont plus talentueux et plus des chanteurs, des DJ et parfois des groupes téméraires qu’eux. Se sont succédé pendant entiers, tous très talentueux, animent presque deux décennies des styles wars (guerres de chaque station, de jour comme de nuit. Il style), au cours desquelles les graffiti artists existe même des concerts officiels dans Grand rivalisèrent d’adresse, d’audace et de créativité Central Station sur la 42e Rue, organisés pour développer de nouvelles techniques de par une association qui promeut les jeunes peinture (lettrages, formes, espace, couleurs, artistes. Des spectacles de claquettes, des etc.). La MTA (qui gère le métro new-yorkais) illusionnistes, des caricaturistes qui vous y laissa des fortunes en nettoyage et, surtout, croquent en quelques instants sans que ces « nuisances visuelles » furent totalement vous vous en rendiez compte, tous ces gens assimilées au climat d’insécurité sauvage attendent, bien entendu, un petit geste, mais qui planait sur New York à cette époque. ce sont avant tout des passionnés et leur A son arrivée à la mairie, Rudolph Giuliani spectacle met de bonne humeur pour le reste déclara une guerre sans pitié au graffiti de la journée. Certaines stations, même s’il (nettoyage immédiat, condamnations à des en existe peu, sont également remarquables peines de prison, amendes astronomiques, pour leur décor. patrouilles policières, etc.). Tant et si bien qu’aujourd’hui le graffiti est beaucoup moins Tags et graffitis présent dans les rues, si ce n’est par le biais C’est à New York que sont réellement nés le de fresques murales à la gloire de tel enfant tag et le graffiti. Au tout début du hip-hop du quartier décédé, de tel champion ou de (milieu et fin des années 1970), c’est une tel crew. Néanmoins, nombreuses sont les véritable déferlante de peintres à la bombe boutiques qui commandent des fresques aérosol qui s’abat sur New York, ville où pour leur rideau de fer. Enfin, bien sûr, les cette culture urbaine a vu le jour. Les artistes artistes ayant dû trouver d’autres supports, les peignent des rames entières de métro la galeries d’art ont depuis longtemps récupéré PATRICK MARINGE PATRICK ©

Fresque murale mortuaire dans Williamsburg, Brooklyn. NEW YORK EN 30 MOTS-CLÉS 27 le phénomène et ont introduit l’argent dans organisée par la chaîne de magasins Macy’s. ce milieu (resté farouchement « sauvage » et D’énormes ballons, des clowns, des chars, « gratuit » pendant une vingtaine d’années). des fanfares remplissent les rues de New Si l’âme originelle est moins là, cela a aussi York et, en fin de cortège, le père Noël ouvert de nouvelles voies d’expression et de annonce sa venue proche et le début d’une renouvellement pour cet art pictural. nouvelle saison d’achats de Noël. Ne soyez pas étonné si la ville semble vide le lendemain Taxis jaunes de Thanksgiving, les habitants de New York Les yellow cabs sont omniprésents à New York, ne sont généralement pas originaires de la à tel point qu’ils en sont aujourd’hui l’un des Grosse Pomme et décident de rentrer dans symboles dans le monde entier. Mais, au fait, leurs familles pour ce long week-end. pourquoi sont-ils jaunes ? Tout simplement parce que l’entrepreneur visionnaire qui créa The New Yorker

la Yellow Cab Company, John Hertz, avait lu Créé en 1925 par Herold W. Ross (1892- DÉCOUVERTE dans une étude de l’université de Chicago 1951), ce magazine hebdomadaire est l’un que le jaune était la couleur la plus facile à des plus prestigieux au monde. Réputé pour repérer, la plus accrocheuse pour l’œil humain. ses articles de grande qualité journalistique, L’histoire lui a donné 1 000 fois raison… il est le magazine d’actualité préféré des Well done, John ! A cause des aléas de la intellectuels américains. Il est également circulation, souvent infernale à Manhattan, fameux pour ses dessins humoristiques et et d’un problème de places de parking, peu d’illustration : depuis la création du New de New-Yorkais sont motorisés. Beaucoup Yorker, plus de 70 000 dessins de plus de font donc appel aux services des indispen- 400 auteurs différents auront été publiés. Un sables taxis jaunes, dont le prix est relative- imposant ouvrage de 655 pages et contenant ment modéré (environ 15 US$ pour aller de une sélection des meilleurs dessins du New Greenwich Village au sud de Central Park). Le Yorker est sorti en France en 2005, suivi d’un cab ne peut pas vous échapper, on en trouve à autre (2006), consacré aux dessins sur la peu près partout dans Manhattan, mais aussi France et les Français. désormais à Brooklyn : il y a aujourd’hui plus de 55 000 chauffeurs de taxi enregistrés Yankees dans l’agglomération, selon la Taxi Limousine Les Yankees sont l’équipe de base-ball la plus Commission. Les plus nombreux sont origi- connue au monde. Qui ne connaît pas leur naires du Bengladesh, du Pakistan et d’Inde, sigle avec un « N » et un « Y » entrecroisés. mais les Américains arrivent désormais en Le base-ball demeure pour beaucoup d’Euro- 5e position. Le conducteur de taxi new-yorkais péens un grand mystère (d’un ennui certain) est devenu une figure mythique depuis les et, même en allant assister à un match, il est frasques de Travis Bickle (Robert De Niro), difficile d’en comprendre les règles… Que dire le dangereux protagoniste du film Taxi Driver alors des passions que peut susciter ce jeu. (1976) de Martin Scorsese. Le journaliste Voici quelques informations de base qui vous francophile du New Yorker, Adam Gopnik, permettront d’en connaître un peu plus sur remarque dans son livre Through the children’s ce sport… Le base-ball est le sport national gate que, contrairement aux Français qui des Etats-Unis, divisé en deux organisations patientent en file, les New-Yorkais, eux, se professionnelles : The National League et livrent à une lutte sans merci pour héler un The American League. Deux grands tournois taxi – surtout le samedi soir. N’hésitez pas très populaires se déroulent chaque année : à être offensifs, tout en restant courtois et The World Series, où s’affrontent les deux en laissant un pourboire de 15 % au moins. meilleures équipes des deux leagues, et le All Star Games, où se mesurent les meilleurs Thanksgiving joueurs nationaux sans distinction d’équipe. Célébré le 4e jeudi du mois de novembre, La saison de jeu du base-ball se déroule Thanksgiving est, aux Etats-Unis, la fête d’avril à octobre. A New York, il existe deux annuelle des moissons et aussi le jour d’action équipes professionnelles, les Yankees et les de grâces. C’est LA fête de l’année (encore Mets. Les Yankees jouent au Yankee Stadium plus que Noël) et tous les magasins ferment. dans le Bronx et les Mets au Shea Stadium Une immense parade sur la 5e Avenue est dans le Queens.

DÉCOUVERTE

, - Queen buildings supertankers Ile de France Ile de , de l’ sesont évanouies. Les

Survol Queen Elizabeth , du S.S.United States

ont de fait allégé le poids de l’île. En visitant décharges rochers. de de l’ elle sépareBay, Brooklyn et Queens, se faufile sous l’East croise River, Street la 14th jusqu’à UnionSquare où elle remonte Manhattan le danger que le Toutefois, Broadway. long de cette faille représente pourNew etYork ses gratte-ciel est A la minime. différence de San Francisco, de de Tokyo, Mexico et de failles, des sur bâties villes autres nombreuses New se York dresse sur une base rocheuse. Bien des visiteurs, stupéfaits par le poids des gratte-ciel puissent et inquiets qu’ils enfoncer l’île, seraient surpris d’apprendre que le granit de Manhattan est si dense que les travaux d’extraction de la roche pour faciliter les fondations des grands la partie nord de la ville, on peut voir des navires de croisière sont rares, les vieux quais côtéouest tombent en ruine, et les vont vider leur cargaison dans le New Jersey, à PortNewark, non loin de l’aéroport du même nom. Le Brooklyn Navy Yard fut pendant plus siècled’un le plus grand port de guerre des Etats-Unis.Les ponts enjambant l’East River certaine une avoir devaient hauteur pour que même les plus gros croiseurs puissent naviguer sans danger sous tablier d’acier. leur Une ville en danger ? A l’heure où Los Angeles vit dans la hantise effondrementd’un de la faille de San Andreas, peu de gens savent ligne qu’une de faille active passe sousNew York. Traversant Jamaica Plus tard, à l’époque des grands transatlan tiques, paquebots les accostaient directement à l’extrémité des principales rues transversales (Midtown Crosstown Streets) : 23rd, 34th, 42nd et 57th Streets. Les fumées du Mary

, de boroughs boroughs

boroughs de New York siècle montrent siècle Lower le e

GÉOGRAPHIE

Les photos du XIX mâts. de forêt épaisse Manhattan d’une entouré l’Hudson.Staten Island, oùles marins aimaient prendre leur retraite, avait aussi ses quais. ouest et la 30th Street côté est. Les quais de Brooklyn s’étendaient de Gowanus Basin à Red Hook ; les quais du New Jersey s’alignaientsur A l’époque de sa plus grande extension, le port de New atteignait York la 60th Street côté Une histoire portuaire considérée, comme celle comme de Sydney, l’un des meilleurs ports naturels monde. du Manhattan. Au-delà s’ouvre la baie de New York, 350 km) entre Albany et New York. A l’est, l’East Riversépare Manhattan Long de Island. L’East River et l’Hudson River se rejoignent au sud de dansles Adirondacks Mountains, dans le lac des Nuages, est navigable sur 200 miles (environ la North River) qui, ce à stade, plus un fleuve n’est mais un estuaire. qui a sa River, source L’Hudson en longueur et 2,5 miles (4 km) dans sa partie la plus large, à hauteur Street. de la 14th Manhattan est bordé à l’ouest par l’Hudson River (ou encore là, plus ou moins perceptibles. est orientée L’île nord-est sud-ouest. Elle miles mesure (21 14 km) Manhattan signifie originellement « l’île aux collines rocheuses Les ». collines sont toujours Menatay, appellation qui, chez les Indiens Delaware, veut dire « île Pour ». d’autres, dont Manhattan, sont des îles. Du reste, selon certains, le nom de Manhattan viendrait de Island, le Grand New York. Seul le Bronx fait partie du continent ; les quatre autres Brooklyn, du Bronx et du Queens (baptisés avec dérision BBQ), qui constituent, avec Staten « Newdésigne » York souvent exclusivement Manhattan, nomment New-Yorkais les que « The City » par opposition aux New est York composée de cinq (districts), nom le mais, par abus langage, de 30 SURVOL DE NEW YORK

Que d’eau ! sur les hauteurs, les Rockefeller créaient La frontière nord de Manhattan était jadis The Cloisters, dont les éléments espagnols faite d’une série de rapides et de chutes et français constituent la section médiévale d’eau connue sous le nom de Spyten Duvel, du Metropolitan Museum. En face, sur la une expression hollandaise signifiant « le rive nord, c’est-à-dire dans le Bronx, un mur diable qui crache ». Finalement, un canal fut taillé à vif dans la roche indique toujours construit pour relier l’Hudson et la Harlem le tracé du canal. En été, les enfants du River et calmer ainsi les eaux. Du côté de voisinage plongent dans le fleuve. Ce n’est Manhattan, le canal longe la jolie Half Moon pas Acapulco, mais ces gosses des ghettos, Bay, ainsi nommée parce que le bateau dont auxquels nul touriste ne rend visite, identifient Hudson débarqua pour explorer Manhattan les corniches par les noms de ceux qui ont s’appelait le Half Moon (la demi-lune). La osé plonger de ces à-pics dans le fleuve, Columbia University y a construit son stade quand ce n’était pas du haut du pont Henry- d’athlétisme et son club nautique, tandis que, Hudson.

CLIMAT

Au XVIIIe siècle, à une époque où le grand qui deviennent feuilles la semaine suivante. ennemi de la santé s’appelait miasme et Magicien du renouveau, il fait resplendir les mauvais air, le climat de New York était fleurs et s’égosiller les oiseaux, émoustille les réputé pour sa salubrité. La ville, située sur écureuils et souffle sa brise tiède qui atténue le parcours du Gulf Stream, jouissait d’une tantôt les dernières rigueurs de l’hiver, tantôt brise quasi permanente qui lui arrivait le les effets d’un soleil déjà chaud. Les parcs plus souvent de l’ouest. Le vent de l’ouest s’animent, les bancs se remplissent, les rues généralement sec, l’air frais et les zones de accueillent des flâneries diurnes et nocturnes, haute pression apportent à New York des la ville tout entière semble renaître. Mais ce cieux incroyablement bleus. A l’opposé, le printemps-là succombe bien trop vite à la vent du sud, souvent chargé de l’odeur marine chaleur suffocante de l’été. de l’océan, transporte un air chaud et moite. w Été. En été, la ville est une étuve où l’on Selon les saisons, l’effet du Gulf Stream peut transpire et où l’on étouffe. La direction du être très différent. vent dominant en cette saison est un élément décisif pour le climat. S’il suit son cours Un véritable microclimat normal, il doit cantonner au sud une poussée New York étant bordé par 578 miles de water- très supportable d’air chaud et sec venu du front (soit 925 km de rivage), on pourrait désert et qui peut atteindre la ville s’il remonte s’attendre à un climat quelque peu tempéré : vers le nord. Beaucoup plus typique, et bien eh bien, non ! La complicité du Jet Stream, plus dévastateur, est l’air chaud et moite du du Gulf Stream et de divers vents dominants sud-est. A New York, on vous dira que ce imposent à New York un climat continental n’est pas la chaleur qui est redoutable, mais et conforme à la démesure du pays : les l’humidité. Le vent dominant s’oriente vers le saisons sont très marquées et les écarts nord, et une zone de haute pression, large de température vertigineux. Le temps reste et plate, roule lentement de la mer vers New néanmoins lunatique et imprévisible et peut York, qui se met à transpirer et se transforme changer d’une heure à l’autre, d’un jour à en un sauna géant. Ces journées estivales sont l’autre, d’une année à l’autre : il arrive que chargées d’une moiteur telle qu’elle annule bourrasques et pluies diluviennes fassent une tous les bienfaits de la chaleur et du soleil. intrusion inopinée alors que le beau temps L’humidité monte à 90 %, la température peut semblait durable et installé tout au moins atteindre 45 °C. Les gens « se hâtent avec pour la journée. lenteur », l’air devient palpable, opaque. A ce w Printemps. Le printemps ne s’éveille stade, les étrangers imploreraient presque de sa longue torpeur qu’au milieu du mois une bonne averse rafraîchissante. Mais les de mai. Encore tout engourdi, sur chaque vrais New-Yorkais savent bien que l’asphalte branche des arbres, il dépose des bourgeons s’est imprégné d’une si grosse quantité de SURVOL DE NEW YORK 31 chaleur que pleuvoir équivaut à asperger pour aller au ski ! L’hiver nous rappelle avec d’eau les braises incandescentes d’un sauna fierté qu’il a plusieurs tempêtes mémorables finlandais. Attention au choc de température à son actif dont le dernier est le blizzard de dans le métro et dans les magasins où l’air 2010 qui paralysa la ville le lendemain de conditionné (AC) est omniprésent et vous Noël. De quoi faire la joie des enfants et donnera la chair de poule. Il n’est pas provoquer la colère des travailleurs. La plus rare d’avoir mal à la gorge les premiers grande tempête de neige de l’histoire de la jours à cause de ces fortes différences de ville date de 2006, où plus de 68 cm de neige températures. sont tombés sur la ville. Pour la première w Automne. C’est vers la fin du mois de fois depuis les attentats du 11 septembre, septembre que l’été prépare sa transition vers les trois aéroports de la ville ont été fermés. l’automne. Le grimage s’effectue lentement Les dégâts causés par la tempête ont coûté dans une palette de couleurs magnifiques : plus de 27 millions de dollars (22,2 millions un aplat bleu cobalt pour le ciel sur lequel d’euros) à la municipalité. La Grosse Pomme DÉCOUVERTE se découpent buildings et frondaisons avec étant habituée à être recouverte d’un manteau majestueuse intensité, un dégradé savant blanc, les chasse-neige (snow blades) sont de touches vertes, rousses et ocre dont se immédiatement de service et dégagent les gorgent peu à peu les feuilles des arbres, routes de Manhattan à une vitesse record. Les et voilà l’automne installé. Températures et autres boroughs doivent par contre attendre hygrométrie se font plus sages, rendant l’air plusieurs jours avant de voir leurs grands transparent comme du cristal. Qu’il fait bon axes déblayés. Autant profiter de la neige flâner dehors ! Si vous ne pouvez assister à ce et skier dans la ville. Plusieurs New-Yorkais spectacle de la nature, dans l’Hudson Valley font les joies des photographes chaque année ou les Catskills de préférence, Central Park en se rendant à leur travail en ski, le tout en est là pour vous consoler. Enfin, en octobre costume cravate. et en novembre, l’automne offre un deuxième et fabuleux printemps, appelé été indien. Un Si la plus forte tempête date donc de 2006, seul ennui : les jours diminuent. le plus terrible blizzard s’est abattu sur New York en 1888. La tourmente éclata au mois w Hiver. La jolie neige (avant de se transformer de mars et fut précédée et suivie de tempé- en gadoue) qui tombe fréquemment sur New ratures très douces. Mais la chute brutale York compense souvent les désagréments du de la température de près de 30 °C causa la vent glacial qui s’engouffre entre les buildings. mort de plusieurs centaines de personnes. Gla gla ! Tandis qu’on assiste au tourbillon final La dépression dura plusieurs heures. On des feuilles, l’hiver appelle à la rescousse les retrouva des chevaux gelés dans les rues, vents dominants avec lesquels il complote les rudes frimas de janvier et de février. En règle où la neige s’empilait en congères de près générale, le vent souffle d’ouest en est en hiver. de 10 m de hauteur. Il naît dans l’Arctique, traverse en mugissant l’Alberta, dans le nord-ouest du Canada (où on l’appelle l’Alberta Clipper), plonge vers les Vous avez dit Grands Lacs avant de passer au nord de la ville. Fahrenheit ? Et s’il est balayé au passage par l’air moite du Les degrés Fahrenheit sont la norme Gulf Stream, il s’en va déverser des quantités de mesure de la température aux considérables de neige humide sur New York. Etats-Unis. Aucune chance donc Selon un autre scénario, la neige peut résulter d’entendre parler de degrés Celsius à du choc de la rencontre entre une énorme la télé ou dans les journaux. Pour bien masse d’air tiède stagnant au-dessus du nord- comprendre la météo du jour et éviter est et une importante dépression se dirigeant ainsi de ne partir en ville trop ou pas vers la côte est. Ce phénomène explique que assez couvert, voilà une astuce de quelques-unes des plus importantes chutes conversion : pour convertir les degrés de neige qu’ait connues New York soient Fahrenheit en degrés Celsius, retirez 30, survenues après des températures hivernales divisez par 2 et ajoutez 10 %. exceptionnellement douces. Chaque année, w Exemple : 80 °F = 80 – 30 = 50 ; 50 : la ville est prête pour un nouveau challenge : 2 = 25 ; 25 + 10 % = 27,5 °C. il est impératif de se couvrir, parfois comme 32 SURVOL DE NEW YORK

Ouragans (hurricanes) les gens sérieux vaquent encore dehors. Le A l’image de Sandy, qui a frappé la ville le silence est assourdissant. Tout ce que vous 29 octobre 2012, New York est un colosse au entendez est le bruit de votre propre respiration pied d’argile. Personne n’imaginait les dégâts et le crissement de vos pas dans la neige. L’air que pourrait causer un ouragan dans cette est d’une pureté cristalline. S’il a suffisamment neigé, les écoles ferment pour la plus grande mégalopole. Plus que le vent, New York a joie d’un million d’écoliers. Les amateurs de souffert par la rapide montée des eaux. Dans ski de fond glissent le long des rues désertes, le sud de la ville, l’eau est montée jusqu’à quatre et, quand le soleil brille à travers les arbres, mètres ! Le plus gros des intempéries avait on a brièvement l’impression d’être dans une pourtant été absorbé par Long Island, le long station de sports d’hiver. Mais, bien vite, la de la côte entre les Hamptons et Fire Island. Le ville retourne à la normale. Des chasse-neige sud de Brooklyn, à hauteur de Rockaways et de forment des petits monticules blancs sur les Coney Island a été la zone la plus touchée de bas-côtés. Des bus équipés de chaînes se la ville. De très nombreuses maisons côtières hasardent sur les avenues. Des taxis pointent ont été détruites. Transporté par une immense leur capot jaune pour transporter leurs clients vague, un bar situé à Rockaway a été retrouvé là où ils doivent aller. Le jour suivant, la neige, à onze kilomètre de son emplacement initial le qu’une épaisse couche de suie a teintée de lendemain de la tempête ! noir, est réduite à une matière visqueuse et glacée, le slush. Les sacs d’ordures, ignorés Tempêtes de neige par les éboueurs trop occupés à déblayer la Une forte chute de neige sur New York peut neige, s’imprègnent de ce slush qui les fige être source d’émerveillement. Si elle est assez la nuit quand tout gèle à nouveau. Après que importante, toute circulation s’arrête. Des les ordures ont été enlevées, la neige, ou ce blessures de la rue aux bosses des voitures, qu’il en reste, se retrouve livrée à elle-même. tout est immédiatement recouvert d’une sorte D’ordinaire, une nouvelle zone dépressionnaire de perfection blanche. Les clochards restent venue de l’Atlantique se charge du travail, et une enfermés dans leurs pitoyables abris et seuls pluie tiède nettoie toute trace de cette féerie.

ENVIRONNEMENT – ÉCOLOGIE

Pollution de l’air et de l’eau, recyclage limité, est de réduire les émissions de gaz à effet de voitures par milliers, pas facile de faire de New serre de près de 30 %. Pour atteindre ce chiffre, York une ville exemplaire en matière d’écologie. la mairie a lancé 127 initiatives. Parmi elles, la Pourtant, la Grosse Pomme est loin d’être création de nouveaux parcs, la plantation d’un pourrie. Un New-Yorkais ne rejette en moyenne million d’arbres, la transformation des taxis

que 7 tonnes de CO2 par an, soit trois fois jaunes en voitures hybrides, ou encore l’ajout moins que la moyenne nationale. Avec Michael d’une couche de peinture blanche sur plusieurs Bloomberg, maire de 2002 à décembre 2013, milliers de toits d’immeubles afin de refléter les la ville a trouvé en lui un vrai ambassadeur du rayons du soleil et de ne pas retenir la chaleur à développement durable. Pourtant, lorsqu’il a l’intérieur en été. Pour réduire la consommation récupéré les clés de la ville, la charge de travail d’énergie, une loi oblige désormais les nouveaux pour faire de New York une mégalopole écolo- buildings à utiliser des ampoules basse consom- giquement responsable était immense. Mais mation. Et pour encourager les vieux immeubles avec ses trois mandats successifs, Michael à réduire leur facture d’électricité, la ville a Bloomberg a réussi à mettre en place de longs décidé de montrer l’exemple en utilisant des et ambitieux projets, telle la High Line, un ancien ampoules dites écologiques pour les nouvelles chemin de fer transformé en parc. tours du World Trade Center. Quant à la statue de la Liberté, elle tire aujourd’hui intégralement New York, ville verte en 2030 son énergie d’éoliennes. Michael Bloomberg a lancé en 2007 le programme PlaNYC2030 pour transformer CitiBike, le Vélib’ new-yorkais New York en ville verte d’ici à 2030, lorsque la Autre grand chantier mis en place par Grosse Pomme comptera 1 million d’habitants Michael Bloomberg, l’accès à des vélos en supplémentaires. Un des principaux objectifs libre-service. Annoncés pour début 2012, SURVOL DE NEW YORK 33 les CitiBike ne fleurissent à New York qu’au de terre cultivable, il y aurait suffisamment printemps 2013 avec plus de 10 000 vélos de nourriture pour tous les habitants de la disponibles, principalement dans le sud de Grosse Pomme. New York, bientôt une ville Manhattan, à Midtown, à l’est du Queens de banquiers, d’artistes... et d’agriculteurs ! dans le quartier de Long Island City et au nord de Brooklyn. Pensés pour les nombreux Faire son marché à New York New-Yorkais qui veulent se rendre au travail On dénombre près de 70 marchés à New à vélo, les CitiBike feront sans aucun doute York dont certains proposent uniquement le bonheur des touristes qui apprécieront des produits bio (organic en anglais). Le le peu de dénivelé qu’offre la ville. Et pour plus connu étant celui d’Union Square qui ceux qui craignent pour leur sécurité face à s’installe tous les lundis, mercredis, vendredis la horde de taxis déjantés, rassurez-vous, la et samedis sur la 14e rue entre Broadway plupart des avenues et des rues comptent et la 4e avenue. Tous les produits sont bien une piste cyclable. Pour l’anecdote, seul le sûr locaux et viennent de New York ou des DÉCOUVERTE quartier juif hassidique de Brooklyn n’a pas Etats voisins : du fromage de chèvre du de couloirs pour les vélos. Une spécificité Vermont, des légumes de Pennsylvanie, du due à une demande des habitants de la zone, sirop d’érable du Massachusetts, et des fleurs craignant un afflux de personnes en tenue du New Jersey. légère à vélo. Il faut compter 9,95 US$ pour une utilisation illimitée du CitiBike sur un jour Recyclage et 25 US$ pour une semaine (citibikenyc.com). Premiers pollueurs au monde, les Américains jouent pourtant la carte de l’écologie en Les jardins suspendus matière de recyclage. A New York, les de New York collectes de verre et de papier ont lieu toutes Manger de la salade, des tomates, des carottes les deux semaines, et chaque foyer possède ou des concombres de New York, c’est des conteneurs différents pour séparer les possible ! Que les locavores (adeptes de la ordures ménagères du reste (pratique d’autant nourriture locale) se rassurent, il est désormais plus respectée qu’en cas de contrôle, s’ils possible d’acheter ses fruits et légumes à des découvrent dans les poubelles des matières à producteurs new-yorkais. Depuis les années recycler, les agents du Sanitation Department 2000, les plantations sur les toits de New (service de voirie) n’hésitent pas à verba- York se multiplient, notamment à Brooklyn. liser contre le mauvais trieur). La ville traite Plusieurs de ces potagers fonctionnent sur la 1 300 tonnes d’ordures par jour. Vous serez base du bénévolat. Une heure de travail sur le peut-être choqué de vous promener le long toit contre 1 kg de légumes. Selon une étude, de monceaux d’ordures odorantes, les jours si tous les toits de la ville étaient recouverts de collecte. © ISTOCKPHOTO.COMVIZUALBYTE

Vue sur Midtown depuis la promenade du Gantry Plaza State Park, dans le Queens. Histoire

Les origines Cod et le fleuve Delaware, Stuyvesant part La première reconnaissance du site de la en guerre contre les colonies suédoises future New York est menée en 1524 par implantées dans le Delaware. Puis, Anglais Giovanni da Verrazano, un marin italien qui et Hollandais se déclarent la guerre. En 1653, navigue pour le compte du roi de France, les pionniers de La Nouvelle-Amsterdam François Ier. Verrazano pénètre dans la baie érigent un mur de protection sur la limite de New York, mais se contente d’en faire nord du settlement. Ce mur suivait le tracé le tour, peut-être parce qu’il craint d’être de l’actuelle Wall Street. Alors que les attaqué par les Indiens algonquins. Puis, le Anglais se préparent à attaquer la colonie, silence retombe et l’on n’entend plus parler la paix est déclarée. Les relations entre du site pendant près d’un siècle. En 1609 (un les habitants de La Nouvelle-Amsterdam an après la fondation de Québec), Henry et de la Compagnie des Indes occiden- Hudson, un navigateur anglais au service tales n’ont jamais été bonnes : les impôts de la Compagnie hollandaise des Indes occi- sont levés et les conditions de vie sur les dentales, retrouve la baie et la remonte vers lieux sont mauvaises. En 1664, une flotte le nord. Hudson, qui est à la recherche d’un anglaise commandée par le duc d’York fait passage pour l’Orient, découvre que le fleuve le blocus de la cité. Le 8 septembre, grâce qui porte aujourd’hui son nom est navigable à la complicité de ses habitants, les Anglais sur 200 km (jusqu’à l’actuelle Albany) et que s’emparent de La Nouvelle-Amsterdam et sa vallée contient des richesses prometteuses la rebaptisent New York. Le 30 juillet 1673, en fourrures. Pour exploiter ce commerce, la les Hollandais reprennent la ville. Ils seront Compagnie hollandaise des Indes occiden- contraints de l’abandonner définitivement en tales décide d’établir Fort Amsterdam, à novembre 1674. La situation géographique l’extrémité sud de l’île de Manhattan. Selon de New York, qui bénéficie du Long Island l’une des plus vieilles légendes de New Sound (sound signifie « chenal ») relié à York, le premier gouverneur de la nouvelle la côte sud de la Nouvelle-Angleterre, va colonie, Peter Minuit, acheta la totalité de largement contribuer au développement l’île pour 60 guinées (24 US$). Selon une du commerce. autre légende, typiquement new-yorkaise, il l’acheta à des Indiens, les Canarsie, auxquels Pirates et esclaves elle n’appartenait pas. Quoi qu’il en soit, A la fin des années 1690, les pirates y Manhattan, dont le nom signifierait « le lieu trouvent refuge et approvisionnements. A des collines rocheuses », est à l’époque stric- partir de 1724, des esclaves africains sont tement utilisé comme réserve de chasse par importés à New York. Ils sont si prisés les Indiens. comme domestiques que, bientôt, la popu- lation noire de la ville dépasse la population Hollandais et Anglais blanche. L’année 1741 est marquée par une New York a toujours été considéré comme série d’incendies d’origine suspecte ; une un melting-pot et un havre de tolérance. Le récompense de 100 livres est offerte à qui fait est qu’en 1643 les 4 500 habitants qui dénoncera le coupable. Une jeune servante occupent le bas de l’île parlent 18 langues. en apprentissage dénonce son maître, des Un certain William Kieft, gouverneur de la domestiques de la maison, et des Noirs. place, tente de faire payer aux Algonquins un Quatre Blancs sont exécutés, quatorze Noirs impôt. La réponse ne se fait pas attendre : les sont brûlés sur le bûcher, vingt sont pendus, postes avancés de la colonie sont détruits, soixante et onze autres sont déportés. Il le commerce s’effondre. En 1647, avec la y a quelques années, la recherche histo- nomination de Peter Stuyvesant au poste de rique sur les Noirs (African Americans) de gouverneur, la prospérité revient. La ville de New York a connu un regain d’intérêt suite La Nouvelle-Amsterdam est officiellement à l’exhumation de plusieurs cimetières dans fondée. A cette même période où la Hollande Lower Manhattan.Premier journal de New réclame toute la côte comprise entre Cape York, pro gouvernemental et pro anglais, The HISTOIRE 35

Gazette est fondé en 1725. En 1733 paraît de la guerre entre l’Angleterre et ses colonies, l’antigouvernemental Weekly Journal. Les il devient évident que New York va jouer un deux journaux ne vont pas tarder à diviser rôle pivot. l’opinion entre un parti de la Cour (Court Party) et un parti populaire. En novembre Anglais et Américains 1734, John Peter Zengler, propriétaire du Mais la ville est doublement vulnérable : la Weekly Journal, s’en prend violemment au flotte britannique menace par le sud, et une gouvernement anglais. Arrêté, il est conduit invasion de l’armée anglaise est possible devant la justice en août 1735 pour répondre depuis le Canada par le nord. Les Anglais ont de l’accusation de diffamation. Son défenseur prévu de s’emparer de New York et de diviser est Andrew Hamilton, speaker de l’assem- les colonies. Ils débarquent à Long Island et blée de Pennsylvanie et père d’Alexander attaquent l’armée de Washington dans la plaine Hamilton. Zenger est acquitté, et, à travers qui s’appelle aujourd’hui Brooklyn. La bataille lui, l’idée de la liberté de la presse prend de Long Island, en août 1776, sera la plus DÉCOUVERTE forme et s’impose. Ce procès est à l’origine importante et la plus sanglante de toutes celles de l’expression « Philadelphia Lawyer » (ce qui livrées lors de la révolution américaine pour désigne un avocat particulièrement habile et l’indépendance du pays. Washington doit se procédurier). retirer à Manhattan et se réfugier derrière les fortifications de Harlem Heights (aujourd’hui Loyalistes et indépendantistes Morningside Heights). D’importants travaux Après le succès des Anglais dans leur guerre de défense sont entrepris. Fort Washington contre les Français et leurs alliés indiens (Washington Heights) est relié à Fort Lee, sur (French and Indian War), le Parlement anglais l’autre rive de l’Hudson (à la hauteur de l’actuel décide de faire payer le coût de la guerre à George Washington Bridge), par une barrière ses colonies américaines en leur imposant de vaisseaux destinée à bloquer l’accès de un timbre de taxe (stamp tax). En 1765, le l’Hudson à la flotte anglaise. Grand Street est Congrès se réunit spécialement à New York fortifiée. Fort Independance et Fort George pour en débattre (Stamp Act Congress). Au sont bâtis à la hâte, l’un dans le Bronx et cours de la séance, deux partis se forment : l’autre à l’emplacement actuel des Cloisters, à derrière Delancey s’aligne le parti de la Cour ; l’extrémité nord de Manhattan. Un instituteur, derrière Livingstone se met en place le parti Nathan Hale, qui épie les mouvements de des Fils de la Liberté (Sons of Liberty), dont l’armée britannique pour le compte des révo- les membres sont recrutés parmi les artisans lutionnaires, est capturé. Au moment d’être et les artisans ouvriers privés du droit de pendu (à l’emplacement du Bowling Green), représentation. La majorité de l’assemblée il clame – la phrase est restée célèbre en de New York se déclare hostile au timbre Amérique – qu’il « regrette de n’avoir qu’une de taxe. Les dés sont jetés. Alors que le vie à offrir à sa patrie ». Craignant une attaque Stamp Act a été rejeté par les colonies par l’arrière, Washington abandonne Harlem, à anglaises d’Amérique, une nouvelle loi, le l’exception de Fort Washington, et se cantonne Townsend Act, est voté à Londres en 1766 : sur une ligne délimitée par la rive nord de la elle stipule un impôt sur le verre, le papier, Bronx River. Puis, il engage la bataille de White le plomb, la peinture et le thé. Par ailleurs, la Plains, qu’il va perdre, comme la plupart de ses couronne exige des colonies qu’elles prennent autres batailles. Après la retraite du général en charge le ravitaillement des troupes américain et de ses troupes dans le New d’occupation. Finalement, toutes les taxes Jersey, les Anglais s’emparent de New York : (à l’exception de la taxe sur le thé) seront ils vont occuper la ville pendant le reste de la annulées en 1760. A cette même période, guerre, utilisant de vieux navires vermoulus la majorité des marchands conservateurs comme prisons. Bien que New York soit un fief de New York se rangent du côté du parti des loyalistes, les soldats britanniques pillent loyaliste (Loyalist Party), nouvelle appellation et maltraitent ses habitants. Les Anglais ont du Court Party, tandis qu’une minorité de brûlé un quart de la ville. En 1778, un incendie New-Yorkais appuie les Sons of Liberty, ainsi achève de dévaster la cité et, au moment que le Congrès continental qui se déroule du retrait définitif des troupes anglaises, en en janvier 1775. Mais les événements vont novembre 1783, l’économie de New York évoluer très vite : en mai 1775, à l’ouverture s’effondre.

38 HISTOIRE

Deux mariages et une révolution c’est-à-dire près de la source du Mississippi. Pourtant, quelques mois seulement après la fin Ainsi, tandis que le commerce transatlantique de la guerre d’Indépendance, New York envoie augmente et que l’ouverture de l’Amérique sur des navires marchands en Chine. En 1788, plus la côte Ouest s’affirme, la position de New de 100 vaisseaux sont ancrés dans le port. York lui fait occuper une place de plus en plus Alexander Hamilton et John Jay, figures de proue prédominante dans le monde. La politique de de la ville, sont les garants intellectuels de la la ville est vite contrôlée par les survivants du nouvelle Constitution fédérale qui est approuvée Parti populaire. En 1789, les Sons of Liberty en 1789. En 1790, New York, capitale de la ont fondé Tammany Hall (Tammany est le nom province sous les Anglais, devient la première d’une tribu d’Indiens). Le nouveau parti se fait capitale fédérale. Puis, le Capitole est transféré le champion des immigrants privés de droits à Philadelphie, avant d’être établi de façon civiques, se bat pour le suffrage universel permanente dans le District de Columbia, sur (pour les hommes) et pour une administration le Potomac, entre les Etats du Maryland et de la locale largement élue. Tammany, fondé et Virginie. En 1797, Albany est nommée capitale dirigé par Aaron Burr, ainsi que les démocrates de l’Etat de New York, ce qu’elle est toujours.A prennent le pouvoir pour la première fois en cette période, trois grandes familles luttent pour 1800. Depuis, sauf en de rares occasions, la le pouvoir sur la ville et sur l’Etat : les Clinton, les ville a toujours voté démocrate. La dernière Livingston et les Schuyler. Alexandre Hamilton obligation (être propriétaire pour pouvoir voter) épouse une Schuyler, John Jay convole avec est annulée en 1842. Mais Tammany, fort de une Livingston. Mais la puissance et la richesse l’appui fidèle des immigrants, devient de plus combinées des Schuyler et des Livingston ne en plus corrompu. A cette époque, la ville de réussissent pas à abattre le pouvoir des Clinton. New York est dirigée par un pouvoir tellement George Clinton est élu gouverneur de l’Etat de malhonnête et si peu intéressé par la sécurité New York sept fois de suite. Son neveu, De Witt et la santé publique, que des émeutes éclatent, Clinton, sera sénateur, puis gouverneur. Plus et que se propagent des épidémies. C’est tard, les Livingstone et les Clinton font alliance. ainsi que des milliers d’habitants meurent de Robert Livingston, qui détient le droit exclusif de la fièvre jaune en 1795, en 1798, en 1822 et naviguer sur les eaux de l’Etat, finance un bateau en 1823 et du choléra en 1832, en 1834 et en à vapeur, The Clermont, le premier steamer à 1849. Pour assainir la situation, un canal d’eau faire l’aller-retour entre New York et Albany souterrain, le Water Tunnel Number One, est sur l’Hudson. L’architecte de ce bateau, Robert construit entre Croton et la ville. Une énorme Fulton, est un personnage intéressant. Fils d’une citerne destinée à recevoir l’eau provenant famille pauvre de Pennsylvanie, il voulait devenir du nord de l’Etat occupe le site actuellement peintre mais part en Angleterre pour étudier avec investi par la Public Library et le Bryant Park Benjamin West. Il devient ingénieur. En 1801, (angle 5th Avenue et 42nd Street). Fulton construit un sous-marin, The Nautilus, qu’il présente lors d’une démonstration dans Le Sud et la raison le port de Brest devant Napoléon, coulant une En 1858, Abraham Lincoln choisit New York petite embarcation avec une torpille. Fulton pour annoncer sa candidature à la présidence perfectionnera également son bateau à vapeur des Etats-Unis dans un discours qu’il tient au à Paris. Durant la guerre anglo-américaine Cooper Union, sur Astor Place. Mais New York qui commence en 1812 (l’année même de la est anti-abolitionniste. Astor Place fait alors retraite de Russie), New York se sent menacée, partie du quartier des théâtres. Le bâtiment, et Fulton fait construire un vapeur de 38 tonnes qu’on peut toujours voir à l’entrée de l’East entièrement blindé et fortement armé, le premier Village, sera, lui, le théâtre d’un autre genre, navire de guerre moderne. Ce cuirassier ne sera celui d’émeutes terrifiantes entre les partisans pas achevé avant la fin du conflit, en 1814. de deux célèbres acteurs tragiques, Booth et Forrest. A la différence du reste de l’Etat, Un canal et deux océans New York s’oppose à l’abolition de l’esclavage La ville de New York devient le centre du parce qu’une part essentielle de sa prospé- commerce transatlantique à l’époque où l’Etat rité provient du commerce avec le Sud. On de New York entreprend la construction du canal a pu dire que l’accent typique de Brooklyn Erié. Ouvert en 1825 par De Witt, reliant Albany de nombreux New-Yorkais de souche était au lac Erié, ce canal permet aux transports une altération de l’accent du Sud, importé fluviaux d’aller vers l’ouest jusqu’au Minnesota, par les relations maritimes entre Brooklyn et HISTOIRE 39

Charleston (Caroline du Sud) et La Nouvelle- s’améliorer après l’emprisonnement de Tweed. Orléans (Louisiane). A cette même période, On découvre que le contrat du tramway Manhattan, de concert avec Staten Island et de Broadway, qui aurait dû rapporter des Long Island, tente de créer une ville-Etat qui millions de dollars aux finances de la ville, serait composée des trois îles. La ville aurait a été conclu aux dépens de la municipalité été nommée Tri-Insula. La déclaration de guerre par les politiciens de Tammany qui ont été entre le Sud et le Nord à Fort Sumter met un achetés (les tramways, actionnés par des terme à ces velléités d’indépendance. New York câbles souterrains, fonctionnaient dans le rejoint finalement le clan des hostilités du côté bas de Manhattan, à partir du Cable Building, du Nord. La majorité des habitants de la ville à l’angle de Broadway et de Houston Street). s’est volontairement engagée pendant la guerre de Sécession, et ceux qui restent sont vite Une ville, trois îles, un pont soumis à la conscription. Mais le vote d’une loi A cette époque, New York proprement dit va mettre le feu aux poudres. Cette loi exempte

consiste seulement en l’île de Manhattan (ou DÉCOUVERTE de toute obligation militaire ceux qui peuvent New York County). Afin de briser le contrôle de payer 300 US$ au gouvernement, ou trouver Tammany sur la ville et de limiter l’exode de et payer la même somme à un substitut. Les la classe moyenne vers les banlieues, la ville pauvres réagissent et protestent : des Noirs passe la Harlem River en 1874 et annexe ce sont lynchés ou battus à mort dans les rues, qu’on appelle alors le North End (aujourd’hui 50 immeubles sont incendiés, les émeutes le West Bronx). Le East Bronx est le siège du durent cinq jours. Plusieurs régiments doivent Westchester County. En 1895, la totalité du quitter le front de toute urgence. Pour que le Bronx jusqu’à sa frontière nord actuelle est calme revienne, l’armée tue 500 émeutiers. annexée, tandis que Brooklyn (Kings County), En 1871, une nouvelle émeute éclate. Les une grande ville indépendante, est incor- Orangistes (protestants) manifestent leur porée en 1898, de même que Staten Island intention de parader dans les rues pour fêter la (Richmond County) et une partie du Queens bataille de la Boyne. Les catholiques s’opposent County. L’invention du pont suspendu a rendu à ce rassemblement. La milice intervient pour possible cette expansion. En reliant Brooklyn protéger les marcheurs. Une seule salve abat à Manhattan en 1883, le Brooklyn Bridge sera 51 catholiques. le premier pont jeté au-dessus de l’East River. Rapidement, d’autres ponts vont enjamber la Les ânes, les éléphants Harlem River et relier Manhattan au Bronx, et Santa Claus seule partie de la ville de New York située sur Après la guerre de Sécession, Tweed Ring la terre ferme. Pendant les cinquante années prend le contrôle de Tammany, du Parti qui ont suivi la fin de la guerre civile, le pays a démocrate et du gouvernement de la cité en connu une rapide et intense industrialisation. A généralisant les pots-de-vin. Tweed perd le la fin du XIXe siècle, la frontière des Etats-Unis pouvoir à la suite d’une campagne de presse est officiellement tracée. La nation est consti- prolongée et en particulier en raison des tuée d’un océan à l’autre, et le pays se dit prêt dessins satiriques de Thomas Nast. Ce dernier à devenir un empire. Quant à New York, la ville est l’un des personnages les plus influents de a toujours su capitaliser ses dons naturels en cette époque. On lui doit les caricatures des se tenant à l’avant-garde du développement démocrates et des républicains sous la forme technologique. D’abord est venu le bateau à d’ânes et d’éléphants (durant la guerre civile, vapeur, et plus tard le canal Erié. Maintenant, les démocrates du Nord avaient l’apparence les inventions se multiplient : le télégraphe, de serpents à sonnettes). Autant d’images le chemin de fer, la rotogravure, l’éclairage saisissantes : elles sont toujours actuelles. électrique, le téléphone, l’ascenseur, le gratte- Nast crée également l’image moderne et ciel à armature d’acier, la machine à écrire, définitive du Père Noël (Santa Claus). Elle a le grand magasin (department store), l’impri- été apportée à New York par les Hollandais, merie, le vaudeville, le cinéma, l’automobile, mais c’est le New-Yorkais Clement Moore l’aviation… New York devient le centre des (dont la famille était propriétaire d’une grande banques et de la finance internationale, du partie de l’actuel Chelsea, entre 19th et 24th commerce, des affaires, des communications, Street et 8th Avenue à l’Hudson River) qui des transports, de l’industrie de pointe… Les l’a immortalisée dans son A Visit from Saint immigrants russes juifs seront les instigateurs Nickolas (1822). La situation ne va guère d’une industrie de la mode. 40 HISTOIRE

M. Otis et l’Urban Boom la construction du canal de Panama. Toutes Pour mener à bien toutes ces activités, il faut ces voies, utilisées à la fois par les bateaux à du monde. Bientôt, la densité de la popula- vapeur et le chemin de fer, étaient contrôlées tion new-yorkaise atteint des proportions par Cornelius Vanderbilt, dont la statue orne alarmantes ; le crime est omniprésent et les Grand Central Station encore aujourd’hui. maladies latentes. Même selon les standards Surnommé The Commodore, Vanderbilt était le de ce début de siècle, les conditions de vie patriarche d’une des plus puissantes familles sont extrêmement précaires. Autre problème : d’Amérique du Nord, l’une des plus fantasques la population doit vivre à une distance raison- aussi. Une famille qui aimait le luxe ostentatoire nable du lieu de travail, ce qui limite sévè- au point de construire la plus grande maison rement l’espace. La solution se trouve donc privée des Etats-Unis. Les relations familiales dans la création de transports publics. Tout étaient parfois agitées : l’une des enfants, d’abord sont mis en place les trams tirés par négligée du clan, fut forcée de vendre son des chevaux, puis par des câbles ; ensuite nom à un fabricant de jeans pour continuer à sont construites des voies de chemin de fer mener le train de vie auquel elle était habituée. aériennes et des locomotives actionnées Vanderbilt, qui était un pionnier dans l’organi- par la vapeur, puis par l’électricité. Enfin, sation des révolutions en Amérique centrale, ces voies aériennes sont enterrées. Ainsi appuyait inconditionnellement des flibustiers naît le subway. Dès lors, New York croît et du genre de William Walker. Ainsi, l’United peut atteindre sa taille actuelle. Les quartiers Fruit Company dirigeait-elle de nombreux résidentiels ne sont plus qu’à 1 heure du pays latino-américains (d’où l’expression de centre-ville, quand il aurait fallu une demi- république bananière) pour que les régimes journée de voyage à l’époque coloniale. Un de bananes soient déchargés sur les quais certain M. Otis, inventeur de l’ascenseur, de Brooklyn. Quand, fuyant les pogroms de s’installe à Yonkers (Etat de New York) pour la fin du siècle dernier, les juifs russes arri- construire sa machine magique qui va révo- vèrent à New York en apportant avec eux l’idée lutionner la ville et le monde. Il n’en faut pas d’une industrie de la mode, ils ne savaient davantage pour que New York se mette à bâtir pas que cette industrie allait devenir la plus des immeubles dépassant facilement les six importante de la ville et procurer du travail à étages et à gagner en hauteur l’espace qui la quasi-totalité des nouveaux immigrants. lui fait tant défaut. Les premiers modèles Ils arrivèrent par centaines de milliers, pour d’ascenseurs sont actionnés par de bizarres la plupart d’entre eux analphabètes et leurs systèmes hydrauliques (il en existe toujours conditions de travail étaient aussi brutales dans certains immeubles du Lower Broadway, que leurs gains étaient bas. Les ateliers de à SoHo), puis par l’électricité. Et quand les confection étaient alors connus sous le nom Etats-Unis veulent se constituer un empire, de sweat shops (de sweat, la sueur) et les New York devient tout naturellement le moteur employés étaient payés à la pièce. de cette entreprise. On a dit, par exemple, que la création de la république de Panama Les Unions et la force (jusqu’alors partie légitime de la république Inévitablement, des syndicats (unions) se de Colombie) avait été conçue dans une forment pour protéger les travailleurs. Depuis, chambre de l’hôtel Waldorf Astoria sur le et aujourd’hui encore, New York est une ville site (à propos !) de l’Empire State Building. où le syndicalisme est puissant et, parfois, Et cela parce que l’Amérique avait besoin teinté d’idées politiques de gauche. New York d’un canal entre l’Atlantique et le Pacifique. est désormais le plus gros port d’entrée aux Etats-Unis. Les immigrants qui y débarquent Le Commodore, passent d’abord par Castle Clinton, près de la banane et la mode Battery Park, puis par Ellis Island, qui mettra Auparavant, la traversée de la côte Est vers en place des structures plus adaptées à la la côte Ouest empruntait une voie de chemin tâche. Un atelier de confection situé près de de fer passant à travers l’isthme de Panama Washington Square, la Triangle Shirt Waist et celui du Nicaragua. Le Nicaragua était Company, a la déplorable habitude de fermer le chemin préféré entre la côte Est et les à clef les portes des escaliers d’incendie pour mines d’or de Californie avant l’achèvement empêcher ses employés, surtout des femmes, du chemin de fer transcontinental en 1869. de sortir pour se reposer ou échapper au Cette route continua à être populaire jusqu’à rythme du travail. On est en 1913. Un brutal HISTOIRE 41 incendie transforme le sweat shop en brasier. et les effets de la dépression économique, se Des dizaines de femmes meurent dans les présente – contre les démocrates – comme flammes ou sautent des fenêtres pour venir un candidat de la Fusion, une alliance des s’écraser dans la rue. Ce désastre fait partie républicains, des libéraux et des démocrates de l’épopée de la ville autant que le blizzard progressistes anti-machine (anti-Tammany). de 1888 ou les pots-de-vin de Tweed Ring. Bien que Harlem soit considéré comme la Le canal de Panama est achevé en 1914, capitale des Noirs Américains, la nouvelle l’année même où la guerre éclate en Europe. administration n’éprouve aucune sympathie L’Amérique sera le financier des Alliés par le pour la pauvreté qui y règne, et rien ne sera biais de la formidable maison Morgan, à Wall fait jusqu’à ce qu’une émeute majeure éclate Street. Cependant, et quelles que soient les dans le quartier. L’allié de La Guardia est sympathies des Américains, il a été avancé le président Roosevelt. Grâce à un soutien que les Etats-Unis étaient entrés en guerre financier fédéral, La Guardia entame une

pour couvrir les énormes pertes qu’auraient série de travaux publics pour créer à la fois DÉCOUVERTE essuyées la Morgan et Wall Street si les Alliés des emplois et doter la ville d’infrastruc- avaient été battus. La majeure partie du tures efficaces. L’entrepreneur entreprenant matériel de guerre et des soldats transitait par Robert Moses dresse un plan de bataille : New York, la Jew Town (ville juive) comme allait des super-autoroutes (déguisées sous le la surnommer le futur président Harry Truman. nom de parkways), des banlieues pour la New York était aussi le quartier général du classe moyenne et de fortes hausses des show-business et la première base du septième loyers immobiliers pour les bas salaires. art. La compagnie Edison, installée à Brooklyn, La primauté de l’automobile est absolue, fonde l’industrie du cinéma en utilisant la celle qui est accordée aux transports publics pellicule dont George Eastman a inventé le est minimale. Une équipe précédente avait procédé dans le nord de l’Etat. C’est tout lancé le métro, propriété de la municipalité, dernièrement, durant les années 1980, que l’Indépendant (IND). Ce qui avait conduit à la les ultimes vestiges des grandes compagnies fermeture du réseau aérien sur 6th Avenue et de distribution (les bureaux directoriaux) ont 9th Avenue. Les Rockefeller, qui utilisent des émigré vers la côte Ouest, suivant et achevant terrains appartenant à la Columbia University un mouvement commencé 60 ans plus tôt. et contrôlent une large part de Midtown Quand la radio et, plus tard, la télévision voient Manhattan, vont profiter de l’élimination du le jour, leurs quartiers généraux sont installés métro aérien sur la 6th Avenue pour accroître à New York. Aujourd’hui encore, les grandes la valeur de leurs terrains. Ils font bâtir Radio chaînes, ABC, NBC et CBS y ont leur siège. City sur un site compris entre la 6th et la La ville accueille également les plus grandes 5th Avenue, site désormais célèbre sous agences de publicité mondiales. Les maisons le nom de Rockefeller Center. En l’honneur d’édition se sont depuis toujours installées à des vastes possessions des Rockefeller en New York, mais il y en a eu aussi à Boston, à Amérique du Sud (en particulier les champs Indianapolis et à Chicago : elles sont désormais pétrolifères du Venezuela), la 6th Avenue est quasiment toutes concentrées à Manhattan. rebaptisée Avenue of the Americas, mais les vrais New-Yorkais mettent un point d’honneur La Guardia nous garde ! à ne jamais la nommer autrement que Sixth Pendant la dure période des années Avenue. Nelson Rockefeller (le futur gouver- 1920 commence le processus de dépopula- neur de l’Etat de New York) fera construire à tion des zones rurales : le nombre de paysans Albany, avec l’argent de l’Etat, un Rockefeller et d’employés agricoles diminue, l’Amérique Center aussi futuriste qu’inutile (imaginez La s’urbanise vraiment ; bientôt, la majorité des Défense dans le Jura). Le même homme était travailleurs œuvre dans l’industrie. New York chargé des relations inter-américaines durant grandit toujours. Bien que les survivants de la Seconde Guerre mondiale et fut le premier la Dépression puissent en douter, la ville est à promouvoir le nom de l’avenue. Rockefeller, moins affectée par le naufrage économique qui deviendra brièvement vice-président que le reste du pays. L’administration de des Etats-Unis dans les années 1970, fera Tammany est provisoirement écartée par don du morceau de terrain sur lequel a été un nouveau maire, de petite taille, Fiorello élevé le quartier général de l’ONU, assurant La Guardia. La Guardia, dont le programme ainsi aux Etats-Unis une prédominance consiste à combattre à la fois la corruption mondiale. 42 HISTOIRE

Un monde pour demain qui dénonce d’autres flics) pour que le Police De nombreux projets gouvernementaux Department accepte de laver son linge sale voient le jour, comme la East River Drive, autrement qu’en famille. Ailleurs, on abuse le Triborough Bridge, les tunnels Lincoln, allègrement de la politique sociale libérale de Midtown et Brooklyn-Battery. Cette phase l’administration. Ailleurs encore, des contrats d’expansion culmine avec la Foire mondiale extravagants sont conclus entre la ville et des de New York en 1939, baptisée « World of syndicats contrôlés par la mafia. La corruption Tomorrow » (Monde de demain), où sont déjà entraîne les finances publiques au bord de la annoncées la télévision, les super-autoroutes, banqueroute. Il faudra des mesures d’aus- les voitures contrôlées par radio, les cuisines térité draconiennes et l’appui des banques automatiques et les villes sous dômes. La internationales pour redresser la situation. foire est largement promue par Moses. Cependant, la ville ne cesse malgré tout de Celui-ci fait drainer un étang et construit prospérer. Les spéculations sont allées bon des parkways destinés à canaliser le flot des train durant les années 1980, époque où les millions de voitures. La foire est inaugurée ambitieux de tout calibre envahissent New par le président Roosevelt, qui apparaît sur York, où les prix de l’immobilier flambent et les quelque 2 000 postes de télévision déjà où des fortunes se font en l’espace d’une nuit. en fonctionnement dans la zone de New A cette période, il est de bon ton d’afficher York. Mais la réalité de demain sera celle ouvertement son avidité. Un mot est né pour de la Seconde Guerre mondiale. Une guerre décrire les nouveaux immigrants de la cité : très bénéfique pour New York, qui apporte à yuppies (young upwardly mobile professionals ses habitants du travail et de l’argent. Dans ou, plus poliment, young urban professionals). une ville bourdonnante comme une ruche, Ce grand rêve prendra fin brutalement un le jazz moderne naît chez Minton’s à Harlem certain jour d’octobre 1987, lors du crash de et connaît une consécration mondiale dans la Bourse. Brusquement, des couples qui se les clubs de 52nd Street, rebaptisée Swing partageaient 4 000 US$ par semaine réalisent Street. Avec ce que la guerre a épargné qu’ils n’ont plus que deux chèques devant eux d’énergies, New York remplace Paris en tant avant de se retrouver à la rue. que capitale mondiale de l’art. Conséquence du civisme de La Guardia et de la prospérité La Rotten Apple apportée par le conflit, New York, dans les Le grand nettoyage va commencer. Des insti- années 1950, est à l’apogée de la civilisation tutions financières licencient leurs employés occidentale. par milliers, quand elles ne se mettent pas en faillite elles-mêmes. Les yuppies disparus, Le prix de la corruption il ne reste plus personne pour acheter des Mais La Guardia a perdu son siège et la mafia, toiles modernes qui se vendaient 10 000 US$ qui vit entre autres à Little Italy, devient un mal la veille. En quelques jours, les galeries à la incontournable de la vie new-yorkaise. Son mode du East Village ferment. En quelques pouvoir politique commence à remodeler le mois, les grandes galeries de SoHo, du visage de la ville. Parallèlement, les autoroutes moins celles qui ont résisté à l’attraction du de Moses ont dévasté de nombreux secteurs vide, émigrent vers le Lower Broadway. Les de la métropole, tel le Bronx, tout en mettant espaces d’exposition qu’elles y occupent à la portée de Manhattan des banlieues aussi avec d’autres galeries n’ont plus rien à voir lointaines que Westchester et le Connecticut. avec les lofts gigantesques de la période Un Cross Manhattan Expressway a été évité dorée. Et les gens commencent à quitter la de justesse. Sa construction aurait signifié ville. Les jeunes provinciaux surtout rentrent la destruction totale du quartier aujourd’hui chez eux avec des histoires de cocaïne et connu sous le nom de SoHo. Toutefois, les de grand train de vie. Ils se remettent au effets conjugués d’une corruption aussi goût du jour, transformant leurs diplômes organisée que répandue et d’une planification de gestionnaires en diplômes de travailleurs régionale aussi mal conduite qu’ignorante ne sociaux, puisque le Public Welfare est la se feront pas sentir avant la fin des années seule industrie qui continue à embaucher en 1960. A cette date, alors que l’ampleur de la Amérique. New York, assailli par des vagues débâcle devient évidente et au moment où d’immigrants désespérément pauvres, devient un nouveau candidat du parti de la Fusion un vaste Bowery. Les homeless (sans-abri) est élu, il faut le scandale Serpico (un flic y sont un mal endémique. Le phénomène a HISTOIRE 43 commencé dans les années 1970 et 1980, du rêve américain : immeubles brûlés et quand les spéculateurs ont mis fin aux bas laissés en plan avec leurs habitants pendant loyers en réponse aux besoins des yuppies ; des années, rues meurtrières où errent il ne fait qu’empirer avec la crise boursière. comme des fantômes, drogués, clochards, Les années 1980 voient la montée explosive alcooliques, chômeurs et mères célibataires du sida, qui connaît à New York son bilan le avec famille nombreuse à charge. Dans ces plus lourd (en nombre de cas et de morts). Les no man’s land où la police n’ose même plus effets combinés du sida et d’une immigration pénétrer, les gangs tiennent leurs territoires et récente ont d’ailleurs conduit à la réapparition édictent leurs lois. Les banlieues habitées par d’une peste nommée tuberculose. la classe moyenne sont hantées par la peur Cependant, le plus grand défi que doit relever des crimes violents que pourraient perpétrer New York est celui du conflit racial. En 1989, les jeunes des ghettos. Des jeunes armés de la ville a élu son premier maire noir. Alors calibres 9 mm, bourrés de crack et imprégnés de musique rap traînent dans la nature pour qu’il incarne un puissant symbole et peut DÉCOUVERTE agir comme un émollient dans des périodes prendre tout ce qu’il y a à prendre. troubles, le mayor Dinkins se révèle inefficace dans les domaines vraiment pratiques. Il peut L’ère Giuliani : résurrection certes se ruer sur le terrain, dès qu’éclate une dans un gant de fer situation de crise, et sait garder le contrôle, Petit-fils d’immigrants italiens, né à Brooklyn mais il se montre incapable de tenir un rôle dans un milieu ouvrier, Giuliani est le symbole de leader, en s’abstenant de planifier des du self made man qui s’est hissé jusqu’aux actions particulièrement constructives pour plus hautes sphères par son intelligence, sa l’avenir. Pendant son mandat, un mouvement force de travail et sa croyance absolue dans inquiétant de société qui se développe depuis les valeurs fondatrices des Etats-Unis, pays 20 ans se poursuit dangereusement : de qui donne sa chance à tous si on sait la saisir. vastes portions du Bronx, de Brooklyn, de Ce procureur du district sud de New York avait Queens et même de Manhattan sont devenues manqué de peu d’être élu en 1989. En 1993, des zones interdites, des no go zones, où il est élu haut la main le 107e maire de New 20 % des étudiants et des collégiens ont une York après une campagne axée sur le retour à arme, où la police est corrompue, où la loi de la sécurité, les aides à l’activité économique, la jungle est la seule règle, où le meurtre est la qualité de vie et l’éducation (New York, la cause principale de mortalité, et où plus de ville plutôt de gauche élit souvent des maires Noirs vont en prison qu’au collège. Entre la républicains, donc de droite). Plus que son fin des années 1980 et le début des années programme, c’est son charisme, sa volonté 1990, les tensions sociales et raciales sont inébranlable et sa poigne de fer (réputation à leur comble. Un fameux fait divers illustre qu’il s’est faite en tant que procureur où il a cela. En août 1991, un enfant noir est tué traqué sans relâche aussi bien les dealers accidentellement par un juif orthodoxe à de rue que les criminels en col blanc ou la Brooklyn. Résultat : 3 jours d’émeute, un juif corruption de l’administration). Dans une orthodoxe mort poignardé, et son meurtrier situation de détresse, c’est vers un « homme (un jeune Noir de 22 ans au moment des providence » que se tournent les New-Yorkais. faits) incarcéré pour 20 ans. C’est à cette Stratège hors pair et grand communiquant, il période qu’explosent les grandes heures s’attaque en priorité à la préoccupation prin- du rap hardcore. D’abord festive (dans les cipale de ses électeurs, la sécurité, et met en années 1970-1980), cette musique entre place son credo : zéro tolérance. Les crimes dans une période de rage politique et sociale et les délits sont combattus sans relâche à symbolisée par des groupes comme Public grand renfort de patrouilles de police à toute Enemy ou Eric B. & Rakim. Loin de prêcher la heure du jour et de la nuit, comparutions violence (mais plutôt l’éveil des consciences), immédiates, sentences « exemplaires ». Cela ils stigmatisent la faillite d’une société et a forcément un prix : la police est omni- d’une ville. Ils prêchent le poing fermé et présente et verbalise à tout va, Manhattan tendu vers le ciel sur un champ de ruines. s’embourgeoise et devient hors de prix, les En 1992, un New-Yorkais sur sept vit du nombreux pauvres et marginaux sont exilés welfare (allocations chômage et familiales). loin du centre-ville où les affaires battent leur Certaines project homes (cités) vivent plus plein. New York devient une ville plus lisse, proches du tiers-monde ou de Mad Max que plus normale. 44 HISTOIRE

La police se modernise : elle travaille avec le 11 septembre 2001 : programme CompStat, composé de logiciels la déchirure performants qui permettent de croiser des fichiers et des statistiques. Cette politique obtient Le 9 septembre 2001, le commandant des résultats spectaculaires, même si elle a pour Massoud est tué par l’explosion de la caméra conséquence de nombreuses bavures drama- de deux faux journalistes appartenant à tiques et qu’elle instaure un climat policier. En l’organisation terroriste Al-Qaida. C’est la 8 ans de mandat, la criminalité a baissé de 57 % première étape d’un plan machiavéliquement et le nombre d’homicides de 65 %. La cote de orchestré depuis les montagnes afghanes. Le Giuliani est au plus haut, et il est réélu triom- 11 septembre 2001, à 8h46, un Boeing 767 de phalement en 1997 avec plus de 58 % des voix. la compagnie American Airlines en prove- Un bémol de taille à ce triomphe électoral : les nance de Boston (vol 11 en direction de Los communautés noires et hispaniques (41 % des Angeles) vient s’écraser sur la tour nord du votants), pour qui la politique du maire génère de World Trade Center. La chaîne d’information la discrimination raciale (ils en pâtissent socia- CNN diffuse en premier la nouvelle, suivie par lement), votent en masse pour Messinger, son les rédactions du monde entier. 18 minutes adversaire démocrate. Les blancs, eux, ont voté après le premier impact, un deuxième Boeing à 76 % pour le sortant. Giuliani, tenace, traque de la compagnie United Airlines en prove- aussi les membres du crime organisé, et procède nance de Boston (vol 175 en direction de Los Angeles) percute le sommet de la tour sud. à des arrestations massives. A son palmarès e officiel, les cerveaux de trois clans : les parrains Le 33 étage s’embrase. Les Twin Towers de Cosa Nostra, John Gotti (coincé par un autre sont en feu, le monde retient son souffle. procureur, mais Giuliani s’est accaparé son Cette fois-ci, pas de doute, les Etats-Unis arrestation) et Vincent Gigante. Le numéro 3 est sont la cible d’une monstrueuse attaque sur King Tone, le chef du gang mafieux des Latin le symbole le plus éclatant de leur puissance. King (hispaniques). La sécurité recouvrée et la Pendant ce temps, des milliers de victimes mise en place de nombreuses mesures fiscales encore en vie sont prisonnières des tours (réductions d’impôts, incitations à la création brinquebalantes. Certaines sautent des tours d’entreprise, etc.) redonnent confiance aux meurtries, sous les yeux du monde entier. New-Yorkais. Au total, ce sont 450 000 emplois D’autres appellent leurs proches pour leur qui sont créés pendant ses deux mandats. dire au revoir. Un peu avant 10h, on apprend Attirée par la résurgence de New York, une qu’un troisième avion (vol 77 d’American marée de visiteurs se répand dans la ville, Airlines) s’est crashé contre le Pentagone Américains puis étrangers. Ils injectent des (le département de la Défense américaine) sommes d’argent considérables dans l’économie et qu’un autre (United 93 en direction de San locale et alimentent la croissance. Francisco) s’est écrasé en Pennsylvanie. La Maison-Blanche et de nombreux bâtiments officiels dans tout le pays sont évacués. Entre 10h et 11h, les deux tours s’écroulent succes- sivement. Dans la ville, c’est l’abattement, © PHOTOS.COM la peur, la fuite, le chaos et l’apocalypse. A Brooklyn, la population rassemblée sur les berges assiste à l’exode de plusieurs milliers de personnes sur l’autoroute qui borde Manhattan et ceinture la zone du World Trade Center. Une gigantesque montagne de fumée s’est élevée et s’étend sur tout Downtown. Elle traverse aussi l’East River pour plonger le nord de Brooklyn dans la pénombre et la confusion. Giuliani, qui est à ce moment-là en partance de son mandat (la campagne municipale à sa succession bat son plein), se jette corps et âme dans la bataille. Le maire fait preuve de beaucoup de courage et de dignité. Il intervient à la télévision, encourage les pompiers in situ, fait des appels au calme et à la solidarité Les pompiers ont payé un lourd tribut le 11 septembre 2001. HISTOIRE 45 dans tous les médias, visite les blessés et Brooklyn, du Bronx et de Queens, car elles les familles de victimes. Le 11 septembre coûtent trop cher à la mairie. Dans une ville où 2001, près de 3 000 personnes trouvent la les pompiers sont passés au statut de héros mort et des centaines d’autres sont blessées depuis les attentats du 11 septembre, on ne dans les attentats du World Trade Center, comprend pas du tout cette décision. Mais symbole du capitalisme américain. Plus de Bloomberg continue à gérer la ville selon ses 70 nationalités sont présentes dans le feu et convictions, certain que la rigueur permettra sous les décombres. Il faudra presque un an à une ville dévastée de renaître rapidement. pour déblayer la zone aujourd’hui connue sous le nom de Ground Zero, devenue un endroit de George W. Bush, suite et fin pèlerinage pour les Américains comme pour Le 3 novembre 2004, l’Amérique réélit George les visiteurs du monde entier. New York ne W. Bush pour un nouveau mandat présiden- sera plus jamais la même, le monde non plus tiel de 5 ans. Après une campagne pendant d’ailleurs. La réponse de l’Etat américain ne

laquelle il a convaincu le peuple américain DÉCOUVERTE se fit pas attendre. D’abord en Afghanistan, qu’il était un vrai chef de guerre défenseur avec le soutien de la communauté interna- des valeurs conservatrices, il a remporté les tionale, puis en Irak, de manière beaucoup élections avec 51 % des voix, contre 48 % plus contestable et solitaire. pour John Kerry, son adversaire démocrate. Echaudés par leur expérience de l’an 2000, À la recherche les médias ont pris leurs précautions quant à du second souffle l’annonce du vainqueur. Selon les sondages, la La campagne à la succession de Giuliani à progression du Parti républicain est attribuée la mairie de New York passe complètement à la peur du terrorisme, à la guerre en Irak au second plan dans un contexte d’urgence et à la préservation des valeurs morales. La post 11-septembre. Michael R. Bloomberg, le Grosse Pomme, terre démocrate bien que fondateur de l’empire d’information financière dirigée par un maire républicain (Bloomberg qui porte son nom, est présenté de longue et son prédécesseur, le toujours très populaire date par Giuliani comme son successeur. Il Giuliani, ont d’ailleurs soutenu très activement remporte les élections du 7 novembre avec la campagne de George W.), a massivement 3 points d’avance sur Green, son adversaire voté pour John Kerry. La carte électorale des démocrate. Mais Bloomberg, qui a quitté la Etats-Unis montre très nettement que les côtes direction de sa société pour se lancer plei- Atlantique et Pacifique sont majoritairement nement dans sa nouvelle carrière politique, démocrates, à l’inverse de nombreux Etats à doit faire face à de multiples problèmes. Les l’intérieur des terres. Malgré le traumatisme attentats du 11 septembre ont plus que boule- du 11 septembre, les New-Yorkais n’ont pas versé la donne. En effet, l’économie mondiale cédé aux sirènes de la peur. L’Etat de New York est en phase de récession depuis la tragédie : a donné 58 % de ses voix au candidat John des milliers de sociétés ont perdu des millions Kerry. A noter : la mobilisation des votants de dollars, la ville a vidé ses caisses dans les de a été plus importante que opérations de sauvetage et ses prévisions dans le reste du pays. Une part importante de reconstruction (c’est tout un quartier de des jeunes, des Afro-Américains, des Latinos New York qui est en ruine), le moral des et des Asiatiques demeure pourtant en marge New-Yorkais est au plus bas, ce qui sclérose du système électoral. les initiatives et l’investissement. La période En 2006, la politique de Bush s’essouffle : est donc à la reconstruction et à la rigueur mauvaise gestion de l’ouragan Katrina, critique budgétaire, toujours mal vues. Les taxes de plus en plus prégnante de la guerre en locales augmentent considérablement, du Irak (plus grosses pertes de soldats depuis la coup le coût de la vie augmente encore (loyers, guerre du Vietnam)… Les sondages sont au produits de consommation). Les services plus bas. En 2007, malgré des remaniements publics sont mis à contribution. Bloomberg gouvernementaux, un scandale à la tête de pâtit d’une image de brillant financier, intelli- la banque mondiale, les menaces nucléaires gent certes, mais peu en phase avec la popu- de l’Iran et l’embourbement en Irak rendaient lation et maladroit dans sa communication. le président de plus en plus impopulaire. Au printemps 2003, il commet un crime de En mai 2008, le Time le classe pourtant lèse-majesté : il prévoit de fermer 10 casernes septième sur sa liste des cent personnes les de pompiers dans des quartiers populaires de plus influentes au monde.

HISTOIRE 49

Obama, entre espoir fait rage aux Etats-Unis, ne lui simplifie et immobilisme pas la tâche. En septembre, le président prévoyait une fin d’année 2009 difficile, avec En juin 2008, Hillary Clinton reconnaît officiel- de nouvelles suppressions d’emplois à la clef. lement sa défaite aux primaires démocrates et, En septembre 2009, Barack Obama est mis par là, la victoire de son rival, Barack Obama. en difficulté sur son projet de réforme du Après 17 longs mois de campagne, la sénatrice abandonne la compétition. Le sénateur de système de santé aux Etats-Unis, l’une de ses l’Illinois (47 ans) reste donc dans la course principales promesses de campagne. Le projet face au républicain John McCain (72 ans). Les est ambitieux, et de nombreux présidents rues de New York se montrent alors largement avant lui s’y sont cassé les dents. Obama favorables à l’élection de Barack Obama. souhaite rendre le système plus accessible, Le 4 novembre 2008, Barack Obama fait qu’il prenne en charge les exclus et qu’il date dans l’histoire du pays. Il remporte les encadre plus étroitement les assureurs privés,

élections avec 52 % des suffrages et devient dont les tarifs explosent. Les lobbies des DÉCOUVERTE ainsi le premier président noir des Etats-Unis. assurances et des compagnies pharmaceu- New York le plébiscite avec 62 % des voix. tiques réfutent ce principe avec force. Avec La page Bush est définitivement tournée et sa loi sur l’assurance santé, l’avenir même cette élection symbolique suscite beaucoup de sa présidence est mis à mal. Côté chiffres, d’espoirs. La cérémonie d’investiture du 14 000 Américains, frappés quotidiennement 20 janvier 2009 est une extraordinaire affir- par le chômage, perdent, chaque jour, le droit mation des espoirs qui pèsent sur les épaules d’être soignés, et 15 % de la population n’a de cet homme, qui prend officiellement ses pas d’assurance santé. fonctions de 44e président des Etats-Unis. En 2010, Obama en est à mi-mandat et sa cote Plus de 2 millions de personnes assistent à de popularité est en berne dans les sondages. l’événement, historique. L’économie, le chômage et la marée noire Obama doit rapidement faire face à la réalité. provoquée par la British Petroleum dans le Son arrivée en pleine crise économique, qui golfe du Mexique ne jouent pas en sa faveur.

Manhattan sous les eaux Un peu plus d’un an après l’ouragan Irène qui n’avait causé que des dégâts mineurs à New York, les habitants de la Grosse Pomme ne craignaient pas outre mesure l’ouragan Sandy, qui arrivait des Caraïbes où il avait particulièrement meurtri Haïti. Pourtant dans la nuit du 29 octobre 2012, New York a connu la plus grande catastrophe naturelle de son histoire. La montée des eaux a inondé le sud de Manhattan, Brooklyn et Staten Island. L’eau est montée à plus de quatre mètres dans le quartier de Battery Park ! Dans le Queens, un incendie a détruit plus de 80 maisons du quartier de Breezy Point. Le lendemain de la tempête, New York se découvre un nouveau visage, celui d’une ville fragile, absolument pas préparée aux catastrophes naturelles. Faits historiques, la bourse de New York ferme deux jours durant. La campagne présidentielle s’interrompt malgré l’imminence des élections. Le métro et les tunnels sont inondés, tout le sud de Manhattan se retrouve plongé dans le noir, et ce pendant une semaine, l’eau courante s’arrête, le réseau de téléphone est coupé, et l’essence se raréfie. Même les taxis jaunes ne peuvent plus se ravitailler. Alors les New-Yorkais marchent et s’entraident. Pendant plusieurs semaines, New York est au ralenti. Brooklyn se retrouve coupé de Manhattan, et Staten Island, sous les eaux, est isolée comme jamais. 41 personnes sont décédées à New York suite au passage de Sandy et on compte 110 morts aux Etats-Unis et au Canada. L’ouragan a le mérite de mettre en lumière le problème du réchauffement climatique, à moins d’une semaine de l’élection présidentielle. Quatre jours seulement après la tempête, l’ancien maire de New York, Michael Bloomberg, annonce son soutien à Barack Obama pour son implication dans la lutte contre le réchauffement climatique et sa réactivité lors du passage de Sandy. La ville ne s’est pas encore totalement remise du passage de l’Ouragan. D’importantes zones de Staten Island, du sud de Brooklyn, de Battery Park ou encore de South Street Seaport sont encore en rénovation. 50 HISTOIRE

En novembre 2010, les midterm elections à quelques mois de l’élection. Face à lui, le (élections de mi-mandat), renouvelant les multimilliardaire Mitt Romney, qui pâtit d’un 435 élus de la Chambre des représentants du faible capital sympathie, mise sur le rejet Congrès américain ainsi qu’un tiers des sièges tenace des républicains et du Tea Party envers au Sénat, ont été un véritable camouflet pour Barack Obama, accusé notamment d’être un Obama, redonnant au pouvoir législatif une communiste. majorité républicaine. La marge de manœuvre du président se réduit alors considérablement Réelection, et peu de mesures sont adoptées pendant ces port d’armes et santé deux années de cohabitation. Le 6 novembre 2012, Barack Obama est En 2011, les leviers de la croissance améri- réélu président des Etats-Unis en rempor- caine se grippent. Barack Obama demande tant 332 grands électeurs contre 206 pour de prendre des mesures urgentes et annonce le candidat républicain. Mais le président toute une batterie de mesures pour soutenir la démocrate ne remporte pas la chambres consommation et encourager l’embauche en des représentants et doit encore cohabiter 2012. Avec en tête, un plan pour l’emploi de pendant au moins deux ans avec un 447 milliards de dollars. Mais encore une fois, Congrès qui lui est opposé. Une cohabita- le président américain se heurte à l’opposition tion qui empêche Barack Obama de mettre des républicains, majoritaires à la Chambre en œuvre toutes ses grandes réformes. des représentants. Si Barack Obama incarne La première année du second mandat du l’espoir pour une moitié de la population, il président américain est marquée par de très incarne aussi l’ennemi de l’intérieur pour nombreuses fusillades, dont deux qui ont l’autre moitié. Tous les analystes s’accordent ému la planète entière. La première a lieu pour dire que l’Amérique n’a jamais été aussi à Aurora dans le Colorado. James Holmes, divisée d’un point de vue de politique que lors 25 ans, tire à vue dans une salle de cinéma de la présidence d’Obama. et tue 12 personnes, en blessant 70 autres. C’est pourquoi la décision de la Cour suprême, Plus marquante encore, la fusillade dans la plus haute juridiction aux Etats-Unis, sur la une école de Newtown, Connecticut ; vingt réforme de la santé est très attendue à l’été enfants et six adultes trouvent la mort. Suite 2012. Et c’est à 5 voix contre 4 que les juges à cette fusillade, Barack Obama tente de faire de la Cour suprême approuvent le 28 juin passer une loi au sénat et à la chambre des la réforme phare du président démocrate. représentants imposant un meilleur contrôle Immense victoire pour Barack Obama qui des possesseurs d’armes. Mais l’opposi- réussit là un vieux rêve de JFK : donner à tion de tous les républicains et de certains toute la nation une couverture maladie. Une démocrates empêche toute loi d’être votée. décision qui donne un boost à sa campagne L’impossibilité de compromis sur toute loi au AUTHOR’S IMAGE ©

Voiture police NYPD (New York Police Department). HISTOIRE 51 AUTHOR’S IMAGE © DÉCOUVERTE

Inscription sur les camions de pompiers rappelant le 11 septembre (Financial District).

Congrès entraîne le 1er octobre un Shutdown, Entre temps, plus de 30 milliards de dollars c’est-à-dire l’arrêt de nombreuses adminis- auront été perdus... trations fédérales. 800 000 fonctionnaires se En novembre, le président Obama devait faire sont ainsi retrouvés en congés sans solde, amende honorable à cause du lancement raté les pensions pour les vétérans n’ont plus été du volet central de sa réforme de l’assurance- payées et les aides aux plus démunis arrêtées. maladie et de la résiliation des polices d’assu- La Chambres des représentants républicaine rance maladie de nombreux administrés. et le sénat démocrate n’ont en effet pas réussi à s’entendre sur le budget 2014, provoquant Bill de Blasio, nouveau maire le gel des fonds destinés au fonctionnement En mars 2013, près de la moitié des des programmes publics et aux employés New-Yorkais ne connaissaient pas Bill de de l’État. Le dernier Shutdown remontait à Blasio. Huit mois plus tard, ils ont été 73,6 % janvier 1996 sous la présidence de Bill Clinton. à voter pour lui. Un raz-de-marée électoral qui Cette fois, le GOP (Grand Old Party, le parti n’a pourtant rien d’étonnant dans une ville de républicain) s’est opposé à tout budget qui plus en plus démocrate. Vainqueur facile du prendrait en compte la fameuse réforme de républicain Joe Lhota, qui n’aura jamais existé la santé de Barack Obama. C’est d’ailleurs durant la campagne, Bill de Blasio s’est fait le jour du Shutdown qu’est entré en vigueur élire en se présentant comme un robin des « Obamacare ». Victime de son succès, le bois des temps modernes. Son programme site internet gouvernemental qui permet de tournait autour d’un argument choc, faire de souscrire une assurance maladie a rencontré New York une ville plus homogène et combler de nombreux bugs. Les républicains en ont le fossé entre riches et pauvres. Démagogique alors profité pour remettre à nouveau en pour certains (dont Michael Bloomberg), plein cause la réforme, la jugeant inapplicable et d’espoir pour d’autres, le candidat démocrate dangereuse, et mettre la pression sur Barack ne laisse personne indifférent. Bill de Blasio Obama. Mais les Républicains, accusés d’être a, entre autres choses, promis la fin de la « jusqu’au-boutistes » par les médias, y hausse vertigineuse des prix des loyers, la compris ceux leur étant généralement favo- construction massive de logements sociaux, rables comme Fox News, ont finalement voté une taxe à la charge des New-Yorkais les plus un budget en accord avec les démocrates le riches, dont l’argent serait utilisé pour investir 17 octobre 2013. Le parti de l’opposition est dans le système éducatif de la ville, et l’arrêt sorti grand perdant de ce combat, n’empê- du très controversé Stop-and-Frisk, une loi chant pas la mise en place de la loi de la santé permettant à la police d’arrêter n’importe quel d’Obama et s’attirant les foudres de l’opinion. individu et de le fouiller sans raison. Politique et économie

POLITIQUE

Etat de New York Ville de New York Aux Etats-Unis, chaque Etat a son propre Bien que dépendant de l’Etat de New York, la système exécutif, législatif et judiciaire. L’Etat Grosse Pomme est une ville très autonome. Le de New York (dont la capitale est Albany) maire de New York et ses adjoints s’occupent a donc, comme les 49 autres Etats, trois de la politique générale de la ville, de l’admi- pouvoirs distincts du gouvernement fédéral : nistration, et du développement économique. w L’exécutif, dont le chef est le gouverneur La mairie est aussi chargée de veiller à la sécurité de la ville, que ce soit dans le contrôle de l’Etat de New York, qui est actuellement de la NYPD (New York Police Department) le démocrate Andrew Cuomo, depuis 2010. ou dans la protection des habitants en cas w Le législatif, avec les deux chambres, de catastrophe naturelle. Durant l’ouragan le Senate, composé de 61 membres, et Sandy, Michael Bloomberg, prédécesseur l’Assembly, qui a 150 membres. Chacun des du maire actuel Bill de Blasio, avait ainsi membres des 2 chambres est élu pour 2 ans. requis l’évacuation de plusieurs quartiers Depuis janvier 2009, Kirsten Gillibrand est de la ville. sénatrice de l’Etat de New York, succédant w Le conseil municipal, composé de ainsi à Hillary Clinton. Charles Schumer est 51 personnes, il s’occupe de voter les lois. également sénateur depuis 1999. Historiquement, il a presque toujours été w Le judiciaire (The Court of Appeals). Au à majorité démocrate. Pour qu’une loi soit sein du gouvernement fédéral, l’Etat de New votée, elle doit être approuvée par 50 % York compte 2 sénateurs et 29 représentants, du conseil municipal et promulguée par le et 33 voix pour l’élection présidentielle. maire. AUTHOR’S IMAGE ©

Police montée à Times Square. POLITIQUE ET ÉCONOMIE 53

ÉCONOMIE

Principales ressources d’un port gigantesque (Port Authority New York – New Jersey est, avec ses 238 km² et Si New York joue indéniablement un rôle essentiel une capacité d’accueil de 391 navires, le plus sur le plan politique (notamment avec la présence grand port du monde), d’un réseau routier et de l’ONU) et intellectuel, elle joue aussi un grand ferroviaire important. Toutes ces infrastruc- rôle économique. L’Etat de New York est un des tures permettent à un nombre considérable Etats les plus puissants des Etats-Unis et du de commerces d’exister – qu’il s’agisse de monde entier. Il va sans dire que ce rayonne- grossistes ou de détaillants – et favorisent ment économique est dû en majeure partie à la ville même de New York : finance, commerce, la multiplication des services. industrie, communication et tourisme en sont L’équipement industriel et informatique, DÉCOUVERTE les principales activités économiques. l’électronique, les équipements électriques, le matériel de transport et d’instrumenta- Une capitale financière tion sont les principaux secteurs en matière et commerciale d’exportation. Le Canada, le Japon, la Suisse et la Grande-Bretagne sont les quatre clients La finance a toujours occupé une place majeurs de l’Etat de New York, suivis par prépondérante dans l’économie new-yorkaise. l’Allemagne, Hong Kong, la Corée et, enfin, la Une situation qui remonte à 1792, année France. De fait, NYC se trouve, bien malgré où des courtiers s’entendent pour fonder le elle, au cœur du déclenchement de la crise premier marché de valeurs organisé (prédes- tination, il se trouvait dans ce qui deviendra économique mondiale. La faillite inattendue Wall Street). Vingt-cinq ans plus tard, devenu et spectaculaire de Lehman Brothers, dont le la Bourse américaine la plus importante, siège était à NYC, l’atteste. Le dépôt de bilan ce marché perd le nom de New York Stock de la banque d’affaires le 15 septembre 2008 a & Exchange Board, pour prendre son nom suscité une onde de choc qui s’est ensuite actuel en 1882 : le New York Stock Exchange propagée à toute l’économie mondiale… Si (NYSE). Il s’y effectue quotidiennement plus la crise fait encore rage en 2013, Wall Street de 1 trillion de dollars de transactions. s’est très bien relevée. Sans forcément que les C’est dans ce Financial District si symbolique leçons aient été retenues. Les bonus accordés du capitalisme financier qu’ont commencé en fin d’année aux traders ont encore augmenté les manifestations du mouvement Occupy de 6 % en 2011 après avoir déjà grossi de Wall Street à l’automne 2011, en pleine crise 5,7 % en 2010. Les embauches ont également financière mondiale, variante du mouvement recommencé à Wall Street. Pour rappel, plus des Indignés madrilènes. Si le mouvement a de 25 000 postes avaient été supprimés dans perdu de son ampleur depuis sa création, une les entreprises financières dans les quelques manifestation a rassemblé quelques centaines mois qui avaient suivi la crise de 2008. Cette de personnes en septembre 2012 pour le reprise de la place financière new-yorkaise est premier anniversaire du mouvement. La police évidemment une bonne nouvelle pour la ville new-yorkaise n’étant pas connue pour sa et l’Etat de New York. On estime que 12 % du diplomatie, évitez de rester aux alentours budget de la ville provient du secteur financier. des manifestations ou sit-in. Les impôts sur les entreprises mais surtout sur Outre le NYSE, le Financial District du Lower tous les gros salaires des grandes entreprises East Side de Manhattan abrite l’United States rapportent d’énormes recettes fiscales à la Federal Reserve Bank, et, sur la rive ouest, ville. Ce qui permet le développement des s’érige un des plus gros centres financiers et écoles, des routes, etc. commerciaux du monde : le World Financial Malgré ces bonnes nouvelles, Wall Street a Center. La position géographique de la vu sa réputation salie aux yeux de nombreux ville et l’excellent réseau de ses voies de Américains. Loin d’être anti-capitaliste, ils communication ont considérablement facilité estiment que le New York Stock Exchange le développement du commerce new-yorkais : est le symbole de la dérégulation de l’éco- présence de trois aéroports (La Guardia, John nomie et l’un des responsables du fort taux F. Kennedy et Newark, dans le New Jersey), de chômage. 54 POLITIQUE ET ÉCONOMIE

Un centre industriel névralgique pour les nouvelles technologies. New York ne se borne pas à la finance et De plus en plus de start-up choisissent de au commerce : c’est aussi un grand centre s’implanter à New York et profiter ainsi du industriel. La ville jouit d’une position de leader dynamisme économique de la mégalopole. national dans des secteurs comme le textile w La publicité : huit des dix premières et l’habillement (la portion de Midtown sur agences nationales sont implantées à New la 7th Avenue et les trentièmes rues porte York. le nom de Garment District en raison des w La communication et la production : nombreux ateliers de fabrique et de boutiques bien des chaînes nationales de télévision de vêtements destinés aux grossistes), l’ali- et de radio ont établi leur siège à New York, mentation industrielle, la bijouterie, le bois, le ainsi que bon nombre de maisons d’édition. papier, les métaux, la mécanique, l’industrie w La mode et le marché de l’art jouent chimique et la biomédicale. également un rôle d’importance dans Une ville de nouveaux services l’économie de la ville. Vers la fin du XXe siècle cependant, certaines activités du secteur secondaire ont perdu peu Place du tourisme à peu de l’importance au profit des services Générateur d’emplois et source importante de – actuellement première source d’emplois. revenus, le tourisme est un atout économique w Les technologies de pointe : depuis la majeur pour la ville. naissance des nouveaux médias dans les w Affluence touristique. En 2012, New années 1980-1990, New York est devenue, York enregistre un flot touristique record en quelques années, leader mondial des avec pas moins de 52 millions de visiteurs technologies de pointe, comme en témoigne soit 2,1 % de plus qu’en 2011. Objectif atteint la Silicon Alley (Park Avenue South, en deçà pour le maire de l’époque Michael Bloomberg de la 41st Street), qui abrite un nombre qui visait au moins 50 millions de touristes impressionnant de sociétés de communication pour 2012 d’ici la fin de son dernier mandat. spécialisées dans l’informatique et l’Internet Celui-ci déclarait d’ailleurs fin 2010 : « La (avec un chiffre d’affaires annoncé de près force de notre industrie touristique est l’une de 4 millions de dollars). Depuis la fin des des raisons pour laquelle la ville de New années 2000, New York est en train d’éclipser York a été moins gravement touchée par la la Silicon Valley en Californie, l’autre centre récession nationale que d’autres villes, et elle continue d’être l’une des raisons pour laquelle nous nous développons plus vite que les autres villes actuellement ». Le tourisme fait incontestablement vivre de nombreux secteurs AUTHOR’S IMAGE

© tels la restauration et l’hôtellerie. Et les New- Yorkais ne peuvent qu’être ravis de l’afflux de touristes. On estime que, chaque année, un ménage économise 1 350 US$ d’impôts grâce aux revenus générés par le tourisme. w En tête de classement. New York est la première destination touristique des Etats- Unis, devant Las Vegas et Chicago ! Ces visiteurs ont donc injecté 55,3 milliards de dollars dans l’économie de la ville et participé à l’emploi de plus de 320 000 personnes. Parmi les nationalités les plus représentées chez les touristes étrangers en 2006, on trouvait d’abord des Anglais (1 055 000), des Canadiens (1 033 000), des Brésiliens (718 000) et cocorico, des Français (662 000). New York City est d’ailleurs la destination numéro 1 des habitants de l’Hexagone, devant San Francisco. Homme d’affaires à Broadway Financial District.

DÉCOUVERTE AUTHOR’S IMAGE AUTHOR’S © - Joueurs à Colombus Park (Chinatown). (Chinatown). Joueurs à Colombus Park De New à Nueva York York dépassé avait communauté hispanique Si la en nombre la communauténoire lors du recensement de 2000, les chiffres se sont rééquilibrés depuis, à en croire celui de 2009. La communauté hispanique, très disparate dans sa composition, repré n’en sente pas moins aujourd’hui la deuxième grande communauté de New (28,6 York %), derrière la communauté blanche 44 % qui baisse 2000, depuis et communauté devant la noire (25,5 %). Une tendance qui indique que, dans 20-30 ans, les Hispaniques formeront la première communauté de New York. A noter asiatique communauté la que également %) fortement s’est (12,7 développée ces dix dernières années. partie de l’économie de New reposait York sur les épaules des travailleurs sans papiers (la plupart travaillent dans les restaurants) ! New reste York le symbole de la liberté et demeure encore terre une aujourd’hui d’asile pour beaucoup de gens, même si récemment les lois nationales sur l’immigration se sont durcies. - - etlangues Population comprend comprend comprend comprend comprend les les comprend comprend les comprendles ) compte offi compte ) comprendles Noirs boroughs Lacatégorie « Asiatiques » Lacatégorie « Autres » Lacatégorie « Noirs» La catégorie « Hispaniques» La catégorie « Blancs »

les Américainsles et étrangers hispanophones w w w w w Bloomberg,a même reconnubonne qu’une entre minorités ont éclaté à plusieurs reprises. Michael Le précédent ville, la de maire force. L’intégration de tous ces peuples ne ne peuples ces tous de L’intégration force. pas s’est faite sans heurts, et des tensions ladiversité de l’origine de sa population, et ce multiculturalisme en fait aujourd’hui sa les formes : langues, religions, restaurants religions, langues, : formes les ethniques…New a toujoursYork revendiqué population qui y vit est née Le à l’étranger. monde entier y est représenté sous toutes New est York synonyme impressionnant d’un brassage ethnique. D’ailleurs, 36 % de la de petits-enfants d’immigrés, d’arrière-petits- d’immigrés, petits-enfants de enfants d’immigrés, etc., la population de Composée d’immigrés, d’enfants d’immigrés, d’immigrés, d’enfants d’immigrés, Composée et Pakistanais,et personnes les et Brésiliens originaires d’Asie centrale. Immigration Caribéens non hispanophones, Arabes, hispanophones, Indiens non Caribéens Américains et étrangers originaires d’Asiedu Pacifique. du Sud-Est et centrale et des Caraïbes, quelle que soit couleur. leur originaires d’Amérique du Sud, d’Amérique originaires Sud, du d’Amérique d’Amérique Américains et les Africains. les et Américains nationalité et canadienne européenne. les Américains blancs et les résidents de ment aux communautés variées qui composent variées aux communautés ment qui Etats-Unis.les melting-pot est y important, fait il toute sa richesse. Les Américains se réfèrent facile Selon le recensement de les 2012, Etats- Uniscomptent millions d’habitants 316 et le La population de l’Etat de New (New York York City comprise) est de plus millions de 19,5 d’habitants. ciellement 8 336 697 habitants, selon les derniers chiffresdu bureau du rencensement. New (les York cinq Mode de vie

VIE SOCIALE

Education les 40 000 US$ par an, selon les spécialisa- L’école n’est obligatoire qu’à six ans aux Etats- tions. Les deux plus célèbres sont Columbia Unis, pour l’entrée en 1st grade. Avant cela, University et New York University. Pour les les parents peuvent placer leur enfant en élèves venant des quartiers difficiles ou de crèche (Nursery), puis en maternelle (pre- familles aux revenus limités, un système très Kindergarten), ou alors laisser à une nounou efficace de bourse existe. L’offre éducative pour les parents venant de le soin d’éduquer leur enfant. La durée des l’Hexagone qui souhaitent que leur enfant études au junior high school (collège français) continue à parler le français est de plus en est de 3 ans et au high school (lycée) de plus large. A New York, on évalue à 16 600, 4 ans. Les cours sont dispensés par niveaux le nombre d’enfants de 5 à 17 ans parlant dans chacune des disciplines enseignées et français à la maison. D’où l’ouverture ces réparties pendant les cinq jours de la semaine dernières années de plusieurs programmes selon le même emploi du temps. L’année bilingues français-anglais dans les écoles terms est divisée en deux : on ne passe au publiques américaines. Il en existe aujourd’hui niveau supérieur que dans les matières dans huit, quatre à Manhattan et quatre à Brooklyn. lesquelles on a eu la moyenne (65 sur 100). Ces écoles, à l’enseignement de qualité, sont à Des cours d’été (summer school), faculta- l’origine de la formation de quartiers français. tifs et gratuits, permettent aux élèves de En effet, comme en France, les enfants vivant rattraper leur retard dans la ou les matières à proximité de l’établissement scolaire sont à problèmes. Pour obtenir leur graduation prioritaires. On trouve ainsi une forte commu- (bac américain), les élèves doivent compter nauté française à Carroll Gardens, autour de un certain nombre de crédits dans chaque l’école PS 58, la première école à avoir accueilli discipline. Chaque bachelier figure dans le un programme bilingue français-anglais à New year book, un trombinoscope de tous les York, en 2008. Les programmes bilingues dans élèves ayant réussi leur examen la même les écoles publiques new-yorkaises sont pour année. Le succès se fête par la prom (le bal l’instant limités au primaire et au collège. Pour des diplômés), élégante cérémonie au cours le lycée, les parents français doivent placer de laquelle les lauréats reçoivent leur diplôme leurs enfants dans un des lycées français en gown and cap (toge et chapeau). Comme privés de la ville, aux prix exorbitants. dans les films ! Viennent ensuite le college ou l’university, pour deux, quatre ou six années Excellence d’études supplémentaires. Il existe à New York un culte de l’excellence Comme en France, le système est divisé entre poussé à l’extrême qui se retrouve à tous les les écoles publiques et privées. Les écoles niveaux de l’échelle sociale et dans tous les publiques, selon leur situation géographique domaines. Quelle que soit votre activité, il sont d’une qualité très disparates. C’est un faut être numéro 1 dans ce que vous faites. des problèmes que n’a pas su régler l’ancien Que ce soit le gérant de snacks qui clame maire Michael Bloomberg. Certains établisse- sur son enseigne être celui à New York qui ments publics de l’Upper East Side, de l’Upper met le plus de pepperoni dans ses parts de West Side ou encore de TriBeCa sont parfois pizza, ou l’avocat d’affaires spécialiste des aussi bons que des écoles privées. L’Etat de fusions acquisitions, tout le monde se doit New York est celui où il y a le plus d’enfants de posséder un savoir-faire unique qui lui dans le privé entre la primaire et le lycée. Ils permettra de faire son trou dans une ville sont plus de 20 %. Les prix de scolarité de aussi compétitive que New York, qui réunit ces établissements privés sont très élevés, tant de monde et d’ambitions. Cet état d’esprit entre 7 000 US$ et 18 000 US$ par an. Les imprègne tellement les habitants de la ville universités new-yorkaises, prestigieuses, sont que, professionnellement parlant, si vous extrêmement chères et peuvent dépasser n’adoptez pas le discours de la confiance et

58 MODE DE VIE

Protection sociale entre républicains et démocrates, la couver- Le 28 juin 2012, Barack Obama est entré ture sociale est du ressort du gouvernement dans l’histoire de la protection sociale aux fédéral. Très différente de celle que l’on connaît en France, la sécurité sociale existe Etats-Unis, après les présidents Truman et néanmoins aux Etats-Unis. Jusqu’au succès Roosevelt. Ce jour-là, la Cour suprême a en d’Obama, elle ne concernait cependant que effet validé sa réforme de la santé à cinq voix des catégories de population bien précises : contre quatre. Le projet a vocation à assurer Medicare, pour les personnes de plus de au plus grand nombre une couverture sociale 65 ans et les handicapés ; Medicaid, pour minimale, qui leur évitera de risquer la faillite les indigents. Les autres Américains devaient lors d’une éventuelle maladie. Quant aux assu- souscrire à des plans privés d’assurance rances privées, elles ne pourront plus lâcher médicale à des prix exorbitants. Votée, la loi leurs clients pour des raisons financières ou ne commencera à être appliquée qu’à partir médicales. Source de débats permanents du 1er janvier 2014.

MŒURS ET FAITS DE SOCIÉTÉ

Une ville d’immigrants aux Afro-Américains, c’est à Jamaica qu’ils descendront, prompts à passer chercher des par essence beef paties ou des acras de morue pour le Ellis Island n’est pas si loin, juste à deux dîner, après des « adieu, à demain » formulés encablures de l’espace et du temps. Si les de temps à autre en créole. Est-ce à dire qu’on formalités ont été considérablement assou- ne se mélange pas ? Disons qu’on se mélange plies, si l’on n’accoste plus guère sur les assez peu. Toujours est-il que ces commu- rives de Manhattan avec pour tout bagage nautés étrangères ont pour point commun un un maigre balluchon, les motivations des déracinement qui ne se vit, certes, pas sans nouveaux arrivants restent sensiblement les mal, mais qui est adouci par la possibilité de mêmes : fuite de quelque persécution et/ou retrouver les siens, tout en caressant le rêve recherche d’un monde meilleur. L’équation de s’intégrer dans ce pays. New York/melting-pot n’est pas nouvelle : New York incarne en effet une mégapole Entre communautarisme où se côtoient plus de huit millions d’ha- et intégration bitants, où cohabitent toutes les ethnies Qu’ils s’appellent Chinatown, Little Odessa, possibles, et où l’on parle une bonne vingtaine Astoria, Little Italy, El Barrio ou Williamsburg, de langues. les quartiers new-yorkais sont l’image vivante Quand on observe les mouvements de foule de ce grand brassage de population. Chacun aux heures de pointe, on s’aperçoit bien occupe la place qu’il s’est choisie, avec ses vite que le visage des rues change selon les propres repères. New York sait préserver quartiers parcourus. Prenons comme exemple l’identité de ses ethnies, tant par la multipli- la ligne R du métro allant vers Queens : les cation des lieux de culte (synagogues, églises, premiers à alléger les wagons hyperbondés mosquées, temples, etc.) que par la possibilité seront les Coréens, là où les enseignes qu’elle laisse à chacun de conserver sa langue s’affichent dans leur langue maternelle et – donc son identité – tout en lui offrant la où sont vendues de multiples denrées aux possibilité de s’intégrer et de réussir. Plus de saveurs orientales. Les Latinos feront de dix communautés émettent des programmes même à Roosevelt et à Corona, quartiers sur les chaînes de télévision et éditent leur dont les rues retentissent de notes de salsa, journal quotidien dans leur langue. Le but : de merengue ou de bachata, et où l’espagnol comprendre ce qui se passe dans le monde. a remplacé l’anglais, dans les foyers, les Un atout majeur pour une intégration réussie. restaurants, les vitrines, les cinémas, bref, Les distributeurs bancaires ou circulaires partout. Quelques arrêts supplémentaires, et sont, pour la plupart, tri ou quadrilingues. ce sera au tour des russophones de rejoindre Ces machines s’adaptent aux langages des leur communauté : là, l’alphabet latin cède la diverses communautés. En matière de respect place aux caractères cyrilliques et les vitrines des différences, New York est number one, de prêt-à-porter s’adaptent aux goûts de la ce qui permet une assimilation sans perte clientèle environnante. Quant aux Haïtiens et d’identité. MODE DE VIE 59

Les choses ne s’arrêtent pas là. Rien n’est personnelles des individus : en effet, dans négligé, rien n’est laissé au hasard, tout est ce pays, n’importe quelle entreprise peut à pensé et structuré en matière d’intégration tout moment mettre le nez dans votre passé comme en témoigne l’institution systéma- universitaire, judiciaire, médical ou financier. tique des cours d’apprentissage d’une langue Où sont les limites ? commune, l’anglais, condition élémentaire et indispensable pour une parfaite immersion. La drague à la new-yorkaise Collèges (Junior High Schools) et lycées Très différents de l’Europe, les mœurs et les (High Schools) organisent des cours spéciaux codes de séduction demandent un véritable d’anglais appelés English Second Language apprentissage. Si un Européen va suivre son (ESL) dont bénéficient pendant deux ans les instinct ou sa « méthode » habituelle pour nouveaux étudiants, et qui s’ajoutent aux autres conquérir sa belle, l’Américain, le New-Yorkais en disciplines du cursus normal partagées avec les particulier, va suivre une démarche bien rodée. lycéens américains. Quant aux Public Libraries Ici, l’on fixe un date. C’est-à-dire que l’on invite (bibliothèques municipales), elles offrent gratui- sa belle à prendre un verre ou à dîner, dans un DÉCOUVERTE tement plusieurs heures hebdomadaires de premier temps. L’adresse a généralement été cours d’ESL aux adultes récemment arrivés. choisie par l’homme de la situation pour montrer New York tient ses promesses par son organi- qu’il sait prendre des initiatives. Pendant ce sation en matière d’intégration et d’assimilation. premier rendez-vous, qui peut ressembler à S’agit-il pour autant d’un vrai melting-pot, un entretien d’embauche pour un Européen non autrement dit, dans la grande marmite, les averti, il ne se passera rien, vous apprendrez ingrédients mijotent-ils tous en même temps à vous connaître et d’une certaine façon à… à la manière d’un pot-au-feu, ou chaque ingré- cocher les cases des critères de votre parte- dient bouillonne-t-il individuellement dans son naire potentiel. S’il y a un bon feeling ou si le propre récipient ? partenaire répond en plusieurs points à vos attentes (si vous aimez le jazz et qu’il déteste, Une ville d’entrepreneurs pourquoi poursuivre ?), il y aura deuxième date, Dans le monde du travail, la flexibilité sociale probablement un dîner. Un baiser d’adieu est est réelle et fondée sur une reconnaissance envisageable mais pas obligatoire. Ce n’est qu’au de l’individu davantage basée sur le talent troisième date que l’homme (ou la femme) peut personnel que sur des diplômes accumulés sur se montrer entreprenant. Ces codes, connus de un curriculum vitae. Il n’y a aucune ingérence tous, sont la plupart du temps à respecter. A de l’Etat dans les affaires privées, ce qui se moins de savoir pertinemment que cette relation vérifie principalement dans tout ce qui touche n’a pas d’avenir au-delà de cette soirée… Une au business. Pour caricaturer, croyez-vous démarche bien policée, on en convient, et qui qu’une banque française suivrait dans ses peut réellement dérouter… L’efficacité à la projets et ses besoins de financement, un new-yorkaise en toutes circonstances… A jeune de 20 ans, étranger, n’ayant pas le noter : on peut avoir plusieurs premiers dates bac, arborant cheveux longs et jeans troués ? en parallèle, puisque ceux-ci n’engagent à rien Cela arrive rarement, voire jamais en France. dans un premier temps… Et oui, il y a du vrai C’est monnaie courante à New York où la dans la série Friends ! vision du risque n’est pas la même et où seuls les résultats font foi. Une entreprise Le droit à la différence se monte en quelques jours seulement. Il Le droit à la différence existe vraiment y a peu d’entraves administratives, tout va aux Etats-Unis, à plus forte raison à New très vite, tout se défait et se refait en un York, qui abrite un nombre considérable rien de temps. Mais la liberté absolue ne va de communautés avec leurs particularités pas sans abus. Pour faire de l’argent, on a raciales, sociales, culturelles et religieuses. tous les droits, même de travailler 90 heures Ce respect des autres se révèle dans des hebdomadaires avec quatre jobs différents, domaines collectifs comme la diversité des même d’employer quelqu’un tous les jours de lieux de culte, l’affichage bilingue des stations la semaine pour 7,25 US$ de l’heure. Cela de métro (Chinatown), la traduction systéma- marche au swim or sink (marche ou crève, tique en deux ou trois langues des circulaires littéralement « nage ou coule »). C’est aussi scolaires destinées aux parents, des fiches de au nom de cette liberté que la législation dans recensement de la population, des informa- tel ou tel secteur fait si souvent défaut. Un tions concernant les transports en commun, récent litige opposait l’Europe et les Etats- ou des distributeurs bancaires s’adaptant aux Unis au sujet de la protection des données minorités environnantes. 60 MODE DE VIE

De même, on retrouve cette tolérance vis-à-vis vendant leur propre presse, par exemple de l’homosexualité, réalité quasi permanente Street News. Achetez ce journal (1 US$) ; vécue sans honte ni retenue (un quart de la ça ne réglera pas le problème de la misère population new-yorkaise est gay ou lesbien, en Amérique, mais ça permettra à beaucoup estime-t-on) : outre leurs bars, leurs restau- de tenir le coup. Des homeless qui se sont rants, leurs clubs ou autres lieux de rencontre, transformés en mendiants professionnels ils ont leur bureau de tourisme, leur créneau vous solliciteront régulièrement, surtout dans horaire sur une chaîne télévisée et leur station le métro. Donner, ou pas, est une question de radio. Plus individuellement, dans le prêt- d’éthique personnelle. On est confronté au à-porter, quelles que soient ses mensurations, même problème au Caire ou en Inde… Sous chacun peut trouver une coupe de vêtements ses airs de capitale du monde occidental, adaptée à sa taille ou sa corpulence : les New York cache des bas-fonds dignes d’une femmes s’habillent en Petites, Misses ou mégalopole du tiers-monde. Women ; les hommes en Small, Regular ou Tall, bref, chacun est reconnu tel que la nature Puritanisme et censure l’a fait. Dans la vie quotidienne, exempte de Vous le constaterez rapidement, à la télé regards réprobateurs, tout est permis, tout est américaine, vous n’entendrez jamais le admis, de l’excès pondéral à l’extravagance moindre fuck, ni n’apercevrez le moindre vestimentaire… Une situation qui reflète sein à l’écran. L’image et le son sont toujours peut-être aussi un redoutable anonymat : du brouillés dans ces cas-là. Dans le même droit à la différence au droit à l’indifférence, esprit, vous aurez sans doute remarqué que il n’y a qu’un pas. les vitrines de prêt-à-porter sont périodi- quement tapissées avec du papier kraft. La Sans-abri raison ? « Cachez ce sein que je ne saurais Les sans-abri (homeless en anglais) voir ! », autrement dit, une loi de 1997 qui new-yorkais ne vous échapperont pas. A interdit d’exhiber, le temps qu’on les rhabille, Manhattan, il y en a entre 50 000 et 80 000. les mannequins dévêtus. Le puritanisme Personne ne connaît le nombre exact. Ils américain a la vie dure et rien n’échappe viennent de tous les milieux, des ghettos du au politically correct. A cette politique de Bronx, de la guerre du Vietnam, du lointain censure relative au sexe se sont greffées des Dakota, d’une faillite familiale ou profes- mesures d’assainissement et d’épuration de sionnelle. Le licenciement est une pratique la ville. Résultat : une métamorphose plus courante aux Etats-Unis, on peut perdre son ou moins appréciée de Big Apple. Premier job du jour au lendemain. Dans le meilleur des touché : Times Square, devenu méconnais- cas, on a trois mois de protection sociale et il sable et très policé aux yeux des personnes faut attendre plusieurs mois avant de toucher qui ont connu ces lieux de débauche mais son chômage. Les naufrages individuels vont pleins de vie des années 1980. Ou même le vite, il suffit de la combinaison de mauvaises Meatpacking District devenu quartier bling- circonstances. Les homeless vivent sous bling et presque huppé en dix ans, alors que des abris de carton l’hiver, sur des bancs, la jeunesse des années 1990 n’osait pas s’y sous les ponts, dans les sous-sols de Grand rendre autrement qu’en taxi, et seulement Central Station, dans le Bowery ou à l’Armée si on la déposait devant le bar ou la boîte du Salut l’été. Certains se sont organisés, « secrète du moment ».

RELIGION Record mondial, on recense à New York existe à New York. En témoigne ce projet de 6 000 lieux de culte : dans les synagogues, construction d’une mosquée et d’un complexe églises, temples, mosquées, se réunissent, culturel islamique à deux pas de Ground chaque semaine, les fidèles juifs, catho- Zero qui, bien qu’ayant provoqué de forts liques, protestants, musulmans, hindous, remous dans l’opinion publique, suit toujours bouddhistes… La tolérance religieuse son cours.

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w – et– par le néoclassique,qui fleurit dans les nation nouvelle la de décennies premières sous la forme de bâtiments carrés de deux ou trois étages, avec des balustrades et soigneusement décoratifs éléments des équilibrés. caractérisant période la coloniale hollandaise etanglaise au XVII ravagèrent qui subsisteraison en d’incendies la ville, notamment en 1776, ce qui laissa place de à nouvelles constructions. De ce style, reste il cependant un vestige : Saint Paul’s Chapel, dans le Lower Manhattan. Après architecture une l’indépendance, de style fédéral s’imposa, plus simple que la précédenteinspirée des arts roman et grec anciens. Ainsi, le City Hall a une petite touche Renaissance française.de Le style fédéral fut suivi de près par le néogothique – illustré par Saint Patrick Cathedral et Trinity Church New York New parfai définissent contraste et Eclectisme tement l’architecture new-yorkaise. les Tous toutes possibles, matériaux les styles,tous les hauteurs et toutes les formes cohabitent Manhattan.à Au fil de son histoire et des innovations techniques, l’architecture de New inspirée s’est York de l’Europe avant de prendre ses propres marques, vers le milieu du XX - - - - - Arts etculture siècle, une nette rupture avec e

, ou la tasse estampillée du célèbre logo de la ville… ARCHITECTURE

Apparel sont souvent bien plus fournies électro à New York. L’équipement égalementbien plus abordable aux États-Unis, del’ordina photo.laA boutique Mac de FifthAvenue (Uptown), est il possibl ordinateur avec clavier européen en le commandant quelques jours à l’av cela vaudra toujours le coup de s’acheter converses, jeans ou chaussure lauren à 25 US$. Les marques typiquement américaines tels Marc Jacobs ou Am supplément sur le prix Enfin, de l’ordinateur. pas n’oublions l’indis librairies et bien sûr des vêtements et chaussures. Que le dollar soit fort o pasexemple impossible de trouver des Levi’s à 30 US$ ou encore des polos Ralph choses, selon ses goûts : bouquins si on lit en anglais car la ville recèle quelq faut donc prévoir un budget shopping conséquent. On peut rapporter tout Que rapporterQue de son voyage ? New est York une ville riche et versatile, elle est une tentation de tous les ins NY laissé leur empreinte aux Etats-Unis,laissé empreinte leur comme, Eero Saarinen, citer qu’un, auquel pour n’en on doit TWA l’aile de l’aéroport de Kennedy. recourant des matériaux à naturels comme le bois ou la pierre. D’autres architectes ont tecture japonaise classique, Wright s’employa intégrerà le bâtiment dans lepaysage, en formes, l’œuvre de Frank Lloyd Wright connut le plus grand rayonnement : inspiré par l’archi van der Rohe et dontl’influence fut consi dérable. Sur le plan du renouvellement des tectes du Bauhaus de Munich, représentés, entre autres talents, par Gropius, Mies Breuer, eux les tendances de l’avant-garde occiden tale, ce fut particulièrement le cas des archi nazies en Europe, de nombreux architectes aux Etats-Unis,s’exilèrent etemportèrent avec palement à Frank Lloyd Wright – illustrèrent constructions des tendances nouvelles les architecturales. Au des moment persécutions la tradition s’amorça : gratte-ciel et maisons particulières de style colonial – dus princi publics (comme Capitole le par exemple). Au début du XX Washington, vers 1800, le style français commença à servir de modèle aux édifices colonial qui se répandit dans tout l’Est du pays.partirA dela fondation de la ville de Avant la guerre de l’Indépendance, le style classique anglais servit d’inspiration au style Etats-Unis 62 ARTS ET CULTURE

w Les brownstones. Au milieu du XIXe siècle w Les skyscrapers. Parallèlement ont été créés de nombreux hôtels particuliers apparaissaient les premiers skyscrapers (mansions) ressemblant à de petits châteaux (gratte-ciel) et la course aux dimensions : inspirés par la Renaissance française, comme aujourd’hui, plus de 40 édifices new-yorkais en témoigne le bâtiment du Jewish Museum dépassent les 200 m de hauteur. Le Flatiron (1808). Abondante et peu onéreuse, trouvée Building vit le jour en 1902, sous l’œil sur les rivages du Connecticut River, la sceptique de bon nombre de New-Yorkais sandstone (le grès) devint le matériau de doutant de la solidité d’un édifice de 91 m de construction le plus courant des années 1800. hauteur, alors record mondial. La structure ? Dans tous les quartiers résidentiels de la ville, Des piliers verticaux en maçonnerie enrobant notamment à Chelsea et Gramercy Park, on des colonnes de fer, associés à des poutrelles peut voir ces brownstones, petites maisons horizontales formant l’ossature portante, ce inspirées de la Renaissance italienne, de rôle n’étant plus dévolu à un mur porteur quelques étages, étroites et profondes, et continu. Ces progrès, permettant désormais qui se caractérisent par leur façade marron de construire des bâtiments à charpente de et leur volée de marches accédant aux étages fer combinés avec l’expansion démographique ainsi que leur escalier menant au sous-sol, (population toujours plus dense vivant de plus jadis réservé aux employés de maison ; de nos en plus à l’étroit) accélérèrent la multiplication jours, ces maisons particulières sont divisées de gratte-ciel. C’est ainsi qu’en 1913 était en appartements. érigé le Woolworth Building (241 m), suivi w Les cast iron. Lorsque, vers 1850, la par le Chrysler Building (1930), de 320 m, fonte fit son apparition, les cast iron buildings lui-même détrôné un an plus tard par les 60 m supplantèrent les brownstones, pour des supplémentaires de l’Empire State Building. raisons économiques – la fonte était moins Déterminé à être le plus haut, le World Trade chère que la pierre ou la brique – mais aussi Center gagna le pari en 1973 en atteignant pratiques : cela permettait de fabriquer les 411 m de hauteur. On est loin des 16 étages ornements de fonderie à partir de moules pour du premier gratte-ciel du monde, élevé à les façades. L’âge du fer avait remplacé l’âge Chicago en 1885 ! de la pierre. C’est à New York que se trouve Devant cette prolifération, une réglementation concentrée la plus grande collection de façades fut mise en place : entrèrent alors en vigueur de ce style, complètes ou partielles. Les plus les mesures de protection contre les incendies, représentatives sont rassemblées dans le SoHo ordonnant de construire des escaliers de cast iron historic district (1869-1895) : à noter secours extérieurs, et la zoning law, exigeant la superbe enfilade allant du 8 au 32 sur Greene des set-backs, autrement dit obligeant de Street, et les deux magnifiques spécimens, au construire les étages supérieurs en décalé 28 et 72 de cette même rue. afin de permettre à la lumière d’atteindre le w Beaux-Arts et Art déco. Durant les années sol. Le style Art déco fut l’objet d’adaptations, dorées, de 1880 à 1920, l’influence de l’Ecole comme en témoignent la plupart des édifices française d’architecture des beaux-arts a construits à cette époque, notamment le dominé dans les bâtiments publics et les riches Chrysler Building et l’Empire State Building. résidences privées. La Frick Mansion (Upper Le World Trade Center (1973), construit en East Side, 1914) est un témoin de cette période verre et en acier lesté de béton (il comptait d’opulence architecturale pendant laquelle ont 21 800 fenêtres), représentait, avec l’ONU été bâtis les plus célèbres édifices de la ville, (1957) et le Citycorp Center (1977), ce que les dont le Carnegie Hall (1891) et le Metropolitan Américains appellent le glass box modernist Museum (1895) – tous deux construits sur style. les plans de Richard Morris Hunt, premier w Le postmodernisme. A l’heure du architecte à avoir étudié à Paris en 1845. postmodernisme, les formes sont très souvent L’exposition parisienne des Arts décoratifs, en incurvées et à géométrie variable, comme 1925, fut le point de départ d’une course à la le World Financial Center (1985), le Grace créativité pour les architectes, tant pour les Building, près de l’hôtel Plaza, ou le Park immeubles d’habitation – le Majestic (Upper Avenue Plaza, en forme de prisme de verre. East Side), le San Remo (Central Park West) La production architecturale new-yorkaise – que pour les gratte-ciel : General Electric recommence à faire preuve de créativité Building, New York Life Insurance Building depuis quelques années. Quelques points de (1928), Hemsley Building (1929). repère : à Midtown, la structure en losange ARTS ET CULTURE 63 de la Hearst Tower (300 W 57th str/8th qui bouge le plus sur le plan architectural. Ave) signée Norman Foster and Partners, Les Américains Lindy Roy et Neil Denari emporte tous les suffrages. A quelques blocs ont construit des immeubles de logements de là, la tour LVMH du Français Christian de d’un nouveau genre, bordant le parc urbain Portzamparc (19 E 57th str/Madison Ave) surélevé sur la 23th Street. À côté du siège de est, à l’image des créations du groupe, un l’entreprise IAC par Frank Gehry (11th Avenue, vrai petit bijou, en verre celui-ci. entre la 18th et la 19th Street), d’autres stars Le Lower East Side connaît une gentryfication, comme Jean Nouvel (100 11th Avenue) et le à l’image du reste de la ville. Sur Cooper Japonais Shigeru Ban (524 W 19th Street) ont Square, le Californien Thom Mayne a achevé apposé leur marque. A ne pas manquer, la la rénovation de l’université Cooper Union : rénovation du 440 W 14th Street, le showroom l’audacieuse balafre de la façade dissimule un de la styliste Diane von Furstenberg par la espace intérieur spectaculaire. Et la forme irré- petite agence new-yorkaise Work AC (notez gulière de la Blue Tower, conçue par Bernard le « diamant » sur le toit), et, touche d’humour Tschumi, lui confère une forme différente, dans un paysage urbain qui se prend parfois DÉCOUVERTE comme pixelisée, selon le point de vue d’où un peu trop au sérieux, le Palazzo Chupi conçu on la regarde. par et pour l’artiste prolifique Julian Schnabel : Meatpacking District, avec la construction un palais vénitien tout rose… à l’angle de la de la Highline, est aujourd’hui le quartier 11th Street et de Washington Street !

CINÉMA

De New York à Hollywood cinéma parlant était « une bêtise à 100 % », L’histoire du cinéma américain débute à ce progrès allait révolutionner le cinéma. New York, en 1909, quand Edison y fonde En 1930, le dernier film muet est tourné. Il la première compagnie cinématographique, s’agit de The Poor Millionnaire, de George la Motion Picture Patents Company. A partir Melford. Joseph von Sternberg, Frank Capra de 1915, les studios émigrent en Californie, et John Ford comptent parmi les directeurs à Hollywood, une petite ville placée sous les plus connus de cette époque. Les studios le signe du soleil. Idéal pour tourner toute deviennent des usines à stars : Katharine l’année, en intérieur comme en extérieur Hepburn, Henry Fonda, Gregory Peck, Gary (l’éclairage artificiel n’était pas encore très Cooper, Judy Garland, Gene Kelly, Fred au point). In Old California, de David Griffith, Astaire, Ingrid Bergman. Enfin, en 1927, la est le premier film réalisé à Hollywood. C’est création du Motion Picture Academy of Arts l’époque du film muet et de la première géné- and Sciences marque le point de départ ration d’acteurs nommés Charlie Chaplin, des cérémonies de récompenses et de Buster Keaton, Douglas Fairbanks, Greta remises d’oscars. Le star-system est à son Garbo, Rudolph Valentino, Claudette Colbert, apogée. etc., dirigés par de grands metteurs en scène comme Maurice Tourneur, D.-W. Griffith ou L’âge d’or du cinéma Mack Sennett. De 1930 à 1950, la demande du public se fait de plus en plus pressante. Les chiffres Hollywood et le star-system rapportent que, pour la seule année 1938, le Après la Première Guerre mondiale, c’est nombre d’entrées dans les salles représente l’époque des premiers grands succès et des 65 % de la population américaine. La première premiers gros budgets ; Hollywood devient superproduction hollywoodienne (1939), Gone vite la capitale du cinéma. En 1927, le premier with the Wind (Autant en emporte le vent), film avec des scènes parlées sonores est a détenu le record du plus grand nombre de projeté sur les écrans – The Jazz Singer spectateurs, et ce pendant 60 ans. Quant d’Alan Crosland, comportant exactement au dessin animé, produit essentiellement 354 mots – et, en 1928, le premier film par Walt Disney, Blanche-Neige et les sept entièrement parlant (Lights of New York de nains (1937), il fut le premier à faire l’objet Bryan Foy). Quoi qu’en ait dit Eisenstein, d’un long-métrage, précédé par Les Trois l’auteur du Cuirassé Potemkine pour qui le Petits Cochons en 1933. 64 ARTS ET CULTURE

Séries et dessins animés new-yorkais Le mode de vie des New-Yorkais et le rayonnement de Big Apple ont de tout temps fasciné les Américains et le monde entier. De nombreuses séries télévisées diffusées dans le monde ont New York comme toile de fond. Pour la plupart des gens, cette ville incarne une Babylone, une Gotham City où le crime organisé et la délinquance font partie du quotidien. D’ailleurs, beaucoup de séries policières vont dans ce sens (CSI- Les experts, NYPD Blues). Le gigantisme et l’urbanisme de New York se prêtent également aux séries de science-fiction (X-Men, Batman, Superman, La Planète des singes). Les séries qui mettent en avant les joies et les interrogations d’une bande d’amis qui vivent en colocation (Friends, How I Met Your Mother), les aventures de personnages excentriques déclinant avec brio et justesse l’humour juif new-yorkais (Seinfeld), ou bien les péripéties de quatre trentenaires en quête de l’âme sœur (Sex and the City) sont certes un tantinet nombrilistes, mais sont néanmoins un succès mondial. Cela mérite le respect. Voici une liste (non exhaustive) des séries et dessins animés qui se passent à New York : Arnold et Willy, Batman, Dream on, Fame, Friends, Girls, Gossip Girl, Kojak, How I met your mother, King of Queens, La Belle et la Bête, La Planète des singes, Law and Order, Les 4 Fantastiques, Les Experts Manhattan, Les Sopranos, Mad about you, Mad City, Mad Men, Madame est servie, Mike Hammer, New York Section Criminelle, NYPD Blues, Ricky ou la Belle Vie, Seinfeld, Sex and the City, Spawn, Spiderman, Starsky et Hutch, Superman, The Cosby show, X-Men.

Ecrans géants et stéréo l’avènement des effets spéciaux, les réalisa- Inventée dans les années 1950, la télévision teurs américains prennent un malin plaisir à va bientôt mettre du sable dans les rouages détruire Manhattan, de New York 1997 à The bien huilés de l’industrie cinématographique. Avengers en passant par Independance Day, Tant et si bien qu’en 1968, il n’y a plus que Armageddon, Deep Impact, Godzilla, Le jour 10 % de la population qui va au cinéma. d’après ou encore Cloverfield. Dans le même temps, l’arrivée de distribu- teurs indépendants constitue une sévère De nos jours concurrence pour de nombreuses grosses La production américaine se porte à merveille, firmes dont les recettes chutent vertigineu- tant en ce qui concerne ses superproductions sement, mettant au chômage bon nombre (qu’on appelle blockbusters), qui inondent le de leurs employés. C’est là qu’apparaissent monde entier, que son cinéma d’auteur, fort l’écran géant et la projection en Cinérama heureusement toujours présent. Cette résis- ou Cinémascope et en stéréo. West Side tance est représentée notamment par l’irré- Story en 1961, et New York, New York en sistible Woody Allen, dont le regard ironique 1977 sont deux films musicaux marquants pointe la société BCBG new-yorkaise ou non, de cette période qui immortalisent à jamais et dont les récents films tels Midnight in le New York des années 1960-70. Paris et Blue Jasmine, ont rencontré un petit succès, même aux Etats-Unis (chose rare). Effets spéciaux Autres figures du cinéma d’auteur outre- Curieusement, c’est le succès inattendu du Atlantique, les frères Cohen situent l’intrigue film Jaws (Les Dents de la mer) qui inspire les de leur dernier film, Inside Llewyn Davis, dans metteurs en scène de la génération suivante le décor bohême du Greenwich Village des sur le plan des effets spéciaux : pour la années 1960. première fois, un film touche un public de Le réalisateur new-yorkais James Gray aime tout âge, tout sexe, toute origine et toute lui-aussi prendre sa ville comme décor pour catégorie socioculturelle confondue. Pour la ses films : Little Odessa (1994), The Yards première fois également, une recette se chiffre (2000), La nuit nous appartient (We Own The en milliards de dollars. En 1977 sort Star Wars Night, 2007), Two Lovers (2008). Son dernier de George Lucas, et, en 1982, E.T. de Steven opus, The Immigrant (2013), plonge Marion Spielberg, deux films où les effets spéciaux Cotillard dans les bas-fonds du New York des sont à leur paroxysme (pour l’époque). Avec vagues d’immigration du début du XXe siècle. ARTS ET CULTURE 65

New York fait son cinéma le monde, pas plus que dans leur quartier Plus de 100 ans après la création de la new-yorkais. La ville n’est plus plus filmée première compagnie cinématographique à comme un musée mais comme un no man’s New York, la ville est toujours autant une terre land où les rencontres sont nombreuses mais de cinéma. Outre les dinosaures new-yorkais les amitiés assez rares. Alors que les films du cinéma que sont Spike Lee, Woody Allen français et certains longs métrages améri- et Martin Scorsese, une nouvelle vague de cains renvoient une image carte postale de la jeunes réalisateurs talentueux est en train ville, une nouvelle génération de réalisateurs de percer. Lena Dunham, réalisatrice du très s’attachent à filmer leur New York. Avec ses récompensé film Tiny Furniture est la nouvelle loyers exorbitants, ses dates pas toujours étoile du cinéma indépendant américain. Sa réussis, sa solitude, ses petits boulots, etc. série Girls, qui se déroule dans le Brooklyn branché, rencontre un grand succès critique New York menace Hollywood

et public aux Etats-Unis. Autre symbole du Si Woody Allen délaisse de plus en plus DÉCOUVERTE renouveau du cinéma indépendant à New souvent sa ville natale, jamais autant de films York, Zach Braff. L’acteur, connu pour son rôle n’ont été tournés à New York. Ce phénomène, principal dans la série Scrubs, a rencontré un la ville le doit en particulier à l’ancien maire succès planétaire avec Garden State. Moins Michael Bloomberg et à Andrew Cuomo, connu en France, Daryl Wein, étudiant en gouverneur de l’Etat de New York. Conscients cinéma il y a encore 3 ans à NYU, s’est des nombreuses créations d’emplois dans l’in- fait une place au soleil avec l’excellent film dustrie du cinéma, les deux hommes ont mis Breaking Upwards, qui n’a hélas jamais eu le en place des crédits d’impôts très alléchants droit à une sortie dans l’Hexagone. Ces trois pour les productions qui décident de tourner réalisateurs ont la particularité de capter à dans la Grosse Pomme. Les studios Steiner, merveille l’air du temps à New York. Ils filment situés dans le quartier de Red Hook à Brooklyn et interprètent ces jeunes un peu perdus, ont notamment accueilli les tournages de Men légèrement excentriques et gauches dans in Black 3, Les noces rebelles, ou encore Burn leurs relations, incapables de se situer dans After Reading.

LITTÉRATURE L’importante place de New York dans la littéra- s’est battu pour les droits civiques des noirs. ture américaine ne date pas de Jack Kerouac. Parmi ces auteurs les plus célèbres, Jessie L’un des premiers auteurs à écrire sur sa ville Redmon Fauset, Wallace Thurman ou encore est Washington Irving. Sa description du Walter White. New York du début des années 1800 et de la bourgeoisie amuse les Etats-Unis et l’Europe L’intelligentsia new-yorkaise où sa nouvelle Rip Van Winkle trouve un large Le milieu du XXe siècle voit l’émergence de public. Un des personnages du livre, Diedrich nombreux écrivains new-yorkais. Aux côtés de Knickerbocker, une descendante d’une famille peintres et musiciens, ils forment un groupe d’immigrés hollandais, est à l’origine du nom d’intellectuels aux idées marxistes. La plupart de l’équipe de basket de la ville, les New York est liée au journal politique local : le Partisan Knicks. A la suite de la parution du livre, tous Review. A l’opposé, les années 1950 voient les New-Yorkais aux origines hollandaises également l’éclosion d’une des plus célèbres ont été surnommés Knickerbocker, puis par auteures américaines Any Rand, connue pour extension tous les New-Yorkais de naissance. son activisme aux côtés des républicains. Arrivée à New York à 20 ans, elle devient La littérature noire célèbre ave The Fountainhead (La source C’est à New York plus que dans n’importe vive), un essai romantique dont l’action se quelle autre ville des Etats-Unis que la litté- déroule à New York. Avec la publication de rature noire a pu s’épanouir. Dès le début son roman Atlas Shrugged, Any Rand devient des années 1900, de nombreux écrivains une des stars de la littérature américaine. Son américains s’installent à Harlem et ainsi naît influence est aujourd’hui politique puisqu’elle dans les années 1920 le courant Harlem est régulièrment cité par des hommes poli- Renaissance, un mouvement littéraire qui tiques républicains. 66 ARTS ET CULTURE

Et la Beat génération était née... qu’ils font la connaissance de leurs amis C’est dans les années 1950 que de nombreux artistes parmi lesquels Jackson Pollock et auteurs partageant un rejet de la société Marcel Duchamp. Au-delà de la littérature, conservatrice, une haine du puritanisme la Beat Generation a rendu célèbre un style américain, et une volonté de casser les codes de vie bohémien, qui déboucha plus tard sur le mouvement hippie de San Francisco. de la littérature, se retrouvent à New York. Ainsi naît la Beat Generation. L’expression Littérature Post 9-11 « Beat Generation » vient de son auteur le plus Les auteurs contemportains tels Paul Auster, emblématique, Jack kerouac, qui décrivit ainsi Norman Mailer, Thomas Pynchon vivent un mouvement underground et anti-confor- aujourd’hui ou vivaient à Brooklyn, dans le miste. Son roman On the Road (Sur la route), quartier de Park Slope. Les nombreux auteurs aux côtés de Howl d’Allen Ginsberg sont les américains vivant à New York ont été frappé par deux plus célèbres livres de ce mouvement. le 11 septembre 2001 et l’on parle aujourd’hui Les deux auteurs, comme tant d’autres de d’une littérature américaine post 9-11. On la Beat Generation, se sont rencontrés à peut citer entre autres Claire Messud avec la Columbia University. Leur amitié s’est The Emperor’s Children, l’histoire d’un groupe ensuite poursuivie à Times Square, le quartier d’amis new-yorkais qui se retrouvent après des drogues et du sexe libre à l’époque. Et les attaques, Brooklyn Follies de Paul Auster c’est bien sûr dans le quatier bohème de pour sa description du New York en recons- Greenwich Village que tous les auteurs de la truction, The Good Life de Jay McInerney Beat Generation vont s’installer à la fin des dont une partie du livre se passe pendant années 1950. Souvent, Kerouac et Ginsberg les attentats. Ce mouvement littéraire a été se retrouvaient à Washington Square pour analysé par Richard Gray dans l’excellent discuter. C’est aussi dans Greenwich Village After the Fall.

MÉDIAS

Presse (89.1), la radio de l’université de New York avec La presse s’achète partout. Non seulement musique et débats, WABC (770 AM), que l’on chez les marchands de journaux et dans les peut comparer à Europe 1, New York Weather kiosques (repérables en particulier le samedi, (87.5) pour la météo, et ESPN NY (98.7) pour quand montent les piles du New York Times suivre en direct les matches des différentes dominical comme s’il allait y avoir un siège), équipes de la ville. mais aussi dans les supermarchés, les drugs- Pour la musique il y a l’embarras du choix WBLS (107.5) pour le R&B, WBEE (92.5) tores… Grâce à la publicité et à des pagina- pour la country, Z100 (100.3) pour les hits tions impressionnantes, la presse quotidienne du moment, WQHT (87.1) pour le hip-hop. américaine est exemplairement bon marché. A cette presse, s’ajoute celle des vingt et Télévision quelques communautés qui éditent leur journal Il existe une chaîne locale à New York, NY1. On quotidien dans leur propre langue. Comme en y trouve des bulletins d’informations réguliers France, la presse gratuite a connu un essor centrés sur l’actualité locale, la météo, des dans les années 2000. Deux quotidiens sont programmes sur l’art de vivre new-yorkais, distribués dans les grandes stations de métro et de nombreux émissions sur les restau- chaque matin : Am New York et Metro. Autre rants et bars de la ville. Sachez que, comme gratuit qui vous renseignera lui sur les événe- France 3, les grandes chaînes américaines ments de la semaine Village Voice. ont toutes un décrochage local, notamment Radio pour les informations. CBS, ABC, FOX, TBS proposent notamment un JT sur l’actualité La radio n’a pas une place très importante new-yorkaise à 23h. dans l’univers des médias à New York. Il y a bien sûr NPR, (appelé WNYC à New York, „ ACCUEIL NEW YORK 93.9) la seule station gouvernementale, et www.accueilnewyork.org également plusieurs stations locales : WNYU [email protected] ARTS ET CULTURE 67

Un forum spécialement conçu pour les „ FRENCHFLICKS nouveaux arrivants à New York et aussi pour frenchflicks.com ceux qui y habitent déjà et qui veulent rencon- FrenchFlicks est un site qui liste toutes les trer d’autres Français. Très utile. projections de films français aux Etats-Unis. On retrouve également des infos sur le cinéma „ BONS PLANS VOYAGE français aux Etats-Unis et sur les films en www.bons-plans-voyage-new-york.com/ tournage dans la Grosse Pomme. [email protected] Un site internet réalisé par un touriste français „ FRENCH MORNING amoureux de New York qui fourmille de bons www.frenchmorning.com plans utiles pour ne rien rater de la ville. Ce site Un blog d’info pour les Français de New York, vaut le détour si vous connaissez déjà un petit géré par des journalistes français. A visiter peu New York et que vous souhaitez découvrir pour l’agenda des événements français (mais des rues, des édifices, moins touristiques. pas que) de la ville. DÉCOUVERTE Vous trouverez également des visites guidées „ GAWKER par quartier. www.gawker.com „ BROADWAY [email protected] www.broadway.com Médias, analyses, ragots, fêtes arrosées, Quoi ? Où ? A quelle heure ? Pour tout Gawker dévoile les dessous de New York. savoir sur la scène de Broadway, avec des „ GOTHAMIST résumés de pièces de théâtre. C’est aussi www.gothamist.com ici que vous pourrez acheter des billets de Un blog très complet sur les actualités les dernières minutes. plus insolites de Gotham City. „ CITY GUIDE NY „ GRUBHUB www.cityguideny.com grubhub.com Un guide en anglais de la ville très exhaustif. Le site de référence pour se faire livrer à domicile. Mis à part les établissements chics, DAILY NEWS „ presque tous les restaurants sont présents www.nydailynews.com sur le site. [email protected] Potins et gros titres à sensation. A aussi son „ MENU PAGES édition du dimanche, avec une très bonne www.menupages.com sélection sur les activités culturelles et autres. Un site très pratique en ce sens qu’il permet C’est le journal populaire de New York. de consulter tous les menus des restaurants de la ville en ligne. „ DISCOVER QUEENS www.discoverqueens.info „ NEW YORKER [email protected] www.newyorker.com Le site de l’office de tourisme du Queens. De grandes plumes du journalisme contem- porain écrivent chaque semaine dans ce „ FIAF grand magazine qui traite de nombreux sujets www.fiaf.org allant de la politique à la culture. Le New [email protected] Yorker a connu une véritable révolution en Le site de l’Alliance française de New York. 1992 avec l’arrivée de sa nouvelle rédac- Véritable agenda culturel en ligne, c’est le trice en chef, Tina Brown, une ancienne de site incontournable pour tout savoir sur les Vanity Fair, et qui est désormais à la tête événements francophones à New York. du magazine Newsweek. Pour certains, elle a tué l’esprit du journal, le rendant trop „ FRANCE-AMÉRIQUE mainstream, pour d’autres, elle l’a sauvé de www.france-amerique.com la mort. [email protected] Le seul magazine en français aux Etats-Unis. „ NEW YORK MAG Le mensuel et le site Internet contiennent nymag.com des articles concernant l’actualité française L’hebdomadaire de référence à New York. et américaine. Vous pouvez aussi y trouver Un mélange d’actualité et de reportages, de des annonces d’emplois et de logements. grave et de léger. 68 ARTS ET CULTURE

„ NEW YORK POST „ NYC & COMPANY www.nypost.com www.nycgo.com Le journal des scandales. Le New York Post Le site de l’office de tourisme de la ville de s’est fait remarquer récemment pour s’être New York. lâché lors de l’affaire DSK à New York. „ NYC.GOV „ NEW YORK TIMES www.nyc.gov www.nytimes.com Le site officiel de la ville de New York. [email protected] Informations sur l’actualité de la ville et Le concurrent du Washington Post, l’équivalent beaucoup d’informations pratiques. L’accent est du Monde et de Libération réunis, représente aussi mis sur les démarches administratives. la pensée libérale. Il publie chaque jour une section d’informations locales « Metropolitan „ NY TODAY News ». Le vendredi, c’est un supplément www.nytoday.com « week-end » avec des adresses et des rensei- Ce site a été conçu en collaboration avec le gnements sur les sorties, la programmation département culturel du quotidien le New York des spectacles, des concerts et des diver- Times. On y trouve beaucoup d’informations tissements et le dimanche également sous et une large sélection de bons restaurants, la rubrique « Arts & Leisure ». d’idées de sortie et de critiques diverses. „ NY1 NEWS „ STATENISLANDUSA www.ny1.com www.statenislandusa.com Le site Internet de la télévision locale new- Le site de l’office de tourisme de Staten Island. yorkaise. „ TIME OUT NY „ NYC www.timeoutny.com www.nyc.com [email protected] Portail généraliste sur New York, des hôtels aux Le site de la revue hebdomadaire Time Out restaurants en passant par des offres d’emploi à New York. Boire un verre, voir une expo, ou des annonces de rencontre. assister à un concert ou aller en club, vous saurez tout sur la vie sociale à New York. „ USA TODAY www.usatoday.com

AUTHOR’S IMAGE [email protected] © Pas particulièrement new-yorkais, puisque distribué partout en Amérique, mais assez prisé des banlieusards. Pages couleurs. Il a le mérite d’être très clair et facile à lire. „ VANITY FAIR www.vanityfair.com [email protected] Un must pour ses photos. „ VILLAGE VOICE www.villagevoice.com L’hebdo le plus complet, et il est gratuit. Grand format peu pratique, mais titre bleu célèbre. Des reportages et des enquêtes sur les dessous de la ville et la politique américaine en général. Toujours critique, très informé sur les événe- ments culturels en ville. Publie la meilleure liste d’annonces dans le domaine de l’immobilier (locations, sous-locations, partage). Il sort le mercredi ; vous le trouverez dans des petites boîtes en plastique avec couvercle dans la rue. Il contient toutes les programmations musicales, cinématographiques et culturelles de la semaine. Kiosque à journaux (Upper West Side). ARTS ET CULTURE 69

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MUSIQUE A l’image de la ville, la musique qu’on écoute la contestation gronde chez bon nombre à New York est résolument éclectique et d’artistes, qui revendiquent le jazz comme cosmopolite. La grosse pomme ne compte-t- la musique des Noirs (on parle de revival, ou elle pas parmi les meilleures programmations retour au style New Orleans) et souhaitent le de comédies musicales au monde ? Quand réhabiliter en tant qu’art afin qu’il cesse d’être Broadway fait son show, le reste du monde considéré comme simple divertissement. suit. Les festivals se suivent à la vitesse de Par conséquent, on assiste à l’élaboration la lumière, en été à Central Park, en hiver, d’un jazz beaucoup plus savant, tant par la dans des locaux plus ou moins underground. mélodie et l’harmonie que par le rythme, où Sans aucun doute, la ville est un paradis pour l’improvisation musicale prédomine sur le mélomanes… thème lui-même, avec grande liberté du jeu et déplacement des accents rythmiques : Musique classique le rythme fait désormais partie intégrante et contemporaine de la partition et ne sert plus seulement La ville a attiré bon nombre de grands compo- d’accompagnement. Cette réaction donne siteurs et interprètes. Citons par exemple naissance au be-bop, dont les grands virtuoses Anton Dvorak (qui y composa sa 9e Symphonie seront Charlie Parker, Dizzy Gillespie, Kenny dite « Du nouveau Monde »), Charles Ives, Clarke, Thelonious Monk… A la même période, Aaron Copland, George Gershwin, Leonard apparaît à New York un autre style : le latin Bernstein, Maria Callas, Elliott Carter ou jazz, phénomène qui coïncide avec l’arrivée encore John Cage. Les salles de concert de nouveaux rythmes d’origine portoricains, comptent parmi les meilleures au monde : brésiliens et cubains (Antonio Carlos Jobim, le Metropolitan Opera, le Lincoln Center, Joao Gilberto, Stan Getz). le Carnegie Hall ou la Brooklyn Academy of Une nouvelle réaction se dessine vers 1949, Music ont vu se défiler les artistes majeurs amorcée par des musiciens blancs (disciples du XXe siècle. Et l’orchestre philharmonique de Charlie Parker) de la côte ouest du pays, qui de New York reste une référence absolue. jugent le be-bop musicalement trop expres- sionniste. C’est pourquoi on l’appelle Cool Jazz Jazz ou West Coast. Le mouvement gagne bien Le jazz est né à la Nouvelle-Orléans avant vite l’ensemble des musiciens jazz et durera d’essaimer vers le nord, à Chicago d’abord, jusqu’en 1955 (Lester Young, Lennie Tristano, puis à New York. A partir de 1930, New York Lee Konitz, Chet Baker, Gerry Mulligan, Stan devient le centre d’une réaction contre le Getz). De 1954 à 1960 s’opère le retour au swing. Pendant la Seconde Guerre mondiale, jazz noir. 70 ARTS ET CULTURE

Par réaction au mouvement précédent, des sonore du jazz (Leader Weather Report, Chick musiciens noirs new-yorkais, jugeant le Cool Corea, Herbie Hancock, John Mc Laughlin, trop artificiel et trop mou, privilégient des Miles Davis), et à la fusion, expression très sonorités plus dures, un rythme plus violent. proche du jazz-rock, mais plus diversifiée par Désirant retrouver dans leur musique le jazz ses mélanges de musiques et de rythmes. des origines ainsi que le blues et le gospel, ils inventent le hard bop, aussi appelé East Rock Coast (Jazz Messengers, Charles Mingus, C’est sur la scène alternative de New York Thelonious Monk, Sonny Rollins, Horse Silver, que naissent dans les années 1960 des Miles Davis). groupes de rock aussi mythiques que le Vers 1957 apparaît un mouvement plus Velvet Underground, gravitant autour de la violent encore que le East Coast : le fun-funky Factory de Warhol et dont le leader charisma- (Jazz Messengers). Du mouvement noir des tique, Lou Reed, s’est éteint en octobre 2013. années 1960 naît une expression musicale En 1974, débarquent les Ramones, pères très spontanée, le free-jazz, qui se libère de fondateurs du mouvement punk-rock, aux plus en plus des données traditionnelles et se cheveux longs, blousons de cuirs et jeans débarrasse de toute contrainte musicale. Le déchirés. Un style qui s’imposa naturellement à free connaîtra des heures de gloire jusqu’au toute une génération, venue assister en masse milieu des années 1970 et au-delà (John aux concerts de leur groupe fétiche au CBGB, Coltrane, Ornette Coleman). Mélange de lieu de naissance autoproclamé des groupes gospel et de blues, la soul music trouvera underground. Parmi les groupes de cette ses sources dans le désir qu’avaient les Noirs époque, citons les New York Dolls, Patti Smith, d’un retour aux origines. Elle sera très en Television, Blondie ou encore Kiss. Bad Brains, vogue dans les années 1970 (Otis Redding, groupe qui tient son nom d’une chanson des Tina Turner, Marvin Gaye, Stevie Wonder). Ramones, se reformera à l’occasion de la Ces années-là sont également marquées fermeture de la salle de concert CBGB’s pour par l’apparition du rythm and blues (R&B), trois concerts en octobre 2006. fondé sur les harmonies du blues – la forme Suite à cet âge d’or de l’underground new- la plus ancienne du jazz – et donnant priorité yorkais, la scène indé a toujours su garder au rythme (Louis Jordan, Ray Charles, James sa vitalité, de Sonic Youth à Antony and the Brown, Ike et Tina Turner), et du rock and roll, Johnsons, Interpol, Clap Your Hands Say apparenté au R&B, influencé par la country Yeah ou encore The Strokes, groupe phare music et rythmé boogie-woogie (Chuck Berry, du renouveau post-punk des années 2000. Little Richard, Fats Domino). De nos jours, la tendance est au jazz-rock, expression Hip-hop musicale à double influence, mélangeant la C’est à New York, dans le South Bronx plus violence et l’instrumentation électrique du précisément, que naît ce mouvement culturel rock et du funk, et la subtilité harmonique et et artistique, au début des années 1970.

Quelques lieux mythiques du jazz à New York w 52nd Street : désigne à New York cette portion de la 52nd Street comprise entre les 5th et 8th Avenues, où de nombreux grands musiciens ont débuté dans de petits cabarets (la 52nd Street est d’ailleurs surnommée la Swing Street). w Harlem : capitale du jazz, après La Nouvelle-Orléans et Chicago. La meilleur adresse, Bill’s Place, authentique, propose une atmosphère chaleureuse et musiciens extraordinaires. w Apollo Theatre : à l’origine (1914), salle d’opéra réservée exclusivement aux Blancs, l’Apollo connut ses heures de gloire en 1935, année où il s’ouvrit à tous. Y ont fait leurs débuts de jeunes talents, désormais légendaires, Bessie Smith, Duke Ellington, Charlie Parker et des centaines d’artistes de renom. w Blue Note : le club de jazz new-yorkais par excellence. Les artistes qui s’y produisent sont considérés comme les meilleurs au monde. w Honky Tonk : c’est ainsi que s’appelaient les cabarets de La Nouvelle-Orléans que fréquentaient les Noirs pauvres et dans lesquels il y avait un piano et une salle de danse. ARTS ET CULTURE 71

Originaire des ghettos noirs de la ville, il se répand rapidement dans le monde, au point

de devenir culture urbaine à part entière, AUTHOR’S IMAGE mélant danse, musique, dessins (graffitis). © Et c’est tout naturellement à New York que sont nés nombre de grands noms du hip-hop. Parmi eux, RZA, né à Brownsville, un quartier très défavorisé de Brooklyn. Son groupe, le Wu-Tang Clan, s’est formé en 1992 à Staten Island et a eu une influence considérable sur la scène rap mondiale. Considéré par le magazine Rolling Stones comme le meilleur groupe de rap de tous les temps, le Wu-Tang Clan a aussi lancé de très nombreux rappeurs alors DÉCOUVERTE méconnus. Autre natif célèbre de Brooklyn, Biggie (ou The Notorious B.I.G.), un rappeur qui connut la gloire dans les années 1990 grâce à son flow très lourd et ses paroles violentes et provocatrices. Il fut le meilleur représen- tant de la côté Est, lors du conflit avec les rappeurs de la côte Ouest. Son dernier album, sorti 16 jours après son assassinat (toujours Saxophoniste jouant à Times Square. non-élucidé), rencontra un immense succès s’occupe de business toujours plus nombreux : commercial et critique pour un disque de marques de vêtements à son nom, gérant de hip-hop et changea à jamais le rap. Biggie boîtes de nuit, agent sportif, producteur... Il fut notamment l’un des premiers rappeurs à n’a néanmoins jamais oublié d’où il venait et entretenir son côté bling-bling et à écrire des paroles autobiographiques. Enfin, comment a consacré en 2009 une chanson dédiée à ne pas citer, Jay Z, l’un des rois de New York, New York et à son enfance, Empire State of et aujourd’hui rappeur le plus célèbre de la Mind, devenue aujorud’hui un hymne de la planète, mari de Beyoncé et ami d’Obama et ville, au même titre que New York, New York des plus puissants de ce monde. Né dans le de Franck Sinatra. quartier pauvre de Bedstuy, Jay Z a été sauvé par le rap. Dealer de cocaïne dès son adoles- Electro cence, blessé par balles à trois reprises, Jay Depuis la fin des années 2000, New York Z s’est plongé dans le mouvement hip-hop le ne jure plus que par l’électro-pop. Chaque jour où sa mère lui a acheté une beatbox. Le année, un groupe, originaire le plus souvent chanteur s’est construit tout seul, en créant de Brooklyn, se fait connaître sur la scène son propre label afin de s’auto-produire à nationale et internationale. On peut notamment ses débuts. Entrepreneur de génie, Jay Z citer MGMT, Dirty Projectors, Gang Gang est de moins en moins derrière un micro et Dance, Grizzly Bear, Yeasayer.

PEINTURE ET ARTS GRAPHIQUES

Le climat intellectuel américain a été longtemps réalistes et des soucis d’ordre social : c’est défavorable à la peinture. Jusqu’à la fin du ainsi qu’apparut une école nationale réaliste à XVIIIe siècle, elle se limitait à l’exécution de dimension nettement documentaire (le peintre portraits, et ce n’est que vers la première moitié le plus connu appartenant à ce courant fut du XIXe siècle qu’est apparu le paysage, sous George Bellows). L’art contemporain occidental forme de scènes romantiques ou de vastes fait ses débuts en Amérique à partir de la grande panoramas. Les peintres de l’époque se exposition Armory Show qui a lieu à New York nommaient James Whistler – le premier grand en 1913. Dès lors, deux styles vont se déve- peintre américain – Mary Cassatt, John Singer lopper parallèlement : une peinture orientée vers Sargent. Au début du XXe siècle, la peinture le témoignage social et une peinture abstraite américaine était dominée par des tendances issue des tendances cubistes. 72 ARTS ET CULTURE

American Scene Nevelson…) allait engendrer une peinture Quelques années plus tard, une école, appelée inspirée de la bande dessinée, des héros de American Scene, réunissait certains artistes cinéma ou des personnages de science-fiction. (Grant Wood, Edward Hopper…) dont le commun désir était de redécouvrir une réalité Pop art familière et provinciale propre à leur pays, Originaire d’Angleterre, le pop art s’est propagé en réaction à des courants expressionnistes aux Etats-Unis, et particulièrement à New véhiculés par des artistes venus d’Europe York, à la fin des années 1950. Dans cet art, centrale comme Max Weber, Gorky, John qui intégrait aux œuvres des débris d’objets Marin… Dans les années 1930, la peinture de la vie quotidienne et des images tirées américaine moderne, dont les représentants de la publicité ou des magazines, se sont étaient réunis autour de l’école du Pacifique, distingués Andy Warhol, Roy Lichtenstein, créée par Clifford, Still, Mothewrell, etc., fut Claes Oldenburg… fortement teintée d’orientalisme. w The Factory. Lorsque les New-Yorkais de w Edward Hopper. Le célèbre peintre naissance, souvent un peu âgé, vous disent naturaliste est né à Nyack dans l’Etat de New que New York « ce n’est plus ce que c’était », ils York et est décédé à Manhattan, où il a vécu font généralement référence aux folles années une grande partie de sa vie. C’est en 1908, à 1960-1990 de la Grosse Pomme. A cet époque 26 ans que le peintre s’installe dans la Grosse (et peut-être toujours aujourd’hui), New York Pomme comme illustrateur publicitaire. Blasé était la capitale de l’anti-conformisme, et de par cette vie de bureau et par ces dessins l’art contemporain. Et parmi tous les artistes qu’on lui commande, Edward Hopper ne peint installés à New York durant cette période, Andy que très rarement. Ce qui ne l’empêchera pas Warhol fut l’un de ceux qui eut une influence d’être remarqué par plusieurs galeristes new- capitale sur le monde de l’art. En 1962, l’artiste yorkais. La consécration arrive en 1925 avec se construit son studio, au 231 East 47th Maison au bord de la voie ferrée. Huit années street. Appelé The Factory, le studio était le plus tard et après plusieurs autres tableaux lieu de rendez-vous de tous les plus grands vendus à prix d’or, Edward Hopper est invité artistes de l’époque. On peut citer notamment par le MoMA a faire une retrospective de son Salvador Dali, Jean-Michel Basquiat, Keith œuvre et devient mondialement célèbre. On Haring, mais aussi les musiciens Lou Reed trouve aujourd’hui nombre de ses œuvres au (décédé le 27 octobre 2013), Bob Dylan, musée d’art moderne new-yorkais David Bowie, Mick Jagger, ou les écrivains Allen Grinsberg et Truman Capote. Tous se École de New York retrouvaient à la Factory pour des soirées Pendant la Seconde Guerre mondiale, l’Amé- déjantées où les costumes extravagants rique allait accueillir de nombreux artistes tout autant que les amphétamines étaient étrangers (dont les Français Max Ernst, de rigueur. De très nombreuses œuvres d’art Yves Tanguy, André Masson, Fernand Léger, sont sorties de The Factory. Et pas seulement Salvador Dali, Marc Chagall) chassés par le les tableaux pop art d’Andy Warhol. La très nazisme : c’est ainsi que le pays devint le populaire chanson Walk on the Wild Side de foyer international des arts. L’avant-garde Lou Reed raconte l’histoire des stars croisées occidentale fut très bien accueillie, le surréa- par le chanteur dans le studio. Les rencontres lisme connut un nouvel essor, bref, les adeptes entre Andy Warhol, les Velvet Underground de la tendance européenne furent nombreux. et les Rolling Stones sont aussi à l’origine de La réaction ne se fit point attendre : las du plusieurs couvertures d’albums aujourd’hui poids de l’influence européenne et de son célèbres. The Factory était aussi un pied de envergure (mais prompts à la renouveler et nez à l’Amérique puritaine. Les drag queens la subvertir), quelques peintres américains et les homosexuels y étaient les bienvenus. (expressionnistes abstraits, comme Jackson Des mariages gays – non-officiel bien sûr – Pollock, Willem De Kooning, Mark Tobey et y ont d’ailleurs été célébrés. The Factory a Franz Kline) fondèrent l’école de New York, fermé en 1984, trois ans avant la mort d’Andy qui donna à la ville une importance inter- Warhol. Aujourd’hui encore, l’artiste se vend nationale en matière artistique. Le centre très bien. Le 13 novembre 2013 son œuvre de la peinture passe alors de Paris à New monumentale Silver Car Cash (Double Disaster) York. Dans les années 1960, cette école a a été vendue à plus de 105 millions de dollars tenté de ressusciter le dadaïsme : ce néoda- aux enchères à New York, un record pour une daïsme (Rauschenberg, Jasper Johns, Louise œuvre d’Andy Warhol. LA VERSION COMPLETE DE VOTRE GUIDE NEW YORK 2014 en numérique ou en papier en 3 clics

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