BRGM RECHERCHES DE CHARBON EN

LE BASSIN DE BRIVE

PROLONGEMENT PROBABLE SOUS L'AQUITAINE

Par R.FEYS

78 SGN 273 GEO

MAI 1978 RESUME

Les dépôts houillers du bassin de Brive se sont avérés médiocres. Mais le sondage de Grèzes a recoupé paradoxalement plus de charbon que la bassin de Brive proprement dit.

Ce fait prouve que d es dépôts houillers se prolongent sous le Mésozoïque du Quercy ; il consolide l'hypothèse d'une bordure houillère du bassin d'Aquitaine.

De même, plus au S, les lambeaux houillers de Figeac et de la Capelle Marival sont les témoins, coincés entre le cristallin et le bassin d'Aquitaine de dépôts houillers qui pourraient être intéressants au niveau du gaz naturel ou de la gazéification souterraine.

par Robert FEYS

Mai 1978

l" ) - Notice sur le bassin de Brive proprement dit ;

2*) - Perspectives d'avenir. - 2 - GISEMENTS H0U1LLERS DU MASSIF CENTRAL

1/2.500. 000

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r 1 ° - Notice sur le bassin de Brive prorement dit

Feuille au 1/50.000 de Brive, , Juillac, et Terrasson.

Institution : 1857

Renonciation : 1940

Lardin (Dordogne)

Institution : 1820

Renonciation : 1940

Cub lac (Corrèze)

Institution : 1830

Renonciation : 1945

Le bassin de Brive est situé tout à fait à l'W et en bordure du Massif Central.

L'expression "bassin houiller et permien" utilisée par les anciens auteurs est malencontreuse ; elle laisse croire que ce bassin est du même type que d'autres bassins"houillers et permiens" riches en charbon. En fait, il s'agit d'un bassin où se succèdent des dépôts de grès continentaux allant du Stéphanien moyen jusqu'à l'Hettangien. La majeure partie, et de loin, est occupée par le

Permien. On y trouve quelques dépôts houillers sporadiques à deux niveaux : dans le Stéphanien et dans l'Autunien.

Stratigraphie

En discordance sur tjn socle ancien de terrains métamorphiques et de Primaire antes téphanien, les premiers dépôts observés sont, sur les premières pentes ou au pied des falaises du Massif Central des conglomérats parfois associés â des schistes et grès gris à noirs recelant quelques rares et chiches dépôts de charbon. Ces lambeaux houillers sont confinés sur le pourtour du bassin, dans quelques échancrures de la bordure cristallophyllienne. -- taifa dé- —-

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$î c'est l'indice d'un couvert végétal et de conditions réductrices fugaces. Ils ne constituent souvent que l'épandage de cailloutis superficiels.

Parfois considérés comme du Stéphanien supérieur , ils sont datés par des plantes, au moins pour certains comme du Stéphanien moyen. Par contre, du Stéphanien supérieur a été identifié par des sondages de MINATOME dans la partie centrale du bassin.

L'Autunien lui succède, soit en continuité dans le centre du bassin, soit-en discordance sur les bordures du bassin où il débute par son propre conglo¬ mérat de base discordant sur le socle ; ce sont des grès et arkoses dans lesquels apparaît la couleur rouge qui exclut la possibilité de charbon. Cependant, on y

trouve encore un niveau réducteur remarquable : le "calcaire de SAINT-ANTOINE" qui est parfois associé à un peu de schistes bitumineux et qui est suivi par les "Grès à Walchia" ; ils représentent le dernier faciès "houiller" ; c'est à lui qu'il faut sans doute rapporter les dépôts houillers de Cublac qui sont les plus iniportants connus dans ce bassin.

Puis seuls subsistent les faciès stériles et rouges. Le Trias est discordant.

Tectonigue

La limite nord-est du hassin est une grande faille armoricaine sépa¬ rant le Massif Central cristallin de l'Aquitaine sédimentaire. Des failles de nême direction sont responsables d'un horst de Primaire ancien faisant saillie dans la partie ouest du bassin Permien.

Mises à part des fractures perpendiculaires, la structure est calme. A les considérer dans leur ensemble, les sédiments sont demeurés dans une position peu différente de celle de leur dépôt. Cependant, en s' approchant de la bordure cristalline, les pendages augmentent, parfois presque jusqu'à la verticale, probablement par serrage. Au delà de la grande faille complexe, sensiblement EW, qui limite le bassin de Brive vers le S, les dépôts houillers se prolongent sous la couverture mésozoïque, dans des conditions mal connues.

Ex£loitations_et recherches de_charbon

Le long de la bordure nord-est du bassin se trouve une guirlande de golfes houillers d'âge stéphanien moyen.

D'E en W on rencontre successivement les principaux :

SUR LA FEUILLE DE BRIVE

PARJADIS - près de Planchât ce minuscule gisement a été reconnu avant

1891 par une galerie qui a traversé 65 m de grès houillers avec quatre couches minces. Le pendage des strates est ici très fort à l'approche des terrains cristallins.

SONDAGE DE LA VOUTE : un sondage implanté sur l'aval pendage supposé du gisement de Parjadis est resté dans le Permien rouge jusqu'à sa profondeur finale de 367,35 m.

CHAPELLE-AUX-BROTS II est parfois question de ce petit gisement houiller qui semble mythique. En tout cas, personne ne semble jamais y avoir vu de charbon.

SUR LA FEUILLE DE TULLE

SAINT FEREOLE C'est un grand delta échancrant largement la bordure du Massif Central. Des deltas un peu moins importants se retrouvent à ,

Allassac, . . . Ce "houiller" consiste presque imiquement en conglomérats et grès grossiers. On n'y a jamais signalé de veine de charbon. D'anciennes petites recherches n'ont eu aucun succès.

SUR LA FEUILLE DE JUILLAC

CHABRIGNAC - Le golfe houiller de possède un peu de charbon. Une petite couche affleurant sur le talus du ruisseau du Mayne a été reconnue par le puits au Jus : à 13 m de profondeur, une couche de charbon très impur (à 22 p. cent ' Mat. vol. c.d.) d'une puissance de 0,80 m mais divisée en deux par un nerf schisteux de 30 cm, en sorte que plus d'un tiers du charbon extrait était à rejeter. En dessous, le puits au Jus a traversé un conglomérat à fragments de schistes constituant la base du terrain houiller avant d'être arrêté dans le socle cristallin. Ces travaux furent suivis par l'institution de l'ancienne concession de SAINT-BONNET-la-RIVIERE , mais malgré quelques tentatives l'exploi¬ tation n'a jamais pu être entreprise sérieusement.

L'insuccès de ces recherches fut attribué â la trop grande proximité de la bordure du bassin ; on fit alors le sondage de SAINT-CYR-1 a-ROCHE quelques km plus au S, avec l'espoir de retrouver la couche du Jus plus développée. Ce sondage traversa du Permien gris ou rouge et dut être arrêté à la profondeur de 200 m, sous quelques mètres de schistes noirs et 0,15 m de charbon.

Le golfe houiller de Juillac se compose uniquement de conglomérats.

A Trigant, enfin, on a creusé un puits qui traversa seulement une couche de schistes un peu bitumineux (on a noté l'inflammation des gaz dégagés par la roche). Ce puit atteignit le socle cristallin avant d'être arrêté à 43 m de profondeur.

SUR LA FEUILLE DE TERRASSON

Dans le bassin de Brive, c'est seulement sur la feuille de Terrasson que se trouvent des dépôts notables de charbon, dans le Stéphanien et l'Autunien inférieur.

D'W en E s'y trouvent :

CONCESSION DU LARDIN - Dans ce gisement, d'âge très probablement stéphanien, les premiers travaux remontent à 1769. Puis une galerie et xm puits Sautet auraient exploité une petite couche médiocre.

Mais les travaux furent développés seulement dans un synclinal autour du puits Jeanne qui avait atteint à 69 m la seule couche reconnue ; elle avait une puissance moyenne de 50 cm, allant jusqu'à 70 cm ; mais des nerfs stériles venaient réduire jusqu'à moitié l'épaisseur utile.

La production qui fut longtemps de quelques centaines de tonnes par an fut maximale en 1921 avec 2060 t/an. Tous les travaux furent définitivement abandonnée en 1927.

RECHERCHES DE LA VILLADIEU - Egalement dans le Stéphanien. Dans la vallée de l'Elle, un affleurement houiller a motivé le fonçage" d'un;puits au SE de la Pagégie, apparemment sans succès.

CONCESSION DE CUBLAC - Dans ce gisement, les dépôts houillers se trouvent dans l'Autunien inférieur.

La première exploitation semble remonter à 1778, sur les affleurements

Elle, se poursuivit pendant le XIX° jusqu'en 1897 (production moyenne : 2700 t/an) puis de 1905 à 1913 (production moyenne : 800 t/an).

Une couche unique semble la seule à avoir été exploitée sérieusement ; sa muissance atteignait 0,80 m dans les parties les plus favorables, les plus renflées, mais son épaisseur moyenne était de 0,40 à 0,50 m. C'était un charbon maigre, à longue flamme, à 25% de matières volatiles, à fissures remplies de carbonate de chaux. Il était utilisé surtout pour les fours à chaux et la verrerie du Lardin.

De très nombreuses failles hachent le gisement ; ce sont elles qui ont entrainé l'exploitation par petits panneaux successifs desservis par de nombreux puits. Ceux-ci ont attaqué la couche à des profondeurs croissantes du S vers le N. L'accident majeur était la grande faille limite à l'W (en fait la butée sur le horst de Châtres) . PUITS BERNOU, â LARCHE - Cette recherche fut entreprise avec l'espoir de retrouver à Larche les couches de Cublac et du Lardin. Elle n'eut que peu de succès. Voici

sa coupe, résumée par MOURET (1891).

Grès à Walchia : grès et schistes gris, avec quelques schistes bitumineux; débris de poissons et enqjreintes

végétales 50 m

Calcaire de SAINT ANTOINE : calcaire noirâtres, distribués en trois séries de bancs, alternant avec des

grès et des schistes gris (débris de poissons) 17 m

Grès et schistes rouges, avec banc de calcaire (débris de

poissons) 20 m

Grès poudinguiformes, grès et schistes rouges et bigarrés 100 m

Grès houillers, schistes à empreintes 18 m

Toit à Callipteris

Couche de houille, de 0,15 à 0,20 m 1 m

Grès et schistes houillers 21 m

Grès gris, rougeâtres ou bigarrés, et schistes gris 146 m

Grès et schistes houillers (empreintes), sans charbon 59 m

Profondeur finale 432 m

En somme cette coupe montre deux passages houillers. Il est très probable

que le supérieur, avec Callipteris et une petite couche de houille est le même que celui, autunien, exploité à Cublac. Le passage inférieur, ici stérile» serait sté¬ phanien et correspondrait à celui, productif et exploité au Lardin, stérile à Villedieu. Quoique ce puits n'ait pas été approfondi jusqu'au socle cristallin,

MOURET estimait très probable que les grès houillers traversés en dernier lieu sur 59 m reposent directement sur ce socle.

SONDAGE DE GREZES

Enfin ce sondage, exécuté en 1919-1921, sur la bordure même du bassin, a traversé sous 5,90 m d' alluvions et calcaires, unPermien évident, puis très pro¬ bablement un houiller d'âge indéterminé avant d'être arrêté à la profondeur de

773,20 m , dans des grès schisteux. Il a malheureusement été exécuté au trépan et la coupe qui nous est parvenue n'en permet pas ime interprétation plus précise.

Cependant, ce sondage aurait recoupé :

à 438 m une couche de houille de 0,55 m

à 644 m " " " de 2,20 m

à 739 m " " " de 0,80 m

Si ces informations sont exactes, elles sont importantes car elles indiquent l'existence de dépôts houillers, au S du bassin de Brive, et plus impor¬ tants que ceux connus dans le bassin, sous la couverture mésozoïque du Quercy, et qui restent à reconnaitre. 2° - Perspectives d'avenir

Les limites actuelles du bassin de Brive vers le S et le SW ne sont pas celles d'origine. C'est une grande faille complexe (la faille de ) au delà de laquelle le sondage de Grèzes a retrouvé un Houiller d'ailleurs plus important que dans le bassin de Brive même. Ce fait prouve que des dépôts houillers se prolongent sous le Mésozoïque du Quercy ; il consolide l'hypothèse d'une bordure houillère du bassin d'Aquitaine.

Plus au S, près de la CAPELLE-MARIVAL (localité qui n'est pas indiquée sur la carte p. 2 parce que jamais du charbon n'y a été signalé) le Stéphanien affleure avant d'être recouvert par le Trias à l'W.

Plus au S ancore, près de Figeac, on connaît un petit et médiocre bassin d'âge autunien, ainsi qu'une série d'affleurements stéphaniens avec filets .' charbonneux qui apparaissent sous la couverture triasique.

A la Madeleine, en aval de Capdenac, affleure un Houiller recouvert en discordance par le Trias.

Ainsi donc le sondage de Grèzes et la présence de plusieurs affleurements en position de bordure sur les terrains anciens font penser que le Stéphanien et le Permien peuvent se prolonger sous la couverture secondaire et tertiaire de l'Aquitaine .L 'hypothèse de dépôts profonds dans cette région pourrait être intéressante dans l'avenir, au niveau du gaz naturel ou de la gazéification souterraine.

Le lever des futures feuilles géologiques au 1/50.000 de Figeac. et de la Cape Ile-Mari val apportera sans doute de nouvelles informations.