M EZ ÉC EN È V N E E D LES ANIMAUX DU ROI Exposition 12 octobre 2021 - 13 février 2022 Photo de couverture : l'Exposition Zerbine et Jemite, chiens « LES ANIMAUX DU ROI » de Louis XV sera présentée Alexandre-François Desportes (1661-1743) au château de Versailles Musée national du du 12 octobre 2021 au 13 fevrier 2022 château de Compiègne © RMN-Grand Palais (salles d'Afrique et de Crimée) (domaine de Compiègne) / Daniel Arnaudet Commissariat de l’exposition Alexandre Maral, Photos ci-contre : conservateur en chef au château de Versailles, Renards en charge des sculptures Pieter Boel (1622/1625-1674) et directeur du Centre de recherche du château de Versailles Musée du Louvre, Paris © RMN-Grand Palais (musée du Louvre) / Nicolas Milovanovic, Gérard Blot conservateur en chef au musée du Louvre, responsable des peintures françaises du XVIIe siècle Cinq flamants roses Pieter Boel (1622/1625-1674) Musée des Beaux-Arts de Limoges SCÉNOgraphie © RMN-Grand Palais / Guicciardini et Magni Architetti Studio Associato Jean-Gilles Berizzi VERSAILLES ET LE MONDE ANIMALIER: un sujet inedit Aménagé en pleine campagne, au coeur de la grande forêt giboyeuse d'Ile-de-France, Versailles a favorisé le développement d'un nouveau rapport au monde animal. Cette exposition a pour ambition d'en explorer les contours, et montre un aspect méconnu de Versailles où les animaux étaient omniprésents. Peintures, sculptures, animaux naturalisés, tapisseries, traîneaux, vélins, porcelaines, orfèvrerie... environ 300 oeuvres permettront de faire revivre un impressionnant bestiaire constitué des milliers d'animaux qui peuplaient le Château sous l'Ancien Régime. Celles-ci proviennent d’une cinquantaine de collections françaises et internationales (Musée du Louvre, Muséum d’Histoire Naturelle, Musée de la chasse et de la Nature, Musée des Offices de Florence, Musée national de la Céramique, Musée d’Histoire Naturelle de l’Université de Pavie...). En trois sections principales, le public découvrira ainsi l'animal comme objet d'étude et de collection, l'animal comme attribut politique et référence symbolique, et l'animal cultivé pour sa compagnie. Veüe et perspective de la Menagerie de Versaille du costé de la porte Royale Adam Perelle, eau-forte aquarellée, 1668-1695 p. 4 © Château de Versailles, Distr. RMN © C. Fouin LE PARCOURS DE VISITE Cette exposition couvre les trois règnes, Louis XIV, Louis XV et Louis XIV. Elle cherche à montrer que les animaux sont omniprésents et occupent une place centrale à Versailles dans la vie quotidienne et dans les représentations artistiques (peintures, sculptures, tapisseries, objets d’art…). Les intérieurs et les extérieurs du Château sont peuplés d’espèces en tous genres. Il y a : - des animaux rares, collectionnés et aimés (la Ménagerie – animaux sauvages et exotiques) ; - des animaux symboliques (les plombs du bosquet du Labyrinthe) ; - des animaux symboles du pouvoir (la chasse) ; - des animaux de compagnie (chat, chien…) ; - des animaux de la ferme. Le circuit de visite présentera successivement : 1. Le bosquet du Labyrinthe 2. Les oiseaux de la Ménagerie 3. Les chasses 4. La Ménagerie 5. Les chevaux 6. Les animaux de compagnie et l’animal précieux 7. L’animal comme personne Oiseaux dans un paysage exotique François Desportes (1661-1743) Musée du Louvre, Paris © RMN-Grand Palais (musée du Louvre) / Stéphane Maréchalle DES RECONSTITUTIONS SCENIQUES PERMETTRONT AUX VISITEURS DE DECOUVRIR DEUX ESPACES MAJEURS DE LA VIE ANIMALE VERSAILLAISE : Le bosquet du Labyrinthe, disparu depuis le règne de Louis XVI, était l'un des bosquets les plus fascinants de Versailles. Ses 39 fontaines illustraient les Fables d'Esope et mettaient en scène quelques 330 animaux de plomb revetus de polychromie. Parmi les 35 animaux encore conservés, 21 seront exeptionnellement présentés dans l'exposition. Grâce à une scénographie évocatrice et aux nombreuses représentations gravées et peintes du bosquet, le public pourra imaginer l'enchantement qu'il produisait sur les visiteurs d'antant. Cette mise en scène de la Fable antique traduit une vision du monde, où l'animal est chargé d'exprimer un discours parfois politique, souvent moralisateur, toujours pédagogique. La Ménagerie, édifiée entre 1662 et 1664, accueillait des animaux rares qui suscitaient la surprise des visiteurs et affirmaient le prestige du roi. A la différence de celle de Vincennes, léguée par Mazarin, où des combats d'animaux féroces étaient organisés, la Ménagerie de Versailles était majoritairement peuplée d'animaux pacifiques, dont une grande variété d'oiseaux. Ces animaux ont servi de modèles à de nombreux artistes, dont les oeuvres ont favorisé l'émergence d'une école française de peinture animalière au XVIIIe siècle. Au premier étage du bâtiment, l'architecte Louis Le Vau avait conçu une pièce de plan octogonal offrant une vue panoramique sur chacun des sept cours et enclos, où se trouvaient les animaux. Les parois de ce salon accueillaient pas moins de 62 représentations d'animaux peintes par Nicasius Bernaerts. Ces peintures constituaient un répertoire de la faune versaillaise et une source d'inspiration pour les grands peintres animaliers du XVIIIe siècle, comme Desportes et Oudry. Pour la première fois depuis son démantèlement, lors de la Révolution française, cet ensemble sera partiellement reconstitué dans sa disposition d'origine. L'exposition permettra également de découvrir l'activité scientifique liée à la Ménagerie, dont les dissections menées à la mort des animaux. p. 6 L'animal étudié et collectionné Par le nombre des espèces animales Des Flandres viennent les principaux qui y sont rassemblées, la Ménagerie portraitistes d'animaux que sont Pieter de Versailles s'impose comme une Boel et Nicasius Bernaerts. Les animaux référence à l'échelle de l'Europe. de Boel servent de modèles aux lissiers Cette exposition fournit l'occasion qui tissent la tenture des Eléments, de reconstituer le décor du salon mais surtout celle des Maisons royales octogonal, dont toutes les peintures où les espèces exotiques apparaissent ont été retrouvées. Les animaux de la parmi les autres objets précieux des Ménagerie serviront à Claude Perrault collections, dont le célèbre mobilier pour son Histoire naturelle, mais aussi d'argent. Les études si pleines de vie de aux dissections menées dans le cadre Pieter Boel servent de point de départ de l'Académie royale des Sciences, puis à Le Brun pour élaborer sa théorie de aux naturalisations menées à bien pour l'expression, mais aussi de l'intelligence Louis XV (rhinocéros) et Louis XVI animale. (couagga: espèce de zèbre aujourd'hui disparue). Par sa rareté et la beauté de son espèce, l'animal collectionné acquiert ainsi Les animaux de la Ménagerie forment une valeur politique liée au prestige du une formidable collection dont le Roi roi collectionneur, en rivalité avec les s'enorgueillit. A ce titre, ils constituent autres souverains européens. un réservoir d'inspiration pour les artistes. Pages suivantes : Eléphant du Congo vu de face Pieter Boel (1622/1625-1674) pierre noire et pastel Musée du Louvre, Paris © RMN-Grand Palais (musée du Louvre) / Michèle Bellot Etude d'une grue couronnée Trois perroquets aras et une tête Pieter Boel (1622/1625-1674) Pieter Boel (1622/1625-1674) huile sur toile huile sur toile Musée du Louvre, Paris Musée du Louvre, Paris © RMN-Grand Palais (musée du Louvre) / René-Gabriel Ojeda © RMN-Grand Palais (musée du Louvre) / Tony Querrec p. 8 p. 10 Pages précédentes : Etude d'une tête de dromadaire de profil Pieter Boel (1622/1625-1674) pierre noire et pastel musée du Louvre, Paris © RMN-Grand Palais (musée du Louvre) / Thierry Ollivier Tête de pélican Pieter Boel (1622/1625-1674) huile sur toile musée du Louvre, Paris © RMN-Grand Palais (musée du Louvre) / Gérard Blot l'animal symbolique et politique Dans les décors du château de La chasse, pratiquée quotidiennement Versailles, résidence du pouvoir, par les rois de France, était une activité l’animal est investi de significations hautement symbolique. Occupation des politiques. Dans le château et les rois de guerre en temps de paix, elle était jardins, il symbolise partout la grandeur donc conçue comme un entraînement et la puissance du roi. Au service de ce et une manifestation de puissance. Elle dernier, le cheval et ses représentations avait donc naturellement sa place dans mettent en scène la magnificence l’iconographie royale. royale. Les animaux servent aussi à caractériser Cette activité était très présente à le génie des nations et la prééminence Versailles, tant dans l’emploi du temps louis-quatorzienne : au bosquet de la du souverain et de son entourage, que Renommée, le coq français surmonte dans les décors royaux, comme l’illustre ainsi l’Europe dans un bas-relief qui la galerie des chasses exotiques dans les ornait l’un des pavillons ; dans les décors petits appartements de Louis XV. Le roi de la Grande Galerie et du salon de la est également amateur de trophées de Guerre, l’aigle est l’animal héraldique chasse qui retiennent son attention par du Saint Empire germanique, le lion leurs formes singulières. L'exposition celui de l’Espagne et des Province- présentera une partie de la tenture des Unies, nations ennemies de la France Chasses de Louis XV, conçue par Jean- de Louis XIV, tandis que le paon figure Baptiste Oudry pour le roi et tissée à la la vanité anglaise... manufacture des Gobelins entre 1736 Dans le décor de l’escalier des et 1750. Ambassadeurs, le dragon percé de flèches par Apollon symbolisait la Fronde vaincue par Louis XIV, le Roi- Soleil. Le Forhu à la fin de la curée Manufacture de Sèvres d'après Jean-Baptiste Oudry Plaque de porcelaine Musée national des châteaux de Versailles et de Trianon © Château de Versailles, Dist. RMN © Jean-Marc Manaï p. 12 l'animal de compagnie et d'agrément Louis XIV, Louis XV et Louis XVI ont Les perroquets, et particulièrement les vécu à Versailles entourés d’animaux, aras, étaient également appréciés, en soit du fait de leur propre goût, soit du raison de la beauté de leur plumage et fait des pratiques et intérêts de la cour.