GUIDE DU FORT CHAMBLY CHAMBLY - QUÉBEC FORT CHAMBLY 1842 LÀ FURENT LES GERMES SACRÉS D'OU SORTIRENT NOS DESTINÉES. MALGRÉ LA TRACE DES ANNÉES, QU'ILS SOIENT À JAMAIS VÉNÉRÉS! QUE L'ARDENTE FOI DE NOS PÈRES, LEUR COURAGE AU SEIN DU DANGER, DANS LA PAIX, LES CRISES, LES GUERRES, SUBSISTENT POUR NOUS PROTÉGER! BENJAMIN SULTE GUIDE DU FORT CHAMBLY Chambly - - Québec Bref historique du fameux fort de Chambly, deuxième poste de défense de la rivière Richelieu, bâti d'abord en bois en 1665 par le capitaine Jacques de Chambly, officier du régiment de Carignan, pour servir de défense contre les sauvages Iroquois. et rebâti en pierre en 1709 povr faire obstacle à l'avance des troupes anglaises. MINISTÈRE DES MINES ET DES RESSOURCES L'HON. T. A. CRBRAR, Minisire CHARLES CAMSELL, Sous-Ministre DIVISION DES TERRES. PARCS ET FORÊTS R. A. GIBSON. Directeur BUREAU DES PARCS NATIONAUX F. H. H. WILLIAMSON, Contrôleur OTTAWA. CANADA a»4: . VUE AÉRIENNE DU FORT CHAMBLY. CHAMBLY CANTON. QUÉBEC FORT CHAMBLY O! mon vieux fort, reste debout, Bravant l'abandon et l'orage! Dernier vestige d'un autre âge, Résiste au temps qui détruit tout! — Benjamin Suite. VŒUX du poète sont parfois le prélude de l'action. Le fort de Chambly ne sera plus négligé. L'appel C muet de cette magnifique relique qui voulait être pro- tégée a été entendu. On va commander à l'esprit bien- veillant du Temps, à cet esprit qui orne de couleurs har- monieuses les vestiges du passé et les recouvre de tendre verdure, de travailler de son mieux pour le fort de Cham- bly. Et l'on va opposer une résistance à cet autre esprit du Temps, à cet Ahnman qui détruit et anéantit les ou- vrages des hommes. Ce génie du mal a déjà trop fait pour réduire en poussière et en cendre ce vieux gardien inflexible de la rivière Richelieu. Le 10 janvier 1921, le fort de Chambly a été confié aux soins de la division des Parcs Nationaux du ministère de l'Intérieur, devenue aujourd'hui le Service des Parcs Na- tionaux de la division des Terres, Parcs et Forêts au minis- tère des Mines et Ressources, pour être à jamais administré et conservé comme une précieuse relique historique des débuts de l'épopée militaire canadienne. On a pris des mesures pour faire cesser la désagrégation des massives murailles et pour arracher le cimetière à l'abandon et au délabrement. Aperçu historique Le fort de Chambly est situé à environ vingt milles au sud-est de Montréal, sur une pointe de la rivière Richelieu, d'où 1 on a une vue magnifique du bassin de Chambly. Les deux imposantes montagnes de Saint-Hilaire et de Saint- Bruno semblent le protéger. Cet aperçu historique est Page trois partiellement tiré d'une histoire complète du fort publiée par Benjamin Suite et Gérard Malchelosse, envers lesquels tous ceux qui écriront dorénavant sur le fort de Chambly auront une dette de reconnaissance. L'histoire du fort de Chambly remonte à plus de deux siècles et demi. Durant les trois quarts de siècle qui sui- virent les voyages de Cartier, la France, toute à ses dissen- sions intestines, ne porta guère d'intérêt aux terres nou- velles dont ses hardis explorateurs avaient en son nom réclamé la souveraineté. En 1603, la tâche de Cartier fut reprise par Champlain, qui à cause des services qu'il a rendus comme explorateur et comme pionnier de la nouvelle colonie, a mérité le titre de "Père de la Nouvelle-France". En 1609, Champlain s'arrêta à Chambly en remontant pour la première fois la rivière Richelieu jusqu'à sa source, alors qu'il découvrit le lac qui porte aujourd'hui son nom. Avec vingt-quatre canots, outre le sien, il remonta le cours de la rivière et, aux rapides de Chambly, il portagea les embarcations à travers la forêt touffue où un canal offre maintenant un passage facile. En 1663, le gouvernement français avait décidé de faire du nouveau pays une colonie de la couronne et de lui donner au moins un semblant de gouvernement régional. Pendant trente ans, la Compagnie des Cent Associés s'était essayée à la tâche d'administrer le pays, mais elle n'avait pas réussi à remplir les engagements qu'elle avait pris envers la couronne. En dehors de Montréal, de Québec et des Trois- Rivières, personne ne pouvait chasser, pêcher, cultiver la terre ou défricher la forêt sans s'exposer à se faire scalper par les maraudeurs indiens qui exerçaient leurs dépréda- tions à partir du lac Saint-Pierre jusqu'à Québec. Quand un homme quittait son foyer le matin, son épouse ne savait jamais si elle le reverrait vivant. Le premier fort de Chambly, 1665 En 1661, Pierre Boucher, des Trois-Rivières, se rendit en France pour demander des secours en vue de paralyser les incursions des Iroquois. Il vit le ministre Colbert, et lui demanda trois cents hommes pour une expédition de repré- Page quatre sailles contre les villages indiens. Colbert voulut faire quelque chose de grand, remarquent sèchement les his- toriens. "Il fit trop et avec maladresse," c'est-à-dire qu'il repoussa l'avis de ceux qui connaissaient les lieux; il fit une autre chose qui paraissait beaucoup mieux, mais qui n'a- boutit qu'à vn gaspillage d'argent et à des pertes de vies. Il envoya douze cents hommes de troupe des Antilles et de France, parmi lesquels se trouvaient vingt compagnies du fameux régiment de Carignan. Avec les trois cents Cana- diens recrutés à Québec en 1665, cela composait un effectif de quinze cents hommes, soit près d'un soldat pour chaque personne de la colonie! A cette époque, il n'y avait pas plus de 2,000 colons dans la Nouvelle-France. Fig. A.—Fort Saint-Louis de Chambly, formé d'une palissade de quinze pieds de hauteur, construit en 1665 par M. de Chambly. capitaine d'une compagnie du régiment de Carignan. Incendié en 1702 par les Iroquois, il fut reconstruit en pierre sur le même emplacement en I 709. Fig. B.—-Plan du premier fort de Chambly. C'était un carré de 144 pieds de côté. Fig. C.—Plan du fort de Richelieu ou de Sorel. construit en 1665 par M. de Sorel. Fig. D.—Plan du fort Sainte-Thérèse, construit en 1665 par M. de Salière». Page cinq On décida alors de construire une chaîne de forts dont ces soldats formeraient les garnisons, et ainsi furent établis les forts de Chambly, de Sorel et de Sainte-Thérèse. Le fort de Chambly fut construit par Jacques de Chambly, capi- taine au régiment de Carignan, et le fort de Sorel, par Pierre de Sorel, également capitaine au même régiment. C'est parce que la construction du fort de Chambly fut commencée le jour de la fête de saint Louis et sous la direc- tion de M. de Chambly qu'on lui donna le nom de Saint- Louis de Chambly. Il était construit en bois avec une palissade de quinze pieds de hauteur formant un carré de cent quarante-quatre pieds de côté. A l'intérieur des murs, on aménagea des casernes pour les soldats, ainsi qu'une chapelle et une maison où le commandant avait son loge- ment et son bureau. On construisit un entrepôt pour y déposer les provisions, les armes et les munitions. Le fort devait aussi servir de refuge aux colons en cas d'attaque de la part des Indiens. A l'époque de la construction du fort, aucun blanc n'était établi le long de la rivière Richelieu, alors appelée rivière des Iroquois, ni à l'endroit qui fut plus tard appelé Sorel. Cependant, les officiers ayant reçu de vastes concessions de terres, le défrichement de la forêt commença et le sol fut cultivé tout d'abord par les soldats des garnisons. Les noms des localités des environs du Richelieu—Chambly, Sorel, Verchères, Varennes, Saint-Ours et Contrecœur— nous rappellent les noms de ces officiers. Les expéditions contre les Iroquois étaient parfois mal préparées et mal dirigées par les officiers, qui ne connais- saient pas les méthodes de guerre des Sauvages; cependant, après quelque temps, les Indiens commencèrent à com- prendre qu'une pareille force dirigée contre eux devait nécessairement finir par triompher, et ils demandèrent la paix. La meilleure politique à suivre eût été de détruire entièrement les villages des Iroquois, les forçant ainsi à rester tranquilles ou à s'éloigner. Les forts semblaient dire: "Approchez! Vous serez chaudement reçus!" Mais les Sauvages s'en moquaient; ils se tenaient hors de la portée des canons et choisissaient le moment propice pour con- tinuer leurs méfaits. Page six Une paix relative dura toutefois jusqu'en 1684 mais des actes de cruauté se commettaient dans l'ombre, souvent provoqués par les coureurs des bois qui faisaient à leur compte la traite des pelleteries et dont la plupart n'avaient aucun souci des intérêts de la colonie. En 1684, les Sau- vages reprirent les hostilités. Ils attaquaient les colons FORT CHAMBLY, 1842 dans les villages, brûlaient leurs maisons et leurs récoltes et emmenaient leurs femmes et leurs enfants qu'ils faisaient périr par le feu après leur avoir fait subir les plus abomi- nables tortures. Quand la guerre éclata entre la France et l'Angleterre, en 1688, les Iroquois se rangèrent du côté des Anglais et répandirent plus de terreur que jamais le long de la rivière Richelieu et du fleuve Saint-Laurent. En 1702, le fort fut temporairement abandonné par les autorités militaires, et les Indiens en profitèrent pour le livrer aux flammes. Partiellement détruit, il fut reconstruit peu après, mais on en réduisit les dimensions.
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