Fruits - Vol. 23, 11° 10, 1968 - 523 LE (PremièrePAPAYER partie) par A. LASSOUDIÈRE Tnstititt Français de Recherches Fruitières Outre-Mer. ----------- LE PAPAYER ( Première partie) SYSTÉl\IATlQUE ET ORIGINE DES CARICACÊES. par A. LASSOUDll�RE (I. F. A. C.) Fru.its, ,·ol. 23, n° ro, nov. 1968, p. 523-529. RÉSUMÉ. - Originaire d'Amérique tropicale, le papayer est mentionné pour la première fois par Oviedo en 1515 dans la région de Panama. Depuis, différents auteurs l'ont signalé dans plusieurs régions d'Afrique, d'Asie et d'Amérique. La place de cette plante fruitière dans la classification des végétaux est donnée, ainsi que les caractéristiques botaniques de différentes variétés. Les conditions de croisement sont indiquées. En fin d'article : liste géographique des espèces peu connues et table de synonymie. SYSTÉMATIQ!IE ET ORIGINE DES CARICACÉES Le papayer : Cai,ica papaya L. est pense que le papayer est originaire Baummelone, Melonenboum et La­ une espèce polygame. Cet arbre est très d'Amérique centrale, près du golfe de hong (Cambodge). largement répandu dans les régions Mexico. SOLMS - LAUBACH (1889) A Hawaii, le papayer est appelé loca­ équatoriales et tropicales. Son fruit croit que le papayer cultivé est un lement milikan et ke-i, à Tahiti : iito et entre dans la consommation locale hybride entre deux espèces mexi­ divers termes similaires dans les dia­ pour une part non négligeable (pro­ caines. lectes polynésiens. duction relativement continue à partir Le carica papaya a été décrit pour la En République centrafricaine, les de 9-10 mois pouvant se poursuivre première fois par OVIEDO vers 1515- Ngbaka de la Lobaye le désignent par jusqu'à 20-25 ans). 1525 (région de Panama) sous le nom nkovo (Yakpwa). indigène de « Olocoton ». D'après SANYAL, 1578, indique qu'à la findu R. CHATEAU, l'aire originelle serait le XVI• siècle, des graines ont été impor­ Origine et dispersion. Yucatan. Dans cette région, le papayer tées en Italie dans la région de Naples. Cette famille des caricacées est ori­ est appelé « Put ». Il semble selon divers auteurô que le ginaire pour une grande part d'Amé­ Les noms locaux sont très nom­ papayer se soit propagé par la Polynésie rique tropicale (centrale et du sud). breux : papaya, papeta, tree melon pa­ (époque précolombienne) puis les Phil­ Un seul genre semble originaire d'A­ paw, Pawpaw, Lechoza (Porto Rico), lipines, les Indes et ensuite la côte frique centrale : J acaratia Solmsii du Mamoeiro (Brésil), Fruta bomba (Cu­ orientale de l'Afrique et Madagascar. Cameroun. ba), Mamey Zapote (certaines régions LINSCHOTEN le mentionne dans DE CANDOLLE (1886) (*) dans son du Mexique), Melon papaya, Mamâo la presqu'île malaise et à Goa (nom lo­ ouvrage « origin of cultivated plants » (Brésil), Mamor, Cay du (Sud-Est asia­ cal papaios) vers 1583-1589. RUM­ tique), figuier des îles, papaye, pa­ PHIUS, gouverneur d'Amboine, en fait (*) Les références bibliographiques seront payer, Meloenboom, papaja (alle­ aussi la description en 1692. indiquées à la fin de l'étude. mand), pepol, pappal'!, Mamaoboum, La première illustration serait faite l 524 - Fruits - Vol. 23, n° 10, 1968 par RHEED, gouverneur de Ceylan en tales. Pourtant il existe un genre qui 1) St-igmates irrégulièrement dichoto­ 1667. possède 5 loges. miques, fruits à une seule luge : Jorge MARCGRAVE signale le pa­ Dicotylédone, Thalamiflores, Parié­ Eupapaya Solms, qui comprend payer chez les indiens du Brésil et du tales eupariétales. Carica papaya L. Paraguay vers 1648, de même que Ga­ La fleur est du type pentamère 5 S + briel DE SOARES DE SOUZA (1587). 5P + 5 E + 5 C. 2) Stigmates linéaires et multipartites, Pour certains, le passage de Ceylan C'est Graf ZU SOMLS qui a établi le fruits à cinq loges, parthénocarpie vers Madagascar et Zanzibar serait dû premier la classification des papayers. courante : aux arabes. LOUREIRO le trouve Dans cette famille des Caricaceae Hemipapaya A. DC, qui comprend: en Afrique de l'Est au milieu du deux genres principaux : XVIIIe siècle. - genre Carica L. Carica monoïca Desf., SPEKE et GRANT l'observent en - genre J acaratia Marg ex Endl. C. candamarcensis Hook, C. pentagona Heilb, Afrique occidentale, à Tabora vers ( ro espèces) dont J. Solmsii est origi­ chrysopetala Heilb, 1750. La dissémination du Zambèze au naire du Cameroun (1). C. lac Tanganyika aurait été faite par les Ce genre J acaratia se distingue de C. pubescens Lenne et Kock, Arabes marchands d'esclaves et par Carica par la disposition de la corolle C. rauliflora J acq. les Portugais. (EMIN PACHA aurait ( opposée au calice chez J acaratia). importé des graines en Uganda en Linné a classé cette plante dans les 3) Stigmates linéraires et entiers, 1874.) espèces dioïques. Un certain nombre fruits à cinq loges : La dissémination sur la côte occiden­ d'erreurs ont été commises en ce qui V asconcellea, St. Hi!., comprenant : tale de l'Afrique est très mal connue: concerne la biologie florale. Actuelle­ C. hete1'ophylla Poepp, R. MAUNY citant DAPPER : Saêi ment, il est certain que C. papaya est C. quercifolia Solms, Thomé 1686; une espèce polygamique dont l'expres­ C. cestriflora Solms, Guinée xve siècle (navigateurs por­ sion sexuelle n'est pas rigide (voir le C. microcarpa J acq.. tugais) ? chapitre 3, Génétique). C. goudotiana Solms. Lob. 1705 BOSMAN : côte guinéenne; La fleur mâle étant gamopétale, plu­ 1732 BARBAT; sieurs auteurs avaient placé cette fa­ 1737 ADANSON, au Sénégal à mille à côté des cucurbitacées (s'en Caractères de diverses espèces. Podor; rapprochant aussi par la forme du fruit Carica papaya L. (Eupapaya). 1824 - RICHARD, Richard Toll ; que l'on nomme encore melon). BARTH : Bornou et Niger ; Il existe deux autres genres : Cylico­ C'est une _plante de 3 à IO m de hau­ Abbé WALKER - Gabon et péné­ inorpha (2 espèces) et Jarilla (2 es­ teur, un tronc en général sans branches trations vers l'intérieur par la rivière pèces). latérales. Ce tronc porte des cicatrices Ogoué. foliaires très développées. La tige, verti­ Congo : introduction récente, après cale, se lignifie; la racine est pivotante. l'établissement des Français. Car-ica, Les feuilles sont palmatilobées (7 lobes Genre classification, sous­ En ce qui concerne l'Amérique du ou 9 lobes, variant surtout avec la po­ divisions. Nord : Floride en 1773. L'introduction Le genre Carica semble posséder un pulation considérée), mais ces plantes en Palestine, notamment Israël, est ré­ nombre chromosomique de base uni­ à l'état jeune présentent des feuilles cente (1923). L'introduction à Hawaii, forme (2n = 18). simples ou à quelques lobes. par les îles Marquises aurait été réali­ En ce qui concerne les subdivisions Le fruit est une baie à pulpe jaune sée par DOM MARTIN entre 1800 et dans le genre Carica, nous einprun­ rougeâtre très parfumée. Les graines 1823. terons les indications données par sont enrobées dans une masse gélati­ Actuellement, il est très largement R. CHATEAU qui a fait un travail neuse. Ces arbres sont soit monoïques� répandu dans les milieux écologiques bibliographique remarquable sur ce soit dioïques, soit hermaphrodites. <JUi lui sont favorables : forte humidité, sujet. ( 0 températures élevées 32 de latitude). D'après l'index Kervensis, 53 es­ Carica inonoïca Desf. ( Hemipapaya). Quoique dernier critère n'est pas pèces sont repérées au minimum ; ce C'est une espèce monoïque, à expres­ toujours valable comme nous le ver­ BADILLO en mentionne 57. sion sexuelle stable. On la trouve essen­ rons dans le chapitre suivant. Toutefois, il nous semble nécessaire tiellement en Bolivie et au Pérou. d'être prudent dans la dénomination Les inflorescences sont femelles avec classification des des espèces (possibilités d'hybrides quelques fleurs staminées. Place dans la interspécifiques). Trois groupes sont La croissance est importante (luxu­ végétaux. distingués : riante) ; la plante atteint une hauteur C'est une dicotylédone. Les carpelles de 1,5 m à 1,8 m en 6 mois. Elle est sont soudés de façon à obtenir une pla­ (1) Pour B.,oILLO se serait Cyl·ico111orpha branchue avec en général plusieurs ra­ centation pariétale. Ordre des parié- So/111sii - URI3A'1 (r9or). meaux par aisselle foliaire. Fruits - Vol. 23, n° 10, 1968 - 525 Les jeunes tiges sont vertes, les plus âgées sont brunes. Les feuilles sont tri­ lobées avec un pétiole de 7 à 12 cm. Sa floraison commence 4 à 5 mois après la plantation. Les fleursmâles s'ouvrent avant les fleurs femelles de la même inflorescence. Les 4 ou 5 premières inflorescences sont seulement mâles. Le fruit (1,5 cm x 3,7 cm) atteint sa maturité en 4,5-5 mois. Il est de cou­ leur orange, la pulpe étant blanc crème avec une texture spongieuse comes­ tible seulement après cuisson ; environ 30 graines par fruit. Carica monoica est tolérant sinon résistant au virus du Bunchy top. Carica cauliflora. J acq. Venezuela (Logo de Valencia, 400 m). C'est une espèce dioïque. La tige est brune, la croissance est faible ( I ,5 m à 2,4 m de hauteur). Son limbe foliaire est vert très foncé, large et entier avec un pétiole de 25 à 30 cm. La floraison commence 8-IO mois après plantation. Les fleurs sont rap­ prochées en bouquet ou séparées sur un court pédoncule. Dans une population, A. C. SAWANT a trouvé 14 femelles pour I 8 mâles. Le fruit a une taille de 5 cm X 4 cm, avec des sillons longitudinaux. Les graines sont plus petites que celles de carica 111onoïca. A. C. SAWANT a étudié l'hybride P110To r. - Ca,-ica papaya, ,·ariété Solon° 8. L'allèle m' s'il peut être transféré et interspécifique. C. monoïca X. C. ca1t­ Arbre mâle. stabilisé dans des conditions homozy­ liflora (50 à 60 % des fleurs hybridées gotiques peut avoir un grand intérêt donnent des fruits).
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