Table des matières Préface .................................................................................................... 9 Introduction ......................................................................................... 11 PREMIERE PARTIE. XXXXX Titre xxx ................................................................................................. x Auteur Titre xxx ................................................................................................. x Auteur DEUXIEME PARTIE. XXXXX Titre xxx ................................................................................................. x Auteur Titre xxx ................................................................................................. x Auteur Bibliographie ......................................................................................... x 7 Les Soviétiques, finalistes à Helsinki (1952) : anatomie et résonances d’une performance Sylvain DUFRAISSE Université Paris 1 Panthéon-Sorbonne/ Collège universitaire français de Moscou Bob Kurland, gloire du basket-ball américain de l’immédiat après- guerre, revenait sur sa carrière dans un article de la revue Olympians, publié en 1979 par le Comité national olympique des Etats-Unis. Il évoquait en particulier les Jeux Olympiques d’Helsinki et les matchs qu’il y avait joués contre les Soviétiques. En 1952, ils avaient une équipe. Ils n’étaient pas gracieux mais ils connaissaient le jeu. Ils avaient une stratégie de qualité et se révélaient en très bonne condition physique. Ils étaient très âpres au combat.[…] Il était clair que la Russie était compétente en basket-ball. Toutes les équipes s’étaient améliorées entre 1948 et 1952 mais la Russie était la meilleure équipe que nous avions rencontrée en 1952.1 Ce témoignage rappelle combien les Soviétiques ont réalisé une entrée frappante dans les épreuves olympiques de basket-ball. Bob Kurland vante également la valeur de ces nouveaux adversaires, leurs compétences dans un sport originaire des Etats-Unis, où la prédominance américaine demeurait jusque-là intacte. Le 2 août 1952, les basketteurs soviétiques atteignaient la finale et affrontaient, pour la conquête de l’or olympique, l’équipe des Etats-Unis qu’ils avaient déjà rencontrée en quart de finales. Même s’ils perdirent ce match et s’ils n’obtinrent que la médaille d’argent, leur deuxième place est significative. Elle inaugure une série de podiums olympiques (ils en seront absents uniquement en 1984 à Los Angeles, jeux boycottés par l’U.R.S.S.) et marque l’entrée d’un nouvel acteur majeur du basket- 1 Olympians, juin-juillet 1979, p. 9-11. 9 en-tête de page paire ball mondial de la seconde moitié du XXe siècle. Elle participe aux multiples succès des Soviétiques aux Jeux Olympiques d’Helsinki. L’U.R.S.S. devient ainsi, dès sa première participation, un des Grands du monde sportif d’après-guerre, luttant avec les Etats-Unis au classement officieux des nations par points2. Elle fut, selon Nicholas Niggli « le grand vainqueur moral des Jeux d’Helsinki », ses résultats ébranlant la confiance de son rival américain3. Elle couronne finalement une intégration et une progression en ce qui concerne les résultats des basketteurs soviétiques dans les championnats internationaux auxquels ils participent depuis l9474. Cette entrée des basketteurs soviétiques se révèle alors être une performance. Par ce mot, nous entendons une réussite remarquable, un résultat sportif exceptionnel. Avant d’étudier plus en détail le parcours des Soviétiques, le contexte de cette performance doit être précisé. Les Jeux Olympiques d’Helsinki ont lieu dans une période de structuration des blocs et de tensions croissantes dans les relations internationales. La guerre de Corée fait rage depuis deux ans, l’Europe est marquée par la naissance de deux Etats allemands opposés, par le durcissement de la domination stalinienne en Europe de l’Est et, pour le bloc occidental, par la conclusion de l’alliance Atlantique5. Paradoxalement, le sport en U.R.S.S. est, quant à lui, depuis 1946, touché par l’internationalisation et l’adoption des normes occidentales. Cela passe par un rapprochement avec les fédérations internationales sportives, puis par une entrée au C.I.O., permettant une multiplication des échanges sportifs. Ces aspects là ont été récemment bien étudiés par les travaux de Jenifer Parks6. Cette période est aussi marquée par une modification dans la conception du sport soviétique. Dans une résolution de décembre 1948 du comité central du P.C.U.S, l’accès à la suprématie mondiale dans les sports majeurs devient un but affiché7. Ces Jeux revêtent finalement un 2 Exner-Carl, C., Sport und Politik in den Beziehungen Finnlands zur Sowjetunion 1940-1952, Wiesbaden, O. Harrasowitz, 1997, p. 260. 3 Niggli, N., « Diplomatie sportive et relations internationales : Helsinki 1952, les “jeux olympiques de la guerre froide” ? », in Relations internationales, 112, 2002, p. 235. 4 Ils participent à leur premier championnat européen en 1947 à Prague, en 1951 à Paris, aux jeux universitaires mondiaux en 1949 à Budapest. 5 Soutou, G.-H., La Guerre de Cinquante ans. Les relations Est-Ouest de 1943 à 1990, Paris, Fayard, 2001, p. 261. 6 Parks, J., « Verbal Gymnastics: Sports, Bureaucracy, and the Soviet Union's Entrance into the Olympic Games, 1946-1952 », in Wagg, S. and Andrews, D. (ed.), East Plays West: Sport and the Cold War, London and New York, Routledge, 2006, p. 27- 44. 7 Edelman, R., Serious fun : a history of spectator sport in the USSR, New-York, Oxford University Press, 1993, p. 80. 10 en-tête de page impaire caractère particulier car ils sont, comme le soulignait Pierre Milza8, les premiers jeux de la guerre froide. Avant le début des compétitions, la perspective de l’affrontement semblait inévitable entre les deux superpuissances, la dramatisation à son apogée. Un article du New-York Times du 6 juillet 1952 promet une « guerre froide du sport », un « test à l’acide pour les athlètes soviétiques »9. L’éditorial de L’Equipe du 3 juillet 1952 annonçait, à propos des J.O., que les Soviétiques « préparent la sombre éventualité d’une guerre qui repousse l’intelligence et l’instinct ». Nicholas Niggli a souligné dans ses travaux qu’un autre aspect peut apparaître. Ces Jeux ont constitué un signe avant-coureur d’une politique de détente, en permettant une possibilité d’amélioration de l’image internationale de l’Union soviétique, la diplomatie sportive démontrant à l’ouest que la coexistence pacifique était possible10. L’exemple des basketteurs soviétiques nous permet également, à partir d’un cas sportif particulier de s’interroger, avec les commentateurs de l’époque, sur les modalités d’une telle performance, de voir comment a été rendu possible l’accès à la finale, donc d’établir les modalités de la progression des Soviétiques. La préparation des sportifs soviétiques est à la fois l’objet de secrets et de curiosité11, de mystères selon Raymond Meyer dans l’Equipe12. Il convient avec distance de voir quelles ont pu être les conditions objectives qui ont permis aux basketteurs soviétiques d’atteindre le meilleur niveau mondial. Une autre dimension doit être envisagée. Evènement parmi d’autres durant ce « forum dépassant les océans»13 que constituent les Jeux Olympiques, ce match revêt là encore un caractère singulier. Il est l’occasion de la première rencontre, dans un sport d’origine américaine, dominé par les Etats-Unis, entre les deux Grands (Les Soviétiques n’avaient pas participé aux premiers championnats du monde en 1950 en Argentine). Tout au long de la guerre froide, le basket-ball a tenu en effet, une place importante. Il comptait parmi les rares sports où le niveau de pratique entre équipe soviétique et américaine était à peu près 8 Milza, P., « Helsinki : les jeux de la guerre froide » in L’Histoire, n°24, Paris, juin 1980, p. 29-30. 9 Moretti, A., « New York Times’ coverage of the soviet union’s entrance into the olympic games », in Sport History Review, n°38, Champaign, 2007, p. 61. 10 Niggli, N., op. cit., p. 237. 11 Parks, J., op. cit., p. 79. 12 Cité par Barberousse, M., Les athlètes d’Europe de l’est et les Jeux Olympiques : leur participation aux JO de 1952 : guerre ou paix ?, mémoire de maîtrise sous la direction de René Girault, université Paris I-Panthéon-Sorbonne, 1993, p. 105. 13 Richmond, Y., Cultural exchange and the Cold War, raising the Iron curtain, University Park, Pennsylvania university press, 2003, p. 95. 11 en-tête de page paire équivalent comme également le hockey sur glace, l’athlétisme14, permettant de se confronter ouvertement dans le champ sportif15. Cette rencontre est alors, comme celles de hockey sur glace étudiées par Markku Jokisipila et par Hélène Harter16, une scène où se joue la guerre sportive opposant les deux géants, permettant une compétition réglée, à distance, entre les nations mais qui demeurait perçue par les commentateurs et le public comme un lieu de confrontation. Et cela dès les premiers temps de la Guerre Froide. Il devient alors intéressant d’étudier les résonances de l’événement, nous entendons par là les effets produits, l’écho rencontré dans les medias. Á partir de cette confrontation, il s’agit de percevoir comment s’articulent, dans les récits de l’événement, les regards sur l’Autre. Cet article a, donc comme but, de percevoir dans quelle mesure cette performance marque l’avènement d’un nouveau grand européen du basket-ball, dans le cadre d’une Europe redessinée, dans un contexte mondial de tensions et contribue à faire entrer le basket-ball dans l’affrontement
Details
-
File Typepdf
-
Upload Time-
-
Content LanguagesEnglish
-
Upload UserAnonymous/Not logged-in
-
File Pages23 Page
-
File Size-