Les écrits en vers de Marie Stuart Édition critique des autographes, augmentée de la transmission de lʼŒuvre poétique et de la réception littéraire de la figure de Marie Stuart par Irène Fasel Thèse de doctorat présentée devant la Faculté des Lettres de l’Université de Fribourg (Suisse) Approuvée par la Faculté des Lettres sur proposition des professeurs Thomas Hunkeler, Julien Gœury et ancien professeur titulaire Simone de Reyff Fribourg, le 5 avril 2019 La Doyenne, professeur Bernadette Charlier Pasquier TABLE DES MATIÈRES Avant-propos 4 En guise d’introduction 6 I. ÉLÉMENTS DE BIOGRAPHIE 9 1. 1542-1548 En Écosse 9 2. 1548-1561 En France 11 3. 1561-1567 Reine d’Écosse 26 4. 1568-1587 Captive en Angleterre 34 II. LA TRANSMISSION : VUE D’ENSEMBLE DU CORPUS 36 A. Les autographes 37 1. Sheffield, Ruskin Gallery, R. 3548 37 2. Oxford, Bodleian Library, MS Add. C. 92 40 3. Saint-Pétersbourg, Bibliothèque nationale de Russie, MS Lat. Q.v.I.112 42 3.1. Le Livre d’heures de Marie Stuart 42 B. Les manuscrits des XVIe et XVIIe siècles 46 1. Les « Casket sonnets » 46 2. Leslie 52 3. Chaloner et Conn, et Buchanan 57 Annexe: Les sources 3.5.1. Le poème de Buchanan 65 3.5.2. Le poème du State Paper Office 65 3.5.3. Le poème de Chaloner 66 4. Brantôme 68 C. Les documents du State Paper Office : XIXe siècle 72 1. London, BL, Cotton Caligula D.I, fol. 316v-317r 72 2. London, BL, Public Record Office SP 53.12, fol. 58r 76 1 D. Les poèmes attribués à Marie Stuart 77 1. Les sources de Robert Schumann 77 2. Les vers attribués à Marie Stuart par divers auteurs 80 E. Les écrits en vers mentionnés, mais disparus 81 1. Les Quatrains à son fils 81 F. En résumé 83 III. LA RÉCEPTION LITTÉRAIRE DE MARIE STUART 87 A. La genèse de la figure de Marie Stuart 88 B. Les principales références littéraires 89 1. Les contemporains 90 2. Des premières œuvres dramatiques jusqu’à la tragédie de Montchrestien 92 3. Les écrits de pères religieux du XVIIe siècle 95 4. L’expansion du drame de Marie Stuart aux pays européens 98 5. La percée : Maria Stuart de Friedrich Schiller 100 6. Les œuvres en prose du XIXe siècle 102 7. Les œuvres cinématographiques 106 8. En hommage à Marie Stuart 107 C. Conclusion 108 IV. ÉDITION CRITIQUE DES POÈMES AUTOGRAPHES DE MARIE STUART 109 A. Principes d’édition 109 B. Sheffield, Ruskin Gallery, R. 3548 110 1. Si ce Lieu est pour ecrire ordonn[é] 110 2 C. Les poèmes de la Bibliothèque Bodléienne, MS Add. C. 92 121 1. O Signeur Dieu, rescevez ma priere 121 2. Donnes, Seigneur, don[n]es moy pasciance 126 3. Annexe : Transposition à l'identique de Bodleian Library MS Add. C. 92 f. 22r/v 130 4. Ronsart, si ton bon cueur de gentille nature 132 5. Que suis-je, helas, et de quoy sert ma vie ? 139 D. Les poèmes de la Bibliothèque nationale de Russie, MS Lat. Q.v.I.112 145 1. Le Livre d’heures de Marie Stuart 145 1.1 État matériel du texte 145 1.2. Fol. 81v 146 1.3. Les poèmes écrits dans les marges du Livre d’heures de Marie Stuart 155 V. CONCLUSION 169 Bibliographie 174 Lexique 194 Illustrations 197 3 Avant-propos Ma première « rencontre » avec la figure de Marie Stuart a eu lieu lorsque j’étais responsable d’une publication allemande concernant différents manuscrits conservés à la Bibliothèque nationale de Russie à Saint-Pétersbourg1. Parmi ces documents figurait le Livre d’heures de Marie Stuart, le plus personnel de ses livres de prières2. Ce codex, véritable œuvre d’art avec des couleurs demeurées très vives qui n’ont rien perdu de leur fascination au cours de plus de cinq siècles, m’a aussitôt touchée profondément. J’ai été en particulier charmée par les vers que la reine d’Écosse avait notés dans les marges de son livre et qui dataient pour la plupart de l’époque où elle avait été captive de sa rivale Élisabeth d’Angleterre. Ces petits poèmes avaient déjà été publiés, mais bientôt je suis tombée sur d’autres autographes de la main de la reine qui se trouvent à Oxford et qui manquaient d’une étude récente sérieuse. L’enthousiasme pour les poèmes de Marie Stuart s’est emparé définitivement de moi lorsqu’un contact professionnel avec François Avril m’a mis sur la bonne piste de recherche : j’étais proche de la découverte du codex qui héberge depuis plus de quatre cents ans un autographe dont les traces s’étaient perdues au cours des siècles. Du coup, je savais que c’était le travail à faire. Ma langue maternelle étant l’allemand, je n’ai pas eu le courage de me soumettre à ce devoir. Par chance, Simone de Reyff, ancien professeur titulaire de l’Université de Fribourg (Suisse) dont j’avais suivi les enseignements de littérature française dans les années 1980, a encouragé mon projet dès le début. Grâce à elle, j’ai pu prendre contact avec le professeur Thomas Hunkeler qui a accepté d’encadrer ma thèse. Le cercle s’est fermé quand François Rigolot de l’Université de Princeton m’a invitée à un échange scientifique autour des autographes et écrits en vers de Marie Stuart, échange auquel participait déjà Sylvène Édouard de l’Université de Lyon. Nous avons ainsi décidé de préparer ensemble l’Œuvre poétique de la reine d’Écosse à paraître chez Classiques Garnier sous la direction de François Rigolot. C’est pour cela que la présente thèse de doctorat se limite à une étude des autographes. Ma recherche est basée sur une relecture faite à partir des originaux. À cet égard, je remercie les nombreux collaborateurs et leurs institutions : Natalia Elaguina et Olga Bleskina de la Bibliothèque nationale de Russie, Bruce Barker-Benfield de la Bibliothèque 1 Schätze der Russischen Nationalbibliothek. Berlin, Kindler, 2006. 2 Paru en édition fac-similé: Das Stundenbuch der Maria Stuart, Berlin, Kindler, 2015. 4 Bodléienne d’Oxford, Louise Pullen de Ruskin Collection de Sheffield (Angleterre), Aimée Holmes de la Bibliothèque universitaire d’Édimbourg, François Avril de la Bibliothèque nationale de France et Élisabeth Charron de l’École des Chartes. Leur disponibilité et leur intérêt pour mes travaux m’ont aidée à tirer le plus grand profit de ces heures passées en bibliothèque. Les moments où je me suis penchée sur ces documents de valeur inestimable me restent en bon souvenir. Je remercie profondément Simone de Reyff et Thomas Hunkeler qui m’ont motivée et soutenue avec leurs connaissances dès le début de notre contact. Je suis entièrement reconnaissante à François Rigolot pour avoir accepté de travailler en même temps sur le même sujet dans l’objectif de présenter une édition commune. Je sais gré à Simone de Reyff, ainsi qu’à mes collègues et amies Murielle Thrier et Claudine Brohy qui ont revu mon texte. Enfin, je remercie mes amis et ma famille qui m’ont soutenue de cœur et d’âme tout au long des années passées sans jamais perdre l’espoir de me voir arriver à une bonne fin. Rapperswil (Suisse), Juillet 2019 5 En guise d’introduction Marie Stuart, reine d’Écosse et pour dix-huit mois aussi reine de France, est connue surtout en raison de son destin, qui a intéressé et parfois même bouleversé la politique du XVIe siècle avec des effets qui se sont produits jusqu’à nos jours. Héritière du trône par son père, investie par l’exemple de sa mère d’une lourde tradition religieuse, elle a été surtout une femme de son siècle. La personnalité privée de cette reine malheureuse a été éclipsée par les complots et les décisions fatales qui ont marqué son destin. Ce qui a le plus intéressé la postérité, c’est l’abdication de la jeune reine, puis la longue captivité qui devait aboutir à sa mort sur l’échafaud. Depuis des siècles, c’est par sa mort prématurée que Marie Stuart est restée dans la mémoire collective. Mort qui semble avoir englouti les atouts majeurs de cette femme d’exception : une beauté fascinante, une intelligence prometteuse, une éducation étendue et une descendance qui allait marquer l’histoire d’Angleterre du siècle suivant. La thèse de doctorat ici présentée prend les choses à rebours, en les envisageant du point de vue du XVIe siècle. Son but est d’étudier Marie Stuart à travers sa création poétique. Cela est possible grâce à des documents autographes qui nous ont été transmis sans déformations, sans chiffres et faux, mais dans l’état où ils ont été produits. Il s’agit d’un corpus limité d’écrits en vers, témoins toutefois de différentes périodes de la vie de la reine. Ce petit corpus n’a jamais été analysé sous cet angle en sa langue originale, le français. Ce travail restait donc encore à faire, même après un si long temps. Ma recherche sur les poèmes autographes de Marie Stuart s’articule en quatre chapitres. Un aperçu biographique focalisé sur la formation intellectuelle de la reine introduit la présente étude. Il est suivi de la transmission des manuscrits, qui fait l’histoire de l’édition du corpus des poèmes de Marie Stuart. Une vue d’ensemble de la réception de la figure historique, politique, religieuse et littéraire clôt la première partie. La seconde partie, le chapitre IV, est consacrée à l’édition critique des autographes de vers de Marie Stuart. Dans le chapitre I, « Eléments de biographie », je me propose de situer la biographie de Marie Stuart dans son époque en mettant l’accent sur la formation intellectuelle de la reine, sur les événements politiques et sociaux majeurs qui ont influencé son enfance et son règne, ainsi que sur la question cruciale de la religion durant la seconde moitié du XVIe siècle.
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