Choix De Classiques Profanes À L'usage Des Humanités (Tome 2)

Choix De Classiques Profanes À L'usage Des Humanités (Tome 2)

CHOIX DES CLASSIQUES PROFANES A L'USAGE DES HUMANITÉS ÉDITION COMPLÈTEMENT EXPURGER ÏT HIÎDHÏÉR D'AWÎKS M-: i»nor,iUMMK nu BAOCAIAUKKAT PAR M. P. F. VIVIER Ancien professeur TOME SECOND POETES PARIS GAUME FRÈRES, LIBRAIRES-ÉDITEURS ÎU'U CASSETTE, N° b )8:i7 Omit (le reproduction rc«rrv<\ CHOIX DlíS CL VSSIOIKS IM5(U VM'S A l/l'S/WÎE IIKS HUMANITÉS TOME II Les exemplaires non revêtus de la signature ci-dessous fieront réputés contrefaits et poursuivis comme tels. LES MÊMES MIUWMES ONT DE.U PUBLIÉ : 40 volumes de Classiques Chrelions Lalins. 12 volumes do — — Grecs. nvoen mur, \w. ri HRIWIN Dinar MI.SMI ( n RI. i PRÉFACE. Les deux, volumes que nous offrons ici à la jeunesse stu­ dieuse sont appelés, nous n'en doutons pas, à dessiller bien des yeux. On a dit et répété, avec une persistance vérita­ blement surprenante, que Monseigneur Gaume excluait des études les auteurs profanes et qu'il n'y voulait admettre que des auteurs chrétiens. Dans l'ouvrage même qui a inauguré la question des Classiques (Le ver rongeur), il écrit formellement le contraire, et toutes ses publica­ tions subséquentes expriment invariablement la même opinion. Qu'au milieu des débats soulevés dans l'intérêt de la littérature chrétienne on ait pu paraître oublier mo­ mentanément de faire remarquer les qualités eminentes et l'utilité relative des auteurs païens, il est facile de le comprendre. Mais, parce qu'on ne croyait pas nécessaire de rappeler ce sur quoi tout le monde tombait d'accord, ou parce qu'on se contentait de faire ressortir les inconvé­ nients de Tétude exclusive des auteurs païens, s'ensuit-il qu'on voulut les exclure à leur tour? Monseigneur Gaume aurait eu raison, il y a longtemps, contre cette prévention malheureuse s'il nous eut été possible de céder plus tôt à ses pressantes sollicitations. Aujourd'hui, du moins, les plus obstinés vont avoir des preuves matérielles et pal­ pables, qu'ils ne tenteront sans doute pas de récuser. Nous le reconnaissons volontiers, les païens avaient reçu de Dieu des dons naturels plus ou moins excellents; ils ontculttvé avec sitws îps W^Jps arts et les sciences. T. ir. a li PRÉFACE. Leurs ouvrages contiennent an certain nombre do vérités, empruntées aux traditions primitives et au fonds commun de l'intelligence et de la raison humaine. Quelques-uns sont dépositaires des faits qui constituent, du moins en partie, l'histoire des temps anciens. D'autres renferment des harangues éloquentes ou des morceaux de poésie qu'on admire encore. Tl n'est donc pas inutile de les connaître, ne fut-ce que comme moyen de faire l'étude comparée de la littérature chrétienne et de la littérature profane. On y trouvera de plus l'avantage de lire dans les textes originaux la vie des peuples païens; de constater les immenses bienfaits dont nous sommes redevables à l'Évangile, et de montrer à ceux qui affectent de l'igno­ rer la permanence de la foi du genre humain aux vérités catholiques. Eu un mot, pour rappeler une expression des Pères de l'Église, ce sera le moyen de faire servir les dé- pouilioG des Egyptiens à l'ornement du sanctuaire- Mais s'agit-il de faire des auteurs païens une élude approfondie? Outre que cette étude, aujourd'hui surtout, ne peut, d'une part, être que le partage du petit nombre, elle suppose, d'autre pari, un développement intellectuel qui, sauf de très-rares exceptions, ne se rencontre pas à un degré suffisant dans les jeunes habitants de nos mai­ sons d'instruction secondaire- Non; tout ce qu'on est en droit d'exiger d'un bon système d'enseignement, c'est, ce nous semble^ qu'après avoir formé l'esprit, le cœur et le goût de la jeunesse chrétienne avec des auteurs égale­ ment chrétiens, il l'initie à lu connaissance des principaux auteurs profanes. Libre, plus tard, à ceux qui en auront ie lois v, le goût ou le besoin, de parcourir, en tout, ou en partie, la carrière que l'on aura ouverte devant eux. Toutefois cette initiation veut être faite avec une grande prudence ; car l'expérience a montré trop souvent qu'elle est pleine de dangers. La vérité et Terreur, le bien et le mal se trouvent tellement mélangés dans les auteurs païens, et le discernement; en est si difficile h faire que PJiÉFACG. TIF plus d'un jeune homme pourrait, en jetant un regard sur son passé, s'écrier avec Ovide : liei mihi! cnr (1ulici?cur inn docuêre magîstriF Litleraque est óculos ulla moratn racos? (Tristes, liv. LL) En effet, les auteurs païens sont si peu faits pour former des chrétiens, c'est-à-dire des citoyens utiles et des hom­ mes de leur pays et de leur siècle, qu'au sortir du collège nous sommes obligés d'oublier la majeure partie de ce que nous avons appris à leur école et de réformer la plu­ part de nos idées, sous peine d'être de fort mauvais chré­ tiens, de tristes citoyens et dé ridicules personnages. Et. néanmoins, en quittant le collège, nous devrions n'avoir rien à oublier, rien à changer : idées, sentiments, lan­ gage, tout devrait rester le même, et nous devrions entrer, pour ainsi dire, deplain-pied dans la société que nous sommes appelés à servir et à honorer. En sorte qu'un protestant de nos jours a dit avec raison : « Ce sera « un des étonnements de l'avenir d'apprendre que l'Eu- « rope chrétienne envoie, pendant les années décisives « de la vie, l'élite de sa jeunesse se former à l'école des t( païens. » Aussi un des plus graves inconvénients qui résulte d'or­ dinaire de cette étude à peu près exclusive des auteurs païens, c'est de passionner ia jeunesse pour des idées et des formes sociales qui ne sont plus de notre époque et n'entrent plus dans nos mœurs. De Ut cette division profonde et cette opposition entre les idées des masses et celles des prétendus lettrés. Delà ces efforts parfois gigantesques d'un cùlé, mais toujours infructueux, et de l'autre cette répul­ sion instinctive pour des institutions applicables seulement à des peuples enfants et dès lors souverainement incom­ patibles avec les sociétés actuelles. Voilà pourquoi l'Eu­ rope moderne a été témoin et victime de tant d>- luttes sanglantes. La révolution française, en particulier, au ÍV PRÉFACE- dire de tous ceux qui l'ont vue et étudiée de près, restera comme un Monument effroyable à la race.future (1) de la réalité et de la grandeur du danger que nous signa­ lons ici. En effet, ainsi que le disait à la tribune le régicide Chazal, « l'éducation fait tout. » Et il ajoutait : « Si nous « avons relevé nos fronts courbés sous le joug de la mo- « narcbie, c'est parce que l'heureuse incurie des rois nous « laissa nous former aux écoles c|e Sparte, d'Athènes et de «r Rome. Enfants, nous avions fréquenté Lycurgue, Solon, « les deux Brutus, et nous les avions admirés ; hommes, « nous ne pouvions que les imiter. » Voici sa conclusion : « Nous n'aurons pas la stupidité des rois : tout sera ré- <r publicam dans notre république. » N'est-ce pas encore une autre anomalie et un des ré­ sultats les plus funestes de l'étude exagérée des auteurs païens, pendant les années décisives de l'éducation, que de faire travailler sur le vide des âmes créées pour la vé­ rité ; de les forcer à grandir dans un monde qui n'a aucun rapport avec le notre ; de heurter souvent la droiture et la simplicité de leur foi et de flétrir la fleur de leur in­ nocence; de leur inspirer ce qu'on peut appeler l'idolâtrie de la phrase et de la forme plutôt que l'estime de la raison et le culte de la vertu; de les conduire infaillible­ ment à l'ignorance réelle et même à un mépris secret du christianisme, soit comme inspirateur du génie dans les lettres, les sciences et les arts, soit comme élément né­ cessaire des sociétés humaines et principe obligé de toute véritable vertu? Ces préjugés,dont on revient si diffici­ lement, ont des résultats véritablement désastreux. Pour éviter ces dangers et ces inconvénients, trois choses nous paraissent de rigueur : Il faut, avant tout, (t) Graillon. PBÉFACE. V cesser de présenter à la jeunesse, ainsi qu'on l'a fait trop longtemps, les auteurs païens comme le type unique et obligé de la perfection. Si, dans les arts qui ont demandé leurs inspirations à l'esprit et aux croyances des temps modernes, on remarque une incontestable supériorité sur les Grecs et les Romains, pourquoi n'en serait-il pas ainsi dans la littérature ? Tout peuple parle précisément autant qu'il pense et aussi bien qu'il pense. Qui donc oserait dire que les païens avaient un fonds de vérités aussi riche, aussi varié que les peuples chrétiens? a Quand on veut nous restreindre exclusivement à la littérature d'Athènes et de Rome, c'est qu'on n'a pas assez réfléchi que, le beau absolu étant la manifestation du vrai et de l'infini, la variété des formes possibles est inépuisable... Aussi, tant.qu'on n'aura pas prouvé que le catholicisme n'est pas la plus haute expression des croyances de l'homme, les partisans de l'art catholique seront fondés à soutenir que la littérature classique est restée en deçà du progrès qu'on peut remarquer dans la plupart des autres arts. » (Baudet.) On chercherait donc vainement dans la littérature païenne le type définitif et le modèle infranchissable qui convien­ nent à nos mœurs et à notre temps.

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