El Poblament rural andalusí a les Aspres, nord del districte/taifa de Lleida (finals del segle X-principis del segle XII) Universitat de Lleida Facultat de Ciències de l’ Jesus Corsà Garrofé 2.4. DÉBAT HISTORIOGRAPHIQUE SUR LA FRONTIÈRE ANDALOUSINE 2.4.1. Notion de frontière Tout d’abord, nous insistons sur le fait d’éclaircir le concept de tagr afin de pouvoir travailler sur une base sûre et totalement fiable, étant donné que le terme frontière peut être doté de sens très différents1317; il faudra donc faire attention en appliquant ce terme dans la réalité historique du haut moyen âge. En réalité, chaque formation sociale dote d’un sens spécifique le fait frontalier, vu qu’il s’agit de barrières établies par les hommes à un moment précis et dans un territoire concret. Les différentes variantes du mot arabe tagr englobent le champ sémantique d’ouverture, porte, bouche et orifice buccal, tout en comprenant aussi la notion de frontière1318. Il semble, donc, difficile de partir du concept de frontière de l’al-Andalus établi comme limite et séparation. Dans les terres islamiques, selon Bazzana, la notion de tagr ne peut, en aucun cas, être liée à une délimitation du territoire vu que les terres du Prophète sont universelles et qu’elles n’offrent jamais de limites1319. Le concept de frontière signalé par Pierre Toubert est fondamental pour avancer dans la définition : la frontière est une réalité concrète, pas une limite linéaire et continue, mais une zone imprécise et très particulière qui est aussi le symbole d’une position militaire ou politique1320. La frontière se caractérise par le fait d’être un endroit où des mouvements opposés d’expansion essaient de se développer, un produit autant de la guerre que de la paix. Par conséquent, comme indique Bazzana, c’est una región viva y dinámica (atractiva) o vacia y despoblada (repulsiva): zona “de todos los peligros” o zona donde surge una sociedad nueva1321. 1317 BEREND, Nora; “Medievalists and the notion of frontier”, The Medieval History Journal, 2/1 (New Delhi, 1999), p. 55-72. 1318 MANZANO, Eduardo; La frontera de Al-Andalus en época de los Omeyas, Consejo Superior de Investigaciones Científicas, Madrid, 1991, p. 30-31. 1319 BAZZANA, André; “El concepto de frontera en el mediterráneo occidental en la Edad Media”, Actas del Congreso la Frontera Oriental Nazarí como Sujeto Histórico (s.XIII-XVI), Pedro Segura (coord.), Instituto de Estudios Almerienses, Almería, 1997, p. 32. 1320 TOUBERT, Pierre; “Frontière et frontières: un objet historique”, Castrum 4. Frontière et peuplement Dans le monde méditerranéen au Moyen Âge, Jean-Michel Poisson (éd.), École Française de Rome-Casa de Velázquez, Rome-Madrid, 1992, p. 9-17. 1321 BAZZANA, André; “El concepto de frontera en el mediterráneo occidental en la Edad Media”, Actas del Congreso la Frontera Oriental Nazarí como Sujeto Histórico (s.XIII-XVI), Pedro Segura (coord.), Instituto de Estudios Almerienses, Almería, 1997, p. 26. 419 Ce modèle de frontière qui règne tout au long du VIIIe et IXe siècles, connu comme “terre de personne”, sépare les terres andalousines des autres1322. Celui-ci n’est pas un espace vide ni inhabité, mais il est libre de l’administration des groupes politiques voisins1323. Chalmeta n’étudie pas seulement le tagr andalousin comme un phénomène isolé, mais il fait des recherches dans un contexte global, en l’encadrant dans les syro-irakiens1324 précédents et parallèles. À partir de cette analyse, il arrive à la conclusion que nuestra Frontera no fue una innovación-invención, sino la aplicación-adaptación local de un fenómeno mucho más amplio, tanto geográfico como cronológicamente: el de los tugur al-Islam1325. L’auteur observe que les tugur sont des unités territoriales avec une claire structure administrative, différentes des autres provinces (kuwar) andalousines et gouvernées par un wali, désigné par l’émir/calife. Dans la communauté andalousine, structurée au niveau administratif depuis une époque très reculée, il existe la réalité des coras et d’autres réalités plus distantes, “señorios”/iqta’at, tasgil1326 et “fronteras”/tagr, tugur1327, qui sont spéciales au niveau géographique, administratif, fiscal, politique et militaire. Selon Chalmeta, il est fondamental de définir exactement le concept de tagr parce que ce mot désigne une zone frontalière concrète et avec des connotations spécifiques. De cette manière, il considère que le tagr est une frontière d’un État islamique avec une zone de contact non musulmane ; c’est-à-dire que les chroniqueurs appellent tagr seulement les limites extérieures à la umma. Par conséquence, les frontières entre les différents groupes islamiques, les frontières intérieures du dar-al-Islam ne sont pas 1322 SABATÉ, Flocel; “La marca en els comtats de l’any mil”, Plecs d’Història Local, 65 –Suplement de L’Avenç, 208– (Barcelone, 1996), p. 36-39. 1323 Son peuplement est diffus et précaire, formé par des continuateurs de peuplements préalables, unités familiales qui fuient des sociétés organisées tout en recherchant des aprisions particulières de terres, des ermites à la recherche de solitude. Ce sont des communautés qui vivent hors d’une couverture globale, même si, surtout, dans les espaces du centre et de l’ouest péninsulaire, il existe des communautés locales sous leur propre autorégulation; dans certains cas, en profitant des restes de châteaux ou monastères. Cf. CASTELLANOS, Santiago; MARTÍN VISO, Iñaki; “The local articulation of centrel power in the north of the Iberian Peninsula (500-1000)”, Early Medieval Europe, 13/1 (Oxford, 2005), p. 24-33. D’autres auteurs définissent cette population comme pravae gentis, mala gens o paganis et aliis malis hominibus d’une religion ou autre. Cf. FONT, José María; Cartas de población y franquicia de Cataluña, Consejo Superior de Investigaciones Científicas, Madrid-Barcelone, 1969, vol. I, p. 27. 1324 Anàlisi que també segueix Eduardo Manzano. MANZANO, Eduardo; La frontera de Al-Andalus en época de los Omeyas, Consejo Superior de Investigaciones Científicas, Madrid, 1991, p. 44. 1325 CHALMETA, Pedro; “El concepto de Tagr”, La Marche Supérieure d’Al-Andalus et l’occident chrétien, Philippe Sénac (éd.), Casa de Velásquez-Universidad de Zaragoza, Madrid, 1991, p. 15. 1326 CHALMETA, Pedro; “Concesiones territoriales en al-Andalus”, Cuadernos Historia, anexos de la revista Hispania, VI (Madrid, 1975), p. 1-90. 1327 CHALMETA, Pedro; “El concepto de Tagr”, La Marche Supérieure d’Al-Andalus et l’occident chrétien, Philippe Sénac (éd.), Casa de Velásquez-Universidad de Zaragoza, Madrid, 1991, p. 16. 420 cataloguées comme tugur1328, malgré l’existence de micro frontières qui séparent des territoires de peuplement musulman et des districts d’al-Andalus1329. Le levant péninsulaire –Sharq al-Andalus– montre parfaitement cette réalité, car il est divisé en multiples territoires assez amples1330. Les tugur sont des territoires définis par les juristes comme zones hostiles, c'est-à-dire des zones objet d’attaques musulmanes. Nous comprenons, alors, que ces zones sont aptes pour y mener à terme la lutte religieuse. Les asseifes ont une extrême importance à l’al-Andalus vu que, s’officialise, s’organise et se planifie, au niveau de l’État, l’accomplissement et la pratique du jihad1331, matérialisé, tous les étés, par des expéditions contre les chrétiens. Franco-Sánchez explique que cette politique militaire s’intensifie lors de la stabilisation du pouvoir de Cordoue1332, comme montrent les campagnes d‘Abd ar-Rahmàn III et d’al-Mansúr1333. Au delà de ces expéditions périodiques, il existe les endroits de ribat, des centres établis sur des lieux maritimes et frontaliers pour développer la tâche guerrière contre l’infidèle et pour protéger aussi bien les frontières internes que le littoral1334. Ces centres musulmans frontaliers reçoivent les individus désireux d’accomplir le jihad de forme 1328 CHALMETA, Pedro; “El concepto de Tagr”, La Marche Supérieure d’Al-Andalus et l’occident chrétien, Philippe Sénac (éd.), Casa de Velásquez-Universidad de Zaragoza, Madrid, 1991, p. 15-28. 1329 BAZZANA, André; “El concepto de frontera en el mediterráneo occidental en la Edad Media”, Actas del Congreso la Frontera Oriental Nazarí como Sujeto Histórico (s.XIII-XVI), Pedro Segura (coord.), Instituto de Estudios Almerienses, Almería, 1997, p. 32. 1330 GUICHARD, Pierre; “Le problème de l’existence de structures de type “féodal” dans la société d’al- Andalus (l’exeple de la région valencienne)”, Structures féodales et féodalisme dans l’Occident méditerranéen (Xe-XIIIe siècle), École Française de Rome, Rome, 1980, p. 699-725. 1331 EPALZA, Míkel de; “El derecho político musulmán y su influencia en la formación de Álava (siglo VIII-XI)”, La formación de Álava: 650 aniversario del Pacto de Arriaga (1332-1982), Diputación Foral, Vitoria, 1985, vol. I, p. 309-310. IDEM.; “Descabdellament polític i militar dels musulmans a terres catalanes (segles VIII-XI)”, Symposium Internacional sobre els orígens de Catalunya (segles VIII-XI), Real Academia de las Buenas Letras de Barcelona, Barcelone, 1991, p. 67-75. 1332 FRANCO-SANCHEZ, Francisco; “Consideración jurídica y religiosa de los territorios de la meseta y el norte peninsular por el poder musulmán de Al-Andalus”, Al-Andalus Magreb: Estudios árabes e islámicos, 7 (Cádiz, 1999), p. 120-125. 1333 BARIANI, Laura; Almanzor, Nerea, Saint Sébastien, 2003, p. 216. SÉNAC, Philippe; “Notes sur les relations diplomatiques entre les comtes de Barcelone et le califat de Cordoue au Xe siècle”, Histoire et archeologie des terres catalanes o Moyen Age, Philippe Sénac (éd.), Presses Universitaires de Perpignan, Perpignan, 1995, p. 87-101. 1334 NAVARRO, Ildefonso; et alt.; “Turrus Jusayn y Munt Nis: una propuesta de identificación para dos fortificaciones hafsuníes en la costa occidental malagueña”, Actas del I Congreso Internacional Fortificaciones en al-Andalus (Algeciras, 1996), Ayuntamiento de Algeciras, Algeciras, 1998, p. 434. PICARD, Christophe; “Les Ribats au Portugal à l’époque musulmane: sources et définitions”, Mil anos de fortificaçoes na Península Ibérica e no Magreb (500-1500), Isabel Cristina Ferreira (coord.), Ediçoes Colibri, Lisbonne, 2002, p.
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