"Carrie, L'opéra Baroque Et Sanguinaire De Brian De Palma" LE MONDE "La Mise En Scène De De Palma Est Virtuose Et D'une Grande Musicalité" ARTE – Olivier Père

"Carrie, L'opéra Baroque Et Sanguinaire De Brian De Palma" LE MONDE "La Mise En Scène De De Palma Est Virtuose Et D'une Grande Musicalité" ARTE – Olivier Père

"Carrie, l'opéra baroque et sanguinaire de Brian De Palma" LE MONDE "La mise en scène de De Palma est virtuose et d'une grande musicalité" ARTE – Olivier Père "Un grand film, aboutissant à un trip visuel et sonore qui prend évidemment tout son sens lorsqu'elle est vécue sur grand écran" LE GRAND FRISSON – CINÉ + "Une œuvre magistrale et subtile, qui ne cesse de grandir à chaque vision" DVD CLASSIK "Carrie est réellement bouleversant, et par dessus-tout, inébranlable" CHAOS REIGNS "En 1977, Carrie de Brian De Palma va marquer durablement les esprits, avec ses fulgurances sanglantes horrifiques" CLAP MAG "L'une des meilleures adaptations du romancier Stephen King, une expérience à ne pas manquer" CINÉ CHRONICLE "Un classique du cinéma d'épouvante du Nouvel Hollywood" LE BLOG DU CINÉMA Reprise : « Carrie », l’opéra baroque et sanguinaire de Brian De Palma Le film, adapté en 1976 du premier roman de Stephen King, avec Sissi Spacek, ressort en salle. LE MONDE | 01.11.2017 à 08h43 • Mis à jour le 01.11.2017 à 09h14 | Par Murielle Joudet Adapté du premier roman de Stephen King paru en 1974, Carrie est l’histoire d’une jeune fille comme Hollywood et le cinéma d’épouvante aiment les raconter. C’est l’histoire d’un corps endormi qui se réveille. Un corps qui, en entrant dans sa puberté, se voit doté du pouvoir de télékinésie : Carrie, incarné par la virginale Sissi Spacek, peut déplacer les objets par sa seule volonté. Ce pouvoir survient tandis qu’elle se trouve dans les vestiaires de son lycée. Le film sort en 1976 : les photos de jeunes filles dénudées plongées dans la lumière vaporeuse de David Hamilton (mort en 2016) connaissent un succès retentissant et inspirent certains cinéastes Ŕ en 1975 est sorti Pique-nique à Hanging Rock, de Peter Weir. Lors de sa scène d’introduction, Brian De Palma se ressaisit de cette imagerie pour la tordre sous le poids de sa propre obsession : sa relecture cinéphile du cinéma d’Alfred Hitchcock. De la vapeur d’eau envahit le vestiaire des filles qui se dénudent, se douchent et se rhabillent tandis qu’un travelling glisse le long des corps pour s’arrêter sur celui, fragile et menu, de Carrie White, la risée du lycée. Du découpage jusqu’à la musique, tout rappelle la fameuse scène de la douche de Psycho. A un détail près : cette fois-ci, nul coup de couteau ne fait couler le sang. Carrie White a ses règles. Mais cet événement est vécu comme une catastrophe incompréhensible : personne ne lui a dit ce que c’était. Une manifestation du Diable De Palma exploite la cinégénie particulière du corps de la jeune fille, toujours filmé comme le lieu d’un passage. Un corps en crise, tiraillé entre les exigences du puritanisme parental, incarné ici par sa mère bigote intégriste pour qui les règles de Carrie sont une manifestation du Diable, et l’entrée dans l’adolescence qui voit émerger le corps sexué. Cette adolescence, De Palma la filme comme un cauchemar de frivolité et d’hormones en folie dans lequel Carrie n’a pas sa place. Sur le campus, garçons et filles ne vivent que pour une seule chose : le bal de fin d’année. Les codes du teen-movie sont plongés dans la féérie du conte de Cendrillon que De Palma transforme en farce cruelle et macabre. Comme Cendrillon, Carrie White supplie sa mère de l’autoriser à se rendre au bal et se confectionne elle-même sa robe de soirée. Son cavalier n’est autre qu’un garçon du lycée qui l’a prise en pitié. Elue reine du bal, plongée dans un bain de couleurs et de paillettes, Carrie vit son rêve, mais celui- ci se referma sur elle comme un piège. Comme sa jumelle de conte, une humiliation fera basculer la rêverie dans un opéra baroque et sanguinaire. A cause d’une vengeance fomentée par l’une de ses camarades, le corps étincelant de l’héroïne est noyé dans un bain de sang qui renvoie à la souillure de la scène initiale, réveillant la colère de Carrie, sans doute la plus destructrice de l’histoire du cinéma. Pouvoir de destruction Cette dernière scène d’apocalypse évoque à bien des égards la fin de Phantom of the Paradise réalisé deux ans plus tôt. Des concerts de rock aux bals adolescents, ce sont deux scènes constitutives de la culture américaine que de Palma se plaît à détraquer. De concert avec son héroïne dont la télékinésie engendre un pouvoir illimité de destruction, de Palma prend un plaisir d’enfant à orchestrer l’effondrement de ces deux spectacles dans une débauche d’effets visuels et pyrotechniques. Comme beaucoup d’autres personnages du cinéma de Brian De Palma, la petite Carrie White s’est, elle aussi, perdue dans un puits sans fond d’images. La maison familiale, le lycée, le bal de promo ne sont ici que des décors sans substance et sans âme qui s’enflamment et s’effondrent au contact du courroux de Carrie. Il ne faut pas contrarier les rêves d’une jeune fille sous peine de réveiller la sorcière tapie en elle. Le 25 octobre 2017 – par Olivier Père CARRIE AU BAL DU DIABLE DE BRIAN DE PALMA Le distributeur Splendor réédite au cinéma mercredi 1er novembre Carrie au bal du diable (Carrie, 1976), grand prix du Festival d’Avoriaz en 1977, premier grand succès commercial de De Palma et surtout première adaptation cinématographique du premier roman de Stephen King, publié en 73 à l’âge de 25 ans. Brian De Palma première période, ou la quête de l’impureté. Avant de s’enfermer dans des formes de plus en plus abstraites, De Palma, maître maniériste, nous offrait une poignée de beaux mélodrames fantastiques (Sœurs de sang, Phantom of the Paradise, Obsession, Furie, Blow Out) qui associaient l’exhibitionnisme technique à un déferlement tout aussi impudique d’amour et de haine. Grand sentimental sous ses allures d’ours mal léché, De Palma avant de choisir l’impasse du cynisme et de la misanthropie aimait bricoler des récits délirants peuplés de monstres humains et de fantômes amoureux. Avant de devenir cérébral le cinéma de De Palma frappait aux tripes et au cœur. Carrie au bal du diable est sans doute l’apogée précoce de cette approche opératique du cinéma, située pourtant dans un univers banal qui est celui de l’Amérique banlieusarde et provinciale, également choisi par Lucas et Spielberg dans leurs premiers films. Carrie est une jeune adolescente timide tourmentée par ses compagnes de lycée, et surtout par sa mère, une bigote fanatique qui lui inculque la haine du péché charnel. En même temps que les affres de la puberté elle se découvre des dons de télékinésie. On connait l’histoire, adaptée du premier roman à succès de Stephen King. Elle a été recyclée une bonne douzaine de fois depuis, la puberté diabolique étant devenue dans les années 70 et 80 un poncif du film d’horreur du samedi soir. À l’opposé de La Nuit des masques (Halloween, 1976) de John Carpenter, l’autre grand film séminal du cinéma fantastique américain moderne, Carrie au bal du diable ne joue pas la carte de l’épure hawksienne. Entre l’opéra italien, Mario Bava, Powell, Godard et Peckinpah, De Palma ne tranche pas. Si Hitchcock est déjà son cinéaste d’élection (il réalise l’année précédente un premier pastiche de Psychose, Sœurs de sang) son amour malade du cinéma ne peut se soigner que par un désir effréné de cinéma. De Palma ouvre son film par une scène de douche, en référence à Psychose ; le sang qui se mêle à l’eau ne provient pas d’une agression au couteau (ce sera pour plus tard) mais du corps même de la jeune Carrie. Synchrone dans ses obsessions avec une brève période de permissivité de la censure, De Palma décide de s’engouffrer dans l’explicite, l’obscène, le maladif. Carrie au bal du diable est un film dédié au sang et chaque goutte du fluide vital est utilisée par De Palma comme les notes d’une partition mélancolique. Du sang de la pauvre Carrie qui découvre ses premières règles dès la séquence du générique, au sang de cochon qui la souillera en public lors du bal de fin d’année, victime d’une plaisanterie horrible, De Palma travaille le matériau le plus bassement organique et le transcende par la virtuosité de sa mise en scène. On peut déjà faire la grimace mais on conviendra que De Palma ne confond pas trivialité et vulgarité, que sa cruauté couve un romantisme morbide. Peu de films avant et après Carrie au bal du diable sont parvenus à emporter autant le spectateur, à le faire rire avec des gags crétins, à le terrifier et le faire pleurer devant des situations invraisemblables. Parmi ces films il y a Phantom of the Paradise et Body Double, également signés Brian De Palma. La mise en scène de De Palma est virtuose et d’une grande musicalité, au diapason de la bande originale composée par le vénitien Pino Donaggio, son alter ego musicien. De Palma est à juste titre réputé pour sa direction d’acteurs et son œil pour révéler de nouveaux talents. Dans les rôles de Carrie et de sa mère Sissy Spacek et Piper Laurie sont géniales, les débutants dans des seconds rôles, Amy Irving, Nancy Allen et John Travolta formidables. De Palma n’a jamais été un comique mais la description du campus dans Carrie au bal du diable évoque souvent le chef-d’œuvre de Jerry Lewis, Docteur Jerry et Mister Love.

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