Document generated on 09/24/2021 9:59 a.m. Téoros Revue de recherche en tourisme Destination : Bas-Saint-Laurent Le déploiement de la villégiature à la confluence Saguenay – Saint-Laurent Serge Gagnon Mers et littoraux Volume 20, Number 1, Spring 2001 URI: https://id.erudit.org/iderudit/1071908ar DOI: https://doi.org/10.7202/1071908ar See table of contents Publisher(s) Université du Québec à Montréal ISSN 0712-8657 (print) 1923-2705 (digital) Explore this journal Cite this article Gagnon, S. (2001). Destination : Bas-Saint-Laurent : le déploiement de la villégiature à la confluence Saguenay – Saint-Laurent. Téoros, 20(1), 28–33. https://doi.org/10.7202/1071908ar Tous droits réservés © Université du Québec à Montréal, 2001 This document is protected by copyright law. Use of the services of Érudit (including reproduction) is subject to its terms and conditions, which can be viewed online. https://apropos.erudit.org/en/users/policy-on-use/ This article is disseminated and preserved by Érudit. Érudit is a non-profit inter-university consortium of the Université de Montréal, Université Laval, and the Université du Québec à Montréal. Its mission is to promote and disseminate research. https://www.erudit.org/en/ Ueis il Sites F Destination : Bas-Saint-Laurent Le déploiement de la villégiature à la confluence Saguenay - Saint-Laurent Serge Gagnon ans le sillage d’un mouvement de sa Mer. de Murray Bay. de Notre-Dame-du- lubrité urbaine, divers acteurs con­ Portage et de Tadoussac - que l’on dési­ Dvoitent les rivages du Saint-Laurent dèsg lnee globalement du nom de Lower St. Cet article se propose de relativi­ début du XIX' siècle. Une lutte s’engage Lawrence dans les guides touristiques du entre eux, la partie se jouant sur le terrain ser C interprétation classique de la XIXe siècle incarnent la saisie de la de T appropriation territoriale des positions « nature » comme valeur attractive. Les transformation géohistorique et de bas-laurentiennes. Dans cette optique, l’ac­ littoraux et les massifs montagneux sont l'organisation touristique de la tivité économique du tourisme est venue ainsi mis en valeur par les croisières sur confluence Saguenay-Saint-Lau­ rentabiliser une occupation ayant présup­ les fameux « bateaux blancs » (Normand. rent1 . // s'agit de montrer que le posé l’appropriation géopolitique d’un es­ 1997 ; Tittley, 1995 ; Lessard, 1993), déploiement d'une villégiature pace qui était déjà investi de valeurs cultu­ somptuaire dans cette région, au relles liées au courant romantique qui, à l’é­ Kamouraska : le lieu de poque. déferlait sur l’Amérique du Nord. cours du XIX' siècle, représente rendez-vous de l'élite canadienne-française l'accomplissement de programmes Le phénomène touristique, plus précisément d'appropriation. Des motivations la villégiature au Québec, est apparu à la Déjà lors de sa tournée d'inspection en autres que socio-économiques ont Lin du XVIIIe siècle, principalement dans 1X13, Joseph Bouchette identifie Kamou­ contribué à la mise en place de cette la région du Bas-Saint-Laurent ( Beaudet et raska comme étant un centre de villégia­ aire touristique, ainsi qu'à sa va­ Lamothe, 1996 ; Blanchard. 1960 ; Brière. ture. 1967 ; Dubé, 1986 ; Gagnon, F., 1992 ; lorisation. Gagnon, S., 1996 ; St-Amour. 1979 ; Sam- Le village de Kamouraska se trouve son, M.. 1987 et 1988 ; Stafford et Samson. dans un site enchanteur, près du 1986), Les stations touristiques du Bas- chemin principal [.../. On y voit des Sainl-Laurenl. autour de 1850, étaient très familles tout à fait respectables, ainsi populaires ; en effet. Roger Brière (cité par que quelques gros marchands et des F. Gagnon, 1992 : 102) dit de la région artisans ; un ou deux hôtels y don­ qu’elle est « |.,.]‘la’ zone touristique par nent un bon service aux voyageurs. excellence de F Est de F Amérique du Nord Durant l'été, de nombreux touristes britannique ». Selon une étude exhaustive y séjournent pour refaire leur santé, de France Gagnon sur le développement du l'endroit ayant la réputation d'être tourisme au XIXe siècle versus les moyens un des plus sains de la province. de transport (route, vapeur et chemin de fer). C'est aussi une place d'eau où beau­ « Cette région [le Bas-Saint-Laurent| exis­ coup de gens viennent prendre des tait en tant que territoire touristique, dotée bains de mer. Le mu noir, résidence de stations en puissance et d’une clientèle de M. Taché, se trouve en un endroit réelle et potentielle certaines ; la naviga­ de choix, près du fleuve, à une courte tion à vapeur est venue stimuler considé­ distance du village (Paradis. 1948 : rablement un développement déjà amorcé » 168). (idem : 104). Roger Brière désigne Kamouraska comme Les nombreuses stations de villégiature de le lieu de rencontre de l’élite canadienne- Cacouna, de Kamouraska, de Métis-sur- française. Tégids Mers m littoiw FPWTfi «. aristocratique » s’y réunit pour discuter de politique et de stratégie. En ce début de siècle, cette élite sent cependant venir le vent de la bourgeoisie et doit trouver de nouveaux défis pour mobiliser la popula­ tion canadienne-françaisc. Jean-Pierre Saint Amour note, à l’égard de la clien­ tèle qui fréquente la station, que « La vallée du Saint-Laurent a connu scs premiers établissements de séjour estival avec l’émergence d’une haute société et d’une élite. Ce fut d'abord à Kamouraska que se rencontrèrent les familles aisées canadien­ nes-françaises du début du dix-neuvième siècle. Il semble que ce fut un des seuls centres fréquentes parles francophones » La Mal baie, le village vers 1900- ( 1979 : 19). De son côté. Brière rapporte Photo : ANQ. les propos d’Arthur Buies et de James MacPhcrson Le Moine, grands chroni­ Le premier séjour d'été auquel se 1827. En 1849, la localité est deve­ queurs et voyageurs de la fin du XIXe donnèrent rendez-vous les familles nue un chef-lieu régional en ac­ siècle. canadiennes-françaises jouissant de cueillant une cour supérieure de quelque'fortune, fut Kamouraska. G' justice (Larocque, 1993 : 52), On s’y rend de Montréal et de Québec bien village e.si le seul rrnt/e^-van.v esfrva? avant que des places d’eau comme Pointe­ dont nous ayons trouvé mention Plusieurs auteurs dépeignent la région ; par au-Pic et Cacou na ne soient connues. Buies avant / âge ^es bateaux à vapeur et exemple, Alexandre Paradis décrit ainsi peut ainsi dire que « les autres endroits ne du chemin de fer [..J. Nulle part ce­ l’aménagement du secteur près du fleuve : comptaient pas » et que le manoir des pendant, les villégiateurs n 'étaient « Tout près de là habite le seigneur, là sont seigneurs Taché « avait reçu pendant un en nombre suffisant pour gu 'on pût les magasins, les hôtels, les quais, les quart de siècle tout ce que le pays renfer­ parler de station de villégiature au hommes de profession et les touristes » mait d’hommes éminents dans la vie pu­ sens actuel. Kamouraska semble (.1948 : 180 ; et Martin, J., 1998). Paul- blique ou distingués par la naissance et la avoir été Fa seule exception, dès fe Louis Martin, pour sa part, décrit le site position ». Pour MacPhcrson Le Moine, premières années du siècle. Ce v/7- de villégiature : « [le front] de mer acci­ « before the area of steamers, in fact even Za^e /u/ en effet le premier du Québec denté et les terrasses rocheuses vont alors as late as 1850, Kamouraska was the à recevoir des citadins en vacances. se peupler de villas, d’hôtels et de résiden­ Brighton of Lower Canada » ( 1967 : 88). Sa célébrité datait de I'époque des ces d’été à l’architecture très caractérisée » seigneurs Taché et des fêtes resplen­ (1996 : 2). Philippe Dubéfait la description Contrôlé par les acteurs canadiens-fran­ dissantes qu 'il y donnai? ( 1967 :86- des équipements typiques d’une station de çais, le si Le de villégiature de Kamouraska 88). bain de mer à l’époque : « Au XIXe siècle, semble avoir été l'endroit où Ton a éta­ les stations de bain de mer doivent obli­ bli le plan de l’appropriation du Saguenay Au début du XIXe siècle, Kamouraska gatoirement comprendre une ou plusieurs aux fins de la colonisation. Il est tentant possède tous les attributs d’une station de auberges, des villas à louer, une église de faire le parallèle entre un Kamouraska, villégiature. LJn mouvement d’évasion, du catholique, un temple protestant, un grand première station touristique fréquentée par centre du village d’origine vers la périphé­ hôtel et une vue sur la mer » (1983 : 220). l’élite aristocratique canadien ne-française, rie en bordure du fleuve, permet d’y or­ et un autre Kamouraska. site stratégique ganiser les premières activités de loisir. Kamouraska est donc la première authen­ des tentatives de conquête du territoire tique station touristique du Canada. Au saguenayen ou j cannois. Le fait que la Ce déplacement géographique f... / début du XIX‘ siècle, le seigneur du lieu, notoriété de cet endroit fashionable ait semble avoir eu des effets bénéfi­ Pascal Taché, qui avait siégé pendant deux périclité, à partir de 1870, signifierait alors ques. Le village a pris de l'ampleur ans à la Chambre d’Assemblée du Bas- que les acteurs aristocrates ont perdu la et, selon Joseph Bouchette, arpen­ Canada (1798-1800), se préoccupe parti­ bataille du Saguenay au profit des acteurs teur-général, était devenu en 1813 culièrement de sa seigneurie où il accueille bourgeois (Gagnon. S,, 1996 : 79-103). un lieu de villégiature recherché. l'élite du temps (Laberge, 1993 : 162). Kamouraska a vu sa population cul­ L'endroit est surtout fréquenté par les Brière décrit ainsi l’abandon de Kamou­ miner à près de 6 000 habitants en Canadiens français de haut rang- L’élite raska : « Malgré la concurrence des sta- léoros IÎMEÜ Mers et littoraux lions où se déploya la mode anglaise à Bigsby réalise un grand nombre de gravu­ que Ton doit, somme toute, porter haut » partir de 1850-1860., Kamouraska ne pé­ res.
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