La Mascotte Edmond Audran

La Mascotte Edmond Audran

DE/JL BORDEAUX La Mascotte Edmond Audran & MAIRIE DE BORDEAUX La Mascotte Opéra-comique en 3 actes Livret d'Alfred Duru et Henri Chivot Musique d'Edmond Audran Créé le 29 décembre 1880 au Théâtre des Bouffes-Parisiens, Paris I Théâtre Fémina Bordeaux La Mascotte Opéra-comique en 3 actes Livret d'Alfred Duru et Henri Chivot Musique d'Edmond Audran Mise en scène Viviane Fersing Direction musicale et des chœurs Jacques Blanc Décors Ciulio Achilli Costumes Maison Grout Chorégraphie Andrée Renard Bettina, gardeuse de dindons Anne-Marie Lyonnaz Pippo, berger David Grousset Laurent XVII, prince de Piombino Jean-François Fabe Fiametta, fille de Laurent XVII Kathia Bias Le prince Fritellini Roger Pujol Rocco, fermier Jean-Claude Calon Mathéo, aubergiste Bernard Auzimour Un paysan et le sergent Parafante Pierre Guillou Un soldat Bruno Moga Personnages de la comédie italienne, quatre dames d'honneur, un médecin, pages, seigneurs et dames, soldats, paysans L'action se passe dans la principauté de Piombino au xvilsiècle Orchestre National Bordeaux Aquitaine Chœur de l'Opéra de Bordeaux Ballet du Théâtre Fémina Théâtre Fémina 30 mars 2001 Bordeaux Germaine Gallois dans le rôle de Bettina (1901 ). Argument Dans la principauté de Piombino, rires et chansons fêtent la fin des vendanges... C'est la joie... sauf dans le moral desséché du fermier Rocco qui semble accumuler toutes les misères du monde. À l'inverse, une chance sans limite inonde la vie de son frère Antonio auprès de qui i! a supplié de l'aide. Celle-ci se concrétise par l'arrivée de Bettina, sa gardeuse de dindons... En voilà un cadeau fraternel ! peste Rocco, rangeant dans son habit la lettre de recommandation qui accompagne Bettina... Mais on annonce soudain le passage de la chasse princière avec à sa tête le souverain Laurent XVII entouré de sa fille Fiametta, de son futur gendre Fritellini ainsi que toute leur suite. Laurent XVII évoque bien vite l'épouvantable malchance qui pèse sur lui tandis que sa fille ne cache pas son attirance pour la beauté de l'homme des champs incarnée par Pippo. Fritellini, doucement jaloux, rappelle à sa promise que lui non plus n'est pas sans charme. L'attitude de Fiametta a exaspéré Bettina qui, bien plus que sur ses dindons, veille sur Pippo avec amour. Ce sentiment est d'ailleurs si réciproque que Rocco surprend les deux amoureux dans leur décla­ ration... C'en est trop ! Il va renvoyer Bettina lorsqu'il lit enfin la missive qui l'accompagnait. Volte-face immédiate du fermier : cette fille est une Mascotte ! Bonheur éphémère... ! Un inci­ dent survenu pendant qu'il visitait la ferme permet à Laurent XVII d'apprendre l'existence de cette Mascotte. A la condition expresse « qu'aucune tache ne soit faite à sa robe d'innocence », Bettina lui apporte le moyen de briser enfin sa « guigne royale ». Et il l'emmène à la Cour la fai­ sant solennellement Comtesse de Panada. Dans le palais, en dépit de ses jolis atours, Bettina regrette son village et « sa robe de bure ». Elle s'ennuie. Pour la distraire, le prince organise une fête à laquelle il a convié le danseur Saltarello. Mais, sous le costume de l'artiste, se cache Pippo qui parvient ainsi à approcher Bettina. Rocco, devenu chambellan du prince, découvre la supercherie et en informe son maître : il lui faut veiller au respect de l'alinéa du Traité des Mascottes, tenu secret au palais. Chacun est d'ailleurs convaincu que si Laurent y a fait venir Bettina « ce n'est pas pour lui causer politique... » Par ces mots, Fritellini apprend à Pippo la raison de l'enlèvement de sa belle. Frustré, le malheureux berger va répondre aux avances de Fiametta tandis que Laurent va épouser « sa » mascotte éloignant ainsi tout prétendant qui serait fatal à son don. Au moment de l'annonce des cérémonies, Pippo revoit Bettina : un sourire et quelques mots suffisent pour éclaircir la situation, les réconcilier et leur permettre de s'enfuir. la Mascotte [ 5 Pour venger l'affront reçu par son fils Fritellini, le Duc de Pise a déclaré la guerre à Laurent XVII qui subit une cuisante défaite et une révolte dans le pays. Contraints de fuir dissimulés sous les guenilles de chanteurs ambulants, Rocco, Fiametta et son père arrivent à l'auberge de Mathéo où l'armée de Fritellini fête sa victoire. Celle-ci a été remportée par la vaillance du Capitaine Pippo qui, après sa fuite du palais, a rejoint les bataillons du Duc de Pise en compa­ gnie d'un petit troupier tout aussi héroïque qui n'est autre que Bettina déguisée. Face à de tels faits de guerre, leur mariage ne peut être refusé. Rocco s'approche alors de Pippo et l'avertit des bienfaits de cette mascotte dont la présence lui a permis cette ascension sociale. Mais entre la fortune et l'amour, Pippo choisit la seconde solution tout comme Fritellini qui retrouve Fiametta. Et la mascotterie se voulant héréditaire, Laurent XVII et son gendre sollici­ tent déjà l'éducation des héritiers de Pippo et de Bettina, convaincus « qu'en mascotte il faut croire » ! Dominique Ghesquière Dominique GHESQUIÈRE Audran en emporte le vent... ou La Mascotte : une partition fétiche D'une mise parfaite, redingote sombre bordurée aux revers et au col que la fraîcheur de cet automne 1880 oblige à remonter — Paris n'est pas Marseille ! —, cravate à motifs discrets, cheveux bruns que sa presque quarantaine raréfie, visage impassible, nez mince que surmonte parfois un petit lorgnon, moustache épaisse et bien taillée dissimulant la lèvre supérieure, œil pensif, front soucieux, il traverse la rue Monsigny d'un pas nerveux. Son opéra-comique qui se prépare va-t-il lui porter chance ? En le voyant ainsi franchir les couloirs des Bouffes-Parisiens, ceux qui, l'an passé, n'avaient pas participé à la création de sa première partition : Les Noces d'Olivette, murmu­ raient : « il est petit, il doit être rageur... » Faux présage disaient les autres... Edmond Audran témoignait d'une incessante gentillesse et les répétitions de La Mascotte se déroulèrent dans une courtoisie telle que le nouveau directeur, Louis Cantin, arrivé depuis peu des Folies-Dramatiques, n'en croyait ni ses yeux, ni ses oreilles accoutu­ mées aux cris de Hervé et aux clameurs d'Offenbach... Un héritage théâtral Cette bienséance, sans doute Audran l'avait-il apprise de son père... Marius Audran, le ténor de l'Opéra-Comique... qui avait poussé son premier cri à Aix-en-Provence le 29 septembre 1816. Ses parents le destinaient à la carrière d'entrepreneur, lorsque, travaillant avec son père, maçon, les propriétaires — et fins mélomanes — de la mai­ son qu'ils édifiaient remarquèrent la jolie voix du jeune homme. Ils l'encouragèrent si bien vers le chant qu'il entra au Conservatoire de Paris. Rapidement, les propos dis- suasifs du directeur Cherubini obligèrent Marius à reprendre la route de Marseille. Mais avec opiniâtreté et obstination, il perfectionna sa technique vocale et affronta enfin la scène en 1837. L'accueil que lui réserva le public de la cité phocéenne fut si chaleureux que l'année suivante le jeune ténor signait un contrat avec la Salle Favart où les parisiens l'acclamèrent à leur tour. L'ex-maçon triomphait sur les planches ! Tournées en France : Lyon, Bordeaux, à l'étranger : Bruxelles... Il chante les grands rôles du répertoire lyrique, puis retrouve Paris. En 1861, il regagne Marseille où il sera nommé, trois ans plus tard, directeur du Conservatoire. La Mascotte | 9 Edmond Audran (1840 - 1901 ) Dans un tel bouillon de culture musicale, comment ne pas être contaminé par le virus de la scène ? Pour le petit Edmond, comme pour son jeune frère Alfred, la contagion se fait dès le berceau ! Alfred suivra, lui, directement la carrière vocale de ce père ténor dont les pérégrina­ tions musico-professionnelles font naître Edmond, à Lyon, le 12 avril 1840. Mais celles-ci précipitent aussi son arrivée à Paris où il suit tout à la fois son enseignement général et musical. En 1854, Edmond a quatorze ans, et entre à l'École Niedermeyer qui venait d'être fondée. L'élève Audran y obtient ainsi un accessit d'orgue et d'har­ monie, un prix de piano et en 1859 un premier prix de composition. À dix-neuf ans, suivant son père, il reprend la route de Marseille où il obtient le poste de Maître de Chapelle à l'Église Saint-Joseph. Si, tout comme le compositeur Hervé (1825-1892), il s'illustre dans la musique religieuse, le théâtre lyrique l'attire de façon irrésistible. En 1862, il fait représenter un petit acte LOurs et le Pacha (tout comme Hervé, d'ailleurs !) d'après le vaudeville d'Eugène Scribe, auteur alors fort en vogue. Sans être un triomphe, les cinq représentations encouragent ce jeune com­ positeur plein d'espoirs. Deux ans plus tard, au Théâtre du Gymnase, Audran propose aux Marseillais La Chercheuse d'Esprit sur un texte écrit au xviil™' siècle par Charles Favart. L'accueil de cette partition est si chaleureux que la Maison Carbonnel en éditera quelques numé­ ros à la fin du printemps 1864. La même année, à l'occasion de la mort de Meyerbeer, il compose une marche funèbre interprétée au Grand-Théâtre et saluée dans une solennité de circonstance. La personnalité musicale d'Edmond Audran s'affirme un peu plus en décembre 1866 avec son opéra-comique en un acte La Nivernaise que le Gymnase affichera durant onze représentations consécutives. Ces succès jalonnent-ils déjà le chemin d'une gloire naissante ? Non. Car son Petit- Poucet, joué deux ans plus tard, est reçu assez froidement par le public marseillais.

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