LeMonde Job: WMR0499--0001-0 WAS TMR0499-1 Op.: XX Rev.: 29-01-99 T.: 20:10 S.: 75,06-Cmp.:30,08, Base : LMQPAG 27Fap:100 No:0055 Lcp: 700 CMYK TELEVISION Garcia Marquez « Un siècle d’écrivains » propose un portrait du romancier colombien d’où sourd son formidable appétit 0123 d’écriture. Page 7 RADIO Techno France-Culture aborde la musique techno dans un programme en cinq parties. Rites et culture d’un mélange des genres, depuis ses origines dans les clubs de Detroit et de Chicago jusqu’à la récupération commerciale d’aujourd’hui. Page 27 CINEMA Voyage au bout de la vie Dans « Le petit prince a dit », Christine Pascal a filmé la mort d’un enfant, en face et sans tabou. Chef-d’œuvre. Page 22 Callan Mulvey D.R. dans « Hartley, cœurs à vif » FIPA FRANCE 2 Zonca en pleine figure Le feuilleton préféré Le Festival international des programmes audiovisuels a récompensé d’un FIPA d’or le téléfilm d’Erick Zonca, qui signe des ados avec « Le Petit Voleur » un document qu’on prend en Pages 2-3 pleine face. Page 4 SEMAINE DU 1er AU 7 FÉVRIER 1999 LeMonde Job: WMR0499--0002-0 WAS TMR0499-2 Op.: XX Rev.: 29-01-99 T.: 20:34 S.: 75,06-Cmp.:30,08, Base : LMQPAG 27Fap:100 No:0019 Lcp: 700 CMYK SÉRIE Le phénomène « Hartley » La série australienne de France 2 « Hartley, cœurs à vif » rencontre un extraordinaire succès auprès des adolescents, qui trouvent dans ce feuilleton au ton réaliste des réponses aux questions qui les préoccupent N chiffre suffit à comprendre l’ampleur du phé- nomène : la série « Hartley, cœurs à vif » a atteint en 1998 sur France 2 U une part d’audience de 62 % auprès des 11-14 ans. Sur dix ados présents devant la télévision à l’heure de diffusion – autour de 17 h 50 les lun- dis, mardis, jeudis et vendredis, plus de six ont regardé ce feuilleton australien. Lorsque l’on sait la difficulté des chaînes à fidéliser le public extrêmement vola- tile de cette tranche d’âge, ces scores relèvent de l’exploit. L’engouement est confirmé par un sondage de Médiamé- trie : interrogés en novembre 1998, 40 % « On a l’impression D R d’être dans le monde réel. Les tourments adolescents sont au cœur de « Hartley » C’est réaliste. 1995 à la télévision française, « Har- enchaînés, de nouveaux comédiens pre- Ça ressemble tley » a immédiatement surpris par son nant le relais des anciens, devenus trop beaucoup plus réalisme. Contrairement aux autres « vieux » pour être crédibles. Ce renou- feuilletons et sitcoms américains ou vellement permanent ne perturbe appa- à ce qu’on vit que ce français destinés aux jeunes – « Beverly remment personne, l’audience n’enre- que montrent les séries Hills », « Hélène et les garçons », etc., gistrant pas de fléchissement notable « Hartley » met en scène des adoles- quand apparaît une nouvelle saison. Au de TF 1, “Beverly Hills” cents « ordinaires » confrontés aux pro- contraire, selon les spécialistes, le fait ou “Melrose place”, où blèmes que connaissent les jeunes : conflits avec les professeurs et les les jeunes sont super parents, difficultés scolaires, rivalités et « J’aime bien regarder bien coiffés et roulent déceptions amoureuses, racisme, chô- mage, drogue, alcoolisme, sida, mort, cette série parce en voiture de sport etc. Les dialogues sonnent juste, l’image qu’on y parle de choses décapotable ». aussi (la série est tournée en 16 milli- mètres), comme les acteurs. Résultat : qui nous concernent : Marc, 16 ans les ados s’y sont tout de suite retrouvés. Pour une fois, une série évoque sur un les rapports des 11-15 ans placent « Hartley » en tête ton qui leur est familier, sans détours et de liste de leurs séries télé préférées. sans fausse pudeur, les questions qui les avec les garçons, Produit par Ben Gannon, ce feuille- préoccupent. les relations avec les profs, ton, qui raconte la vie d’un groupe France 2 n’imaginait pas un tel d’élèves du lycée Hartley, en Australie, engouement lorsqu’elle a acquis ce les problèmes rencontre un énorme succès partout où feuilleton. « On a fait une étude auprès avec les parents ». il est diffusé. Dès son lancement en Aus- du public potentiel avant de le mettre à tralie en 1994, « Hartley, cœurs à vif », l’antenne, se souvient Eric Stemmelen, Inès, 15 ans dérivé du film The Heartbreak Kid, lui- responsable de la programmation de la même adapté de la pièce de théâtre épo- chaîne publique. On hésitait un peu, le de ne mettre en avant aucune star nyme de Richard Barret, a obtenu de ton était vraiment nouveau pour une série accentuerait, chez les adolescents, le fabuleux scores d’audience (plus de destinée aux ados, des sujets graves phénomène d’identification. Les héros 80 %). La fièvre a rapidement gagné les étaient abordés. Les résultats ont été de la première époque – Nick le beau autres pays. L’Espagne, la Grande-Bre- extrêmement positifs. Les jeunes ont eu le brun d’origine grecque, passionné de tagne, l’Allemagne, la Belgique, la Fin- sentiment qu’avec ce programme la télé- football, Jodi, la rebelle, chanteuse de lande, l’Afrique du Sud, l’Indonésie, etc. vision les respectait enfin ! » rap, Costa, le bon copain, blagueur et TELEVISION ont acheté la série. Apparue en février Depuis 1995, les tournages se sont débrouillard, Scott, macho et perturba- 2 Le Monde b Télévision a Radio ̄ Multimédia Dimanche 31 janvier - Lundi 1er février 1999 LeMonde Job: WMR0499--0003-0 WAS TMR0499-3 Op.: XX Rev.: 29-01-99 T.: 20:34 S.: 75,06-Cmp.:30,08, Base : LMQPAG 27Fap:100 No:0020 Lcp: 700 CMYK Michel Fize : « Le processus d’identification Filles aux allures de top model, fonctionne garçons body-buildés : « Beverly Hills » parfaitement » sur TF 1 séduit aussi les ados, mais ils ne s’y reconnaissent pas Chercheur au CNRS, le « Dawson » inspirée de l’esprit D R de la série australienne sociologue, auteur du a démarré en janvier livre Le Peuple sur TF 1 avec succès adolescent et qui vient de publier Adolescence en crise ?, analyse « Ce qui est bien, c’est que l’engouement des les acteurs ont l’âge jeunes pour la série des personnages diffusée sur France 2 DR qu’ils jouent. Ils nous ressemblent, s’habillent « Comment expliquez-vous l’extraordinaire succès comme nous, d’« Hartley, cœurs à vif » auprès des 11-14 ans ? – On retrouve dans cette série tous les ingrédients ils ont un peu du monde adolescent, réel ou rêvé : la camaraderie, le plaisir d’être entre copains, les premières aventures les mêmes problèmes amoureuses, l’éveil à la sexualité, sujet majeur de que nous ». préoccupation des filles et garçons, pour qui l’appren- tissage se fait essentiellement par imitation. « Har- Romain, 11 ans tley » est filmé de manière très réaliste, les héros res- semblent aux jeunes qu’on rencontre à la sortie des teur, ont laissé la place à d’autres, lycées. Le processus d’identification fonctionne par- Stassy, Rel, Drasic, Anita, Mélanie, etc. faitement. Les images, les scénarios correspondent Le proviseur aussi est parti, de nou- assez bien à ce qu’ils sont eux-mêmes, ce qui, selon veaux enseignants sont arrivés, la vie du eux, est rarement le cas à la télévision. En général, les lycée continue... « Hartley, cœurs à vif » 10-15 ans ont un regard très sévère sur les médias, les compte aujourd’hui près de deux cents accusant de donner une image caricaturale des ado- épisodes. France 2 en a diffusé 169 entre lescents, présentés comme violents ou immatures. 1995 et 1998 et, en attendant les trente – L’une des caractéristiques de cette série est le re- « On y retrouve l’ambiance derniers, reprogramme depuis janvier nouvellement régulier de ses héros. Pensez-vous que de notre lycée. Ça se passe l’intégralité de la série. Ce retour en ce soit aussi une des raisons de son succès ? arrière ne satisfait pas les « accros ». – Cela renforce certainement le phénomène d’iden- en Australie mais « Par rapport aux derniers épisodes qu’on tification. Les acteurs ne sont pas en position de stari- ça ne se voit pas. a vus en décembre, les premiers, qui sation, les jeunes se sentent ainsi plus proches d’eux. repassent en ce moment, font un peu – La vie au collège tient une place centrale dans La différence, c’est qu’eux, démodé », estime Marie, 15 ans. Une « Hartley ». Est-ce aussi le cas pour les adolescents ? réflexion qui montre bien, a contrario, la – Bien sûr ! C’est sur les bancs de l’école que les ils peuvent faire force de cette série : elle sait évoluer jeunes passent le plus de temps. Le phénomène s’est du surf après les cours ». pour rester au plus près des préoccupa- accentué depuis quelques années : en moyenne, on Emeline, 15 ans tions adolescentes. passe dix-neuf années de sa vie dans l’univers sco- S. K. laire. L’école, c’est un lieu à la fois stressant, parce qu’il y a les devoirs, les contrôles, le rythme de travail élevé, et délassant, parce qu’on y retrouve les copains. – Cette série est d’origine australienne, pourtant Les séries préférées des ados son succès est universel, de Grande-Bretagne en In- donésie. Comment interpréter ce phénomène ? Même si les adolescents ne les d’audience sur les moins de – Depuis une trentaine d’années, on observe l’émer- placent pas en tête de leurs vingt-cinq ans. « Friends », destinée a gence d’une culture adolescente mondialement préférences, les séries américaines priori à un public plus âgé, a conquis rayonnante, et largement trans-sociale.
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