S Amedi 2 7 Et Dimanche 28 Mars

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Musique de chambre russe Samedi 27 et dimanche 28 mars | Samedi 27 et dimanche 28 mars dimanche 28 et 27 | Samedi Musique de chambre russe Musique de chambre SAMEDI 27 mars – 20H Franz Liszt Concerto pathétique pour deux pianos Sergueï Rachmaninov Suite pour deux pianos n° 1 « Fantaisie-Tableaux » entracte Franz Liszt Rhapsodie hongroise n° 2 pour piano à quatre mains Sergueï Rachmaninov Suite pour deux pianos n° 2 Brigitte Engerer, piano Boris Berezovsky, piano Coproduction Productions Internationales Albert Sarfati, Salle Pleyel. Fin du concert vers 21h40. 22 SAMEDI 27 ET DIMANCHE 28 MARS Franz Liszt (1811-1886) Concerto pathétique pour deux pianos S. 258 Composition : 1849-1850 pour piano solo ; 1856 pour deux pianos. Publication : 1865, Breitkopf und Härtel, Leipzig. Durée : environ 19 minutes. Il n’y a rien d’étonnant à trouver Liszt, ce « Mazeppa musical emporté à travers les steppes des triples croches par un piano sans frein » (Théophile Gautier), ce virtuose éblouissant devant lequel tous ne peuvent que se prosterner, reconnaissant avec la princesse Belgiojoso (ou bien est-ce marie d’Agoult ?) qu’il est « le seul » – comprenez : pianiste –, il n’y a rien d’étonnant, donc, à trouver Liszt sur le terrain de la musique pour deux pianos. Médium fait pour l’éclat de la scène, où l’on ne partage pas l’intimité d’un clavier joué à quatre mains mais où l’on se répond fièrement de la proue d’un vaisseau à l’autre, le « deux pianos » lisztien est le lieu de la brillance et du faste, une sorte de sur-piano qui gagne en complexité ce qu’il perd en confidence. Le grand nombre de transcriptions dans l’abondant catalogue lisztien accessible aux duos de pianistes témoigne d’ailleurs de cette logique : pour évoquer les couleurs orchestrales de la plupart des poèmes symphoniques, mais aussi de la Faust-Symphonie ou de la Symphonie sur la Divine Comédie de Dante, en ces temps où l’enregistrement n’existait pas, il fallait rien moins que le concours de deux claviers. Dans un sens inverse, si l’on peut dire, les multiples « réminiscences » (Norma, Don Juan, Bellini…) écrites pour piano seul furent bientôt augmentées d’un second instrument. Ce fut d’ailleurs également le cas du Concerto pathétique, né pour piano solo en 1849-1850 sous le nom de Grand Solo de concert. Destiné au Conservatoire de Paris, le morceau de concours, virtuose comme il se doit, se vit bien vite ajouter un andante imprévu puis, un peu plus tard, un second pianiste ; il finit par adopter, après de nombreuses hésitations (Morceau de concert pour piano sans orchestre, Grand Concert), le titre de Concerto pathétique – un « concerto sans orchestre », donc, avant le Concerto pour deux pianos solo de Stravinski. Liszt y fond en une seule coulée un schéma hérité de la sonate traditionnelle et de ses quatre mouvements, anticipant par là, sans atteindre cependant à la même maîtrise, la forme révolutionnaire de la Sonate pour piano en si mineur composée peu après (1852-1853). La majeure partie du matériau thématique est exposée durant les deux premières minutes : un premier thème âpre, lancé par une brutale appoggiature de croches, tout boursouflé d’accents, s’oppose à un adouci deuxième motif noté patetico, en mi mineur lui aussi, et qui prendra bientôt presque toute la place – presque, puisqu’il sera équilibré, dans le développement, surtout, de cet andante ajouté qui joue, comme dans la Sonate en si, le rôle de mouvement lent. Voici lancé tout le jeu des transformations lisztiennes, du plus frénétique au plus apaisé, du plus exubérant au plus mélancolique ; voici les subtils changements d’éclairage, des harmonies les plus sucrées aux plus archaïsantes, des graves grondants aux aigus cristallins ; voici les octaves pressées et puissantes, les traits véloces et scintillants, les trilles champêtres et les déclamations, les strepitoso (éclatant), les pesante, les grandioso et les quasi fantasia – tous effets enthousiasmants où Liszt est chez lui. 3 Sergueï Rachmaninov (1873-1943) Suite pour deux pianos n° 1 op. 5 « Fantaisie-Tableaux » Barcarolle. Allegretto La nuit… l’amour. Adagio sostenuto Les Larmes. Largo di molto Pâques. Allegro maestoso Composition : 1893. Dédiée à Tchaïkovski. Création : le 30 novembre 1893, à Moscou, par Pavel Pabst et le compositeur. Édition : 1893, Gutheil, Moscou. Durée : environ 23 minutes. Rares sont les compositeurs qui furent aussi intensément pianistes que Rachmaninov ; un rapide coup d’œil sur la (courte) liste de ses œuvres confirme la place prépondérante accordée à l’imposant meuble noir par celui qui passera toute la seconde moitié de sa vie en virtuose itinérant sur les routes américaines. En 1893, Rachmaninov a vingt ans ; formé à l’école exigeante de Nikolaï Zverev (qui fut aussi le professeur d’un autre très grand compositeur-pianiste, Scriabine), tout juste sorti du Conservatoire de Moscou avec les honneurs, il a déjà derrière lui, outre le Premier Concerto pour piano et le fameux Prélude en ut dièse mineur qui sera bientôt soumis à un rabâchage sans fin, une Rhapsodie russe pour deux pianos et deux Morceaux pour piano à six mains (dont la Romance préfigure le mouvement lent du Concerto pour piano n° 2…). Avec la Fantaisie-Tableaux pour deux pianos op. 5, plus connue sous le nom de Première Suite, le jeune homme affirme tout à la fois sa personnalité et son talent, dont les Danses symphoniques, qui connaissent deux versions concomitantes pour orchestre et pour deux pianos, attesteront une dernière fois en 1940. Double réussite, à la fois sur le plan de la gestion de cet effectif particulier et sur celui de l’inspiration musicale (si tant est que l’on puisse opérer une distinction entre la forme et le fond…), la Suite n° 1 représente l’une des rares incursions de Rachmaninov dans le domaine de la musique à programme. En cet été 1893, Tchekhov lui inspire Le Rocher ; la Suite, elle, se nourrit de Lermontov, Byron, Tiouttchev et Khomiakov, qu’elle place en exergue de chacun de ses quatre mouvements. À Lermontov, la Barcarolle initiale, détendue, comme suivant le fil d’une inspiration qui baguenaude, tout enveloppée de douceur aquatique, frémissante d’aigus, de trilles, de doubles croches et d’accords piqués et légers. La finesse de cette page ouvre sur un nouvel enchantement, nocturne cette fois (La nuit… l’amour, d’après Byron), au parfum modal : timbres subtils et résonances sensuelles, du plus torrentueux (basses claquées et puissants accords si typiques du pianisme virtuose de Rachmaninov) au plus brumeux, agrémentés des petites notes griffées et des rythmes variables d’un chant d’oiseau. Les Larmes, avec la tristesse de ses répétitions rythmiques et mélodiques, le glas de son profil thématique obstinément descendant et ses progressions difficiles, ouvrent au Rachmaninov hanté par l’idée 4 SAMEDI 27 ET DIMANCHE 28 MARS de la mort, le musicien désolé de l’Île des morts ou de certains passages des Cloches. Cloches encore, mais à toute volée cette fois, pour Pâques, fondé sur un quasi-ostinato échangé d’un piano à l’autre (il faut bien cela pour échapper à la crampe…), dans une orgie de puissance nourrie de quadruples forte et de sforzandi avec parfois des accents moussorgskiens. Franz Liszt Rhapsodie hongroise n° 2 pour quatre mains S. 621 Composition pour piano solo : 1847. Dédiée au comte László Teleki. Publication de la version originale : 1851, Senff, Leipzig, et Ricordi, Milan. Arrangement pour quatre mains : 1874. Durée : environ 10 minutes. Les rhapsodies hongroises négligent les rivages du « deux pianos » pour aborder, après une première version pour un seul pianiste dans les années 1850, celui d’un unique clavier joué à quatre mains (du moins pour neuf d’entre elles). Brahms, confiant à deux claviers sa Sonate op. 34 et à quatre mains ses Danses hongroises, aura d’ailleurs la même démarche : est-ce lié au désir de ressentir, dans la proximité des instrumentistes, ce côté populaire, naturel, d’une tradition musicale grandie en dehors des cours et des salons ? « J’ai voulu donner une sorte d’épopée nationale de la musique bohémienne (...) les oreilles qui savent entendre y surprendront l’expression de certains des états de l’âme dans lesquels se résume l’idéal d’une nation », explique Liszt un peu plus tard dans son ouvrage Des Bohémiens et de leur musique en Hongrie (1859). Lassan (lent) et friska (rapide), qui forment les deux parties du traditionnel verbunkos, gamme tzigane (avec secondes augmentées) et effets pianistiques évoquant les attaques acides du cymbalum, instrument central de ces ensembles, constituent les caractéristiques de cette musique « hongroise » qui est en fait tzigane. Des « éloquentes apostrophes, des lugubres épanchements, des rêveries, des effusions et des exaltations de cette muse farouche » qui plaisent tant à Liszt, la plus que fameuse Rhapsodie n° 2 en ut dièse mineur représente en quelque sorte l’archétype, avec ses appoggiatures frappées, son motif de danse tout fait d’élans et d’hésitations, sa friska virtuose et mordante : un archétype qui emporte l’adhésion. 5 Sergueï Rachmaninov Suite pour deux pianos n° 2 op. 17 Introduction Romance Valse Tarentelle Composition : 1901. Dédiée à Alexander Goldenweiser. Création : le 20 novembre 1901, à Moscou, par Alexander Siloti et le compositeur. Édition : 1901, Gutheil, Moscou. Durée : environ 23 minutes. 1900 : Rachmaninov réussit enfin à dépasser le blocage créé par la désastreuse première de la Symphonie n° 1, et met fin à ses trois ans de silence avec un Deuxième Concerto pour piano, bientôt flanqué d’une nouvelle Suite pour deux pianos et d’une Sonate pour violoncelle. Le mot d’ordre est ici enthousiasme, et ce nouveau feu d’artifice pianistique n’accepte de s’abandonner à la langueur que le temps d’une délicate Romance.

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