Animaux Domestiques Dans La Littérature Narrative Française Au Moyen Âge

Animaux Domestiques Dans La Littérature Narrative Française Au Moyen Âge

Jens N. Faaborg Animaux domestiques dans la littérature narrative française au Moyen Âge Museum Tusculanum Press Université de Copenhague 2006 [e-Book] 1 © Museum Tusculanum Press et l’auteur, 2006 Conseiller auprès de l’éditeur: Hans Peter Lund Mise en pages par Pernille Sys Hansen Police: Lino Letter ISBN 87 635 0464 2 Publié avec le soutien fi nancier de The Danish Research Council for the Humanities [Le conseil de recherche des lettres et sciences humaines du Danemark] Museum Tusculanum Press Université de Copenhague Njalsgade 94 DK-2300 Copenhague S www.mtp.dk 2 Table de matières Introduction 4 1. Les animaux i 13 1.1. Les chevaux — une categorie à part 15 2. Les animaux ii 147 2.1. Autres mammifères 147 2.2. Les oiseaux 200 3. La vie des animaux 226 3.1. Appréciation des animaux 226 3.2. Traitement des animaux 240 3.3. Nourriture des animaux 258 3.4. Etables, bergeries etc. 271 3.5. « Langues » 274 4. Utilisation des animaux 277 4.1. Utilisation des animaux vivants 278 4.2. Utilisation des produits d’animaux vivants 312 4.3. Utilisation des produits d’animaux morts 318 5. Animaux dans les idées, la langue et l’imagination 333 5.1. Comparaisons 334 5.2. Métaphores 354 5.3. Proverbes, dictons, locutions 357 5.4. Allusions à fables et légendes 364 5.5. Jeux d’enfants 367 5.6. Œuvres d’art 368 6. Conclusion 371 7. Tables 374 7.1. Table i 374 7.2. Table ii 377 7.3. Table iii 386 7.4. Table iv 392 8. Index 396 8.1. Chevaux 396 8.2. Autres mammifères 404 8.3 Oiseaux 411 9. Bibliographie 416 9.1. Textes étudiés 416 9.2. Ouvrages consultés 428 3 Introduction Si quelques-uns des auteurs de textes narratifs en ancien et moyen français n’hésitent pas à mentionner des représentants de la faune sauvage dont ils savent en général seulement qu’ils sont féroces et hostiles aux hommes, tels que lions et tigres (1), un plus grand nombre d’entre eux s’étendent plutôt sur d’autres animaux sauvages qu’ils connaissent mieux parce qu’il s’agit d’animaux du pays, tels que loups et renards, lièvres et cerfs, ou même vivant près des hommes, comme rats et souris. Ce sont là des animaux avec lesquels les hommes sont obligés de vivre, qu’ils craignent et détestent et dont ils essaient de se débarrasser, ou dont ils se ser- vent pour leur nourriture ou leurs vêtements. Le renard vole les poules du paysan, le loup lui tue un mouton ou un veau ; les souris font des dégâts à la campagne aussi bien qu’en ville où elles man- gent le blé et rongent les boiseries. Lièvres et cerfs fournissent de la viande, surtout pour les repas des nobles, les insectes bourdon- nent, les petits oiseaux chantent : (...) cil qui aiment en tel maniere püent estre resemblable a parpillon qui tant se trait envers la clarté de la chandeille que il art. Troie, 198, 23-5. Et les petis oisiaus savaiges Fait dous chanter per se boucaiges ; Florimont, 8621-2. Cf. ib., 4231-2. Ce fu a un matin, que l’aube iert esclarcie, que li oiselez chantent et la rose est fl orie ; Rou, ii, 3183-4. Cf. Narbonnais, 5. Les hommes doivent se protéger contre beaucoup de ces ani- maux, ils les chassent et les tuent et profi tent ainsi de leur viande, de leurs peaux, ou bien ils constatent simplement leur existence sans y réfl échir. Mais ce sont les animaux domestiques qui l’emportent — et de loin — dans nos textes. La distinction entre animaux sauvages et animaux domestiques s’avère d’ailleurs diffi cile pour certaines catégories. Les lapins sont régulièrement mentionnés dans les descrip- tions des repas, mais dans quelques-unes des occurrences du terme, nous hésitons à voir des animaux élevés en garenne, c’est- à-dire domestiqués : 4 Perchevaus molt bien servis fu : Vïandes ont sainnes et netes, Ploviers et partris et anetes, Qui ont eü de la rimee, Et conins norris en ramee Tenres qui ont cras le regnon, Cont. P., i, 4974-9. En ce qui concerne les oiseaux, il est quelquefois diffi cile aussi de vérifi er s’il s’agit d’animaux sauvages ou d’animaux domestiqués. C’est le cas des cygnes, des faisans, des perdrix et des paons, dont on utilise la viande et les plumes. Ils apparaissent régulièrement avec des oiseaux sauvages de sorte que l’on serait tenté de les compter parmi le produit de la chasse, p. ex. : « Aporte li a mengier a planté Et pain et vin et piment et claré, Grues et jantes et poons en pevré. » Orange, 172-4. Tel vie pas apris n’avoie, Quant je chiéz mon pere mennoie, Mes viandes chieres et fi nes, Chapons en rost, oisons, gelines, Cynnes, paons, perdris, fesanz, Herons, butors qui sont plesans, Et venoisons de maintes guisez A chiens courans par force prises : Anjou, 1105-12. Nous pensons néanmoins que les paons se trouvaient dans la basse-cour avec poules et canards. Ce sont des oiseaux qui, origi- naires de l’Inde, se sont répandus à l’état domestique dans toute l’Europe. En plus, ils apparaissent si souvent aux repas décrits dans nos textes qu’il n’aurait guère été possible d’en trouver as- sez s’il avait fallu les chasser dans la nature. Quant aux faisans et aux perdrix, il est presque certain qu’ils sont sauvages : ils sont désignés comme la proie des oiseaux pré- dateurs ou mentionnés en compagnie d’autres oiseaux sauvages et rien n’indique qu’ils aient été élevés dans des faisaneries ou ailleurs. Nous ne les compterons donc pas parmi les animaux do- mestiques : Quant Moranz vit dant Guilliaume venir Plus le desire que faucons la perdris Mez, 1036-7. Ploviers et faisans et pastez Fait li sires sanz plus atendre Aporter et la nape estendre. Cont. P., i, 6170-2. 5 Les cygnes se trouvent mentionnés tantôt avec des animaux sau- vages, tantôt avec des animaux domestiques, surtout des paons. Dans le lai Milun, le protagoniste possède un cygne extraordi- naire qui semble bien apprivoisé et qu’il appelle « mon » cygne : Si a maint cygne et maint faisant, Et foison de pain beluté, Galeran, 6788-9. Cf. Anjou, 1105-12. Li uns porte char d’ors et li autres lardé Ou bon cisne rosti ou poon enpevré. Barbastre, 6452-3. Char de poons et cisnes, et vin viez et claré. Renaut, 10643. Un cisne aveit k’il mut ama, Le brief li ad al col lïé E dedenz la plume muscié. Un suen esquïer apela, Sun message li encharga. « Va tost, » fet il, « change tes dras ! Al chastel m’amie en irras, Mun cisne porteras od tei ; Garde quë en prengez cunrei, Lais, ix, 164-72. Parfois, ils sont même présentés comme la proie d’oiseaux préda- teurs (2), ainsi dans les vers suivants de Mez et de Roche : A mon faucon avoie .i. cine pris, Mez, 4426. A ce[l] faucon qu’i[l] porte a abatu .j. cine, Li faucons s’i encharne, par vertu s’i afi che ; Li fi lz au duc descent, qui son oisel delivre ; Li ber revot monter quant Hardre[z] li escrie : « Si m’aït Diex, vassal, c’est molt grans lecherie « Quant ou vivier mon pere venez prenre les cines : Roche, 3741-6. Cf. ib., 3755-7. Le deuxième extrait montre que ces grands oiseaux vivaient, au moins en partie, dans des viviers privés. Le terme vivier a nor- malement le même sens que dans la langue moderne (É. Littré, iv, p. 2514 : « Pièce d’eau courante ou dormante dans laquelle on nourrit du poisson »), ou il désigne simplement un étang : es vivers prendre les peissuns e es forez les veneisuns ; Rou, iii, 891-2. Et si sont les gaaigneries, Li vivier et les praeries, Cont. P., i, 6203-4. 6 Mais il peut également désigner une volière ou un enclos pour les oiseaux : Par desous la fenestre en .j. vivier s’asi[s]t Et fi st tous les oiseax remüer et fremir. Roche, 4205-6. Si tenoit sur son poing un faucon joli, Si vit en un vivier .j. malart acroupi : Brun, 2758-9. Il nous paraît donc permis de conclure que les cygnes (même celui de Milun) vivaient dans la nature aussi bien que dans les étangs et les lacs près des habitations humaines — comme de nos jours — mais rien ne prouve que même dans ces derniers cas ils étaient domestiqués. Ceci fait que nous ne nous croyons pas autorisé à les compter parmi les animaux domestiques. Dans le domaine des oiseaux prédateurs, le problème se pré- sente un peu différemment. Nos textes présentent un certain nombre d’exemples équivoques où l’on ne peut pas dire avec exactitude s’il s’agit d’animaux sauvages ou d’animaux domesti- qués, comme : Et se ainssi fu ce n’est mie merveille, car tout aussi comme la loe doute l’esprevier tout ainsi douterent cil de hors l’empe- reour et Daphus qui son compains estoit. Helcanus, 139. Kanqu’il pooient l’un sor l’autre destendre Ne s’espargnoient nes k’esprevier caille ; Enfances O., 5367-8. Mais, dans la plupart des occurrences, il est tout à fait clair qu’il s’agit d’oiseaux apprivoisés qui appartiennent à quelqu’un, que l’on utilise pour la chasse, dont on peut faire cadeau à quelqu’un etc. Dans notre exposé, nous ne tiendrons compte, évidemment, que des exemples présentant ces oiseaux apprivoisés : Et prist esprevier mué Que il meïsmes ot mué, Et maine .ii.

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